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DOMAINE 1 : LA REFLEXION PHILOSOPHIQUE

CHAPITRE I
LES ORIGINES ET LA SPECIFICITE DE LA REFLEXION PHILOSOPHIQUE

INTRODUCTION
Définir la philosophie est une affaire complexe. La tâche est difficile lorsqu’il s’agit de répondre à la question : Qu’est-
ce que la philosophie ? Elle est d’autant plus difficile qu’il n’existe pas encore de consensus sur le plan définitionnel.
Chaque philosophe dit ce qu’il entend par philosophie en donnant sa propre définition. Leurs points de vue se
confrontent les uns contre les autres, si bien qu’il ne peut pas y avoir de définition unanime. Même s’il est impossible
de trouver une définition partagée par tous, on peut dire approximativement ce qu’est la philosophie, ce qui nous
amènera à poser le problème de ses origines. Après avoir dégagé les conditions d’émergence de la philosophie, nous
réfléchirons sur la spécificité du discours philosophique. Il s’agira de comparer la philosophie avec les autres modes de
connaissance que sont le mythe, la religion et la science. Pour terminer, nous ferons l’histoire de la philosophie en
évoquant quelques figures emblématiques et des courants philosophiques qui ont marqué l’histoire de cette discipline.
I-) QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ?
A-) Tentative de définition de la philosophie
La question de savoir qu’est-ce que la philosophie a suscité une vive polémique au niveau de l’histoire de la pensée
humaine, entrainant ainsi des réponses diverses, variées, multiformes et différenciées. Cependant, aucune de ses
définitions ne peut à priori être considérée comme vraie ou fausse. Toute définition émise peut faire l’objet de
controverse et de discussions. Il serait donc vain, voir superflu de vouloir assigner à la notion de philosophie une seule
et unique définition. Mieux chaque définition revêt un cachet particulier. Par conséquent la question « Qu’est-ce que la
philosophie ? », on ne saurait répondre avec exactitude. Dès lors, il convient de noter que le concept de philosophie
pose problème à sa définition. Il n’admet pas de définition nominale. La notion de philosophie devient donc une notion
polysémique, ambigüe et pleine d’équivoque. L’échec à donner une réponse acceptée par tous est révélateur de sa
particularité et de sa spécificité. Si l’histoire, les Mathématiques, la sociologie tirent leur définition de leur objet
d’étude, il n’en est pas de même en philosophie. La philosophie n'a pas d'objet d’étude spécifique ou propre. Elle
s’intéresse à tout, mais elle a toutefois une préférence pour certains domaines tels que la métaphysique, l’anthropologie
et l’axiologie. Elle se veut un savoir total, une connaissance du tout. C’est pourquoi, il est plus commode de tenter des
approches de définitions plutôt que d’essayer de la définir ; ce qui revient au sens strict à l’assigner des limites. Ainsi,
les philosophes eux-mêmes n’arrivent pas à s’entendre en ce qui concerne la définition de la philosophie. L’histoire de
la philosophie apparait donc comme un champ de bataille ou viennent s’affronter les opinions et les idées les plus
contradictoires. Karl JASPERS déclare déjà : « On n’est ni d’accord sur ce qui est la philosophie ni sur ce qu’elle
vaut ». Il considère la philosophie comme un Kampflatz c’est-à-dire un : « Terrain de bataille où se livrent des
combats sans fin » et où il n’y a ni de vainqueur ni de vaincu.
Néanmoins on ne saurait tirer de cette assertion un aveu d’incapacité. La définition de la philosophie demeure donc un
sujet controversé, car il y a autant de courants philosophiques que de philosophes, ce qui rend impossible une définition
unanime, acceptée par tous. C’est ce qui pousse le philosophe allemand Emmanuel Kant à dire que chaque
philosophie est bâtie sur les ruines de la précédente et elle sera à son tour critiquée. La philosophie n'a jamais réussi
à développer une méthode qui aurait réussi à s’imposer parmi les philosophes comme la méthode expérimentale s'est
imposée en physique et en chimie. Cependant, Même si en philosophie nul n’a le monopole de la vérité et même s’il
est difficile de dire ce qu’est la philosophie, on peut néanmoins donner quelques considérations générales pour avoir
une idée sur ce qu’elle est. Cependant, même s’il est difficile de dire ce qu’est la philosophie, on peut tout de même
donner quelques définitions générales. L’histoire de la philosophie présente une multiplicité de systèmes
philosophiques au point que l’on se demande si cette diversité ne serait pas un argument contre la philosophie. Chaque
philosophe vante sa conception, prétendant qu’elle vaille mieux. Mais aucune philosophie n’a pu enterrer l’autre, et

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c’est ce que dit Georges GUSDORF dans Traité de métaphysique : « Aucune philosophie n’a pu mettre fin à la
philosophie bien que ce soit le vœu secret de toute philosophie ». Cette diversité de points de vue n’est pas pour autant
un handicap pour la philosophie. Au contraire, elle lui permet de s’enrichir de nouvelles idées. En réalité, chaque point
de vue enrichit le débat philosophique car comme le montre HEGEL : « Quelle que soit la diversité des philosophies,
elles ont ce trait commun d’être de la philosophie. » Phénoménologie de l’esprit.
Nietzsche dans son ouvrage Ainsi parlait Zarathoustra lorsque le jeune étudiant dans son troisième interpellation lui
disait que je veux que tu sois mon maitre et je sois ton disciple. Nietzsche répondait : je me trahirais en répondant à la
question qu’est-ce que la philosophie ? Parce que dès le départ je me suis défini comme philosophe et en tant que
philosophe j’écris avec mon sang et celui qui écrit avec son sang ne peut pas et ne doit pas être imité ; avant d’y ajouter
qu’en philosophie il n’y a pas de chemin il n’y a que ton chemin et c’est à toi de l’inventer.
En dépit de toutes ces difficultés, on a pu trouver une définition étymologique du mot philosophie Philo-Sophia que
l'on traduit généralement par : « Amour de la sagesse ». Dans cette expression, l’amour désigne une recherche, une
quête permanente, un désir etc. Le mot sagesse a deux significations : d’une part, il désigne la connaissance et d’autre
part la vertu morale. Par sagesse, DESCARTES entendra : « Une parfaite connaissance de toutes les choses que
l’homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l’invention de tous les
arts. » Lettre préface des Principes. Le philosophe apparait ainsi dans une posture de recherche de sagesse sans
prétendre nécessairement l'atteindre. A ce propos, Karl Jaspers disait : « L’essence de la philosophie c’est la
recherche de la vérité, non sa possession. Faire de la philosophie, c’est être en route ». Le bonheur que recherche le
philosophe réside dans l’ataraxie, c’est à dire la paix de l’âme. Par la suite, elle a été définie comme Etude ou la
recherche de la sagesse. Cela veut dire que la philosophie n’est pas la possession du savoir, mais c’est la recherche.
