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Le Portrait Dans L Art Contemporain
Le Portrait Dans L Art Contemporain
Pages
Bibliographie……………..……………………………………..25
Introduction
Ce texte constitue le complément aux informations (démarches pédagogiques et
artistiques) présentées lors de l’allocution. Le parcours visuel (projection de
diapositives) montre, non seulement des œuvre-portraits d’artistes, mais aussi
comment élèves et enseignants ont su se réapproprier les sensibilités propres à
leur époque en regard de cette thématique. « En quoi et comment le portait en
art contemporain est-il devenu source d’inspiration pour l’élaboration de projets
pédagogiques? », voilà la question qui était au cœur de la présentation.
***
La présente réflexion, visant à outiller le professeur d’art dans sa connaissance de
l’art du portrait, se veut un point de départ : une inspiration. Suite à la présentation
d’une définition du portrait et de certaines considérations historiques, un quatuor
d’artistes travaillant cette problématique est offert. Par la suite nous abordons les
thèmes de questionnements éthiques ainsi que la relation entre le portrait et
l’univers féminin. Nous conclurons par une réflexion sur le passage du modernisme
au postmodernisme en lien avec le « Je », la notion de sujet étant incontournable
lorsqu’il est question de portrait en art. Nous espérons avoir esquissé quelques
nœuds à partir desquels il sera possible, pour chaque professeur d’art, de tracer de
nouvelles lignes riches de sens pour eux et leurs élèves.
Portrait et adolescence
Un projet sur le portrait peut permettre aux adolescents de vivre une démarche
de création riche sur le sens de l’identité. Cette démarche leur permet de
réfléchir sur leur rapport à leur propre visage : à leur corps qui, à l’âge crucial de
l’adolescence, connaît des transformations importantes. La question de l’image
de soi étant certainement une donne délicate à cet âge, l’art peut-il permettre une
meilleure connaissance de soi-même? Aider, par la remise en question de
certains critères de beauté, à mieux accepter notre différence?
(La page 17 offre, à ce sujet, une idée de projet).
«Ce quelque chose d'inaliénable qui fait de lui (le visage) non pas un élément de
matière, mais quelque chose qui la contient et d'une certaine façon la détermine?»1
Définition
Un portrait est l'image d'une personne reproduite par une technique ou un dispositif
de représentation X. Différents types de portraits ont été créés au cours des
siècles: portraits d'apparat, mythologiques, posthumes, anatomiques, allégoriques,
etc. Du plan d'ensemble, pour les portraits collectifs, en passant par les plans
rapprochés des portraits individuels (en buste, coupant le personnage à la ceinture,
etc.) jusqu'au gros plan sur le visage, l'artiste effectue un Zoom In ou un Zoom Out
selon ses choix artistiques.
Aux possibilités de cadrage du portrait s'ajoutent les angles de vue (portrait frontal,
de trois quarts, de profil) et la dimension (portraits géants ou miniatures peints sur
vélin, parfois utilisés comme pendentifs au cours de l'histoire, etc.). Concernant
l’origine du mot, Paul Almasy écrit:
LELOUP, Jean-Yves. "Visage de l'homme: approches métaphysique et éthique", Le visage, sens et contresens,
1
ALMASY, P. et coll (1990), Le Photo journalisme, informer en écrivant des photos, ouvrage collectif, Paris:
2
3 FOZZA, J.C. et A.M. GARAT. Petite fabrique de l'image, Ed. Magnard, France (lexique annexé), 1990, p.159.
4DEPOTTE, Hélène. "Historique du portrait", Le portrait dans l'art contemporain 1945-1992, Musée d'art
moderne et d'art contemporain, Catalogue d'exposition, Nice, 1992, p. 27
données qui rappellent que, s’il est possible de créer l'effet historique - tel que
conçu par René Payant5 - le sujet représenté ne peut être dit de manière objective.
