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L’archiviste et la
médiation culturelle:
le cas de la Province
du Pérou*
*
Ce texte est tiré d’un essai présenté pour l’obtention du grade de Maîtrise en Histoire
(Archivistique) à l’Université Laval, sous la supervision de Madame Martine Cardin et
de Monsieur Jacques Mathieu.
L’organigramme de l’organisme
Le cinquième et dernier critère de fonds exige que l’organisation interne pos-
sède un organigramme connu et fixé. Cet élément indique plus clairement le lien
d’autorité et de dépendance des différents niveaux décisionnels de l’institution. Cela
permet de définir le rôle de chaque entité par rapport aux autres et ainsi de mieux
comprendre les limites de leurs responsabilités et de leur autonomie. Il détermine
également la place exacte qu’occupe l’archiviste dans l’organisation et situe celui-ci
dans son rôle de médiateur culturel.
L’Union canadienne possède un organigramme précis (annexe 2) dont la struc-
ture correspond à celle de l’organisation typique d’une entreprise industrielle
divisionnalisée, c’est-à-dire à un ensemble de divisions autonomes reliées à une struc-
ture administrative centrale. Chacune de ses divisions est créée pour servir les diffé-
rents secteurs et dispose du contrôle de ses actions pour remplir ses missions. Par
conséquent, les divisions sont relativement indépendantes du contrôle de l’unité cen-
trale et même du besoin de coordonner ses activités avec celles des autres divisions. Ce
type de structure se retrouve principalement dans les «... organisations de grandes
tailles et des plus anciennes» (Mintzberg 1990, 231).
Concrètement, les Ursulines correspondent parfaitement à ce type d’organisa-
tion. À la base de leur structure se trouvent les maisons locales autonomes. Elles relè-
vent d’une Maison provinciale qui en assure la supervision. De même, la Maison géné-
rale coordonne les activités des Maisons provinciales. La Maison générale est
subordonnée au Chapitre général, qui lui, occupe le sommet de l’organigramme.
La simplicité de cet organigramme nous permet de voir une organisation
multicellulaire bien structurée et bien définie. En effet, chacune des maisons, qu’elle
soit générale, provinciale ou locale, possède une organisation interne semblable (an-
nexe 3). Chaque maison est dirigée par une supérieure. Celle-ci est appuyée dans sa
tâche par un nombre variable de conseillères dont une économe et une secrétaire.
Viennent ensuite les autres membres de la maison.
Cette même simplicité se retrouve dans l’organisation des archives et permet
de voir la structure archivistique des différentes composantes. La structure organisa-
tionnelle détermine la place de la Maison générale comme l’entité de référence domi-
nante et, par ce fait même, elle positionne l’archiviste au niveau de l’instance de
consultation supérieure. Le niveau occupé par l’archiviste de la Maison générale dans
l’organigramme l’oblige à traiter avec grand respect les autres cultures organisation-
CONCLUSION
Pour établir le rôle de l’archiviste comme médiateur culturel, cette étude s’ap-
puie sur les éléments fondamentaux de l’archivistique, c’est-à-dire sur le principe de
provenance et sur la notion de fonds. Par ailleurs, la médiation prend tout son sens
dans la pratique archivistique de l’institution des Ursulines. Les champs d’intervention
sont déterminés par les obligations de conservation des documents essentiels et les
conditions de conservation propres à la Province du Pérou.
Le principe de provenance et la notion de fonds permettent de mettre en évi-
dence les liens archivistiques entre la Maison générale et la Province du Pérou. Toutes
les entités respectent l’ordre interne et externe des fonds. La Maison générale et la
Province du Pérou répondent également affirmativement aux critères de fonds. Elles
possèdent une identité propre établie par un acte juridique, un mandat officiel spécifi-
que, un niveau de responsabilité fixé par les Constitutions des Ursulines, une autono-
mie d’actions et de décisions ainsi qu’un organigramme structuré.
La bonne connaissance des entités en présence est à la base de la médiation
culturelle. Le principe de provenance et l’application de la notion de fonds permettent
de voir l’ensemble documentaire et de comprendre les liens organisationnels. Ces liens
organisationnels permettent de positionner chaque entité dans le système. De ce fait,
la place de l’archiviste de la Maison générale se trouve également définie. Bien qu’elles
soient issues de la même culture organisationnelle, les diverses cellules font appel à la
notion de médiation dans le maintien de leurs interrelations. Pour répondre aux be-
soins archivistiques de la Province du Pérou, l’archiviste de la Maison générale doit
utiliser la médiation culturelle.
Au terme de cette étude, le rôle de médiateur culturel de l’archiviste de la
Maison générale apparaît clairement comme un élément indispensable pour réaliser
ses interventions. Le choix de celles-ci a été guidé par les besoins immédiats et l’ur-
gence de la situation. En effet, la difficulté de préserver les documents en milieu
tropical exige de concentrer nos efforts sur la protection des documents essentiels et
sur la préservation des documents. Les solutions qui se dégagent de l’analyse de cha-
cune des problématiques tiennent compte de l’interaction entre deux cultures. L’impor-
tance d’un dialogue constant et positif qui allie expertise scientifique et respect des
réalités de chacune des cultures oblige forcément à la médiation culturelle.