L’étymologie ainsi formulée de la définition ne règle pas tout le problème. Par conséquent la philosophie pourrait être
définie comme une activité consciente et méthodiquement conduite de production et de mise en forme logique d’idées,
de concepts et de représentation, bref une activité qui tente d’expliquer le réel. Tenter donc de définir la philosophie,
c'est déjà philosopher. Tout le monde est un philosophe potentiel : nul besoin de s'appeler Socrate, Platon ou Aristote
pour philosopher, seul compte l'amour de la réflexion, de la remise en question et du questionnement.
B-) Origine de la philosophie
b-1) Origine historique ou chronologique
Pour beaucoup d’historiens, la philosophie serait apparue au 6ème siècle avant Jésus Christ dans la Grèce antique à
Milet. Il y avait dans la cité grecque certaines conditions politiques, économiques et sociales qui favorisaient la réflexion
philosophique et qui expliquent justement la naissance de cette discipline en Grèce. Mais certains attribuent à la
philosophie une origine orientale en disant qu’elle est née en Egypte, et c’est la conviction de Cheikh Anta DIOP.
Dans son livre Civilisation ou barbarie, l’historien sénégalais soutient que les Grecs n’ont fait que recopier les œuvres
égyptiennes. Il écrit à ce sujet : « Les Grecs initiés en Egypte s’approprient tout ce qu’ils apprennent une fois rentrés
chez eux ». Mais la thèse la plus répandue est celle qui la situe en Grèce. Les Grecs n’ont jamais nié avoir appris des
Egyptiens, mais ils ont utilisé leurs connaissances dans le but d’une perspective radicalement nouvelle. C’est pourquoi
selon Pierre HADOT : « C’est en eux, c’est à dire les Grecs que réside véritablement l’origine de la philosophie, car
ils ont proposé une explication rationnelle du monde ». HEIDEGGER confirme ces propos soutenant que la « la
philosophie parle grec ». Par conséquent, dans l’étude de l’origine de la philosophie, le premier repère remonte à la
tradition orientale, soit en Inde ou en Egypte. En effet, les cosmogonies orientales ont fortement influencé les
présocratiques qui vont finalement apporter une explication rationnelle du réel. Donc c’est grâce à Socrate et à son
disciple Platon que la philosophie connaitra une première forme de systématisation. La pensée de Socrate marque une
rupture dans l’évolution de la pensée Grecque traditionnelle. Socrate illustre légendairement la posture du philosophe:
Il élabore la rationalité et invente la conceptualisation. Socrate délimite l’objet de la philosophie qui devient l’homme
et crée la Maïeutique. L’homme devient, dès lors l’élément autour duquel s’articule toute la réflexion philosophique,
d’où le sens de sa maxime : « Connais-toi toi-même ».
b-2) Origine causale ou logique
Selon Platon, c’est l’étonnement qui est à l’origine de la philosophie. L’étonnement est une réaction de surprise,
d’émerveillement devant ce qui est nouveau, inhabituel, inconnu, extraordinaire. Mais l’étonnement ne dure qu’un
instant. Après s’être étonné, l’homme s’interroge. Il lui faut alors trouver des réponses aux questions angoissantes.
Dans la Métaphysique, chapitre 2, ARISTOTE écrit : « C’est, en effet, l’étonnement qui poussa, comme
aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques ». La philosophie est donc fille de
l’étonnement ; c’est ce que SOCRATE affirme dans le Théétète. L’homme doit mettre en œuvre ainsi son ignorance
et c’est pour cette raison que ARISTOTE a dit : « Apercevoir une difficulté et s’étonner, c’est reconnaitre sa propre
ignorance ». Pour les Milésiens, chez qui la philosophie est née, c’est l’étonnement qui engendre la philosophie.

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L’étrangeté d’un phénomène, au lieu de susciter le sentiment du divin, éveille plutôt l’esprit en forme de questions. La
philosophie tente donc chaque jour de rendre compte de ce qui est, en donnant un sens aux choses. Karl JASPERS a
dit à cet effet : « L’étonnement engendre l’interrogation et la connaissance ».
C-) Histoire de la philosophie
L’histoire de la philosophie consiste à tenter de reconstruire, de comprendre, d’interpréter, voire de critiquer les
positions et thèses de penseurs comme PLATON, DESCARTES, KANT, HEGEL etc. Il s'agit de savoir ce qu'ils ont
vraiment dit et de resituer leurs pensées dans leurs contextes d'apparition. Ce travail d'étude porte également sur des
courants philosophiques. L’histoire de la philosophie peut être divisée en trois époques : la philosophie antique, la
philosophie médiévale et la philosophie moderne.
c-1) Philosophie antique
La philosophie grecque a connu trois grandes périodes.
 La première est dite période présocratique. Elle tire ses origines dans la pensée Ionienne. La question
fondamentale qui occupait les philosophes présocratiques était la question du principe de toute chose. Ainsi, les
premiers philosophes mentionnés par l'histoire furent :
 Thalès qui tenait l'eau pour le principe de toute chose.
 Anaximandre, disciple de Thalès, soutenait que le principe premier dont dérive toute chose est une substance
infinie qu'il appelait apeiron.
 Anaximène, désignait l'air comme l'élément dont est composée toute chose.
 Héraclite affirma que le feu constitue l'élément fondamental de l'Univers.
 Pythagore à qui on attribue la paternité du mot Philosophie enseignait que l'âme est prisonnière du corps.
 Anaxagore suggéra que toutes les choses sont composées de particules.
 Parménide soutenait que l'Univers est une entité sphérique et immuable, et que changement n’existe pas.
Dans l’ensemble, ce sont ces premiers philosophes qui étaient des penseurs surtout orientés vers l’origine, l’explication,
la formation et le fonctionnement de l’univers à partir des phénomènes naturels comme l’eau, l’air, le feu et la Terre.
Ils accordent un double processus à l’émergence de la philosophie : une phase appelée origine et une autre phase qui
coïncide avec l’avènement de la pensée de Socrate ou la philosophie prend date avec l’histoire. Pour la question de
l’origine, la pensée grecque même si elle avait dépassé les modes traditionnelles de savoirs (mythe, magie, religion)
était particulièrement orientées vers la recherche du principe explicatif de l’origine du monde : D’où vient le monde ?
