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Cours-Genie Ridocx 231107 180249
Cours-Genie Ridocx 231107 180249
L’unité d’enseignement réacteurs non-idéaux et bioréacteurs (UEF 1.1.1) est enseignée aux
étudiants de 1ère année Master de Génie des Procédés. Elle est intitulée « Génie de la
réaction I : réacteurs non-idéaux et bioréacteurs». L’objectif principal de ce cours
est de doter l’étudiant de connaissances concernant l’hydrodynamique dans les
réacteurs réels ou non-idéaux, les principaux modèles de réacteurs homogènes et des
notions sur le fonctionnement des bioréacteurs.
Ce polycopié est conforme au programme d’enseignement proposé par l’instance
habilitée du ministère d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Le
programme proposé est présenté comme suit :
Chapitre 2 Bioréacteurs
- Classification et caractéristiques des bioréacteurs
- Transfert de matière dans les bioréacteurs : couplage transfert- réaction,
- Mécanisme et cinétique des réactions enzymatiques homogènes et hétérogènes
- Mode de fonctionnement des bioréacteurs (réacteurs continus parfaitement agités,
réacteurs à lit fixe, réacteurs à lit fluidisé, réacteurs membranaires).
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Table de matière
Chapitre I : réacteurs non-idéaux
Chapitre II : Bioréacteurs
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II.2. Transfert de matières dans les bioréacteurs : Couplage transfert-réaction…………..
II.3. Mécanisme et cinétique des réactions enzymatiques homogènes et hétérogènes……
II.4. Mode de fonctionnement des bioréacteurs…………………………………………..
II.4.1. Réacteurs continus parfaitement agités………………………………………
II.4.2. Réacteurs à lit fixe……………………………………………………….
II.4.3. Réacteur à lit fluidisé…………………………………………………….
II.4.4. Réacteurs membranaires………………………………………………….
Référence ……………………………………………………………………
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I.1. Notions fondamentales
I.1.1. Réaction chimique
Une réaction chimique est une transformation au cours de laquelle une ou plusieurs espèces
chimiques se transforment. Elle est caractérisée par son équation stœchiométrique et son
équation cinétique :
D’une manière générale, la relation stœchiométrique s’écrit sous la forme :
∑ 𝜗𝑖 𝐴𝑖 = 0 𝑖 = 1, 𝑆
𝐴𝑖 Espèce moléculaire de rang i
𝑆 Nombre total d’espèces participant effectivement à la réaction
𝜗𝑖 : Coefficient stœchiométrique de l’espèce 𝐴𝑖 .
La forme d’expression de la vitesse de réaction la plus courante rencontrée dans les systèmes
homogène est :
𝑆 𝑆
)⃑⃑⃑⃑
⃑ ∏(𝑝𝑖 ⃐⃑⃑⃑⃑
𝑟=𝑘 𝛽𝑖
− 𝑘⃐⃑ ∏(𝑝𝑖 )𝛽𝑖
𝑖=1 𝑖=1
Le coefficient 𝛽𝑖 ne doit pas être confondu avec le coefficient stœchiométrique, sauf s’il s’agit
d’une étape élémentaire ; une constante de vitesse.
I.1.2. Thermodynamique
- La thermodynamique permet de fixer les conditions de température et de pression dans
lesquelles la formation d’un produit C est possible avec un rendement acceptable.
- Une réaction peut être possible thermodynamiquement sans pour cela se faire facilement.
L’équation cinétique fournira la dynamique de la transformation.
- Telle que nous venons de la caractériser, nous avons une réaction simple définie par une seule
équation stœchiométrique. Souvent, en pratique, plusieurs réactions simples ont lieu
simultanément (soit successivement, soit parallèlement), on a alors une réaction dite complexe.
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Dans ce dernier cas plusieurs équations stœchiométriques sont nécessaires pour décrire la
transformation.
I.1.2.1. Conversion
On définit ainsi la conversion f qui permet de chiffrer la qualité de la transformation : on peut
définir la conversion d’un réactif, c’est-à-dire le pourcentage de ce réactif qui a été transformé.
Exemple :
𝑎0 − 𝑎
𝑓𝐴 =
𝑎0
I.1.2.2. Sélectivité
On peut prendre encore prendre la conversion d’un réactif A en un produit C comme étant le
rapport de la quantité de C formée et de celle de A disparue, multiplié par le rapport inverse
des coefficients stœchiométriques.
On a alors, ce qu’on appelle, une sélectivité :
𝐶 − 𝐶0 𝛼
𝑆𝐴𝐶 =
𝑎0 − 𝑎 𝛾
𝛼 𝑑𝐶
𝑆𝐴𝐶 = −
𝛾 𝑑𝑎
Dans le cas de réaction complexes l’utilisation des sélectivités sera, comme nous le verrons,
absolument nécessaire.
D’une manière générale, il faut distinguer dans un système chimique le nombre totale M de
constituants qui prennent part à la réaction, du nombre M' de composés qui jouent un rôle
dans la cinétique. Appelons S le nombre de relations stœchiométriques indépendantes entre
les M constituants et S' le nombre de relations stœchiométriques indépendantes entre les M'
composés. On aura les inégalités suivantes :
M ≥ M' et M > S ≥ 1
Soit, par exemple, la réaction complexe caractérisée par les équations suivantes :
𝐴+𝐵 ⇌𝐶+𝐷
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𝐶+𝐷 ⟶𝐸+𝐹
𝐴+𝐸 ⟶𝐺+𝐽
Dans le cas système à deux phase, le nombre de variables indépendantes sera : : m = 2M' - S'.
Les M' relations supplémentaires nécessaires pour faire le calcul seront soit les relations
d’équilibres physiques entre les phases, soit les équations traduisant la cinétique du transfert de
masse. Il faut noter qu’à ces m variables indépendantes pourront venir s’ajouter la température
dans le cas de système non isothermes, la pression lorsque des systèmes gazeux seront
considérés.
Si les débits varient par suite du déroulement de la réaction, les choses seront encore plus
compliquées car le nombre de variable indépendantes sera non plus m = M' - S', mais
généralement m = M - S
𝑑(ln 𝐾𝑎 )
-Pour une réaction exothermique dans le sens direct, Δ𝑅 𝐻 0 < 0 donc < 0 : la constante
𝑑𝑇
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𝑑(ln 𝐾𝑎 )
-Pour une réaction endothermique dans le sens direct Δ𝑅 𝐻 0 > 0 donc > 0 : 𝐾𝑎
𝑑𝑇
augmente avec 𝑇.
Donc, connaissant la constante d’équilibre à une température, il faut connaître la variation
d’enthalpie libre standard de réaction à une température quelconque pour calculer la constante
d’équilibre à une autre température. En supposant Δ𝑅 𝐻 0 constant dans l’intervalle de
température 𝑇2 − 𝑇1 , l’intégration de l’équation de Van’t Hoff donne :
𝐾𝑎,𝑇2 Δ𝑅 𝐻 0 𝑇2 − 𝑇1
ln 𝐾𝑎,𝑇2 − ln 𝐾𝑎,𝑇1 = ln = ( )
𝐾𝑎,𝑇1 𝑅 𝑇1 𝑇2
Cette équation est applicable pour la conception des réacteurs chimiques.
Un bilan matière peut être effectué sur tout ou partie du réacteur, sur la totalité des composés
présents, sur un réactif ou sur un produit choisi.
Toutefois, pour obtenir l’équation caractéristique d’un réacteur, le bilan de matière doit être
effectué pour le volume de réacteur le plus grand possible dans lequel la pression, la
composition du mélange réactionnel, la température sont uniformes. Pour les réacteurs fermé
et parfaitement agité continu, ce volume est celui du réacteur, pour le réacteur en écoulement
piston une tranche de volume dV normale à l’écoulement. Le bilan matière est établi pour un
réactif A ou pour un produit P. Quel que soit le type de bilan : matière ou énergie, quatre termes
doivent être considérés : flux entrant, flux sortant, consommation (ou production) et
accumulation (ou désaccumulation), certains de ces termes peuvent être nuls.
Et pour un produit P :
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I.1.4.2 Bilan énergétique
Dans la plupart des problèmes de génie des procédés, le bilan énergétique sur un système
quelconque, pourra se faire en négligeant les énergies cinétiques et potentielles :
𝑑(𝑚. 𝐻 − 𝑃. 𝑉) 𝑑(𝑚. 𝐻) 𝑑𝑉 𝑑𝑃
𝑒
𝑄𝑚 . 𝐻 𝑒 + ∅ + 𝑊̇ ′ = 𝑄𝑚
𝑠
. 𝐻𝑠 + 𝑠
= 𝑄𝑚 . 𝐻𝑠 + − 𝑃. − 𝑉.
