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Tle ABCD Oui
Tle ABCD Oui
Situation d’évaluation
L’Afrique est le continent le plus riche en ressources naturelles, mais elle demeure paradoxalement le plus pauvre, le plus
indigent de tous les continents. Pour que son émergence soit effective, il est impérieux que chaque Africain se remette en cause et
s’engage résolument à prendre en mains la destinée du continent. Le corpus de textes suivant s’inscrit dans cette dynamique. Lis-le
attentivement puis réponds aux consignes qui te sont posées.
Corpus de texte
Texte1 : Roger KOUDOADINOU, dégoûts et engouements d’une génération, plume soleil, Cotonou, 2016
Texte2 : G.G Vickey, ‘’La roue tournera’’
Texte3 : Alain MABANCKOU, Le sanglot de l’homme noir, librairie Arthème Fayard
Texte1 :
..Si nous convenons que la traite des esclaves a été le fait historique fondamental qui a porté un coup
fatal à l’évolution de l’Afrique, on ne saurait admettre avec ceux qui pensent comme Jean-Paul N’goupandé
que, la traite a « crée un sentiment généralisé de peur et d’insécurité qui dure encore aujourd’hui ». Ce
sentiment, écrit-il « tache indélébile dans la conscience collective des Africains » et débouche sur un
complexe de race inférieure né à ce moment-là, que nous avons fortement intériorisé et qui nous bloque. Je
pense que « La peur qui gît dans (son) subconscient »depuis l’esclavage ne peut en aucun cas être la raison du
non-développement du continent africain. C’est un alibi facile que de dire-à la manière des dirigeants
politiques africains que le développement est une entreprise irréalisable par un continent fragilisé
psychologiquement par l’esclavage puis par la colonisation. Tout simplement, parce que j’estime que d’autres
peuples ont aussi connu d’une manière ou d’une autre ces drames (esclavage et colonisation) et ont pourtant
décollé, Axelle Kabou a montré dans son ouvrage, Et si l’Afrique refusait le développement ? Qu’il n’est pas
défendable de voir la cause de notre défaillance dans des traumatismes provoqués par l’esclavage et qui
continueraient et réduire notre capacité d’initiatives. La peur n’étant pas un phénomène héréditaire, l’Afrique
d’aujourd’hui n’a rien à voir avec les conséquences psychologiques de l’esclavage. Que le phénomène ait
perturbé l’évolution du continent dans tous les domaines (social, économique, technologique, culturel, etc.) ;
nous en convenons entièrement. Mais qu’il ait des retombées psychologiques qui continuent d’affecter le
comportement, la mentalité de l’Afrique du xxème et des xx siècles ; qu’il ait inculpé une peur congénitale et
par extension un complexe d’infériorité aux Africains, relèvent du faux-fuyant. Nos hommes politiques ont
tellement cultivé –on ne sait au nom de quelle perception des relations internationales –cette idée d’amitié
naturelle entre les peuples que ; par ricochet, les peuples africains croient dur comme fer que leur bonheur
dépend de la mansuétude des autres peuples. Que, pour qu’ils vivent mieux, ils ont besoin que les autres
peuples leur viennent en aide. Ainsi, un tel président obtient-il la signature d’un colossal accord de prêt, qu’il
ordonne que l’on porte l’information à son peuple, et qu’une grandiose cérémonie d’accueil lui soit orchestrée
avec des artistes pour agrémenter les instants solennels de sa descente d’avions, pour saluer le caractère
historique de la prouesse : avoir réussi à se faire gratifier par d’autres peuples qui s’investissent au quotidien à
créer la richesse, une portion de cette richesse à l’attention de son propre peuple que ledit président a tout le
temps occupé à organiser des marches, encore des marches de soutien à longueur de journées, festoyant et
vidant commerces, ateliers, boutiques, bureaux, etc.
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Ce n’est pas aux paysans africains analphabètes de comprendre que la civilisation occidentale que nous
côtoyons ignore l’amour platonique entre les peuples. Qu’elle se préoccupe avant tout de productivité, de
profit et d’intérêt. Et qu’il faut aller à sa rencontre en ayant le même état d’esprit. C’est d’abord à la classe
politique africaine d’en prendre conscience au lieu de se complaire dans des discours sur l’amitié entre les
peuples. Il est temps que nous cessions de pleurnicher sur l’esclavage comme étant la cause de notre malheur.
