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Thème 2 : LA MULTIPLICATION DES ACTEURS INTERNATIONAUX DS UN MONDE BIPOLAIRE (1945-1970)

CHA 4 – LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE


ET LES DEBUTS D’UN NOUVEL ORDRE MONDIAL. (4 heures)

Après les capitulations allemande et japonaise, la guerre prend fin. Elle marque le déclin des
superpuissances européennes, en particulier des empires coloniaux britanniques et français durement touchés
par le conflit. Le « Déclin de l’Europe » annoncé par Albert Demangeon en 1920 dans son ouvrage du même
titre, se concrétise au profit de l’affirmation des EU et de l’URSS.
Les Alliés cherchent à fixer des règles économiques, politiques et juridiques pour fonder un nouvel ordre
mondial plus sûr. Cependant la dégradation rapide des relations entre les EU et l’URSS débouche sur un
nouveau type de conflit : la guerre froide qui provoque la bipolarisation du monde. Si les deux Grands
dominent la politique internationale pendant toute cette période, des processus parallèles telle que la
décolonisation conduisent à l’émergence de nouveaux acteurs internationaux.

Pbq : Entre volonté de reconstruction pacifique et tensions nouvelles, comment s’élabore l’ordre
international après 1945 ?

I- 1945 : BILANS ET RECONSTRUCTIONS

A- Une catastrophe humaine dans un tableau de désolation

1- Le bilan humain. DIAPO


Environ 60 millions de mors et de disparus dont plus de 30 millions de civils, la Seconde Guerre
mondiale est la guerre la plus meurtrière de l’histoire à cause de l’ampleur du conflit, de la puissance de feu
et de la radicalité idéologique des affrontements qui n’a pas permis d’entreprendre l’ombre d’une
négociation.
Le bilan est cependant contrasté : l’URSS a perdu 26 millions de personnes, soit 14 % de sa population
totale, les 6 millions de morts en Pologne représentent 18 % de la population, alors que la France compte
environ 600 000 morts (1,5 % de sa population).
Les génocides ont provoqué la disparition de près de la moitié des Tsiganes et des deux tiers des Juifs
d’Europe.
Aux morts s’ajoutent aussi des millions de réfugiés et de déplacés : en 1945, on évalue à 50 millions
le nombre d’Européens sur les routes, qu’ils soient déportés survivants, prisonniers libérés ou civils ayant fui
l’avancée de l’armée soviétique, mais aussi les populations allemandes et polonaises qui sont déplacées de
force suite à des changements de frontière. DIAPO
Enfin la fin de la guerre ne met pas un terme immédiat aux violences : viols de masse en Allemagne
par l’armée rouge, pogroms antisémites en Pologne, règlements de comptes, et parfois même guerres civiles
entre résistants communistes et non-communistes comme en Grèce. En URSS, les « peuples punis » accusés
par Staline de colalboration avec les nazis (Caucase, Crimée) ainsi que des prisonniers libérés des camps
allemands sont condamnés à la déportation dans les goulags pour suspicion de collaboration et de trahison.
En France, une épuration sauvage se met en place à la libération. Partout, on arrête et on fusille des
collaborateurs, des miliciens mais aussi des personnes innocentes. Des femmes qui ont aimé des Allemands
sont humiliées en public et tondues, et 8000 citoyens seront exécutés sans jugement.

2- Le bilan moral : DIAPO


En avril 1945, l’ouverture des camps, relayée par les médias, est un choc pour l’opinion publique. Les
photos, les images filmées par les Américains et les Britanniques, et les témoignages de survivants suscitent
l’horreur et la prise de conscience de la singularité de cette guerre par ses atrocités.
En outre, les bombardements atomiques de l’été 1945 font surgir la perspective terrifiantes de la destruction
nucléaire, bien que les condamnations publiques soient à ce moment là plutôt rares.
Le choc moral aboutit à un désir de renouveau mais aussi à une accentuation des antagonismes entre
résistants et anciens collaborateurs, entre libéraux et marxistes.

