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Processus de

patrimonialisation

KOUASSI Kouakou Siméon


Professeur des universités d’Archéologie
UFR-LTHR / Université de San Pedro
simeon.kouassi@usp.edu.ci

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Syllabus

Nom et Prénoms: KOUASSI Kouakou Siméon


Grade : Professeur des universités d’Archéologie
Titre du cours : Processus de patrimonialisation
Année universitaire: 2023-2024
Niveau : Licence 3 Académique

I- Objectifs du cours
1- Objectif général

Connaitre le processus de patrimonialisation.

2- Objectifs spécifiques

A l’issue de l’enseignement, les étudiants doivent être capables de :

- définir le processus de patrimonialisation ;


- identifier les différentes étapes du processus de patrimonialisation ;
- cerner les acteurs intervenant dans le processus de patrimonialisation.

II- Le contenu du cours

Le champ patrimonial tel que nous le connaissons s’est élargi progressivement à tout ce qui
peut être objet d’intérêt. La notion de patrimoine a vu ainsi son sens évoluer d’une manière
rapide depuis des années. Cette notion de patrimoine se diversifie de nos jours d’une manière
considérable pour inclure de nouveaux domaines, de nouvelles catégories et nous apporte
aussi une nouvelle manière de percevoir ces biens, de les valoriser, de les intégrer dans notre
vie quotidienne.

C’est le cas de ce cours intitulé Processus de patrimonialisation. Les étudiants à son terme
doivent d’abord pouvoir définir le concept de patrimonialisation. Ensuite, identifier les
différentes étapes du processus de patrimonialisation ainsi que le rôle des acteurs dans ce
processus. Pour terminer, nous examinerons l’acte de patrimonialisation comme facteur de
développement.

III- Programmation

Voir emploi du temps.

IV- Méthodologie

Le cours est dispensé sous forme de Cours Magistraux (10 heures) suivi de Travaux Dirigés
(15 heures par groupe). Les étudiants sont appelés à prendre note et à interagir avec
l’enseignant. Dans le cas des groupes de Travaux Dirigés, le travail se déroulera en trois
phases :

- Exercices pratiques en groupe portant sur des questions de méthodologie ;


- Exposés par petits groupes de 2 étudiants maximum par thème en lien avec les
objectifs du cours ;

2
- Devoirs sur table pour apprécier le degré d’assimilation des étudiants.

Les exposés seront notés « coefficient 2 ». Des devoirs sur table associés à la note d’exposé
seront effectués. Il en sera de même pour l’examen « coefficient 3 » clôturant l’évaluation de
la première session organisée à la fin des enseignements, d’une durée de 02 heures. La
deuxième session portera sur un sujet d’une durée également de 02 heures.

Thème de réflexion :

- Les grandes lignes de la loi sur le patrimoine de Côte d’Ivoire

- Structuration du secteur du patrimoine au ministère ivoirien de la culture et du


Patrimoine

- Le patrimoine bâti traditionnel de Côte d’Ivoire

- Le patrimoine bâti d’époque coloniale de Côte d’Ivoire

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INTRODUCTION

Le patrimoine, dans plusieurs textes du XIIe siècle désigne les « biens de famille »,
l’ensemble des biens privés appartenant au pater familias. Il désigne à la fois des biens privés
dont on hérite et des biens communs dont les membres d’une même entité (communauté,
nation, etc.) seraient collectivement dépositaires. Il est composé de biens personnellement
transmis et le grand patrimoine des œuvres, des monuments, des sites, etc. ; voire, de plus en
plus, des valeurs et des coutumes, des savoirs : un ensemble qui fonctionne à diverses échelles
(locale, régionale, nationale…) comme un système symbolique générateur d’identité
collective.

En partant du concept (le patrimoine) de nature surtout économique (biens de familles ou


biens communs) et juridique, on glisse progressivement vers une représentation aux caractères
affectifs et symboliques, religieux et sacrés, enracinée dans l’intemporel et le durable. Parler
de patrimoine dans ce contexte de filiation collective revient à poser le principe d’une
conservation des biens reçus par héritage (pas tous en fait, une sélection), en vue de leur
transmission. Le patrimoine recèle donc la perspective d’une projection dans le futur. Il
contient la possibilité d’un avenir qui accroît son caractère d’enjeu stratégique : social,
culturel, économique, symbolique et, bien sûr, territorial.

