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1.

L’introduction
Énoncé : « Le bonheur c’est d’être heureux, ce n’est pas de faire croire aux autres qu’on l’est. »

L’introduction est une partie importante de la dissertation en ce qu’elle pose le cadre dans lequel le propos se tiendra. Elle
est rédigée dans une perspective analytique, c’est-à-dire qu’elle repose en majeure partie sur l’étude de l’énoncé et de sa
portée (à l’exception de l’amorce). Il ne s’agit pas, à ce stade, de prendre position, mais de rendre compte précisément de
la position de l’auteur/autrice de l’énoncé. L’objectif est de restituer la thèse qui est enveloppée dans l’énoncé ainsi que la
thèse implicitement rejetée. Car c’est sur cette base que reposera la problématique qui constitue l’aboutissement de
l’introduction.
 Le brouillon :
Dans tous les cas, avant de se lancer dans l’écriture de l’introduction, il faut consacrer un peu de temps à l’établissement
d’un brouillon. Il s’agit de dégager une série d’éléments qui seront retenus dans l’analyse de l’énoncé. Il faut observer, en
fonction de l’énoncé, et commenter :
 La syntaxe de la phrase : (une/plusieurs phrases ? // Ponctuation ; voix active/voix passive ? // Usage des temps
verbaux (présent de vérité générale, passé, futur ? // logique : corrélation, causalité) //
 La structure dichotomique (faire un tableau des oppositions)
 Le lexique utilisé. Certains termes nécessitent d’être définis. Par exemple dans l’énoncé, la notion de bonheur. De
quoi parle-t-on ? s’agit-il du bonheur individuel au sens d’épanouissement ? du bonheur matériel au sens de
jouissance ? du bonheur spirituel au sens d’élévation de l’âme ? Et que faut-il entendre par « faire croire » : mentir ?
dissimuler ? Illusionner ? etc.
 Les éventuelles figures de style (voir page suivante)
 L’énonciation (impersonnelle ? ou présence de l’énonciateur dans l’énoncé ? phrase en je / nous / vous)
 La dimension normative (la phrase comporte-t-elle une portée morale, un « il faut » implicite ? Dans cet énoncé : « il
est vain de faire croire aux autres qu’on est heureux ».
 À quelles idées ou conceptions s’oppose l’énoncé ? Cette idée est-elle formulée ou est-elle implicite ? Comment se
situe la « doxa » (opinion commune) par rapport à l’énoncé ?
 Le brouillon permet aussi d’expérimenter des reformulations de l’énoncé, de sa thèse et de la thèse rejetée.

 La rédaction :
 L’amorce : il s’agit de quelques lignes, librement rédigées, qui ont pour fonction d’introduire le lecteur dans le thème
de l’énoncé. La longueur de l’amorce peut varier, mais cette partie ne doit pas dépasser ¼ de l’introduction. L’amorce
doit donner au lecteur l’envie de poursuivre sa lecture. Par exemple, à partir de l’énoncé qui nous occupe, il s’agira de
broder quelques phrases autour du thème du bonheur, ou de celui du regard d’autrui, cela afin d’engager le lecteur
dans l’analyse.
 Attention à ne pas consacrer trop de temps à la rédaction de cette partie, quitte à revenir plus tard dessus !
 L’analyse de l’énoncé et la formulation de la thèse/thèse rejetée. La portée analytique de l’introduction implique
de marquer explicitement la distance du locuteur avec la thèse soutenue dans l’énoncé. Ainsi on privilégie des
formules qui renvoient à l’énoncé ou à son auteur :
- Dans cet énoncé, la dichotomie de l’être et du paraître est centrale.
- Cet énoncé met en perspective…
- Il faut relever que l’énoncé se compose de deux phrases.
- Il est intéressant d’observer que la notion de bonheur…
- Selon autrice/auteur, le bonheur serait relatif à…
- Ces observations permettent de déduire que…
 A bannir : les marques d’incertitude (il semble que, paraît..) // l’énonciation à la première et deuxième personne (je,
nous, vous)… // les connecteurs argumentatifs utilisés en conclusion : « donc », « pour conclure »…// les dénominations
qui renvoient trop fortement à la structure : « thèse », « thèse rejetée »…
 L’analyse de l’énoncé passe par une ou plusieurs reformulations jusqu’à la formulation de la thèse : l’auteur soutient
que l’authentique bonheur se distingue de l’image superficielle du bonheur .