 La réponse à cette question était élucidée dans la deuxième période qui est dite Grecque classique. Elle commence
avec Socrate à Athènes et se poursuit avec Platon, Diogène et Aristote. Cette période est également marquée par les
sophistes qui sont un groupe d’intellectuels, enseignant aux jeunes de la cité la rhétorique, l’art de bien parler, l’art de
l’argumentation , de l’éloquence dans les joutes oratoires des assemblées politiques (Protagoras, Gorgias, Mippias,
Lycon, Anytos). Cette phase des Sophistes marque la transition entre les autres modes traditionnels de savoir et une
nouvelle pensée induite de rationalité initiée par Socrate. Socrate illustre légendairement la posture du philosophe : Il
élabore la rationalité et invente la conceptualisation. Donc c’est grâce à Socrate et à son disciple Platon que la
philosophie connaitra une première forme de systématisation. Socrate délimite l’objet de la philosophie qui devient
l’homme et crée la Maïeutique. L’homme devient, dès lors l’élément autour duquel s’articule toute la réflexion
philosophique, d’où le sens de sa maxime : « Connais-toi,-toi même ». C’est dans ce sens qu’il est tout à fait justifié
de considérer l’étonnement comme la source de la philosophie.
 Enfin, la troisième période est dite hellénistique. Elle est marquée par les Épicuriens, les stoïciens et les sceptiques.
Pendant plusieurs siècles, ces trois courants furent les principales écoles philosophiques qui se développèrent dans le
monde occidental. Durant cette période, l'intérêt pour les sciences naturelles diminua progressivement et ces écoles
s'occupèrent principalement d'éthique et de religion.
c-2) Philosophie médiévale
La philosophie médiévale est constituée de penseurs musulmans et chrétiens qui, en cherchant des arguments
convaincants, vont faire appel à la philosophie antique. La scolastique est née à cette époque. La scolastique est la
période où les ouvrages de Platon, d'Aristote et d'autres penseurs grecs furent traduits par des érudits arabes et
attirèrent l'attention de philosophes en Europe occidentale. Philosophes islamiques, juifs et chrétiens interprétèrent et
clarifièrent ces écrits dans un effort pour concilier la philosophie et la foi religieuse, et pour fournir des fondements
rationnels à leurs convictions religieuses.

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c-3) Philosophie moderne et contemporaine (15e –20e siècle)
La philosophie moderne et contemporaine est l’époque, qui va de la Renaissance jusqu’après le siècle des lumières, de
MACHIAVEL (1469-1527) à Emmanuel KANT (1724-1804). Cette ère est marquée par le 18ème 19ème et 20ème
siècle. Les philosophes les plus connus de cette époque sont Descartes(1586-1650), John Locke (1632-1704), Leibniz
(1646-1716), Spinoza ( 1632-1677) , Kant (1724-1804), Hegel (1770-1831) , Nietzsche ( 1844-1900), David Hume(
1711-1776), Jean Paul Sartre (1905-1980), Thomas HOBBES (1588-1679), Jean Jacques ROUSSEAU (1712-
1778), MONTESQUIEU (1689-1755), Karl MARX (1818-1883), etc. Cette période se caractérise par l’émergence
de certaines doctrines et de certains auteurs qui se sont surtout signalés au plan politique et au plan scientifique.
II-) LES FONDEMENTS DE LA REFLEXION PHILOSOPHIQUE
A-) Philosophie comme sagesse
Avec cette maxime de Socrate « Connais-toi, toi-même », l’homme doit mesurer le degré de son ignorance et essayer
de comprendre ce dont il est capable de savoir. Le programme Socratique de la philosophie c’est d’apprendre, de
chercher à se connaitre soi-même. Bref, l’homme devant des situations doit toujours faire une introspection (Etude de
soi par soi, étude de sa propre intériorité). La philosophie comme sagesse pratique se veut d’abord un effort pour
élaborer une règle de vie, une conduite conforme aux exigences de la raison et dégager des mobiles naturels pour guider
l’homme. La sagesse cherche à trouver chez l’homme, un type de comportement, une ligne de conduite qui le permettra
de vivre de manière équilibrée et sereine. L’idéal du sage étant une maitrise parfaite de la conduite grâce à sa pensée
rationnelle ; son but étant de donner un idéal de bonheur à travers la connaissance du bien, de la justice, de la vertu bref
de toutes les valeurs et qualités humaines. Nous comprenons par-là que la philosophie n’est pas seulement amour de la
sagesse, mais aussi un effort pour acquérir une conception d’ensemble de l’univers ou l’étude de Dieu, de l’au-delà de
l’âme. PLATON atteste en disant « Philosopher c’est apprendre à mourir par le cœur par le coeur ». Chez PLATON,
la philosophie devient une ascèse, donc doit renoncer au plaisir grâce à qui le philosophe du monde sensible accède au
monde intelligible par le biais de la dialectique. La philosophie s’est donc comprise très tôt comme une manière de
vivre et non pas uniquement comme une réflexion théorique. Autrement dit, être philosophe, c’est vivre et agir d’une
certaine façon. L’idée que la philosophie est une manière de vivre a aussi pu amener certains philosophes à imaginer
qu’ils devaient guider les autres et les aider à mener correctement leurs existences.
B-) Philosophie comme mode de vie
La philosophie s’est comprise très tôt comme une manière de vivre et non pas uniquement comme une réflexion théorique.
Autrement dit, être philosophe, c’est vivre et agir d’une certaine façon. L’idée que la philosophie est une manière de vivre a aussi
pu amener certains philosophes à imaginer qu’ils devaient guider les autres et les aider à mener correctement leurs existences.
Ceci explique en partie la naissance, dans l’Antiquité, d’écoles philosophiques comme l’épicurisme, le stoïcisme, le scepticisme.
 L’épicurisme
Epicure, fondateur de cette école, soutient que le but de la vie est d'atteindre le maximum de plaisirs et d’éviter le
maximum de douleur. Pour lui, le plaisir résulte de la satisfaction des besoins qui sont de trois types : les besoins
naturels et nécessaires (manger, boire et dormir), les plaisirs naturels et non nécessaires (les plaisirs sexuels) et les
besoins ni naturels ni nécessaires (fumer, se droguer etc.). Les épicuriens disent que l’homme doit chercher la
satisfaction des besoins naturels et nécessaires et éviter les excès.
 Le stoïcisme
Fondé par Zénon, le stoïcisme rejette les biens matériels. Les stoïciens enseignaient qu’on ne peut atteindre la liberté
et la tranquillité qu'en étant insensible au confort matériel et à la fortune extérieure et en se consacrant à une vie de
raison et de vertu. Ils enseignent que chaque être humain est une partie de Dieu et que tous les hommes constituent une
famille universelle. Ils font également la distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Ils
recommandent à l’homme d’accepter ce qui lui arrive ne dépendant pas de lui comme la mort, la maladie, la vieillesse,
les traits physiques.
 Le scepticisme
Fondé par Pyrrhon d’Elis, selon les sceptiques, l'Homme ne peut atteindre ni la connaissance ni la sagesse. Le chemin
du bonheur passe donc par une suspension complète du jugement. Avec ces trois écoles et tant d’autres, la philosophie
grecque était dominée par l'éthique, par la question « comment bien vivre ? » et plus particulièrement par celle de la
vertu et du bonheur. La philosophie était comprise comme une façon de vivre et non pas uniquement comme un discours
théorique. Mais en plus d’un mode de vie auquel elle peut renvoyer, la philosophie peut également signifier conception
du monde ou vision des choses. Sous ce rapport, elle se comprend comme un système d’idées, de représentations d’un
individu ou d’une société pour analyser le monde.

