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Yoga . Volume 1 Les bases


Yoga . Volume 2 Votre chemin vers la méditation Massothérapie .
Comment en vivre
Raja Yoga Votre chemin vers la méditation
Traduit de l’ouvrage anglais “Lessons In Raja Yoga” Par . Jean
Pierre Snyers
Edition Zenppy.com
Edition Zenppy : La vie Zen et Happy
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Une paroles de sagesse

"Quand l'âme se voit comme un Centre entouré de sa circonférence,


lorsque le Soleil sait qu'il est le Soleil, entouré de ses planètes
tourbillonnantes, alors elle est prête pour la Sagesse et le Pouvoir
des Maîtres "
SOMMAIRE
Avertissement et limite de responsabilités 6

LEÇON I . LE "Je". 11
RÈGLES ET EXERCICES CONÇUS POUR AIDER LE CANDIDAT DANS SON
INITIATION. 19
ÉTAT DE MÉDITATION. 20
LA CONCRÉTISATION DU "JE". 21
LA PRISE DE CONSCIENCE DE L'INDÉPENDANCE DU "Je" PAR RAPPORT AU
CORPS. 24
RÉALISER L'IMMORTALITÉ ET L'INVINCIBILITÉ DE L'EGO. 25
MANTRAS (AFFIRMATIONS) POUR LA PREMIÈRE LEÇON. 29

LEÇON II. LES OUTILS MENTAUX DE L'EGO. 31


FORMATION MENTALE. 36
MANTRA (AFFIRMATIONS) POUR LA DEUXIÈME LEÇON. 49

LEÇON III. EXPANSION DU MOI. 51


FORMATION MENTALE. 59
MANTRA (AFFIRMATION) POUR LA TROISIÈME LEÇON. 68

LEÇON IV. CONTRÔLE MENTAL. 69


EXERCICE MENTAL ET DRILL 76
EXERCICE I. 77
EXERCICE II. 79
Concentration : 80
L'importance de la concentration. 82
MANTRA (AFFIRMATION). 86

LEÇON V. LA CULTURE DE L'ATTENTION. 89


EXERCICE DE DRILL MENTAL D'ATTENTION. 102
MANTRA (AFFIRMATION). 106
LEÇON VI. LA CULTURE DE LA PERCEPTION. 109
LES RÈGLES GÉNÉRALES DE LA PERCEPTION. 122
MANTRA (AFFIRMATION). 125

LEÇON VII. LE DÉVELOPPEMENT DE LA CONSCIENCE. 127 MANTRA


(AFFIRMATION.) 145
LEÇON VIII. LES HAUTES ET LES BASSES TERRES DE L'ESPRIT. 147 MANTRA
(AFFIRMATION). 165
LEÇON IX. LES PLANS MENTAUX. 167 MANTRA (AFFIRMATION). 184
LEÇON X. SUBCONSCIENCE. 185 MANTRA (OU AFFIRMATION). 202

LEÇON XI. LA FORMATION DU CARACTÈRE INCONSCIENT. 203


UNE RÉFLEXION PRÉLIMINAIRE. 217
MANTRA (OU AFFIRMATION). 221

LEÇON XII. INFLUENCES SUBCONSCIENTES. 223


Une paroles de sagesse de Zenppy 241
Remerciement 241
LEÇON I . LE "Je".
En Inde, lorsque les candidats à l'initiation de la science du "Raja
Yoga" s'adressent aux maîtres yogis pour recueillir leur
enseignement, ils reçoivent une série de leçons destinées à les
éclairer sur la nature de la réalité et à les instruire sur les
connaissances secrètes qui leur permettront de développer la prise
de conscience et la concrétisation du "Je" réel qui est en eux. Les
yogis leur enseignent comment ils peuvent corriger tout ce qui est
erroné ou imparfaits dans la connaissance de leur véritable identité.

Jusqu'à ce que le candidat arrive à maîtriser cet enseignement, ou


du moins jusqu'à ce que la vérité pénètre sa conscience, on lui
refuse toute instruction supplémentaire, car il est dit que tant qu'il ne
s'est pas "éveillé" et n'a pas pris conscience de son identité réelle, il
n'est pas en mesure de comprendre la source de son pouvoir et, en
outre, il n'est pas capable de sentir en lui le pouvoir de sa volonté,
qui sous-tend tous les enseignements du "Raja Yoga".

Les maîtres yogis ne se satisfont pas de ce que le candidat puisse


se former simplement une claire conception intellectuelle de son
Identité Réelle. Ce qu'ils exigent, c'est qu'il doive arriver à sentir la
vérité même de la chose, qu'il doive prendre conscience de son Soi
Réel, qu'il doive accéder à un niveau de conscience dans lequel
cette conscientisation devienne une partie de son moi quotidien,
dans lequel elle devient l'idée dominante qui occupe totalement son
cerveau et autour de laquelle tournent toutes ses autres pensées et
actions.

Pour certains candidats, cette prise de conscience se produit comme


un flash au moment où ils focalisent leur attention sur elle, alors que
dans d'autres cas, les candidats ont besoin de suivre un parcours de
formation rigoureux avant de pouvoir accéder à ce niveau de
conscience.
Les maîtres yogis enseignent qu'il existe deux degrés de cet éveil à
la conscience du Soi réel. Le premier, qu'ils appellent "la Conscience
du "je"", c'est-à-dire la pleine conscience de sa propre existence
réelle que doit découvrir le candidat, et qui lui apprend qu'il est une
entité réelle ayant une vie ne dépendant pas du corps, une vie qui se
poursuit en dépit de la destruction du corps, la vraie vie, en fait. Le
second degré, qu'ils appellent "la conscience du "JE SUIS"", est la
conscience de son identité avec la Vie Universelle, de sa relation
avec elle, et de son accès à un niveau de "contact intime" avec toute
vie, exprimée et non exprimée. Ces deux degrés de conscience
arrivent au moment voulu pour tous ceux qui cherchent "La Voie".
Pour certains, il arrive soudainement, pour d'autres, il se dessine
progressivement; pour beaucoup, il ne se dévoile que grâce aux
exercices et travaux pratiques du "Raja Yoga".

La première leçon des Maîtres Yogis qui va mener les candidats au


premier degré mentionné ci-dessus, est le suivant :

La Suprême Intelligence de l'Univers, l'Absolu, a révélé que l'être


que nous appelons l'Homme est la plus haute manifestation de cette
planète.

L'Absolu s'est manifesté sous une infinité de formes de vie dans


l'Univers, notamment dans des mondes lointains, des soleils, des
planètes, etc., et beaucoup de ces formes nous sont inconnues sur
cette planète, et restent même inconcevables à l'esprit de l'homme
ordinaire. Mais nos leçons des Yogis n'ont rien à voir avec cette
partie de la philosophie qui traite de ces myriades de formes de vie,
car notre pensée doit se consacrer au développement de l'esprit de
l'homme dans sa vraie nature et son vrai pouvoir.

Avant que l'homme ne tente de résoudre les secrets de l'Univers, il


doit d'abord maîtriser l'Univers intime de Soi, quand il l'aura atteint,
alors il pourra, et devra, aller de l'avant pour acquérir la
connaissance du monde extérieur en tant que maître exigeant de
découvrir ses secrets, plutôt qu'en tant qu'esclave mendiant les
miettes tombant de la table de la connaissance. La première des
connaissances pour le candidat est la connaissance de soi.

L'homme, la plus haute manifestation de l'Absolu dans notre planète,


est un être merveilleusement organisé, bien que l'homme moyen ne
comprenne que peu de choses de sa vraie nature. Il comporte dans
son physique, dans son mental et dans sa spiritualité tant le niveau
le plus élevé que le plus bas, comme nous l'avons montré dans nos
précédentes leçons (les "Quatorze leçons" et le "Cours de
perfectionnement"). Dans ses os, il manifeste quasiment une forme
de vie minérale, car en réalité, dans son squelette, son corps et son
sang, les substances minérales sont bien présentes. La vie physique
de son corps ressemble à la vie des plantes. De nombreux désirs
physiques et de nombreuses émotions sont similaires à ceux et à
celles des animaux inférieurs, et chez l'homme peu développé, ces
désirs et ces émotions prédominent et l'emportent sur sa nature
supérieure, qui n'est guère mise en évidence. Cependant, l'homme
possède un ensemble de caractéristiques mentales qui lui sont
propres, et qui ne se retrouvent pas chez les animaux inférieurs (voir
"Quatorze Leçons"). Et en plus des facultés mentales communes à
tous les hommes, ou du moins qui sont plus ou moins évidentes
chez tous les hommes, il existe des facultés supérieures latentes au
sein de l'Homme, qui, lorsqu'elles se manifestent et s'expriment
rendent l'homme supérieur à l'homme ordinaire. L'accès à ces
facultés latentes est possible pour tous ceux qui atteignent le stade
approprié de développement, leur désir et leur faim de découverte
étant soutenues par la pression même de ces potentialités latentes,
comme si elles hurlaient leur désir d'émerger enfin dans sa
conscience. Alors, il y a cette merveilleuse chose, la volonté, qui
n'est que faiblement comprise par ceux qui ignorent la philosophie
du Yogi et le pouvoir de l'ego, sa prérogative de naissance héritée
de l'Absolu.

Mais si ces composants mentaux et physiques appartiennent à


l'Homme, ils ne sont pas l'homme lui-même. Avant que l'Homme ne
soit capable de maîtriser, de contrôler et de diriger ce qui lui
appartient - ses outils et ses instruments - il doit s'éveiller à la
réalisation de soi. Il doit être capable de distinguer entre le "Je" et le
"non Je". Et c'est la première tâche à accomplir par le Candidat.

Ce qui est le vrai Moi de l'homme, c'est l'étincelle divine projetée par
la Flamme Sacrée. C'est l'Enfant du Divin Parent. C'est l'Immortel,
l'Eternel, l'Indestructible, l'Invincible. Il possède en lui-même le
pouvoir, la sagesse et la réalité. Mais comme l'enfant qui recèle à
l'intérieur de lui l'Homme qu'il sera, l'esprit de l'Homme n'est pas
conscient de ses qualités latentes potentielles, et il ne se connaît
pas lui-même. Au fur et à mesure qu'il s'éveille et se déploie dans la
connaissance de sa nature réelle, il manifeste ses qualités et réalise
ce dont l'Absolu l'a doté. Quand le Moi Réel commence à s'éveiller, il
écarte tout ce qui n'était que des appendices, mais qu'il avait, dans
son état de demi-éveil, considéré à tort comme étant son Moi. En les
mettant de côté, d'abord ceci, puis cela, il se débarrasse finalement
de tous ces "Non Moi", laissant apparaître le vrai moi libre et
débarrassé de tout servitude de ces appendices. Puis il revient vers
ces rejets, et il peut les utiliser.

Si l'on veut se poser la question : "Qu'est-ce que le vrai moi ?",


examinons d'abord ce que l'homme veut dire habituellement lorsqu'il
dit "Je".

Les animaux inférieurs ne possèdent pas ce sens du "Je". Ils sont


conscients dû monde extérieur, de leurs propres désirs, de leurs
envies et de leurs sentiments d'animaux. Mais leur conscience n'a
pas atteint le stade de la conscience du soi. Ils ne sont pas en
mesure de se considérer comme des entités distinctes, ni de
réfléchir à leurs propres pensées. Ils n'ont pas la conscience de
l'étincelle divine, de l'ego, du vrai moi. L'étincelle divine est cachée
dans les formes de vie inférieures, et même dans des formes
inférieures de la vie humaine, par de nombreux écrans qui occultent
cette lumière. Mais la lumière est là, et elle brille toujours. Elle dort
dans l'esprit du sauvage, et à mesure que celui-ci se développe, elle
commence à l'éclairer. En vous, le candidat, va se dérouler un
combat comme s'il vous fallait faire percer des poutres à travers la
toiture. Lorsque le vrai moi commence à s'éveiller de son sommeil,
les rêves s'évanouissent, et le monde apparaît tel qu'il est, dévoilant
la Réalité du Soi et non plus l'image déformée issue de ses rêves.

Les sauvages et les barbares sont à peine conscients du "je". Ils


sont à peine au-dessus de l'animal au point de vue de la conscience,
et leur "je" se limite presque entièrement à la conscience des
besoins du corps, à la satisfaction des appétits, à l'assouvissement
des passions, à la recherche du confort personnel, à l'expression de
la luxure et de sa puissance sauvage, etc. Chez le sauvage, la partie
inférieure de l'instinct est le siège du "Je" (Voir "Quatorze leçons"
pour l'explication des différents plans mentaux de l'homme). Si le
sauvage pouvait analyser ses pensées, il dirait que le "Je" est son
corps physique, ledit corps éprouvant certains "sentiments",
"volontés" et "désirs". Le "Je" d'un tel homme est un "Je" physique,
le corps représentant sa forme et sa substance. Et ce n'est pas
seulement vrai pour les sauvages ! Même parmi les hommes dits
"civilisés" d'aujourd'hui, nous pouvons en trouver beaucoup de cette
espèce. Ils ont développé certaines capacités de réflexion et de
raisonnement, mais ils ne "vivent pas dans leur esprit" comme
peuvent le faire certains de leurs frères.

Ils utilisent le pouvoir de leur pensée pour la satisfaction de leurs


désirs corporels et de leurs envies, mais ils vivent uniquement sur le
plan de l'instinct. De telles personnes peuvent évoquer leur "esprit"
ou "leur âme", mais pas d'une position élevée d'où ils regarderaient
ces choses du point de vue d'un Maître qui réalise son Moi Réel,
mais d'en bas, du point de vue de l'homme qui vit sur le plan de
l'instinct et qui perçoit au-dessus de lui des attributs plus élevés.
Pour ces personnes, leur corps est le "Je". Leur "moi" est lié aux
sens, et à tout ce qui leur vient par les sens. Bien sûr, à mesure que
l'homme progresse dans la "culture" et la "civilisation", ses sens
s'éduquent et exigent progressivement des choses plus raffinées,
tandis que l'homme moins cultivé est parfaitement satisfait des
gratifications les plus matérielles et les plus grossières de ses sens.
Beaucoup de ce que nous appelons "érudition" et "culture" n'est rien
d'autre qu'une forme de gratification des sens, au lieu d'une réelle
avancée de la conscience et de l'épanouissement. Il est vrai que
l'étudiant avancé et le maître possèdent des sens très développés,
dépassant souvent de loin ceux de l'homme ordinaire, mais dans
ces cas-là, ces sens ont été développés par la maîtrise de la
volonté, et se sont mises au service de l'Ego au lieu d'entraver le
progrès de l'âme: ils sont faits serviteurs au lieu de maîtres.

Au fur et à mesure que l'homme progresse, il va vers une plus haute


conception de son "Je". Il commence à utiliser son esprit et sa
raison, et il passe au plan mental, et son esprit commence à se
manifester sur le plan de l'intellect. Il découvre qu'il y a quelque
chose en lui de plus élevé que le corps. Il lui semble que son esprit
est plus réel que son physique, et dans des moments d'étude et de
réflexion profonde, il devient presque capable d'oublier l'existence de
son corps.

Dans cette deuxième étape, l'homme se découvre perplexe. Il fait


face à des problèmes qui exigent une réponse, mais dès qu'il pense
y avoir répondu, de nouveaux problèmes se présentent dans une
nouvelle étape, et il est se trouve obligé "d'expliquer son explication".
L'esprit, même s'il n'est pas contrôlé et dirigé par la Volonté, a une
portée merveilleuse, mais, néanmoins, l'Homme se retrouve en train
de tourner en rond et finit par se rendre compte qu'il est
continuellement en face de l'inconnu. Cela le dérange, et plus il
avance dans "l'étude du livre", plus il devient perturbé. L'homme qui
dispose de peu de connaissances ne décèle pas l'existence des
nombreux problèmes qui s'imposent à l'attention de l'homme plus
informé, et le poussent à chercher une explication. La torture de
l'homme qui a réussi à hausser son niveau mental qui lui fait
découvrir de nouveaux problèmes en même temps que
l'impossibilité d'y répondre, ne peut même pas s'imaginer par
quelqu'un qui n'a pas atteint ce stade.
Arrivé à ce stade de conscience, l'homme considère son "moi"
comme quelque chose qui aurait un compagnon inférieur, le corps. Il
sent qu'il a progressé, mais son "je" ne lui donne pas encore la
réponse aux énigmes et aux questions qui le laissent perplexe. Et il
devient très malheureux. De tels hommes développent souvent une
attitude pessimiste, et tendent à considérer que la vie est finalement
moche et décevante, une malédiction plutôt qu'une bénédiction. Le
pessimisme fait partie de cette phase, car ni l'homme resté au plan
physique, ni l'homme arrivé au plan spirituel n'éprouvent cette
malédiction du pessimisme. Le premier n'éprouve pas de pensées
aussi inquiétantes car il est presque entièrement absorbé par la
satisfaction de sa nature animale, et le second reconnaît son esprit
comme un instrument à sa disposition, plutôt que comme étant lui-
même, et il le sait imparfait à ce stade de sa croissance.

Il sait qu'il possède en lui la clé de toute connaissance, verrouillée


dans son Ego, et que son esprit formé, cultivé, développé et guidé
par la volonté éveillée, peut la saisir au fur et à mesure qu'il se
déploie. Sachant cela, la l'homme éveillé ne désespère plus, et,
reconnaissant sa vraie nature et ses possibilités, en s'ouvrant à la
conscience de ses pouvoirs et de ses capacités, il se moque des
vieilles idées pessimistes et décourageantes, et les rejette comme
un vêtement usé. L'homme qui a atteint ce plan mental de la
conscience est comme un énorme éléphant qui ne connaît pas sa
propre force. Il pourrait faire tomber des barrières et s'imposer de
force dans presque toutes les situations, mais dans l'ignorance de
son pouvoir réel, il peut être maîtrisé par un conducteur chétif, ou
être effrayé par le bruissement d'une simple feuille de papier.

Lorsque le candidat devient un initié, lorsqu'il passe du pur plan


mental au plan spirituel, il se rend compte que le "Je", le Vrai Soi est
quelque chose de plus élevé que le corps ou l'esprit, et qu'ils peut
être utilisés comme outil et instrument par l'Ego ou par le "Je". Cette
connaissance n'est pas atteinte par un raisonnement purement
intellectuel, bien que les efforts de l'esprit soient souvent
nécessaires pour aider à son développement, et sont donc aussi
utilisés par les Maîtres. La connaissance réelle, cependant, se
dévoile en réalité comme une forme spéciale de conscience. Le
candidat devient "conscient" du "Je" réel, et cette conscience une
fois atteinte, il passe au rang d'initié. Lorsque l'Initié passe le second
degré de la conscience et commence à intégrer sa relation avec le
"Tout", quand il commence à manifester l'Expansion du Soi, alors il
est sur la voie de la maîtrise.

Dans la présente leçon, nous nous efforcerons d'indiquer au


candidat les méthodes qui lui permettront de développer ou
d'accroître la conscientisation de ce "Je", travail du premier degré.
Nous lui donnerons les exercices et les entraînements nécessaires
pour qu'il puisse progresser. Il constatera qu'en suivant
attentivement et consciencieusement ces directives, il arrivera à
développer en lui un degré suffisant de conscience du "Je" qui lui
permette d'accéder aux stades supérieurs de développement et de
pouvoir. Tout cela est nécessaire pour que le candidat sente en lui
l'aube de l'éveil de sa conscience, c'est-à-dire la connaissance du
Soi Réel. Les étapes supérieures de la conscience du "Je" viendront
progressivement, car une fois sur le Chemin il n'y a pas régression
possible ni de retour en arrière. Il peut y avoir des pauses dans le
voyage, mais il n'y aura aucune perte de ce qui a été conquis.

Cette conscience du "Je", même à ses plus hauts stades, n'est qu'un
préliminaire vers ce que l'on appelle "l'illumination", qui signifie l'éveil
de l'Initié à la prise de conscience de son lien réel et de sa relation,
avec le "Tout". La pleine vision de la gloire du "Je" n'est qu'une faible
lueur réfléchie de "l'Illumination". Le candidat, une fois qu'il entre
pleinement dans la conscience du "Je", devient un "initié". Et l'initié
qui entre dans l'aube de l'Illumination fait ses premiers pas sur la
route de la maîtrise. L'Initiation est l'éveil de l'âme à la connaissance
de son existence réelle, l'Illumination est la révélation de la nature
réelle de l'âme et de sa relation avec le Tout. Lorsque la première
aube de la conscience du "Je" a été atteinte, le candidat devient plus
apte à saisir les moyens de développer sa conscience à un degré
encore plus élevé; il est plus apte à utiliser ses pouvoirs latents pour
contrôler ses propres états mentaux et de se manifester comme un
Centre de Conscience et d'Influence qui rayonne dans le monde
extérieur, toujours à la recherche de tels centres autour desquels il
peut graviter. L'homme doit se maîtriser avant de pouvoir espérer
exercer une influence au-delà de lui-même. Il n'y a pas de voie
royale vers l'épanouissement et le pouvoir, chaque étape doit être
suivie à tour de rôle, et chaque candidat doit franchir le pas lui-
même, par ses propres efforts. Mais il peut être aidé, et le sera, par
la main secourable des enseignants qui ont parcouru le Chemin
avant lui, et qui savent exactement quand un coup de main est
nécessaire pour l'aider à surmonter les difficultés.

Nous demandons au candidat d'accorder une stricte attention à


notre enseignement, car tout est important. N'en modifiez aucune
partie, car nous ne vous apportons que ce qui est nécessaire, en
l'exposant aussi brièvement que possible. Soyez attentifs et suivez
précisément les instructions. Chaque leçon doit être maîtrisée pour
pouvoir progresser. Et elle doit être mise en pratique non seulement
immédiatement, mais à chacune des nombreuses étapes du voyage,
jusqu'à l'initiation totale et à l'illumination qui vous attend.

RÈGLES ET EXERCICES CONÇUS POUR AIDER LE CANDIDAT


DANS SON INITIATION.

La première instruction du programme d'initiation est destinée à


éveiller l'esprit à une pleine réalisation et une pleine conscience de
l'individualité du "Je". Le candidat apprend à détendre son corps et à
calmer son esprit pour méditer sur le "Je" jusqu'à ce qu'il soit présent
de manière claire et nette à sa conscience. Nous donnons ici les
indications nécessaires à l'installation de l'état physique et mental
souhaité, dans lequel la méditation sera le plus facilement pratiquée.
Cet état de méditation sera utilisé dans les exercices ultérieurs, il est
donc conseillé au candidat de se familiariser avec lui dès
maintenant.

ÉTAT DE MÉDITATION.
Si possible, retirez-vous dans un endroit isolé ou une pièce calme,
où vous ne craignez pas d'être dérangé, afin que votre esprit se
sente en sécurité et en repos. Bien entendu, comme il n'est pas
toujours possible de trouver ces conditions idéales, efforcez-vous de
faire de votre mieux. L'idée est que vous soyez capable de vous
éloigner, dans la mesure du possible, de tout environnement
dérangeant, et de vous retrouver seul avec vous-même, en
communion avec votre "Je" réel.

Une bonne façon de faire est de vous installer dans un fauteuil ou


sur un canapé de manière à pouvoir détendre vos muscles et libérer
la tension de vos nerfs. Vous devriez être capable d'un "lâcher
prise", total permettant à chacun de vos muscles de se relâcher,
jusqu'à ce qu'un sentiment de paix parfaite et de calme reposant
imprègne chaque particule de votre être. Reposez le corps et calmez
l'esprit. Cette condition est la plus importante dans les premiers
stades de la pratique, si bien qu'ensuite, lorsque vous aurez acquis
un certain degré de maîtrise, vous arriverez à déclencher cette
détente et ce calme mental où et quand vous le souhaiterez.

Mais gardez-vous de vous contenter de vous déplacer de façon


"rêveuse", plongé dans votre méditation, tout en vous occupant de
vos tâches courantes. Rappelez-vous que l'état de méditation doit
être entièrement sous le contrôle de la volonté et ne devrait être
déclenché que délibérément et au moment opportun. La volonté doit
en rester le maître, ainsi que de n'importe quel autre état mental.
Les Initiés ne sont pas des "rêveurs", mais des hommes et des
femmes ayant le plein contrôle d'elles-mêmes et de leurs humeurs.
Le "Je" conscient pendant que se développe la méditation et la
conscientisation devient vite un élément fixe de la conscience, et ne
doit pas être produit par la méditation. En cas de difficulté, de doute
ou de problème, la conscience peut être soutenue par un effort de la
volonté (comme nous l'expliquerons dans les prochains leçons) sans
entrer dans l'état de méditation.

LA CONCRÉTISATION DU "JE".
Le candidat doit d'abord prendre connaissance de la réalité du "Je",
avant qu'il ne puisse découvrir sa véritable nature. C'est la première
étape. Placez-vous dans l'État de méditation, comme décrit
précédemment. Laissez ensuite votre esprit concentrer toute son
attention sur son Moi Individuel, en excluant toute pensée du monde
extérieur, et en ignorant la présence d'autres personnes. Formez
dans votre esprit une idée de vous-même comme une vraie chose,
un être réel, une entité individuelle, un Soleil autour duquel tourne le
monde. Considérez-vous comme le centre autour duquel tourne le
monde entier. Ne laissez pas une fausse modestie, ou un sentiment
de dépréciation, bloquer cette idée, car vous ne niez pas non plus le
droit des autres de se considérer également comme des centres.
Vous êtes en réalité un centre de conscience, créé par l'Absolu, et
vous êtes à l'éveil de cette la réalité. Avant que l'Ego ne se
reconnaisse comme un Centre de pensée, d'influence et de pouvoir,
il ne pourra pas exploiter ses propres qualités. C'est dans la mesure
où il reconnaît sa position de centre, qu'il pourra les exploiter. Il n'est
pas nécessaire de vous comparer aux autres, et de vous imaginer
plus grand ou plus élevé qu'eux. En fait, de telles comparaisons sont
regrettables, et sont indignes de l'Ego avancé, n'étant qu'une
indication d'un manque de développement, plutôt que l'inverse. Dans
la Méditation, ignorez simplement toute prise en compte des qualités
respectives des autres, efforcez-vous de réaliser le fait que VOUS
êtes un grand Centre de Conscience, un Centre de pouvoir, un
centre d'influence, un centre de pensée. Et que tout comme les
planètes tournent autour du soleil, votre monde tourne autour de
VOUS qui en êtes le centre. Il ne vous sera pas nécessaire
d'argumenter pour vous convaincre de cette vérité par un
raisonnement intellectuel. Le savoir ne vient pas de cette façon. Il se
présente sous la forme d'une concrétisation de la vérité qui s'impose
progressivement à votre conscience par la méditation et la
concentration. Gardez en vous cette vision de vous-même comme
d'un "Centre de conscience, d'influence et de pouvoir", car c'est une
vérité cachée, et c'est dans la mesure où vous serez capable de
l'assimiler que se développera votre capacité à manifester ces
qualités que nous mentionnons.
Aussi humble que soit votre position, aussi difficile que soit votre
destin, même si vous ne bénéficiez pas de tous les avantages de
l'éducation, il n'en reste pas moins que vous ne changeriez pas votre
"Je" avec les hommes ou les femmes les plus chanceux, les plus
sages et les plus haut placés dans le monde. Si vous en doutez,
réfléchissez un instant et vous verrez que nous avons raison.
Lorsque vous dites que vous "aimeriez être" une autre personne, ce
que vous voulez vraiment dire, c'est que vous aimeriez avoir tel
degré d'intelligence, de pouvoir, de richesse, de position ou autre
qu'elle. Ce que vous désirez est quelque chose qui lui appartient, ou
qui s'y apparente. Mais en réalité, vous ne souhaitez pas un instant
fusionner votre identité avec la sienne, ni "échanger votre "Moi" avec
le sien. Pensez-y un instant: pour être l'autre, vous devriez vous
laisser mourir, et au lieu de rester vous-même, vous seriez l'autre.
Donc, vous ne seriez plus rien, et vous ne seriez plus du tout "vous"
mais un autre "Il".

Si vous ne pouvez seulement saisir cette idée, vous verrez que pas
un seul instant vous n'êtes vraiment disposé à un tel échange. Qui,
bien entendu, est impossible. Votre "Je" ne peux pas s'effacer
comme ça. Il est éternel, et sa volonté est de continuer à exister,
encore et encore, en allant vers des États de plus en plus élevés, et
en restant toujours le même "Je". Tout comme vous, qui bien qu'il
s'agissait d'une forme très différente de vous quand vous étiez dans
l'enfance, vous vous reconnaissez toujours avec le même "Je" qui
est en vous, et y a toujours été. Et bien que vous soyez sur le point
d'atteindre la connaissance, l'expérience, le pouvoir et la sagesse
dans les années qui viennent, ce même "Je" sera toujours là. Le "Je"
est une étincelle divine qui ne peut jamais s'éteindre.

La majorité des personnes arrivés à leur stade actuel de


développement n'ont qu'une faible conception de la réalité du "Je".
Ils acceptent son existence, et sont conscients d'eux-mêmes en tant
que mangeur et être vivant qui dort, juste quelque chose comme une
forme supérieure d'animal. Mais ils ne se sont pas éveillés à une
"conscience" ou à une concrétisation de leur "Je", qui doit s'épanouir
chez tous ceux qui doivent devenir de véritables centres d'influence
et de pouvoir. Certains hommes ont trébuché dans cette conscience,
ou à divers degrés de celle-ci, sans comprendre le problème. Ils en
ont "pressenti" la vérité, ils sont sortis des rangs des gens ordinaires
et ils sont devenus puissants pour le bien ou le mal. C'est dans une
certaine mesure regrettable, car cette "prise de conscience" sans les
connaissances qui devraient les accompagner, peuvent se révéler
des sources de douleur pour lui-même et pour les autres.

Le candidat doit méditer sur le "Je" et le reconnaître, le sentir, pour


devenir un Centre. C'est sa première tâche. Imprimez dans votre
esprit le mot "Je" dans ce sens et cette interprétation, et laissez le
s'enfoncer dans votre conscience, afin qu'il devienne une partie de
vous. Et quand vous dites "Je", vous devez accompagner ce mot en
ayant en tête l'image de votre Ego en tant que Centre de
conscience, de pensée, de pouvoir et d'influence. Regardez-vous,
entouré de votre monde. Partout où vous irez, ira le Centre de votre
monde. VOUS êtes le Centre, et tout ce qui se trouve en dehors de
vous tourne autour ce Centre. C'est la première grande leçon sur le
chemin de l'initiation. Apprenez-la!

Les Maîtres Yogis enseignent aux candidats que la concrétisation de


leur "Je" en tant que Centre peut être accélérée en entrant dans le
Silence, ou l'État de méditation, accompagné d'une la lente
répétition de leur prénom, délibérément et solennellement, de
nombreuses fois. Cet exercice aide l'esprit à se centrer sur le "je", et
de nombreux cas d'initiation débutante ont utilisé cette pratique. De
nombreux penseurs originaux l'on redécouverte sans même l'avoir
apprise. Un exemple notoire est celui de Lord Tennyson, qui a écrit
qu'il a atteint un haut degré d'initiation de cette manière. Il répétait
son propre nom, encore et encore, et en même temps qu'il méditait
sur son identité, et il rapporte être devenu conscient et "éveillé" à sa
réalité et à son immortalité, bref, capable de se reconnaître comme
un réel centre de conscience.
Nous pensons vous avoir donné la clé de la première étape de la
méditation et de la concentration. Avant de passer à la suite, citons
l'un des anciens Maîtres hindous qui a dit sur ce sujet : "Quand l'âme
se voit comme un Centre entouré par sa circonférence, quand le
Soleil sait qu'il est un Soleil entouré de ses planètes
tourbillonnantes, alors est-elle prête pour le Sagesse et le pouvoir
des maîtres"

LA PRISE DE CONSCIENCE DE L'INDÉPENDANCE DU


"Je" PAR RAPPORT AU CORPS.

De nombreux candidats éprouvent des difficultés de réaliser


pleinement leur "Je" (même après qu'ils aient commencé à saisir son
existence) à cause de la confusion entre la réalité du "Je" et celle du
corps physique. C'est une pierre d'achoppement qui est facilement
surmontée par la méditation et la concentration. L'indépendance du
"Je" se manifeste alors souvent au candidat en un clin d'œil, lorsqu'il
se focalise ses propres pensées comme sujet de sa méditation.

L'exercice se présente comme suit: installez-vous dans la position


de méditation, et pensez à VOUS - le vrai "moi" - comme étant
indépendant du corps, mais en utilisant le corps comme couverture
et comme instrument. Pensez à votre corps comme à un vêtement
qui vous sied bien. Réalisez que vous êtes capable de quitter ce
corps, tout en restant le même "Je". Imaginez-vous en train de le
faire, tout en regardant votre corps. Considérez le corps comme une
coquille dont vous pouvez sortir sans affecter votre identité. Pensez
à vous comme le Maître qui contrôle le corps que vous occupez, et
que vous utilisez au profit de votre bien-être, en le maintenant sain,
fort et vigoureux, mais qui n'est simplement qu'une coquille qui
recouvre le vrai "Vous". Considérez le corps comme composé
d'atomes et de cellules qui changent constamment, mais qui sont
maintenues ensemble par la force de votre Ego, et que vous pouvez
améliorer par la "Volonté". Réalisez que vous ne faites qu'habiter le
corps en l'utilisant pour votre confort, tout comme vous pourriez
habiter une maison.
En méditant davantage, ignorez le corps dans son intégralité et
placez votre pensée sur le "moi" réel que vous commencez à
ressentir comme étant "vous", et vous découvrirez que votre identité
- votre "Je" est quelque chose de complètement différent de ce
corps. Vous pouvez maintenant dire "mon corps" en donnant un
nouveau sens à ce mot. Quittez l'idée de votre être physique, et
réalisez que vous êtes au-dessus de votre corps. Mais ne laissez
pas cette conception et sa prise de conscience jusqu'à vous amener
à ignorer ce corps. Vous devez le considérer comme le Temple de
l'Esprit et en prendre soin, afin d'en faire une demeure convenable
pour votre "Je". N'ayez pas peur si, pendant cette méditation, vous
vous retrouvez avec la sensation d'être hors de votre corps pendant
quelques instants, et capable d'y revenir quand vous avez terminé
l'exercice. L'Ego est capable (dans le cas de l'Initié avancé) de
s'élever au-dessus des limites du corps, mais, dans ces moments-là,
il ne rompt jamais la connexion. C'est comme si l'on regardait au-
dehors par la fenêtre pour voir ce qui se passe à l'extérieur pour le
redessiner ensuite dans sa tête quand on le souhaite. On ne quitte
pas la pièce, bien qu'on puisse placer sa tête à l'extérieur afin
d'observer ce qui se passe dans la rue. Nous ne conseillons certes
au candidat d'essayer de cultiver cette sensation, mais si elle lui
vient naturellement pendant sa méditation, qu'il n'ait pas peur.

RÉALISER L'IMMORTALITÉ ET L'INVINCIBILITÉ DE


L'EGO.

Alors que la majorité des gens accepte de bonne foi la croyance en


l'immortalité de l'âme, peu sont conscients que l'âme elle-même peut
le démontrer. Le site des maîtres yogis qui enseignent cette leçon
aux candidats l'explique comme suit: le Candidat se met en état de
méditation, ou du moins en état de réflexion spirituelle, et s'efforce
ensuite de s'imaginer comme "mort": il essaie de se représenter
mentalement lui-même comme étant mort. A première vue, ça
semble très facile à imaginer, mais en réalité, c'est impossible à
faire, parce que l'Ego refuse d'accepter cette proposition, qu'il lui est
impossible d'imaginer. Essayez vous-même et vous constaterez que
vous pourrez peut-être imaginer que votre corps est immobile et
sans vie, mais en même temps, vous vous voyez comme étant
debout en train de regarder votre propre corps. Vous voyez donc
bien que vous n'êtes pas mort du tout, même si vous imaginez l'être.
Ou, si vous refusez de vous dissocier de votre corps, en imagination,
vous pouvez penser à votre corps comme mort mais vous, qui
refusez de le quitter, vous êtes toujours vivant, tout en reconnaissant
le cadavre comme une chose distincte de votre Moi réel. Peu
importe comment vous pouvez torturer cette pensée, vous
n'arriverez pas à vous imaginer étant mort. L'ego insiste pour être
vivant dans toutes ses pensées, et force donc est de constater qu'il
a en lui le sens et l'assurance de l'immortalité. Dans le cas de le
sommeil, ou d'un étourdissement à la suite d'un coup, ou de la prise
de narcotiques ou d'anesthésiques, l'esprit est apparemment vide,
mais le "Je" reste conscient d'une continuité de son existence. On
peut donc s'imaginer assez facilement être dans un état
d'inconscience, ou endormi, et il est facile d'imaginer la possibilité
d'un tel état, mais quand il s'agit d'imaginer le "Je" comme décédé,
l'esprit refuse totalement de faire le pas. Cette merveilleuse faculté
que l'âme porte en elle est la preuve de sa propre immortalité et
c'est quelque chose de glorieux, mais il faut avoir atteint un certain
degré d'épanouissement avant de pouvoir en saisir toute
l'importance.

Il est conseillé au candidat de vérifier par lui-même la proposition ci-


dessus, par la méditation et la concentration, car pour que le "Je"
puisse connaître sa propre nature et ses réelles possibilités, il doit
comprendre qu'il ne peut pas être détruit ni tué. Il doit savoir ce qu'il
en est avant de pouvoir exprimer toute sa nature. N'abandonnez
donc pas cette partie de l'enseignement avant de l'avoir totalement
maîtrisée. Et il est bon d'y revenir de temps en temps, afin de bien
faire comprendre à l'esprit que sa nature est faite d'immortalité et
l'éternité. La simple lumière de cette vérité vous apportera un
sentiment accru de force et de puissance, et vous constaterez que
votre Moi s'est développé et a grandi, et que vous êtes plus près de
votre puissance et de votre position de "centre" que vous ne l'avez
jamais été jusqu'à présent.

Les exercices suivants sont utiles pour parvenir à la concrétisation


de l'invincibilité de l'Ego, et de sa supériorité par rapport aux
éléments.

Placez-vous en état de méditation, et imaginez le "Je" comme


sortant de votre corps. Voyez-le passer par les épreuves de l'air, du
feu et de l'eau en restant indemne. Le corps étant à l'écart, l'âme est
vue comme capable de traverser l'air à volonté, de voler comme un
oiseau et de voyager dans l'éther. Capable de passer à travers le feu
sans dommage ni brûlures, car ces éléments affectent seulement le
corps physique, et non le vrai "moi". De la même façon, le "Je"
traverser l'eau sans gêne, sans danger ni blessure.

Cette méditation vous donnera un sentiment de supériorité et de


force, et vous fera apercevoir quelque chose de la nature du vrai
"Je". Il est vrai que vous êtes confiné dans le corps, et le corps peut
être affecté par les éléments externes, mais le fait de savoir que le
vrai "moi" est supérieur au corps et supérieur aux éléments qui
l'affectent, et ne peut être blessé pas plus qu'il ne peut être tué, est
merveilleux et tend à développer la pleine conscience du "Je" en
vous. Pour vous, le vrai "Je" n'est aucunement le corps. Vous êtes
Esprit. L'Ego est Immortel et Invincible, et ne peut être ni tué ni
blessé. Lorsque vous prendrez conscience de cette réalité en pleine
conscience, vous sentirez en vous l'afflux d'une force et d'une
puissance impossibles à décrire. La peur tombera de vous comme
un manteau usé, et vous sentirez que vous êtes "né de nouveau". La
compréhension de cette pensée vous montrera que les choses que
vous craignez ne peuvent pas affecter la réalité de votre "Je", mais
se limitent à blesser le corps physique. Et qu'elles peuvent être
éloignées du corps physique par une bonne compréhension et
l'application de la Volonté.
Dans notre prochaine leçon, nous vous apprendrons à séparer le
"Je" du mécanisme de l'esprit, et vous indiquer comment vous
pouvez obtenir la maîtrise de votre esprit, de la même façon que
vous réalisez en ce moment l'indépendance de votre corps. Cette
connaissance doit vous être dispensée par degrés et vous devez
poser fermement vos pieds sur la première marche avant de passer
à la suivante.

Le mot d'ordre de cette première leçon est "Je". Et le candidat doit


entrer pleinement dans sa signification avant de pouvoir progresser.
Il doit réaliser son existence réelle, indépendante du corps. Il doit se
considérer comme invincible et imperméable au mal, à la blessure
ou à la mort. Il doit se considérer comme un grand centre de
conscience, un soleil autour duquel tourne son monde. Alors lui
viendra une force nouvelle. Il ressentira une dignité tranquille et un
pouvoir qui seront visibles pour tous ceux avec qui il entrera en
contact. Il pourra regarder le monde en face sans broncher, et sans
aucune peur, car il réalisera la nature et la puissance de son "Je". Il
réalisera qu'il est un centre de pouvoir et d'influence. Il se rendra
compte que rien ne peut nuire à son "Je", et que peu importe que les
tempêtes de la vie se précipitent sur sa personne, son vrai "moi",
son individu, restera indemne. Comme un rocher qui se dresse
fermement pendant la tempête, le "Je" est aussi capable de
traverser les tempêtes de sa vie d'homme. Et il saura qu'à mesure
qu'il en prendra conscience, il sera de plus en plus en position de
contrôler ces tempêtes et leur imposer le calme et le silence.