L'effet autoportrait peut s'en trouver affecté, affaibli, mais par contre l'effacement du procès de production
5
BARTHES, Roland. La chambre claire, Cahiers du Cinéma, Ed. de l'étoile, Paris: Gallimard, le Seuil, 1980, p.27
4
7 BUISINE, Alain. "L'indéfigurable même", Le portrait dans l'art contemporain: 1945-1992, Musée d'art moderne
et d'art contemporain, Catalogue d'exposition, Nice, 1992, p. 30
laquelle remet en question l'image de son propre visage et par le fait même l'image
stéréotypée de la femme véhiculée par les médias.
Plusieurs liens peuvent être établis entre Francis Bacon et Arnulf Rainer. Les deux
avaient utilisé des photographies de leurs visages, prises dans des machines
automatiques de stations de train (Automatic Booth Pictures). Rainer intervenait
directement sur les photographies de son visage (déjà altéré par les contorsions
musculaires qu'il s'imposait pendant la pose) en maculant partiellement lesdites
photographies9. Bacon, quant à lui, reproduisait certaines de ces petites photos
dans ses triptyques par exemple10. Des portraits passant sous le crible de la
déformation sans jamais « dé-visager » complètement l'individu représenté.
Comme si le visage était poussé à la limite du reconnaissable, tout en préservant
«l'essentiel» d'une identité. Pour Rainer et Bacon, la notion de portrait semble être
auscultée dans un désir de « chasse à l'accident », à l'intensité pulsionnelle, à la
chair vive; dans le cas de Bacon, afin de rendre le portrait « plus réel » que la
ressemblance photographique.
GUMPERT, Lynn. "Comédie Tragédie", Extrait de Galeries Magazine #35, février-mars 1990. Citations
8
provenant du catalogue Le Portrait et l'art contemporain: 1945-1992, Musée d'art moderne et d'art
contemporain, Nice, 1992.
9
Manière de faire utilisée pour une série d'autoportraits maculés tel Anxiety (Angst) 1969-73.
10 Triptyque: Three Portraits: Posthumous Portrait of George Dyer, Self-Portrait, Portrait of Lucian Freud, 1973.
Quant à Gillian Waring - émergeant comme l’une des artistes britanniques les plus
importantes de sa génération – celle-ci crée des autoportraits déroutants. Dans
Self-Portrait, elle fabrique un masque qui lui ressemble parfaitement et derrière
lequel elle se dissimule, ne laissant voir de « son vrai visage » que les yeux (des
orifices n’étant pratiqués qu’à cet endroit). Cette œuvre renvoie à la dimension de
la fiction du « Je ». Si ce dernier est construit, peut-on parler d’un véritable soi ?
Que montre l’autoportrait?
A-t-on détourné l’art du portrait à des fins inquisitrices? Au XIXe siècle, les
spécialistes de la physiognomonie12 médicale croyaient détenir un moyen
scientifique pour lire le visage. Cette tentative s'est naturellement soldée par un
échec. Le portrait (photographique) peut fournir des indices sur l'identité d'un
individu - sa psychologie ou sa physiologie – sans pour autant capturer/capter
(dans le sens de « garder en détention ») la personne portraiturée. Concernant les
dangers de prêter une fonction inquisitrice au portrait, Fozza et Garat avancent:
Ici l'image retrouve, à travers l'illusion « scientiste », sa fonction magique de
dévoilement13. Les tentatives de classifications raciales à travers le portrait
photographique, jusqu'à une époque récente (nazisme), marquent bien les
limites de l'entreprise pseudo-scientifique, [...] inscrite dans les institutions
policières depuis Bertillon, fondateur du fichage anthropométrique.14
11
LELOUP, Jean-Yves. "Visage de l'homme: approches métaphysique et éthique", Le visage, sens et
contresens, coordonné par Boris Cyrulnik, Éditions Eshel
12Physiognomonie médicale : « expériences électriques de l’expression des passions sur le visage humain »
FOZZA, J.C. et A.M. GARAT. Petite fabrique de l'image, Ed. Magnard, France (lexique annexé), 1990, p. 163
14FOZZA, J.C. et A.M. GARAT. Petite fabrique de l'image, Ed. Magnard, France (lexique annexé), 1990, p.