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑒 Débit massique à l’entrée du réacteur
𝑄𝑚
𝐻𝑒 L’enthalpie par unité de masse à l’entré du réacteur
∅ Flux de chaleur
𝑊̇ ′ Flux de travail des forces de pression
Dans la plupart des problèmes de génie des procédés, aucun travail (autre que celui des forces
de pression) n’est mis en jeu. En outre les réacteurs fermés ou semi-fermés travaillent à
volume constant et sont rarement le siège de grandes variations de pression ; les réacteurs
ouverts fonctionnent en régime permanent (hors démarrages et arrêts). C’est pourquoi on
écrira souvent le bilan enthalpique comme suit :
𝑒
𝑑(𝑚. 𝐻)
𝑄𝑚 . 𝐻 𝑒 + ∅ = 𝑄𝑚
𝑠
. 𝐻𝑠 +
𝑑𝑡
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I.1.5. Equations caractéristiques des réacteurs idéaux, 𝑨 → 𝑷𝒓𝒐𝒅𝒖𝒊𝒕𝒔
𝑟𝐴 Vitesse de la réaction
V Volume du réacteur
𝑛𝐴 Nombre de moles de l’espèce A
𝑋𝐴 Taux de conversion de l’espèce A
𝐹𝐴 Flux de l’espèce A
Q Débit de l’espèce A
𝛽 Facteur de dilatation physique
𝛼 Facteur de dilatation chimique
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I.2. Notion de distribution des temps de séjour
Un réacteur réel aura un comportement qui s’écartera plus ou moins du modèle idéal et il serait
intéressant de chiffrer cet écart par rapport à l’idéalité. C’est la raison pour laquelle la notion
de distribution des temps de séjour présente un intérêt tout particulier.
Lors d’un écoulement d’un fluide à travers un récipient de volume, les diverses molécules du
fluide séjournent à l’intérieur du volume pendant des temps 𝑡𝑠 qui dépendent directement du
type d’écoulement réalisé. Ces temps de séjour 𝑡𝑠 peuvent s’écarter notablement du temps de
séjour moyen = 𝑉 ⁄𝑄 . Il existe donc une distribution des temps de séjour qui dépend du type
d’écoulement. Les performances du système en tant que réacteur seront souvent liées à cette
distribution des temps de séjour.
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Figure 2.2. Fonction de distribution des âges
Figure 2.3. Fonction de distribution des temps de séjour ou âges à la sortie du système
Si, par analogie, on se réfère à une population d’êtres vivants discernables (humains par
exemple) on peut choisir l’âge comme caractéristique d’un individu. On peut d’ailleurs
distinguer deux âges caractéristiques :
- L’âge 𝛼 d’un individu à l’instant où on observe la population (pyramide des âges) ;
- L’âge 𝑡𝑠 auquel ce même individu va décéder et donc quitter la population des
vivants.
Pour l’ensemble de la population on peut ainsi considérer deux fonctions de distribution des
âges qui permettent de décrire globalement cette population :
1- La fonction de distribution des âges des vivants, 𝐼(𝛼).
2- La fonction de distribution des âges auxquels surviennent les décès, 𝐸(𝑡𝑠 ).
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Par analogie, on pourra définir de la même façon pour un fluide en écoulement à travers un
volume, les caractéristiques suivantes :
- L’âge interne 𝛼 d’une molécule à l’intérieur du volume, comme étant le temps qui
s’est écoulé depuis que cette molécule a franchi la section d’entrée 𝐸 ;
- Le temps de séjour 𝑡𝑠 de la molécule dans le volume 𝑉, comme étant le temps
séparant les passages de la molécule à travers les sections d’entrée 𝐸 et de sortie 𝑆.
Ce temps n’est rien d’autre que l’âge de la molécule au niveau de la sortie 𝑆.
Etant donné le grand nombre de molécules et leurs comportements différents liés au type
d’écoulement, il existe des fonctions de distribution de ces caractéristiques (Fig. 2.2 et 2.3).
On a ainsi :
- 𝐼(𝛼) la fonction de distribution des âges internes ;
- 𝐸(𝑡𝑠 ) la fonction de distribution des temps de séjour.
𝐼(𝛼)𝑑𝛼 représente donc la fraction de fluide à l’intérieur du volume 𝑉 donc l’âge interne est
compris entre 𝛼 et 𝛼 + 𝑑𝛼.
De la même manière 𝐸(𝑡𝑠 )𝑑𝑡𝑠 représente le flux sortant à la section 𝑆, la fraction du fluide
dont le temps de séjour ou l’âge est compris entre 𝑡𝑠 et 𝑡𝑠 + 𝑑𝑡𝑠 .
Par ailleurs, toute fonction de distribution est représentée sous forme normalisée à savoir :
∞
∫0 𝐼(𝛼) 𝑑𝛼 = 1 2.1
∞
∫0 𝐸(𝑡𝑠 ) 𝑑𝑡𝑠 = 1 2.2
On peut par ailleurs remplacer les variables 𝑡 (temps réel), 𝛼 (âge dans le réacteur) et 𝑡𝑠 (âge
en sortie) par une variable de temps réduit, définie sur la base du temps de séjour moyen 𝜃 =
𝑉 ⁄𝑄 .
𝑡 𝛼 𝑡𝑠
𝜏=𝜃 𝜏𝑖 = 𝜃 𝜏𝑠 = 𝜃
On a alors :
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La fonction 𝐼(𝛼) est toujours décroissante et tend vers 0 pour les valeurs élevées de l’âge. Par
1
ailleurs pour 𝛼 = 0 , cette fonction a une valeur caractéristique égale à 𝜃 , l’inverse du temps
de séjour moyen 𝜃 .
En effet, si on a 𝑁 molécules dans le système et si 𝑛(𝑡) représente le nombre de molécule dont
l’âge est inférieur à t, on peut écrire :
𝑡
𝑛(𝑡)
∫ 𝐼(𝛼)𝑑𝛼 =
0 𝑁
L’intégrale se réduit à 𝐼(0)𝜀, alors que 𝑛(𝜀) représente l’apport de molécules nouvelles au
système pendant le temps 𝜀 ; on peut donc écrire :
𝐹0 𝜀
𝐼(0)𝜀 =
𝑁
𝐹0 étant le débit d’alimentation compté en molécules par unité de temps.
On a donc :
𝐹0 𝜐̅𝑚 𝑄 1
= =
𝑁𝜐̅𝑚 𝑉 𝜃
Ceci conduit à :
1
𝐼(0) =
𝜃
𝐼(0) = 1
Il faut noter que ces notions de distribution des âges ou de temps de séjour, présentées pour le
cas de l’écoulement d’un fluide à travers un volume 𝑉 , peuvent également s’appliquer à
n’importe quel système pour lequel on a un écoulement de particules ou même d’objets à travers
une enceinte munie d’une entrée et d’une sortie. Ces mêmes notions sont, par exemple au cas
où on a un écoulement de solide granulaire, comme un catalyseur par exemple.
On peut par ailleurs définir la distribution cumulative de la manière suivante :
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𝑡
𝐹(𝑡) = ∫0 𝐸(𝑡𝑠 ) 𝑑𝑡𝑠 = 𝐹(𝜏) 2.5
Cette fonction représente dans le flux de sortie la fraction de fluide dont le temps de séjour est
inférieur à 𝑡 ou le temps de séjour réduit inférieur à 𝜏 .
Il existe diverses relations entre ces fonctions de distribution qui sont faciles à démontrer et que
nous rappelons ci-dessous :
Pour 𝑡 = 𝑡𝑠 = 𝛼 :
1 𝑑𝐼(𝛼)
𝐸(𝑡𝑠 ) = −
𝜃 𝑑𝛼
1 1
𝐹(𝑡) + 𝐼(𝛼) = 𝐼(0) = 𝜃 2.6
𝜃
A partir d’une distribution quelconque, on peut définir des moments. Ainsi on utilise très
souvent :
- Le moment d’ordre 1 par rapport à l’origine ou moyenne ;
- Le moment d’ordre 2 par rapport à la moyenne ou variance 𝜎 2 .
A partir de la distribution des temps de séjour on aura ainsi :
∞
𝑡𝑠̅ = ∫0 𝑡𝑠 𝐸(𝑡𝑠 )𝑑 𝑡𝑠 2.8
et :
∞
𝜎 2 = ∫0 (𝑡𝑠 − 𝑡𝑠̅ )2 𝐸(𝑡𝑠 ) 𝑑𝑡𝑠 2.9
On peut noter que la moyenne 𝑡𝑠̅ devrait en principe être égale au temps de séjour moyen
Les divers moments d’une distribution permettent en fait de caractériser une distribution.
C’est pourquoi les moments sont souvent utiles pour comparer entre elles des distributions.