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3- Le bilan matériel : DIAPO
En Europe et en Asie, les destructions sont colossales : sur les lieux de combats, les villes
bombardées, les réseaux de transport, les industries sont dévastées. Lire Doc 2 p114.
L’Allemagne, le Japon et la Pologne sont en ruine avec des nombreuses villes totalement détruites.
En URSS, 1700 villes et 70 000 villages sont détruits. En France, près de la moitié du réseau ferré est
endommagé et les estimations sur la perte de l’appareil industriel démonté et transféré en Allemagne
s’élèvent à plus de 10 millions de Francs.
Tableau PIB p 115 : Ces destructions provoquent la désorganisation et l’effondrement des
productions industrielle et agricole, tandis que les pénuries de nourriture et de logements affectent
durablement les populations. Chaque pays doit remonter son capital industriel et agricole, tout en faisant face
au remboursement des emprunts importants réalisés pendant la guerre.
A l’exception des EU, épargnés par les destructions, les pays vainqueurs et vaincus manquent de moyens
humaines, matériels et financiers pour répondre aux urgences humanitaires et entamer la reconstruction.

B- Organiser l’après-guerre et la reconstruction.

1- Des conférences alliées pour régler le conflit :


Dès la rencontre de Téhéran en Novembre – Décembre 1943 sont posées les questions des frontières
(Pologne), avenir de l'Allemagne, rôle de la France, projet de l'ONU, place de l'URSS....
Mais c’est en février 1945, à la conférence de Yalta en février (DIAPO), que les Alliés se mettent d’accord
sur la nécessité d’organiser des élections démocratiques dans toute l’Europe libérée et sur la création d’une
Organisation des Nations Unies.
A Postdam en juillet : Harry Truman, Clément Atlee et Joseph Staline redéfinissent les frontières de
l’Europe : (DIAPO) les changements s’opèrent surtout au profit de l’URSS qui s’étend vers l’ouest dans les
pays Baltes, des changements aussi dans les Balkans et en Pologne. En Asie, le Japon perd toutes ses
annexions acquises depuis 1931, dont la Corée qui est coupée en deux zones d’occupation, américaine et
soviétique.
Ils décident également du sort de l’Allemagne avec la délimitation des zones d'occupation en Allemagne
(occupation quadripartite), la démilitarisation, et la dénazification qui conduira au procès de Nuremberg où
seront jugés les criminels de guerre, ainsi que le paiement des réparations.

2- La naissance d’une justice internationale :


Les Alliés ont pris la décision d’épurer l’Allemagne du nazisme pour retrouver ensuite un régime
démocratique. Le moment emblématique de cette dénazification fut le procès de Nuremberg qui jugea et
condamna les responsables politiques nazis et introduisit la notion fondamentale de « crimes contre
l'humanité » alors définis comme « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et
tout autre acte inhumain commis contre toute population civile, ou bien les persécutions pour des motifs
raciaux ou religieux ». Le génocide n’est pas encore défini comme un crime spécifique. Dossier pp 120-121
DIAPO Ce procès a été réalisé pour l'Histoire car il a pour but de juger le nazisme et d'éduquer les
générations futures. C'est le premier procès qui a une dimension internationale. En effet, les crimes commis
par le III° Reich concernent des populations originaires de toute l'Europe et de plusieurs Etats, une justice
nationale n'est pas adaptée. C'est l'ébauche d'une justice internationale qui aboutit plus tard au tribunal pénal
international de La Haye. Ce fut aussi le premier exemple de justice internationale dans laquelle intervinrent
des victimes.
Un tribunal international militaire est donc tenu entre le 20 novembre 1945 et le 1er octobre 1946. Il a pour
objectif de juger 22 hauts dignitaires du régime nazi. Bien que les 3 personnes les plus importantes se soient
suicidées (Hitler, Goebbels et Himmler), ce procès juge les principaux responsables du III° Reich, des
hommes politiques et des militaires.
3 chefs d'accusation furent proclamés : préparation de guerre d'agression (crime contre la paix), crimes de
guerre, crimes contre l'humanité (génocide). Mais les équipes qui ont préparé le procès se heurtent à une
difficulté majeure : le manque de preuves malgré les rapports officiels et confidentiels du régime nazi. Pour
combler ces lacunes, les équipes de l'accusation ont recours à des films et utilisent le poids de l'image comme