Selon les mots d'un des maîtres yogis : "Le moi est éternel. Il
traverse indemne le feu, l'air et l'eau. L'épée et la lance ne peuvent
ni le tuer ni le blesser. Il ne peut pas mourir. Les épreuves de la vie
physique ne sont que des rêves pour lui. S'appuyant sur la
connaissance du "Je", l'homme peut sourire au pire de ce que le
monde peut lui offrir, et en levant la main, peut lui imposer de
disparaître dans le brouillard d'où il est sorti.

Béni soit celui qui peut dire en pleine conscience: "Je"". Alors cher
candidat, nous vous laissons maîtriser la première leçon. Ne soyez
pas découragé si vos progrès sont lents. Ne vous laissez pas abattre
si vous reculez d'un pas après avoir avancé d'un autre. Vous en
regagnerez deux à l'étape suivante. Le succès et l'accomplissement
seront votre récompense. La maîtrise est à votre portée. Vous
l'atteindrez. Vous vous accomplirez.

MANTRAS (AFFIRMATIONS) POUR LA PREMIÈRE LEÇON.


"Je" suis un Centre. Autour de moi tourne mon monde.
"Je suis un centre d'influence et de pouvoir.
"Je suis un centre de pensée et de conscience.
"Je suis indépendant de mon corps.
"Je suis Immortel et je ne peux pas être détruit.
"Je suis Invincible et ne peux pas être blessé. [Illustration : "Je"]
LEÇON II. LES OUTILS MENTAUX DE L'EGO.
Dans la première leçon, nous avons fourni les instructions et les
exercices destinés à éveiller votre conscience à la réalisation de
votre vrai "Je". Nous avons limité nos instructions aux
enseignements préliminaires de la réalité de ce "Je", et indiqué les
moyens par lesquels vous pouviez être amené à la réalisation de
votre moi réel, et reconnaître votre indépendance par rapport à votre
corps et aux éléments charnels. Nous avons essayé de vous
montrer comment vous pourrez vous éveiller à la conscience de la
réalité de votre "Je", à sa vraie nature, à son indépendance par
rapport au corps, son immortalité, son invincibilité et son
invulnérabilité. Notre succès ne dépend plus que de votre
expérience en tant que candidat, car nous ne pouvons qu'indiquer la
voie à suivre, et c'est vous, le candidat qui devez faire vous-même le
vrai travail.

Mais il reste beaucoup à dire et à faire pour atteindre l'éveil à la


réalisation du "Je". Jusqu'à présent, nous n'avons fait que vous dire
comment faire la distinction entre les aspects matériels de l'Ego et le
"Je" lui-même. Nous avons essayé de vous montrer que vous aviez
un vrai "Je", et ensuite vous faire comprendre ce qu'il est et
comment il est indépendant de l'enveloppe matérielle, etc. Mais il y a
encore une autre étape dans cette auto-analyse, une étape plus
difficile. Même lorsque le candidat s'est éveillé à la prise de
conscience de son Indépendance par rapport à son corps et à son
enveloppe matérielle, il confond encore souvent le "Je" avec les
principes inférieurs de l'esprit. C'est une erreur. L'esprit, avec ses
différents plans et ses différents stades, n'est qu'un outil et un
instrument du "Je", et il est loin d'être le "Je" lui-même. Nous allons
essayer de faire ressortir ce fait dans cet enseignement avec les
exercices qui l'accompagnent. Nous éviterons et laisserons de côté
les caractéristiques métaphysiques de cette affaire, et nous nous
limiterons à la Psychologie du yogi. Nous n'aborderons pas les
aspects théoriques, et nous ne tenterons pas d'expliquer la cause, la
nature et l'objectif de l'esprit, qui est l'outil de travail de l'Ego, nous
allons plutôt vous indiquer le moyen d'analyser l'esprit et de
déterminer ensuite ce qui est le "non Je" et ce qui est le "vrai Je". Il
est inutile de vous encombrer de théories ou de discours
métaphysiques, alors que la manière de prouver la chose est à votre
portée. En utilisant votre esprit, vous pourrez en disséquer ses
différentes parties, et le forcer à vous donner sa propre réponse aux
questions qui se posent.

Dans les deuxième et troisième leçons de nos "Quatorze leçons",


nous vous avons indiqué que l'homme avait trois principes mentaux,
ou subdivisions de l'esprit, qui étaient tous en-dessous du plan de
l'esprit. Le "Je" est l'Esprit, mais ses principes mentaux sont d'un
ordre inférieur. Au risque de nous répéter, nous pensons qu'il vaut
mieux se focaliser d'abord sur ces trois niveaux de l'esprit de
l'Homme.

Tout d'abord, il y a ce que l'on appelle l'esprit instinctif, que l'homme


partage en commun avec les animaux inférieurs. C'est le premier
principe de l'esprit qui apparaît dans l'échelle de l'évolution. Dans
ses phases les plus basses, la conscience est à peine perceptible, et
seule apparaît la simple sensation. Dans l'étape la plus élevée, on
atteint presque le plan de la Raison ou de l'Intellect. Dans la réalité,
ces étapes se chevauchent, ou plutôt se fondent l'un dans l'autre.
L'instinct de l'esprit fait un travail précieux dans le sens du maintien
de la vie animale dans notre corps, il a la charge de cette partie
basique de notre être. Il s'occupe du travail constant de réparation,
remplacement, changement, digestion, assimilation, élimination, etc.,
toutes ces tâches étant effectuées en-dessous du plan de la
conscience.

Mais ce n'est là qu'une petite partie du travail de l'esprit instinctif.


Parce que cette partie de notre esprit a emmagasiné toutes nos
propres expériences et toutes celles de nos ancêtres au cours de
l'évolution dans des formes inférieures de vie animale jusqu'au stade
actuel. Tous les anciens instincts animaux (qui étaient parfaitement à
leur place, et tout à fait nécessaires au bien-être des formes
inférieures de vie) ont laissé dans cette partie de l'esprit des traces
qui sont susceptibles de revenir en surface sous la pression des
circonstances, même longtemps après que nous pensions les avoir
dépassées. Dans cette partie de l'esprit, il reste des traces de
l'ancien instinct de combat de l'animal et de toutes les autres
passions animales: la haine, l'envie, la jalousie, et tout le reste qui
forme notre héritage du passé. L'instinct est aussi un "esprit
d'habitude" dans lequel est stocké toutes les petites et grandes
habitudes de nombreuses vies, en tout cas celles qui n'ont pas été
entièrement effacées par des nouvelles habitudes ultérieures plus
solides. L'esprit instinctif est un entrepôt étrange, qui contient une
grande variété d'objets, dont beaucoup sont excellents à leur
manière, mais d'autres sont de la pire espèce des vieux déchets et
des ordures.

Cette partie de l'esprit est aussi le siège des appétits, des passions,
des désirs, des instincts, des sensations, des sentiments et des
émotions d'ordre inférieur, qui se manifestent chez les animaux ou
dans l'homme primitif, dans le barbare et même dans l'homme
d'aujourd'hui, la différence se situant uniquement dans le degré de
contrôle qui a été acquise par la partie supérieure de l'esprit. Il y a
des désirs, des aspirations, etc. plus élevés, qui appartiennent au
niveau supérieur de l'esprit, que nous décrirons dans quelques
minutes, mais la "nature animale" appartient à l'esprit instinctif, ainsi
que les "sentiments" liés à notre nature émotionnelle et passionnelle.
Tous les désirs animaux, tels que faim et soif, les désirs sexuels (sur
le plan physique), toutes les passions, telles que l'amour physique,
la haine, l'envie, la malveillance, la jalousie, la vengeance, etc.,
appartiennent à cette partie de l'esprit. Le désir physique (à moins
qu'il ne s'agisse d'un moyen de parvenir à un sentiment plus élevé)
et le désir des choses matérielles, appartiennent à cette région de
l'esprit. La "convoitise de la chair, la luxure du regard, l'orgueil de la
vie, appartiennent à cet esprit instinctif.
Notez cependant que nous ne condamnons pas ces choses qui
appartiennent à ce niveau de l'esprit. Elles y ont leur place:
beaucoup ont été nécessaires dans le passé, et beaucoup sont
encore nécessaires pour le maintien de la vie. Toutes ont leur place,
y compris celles qui se trouvent dans le domaine particulier du
développement auquel elles appartiennent, et ne deviennent des
erreurs que si l'on est dominé par elles, ou lorsqu'elle ramènent à la
surface quelque chose d'indigne qui avait été précédemment rejetée
par l'individu au cours de son épanouissement. Cette leçon n'a rien à
voir avec le bien et le mal (que nous avons traité par ailleurs) et nous
ne mentionnons cette partie de l'esprit que pour que vous puissiez
comprendre que vous disposez de ce niveau instinctif dans votre
constitution mentale, et pour que vous puissiez comprendre les
pensées et sentiments qu'elles génèrent lorsque nous
commencerons à analyser l'esprit dans la dernière partie de cette
leçon. Tout ce que nous vous demandons à ce stade de la leçon est
de réaliser que cette partie-là de l'esprit, tout en vous appartenant,
n'est pas vous, pas vous-même. Ce n'est pas le "Je" qui vous
constitue.

Ensuite, dans l'ordre, au-dessus de l'esprit instinctif, se trouve ce


que nous avons appelé l'intellect, cette partie de l'esprit qui fait notre
raisonnement, notre analyse et nous permet de "penser", etc. Vous
êtes en train de l'utiliser en suivant cette leçon!

Mais notez ceci: vous l'utilisez, mais ce n'est pas vous, pas plus que
ne l'était l'esprit instinctif que vous avez envisagé il y a un instant.
Vous allez commencer à bien faire la séparation, si vous voulez bien
y réfléchir un instant. Nous ne prendrons pas votre temps avec
quelque considération sur l'intellect ou la raison. Vous trouverez une
bonne description de cette partie de l'esprit dans tout bon document
élémentaire de Psychologie. Notre seule idée en la mentionnant est
que vous puissiez bien faire la distinction, afin de pouvoir vous
montrer par la suite que l'intellect n'est qu'un outil de l'Ego, et non le
vrai "Je" lui-même, comme beaucoup semblent l'imaginer.
Le troisième et le plus élevé des principes mentaux est celui qu'on
appelle le principe spirituel. Le niveau spirituel, cette partie de l'esprit
qui est presque inconnue de la plupart des gens, mais qui est
devenue consciente chez presque tous ceux qui lisent cette leçon
par le simple fait que ce sujet les attire, preuve que cette partie de
leur nature mentale se développe consciemment. Cette région de
l'esprit est la source de ce que nous appelons "génie", "inspiration",
"spiritualité", et tout ce que nous considérons comme le "degré le
plus élevé" de notre constitution mentale. Toutes les grandes
pensées et toutes les grandes idées flottent dans le champ de
conscience de cette partie de l'esprit. Tous les grands
développements de l'espèce humaine viennent de là. Toutes le idées
du plus haut niveau mental qui sont venues à l'homme au cours de
son évolution ascendante, qui tendent dans le sens de la noblesse,
ou vers le vrai sentiment religieux, ou la bonté et l'humanité, la
justice, l'amour désintéressé, la miséricorde, la sympathie, etc., sont
apparues grâce au lent déploiement son esprit spirituel. Son amour
de Dieu et de son prochain sont venus de cette façon. Sa
connaissance des grandes vérités occultes a été atteinte par ce
canal. Sa réalisation mentale du "Je", que nous nous efforçons
d'enseigner dans ce cours, doit lui venir par le déploiement de son
esprit spirituel dans son champ de conscience.

Mais même cette grande et merveilleuse partie de l'esprit n'est qu'un


outil, hautement élaboré, c'est vrai, mais toujours un outil, au service
de l'Ego, du "Je".

Nous vous proposons de faire un petit exercice mental, afin que


vous puissiez être en mesure de distinguer plus facilement le "Je" de
l'esprit ou des états mentaux. A ce propos, nous dirions que chaque
pièce, chaque plan, et chaque fonction de l'esprit est bon et
nécessaire, et l'étudiant ne doit pas tomber dans l'erreur de
supposer que parce que nous lui disons de mettre de côté d'abord
cette partie de l'esprit et ensuite cette autre partie, que nous sous-
estimons l'esprit, ou que nous le considérons comme un obstacle ou
une entrave. Loin de là, nous nous rendons parfaitement compte
que c'est grâce à l'utilisation de l'esprit que l'Homme peut arriver à
une connaissance de sa vraie nature et de son Moi, et que ses
progrès à travers de nombreuses étapes dépendront du déploiement
de ses facultés mentales.

L'homme n'utilise plus que les niveaux inférieurs de son esprit, alors
qu'il a à sa disposition dans son univers mental de grandes régions
inexplorées qui dépassent de loin tout ce dont l'esprit humain a pu
rêver. En fait, c'est une partie de la mission du "Raja Yoga" d'aider
au développement de ces facultés supérieures et de ces régions
mentales. Et loin de décrier l'esprit, les enseignants du "Raja Yoga"
sont éminemment soucieux de valoriser le Pouvoir de l'Esprit et
d'orienter leurs élèves vers une pleine utilisation des possibilités
latentes de ce pouvoir qui fait partie de leur âme.

Ce n'est que par l'esprit que les enseignements que nous vous
donnons maintenant peuvent être compris et utilisés à votre
avantage et à votre profit. A cet instant, nous sommes en train de
nous adresser directement à votre esprit, en lui lançant des appels,
pour qu'il soit intéressé et s'ouvre à ce qui est prêt à y entrer en
descendant des régions supérieures de son propre univers mental.
Nous faisons appel à son intellect pour qu'il dirige son attention sur
cette grande question, afin qu'elle offre moins de résistance aux
vérités qui attendent de lui être projetées par le niveau spirituel de
son esprit qui détient la Vérité.

FORMATION MENTALE.

Installez-vous dans un endroit calme et reposant, afin de pouvoir


méditer sur les questions que nous allons vous soumettre. Soyez
attentifs à ces questions, dans une attitude de disponibilité mentale,
prête à recevoir ce qui vous attend peut-être dans les régions
supérieures de votre esprit.

Nous souhaitons attirer votre attention sur plusieurs de ces


impressions mentales, les unes après les autres, afin que vous
puissiez vous rendre compte qu'elles sont simplement quelque
chose qui vous arrive par hasard, et ce n'est pas VOUS qui pouvez
les mettre de côté et y réfléchir tranquillement, tout comme vous
pourriez le faire avec tout ce que vous avez déjà vécu. Vous ne
pouvez pas mettre le "Je" de côté et l'examiner de loin, tandis que
les formes diverses du "Non Je" peuvent, elles, être mises de côté et
analysées.
Dans la première leçon, vous avez acquis la perception du "Je"
comme une chose indépendante du corps, ce dernier n'étant qu'un
instrument à utiliser. Vous êtes maintenant arrivé au stade où le "Je"
vous apparaît comme une créature mentale, un ensemble de
pensées, de sentiments, d'humeurs, etc. Mais vous devez aller plus
loin. Vous devez être capable de distinguer le "Je" de tout ce qui ne
sont que des outils, comme le corps et ses différents composants.

Commençons par examiner les pensées les plus étroitement liées


au corps, et ensuite avançons vers les états mentaux supérieurs.

Les sensations du corps, telles que la faim, la soif, la douleur, le


plaisir, les désirs physiques, etc., etc. ne risquent plus d'être
confondus avec les qualités essentielles du "Je" par de nombreux
élèves, car ils ont dépassé ce stade, et ont appris par un effort de
volonté et dans une mesure plus ou moins grande, à mettre de côté
ces sensations dont ils ne sont plus les esclaves. Ce n'est pas qu'ils
ne ressentent pas ces sensations, mais ils ont fini par les considérer
comme des incidents de la vie, bien à leur place, utiles à l'homme
avancé seulement quand il les a maîtrisées au point qu'il ne les
considère plus comme rattachées au "Je". Et pourtant, pour
certaines personnes, ces sensations restent si proches et
s'identifient tellement à leur perception du "Je" que lorsqu'ils pensent
à eux-mêmes, ils n'y pensent simplement que comme à un faisceau
de ces sensations. Ils ne sont pas capables de les mettre de côté et
de les considérer comme des choses à part, à n'utiliser que lorsque
c'est nécessaire et approprié, et comme des choses qui ne sont pas
liées au "Je". Plus un homme est avancé, plus ces perceptions lui
semblent lointaines. Ce n'est pas qu'il ne ressente pas la faim, par
exemple. Pas du tout, car il identifie sa faim et la satisfait dans la
limite du raisonnable, sachant que son corps physique demande
qu'on lui prête attention, et que ces demandes doivent être prises en
compte. Mais, remarquez la différence, au lieu de sentir que le "Je" a
faim, l'homme sent que "son corps" a faim, tout comme il pourrait
prendre conscience que son cheval ou son chien réclament avec
insistance d'être nourri. Voyez-vous ce que nous voulons dire ? C'est
que l'homme n'identifie plus le "Je" avec son corps, donc ses
pensées qui sont les plus étroitement liées à sa vie physique lui
apparaissent comme "séparées" de sa conception du "Je". Tel est le
cas de l'homme qui pense "mon ventre, ceci" ou "ma jambe, cela" ou
"mon corps, ainsi", au lieu de "Je," ceci, ou "Je" cela. Il est capable,
presque automatiquement, de considérer son corps et ses
sensations comme des choses qui lui appartiennent et qui
nécessitent de l'attention et des soins, plutôt que comme de
véritables parties du "Je". Il est capable de se faire une idée du "Je"
tel qu'il existe sans aucune de ces choses, sans le corps et ses
sensations. Il a fait le premier pas dans la réalisation du "Je" !

Avant de continuer, arrêtons-nous quelques instants pour écraser


mentalement ces sensations du corps. Formez-vous une image
mentale de celles-ci, et réalisez qu'elles ne sont que des incidents
au stade actuel de la croissance et de l'expérience du "Je", et
qu'elles n'en font pas vraiment partie. Elles peuvent, et seront,
laissés derrière dans le chemin vers le plan supérieur de l'Ego. Vous
avez peut-être déjà parfaitement atteint cette conception mentale
depuis longtemps, mais nous vous demandons de faire cela
maintenant à titre d'exercice mental, afin de bien fixer cette première
étape dans votre esprit. En réalisant que vous êtes capable de
mettre de côté mentalement ces sensations, de les tenir à bout de
bras et d'être capable de les "considérer" comme des choses
"extérieures ", vous déterminez mentalement que ces choses ne
sont pas "Je", et vous les mettez en tête de liste dans votre
collection de sensations "Non Je".
Essayons de rendre cela encore plus simple, au risque de vous
fatiguer par des répétitions (car il faut que cette idée soit fermement
fixé dans votre esprit). Pour pouvoir dire qu'une chose est "Non Je",
vous devez réaliser qu'il y a deux éléments en jeu: (1) le "Non Je" et
(2) le "Je" qui considère le "Non Je" juste comme le "Je" considère
un morceau de sucre ou une montagne. Voyez-vous ce que nous
voulons dire? Restez là-dessus jusqu'à ce que vous puissiez le faire.

Ensuite, considérez certaines émotions, comme la colère, la haine,


l'amour dans sa forme habituelle, la jalousie, l'ambition et les cent et
unes autres émotions qui nous traversent le cerveau. Vous
constaterez que vous êtes capable de mettre de côté chacune de
ces émotions ou sentiments et de les étudier, de les disséquer, de
les analyser, de les examiner. Vous serez en mesure de comprendre
l'irruption, la progression et la fin de chacun de ces sentiments, tels
qu'ils vous sont parvenus, et de quelle façon vous vous en souvenez
dans votre mémoire ou dans votre imagination, tout aussi facilement
que si vous observiez leur apparition dans l'esprit d'un ami. Vous les
trouverez tous stockés dans certaines parties de votre constitution
mentale, et vous pourrez (pour utiliser une expression argotique
américaine moderne) "les faire trotter devant vous pour regarder leur
allure". Ne voyez-vous pas qu'ils ne sont pas "Vous" et qu'ils sont
simplement quelque chose que vous transportez avec vous dans un
sac mental. Pouvez-vous vous imaginer vivre sans eux, et rester
cependant "Je"? Le pouvez-vous?

Et le fait même que vous puissiez les mettre de côté, les examiner et
les considérer est une preuve qu'il s'agit bien de choses "Non Je",
car il y a deux matières en question: (1) Vous, qui les examinez et
les prenez en considération, et (2) la chose elle-même qui est l'objet
de cet examen et d'une considération à distance mentale. Donc,
vous pouvez classer ces émotions désirables et indésirables dans
une collection "Non Je". Complétez votre collection régulièrement et
elle atteindra des proportions assez impressionnantes au bout d'un
certain temps.
N'imaginez pas qu'il s'agisse d'une leçon conçue pour vous
apprendre à vous débarrasser de vos émotions, bien que si cela
vous permettra de vous libérer de sensations indésirables, tant
mieux. Ce n'est pas notre but, car si nous vous proposons de placer
ces sensations désirables (à l'heure actuelle) dans le genre opposé,
l'idée est de vous amener à réaliser que le "Je" est plus élevé et
indépendant de ces sensations, et quand vous aurez bien réalisé la
nature du "Je", vous pourrez y revenir et utiliser (en tant que Maître)
ces sentiments qui vous ont eux-mêmes utilisé d'abord comme un
esclave. N'ayez donc pas peur de jeter ces émotions (bonnes et
mauvaises) dans la collection "Non Je". Vous pourrez ainsi avancer
et utiliser les bons, une fois l'exercice mental terminé. Peu importe
que vous pensiez vous sentir lié par l'une de ces émotions, vous
vous rendrez vite compte par une analyse attentive qu'il s'agit du
"Non Je", car votre "Je" existait bien avant que l'émotion n'entre en
jeu, et il vivra longtemps après que l'émotion se soit dissipée. La
preuve déterminante en est que vous êtes capable de les tenir à
distance et de les examiner: c'est clair qu'il s'agit là du "Non Je".

Passez en revue la liste complète de vos sentiments, émotions,


humeurs, tout comme vous le feriez pour un ami ou un parent, et
vous verrez que chacun d'entre eux, tous, sont des "Non Je", et que
vous pouvez les mettre de côté pour le moment, au moins pour
l'expérience scientifique. En passant ensuite à l'Intellect, vous
pourrez être capable d'examiner chaque processus mental et
chaque principe. Vous n'y croyez pas, direz-vous. Alors, lisez et
étudiez de bons ouvrages de psychologie, et vous apprendrez à
disséquer et à analyser tous ces processus intellectuels, et à classer
chacun dans le bon casier. Étudiez la psychologie au moyen d'un
bon manuel, et vous découvrirez qu'un par un, tous les processus
intellectuels sont classés, décrits et étiquetés, tout comme vous le
feriez pour une collection de fleurs. Si cela ne vous suffit pas,
feuilletez quelque ouvrage sur la Logique, et vous devrez admettre
que vous pouvez tenir ces processus intellectuels à distance et les
examiner, et même les transmettre à d'autres personnes. Ainsi, pour
que ces merveilleux outils de l'homme, les pouvoirs intellectuels,
puissent être placés dans la collection "Non Je", de façon que le "Je"
soit capable de les tenir à distance et les analyser, il faut d'abord les
détacher de soi-même. Le plus remarquable, c'est qu'en admettant
ce fait, vous réalisez que le "Je" utilise ces facultés très
intellectuelles pour se transmettre elles-mêmes. Qui est le Maître qui
oblige ces facultés à se faire cela à elles-mêmes? ? Le maître de
l'esprit, le "Je".

Et en atteignant les régions supérieures de l'esprit, jusqu'au niveau


de la spiritualité, vous serez obligé d'admettre que les pensées qui
sont entrées dans la conscience de cette région peuvent être
analysées et étudiées, tout comme peut l'être n'importe quelle autre
mécanisme mental, et donc même ces contenus d'un niveau élevé
doivent être placés dans la collection "Non Je". Vous pouvez
objecter que cela ne prouve pas que tous les contenus du niveau
spirituel de l'esprit peuvent être traités de la sorte, et qu'il existe
peut-être des composantes du "Je" qui ne peuvent pas être
considérées de cette façon. Nous ne discuterons pas de cette
question, car vous ne savez rien de la spiritualité, sauf qu'elle s'est
révélée à vous, et que les régions supérieures de l'esprit sont
comme l'esprit de Dieu, par rapport à ce que vous appelez l'esprit.
Mais l'évidence fournie par les "Illuminés", ceux en qui la spiritualité
s'est merveilleusement épanouie, nous apprend que même dans les
formes de développement les plus élevées, les Initiés, oui, même les
Maîtres, se rendent compte qu'au-delà même de leur plus haut
niveau mental, il y a toujours ce "Je" éternel qui les couve, comme le
Soleil sur le lac, et que même la plus haute conception du "Je"
reconnue par les âmes les plus avancées, n'est qu'un faible reflet du
"Je" qui filtre du niveau spirituel de l'esprit, bien que ce niveau soit
aussi clair que le cristal le plus transparent par rapport à notre
mental relativement opaque. Et l'état mental le plus élevé n'est
encore qu'un outil ou un instrument du "Je", et n'est pas le "Je" lui-
même.

Et pourtant, le "Je" se situe dans les formes les plus faibles de la


conscience, et anime même la vie inconsciente. Le "Je" est toujours
le même, mais sa croissance apparente est le résultat de l'évolution
mentale de l'individu. Comme nous l'avons décrit dans l'une des
leçons du "Cours Avancé", c'est comme une lampe électrique qui
serait enveloppée de plusieurs couches de tissu. Au fur et à mesure
que l'on retire les tissus, la lumière nous paraît éclairer de mieux en
mieux, et pourtant elle n'a pas changé, le changement que nous
percevons n'étant dû qu'à l'étouffement de la source lumineuse par
une couverture qui a provoqué son obscurcissement. Nous ne nous
attendons pas à ce que vous réalisiez le "Je" dans toute sa
plénitude, c'est bien au-delà du plus haut niveau ce connaissance de
l'homme d'aujourd'hui , mais nous espérons vous amener à prendre
conscience de la conception la plus élevée du "Je", accessible à
chacun d'entre vous dans notre vie présente et, ce faisant, nous
espérons vous avoir fait sortir quelque peu de ce cocon de
confinement que vous avez maintenant à peu près dépassé.

Ce cocon est prêt à être largué, et il suffit de le toucher d'une main


amicale pour le faire tomber en battant des ailes. Nous souhaitons
vous amener à la réalisation la plus complète possible de votre
propre "Je", afin de faire de vous un individu, afin que vous puissiez
bien le comprendre et avoir le courage de prendre en main les outils
et les instruments qui se trouvent à votre portée, et entamer le travail
qui vous attend.

Et maintenant, revenons à l'exercice mental. Après vous être assuré


que tout ce à quoi vous êtes capable de penser est un "Non Je", une
simple chose, un outil et un instrument à votre usage, vous vous
demandez, "Et maintenant, que reste-t-il qui ne doit pas être jeté
dans la collection "Non Je". À cette question, nous répondons "Le Je
lui-même". Et si vous exigez une preuve, nous disons : "Essayez de
mettre le "Je" de côté pour l'analyser !" Vous pourrez essayer dès
maintenant jusqu'à la disparition de l'infini des infinis sans jamais
pouvoir mettre de côté le vrai "Je" pendant que vous l'analysez.
Vous pensez peut-être vous pouvez y arriver mais un peu de
réflexion vous démontrera que vous êtes simplement en train de
mettre de côté certaines de vos qualités ou facultés mentales. Et
pendant ce processus que fait le "Je" ? Il se met simplement de côté
pour analyser la chose. Ne voyez-vous pas que le "Je" ne peut pas
être à la fois celui qui considère les choses et la chose considérée,
la chose considérée et l'examinateur de la chose examinée ? Le
soleil peut-il s'éclairer lui-même de sa propre lumière ? Vous pouvez
considérer le "Je" d'une autre personne, mais c'est votre "Je" qui
l'envisage. Mais vous ne pouvez pas, en tant que "Je", vous mettre à
l'écart et vous considérer comme un "Je". Alors quelle preuve avons-
nous qu'il y a un "Je" pour chacun de nous? Ceci : que vous êtes
toujours conscient d'être l'examinateur et la personne chargée de
l'examen, au lieu de la chose examinée et que vous avez ainsi la
preuve de votre propre conscience. Et quelle information cette
conscience vous donne-t-elle ? Simplement ceci, et rien de plus :
"JE SUIS." C'est tout ce dont le "Je" est conscient, en ce qui
concerne son vrai moi : "JE SUIS", mais cette conscience vaut tout
le reste, car le reste, ce ne sont que des outils du "Non Je" que le
"Je" peut atteindre et utiliser.

Et donc, en dernière analyse, vous constaterez qu'il y a quelque


chose qui refuse d'être mis de côté et examiné par le "Je". Et ce
quelque chose est le "Je" lui-même, ce "Je" éternel, immuable, cette
goutte du Grand Océan des esprits, cette étincelle de la flamme
sacrée.

Tout comme il vous est impossible d'imaginer le "Je" mort, vous


verrez qu'il est impossible de mettre le "Je" de côté pour l'explorer, et
la seule chose qui vous viendra à l'esprit est l'affirmation: "JE SUIS."

Si vous pouviez mettre de côté le "Je" pour l'examiner, qui serait


l'examinateur ? Qui pourrait l'envisager, à part le "Je" lui-même, et le
"Je" ne peut pas être un "Non Je", même dans les envolées les plus
folles de l'imagination. L'imagination avec toutes ses promesses de
liberté et de pouvoir s'avoue vaincue si on lui demande de d'essayer
de faire ça.
Oh, étudiants, puissiez-vous prendre conscience de ce que vous
êtes. Puissiez-vous vous éveiller rapidement en découvrant que
vous êtes des dieux endormis, que vous avez en vous la puissance
de l'Univers, en attendant que votre parole se traduise en actes.
Vous avez travaillé dur pendant longtemps pour arriver jusqu'ici, et
vous devrez encore faire un bout de chemin avant de pouvoir
atteindre le premier grand temple, mais vous êtes maintenant près
d'entrer dans la phase consciente de l'évolution spirituelle. Plus
question que vos yeux soient clos lorsque vous marcherez sur le
Chemin. A partir de maintenant, vous commencerez à voir de plus
en plus clairement chaque étape, dans la lumière naissante de la
conscience.

Vous êtes en contact avec la totalité de la vie, et la séparation de


votre "Je" du grand "Je" universel n'est qu'apparente et temporaire.
Nous vous dirons tout cela dans notre troisième leçon, mais
auparavant vous devez saisir et développer la conscience du "Je" en
vous. Ne passez pas à côté cette étape comme si c'était une
question sans importance. N'écartez pas notre faible explication
comme étant "simplement des mots, des mots, des mots", comme
beaucoup sont enclins à le faire. Nous sommes en train de vous
communiquer une grande vérité. Pourquoi ne pas suivre les
directives de l'esprit qui, même maintenant, à ce moment précis de
votre lecture, vous poussent à marcher dans la Voie de la Réussite?
Considérez avec soin les enseignements de cette leçon, et pratiquez
l'exercice mental jusqu'à ce que votre esprit en ait saisi la pleine
signification, puis laissez-le s'enfoncer dans votre conscience
intérieure. Alors, vous serez prêt pour les prochaines leçons, et les
suivantes.

Pratiquez cet exercice mental jusqu'à ce que vous soyez pleinement


assuré de la réalité du "Je" et de la relativité du "Non "Je" dans votre
esprit. Une fois que vous aurez saisi cette vérité, vous constaterez
que vous pourrez utiliser votre esprit avec beaucoup plus de
puissance et d'efficacité, car vous le considérerez comme votre outil
et votre instrument, adaptés et destinés à répondre à toutes vos
demandes. Vous serez capable de maîtriser vos humeurs et vos
émotions chaque fois que nécessaire, et à vous élever de la position
d'esclave de vos émotions à celle de maître de vos sentiments.

Nos mots vous semblent peut–être pauvres et insuffisants,


comparés à la grandeur de la vérité que nous nous efforçons de
vous transmettre à travers eux. Qui peut trouver les mots parfaits
pour exprimer l'inexprimable ? Tout ce que nous pouvons espérer,
c'est éveiller un vif intérêt et une grande attention de votre part, afin
que vous pratiquiez cet exercice mental pour obtenir la preuve que
votre propre esprit possède la vérité. Pour vous, la vérité n'est pas la
vérité tant que vous ne l'aurez pas éprouvée et qu'il vous sera
démontré qu'on ne peut ni vous la voler, ni vous la contester.

Vous devez réaliser que dans chaque effort mental, vous, le "Je",
êtes derrière tout cela. Vous faites travailler le mental, et il obéit à
votre volonté. Vous êtes le Maître, et non l'esclave de votre esprit.
Vous êtes le conducteur, pas le passager. Secouez-vous pour vous
libérer de la tyrannie de l'esprit qui vous a opprimé depuis tout ce
temps. Affirmez-vous, et soyez libre. Nous vous aiderons à le faire
au cours de ces leçons, mais vous devez d'abord vous affirmer
comme le maître de votre esprit. Signez la Déclaration
d'Indépendance mentale de vos humeurs, de vos émotions et de vos
pensées incontrôlées, et affirmez votre domination sur elles. Entre
dans ton Royaume, toi qui es la manifestation de l'Esprit!

Bien que cette leçon vise principalement à faire entrer clairement


dans votre conscience le fait que le "Je" est une réalité, séparée et
distincte des autres outils mentaux, et bien que le contrôle des
facultés mentales par la Volonté fasse partie de certaines des leçons
à venir, nous pensons que c'est le bon moment pour vous indiquer
les avantages découlant de la réalisation de la vraie nature du "Je"
et de l'aspect relatif de l'esprit.

Beaucoup d'entre nous ont supposé que notre esprit était le maître
de nous-mêmes, et se sont laissé tourmenter et inquiéter par des
pensées du genre "s'enfuir de nous-mêmes" qui se présentaient à
des moments inopportuns. L'Initié, lui, est content d'affronter ces
contrariétés, car il apprend ainsi à affirmer sa maîtrise des
différentes parties de son esprit, et à contrôler et réguler ses
processus mentaux, tout comme on le ferait avec une belle machine.
Il est capable de contrôler ses facultés de pensée conscientes et de
les diriger vers le meilleur de leur travail et il apprend également à
transmettre ses ordres au subconscient et à lui demander de
travailler pour lui pendant son sommeil, ou même pendant qu'il
utilise son esprit conscient dans d'autres domaines. Ces sujets
seront examinées par nous en temps utile, au cours de nos futures
leçons.

À cet égard, il peut être intéressant de lire ce que Edward Carpenter


a dit du pouvoir de l'individu de contrôler ses processus de pensée.
Dans son livre "From Adam's Peak to Eleplumta", décrivant son
expérience lors d'une visite à un Gnani Yogi hindou, il écrit:

"Et si nous ne sommes pas disposés à croire en cette maîtrise


interne du corps, nous sommes peut-être tout aussi peu habitués à
l'idée de la maîtrise de nos propres pensées et sentiments intérieurs.
Qu'un homme soit une proie pour toute pensée qui a l'occasion de
prendre possession de son esprit est communément admise par
nous tous comme inévitable. Il est peut-être regrettable de devoir
rester éveillé toute une nuit dans l'angoisse d'un procès le
lendemain, alors qu'il devrait être possible de déterminer si rester
éveillé ou non semble une demande extravagante. L'image d'une
calamité imminente est sans doute odieuse, mais son caractère
odieux (comme nous le disons) la rend d'autant plus perturbante qu'il
est inutile d'essayer de l'expulser.

"C'est pourtant une position absurde pour l'homme, héritier de toutes


les générations, que cette chevauchée de son propre cerveau,
accablé par des si fragiles créatures. Si un caillou dans notre botte
nous tourmente, nous l'expulsons. Nous enlevons la botte et nous la
secouons. Une fois cela bien compris, il est tout aussi facile
d'expulser une pensée intrusive et odieuse de l'esprit. À ce sujet, ne
vous y trompez pas, il n'y a pas deux opinions. La chose est
évidente, claire et sans équivoque. Il devrait être aussi facile
d'expulser une pensée désagréable de votre esprit que de secouer
une pierre de votre chaussure et jusqu'à ce que l'homme puisse faire
cela, il est tout simplement absurde de parler de son ascendant sur
la Nature, et tout le reste. Il n'est qu'un simple esclave, et la proie
des chauves-souris et des fantômes qui volent dans les couloirs de
son propre cerveau.

"Pourtant, les visages fatigués et usés par les soucis que nous
rencontrons par milliers, même parmi les classes aisées de la
société, ne témoignent que trop clairement de la rareté avec laquelle
cette maîtrise est obtenue. Comme il est rare de rencontrer un
homme ! Comme il est fréquent plutôt de découvrir une créature
poursuivie par des pensées tyranniques (ou des désirs), se
recroquevillant, grimaçant sous le lasso, ou peut-être
s'enorgueillissant de courir joyeusement en obéissant à un
conducteur qui fait claquer les rênes et le persuade qu'il est libre,
mais avec lequel il ne peut pas converser négligemment en tête-à-
tête, parce que cette présence étrangère est toujours là, aux aguets.
"C'est l'une des prescriptions les plus importantes du Raja Yoga qu'il
faut atteindre, ce pouvoir d'expulser ses pensées, et le cas échéant,
les tuer sur place. Naturellement, cet art exige de la pratique, mais
comme tous les autres arts, une fois acquis, il n'y a plus ni mystère
ni difficulté. Et il vaut largement la peine d'être pratiqué. On peut en
effet dire à juste titre que la vie ne commence que lorsque cet art a
été acquis. Car évidemment, quand au lieu que tout ce troupeau
dans son immense multitude soit régi par les pensées individuelles,
en utilisant la large capacité qui est la nôtre ("car Il fait des vents ses
messagers et des flammes son ministre") à diriger, expédier et
utiliser là où c'est nécessaire, la vie deviendrait quelque chose de si
vaste et si grandiose par rapport à ce qu'elle était auparavant qu'elle
nous apparaitrait presque "prénatale"
"Si vous pouvez tuer une pensée, dans l'instant présent, vous
pouvez en faire tout ce qu'il vous plaira. Et c'est donc ici que ce
pouvoir est tellement précieux. Et il ne libère pas seulement un
homme du tourment mental (qui représente les neuf dixièmes au
moins du tourment de la vie), mais cela lui confère un pouvoir
concentré de manipulation du travail mental absolument inconnu de
lui auparavant. Les deux choses sont liées l'une à l'autre. Comme
nous l'avons déjà dit, c'est l'un des principes du Raja Yoga

"Au travail, votre pensée doit être absolument concentrée sur elle-
même, sans se laisser distraire par quoi que ce soit d'étranger à ce
que vous êtes en train de faire; comme un grand moteur, doté d'une
puissance géante et d'une économie parfaite, ne subissant ni usure
de frottement ni dislocation de ses pièces sous l'effet des forces en
mouvement. Ensuite, lorsque le travail est fini, et qu'il n'y a plus
besoin d'utiliser la machine, elle doit s'arrêter également,
absolument, s'arrêter complètement, sans nécessité de la surveiller
(comme si une bande de garçons risquait de se livrer à leurs
diableries sur une locomotive dès qu'elle est dans son hangar),
tandis que l'homme doit se retirer dans cette région de sa
conscience où réside son vrai moi. "Je dis que la puissance de la
machine à penser elle-même est considérablement accrue par cette
faculté de la laisser seule d'une part, et de l'utiliser individuellement
en se concentrant, d'autre part. Elle devient un véritable outil, qu'un
maître-ouvrier pose quand il a fini, mais que seul un maladroit porte
avec lui en permanence pour montrer qu'il en est le possesseur".

Nous demandons aux élèves de lire attentivement les citations ci-


dessus tirées du livre de M. Carpenter, car elles sont pleines de
suggestions qui peuvent avantageusement inspirer ceux qui veulent
s'émanciper de leur esclavage d'un esprit non maîtrisé pour le
mettre désormais sous le contrôle de l'Ego, par le biais de la
Volonté.

Notre prochaine leçon abordera le sujet de la relation du "Je "au "Je


Universel", qui sera appelé "expansion du moi". Elle abordera le
sujet, non pas d'un point de vue théorique, mais de la position de
l'enseignant qui s'efforce de rendre ses élèves réellement conscients
intérieurement de la vérité de cette proposition.

Dans ce cours, nous n'essayons pas de faire ressembler nos


étudiants aux anciens maîtres de la théorie, mais nous nous
efforçons de les amener à une position d'où ils pourront connaître
par eux-mêmes et expérimenter réellement ce que nous leur
enseignons.

