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Compréhension et compétences d'interprétation (25 points) éléments de correction

1. Où et quand se déroule la scène ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur deux éléments précis du texte
et du paratexte. (3 points)
La scène se déroule « à Buchenwald » (l. 2), dans le « camp de concentration » nazi (introduction), lors de sa libération
par les Alliés « le 11 avril 1945 » (introduction). Les détails qui laissent entendre que la scène se deroule dans le camp
sont l'indication « au marché noir du camp » (l. 5), la mention de la « douche hebdomadaire » (l. 8), les notations
évoquant l'extrême maigreur du narrateur, ses « cheveux ras » (l. 20), ainsi que l'evocation de son habillement (des
« hardes disparates », l. 20). La présence des officiers britanniques, leur réaction d'« horreur » (l. 12, 22) et même
d'« épouvante » (l. 1, 21), quant à elles, indiquent que c'est, sinon la premiere fois, du moins la fois la plus pénible qu'ils
sont confrontés à des prisonniers des camps : on se situe donc au moment de la libération de ce camp — et l'on
sait, de source historique, que le camp de Buchenwald fut l'un de ceux qui alla le plus loin dans l'horreur.

2. a. Quels sont les deux temps dominants dans le texte ? (1 point)


présent de narration, imparfait d'habitude et de description
b. Donnez le temps et le mode de « aurais pu » (l. 4) et de « suffirait » (l. 9). (2 points)
j'aurais pu : conditionnel passé / suffirait : conditionnel présent
3. Lignes 2 à 6 : dans quel état physique se trouve le narrateur ? Détaillez votre réponse en vous appuyant sur des
éléments précis. (3 points)
Physiquement, le narrateur est extrêmement amaigri. Nous l'apprenons par la notation initiale (« mon corps, sa
maigreur croissante »), puis par une série de détails : « ce corps dérisoire » (l. 3) : « dérisoire », entre autres parce
que trop maigre ; « une arcade sourcillière », « des pommettes saillantes », « le creux d'une joue » (l. 4).

4. a. Quelle est la particularité de cette phrase : « Pas de visage, sur ce corps dérisoire. » (l. 3) ? (1 point)
Il s'agit d'une phrase sans verbe (on peut dire « non verbale », « averbale », ou « nominale »).
b. Comment la comprenez-vous ? Expliquez l'effet produit sur le lecteur en vous appuyant sur des détails précis
du paragraphe. (3 points)

Le narrateur n'a « pas de visage », d'une part parce que du fait de sa maigreur, son visage a perdu toute
individualité, voire même toute humanité ; d'autre part, parce que le visage, l'individualité, ne se construisent que
dans le regard — or depuis son entrée dans le camp, le narrateur, qui n'a plus accès à aucun miroir, ne peut plus
se regarder. L'absence de verbe dans cette phrase pourrait correspondre à la fragmentation, à la dislocation de
l'identité. On retrouve cette fragmentation dans la série de détails évoquant les parties de son visage qu'il peut
toucher, osseuses ou creuses : « arcade sourcilière », « pommettes saillantes », « creux d'une joue » (l. 4).

5. a. Comment les personnages désignés par « ils » perçoivent-ils le narrateur ? Justifiez votre réponse par deux
éléments précis du texte. (2 points)

Les trois officiers désignés par le pronom « ils » perçoivent le narrateur avec stupéfaction (« l'oeil rond », l. 1),
affolement (« l'oeil affolé », l. 12) « effroi » (l. 1), « horreur » (l. 12) et « épouvante » (l. 1).

b. Qui regarde qui ? (1 point)


Le narrateur regarde les officiers, qui lui rendent son regard avec « épouvante » (l. 1).
c. La dernière phrase du texte est : « Si leurs yeux sont un miroir, enfin, je dois avoir un regard fou, dévasté. »
Expliquez cette phrase. Quelles influences les personnages exercent-ils les uns sur les autres ? (2 points)