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un témoignage pertinent. Le résultat du procès conduit à 3 acquittements, 4 condamnations à des peines de 10
à 20 ans de prison, 3 emprisonnement à vie, 12 condamnations à la pendaison.
Toutefois ce procès a ses limites, car si on utilise le chef d'accusation « crime contre l'humanité » ce tribunal
ne juge pas les crimes soviétiques, ni les actes américains (bombardements d'Hiroshima et de Nagazaki).
De plus, la dénazification ne fut pas complète, elle fut interrompue en 1949 puis en 1954 en RFA par le vote
de lois d'amnistie ayant pour but de préserver la cohésion nationale. En RDA, le régime prosoviétique se
considérait comme anti-nazi par nature.
Le procès de Nuremberg est la partie la plus visible, la plus retentissante du processus de dénazification. Mais
il y eut une multitude de procès qui furent organisés par les vainqueurs contre les Allemands impliqués dans
le régime nazi. Documentaire conseillé « La traque des nazis » avec l'action du couple Klarsfeld.
A Tokyo également, 28 criminels de guerre japonais sont jugés, mais pas l’empereur, pourtant clé de
voûte du régime, mais les Américains souhaitent le maintenir au pouvoir pour éviter les troubles intérieurs.
Le procès n’a donc pas l’impact attendu, malgré sa durée (1946-1948).
3- Les moyens de la reconstruction matérielle :
Durant la guerre, un important travail de réflexion est mené par les Alliés sur les moyens politiques,
sociaux et économiques d’une reconstruction durable, fondée sur les bases de la solidarité et de la protection
sociale. Ces principes inspirent le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) de 1944, mais en
œuvre à la Libération qui constitue la base de l’Etat-providence en France. Dossier p 116-117
DIAPO : le programme économique et social
DIAPO : les réformes
DIAPO : l’État providence.
Etat-providence : ensemble des dispositifs par lesquels l’État intervient dans l’économie et la société,
protégeant les individus et redistribuant les richesses.

II- UN NOUVEL ORDRE GEOPOLITIQUE MONDIAL (1944-1947)

A- De nouvelles organisations de régulation : DIAPO

1- Les accords de Bretton Woods :


Les EU se sont considérablement enrichis pendant la guerre. Ils ont massivement exporté des armes et
des produits industriels. Ils n’ont subi aucune destruction et leur industrie est ultramoderne. Ils possèdent les
2/3 du stock d’or mondial. Ils recherchent des marchés extérieurs pour leurs entreprises et ils doivent
reconvertir leur économie de guerre en une économie de paix. Ils veulent aider leurs alliés en Europe et en
Asie et ils craignent que la misère qui règne dans le monde ne soit exploitée par les Partis communistes.
C'est dans ce contexte que le président américain Franklin D. Roosevelt invite le 1er juillet 1944, 735
délégués des 44 gouvernements à Bretton Woods pour négocier des accords et mettre en place un nouveau
système économique mondial. C’est un projet élaboré conjointement par les EU et le Royaume-Uni qui font
le constat que le repli protectionniste lors de la crise de 1929 est une des origines de la guerre.
Les deux architectes de cet accord furent Harry Dexter White, sous-secrétaire américain au Trésor et John
Maynard Keynes, qui mène avec virtuosité les pourparlers au nom des Britanniques. White et Keynes se
connaissent très bien. Voilà déjà deux ans qu'ils réfléchissent ensemble à l'avenir du système monétaire
international. Anglais et Américains, certes, ne sont pas d'accord sur tout, notamment sur le projet de Keynes
de créer une monnaie internationale, le "bancor", convertible dans les différentes monnaies nationales... Mais
ils ont mis de côté la plupart de leurs divergences et arrivent en position de force à Bretton Woods, où les
accords signés le 22 juillet correspondent dans les grandes lignes à leurs projets.
L'idée de ses accords est de construire un monde pacifié où les nations dépassent leurs
oppositions pour peu qu'elles acceptent de coopérer, un monde qui s'enrichit en permettant aux plus
pauvres de bénéficier du développement dès lors qu'ils intègrent le cadre idéologique des mondes
développés : capitaliste et libéral.
Les accords sont au nombre de trois.
- Le premier concerne l'obligation pour chaque Etat de définir la valeur de sa monnaie par
rapport à l'or ou au dollar (Gold Exchange Standard), seule la monnaie américaine étant désormais