Le passage générationnel implique tout de même un minimum de sélection. La formulation


de ses règles obéit à une procédure assez classique de construction sociale. C’est leur
définition et leurs modalités d’application, mais aussi celle des procédures de sauvegarde, de
conservation et de valorisation des patrimoines que l’on désigne par l’expression processus de
patrimonialisation. On passe dans ce contexte, de l’objectif de protection, pour transmettre à
celui de valorisation dans le cadre d’un projet de développement. Le patrimoine, on pourra le
remarquer, acquiert le statut de ressource pour devenir un élément essentiel dans le processus
de construction et de développement des territoires.

Comment s’élabore ce processus ? Quels en sont les spécificités ? Pour apporter des
éléments de réponse à cette double interrogation, nous allons définir davantage le concept de
patrimonialisation, montrer les vecteurs de la patrimonialisation, mettre en exergue les
différentes étapes de patrimonialisation et identifier les acteurs de la patrimonialisation.

1- Le concept de patrimonialisation

La patrimonialisation est un processus de réinvestissement, de revalorisation d'espaces


désaffectés, en vue de la construction d'une ressource. Ce processus de construction de
ressources, tire (entre autres) sont origine de fonctions légitimante (capacités d'intervention
dans la sphère publique, d'infléchissement de l'aménagement de l'espace et le prestige associé),
identitaire (lien social, capital social, appropriation collective du patrimoine) et valorisante du
patrimoine (retombées économiques du tourisme, de la valorisation immobilière,
renchérissement du foncier). Un élément patrimonialisé, est à la fois un espace approprié et un
point d'appui dans une logique d'appropriation d'un espace plus large.

La notion de patrimonialisation tente de rendre compte des mécanismes, non seulement de


production des espaces de patrimoines, mais également des pratiques qui accompagnent toute
démarche d’intervention, notamment sur le cadre architectural, en vue de sa réhabilitation.
Ainsi, en tant qu’étude théorique, la patrimonialisation renvoie aux représentations et aux
conditions sociales culturelles et historiques « qui ont contribué à la définition de sa racine : le

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patrimoine.».

Il convient ici de souligner la différence essentielle entre patrimonial et patrimonialisation.


La première notion, propose une lecture durable du patrimoine qui insiste sur le "temps long".
La seconde insiste sur « le caractère profondément contingent de la forme patrimoniale et
particulièrement sur son lien avec la culture politique contemporaine.». La logique de
patrimonialisation se déclinent autour d’une quadrilogie : « connaître, protéger, conserver,
valoriser.». Le déroulement de ce processus est variable selon les territoires et peut dépendre
de la nature de la demande sociale (aux plans diachronique et synchronique). Ainsi, la
patrimonialisation acquiert une forte dimension identitaire. Ce qui induit le fait que désormais,
« tout est potentiellement patrimoine ». L’observation de cinq étapes (Privé - Public, Sacré -
Ordinaire - Profane, Matériel - idéel, Objet –Territoire, Culture - Environnement),
permet de suivre l’évolution du phénomène.

Le passage du privé au public marque celui du passage de la dimension privée et familiale


à la sphère publique et collective comme on le voit à Yamoussoukro avec les biens naguère
appartenant à Félix Houphouët-Boigny (bâtisse, plantations, …), qui sont désormais la
propriété de l’Etat ivoirien. Ce glissement, au plan historique, remonte au Moyen-Âge (XVIIIe
siècle) et est également fécondé par les dimensions économique et affective du patrimoine. En
cela, il est progressivement lié aux collectivités locales, régionales, nationales, à l’Église et à
l’humanité.

Le deuxième glissement (Du sacré à l’ordinaire et au profane) consistant à un


glissement de la valeur symbolique, sacrée vers un objet ordinaire et banal ; cas des danses
(masques sacrés dans des espaces ouverts ou des musées) et des rites antérieurement réservés
à des cérémonies sacrées affectés aujourd’hui à des activités de plaisance. On assiste ici à un
rapprochement entre sens ancien (classique) et nouveau (postmoderne) du patrimoine.
L’engouement pour des objets triviaux (patrimonialisés) entraine l’avènement du « tout
patrimoine » par des promotions qui s’avèrent lucratifs donc source de développement
économique.

La troisième transformation qui fait passer le matériel à l’idéel (Relatif au monde des
idées, à la nature des idées) concerne un patrimoine précédemment matériel fait donc d’objet,
de biens essentiellement matériels vers un patrimoine constitué dorénavant de réalités idéelles
abstraites telles que les techniques « savoir-faire », les recettes, les valeurs, les chansons, les
événements, les contes, … Elle découle d’un principe de convention et de valeurs
collectivement admises (cas des forêts sacrées en Afrique où la chasse ou toute autre activité
d’exploitation est interdite).