163
Cette « fonction magique de dévoilement » est fascinante… Des artistes y ont-ils
cru? Ont-ils souhaité effacer « le procès de production » afin de nous persuader
qu’ils pénétraient au cœur même de l’être représenté? D’autres ont-ils berné leur
mécène en trahissant – habilement et subtilement – le mépris qu’ils éprouvaient
pour eux? Vouloir « saisir l’autre », chercher à se dérober, à camoufler, à classifier,
à dénoncer… des manœuvres utilisées par des artistes ?...
Femme et portrait
La révolution féministe a permis de réviser notre manière de concevoir l'histoire de
l’art et de mettre en évidence la relégation des femmes aux arts décoratifs (ou arts
appliqués) au cours des siècles. Selon Sutherland Harris et Nochlin16, plusieurs
femmes s'adonnaient à la peinture - de portraits, de fleurs, de nature morte, etc. -
réalisations plus modestes que les grandes murales ou peintures d’envergures
historiques, religieuses, etc. «To be deprived of this ultimate state of training (living
model) meant to be deprived of the possibility of creating major art - or simply, [...]
SUTHERLAND HARRIS, Ann, NOCHLIN, Linda. Femmes peintres 1550-1950, éditions des femmes, Paris,
16
NOCHLIN, Linda. Why have there been no great women artists?, Woman in Sexist Society, Edited by V.
18
CATCHLOVE, Lucinda. "Women's Work: local artists are unchaining «housework» from the house", Chronique
19
http://corps.machine.uqam.ca/
20
Holborn P., Wideen, M., Andrews, I. (collectif sous la direction de). Devenir enseignant : [à la conquête
21
D’autre part, selon le critique d’art Clement Greenberg, l’art moderne est
caractérisé par le formalisme, par l’autonomie, par une logique où il est question
d’aller à l’essence même d’un médium (peinture, etc.), d’acheminer l’art là où il
n’a jamais été, dans une fuite incessante vers l’avenir. Dans cet esprit, le
contexte est considéré comme accessoire. Nous pouvons aussi mentionner la
méfiance à l’égard des références extrapicturales en peinture, aux manières
modernistes de concevoir l’architecture, etc. Dans cette foulée des règles
existent, tant pour régir « ce qui est de l’art » que pour régenter la notion même
du sujet, tel le culte de l’artiste génie qui œuvre en solitaire dans son atelier. La
logique modernisme légitimise une vision authentique du sujet : cohérent et
unifié.
FOZZA, J.C. et A.M. GARAT. Petite fabrique de l'image, Ed. Magnard, France (lexique annexé), 1990, p.16
22
23
Pour lui le sens du « Je » nous provient de l’extérieur, d’une « réflexion » (miroir) ou d’une imagerie. Il
approfondit les notions de signifiant et de signifié : le reflet dans le miroir offrirait le premier signifié et le
bambin agirait en tant que signifiant. Selon lui, le « sens de l’identité » serait issu d’une « fausse
reconnaissance » - une persuasion erronée du sens du « Je » - qui resterait ancrée en nous pour le reste
de notre existence. C’est à travers le langage que l’enfant pénètre dans le monde social – l’ordre
symbolique – en tant que « Je ».
La citation suivante s’inscrit dans la foulée de cette remise en question d’un sujet
fixe et authentique :
Désirant déconstruire la notion d’identité et d’individualité, il n’est plus
nécessaire, pour eux [Deleuze et Guattari], de dire ou de ne pas dire « je ».