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un traceur, permettant en quelque sorte de marquer les molécules ou du moins une partie des
molécules. On utilise ainsi des substances miscibles au fluide et ne modifiant pas ses
caractéristiques hydrodynamiques, mais décelables par une propriété physique particulière,
telle que la radioactivité, conductibilité électrique ou thermique, spectre d’absorption, etc.
La méthode expérimentale consiste alors à appliquer à l’aide du traceur un signal à l’entrée du
système sans perturber l’écoulement et à observer la réponse à la sortie du système. Les signaux
injectés dans le système peuvent théoriquement être de forme quelconque ; cependant on utilise
le plus souvent des signaux particuliers de formes telles que la réponse soit facilement
exploitable. Ainsi on réalise le plus souvent des signaux du type échelon ou impulsion.
𝑡
∫0 𝐼(𝛼)𝑑𝛼 est la fraction du volume 𝑉 occupée par du fluide ayant traversé l’entrée 𝐸 depuis
le temps 𝑡 = 0.
𝐶(𝑡) 𝐶(𝜏)
𝐶′ = = 1 − 0𝐼(𝑡) ou 𝐶′ = = 1 − 𝐼(𝜏) 2.11
𝐶2 𝐶2
𝐶 ′ = 𝐹(𝜏) 2.12
Ce qui signifie que la réponse à un signal échelon ou réponse indicielle donne directement la
fonction de distribution cumulative (𝜏) , à partir de laquelle on pourra déduire les autres
fonctions de distribution 𝐼 et 𝐸 .
L’adoption de la forme réduite 𝐶 ′ pour la réponse revient en fait à considérer un signal échelon-
unitaire.
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Du point de vue mathématique le signal échelon correspond à la fonction échelon unitaire, 𝐻(𝑡),
caractérisée de la manière suivante :
𝐻(𝑡) = 0 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑡 < 0
𝐻(𝑡) = 1 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑡 ≥ 0
𝐶 = 𝐸(𝜏) 2.15
𝑡≠0 𝛿(𝑡) = 0
+∞
∫ 𝛿(𝑡) 𝑑𝑡 = 1
−∞
On peut vérifier que les conventions adoptées ci-dessus pour exprimer la réponse sous forme
réduite 𝐶 correspondent en fait à la définition de la fonction de Dirac.
16
On doit en effet avoir :
∞
∫ 𝐶𝑑𝜏 = 1
−∞
soit :
∞
𝐶(𝜏)
∫ 𝑑𝜏 = 1
−∞ 𝐶0
18
Considérons le cas d’un signal d’entrée ayant la forme d’un échelon unitaire. Le bilan molaire
du traceur pourra s’écrire en prenant en compte le fait que le volume 𝑉 est parfaitement
mélangé. On aura ainsi :
𝑑𝐶(𝑡)
𝑄𝐶2 = 𝑄𝐶(𝑡) + 𝑉 2.16
𝑑𝑡
La répartition des temps de séjour 𝑬(𝜏) , identique à la réponse à une impulsion 𝑪(𝜏) , se
déduira de 𝑭(𝜏) par simple dérivation, soit :
𝑑𝑭(𝜏)
𝑪(𝜏) = 𝑬(𝜏) = = 𝑒𝑥𝑝(− 𝜏) 2.18
𝑑𝜏
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La technique de mesure de la distribution des temps de séjour (DTS), au moyen d’un traceur,
constitue donc un moyen de diagnostic pour connaitre la structure d’un écoulement dans les
systèmes continus. A titre d’exemple, le simple fait que 𝑡𝑠̅ soit trouvé différent de 𝜃 peut déjà
conduire à certaines conclusions : existence d’un court-circuit ou d’une zone stagnante.
Nous verrons dans suivants comment les performances d’un système continu, utilisé en tant que
réacteur, peuvent être influencées par la distribution des temps de séjour. On peut noter dès
maintenant que les systèmes idéaux considérés jusqu’ici présentent des distributions de temps
de séjour totalement différentes et qu’on peut donc s’attendre à des différences de
comportement notables. Néanmoins, il faut remarquer que la correspondance entre distribution
des temps de séjour et structure d’un système n’est pas biunivoque. En d’autres termes pour un
système de structure connue il n’existera qu’une seule fonction de distribution, alors qu’à partir
d’une fonction de distribution donnée on peut imaginer diverses structures d’écoulement
pouvant conduire à la même fonction de distribution.
Pour s’en convaincre on peut reprendre l’exemple classique de l’association en série de
dispositifs à écoulement piston et parfaitement agité (figure 2.5). On peut dans ce cas permuter
les deux zones du système ou même diviser la zone à écoulement piston en deux parties
disposées de part et d’autre du mélangeur parfait sans pour cela modifier la courbe de
Distribution du temps de séjour. En effet, si la partie parfaitement agitée impose la forme
exponentielle décroissante de la courbe (équation 2.17), le décalage de cette courbe dans le
temps est dû à l’écoulement piston qui, nous l’avons vu, agit comme un retard pur. L’ordre dans
lequel ces opérations sont effectuées n’a donc aucune importance.
Aussi, les seuls renseignements que l’on puisse obtenir par une étude expérimentale au moyen
d’un traceur concernent les intervalles de temps pendant lesquels les divers éléments du fluide
séjournent dans le système, indépendamment des interactions qu’ils peuvent y subir.
On distingue généralement le macromélange (macromixing) ou ensemble des phénomènes liés
à la distribution du temps de séjour et le micromélange (micromixing) résultant des interactions
entre éléments du fluide en écoulement et intervenant à une échelle telle qu’elles se déroulent
de manière indépendante de macomélange. Les fonctions de distributions des temps de séjour
sont donc incapables de donner des informations relatives au micromélange.
20
Figure 2.5 exemples de trois systèmes pouvant conduire à la même distribution des temps de
séjour
21
I.3. Identification des réacteurs
L’identification des réacteurs par la distribution des temps de séjour est une méthode
couramment utilisée en génie chimique pour caractériser le comportement d’un réacteur. La
distribution des temps de séjour est une mesure de la façon dont les différentes particules ou
fluides passent à travers le réacteur à des moments différents. Cela peut être particulièrement
utile pour comprendre la dynamique d’un réacteur et son efficacité dans une réaction chimique
ou un processus. L’identification fonctionne comme suit :
-Collecte des données de DTS : pour identifier un réacteur par la distribution des temps de
séjour, nous devons collecter les données sur le temps qu’il faut aux particules ou aux fluides
pour traverser le réacteur. Cela peut être fat à l’aide de traceurs ou de techniques de mesure
appropriées
-Analyse des données de DTS : Construction de la distribution des temps de séjour. Il s’agit
d’un graphique ou d’un histogramme montrant combien de particules ou de fluides ont passé
un certain temps dans un réacteur. La forme de la DTS peut varier en fonction du type de
réacteur et de ses caractéristiques.
-Interprétation des résultats : L’analyse de la DTS fournit des informations sur le
comportement du réacteur. Si la DTS est étroite, cela signifie que la plupart des particules ou
des fluides passent rapidement à travers le réacteur. Si la DTS est large, cela indique une plus
grande variabilité dans les temps de séjour. Cela peut avoir des implications sur la réaction
chimique, la conversion des réactifs.
-Comparaison avec des modèles théoriques : Les résultats de la DTS peuvent également être
comparés à des modèles théoriques pour mieux comprendre le réacteur et éventuellement
l’optimiser.
22
désirables, maximiser les rendements et garantir la sécurité du processus. Pour cela, des
systèmes de contrôle de la température, tels que le chauffage ou le refroidissement, sont souvent
utilisés pour maintenir des conditions optimales à l’intérieur du réacteur. Les réacteurs non
isothermes couramment rencontrés sont :
-Réacteur à lit fluidisé : dans un réacteur à lit fluidisé, des particules solides sont suspendues
dans un flux de gaz ou de liquide. Les réactions chimiques peuvent se produire à différentes
températures à mesure que les particules sont en contact avec les réactifs et les produits. La
température à l’intérieur du lit fluidisé peut varier en fonction de la distribution des réactifs et
de la chaleur générée par la réaction.
-Réacteur à lit fixe avec réfrigération ou chauffage externe : Dans ce type de réacteur, la
température est contrôlée en ajoutant ou en retirant de la chaleur du réacteur à l’aide d’un
système de refroidissement externe. Cela permet de maintenir des conditions non isothermes
en ajustant la quantité de chaleur ajouté ou retirée.
-Réacteur discontinu (batch) : Les réacteurs discontinus sont des réacteurs où les réactifs
sont introduits dans le réacteur, la réaction a lieu, puis les produits sont retirés. Pendant la
réaction, la température à l’intérieur du réacteur peut varier en fonction de la cinétique de la
réaction et de la chaleur générée ou absorbée.