Le quatrième changement (De l’objet au territoire : une spatialisation croissante)


souligne une extension spatiale des valeurs patrimoniales publiques ou privées, anciennement
réduites à des objets, à des bâtiments et à des lieux de taille réduite, vers des espaces
patrimonialisés plus vastes (parcs naturels, nationaux et régionaux, quartiers urbains et villes,
espaces industriels et maritimes en Aires Patrimoniales Protégées, …). Ce quatrième niveau
met en lumière la territorialisation du patrimoine ou la patrimonialisation des territoires.

La cinquième mutation (De la culture à la nature ou, plutôt, à l’environnement) montre


que le patrimoine, dans sa forme actuelle au plan institutionnel, englobe des objets de la
nature (forêt, montagne, rivière, …) en se fondant sur le développement durable (protection et
conservation de l’environnement pour les générations futures). Les objets et les lieux

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patrimoniaux (patrimonialisés) contribuent, dans ce sens, à forger des territoires par différents
canaux.

2- Les vecteurs et les différentes étapes de patrimonialisation


a. Les vecteurs de patrimonialisation

Pour qu'un héritage soit patrimonialisé, il faut nécessairement un événement déclencheur


qui remette en cause son usage antérieur et/ou sa conservation : arrêt d'une activité,
changement de propriétaire, projet de démolition, ... Les contradictions dans l'usage des
espaces concernés est à bannir. Ceci à l’instar par exemple de la densification des espaces
urbains dans une logique de développement durable qui peut entrer en contradiction avec la
conservation de certains héritages architecturaux, de même que de la pression foncière qui
cause des démolitions-reconstructions économiquement rentables.

La mobilisation des personnes morales ou physiques éprises du patrimoine constitue aussi


un élément moteur de patrimonialisation. De même l'héritage à « patrimonialiser » doit
acquérir une valeur économique donc potentiellement productrice de richesse, représentant
une forme avérée de capital économique. Elle permet, on peut le voir, de redonner une
seconde vie à un héritage qu’on pouvait considérer comme dépassé ou d’aucune utilité, à
travers la rentabilité économique. Bien plus, « patrimonialiser » renvoie à une volonté de
créer des imaginaires, de modifier le regard porté sur un territoire, de redorer l'image d'une
région économiquement sinistrée.

La formation voire la sensibilisation du grand public, à accepter le patrimoine et les œuvres


et/ou réalisations qui le composent, est également une condition de patrimonialisation. Pour
ce faire, les visites, les festivals, les conférences, … doivent être de mises. Ces aspects
orientent sur les étapes de patrimonialisation qui peuvent être appréhendées de façon plus
approfondie en trois étapes.

b. Les différentes étapes de patrimonialisation


La prise de conscience patrimoniale

La création patrimoniale (indicateur du changement social) s’opère à l’issue de périodes


de crises sociales politiques, idéologiques, religieuses, économiques, environnementales. Par
exemple en Angleterre elle prend forme à la fin du XVIIe siècle, en France après la
Révolution au XIXe siècle. Dans les deux cas, la société nouvelle instaurait définitivement
une rupture avec l’ordre ancien (aristocrates et religieux dépossédés de leurs biens et
prérogatives au bénéfice de la Nation). C’est le cas du naufrage du Joola en Casamence au
Sénégal qui a rapproché les populations en entrainant une convergence de vue certaine, pour
une région sinistrée.

Cette émergence patrimoniale, pour les pays développés, en général surgit d’un besoin de
requalification des territoires, en leur donnant un nouvel lustre, par le développement
d’activités nouvelles, en vue de leur redécollage économique. Il s’agit donc d’une prise de
conscience patrimoniale, qui en rompant avec l’identité territoriale ancienne, invite à
s’engager de concert, dans une démarche politique, économique, culturelle nouvelle, qui
favorise des potentiels investisseurs et invite les populations locales à innover à travers la
recherche d’activités neuves plus prometteuses.

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Les critères de la construction patrimoniale

Des critères variés permettent d’aboutir à la construction patrimoniale et aux formes de


sélections des objets qui en rendent compte. Ils sont d’ordre : économique, idéologique et
culturel, politique et concourent à formaliser le patrimoine, à travers des processus de
patrimonialisation. Celle-ci visant à conserver le Bien et à l’inclure dans un
cycle d’intemporalité. Ce résultat peut être atteint à l’issue de deux phases interconnectées :
l’une abstraite, notionnelle, basée essentiellement sur le discours. L’autre concrète et
opérationnelle.