Ils ne prétendent pas être en quête d’authenticité, car ils ne sont pas les
seules références de leur discours. »24
24
AMYOT, Y. Le marcheur pédagogue. Paris : L’Harmattan, 2003, p. 68
http://corps.machine.uqam.ca/
25
(Souligné par nous) Tiré du site internet de :« University Art Museum, University At Albany » exposition
26
Que ce soit donc dans le mode de l’art (Stelarc, Gary Schneider, Orlan, etc.) où
au cœur des pratiques culturelles adolescentes (jeux vidéos, modifications
corporelles, rituels rave, rapports à la culture web, à la virtualité, aux outils
technologiques extensionnant le corps tel le portable, etc.), de telles pratiques
sont porteuses d’une nouvelle sensibilité où les questions entourant l’identité ne
peuvent plus se poser de la même façon. Le « Je » devient alors et avant tout
une construction, ce qui renvoie à la dimension fictive du sujet : « […] [T]he result
of peeling the layers of cultural constructions off individual identity is the
discovery that there is no such thing as a genuine self ».27 La notion de « sujet
fictif », s’éloignant du « vrai », de l’authentique, ébranle nos certitudes en regard
de nos manières de concevoir l’identité. Les pratiques artistiques de nombreux
artistes actuels mettent en relief cette absence de terrain identitaire fixe où une
multitude de microrécits fictifs se déploient. C’est dire que la définition
traditionnelle du « Je », liée à l’authenticité, ne tient plus lorsque l’on tient compte
de l’époque qui est la nôtre et des importantes innovations technologiques qu’elle
sous-tend :
(…) [W]e are living in a time in which definitions of self and community are
changing as we learn to live simultaneously in physical reality and virtual
reality (cyberspace). Mitchell (2000) describes the cyborg (fake?) citizen as
27John G. Hatch. Cindy Sherman In Postmodernism: The Key Figures, Collectif sous la direction de
Hans Bertens et Joseph Natoli, Blackwell Publishers, Royaume Uni, 2002, p. 296 (Souligné par nous)
one with a nervous system/ bodynet, eyes/television, ears/telephony,
muscles/actuators, hands/telemanipulators, brains/artificial intelligence.
Cyberspace allows us to be multi-- gendered, to have multiple personalities,
and to be multiple bodied. It is now possible to choose to be multi-gendered,
multi-bodied, and have multiple personalities. 28
Nous croyons que cette nouvelle donne nous contraint à revoir non seulement
notre conception de « l’image authentique » mais aussi celle de « sujet
authentique ».
CONGDON, Kristin G, BLANDY, Doug. Approaching the real and the fake: Living life in the fifth
28
Conclusion
Nous espérons que cette réflexion ainsi que le parcours visuel30 seront, pour
vous également, source de motivation pour un éventuel projet artistique et
pédagogique, où les élèves ont la possibilité de s’interroger sur les questions
cruciales et identitaires du visage et du corps, dans le respect de leur culture,
une culture de plus en plus stratifiée, diversifiée, réappropriée en fonction de
leurs désirs et besoins. Si la culture de masse et la culture populaire font partie
du quotidien des élèves, notre rôle de professeur d’art n’est-il pas, entre autres,
de valoriser l’alphabétisation visuelle, la capacité de « lire », voire de détourner
cette culture aux multiples ramifications? De favoriser des interventions
artistiques qui contribuent à affiner le regard des élèves? Dans cette foulée,
Suzanne Lemerise avance que :
Par le dialogue et par un climat de confiance réciproque, le professeur
arrive généralement à s’intéresser à cette culture visuelle des jeunes, à la
questionner, à en discuter avec la classe afin de la déconstruire, la rendre
signifiante et même la subvertir dans les cas plus flagrants de médiocrité ou
d’idéologie réactionnaire. 31
Nous croyons qu’à cela s’ajoute l’importance et le plaisir de pouvoir, avec nos
30 Présenté sous forme de projection diapositives lors de l’allocution, congrès AQÉSAP 2004
31LEMERISE, Suzanne. L’image authentique et l’image culturelle, Vision
no. 38 Le défi culturel, octobre 1985, p. 39
élèves, circuler, non seulement d’un territoire théorique à un autre (modernisme,
postmodernisme et posthumanisme) mais aussi d’un espace culturel à un autre :
de la culture des « icônes de masse » à celle de l’art plus savant, sur lequel le
présent texte a tenté d’offrir un aperçu, via ce survol de la notion de portrait dans
le monde de l’art.