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convertible en or (une once d'or fin correspondant à 35 dollars). C'est une sorte de retour au vieux système de
l'étalon-or, à cela près que le dollar a dorénavant détrôné la livre-sterling comme monnaie de référence.
Hantés par le souvenir des changes flottants des années 1930, les négociateurs instaurent ainsi un régime de
parités quasi fixes entre les monnaies, l'écart entre leur valeur "plancher" et leur valeur "plafond" ne pouvant
dépasser 2%.
- Sans la création d'institutions durables, cependant, les délégués présents à Bretton Woods savent que
ces principes ne peuvent être garantis à long terme. Deux organismes sont donc créés. L'un, le FMI, doit
permettre aux pays à cours de devises de s'en procurer. Autrement dit, leur donner la possibilité, en cas de
déficit momentané de leur balance des paiements, d'obtenir une sorte de crédit afin d'éviter le recours aux
dévaluations. De son côté, la BIRD, plus connue sous le nom de Banque mondiale, a pour but de favoriser le
développement économique en accordant aux Etats des prêts à long terme et à faible taux afin de financer des
projets précis.
- Plus encore que leurs objectifs, ce sont les modalités de fonctionnement du FMI et de la BIRD qui font
l'objet, à Bretton Woods, des discussions les plus serrées. Chaque pays, en effet, se préoccupe avant tout
de fixer sa "quote-part", autrement dit la somme qu'il doit fournir aux deux institutions, laquelle détermine
en retour le montant de l'aide qu'il peut réclamer. Un enjeu politique autant qu'économique. Pierre Mendès
France, par exemple, négociera d'arrache-pied pour que la quote-part française soit la plus élevée possible
pour préserver la souveraineté nationale.
La création du GATT en 1947 est complémentaire, visant aussi à favoriser les échanges en réduisant
les taxes douanières. GATT : General Agreement on Tariffs and Trade, soit Accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce qui s’inspire des principes du libre-échange.
Par les principes qui fondent les accords de Bretton Woods, et par leur fonctionnement, ces accords
assoient la puissance américaine.

2- L’ONU et l’ambition de sécurité collective :


Le projet d’une organisation internationale nouvelle est élaboré par les Alliés lors des conférences
comme Yalta en 1945. La Charte des Nations Unies est adoptée par 50 États en juin 1945.
DIAPO Charte : Dans le préambule, on observe d’une part l’ambition d’affirmer l’universalité des principes
de démocratie, de liberté et de droit de l’Homme et des peuples, et d’autre part, on voit la volonté de créer
une paix durable en perpétuant l’alliance des vainqueurs.
SECURITE COLLECTIVE : Système qui veut assurer la paix durable par une solidarité active entre
les États qui garantissent mutuellement leur indépendance.
DIAPO Organisation - La Charte met en place l’institution de l’ONU. L’assemblée générale vote des
recommandations ; le Conseil de sécurité, composé de 11 membres dont 5 permanents qui disposent d’un
droit de véto, prend des résolutions qui sont imposées aux États par l’usage de la force si nécessaire (casques
bleus, sanctions économiques et financières…). Mais compte-tenu du droit de véto, l’action de l’ONU repose
entièrement sur l’entente des grandes puissances.
Avec l’ambition d’éviter de reproduire les causes profondes des deux précédentes guerres, l’ONU coordonne
l’action de différentes agences spécialisées dans la coopération économique, humanitaire et culturelle.
En 1948, l’Assemblée générale adopte la Déclaration Universelle des droits de l’homme.

B- Un Proche-Orient remodelé :

1- La remise en cause du système colonial européen.


Contexte depuis le XIX° siècle : vidéo https://www.youtube.com/watch?v=LUtC0FXAScg (les origines
du conflit israelo palestinien expliquées en carte.
DIAPO Au Proche-Orient, l’impérialisme européen est contesté par un regain de revendications
nationalistes qui se traduisent par la fondation de la Ligue arabe en 1945 et par l’indépendance des mandats
au Liban, Syrie et Jordanie entre 1944 et 46.
En Palestine, en particulier, les tensions sont très fortes entre les autorités britanniques mandataires,
devenues hostiles à l’immigration juive, et les organisations sionistes qui encouragent l’accueil des survivants

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du génocide. En effet, depuis la fin du XIX°s, le mouvement sioniste milite pour la création d’un État juif en
Palestine.
DIAPO L'émigration vers la Palestine se développe dès l'époque ottomane et se poursuit après la
Première Guerre mondiale alors que la province est passée sous administration britannique. La Palestine voit
sa population dépasser le million d'habitants dont 335 000 juifs (1936).
Après la Seconde Guerre mondiale et la révélation de la Shoah, l'immigration clandestine s'amplifie en dépit
de l'opposition de Londres. Une organisation militaire, l'Irgoun, s'en prend aux Anglais et lance des attentats
contre leurs forces armées.