C'est pourquoi nous vous demandons de ne pas vous contenter de


lire cette leçon, mais au contraire de l'étudier et de méditer sur les
enseignements proposés dans la rubrique "Exercice mental", jusqu'à
ce que les distinctions apparaissent clairement dans votre esprit, et
jusqu'à ce que vous n'en restiez pas seulement au stade de croire
qu'elles sont vraies, mais que vous deveniez totalement conscients
du "Je" et de ses outils mentaux. Armez-vous de patience et de
persévérance. La tâche peut être difficile, mais la récompense est
géniale. Prendre conscience de la grandeur, de la majesté, de la
force et de la puissance de votre être réel vaut des années d'étude
approfondie, ne pensez-vous pas? Alors, étudiez et pratiquez avec
espoir, diligence et sérieux.

MANTRA (AFFIRMATIONS) POUR LA DEUXIÈME LEÇON.


"Je" suis une entité, mon esprit est mon instrument d'expression.
"Je" existe indépendamment de mon esprit, et n'en dépend pas pour
exister.
"Je" suis le maître de mon esprit, pas son esclave.

"Je" peux mettre de côté mes sensations, mes émotions, mes


passions, mes désirs, mes facultés intellectuelles, et tout le reste de
ma collection mentale d'outils, comme des choses "Non Je" et ce qui
est mon "Je", qui ne peut être mis de côté par moi, car c'est mon
moi, mon seul moi, mon vrai moi... "Je".
Ce qui reste après que tout cela ait été mis de côté, est le "Je" , Moi-
Même, éternel, constant, immuable.
[Illustration : "Je suis"]
LEÇON III. EXPANSION DU MOI.
Dans les deux premières leçons de ce cours, nous nous sommes
efforcés d'apporter au candidat une prise de conscience de la réalité
du "Je" et de lui permettre de distinguer le "Je" de ses enveloppes
physiques et mentales. Dans la présente leçon, nous attirerons son
attention sur la relation du "Je" avec le "Je" universel, et nous nous
efforcerons de lui donner une idée d'un "Je" plus grand, plus
grandiose, transcendant sa personnalité à une autre niveau que le
petit "je" que nous sommes si facilement enclins à considérer
comme le "Je".

Le thème central de cette leçon sera "L'unité de tout", et tous ses


enseignements seront orientés vers l'éveil d'une prise de conscience
de cette grande vérité. Mais nous voulons faire comprendre au
candidat que nous n'allons pas lui apprendre qu'il est l'Absolu. Nous
ne sommes pas en train d'enseigner la croyance de "Je suis Dieu",
que nous considérons comme erronée et trompeuse, et qui n'est
qu'une perversion des enseignements originaux du Yogi. Cette
fausse vérité a pris possession de beaucoup d'enseignants et de
fidèles hindous, avec l'enseignement du "Maya" ou l'illusion
complète d'une non-existence de l'Univers, qui a réduit des millions
de personnes à un état mental passif et négatif qui retarde sans
aucun doute leur progrès. Cela n'est pas seulement vrai en Inde, car
les mêmes faits ont pu être observés chez les élèves des
enseignants occidentaux qui ont adopté cet aspect négatif de la
philosophie orientale. De telles personnes confondent les aspects
"absolus" et "relatifs" de l'Unique, et, ne pouvant réconcilier les faits
de la vie et de l'univers avec leurs théories du "Je suis Dieu", ils sont
poussés jusqu'à l'expédient désespéré de nier hardiment l'Univers,
et de déclarer que tout cela n'est "qu'une illusion" ou "Maya".

Vous n'aurez aucun mal à repérer les élèves qui suivent les
enseignants de cette vision. Vous constaterez qu'ils sont dans la
condition mentale la plus négative, résultat normal de la croyance en
cette suggestion constante de ce "néant", l'évangile de la négation.
En contraste marqué avec l'état mental des élèves, on ne peut
cependant manquer de remarquer l'attitude mentale observée chez
les enseignants, qui sont, eux, presque tous des exemples de
vitalité, de positivité, et de force mentale, capables de projeter leur
enseignement dans l'esprit des élèves et de proférer leurs
déclarations avec toute la force d'une volonté éveillée. En règle
générale, ces professeurs ont éveillé leur sens de la conscience du
"Je" et vraiment développé la même chose par leur attitude "Je suis
Dieu", car en prenant cette attitude mentale, ils sont capables de se
débarrasser de l'influence des enveloppes des principes mentaux
inférieurs, et la lumière du "Je" se manifeste avec férocité et force,
parfois à un tel point qu'elle peut brûler fortement la mentalité d'un
élève moins avancé. Mais, malgré cette conscience du "Je" éveillé,
le professeur est handicapé par sa méconnaissance intellectuelle et
sa métaphysique embrouillée, qui le rend incapable de transmettre
la conscience du "Je" à ses élèves, et au lieu de les élever pour
qu'ils brillent avec autant de splendeur que lui, il les oblige à rester
dans le noir à cause de ses enseignement.

Nos étudiants, bien entendu, comprendront que ce qui précède n'est


pas écrit dans l'esprit d'une critique caricaturale ou d'une recherche
de coupables. Ce n'est pas notre état d'esprit et ne pourrions pas le
faire tout en restant fidèles à notre conception de la vérité. Nous
mentionnons ces questions simplement pour que l'étudiant puisse
éviter ce piège du "Je suis Dieu" qui attend le candidat juste au
moment où il entame le Chemin. Ce ne serait pas une affaire aussi
grave si elle était simplement une question de métaphysique
défectueuse, car elle pourrait être corrigée à temps. Mais c'est bien
plus grave que cela, car cet enseignement conduit inévitablement à
l'enseignement connexe selon lequel tout est Illusion et que la vie
n'est qu'un rêve, un piège, un mensonge, un cauchemar; que le
voyage le long du Chemin n'est qu'une illusion ; que tout est "rien";
qu'il n'y a pas d'âme; que Tu es Dieu déguisé et qu'il se trompe lui-
même en faisant croire qu'il est toi; que la vie n'est qu'une
mascarade divine ou un tour de passe-passe; que Vous êtes Dieu,
mais que Vous (Dieu), vous vous trompez vous-même (Dieu) pour
vous amuser. N'est-ce pas horrible ? Et pourtant, cela montre
jusqu'à quel point l'esprit humain peut aller avant d'abandonner une
théorie métaphysique qui l'a hypnotisé. Pensez-vous que nous en
avons noirci l'image? Lisez certains des enseignements de ces
écoles de la Philosophie Orientale, ou écoutez certains des
professeurs occidentaux les plus radicaux prêchant cette
philosophie. La majorité de ces derniers n'ont pas le courage des
enseignants hindous de pousser leurs théories jusqu'à leur
conclusion logique et, par conséquent, ils voilent leurs
enseignements derrière une grande subtilité métaphysique. Mais
certains sont plus courageux, et de révèlent au grand jour et
prêchent leur doctrine dans son intégralité.

Certains de professeurs occidentaux modernes de cette philosophie


expliquent les choses en disant que "Dieu se fait passer pour
différentes formes de vie, notamment l'homme, afin de pouvoir
acquérir l'expérience qui en résultera, car bien qu'il possède une
sagesse et une connaissance infinies et absolues, il lui manque
l'expérience vécue qui ne vient que de la vie réelle des humbles, et
c'est donc pourquoi il descend en l'homme pour en retirer
l'expérience de la vie". Pouvez-vous imaginer l'Absolu, qui possède
tous les possibles de la connaissance et de la sagesse, ressentant
le besoin d'une telle "expérience" mesquine, vouloir vivre la vie des
formes de vie les plus humbles (y compris l'Homme) afin de "gagner
en expérience?". A quelles profondeurs ces vaines théories de
l'Homme nous entraînent-elles? Un autre grand maître occidental,
qui a emmagasiné l'enseignement de certaines branches de la
philosophie orientale, et qui possède le courage de ses convictions,
annonce avec audace que "Vous êtes vous-même la totalité de
l'être, et avec votre seul esprit capable de créer, préserver et détruire
l'univers, qui est votre propre produit mental". Et ce dernier
professeur, ci-dessus mentionné, déclare encore : "l'univers entier
est une illustration "bagatelle" de votre propre pouvoir créatif, que
vous exhibez maintenant pour votre propre examen". "A ses fruits,
vous reconnaîtrez l'arbre" est une règle sûre qui s'applique à tous les
enseignements. La philosophie qui enseigne que l'Univers est une
illusion perpétrée par vous (Dieu) pour vous amuser, vous divertir ou
vous duper vous-même (Dieu), ne peut avoir qu'un seul résultat, et
c'est la conclusion que "tout n'est rien", et il suffit de vous asseoir,
croiser les mains et profiter de l'exposition divine du tour de passe-
passe que vous accomplissez pour votre propre divertissement, et
ensuite, lorsque le spectacle est terminé, de revenir à votre état de
divinité consciente et vous rappeler en souriant les agréables
souvenirs du "spectacle de magie" que vous avez créé pour vous
tromper vous-même pendant plusieurs milliards d'années. C'est à
quoi cela aboutit, et il en résulte que ceux qui acceptent cette
philosophie, imposée par des enseignants autoritaires, tout en
sachant dans leur cœur qu'ils ne sont pas Dieu, mais acceptent de
croire ces suggestions du "néant", finissent par être poussés dans
un état d'apathie et de négativité mentale, l'âme s'enfonçant dans
une stupeur dont il ne peuvent se réveiller avant longtemps.

Nous souhaitons que vous ne confondiez pas notre enseignement


avec ce qui vient d'être mentionné. Nous souhaitons vous apprendre
que vous êtes un véritable être, non pas Dieu lui-même, mais une
manifestation de Celui qui est l'Absolu. Vous êtes un enfant de
l'Absolu, ou si vous préférez le terme, en possession de l'Héritage
divin, et votre mission est de déployer les qualités qui sont l'héritage
de votre géniteur divin. Ne faites pas la grande erreur de confondre
le Relatif avec l'Absolu. Evitez cet écueil dans lequel tant de
personnes sont tombées. Faites en sorte de ne pas tomber dans le
"marécage du découragement" et de vous vautrer dans la boue du
"néant", en ne voyant la réalité qu'à travers la personne d'un
professeur énergique qui prend la place de l'Absolu dans votre
esprit. Relevez plutôt la tête et affirmez votre Parenté Divine, et votre
Héritage de l'Absolu, et avancez-vous hardiment sur le Chemin, en
affirmant le "Je".

(Nous devons renvoyer le Candidat à notre "Cours avancé", vers


nos enseignements concernant l'Absolu et le Relatif. Les trois
dernières leçons de ce cours lui apporteront un éclairage sur ce que
nous venons de dire. Répéter cet enseignement ici empiéterait sur
l'espace réservé à la leçon suivante).
Et pourtant, si le "je" n'est pas Dieu, l'Absolu, il est infiniment plus
grand que ce que nous avons imaginé avant que la lumière ne nous
parvienne. Il s'étend bien au-delà de ce que nous avions conçu
comme étant ses limites. Il touche l'Univers en tous ses points, et il
est dans l'union la plus étroite avec la Vie Totale. Il est au plus près
de tout ce qui émane de l'Absolu, tout le monde de la Relativité. Et
tandis qu'il fait face à l'Univers Relatif, il a ses racines dans l'Absolu
et y puise sa nourriture, tout comme l'enfant dans le ventre de sa
mère reçoit d'elle sa nourriture. En réalité, c'est une manifestation de
Dieu, et l'essence même de Dieu est en lui. C'est certainement une
affirmation presque aussi "élevée" que le "Je suis Dieu" des
professeurs que nous venons de mentionner, et pourtant, c'est très
différent. Examinons l'enseignement en détail dans cette leçon, et
dans certaines parties de celles qui suivent.

Commençons par examiner les instruments de l'Ego, et le matériel


avec lequel et à travers lequel l'Ego travaille. Réalisons que le corps
physique de l'homme est identique en substance à toutes les autres
formes de la matière, et que ses atomes changent et sont
continuellement remplacés, sa substance étant extraite d'un grand
entrepôt de matière, et qu'il y a une unité de la matière qui sous-tend
toutes les apparences différentes de la forme et du fond. Et puis,
réalisons que l'énergie vitale ou "Prana" que l'homme utilise dans sa
vie n'est qu'une partie de cette grande énergie universelle qui
imprègne tout et partout, et que la portion qui doit être utilisé par
nous à un moment donné est tirée de l'universel pour s'évanouir à
nouveau dans le grand océan de la force et de l'énergie. Et puis
réalisons que même l'esprit, qui est si proche du vrai "Je" qu'on le
confond souvent avec lui, même cette chose merveilleuse qu'est la
pensée n'est qu'une partie de l'esprit universel, la plus haute
émanation de l'Absolu sous le plan de l'Esprit, et que l'Esprit-
substance ou "Chitta" que nous utilisons en ce moment n'est pas la
nôtre séparément et distinctement, mais n'est qu'une partie de la
grande offre universelle, qui est constante et immuable. Réalisons
alors que même ce que nous ressentons en nous, qui est si
étroitement lié à l'Esprit qu'il nous semble quasi inséparable de lui, et
que nous appelons La vie n'est qu'une partie de ce grand principe de
vie qui imprègne l'Univers, et qui ne peut être ni ajouté ni soustrait.
Lorsque nous aurons réalisé ces choses, et commencé à ressentir
notre relation (dans ces détails) à la Grande Émanation de l'Absolu,
alors nous pourrons commencer à saisir l'idée de l'Unicité de l'Esprit,
et la relation du "Je" à tous les autres "Je", et la fusion du Moi en un
seul grand Moi, qui n'est pas l'extinction de l'individualité, comme
certains l'ont supposée, mais l'élargissement et l'extension de la
conscience de l'Individu jusqu'à ce qu'elle forme un Tout.

Dans les leçons X et XI du "Cours avancé", nous avons attiré votre


attention sur les enseignements du Yogi concernant "Akasa", ou la
matière, et nous vous avons montré que toutes les formes de ce que
nous connaissons sous le nom de matière ne sont que différentes
manifestations du principe appelé "Akasa", ou comme l'appellent les
scientifiques occidentaux, "Ether". Cet éther ou "Akasa" est la plus
fine, la plus mince et la plus ténue des forme de la matière, il s'agit
en fait de la matière dans sa forme ultime ou fondamentale, les
différentes formes de ce que nous appelons l'être-matière n'étant
que des manifestations de cet Akasa ou éther, la différence
apparente résultant des différences des taux de vibration, etc. Nous
mentionnons ce fait ici uniquement pour représenter clairement à
votre esprit le fait de l'Universalité de la Matière, et qu'à partir de là,
vous puissiez vous rendre compte que chaque particule de votre
corps n'est qu'une partie de ce grand principe de l'Univers, tout droit
sorti de grand entrepôt, et prêt d'y revenir bientôt, car les atomes du
corps sont en constante évolution. Ce qui apparaît comme votre
chair peut avoir fait partie d'une plante quelques jours auparavant et
peut devenir une partie d'un autre être vivant dans quelques jours.
Ce changement constant fait que ce qui est à vous aujourd'hui était
à quelqu'un d'autre hier, et sera à un autre encore demain. Vous ne
possédez pas un seul atome de matière personnellement, tout cela
fait partie de
l'approvisionnement commun, du flux qui coule à travers vous et à
travers toute la vie, pour toujours.
Et c'est donc avec cette énergie vitale que vous vivez chaque instant
de votre vie. Vous faites constamment appel à la grande réserve
universelle de Prana, dont vous utilisez ce qui vous est donné, et
laissez la force se transmettre et prendre une autre forme. Elle est la
propriété de tous, et tout ce que vous pouvez faire, c'est d'utiliser ce
dont vous avez besoin, et de le laisser passer. Il n'y a qu'une seule
force ou énergie, et elle se retrouve partout et à tout moment.

Et même le grand principe, l'esprit-substance, est soumis à la même


loi. Il est difficile pour nous de le comprendre. Nous sommes
tellement enclins à penser à nos opérations mentales comme si elles
étaient les nôtres, comme quelque chose qui nous appartient
personnellement, qu'il nous est difficile de réaliser que l'esprit-
substance est un principe universel tout comme la matière ou
l'énergie, et que nous ne faisons que puiser dans
l'approvisionnement universel pour nos opérations mentales. Et plus
encore, cette portion particulière de substance mentale que nous
utilisons, bien que n'étant séparé de la substance de l'esprit utilisée
par d'autres individus que par une fine paroi de la matière la plus
fine, est vraiment en contact avec les autres esprits apparemment
séparés, et avec l'Esprit Universel dont il fait partie. Tout comme la
Matière dont notre corps physique est composée est vraiment en
contact avec toute la Matière, et tout comme la Force vitale que
nous utilisons est vraiment en contact avec toute l'énergie, il en va
de même pour notre substance mentale réellement en contact avec
toute la substance de l'esprit. C'est comme si l'Ego dans sa
progression se déplaçait à travers de grands océans de matière,
d'énergie ou de substance spirituelle, en utilisant juste ce dont il a
besoin et qu'il trouve immédiatement autour de lui, et puis les laisse
derrière lui au fur et à mesure qu'il avance dans l'infini volume de
l'océan. Cette illustration est maladroite, mais elle peut vous faire
prendre conscience que l'Ego est la seule chose qui est vraiment
Vôtre, immuable et inaltérable, et que tout le reste n'est que la partie
de l'offre universelle que vous utilisez pour les besoins du moment. Il
peut également apporter plus de clarté à votre vision de la grande
Unité des choses pour vous permettre de voir les choses comme un
Tout, plutôt que comme des parties séparées. Souvenez-vous, vous,
le "Je", vous êtes l'unique chose réelle dans ce qui vous entoure,
tout cela en permanence, et la matière, la force et même la
substance mentale ne sont que vos instruments d'utilisation et
d'expression. Il y a de grands océans qui entourent le "Je" car il se
déplace.

Il est bon que vous gardiez aussi à l'esprit l'universalité de la vie.


Tout l'Univers est vivant, il vibre et palpite de vie et d'énergie et de
mouvement. Il n'y a rien de mort dans l'Univers. La vie est partout, et
toujours accompagné d'information. Il n'existe rien qui ressemble à
un Univers inintelligent mort. Au lieu d'être des atomes de Vie flottant
dans une mer de mort, nous sommes des atomes de Vie entourés
d'un océan de Vie, palpitant, et chaque atome de ce que nous
appelons la matière est vivant. Il possède l'énergie ou la force, et est
toujours accompagnée d'intelligence et de vie. Regardez autour de
vous comme nous le ferions avec le monde animal et le monde
végétal, et oui, même dans le monde des minéraux, nous voyons la
vie, la vie, la vie, tout est vivant et doté d'une intelligence. Lorsque
nous deviendrons capables d'intégrer cette conception dans le
domaine de la conscience réelle; lorsque nous ne nous contenterons
pas seulement d'accepter intellectuellement ce fait, mais que nous
irons encore plus loin et ressentirons consciemment cette Vie
Universelle; alors nous serons bien sur la voie de l'aboutissement à
la Conscience Cosmique.

Mais toutes ces choses ne sont que des étapes conduisant à la


réalisation par l'Individu de l'Unité dans l'Esprit. Progressivement, il
lui faut prendre conscience qu'il y a unité dans la manifestation de
l'Esprit de l'Absolu, unité avec lui-même, et Union avec l'Absolu.
Toute cette manifestation de l'Esprit de la part de l'Absolu, tout cet
engendrement d'enfants divins, est de la nature d'un seul acte plutôt
que d'une série d'actes, pour autant qu'il soit possible de parler de la
manifestation comme d'un "acte". Chaque Ego est un centre de
conscience dans ce grand océan d'Esprit, chacun est un Soi réel
apparemment séparé des autres et de sa source, et cette séparation
est apparente dans deux cas, car c'est le lien le plus étroit d'union
entre les Ego de l'Univers des Univers, chacun étant imbriqué dans
l'autre par le lien le plus étroit, et chacun étant toujours rattaché à
l'Absolu par des filaments spirituels, si l'on peut utiliser ce terme.
Avec le temps, nous devons prendre davantage conscience de cette
relation mutuelle, comme le sont les enveloppes mises de côté, et à
la fin nous retournerons dans l'Absolu... Il faut retourner à la maison
du Père.

Il est de la plus haute importance pour l'âme en développement de


se déployer en réalisant cette relation et cette unité, une fois cette
conception pleinement établie, l'âme est capable de s'élever au-
dessus de certains niveaux inférieurs et est libre d'appliquer
certaines lois qui retiennent les âmes sous-développées. C'est
pourquoi les professeurs du Yogi orientent constamment les
candidats vers cet objectif. D'abord par une voie, puis par une autre,
en leur laissant voir différents aperçus de l'objectif, jusqu'à ce que
finalement l'élève trouve un chemin adapté à sa démarche et se
déplace directement vers son objectif, en rejetant les liens qui
l'étouffaient de manière si irritante qu'il pleure de joie en découvrant
sa nouvelle liberté.

Les exercices qui suivent et le "drill" mental propose sont destinés à


aider le candidat dans son travail d'évolution vers l'épanouissement
de sa relation avec l'ensemble de la vie et de l'être.

FORMATION MENTALE.

(1) Relisez ce que nous avons dit dans le "Cours avancé"


concernant le principe connu sous le nom de Matière. Réalisez que
toute matière est une, que la véritable substance sous-jacente de la
matière est "Akasa" ou l'éther, et que la totalité des différentes
formes qui apparaissent à nos sens ne sont que des modifications et
des formes plus grossières de ce principe sous-jacent. Réalisez que
par des procédés chimiques connus, toutes les formes de matière
que nous connaissons, ou plutôt toutes les combinaisons
aboutissant à ces "formes", peuvent être réduites à leurs éléments
originaux, et que ces éléments sont simplement "Akasa" à différents
états de vibration. Que l'idée de l'Unicité de l'univers visible
s'enfonce profondément dans votre esprit, jusqu'à ce qu'il s'y fixe.
Remplacez la conception erronée de la diversité du monde matériel
par la conscience de l'Unicité Finale en dépit de l'apparence de
variété et de multiplicité des formes. Vous devez progresser pour
voir derrière le monde des formes de la Matière, et apercevoir que le
grand principe de la Matière (Akasa ou Ether) cache derrière, à
l'intérieur et en dessous de tout cela. Vous devez évoluer pour le
sentir autant que le comprendre intellectuellement.

(2) Méditez sur les dernières vérités citées, puis poursuivez votre
réflexion encore plus loin. Lisez ce que nous avons dit dans le
"Cours avancé" (Leçon XI) sur la dernière analyse de la matière
montrant qu'elle s'est évanouie dans la force ou dans l'énergie
jusqu'à ce que la ligne de démarcation disparaisse et que la matière
se fusionne avec l'énergie ou la Force, en montrant que les deux ne
sont qu'une seule et même chose, la Matière étant une forme plus
brute d'énergie ou de force. Cette idée devrait s'imposer à votre
entendement pour que l'édifice complet de la Connaissance de
l'Unité soit complet dans toutes ses parties.

(3) Lisez ensuite dans les "Leçons avancées" sur l'Énergie ou la


Force dans l'Unité qui sous-tend ses diverses manifestations.
Considérez comment une forme d'Énergie peut être transformée en
une autre, et ainsi de suite de manière circulaire, le principe unique
qui produit toute la chaîne des apparences. Réalisez que l'Énergie
en vous par laquelle vous vous déplacez et agissez n'est qu'une des
formes de ce grand Principe de l'Énergie dont l'Univers est rempli
pour que vous pouvez y puiser celle qui vous est nécessaire dans le
grand réservoir d'approvisionnement. Mais surtout, efforcez-vous de
saisir l'idée de l'Unité qui imprègne le monde de l'Énergie ou de la
Force, ou du Mouvement. Voyez-le dans son intégralité, plutôt que
dans son apparente dispersion. Ces étapes peuvent sembler
quelque peu fastidieuses et inutiles, mais croyez-nous, elles sont
toutes utiles pour permettre à l'esprit de saisir l'idée de l'Unité du
Tout. Chaque étape est importante, et rend la suivante plus facile à
atteindre. Dans cet exercice mental, il sera bon de se représenter
mentalement l'Univers comme un mouvement perpétuel, tout est en
mouvement, toute la matière est en mouvement en changeant
continuellement de forme, et en rendant compte de l'Énergie qu'elle
contient. Les soleils et les mondes se précipitent dans l'espace et
leurs particules sont en constante évolution et en mouvement
permanent. La composition et la décomposition chimique sont
constantes et incessantes. Partout, le travail de construction et de
démantèlement se poursuit. De nouvelles combinaisons d'atomes et
de mondes se forment en permanence et se dissolvent. Et après
avoir considéré cette Unicité du principe de l'Énergie, reflétant le fait
qu'à travers tous ces changements de forme, l'Ego, le réel "Je", vous
restez inchangé et indemne, éternel, invincible, indestructible,
invulnérable, réel et constant parmi ce monde changeant des formes
et de la force. Vous êtes au-dessus de tout, et tout le reste tourne
autour et à travers vous, Esprit.

(4) Lisez ce que nous avons dit dans le "Cours avancé" sur la Force
ou l'Énergie, abritant la substance de l'esprit, qui est son parent.
Réalisez que l'esprit est de retour dans cette grande démonstration
de l'Energie et de la Force que vous avez étudiée. Alors vous serez
prêt à envisager l'unicité de l'esprit.

(5) Lisez ce que nous avons dit dans les "Leçons avancées" sur la
substance de l'esprit. Réalisez qu'il existe un grand monde de
substances de l'esprit, ou un Esprit Universel, qui est à la disposition
de l'Ego. Toute Pensée est le produit de l'emploi par l'Ego de cette
substance mentale, en tant qu'outil et en tant qu'instrument. Réalisez
que cet Océan de l'esprit est total et complet, et que l'Ego peut y
puiser librement. Réalisez que vous avez ce grand océan de l'esprit
sous vos ordres, lorsque vous vous serez suffisamment développé
pour l'exploiter. Réalisez que l'esprit est de retour sous la totalité du
monde des formes, des noms et de l'action, et que dans ce sens :
"Tout est esprit" à un niveau bien plus élevé encore dans l'échelle
que la réalité que l'Esprit est vous, le vrai moi, l'Ego, la Manifestation
de l'Absolu.

(6) Réalisez votre identité et votre connexion avec l'ensemble de la


vie. Regardez autour de vous la vie sous toutes ses formes, de la
plus basse à la plus haute, toutes étalant ce grand principe de la Vie
en action le long des différentes étapes du Chemin. Ne méprisez
pas les formes les plus humbles, mais regardez derrière l'apparence
formelle pour découvrir la vie réelle. Sentez-vous une partie de la
grande Vie Universelle. Laissez votre pensée s'enfoncer dans les
profondeurs de l'océan, et réalisez votre affinité avec la Vie cachée
derrière les formes qui l'habitent. Ne confondez pas les formes
(souvent hideuses de votre point de vue personnel) avec le principe
qui les sous-tend. Regardez la vie végétale, la vie animale, en
cherchant à voir la vie réelle derrière le voile de la forme. Apprenez à
sentir votre vie palpitante et le principe de la vie sous d'autres
formes, et sous les formes de ceux de votre propre espèce.
Regardez le ciel étoilé et voyez là des soleils et des mondes
nombreux, tous peuplés de vie sous des myriades de formes
différentes, et ressentez votre affinité avec elles. Si vous pouvez
saisir cette pensée consciente, vous vous retrouverez en face de ce
tourbillon et, au lieu de vous sentir petit et insignifiant par
comparaison, vous deviendrez conscient d'une expansion de votre
"Je" jusqu'à pouvoir ressentir que ces mondes circulaires font partie
de vous-même; que vous en faites partie rien qu'en vous tenant sur
la Terre; que vous êtes apparenté à toutes les parties de l'univers,
non, même plus, qu'ils sont autant votre maison que l'endroit où
vous vous tenez. Vous constaterez qu'il règne en vous un sentiment
de la conscience que l'Univers est votre maison, et non pas
seulement une partie de celle-ci, comme vous l'auriez cru
auparavant. Vous éprouverez un sentiment de grandeur, d'ampleur
et de profondeur tels que vous n'en avez jamais rêvé. Vous allez
commencer à réaliser au moins une partie de votre héritage divin, en
apprenant en effet que vous êtes un enfant de l'Infini, et que
l'essence même de votre Divin Parent circule dans les fibres de
votre être. Dans ce moment d'épanouissement de vous-même, vous
devenez conscient de ce qui attend votre âme dans son
cheminement ascendant, et combien les plus grandes récompenses
que la Terre peut offrir sont petites par rapport à toutes ces
splendeurs qui s'offrent à votre âme, lorsque vous les contemplez
par les yeux de l'esprit spirituel dans un moment de claire vision.

Vous ne devez pas contester ces visions de la grandeur de l'âme,


mais vous devez les recevoir avec gratitude, car elles sont les
vôtres, venant des régions de spiritualité qui se développe dans
votre conscience.

(7) L'étape la plus élevée de cette prise de conscience de l'Unicité


du Tout est celle où l'on se rend compte qu'il n'y a qu'une seule
réalité, et en même temps que le sens de la conscience est que le
"Je" est dans cette Réalité. Il est très difficile d'exprimer cette pensée
par des mots car c'est quelque chose qui doit être ressenti, plutôt
que vue par l'intellect. Quand l'âme réalise que l'Esprit qui est en lui
est en dernier ressort la seule partie réelle de lui-même et que
l'Absolu et sa manifestation en tant qu'Esprit est la seule réalité dans
l'Univers, un grand pas a été franchi. Mais il reste encore un pas de
plus à franchir avant que le sens de l'Unité et de la Réalité soit
pleinement vôtre. Cette étape est celle qui vous permet de réaliser
l'Identité du "Je" avec le grand "Je" de l'Univers. Le mystère de la
manifestation de l'Absolu sous la forme de l'Esprit nous apparaît
voilé, l'esprit confesse son incapacité à pénétrer derrière ce voile
protégeant l'Absolu de la vue de tous, bien qu'il nous envoie
l'intuition de la conscience de la présence de l'Absolu juste au bord
de la ligne de démarcation. Mais la région la plus élevée de la
spiritualité lorsqu'elle est explorée par les âmes avancées qui sont
en bonne voie sur le Chemin, indique qu'elle voit au-delà de
l'apparente séparation de l'Esprit de l'Esprit, et réalise qu'il n'y a
qu'une seule Réalité de l'Esprit, et que tous les "Je" ne sont en
réalité que des regards différents portés sur ce centre de conscience
de la surface du Grand "Je" unique, dont le centre est l'Absolu Lui-
même. Il pénètre certainement dans toute l'étendue de la spiritualité,
et nous apporte à tous le message de l'Unité de l'Esprit, tout comme
l'intellect nous satisfait par son message d'Unité de la Matière, de
l'Energie, et de l'Esprit. L'idée d'Unité imprègne tous les plans de la
Vie.

Le sens de la Réalité du "Je" qui vous apparait dans les moments de


vision mentale la plus Claire est en réalité le reflet du sens de la
réalité qui sous-tend le Tout, c'est-à-dire la conscience du Tout se
manifestant à travers votre point ou Centre de Conscience. Les
avancées de l'étudiant ou de l'initié permettent à sa conscience de
s'élargir progressivement jusqu'à ce qu'il réalise son identité avec le
Tout. Il se rend compte que sous toutes les formes et tous le noms
du monde visible, il trouve Une Seule Vie, Une Seule Force, Une
Seule Substance, Une Seule Existence, Une Seule Réalité, UNE. Et,
au lieu qu'il éprouve un quelconque sentiment de perte d'identité ou
d'individualité, il prend conscience d'un élargissement et d'une
expansion de son individualité ou son identité; au lieu de se sentir
absorbé dans le Tout, il ressent qu'il s'étend et embrasse le Tout.
C'est très difficile à exprimer en mots, car il n'y a pas de mots qui
correspondent à cette conception, et tout ce que nous pouvons
espérer faire est de mettre en mouvement, par le biais de nos
paroles, la vibration qui provoquera une réponse dans l'esprit de
ceux qui lisent ces mots, afin qu'ils fassent l'expérience de la
conscience qui leur apportera sa propre compréhension. Cette
conscience ne peut pas être transmise par des mots issus de
l'Intellect, mais par des vibrations qui se mettent en place pour
préparer l'esprit à recevoir ce message de ses propres niveaux
supérieurs.

Même dans les stades précoces de cette conscience naissante, il


est possible d'identifier la réelle part de soi-même avec la réelle part
de toutes les autres formes de vie qui passent. Dans chaque autre
homme, dans chaque animal, dans chaque plante, dans chaque
minéral, on voit derrière l'enveloppe de l'apparence une preuve de la
présence de l'Esprit qui est là et qui s'apparente à son propre Esprit;
oui, plus qu'apparenté, car les deux ne font qu'Un. On se voit soi-
même sous toutes les formes de vie, en tout temps et en tout lieu.
On se rend compte que le "Je" réel est partout présent et éternel, et
que la Vie en elle-même est aussi dans tout l'Univers, en tout, car il
n'y a rien de mort dans l'Univers, et toute la Vie, dans toutes ses
phases est tout simplement la Vie Unique, que tous ont en commun,
qu'ils utilisent et dont ils jouissent. Chaque Ego est un Centre de
Conscience dans ce grand océan de Vie, et bien qu'en apparence
séparé et distinct, il est pourtant réellement en contact avec le Tout
et avec chacune de ses parties visibles.
Dans cette leçon, il n'est pas dans notre intention d'entrer dans les
détails de ce grand mystère de la Vie, ni de réciter le relativement
peu de la Vérité que les enseignants et les maîtres les plus avancés
ont transmises. Ce n'est pas l'endroit pour cela, c'est plutôt le sujet
du Gnani Yoga plutôt que du Raja Yoga, et si nous l'abordons ici, ce
n'est pas dans le but d'essayer de vous en expliquer le côté
scientifique, mais simplement dans l'intention que votre esprit puisse
être conduit à en accepter l'idée et à l'intégrer progressivement dans
l'épanouissement de sa conscience. Il y a une grande différence
entre l'enseignement scientifique et intellectuel du Gnani Yoga, par
lequel la métaphysique et les aspects scientifiques des
enseignements du Yogi sont présentés aux étudiants de manière
logique et scientifique, et les méthodes du Raja Yoga, dans lequel le
candidat est conduit par degrés à une prise de conscience (en
dehors de la simple croyance intellectuelle) de sa nature et de ses
pouvoirs réels. Nous suivons ce dernier plan, car ce cours est un
cours de Raja Yoga. Notre objectif est de présenter la question à
l'esprit de la manière suivante afin de préparer la voie à la
conscience naissante, en commençant par éliminer les idées
préconçues et les préjugés, pour permettre d'entrer dans une
nouvelle compréhension. Tout ce que nous avons dit dans cette
leçon peut apparaître, d'une part comme une répétition inutile et
d'autre part, comme une présentation incomplète du côté
scientifique des enseignements du Yogi. Mais on s'apercevra avec le
temps que l'effet en sera que l'esprit de l'étudiant évoluera vers
l'acquisition de l'idée de l'unité de la vie et de l'expansion du moi. Le
candidat est invité à ne pas trop se presser. Son développement ne
doit pas être forcé. Lisez ce que nous avons écrit, et pratiquez les
exercices mentaux que nous avons proposés même s'ils peuvent
paraître insignifiants et enfantins à certains d'entre vous; nous
savons ce qu'ils vont vous apporter, et, en temps voulu, vous serez
d'accord avec nous. Hâtez-vous lentement. Vous constaterez que
votre esprit va s'améliorer, quand bien même vous seriez engagé
dans votre travail ordinaire, et que vous ayez oublié le sujet pour le
moment. La plus grande partie du travail mental se fait pendant que
vous êtes occupé à autre chose, ou même endormi, dans la partie
subconsciente de votre esprit qui fonctionne selon les lignes qui lui
sont indiquées pour s'acquitter de sa tâche.

Comme nous l'avons dit, le but de cette leçon est de vous amener à
l'épanouissement de la conscience, plutôt que de vous apprendre
les détails du côté scientifique des enseignements du Yogi. Le
développement est le point central du Raja Yoga. Et la raison pour
laquelle nous souhaitons développer ce sens de la réalité du "Je" et
de l'expansion du soi, à cet endroit, est que vous puissiez ainsi
affirmer votre maîtrise sur la matière, de l'énergie et de l'esprit. Avant
de monter sur votre trône de roi, vous devez acquérir pleinement la
conscience de ce que vous êtes la Réalité dans ce monde
d'apparences. Vous devez réaliser que vous, le réel vous, n'existez
pas seulement et réellement, mais que vous êtes en contact avec
tout ce qui est réel, et que les racines de votre être sont ancrées
dans l'Absolu lui-même. Vous devez réaliser qu'au lieu d'être un
atome séparé de la Réalité, isolé et fixé dans un espace étroit, vous
êtes un centre de conscience dans l'ensemble de la réalité, et que
l'Univers des Univers est votre maison; que votre Centre de
conscience pourrait être déplacé à un point situé à des billions de
kilomètres de la Terre (dont la distance ne serait rien dans l'espace)
et rester toujours vous, l'âme éveillée, tout aussi à l'aise là-bas qu'ici,
et que même pendant que vous êtes ici, votre influence s'étend loin
dans l'espace. Votre véritable état qui vous sera révélé
progressivement à travers les âges est si grand et si grandiose, que
votre esprit, dans son état actuel de développement ne peut pas
saisir le moindre reflet de cette gloire.
Nous souhaitons que vous essayiez de vous faire au moins une
petite idée de votre État Réel de l'Être, afin de pouvoir contrôler les
principes inférieurs par la force votre volonté éveillée, qui dépend de
votre degré de conscience du Soi réel.

Plus l'homme progresse dans la compréhension et la conscience du


Soi réel, plus sa capacité à utiliser sa volonté s'accroît. La volonté
est l'attribut du Soi réel.
Il est bien que cette grande réalisation du Soi Réel apporte avec elle
l'amour pour toute la vie et la bonté, car, s'il n'en était pas ainsi, la
volonté qui vient à celui qui grandit dans la prise de conscience de
son être réel pourrait l'utiliser pour le plus grand malheur de ceux de
son espèce qui n'auraient pas progressé jusqu'au même niveau (un
Malheur relatif, voulons-nous dire, car à la fin, au stade ultime,
aucune âme n'est jamais vraiment malheureuse). Mais la puissance
naissante apporte avec elle un plus grand amour et une plus grande
bonté, et plus l'âme monte, plus elle est remplie des idéaux les plus
élevés et plus elle rejette les attributs inférieurs de la basse
animalité. Il est vrai que certaines âmes qui grandissent dans la
conscience de leur nature réelle, sans comprendre ce que tout cela
signifie, peuvent commettre l'erreur d'utiliser la Volonté Eveillée à
des fins égoïstes, comme cela se voit dans les cas des Magiciens
noirs dont on parle dans l'occultisme et aussi dans le cas de
personnages connus de l'histoire ou de la vie moderne, qui
manifestent une énorme volonté dont ils font un mauvais usage.
Toute cette catégorie de personnes de forte volonté a trébuché ou a
retrouvé à tâtons la conscience (partielle) de la nature réelle, mais
sans l'influence modératrice des enseignements supérieurs. Mais
une telle utilisation abusive de la volonté n'apporte que troubles et
malheurs à l'utilisateur, et il finir par être reconduit dans la bonne
voie.

Nous n'attendons pas de nos étudiants qu'ils saisissent pleinement


cette idée de l'Expansion de soi. Même les plus avancés ne le
saisissent que partiellement. Mais tant que vous n'aurez pas au
moins une lueur de cette conscience, vous ne pourrez pas aller plus
loin sur le chemin du Raja Yoga. Vous devez comprendre ce que
vous êtes avant d'être capable d'utiliser le pouvoir qui sommeille en
vous. Vous devez réaliser que vous êtes le Maître avant de pouvoir
revendiquer les pouvoirs du Maître en vous attendant à ce que vos
ordres soient exécutés. Alors, soyez patients avec nous, vos
enseignants, lorsque que nous vous présentons les leçons qu'il faut
écouter et les tâches que vous devez effectuer. La route est encore
longue et, par endroits accidentée, vos pieds sont fatigués et
meurtris, mais la récompense est grande, et il y a des lieux du repos
tout le long du chemin. Ne vous découragez pas si vos progrès
semblent lents, car l'âme doit se déployer naturellement comme la
fleur, sans hâte et sans forcer.

Et ne soyez ni consternés ni effrayés si vous apercevez de temps en


temps votre moi supérieur. Comme le dit "M.C.", dans ses notes sur
"La lumière sur le chemin" (voir "Cours de perfectionnement", page
95) : "Avoir vu ton âme épanouie, c'est avoir eu en moi une vision
instantanée de la transfiguration qui te rendra finalement plus
qu'homme; la reconnaître, c'est accomplir la grande tâche de
contempler la lumière flamboyante sans baisser les yeux, et ne pas
retomber dans la terreur comme devant un fantôme, comme cela
arrive à certains, qui, la victoire presque acquise, sont perdus".