23
Le réacteur le plus simple, au demeurant le plus utilisé industriellement, est le réacteur
adiabatique à écoulement axial continu, constitué d’un seul lit de catalyseur reposant sur une
grille support (figure 2.6).
La répartition des gaz dans le plan horizontal s’effectue naturellement dans la couche supérieure
du catalyseur. Éventuellement, des dispositifs statiques sont prévus à l’entrée du gaz pour
favoriser cette répartition en évitant les passages préférentiels.
Plusieurs lits superposés sont disposés dans le même réacteur, par exemple lorsque l’on cherche
à minimiser les efforts exercés sur les supports de grille, efforts qui peuvent devenir importants
lorsque la résistance opposée par la couche catalytique au passage du gaz augmente
(augmentation des pertes de charge). On dispose également plusieurs lits superposés dans le cas
où l’on utilise plusieurs types de catalyseurs dans le même réacteur, cela afin d’éviter les
mélanges de catalyseurs.
13.3.1 Modèle piston à dispersion axiale (figure 2.7) : ce modèle qui s’applique dans le cas
d’un faible écart à l’écoulement piston dû à la superposition à cet écoulement d’une dispersion
aléatoire dans la direction axiale, causant donc un mélange entre les tranches dV du réacteur
piston.
24
Figure 2.7: Réacteur piston à dispersion axiale
𝑑𝐶𝐴 𝐷𝐿 𝜕𝐶 𝜕𝐶
= . − (12)
𝑑𝜃 𝑢𝐿 𝜕𝑧 2 𝜕𝑧
où 𝑢 est la vitesse axiale, 𝐿 la longueur du réacteur et 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 un nombre adimensionnel , 𝜃 =
𝑡𝑠 ⁄𝑡𝑠̅ = 𝑡𝑠 ⁄𝜏 et 𝑧 = (𝑢𝑡𝑠 + 𝑥)⁄𝐿. Le nombre 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 caractérise l’importance de la dispersion
axiale dans le réacteur. S’il est voisin de zéro, la dispersion axiale est négligeable et
l’écoulement est de type piston. S’il tend vers l’infini, la dispersion est importante et
l’écoulement est similaire à l’écoulement dans les réacteurs parfaitement agités. Toutefois, aux
valeurs élevées de 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 , l’utilisation de ce modèle n’est pas toujours physiquement justifiée.
Aux faibles valeurs de dispersion (𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 < 0.01) pour lesquelles ce modèle s’applique, la
solution de l’équation :
1 (1−𝜃)2
𝐸(𝜃) = . 𝑒𝑥𝑝 [− ] (13)
√4𝜋(𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 ) 4(𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 )
25
Figure 2.8 : Fonction de distribution des temps de séjour 𝐸(𝜃) pour différentes valeurs du
paramètre 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿
La forme des courbes ne dépend pas des conditions aux limites, c’est-à-dire des conditions de
dispersion en entrée et sortie du réacteur. Les courbes dépendent du seul paramètre 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 ,
ce qui permet de déterminer sa valeur à partir de courbes obtenues lors d’expériences avec des
traceurs.
La valeur de 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 peut être tirée de la variance de la courbe 𝜎𝜃2 , de la valeur maximale de
𝐸(𝜃) notée 𝐸(𝜃)𝑚𝑎𝑥 :
𝜎𝜃2 = 2. (𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 ) (14)
1
𝐸(𝜃)𝑚𝑎𝑥 = − (15)
√4𝜋(𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 )
26
La différence avec le réacteur piston est que les termes entré et sorte prennent en compte à la
fois l’écoulement convectif et la dispersion axiale. Ce bilan conduit à l’expression suivante :
𝑑𝐶𝐴 𝑑 2 𝐶𝐴
𝑢 − 𝐷𝐿 + 𝑟𝐴 = 0 (16)
𝑑𝑙 𝑑𝑙 2
En introduisant 𝑧 = 𝑙 ⁄𝐿 ,𝜏 = 𝑡𝑠̅ = 𝐿⁄𝑢 = 𝑉 ⁄𝑄 et en remplaçant 𝑟𝐴 par 𝑘𝐶𝐴𝑛 , cette
expression devient :
𝐷𝐿 𝑑 2 𝐶𝐴 𝑑𝐶𝐴
. − − 𝑘𝜏𝐶𝐴𝑛 = 0 (17)
𝑢𝐿 𝑑𝑧 2 𝑑𝑧
Soit en termes de conversion de 𝐴(𝑋𝐴 ) :
𝐷𝐿 𝑑 2 𝑋𝐴 𝑑𝑋𝐴 𝑛−1 (1
. − − 𝑘𝜏𝐶𝐴0 − 𝑋𝐴 )𝑛 = 0 (18)
𝑢𝐿 𝑑𝑧 2 𝑑𝑧
Cette expression montre que la valeur de 𝑋𝐴 est déterminée par trois termes adimensionnels :
𝑛−1
le nombre cinétique 𝑘𝜏𝐶𝐴0 , le terme de dispersion 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 et l’ordre de réaction 𝑛.
La solution de l’équation, complexe dans le cas général, permet la comparaison des efficacités
du réacteur piston idéal et du réacteur piston avec dispersion. C’est ce qui est réalisé dans les
figures 2.9 et 2.10 donnant pour des réactions d’ordre 1 et d’ordre 2, le rapport des volumes
(ou des temps de passage) des réacteurs piston idéal et piston avec dispersion, en fonction de
1 − 𝑋𝐴 pour divers valeurs de 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 .
Aux faibles valeurs de 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 , la solution obtenue est simple ; par exemple pour une réaction
d’ordre 1 :
𝐷𝐿
1 − 𝑋𝐴 = 𝑒𝑥𝑝 [−𝑘𝜏 + (𝑘𝜏)2 ] (19)
𝑢𝐿
27
Figure 2.9 : Réaction du premier ordre cinétique sans dilatation. Influence de la dispersion
axiale caractérisée par le nombre sans dimension 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 sur la performance d’un réacteur
⁄
en écoulement piston (𝐷𝐿 𝑢𝐿 = 0).
Figure 2.10 : Réaction du deuxième ordre cinétique sans dilatation. Influence de la dispersion
axiale caractérisée par le nombre sans dimension 𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 sur la performance d’un réacteur
en écoulement piston (𝐷𝐿 ⁄𝑢𝐿 = 0).
28
1.3.3.2 Modèle à plusieurs paramètres (figure 11) : ces modèles permettent de rendre compte
du comportement de réacteurs dans lesquels l’écoulement est complexe.
En associant ces éléments, on obtient un graphe dépendant de plusieurs paramètres, qui permet
d’approcher le comportement réel et de rendre compte des courbes C expérimentales. Nous
avons mis au point à l’ENSIC un logiciel qui permet de construire très facilement ces modèles
représentatifs (le logiciel « DTS ») et d’en ajuster les paramètres sur des données
expérimentales. Imaginons qu’on ait, par exemple, à rendre compte de la distribution
29
des temps de séjour dans le réacteur schématisé sur la figure 15a
Figure 12 :Exemple de représentation d’un réacteur réel par des modèles de complexité
croissante
Un jet de fluide issu de la tubulure d’entrée atteint l’ajutage de sortie tout en se dispersant
partiellement dans le volume du réacteur. La description détaillée du profil hydrodynamique
est compliquée. Le premier modèle que l’on peut proposer est celui d’un écoulement piston (le
jet) rebouclé sur un mélangeur en recyclage (le fluide qui s’écrase et se mélange en retour).
Ce modèle (figure 12b) est à deux paramètres : le rapport des volumes et le taux de recyclage
R. Mais on peut être tenté d’affiner la description et de tenir compte d’une certaine dispersion
30
axiale dans le courant direct et dans le recyclage. Il faut alors ajouter deux paramètres de
dispersion, par exemple les nombres de mélangeurs JA et JP (figure 12c).
Une description encore plus réaliste ferait en outre intervenir des courants d’échange de matière
entre les deux courants (figure 12d) , et il serait sans doute plus commode de revenir dans ce
cas à des écoulements piston à dispersion axiale (figure 12e).
Il apparait donc que le micromélange, abordé sous l’angle « précocité du mélange », concerne
le mélange au sein du récipient entre portions de fluide d’âges différents : c’est l’aspect
temporel du micromélange. Par contre, abordé du point de vue de la « ségrégation du fluide »,
le micromélange concerne le processus intime du mélange au sein du récipient : c’est son aspect
spatial.
- Précocité du mélange
31
latéraux ; les débits de fluide dans ces entrées latérales sont tels que le modèle ainsi construit
reproduit la fonction de distribution des temps de séjour concernée.