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C-) Philosophie et sens commun
Certaines critiques sont internes au discours philosophique (critique des philosophes entre eux), d’autres lui sont
extérieures (par exemple les critiques su sens commun). Mais toute critique peut faire l'objet d'un examen
philosophique ; on ne peut d'ailleurs concevoir de philosophie sans critique. La critique du sens commun est peut-être
la critique de la philosophie la plus ancienne. Le sens commun est un ensemble d’opinions, de croyances et de certitudes
tenues pour vraies et supposées indiscutables. La philosophie s’oppose au sens commun. Les certitudes du sens
commun sont partagées par la majorité de la société, mais elles peuvent se révéler fausses comme les préjugés, les
illusions et les dogmes. Relevant de la naïveté et du dogmatisme, le sens commun pense tout simplement que la
philosophie est pure spéculation, bavardage, théorie, verbiage. C’est la critique que Calliclès a adressée à Socrate en
lui reprochant de toujours se consacrer à la réflexion philosophique alors que le plus important est la recherche des
richesses matérielles et du pouvoir. Le sens commun reproche également à la philosophie d’être un discours
essentiellement critique, subversif et qui remet tout en question. C’est ce qui explique le conflit qui existe entre la
philosophie et la religion. La religion est fondée sur des vérités absolues que le croyant admet sans en douter, alors que
c’est le doute qui constitue le fondement de la philosophie. L’homme du sens commun ne se pose pas de question, il
pense que le monde est évident. Il prend les choses telles qu’elles sont. Comme le dit Bertrand RUSSEL l’homme du
sens commun est : « prisonnier de préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son
pays ». RUSSEL dégage ici l’identité de l’homme du sens commun. Ce dernier ne critique pas et ne s’interroge pas
sur ce que tout le monde a dit. Contrairement à lui, le philosophe encourage l’esprit critique. Il s’arme du doute pour
examiner et analyser tout ce qu’on lui dit. Il se méfie des traditions, des coutumes et remet tout en cause. En d’autres
termes, pour le philosophe, rien n’est évident. Le but de la philosophie est de corriger les fausses certitudes, les illusions
et erreurs du sens commun ou de la philosophie elle-même. Elle est une critique de tous les savoirs, opinions, croyances,
réflexions philosophiques etc. L’esprit critique se manifeste par une remise en question ou, du moins, une « mise à
questions » de toute affirmation, de tout jugement. Toutefois, il faut faire la différence entre l’étonnement du philosophe
et l’étonnement du sens commun. L’étonnement du sens commun est paralysant, handicapant alors que l’étonnement
philosophique signifie arrêt admiratif de l’homme devant une chose qu’il ne comprend pas. Ce n’est donc pas la
stupéfaction devant une chose inhabituelle, mais devant une chose habituelle. La plupart des hommes ne s’étonnent
que devant un phénomène extraordinaire qu’ils ne comprennent pas. Or les phénomènes qui sont les plus communs
nous échappent souvent, et le sentiment de connaitre ce que l’on voit n’est qu’une illusion. Selon le philosophe allemand
Arthur SCHOPENHAUER : « Avoir l’esprit philosophique, c’est être capable de s’étonner des évènements
habituels et des choses de tous les jours, de se poser comme sujet d’étude ce qu’il y a de plus général et de plus
ordinaire ». On peut donc dire que l’étonnement se produit devant ce qui est habituel et dont la nature nous offre chaque
jour le spectacle. En voici un exemple : On rapporte sur Thalès une anecdote célèbre, reprise par Platon, dans le
Théétète : « le philosophe qui tombe dans le puits ouvert sous ses pas parce qu'il est occupé à regarder les choses du
ciel. » Platon raconte qu'une domestique se serait moquée de lui en disant : « Comment comptez-vous comprendre ce
qui se passe dans le ciel si vous ne voyez même pas ce qui est à vos pieds ? ». Ainsi, comme nous l'explique Platon, le
philosophe, occupé de choses qui dépassent le sens commun, peut se montrer un être maladroit, qui ignore la valeur
des comportements de ses semblables : il ne les comprend pas, et ces derniers voient en lui un personnage risible.
Pourtant, il savait aussi tirer profit de ses observations. La critique est donc une exigence fondamentale de la
philosophie. Elle constitue, selon Marcien TOWA (philosophe camerounais contemporain), le début véritable de
l’exercice philosophique. Il dit à ce sujet : « La philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage
philosophique et culturel à une critique sans complaisance. Pour le philosophe, aucune donnée, aucune idée si
vénérable soit-elle, n’est recevable avant d’être passée au crible de la pensée critique ».
D-) La philosophie comme totalité de la connaissance
Historiquement la philosophie était considérée comme un savoir suprême qui englobait en son sein l’ensemble des
branches de la connaissance humaine. Elle nourrissait ainsi l’ambition d’une connaissance totale de la totalité du réel.
Aristote disait déjà « Tous les hommes ont, par nature, le désir de connaître » Métaphysique. C’était une tentative
de percer le mystère de l’univers, un effort de procession du monde par la raison. C’est dans cette perspective que
ARISTOTE déclare que : « Le philosophe est celui qui détient la totalité du savoir dans la mesure du possible et
dans les limites du possible ». Cette perspective encyclopédique de la philosophie est perceptible dans le champ de la
pensée Cartésienne. En effet, la métaphore de l’arbre Cartésien considère la philosophie comme étant une discipline
intellectuelle qui s’intéresse à tous les domaines du savoir et de l’action. C’est ainsi que RENE DESCARTES affirme
« Toute la philosophie est comme un grand arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique, et les
branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui ramènent à trois principales à savoir la médecine,
la mécanique et la morale ». Par conséquent, la philosophie apparait comme la connaissance par excellence qui
embrasse la totalité du savoir humain. C’est conformément à cette conception bien au-delà du 6ème siècle que des
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penseurs continuaient à confondre la philosophie et la science. Il est donc aisé de comprendre la thèse selon laquelle la
philosophie est mère des sciences, car pendant longtemps il n’existait qu’un seul corps de science appelé philosophie
et regroupant les mathématiques, la physique, la chimie, la morale, l’astronomie et la métaphysique. Au cours de
l’histoire de la pensée humaine avec le développement et la spécialisation des sciences, la philosophie a rompu avec
son ambition encyclopédique pour devenir un questionnement, une interrogation, et surtout une réflexion critique.