MANTRA (AFFIRMATION) POUR LA TROISIÈME LEÇON.

Il n'existe qu'une seule forme ultime de Matière, une seule forme


ultime de l'Énergie ; une seule forme ultime d'Esprit. La matière
provient de l'Énergie, et l'Énergie de l'Esprit, et tout cela est une
émanation de l'Absolu, triple en apparence mais UN en substance. Il
n'y a qu'une seule vie, et elle imprègne l'Univers, se manifestant
sous diverses formes, mais n'étant, au final, qu'Un.

Mon corps ne fait qu'un avec la Matière Universelle ; Mon énergie et


ma force vitale ne font qu'un avec l'Énergie universelle ; Mon esprit
ne fait qu'un avec l'Esprit universel ; ma vie ne fait qu'un avec la Vie
Universelle. L'Absolu s'exprime et se manifeste dans l'Esprit, qui est
le vrai "Je" qui domine et embrasse tous les "Je" apparemment
séparés. Mon "Je" ressent mon identité avec l'Esprit et réalise
l'Unicité de toute la Réalité. Je ressens mon unité avec tout Esprit, et
mon Union (par l'Esprit) avec l'Absolu. Je me rends compte que "Je"
est une expression et une manifestation de l'Absolu, et que son
essence même est en moi. Je suis rempli de l'Amour Divin. Je suis
rempli du Pouvoir divin. Je suis rempli de la Sagesse Divine. Je suis
conscient de mon identité en Esprit, en Substance, et en Nature,
avec la Réalité Unique.
LEÇON IV. CONTRÔLE MENTAL.
Dans nos trois premières leçons de cette série, nous nous sommes
efforcés de réaliser dans de votre esprit (1) la conscience du "Je" ;
son indépendance par rapport au corps ; son immortalité ; son
invincibilité et son invulnérabilité ; (2) la supériorité du "Je" sur
l'esprit, ainsi que sur le corps ; le fait que l'esprit n'est pas le "Je",
mais est simplement un instrument de l'expression du "Je" ; le fait
que le "Je" soit maître de l'esprit, ainsi que du corps ; que le "Je" est
derrière toute pensée ; que le "Je" peut se mettre de côté pour
examiner les sensations, les émotions, les passions, les désirs et le
reste des phénomènes mentaux, et ensuite se rendre compte que
lui, le "Je", est à l'écart de ces manifestations mentales, qu'il reste
inchangé, réel et pleinement existant ; que le "je" peut mettre de côté
tous ses outils et instruments mentaux, comme des choses "Non
Je", et prendre conscience qu'après les avoir ainsi mis de côté, il
reste côté, il reste quelque chose, lui-même, le "Je" qui ne peut être
mis de côté ni disparaître ; que le "Je" est le maître de l'esprit, et non
son esclave ; (3) que le "Je" est une chose bien plus importante que
le petit "Je" personnel que nous avons été habitué à considérer; que
le "Je" fait partie de cette grande Réalité Unique qui imprègne tout
l'Univers ; qu'il est relié à toutes les autres formes de vie par
d'innombrables liens, filaments mentaux et spirituels et relationnels ;
que le "Je" est un centre de conscience dans cette grande Réalité
ou Esprit, qui est derrière, comme il est derrière toute vie et toute
existence, et dont le centre, la Réalité ou d'Existence, est l'Absolu ou
Dieu ; que le sens de la Réalité qui est inhérent au "Je", est en
réalité le reflet du sens de la Réalité inhérent au Tout, le Grand "Je"
de l'Univers.

Le principe sous-jacent de ces trois leçons est la Réalité du "Je" en


soi, au-delà de la matière, de la force ou de l'esprit, positif pour tous,
tout comme ils sont positifs ou négatif les uns envers les autres, et
négatifs seulement à l'égard du le Centre de l'Unique, l'Absolu lui-
même. Et c'est la position que le candidat ou l'initié doit adopter : "Je
suis favorable à l'esprit, l'énergie et la matière, et les contrôler tous -
je ne suis négatif qu'à l'égard de L'absolu, qui est le centre de l'être,
de l'être que je suis. Et, comme j'affirme ma maîtrise de l'esprit, de
l'énergie et de la matière, et que j'exerce ma volonté sur eux, je
reconnais donc ma subordination à l'Absolu, et j'ouvre volontiers
mon âme à l'afflux de la Divine Volonté, et je participe à son Pouvoir,
sa force et sa sagesse".

Dans la présente leçon, et celles qui la suivront immédiatement,


nous allons nous efforcer d'aider le candidat ou l'initié à acquérir une
maîtrise de ses manifestations subordonnées, la Matière, l'Énergie
et l'Esprit. Afin d'acquérir et d'affirmer cette maîtrise, il faut se
familiariser avec la nature des choses que l'on s'apprête à contrôler.

Dans notre "Cours avancé", nous nous sommes efforcés de vous


expliquer la nature des trois grandes manifestations, connues sous
le nom de "Chitta", ou Substance Spirituelle ; le Prana, ou énergie,
et l'Akasa, ou principe de la matière. Nous vous avons également
expliqué que le "moi" de l'homme est supérieur aux trois précédents,
étant ce qu'on appelle "Atman" ou Esprit. La matière, l'énergie et
l'esprit, comme nous l'avons expliqué, sont des manifestations de
l'Absolu, et sont des choses relatives.

La philosophie du Yogi enseigne que la matière est la forme la plus


grossière de manifestation de la substance, située en-dessous de
l'Energie et de l'Esprit, et par conséquent négative et subordonnée
aux deux précédents. A un stade plus élevé que la matière, se
rencontrent l'Énergie ou la Force, qui est positive pour la matière et
qui a autorité sur elle (La matière étant une forme de substance
encore plus grossière), mais qui est négative par rapport à l'Esprit,
qui est une forme de substance plus élevée, et qui lui est
subordonnée. Vient ensuite, dans l'ordre, le plus élevé des trois
esprits, la forme la plus fine de et qui domine à la fois l'Énergie et la
Matière, et qui est positive vis-à-vis ces deux autres. L'esprit,
cependant, est négatif et subordonné au "Je", qui est l'Esprit, et obéit
aux ordres de ce dernier lorsqu'ils sont fermement et intelligemment
donnés. Le "je" lui-même n'est subordonné qu'à l'Absolu, le centre
de l'Être, le "Je" étant positif et dominant sur la triple manifestation
de l'Esprit, de l'Energie et de la Matière.

Le "Je" qui, pour les besoins de la démonstration, doit être considéré


comme une chose séparée (bien qu'il ne s'agisse en réalité que d'un
Centre de Conscience dans le grand corps de l'Esprit), se trouve
entouré par le triple océan de l'Esprit, de l'Energie et de la Matière,
cet océan se prolongeant à l'infini. Le corps est seulement une forme
physique à travers laquelle coule un flux de matière sans fin, car,
comme vous le savez, les particules et les atomes du corps sont
constamment changés, renouvelés, remplacés, jetés et supplantés.
Le corps d'une personne âgée de quelques années, ou plutôt les
particules qui composaient ce corps, se sont écoulées et forment
maintenant de nouvelles combinaisons dans le monde de la matière.
Et le corps d'aujourd'hui disparaît et est remplacé par de nouvelles
particules. Et le corps de l'année prochaine occupe maintenant une
autre partie de l'espace et ses particules font déjà partie
d'innombrables autres combinaisons, de l'espace et ces
combinaisons en viendront plus tard à leur tour à se combiner pour
former pour le corps de l'année prochaine. Le corps n'a rien de
permanent, mêmes les particules des os sont constamment
remplacées par d'autres. Et il en va de même pour l'Énergie vitale, la
Force ou la Puissance du corps (y compris celle du cerveau). Elle
est constamment utilisée et dépensée, un nouvel apport de cellules
prenant sa place. Et même l'Esprit de la personne est modifiable, et
sa Substance Mentale ou, Chitta, s'épuise et se reconstitue grâce à
de nouvelles réserves provenant du grand océan de l'Esprit, dans
lequel glissent les fragments de substance, tout comme c'est le cas
pour la Matière et l'Energie.

Alors que la majorité de nos étudiants qui sont plus ou moins


familiers avec les conceptions scientifiques matérielles actuelles,
accepteront volontiers l'idée d'un océan de matière et d'énergie, et le
fait qu'il fonctionne dans un processus d'épuisement et de
réapprovisionnement continu de son stock de ces deux éléments, ils
peuvent avoir plus ou moins de mal à accepter l'idée que l'esprit est
une substance ou un principe soumis aux mêmes lois générales que
les deux autres manifestations ou attributs de la Substance. On est
tellement enclin à penser à son esprit comme "Moi-même, le "Je".
En dépit du fait que dans notre deuxième leçon de cette série, nous
vous avons montré que le "Je" est supérieur aux états mentaux et
qu'il peut les mettre de côté et les examiner comme des choses
"Non-Je", la force de l'habitude de la manière de penser est
tellement insistante que certains d'entre vous peuvent mettre
beaucoup de temps avant de "revenir dans le droit chemin" pour
réaliser que leur esprit est "quelque chose que vous utilisez," au lieu
d'être "Je" Et pourtant, vous devez persévérer pour atteindre cette
conscientisation, car dans la mesure où vous arriverez à dominer
votre esprit, votre contrôle sur lui s'installera ainsi que son aptitude à
subir cette domination. Et, au même niveau de cette domination et
de ce contrôle, il en sera de même pour le caractère, le niveau et
l'étendue du travail que votre esprit fera pour vous. Vous voyez
donc: la conscientisation apporte le contrôle... et le contrôle apporte
les résultats. Cette affirmation est à la base de la science du Raja
Yoga. Et nombre de ces premiers exercices sont conçus pour
familiariser l'étudiant avec cette prise de conscience, pour lui
permettre de la développer et de réaliser ce contrôle dans la
pratique jusqu'à en faire une habitude.

La philosophie yogi enseigne qu'au lieu que l'esprit soit le "Je", c'est
seulement le moyen par lequel le "Je" pense, du moins en ce qui
concerne la connaissance du monde phénoménal ou de l'univers
extérieur. L'univers, c'est-à-dire l'univers du Nom et de la Forme. Il
existe une connaissance emprisonnée dans la partie la plus intime
du "Je" et qui va bien au-delà de toute l'information qu'elle pourrait
avoir reçu du monde extérieur, pu à propos de lui, mais qui n'est pas
présente à notre esprit pour l'instant, et que nous devons nous
préoccuper nous-mêmes d'activer dans notre réflexion sur le monde
des choses..
La substance mentale appelée en sanscrit "Chitta", et une vague
dans le Chitta (dont l'onde est la combinaison de l'Esprit et de
l'Énergie) est appelée "Vritta", qui s'apparente à ce que nous
appelons une "pensée". En d'autres termes, c'est "l'esprit en action",
alors que Chitta est "l'esprit au repos". Vritta, traduit littéralement
signifie "un tourbillon ou un remous dans l'esprit", ce qui est bien la
définition d'une pensée.

Mais, à ce stade, nous devons attirer l'attention de l'étudiant sur le


fait que le mot "Esprit" est utilisé de deux façons par les Yogis et les
autres occultistes, et l'étudiant est invité à se faire une idée claire de
chacun de ces sens, afin d'éviter toute confusion, pour pouvoir plus
clairement percevoir les deux aspects de ce que le mot désigne
expressément. En premier lieu, le mot "Esprit" est utilisé comme
synonyme de la Chitta, ou substance mentale, qui est le principe
universel de l'Esprit.

A partir de cette Chitta ou Substance Mentale ou Esprit, tout le


matériel des millions d'esprits individuels est accessible. La
deuxième signification du terme "Esprit" est celui que nous
entendons lorsque nous parlons de "l'esprit" de quelqu'un, ce qui
signifie les facultés mentales de cette personne particulière qui
distingue sa personnalité mentale de celle d'un autre. Nous vous
avons appris que chez l'Homme cet "Esprit" fonctionne sur trois
plans, que nous avons appelées respectivement les manifestations:
(1) l'Esprit Instinctif ; (2) l'Intellect ; et (3) la Spiritualité. (Voir
"Quatorze leçons de Yogi Philosophie", etc.) Ces trois plans
mentaux, pris ensemble, constituent "l'esprit" de la personne, ou
pour être plus exact, un regroupement autour du "Je" qui forme
"l'âme" de l'individu. Le mot "âme" est souvent utilisé comme
synonyme "d'esprit" mais ceux qui nous ont suivis discerneront la
différence. "L'âme" est l'Ego entouré de son mental, alors que
l'Esprit est "l'âme de l'âme", le "Je" ou le Réel Soi-même.

La science du Raja Yoga à laquelle cette série de leçons est


consacrée, enseigne comme principe de base le contrôle de l'esprit.
Il affirme que le premier pas vers le Pouvoir consiste à obtenir le
contrôle de son propre Esprit. Il soutient que le monde intérieur doit
être conquis avant de s'attaquer au monde extérieur. Il soutient que
le "Je" se manifeste dans la Volonté, et que cette volonté peut être
utilisée pour manipuler, guider, gouverner et diriger autant l'Esprit de
son propriétaire que le monde physique. Il vise à évacuer toutes les
scories et les charges mentales pour faire le "grand nettoyage de la
maison", pour ainsi dire, et pour s'assurer un esprit clair, propre et
sain. Ensuite, il s'agit de contrôler cet Esprit de manière intelligente
et efficace, en évitant tout gaspillage d'Énergie, et par la
concentration qui conduit l'Esprit à une pleine harmonie avec la
Volonté, afin qu'il soit mis en valeur et que sa puissance soit
fortement accrue et son efficacité démultipliée. Concentration et
Volonté sont les moyens par lesquels les Yogis obtiennent de si
merveilleux résultats grâce auxquels ils gèrent et dirigent leurs
activités de manière saine et vigoureuse, et peuvent maîtriser le
monde matériel, en agissant positivement sur l'Énergie et la Matière.
Ce contrôle s'étend à tous les plans de l'Esprit et les Yogis non
seulement contrôlent l'esprit instinctif, en gardant sous leur contrôle
ses caractères les plus inférieures et en utilisant les autres parties,
mais ils développent et élargissent le champ de leur intellect pour en
tirer de merveilleux résultats. Même la Spiritualité est maîtrisée,
soutenue dans son développement, exhorté à transmettre jusqu'au
champ de conscience les merveilleux secrets qu'elle recèle. Par le
biais du Raja Yoga, beaucoup des secrets de l'existence et de l'Être,
beaucoup d'énigmes de l'Univers sont dévoilées et résolues. Et
grâce à elle, les pouvoirs latents inhérents à la constitution de
l'Homme sont déployés et mis en action. On voit bien que les
individus très avancées dans la science ont obtenu un tel
merveilleux degré de Pouvoir et de Contrôle sur les forces de
l'univers qu'ils sont révérés comme des dieux lorsqu'on les compare
à l'homme ordinaire.

Le Raja Yoga enseigne que non seulement un tel Pouvoir peut être
conquis, mais qu'un merveilleux champ de Connaissance s'ouvre
par sa pratique. Il soutient que lorsque l'Esprit concentré se focalise
sur une seule chose ou un seul sujet, leur vraie nature et leur
signification intérieure deviendront évidentes. L'esprit concentré
passe à travers l'objet ou le sujet comme les rayons X traversent un
bloc de bois, et ils sont vus par le "Je" comme ils sont dans leur
vérité, et non pas comme ils apparaissaient auparavant de manière
imparfaite et erronée. Non seulement le monde extérieur est ainsi
exploré, mais le rayon mental peut être tourné vers l'intérieur et les
lieux secrets de l'Esprit. Quand on réfléchit au peu d'esprit que
chaque homme possède, une goutte d'eau dans l'océan, et qui
pourtant contient dans sa minuscule boussole tous les éléments qui
composent l'océan, et que connaître parfaitement la goutte, c'est
connaître parfaitement l'océan, alors nous commençons à voir ce
qu'un tel pouvoir signifie réellement.

Nombreux sont ceux qui, dans le monde occidental, ont obtenu de


grands résultats dans les matières intellectuelles et scientifiques, et
ont développé ces pouvoirs plus ou moins inconsciemment.
Beaucoup de grands inventeurs sont pratiquement des yogis, bien
qu'ils n'y puissent pas la source de leur pouvoir. Toute personne un
peu au courant des qualités mentales personnelles d'Edison verra
qu'il a suivi certaines des méthodes du Raja Yoga, et que la
Concentration est l'une de ses armes les plus puissantes. Et d'après
tous les rapports, le professeur Elmer Gates de Washington, D.C.,
dont l'esprit a produit de nombreuses et merveilleuses découvertes
et inventions, est aussi en pratique un yogi bien qu'il puisse rejeter
cette affirmation avec vigueur, et qu'il se peut même qu'il ne se soit
pas du tout familiarisé avec les principes de cette science dans
laquelle il est peut-être "tombé" inconsciemment.

Ceux qui ont rapporté les méthodes du professeur Gates, disent qu'il
a "déterré" ses inventions et ses découvertes de son Esprit, après
avoir pratiqué dans l'isolement et la concentration, ce que l'on
appelle la Vision Mentale.

Mais nous vous avons donné assez de théorie pour une seule leçon,
et nous devons commencer maintenant à vous confier des
indications nécessaires au développement de vos pouvoirs latents et
au déploiement de vos énergies dormantes. Vous remarquerez que
dans cette série, nous vous présentons d'abord la théorie, puis nous
vous donnons "quelque chose à faire". C'est la vraie méthode Yogi
telle qu'elle est suivie et pratiquée par leurs meilleurs professeurs.
Trop de théorie est fastidieux et incite l'esprit à s'endormir, alors que
trop d'exercice fatigue et n'alimente pas l'esprit qui réclame sa
nécessaire nourriture. Combiner les deux dans des proportions
appropriées est le meilleur plan, et c'est celui que nous vous invitons
à suivre.

EXERCICE MENTAL ET DRILL

Avant que l'esprit puisse faire du bon travail en nous, nous devons
d'abord "l'apprivoiser" et l'amener à obéir à la volonté du "Je".
L'esprit, par habitude, a été laissé libre de se déchaîner, de suivre sa
propre volonté et ses seuls désirs, sans tenir compte de quoi que ce
soit d'autre. Comme un enfant gâté ou un animal domestique mal
dressé, il s'attire beaucoup d'ennuis, et apporte peu de plaisir, de
confort ou d'usage. L'esprit de la plupart d'entre nous est comme
une ménagerie d'animaux sauvages, chacun poursuivant sa propre
nature à sa façon. Nous avons toute la ménagerie en nous, le tigre,
le singe, le paon, l'âne, l'oie, le mouton, la hyène et tout le reste. Et
nous avons laissé ces animaux nous dominer. Même notre intellect
est erratique, instable, et comme le vif-argent auquel les anciens
occultistes l'ont comparée, changeante et incertaine. Si vous
regardez autour de vous, vous verrez que les hommes et les
femmes du monde qui ont vraiment accompli tout ce qui en valait la
peine ont d'abord entraîné leur esprit à l'obéissance. Ils ont imposé
leur Volonté à leur esprit, et de cette façon ont appris la Maîtrise et le
Pouvoir. L'esprit moyen s'irrite des restrictions qu'impose la volonté,
il est comme un singe fougueux qui refuse d'apprendre "des tours".
Mais il doit accepter d'être enseigné s'il veut faire du bon travail. Et
vous devez être formé si vous espérez vous attendre à en tirer
quelque utilité, si vous vous espérez l'utiliser au lieu de subir qu'il
vous utilise.
Et c'est la première chose à apprendre dans le Raja Yoga: ce
contrôle de l'esprit. Ceux qui s'étaient attendus à une voie royale
vers la maîtrise peuvent être déçus, mais il n'existe qu'un seul
moyen et c'est de maîtriser et de contrôler l'esprit par la Volonté.
Sinon, il s'enfuira au moment où vous en aurez le plus besoin. Nous
allons donc vous proposer un exercice destiné à vous aider à
avancer dans cette direction.

Le premier exercice du Raja Yoga est ce qu'on appelle le


Pratyahara, ou l'art de rendre l'esprit introspectif ou tourné vers lui-
même. Il s'agit du premier pas vers le contrôle mental. Il vise à
détourner l'esprit de sa tendance à aller vers l'extérieur, et de le
tourner progressivement vers l'intérieur, sur lui-même ou vers sa
nature intérieure. Le but est d'en prendre le contrôle par la Volonté.

Ces exercices aideront vont à aller dans ce sens :


EXERCICE I.

a) Se placer dans une position confortable, et autant que possible


débarrassée des influences extérieures perturbatrices. Ne faites
aucun effort violent pour contrôler votre esprit, mais permettez-lui
plutôt de gambader un peu et de s'épuiser en vains efforts. Il
profitera de l'occasion, et au début, sautera dessus comme un singe
déchaîné jusqu'à ce qu'il ralentisse progressivement et se tourne
vers vous pour attendre vos instructions. Au début, il vous faudra un
certain temps pour l'apprivoiser, mais à chaque fois que vous
réussirez, il vous reviendra dans un délai de plus en plus court. Les
Yogis passent beaucoup de temps à acquérir cette paix et ce calme
mental, et se considèrent comme largement récompensés de les
avoir atteintes.

(b) Lorsque l'esprit est bien calmé, et en paix, focalisez votre pensée
sur le "Je suis", comme nous l'avons enseigné dans nos
précédentes leçons. Imaginez le "Je" comme une entité
indépendante du corps, immortel, invulnérable, intouchable, réel.
Pensez alors qu'il est indépendant du corps, et capable d'exister
sans cette enveloppe charnelle. Méditez sur ce point pendant un
certain temps, puis progressivement orientez votre pensée vers la
réalisation du "Je" comme un stade indépendant et supérieur à
l'esprit, et capable de le contrôler. Passez en revue les idées
générales des deux premières leçons, et efforcez-vous d'y réfléchir
calmement pour les voir dans "l'œil de l'esprit" (en imagination).
Vous constaterez que votre esprit devient progressivement de plus
en plus pacifique et calme, et que les pensées distrayantes du
monde extérieur s'éloignent de plus en plus de vous.

(c) Ensuite, laissez l'esprit passer à un calme examen de la


Troisième Leçon, dans laquelle nous avons parlé de l'Unité de tous,
et de la relation du "Je" à la Vie Une, au Pouvoir, à l'Intelligence, à
l'Existence. Vous constaterez que vous acquérez un contrôle mental
et un calme que vous n'avez jamais connu. Les exercices des trois
premières leçons vous y auront a préparé.

(d) Cet exercice est le plus difficile à cause de ses variations et de


ses degrés, mais la capacité à le réaliser vous viendra
progressivement. L'exercice consiste à écarter progressivement
toute pensée ou impression du monde extérieur, du corps et des
pensées elles-mêmes, pour se concentrer à la méditation du mot et
de l'idée du "Je Suis", l'idée étant de se concentrer sur l'idée de
simplement "être" ou sur "l'existence", symbolisée par les mots "Je
suis". Pas "Je suis ceci" ou "Je suis cela" ni "Je fais ceci" ou "Je
pense à cela", mais simplement : "Je suis...".

Cet exercice permettra de concentrer toute votre attention sur le


centre même de l'Être au sein de soi et rassemblera toutes les
énergies mentales, au lieu de permettre qu'elles se dispersent sur
des choses extérieures. Un sentiment de Paix, de Force, et de
Pouvoir contribuera à l'affirmation de soi et la réflexion en retour sera
la plus puissante et le plus forte qu'on puisse ressentir, car c'est
l'affirmation de l'Être réel, et le retour de la pensée vers l'intérieur de
la vérité. Laissez l'esprit s'attarder d'abord sur le mot "Je", en
l'identifiant avec le Soi, puis laissez-le passer au mot "SUIS", qui
signifie la Réalité et l'Etre. Combinez ensuite les deux avec leurs
significations, et le résultat deviendra la concentration de la pensée
la plus puissante possible tournée vers l'intérieur et la plus forte
Déclaration de votre Existence

Il est bon de pratiquer les exercices ci-dessus dans une bonne


attitude physique, de manière à empêcher la distraction de l'attention
par le corps. Pour ce faire, il faut adopter une position confortable et
ensuite détendre tous ses muscles, et lâcher la tension de tous vos
nerfs jusqu'à obtenir une sensation parfaite d'aisance, de confort et
de détente. Vous devez mettre ceci en pratique jusqu'à ce que vous
ayez pu entièrement l'acquérir. Il vous sera utile à bien des égard, en
plus de faciliter la concentration et la méditation. Il agira comme une
"cure de repos" pour votre corps, vos nerfs et la fatigue de votre
esprit.

EXERCICE II.

La deuxième étape du Raja Yoga est ce que l'on appelle la Dharana,


ou la Concentration. C'est une très bonne idée pour focaliser toutes
ses forces mentales, et elle peut être cultivé à un degré presque
incroyable, mais tout cela demande du travail, du temps et de la
patience. Le pratiquant en sera largement récompensé. La
concentration consiste à ce que l'esprit se concentre sur un sujet ou
un objet précis, et y reste fixé pendant un certain temps. Ceci
semble très facile à première vue, mais un peu de pratique montrera
à quel point il est peut être difficile de fixer fermement son attention
et de la maintenir. L'esprit a tendance à s'échapper et à passer à un
autre objet ou à un autre sujet, et il faudra beaucoup de pratique
pour le maintenir fixé sur le point souhaité. Mais la pratique peut
accomplir des merveilles, comme on peut le constater en observant
ceux qui ont acquis cette faculté, et qui l'utilisent dans leur vie
quotidienne. Il convient toutefois de rappeler le point suivant. De
nombreuses personnes ont acquis la faculté de concentrer leur
attention, mais lui ont permis de devenir une disposition quasi
involontaire dont ils sont devenus esclaves, s'oubliant eux-mêmes
ainsi que tout le reste, et négligeant souvent le nécessaire de leur
vie.
C'est une façon ignorante de se concentrer, et ceux qui y sont
accros deviennent esclaves de leurs habitudes, au lieu d'être
maîtres de leur esprit. Ils deviennent des rêveurs et des distraits, au
lieu de devenir des maîtres. Ils sont à plaindre autant que ceux qui
ne peuvent pas se concentrer du tout. Le secret est dans la maîtrise
de l'esprit. Les Yogis peuvent se concentrer à volonté et s'enfouir
complètement dans le sujet qui leur est soumis, et extraire de lui
chaque élément d'intérêt, pour ensuite transmettre l'esprit de la
chose à volonté, la même capacité de contrôle étant utilisée dans les
deux cas. Ils ne s'autorisent ni abstraction ni "distraction", et ne sont
pas en train de rêvasser. Au contraire, ce sont des individus très
éveillés, des observateurs proches, précis, des penseurs clairs, des
raisonneurs corrects. Ils sont maîtres de leur esprit, et non esclaves
de leurs humeurs. L'ignorant s'enterre de lui-même dans l'objet ou le
sujet sur lequel il se concentre en lui permettant de le maîtriser et de
l'absorber totalement tandis que le penseur yogi formé affirme le
"Je", puis dirige son esprit concentré sur le sujet ou l'objet, tout en en
conservant un contrôle permanent. Voyez-vous la différence ? Alors
tenez compte la leçon!

Ces exercices suivants peuvent être utiles pour les premières étapes
vers la
Concentration :

(a) Concentrez votre attention sur un objet familier, un crayon, par


exemple. Fixez votre esprit là-dessus et examinez ce crayon à
l'exclusion de tout autre objet. Observez sa taille, sa couleur, sa
forme, son type de bois. Considérez ses utilisations et ses buts, ses
matériaux, le processus de sa fabrication, etc., etc., etc. En bref,
pensez à autant de choses que possible sur le crayon pour
permettre à l'esprit de poursuivre tout chemin secondaire en relation
avec le crayon, tel que la prise en compte du graphite dont est fait le
"plomb", la forêt d'où provient le bois utilisé pour la fabrication du
crayon, l'histoire de des crayons et des autres instruments utilisés
pour l'écriture, etc. En bref, épuiser le sujet de "Crayon". En
examinant un sujet avec concentration, le plan du synopsis suivant
est utile. Pensez à la chose en question sous les angles suivants :

(1) La chose elle-même.


(2) L'endroit d'où elle vient.
(3) Son but ou son utilisation.
(4) Les associations possibles et les relations envisageables.
(5) Sa fin probable.

Ne vous laissez pas décourager par le caractère apparemment trivial


de l'enquête, parce que la forme la plus simple de formation mentale
est utile, et vous aidera à développer votre Volonté et votre
Concentration. Il s'apparente au processus de développement d'un
muscle physique par un simple exercice, et dans les deux cas on
perd de vue le peu d'importance de l'exercice lui-même, en gardant
à l'esprit le but à atteindre.

(b) Concentrer l'attention sur une partie du corps, la main par


exemple, en y consacrant toute votre attention, en rejetant ou en
inhibant toute sensation provenant des autres parties du corps. Un
peu de pratique vous permettra d'y arriver. En plus de l'entraînement
mental, cet exercice stimulera la partie du corps sur laquelle il se
concentre, pour des raisons qui apparaîtront dans les prochaines
leçons. Changez les parties du corps sur lesquelles vous vous
concentrez et procurez ainsi à votre esprit une variété d'exercices, et
à votre corps l'effet d'une stimulation générale.

(c) Ces exercices peuvent être prolongés indéfiniment sur vos objets
familiers. Rappelez-vous toujours que la chose en elle-même n'a
pas d'importance, l'idée étant d'entraîner l'Esprit à obéir à la Volonté,
de sorte que lorsque vous souhaiterez vraiment utiliser vos forces
mentales sur un objet important, vous pourrez les trouver bien
entraînées et obéissantes. Ne soyez pas tentés de sourire
moqueusement d'une partie du travail parce qu'il est "sec" et
inintéressant, car il mène aux expériences les plus intéressantes, et
ouvre la porte à un sujet fascinant.

(d) Découvrez la pratique consistant à concentrer toute votre


attention sur un sujet abstrait, à savoir sur un sujet d'intérêt qui peut
offrir un champ d'action pour l'exploration. Pensez au sujet dans
toutes ses phases et branches, suivez un cheminement, puis un
autre, jusqu'à ce que vous sentiez que vous savez tout sur le sujet
que votre esprit a choisi. Vous serez surpris de découvrir que vous
en savez beaucoup plus sur tel sujet ou telle chose que ce que vous
auriez cru possible. Dans les recoins cachés de votre esprit sont
cachées des informations utiles ou intéressantes sur la chose en
question, et quand vous en aurez terminé, vous vous découvrirez
bien informé sur le sujet et sur tout ce qui y est lié. Cet exercice vous
aidera non seulement à développer votre intellect, mais renforcera
votre mémoire et élargira votre connaissance, tout en augmentant
votre confiance en vous. Et, en outre, vous aurez fait un précieux
exercice de concentration ou Dharana.

L'importance de la concentration.

La concentration est une focalisation de l'esprit. Et cette focalisation


de l'esprit nécessite une mise au point, ou une mise au centre de la
Volonté. L'esprit est concentrée parce que la Volonté est concentrée
sur l'objet. L'esprit se coule dans le moule imposé par la Volonté.
Les exercices ci-dessus ne sont pas conçus seulement pour
habituer l'esprit à l'obéissance et à la domination de la Volonté, mais
aussi pour habituer la Volonté à commander. Nous parlons de
renforcer la Volonté, alors que ce que nous voulons vraiment dire,
c'est former l'esprit à obéir, et habituer la Volonté à commander.
Notre Volonté est assez forte, mais nous n'en avons pas assez
conscience. La Volonté s'enracine au centre même de notre être,
dans le "Je", mais notre esprit imparfaitement développé méconnaît
cette approche. Nous sommes comme de jeunes éléphants qui ne
reconnaissent pas leur propre force, et se laissent dompter par des
conducteurs chétifs, qu'ils pourraient balayer d'un seul revers de
trompe. La volonté est derrière toute action mentale et physique.

Nous aurons beaucoup à dire à propos la Volonté dans ces leçons et


l'étudiant doit accorder toute son attention à cette question.
Regardez autour de vous et vous verrez que la grande différence
entre les hommes qui ont quitté les rangs, et ceux qui sont restés
recroquevillés dans la foule, ce sont la Détermination et la Volonté.
Comme l'a bien dit Buxton: "Plus je m'avance dans la vie, plus je
suis certain que la grande différence entre les hommes, les faibles et
les puissants, les grands et les insignifiants, c'est l'énergie et la
détermination invincible". Et il aurait pu ajouter que ce qui est
derrière cette "énergie et cette détermination invincible, c'est la
Volonté.

Les écrivains et les penseurs de tous âges ont reconnu le caractère


merveilleux et l'importance transcendante de la Volonté.
Tennyson chante : « O vivante volonté qui dureras Quand tout ce qui
est apparence sera brisé »

Oliver Wendell Holmes déclare : "Le siège de la Volonté semble


varier en fonction de l'organe par lequel elle se manifeste et se
transporte vers les différentes parties du cerveau, lorsqu'on on
essaie de se rappeler une image, une phrase, une mélodie ou jeter
sa force dans les muscles ou les processus intellectuels. Comme le
général en chef, sa place est partout dans le champ de bataille.
C'est l'instrument qui ressemble le moins à n'importe laquelle de nos
facultés, le plus éloigné de nos conceptions du mécanisme et de la
matière, comme nous les définissons habituellement".
Holmes avait raison dans ses idées, mais ses détails étaient
erronés. La Volonté ne change pas de siège, qui est toujours au
centre de l'Ego, mais elle force l'esprit à s'exprimer dans toutes ses
parties et dans toutes les directions, et de la même façon, elle dirige
le Prana ou la Force Vitale. La Volonté est en effet le général en
chef, mais il ne se précipite pas sur les différents points de l'action, il
se contente d'y envoyer ses messagers et ses coursiers pour
transmettre ses ordres. Buxton a dit :
"La Volonté fait tout ce qui peut être fait en ce monde. Et aucun
talent, aucune circonstance, il n'y a aucune chance de pouvoir faire
sans elle un Homme à partir d'une créature à deux pattes ".

Ik Marvel a dit avec profondeur : "La résolution est ce qui fait qu'un
homme se manifeste, ce n'est ni une faible résolution, ni une
grossière détermination sur un but erroné, mais une détermination
forte et infatigable de la Volonté qui foule aux pieds les difficultés et
les dangers, comme un garçon qui marche sur les terres gelées de
l'hiver, les yeux brillants et le cerveau bouillant d'un fier élan vers
l'inaccessible. La volonté transforme les hommes en géants."

Le grand obstacle à la bonne utilisation de la Volonté, pour la plupart


des gens, c'est le manque de capacité à focaliser leur attention. Les
yogis comprennent clairement ce point, et beaucoup d'exercices de
Raja Yoga qui sont donnés aux élèves par les enseignants sont
justement conçus pour surmonter cette difficulté. L'attention est la
preuve extérieure de la Volonté. Comme l'a dit un écrivain français :
"L'attention est soumise à l' autorité supérieure de l'Ego. Je la
relâche, ou je la retiens, à ma guise.

Je l'oriente tour à tour sur plusieurs points. Je la concentre sur


chaque point tant que ma Volonté peut supporter l'effort". Le
professeur James a déclaré : "L'aboutissement essentiel de la
Volonté, lorsqu'elle est la plus forte, consiste à s'occuper d'un objet
difficile, et à le tenir fermement devant l'esprit. L'effort d'attention est
le phénomène essentiel de la volonté". Et le professeur Halleck
déclare : "La première étape vers le développement de la Volonté
réside dans l'exercice d'attention. Les idées grandissent en finesse
et en puissance à mesure que nous nous occupons d'elles. Si l'on
prend deux idées de même intensité et que l'on centre son attention
sur l'une d'entre elles, nous constaterons combien elle gagnera
rapidement en puissance". Le professeur Sully dit :"L'attention peut
être grossièrement définie comme l'auto-direction active de l'esprit
vers tout objet qui se présente à l'instant". Le mot "Attention" est
dérivé de deux mots latins, "ad tendere", signifiant " s'étendre vers",
et c'est exactement ce que les Yogis savent qu'il est. Par le biais de
leur vue psychique et clairvoyante, ils voient la pensée de la
personne attentive, tendue vers l'objet qui l'occupe, comme un coin
pointu, dont la pointe est centrée sur l'objet soumis à sa réflexion,
toute la force de sa pensée étant concentrée sur ce point. Cela n'est
pas seulement vrai lorsque la personne examine un objet, mais
aussi lorsqu'elle fait sérieusement valoir ses idées auprès d'un autre
ou à propos de certaines tâches à accomplir. L'attention signifie faire
appel à l'esprit en le concentrant sur quelque chose.

La Volonté entraînée se manifeste par une Attention tenace, et cette


attention est l'un des signes de la Volonté entraînée. L'étudiant ne
doit pas en conclure hâtivement que ce type d'attention est une
faculté courante chez l'homme. Au contraire, elle est assez rare, et
ne se voit que parmi ceux qui possèdent une "forte" mentalité.
N'importe qui peut fixer son attention un peu en passant sur une
chose plaisante et agréable, mais il faut un volonté entraînée pour
s'attacher à une chose peu attirante, et s'en tenir à elle. Bien sûr,
l'occultiste entraîné est capable de porter son l'intérêt sur le sujet le
moins attrayant lorsque il est utile d'y concentrer son attention, mais
cela, en soi, vient avec la Volonté formée, et n'est pas la propriété de
l'homme moyen. L'Attention Volontaire est rare, et ne se retrouve
que chez les individus forts. Mais elle peut être cultivé et
développée, jusqu'à ce que celui qui en a aujourd'hui à peine
l'ombre d'une, puisse en devenir un "géant" avec le temps. C'est une
question de pratique, d'exercice et …de Volonté !

Il est difficile d'en dire trop en faveur du développement de la faculté


d'Attention tenace. L'homme qui possède cette faculté développée
est capable d'accomplir bien plus qu'un homme beaucoup plus
"brillant" à qui elle manque. Et la meilleure façon de former
l'Attention, sous la direction de la Volonté, c'est de la mettre en
pratique sur des objets intéressants, ou des idées, en les tenant à
portée de son esprit jusqu'à ce qu'ils commencent à attirer son
intérêt. C'est difficile au début, mais la tâche commence bientôt à
prendre une allure plaisante car on constate que sa Volonté et son
Attention augmentent, et on se sent acquérir une force et une
puissance qui manquaient auparavant et dès que l'on s'en rend
compte, elle se renforce. Charles Dickens a déclaré que le secret de
sa réussite a consisté à développer une faculté de projeter toute son
attention sur ce qu'il était en train de faire au moment-même et de
pouvoir ensuite tourner ce même degré d'attention vers la prochaine
tâche à effectuer. Il était comme un homme derrière un grand
projecteur, qu'il tourne successivement vers des points, l'un après
l'autre, en les éclairant chacun à leur tour. Le "Je" est l'homme
derrière le jet de lumière, la Volonté est le réflecteur, et la lumière est
l'Attention.

Cette discussion sur la Volonté et l'Attention peut sembler quelque


peu "sèche" à l'étudiant, mais c'est une raison de plus pour qu'il s'en
occupe. C'est le secret qui est à la base de la science du Raja Yoga,
les Maîtres Yogis ont atteint un degré de Concentration, de la
Volonté et de l'Attention qui est inconcevable pour "l'homme de la
rue" moyen. De fait, ils sont capables de diriger leur esprit ici et là,
vers l'extérieur ou vers l'intérieur, avec une force énorme. Ils sont
capables de focaliser leur esprit sur une petite chose avec une
intensité remarquable, tout comme les rayons du soleil peuvent être
focalisés à travers une loupe pour enflammer un tissu, et capables
d'envoyer leur esprit avec une intense énergie, éclairant tout ce sur
quoi il se pose, comme cela se produit avec puissant projecteur
électrique, comme l'image ci-dessus.

Commencez par cultiver l'Attention et la Volonté. Pratiquez-les sur


des tâches désagréables, les choses que vous avez devant vous, et
que vous avez évitées parce qu'elle vous étaient désagréables.
Portez sur elles votre intérêt et la difficulté disparaîtra. Vous en
sortirez beaucoup plus fort, et rempli d'un nouveau sentiment de
pouvoir.