Dans cet esprit – et celui des enjeux soulevés par ce texte - nous désirons
souligner l’importance du rôle de l’œuvre d’art (démarches d’artistes) dans la
formation artistique de l’élève. Un dialogue signifiant avec le monde de l’art peut
aider un jeune à se connaître à travers la possibilité « d’œuvrer » véritablement.
Un des grands défis de l’éducation ne réside-t-il pas là? Donner la chance à
l’élève d’être en contact avec la pratique artistique de créateurs de qualité dans
le but d’enrichir sa propre démarche de création et vise et versa? La crainte de
contamination de l’imaginaire de l’élève, par des références extérieures, est une
donnée moderniste qui n’a plus de sens aujourd’hui, vu le monde de la
circulation des images dans son immense complexité. En ce sens, la
compétence disciplinaire « Apprécier des œuvres d’art (…) »35 revêt toute son
importance. L’art du portrait n’offre-t-il pas - pour l’élève et l’enseignant - une «
entrée », une possibilité de sonder, de manière signifiante et créatrice, l’univers
de la pensée symbolique dans toute sa richesse?
34 SOREL, Nicole. Tiré d’une micro-entrevue : Cap sur la Culture, Les sorties culturelles, une
2004
Déclencheur : questions et murs à idées
Lors d’une activité «tempête d’idées», il est souhaitable de poser des questions aux
élèves afin de stimuler leurs idées et inspirations. Certaines (les questions plus «
ouvertes ») peuvent servir de point de départ pour la création d’un mur à idée réalisé par
les élèves (en collectif) ou être utilisées comme thématiques spécifiques dans la
réalisation de recherches qui les motivent (quête de données sur internet, etc.).
o Peux-tu nous parler des portraits que tu connais, que tu as aimé, que tu as déjà
vus? Comment les trouves-tu?
o Quelles sont les possibilités de cadrage? (plan d’ensemble, gros plan, etc.)
o Quels sont les angles de vue possibles? (portrait de face, de profil, etc.)
o Pourquoi est-ce que de grands princes ou seigneurs ont tenu à ce qu’un artiste
peigne leur portrait?
o Tu te sens comment devant une œuvre qui présente un visage « qui te regarde »
versus un où le regard se dirige ailleurs que « dans le tien »?
Suggestion :
Choisir et découper dans des revues de mode et autres des visages d’hommes et de
femmes. On peut créer des combinaisons selon divers choix. Si l’on désire approfondir
la question de l’identité sexuelle dans les médias, on peut demander aux élèves de
classifier les images trouvées par sexe : qu’est-ce qui se dégage de cet agencement?
En tant que fille/garçon comment te sens-tu devant cette manière de donner à voir le
visage, le corps d’hommes, de femmes? Qu’est-ce qu’un stéréotype sexuel? Existe-t-il
une différence entre la manière « d’exhiber » les hommes et les femmes? Quelles sont
tes valeurs? Quel message nous livre ce visage? Est-il précis?
Élève
de 2ième secondaire
École Thérèse-Martin
Projet pédagogique
par
Mélanie Lavallée
Stagiaire (IV)
UQAM
A Avril 2004
Démarche pédagogique:
Prendre une photographie numérique (portrait gros plan) de chacun des élèves. Imprimer
cette photographie sur un transparent 3M.
Pour finaliser le tout, l’élève colle avec précision son portrait-transparent de sorte qu’il y ait
emboîtement parfait entre les deux visages, laissant ainsi apparaître un nouveau visage,
plusieurs traits, plusieurs effets imprévus…
Pour ce projet pédagogique, Mélanie Lavallée s’est inspirée de sa propre pratique
artistique visant à remettre en question certains critères de beauté véhiculés par les
médias à l’égard du visage de la femme. Sa démarche – quoi que de manière différente
- peut se connecter à celle de Orlan, laquelle :
(…) s’imprègne des civilisations précolombiennes et teste sur sa propre image les
déformations du crâne chez les Mayas, les Aztèques et les Olmèques, le
strabisme, les nez postiches portés par les dignitaires Mayas, etc. De nouveaux
critères de beauté pour des corps mutants, hors des normes actuelles.36
* Toutes les œuvres et réalisations d’élèves décrites ci-dessous ont fait l’objet
d’une projection-diapositives lors de l’allocution. Malgré l’absence de ces images
(sauf exception : page couverture), nous croyons que les notes décrivant
succinctement chacune des œuvres peuvent être utiles dans la mesure où,
suscitant la curiosité, elles pourraient donner le goût de se documenter
visuellement, se constituer son matériel didactique propre sur le portrait. Ces notes
peuvent être abordées telles de « petites boites à idées »!