III-) LE SENS DE L’INTERROGATION PHILOSOPHIQUE
A-) La philosophie comme réflexion critique
La philosophie a pour point de départ l’étonnement. L’étonnement traduit l’incompréhension, l’inquiétude,
l’émerveillement d’où le désir de savoir. Dès lors, la philosophie reste d’abord une réflexion ; mais dire qu’elle est
réflexion revient à dire qu’elle commence par une prise de conscience de certains problèmes à côté desquels l’homme
passe le plus souvent sans y prêter attention. La réflexion devient une critique des idées admises, car réfléchir, c’est
d’abord s’interroger. Ainsi la philosophie peut être définie comme une réflexion critique sur la totalité de l’expérience
humaine. C’est dans cette mouvance que le professeur Assane SYLLA déclare : « La philosophie est une réflexion
critique tendant à atteindre le maximum de clarté, de cohérence et de profondeur dans la compréhension et
l’explication des phénomènes concernant les êtres naturels et leurs créations culturelles au niveau de leur existence,
de leur essence, de leur légitimité et de leur valeur ». Le Docteur Komokon KEITA s’engage dans la même
dynamique quand il considère la philosophie comme : « Une réflexion critique une recherche, une tentative de saisie
totale par la pensée de toutes les formes d’activités et leur signification par l’amélioration de leurs conditions
humaine ». Le Ménon de Platon est une illustration confirmant l’aspect critique de la réflexion philosophique. C’est
un dialogue de Platon, dans lequel Ménon et Socrate essaient de trouver la définition de la vertu, sa nature, afin de
savoir de quelle façon elle est obtenue. Néanmoins, après plusieurs vaines tentatives de réponse, Socrate et Ménon
examinent la question plus générale encore. Menon", à travers le dialogue philosophique, va découvrir sa faiblesse,
sans dire pour autant qu'il est ignorant... On ne passe pas de l'ignorance absolue au savoir. L'esprit passe d'un savoir
oublié à un savoir proprement dit, la réminiscence. D'après Socrate, penser, c'est reformer ce qu'on savait déjà.
Cependant force est de préciser que la réflexion philosophique n’est pas spontanée. Elle est régie par des critères et
obéit à des exigences méthodologiques appropriées :
 La réflexion philosophique se doit d’abord de formuler une concision et une précision sur le ou les problèmes qui
vont guider sa réflexion, car, Karl MARX dit : « Un problème bien posé est à moitié résolu. »
 La philosophie en tant que discours rationnel se fonde sur une démarche rigoureuse, logique et cohérente. C’est
sous ce rapport que WITGENSTEIN dit : « La philosophie est la clarification logique de la pensée ».
 La réflexion philosophique est radicale, c’est-à-dire le philosophe dans le cadre de son déploiement ne doit pas se
fixer des limites dans sa manière d’expliquer le monde. Mieux le philosophe doit aller au bout de sa réflexion. Ni
l’autorité, ni le pouvoir politique, ni le pouvoir religieux ne doit servir d’écran à la réflexion philosophique. C’est sous
ce rapport que Prospère Issiaka LALLEYE déclare : « La philosophie ne doit jamais se refermer sur elle-même,
même décrétant pour toujours résolu un problème auquel le philosophe s’est attelé avec succès ».
 La réflexion philosophique est existentielle. Le discours philosophique doit s’enraciner dans la vie concrète de
l’homme. Elle ne se détache jamais totalement du monde. C’est sous ce rapport que Karl MARX a raison de dire que : « Les
philosophes ne sortent pas de terre comme des champignons ; ils sont les fruits de leur époque, de leur peuple, dont les
énergies les plus subtiles, les plus précieuses et les moins visibles s’expriment dans les idées philosophiques.»
 Enfin, la réflexion philosophique se structure par sa démarche critique, car le philosophe ne doit jamais adhérer à
une thèse sans pour autant s’interroger sur sa valeur et sa portée. C’est d’ailleurs dans cette perspective que Vladimir
JIANKELEVITCH affirme que « Philosopher, c’est se comporter à l’égard de l’univers comme si rien n’aller de
soi. » La Mauvaise Conscience.
 Exemple de philosophie comme réflexion critique
 La Maïeutique Socratique
La Maïeutique Socratique est l’art d’« accoucher les idées» ; elle est donc un jeu de questions réponses consistant à
accoucher les esprits des hommes en vue de faire découvrir des vérités qu’ils portent en eux. Socrate prend la position
de celui qui ne sait pas. C’est une méthode, une attitude, qui à poser des questions jusqu’à ce que l’interlocuteur arrive
à fonder définitivement son discours sur des bases irréfutables. Socrate, par le biais de cette méthode aide ses
interlocuteurs à réfléchir et à prendre conscience et de savoir qu’il a en lui, un savoir qui sommeille. Il s’agit, par une
série de questions et de réponses, d’amener son interlocuteur à extérioriser ses connaissances. En même temps il faisait
comprendre à ses interlocuteurs qu’ils croyaient savoir alors qu’en réalité qu’ils ne savaient pas ; d’où l’ironie
Socratique : « Tout ce que je sais,je ne sais rien ». Cette profession de foi assigne à la philosophie sa noble mission de
participer à l’éveil des consciences, conscience représentant le seul moyen pour l’homme de se connaitre soi-même.
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 Le doute Cartésien ou la dictée de la raison
La réflexion philosophique peut aussi se mesurer à travers à travers le doute Cartésien. Cette méthode utilisée par
Descartes consiste à opérer une conversion de l’esprit en rupture avec l’enfance et la tradition, afin de parvenir à des
entreprises grandioses. C’est pourquoi DESCARTES commence son itinéraire philosophique par une remise en
question des préjugés reçues et des pseudos certitudes. C’est en ce sens qu’il affirme : « Je pensais qu’il fallait que je
rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s’il ne resterait
point, après cela, quelque chose en ma créance qui fut entièrement indubitable ». Descartes Discours de la méthode.
Néanmoins, force est de préciser que le doute Cartésien se différencie fondamentalement du doute sceptique. Il s’agit
plutôt d’un doute méthodique, rationnel, provisoire. C’est une inspection de l’esprit permettant au philosophe de
suspendre son jugement jusqu’à l’acquisition d’idées claires et distinctes. Philosopher aux yeux de Descartes, c’est
soumettre la pensée à un examen critique, afin de parvenir à l’élaboration d’un savoir exclusivement dicté par la raison.
La méthode cartésienne, se résume par certains principes, certaines règles parmi lesquelles on peut citer une très
importante pour le philosophe, qui est celle de l’évidence : « Il ne faut admettre aucune chose pour vraie que je ne la
connusse évidemment être telle ». Il s’agit ici d’une mise en garde contre la précipitation et les préjugés. Il ne faut
donc tenir pour vrai ce qui est « clair et distinct » c’est à dire ce que je n’ai aucune possibilité de mettre en doute. La
méthode de Descartes sera perçue comme le triomphe du rationalisme. Pour Descartes l’activité intellectuelle doit
commencer par la contestation méthodique des opinions reçues. Il va donc remettre en question toutes ses connaissances
et croyances. Il s’agit de douter de tout et même de l’existence du monde extérieur parce que nos organes de sens nous
ont déjà trompés. Cependant, il y a une chose dont je ne peux pas douter c’est que je suis entrain de douter c’est à dire
de penser. C’est ainsi que Descartes peut tirer du Discours de la méthode « je pense donc je suis ». La preuve de
notre existence est donc faite à partir de notre pensée.