MANTRA (AFFIRMATION).
"J'ai une volonté" - c'est ma propriété et mon droit inaliénables. Je
décide de la cultiver et la développer par la pratique et l'exercice.
Mon esprit obéit à ma Volonté.
J'affirme ma Volonté sur mon Esprit.
Je suis le Maître de mon corps et de mon Esprit.
J'affirme ma Maîtrise.
Ma Volonté est dynamique, pleine de Force, d'Énergie, et de
Pouvoir.
Je sens ma Force.
Je suis fort. Je suis Fort.
Je suis Vital.
Je suis un Centre de conscience, d'Énergie, de Force et de
Puissance, et je revendique mon droit de naissance.
LEÇON V. LA CULTURE DE L'ATTENTION.
Dans notre dernière leçon, nous avons attiré votre attention sur le
fait que les Yogis consacrent un temps et une pratique considérables
à l'acquisition de la Concentration. Et nous avons également eu
développé l'importance de l'Attention pour la concentration. Dans
cette leçon, nous avons plus à dire à sur le sujet de l'Attention, car
c'est l'une des choses importantes concernant la pratique du Raja
Yoga, et les Yogis insistent pour que leurs étudiants pratiquent
systématiquement le développement et l'entraînement de cette
faculté. L'Attention est à la base de la Volonté, et l'entraînement de
l'une rend plus facile l'exercice de l'autre.

Expliquer pourquoi nous accordons tant d'importance à la culture de


l'Attention, nécessiterait que nous anticipions les futures leçons de
cette série, ce que nous ne jugeons pas opportun pour l'instant.
Nous devons donc demander à nos étudiants de croire sur parole
que tout ce que nous avons à dire concernant l'importance de
l'entraînement de l'Attention est motivée par la relation qui lie ce
sujet à l'utilisation de l'Esprit dans certaines directions comme il
apparaîtra clairement par la suite.

Afin de vous faire savoir que nous n'avançons pas de théorie


particulière des Yogis, qui ne seraient peut-être pas en harmonie
avec la science occidentale moderne, nous vous proposons dans cet
article un certain nombre de citations, d'écrivains occidentaux et de
penseurs, concernant cette importante faculté de l'esprit, afin que
vous puissiez constater que l'Ouest et l'Est sont d'accord sur les
points principaux, mais diffèrent éventuellement dans leurs
explications du fait lui-même, ou de l'utilisation de la puissance
acquise par la culture de l'Attention.

Comme nous l'avons dit dans notre dernière leçon, le mot Attention
est dérivé de deux mots latins "ad tendere", signifiant "s'étendre
vers", ce qu'est exactement l'Attention. Le "je" veut que l'esprit soit
concentré sur certains objets ou sur une chose en particulier, et
l'esprit obéit et "s'étend vers" cet objet ou cette chose, en
concentrant toute son énergie sur lui, en observant chaque détail, en
disséquant, analysant, consciemment et inconsciemment, se
dessinant à lui-même toutes les informations possibles le
concernant, tant de l'intérieur que de l'extérieur. Nous ne pouvons
jamais trop insister sur l'acquisition de cette grande faculté, ou
plutôt, son développement, absolument nécessaire à l'étude
intelligente du Raja Yoga.

Afin de faire ressortir l'importance du sujet, supposons que nous


commencions par porter réellement notre attention sur le sujet de
l'attention, et par constater à quel point il y a beaucoup plus à en dire
que ce que l'on peut croire. Nous serons bien payés de retour pour
le temps et les efforts qu'il faut y consacrer.

L'attention a été définie comme une focalisation de la conscience,


ou, si l'on préfère cette forme d'expression, comme une "détention
dans la conscience". Dans le premier cas, on peut l'assimiler à
l'action de la loupe à travers laquelle les rayons du soleil sont
concentrés sur un objet, ce qui fait que la chaleur concentrée en un
petit point donné accroît son intensité de plusieurs degrés au point
d'atteindre une chaleur suffisante pour enflammer un morceau de
bois, ou évaporer de l'eau. Si les rayons n'étaient pas focalisés, ces
même rayons et cette même chaleur auraient été dispersés sur une
grande surface, et leurs pouvoirs aurait été fortement réduits. Et il en
va de même pour l'esprit. Si on lui permet de se disperser sur
l'ensemble du champ d'un sujet, il n'exercera que peu de pouvoir et
les résultats seront faibles. Mais s'il est passé par la loupe de
l'attention, et s'est concentré d'abord sur une partie, puis sur un
autre, et ainsi de suite, la question pourra être maîtrisée en détail, et
le résultat obtenu semblera rien moins que merveilleux à ceux qui ne
connaissent pas ce secret.

Tompson a dit: "Les expériences les plus marquantes sont celles qui
font l'objet de la plus grande attention".
Un autre auteur sur le sujet a déclaré que "l'attention est si
essentiellement nécessaire à la compréhension, que sans un certain
degré d'attention, les idées et les perceptions qui traversent l'esprit
semblent ne pas laisser de traces derrière elles".

Hamilton a déclaré: "Un acte d'attention, c'est-à-dire un acte de


concentration, semble donc nécessaire à tout effort de conscience,
car une certaine contrainte de l'élève est nécessaire à tout effort de
vision. L'attention est alors portée à la conscience à l'image de ce
que la contraction de la pupille est à la vue, ou celle est à l'œil de
l'esprit (l'imagination) ce que le microscope ou le télescope sont à
l'œil corporel. Il constitue la meilleure moitié de tout pouvoir
intellectuel".

Et Brodie ajoute, de toute évidence : "C'est l'attention beaucoup plus


que toute autre différence dans la puissance abstraite du
raisonnement qui constitue l'énorme dissemblance qui existe entre
les esprits de différents individus".

Butler nous apporte cet important témoignage: " L'habitude


intellectuelle la plus importante que je connaisse est celle de
s'occuper exclusivement de la matière que l'on a en main. Il est
communément dit que le génie ne peut pas être infusé par
l'éducation, mais ce pouvoir d'attention concentré, qui est le talent de
tout grand découvreur, est incontestablement susceptible de
s'accroître presque à l'infini par une pratique résolue".

Et, en conclusion de cet examen des opinions et des approbations


sur ce que les Yogis ont tant à dire, et auxquels ils attachent tant
d'importance, écoutons les paroles de Beattie, qui dit : "La force
avec laquelle toute chose frappe l'esprit, est généralement
proportionnelle au degré d'Attention qui lui est accordé. De plus, le
grand art de la mémoire est l'Attention, et les gens inattentifs ont
toujours de piètres souvenirs".
Il existe deux types généraux d'Attention. Le premier est l'Attention
dirigé par l'esprit sur des objets et des concepts mentaux. L'autre est
l'attention dirigée vers l'extérieur sur des objets extérieurs à nous-
mêmes. Les mêmes règles et lois générales s'appliquent aux deux à
la fois.
De même, une autre distinction peut être faite et une autre division
de l'Attention en deux classes, à savoir, l'Attention attirée par une
certaine impression qui vient à la conscience sans aucun effort
conscient de la volonté, appelée "Attention Involontaire", car
l'Attention et l'intérêt sont captés par l'attrait ou la nouveauté de
l'objet. L'attention portée à certains objet par un effort de la Volonté,
est appelé Attention Volontaire. L'Attention involontaire est assez
courante et ne nécessite pas de formation particulière. En fait, les
animaux inférieurs, et les jeunes enfants semblent en avoir une plus
grande part que les adultes. Un grand pourcentage d'hommes et de
femmes n'ont jamais dépassé ce stade à un degré perceptible.
D'autre part, le volontariat de l'Attention exige des efforts, de la
Volonté et de la Détermination, ainsi qu'une certaine formation, ce
qui dépasse la majorité des gens, car ils ne "prendront pas la peine"
de fixer leur attention de cette manière. L'Attention volontaire est la
marque de l'étudiant et de l'homme réfléchi qui concentrent leur
l'esprit sur des objets qui ne présentent pas un intérêt ou pas de
plaisir immédiat, afin de pouvoir apprendre et progresser. La
personne négligente ne fixe pas son Attention, du moins pas plus
d'un instant, parce que son Attention Involontaire est de suite attirée
par un objet de passage dont peu importe que la nature soit
insignifiante, et son Attention Volontaire disparaît et s'oublie
instantanément. L'Attention Volontaire se développe par la pratique
et la persévérance, ce qui vaut largement la peine, car rien dans
l'univers mental ne peut s'accomplir sans elle.

L'Attention ne se fixe pas facilement sur des objets inintéressants,


et, à moins que des intérêts puissent être créés, il faut un degré
considérable d'Attention Volontaire pour que l'esprit puisse se fixer
sur de tels objets. Et, plus que cela, même si l'Attention ordinaire est
attire, elle vacillera bientôt, à moins qu'il n'y ait un changement
intéressant dans l'aspect de l'objet, qui apportera à l'Attention une
nouvelle dose d'intérêt, ou à moins qu'une nouvelle qualité,
caractéristique ou propriété se manifeste dans l'objet. Cela se
produit parce que le mécanisme de l'esprit n'a pas été formé pour
supporter une attention volontaire prolongée, et, en fait, le cerveau
n'est pas habitué à cette tâche, bien qu'il puisse y être formé par la
pratique.

Des enquêtes ont mis en évidence que l'Attention peut être apaisée
et rafraîchie, soit en suspendant l'Attention Volontaire de l'objet et en
permettant à l'Attention de se manifester de manière involontaire
vers des objets de passage, etc., soit en dirigeant l'Attention
Volontaire vers un nouveau champ d'observation, vers un nouvel
objet.

Parfois, un plan semble donner de meilleurs résultats, puis


finalement les autres semblent préférables.

Nous avons attiré votre attention sur le fait que l'intérêt développe
l'Attention, et la maintient fixée, alors qu'un objet ou un sujet
inintéressant nécessite un effort et une application beaucoup plus
importante. Ce fait est évident pour n'importe qui. Une illustration
courante se trouve par l'exemple dans la lecture d'un livre. Presque
tout le monde accordera toute son attention à quelques brillantes
histoires passionnantes, mais peu seront capables d'utiliser
suffisamment d'attention pour maîtriser les pages de certains travaux
scientifiques. Mais, juste ici, nous souhaitons attirer votre attention
sur un autre partie du problème, qui est un autre exemple du fait que
la Vérité est composée de paradoxes.

Tout comme l'intérêt développe l'attention, c'est une vérité que


l'attention développe l'intérêt. Si l'on prend la peine d'accorder un
peu d'Attention Volontaire à un objet, on va rapidement découvrir
qu'un peu de persévérance permettra de mettre en évidence les
points d'intérêt de l'objet. Des choses qui avant restaient invisibles et
insoupçonnées sont soudainement mises en lumière. Et on
découvre de nombreux nouveaux aspects du sujet ou de l'objet, et
chacun d'entre eux à son tour, devient un sujet d'intérêt. C'est un fait
qui n'est pas si généralement connu, et qu'il sera bon pour vous
d'enregistrer et de mettre en pratique. Regardez les caractéristiques
intéressantes d'une chose inintéressante et lorsqu'elle elles vous
apparaîtront, bientôt l'objet inintéressant se transformera en une
source d'intérêts multiples.
L'Attention Volontaire est l'un des signes d'une Volonté développée.
C'est-à-dire d'un esprit qui a été bien entraîné par la Volonté, car la
Volonté est toujours forte, et c'est l'Esprit qui doit être formé, et non
la volonté. Et d'autre part, l'un des meilleurs moyens d'entraîner
l'Esprit par la Volonté, est la pratique de l'Attention Volontaire. Vous
voyez donc que la règle fonctionne dans les deux sens. Certains
psychologues occidentaux ont même avancé des théories selon
lesquelles le l'Attention Volontaire est le seul pouvoir de la Volonté,
et que ce pouvoir est suffisant, car si l'attention est fermement fixée
et maintenue sur un objet, l'esprit "fera le reste". Nous ne sommes
pas d'accord avec cette école de philosophie, mais nous nous
contentons de mentionner ce fait comme une illustration de
l'importance accordée par les psychologues à cette question de
l'Attention Volontaire.

Un homme d'une Attention fortement développée accomplit souvent


bien plus qu'un homme beaucoup plus brillant qui n'en dispose pas.
Attention et Application volontaires sont un excellent substitut au
génie, et aboutissent souvent à beaucoup plus dans le long terme.

L'attention volontaire est la fixation de l'esprit sincèrement et


intensément sur un objet particulier, tout en éloignant sa conscience
des autres objets qui font pression pour y entrer. Hamilton l'a défini
comme suit "conscience volontairement appliquée en vertu de sa loi
de limitation à un certain objet déterminé". Le même auteur poursuit
en affirmant que "plus grand est le nombre d'objets auxquels notre
conscience est simultanément étendue, moindre est l'intensité avec
laquelle on est capable de les analyser chacun, et par conséquent,
moins vive et moins distincte sera l'information contenue dans ces
différents objets. Lorsque notre intérêt pour un objet particulier est
excité, et que nous souhaitons en obtenir toute la connaissance qui
est en notre pouvoir, il nous incombe de limiter notre attention à cet
objet à l'exclusion des autres".

L'esprit humain n'a le pouvoir que de s'occuper d'un seul objet à la


fois, bien qu'il soit capable de passer d'un objet à l'autre à une
vitesse merveilleuse, si rapidement en fait, que certains ont soutenu
qu'il pourrait saisir plusieurs choses à la fois. Mais les meilleures
autorités, celles de l'Asie autant que celles de l'Occident, tiennent
pour correcte la théorie de "l'idée unique". Sur ce point nous
pouvons citer quelques autorités.

Jouffroy dit que "L'expérience a établi qu'on ne peut pas accorder


notre attention à plusieurs objets différents en même temps". Et
Holland déclare que "Deux pensées, même si elles sont étroitement
liées l'une à l'autre, ne peuvent être présumées exister en même
temps". Et Lewes nous a dit que "La nature de notre organisme nous
empêche d'avoir plus d'un aspect d'un objet présent à chaque
instant à la conscience". Whatelet dit : "Les meilleurs philosophes
sont d'accord sur le fait que l'esprit ne peut pas s'occuper de plus
d'une chose à la fois, et, lorsqu'il semble le faire, c'est parce qu'il se
déplace avec une rapidité prodigieuse de l'un à l'autre", vers l'arrière
et vers l'avant.

En accordant une Attention Volontairement concentrée sur un objet,


non seulement nous sommes capables de voir et de penser avec le
plus grand degré possible de clarté, mais l'esprit a tendance dans
ces circonstances à faire entrer dans le champ de sa conscience
l'ensemble des différentes idées associées dans notre mémoire à
cet objet ou ce sujet, et de construire autour de lui, ou de proposer
une masse de faits et d'informations connexes. Et en même temps
l'Attention accordée au sujet le rend plus vivant et plus clair, ainsi
que tout ce que nous apprenons de lui à ce moment-là, et en fait,
tout ce que nous pourrons en apprendre par la suite. Il semble se
creuser un canal, par lequel s'écoulera ce flux de connaissances.
L'Attention magnifie et augmente les pouvoirs de perception, et
soutient l'exercice des facultés de perception. En "faisant attention" à
quelque chose de vu ou d'entendu, on peut observer les détails de la
chose vue ou entendue, et là où l'esprit inattentif pourra acquérir,
disons, trois impressions, l'esprit attentif en absorbera trois fois trois,
ou peut-être trois fois "trois fois trois", soit vingt-sept. Et, comme
nous venons de le dire, l'attention met en jeu des pouvoirs
d'association et nous offre "les derniers détails" d'une chaîne sans
fin de faits associés, stockés dans notre mémoire, capables de
former de nouvelles combinaisons de faits que nous n'avions pas
regroupés auparavant, au point de faire ressortir dans notre champ
de conscience les nombreux fragments d'informations qui
concernent la chose à laquelle nous sommes attentifs. La preuve en
est dans l'expérience de chacun d'entre nous. Où est celui qui ne se
rappelle pas s'être assis pour écrire quelque chose, ou peindre ou
lire, avec grand intérêt et attention, et se retrouver à sa grande
surprise submergé par un flot de faits et de détails lui traversant
l'esprit à propos du sujet en question. L'Attention semble pouvoir
concentrer toutes les connaissances que vous possédez sur
quelque chose, et l'amener à un point qui vous permet de combiner,
associer, classer, etc., et ainsi créer de nouvelles connaissances.
Gibbon nous dit qu'après avoir jeté un bref coup d'œil et examiné un
nouveau sujet, il a arrêté de travailler dessus ce qui a permis à son
esprit (sous attention concentrée) de faire émerger toutes ses
connaissances sur le sujet, après quoi il a repris sa tâche avec une
puissance et une efficacité accrues.

Plus l'attention est fixée sur un sujet d'étude, plus l'impression que le
sujet laisse à l'esprit est profonde. Et il sera d'autant plus facile de
poursuivre ensuite le même cheminement de pensée et de travail.

L'attention est une condition préalable à une bonne mémoire, et en


fait il ne peut y avoir de mémoire du tout sans un certain degré
d'attention. Le degré de mémoire dépend du degré d'attention et
d'intérêt. Et quand il s'avère que le travail d'aujourd'hui est rendu
efficace par la mémoire des choses apprises hier, avant-hier et ainsi
de suite, il est clair que le degré d'attention accordé aujourd'hui régit
la qualité de la travail de demain.

Certaines autorités ont décrit le génie comme étant le résultat d'une


grande puissance d'attention, ou, du moins, que les deux semblaient
aller de pair. Un écrivain a déclaré que "la meilleure définition du
génie est sans doute le pouvoir de se concentrer sur un sujet donné
jusqu'à ce que toutes ses possibilités soient épuisées et absorbées".
Simon a dit que "le pouvoir et l'habitude de réfléchir attentivement et
assidûment sur un sujet, à l'exclusion momentanée de tous les
autres sujets, est l'un des principaux, si ce n'est pas le principal, des
moyens de réussite". Sir Isaac Newton nous a fait part de son plan
d'acquisition d'informations et de connaissances. Il a déclaré qu'il
gardait le sujet à l'étude devant lui continuellement, puis attendait la
première aube pour constater que la perception s'était peu à peu
éclairée au point de devenir une claire lumière. Un lever du soleil
mental, en fait!

Ce sage observateur, le Dr. Abercrombie, a écrit qu'il considérait qu'il


ne connaissait pas de règle plus importante pour accéder à
l'éminence dans une profession ou une occupation que la capacité à
faire une chose à la fois, en évitant tout objet ou sujet distrayant et
divertissant, et en gardant le sujet principal continuellement dans
l'esprit. Et d'autres ont ajouté qu'un tel parcours permet d'observer
les relations entre le sujet et son environnement qui n'apparaitraient
pas à des observateurs ou des étudiants négligents.

Le degré d'Attention cultivé par un homme est le degré de sa


capacité de travail intellectuel. Comme nous l'avons dit, les "grands"
hommes de tous horizons ont développé cette faculté à un degré
merveilleux, et beaucoup d'entre eux semblent avoir obtenu
"intuitivement" des résultats alors qu'en réalité, ils les obtiennent en
raison de leur pouvoir concentré d'Attention, qui leur permet de "voir"
au centre d'un sujet ou d'une proposition, et tout autour, de l'avant et
de l'arrière, et de tous les côtés, dans un espace de temps
incroyable pour celui qui n'a pas cultivé ce puissant pouvoir. Des
hommes qui ont consacré beaucoup d'attention dans un domaine de
recherche particulier sont capables d'agir presque comme s'ils
possédaient une "seconde vue", à condition que le sujet soit dans
leur domaine de prédilection. L'attention accélère chacune de leurs
facultés, facultés de raisonnement, acuité des sens, capacité de
dérision, facultés d'analyse, etc., chacune se voyant attribuer la
"finesse d'exécution" grâce à l'application de l'Attention Concentrée.
Et, d'autre part, il n'y a pas d'indication plus sûre d'un esprit faible
que le manque d'attention. Cette faiblesse peut résulter d'une
maladie ou d'une faiblesse physique agissant sur le cerveau, auquel
cas le problème n'est que temporaire. Il peut aussi résulter d'un
manque de développement mental. Les imbéciles et les idiots ont
peu ou pas d'attention. Le grand psychologue Français Luys, en
parlant de cela, dit "Imbéciles et idiots voient mal, entendent mal,
sentent mal, et leur sensorium est, en conséquence, dans une
condition similaire à une pauvreté sensitive. Leur réceptivité pour les
choses du monde extérieur est minimale, leur sensibilité faible, et
par conséquent, il leur est difficile d'obtenir la condition
physiologique nécessaire à la perception des sensations extérieures.

Dans la vieillesse, l'attention est la première faculté à montrer des


signes de déclin.

Certaines autorités ont soutenu que la Mémoire était la première


faculté à signaler l'approche de la vieillesse, mais c'est incorrect, car
il est communément constaté que les personnes âgées conservent
la mémoire des événements qui se sont produits dans un passé
lointain. La raison pour laquelle leur mémoire des événements
récents se retrouve affaiblie provient de ce que leur pouvoir
d'Attention les empêche de capter des impressions mentales fortes
et claires, et de les imprimer dans leur mémoire. Leurs premières et
anciennes impressions ayant été claires et fortes se remémorent
facilement , tandis que les dernières, plus faibles, reviennent avec
plus de difficulté. Si leur mémoire était en cause, il leur serait difficile
de se souvenir d'aucune impression, qu'elle soit récente ou lointaine.
Mais nous devons cesser de citer des exemples et des références
d'autorités scientifiques et culturelles pour vous exhorter à
l'importance de la faculté d'attention. Si vous ne vous en rendez pas
encore compte, c'est que vous n'avez pas accordé au sujet toute
l'Attention qu'il méritait et une répétition de plus ne remédierait pas à
la situation.
Reconnaître l'importance de l'Attention, du point de vue
psychologique, pour ne pas parler du côté occulte du sujet, n'est-ce
pas une raison suffisante pour vous de commencer à cultiver cette
faculté ? Nous pensons que oui. Et la seule façon de cultiver toute
capacité mentale, physique ou toute autre faculté, c'est de l'exercer.
L'exercice "use" un muscle, ou un mental mais l'organisme
s'empresse de se précipiter sur les lieux avec du matériel physique:
cellules, force nerveuse, etc. pour réparer les dégâts, et il envoie
toujours un peu plus que ce qui est nécessaire. Et ce "petit plus" qui
augmente continuellement, c'est ce qui développe les muscles et les
centres cérébraux. Et des centres cérébraux améliorés et renforcés
donnent à l'esprit de meilleurs instruments pour travailler.

L'une des premières choses à faire pour cultiver l'Attention est


d'apprendre à penser et à faire une seule chose à la fois. Acquérir le
"don" ou l'habitude de s'intéresser de près à ce qui se présente à
nous, puis de passer à la proposition suivante et en la traitant de la
même manière, est la voie plus propice au succès, et sa pratique est
le meilleur exercice possible pour développer sa faculté d'Attention.
Et au contraire, il n'y a rien de plus nuisible du point de vue d'une
performance réussie, et rien de mieux pour détruire le pouvoir de
l'Attention que l'habitude d'essayer de faire une chose tout en
pensant à une autre. La partie pensante de l'esprit et les parties
actives doivent travailler ensemble, et non pas en opposition.

Le Dr Beattie, parlant de ce sujet, nous dit : "C'est n'est pas une


question de moindre importance que de prendre l'habitude de ne
faire qu'une seule chose à la fois; j'entends par là que tout en
s'occupant d'un objet quelconque, nos pensées ne doivent pas
s'égarer vers une autre". Et Granville ajoute : "Une cause fréquente
d'échec dans la faculté d'Attention est de se laisser aller à penser à
plus d'une chose à la fois". Et Kay cite, en approuvant un écrivain
qui dit : "Elle a fait les choses facilement, parce qu'elle s'y est
consacrée en le faisant. Lorsqu'elle faisait du pain, elle pensait au
pain, et non à la mode de sa prochaine robe, ou à son partenaire de
la dernière danse". Lord Chesterfield a dit : "Il y a assez de temps
pour tout au cours d'une journée, si vous ne faites qu'une chose à la
fois ; mais il n'y en pas assez dans l'année si vous essayez de faire
deux choses à la fois".

Pour obtenir les meilleurs résultats, il faut s'entraîner à se concentrer


sur la tâche qui vous attend, en écartant dans la mesure du possible,
toute autre idée ou toute autre pensée. Il faut même oublier sa
propre personnalité, car il n'y a rien de plus destructeur de la bonne
pensée que de permettre à la conscience de soi de s'immiscer. On
travaille mieux quand on "s'oublie" dans son travail, et qu'on coule
sa personnalité dans le travail créatif. Le homme sérieux ou la
femme sérieuse sont ceux qui immergent leur personnalité dans le
résultat souhaité, ou dans l'exécution de la tâche entreprise.
L'acteur, le prédicateur, l'orateur, l'écrivain, doivent se perdre de vue
pour obtenir les meilleurs résultats. Gardez l'Attention fixée sur la
chose qui est devant vous, et laissez le moi s'occuper de lui-même.

En relation avec ce qui précède, nous pouvons vous relater une


anecdote de Whateley qui peut être intéressante dans le cadre de
l'examen de ce thème: "se perdre" dans sa tâche. On lui demandait
une recette pour lutter contre la "timidité", et il a répondu que la
personne était timide simplement parce qu'elle ne pensait qu'à elle-
même et à l'impression qu'elle produisait. Sa recette était que le
jeune homme devrait penser aux autres et au plaisir qu'il pourrait
leur donner et de cette façon, s'oublier lui-même. La prescription est
supposée avoir provoqué la guérison ! La même autorité a écrit :
"Que tous deux, l'orateur contemporain et le relecteur de ses
propres écrits s'efforcent d'éviter autant que possible toute pensée
de soi, pour fixer intensément leur esprit sur la question qu'ils sont
entrain de traiter et éviter d'en arriver à se sentir embarrassés en
imaginant l'opinion que les auditeurs s'en formeront".

Le même écrivain, Whateley, qui semble avoir fait une sacrée étude
de l'Attention, nous en a offert des réflexions détaillées et
intéressantes. Les conclusions suivantes sont à lire avec grand
intérêt et, si elles sont bien comprises, peuvent être utilisées à bon
escient. Il dit : "C'est un fait, et un fait très curieux que beaucoup de
gens remarquent qu'ils peuvent mieux se concentrer sur toute affaire
sérieuse lorsqu'ils sont occupés par quelque chose d'autre qui
nécessite un peu de temps, mais peu d'attention, comme des
travaux d'aiguille, de découpes de papier ou même simplement en
tripotant leurs doigts dans tous les sens". Il n'en donne pas la raison,
et à première vue cela peut sembler en contradiction avec l'idée
d'"une chose à la fois". Un examen plus approfondi nous indique que
les travaux mineurs (couper des feuilles de papier) est mouvement
de nature involontaire et automatique, dans la mesure où il ne
requiert que peu ou pas d'attention volontaire, et semble "se faire"
tout seul. Il ne détourne pas l'attention du sujet principal, mais peut-
être agit-il pour attirer "l'attention gaspilleuse" qui tente souvent de
détourner l'attention d'un acte volontaire vers un autre plus
distrayant. D'habitude, l'esprit fait une chose tandis que son attention
est fixée sur une autre. On peut, par exemple, écrire en ayant
l'attention fermement fixée sur la pensée qu'on souhaite exprimer,
alors qu'au même moment la main trace l'écriture apparemment
sans qu'aucune attention ne lui soit accordée. Mais laissez un jeune
garçon, ou une personne peu habituée à écrire, essayer d'exprimer
ses pensées de cette manière et vous constaterez qu'il est gêné
dans le flux de ses pensées par le fait qu'il doit accorder beaucoup
d'attention à l'acte mécanique de l'écriture. De la même manière, le
débutant devant sa machine à écrire a du mal à taper, tandis que la
dactylographe expérimentée exécute les mouvements des doigts
sans aucun frein à son flux de pensée et à la concentration de son
Attention. En fait, nombreux sont ceux qui estiment qu'ils peuvent
concevoir beaucoup mieux en utilisant la machine à écrire qu'en
dictant à une sténographe. Nous pensons que vous en comprenez le
principe.

Et maintenant, un petit exercice mental d'attention, pour que vous


puissiez vous élancer sur la route de l'entraînement cette importante
faculté.

EXERCICE DE DRILL MENTAL D'ATTENTION.

Exercice I. Commencez par prendre un objet familier et placez-le


devant vous, essayez d'obtenir le plus d'impressions possibles à son
sujet.

Étudiez sa forme, sa couleur, sa taille, et les mille et une petites


particularités qui se présentent à votre attention. Tout en faisant cela,
réduisez la chose à ses parties les plus simples, analysez-la aussi
loin que possible, disséquez-le mentalement, et étudiez ses parties
en détail. Plus la partie à considérer est simple et petite, plus claire
sera l'impression perçue, et plus vivante reviendra-t-elle de votre
mémoire.

Réduisez la chose à des proportions aussi simples que possible,


puis examinez chaque partie, et maîtrisez-la, puis passez à la partie
suivante, et ainsi de suite jusqu'à ce que vous ayez couvert tout le
champ d'étude de l'objet. Ensuite, lorsque vous aurez terminé
l'examen de l'objet, prenez un crayon et une feuille de papier et
couchez-y autant que vous pourrez des éléments et des détails de
l'objet examiné. Lorsque vous aurez fait cela, comparez la
description écrite avec l'objet lui-même, et voyez combien de points
vous avez omis de noter.

Le lendemain, reprenez le même objet, et après l'avoir réexaminé,


décrivez-en par écrit tous les détails et vous constaterez que vous
aurez enregistré un bien plus grand nombre d'impressions à son
sujet, et, de plus, vous aurez découvert de nombreux nouveaux
détails lors de ce deuxième examen. Cet exercice renforce la
mémoire ainsi que l'attention, car les deux sont étroitement
connectés, la mémoire dépendant largement de la clarté et de la
force des impressions reçues, alors que les impressions, elles,
dépendent du niveau d'attention portée à la chose observée. Ne
vous fatiguez pas avec cet exercice, car une Attention fatiguée est
une mauvaise Attention. Mieux vaut essayer par degrés, en
augmentant un peu la tâche à chaque essai. Faites-en un jeu si vous
le souhaitez, et vous trouverez plutôt intéressant de remarquer votre
constante mais progressive amélioration.

Il sera intéressant de s'exercer à ce sujet avec un ami, et de varier


l'exercice en examinant l'objet et en notant vos impressions chacun
de votre côté, puis en comparant les résultats. Cela ajoute de
l'intérêt à la tâche, et vous serez surpris de voir à quelle vitesse vous
augmentez vos pouvoirs d'observation, pouvoirs qui, bien entendu,
résultent de l'Attention.

Exercice II. Cet exercice n'est qu'une variation du premier. Il consiste


à entrer dans une pièce, à y jeter un coup d'œil rapide, puis ensuite,
à écrire le nombre de choses que vous avez observées, avec une
description de chacune. Vous serez surpris de constater combien de
choses vous avez manqué au premier abord, et à quel point vous
allez améliorer votre observation avec un peu de pratique. Cet
exercice peut aussi être amélioré avec l'aide d'un ami, comme nous
l'avons expliqué dans notre dernier exercice. Il est étonnant de
constater le nombre de détails que l'on peut remarquer et dont on
peut ensuite se souvenir avec une peu de pratique. C'est Houdin,
l'illusionniste français, qui a amélioré et développé sa faculté
d'attention et de mémoire en jouant ce jeu avec un jeune membre de
sa famille. Ils passaient devant une vitrine de magasin en jetant un
regard attentif mais furtif sur son contenu. Puis ils allaient comparer
leurs notes au coin de la rue. Au début, ils ne pouvaient se souvenir
que d'un ou quelques articles importants, c'est-à-dire que leur
attention n'avait pu en saisir qu'assez peu. Mais au fur et à mesure
qu'ils s'entraînaient, ils constatèrent qu'ils pouvaient observer et se
souvenir d'un nombre de plus en plus grand d'objets de la vitrine. Et,
enfin, on raconte que Houdin pouvait passer rapidement devant la
vitrine d'un tout grand magasin, en ne lui accordant qu'un regard
rapide, et puis être capable de citer et de décrire avec précision
presque tous les objets visibles dans la vitrine. Cet exploit pouvait
s'accomplir grâce au fait que l'Attention a permis à Houdin de fixer
dans son esprit une image mentale vivante de l'étalage et de son
contenu, puis qu'il a pu en décrire les articles un par un à partir de
l'image qu'il avait en tête.
Houdin a appris à son fils à développer son Attention par un simple
exercice qui peut être intéressant et utile pour vous. Il déposait un
domino devant le garçon, un cinq-quatre par exemple. Il exigeait que
le garçon lui dise le nombre combiné à la fois, sans lui permettre de
s'arrêter pour compter les emplacements un par un. "Neuf", lui
répondait le garçon après un moment d'hésitation. Puis un autre
domino, un trois-quatre, était ajouté. "Ça fait seize," cria le garçon.
Deux dominos à la fois, c'était la tâche du deuxième jour. Le
lendemain, trois était la norme. Le lendemain, quatre, et ainsi de
suite, jusqu'à ce que le garçon soit capable de manipuler douze
dominos, c'est-à-dire de donner instantanément le nombre total de
points des douze dominos, après un seul regard. C'était de
l'Attention pour de bon, qui montre à quel point la pratique peut
développer une faculté. Le résultat en a été prouvé par la
merveilleuse capacité d'observation, de mémoire et d'attention, et
d'action mentale que le garçon a pu acquérir. Non seulement il a été
capable d'additionner des dominos instantanément, mais il avait
développé des pouvoirs d'observation qui semblait quelque peu
miraculeux. Et pourtant, dit-on, il n'avait qu'une pauvre disposition à
l'attention et une mémoire déficiente avant de commencer.

Si tout cela semble incroyable, rappelons-nous comment les anciens


joueurs de whist notaient et se souvenaient de toutes les cartes du
paquet, et pouvaient dire si elles avaient été jouées ou non en
décrivant dans quelles circonstances. Il en est de même pour les
vrai joueurs d'échecs, qui observent chaque coup et peuvent
raconter l'ensemble du jeu en détail longtemps après qu'il ait été
joué. Et rappelez-vous aussi comment une femme peut en croiser
une autre dans la rue, et sans avoir l'air de lui jeter plus qu'un regard
insouciant, être capable de décrire en détail chaque caractéristique
de ses vêtements, y compris couleur, texture, style de mode, et prix
probable de l'ensemble. Alors qu'un homme ordinaire n'aurait
presque rien remarqué à ce sujet, simplement parce qu'il ne lui
aurait pas accordé la moindre attention. Mais à quelle vitesse cet
homme n'apprendrait-il pas à être aussi attentif et observateur que
sa sœur sur les vêtements féminins si son succès commercial en
dépendait ou si son instinct de spéculation avait été excité par un
pari avec un ami à propos duquel pourrait se souvenir le mieux des
vêtements d'une femme entrevue d'un coup d'œil ? Vous le voyez,
c'est une pure question d'Intérêt et d'Attention.

Mais nous oublions que l'Attention peut être développée et cultivée,


et nous nous plaignons que "ne nous souvenons plus de certaines
choses" ou que nous ne semblons pas capable "d'en prendre note".
Un peu de pratique fera des merveilles pour y remédier.

Maintenant, bien que les exercices ci-dessus pourront développer


votre mémoire et vos pouvoirs d'observation, ce n'est toujours pas la
raison principale que nous leur avons assignée pour vous. Nous
avons un objectif à plus long terme qui vous apparaîtra avec le
temps. Nous visons à développer votre Volonté, et nous savons que
l'Attention se tient devant la porte de la Volonté. Pour pouvoir utiliser
votre Volonté, vous devez être en mesure de focaliser votre attention
de manière forcée et sans équivoque. Et ces exercices enfantins
vous aideront à développer les muscles mentaux de l'Attention. Si
même vous ne faisiez que pratiquer ces jeux enfantins auxquels les
jeunes étudiants Yogi sont obligés de jouer afin de développer les
facultés mentales, vous pourriez déjà changer votre regard sur les
Adeptes du Yogi que vous considériez comme de simples rêveurs,
loin du monde pratique. Ces hommes, et leurs étudiants, sont
intensément pratiques. Ils ont acquis la maîtrise de l'Esprit, et de ses
facultés, et sont capables de les utiliser comme des outils
tranchants, tandis qu'un homme non formé découvre qu'il n'a qu'une
lame émoussée et non aiguisée qui ne fait rien d'autre que charcuter
et tailler grossièrement, au lieu de pouvoir fabriquer un produit fini.
Le Yogi croit qu'il faut donner au "Je" les bons outils pour travailler,
et il passe beaucoup de temps à tremper et à aiguiser ces outils. Oh,
non, les yogis ne sont pas des rêveurs oisifs. Leur maîtrise des
"choses pratiques" pourrait bien surprendre beaucoup d'hommes
d'affaires occidentaux factuels et pragmatiques, s'ils pouvaient les
observer de près.
C'est pourquoi nous vous demandons de vous entraîner à "observer
les choses". Les deux exercices que nous vous avons donnés à
faire ne sont que des indications de la ligne générale. Nous
pourrions vous en donner des milliers, mais vous pouvez les
préparer vous-mêmes aussi bien que nous. Le petit garçon hindou
apprend l'Attention en étant invité à noter et se souvenir du nombre,
de la couleur, du caractère et d'autres détails d'un certain nombre de
pierres de couleur, de bijoux, etc., montrés juste un instant dans une
paume ouverte, refermée l'instant d'après. On lui apprend à noter et
à décrire les voyageurs de passage, et leurs équipements, les
maisons qu'il voit sur son chemin, et des milliers d'autres objets
quotidiens. Les résultats sont quasi merveilleux. Il est ainsi formé en
tant que "chela" ou étudiant, et il apporte à son "gourou" ou à son
professeur un cerveau bien développé, un esprit bien éduqué pour
obéir à la volonté du "Je", avec des facultés affûtées capables de
percevoir instantanément ce que d'autres ne verraient pas en une
quinzaine de jours. Il est vrai qu'il ne fait pas appel à ces facultés
pour "faire des affaires" ou une autre activité dite "pratique", mais
qu'il préfère les consacrer à des activités abstraites, des études et
des activités en dehors de ce que l'homme occidental considère
comme étant la finalité et le but de sa vie. Mais n'oubliez pas que les
deux civilisations sont assez différentes et suivent des idéaux
différents, dans des conditions de vie différentes et dans des
mondes différents, pour ainsi dire. Mais c'est une question de goût et
d'idéal, la faculté de la "vie pratique" de l'Ouest est à la disposition
du "chela", s'il juge bon de s'y mêler. Mais tous les jeunes hindous
ne sont pas des chelas, rappelez-vous, ni tous les jeunes
occidentaux des "capitaines d'industrie", ou des futurs Edison.
MANTRA (AFFIRMATION).
J'utilise mon attention pour développer mes facultés mentales, afin
de donner à mon "Je" un instrument parfait pour travailler.
L'Esprit est Mon instrument et Je l'amène à un état de capacité de
travail parfait.
Il n'y a qu'une seule vie, une vie sous-jacente.
Cette vie se manifeste à travers moi, et à travers toute autre forme,
état et chose.

Je me repose dans le giron du grand océan de la vie, et il me


soutient et me portera en toute sécurité, même si les vagues
montent et descendent, même si les orages font rage et que les
tempêtes rugissent.

Je suis en sécurité sur l'océan de la vie, et la sensation du


balancement de sa respiration me réjouit.
Rien ne peut me faire de mal, même si des changements peuvent
advenir et disparaître, je suis en sécurité.
Je ne fais qu'un avec la Vie Unique et le Pouvoir, la Connaissance,
la Paix se trouvent derrière, en dessous et en moi.

Oh ! Vie Une! Exprime-Toi à travers moi, porte moi maintenant sur la


crête de la vague, venant du fond de l'océan, toujours soutenu par
Toi, tout est bon pour moi, car je sens Ta vie qui se déplace en moi
et à travers moi.

Je suis Vivant à travers ta vie, et je m'ouvre à ta pleine manifestation


et à ton afflux.
LEÇON VI. LA CULTURE DE LA PERCEPTION.
L'homme acquiert sa connaissance du monde extérieur grâce à ses
sens. Et par conséquent, beaucoup d'entre nous ont l'habitude de
penser à ces sens comme s'ils se chargeaient de la détection, alors
qu'ils ne sont que de simples transmetteurs des vibrations provenant
du monde extérieur, qui sont ensuite présentées à l'esprit à pour
examen. Nous en parlerons plus longuement un peu plus loin dans
cette leçon. Nous souhaitons à présent vous faire comprendre le fait
que c'est l'Esprit qui perçoit, et non les sens. Et, par conséquent, le
développement de la perception est en fait un développement de
l'Esprit.

Les Yogis font subir à leurs élèves un entraînement et des exercices


très difficiles destinés à développer leurs capacités de perception.
Pour beaucoup, il semblerait que ce soit simplement un
développement des sens, qui pourrait sembler bizarre compte tenu
du fait que les Yogis prêchent constamment contre la folie d'être
gouverné et dirigé par les sens. Mais il n'y a rien paradoxal dans tout
cela pour les Yogis, qui, tout en prêchant contre cette folie de la vie
des sens et en en professant l'enseignement dans leur vie, croient
néanmoins à l'utilité de tous les exercices destinés à "aiguiser"
l'esprit, et à le développer jusqu'à un état et une condition de grand
intérêt.