N.B. Plusieurs notes concernant des œuvres d’artistes sont entre guillemets car elles proviennent
de l’ouvrage :
Le portrait dans l'art contemporain: 1945-1992, Musée d'art moderne et d'art contemporain, Catalogue
d'exposition, Nice, 1992
(Hormis les endroits où une source différente est indiquée.)
FONCTION INQUISITRICE
3. A. Bertillon. Contour général de la tête, détail du tableau synoptique des traits
physionomiques. Fin XIXe siècle. (« fonction inquisitrice » dans le texte p. 7)
7 Jime Dine, Dessin 36, 1987-1988, Craie, émaux sur papier croquis
8. Jime Dine, Trois têtes romaines/ dessin II, 1991, fusain, bâton à l’huile,
acrylique, aquarelle, craie (etc.) sur papier.
9. Jime Dine, Dessin I, 1987-1988, Encre de Chine et fusain sur Mylar
10. Dieter Appelt, Autoportrait sans titre, 1990, photographie, « Mettre la mort
entre parenthèses »
11. Chuck Close, Alex, Huile sur toile, 1991. « Par le double effet de l’utilisation
de signes abstraits sur la toile et du manque d’expressivité des traits
représentés, le visage humain est, en qq sorte, ‘’chosifié ‘’, transformé en
masque, enveloppe vidée de sa substance. »
12. Jaspers Johns, Untitled (Leo Castelli), Encaustique sur toile, 1984.
« …véritable peinture-objet = se défaire du vocabulaire autobiographique et
intimiste des artistes de la génération précédente - …associations libres sur ce
qui a disparu… jeunesse de son ami et marchant Castelli – découpage en casse-
tête = souvenir = tjrs le réassemblage d’une réalité morcelée… »
13. John Coplans, Selfportrait, 1988. « Enquête sur lui-même - …en gros plan
rapproché comme un moyen de dépasser la forme pour atteindre l’essence. »
Pour certains artistes : pas d’adéquation entre visage et portrait (Irène F.
Witthome photographiant fragments de sa main ficelée, de ses doigts, et les
intitulant Autoportraits)
14. Bruce Nauman, Studies for Hologrammes (a-e) – Pinched (a), Sérigraphie
sur papier d’une série de 5, 1970. « Son visage = lieu d’expérimentation :
grimace = écriture corporelle, contorsions = intérêt constant pour la ligne en tant
qu’extension tridimensionnelle élastique. »
45. Rose Rarrel & George Parkin, La Mater Doloresa y el Ninò, 1989
51. Geneviève Cadieux, The Shoe at Right seems much too large, 1986, détail
de l’installation
52. Cravoley, Judith, Tom can’t hug kids with nuclear arms, 1986
Exposition: Maison de chambre (= lieu autre que galerie d’art: art in situ… Home
Art )
55-58. Reflet de ton visage sur une bouilloire, gouache liquide sur papier
cartouche, sec. 2, école sec. Marie-Victorin à Montréal-Nord, 1994. Réflexion sur
l’identité, certains portraits de Francis Bacon, la ressemblance déroutante d’un «
visage altéré ».
61. Annette Messager, Les Portraits des amants, 12 photographies noir et blanc,
dessins mine de plomb et photographie colorée à l’encre au centre, 1977.