B-) Philosophie comme questionnement
La philosophie se veut un questionnement perpétuel, une remise en question permanente du réel. Elle est aussi une
interrogation incessante sur le monde. Karl JASPERS déclare : « La philosophie n’a pas de destination sociale.
Philosopher, c’est être en route. En philosophie les questions sont plus essentielles que les réponses et chaque
réponse devient une nouvelle question ». Par conséquent, philosopher c’est suspendre son jugement, c’est rechercher
l’essentiel inaperçu, c’est rompre avec les apparences et les certitudes. C’est d’ailleurs pourquoi Vladimir
JANKELEVITCH affirme : « La fonction de la philosophie est de contester et son destin est d’être contester…. La
philosophie aspire à une connaissance générale et achevée de l’experience humaine dans sa totalité et dans cette
entrprise, elle a comme instrument la raison et comme démarche principale le doute ».Tout se passe comme si la
philosophie est une interrogation pérenne sur l’ensemble des problèmes que se pose l’homme. Ce faisant la philosophie
ne saurait être assimilé à un dogme. Elle serait plutôt un effort ardent d’explication et d’interrogation C’est donc en
s’interrogeant sur les différents problèmes qui interpellent l’humanité qu’est née la philosophie. Une telle thèse est
justifiée par PLATON pour qui : « La philosophie est fille de l’étonnement ». Cela est d’autant vrai que l’étonnement
engendre chez l’homme l’interrogation et le désir de mieux connaitre. S’étonner dit Karl JASPERS : « C’est tendre
à la connaissance. En m’étonnant je prends conscience de mon ignorance,je cherche à savoir, seulement pour savoir
et non pas pour contenter de quelques exigences ordinaires ». A la lumière de ce propos il apparait que l’étonnement
a permis aux hommes de mieux s’interroger sur l’univers et sur eux même C’est dans cette perspective que Aristote
affirme : « c’est l’étonnement qui poussa les hommes aux premières spéculations philosophiques ». Cette
préoccupation originelle de la philosophie est toujours d’actualité, car au fur et à mesure que l’humanité évolue des
problèmes ne cessent de fleurir et l’homme est condamné de les cerner et d’y apporter des ébauches de solution. En
tant que questionnement perpétuel, la philosophie est hostile à la contrainte morale et au dogme. Ainsi elle se positionne
comme une réflexion ouverte débouchant sur des vérités partielles et relatives. C’est dans cette perspective que Karl
JASPERS déclare que « La philosophie se trahit elle-même lorsqu’elle dégénère en dogmatisme, c'est-à-dire en un
savoir, ni en formule définitive, ni complète ». ALAIN s’engage dans la même dynamique quand il écrit : « En
philosophie toute vérité devient fausse au moment où l’on s’en contente ». C’est pourquoi Merleau PONTY compare
le philosophe à un homme qui boîte quand tout le monde marche normalement. Ainsi la philosophie apparait comme
le lieu par excellence de la contestation et du refus de l’absolu. Cela veut dire que l’esprit philosophique doit sans cesse
se renouveler. La philosophie apparait ainsi comme une quête du savoir, un mode de pensée qui se fait et se défait à
travers les âges. Elle est soumise à des mutations profondes incessantes. C’est pourquoi l’histoire de la philosophie est
l’histoire d’une révolution permanente d’une lutte âpre et acharnée entre les différents systèmes philosophiques. Chaque
philosophe s’est fixé pour ambition de battre en brèche les théories de ses prédécesseurs mais cela n’a fait qu’enrichir
la philosophie. Kant disait : « En philosophie chaque penseur bâtit ainsi dire son œuvre sur les ruines de ses
prédécesseurs, mais jamais aucune n’est parvenu à devenir inébranlable en toute ses parties. ».

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IV-) LA PHILOSOPHIE ET LES AUTRES FORMES D’APPROCHES DU REEL
Le réel inclut l’ensemble des êtres et des choses que nous disons exister pour nos sens et nos esprits. Il désigne
l’ensemble des choses que l’homme voit, touche, goûte ou pense. Il peut désigner aussi bien le monde matériel que le
monde métaphysique, tandis que la réflexion philosophique est caractérisée par un esprit critique, un esprit d’analyse
et d’examen qui s’oppose au sens commun. Parler des caractéristiques de la réflexion philosophie revient à dire ce
qu’est la philosophie et à l’opposer des approches du réel comme le mythe, la magie, la religion et à la science.
A-) LA PHILOSOPHIE ET LE MYTHE
Le mythe est un récit imaginaire, légendaire, transmis par la tradition et qui, à travers les exploits d’êtres fabuleux
(dieux, héros etc.), tente d’expliquer des phénomènes comme l’origine de l’univers, de l’homme, des choses etc. Il
explique l’origine et les causes premières de tous les phénomènes. Le mythe s’oppose à la connaissance rationnelle en
ce qu’elle n’est pas méthodique. Dans la raison mythique Jean Pierre VERNANT souligne que cette opposition peut
être régie à travers le discours. En effet, la conscience cherche à atteindre le réel par le biais du concept. Cette opposition
se traduit sur le plan philosophique et par des considérations négatives à l’endroit du mythe. Sous cet angle le mythe
est conçu comme une histoire grotesque et incapable de satisfaire les exigences de la raison. Selon GUSDORF la
connaissance mythique ne s’étonne de rien, elle justifie tout. Le principe du mythe est de raconter, mais raconter ne
signifie pas expliquer par des démonstrations logiques, d’où son divorce d’abord avec la philosophie, la science ensuite.
Sa fonction est essentiellement sociale, car il prescrit des règles que les hommes doivent adopter et leur indique ce
qu’ils doivent faire. Il est considéré comme sacré, il ne démontre pas ce qu’il dit, il se contente de le dire. Le récit
mythique est cru de façon dogmatique par les membres du groupe social, on ne le critique pas : on y croit sans chercher
à avoir des preuves. Exemple de mythe, on peut citer l’histoire d’Adam et d’Eve. En effet, d’après les religions révélées,
Adam et Eve ont été chassés du paradis pour avoir désobéi à Dieu. Ensuite, ils ont été envoyés sur terre où ils seront
obligés de travailler pour vivre. Ce récit a pour fonction de justifier l’origine du travail. Mais, il ne faut pas croire que
le mythe est irrationnel. Au contraire, elle témoigne d’une « rationalité » certes différente de la pensée philosophique.
En fait, à l’instar de la philosophie, le mythe aussi cherche à fournir une explication du monde, pour apaiser la curiosité
humaine. La différence réside dans le fait que là où la philosophie se pose des questions, le mythe apporte des réponses.