L’écoulement piston impliquant un mélange parfait dans toute section droite du tube, tout
élément fe fluide entrant est mélangé à des éléments de fluide d’âges différents, et cela, dès son
entrée dans le récipient.
La configuration correspondant au mélange « au plus tard » (minimum mixedness) correspond
également à un récipient tubulaire à écoulement piston, mais muni cette fois d’une multitude
de tuyaux de sortie latéraux ; les débits de fluide dans ces sorties latérales sont tels que le modèle
ainsi construit reproduit la fonction de distribution des temps de séjour concernée. En vertu des
propriétés de l’écoulement piston, tout élément de fluide n’est mélangé, durant son séjour dans
le récipient, qu’à des éléments de fluide du même âge ; ce n’est qu’à la sortie du récipient qu’il
est mélangé à des éléments de fluide d’âges différents.
Figure 2.13 les deux états extrêmes de micromélange d’un fluide, considéré sous l’aspect
temporel : mélange au plus tôt et mélange au plus tard
A toute fonction de distribution des temps de séjour relative à l’écoulement d’un fluide dans un
récipient, il est ainsi possible de faire correspondre deux configurations extrêmes distinctes.
En pratique, puisque la fonction de distribution des temps de séjour d’un fluide s’écoulant dans
un récipient permet de construire plusieurs modèles d’écoulement pouvant l’engendrer.
On peut être amené, dans certains cas où cela s’avère souhaitable, à vouloir préciser quel est le
modèle qui représente le plus fidèlement la réalité. A cette fin, on peut tout d’abord éliminer les
modèles non plausibles, en égard au type d’appareillage concerné. Ainsi, si l’on considère
32
l’écoulement dans un récipient tubulaire précédé par une cellule de prémélange, la fonction de
distribution des temps de séjour relevée expérimentalement devra plutôt être imputée à un
modèle du type « mélange au plus tôt »
Bien que macroscopiquement homogène, un fluide peut présenter une structure microscopique
variable, comprise entre deux états limites (figure 2.14).
Le premier de ces états limites serait celui d’un fluide intimement brassé à l’échelle moléculaire,
toutes les molécules étant libres de se mouvoir et de venir en contact les unes avec les autres :
on dit dans ce cas que l’on est en présence d’un microfluide.
L’autre état limite serait celui d’un fluide dont les molécules resteraient regroupées par agrégats
aux frontières hermétiques, de dimensions petites à l’échelle macroscopique, mais contenant
néanmoins un très grand nombre de molécules. Ces agrégats ou domaines de ségrégation
seraient brassés entre eux, mais les molécules appartenant à un même domaine de ségrégation
resteraient, dans un système continu, auraient ainsi à tout moment le même âge interne. On dit
alors qu’il s’agit d’un macrofluide ou encore d’un fluide en état de ségrégation totale. Cet état
limite, qui n’est évidemment jamais atteint par un fluide homogène, peut être comparé à la
phase dispersée d’un système liquide-liquide ou gaz-liquide, en l’absence de coalescence et de
tout phénomène d’interaction au sein de la phase dispersée.
Entre ces deux états limites, on dit que le fluide considéré est partiellement ségrégé, ou en état
de ségrégation partielle.
DANCKWERTS proposa le premier une mesure du degré de micromélane, qui a ensuite été
généralisée par ZWITERING. Le degré de ségrégation 𝐽 a ainsi été défini de la manière
suivante :
𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑒𝑠 â𝑔𝑒𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑔𝑟é𝑔𝑎𝑡𝑠
𝐽=
𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑒𝑠 â𝑔𝑒𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑙é𝑐𝑢𝑙𝑒𝑠
33
Figure 2.14. Les deux états extrêmes du micromélange d’un fluide considéré sous l’aspect
spatial
figure 2.15).
34
Pour un écoulement piston l’intensité globale de ségrégation vaut l’unité, car chaque tranche
infinitésimale de l’écoulement assimilable à un agrégat n’a pas d’interaction avec les tranches
voisines. Cependant, radialement à l’intérieur d’une tranche, l’intensité de ségrégation devrait
être nulle. Une ségrégation non nulle à l’intérieur d’une tranche n(aurait cependant pas
d’importance dans la mesure où les réactifs seraient prémélangés.
Le cas du système parfaitement agité implique par contre une ségrégation nulle. Tout fluide réel
est partiellement ségrégé, car il est constitué d’agrégats de molécules formés sous l’effet de
cisaillement dû à l’agitation mécanique et aux frottements, agrégats échangeant de la matière
entre eux par diffusion. Le comportement intime d’un fluide réel résulte ainsi du couplage entre
l’hydrodynamique (convection, turbulence) et le transfert diffusionnel de matière. Il apparaît
donc qu’un fluide réel, considéré comme étant macroscopiquement homogène, peut s’avérer,
sous certaines conditions (diffusion lente vis-à-vis des autres phénomènes intervenant),
microscopiquement hétérogène.
On peut noter que le prémélange des réactifs ne peut être que favorable à une diminution de la
ségrégation et, si cette dernière subsiste, devrait tendre à minimiser ses effets néfastes.
On peut également remarquer que le concept de macrofluide (aucune interaction entre domaines
de ségrégation) implique, une fois la fonction de distribution des temps de séjour connue, des
performances identiques pour toute configuration d’écoulement, puisque la composition des
agrégats de molécules ne dépend que du temps passé par ceux-ci au sein du récipient. Dès lors,
l’hypothèse du macrofluide permet un calcul univoque des performances liées à une fonction
de distribution des temps de séjour donnée, sans que l’on doive tenir compte du facteur
précocité du mélange.
La détermination de l’intensité de ségrégation et/ou de son échelle implique des techniques
délicates, dont l’utilisation est pratiquement exclue pour étudier des cas réels. Aussi pour tenter
de surmonter ces difficultés, des modèles d’interaction entre agrégats ont été imaginés. A titre
d’exemple, nous présentons ci-après un de ces modèles, retenu pour sa simplicité : il s’agit du
modèle d’interaction par échange avec la moyenne, proposé par J.VILLERMAUX et coll. Ce
modèle rend compte de l’existence des interactions entre domaines de ségrégation par un
coefficient de transfert apparent ℎ entre un agrégat et l’ensemble des agrégats l’entourant, tel
que l’évolution de la concentration 𝐶𝐴 en une espèce chimique 𝐴 au sein de l’agrégat considéré
soit donné, en fonction du temps et en l’absence de réaction chimique, par l’équation :
𝑑𝐶𝐴
= ℎ(𝐶𝐴̅ − 𝐶𝐴 ) 2.19
𝑑𝑡
35
Où 𝐶𝐴̅ est la concentration moyenne locale. Le paramètre de ce modèle est donc le coefficient
de transfert apparent ℎ , qui mesure le taux d’interaction entre agrégat et les agrégats voisins.
Remarquons que ce paramètre ℎ peut être introduit d’une autre manière, à savoir en considérant
que chaque agrégat de molécules se comporte comme un petit récipient parfaitement mélangé
et fonctionnant en continu, de temps spatial 1⁄ℎ ; 1⁄ℎ est donc une mesure du temps pendant
lequel un agrégat de molécules conserve son identité. Le paramètre ℎ a pu être corrélé en
fonction des caractéristiques physiques du fluide et de la puissance dissipée.
Pour les liquides :
Σ𝜌
ℎ = [0,3 + 𝑙𝑛(𝑆𝑐)]−1 ( 𝜇 𝐹) 2.20
𝐹
où :
𝑆𝑐 = 𝜇𝐹 ⁄𝜌𝐹 𝐷𝐹 est le nombre de Schmidt ;
𝜇𝐹 est la viscosité du fluide;
𝐷𝐹 est le coefficient de diffusion ;
𝜌𝐹 est la masse volumique du fluide ;
Σ est la puissance dissipée par la turbulence par unité de masse de fluide.
La relation (2.20) montre que les valeurs élevées du coefficient de transfert apparent ℎ
correspondent à une agitation vigoureuse et à une faible viscosité, ce qui est bien conforme à
l’intuition. Bien que ce modèle puisse être appliqué à un écoulement quelconque, il n’a jusqu’à
présent été développé que dans le cas d’un récipient parfaitement mélangé à l’échelle
macroscopique, où son traitement mathématique est particulièrement aisé : dans ce cas
particulier en effet, 𝐶𝐴̅ est la concentration moyenne au sein du récipient, soit :
∞
𝐶𝐴̅ = ∫0 𝐶𝐴 (𝜏) 𝑰(𝜏)𝑑𝜏 = 𝐶𝐴 (𝜏)𝑒𝑥𝑝(− 𝜏)𝑑𝜏 2.21
C’est aussi la concentration moyenne dans le flux de sortie du récipient.