La première étape qui accompagne le processus de sélection dès son début indique les
raisons qui expliquent le choix de tel ou tel objet patrimonial (magnifier la mémoire
collective, une époque, ses hommes, l’apport des générations passées à l’édification de la
présente aux plans culturel, idéologique, politique, économique et territorial). Il renferme un
caractère idéologique fort.

La seconde phase qui suit permet d’observer la marche qui conduit à la sélection d’un
patrimoine donné, processus de patrimonialisation, parmi tant d’autres par consensus accepté
par les différents acteurs. Exemple du rituel de bienvenue Akwaba largement partagé par les
ivoiriens. Elle renvoie aussi à l’idéologie de la nation, dictée par le rang et les intérêts sociaux
des acteurs patrimoniaux. Ainsi, la place de la République, tout comme le Palais présidentiel
(représentant un siège Akan symbole du pouvoir) à Abidjan (Plateau), renverra à
l’autodétermination du peuple de Côte d’Ivoire, à l’issue d’une longue période de domination
par le colon français. A ce niveau on pourra argumenter, entre autres, que l’appareillage du
processus de patrimonialisation se fait suite à l’identification des conditions de la
reconnaissance du bien, idéel ou matériel, sujet de patrimonialisation avant d’examiner la
fonction à laquelle il sera affecté tout en gardant ou écartant sa fonction initiale1 (cf.
Illustration).

Schéma 4. Les étapes de la patrimonialisation


(Source : FRANÇOIS H., HIRCZAK M., SENIL
N. Territoire et patrimoine: la con-construction
d’une dynamique et de ses ressources. Revue
d’Économie Régionale & Urbaine)

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Skounti L’auteur de ce schéma nous facilite sa lecture avec l’exemple suivant : un élément de la nature ou de la
culture qui a une fonction F1 : un parc naturel est d’abord un espace naturel exempt de toute activité humaine.
Ensuite, advient le moment où l’élément doit changer de fonction. Trois possibilités s’offrent alors à cet élément:
- À la fonction F1 d’origine, vient s’ajouter une nouvelle fonction F2 ;
- L’élément perd sa fonction F1 sans se voir attribuer de fonction de substitution ;
- L’élément perd sa fonction F1 ;
commence à se dégrader ou même à dépérir.
La reconnaissance de ses valeurs par les individus, les groupes et les communautés entraîne un changement dans
le processus de son abandon. Une nouvelle fonction F2 élimine définitivement la fonction F1 perdue.

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Le modèle théorique dit « processus de patrimonialisation» clarifié par Jean Davallon,
permet de décomposer les étapes qui entraînent l'accession, pour un objet ou un monument, au
rang de patrimoine. Il est dénombré ainsi sept « gestes de patrimonialisation » à savoir :

« A0. Rupture : la disparition de l'objet et/ou de son contexte


A. Découverte de l'objet comme « trouvaille »
B. Certification de l'origine de l'objet
C. Confirmation de l'existence du monde d'origine
D. Représentation du monde d'origine par l'objet
E. Célébration de la trouvaille de l'objet par son exposition
F. Obligation de transmettre aux générations futures.»

Comme le précise l'auteur :

« Pour qu'il y ait patrimonialisation, il faut qu'il y ait eu rupture dans la continuité de la
mémoire. Le terme « rupture » renvoie à un bouleversement, une modification, sans pour
autant que toute continuité soit supprimée.

L'étape suivante, la « découverte de l'objet comme "trouvaille" » constitue le véritable


premier « geste » patrimonial. Une « trouvaille » est un objet dont la principale fonction n'est
pas sa valeur d'usage mais celle d'être un signe. La découverte de l'objet comme trouvaille
signifie donc un changement de regard envers l'objet.

Le geste B., la « certification d'origine de l'objet» fait partie des gestes que Jean Davallon
qualifie d'« institutionnels et scientifiques ; institutionnels parce que scientifiques ». La «
certification d'origine de l'objet» a pour rôle d'attester que l'objet « vient bien du monde
duquel il semble venir ». Ce geste, ainsi que le suivant, sont liés à la notion d'authenticité ; de
l'objet pour le premier et du monde d'origine pour le second. C'est la recherche scientifique
qui assure la garantie de cette authenticité.