Dans cette phrase, le narrateur retrouve, dans le regard des trois officiers, le « miroir » qui lui manque depuis son
arrivée dans le camp, dans le sens ou la réaction d'« épouvante » contenue dans ce regard lui permet de
comprendre à quel point le sien est « fou, dévasté ». Pour resumer, le regard du narrateur effraie les officiers, qui
lui retournent par conséquent le regard d'effroi par lequel il comprend quelle allure à son propre regard.
L'échange des regards se transforme donc en un jeu de miroirs.
6. Dans quelle mesure le photomontage de Raoul Hausmann ci-contre fait-il écho au texte de Jorge Semprun ?
Vous développerez votre réponse en vous appuyant sur une description précise de l'image et sur des citations du
texte. (4 points)
Le photomontage de Raoul Hausmann fait écho au texte de Jorge Semprun par :
• le morcellement des corps et des visages, qui ne sont jamais montrés en entier ;
• l'accent mis sur les regards, dont on ne sait pas exactement sur quoi ils
portent : les différents visages se regardent-ils les uns les autres ? sont-ils
chacun simplement face à eux-mêmes ?
• la présence de miroirs, avec peut-être aussi un jeu de miroirs d'un regard à
l'autre (→ « si leurs yeux sont un miroir », l. 23) ;
• le sérieux, l'inquiétude, l'étonnement manifestés par les regards et la bouche
au fur et à mesure que l'on descend dans l'image : ces regards et expressions
du visage alertent (→ « Ils sont en face de moi, l'oeil rond, et je me vois soudain
dans ce regard d'effroi : leur épouvante », l. 1).
Au cinéma, le très gros plan, focalisé sur un détail du visage, correspond souvent à un moment de grande
tension : on retrouve cette tension dans le photomontage ; la composition en noir et blanc, elle, accentue le côté
dramatique de la scène.

7. A quel genre littéraire ce texte appartient-il ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur deux éléments
précis du texte et du paratexte. (3 points)

Ce texte se rattache au genre autobiographique :


• le récit est mené à la 1e personne,
• l'introduction établit une identité entre le narrateur (« je ») et l'auteur (Jorge Semprun),
• et c'est bien sur l'expérience vécue par cet auteur / narrateur (vie dans les camps, degradation de son
état physique, choc des officiers britanniques qui le découvrent) que le texte met l'accent.
Grammaire et compétences linguistiques
1. « De la main, parfois, je frôlais une arcade sourcilière, des pommettes saillantes, le creux d'une joue. » (l. 3-4).
adjectif adjectif groupe prépositionnel
épithète épithète complément du nom

2. a. Expliquez la formation du mot « amaigri » (l. 8). (1 point) préfixe a- + radical maigri (du verbe « maigrir)
b. Quelle est la classe grammaticale de ce mot ? (1 point) adjectif ou participe passé

3. a. Expliquez la formation du mot « innocemment » (l. 14). (1 pt)


radical innoce- (innocent) + suffixe adverbial -(em)ment
b. Quelle est la classe grammaticale de ce mot ? (1 point) adverbe
4. Dans les lignes 20 à 24, trouvez deux mots de la même famille. (1 point) « horreur » (l. 22) et « horrifié » (l. 23)

5. a. Dans l'ensemble du texte, identifiez un champ lexical qui vous semble important. (1 point)
b. Relevez six mots du texte qui se rapportent à ce champ lexical. (3 points)

Ex. de réponse → Le champ lexical du corps : « l'oeil » (l. 1 et 12), « visage » (l. 2), « corps » (l. 2, 3, 8), « la main »
(l. 3), « une arcade sourcilière, des pommettes saillantes, le creux d'une joue » (l. 4), « mes cheveux ras » (l. 13 et
20), « la poitrine » (l. 17), « yeux » (l. 21 et 23).

6. « Je voyais mon corps, sa maigreur croissante, une fois par semaine, aux douches. » (l. 2-3).
COD (« je voyais QUOI ? ») c. c. temps (quand?) c. c. lieu (où?)

7. Dans les lignes 1 à 10, trouvez un mot synonyme de l'expression « une fois par semaine ». (1 point)
→ « hebdomadaire » (ligne 8)

8. Quelle est la figure de style utilisée dans cette expression : « Si leurs yeux sont un miroir » (l. 23) ? (1 point)
→ une métaphore (une image qui compare les yeux à un miroir, sans outil de comparaison)
II. Exercices de réécriture (22 points)

1. Réécrivez les phrases suivantes, extraites du texte, en remplaçant « je » par « nous » et en conjuguant les
verbes au présent de l'indicatif. (5 points)
« Mais je ne m'intéressais pas à ces détails. Je voyais mon corps, de plus en plus flou […]. Amaigri mais vivant : le
sang circulait encore, rien à craindre. »

« Mais nous ne nous intéressons pas à ces détails. Nous voyons nos corps, de plus en plus flous
[…]. Amaigris mais vivants : le sang circule encore, rien à craindre. »

2. Réécrivez le texte suivant en le transposant au passé. Vous n'utiliserez pas de passé composé. (6 points)
« Nous suivons un chemin de halage qui longe la Meuse. Le soleil est sorti d’une couche de nuages argentés et
commence à faire sentir sa brûlure. La cloche d'une église, au loin, sonne sept coups. Des matins comme ça, j'en ai
connu des centaines avec mon père et mon grand-père : l’humidité du sol qui renvoie des odeurs de mousse et de
champignons, la lumière filtrée par les feuilles, la campagne au petit matin […]. »
Marc Dugain, La Chambre des officiers, 1998.