Le concept de macrofluide est d’une importance toute particulière dans les systèmes
polyphasiques, car au moins une des phases de tels systèmes se comporte généralement comme
un fluide partiellement ou complètement ségrégé. Ainsi, la phase solide des systèmes fluide-
solide peut être assimilée à un macrofluide, car chaque particule solide est un agrégat distinct
de molécules. De même, la phase dispersée d’un système fluide-fluide est partiellement
ségrégé : elle peut l’être plus au moins fortement selon l’importance des interactions entre les
gouttelettes de liquide ou encore les bulles de gaz dispersées dans la phase continue.
36
Bioréacteurs
Un bioréacteur est un appareil ou unité technologique favorisant, sous des conditions de culture
contrôlées, la multiplication des micro-organismes (levures, bactéries, champignons
microscopiques, algues…), de cellules voire d’organismes pluricellulaires pour des fins
industrielles (production de métabolites et de tissus cellulaires, ou bioconversion de molécules
d’intérêt), en :
- Agroalimentaire (yaourts, boissons alcooliques…),
- Médecine (antibiotiques, vitamines…),
- et/ou traitement des déchets liquides et solides.
Il s’agit alors d’une combinaison de deux composantes principales, l’une biologique
(culture vivante), et l’autre artificielle (dispositif commandant les conditions de culture) pour
atteindre un objectif de production et/ou de bioconversion préalablement défini.
Uun bioréacteur est un réservoir (Figure ) fabriqué en verre de 0.1 à 15 L (≈ 25 % plus haut que
large) pour l’expérimentation au Laboratoire, ou en acier inoxydable de 20 à 1 000 L pour des
tests pilotes industriels voire plus de 10 000 L en vraie industrie.
37
- Bioréacteurs à perfusion : ils permettent un apport continu de nutriments frais et
un retrait des produits métaboliques, ce qui les rend adaptés à la production de
composés sensibles à l’accumulation de déchets.
- Bioréacteurs à lit fixe : ils utilisent un support solide pour la fixation des
microorganismes, tels que les bioréacteurs à lit fluidisé. Ces systèmes sont employés
pour la biotransformation de substances chimiques
- Bioréacteurs à membrane : ils intègrent des membranes sélectives pour la
séparation des produits, des cellules ou des molécules spécifiques, ce qui permet
d’augmenter la pureté des produits.
38
Toute réaction dans laquelle interviennent des microorganismes peut être considérée comme un
système hétérogène comportant une phase continue contenant les substrats et produits solubles
et des phases dispersées : phase solide (microorganismes, substrats solides tels que cellulose…),
phase gazeuse (air, vecteur d’oxygène nécessaire aux cultures aérobies, phase liquide
immiscible (substrats insolubles tels que les hydrocarbures). L’efficacité de ce système dépend
largement du contact suffisant entre les différentes phases. Par conséquent, le transfert de masse
des éléments nutritifs (sources de carbone et l’énergie, oxygène) est plus complexe que pour
les processus chimiques. Dans la fermentation aérobie ; le transfert de l’oxygène est un facteur
très important dans la conception des bioréacteurs, les microorganismes aérobies ont besoin
d’oxygène pour leur croissance, et la maintenance des cellules.
Au cours de la croissance, l’oxygène est utilisé comme accepteur final d’électrons mais aussi
incorporé dans les différentes molécules structurales. Si l’oxygène n’est pas disponible en
quantité suffisante dans le milieu, il devient en quelque sorte un substrat limitant et le taux de
croissance en est affecté (modèle de Monod). Cette demande en oxygène pour la fermentation
est normalement satisfaite par l’opération aération-agitation, qui est l’une des opérations
unitaires indispensables à la maîtrise des réactions biologiques.
Quel que soit le procédé d’aération retenu, on a toujours une injection de gaz et formation de
bulles au sein du milieu de culture. Le problème d’aération est donc essentiellement un
problème de transfert de l’oxygène des bulles d’air vers les microorganismes, ce qui est
schématisé par la figure II.8. On se place ici dans le cas d’un milieu gaz-liquide homogène.
L’oxygène étant très faiblement soluble dans l’eau, dès l’instant que cesse l’aération du
fermenteur, la réserve en oxygène dissout peut être épuisée en quelques secondes par les
microorganismes. De ce fait, l’oxygène consommé doit être renouvelé en permanence et le
facteur limitant sera donc la diffusion à travers l’interface gaz-liquide (Figure II.9) . La loi de
Fick relative à la diffusion peut être appliquée ici. On obtient :
𝑑𝑁
= 𝑘𝐿 𝑎(𝐶𝑂∗2 − 𝐶𝐿𝑂2 )
𝑑𝑡
𝑑𝑁
: La vitesse de transfert de l’oxygène exprimée en mole/m3.s
𝑑𝑡
39
𝑘𝐿 : Coefficient de diffusion de l’oxygène côté liquide (m/s)
a : aire interfaciale volumique d’échange (m2/m3) de phase continue.
40
d’agents tensioactifs. Il faut donc réduire au maximum l’emploi d’agents anti mousse qui
limitent la diffusion et leur préférer si possible des dispositifs mécaniques.
41
augmentation de la solubilité de O2 par addition de phases liquides insolubles dans l’eau et
dans lesquelles O2 est très soluble (paraffines, dérivés fluorés…).
Trois types de systèmes sont employés pour réaliser efficacement l’aération. D’abord des
dispositifs mécaniques à l’aide de turbines, agitateurs et pales ou à l’aide de pompes.
Ensuite, des insufflations d’air par des colonnes à bulles et des réacteurs gazosiphons. Enfin le
dispositif mixte tel que le couplage d’un système mécanique et d’un gazosiphon. Mais il faut
se souvenir qu’il ne s’agit pas uniquement de fournir une quantité d’oxygène donnée, encore
faut-il le faire avec le meilleur rendement énergétique possible ? (C’est-à-dire que la masse
d’oxygène transférée par unité d’énergie dépensée doit être la plus élevée possible).
Il est à remarquer que le mobile d’agitation peut jouer un autre rôle tels que le mélange et
l’homogénéisation du liquide. De nombreux types d’agitation ont été décrits (Figure II.10), le
plus employé en fermentation est la turbine à pales droites et étroites (turbine Rushton) ; il s’agit
d’un mobile à débit radial. La turbine Rushton est bien adaptée pour l’agitation des fluides peu
visqueux. L’action de cisaillement de ce type de turbine facilite le transfert de l’oxygène. Dans
le cas de micro-organismes particulièrement fragiles, elle ne convient pas. Les turbines à pales
incurvées exercent le même type d’action. Lorsque la viscosité du fluide à agiter augmente, ce
qui est le cas de certaines fermentations (antibiotiques, polysaccharides), on utilise d’autres
agitateurs à débit radial, tel que l’agitateur à pales larges rectangulaires ou les agitateurs à ancre
(voir Figure II.10). Les agitateurs à débit axial sont intéressants du fait de la circulation du
fluide qu’ils provoquent. On utilise les hélices marines (propeller) carrées dont le pas est égal
au diamètre. Du fait de leur action de pompage, elles sont mal adaptées au transfert d’oxygène.
Les hélices à double flux sont également dans ce cas. Elles comportent aux extrémités des pales
tronquées d’une hélice, de petites pales d’une hélice de pas inverse. Au centre du mobile, le
fluide circule de haut en bas et au niveau des petites pales périphériques, il circule de bas en
haut. Pour les fluides visqueux, les hélices à grandes pales minces sont intéressantes, du fait
de leur débit qui peut être important. On peut utiliser également dans ce cas les agitateurs à
ruban hélicoïdal. En fermentation, on a souvent besoin des deux actions, de pompage et de
cisaillement. C’est pourquoi on peut monter sur le même arbre un mobile à débit radial (turbine
Rushton) alimenté par un mobile à débit axial (hélice à grandes pales minces). La turbine à
pales inclinées est à la fois génératrice d’action de pompage et d’action de cisaillement.
42
Figure II.10: Différents mobiles d’agitation
43
II.3. Mécanisme et cinétique des réactions enzymatiques homogènes et hétérogènes
Les enzymes sont des protéines qui ont, en raison de leur structure spatiale, la propriété de
catalyser des bioréactions de manière très spécifique et très efficace. On connaît actuellement
plus de 2 000 enzymes. Le tableau 1 donne à titre d’exemple les enzymes utilisées en industrie
alimentaire. On trouvera dans le tableau 2 les micro-organismes utilisés dans cette même
industrie. La structure d’une enzyme, et donc son activité catalytique, dépend du pH, il existe
en général un pH optimal. Cette activité augmente avec la température, selon la loi d’Arrhénius,
mais au-dessus d’une température limite, la structure de la protéine est dénaturée et l’activité
catalytique diminue. Il existe donc aussi une température optimale de mise en oeuvre de
l’enzyme.