Au demeurant, la philosophie et le mythe sont deux domaines de la raison, mais différents par la démarche.
DESCHOUX déclare déjà : « Ce que la raison ne peut expliquer, le mythe permet au moins de le dire » Platon ou
le jeu philosophique. Autrement dit, il les retrouve dans leurs croyances pour leur expliquer des vérités a priori
inaccessibles par la raison. En bref, la philosophie se sert du mythe comme moyen d’illustration d’un argument. La
philosophie entretient avec le mythe des relations contrastées. Il faut d’abord remarquer que l’univers a toujours
préoccupé la curiosité humaine. La première vocation du mythe est donc de rassurer l’homme par rapport à ses
inquiétudes et il se définit dès lors comme une première explication du monde « le mythe raconte comment grâce aux
exploitations des êtres surnaturels une réalité est venue à l’existence que ce soit la réalité totale le cosmos ou
seulement le fragment : une île, un comportement humain, une institution. C’est donc toujours le récit d’une
création : On rapporte comment quelque chose a été produit, a commencé à être » dira Mircea ELIADE. La
Philosophie considère le mythe à travers son caractère intemporel et son contenu fictif comme une représentation
illusoire de la vérité et de la réalité et de ce fait, il éloigne de la vérité.
B-) LA PHILOSOPHIE ET LA RELIGION
b-1) Les rapports entre la philosophie et la religion
Les rapports entre la philosophie et la religion ont souvent été difficiles. Un conflit existe entre elle. Le philosophe est
perçu comme un athée tandis que le religieux est vu comme un borné ou comme quelqu’un qui ne réfléchit pas. La
religion signifie le lien que l’homme entretient avec une puissance surnaturelle et transcendante nommée Dieu. La
religion est censée dire une vérité absolue, incontestable, indiscutable pour le croyant. Ce dernier considère comme
vrai tout ce que disent les textes sacrés et il interprète toutes choses en fonction de la religion. L’exemple de Socrate
revient, car il a été condamné parce que accusé de nier l’existence des dieux. La religion unit l’homme à Dieu. Elle est
fondée sur la foi. Croire, c’est donc adhérer, accepter sans exiger des preuves. La croyance est une forme d’assentiment
fondée sur la confiance. Elle repose également sur des dogmes. Pour toutes ces raisons, la religion s’oppose à la
philosophie qui, elle, est fondée sur l’esprit critique alors pour le croyant, le doute n’est pas permis. Le philosophe doit
avoir un esprit de doute et de remise en question. Avec son esprit libre et critique, il s’attaque à tout, même à la religion.
Cette dernière va ainsi subir des critiques de la part de philosophes comme Karl MARX qui la considère comme «
l’opium du peuple ». Pour lui, c’est l’homme qui a inventé Dieu. NIETZSCHE, pour sa part, proclame la mort de
Dieu. A travers ces philosophes athées, il est aisé de constater que philosophie et religion ont eu des rapports complexes
depuis leur origine, mais il serait exagéré d’y voir une opposition radicale. Loin de s’exclure, elles entretiennent une
relation réciproque. Certes, elles n’ont pas le même fondement, car la philosophie repose sur la raison et la religion sur

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la foi. C’est ce que montre Blaise PASCAL selon qui la religion et la philosophie sont deux genres distincts. A son
avis, l’homme est raison et cœur et il peut atteindre la vérité soit par le cœur soit par la raison. Poursuivant cette même
idée, il affirme dans sa Pensée 277 : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Saint AUGUSTIN quant
à lui parle d’une ressemblance entre religion et philosophie. Pour lui, il y a une similitude entre les textes bibliques et
ceux de Platon. Il sera amené à conclure que la philosophie ne peut nous permettre d’atteindre la vérité et qu’elle doit
se subordonner (soumettre) à la religion. Saint Thomas d’AQUIN pense lui aussi que foi et raison peuvent atteindre
la vérité, mais il accorde la supériorité à la foi.
b-2) Réconcilier philosophie et religion
Le principe d’une collaboration a toutefois jailli dans l’univers des rapports entre la philosophie et la raison. C’est par
exemple la position du PAPE Jean PAUL II qui ouvre ainsi l’encyclique que « La foi et la raison sont comme les
deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité ». Mais si la métaphore est
juste, les deux ailes doivent nécessairement voler de manière concordante. Le chemin et le but étant bien sûr déterminés,
dès l’envol, par l’aile de la foi, l’aile de la raison n’a plus qu’à s’y plier. Il faut donc dépasser la contradiction car Dieu
nous a dotés de raison mais aussi de foi qui nous ouvre la porte des connaissances surnaturelles. De ce fait, croire ne
peut en aucun cas nous interdire de raisonner. Nicolas de MALEBRANCHE, un philosophe français cartésien pensait
que la vraie philosophie n’est autre chose que la religion puisque la vérité est même Dieu et que la raison n’est en réalité
que la marque de Dieu en l’homme. Même si la philosophie ne rime pas très souvent avec la religion, ce serait une
erreur d’opposer Raison et Foi. La philosophie peut servir d’auxiliaire. La philosophie peut être dans une certaine
mesure cette raison qui cherche à comprendre ce qui a été révélé. C’est tout le sens de la théologie. L’usage de la raison
dans le domaine de la foi poussa l’Imam Abu Hamid Al GHAZALI à s’interroger sur les fondements et la
signification de la foi. « Qu’est-ce que je crois lorsque je dis que je crois » ? Une interrogation n’avait pour vocation
de remettre en cause le dogme musulman. Elle visait à trouver la certitude de la croyance. La quête du sens divin
n’exclut pas la raison. Ibn Roch, soulignait cette exigence philosophique à l’intérieur de la religion. Dans Islam et
Philosophie, il écrivait « l’exigence portait par la religion de s’adresser à un homme qui s’interroge, qui réfléchit,
ne peut être qu’une exigence philo ». LEIBNIZ avait perçu cette exigence de rationalité dans la religion lorsqu’il
écrivait : « exclure la foi au nom de la raison c’est comme se crever un oeil pour mieux voir ». Foi et Raison semble
alors complémentaires. La Religion est donc en ce sens le prolongement naturel de la philosophie.