2- La création de l’État d’Israël


De guerre lasse, Londres porte le problème devant l'Organisation des Nations Unies (ONU).
DIAPO CARTES L'assemblée générale vote le 29 novembre 1947 le principe d'un partage du territoire entre
deux États, l'un arabe, l'autre juif, au sein d'une union douanière, le secteur de Jérusalem et Bethléem étant
quant à lui placé sous administration internationale (résolution 181). Ce projet obtient le soutien des EU et de
l’URSS. Le mandat anglais prend donc fin le 14 mai 1948. Ce jour-là, conformément au plan onusien, les
derniers soldats britanniques quittent la Terre sainte.
Ce plan provoque immédiatement des affrontements : lorsque David Ben Gourion proclame l’État
d’Israël le 14 mai 1948, les États arabes voisins entrent en guerre. Les combats s’achèvent par un armistice
en janvier 1949, après une défaite arabe écrasante.
L’État arabe palestinien ne voit ainsi pas le jour, partagé entre Israël, l’Egypte et la Jordanie. Les violences et
la guerre provoquent l’exil d’environ 800 000 Palestiniens d’Israël sur un million, qui se réfugient dans les
États voisins et se voient interdits de tout retour.
Le refus de la création d’Israël par les États arabes et l’absence de traité de paix engendrent des
rivalités profondes et durables.

C- Le début de la Guerre froide :

1- La fin de la grande alliance :


• L’affirmation des puissances américaines et soviétiques :
Si l’Europe sort très affaiblie de la guerre, les EU, épargnés par les destructions, ont vu leur
production énergétique, industrielle et leurs moyens financiers considérablement renforcés par rôle d’arsenal
des Alliés. Le prestige des « soldats de la liberté » en Europe et en Asie, est immense. Le modèle culturel
américain fascine, poussant ainsi les EU à rompre définitivement avec leur politique isolationniste.
Cependant la défense des principes universalistes laisse progressivement place à la méfiance et au
durcissement des rapports de force face à la monté en puissance de l’URSS.
En effet, contrairement aux EU, le bilan de la guerre est très lourd en URSS (26 millions de mors et
des destructions considérables. Le pays est exsangue et menacé de famine dans certaines régions. Il peut
néanmoins compter sur le prestige de ses sacrifices das la lutte contre le nazisme, sur la présence de l’Armée
rouge en Europe orientale et sur l’appui des partis communistes européens. Staline utilise cette puissance
militaire et politique pour obtenir des réparations de l’Allemagne, pour consolider l’URSS par des annexions
et s’assurer l’alliance de plusieurs pays d’Europe de l’Est.

• De la confiance à la défiance : DIAPO Rideau de fer


La recherche d’une entente entre Alliés perdure en 1945, dans les derniers mois de la guerre. Les
Anglo-américains ne sont pas hostiles à ce que l’URSS puisse gagner des territoires et former un « glacis de
sécurité » sous son influence en Europe de l’Est. Toutefois, malgré les engagements démocratiques pris à la
conférence de Yalta, l’URSS impose par la force des gouvernements communistes en Pologne et en Bulgarie,
où l’Armée rouge est présente. Mais Staline reste prudent et ne remet pas en cause les intérêts des EU et du
RU en Europe occidentale.
Les relations entre les Alliés se dégradent pourtant dès 1946. L’ancien Premier ministre Churchill
dénonce, dans un discours très remarqué, une Europe de l’Est opprimée par l’installation de régimes
communistes derrière un « rideau de fer ». Le Président des EU Truman et ses conseillers sont désormais
persuadés que la politique soviétique sert une volonté d’expansion et non de sécurité.

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La guerre froide qui s’annonce est donc à la fois un conflit idéologique entre deux pays qui incarnent
deux modèles politiques et économiques opposés, et un conflit géopolitique entre des puissances qui
cherchent à étendre leur influence.