44
• Une solution enzymatique possède un nombre fixe de sites catalytiques actifs auxquels
le substrat peut se lier ; aussi, à partir d’une certaine concentration en substrat, tous les
sites sont occupés et la vitesse de réaction devient indépendante de la concentration en
substrat (figure 9).
La loi de vitesse de Michaelis et Menten est une des premières et des plus simples relations
proposées pour modéliser la cinétique des réactions enzymatiques (figure 6 a)
𝑉 [𝑆]
𝑉 = 𝐾 𝑚+[𝑆] 3.1
𝑚
45
avec 𝑉 (𝑚𝑜𝑙. 𝑚−3 . 𝑠 −1 ) vitesse de la réaction,
𝑉𝑚 (𝑚𝑜𝑙. 𝑚−3 . 𝑠 −1 ) vitesse maximale de la réaction,
𝐾𝑚 (𝑚𝑜𝑙 ⁄𝑚3 ) constante de Michaelis et Menten,
[𝑆](𝑚𝑜𝑙 ⁄𝑚3 ) concentration en substrat
La vitesse maximale de la réaction 𝑉𝑚 est proportionnelle à la concentration enzymatique
initiale de la solution.
Cette forme de relation peut être expliquée par un mécanisme en deux étapes :
— la première étape est la formation rapide et équilibrée d’un complexe activé enzyme-substrat
;
— la seconde étape est la décomposition de ce complexe activé en produit et enzyme ainsi
régénéré.
La constante de Michaelis et Menten Km mesure l’affinité de l’enzyme pour le substrat, qui est
d’autant plus grande que la valeur de la constante est faible.
-La relation de Michaelis et Menten ne peut pas traduire le comportement cinétique de toutes
les réactions catalysées par des enzymes. Des relations plus complexes ont été développées
pour rendre compte des phénomènes d’inhibition observés lorsque des molécules, autres que
de substrat, peuvent se lier réversiblement sur les sites actifs des enzymes. Les inhibiteurs
compétitifs sont en général des molécules de structure proche de celle du substrat, qui entrent
en compétition avec ce dernier pour se lier aux sites catalytiques de l’enzyme et former des
complexes inactifs. La loi cinétique est alors (figure 6 b) :
𝑉𝑚 [𝑆]
𝑉= [𝐼] 3.2
𝐾𝑚 (1+ )+[𝑆]
𝐾𝐼
46
Figure 10 cinétique d’une réaction enzymatique
Les inhibiteurs non compétitifs sont des molécules de structure différente de celle du substrat,
qui se lient à d’autres sites actifs de l’enzyme et diminuent l’affinité de l’enzyme pour le
substrat. La loi cinétique est alors (figure 6 c) :
𝑉𝑚 [𝑆]
𝑉= [𝐼] 3.3
(1+ )(𝐾𝑚 +[𝑆])
𝐾𝐼
𝑉𝑚 [𝑆]
𝑉= [𝐼] 3.4
𝐾𝑚 +(1+ )[𝑆]
𝐾𝐼
47
-Ces différentes équations de vitesse conduisent (figure 6) à des variations linéaires de 1⁄𝑉 en
fonction de 1⁄[𝑆]. Souvent les produits d’une bioréaction enzymatique sont des inhibiteurs de
l’enzyme. Enfin une concentration élevée en substrat peut entraîner, pour certaines réactions,
un phénomène d’inhibition. Cette inhibition par le substrat conduit à la loi de vitesse :
𝑉𝑚 [𝑆]
𝑉= [𝑆]2
3.5
𝐾𝑚 +[𝑆]+
𝐾𝑆
Ce couplage est observé lorsqu’un substrat réagit à la surface de particules solides sur lesquelles
sont fixés une enzyme ou des micro-organismes. Le substrat se déplace du coeur de la phase
liquide à l’interface liquide-solide où il est consommé par bioréaction. Un régime quasi -
stationnaire est rapidement atteint, et la concentration en substrat à l’interface [Si] s’établit à
une valeur telle que la vitesse de transfert de matière soit égale à la vitesse de la bioréaction. En
choisissant ici, pour illustrer ce couplage, une réaction enzymatique obéissant à la loi cinétique
simple de Michaelis et Menten, l’égalité des vitesses permet alors d’écrire :
𝑉 ′ [𝑆 ]
𝑘𝑙 𝑎′ ([𝑆] − [𝑆𝑖 ]) = 𝐾 𝑚+[𝑆𝑖 ] (20)
𝑚 𝑖
𝑉′
𝐷𝑎 = 𝑘 𝑎𝑚
′ [𝑆 ] est le nombre de Damköhler qui représente le rapport entre la vitesse maximale
𝑙
48
relation précédente montre alors que [Si] est très petit devant [S] et la vitesse du processus est
donc égale à 𝑘𝑙 𝑎′ [𝑆 ] .
Au contraire, lorsque le nombre de Damköhler est très petit devant 1, c’est la réaction
biochimique qui est le phénomène limitant, [Si] est très voisin de [S] et la vitesse du processus
𝑉 ′ [𝑆 ]
est donc égale à 𝐾 𝑚+[𝑆𝑖 ] .
𝑚 𝑖
Quand le nombre de Damköhler n’est ni très grand, ni très petit devant 1, la relation ci-
[𝑆 ]
dessus, du second degré par rapport à [Si] permet le calcul de [𝑆𝑖] :
𝐾𝑚
[𝑆𝑖 ] 1 𝐾𝑚 4
[𝑆 ]
= (𝐷𝑎 + − 1) ±√1 + 2−1
[𝑆 ] 2 [𝑆 ] 𝐾𝑚
(𝐷𝑎 + − 1)
[ [𝑆 ] ]
𝐾
le signe à choisir devant la racine carrée est le signe de 𝐷𝑎 + [𝑆𝑚] − 1 de manière à ce que le
[𝑆 ]
rapport [𝑆𝑖] soit positif.
49
[𝑟𝑋 ] [𝑋]µ [𝑋] [𝑋]µ𝑚𝑎𝑥
𝑘𝑙 𝑎 = ([𝑂2∗ ] − [𝑂2 ] ) = = =
[𝑌𝑋/𝑂2 ] [𝑌𝑋/𝑂2 ] [𝑌𝑋/𝑂2 ] [𝐾𝑂 + [𝑂2 ]]
2
Dans la pratique, les modes opératoires se caractérisent par les échanges liquides, c'est à dire
par la façon dont les réacteurs biologiques sont alimentés en substrat. Nous distinguons trois
modes principaux à savoir le mode batch (discontinu), le mode semi continu et le mode continu
(Figure II.7).
50
concernent que les variables d'environnement (pH, température, vitesse d'agitation, aération,...).
Peu de moyens sont ainsi nécessaires à sa mise en œuvre, ce qui en fait son attrait du point de
vue industriel. Il souffre cependant d’un inconvénient majeur : l’apport initial d’une quantité
élevée de substrat inhibe généralement la croissance des microorganismes qui le consomment,
ce qui se traduit par des durées de traitement allongées, et limite la charge initiale admissible .
51
Le choix d’un type approprié de bioréacteur est une étape principale dans la réalisation avec
succès de la fermentation. Dans le cas de la culture microbienne, l’environnement de la
fermentation et les conditions fournies par le bioréacteur devront adapter les besoins spécifiques
des microorganismes, afin d’obtenir une productivité élevée des produits désirés. La
performance des bioréacteurs dépend de leur construction géométrique, conception interne, la
dispersion du gaz (aération et agitation), et les modes opératoires. Les types de réacteurs les
plus utilisés dans les applications industrielles sont les cuves agitées. Dans le cas des
microorganismes sensibles aux forces de cisaillement, il est approprié d’employer d’autres
types de bioréacteurs tels que les colonnes à bulles ou les réacteurs Air-Lift.
La cuve mécaniquement agitée est souvent le réacteur choisi lorsque toutes les espèces de la
bioréaction (substrats, enzymes, micro-organismes) sont dans une phase liquide unique. Sous
réserve d’une agitation mécanique suffisante pour que la phase liquide soit parfaitement
mélangée, le seul phénomène à prendre en compte dans le dimensionnement et la conduite du
bioréacteur est la vitesse de la bioréaction. L’agitation et l’aération dans le bioréacteur
mécaniquement agité engendrent presque toujours la formation de la mousse, un excès de celle-
ci contaminera le système et peut poser des problèmes mécaniques pour le mobile d’agitation.