« Nous suivions un chemin de halage qui longeait la Meuse. Le soleil était sorti d’une couche de
nuages argentés et commençait à faire sentir sa brûlure. La cloche d'une église, au loin, sonna
sept coups. Des matins comme ça, j'en avais connu / j'en connus des centaines avec mon père et
mon grand-père : l’humidité du sol qui renvoie / renvoyait des odeurs de mousse et de
champignons, la lumière filtrée par les feuilles, la campagne au petit matin […]. »
3. Recopiez le texte suivant en choisissant parmi les deux temps proposés. Vous justifierez ensuite votre choix
pour chaque verbe en indiquant la valeur du temps retenu. (5 points)
« Peu à peu, entre les grands sapins que l'éloignement faisait (imparfait de description) paraître serrés, je
distinguais (arrière-plan, imparfait duratif) la silhouette du jeune homme qui s’approchait (arrière-plan,
imparfait duratif). Il paraissait (imparfait de description) couvert de boue et mal vêtu. [...] Puis, la tête dans le
bras, appuyé à un tronc d’arbre, il se prit (passé simple : action ponctuelle) à sangloter amèrement. »

4. Réécrivez le texte suivant en remplaçant « Gervaise » par « Gervaise et Hortense » et « Lantier » par « Lantier
et Barnabé ». Faites toutes les modifications nécessaires. (6 points) 0,25 points x 24 modifications
« Gervaise avait attendu Lantier jusqu'à deux heures du matin. Puis, toute frissonnante d'être restée en camisole à
l'air vif de la fenêtre, elle s'était assoupie, jetée en travers du lit, fiévreuse, les joues trempées de larmes. Depuis
huit jours, au sortir du Veau à deux têtes, où ils mangeaient, il l'envoyait se coucher avec les enfants et ne
reparaissait que tard dans la nuit, en racontant qu'il cherchait du travail. Ce soir-là, pendant qu'elle guettait son
retour, elle croyait l'avoir vu entrer au bal du Grand-Balcon, dont les dix fenêtres flambantes éclairaient d'une
nappe d'incendie la coulée noire des boulevards extérieurs […]. »
Emile Zola, L’Assommoir, 1876.

« Gervaise et Hortense avaient attendu Lantier et Barnabé jusqu'à deux heures du matin. Puis, toutes
frissonnantes d'être restées en camisole(s) à l'air vif de la fenêtre, elles s'étaient assoupies, jetées en
travers du lit, fiévreuses, les joues trempées de larmes. Depuis huit jours, au sortir du Veau à deux têtes,
où ils mangeaient, ils les envoyaient se coucher avec les enfants et ne reparaissaient que tard dans la
nuit, en racontant qu'ils cherchaient du travail. Ce soir-là, pendant qu'elles guettaient leur retour, elles
croyaient les avoir vus entrer au bal du Grand-Balcon, dont les dix fenêtres flambantes éclairaient d'une
nappe d'incendie la coulée noire des boulevards extérieurs […]. »
III. Repères littéraires (15 points)

Replacez les éléments suivants dans le tableau ci-dessous. (Veillez à ne pas faire de fautes de copie.)
L'Avare – XVIIème (2 fois) – Le Horla – Comédie – Le Cid – Anne Frank – Perceval ou le Conte du Graal – Antigone –
Antiquité – Moyen Âge (2 fois) – Les Amours – Roman courtois – Journal – L'Odyssée – Poésie lyrique – XVIII ème –
Baudelaire – Ronsard – Maupassant – Candide – Tragi-comédie – Poésie – Homère – Conte philosophique –
Sophocle – Chrétien de Troyes – Béroul – XIX ème

Époque / Siècle Auteur Titre d'œuvre Genre littéraire


XXème Anne Frank Journal Témoignage de guerre
Antiquité Homère L'Odyssée épopée
Moyen Âge Béroul Tristan et Iseut Roman courtois
XVIIIème Voltaire Candide Conte philosophique
XVIème Ronsard Les Amours Poésie lyrique
Antiquité Sophocle Antigone théâtre
Moyen Âge Chrétien de Troyes Perceval ou le Conte du Graal Roman de chevalerie
XVIIème Corneille Le Cid Tragi-comédie
XIXème Maupassant Le Horla Le fantastique
XVIIème Molière L'Avare Comédie
XIXème Baudelaire Les Fleurs du Mal Poésie

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