C-) LES RAPPORTS ENTRE LA PHILOSOPHIE ET LA SCIENCE
La relation entre la philosophie et la science semble être à la foi conflictuelle et complémentaire. Les principes de la
science sont indépendants de ceux de la philosophie, mais si nous interrogeons l’histoire des sciences nous nous rendons
compte que la philosophie était la Mère de toutes les sciences. Comment juger la pertinence de la philosophie qui
renouvelle sans cesse son objet ? Est-il possible de parler de complémentarité entre philosophie et science ?
c-1) Les rapports de similitudes (ressemblances)
La philosophie annonce FREUD : « ne s’oppose pas à la science, se comportant elle-même comme la science, elle
en emprunte les méthodes mais s’en éloigne en se cramponnant à des chimères, en prétendant offrir un tableau
cohérent et sans lacune de l’univers ». La science comme la philosophie compte toutes deux de rendre compte de
l’intelligibilité des phénomènes naturels et culturels. Elles sont contre les évidences. Ce faisant ces deux activités de
l’esprit humain se fondent sur le principe et l’usage de la raison. Pour mieux s’approprier du réel la philosophie et la
science mettent en place des concepts. Elles s’appuient sur une méthode réflexive faisant appel à la cohérence et à la
rigueur. Et vouloir la vérité signifierait s’inventer un autre monde et de ce fait on finira par nier ce monde ci de façon
globale on en repousser une partie. Ainsi pour BACHELARD « une expérience scientifique est une expérience qui
contredit l’expérience commune ». Par exemple, l’évidence sensible considère que c’est le soleil qui tourne autour de
la terre alors que la science affirme le contraire. Parallèlement l’activité philosophique s’oppose à la conscience
collective. L’usage de la raison fait voler en éclat tout un ensemble de tradition et de préjugés solidement ancrés.
Jacqueline Russ reconnait qu’ « accéder à la philosophie c’est rompre d’avec les idées établies, recevoir le baptême
philosophique, c’est repartir à zéro ».
c-2) Les rapports d’opposition
La philosophie et la science ont des différences de méthodes, d’orientations et de préoccupations. La science est
caractérisée par son objectivité alors que la philosophie est marquée par la subjectivité. Lorsque les philosophes posent
la même question, ils y apportent des réponses différentes, subjectives. C’est parce que chaque philosophie exprime les
sentiments de son auteur, ses convictions personnelles, ses croyances. Il y a une pluralité en philosophie alors que dans
les sciences il y a une unité. La science est caractérisée par son exactitude parce qu’elle produit les instruments de
vérification de ses théories. La procédure de la science est particulière : elle passe par l’observation, l’hypothèse,
l’expérimentation, la vérification et l’élaboration d’une loi universelle. La science dit ce qui est en se posant le
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« comment », mais la philosophie s’intéresse à ce qui devrait être et se pose le « pourquoi ». Quand le savant se
demande comment les choses se produisent, le philosophe, par la spéculation, se demande le pourquoi des choses. Donc
la philosophie en ce qui la concerne se caractérise la raison. Mieux le critère de vérité demeure en dernière instance.
Jean PIAGET dans son ouvrage intitulé Sagesse et illusion déclare : « La philosophie pose des problèmes grâce à sa
méthode réflexive mais elle ne les résoud pas parce que la réflexion ne comporte pas en elle des instruments de
vérification. Les sciences de par leurs méthode d’expérimentation et de déduction règlent certains problèmes mais
en soulèvent sans cesse de nouveaux ». En philosophie la réponse à la question posée est une position et non une
solution. L’interrogation philosophique est toujours ouverte. La science tout en réalisant des prouesses dans tous les
domaines de la vie n’a pas une maitrise parfaite des méfaits de ses résultats (sanitaire et industriels). La science va du
sujet vers l’objet : elle est cosmocentrique alors que la philosophie va du sujet vers le sujet : elle est humaniste.
c-3) Les rapports de complémentarité
La philosophie et la science ne s’opposent pas radicalement. Elles sont, à bien des égards, complémentaires. La
philosophie en tant qu’interrogation continuelle sur l’expérience humaine ne saurait faire abstraction de la science Car
la philosophie réfléchit sur les principes, les méthodes et les conclusions des sciences. C’est cette partie de la
philosophie qu’on appelle l’épistémologie ou la philosophie des sciences. La pensée philosophique a toujours été le
thème de la réflexion philosophique qui trouve sa nourriture dans l’histoire des sciences. La quête constitue l’histoire
de la pensée humaine. Par conséquent, la philosophie ne peut pas se déployer sans pour autant tenir compte des résultats
des sciences. C’est sous ce rapport que Gaston BACHELARD affirme « La science crée en effet de la philosophie.
Le philosophe doit infléchir son langage pour traduire sa pensée contemporaine dans la mobilité ». HEGEL s’inscrit
dans la même dynamique car il conçoit que la philosophie accuse un retard nécessaire à la science. Mieux la philosophie
ne voit le jour que lorsque la science achève son œuvre. La science ne peut non plus mettre entre parenthèse la
philosophie. La science est incapable de répondre à toutes les questions que l’homme se pose. Seule la philosophie est
en mesure de répondre aux questions purement métaphysiques. Cependant, il nous semble important de souligner que
la réflexion philosophique ne peut en aucun cas parvenir à des certitudes qui dépassent celle de la science. La
philosophie redevient une conscience de la science et non une concurrence pour celle-ci. Elle s’érige en gardienne face
aux dangers multiples que l’usage des découvertes scientifiques fait courir à l’humanité. Pierre FOUGEYROLLAS
écartait toute compétition entre la science et la philosophie en affirmant : « Toute compétition entre la science et la
philosophie serait ruineuse pour celle-ci ». Par ailleurs, même si la science est une connaissance exacte, elle a
cependant des limites internes et des limites externes. Les limites externes concernent toutes les questions qui sont hors
de son domaine d’investigation, ce sont les questions métaphysiques ou éthiques. Ces préoccupations sont prises en
compte par la philosophie. Les limites internes se rapportent à la connaissance scientifique qui n’est pas figée,
immuable : elle progresse, ce qui explique le progrès scientifique. Il faut souligner, enfin, que la science peut avoir sur
l’homme un impact positif comme négatif (les armes, les manipulations génétiques, la pollution de l’air etc.). Et c’est
précisément à ce niveau que la philosophie intervient pour réfléchir sur la science. Cette réflexion est appelée
épistémologie. La philosophie refuse toute définition et toute délimitation.
Au terme de notre analyse, il apparait que la philosophie et la science ne sont pas antinomiques. Au contraire elles
entretiennent des relations en ce qu’elles se rendent mutuellement service. Même si elles semblent divergentes, la
philosophie et la science sont complémentaires, car les faiblesses de l’une sont la force de l’autre et vice versa. C’est
pourquoi leur séparation constituerait un obstacle sérieux au développement des connaissances humaines. Ces deux
modes de pensée trouvent leur salut dans une solidarité nécessaire.
CONCLUSION
Au terme de notre réflexion, il convient de noter que notre question initiale de savoir qu’est-ce que la philosophie n’a
pas pu trouver une réponse définitive. Cependant en la comparant à tout ce qu’elle n’est pas (mythe, magie, religion,
science), nous avons pu au moins établi sa spécificité, sa particularité ainsi que la singularité de sa démarche. Mais il
faut signaler que le mythe et la religion apparaissent comme des modes qui vont précéder l’avènement de la science
ainsi que la constitution du discours philosophique.

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