La présence de l’anti-mousse réduit la tension de surface qui est toujours appliquée en
fermentation, cependant, elle affecte également la vitesse de transfert de l’oxygène et la
croissance des cellules ; par conséquent, l’addition de l’anti-mousse est préjudiciablement
nuisible aux opérations de fermentation.
La figure (I.1) montre la conception générale d’un bioréacteur classique. C’est une cuve
cylindrique munie en haut et en bas de deux calottes sphériques. Elle est munie d’une agitation
introduite par le haut de la cuve, munie de dispositifs de guidage, de trois turbines d’agitation
et d’un mobile supérieur destiné à la réduction des mousses. La régulation de la température est
faite par un serpentin disposé au sein du liquide en fermentation. D’autres dispositifs peuvent
être utilisés, par exemple la mise en place d’une double enveloppe de préférence au serpentin.
Cela libère l’intérieur de la cuve et facilite les opérations de nettoyages.
Ce type de bioréacteur convient parfaitement à la production d’antibiotique. Il s’agit de
processus, généralement peu exothermiques, utilisant des microorganismes filamenteux
(bactéries, moisissures) relativement fragiles et sensibles aux actions de cisaillement et dont
les besoins en oxygène ne sont pas très grands.
52
Figure I.1 : Cuve mécaniquement agitée.
53
breveté : la turbine « Effigas » (Figure I.2). Ses bonnes capacités de transfert d’oxygène
permettent de l’employer en production de biomasse mais aussi en fermentation acétique,
processus particulièrement exigeant de ce point de vue. Afin de faciliter l’évacuation des
calories produites, rien ne s’oppose, étant donné leur conception, à ce que le tube de circulation
soit réalisé à l’aide de plaques cintrées de canaux thermiques. Il facilite ainsi deux actions
complémentaires l’une de l’autre : amélioration de la circulation du fluide à l’intérieur de la
cuve et augmentation du coefficient de transfert thermique. À la base du tube de circulation se
trouve la turbine « Effigas ». Il s’agit d’un mobile d’agitation conçu comme le rotor d’une
pompe centrifuge. Le liquide en fermentation et le gaz d’aération sont aspirés par la partie
centrale de la pièce. Ce liquide est celui de l’intérieur du tube de circulation, où il a tendance à
descendre. Le gaz est aspiré, soit à partir d’une conduite l’amenant au-dessus de la turbine par
le haut de la cuve, soit par le bas, au moyen d’un arbre creux. Le mélange gaz liquide ainsi
formé est propulsé radialement, à l’extérieur du tube de circulation. Allégé du fait de
l’émulsion, le fluide remonte à la périphérie de la cuve pour être réaspiré à l’intérieur du tube.
L’entraînement de la turbine a lieu par le bas de la cuve à l’aide d’un arbre court. L’aspiration
du gaz permet de réduire le coût énergétique entraîné par l’utilisation de compresseurs. Cet effet
d’auto aspiration est toutefois limité dans les grands fermenteurs du fait de la hauteur du liquide.
Mais, dans la plupart des cas, il permet tout de même de remplacer les compresseurs par des
surpresseurs. Contrairement au dispositif classique d’agitation qui disperse l’énergie dans la
totalité du fermenteur, la turbine « Effigas » disperse l’énergie dans un volume faible, à
voisinage immédiat. Les cellules microbiennes doivent évidement être capables de supporter
les forces de cisaillement importantes. Ce type de bioréacteur s’applique mal à la culture
d’organismes filamenteux sensibles à ce type d’action mécanique.
54
Figure I.2: Cuve mécaniquement agitée aérée.
C- Réacteur à lit fixe
55
occupée par la phase solide est de l’ordre de 0,6 et celle occupée par la phase liquide est de
0,4 La perte de charge subie par le liquide à la traversée d’un lit de particules sphériques peut
être estimée par la relation d’Ergun :
Les particules support avec leurs cellules fixées (ou enzymes) sont en mouvement, fluidisées
par un flux d'écoulement. Il est constitué d’un tube de section circulaire rempli de particules
solides actives, mais forcément placé verticalement et dont seule une extrémité est fermée par
une grille ou une plaque perforée. L’activité est assurée par des bactéries ou des enzymes qui
sont fixées sur un support mobile, particules granulaires fines et poreuses comme le sable ou le
charbon actif. La phase liquide traverse le réacteur de bas en haut et comme les particules
solides ne sont pas confinées, dès que la vitesse superficielle du liquide dépasse la valeur
appelée vitesse minimale de fluidisation, le lit s’expanse et les particules solides se déplacent
librement à l’intérieur de la suspension liquide-solide. On dit alors que le lit est fluidisé ; les
particules solides sont animées d’un mouvement du flux ascendant rapide et régulier de
l'effluent qui assure leur mélange. Ce système minimise les phénomènes de colmatage des
colonnes et d'emprisonnement des gaz produits. Il assure un meilleur transfert de matière et de
chaleur.
Ces réacteurs (Figure I.5) sont également adaptés à la culture de micro-organismes à croissance
lente, et à la régénération de substances peu biodégradables comme pour les eaux usées après
la gazéification du charbon (benzol, cyanure, acide sulfhydrique), de substances cellulaires
(acide lignique, chlorolignine) ou de l’industrie textile (lessives, nitrates).
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Figure I.5: Schéma d’un réacteur à lit fluidisé
Il est à noter que le taux de solide diffère d’un réacteur à un autre, il ne représente que 10% en
cuve agitée et peut atteindre les 40% en lit fluidisé et 60% en présence de lit fixe. D’autre part,
dans une cuve agitée, les chocs de particules solides sur le mobile d’agitation peuvent entraîner
leur destruction.
E- Réacteurs membranaires
De nos jours, les bioréacteurs membranaires attirent de plus en plus l’intérêt des études
théoriques et industrielles. L’utilisation des modules membranaires associés aux bioréacteurs
est prometteuse. Le recyclage des cellules conduit à travailler avec des concentrations
cellulaires élevées, on peut donc augmenter les productivités et par voie de conséquence,
réduire la taille des installations et diminuer les prix de revient. De plus, ces dispositifs
permettent d’envisager, en parallèle, l’extraction des composés produits par le métabolisme,
d’où le concept de fermentation extractive, particulièrement intéressante dans le cas où les
produits formés sont inhibiteurs. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux avaient été employés dans
l’industrie alimentaire, chimique, médical et biologique, aussi bien que dans les traitements
d’environnement. Sur la base de l’immobilisation des biocatalyseurs et le fonctionnement de la
membrane, généralement les bioréacteurs membranaires sont classifiés en deux types (Figure
I.6) :
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•des biocatalyseurs sont suspendus en solution, compartimentés par la membrane et où celle-ci
sert seulement à la séparation. (voir Figure I.6 A)
•des biocatalyseurs sont immobilisés dans la membrane, celle-ci agit en tant que support des
biocatalyseurs et unité de séparation. D’où différentes techniques d’immobilisation peuvent être
utilisées, comme l’attachement à une surface par adsorption ou par liaison covalente,
l’encapsulation ou encore l’inclusion dans une matrice (Yang et al., 2006 ; voir Figure I.6 B).
Références
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3- Khadra-Hanane TOUMI, Modélisation et identification paramétrique des processus de
fermentation lactique, Mémoire de Magister, université Ferhat Abbas- Setif UFAS
(Algerie)
4- Réactions et réacteurs chimiques cours et exercices corrigés, Michel GUISNET et Al,
ellipses.
5- Génie de la Réaction Chimique : les réacteurs homogènes, Cesari Laetitia, Alain
Chamayou, Patrick Cognet, Marie Debacq, Éric Schaer, Stéphane Vitu, Génie de la
réaction chimique & Évaluation économique des procédés”, Cnam Paris, France. 2022. cel-
01487790v3
Symboles Définitions
𝑪 Concentration réduite
𝑪′ Concentration réduite
𝐸(𝑡𝑠 ) Fonction de distribution des temps séjour
𝑬(𝜏 ) Fonction de distribution des temps séjour réduits
𝐹(𝑡) Distribution cumulative des temps de séjour
𝑭(𝜏) Distribution cumulative des temps de séjour réduits
ℎ Coefficient de transfert de masse apparent
𝐼(𝛼) Fonction de distribution des âges
𝑰(𝜏) Fonction de distribution des âges réduits
𝐽 Degré de ségrégation
𝑡𝑠 Temps de séjour d’une molécule dans une enceinte
𝑡𝑠̅ Moyenne des temps de séjour
𝛼 Age d’une molécule depuis son entrée dans une enceinte
𝜃 Temps de séjour moyen
𝜏 Temps réduit : 𝑡⁄𝜃
𝜏𝑖 Age réduit : 𝛼 ⁄𝜃
𝜏𝑠 Temps de séjour réduit : 𝑡𝑠 ⁄𝜃
𝜎2 Variance
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