« Le bonheur c’est d’être heureux, ce n’est pas de faire croire aux autres qu’on l’est. »

Analyse de l’énoncé

Pour s’épanouir, l’individu doit distinguer l’authentique bonheur de l’image superficielle du bonheur

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 La problématisation : Sur la base de la thèse et la thèse rejetée, il s’agit de poser une série de questions qui
donneront lieu au développement : « Le regard des autres n’est-il pas une source importante de bonheur ? » Le
bonheur peut-il être autre chose qu’une aspiration commune tendue vers une certaine image du bonheur ?
 Le plan : Il s’agit d’énoncer la démarche qui sera la vôtre au fil de l’argumentation. Il est utile d’utiliser une
formule du type « dans un premier temps… dans un second temps ». Voici un exemple relatif à notre énoncé : dans
un premier temps, nous verrons que pour atteindre un bonheur véritable, il est souvent nécessaire de déconstruire
certaines images du bonheur qui font obstacle à cet épanouissement. Puis, dans un second temps, nous verrons quel
rôle joue le regard d’autrui dans ce processus.

2. Le développement
Une fois que la thèse est clairement identifiée et que la problématique est posée, il s’agit de développer des arguments.
Ceux-ci doivent impérativement se situer par rapport à la problématique. Reprenons notre énoncé. Voici un exemple de
formulation et de développement d’un argument en quatre étapes :

L’image du bonheur ne doit pas être confondue avec le bonheur véritable. 1 Annoncer l’argument

En effet, les sociétés humaines génèrent certaines représentations du bonheur auquel les individus 2 Expliciter l’idée, développer
brièvement
s’attachent volontiers. Or ces images peuvent être source de frustration et faire obstacle à
l’épanouissement de l’individu. Aussi est-il souvent nécessaire de déconstruire ces
représentations pour ne pas s’illusionner sur la vraie nature du bonheur.
Prenons par exemple la publicité qui diffuse dans nos rues et dans nos médias préférés une 3 Introduire un exemple.
Préciser, citer, analyser.
quantité phénoménale d’images, en apparence à portée de main, d’un bonheur parfois
inaccessible. Ces représentations qui inondent notre champ perceptif ont pour stratégie de nous
proposer non seulement des produits de consommation, mais aussi les images du bonheur qui leur
sont associées. Imaginons une publicité pour un bien de consommation courant, comme une
boisson. Le spot publicitaire ne se contentera pas de nous monter le produit, il le mettra en scène
de façon à le rendre attractif. Ainsi la boisson figurera dégustée entre amis, dans une ambiance
décontractée. À ce stade, l’image du bonheur est celle d’être ensemble entre amis. Mais le spot ne
met pas en scène n’importe quelle personne. Ce sont des gens qui correspondent à un certain
canon de beauté, issus d’un milieu social plutôt aisé. Bref, des personnes qui apparaissent dans
toute leur perfection. Est-ce donc cela le bonheur ? […]
En somme, la publicité est vectrice d’un nombre incalculable d’injonctions sociales relatives au 4 Conclure et tirer les leçons
de l’exemple. transition
bonheur : soit beau, soit intelligent, ambitieux, riche, jeune, etc. Mais qui pourra se flatter de éventuelle vers un second
correspondre à l’ensemble de ces marqueurs du bonheur ? Sans doute personne. Aussi ces images argument
et les représentations qu’elles véhiculent peuvent être source de frustration – il est donc
nécessaire de les déconstruire, ou du moins de maintenir une certaine distance critique à leur
égard.
S’il est important de s’émanciper des images communes du bonheur, il faut toutefois garder à 1 Annoncer l’argument
suivant et expliciter le
l’esprit que le bonheur a besoin du regard de l’altérité. En ce sens, il est toujours à mi-chemin rapport qui le lie au
entre l’altruisme et l’égoïsme […] précédent

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