Chez les Ursulines, la médiation culturelle semble être une tradition acquise
depuis longtemps. En effet, la médiation a joué et joue encore un rôle important dans
les relations internes et externes de l’institution. L’interaction qui se dégage tout au
long de l’étude des champs d’intervention permet à l’archiviste de la Maison générale
1. Ce principe est également appelé principe 8. Pour ne pas créer d’ambiguïté nous al-
de respect des fonds. Il a été formulé lons utiliser le terme maison lorsque
pour la première fois en 1841 par Natalis nous parlerons d’unité. Les Ursulines sont
de Wailly (Duchein 1977, 71-72.). actuellement en train de redéfinir la dé-
signation de chacune des maisons. Le
2. Le Monastère de Québec fut reconnu
problème consiste en ce qu’elles utilisent
canoniquement par Rome le 26 juin 1853.
fréquemment le terme communauté lors-
Directoire canonique pour l’application
qu’elles parlent d’une maison physique.
du règlement no. 9 du Monastère de
Ex. La Communauté Val-d’Espoir est, dans
Québec, art. 1. III-B-1.0-12, Province de
les faits, la maison où habitent les Ursu-
Québec, Documents officiels, 1992.
lines qui œuvrent à Val-d’Espoir.
3. Décret de Rome n. 5972/53-Q.12. I-A-1.0-1, L’ambiguité se joue au niveau du concept
Documents pontificaux de Rome, Secré- du terme communauté qui fait référence
tairerie d’État, 1953. Directoire 1985. p. 6. habituellement à une congrégation reli-
4. L’érection canonique de chacune de ces gieuse en particulier. Ex. La communauté
trois provinces est comprise dans le dé- des Ursulines. III-A-11.10-18, Maison géné-
cret de Rome du 7 juin 1953. rale, Consultations juridiques (Droit ca-
5. En vertu des dispositions des art. 22 et 23 non), 1993.
de la Loi constituant en corporation 9. «... dans la conception québécoise, le
l’Union canadienne des Moniales de fonds est un tout indivisible et irréducti-
l’Ordre de Sainte-Ursule, 4-5 Elizabeth II, ble dont la pièce constitue la plus petite
chap. 150 ainsi que le Bill privé 169. Ce unité élémentaire. Entre les deux, on re-
texte constitue la Maison générale en trouve des unités intermédiaire: la série,
corporation civile, le 10 janvier 1956. III- la sous-série et l’article ou le dossier qui
A-14.0-0, Maison générale, Bills de l’Union constituent des groupes homogènes de
canadienne, 1956. Chacune des trois Pro- pièces. En amont, les unités sont regrou-
vinces fut également décrétée en corpo- pées par espèce dépôt et groupe de
ration civile, dont la Province de Trois- fonds.» (Cardin 1995, 226-227)
Rivières, le 24 mars 1959 cf. lettres 10. Cette notion de dépôt est surtout utilisée
patentes enregistrées le 25 mai 1959. III- chez les Américains. C’est pourquoi peu
A-14.0-15, Maison générale, Bills de d’auteurs francophones en discutent.
l’Union canadienne, 1959.
11. Elle est de 3.10m. de documents inactifs à
6. A. N., C155. À noter que les différents arti- la Maison provinciale du Pérou seule-
cles de l’Alliance Nouvelle (A.N.) sont ment. Il a été impossible de recevoir le
extraits des Constitutions des Ursulines métrage des documents des autres mai-
ou des Règlements. C’est pourquoi, on re- sons locales. Information reçue de la Pro-
trouve soit un C devant les articles pro- vince du Pérou en novembre 1996.
venant des Constitutions soit un R de-
12. Crée par la Constitution apostolique
vant ceux provenant des Règlements.
Pastor bonus (art. 99\104). I-A-11.0, Do-
7. Cf. Procès-verbal du Conseil général, no. cuments pontificaux - Rome, Commission
410/65, p. 29, qui en fait l’annonce offi- pontificale sur les Biens culturels de
cielle. III-A- 4.0-4, Maison générale, Pro- l’Église, 1993.
cès-verbaux des assemblées du Conseil
13. Il existe des programmes spécifiques
général. D’abord appelée ainsi étant
pour les documents électroniques (Bal-
donné sa fondation dans le vicariat apos-
lon et Gardner 1988, 20-30; Carlisle 1986,
tolique de St-Joseph-de-l’Amazone, le 1er
42-43; Blanc 1987, 34-36, 38-39)
avril 1996 la corporation civile change
de nom pour Congregacion Ursulinas de 14. En 1989, la tension politique entre le gou-
la Union canadiense de la Orden de vernement et la guérilla péruvienne, le
Santa Ursula. Sentier lumineux, fut si forte que le Con-
seil général a proposé aux religieuses
BIBLIOGRAPHIE SPÉCIALISÉE
Sources manuscrites
II - C Documents épiscopaux
1.0 Vicariat apostolique de l’Amazone
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N.B.: Cette liste partielle est un exemple des documents qui doivent être considérés essen-
tiels.