La « confirmation de l'existence du monde d'origine », le geste C., est l'étape durant


laquelle la preuve est faite que le contexte d'origine dont l'objet serait issu existe bel et bien.

Le geste D., la « représentation du monde d'origine par l'objet » est l'accession par l'objet
au statut de témoin. Il s'agit, pour Jean Davallon, d'une « élection réciproque », le moment où
l'objet se donne à voir au public et devient ainsi la manifestation du lien existant entre le
visiteur actuel et le passé.

Le moment au sein duquel ce geste s'incarne est celui de l'exposition de l'objet le geste E.
C’est la fonction du rituel d'exposition. Il l'envisage en effet non pas comme une célébration
du passé ou de l'objet mais comme une célébration de la découverte de l'objet en tant que «
trouvaille», de l'objet en tant qu'opérateur médiatique de mise en relation avec son monde
d'origine.

Le dernier geste, qui est la conclusion du processus patrimonial, est le geste F., l'«
Obligation de transmettre aux générations futures.

Pour Jean Davallon, le principe patrimonial est celui du lien entre passé, présent et, au
travers de cet ultime geste constitué par l'obligation de transmettre, futur. Dans son modèle,
les trois premières étapes (A., B., C.) constituent la « reconstruction du lien avec le passé »,

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les deux suivantes (D., E.) la « suture patrimoniale entre le présent et le passé » et la dernière
étape (F.) assure la perpétuation et le lien avec le futur.

Typologie

Deux maillons sont à considérer :

La patrimonialisation institutionnelle

Il s’agit ici d’un patrimoine savant et administratif. Son statut résulte de l’attribution d’un
certain nombre de valeurs patrimoniales qui ont vocation à devenir des qualités de l’objet. Le
patrimoine ressort établi (du « grand patrimoine ») composé de traces matérielles qui signent
la « nature » patrimoniale de l’objet. L’objet ressort approprié par l’État et/ou la Nation.

La patrimonialisation sociale

Elle se voit à travers des patrimoines variés tels que patrimoine : ethnologique, industriel,
rural, paysager, urbain, religieux, savoir-faire, produits du terroir, parcs et jardins, qui sont
identifiable par l’enquête ethnologique. Pour ce faire, l’étude qui le soutend s’appuie sur :
l’intérêt du groupe social, le caractère ethnologique de la recherche et la nécessité d’une
intégration dans l’espace public. En définitive, tout patrimoine culturel possède ainsi un
versant social et un versant savant alimenté par divers acteurs qui le rendent intelligible.

3- Les acteurs de la patrimonialisation

Le processus de patrimonialisation se construit avec les acteurs collectifs (actants) ou


individuels mus par une ou des idéologies qui concourent à l’intervention patrimoniale. Le
processus patrimonial résulte donc de l’interaction dynamique et dialectique d’acteurs
(directeurs et responsables des musées, …) et de contextes sociaux, culturels et territoriaux.
Ce processus ne peut se déclencher sans l’intervention d’un ou plusieurs acteurs qui doivent
savoir saisir une opportunité, une idéologie ambiante favorable à l’intervention patrimoniale.
Le rôle de relais entre patrimoine et territoire des objets, biens, services, événements,
monuments, lieux et paysages patrimoniaux, mobilise des systèmes parfois complexes
d’actants et d’acteurs (professionnels ou non). Ils se recrutent à partir des politiques publiques
de décentralisation et par le renouveau des cultures locales.

Ces « médiateurs » interviennent pour le compte des organisations économiques de


livraison des produits de qualité issus de l’agriculture, de l’élevage, des services touristiques
et de loisirs, de l’animation territoriale ou des transformations contemporaines de l’artisanat et
de l’industrie. Ce champ varié explique également le dynamisme dans la promotion de valeurs
patrimoniales et de réalités territoriales source de revenus importants. Ceci pour faire
comprendre l’impact de la culture dans le développement local et la définition du territoire
comme un patrimoine.

CONCLUSION : quid de la patrimonialisation comme facteur de développement


touristique

En observant la patrimonialisation comme volonté d'élargir l'offre patrimoniale afin de


renouveler l'intérêt des visiteurs, les acteurs placent progressivement le patrimoine de toute
période dans les circuits touristiques.

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La patrimonialisation, en ce qui nous concerne, accélère le tourisme culturel en fidélisant
une clientèle qui vise une meilleure compréhension du pays, de la région ou de la ville qu’il
visite à toute époque. Le métier de guide de tourisme apparait comme un des maillons
essentiels.

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