« La femme et sa place dans la société, la culture populaire – femmes
photographiées (attestant de leur inclusion dans la réalité) hommes transformés
en objets d’art = passibles d’immortalité. »
62. Marcel Broodthaers, Pot avec photo noir et blanc (Autoportrait), 1967,
Sculpture. « Photographie introduite dans un pot = valeur de symbole : celui de
la société post-industrielle qu’est assurément notre société mercantile. C’est
dans un pot que « ça se vend » mais se conserve aussi pour les siècles futurs
(regard subversif sur surconsommation/science…). »
63. Élève 3ième secondaire, école secondaire Jean-Grou (rivière des prairies,
Montréal), Claude Fortaich, stagiaire de l’UQÀM, printemps 2002,
Triptyque (travail de métamorphose)
Portrait (pris par enseignant) devient autoportrait dans les mains des élèves (la
promesse de conserver intacte la photographie initiale à été honorée, à la demande des élèves).
a) photocopie de photographie numérique chiffonnée
b) Ajout de couleur photocopie de a)
c) Déconstruction par découpage à partir de plrs a)
68. Portrait d’un-e ami-e, sanguine sur papier cartouche, sec. 2, collège Héritage
de Châteauguay, 1993
69. Portrait d’un ami, fusain sur papier cartouche, sec. 2, collège Héritage de
Châteauguay, 1993
70 – 72. Portrait d’un-e ami-e, pastel sec sur papier construction noir, sec. 2,
collège Héritage de Châteauguay, 1993
73 – 75. Portrait of a Friend, pastel sec sur papier construction noir, Year 7
(sec.1), Cleeve Park School, Angleterre, 1992
76. Différenciation sexuelle, papier bristol marouflé sur toile, pastels secs,
fusains, collectif élèves (sec.1)/enseignante (C. Faucher)= oeuvre de jeunesse de
l’enseignante scindée en deux parties apposées à l’extrême droite et extrême gauche. Les élèves
invités à créer, reconstituer « l’espace vide » au milieu. Les élèves impliqués dans cette activité
parascolaire ont choisi de compléter, de recréer les deux moitiés de corps au centre. La « petite
fille en bikini sur la plage » est devenue prétexte à discuter et à intervenir de manière à évoquer
des questionnements qui les touchaient à cœur (être un gars ou une fille, ça veut dire quoi?, un
stéréotype sexuel c’est quoi ?). Les mots et phrases qu’ils ont décidés d’inscrire dans l’image en
dit long sur la richesse de leurs réflexions. École sec. Marie-Victorin, Montréal-Nord,
1994
77. Patrick Tosani, Portrait no. 5, Tirage photographique couleur sur papier,
1985. « …monde étrange et inquiétant des ombres… visage à peine
reconnaissable, superposé à une prolifération pustuleuse et irrégulière de points
d’écriture braille : fait appel au TOUCHER = paradoxe = représentation sur cliché
photographique nie sa finalité. »
78. Ma prof d’art mise en boîte, gouache sur contenant de métal pour biscuits,
travail personnel hors cadre scolaire par Martin Raymond, élève de sec. 2, école
sec. Marie-Victorin à Montréal-Nord, 1994
CATCHLOVE, Lucinda. « Women's Work: local artists are unchaining "housework" from
the house», Chronique des arts visuels, Hour, du 6 au 12 mars 1997, p. 12
CONGDON, Kristin G, BLANDY, Doug. « Approaching the real and the fake:
Living life in the fifth world », Studies in Art Education, 2001
NOCHLIN, Linda. « Why have there been no great women artists?», Woman in Sexist
Society, Edited by V. Gornick and B.K. Moran, New York: Basic Books, 1971
PAYANT, René. «Védute », pièces détachées sur l'art, Revue Trois, 1976-1987
SOREL, Nicole. Tiré d’une micro-entrevue : Cap sur la Culture, Les sorties
culturelles, une encyclopédie vivante en milieu scolaire!, Production : Centre
multimédia de la maison de la culture de Pointe-aux-Trembles, Culture et
Communications, Québec, 2002
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