Ils voient une grande différence entre avoir une perception aiguisée,
d'une part, et être esclave des sens d'autre part. Par exemple, que
penserait-on d'un homme qui s'opposerait à l'idée de disposer d'une
vue perçante, de peur que cela ne l'éloigne des choses les plus
élevées, en raison de son attachement aux belles choses qu'il
pourrait voir. Pour réaliser la folie de cette idée, analysons sa
conclusion logique, qui signifierait que l'on vivrait alors bien mieux si
tous nos sens étaient détruits. Après une minute de réflexion,
l'absurdité, pour ne pas dire la méchanceté, d'une telle idée devient
évidente pour tout le monde.
Le secret de la théorie et des enseignements du Yogi concernant le
développement des pouvoirs Mentaux, réside dans le mot "Maîtrise".
L'étudiant en yoga atteindra cette maîtrise de deux manières. La
première manière est de subordonner tous les sentiments, les
impressions sensorielles, etc., à la maîtrise du "Je", ou de la Volonté,
la maîtrise étant ainsi obtenue par l'affirmation de la domination du
"Je" sur les facultés et les émotions, etc. La deuxième étape, ou
voie, réside dans le Yogi, une fois qu'il a affirmé la maîtrise et
commencé à développer et à perfectionner son instrument mental,
de manière à obtenir un meilleur résultat et en tirer profit. Il agrandit
ainsi son royaume et s'installe en maître sur un territoire beaucoup
plus vaste.

Pour acquérir des connaissances, il est nécessaire d'utiliser au


mieux les instruments et outils mentaux qui sont à disposition. Et
encore une fois, il faut développer et améliorer de tels outils, en y
mettant son point d'honneur. Non seulement on tirera un grand profit
du développement de ses facultés de perception, mais on pourra
acquérir l'avantage supplémentaire d'entraîner l'ensemble de l'esprit
grâce à la pratique de la discipline mentale et de la formation qui
résultent des exercices précédents, etc. Dans nos précédentes
leçons, nous avons indiqué certains des moyens par lesquels ces
facultés pourraient être grandement améliorées et leur efficacité
accrue. Dans cette leçon, nous indiquerons certaines directions dans
lesquelles ces facultés de perception peuvent être développées.
Nous sommes convaincus que la simplicité de l'idée n'entraînera pas
nos étudiants à se désintéresser de cette tâche. Si seulement ils
savaient ce qu'un tel développement peut leur apporter, ils se
précipiteraient sur nos suggestions. Chacune des idées et des
exercices que nous donnons sont destinés à conduire au
renforcement de l'esprit, à l'obtention de pouvoirs et au
développement des facultés. Il n'y a pas de voie royale vers le Raja
Yoga, mais l'étudiant sera largement récompensé de son effort
d'avoir su gravir la colline de la Réussite.
Compte tenu de ce qui précède, examinons la question des sens.
Par le biais des les portes des sens, l'homme reçoit toutes les
informations concernant le monde extérieur. S'il garde ces portes à
moitié ouvertes ou encombrées d'obstacles et de déchets, il peut
s'attendre à ne recevoir que peu de messages de l'extérieur. Mais s'il
garde ses portes dégagées et propres, il obtiendra le meilleur de ce
qui est passé par son chemin.

Si l'on naissait sans organes des sens, peu importe la qualité de


l'esprit puisqu'on serait contraint de vivre sa vie dans une phase de
rêve végétal existentiel, avec peu ou pas de conscience. L'esprit
serait comme une semence dans la terre, qui pour une raison
quelconque a été empêchée de pousser.

On peut objecter que les idées les plus élevées ne nous viennent
pas par les sens, mais sont les réponses l'esprit qui a travaillé sur
les choses que ces sens ont récoltées, la "matière première" sur
laquelle se façonne les plus belles réflexions que l'esprit est capable
de produire dans ses plus hautes sphères. Tout comme le corps
dépend pour sa croissance de la nourriture qu'il reçoit, ainsi l'esprit
dépend-il pour sa croissance des impressions reçues de l'Univers, et
ces impressions viennent en grande partie par les sens. On peut
objecter que nous savons beaucoup de choses que nous n'avons
pas reçues par nos sens. Mais, l'objecteur inclut-il les impressions
qui sont venues par ses sens dans une existence antérieure, et qui
ont été impressionnées dans son esprit instinctif, ou par la mémoire
de son âme ? Il est vrai qu'il existe des sens plus élevés que ceux
habituellement reconnus, mais la nature insiste sur l'apprentissage
des leçons de niveaux inférieurs avant d'essayer ceux d'un niveau
plus élevé.

N'oubliez pas que tout ce que nous savons c'est sur quoi nous
avons "travaillé". Il n'y a rien qui vienne tout seul à l'oisif, ou au tire-
au-flanc. Ce que nous savons n'est que le résultat d'une
"accumulation d'expériences antérieures", comme si bien dit Lewes.
On verra donc que l'idée du Yogi selon laquelle il faut développer
toutes les parties de l'esprit est strictement correcte, si l'on prend la
peine de bien examiner cette idée. Un homme ne voit et ne sait que
très peu de ce qui se passe en lui. Grandes sont ses limites. Ses
pouvoirs de vision ne font que lui rapporter quelques vibrations de
lumière, tandis que dans le dessous et dans le dessus de l'échelle
se trouve une infinité de vibrations qui lui sont inconnues. Il en va de
même pour les pouvoirs de l'audition, dont seule une partie
relativement faible des ondes sonores atteignent l'esprit de l'homme,
et nombreux sont les animaux qui en entendent plus que lui.

Si l'homme n'avait qu'un seul sens, il n'obtiendrait qu'une seule idée


du monde extérieur. Si l'on y ajoute un autre sens, ses
connaissances sont doublées. Et ainsi de suite. La meilleure preuve
de la relation entre l'augmentation de la perception sensorielle et le
développement se fait en étudiant l'évolution des formes animales.
Dans les premiers stades de la vie, l'organisme qui n'a que le sens
de la sensation, et encore très faiblement, et un léger sens du goût.
Puis se développent l'odorat, l'ouïe et la vue, chacune marquant une
avancée distincte dans l'échelle de la vie, pour qu'un nouveau
monde s'ouvre aux formes de vie qui se développent. Et, lorsque
l'homme développe de nouveaux sens, il devient un être plus sage
et plus grand.

Carpenter, il y a de nombreuses années, a exprimé une pensée qui


sera familière à ceux qui connaissent les enseignements du Yogi
concernant l'épanouissement des nouveaux sens. Il a dit : "Il ne
semble pas du tout improbable qu'il y aient des propriétés de la
matière dont aucun de nos sens ne peut prendre directement
connaissance, et que d'autres êtres pourraient être formés à
percevoir de la même manière que nous sommes sensibles à la
lumière, au son, etc."

Et Isaac Taylor a dit : "Il se peut que dans le domaine observé de


l'univers visible et réfléchi existe et se déplace un autre élément
chargé d'une autre espèce de vie corporelle, en fait, et différent dans
ses dispositions, mais qui ne serait pas accessibles à la
connaissance de ceux qui sont limités aux conditions des capacités
animale. Faut-il penser que l'œil de l'homme est la mesure de la
puissance du Créateur ? et qu'Il n'a créé que ce qu'il a exposé à nos
sens actuels ? Le contraire semble beaucoup plus qu'à peine
probable, ne devrions-nous pas penser même presque certain ?"

Un autre écrivain. Le professeur Masson, a dit : "Si un nouveau sens


ou deux étaient ajoutés au nombre actuel des sens chez l'homme,
celui qui est maintenant le monde phénoménal pour nous tous
pourrait, pour autant que nous le savons, éclater en quelque chose
d'étonnamment différent et plus large, suite aux révélations de ces
nouveaux sens".

Et non seulement cela est vrai, mais l'homme peut accroître ses
pouvoirs de connaissance et d'expérience s'il ne voulait que
développer les sens qu'il possède à un plus haut niveau d'efficience,
au lieu de leur permettre de rester comparativement atrophiés. Et
c'est dans ce but que cette leçon est écrite.

L'esprit obtient ses impressions sur les objets du monde extérieur


par le cerveau et les organes des sens. Les organes sensoriels sont
les instruments de l'esprit, tout comme le cerveau et tout le système
nerveux. Par le biais des nerfs et du cerveau, l'esprit utilise les
organes sensoriels pour obtenir des informations concernant des
objets extérieurs.

On dit généralement que les sens se composent de cinq formes


différentes, à savoir la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher et le goût.

Les Yogis enseignent qu'il existe des sens supérieurs, non


développés, ou comparativement peu développés dans la majorité
de l'espèce en évolution, mais tournés vers l'épanouissement où
celle-ci les conduira. Mais nous ne toucherons pas à ces sens dans
cette leçon, car ils appartiennent à une autre phase du sujet. Outre
les cinq sens énumérés ci-dessus, certains physiologistes et
psychologues ont soutenu qu'il y en avait plusieurs autres à mettre
en évidence. Par exemple, le sens par lequel les organes internes
révèlent leur présence et leur condition. Le système musculaire
informe le cerveau par un certain sens qui n'est pas celui du
"toucher", bien qu'il lui soit étroitement lié. Et les sentiments de faim,
de soif, etc., semblent nous venir d'un sens non-nommé, encore
inconnu.

Bernstein a fait la distinction entre les cinq sens et celui qu'il décrit
comme suit : "La distinction caractéristique entre ces sensations
communes et les sensations des sens est que par ces derniers nous
acquérons la connaissance des occurrences et des objets qui
appartiennent au monde extérieur (par lesquelles sensations nous
faisons référence aux objets extérieurs), alors que par les premiers
nous ne ressentons que les conditions de notre propre corps".

Une sensation est la conception interne, mentale, résultant d'un


objet ou d'un fait extérieur excitant les organes des sens, les nerfs et
le cerveau, rendant ainsi l'esprit "conscient" de l'objet ou du fait
extérieur. Comme Bain l'a dit, c'est "l'impression mentale, le
sentiment ou l'état conscient", résultant de l'action de choses
extérieures sur une partie du corps, appelée de ce point de vue,
sensible".

Chaque canal d'impression sensorielle possède un ou plusieurs


organes, particulièrement adapté à l'excitation de sa substance par
le type particulier de vibrations par lesquelles il reçoit des
impressions. L'œil est le plus astucieusement et soigneusement
conçu pour recevoir les ondes lumineuses, et les ondes sonores ne
produisent sur lui aucun effet. Et, de même, les délicats mécanismes
de l'oreille ne réagissent qu'aux ondes sonores, les ondes
lumineuses n'ayant aucune chance de l'affecter. Chaque ensemble
de sensations est entièrement différent, et les organes et les nerfs
destinés à enregistrer chaque ensemble particulier sont
spécialement adaptés à leur propre travail. Les organes du sens, y
compris leurs systèmes nerveux spéciaux, peuvent être comparé
chacun à un instrument délicat que l'esprit s'est forgé, afin qu'il
puisse enquêter, examiner et obtenir des informations du monde
extérieur.
Nous nous sommes tellement habitués au fonctionnement des sens
que nous les considérons comme une "évidence", et ne les
reconnaissons pas assez comme les merveilleux instruments qu'ils
sont, conçus et perfectionnés par l'esprit pour son propre usage. Si
nous considérons que l'âme a dessiné, fabriqué et utilisé ces
instruments, nous pouvons commencer à comprendre leur véritable
relation à notre vie, et, par conséquent, les traiter avec plus de
respect et de considération.

Nous avons l'habitude de penser que nous sommes conscients de


toutes les sensations reçues par notre esprit. Mais c'est loin d'être
exact. Les régions inconscientes de l'esprit sont incomparablement
plus grandes que les petites zones conscientes auxquelles nous
pensons généralement lorsque nous disons "mon esprit". Dans les
futures leçons, nous procéderons à l'examen de cette merveilleuse
région, et nous analyserons tout ce qu'on peut y trouver. Taine a
bien dit : "Il y a en nous un processus souterrain d'une étendue
infinie et seuls ses produits nous sont connus et ne le sont que
globalement. En ce qui concerne leurs éléments, notre conscience
ne les discerne pas. Ils sont aux sensations ce que les molécules
secondaires et les molécules primitives sont au corps. Nous jetons
un coup d'œil ici et là sur des mondes obscurs et infinis cachés à
l'intérieur de nos différentes sensations. Ce sont des composés et
des ensembles. Pour que leurs éléments soient perceptibles à la
conscience, il serait nécessaires qu'ils s'additionnent et acquièrent
ainsi une certaine masse et occupent un certain espace de temps,
car si l'agglomérat n'atteint pas cette masse, et ne dure pas ce
temps, nous n'observerons aucun changement dans notre état.
Néanmoins, bien qu'il nous échappe, il y en a un".

Nous devons remettre à plus tard l'examen de cette phase plus


qu'intéressante du sujet jusqu'à une future leçon où nous ferons un
voyage dans les régions de l'Esprit, en-dessous et au-dessus de la
Conscience. Et un merveilleux voyage, ainsi que vous le
constaterez. Pour l'instant, prêtons attention aux canaux par
lesquels les matériaux de la connaissance et de la pensée entrent
dans nos esprits. Parce que ces impressions des sens qui nous
viennent de l'extérieur sont en effet le "Matériel" sur lequel travaille
l'esprit afin de fabriquer le produit appelé "Pensée".

Cette matière que nous obtenons par les canaux des sens, stockés
ensuite dans ce merveilleux entrepôt, la Mémoire, d'où nous les
faisons sortir de temps en temps, pour les tisser dans la fabrique de
mémoire. La compétence du travailleur dépend de sa formation, et
de sa capacité à sélectionner et à combiner les matériaux
appropriés. Et l'acquisition des bons matériaux à stocker constituent
une partie importante du travail.

Un esprit sans matériel stocké d'impressions et d'expériences serait


comme une usine sans matière première. Les machines n'auraient
rien à faire, et le site serait inactif. Comme l'a dit Helmholtz,
"L'appréhension par les sens fournit directement ou indirectement le
matériel de toutes les connaissances humaines, ou au moins le
stimulus nécessaire pour développer chaque faculté innée de
l'esprit". Et Herbert Spencer ajoute ceci sur cette phase du sujet,
"C'est presque un truisme de dire que c'est en proportion de la
quantité d'objets que l'on peut distinguer, et en proportion de la
variété des coexistences et des séquences qui peuvent être
sérieusement prises en compte que doit être le nombre, la rapidité et
la variété des changements au sein de l'organisme et que doit
intervenir la quantité de vitalité".

Une petite réflexion sur ce sujet nous montrera que plus grand sera
le niveau d'entraînement des sens, plus grand sera le degré de
puissance et de capacité mentale. De même que nous stockons
notre réserve mentale avec les matériaux destinés à fabriquer de la
pensée, de même sera la qualité et la quantité de tissu mental
produite.

Il nous incombe donc de nous réveiller de notre état d'esprit


"paresseux", et de procéder au développement de nos organes des
sens, et de leur mécanisme d'accompagnement, car ce faisant, nous
augmentons notre capacité de réflexion et de connaissance.

Mais avant de passer aux exercices, il peut être bon de donner un


aperçu rapide sur les différents sens et leurs particularités

Le sens du toucher et son développement a beaucoup compté pour


l'homme. C'est le sens dans lequel l'homme surpasse les animaux
tant en degré qu'en acuité. L'animal peut avoir une odeur, un goût,
une ouïe et une vue plus aigus, mais son sens du toucher est bien
inférieur à celui de l'homme. Anaxagoras est cité pour avoir dit que
"si les animaux avaient des mains et des doigts, ils seraient comme
des hommes".

En développant le sens du toucher, l'étudiant doit se rappeler que


l'attention est la clé du succès. Plus l'attention est grande, plus est
grand le degré de développement possible de n'importe quel sens.
Lorsque l'attention est concentrée sur un sens particulier, ce dernier
devient plus rapide et plus aigu, et l'exercice répété avec attention
fera des merveilles. Et d'autre part, le sens du toucher peut être
presque, ou complètement, inhibé, en fixant fermement son attention
sur autre chose. Comme preuve définitive de ce fait, l'étudiant est
prié de se souvenir des hommes ont été connus pour souffrir une
atroce torture, apparemment sans ressentir aucune douleur, grâce
au fait que leur esprit était intensément rivé à une idée ou une
pensée hors de l'action présente. Comme l'a dit Wyld, "Le martyr
supportant une épreuve supérieure à ses impressions sensorielles,
est non seulement capable d'endurer des tortures, mais est capable
de les supporter et de les "désactiver". Le pincement et le
découpage de la chair n'a fait qu'ajouter de l'énergie au chant de
mort de l'Indien d'Amérique, et même l'esclave sous le fouet est
soutenu par le sentiment indigné de son injustice".

Dans le cas de personnes exerçant des professions exigeant un fin


degré du toucher, l'évolution de ce sens est devenue merveilleuse.
Le graveur, en passant sa main sur la plaque, est capable de
distinguer la moindre imperfection. Et le couturier palpant étoffes et
tissus est capable de distinguer la moindre imperfection, simplement
par le sens du toucher. Les trieurs de laine, eux-aussi, acquièrent un
une finesse de toucher merveilleusement sensible. Et les aveugles
sont capables de compenser la perte de leur capacité de vision, par
un sens du toucher fortement aiguisé et on cite des cas où des
aveugles ont été capables de distinguer les couleurs rien que par les
différences de "sensations" du matériau.

Le sens du goût est étroitement lié à celui du toucher, en fait, et


certains scientifiques ont considéré le goût comme un sens très
développé du toucher de certaines surfaces du corps, la langue
notamment. On se souviendra que la langue détient le sens le plus
fin du toucher, et qu'elle a aussi un sens du goût qui s'est développé
à la perfection. Pour goûter, l'objet doit être mis en contact direct
avec l'organe du sens, ce qui n'est pas le cas pour Sentir, Entendre
ou Voir. Et, rappelons que ces derniers disposent de nerfs
particuliers, tandis que le goût est contraint de ne se servir que des
nerfs ordinaires du Toucher. Il est vrai que le goût est confiné dans
une très petite partie de la surface du corps, tandis que le toucher
est répandu partout. Mais cela ne fait qu'indiquer un développement
particulier dans une zone spéciale. Le sens du goût dépend
également dans une large mesure de la présence de liquides, car
seules les substances solubles sont identifiées par le biais des
organes du goût.

Les physiologistes rapportent que le sens du goût chez certaines


personnes est si aigu qu'une seule part de strychnine dans un
million de parts d'eau a pu être reconnue. Il existe certaines
professions, telles que les dégustateurs de vin, de thé, etc., dont les
meilleurs font peuvent d'un degré de finesse du goût presque
incroyable.

Le sens de l'odorat est étroitement lié au sens du goût, et il agit


souvent en relation avec lui, car les minuscules particules restant
dans la bouche se dirigent vers les organes de l'odorat par
l'ouverture servant de moyen de communication située dans la partie
arrière de la bouche. En outre, le nez détecte généralement l'odeur
des aliments avant qu'ils ne soient introduits dans la bouche. Le
sens de l'odorat fonctionne grâce à de minuscules particules
d'aliment portées par l'air vers la muqueuse de l'intérieur du nez. La
membrane humide attache et retient ces particules pendant un
instant, et la finesse nerveuse de l'organe signale les différences et
les qualités du produit pour informer le cerveau de sa nature.

Le sens de l'odorat est très développé chez les animaux, qui sont
obligés de s'y fier dans une large mesure. Et de nombreuses
professions de l'homme nécessitent le développement de ce sens,
par exemple, le barman, le marchand de vin, les parfumeurs, le
pharmacien, etc. On sait que certains aveugles peuvent reconnaître
les personnes de cette manière. Le sens de l'ouïe est plus complexe
que celui du Goût, du Toucher ou de l'Odorat. Dans ces trois
derniers cas, les objets à détecter doivent être en contact étroit avec
les organes des sens, tandis que dans l'Ouïe, l'objet peut être très
éloigné, les impressions étant portées par les vibrations de l'air
captées par l'organe sensorial de l'ouïe et ensuite signalées au
cerveau. Le mécanisme interne de l'oreille est des plus
merveilleusement complexe, et excite l'admiration de toute personne
qui l'examine. Il ne peut être décrit ici faute de place, mais nous
conseillons à l'étudiant de se renseigner pour savoir s'il peut avoir a
accès à une bibliothèque contenant des livres sur le sujet. C'est une
merveilleuse illustration du travail de l'esprit de se constituer des
instruments avec lesquels travailler à acquérir plus de
connaissances.

L'oreille enregistre les vibrations de l'air à partir des fréquences de


20 ou 32 par seconde pour la note audible la plus basse, et jusqu'à
38 000 par seconde pour la note audible la plus haute. Il y a de
grandes différences entre individus pour la finesse du sens de l'ouïe.
Mais tous peuvent développer ce sens en y appliquant de l'Attention.
Les animaux et les sauvages ont un sens de l'audition
merveilleusement aiguisé qui s'est développé dans le but de pouvoir
différencier et identifier des sons, cependant que d'un autre côté, les
musiciens ont développé ce sens selon des modalités différentes.

Le sens de la vue est généralement reconnu comme étant le plus


perfectionné et le plus complexe de tous les sens de l'Homme. Il
traite un nombre beaucoup plus important d'objets à des distances
plus longues et rapporte à l'esprit une bien plus grande variété de
perceptions que n'importe lequel des quatre autres sens. C'est une
sorte de sens du Toucher magnifié plusieurs fois. Comme le dit
Wilson, "Notre vue peut être considérée comme une sorte de
toucher plus délicat et plus diffus qui se répand de lui-même sur un
nombre infini de corps; il englobe le plus large champ d'action et met
à notre portée certaines des régions les plus reculées de l'univers".

Le sens de la vue reçoit ses impressions du monde extérieur au


moyen d'ondes qui voyagent de corps à corps, du soleil à la terre, et
de lampe à l'œil. Ces ondes lumineuses sont le résultat de vibrations
de la matière, à un degré de rapidité presque incroyable. La vibration
lumineuse la plus faible est d'environ 450.000.000.000.000. 000 par
seconde, tandis que la plus élevée tourne autour des
750.000.000.000.000 par seconde. Ces chiffres ne concernent que
les vibrations reconnaissables par l'œil comme étant de la lumière.
Au-dessus et en dessous de ces chiffres, l'échelle comporte
d'innombrables autres degrés invisibles à l'œil nu, dont certains
d'entre eux peuvent être enregistrés par des instruments. Les
différentes sensations de la couleur dépendent du taux de vibrations,
le rouge étant la limite des plus basses vibrations visibles, et le violet
la limite des plus hautes, l'orange, le jaune, le vert, le bleu et l'indigo
étant les taux de vibration intermédiaires des couleurs.

La formation du sens de la vue, avec l'aide de l'attention, est la plus


importante pour chacun. Etre capable de voir et de distinguer
clairement les parties d'un objet permet d'obtenir un degré de
connaissance que l'on ne peut acquérir sans l'exercice de cette
faculté. Nous en avons parlé à propos de l'attention dans une leçon
précédente à laquelle nous vous renvoyons. La fixation du regard
sur un objet a le pouvoir de concentrer les pensées et de l'empêcher
de vagabonder. L'œil a d'autres propriétés et d'autres qualités sur
lesquelles nous nous attarderons dans les leçons à venir. Il a
d'autres usages que celui de voir. Le pouvoir de l'œil est une chose
merveilleuse qui peut être cultivée et développée.
Nous espérons que ce que nous en avons dit permettra à l'étudiant
de réaliser toute l'importance du développement de ses pouvoirs de
perception. Les sens ont été construits par l'esprit au cours d'une
longue période d'évolution et d'efforts qui n'y auraient certainement
pas été consacrés si l'objectif n'en valait pas la peine. Le "Je" insiste
sur la connaissance de l'Univers, et une grande partie de ces
connaissances ne peuvent être obtenues que par les sens.
L'étudiant Yogi doit être "bien éveillé" et posséder des sens
développés et des pouvoirs de perception aiguisés. Les sens de la
vue et de l'ouïe, les deux derniers sur l'échelle de la croissance et de
l'évolution méritent un degré d'attention particulier. L'étudiant doit se
rendre "conscient" de ce qui se passe sur et autour de lui, afin qu'il
puisse "capter" les meilleures vibrations.

De nombreux Occidentaux seraient surpris d'entrer en contact avec


un Yogi hautement développé, et de contempler la merveilleuse
finesse des sens qu'il possède. Il est capable de distinguer les plus
fines différences dans les choses, et son esprit est tellement
entraîné que, par la seule pensée, il peut tirer des conclusions à
partir de ce qu'il a perçu d'une manière qui semble presque une
"seconde vue" pour les non-initiés. En fait, un certain degré de
seconde vue est possible pour celui qui développe son sens de la
vue sous l'impulsion de l'Attention. Un nouveau monde s'ouvre à lui.
Il faut apprendre à maîtriser les sens, non seulement pour se rendre
indépendant et supérieur à leurs pressions, mais aussi pour les
développer à un haut degré de performance. Le développement des
sens physiques a également beaucoup à voir avec le
développement des "sens astraux", dont nous avons parlé dans nos
"Quatorze leçons", et dont nous aurons peut-être encore plus à dire
dans la présente série. L'idée du Raja Yoga est de rendre l'étudiant
détenteur d'un esprit particulièrement développé doté d'instruments
élaborés avec lesquels l'esprit peut travailler.

Dans nos prochaines leçons, nous donnerons à l'élève de


nombreuses illustrations, indications et exercices calculés pour
développer les différentes facultés de l'esprit, non seulement les
facultés ordinaires d'usage quotidien, mais d'autres cachées derrière
celles-ci et les sens familiers. Dès la prochaine leçon, nous
présenterons un système d'exercices et d'entraînements dont
l'objectif sera le développement des facultés de l'esprit, telles que
décrites ci-dessus.

Dans cette leçon, nous ne tenterons pas de donner d'exercices


spécifiques, mais nous nous contenterons d'attirer l'attention de
l'élève sur quelques règles générales qui sous-tendent le
développement de la perception.

LES RÈGLES GÉNÉRALES DE LA PERCEPTION.

La première chose à retenir de l'acquisition de l'art de la Perception


est qu'il ne faut pas essayer de percevoir l'ensemble d'une chose ou
d'un objet complexe en même temps ou en une seule fois. Il
convient d'examiner l'objet en détail, et ensuite, en regroupant les
détails examinés, de découvrir l'ensemble. Prenons le visage d'une
personne en tant qu'objet familier. Si l'on essaie de percevoir un
visage dans son ensemble, on n'aboutira qu'à un certain degré
d'échec, l'impression étant indistincte et trouble, d'où il s'ensuivra
que le souvenir de ce visage retiendra cette mauvaise perception
originale.

Mais laissons l'observateur examiner le visage en détail, d'abord les


yeux, puis le nez, puis la bouche, puis le menton, puis les cheveux,
puis le contour du visage, du teint, etc., et il constatera qu'il aura
acquis une impression ou une perception claire et distincte de
l'ensemble du visage.
La même règle peut être appliquée à tout sujet ou objet. Prenons
une autre illustration familière. Supposons que vous souhaitiez
observer un bâtiment. Si vous essayez simplement obtenir une
perception globale de l'ensemble du bâtiment, vous ne serez
capable que de vous souvenir de très peu de choses à son sujet, si
ce n'est dans ses grandes lignes, la forme, la taille, la couleur, etc.
Et une description ultérieure s'avérera très décevante. Mais si vous
avez noté en détail le matériel utilisé, la forme des portes, de la
cheminée, du toit, des porches, des décorations, des garnitures, de
l'ornementation, la taille et le nombre des vitres, les angles du toit,
etc., vous en aurez une idée intelligente à la place d'un simple
schéma ou d'une impression générale comme elle pourrait être
acquise par un animal en passant.

Nous conclurons cette leçon par une anecdote sur les méthodes du
célèbre naturaliste Agassiz dans la formation de ses élèves. Ses
élèves sont devenus célèbres pour leur pouvoir d'observation et de
perception, et leur capacité à "penser" aux choses qu'ils avaient
vues. Beaucoup d'entre eux ont accédé à des postes éminents, et
ont affirmé que c'était dû en grande partie à leur formation
minutieuse.

On raconte qu'un jour, un nouvel élève s'est présenté à Agassiz,


demandant à être mis au travail. Le naturaliste a pris un poisson
dans un bocal et l'a déposé devant le jeune étudiant en lui
demandant de l'observer attentivement et de se tenir prêt à lui
rendre compte de ce qu'il avait remarqué sur le poisson. L'étudiant
fut ensuite laissé seul avec le poisson. Il n'y avait rien de
particulièrement intéressant à voir chez ce poisson, il était comme
beaucoup d'autres poissons qu'il avait déjà vus. Il a juste remarqué
qu'il avait des nageoires et des écailles, une bouche et des yeux,
oui, et une queue. En une demi-heure, il était certain d'avoir pu
observer tout ce qu'il fallait percevoir sur ce poisson. Le naturaliste
était resté à l'écart. Le temps passa, et le jeune homme, n'ayant rien
d'autre à faire, commença à s'agiter et se lasser. Il essaya de
chercher le professeur, mais il ne put le trouver, et il se résigna donc
à retourner vers ce fastidieux poisson pour l'observer à nouveau.
Plusieurs heures s'écoulèrent et il ne savait toujours pas plus de
choses sur ce poisson qu'il ne l'avait découvert au premier examen.
Il alla déjeuner et, à au retour, il repris son observation du poisson. Il
se sentait dégoûté et découragé, et regrettait d'être venu voir
Agassiz, qui, après tout, lui semblait un vieil homme stupide,
totalement dépassé. Pour tuer le temps, il commença à compter les
écailles du poisson. Et ensuite, les épines des nageoires. Puis il
entrepris de faire un dessin du poisson. En faisant ce dessin, il
remarqua que le poisson n'avait pas de paupières. Il avait fait la
découverte que, comme son professeur l'avait l'a souvent exprimé
dans ses conférences, "un crayon est le meilleur des yeux". En bref,
à son retour, le professeur vérifia ce que le jeune avait observé et le
quitta en se disant déçu, en lui demanda de continuer à chercher et
à trouver peut-être quelque chose.

Le garçon se sentant mis au défi, repris son crayon, en indiquant les


petits détails qui lui avaient échappés à première vue, mais qui lui
apparaissaient maintenant plus clairement. Il commençait à saisir le
secret de l'observation. Peu à peu, il découvrit de nouveaux points
d'intérêt sur ce poisson. Mais cela ne suffisait pas encore à son
professeur, qui le maintint au travail sur le même poisson pendant
trois jours entiers. À la fin de cette période, l'étudiant connaissait
vraiment tout ce qu'il était possible de savoir à propos de ce poisson,
mais le meilleur était encore qu'il avait acquis ce "don": l'habitude de
l'observation et de la perception minutieuse des détails.

Des années plus tard, l'étudiant, alors devenu un éminent


spécialiste, raconta : "C'était la meilleure leçon de zoologie que j'ai
jamais reçue, une leçon dont l'influence s'est étendue aux détails de
chacune de mes études ultérieures, un héritage que le professeur
m'a laissé, comme il l'a laissé à beaucoup d'autres, d'une valeur
inestimable, que nous ne pourrions nulle part acheter, et dont nous
ne devons jamais nous séparer.
Plus encore que la valeur pour l'étudiant de l'information particulière
obtenue, c'est l'accroissement de ses facultés perceptives qui lui
permettait désormais d'observer les points importants d'un sujet ou
d'un objet, et d'en déduire des informations importantes sur ce qu'il
avait observé. L'esprit est avide de connaissances, et il a fallu des
années de lente évolution et d'efforts pour permettre la mise en
place d'une série de systèmes sensoriels capables de lui apporter
cette connaissance, toujours en train de se construire. Les hommes
et les femmes du monde qui sont arrivés à un certain point de
réussite ont profité de ces merveilleux canaux d'information, et en
les orientant sous le contrôle de la Volonté et de l'Attention, ont
obtenu de merveilleux résultats. Ces choses sont importantes, et
nous supplions nos étudiants de ne pas passer cette partie du sujet
en la jugeant inintéressante. Cultivez un esprit de large prise de
conscience et de perception, et le "savoir" que vous en retirerez
vous surprendra.

Non seulement, par une telle pratique, vous développerez vos sens
actuels et leur utilisation, mais vous contribuerez au développement
des pouvoirs et des sens latents qui sont en vous et s'efforcent de
s'épanouir. En utilisant et en exerçant les facultés dont nous
disposons, nous contribuons à déployer celles de l'avènement
desquelles nous avons rêvé.

MANTRA (AFFIRMATION).
Je suis une âme, dotée de canaux de communication avec le monde
extérieur.

J'utiliserai ces canaux, et j'obtiendrai ainsi les informations et les


connaissances nécessaires à mon développement mental. Je vais
exercer et développer mes organes sensoriels, sachant que ce
faisant, je serai capable de déployer des sens supérieurs. Je serai
"grand-éveillé", ouvert à l'afflux des connaissances et de
l'information. L'univers est ma maison, je vais l'explorer.
LEÇON VII. LE DÉVELOPPEMENT DE LA
CONSCIENCE.
Nous avons jugé bon de modifier légèrement la disposition de ces
leçons, c'est-à-dire l'ordre dans lequel elles doivent apparaître. Nous
avions envisagé de faire dans cette septième leçon une série
d'exercices mentaux destinés à développer certaines des facultés
mentales, mais nous avons décidé de les reporter à une leçon
ultérieure, estimant qu'en faisant cela nous conserverions un ordre
plus logique. Dans cette leçon, nous vous parlerons de
l'épanouissement de la conscience chez l'Homme, et dans la
prochaine leçon, et probablement dans celle qui la suivra, nous vous
présenterons un exposé clair sur les états d'esprit, en bas et en haut
de la conscience, une région merveilleuse, nous vous l'assurons, et
qui a été très mal comprise et mal interprétée. Cela nous conduira
au sujet de la culture des différentes facultés, tant consciente
qu'hors de la conscience, et la série se conclura par trois leçons
allant droit au cœur de cette partie du sujet, et abordant certaines
règles et instructions calculées pour développer la merveilleuse
"machine à penser" qui sera de la plus grande importance et du plus
grand intérêt pour tous nos étudiants. Lorsque les leçons seront
terminées, vous verrez que cet arrangement est le plus logique et le
plus approprié.

Dans cette leçon, nous abordons le sujet de "L'évolution de La


conscience", un sujet très intéressant. Beaucoup d'entre nous ont eu
l'habitude de confondre "conscience" et esprit, mais au fur et à
mesure que nous avancerons dans cette série de leçons, nous
verrons que ce qui est appelé la "conscience" n'est qu'une petite
partie de l'esprit de l'individu, et même que cette petite partie change
constamment d'état vers de nouveaux états insoupçonnés.

"Conscience" est un mot que nous utilisons très souvent pour


désigner la science de l'esprit. Voyons ce que cela signifie. Webster
la définit comme "la connaissance des sensations et des opérations
mentales, ou de ce qui passe dans son propre esprit". Halleck la
décrit comme "cette caractéristique indéfinissable de l'état mental
qui fait qu'on en prend conscience". Mais, comme Halleck déclare :
"La conscience est impossible à définir. Pour définir quoi que ce soit,
nous sommes obligés de le décrire avec les mots d'une autre chose.
Et il n'y a rien d'autre au monde soit comparable à la conscience,
nous ne pouvons la définir qu'avec ses propres termes, et c'est un
peu comme essayer de s'élever en tirant sur ses propres tiges de
bottes. La conscience est l'un des plus grands mystères auquel nous
sommes confrontés".

Avant de pouvoir comprendre ce qu'est réellement la Conscience,


nous devons savoir ce qu'est réellement "l'Esprit" et cette
connaissance fait défaut, malgré les nombreuses théories
ingénieuses qui ont été élaborées pour expliquer ce mystère.

Les métaphysiciens n'éclairent pas beaucoup ce sujet, et quant à la


science matérialiste, écoutez ce que dit Huxley : "Comment cela se
fait-il que ce qui est aussi remarquable qu'un état de conscience ne
soit que le résultat de l'excitation des tissus nerveux, de façon tout
aussi inexplicable que l'apparition du génie quand Aladin frotte sa
lampe".

Pour de nombreuses personnes, les mots "conscience" et


"processus mental" ou "pensée" sont considérés comme
synonymes. Et, en fait, les psychologues les considéraient ainsi
jusqu'il y a peu. Mais aujourd'hui, il est largement accepté comme un
fait avéré que les processus mentaux ne sont pas limités au champ
de la conscience, et on enseigne généralement que le domaine de la
subconscience (c'est-à-dire de la "sous-conscience"), est beaucoup
plus important que celui de la "mentation" consciente. (NDT: activité
cérébrale)

Non seulement il est vrai que l'esprit peut se tenir dans la


conscience, bien qu'en réalité, à un moment donné, seule une très
petite fraction de notre connaissance peut être consciente à tout
moment, mais il est aussi vrai que la conscience ne joue qu'un rôle
très limité dans la totalité des processus mentaux ou de la
mentation. L'esprit n'est pas conscient de la plus grande partie de
ses propres activités. M. Maudsley affirme que seulement dix par
cent d'entre elles accède au champ de la conscience. Taine l'a
exprimé par ces mots : "Du monde qui compose notre être, nous ne
percevons les points les plus élevés, les sommets éclairés d'un
continent dont les étages inférieurs restent dans l'ombre".

Mais il n'est pas dans notre intention de parler de cette grande


région subconsciente de l'esprit à ce stade, car nous aurons
beaucoup à dire à ce sujet un peu plus tard. Nous l'avons mentionné
ici pour montrer que l'élargissement ou le développement de la
conscience n'est pas tant une question de "croissance" que de
"développement", non pas une nouvelle création ou un
élargissement de l'extérieur, mais plutôt un développement de
l'intérieur vers l'extérieur.

Dès le début de la vie, parmi les particules inorganiques de


Substance, on peut trouver des traces de quelque chose comme la
Sensation, et la réponse de l'organisme à celle-ci. Les écrivains ne
se sont pas souciés de donner à ce phénomène le nom de
"sensation" ou "sensibilité", car ces termes sentent trop les "sens" et
les "organes des sens". Mais la science moderne n'a pas hésité à
accorder ces termes si longtemps retenus. Les écrivains
scientifiques les plus avancés n'hésitent pas à déclarer que dans la
réaction, réponse chimique, on peut trouver l'indication d'une
sensation rudimentaire. Haeckel dit : "Je ne peux pas imaginer le
processus chimique et physique le plus simple sans attribuer le
mouvement des particules de matière à la sensation inconsciente.
L'idée de l'affinité chimique consiste dans le fait que les différents
éléments chimiques perçoivent les différences qualitatives des
autres éléments et expérimentent du "plaisir" ou de la "répulsion" à
leurs contacts, et exécutent leurs mouvements spécifiques en
fonction". Il parle également de la sensibilité du "plasma", ou de la
substance des "corps vivants", comme étant "seulement un degré
supérieur de l'excitabilité générale de la substance".

La réaction chimique entre les atomes est décrite par les chimistes
comme une réaction "sensible". La sensibilité se retrouve même
dans les particules de substance inorganique et peut être considérée
comme les premières lueurs de pensée. La science le reconnaît
lorsqu'elle parle de l'inconsciente sensation des particules comme
"athesis" ou "feeling", et de la volonté inconsciente qui y répond,
comme "tropesis ou "inclination". Haeckel dit que "la Sensation
perçoit les différentes qualités des stimuli et sent la quantité"; et
aussi que "On peut attribuer le sentiment de plaisir ou de douleur (au
contact d'atomes qualitativement différents) à tous les atomes, pour
expliquer l'affinité élective en chimie (attraction d'atomes aimantés,
inclination, répulsion des atomes détestables, répugnance)".

Il est impossible de se faire une idée claire ou intelligente du


phénomène de l'affinité chimique, etc., à moins que nous
n'attribuions aux atomes quelque chose de semblable à la
Sensation. De même, il est impossible de comprendre les actions
des molécules, à moins qu'on ne pense qu'elles possèdent quelque
chose qui ressemble à de la Sensation. La loi de l'attraction est
basée sur les états mentaux dans la Substance. La réaction des
substances inorganiques à l'électricité et au magnétisme est
également une autre preuve de la Sensation et de la réaction qu'elle
suscite.

Dans les mouvements et les opérations de la vie cristalline, nous


obtenons d'autres preuves de la diversité des formes de Sensation
et des réponses qu'elle reçoit. L'action de cristallisation est très
proche de celle de certaines formes élémentaires d'action
plasmique. En fait, le "chaînon manquant" entre la vie végétale et les
cristaux est censé avoir été trouvé lors de certaines recherches
récentes de la science, la connexion se trouvant dans certains
cristaux à l'intérieur des plantes, composés de combinaisons de
carbone et ressemblant aux cristaux inorganiques par de nombreux
aspects.