2- Le tournant de 1947 : les déclarations d’affrontement


• Qu'est-ce que la doctrine Truman ? DIAPO
Dès mars 1947, le président Truman formule la doctrine qui porte son nom. Pour lui, le monde est divisé en
deux, d’un côté le monde libre mené par les Etats-Unis, fondé sur la démocratie. De l’autre la dictature
communiste fondée sur l’oppression des peuples, la terreur et la censure. Il annonce donc l’engagement des
EU dans la défense du « monde libre » contre la « tyrannie ».
Il considère qu’il est du devoir des États-Unis d’empêcher la diffusion de cette dictature, c’est ce qu’il
appelle le « containment », ou l’endiguement en français. Selon lui, puisque le communisme prospère sur le
malheur et la souffrance des peuples, les États-Unis doivent donc aider l’Europe à se relever des destructions
de la guerre grâce à une aide économique. Cette aide économique, qui sera proposée à tous les pays d’Europe
sans exception, y compris l’URSS, est formalisée en juin 1947 par l'annonce du plan Marshall, aide de 13
milliards de dollars, qui sous la pression de Moscou, est refusée par les pays situés dans la sphère d’influence
soviétique.
• Qu'est-ce que le rapport Janov ? DIAPO
Le rapport Janov est le pendant de la doctrine Truman. Il part également du constat que le monde est
également divisé en deux camps antagonistes. Les États-Unis et ses alliés, la Grande-Bretagne et la France,
sont désignés comme impérialistes, agressifs et fascistes. A l’inverse, l’URSS et ses alliés constituent le camp
anti-impérialiste, le camp de la liberté, celui des démocraties nouvelles : « les démocraties populaires ».
La Guerre froide est donc avant tout un conflit idéologique entre libéralisme et communisme. Cette
nature idéologique a entraîné une utilisation massive de la propagande qui diabolise l'ennemi, et amène une
vision manichéenne du monde qui serait partagé entre les forces du Bien et les forces du Mal.
C'est aussi un conflit de puissances entre les deux grands vainqueurs de la guerre : les Etats Unis veulent
éviter l'hégémonie soviétique sur le continent eurasiatique, l'URSS cherche à assurer sa sécurité face aux
américains.

3- Un monde coupé en deux : la bipolarisation du monde


• La radicalisation de la confrontation :
- Le « coup de Prague » est la première crise de la Guerre froide. Entre 1945 et 1947, la Tchécoslovaquie se
trouve dans la sphère d’influence soviétique. Dotée d’un parti communiste puissant , elle reste pourtant un
pays démocratique et ouvert à la coopération avec les EU. Mais sous la pression de Staline, les
Tchécoslovaques renoncent au plan Marshall en Juillet 1947. L’influence soviétique s’accentue et en février
1948, les communistes prennent le pouvoir. La répression politique débute aussitôt, une nouvelle constitution
voit le jour en mai et le Président démissionne en Juin. Cet événement montre que les communistes peuvent
s’emparer du pouvoir sans heurt dans un pays de tradition démocratique comme la Tchécoslovaquie ; c’est un
choc pour les Occidentaux qui redoutent de voir resurgir le spectre de la guerre.

• La militarisation des alliances :


Dès 1947, le monde devient clairement bipolaire.Chaque bloc s'emploie à organiser son camp de la
manière la plus solide possible, et le conflit se mondialise par les alliances militaro-politiques .
- OTAN 1949 (OTAN: Organisation du Traité de l'Atlantique Nord = Organisation militaire
d'assistance mutuelle en cas d'agression, réunissant plusieurs pays occidentaux.
Constituée en avril 1949, elle a eu pendant plusieurs années le Pacte de Varsovie (1955) comme adversaire.
Bien que faisant partie des membres fondateurs, la France se retire en Décembre 1966 pour y revenir
partiellement en 1996.
- Le Kominform 1947 est l'organisation centralisée du mouvement communiste international dans la
période de 1947 à 1956. Le but de l'organisation est de contrôler étroitement l'évolution idéologique et
politique des États ou partis communistes participants. Il n'a en fait d'autre réalité que l'exécution des
volontés de Staline.
- Le Pacte de Varsovie, 1955 groupait les pays d'Europe centrale (appelée aussi Europe de l'Est) avec
l'URSS dans un vaste ensemble économique, politique et militaire. L' alliance militaire fut conclue en

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1955 entre la plupart des États du bloc communiste par le traité d’amitié, de coopération et d’assistance
mutuelle. Elle a été conçue comme un contrepoids à l'OTAN.
Le conflit se mondialise aussi par des liens économiques : plan Marshall 1947 qui devient l'OECE
(Organisation européenne de coopération européenne, qui deviendra à son tour OCDE (Organisation de
coopération et de développement économique en 1961), et la CAEM (ou Comecon) 1949 côté soviétique.

CONCLUSION : La Grande Alliance, unissant entre autres les EU et l'URSS ne survit pas à la
victoire. Dès 1947, les 2 nouvelles superpuissances entrent dans une ère d'affrontements qui ne s'achève
qu'en 1991 : c'est la guerre froide, période de bipolarisation, qu'on peut définir comme une période de
tensions multiformes entre les deux Grands (bloc communiste et bloc occidental), sans confrontation
militaire directe entre eux. Cette période sera marquée par des périodes de crises très graves (Berlin,
Cuba, Vietnam) mais aussi par des périodes de détente et de contacts.

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