On ne peut pas expliquer la crise de l’Afrique par des traumatismes séculaires. L’Afrique contemporaine a été
aux mains des Africains à partie de 1960 environ. Et c’est de là que doivent partir les analyses relatives à la
question de l’homme africain incapable de s’assumer politiquement, économiquement et socialement parmi
ses pairs de la planète. Le jeune africain né en 1960 n’a intériorisé aucun traumatisme séculaire lié à
l’esclavage, ni à la colonisation. Il vit les affres du chômage et ne peut en aucun cas expliquer sa misère par
une quelconque peur qui paralyserait ses concitoyens depuis des siècles. L’Afrique a assez de ces concepts
que les intellectuels africains fabricants de mythes, savent si bien inventer pour la distraire. Avec la Négritude,
les Africains se sont suffisamment égosillé. Ça suffit, plus de traumatisme ! Tournons-nous pour le moment
vers nous-mêmes, exclusivement vers nous-mêmes d’abord. Les racines de nos maux sont actuelles, présentes,
concrètes et surtout endogènes. Elles ne sont pas dans les temps immémoriaux dont on parle dans les contes.
Texte3 :
Les soleils des indépendances n’allaient pas tarder à recouvrir le ciel d’Afrique d’un nuage sombre. La
prolifération des conflits, les assassinats politiques, les « coups d’Etat permanents » ; deviennent autant de
spécificités africaines. Le mot démocratie semble banni du vocabulaire de nos dirigeants. La pauvreté
attribuée au continent tranche avec l’inventaire des richesses du sous-sol laissé à l’exploitation de ceux –là
même qui furent naguère les dominateurs. Et lorsqu’un pays a la hardiesse de remettre les pendules à l’heure,
l’ancienne puissance lui fabrique un opposant de toutes pièces. On lui donne les armes et on l’accompagne
dans sa conquête du pouvoir. Et pendant que les balles crépitent, les contrats se signent sous les tentes. Peu
importe qu’un monarque s’installe au pouvoir pour quarante ans, ou que, à sa mort, son fils lui succède. Oui,
c’est certainement le nouveau mode de transmission du gouvernement en Afrique : père en fils. Certains
diront qu’il en était ainsi dans beaucoup de sociétés traditionnelles du continent. Sauf qu’à l’époque c’était
une règle coutumière acceptée démocratiquement par les peuples. Or, nous avons adopté des institutions qui
prévoient les élections. Peu de pays en Afrique peuvent revendiquer le bon déroulement de ce processus
politique. Au Gabon, au Togo, en République démocratique du Congo, les fils des dictateurs pérennisent les
bilans calamiteux de leurs géniteurs…
Nous sommes comptables de notre faillite. Nous n’avons pas su trancher le nœud gordien et assumer
notre maturité. Par notre silence, par notre inertie, nous avons permis l’émergence des pantins qui entraînent
les populations dans le gouffre, avec pour point de non-retour le dernier génocide de XXe siècle, celui qui
s’est déroulé sous nos yeux au Rwanda. Il a pu avoir lieu parce que nous avons intégré l’image que l’occident
se faisait de nous. Hutus : traits grossiers, barbarie imbécilité. Tutsie : traits, fins intelligence, etc. Et pendant
qu’il s’entretuait l’Occident déployait son armée sous prétexte fallacieux de protéger les ressortissants. A
l’ONU, on discuta longuement de la sémantique-génocide ou pas génocide ? –pendant que les massacres se
poursuivent…
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En réalité –et c’est ce que je retiens de ce siècle funeste de notre prétendue autonomie-nous ne sommes
pas les enfants des soleils des indépendants, nous sommes les enfants de l’après-guerre rwandais. Un génocide
rendu possible par une colonisation qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours par des moyens détournés.
L’Afrique n’a jamais été aussi tributaire de ces anciens maîtres, pour le grand malheur de ses populations.
Mais au-delà de la responsabilité qu’on peut imputer à l’Occident, les Africains sont également au banc des
accusés.
Consigne
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