Les cristaux se développent selon certaines lignes et se forment


jusqu'à une certaine taille. Ensuite ils commencent à former à leur
surface des " bébés-cristaux" qui se mettent ensuite à croître selon
les processus presque analogues à la vie cellulaire. Des processus
similaires à la fermentation ont été détectés parmi les produits
chimiques. À bien des égards, on peut constater que le début de la
vie mentale doit être recherché parmi les minéraux et les particules,
ces derniers, rappelons-le, n'étant pas composés seulement de
substance inorganique, mais aussi de substance organique.

Au fur et à mesure que nous avançons dans l'échelle de la vie, nous


sommes confrontés à une augmentation constante de
l'épanouissement de la mentation, la simple mise en place de
manifestations complexes. En passant par les simples processus
vitaux du "monera", ou des "élément" unicellulaire, on remarque que
les formes supérieures de la vie cellulaire évoluent avec une
sensibilité ou une sensation croissante. Puis nous arrivons aux
groupes cellulaires, dans lesquelles les cellules individuelles
manifestent une sorte de sensation, couplée à une "sensation de
communauté". La nourriture est distinguée, sélectionnée et saisie, et
des mouvements s'installent à sa poursuite. Le vivant commence à
manifester des états mentaux plus complexes. Ensuite, le stade des
plantes simples est atteint, et on remarque des phénomènes variés
à ce stade qui témoignent d'une sensibilité accrue, bien qu'il n'y ait
pratiquement pas des signes d'organes sensoriels spécialisés.
Ensuite, nous passons à la vie de la plante supérieure dans laquelle
commencent à se manifester certaines "cellules sensibles" ou
groupes de ces cellules, qui sont des organes sensoriels
rudimentaires. Ensuite, les formes de la vie animale, qui présentent
des degrés de sensations accrus avec un appareil sensoriel en
pleine expansion qui se développe progressivement en quelque
chose de semblable à un système nerveux.
Parmi les formes animales inférieures, il y a des degrés variables de
mentation accompagnant les centres nerveux et les organes des
sens, mais encore peu ou pas de signes de conscience, laquelle va
se développer progressivement jusqu'à une conscience naissante
dans l'univers des reptiles, etc., et une conscience plus complète
accompagné d'un premier degré de pensée intelligente dans les
formes plus abouties, s'accroissant progressivement jusqu'à
atteindre le niveau des plus hauts mammifères, comme le cheval, le
chien, l'éléphant, le singe, etc., dont le système nerveux complexe
dispose d'un cerveau et d'une conscience bien développés. Nous
n'avons pas besoin d'examiner plus avant les formes de la vie du
point de vue de la conscience, car cela nous éloignerait de notre
sujet.

Parmi les formes supérieures de la vie animale, après "la période de


l'aube" ou stade de semi-conscience, nous arrivons à des formes de
vie chez les animaux inférieurs qui possèdent un degré d'action
mentale et de conscience bien développés, appelé par les
psychologues "Simple Conscience", terme que nous considérons
comme encore trop peu précis et que nous appellerons, nous,
"Conscience Physique ", ce qui en donnera une idée plus juste.
Nous utilisons le mot "physique" dans le double sens de "externe" et
de "relatif à la structure matérielle d'un être vivant", ces deux
définitions étant celles que l'on trouve dans les dictionnaires. Et c'est
justement ce que la conscience physique est vraiment, une
"conscience" dans l'esprit, ou une "conscience" du monde "extérieur"
comme en témoignent les sens, et du "corps" de l'animal ou de la
personne. L'animal ou la personne qui pense sur le plan de
"Conscience Physique", (tous les animaux supérieurs le font, et
beaucoup d'hommes semblent incapables de s'élever beaucoup plus
haut) s'identifie avec le corps physique, en n'étant seulement
conscient que des pensées de ce corps et du monde extérieur. Il
"sait", mais sans être conscient des opérations mentales, ou de
l'existence de son esprit, il ne "sait pas qu'il sait". Cette forme de
conscience, tout en étant infiniment au-dessus de la mentation du
plan inconscient de la "sensation", ressemble à un monde de
pensée différent de celui de la conscience de l'homme intellectuel
hautement développé à notre époque dans notre espèce.

Il est malaisé pour un homme de se faire une idée de la Conscience


Physique des animaux inférieurs et des sauvages, d'autant plus qu'il
estime déjà difficile de comprendre sa propre conscience, sauf par
l'acte volontaire d'en être conscient.

Mais l'observation et la raison nous ont donné un degré de


compréhension de ce qu'est cette Conscience Physique de l'animal,
ou du moins jusqu'à quel point il diffère de notre propre conscience.
Prenons notre illustration favorite. Un cheval debout dans le froid de
la neige fondue et de la pluie ressent sans doute l'inconfort et peut-
être la douleur, car nous savons par l'observation que les animaux
ressentent les deux. Mais il n'est pas capable d'analyser son état
mental et de se demander quand son maître viendra près de lui, ni
de penser combien il est cruel d'être ainsi tenu loin d'une étable
chaude, ni de se demander s'il sera de nouveau dehors demain
dans le froid, ni de se sentir jaloux des autres chevaux qui sont à
l'intérieur, ni de se demander pourquoi il est obligé d'être dehors les
nuits froides, etc., etc. En bref, il ne pense pas comme raisonnerait
un homme dans ces circonstances. Il est conscient du malaise, tout
comme le serait un homme, et il rentrerait chez lui en courant s'il le
pouvait, tout comme l'homme. Mais il ne peut pas s'apitoyer sur son
sort, ni se représenter sa propre personnalité comme le ferait
l'homme, et il ne se demande pas non plus si une telle vie vaut la
peine d'être vécue, après tout. Il "sait", mais ne peut pas se
considérer comme sachant, car il ne sait pas qu'il sait" comme nous
le savons. Il ressent la douleur physique et l'inconfort, mais
s'épargne l'inconfort mental et l'inquiétude découlant du physique,
dont l'homme fait si souvent l'expérience.

L'animal ne peut pas déplacer sa conscience des sensations du


monde extérieur vers les états intérieurs de son être. Il n'est pas en
mesure de "se savoir lui-même". La différence peut être
maladroitement illustrée par l'exemple d'un homme qui ressent, voit
ou entend quelque chose qui lui procure une sensation de plaisir, ou
l'inverse. Il est conscient de la sensation ou du sentiment qu'il soit
agréable ou non. C'est la conscience physique, que l'animal partage
avec l'homme. Pour l'animal, ça s'arrête là. Mais l'homme peut
commencer à se demander pourquoi la sensation est agréable et
l'associer à d'autres choses et à d'autres personnes, ou spéculer:
pourquoi il n'aime pas ça, qu'est ce qui va suivre?, etc., c'est la
Conscience Mentale, parce qu'il reconnaît son moi intérieur, en
tournant son attention vers lui. Il peut voir un autre homme et
éprouver un sentiment ou une sensation d'attraction ou d'aversion,
aimer ou ne pas aimer. Il s'agit de Conscience Physique, et un
animal peut également éprouver cette sensation. Mais l'homme va
plus loin que l'animal, et se demande ce qu'il y a dans l'autre homme
qui fait qu'il l'aime ou le déteste, en quoi il peut se comparer à l'autre
et se demander si ce dernier se sent de la même façon que lui-
même se sent, etc., c'est la Conscience Mentale.

Chez les animaux, le regard mental est librement dirigé vers


l'extérieur, et ne revient jamais sur lui-même. Chez l'homme, le
regard mental peut être dirigé vers l'intérieur, ou se retourner vers
l'intérieur après son voyage vers l'extérieur. L'animal "sait", l'homme
non seulement "sait", mais il "sait qu'il sait" et est il capable
d'enquêter sur ce "savoir" et de spéculer à son sujet. Nous appelons
cette conscience supérieure Conscience Mentale. Le
fonctionnement de la Conscience Physique, nous l'appelons l'Instinct
et le fonctionnement de la Conscience Mentale, nous appelons la
Raison.

L'homme qui possède la Conscience Mentale ne se contente pas de


"sentir" ou de "pressentir" les choses, mais il a des mots ou des
concepts mentaux pour désigner ces sentiments et sensations et
peut penser qu'il les vit, distinguant lui-même ce qu'il sent ou ressent
de la chose sentie ou ressentie. L'homme est capable de penser :
"Je sens ; J'entends ; Je vois ; Je sens ; Je goûte ; Je désire ; Je
fais", etc., etc. Les mots mêmes indiquent la Conscience Mentale qui
reconnaît les états mentaux et leur donne des noms, et identifie en
plus quelque chose qu'il appelle "Je", qui éprouve ces sensations.
Ce dernier fait a conduit les psychologues à parler de cette étape
comme d'une "conscience de soi", mais nous réservons cette idée
de la conscience du "Je" pour un stade plus élevé.

L'animal fait l'expérience de quelque chose qui lui donne des


impressions ou des sentiments que nous appelons "douloureux",
"blessant", "agréable", "doux", "amer", etc. toutes étant des formes
de sensation, mais il est incapable de les penser en mots.

La douleur semble être une partie de lui-même, bien qu'elle soit


peut-être associée à une personne ou une chose qui en est la
cause. L'étude de l'évolution de la conscience d'un jeune bébé
donne une bien meilleure idée des degrés et des distinctions que
l'on peut percevoir en ne lisant simplement que des mots.

La conscience mentale est une conscience en croissance. Comme


le dit Halleck "Beaucoup de gens n'ont guère plus qu'une idée vague
d'une telle attitude mentale. Ils se prennent toujours pour "acquis" et
jamais ne tournent leur regard vers leur intérieur". On s'est demandé
si les sauvages avaient développé une conscience de soi, et même
s'il n'existait pas énormément d'hommes de notre propre espèce qui
semblaient n'être qu'à peine au-dessus du niveau de conscience et
d'intelligence des animaux. Ils ne semblent pas capables de se
"connaître", même un peu. Pour eux, le "Je" semble être juste
purement physique, un corps ayant des désirs et des sentiments
mais pas beaucoup plus. Ils sont capables de ressentir une action,
mais guère plus. Ils ne sont pas en mesure de mettre de côté tous
les "Non-Je", étant totalement incapable de se considérer comme
autre chose qu'un corps. Le "Je" et le Corps ne font qu'un chez eux,
et ils semblent bien incapable de les distinguer entre eux.

Puis vient une autre étape où la conscience mentale proprement dite


s'installe.
L'homme commence à réaliser qu'il dispose d'un "esprit". Il est
capable de "se savoir lui-même" en tant qu'être mental, et de tourner
peu à peu son regard vers l'intérieur de lui-même. Cette période de
développement peut être observée chez les jeunes enfants. Pendant
un certain temps ils parlent d'eux-mêmes comme d'une tierce
personne, jusqu'à ce qu'ils commencent enfin à dire "Je". Un peu
plus tard, vient la capacité de connaître leur propre mental en tant
que tel, ils savent qu'ils ont un esprit, et sont capables de distinguer
entre celui-ci et leur corps. On rapporte que certains enfants
éprouvent un sentiment de terreur lorsqu'ils franchissent cette étape.
Ils présentent des signes de timidité et ce que l'on appelle
communément "conscience de soi" dans ce sens. Certains nous
disent des années après que lorsqu'ils ont pris conscience d'eux-
mêmes en tant qu'entité, ils ont été submergés d'inquiétude, et
comme par un sentiment de solitude et d'éloignement de l'Univers.
Les jeunes ressentent souvent ce sentiment pendant plusieurs
années. Il semble qu'ils ressentent un sentiment très net que
l'Univers leur est antagoniste et distinct d'eux-mêmes.

Et, bien que ce sentiment de séparation et d'éloignement s'estompe


à mesure que l'homme vieillit, il reste toujours présent à un degré
plus ou moins grand jusqu'au stade plus avancé de conscience du
moi, et resurgit lorsque celle-ci disparaît, comme nous le verrons. Et
ce stade mental-conscient peut être une difficulté pour plusieurs
personnes. Ils sont empêtrés dans une masse d'états mentaux que
l'homme pense être "lui-même", et la lutte entre le vrai "Je" et le
confinement des enveloppes est douloureux. Et cela devient encore
plus douloureux à mesure qu'il évolue car à mesure que l'homme
progresse dans la conscience mentale et la connaissance, il se sent
plus vivant et souffre en conséquence. L'homme mange le fruit de
l'Arbre de la connaissance et commence à souffrir; il est chassé du
"jardin d'Eden" de l'enfance et des races primitives, qui vivent
comme les oiseaux du ciel et ne se préoccupent pas des états et
des problèmes mentaux. Mais arrive la délivrance sous la forme
d'une conscience supérieure, que peu réalisent et encore moins
acquièrent. Puisse cette leçon vous indiquer la voie à suivre.
Avec la naissance de la conscience mentale vient la connaissance
qu'il y a un esprit chez les autres. L'homme est capable de spéculer
et de raisonner à propos du mental des autres hommes, parce qu'il
reconnaît ces états en lui-même. Au fur et à mesure que l'homme
progresse dans la conscience mentale, il commence à développer
progressivement et à augmenter sans arrêt son niveau
d'intelligence, et par conséquent il attache de plus en plus
d'importance à cette partie de sa nature. Certains hommes vénèrent
l'intellect comme un Dieu, en ignorant les limites que d'autres
penseurs ont pointées. Ces personnes ne sont capables de déduire
cela que parce que l'intelligence humaine (dans son état actuel de
développement) leur indique que cette vision doit être possible, ou
ne peut pas l'être . Il faut que la question soit définitivement réglée.
Ils ignorent le fait qu'il est possible que l'intellect de l'homme, dans
l'état actuel de son évolution, peut n'avoir connaissance que d'une
très petite partie du fait universel, et qu'il peut y avoir des régions de
Réalité et des Faits qu'ils ne peuvent même pas imaginer, jusqu'à
présent, d'aussi loin qu'ils puissent en faire l'expérience. Le
développement d'un nouveau sens ouvre un nouveau monde et
pourrait mettre en lumière des faits qui révolutionnerait
complètement tout notre conception de l'univers suite à l'analyse des
informations qu'il nous apporterait.

Mais, néanmoins, de cette Conscience Mentale est née la


merveilleuse œuvre de l'Intellect, comme le montrent les réalisations
de l'Homme jusqu'à nos jours, et bien qu'il faille en reconnaître les
limites, nous nous associons volontiers pour chanter ses louanges.
La raison en est que l'outil avec lequel l'homme creuse dans la mine
des Faits, met chaque jour en lumière de nouveaux trésors. Cette
étape de la conscience apporte à l'homme la connaissance de soi, la
connaissance de l'Univers, et cela vaut bien le prix qu'il le paie.
L'homme doit payer un prix d'entrée pour cette étape, et il paie un
prix croissant à mesure qu'il avance sur ce territoire, car plus il
avance, plus il ressent et souffre durement, tout autant qu'il se
réjouit. La capacité à souffrir est le prix que l'homme paie pour
atteindre le succès, jusqu'à un certain stade. Sa douleur passe du
niveau Physique de la Conscience à son niveau Mental, et il prend
conscience de problèmes dont il n'avait jamais supposé l'existence,
et pour lesquels l'absence d'une réponse intelligente lui cause une
vraie souffrance mentale. Et cette souffrance mentale lui vient des
désirs insatisfaits, des déceptions, et des douleurs endurées par
ceux qu'il aime, bien pire que toute souffrance physique.

L'animal vit sa vie animale et il en est satisfait, car il ne connaît pas


mieux. S'il a assez à manger, un endroit pour dormir, un compagnon,
il est heureux. Et certains hommes le sont aussi de cette façon. Mais
d'autres se retrouvent impliqués dans un monde d'inconfort mental.
De nouveaux besoins apparaissent, et le manque de satisfaction
leur cause de nombreuses peines. La civilisation devient de plus en
plus complexe, et apporte de nouvelles souffrances ainsi que de
nouveaux plaisirs. L'homme s'attache aux "choses", et chaque jour il
se crée des désirs artificiels, qu'il doit ensuite satisfaire par son
travail. Son intellect ne le conduit peut-être pas vers le haut, mais il
peut simplement lui permettre d'inventer des moyens et des façons
nouvelles et subtiles de gratifier ses sens à un degré impossible
pour les animaux. Certains hommes se font une religion de la
satisfaction de leur sensualité, et de leurs appétits, se réduisant à
des animaux, dopés par la puissance de leur intellect. D'autres
deviennent vaniteux, prétentieux et gonflés à bloc par le sentiment
de l'importance de leur personnalité (le faux "Je"). D'autres
deviennent morbidement introspectifs et passent leur temps à
analyser et disséquer leurs humeurs, leurs motivations, leurs
sentiments, etc. D'autres exaltent leur capacité de plaisir et de
bonheur, mais en regardant dehors au lieu de regarder à l'intérieur
d'eux-mêmes, et deviennent blasés, démoralisés, et finalement une
source de souffrance pour eux-mêmes. Nous ne mentionnons pas
tout cela par pessimisme mais simplement pour montrer que même
cette grande Conscience Mentale a son revers et cache un côté
aussi laid que le visage lumineux qui lui est attribué.

Lorsque l'homme atteint les stades supérieurs de cette conscience


mentale qui commence à l'éclairer, il est en état de ressentir plus
vivement que jamais l'insuffisance de la Vie telle qu'elle lui apparaît.
Il est incapable de se comprendre lui-même son origine, son destin,
son but et sa nature et il se heurte aux barreaux de la cage de
l'intellect dans laquelle il est enfermé. Il se pose la question : "D'où
viens-je, où vais-je, quelle est le but de mon existence" ? Il se
retrouve insatisfait des réponses que le monde lui propose; il crie à
haute voix son désespoir, mais l'écho de sa propre voix lui revient
répercutée pas les murs infranchissables dont il est entouré. Il ne se
rend pas compte que la réponse doit venir de l'intérieur, mais c'est
pourtant ainsi.

La psychologie s'arrête lorsqu'elle atteint les limites de la conscience


mentale, ou comme elle l'appelle, la "Conscience de Soi", et nie qu'il
y ait quoi que ce soit au-delà de toutes ces régions inexplorées de
l'esprit. Elle se moque de ce que rapportent ceux qui ont pénétré
plus loin dans les recoins de leur être et le rejette comme étant de
simples "rêves", des "fantasmes", des "illusions", de "l'imagination
extatique", des "états anormaux", etc. Il existe cependant des écoles
de pensée qui enseignent ces états supérieurs, et il y a des hommes
de tous âges et de toutes races qui y sont entrés et en ont rapporté
des expériences convaincantes. Et nous nous sentons justifiés de
vous demander de les prendre en considération.

Il existe deux plans de conscience, dont nous estimons qu'il convient


de parler, car nous avons obtenu plus ou moins d'informations à leur
sujet. Il y a encore des plans plus élevés, mais ils appartiennent à
des phases plus élevées de la vie que celles qui sont traitées ici.

Le premier de ces plans ou de ces états de conscience, au-dessus


de la "Conscience de Soi" des psychologues (que nous avons
appelée "Conscience Mentale") peut être appelée "Ego-conscience",
car elle apporte une "conscience" de la réalité de l'Ego. Cette
"conscience" est bien supérieure à la Conscience de Soi de l'homme
qui est capable de distinguer le "Je" du "Tu" et de lui donner un nom.
Et bien au-delà de la conscience qui permet à un homme, à mesure
qu'il monte dans l'échelle du savoir, de distinguer le "Je" de la faculté
qui vient après ou au-dessus de la faculté de l'Esprit, qu'il est
capable de reconnaître comme un "Non-Je", jusqu'à ce qu'il trouve
qu'il lui reste encore un élément de son Mental qu'il ne peut pas
mettre de côté, qu'il appelle finalement le "Je", bien que cette étape
soit déjà à elle seule bien supérieure à celle de la moyenne des
hommes et constitue un haut degré de réalisation de soi. C'est
comparable à cette dernière étape, et pourtant encore plus riche et
complet. Dans l'aube de la Conscience du Moi, le "Je" se reconnaît
encore plus clairement et, plus que cela, il est pleinement imprégné
d'un sens et d'une "conscience" de sa propre réalité, inconnu
jusqu'alors. Cette prise de conscience n'est pas un simple effet de
raisonnement, il s'agit d'une "conscience", tout comme l'est la
Conscience Physique et la Conscience Mentale: quelque chose de
différent d'une "conviction intellectuelle". Il s'agit d'un savoir, et non
d'une pensée ou d'une croyance.

Le "Je" sait qu'il est réel, qu'il a ses racines dans la Suprême Réalité
sous-jacente à tout l'Univers, et qu'il participe à son Essence. Il ne
sait pas ce qu'est cette Réalité, mais il sait qu'elle est Réelle, et
différente de tout ce qui existe dans le monde du nom, de la forme,
du nombre, du temps, de l'espace, de la cause à effet; quelque
chose de transcendantal et de surpassant toute expérience
humaine. Et sachant cela, il sait qu'il ne peut pas être détruit ni
blessé, qu'il ne peut pas mourir, qu'il est immortel, et qu'il y a
quelque chose qui est l'essence même du Bien derrière, sous et
même en Lui. Et dans cette certitude et cette conscience, il y a la
Paix, la Compréhension et le Pouvoir. Que s'épanouisse l'un de ces
derniers, et le doute, la peur, l'agitation et la colère se détacheront
de lui comme des vêtements usés et il se retrouvera habillé dans la
Croyance qui Sait: l'Intrépidité; la Tranquillité; la Satisfaction qui lui
permettront enfin de dire avec du sens et une vraie compréhension:
"Je SUIS."

Cette Conscience de l'Ego apparaît à beaucoup comme une


connaissance naissante, une lumière en train de s'élever de derrière
les collines. Pour d'autres, elle est venue progressivement et
lentement, mais pleinement, et ils vivent maintenant dans la pleine
lumière de leur conscience. Chez d'autres, elle a éclaté comme un
flash, ou une vision, comme une lumière tombant d'un ciel clair, un
peu aveuglante au début, mais les laissant, hommes et femmes,
différents, car possédant désormais ce quelque chose qui ne peut
être compris ni décrit par ceux qui ne l'ont pas reçu. Cette dernière
étape s'appelle l'"Illumination".

L'homme de la Conscience du Moi peut ne pas comprendre l'Énigme


de l'Univers ni donner une réponse aux grandes questions de la vie,
mais il a cessé de s'en préoccuper, car maintenant elles ne le
dérangent plus. Il peut utiliser son intellect envers elles comme
auparavant, mais plus jamais avec le sentiment que leur
compréhension intellectuelle pèse sur son bonheur ou sa tranquillité
d'esprit. Il sait qu'il se tient sur un rocher solide, et bien que les
tempêtes du monde de la matière et de la force peuvent le frapper, il
ne sera pas blessé. C'est l'une choses, avec d'autres, qu'il sait. Il ne
peut pas démontrer ces choses aux autres, car elles ne sont pas
démontrables par une argumentation, parce que ce n'est pas de
cette manière qu'il les a lui-même obtenues. Et donc, il n'en dit que
peu de choses, et continue à vivre sa vie comme s'il ne les avait pas
connues, en apparence du moins. Mais intérieurement, c'est un
homme changé, sa vie est différente de celle de ses frères, car
pendant que leurs âmes restent enveloppées dans le sommeil ou se
lancent dans des rêves troubles, son âme à lui s'est réveillée et
regarde le monde sans peur, avec des yeux brillants. Il y a, bien sûr,
différents stades dans cette conscientisation, tout comme il y en a
dans les niveaux inférieurs de la conscience. Certains ne la vivent
que légèrement tandis que d'autres en sont envahis. Peut-être cette
leçon permettra-t-elle d'expliquer à certains des lecteurs ce qui leur
est "arrivé" et dont ils hésitent à parler à leur ami le plus proche ou à
leur compagnon ou compagnes de vie. Pour d'autres, elle peut leur
ouvrir la voie à un accomplissement plus complet. Nous y plaçons
sincèrement toute notre confiance, car on ne commence pas à vivre
tant qu'on ne reconnaît pas le "Je" comme la réalité.
Il y a une étape encore supérieure à celle mentionnée ci-dessus,
mais elle n'a été atteinte que par très peu d'entre nous. Ce que nous
avons appris à son sujet nous est venu d'un large horizon
d'époques, de peuples, de pays. Elle a été appelée "Conscience
Cosmique" et elle est décrite comme une conscience de l'Unité de la
vie, c'est-à-dire une conscience que l'Univers est fait d'une vie
unique; une perception et une "conscience" réelles que l'Univers est
plein de vie, de mouvement et d'esprit, et qu'il n'y a pas de force
aveugle, ni de matière morte, mais que tout est vivant, vibrant et
intelligent. Il est évident que le Vrai Univers, l'essence ou l'arrière-
plan de l'univers de la matière, de l'énergie et l'esprit, est exactement
comme ils le décrivent. En fait, la description que nous en font ceux
qui en ont pu bénéficier de la vision de cet état indique qu'ils voient
l'Univers comme un "Tout Esprit", un "Tout" qui n'est qu'Esprit" en
finale. Cette forme de conscience a été vécue par des hommes en
différents lieux, et seulement pendant quelques instant, dans une
"Illumination", un instant très court, qui s'efface rapidement, n'en
laissant que son souvenir. Au moment de "l'Illumination", ceux qui
l'ont vécue ont ressenti un sentiment "d'intouchabilité" avec la
Connaissance et la Vie Universelles, impossible à décrire,
accompagné d'une Joie ineffable.
En ce qui concerne cette "Conscience Cosmique", nous dirons
qu'elle signifie plus qu'une conviction intellectuelle, une croyance ou
une compréhension des faits, parce que la vision et la conscience
réelle n'arrivent qu'au moment de l'illumination. D'aucuns signalent
qu'ils ont acquis un sens profond et durable de la réalité des faits
décrits dans les récits des Illuminés, mais n'ont pas connu la "vision"
ou l'extase qu'ils relatent. Bien qu'ils semblent en possession du
même état mental que ceux qui ont vécu cette "vision" et en sont
sortis en emportant avec eux son souvenir et son ressenti; en réalité,
à ce moment-là, ils n'ont pas réussi à atteindre la réalité de la
conscience. Ils s'accordent cependant sur l'essentiel des détails de
l'expérience. Le Dr Maurice Bucke, maintenant décédé, a écrit un
livre intitulé "Conscience Cosmique", dans lequel il décrit un certain
nombre de ces cas, dont le sien, celui de Walt Whitman et celui
d'autres, et dans lequel il soutient que ce stade de conscience se
situe avant la Vie et y retournera progressivement dans le futur. Il
soutient que sa manifestation apparue à quelques-uns comme
située bien au-dessus de nous, n'est qu'un premier rayon de soleil
qui "flashe" sur nous et prophétise l'apparition du grand corps de
lumière en lui-même.

Nous n'examinerons pas ici en détail les récits de certains des


grands religieux du passé, qui ont laissé les traces de quelques
instants de grande exaltation spirituelle, au cours desquels ils ont
pris conscience "d'être en présence de l'Absolu", ou peut-être dans
le rayon de "la lumière de Son visage". Nous avons un grand respect
pour ces expériences vécues, et nous avons toutes raisons de croire
que beaucoup d'entre eux sont authentiques, malgré la récits parfois
contradictoires qui en ont été transmis. Ces rapports se contredisent
en raison du fait que les esprits de ceux qui ont vécu ces prises de
conscience n'étaient pas préparés ni assez formés pour comprendre
pleinement la nature de ces phénomènes. Ils se sont retrouvés en
contact spirituel avec Quelque Chose d'une terrible grandeur et
hauteur spirituelle, qui les a laissés complètement étourdis et
déconcertés. Ils n'ont pas compris la nature de l'Absolu, et quand ils
ont pu suffisamment récupérer, ils ont déclaré qu'ils avaient été en
"présence de Dieu", le mot "Dieu" signifiant leur conception
particulière de la Déité, c'est-à-dire celui qui apparaît comme Déité
dans leur propre croyance ou école religieuse. Ils n'ont rien vu qui
puisse les amener à identifier ce Quelque chose avec leur
conception particulière de la Déité, sauf qu'ils pensaient que "ça doit
être Dieu", et ne connaissant pas d'autre Dieu que leur propre
conception particulière, ils ont naturellement identifié ce Quelque
chose avec leur "Dieu" tel qu'ils les concevaient. Et leurs récits,
naturellement, abondaient dans ce sens.

Ainsi, les récits de toutes les religions sont remplis de comptes


rendus d'événements prétendus miraculeux. Le saint catholique
rapporte qu'il a "vu la lumière du visage de Dieu", et les non-
catholiques relatent de la même façon des rencontres avec le Dieu
qu'ils vénèrent. Le musulman raconte qu'il pu apercevoir le visage
d'Allah, et le bouddhiste nous dit qu'il a vu Bouddha sous son arbre.
Le Brahmane a vu le visage de Brahma, et les diverses sectes
hindoues rapportent des expériences similaires avec leurs propres
divinités. Les Perses ont produit des histoires similaires, et même les
Égyptiens de l'Antiquité ont laissé des traces d'événements
analogues. Ces récits apparemment contradictoires conduisent ceux
qui ne comprennent pas la nature de ces phénomènes à penser que
ces choses étaient "toutes des produits de l'imagination" et de la
fantaisie, voire à classer dans le mensonge et l'imposture. Mais les
Yogis savent qu'ils valent mieux que ça. Ils savent que dans cette
variété des récits existe un fond commun de vérité, qui apparaîtra à
qui se donnera la peine investiguer sur leur origine. Ils savent que
tous ces récits (sauf quelques-uns basées sur l'imitation frauduleuse
d'un phénomène réel) sont fondées sur la vérité et ne sont que les
narrations déconcertantes de différents observateurs. Ils savent que
ces personnes ont été temporairement placées au-dessus de la
conscience ordinaire et ont été sensibilisés à l'existence d'un Être ou
d'Êtres supérieurs aux mortels. Il ne s'ensuit pas qu'ils aient vu
"Dieu" ou l'Absolu, car il existe de nombreux Êtres de haute
croissance et de haut développement spirituels qui apparaissent au
commun des mortels comme Dieu lui-même. La doctrine catholique
des anges et des archanges est corroborée par des Yogis qui ont été
voir "derrière le voile", et nous rapportent l'existence des "Dévas" et
d'autres êtres avancés. Le Yogi accepte donc ces histoires des
différents mystiques, saints et inspirés, et peut rendre compte de
chacun par des lois parfaitement naturelles pour les élèves de la
philosophie Yogi, mais qui apparaissent comme surnaturelles à ceux
qui ne l'ont pas étudiée.

Nous ne pouvons pas nous étendre davantage sur cette partie du


sujet dans cette leçon, car une discussion approfondie nous
éloignerait du thème général qui nous attend. Mais nous souhaitons
être bien compris quand nous disons qu'il existe certains centres
dans l'être mental de l'Homme dont peuvent provenir une lumière
sur l'existence d'un ordre absolu et supérieur des Êtres. En réalité,
ces centres font apparaître à l'homme cette partie "sentiments" de
son mental, qu'il appelle "instinct religieux" ou "intuition religieuse".
L'homme ne peut pas arriver à cette conscience sous-jacente de
"Quelque Chose d'Autre" par son seul intellect, mais seulement
grâce à la lumière venant des plus hauts centres du Soi. Il remarque
ces flux de lumière, mais ne les comprenant pas, il procède à la
mise en place d'un système théologique et métaphysique de
diverses croyances pour en rendre compte par un mécanisme
intellectuel. Cependant, il manque toujours ce "sentiment" que
l'intuition elle-même a retenu. La vraie religion, quel que soit le nom
sous lequel elle se cache, vient du "cœur" et n'est pas confortée ni
justifiée par ces des explications intellectuelles, d'où le trouble désir
de satisfaction que l'Homme éprouve au moment où la lumière
commence à percer.

Pour l'instant, nous devons postposer toute nouvelle discussion sur


cette partie du sujet. Nous y reviendrons dans une prochaine leçon,
avec d'autres questions. Comme nous l'avons dit, nos deux
prochaines leçons porteront sur la recherche des régions situées en
dehors de la conscience de l'homme ordinaire. Vous y trouverez une
enquête des plus fascinante et instructive qui ouvrira de nouveaux
champs de réflexion à beaucoup d'entre vous

MANTRA (AFFIRMATION.)

Je suis un Être bien plus grand et plus grandiose que je ne l'avais


compris. Je me déploie progressivement mais sûrement vers les
plans supérieurs de la conscience. Je vais constamment de l'avant
et me dirige vers le haut. Mon objectif est la réalisation du Vrai Je et
je me réjouis de chaque étape du développement qui me conduit
vers mon objectif. Je suis une manifestation de la RÉALITÉ. JE
SUIS
LEÇON VIII. LES HAUTES ET LES BASSES
TERRES DE L'ESPRIT.
Le Soi de chacun d'entre nous a un véhicule d'expression que nous
appelons l'Esprit, mais ce véhicule est beaucoup plus grand et
beaucoup plus complexe que nous ne sommes susceptibles de le
percevoir. Comme l'a dit un écrivain : "Notre moi est plus grand que
ce que nous en connaissons, il y des sommets au-dessus, et des
plaines en-dessous du plateau de notre expérience consciente". Ce
que nous reconnaissons comme "l'esprit conscient" n'est pas l'âme.
L'âme n'est pas une partie de ce que nous connaissons de la
conscience, mais, au contraire, ce que nous savons en notre
conscience n'est qu'une petite partie de l'âme, le véhicule conscient
d'un plus grand Soi, ou "Je".

Les Yogis ont toujours enseigné que l'esprit se situe sur plusieurs
plans et que beaucoup de ces niveaux opèrent au-dessus et en
dessous du plan de la conscience. La science occidentale
commence à réaliser ce fait, et ses théories à ce sujet peuvent être
découvertes dans n'importe lequel des plus récents travaux de
psychologie. Mais il s'agit là d'un développement récent de la
science occidentale. Jusqu'à très récemment, les livres scolaires
affirmaient que Conscience et Esprit étaient synonymes, et que
l'Esprit était conscient de toutes les activités, changements et
modifications de l'individu.

Liebnitz a été l'un des premiers philosophes occidentaux à avancer


l'idée qu'il y avait des plans d'activité mentale en dehors du plan de
la conscience, et depuis son époque, les principaux penseurs ont
lentement mais sûrement progressé jusqu'à rejoindre aujourd'hui
son opinion.

À l'heure actuelle, il est généralement admis qu'au moins quatre-


vingt-dix pour cent de nos opérations mentales se déroulent dans le
domaine inconscient. Le professeur Elmer Gates, scientifique bien
connu, a déclaré "Au moins quatre-vingt-dix pour cent de notre vie
mentale est subconsciente. Si vous analysez vos opérations
mentales, vous constaterez que la pensée consciente n'est jamais
une ligne de conscience continue, mais une série de données
conscientes avec de grands intervalles de subconscient. Nous nous
asseyons et essayons de résoudre un problème, et nous échouons.
Nous allons nous promener, nous réessayons et nous échouons
encore. Soudain, une idée surgit qui mène à la solution du problème.
Les processus subconscients étaient au travail. Nous ne créons pas
volontairement notre propre pensée. Elle se déroule en nous. Nous
en sommes des bénéficiaires plus ou moins passifs. Nous ne
pouvons pas changer la nature d'une pensée, ou d'une vérité, mais
nous pouvons, en quelque sorte "guider le navire en agissant sur la
barre". Notre mentation est en grande partie le résultat du grand
"Tout Cosmique" sur nous".

Sir William Hamilton dit que la sphère de notre conscience n'est


qu'un petit cercle au centre d'une sphère d'action et de pensée
beaucoup plus large, dont nous ne sommes conscients que par ses
effets.

Taine dit : "En dehors d'un petit cercle lumineux, se trouve un grand
anneau de crépuscule au-delà d'une nuit indéfinie, mais les
événements de ce crépuscule et de cette nuit sont aussi réels que
ceux du cercle lumineux".

Sir Oliver Lodge, l'éminent scientifique anglais, parlant des niveaux


de l'esprit, dit : "Imaginez un iceberg se glorifiant de sa solidité sans
faille et de ses pinacles étincelants, irrité par l'attention portée à son
moi submergé, cette partie qui le soutient, ou au liquide salin dont il
est issu, et dans lequel il reviendra un jour. Ou, en inversant la
métaphore, nous pourrions comparer notre état actuel à celui d'une
coque de navire submergée dans un océan sombre au milieu
d'étranges monstres, propulsée aveuglément à travers l'espace,
fière peut-être d'avoir accumulé des grappes de bernacles comme
décoration, ne découvrant sa destination qu'en heurtant le quai,
sans aucun égard pour le pont supérieur et ses cabines, ni pour les
espars et les voiles, sans aucun souci du le sextant, ni du compas,
ni du capitaine, sans un regard à la vigie en haut du mât, ni même à
quelque lointain horizon. Sans vision des objets en travers de la
route, des dangers à éviter, des destinations à atteindre, des autres
navires à qui parler autrement que par un contact physique, à
travers un espace ensoleillé et nuageux où la perception et
l'intelligence sont totalement inaccessibles à tout ce qui se trouve
en-dessous de la ligne de flottaison".

Nous demandons à nos étudiants de lire attentivement ce qu'a


exprimé ci-dessus Sir Oliver Lodge, car il apporte la vision la plus
claire et la plus précise de l'état actuel de nos connaissances des
plans mentaux, tels que nous les avons glanés dans les écrits
occidentaux.

D'autres écrivains occidentaux ont parlé de ces domaines. Lewes a


dit : "Il est très certain que dans chaque volition consciente, chaque
acte qui se caractérise ainsi, une grande partie en est tout à fait
inconsciente. Il est tout aussi certain que dans chaque perception on
trouve des processus inconscients de reproduction et de déduction.
Il existe toujours une dose moyenne de subconscient et un fond
d'inconscience".

Taine nous l'a dit : "Les événements mentaux imperceptibles à la


conscience sont beaucoup plus nombreux que les autres, et du
monde qui constitue notre être, nous ne percevons que les points les
plus élevés, les pics éclairés d'un continent dont les étages
inférieurs restent dans l'ombre. Sous les sensations ordinaires se
cachent leurs composantes, c'est-à-dire les sensations élémentaires
qui doivent se rassembler pour atteindre notre conscience".

Maudsley dit : "Examinez de près et sans préjugés le mental


ordinaire de la vie quotidienne, et vous constaterez que la
conscience ne contribue que pour un dixième à la fonction qui lui y
est
communément attribuée. Dans chaque état conscient, il y a le travail
du conscient et les énergies subconscientes et infra conscientes,
ces dernières étant aussi indispensables que les premières".

Voici ce qu'a déclaré Oliver Wendall Holmes : "Il y a des pensées qui
n'émergent jamais dans la conscience, et qui pourtant font sentir leur
influence sur les courants mentaux, tout comme les planètes
invisibles influencent les mouvements de celles qui sont observées
et cartographiées par les astronomes".

De nombreux autres écrivains nous ont donné des illustrations et


des exemples de l'action des différents niveaux de la pensée
inconsciente. Quelqu'un a écrit que lorsque la solution d'un problème
depuis longtemps traité en vain lui était apparue à l'esprit, il tremblait
comme s'il était en présence d'un autre être qui lui avait
communiqué un secret. Nous avons tous essayé de nous souvenir
d'un nom ou d'une idée sans succès, et après l'avoir chassée de
notre esprit, de le voir soudainement se rappeler à notre conscience
quelques minutes ou quelques heures après. Quelque chose dans
notre cerveau était à l'œuvre pour chercher ce mot manquant, et
quand il l'a trouvé, il nous l'a présenté spontanément.

Un écrivain a évoqué ce qu'il a appelé la "rumination inconsciente",


qui lui était arrivée lorsqu'il a lu des livres qui présentaient de
nouveaux points de vue nettement opposés à ses propres opinions.
Après des jours, des semaines ou des mois, il a constaté qu'à son
grand étonnement, ses opinions s'étaient entièrement modifiées et
que des nouvelles idées étaient venues s'y greffer. De nombreux
exemples de cette digestion et assimilation mentales inconscientes
sont mentionnées dans différents livres rédigés ces dernières
années sur ce sujet. On raconte que Sir W. R. Hamilton a découvert
les quaternions un jour en se promenant avec sa femme dans
l'observatoire de Dublin. Il dit qu'il s'est soudain senti proche du
"cercle galvanique de la pensée", et que les étincelles qui en sont
tombées étaient les relations mathématiques fondamentales de son
problème, qui est devenu maintenant une des lois importantes en
mathématiques.

Le Dr. Thompson a écrit : "J'ai parfois eu l'impression de l'inutilité de


tout effort volontaire, et aussi que l'affaire fonctionnait d'elle-même
clairement dans mon esprit. Il m'a souvent semblé que je n'étais
finalement qu'un instrument passif entre les mains d'une personne
qui n'était pas moi-même. Compte tenu de la nécessité de devoir
attendre les résultats de ces processus inconscients, j'ai pris
l'habitude de réunir la documentation à l'avance, puis de laisser la
masse se digérer jusqu'à ce que je sois prêt à écrire sur elle. J'ai
retardé d'un mois l'écriture de mon livre "System of Psychology" et
j'ai continué à lire les auteurs référencés. J'essayais de ne pas
penser au livre. Je regardais avec intérêt les gens qui passaient
devant mes fenêtres. Un soir en lisant le journal, la substance de la
partie manquante du livre m'est venue à l'esprit, et j'ai commencé à
l'écrire. Ce n'est qu'un échantillon de mes nombreuses expériences
de ce type".

Berthelot, le fondateur de la chimie synthétique, a déclaré que les


expériences qui ont conduit à ses merveilleuses découvertes n'ont
jamais été le résultat d'une réflexion approfondie, ni d'un pur
raisonnement mais qu'elles se sont parachutées d'elles-mêmes,
pour ainsi dire, en tombant du ciel clair.

Mozart a écrit : "Je ne peux pas vraiment dire que je puisse


expliquer mes compositions. Mes idées circulent, et je ne peux pas
dire d'où ni comment elles me viennent. Je n'entends pas les
différentes parties successivement dans mon imagination, mais je
les entends en quelque sorte toutes à la fois. Le reste n'est qu'une
tentative de reproduire ce que j'ai entendu".

Le Dr. Thompson, mentionné ci-dessus, a également déclaré "En


écrivant ce travail, je n'ai pas été en mesure d'organiser ma
connaissance du sujet pendant des jours et des semaines, jusqu'à
ce que j'aie l'impression de m'être éclairci l'esprit et de pouvoir
prendre mon stylo et coucher le résultat sans hésiter sur le papier.
La meilleure façon d'y parvenir était de détourner mon esprit
(conscient) aussi loin que possible du sujet sur lequel j'étais en train
d'écrire".

Le professeur Barrett dit : "Le mystère de notre être ne se limite pas


à des processus physiologiques subtils que nous avons en commun
avec la vie des autres animaux. Il y a des pouvoirs plus élevés et
plus efficaces enveloppés dans notre personnalité et qui sont autres
que ce qui est exprimé par ce que nous savons de la conscience, de
la volonté ou de la raison. Il existe des pouvoirs surnaturels et
transcendantaux qu'actuellement nous n'apercevons
qu'occasionnellement, et derrière et au-delà du supranormal, il y a
des abîmes insondables, la terre divine de l'âme, la réalité ultime
dont notre conscience n'est que le rayonnement ou la faible
perception. Ces thèmes aussi élevés où je ne me propose pas
d'entrer, sont à jamais hors de portée de l'interrogation humaine, et il
n'est pas possible, dans les limites de ce document d'éclairer
totalement la conception de ces régions mystérieuses de notre
personnalité complexe, que la recherche scientifique commence
seulement à découvrir.

Le révérend Dr Andrew Murray a écrit : "Plus profondément que le


lieu où l'âme peut entrer avec sa conscience, il y a de la matière
spirituelle qui relie l'homme à Dieu ; et plus profondément que l'esprit
et les sentiments ou la volonté, dans les profondeurs invisibles de la
vie cachée habite l'Esprit de Dieu". Ce témoignage est remarquable,
venant de cette source, car elle corrobore et conforte les
enseignements du Yogi sur l'esprit intérieur que Schofield a décrit :
"Notre l'esprit conscient par rapport à l'esprit inconscient, a été
assimilé au spectre visible des rayons du soleil par rapport à la
partie invisible qui s'étend indéfiniment tout autour. Nous savons
maintenant que la majeure partie de la chaleur provient des rayons
infra-rouges qui ne produisent pas de lumière et que l'essentiel des
changements chimiques dans le monde végétal sont le résultat des
rayons ultra-violets situés à l'autre bout du spectre, tous aussi
invisibles à l'œil nu et perceptibles seulement par leur effets. En
effet, de la même façon que ces rayons invisibles s'étendent
indéfiniment des deux côtés du spectre visible, on peut dire que
l'esprit comprend non seulement la partie visible ou consciente, mais
aussi ce que nous appelons le subconscient qui se trouve en-
dessous de la ligne rouge, et se relie également l'esprit supra
conscient qui se trouve à l'autre extrémité de toutes ces régions de
vie supérieure de l'âme et de l'esprit, dont nous ne sommes parfois
que vaguement conscients, mais qui existent toujours, et qui nous
relient aux vérités éternelles aussi sûrement que l'esprit
subconscient nous relie au corps".
Nous savons que nos étudiants apprécieront le témoignage
précédent du Dr. Schofield, car il s'inscrit directement dans la ligne
de nos enseignements de la Philosophie Yogi concernant les plans
de l'esprit (voir "Quatorze leçons").

Nous nous sentons autorisés à citer plus avant le Dr Schofield, car il


exprime de la manière la plus forte ce que la philosophie du yogi
enseigne comme étant les vérités fondamentales de l'esprit. Le Dr
Schofield est un écrivain anglais qui traite de la psychologie, et pour
autant que nous sachions, il n'a pas tendance à l'occultisme, son
point de vue étant le fruit d'une étude scientifique approfondie et
d'une enquête sur le modèle de la psychologie occidentale, ce qui
rend son témoignage d'autant plus précieux qu'il montre comment
l'esprit de l'homme trouvera instinctivement son chemin vers la
Vérité, même s'il faut pour cela tracer un nouveau chemin à travers
les bois, en sortant des sentiers battus par d'autres, qui ont manqué
de courage ou d'esprit d'entreprise.

Le Dr. Schofield écrit : "L'esprit, en effet, va jusqu'au bout, d'un côté


inspiré par le Tout-Puissant, et de l'autre dynamisant le corps, pour
tous ceux dont il est à l'origine d'une vie utile. On peut appeler
l'esprit supra-conscient, la sphère de la vie de l'esprit; le
subconscient, la sphère de la vie du corps; et l'esprit conscient, la
région centrale où les deux se rencontrent".
Poursuivant, le Dr Schofield déclare : "On dit que l'Esprit de Dieu
habite les croyants, et pourtant, comme nous l'avons vu, Sa
présence n'est pas le sujet de la conscience directe. Nous inclurions
donc dans le supra-conscient toutes ces idées spirituelles, en même
temps que la conscience de "la voix de Dieu" comme l'appelle Max
Muller, qui est sûrement une faculté semi-consciente. De plus, le
supra-conscient, comme le subconscient, est, comme nous l'avons
dit, mieux appréhendé lorsque l'esprit conscient n'est pas actif. Les
visions, les méditations, les prières et même les rêves ont sans
aucun doute été des révélations spirituelles, et de nombreux cas
peuvent être présentés comme des illustrations du fonctionnement
de l'Esprit en dehors de l'action de la raison. La vérité est
apparemment que l'esprit dans son ensemble est un état
inconscient, ce qui fait que ses registres moyens, à l'exclusion des
manifestations spirituelles et physiques les plus basses, sont
convenablement éclairés à des degrés divers par la conscience, et
que c'est à cette partie illuminée du cadran que le mot "esprit", qui
appartient à juste titre au "Tout", a été limité".

Oliver Wendell Holmes a déclaré : " Le flux automatique de la


pensée est singulièrement favorisé par le fait d'écouter un faible
discours, avec juste assez d'idées pour garder l'esprit (conscient)
occupé. Le courant de pensée induit est souvent rapide et brillant
dans un rapport inverse à la force du courant inducteur".

Wundt dit : "Les processus logiques inconscients se poursuivent


avec une certitude et une régularité qui seraient impossibles à
atteindre là où il existerait une possibilité d'erreur. Notre esprit est si
heureusement conçu qu'il prépare pour nous les fondements les
plus importants de la cognition, alors que nous n'avons pas la
moindre appréhension de son "modus operandi". Cet inconscient de
l'âme, comme un étranger bienveillant, travaille et prend des
dispositions pour notre plus grand profit, et ne nous verse que des
fruits mûrs sur les genoux".
Un auteur d'un magazine anglais a écrit de façon intéressante : "Les
injonctions atteignent notre conscience depuis l'inconscient pour que
l'esprit soit prêt à travailler, frais, plein d'idées". "Les fondements de
notre jugement sont souvent des connaissances si éloignées de la
conscience que nous ne pouvons les identifier". "Que l'esprit humain
comprend une partie inconsciente; que les événements inconscients
qui se produisent dans cette partie sont des causes immédiates de
la conscience; que la majeure partie de l'action intuitive humaine est
l'effet d'une cause inconsciente, que la vérité de ces propositions est
donc déductible des événements mentaux ordinaires et si proche de
la surface que l'échec de la déduction à prévenir l'induction dans le
discernement de celle-ci pourrait bien susciter l'émerveillement".
"Notre comportement est influencé par des hypothèses
inconscientes respectant notre propre rang social et intellectuel,
autant que de celui auquel nous nous adressons. En société, nous
adoptons
inconsciemment un comportement très différent de celui du cercle
familial. Après avoir été élevé à un rang supérieur, l'ensemble du
comportement change subtilement et inconsciemment en accord
avec celui-ci". Et Schofield ajoute à la dernière phrase : "Ceci est
également le cas, dans une moindre mesure, avec différents styles
d'habillement et différents environnements. Tout à fait
inconsciemment, nous changeons notre comportement, notre port et
notre style selon les circonstances".

Jensen écrit : "Lorsque nous réfléchissons à quelque chose avec


toute la force de l'esprit, nous pouvons tomber dans un état
d'inconscience totale, dans lequel nous n'oublions que le monde
extérieur, mais ne savons rien de nous-mêmes et des pensées qui
nous traversent depuis un certain temps. Nous nous réveillons alors
soudainement comme sortant d'un rêve, et généralement au même
moment le résultat de notre méditation nous apparaît comme une
activité distincte dans la conscience sans que nous ne sachions
comment nous y sommes arrivés".
Bascom déclare : "Il est inexplicable que des lieux qui se trouvent en
dessous de la conscience puissent produire des conclusions dans la
conscience; comment l'esprit peut-il entreprendre sciemment un
mouvement mental à un stade avancé, en ayant manqué ses
premières étapes ? ".

Hamilton et d'autres écrivains ont comparé l'action de l'esprit à celle


d'une rangée de boules de billard, dont l'une, quand elle est frappée,
transmet son impulsion à toute la ligne, le résultat étant que seule la
dernière balle se déplace réellement, les autres restant à leur place.
La dernière balle représente la pensée consciente, et les autres les
étapes de la mentation inconsciente. Lewes, parlant de cette
illustration, dit : "Quelque chose dans ce que dit Hamilton semble
souvent se produire dans un train de pensées, une idée suggérant
immédiatement à une autre de prendre conscience de cette
suggestion en passant par une ou plusieurs idées qui n'aboutissent
pas elles-mêmes jusqu'à la conscience. Ce point, dont nous ne
sommes pas conscients du processus de formation mais seulement
du résultat, peut mettre en lumière l'existence d'un système de
jugements inconscients, de raisonnements inconscients et
d'enregistrements inconscients d'expériences.

De nombreux écrivains ont décrit le processus par lequel


l'inconscient émerge progressivement dans le champ de la
conscience, et le malaise qui accompagne ce processus. Quelques
exemples peuvent s'avérer intéressants et instructifs.

Maudsley déclare : "Il est surprenant de constater à quel point une


personne peut se sentir mal à l'aise par l'idée obscure de quelque
chose qu'il aurait dû dire ou faire, et dont il a l'impression qu'il ne
pourra plus jamais s'en souvenir. Cette idée perdue fait un effort
pour revenir à la surface de la conscience, et provoque un
soulagement immédiat si elle parvient à faire irruption dans la
conscience".
Oliver Wendell Holmes a déclaré: "Il y a des pensées qui n'émergent
jamais dans la conscience et qui pourtant font sentir leur influence
sur les courants mentaux perceptifs, tout comme les planètes
invisibles agissent sur les mouvements de celles qui nous sont
connues". Le même auteur remarque également : "On m'a parlé d'un
un homme d'affaires de Boston qui avait renoncé à réfléchir à une
question importante qu'il trouvait trop difficile pour lui. Mais il a
continué à avoir le cerveau si mal en point qu'il craignait qu'il ne soit
menacé de paralysie. Après quelques heures, la solution évidente
de la question lui est apparue, élaborée, a-t-il pensé, dans cet
intervalle perturbé".

Le Dr Schofield mentionne plusieurs exemples de cette phase du


fonctionnement des plans inconscients de l'esprit. Nous en
mentionnons quelques unes qui semble intéressantes et pertinentes
: "L'année dernière, dit le Dr Schofield, je me rendais en voiture à
Phillmore Gardens pour porter des lettres à un ami. Sur le chemin,
un vague malaise s'est installé et une voix semblait vouloir me dire :
"Je doute que vous ayez ces lettres. Ma raison consciente refoula
cette suggestion de l'inconscient : "Bien sûr que oui, je les ai
expressément retirées du tiroir ". Le vague sentiment persistait, mais
ne trouvait pas de réponse. À mon arrivée, j'ai constaté que les
lettres n'étaient pas dans mes poches. En rentrant, je les ai trouvés
sur la table de l'entrée, où je les avait déposées au moment de
mettre mes gants".

"L'autre jour, j'ai dû aller voir un patient à Folkestone, dans


Shakespeare Terrasse. Je suis arrivé très tard et je ne suis pas
resté, et quand je suis descendu en voiture jusqu'au pavillon prévu
pour la nuit, il faisait sombre et pluvieux. Le lendemain matin à onze
heures, je me suis dirigé vers la maison dont je connaissais la
direction générale, sans jamais cependant n'y avoir été auparavant.
J'ai remonté la route principale et, après avoir dépassé un certain
tournant, j'ai commencé à sentir un vague malaise s'installer dans
ma conscience, me disant que j'avais raté la terrasse. En
demandant mon chemin, j'ai appris que c'était le cas, et c'était dans
juste dans ce virage manqué que mon inconscient avait commencé
à protester silencieusement. La veille, la nuit avait été très sombre et
très humide, mais le peu que j'avais pu voir depuis la voiture avait
impressionné mon inconscient".

Le professeur Kirchener déclarait : "Notre conscience ne peut saisir


qu'une seule idée très claire à la fois. Toutes les autres idées restent
temporairement quelque peu obscures. Elles existent réellement,
mais seulement potentiellement pour la conscience, c'est-à-dire
qu'elles planent, pour ainsi dire, à l'horizon, ou sous le seuil de la
conscience. Le fait que des idées anciennes reviennent
soudainement à la conscience s'explique simplement par le fait
qu'elles ont poursuivi leur existence psychique et que notre attention
est parfois volontairement ou involontairement détournée du présent,
rendant ainsi possible la réapparition d'anciennes idées.

Oliver Wendell Holmes déclare : "Nos différentes idées sont des


tremplins et nous ne savons pas comment nous passons de l'une à
l'autre, quelque chose nous porte. Ce n'est pas Nous (notre moi
conscient) qui sautons le pas. Le mental créateur et informateur, qui
est en nous et non de nous, est reconnu partout dans la vie réelle. Il
nous vient comme une voix qui est entendue, et qui nous dit ce que
nous devons croire, en encadrant nos phrases et en nous rendant
émerveillés devant ce visiteur qui a choisi notre cerveau comme lieu
d'habitation".

Galton dit : "J'ai voulu montrer comment des états entiers de


fonctionnement mental qui ont échappé à la conscience ordinaire,
acceptent ensuite d'être traînés en pleine lumière".

Montgomery dit : "Nous sommes constamment conscients que des


sensations non sollicitées par un état mental antérieur émergent
directement depuis le ventre sombre de l'inconscience. En effet, la
totalité de nos sentiments les plus vifs en proviennent mystiquement.
Soudainement et hors de propos, une nouvelle présence involontaire
et imprévue s'ingère dans notre conscience. Quelque pouvoir
impénétrable les amène à émerger et à entrer dans notre présence
mentale comme un constituant sensoriel. Si cette forte dépendance
à l'égard des forces inconscientes doit être présumée en relation
avec les plus vivants de nos événements mentaux, combien plus
puissant un tel soutien fondateur peut-il être supposé pour ces
faibles renaissances de sensations qui contribuent si largement à
composer la complexité de notre présence mentale !"

Sir Benjamin Brodie déclare : "Il m'est souvent arrivé d'avoir


accumulé un stock de faits, sans avoir pu aller plus loin. Puis, après
un certain temps, j'ai constaté que l'obscurité et la confusion
venaient à se dissiper : les faits se retrouvaient à leur juste place,
sans que j'aie le sentiment d'avoir fait le moindre effort pour cela.

Wundt dit : "L'opinion traditionnelle selon laquelle la conscience


couvre l'ensemble du domaine de la vie interne n'est pas acceptable.
Dans la conscience, les actes psychiques sont très distincts les uns
des autres, et l'observation elle-même conduit nécessairement à
l'unité psychologique. Mais l'agent de cette unité est hors du champ
de la conscience, laquelle ne connaît que le résultat du travail
effectué dans le laboratoire inconnu situé quelque part en-dessous.
Soudain, une nouvelle pensée surgit dans notre esprit. L'analyse
ultime des processus psychiques montre que l'inconscient est le
théâtre des phénomènes mentaux les plus importants. Le conscient
est toujours conditionné par l'inconscient".

Creighton dit : "Notre vie consciente est la somme de ses entrées et


de ses sorties. Dans les coulisses, tel que nous pouvons le déduire,
il existe une vaste réserve que nous appelons "l'inconscient", en lui
attribuant ce nom simplement en ajoutant un préfixe négatif au mot
conscient. La base de tout ce qui se trouve derrière la scène visible
est simplement le négatif de la conscience".

Maudsley dit : "Le processus de raisonnement n'ajoute rien à la


connaissance (chez le celui qui raisonne). Il ne fait qu'afficher ce qui
était là avant, et vient mettre à la disposition de la conscience de ce
qui auparavant était inconscient". Et encore : "L'esprit peut faire son
travail sans le savoir. La conscience est la lumière qui éclaire le
processus, et non l'agent qui l'accomplit".

Walstein dit : "C'est à travers leur moi subconscient que


Shakespeare doit avoir perçu sans effort les grandes vérités qui
restent encore cachées à la conscience de l'étudiant; que Phidias a
sculpté le marbre et a coulé le bronze; que Raphaël a peint ses
madones; et que Beethoven a composé ses symphonies".

Ribot dit : "L'esprit reçoit par expérience certaines données, et les


élabore inconsciemment selon des lois qui lui sont propres, et le
résultat se coule dans la conscience".

Newman dit : "Lorsque l'inhabituel provoque la surprise, nous ne


percevons pas d'abord la chose avant de ressentir la surprise; c'est
la surprise qui nous frappe d'abord et ensuite nous en recherchons
la cause. La théorie a donc dû agir sur l'esprit inconscient pour créer
le sentiment avant d'être perçu par la conscience".

Un écrivain d'un magazine anglais dit : "Ce qui est d'une importance
transcendante est le fait que la partie inconsciente de l'esprit est en
relation avec la partie consciente comme un lanterne magique qui y
projetterait son disque lumineux et que la majeure partie des actions
intentionnelles, c'est-à-dire presque la totalité de la vie pratique de la
grande majorité des hommes, est le résultat d'événements aussi
éloignés de la conscience que le mouvement des planètes".

Le Dr Schofield déclare : "Il est tout à fait vrai que la portée de


l'inconscient doit nécessairement rester indéfini ; nul ne peut dire
quel sommet ni quelle profondeur il peut atteindre.... Quant à savoir
jusqu'à quel point les pouvoirs inconscients de la vie qui, comme on
l'a dit, peuvent produire des œufs et des plumes à partir de maïs
indien, et du lait, du bœuf et du mouton à partir d'herbe, sont à
considérer à l'intérieur ou en dehors des limites inférieures de
l'inconscient, nous n'insisterons pas là-dessus. Il est suffisant
d'établir le fait de son existence, de signaler ses caractéristiques les
plus importantes et de montrer qu'à tous égards il est aussi digne
d'être appelé "esprit" que tout ce qui fonctionne dans la conscience.
Par conséquent, nous revenons à notre première définition de
l'esprit, comme étant "la somme des actions psychiques en nous,
qu'elles soient conscientes ou inconscientes".

Hartmann attire notre attention sur un fait très important lorsqu'il dit :
"L'inconscient ne tombe pas malade, l'inconscient ne se lasse pas,
mais toute activité mentale consciente se fatigue".

Kant dit : "Avoir des idées et ne pas en être conscient semble être
une contradiction. Cependant, nous pouvons toujours être
immédiatement conscients de tenir une idée, bien que nous n'en
ayons pas directement conscience".

Maudsley déclare : "Il peut sembler paradoxal d'affirmer que non


seulement les idées peuvent exister dans l'esprit sans qu'il en ait
conscience et qu'une idée ou un train d'idées associées puissent
s'accélérer au point de passer à l'action et de déclencher un
mouvement sans qu'on s'en occupe. Lorsqu'une idée disparaît de la
conscience, elle ne disparaît pas nécessairement entièrement, elle
peut rester latente sous l'horizon de la conscience. De plus, elle peut
produire un effet sur le mouvement, ou sur d'autres idées en restant
ainsi active sous l'horizon de la conscience".

Liebnitz dit : "Il ne s'ensuit pas que parce que nous ne percevons
pas une pensée, elle n'existe pas. C'est une grande source d'erreur
de croire qu'il n'y a pas d'autre perception par l'esprit que ce dont
nous sommes conscients".

Oliver Wendell Holmes déclare : "Plus nous examinons le


mécanisme de la pensée, plus nous verrons que l'action antérieure
et inconsciente de l'esprit intervient largement dans tous ses
processus. Les personnes qui parlent le plus ne pensent pas
toujours le plus. Je me demande si les personnes qui pensent le
plus, c'est-à-dire qui ont la pensée la plus consciente présente à
l'esprit, font nécessairement un travail mental. Chaque nouvelle idée
plantée dans l'esprit d'un vrai penseur se développe lorsqu'il en est
le moins conscient".

Maudsley dit : "Ce serait vraiment dur pour l'humanité, si elle devait
toujours agir à bon escient quand elle agit pour n'importe quoi. Les
hommes, sans savoir pourquoi, suivent un parcours pour lequel il
existe de bonnes raisons. Non, plus que ça! Les instincts pratiques
de l'humanité travaillent souvent de manière bénéfique en
contradiction réelle avec les doctrines qui sont professées! ".

Le même auteur dit : "Les meilleures pensées d'un auteur sont les
pensées imprévues qui le surprennent lui-même, et pour le poète
celles qui, pour autant que la conscience soit concernée, lui sont
dictées sous l'influence de son activité créatrice.

Un écrivain d'un magazine anglais dit : "Un jour, j'attendais un navire


à une jetée. Je suis passé le premier, mais ce n'était pas le bon
bateau. Je suis revenu et j'ai cherché mon bateau qui se trouvait à
un autre endroit de la jetée. Je m'étais trompé à cause de
l'hypothèse inconsciente que j'avais faite que c'était le seul endroit
où attendre un bateau à vapeur. J'ai vu un homme entrer dans une
pièce et sortir par une autre porte. Peu après, j'ai vu un autre
homme exactement faire la même chose que lui. C'était le même
homme , mais j'ai préféré croire que ce devait être son frère jumeau,
dans le l'hypothèse inconsciente qu'il n'y avait pas de sortie pour le
premier homme sauf par la façon dont il est venu.

Maudsley dit : "Une ferme résolution ou un objectif clairement


déterminé peuvent s'évanouir parfois sans raison apparente moment
d'agir, parce que la véritable volonté, qui souhaite une autre action,
surgit soudainement de l'inconscient pour surprendre et dominer le
conscient".
Schofield dit : "Notre influence inconsciente est la projection de notre
esprit et de notre personnalité inconsciente sur les autres. Elle agit
inconsciemment sur leurs centres inconscients, produisant des effets
sur leur caractère et leur conduite, identifiés par le conscient. Par
exemple, l'entrée d'un homme de bien dans une pièce où l'on utilise
un langage grossier, va modifier et purifier inconsciemment le ton de
la conversation. Notre esprit projette des ombres dont nous sommes
aussi inconscients que celles projetées par notre corps, mais qui
affectent pour le bien ou le mal tous ceux qui passent
inconsciemment à leur portée. C'est une question d'expérience
quotidienne, et elle est commune à tous, bien que plus perceptible
avec les fortes personnalités ".

Nous avons maintenant consacré beaucoup de temps et de place à


l'expression de l'opinion des divers écrivains occidentaux sur le sujet
de l'existence du plan ou des plans de l'esprit extérieurs au champ
de conscience. Nous avons laissé la place à ces précieux
témoignages, non seulement en raison de leur caractère intrinsèque
de valeur et de mérite, mais aussi parce que nous voulions
impressionner les esprits de nos étudiants par le fait que ces
niveaux d'esprit inconscients sont maintenant reconnus par les
meilleures autorités du monde occidental, alors qu'il y a quelques
années seulement, l'idée en eût été jugée ridicule, et considérée
comme un simple "rêve des enseignants orientaux". Chaque écrivain
cité a fait ressortir des points intéressants et précieux sur ce sujet, et
l'élève constatera que ses propres expériences corroborent les
points cités par les différents écrivains. Nous pensons ainsi que
cette question sera clarifiée et pourra se fixer dans l'esprit de ceux
qui suivent ces leçons.

Nous devons cependant mettre en garde nos étudiants contre


l'adoption précipitée de plusieurs des théories que des écrivains
occidentaux ont avancées ces dernières années au sujet de ces
états inconscients. Le problème est que ces écrivains occidentaux,
éblouis par la révélation des niveaux subconscients qui a soudain
éclaté dans la pensée occidentale, ont adopté à la hâte certaines
théories qu'ils croyaient susceptibles d'en élucider tous les aspects.
Ces écrivains, tout en faisant un travail de valeur qui a permis à des
milliers de personnes de se forger de nouvelles idées sur la nature
et les rouages de l'esprit, n'ont cependant pas suffisamment exploré
la nature du problème qui se posait à eux. Une petite étude des
philosophes orientaux aurait pu leur éviter, ainsi qu'à leurs lecteurs,
beaucoup de confusion.

Par exemple, la majorité de ces écrivains ont hâtivement supposé


que parce qu'il existait un plan de mentation inconscient, tous les
rouages de l'esprit pourraient être regroupés sous les rubriques
"conscient" ou "subconscient", et que tous les phénomènes
inconscients pouvaient être rassemblés sous la rubrique "esprit
subconscient", "esprit subjectif", etc., en ignorant le fait que cette
catégorie de phénomènes mentaux n'englobe pas seulement les
formes les plus élevées mais aussi les plus basses de la mentation.
Dans leur "esprit" (qu'ils ont appelé "subjectif" ou "subconscient"), ils
ont placé les traits les plus bas et les passions animales ; les
impulsions folles ; les illusions ; le sectarisme ; l'intelligence animale,
etc., etc., à côté de l'inspiration du poète et du musicien et des
grandes aspirations et sentiments spirituels que l'on reconnaît
comme provenant des régions supérieures de l'âme.

Cette erreur était naturelle et, à la première lecture, le monde


occidental a été pris d'assaut et a accepté ces nouvelles idées et
théories comme étant la Vérité. Mais après y avoir appliqué plus de
réflexion et d'analyse, un sentiment de déception et d'insatisfaction
est né et on a commencé à sentir qu'il y avait quelque chose qui
manquait. Il a alors été intuitivement reconnu que les inspirations et
les intuitions provenaient d'une autre partie de l'esprit que les
émotions inférieures, les passions et autres sentiments
subconscients, comme l'instinct.

Un coup d'œil aux philosophies orientales apporte immédiatement la


clé du problème. Les enseignants orientaux ont toujours soutenu
que la mentalité consciente n'était qu'une petite fraction du volume
total de la pensée, mais ils ont aussi toujours enseigné que, tout
comme il y avait un domaine de mentation en-dessous de la
conscience, il existait un champ de mentation au-dessus de la
conscience aussi supérieur à l'intellect que l'autre lui est inférieur. La
simple mention de ce fait apparaîtra comme a une révélation à ceux
qui ne l'ont pas encore entendue et qui se sont empêtrés dans les
différentes théories "à double sens" des récents écrivains
occidentaux. Plus on a pu lire de choses sur ce sujet, plus on
appréciera la supériorité de la théorie orientale sur celle des
écrivains occidentaux. C'est lumineux comme la chimie qui permet
d'éliminer instantanément le nuage trouble dans le liquide de
l'éprouvette.

Dans notre prochaine leçon, nous aborderons ce sujet des plans de


conscience inférieurs et supérieurs, en en faisant ressortir clairement
la distinction, et en ajoutant à ce que nous avons déjà dit sur ce sujet
dans nos précédents livres.

Tout cela nous mènera vers le point où nous pourrons vous révéler
nos instructions concernant la formation et la culture, le recyclage et
l'orientation de ces facultés inconscientes. En recyclant les plans
inférieurs de mentation de l'homme vers son propre travail, et en
stimulant les plans supérieurs, l'homme peut "se reconstruire lui-
même" mentalement, et peut acquérir des pouvoirs dont qu'il n'a fait
que rêver jusqu'à ce jour. C'est pourquoi nous vous conduisons vers
la compréhension de ce sujet, étape par étape. Nous vous
conseillons de vous familiariser avec vous-même à chaque étape,
pour que vous puissiez être en mesure d'appliquer nos
enseignements et nos instructions qui vont suivre dans les leçons à
venir.

MANTRA (AFFIRMATION).

Je reconnais que mon Moi est plus grand qu'il n'y paraît; qu'au-
dessus et en-dessous de la conscience existent différents niveaux
de l'esprit, tout comme il y a des niveaux inférieurs de l'esprit qui
appartiennent à mon expérience passée dans les âges passés et sur
lequel je dois maintenant affirmer ma maîtrise; il existe aussi des
plans de l'esprit dans lesquels je me déroule progressivement, qui
m'apportent sagesse, puissance et joie. Je suis Moi-même, au milieu
de ce monde mental, je suis le Maître de mon Esprit et j'affirme mon
contrôle sur ses phases inférieures, et j'exige d'obtenir de mes
phases supérieures tout ce qu'elle me réservent.
LEÇON IX. LES PLANS MENTAUX.
Dans notre dernière leçon, nous vous avons parlé du
fonctionnement de l'esprit en dehors du champ de la conscience.
Dans cette leçon, nous allons essayer de classer ces plans hors de
la conscience, en attirant votre attention sur les différents niveaux
mentaux au-dessus et au-dessous du plan de la conscience.
Comme nous l'avons dit dans la dernière leçon, plus de 90 % de nos
opérations sont menées en dehors du champ de la conscience, de
sorte que la prise en compte de ces plans est évidemment à
considérer comme un sujet important.

L'homme est un Centre de Conscience dans la grande Vie Unifiée


de l'Univers.

Son âme a gravi de nombreuses marches avant d'atteindre sa


position actuelle et son stade de développement. Et elle passera par
bien d'autres étapes jusqu'à ce qu'il soit entièrement libéré et délivré
de la nécessité de son emmaillotage.

Dans son être mental, l'homme contient des traces de tout ce qui
s'est passé avant lui, toutes les expériences aussi bien celles
vécues par lui-même que par le grand mouvement humain dont il fait
partie. De même, son esprit recèle des facultés et des plans
mentaux dont il n'a pas encore pris conscience, et de l'existence
desquels il n'est qu'imparfaitement conscient. Toutes ces
possessions mentales sont cependant utiles et précieuses pour lui,
même les plus basses. Les plus bas niveaux peuvent être utilisés à
son avantage, dirigés par une maîtrise appropriée, et ne sont
dangereux que pour l'homme qui leur permet de le dominer au lieu
de le servir comme ils le devraient, compte tenu de son stade de
développement actuel.

Dans cette considération des différents plans mentaux, nous ne


nous limiterons pas aux termes techniques occultes donnés à ces
différents niveaux, mais nous les replaceront dans des groupes
généraux et nous décrirons les caractéristiques et les spécificités de
chacun, plutôt que de nous étendre en de longues explications sur
leur croissance et leur raison d'être, ce qui nous emmèneraient trop
loin de l'examen pratique du sujet.

En commençant par le point le plus bas de l'échelle, nous voyons


que l'homme possède un corps. Ce corps est composé de
minuscules cellules de protoplasme. Ces cellules sont construites
avec d'innombrables molécules, atomes et particules de matière,
précisément la même matière qui compose les roches, les arbres,
l'air, etc. autour de lui. La philosophie du yogi nous dit que même les
atomes de la matière ont une vie et une manifestation élémentaire
de l'esprit, qui les fait se regrouper selon la loi de l'attraction, formant
différents éléments et combinaisons, etc. Cette loi de l'attraction est
une opération mentale, et la première preuve de sélection, d'action
et de réaction mentale. Au-dessous se trouve le Prana ou la Force,
qui, à proprement parler, est aussi une manifestation de l'esprit, bien
que par commodité, nous le désignerons comme une manifestation
de l'Absolu.

Nous constatons donc que cette loi d'attraction entre les atomes et
particules de matière est une action mentale, et qu'elle appartient à
l'homme mental, car il a un corps et cette action mentale est ce qui
se passe continuellement dans son corps. Il s'agit donc du plus bas
niveau de plan mental à considérer dans l'homme. Ce plan est
évidemment bien dissimulé sous le plan de la conscience, et ne
s'identifie guère à la personnalité de l'homme tout court, mais
appartient plutôt la Vie Unique, qui se manifeste dans la roche
comme dans l'homme.

Une fois que ces atomes ont été regroupés par la loi de l'attraction et
qu'ils ont formé des molécules de matière, il sont pris en charge par
une plus haute activité mentale et assemblés en cellules par l'action
mentale de la plante. L'impulsion vitale de la plante commence par
attirer vers elle certaines particules de matière inorganique, des
éléments chimiques, et les fusionne en une seule cellule. Oh, le
mystère de la cellule ! L'intellect de l'homme est incapable de
reproduire ce merveilleux processus. Le principe de l'esprit sur le
Plan Végétal, cependant, sait exactement comment se mettre au
travail pour sélectionner et ne s'approprier que les éléments
nécessaires à la construction de la cellule unique. Puis il s'installe
dans cette cellule pour l'utiliser comme base d'opérations, et il
procède à la duplication de ses performances précédentes, et l'une
après l'autre, de nouvelles cellules s'ajoutent par le simple
processus reproductif de division et subdivision – le processus
sexuel primitif et élémentaire – jusqu'à ce que la puissante usine soit
construite. Du plus humble organisme végétal jusqu'au plus grand
chêne, le processus est le même.

Et cela ne s'arrête pas là. Le corps de l'homme est également


construit de cette manière et il possède aussi cet esprit végétatif en
lui, sous le plan de la conscience, bien sûr. Pour beaucoup, cette
pensée d'esprit végétatif peut être quelque peu surprenante. Mais
souvenons-nous que chaque partie de notre corps a été construit à
partir de la cellule végétale primitive. L'embryon démarre par la
fusion de deux cellules. Ces cellules commencent à construire ce
nouveau corps pour les besoins de l'enfant, et c'est bien sûr le
principe de l'esprit qui organise le travail dans les cellules en
s'appuyant sur le corps de la mère pour l'alimentation et
l'approvisionnement.

L'alimentation de l'embryon par le sang de la mère qui lui fournit le


matériel nécessaire à sa construction qui provient de ce qu'assimile
la mère en mangeant les cellules végétales des plantes, directement
ou indirectement. Si elle mange des fruits, des noix, des légumes,
etc., elle obtient directement la nourriture de la vie végétale; si elle
mange la viande, elle l'obtient indirectement, à travers l'animal dont
elle provient puisqu'il qui s'est lui-même nourri de végétaux. Il n'y a
pas deux façons de faire, toute l'alimentation du règne animal et
humain est obtenue à partir du règne végétal, directement ou
indirectement.
Le comportement des cellules chez l'enfant est identique celui des
cellules de la plante. Les cellules se reproduisent et se construisent
en permanence dans les organes, les parties du corps, etc. sous la
direction et l'orientation du principe de l'esprit. L'enfant grandit ainsi
jusqu'à l'heure de sa naissance. Une fois né, le processus n'est que
légèrement modifié. L'enfant commence à se nourrir soit au lait
maternel, soit au lait de vache, ou avec d'autres formes de
nourriture. En grandissant, il accède à de nombreuses variétés
différentes d'aliments. Mais il obtient toujours ses matériaux de
construction à partir de la vie cellulaire des plantes.

Ce grand processus de construction est intelligent, utile et vise un


merveilleux résultat. L'homme à l'intellect vantard ne peut pas
expliquer la vraie "finesse" du processus. Un éminent scientifique qui
a placé l'œuf d'un petit lézard sous son microscope et l'a ensuite
observé lentement se développer a dit qu'il lui semblait qu'une main
imaginaire traçait les contours des minuscules vertèbres, puis
construisait les muscles autour d'elle. Pensez un instant au
développement du germe dans l'œuf du colibri, ou de la fourmi, ou
du moucheron, ou de l'aigle. A chaque seconde, un changement se
produit. La cellule germinale s'alimente de l'autre partie de l'ovule, et
puis se développe et engendre une autre cellule. Puis les deux
cellules se divisent et se subdivisent jusqu'à ce qu'il y ait des millions
et des millions et des millions de cellules. Et pendant ce temps, le
processus de construction se poursuit, et l'oiseau ou l'insecte prend
forme, jusqu'à ce que le travail soit enfin accompli et que le jeune
oiseau sorte de l'œuf.

Le travail ainsi commencé se poursuit jusqu'à la mort de l'animal.


Afin qu'il y ait une utilisation et une décomposition constantes des
cellules et des tissus que l'organisme doit sans cesse remplacer.
L'esprit végétatif de la plante, ou de l'insecte, ou de l'animal, ou de
l'homme, est constamment à l'œuvre pour construire de nouvelles
cellules à partir de la nourriture, en rejetant le matériel usé et épuisé
hors du système. Et non seulement il fait cela, mais il s'occupe aussi
d'organiser la circulation du sang de façon à ce que les matériaux de
construction puissent être acheminés dans toutes les parties du
système. Il s'occupe de la digestion et de l'assimilation de la
nourriture, ce merveilleux travail des organes du corps. Il s'occupe
de la cicatrisation des blessures, de la lutte contre les maladies, et
des soins du corps. Et tout cela hors du plan de la conscience, chez
le nourrisson, dans le monde animal, le règne végétal... toujours au
travail, infatigable, intelligent, merveilleux. Et ce plan de l'esprit est
dans l'homme aussi bien que dans la plante, et il fait son travail sans
l'aide de la partie consciente de l'homme, bien que l'homme puisse y
faire obstacle par une pensée consciente opposée, susceptible de
paralyser ses efforts. La guérison mentale n'est que le
rétablissement des conditions normales, afin que la partie du corps
concernée puisse recommencer à travailler sans l'entrave d'une
pensée consciente négative.

Sur ce plan de l'esprit se trouvent toutes les fonctions vitales et


opératoires. Le travail est effectué hors conscience, et la conscience
n'est consciente de cette partie de l'esprit que lorsqu'elle fait appel à
la conscience pour sa nourriture, etc. A ce niveau réside également
l'élémentaire l'instinct qui tend à la reproduction et à l'activité
sexuelle. La demande de cette partie de l'esprit est toujours
"croissez et multipliez-vous", et selon le stade de croissance de
l'individu, l'ordre est exécuté, comme nous le verrons plus tard. Les
impulsions et les désirs élémentaires que nous voyons s'activer
dans le champ de la conscience viennent de ce plan de l'esprit. La
faim, la soif et les désirs de reproduction sont ses messages aux
parties supérieures de l'esprit. Et ces messages sont naturels et
exempts des abus et de la prostitution souvent observés, qui ne sont
que le fruit de l'intellect de l'homme soumis à des pulsions animales
effrénées. La gloutonnerie et la luxure contre nature ne découlent
pas de l'exigence primitive de ce plan de l'esprit car les animaux
inférieurs en sont largement exempts, il est réservé à l'homme de
prostituer ainsi ces tendances primitives naturelles pour satisfaire les
besoins artificiels de ses appétits, qui aboutissent à frustrer la nature
plutôt qu'à l'aider.
Au fur et à mesure que la vie s'est avancée dans l'échelle de son
évolution et que des formes animales sont apparues sur la scène, de
nouveaux plans de l'esprit se sont déployés, conformément à la
nécessité du vivant. L'animal fut contraint de chasser pour sa
nourriture, de s'attaquer d'autres formes de vie et d'éviter de devenir
leur proie. Il a été contraint de lutter pour développer les pouvoirs
latents de son esprit capables de lui apporter les moyens de jouer
son rôle dans la lutte pour la vie. Il a été contraint de faire certaines
choses pour pouvoir vivre et de se reproduire. Et il n'a pas été
sollicité en vain. Car il lui vint lentement une connaissance qui s'est
déployée pour faire face aux nécessaires exigences de sa vie. Nous
appelons cela l'Instinct. Mais, rappelez-vous que par instinct, nous
n'entendons pas ce quelque chose de plus élevé qu'est l'Intellect
rudimentaire que nous remarquons chez les animaux supérieurs.
Nous voulons parler de l'instinct déraisonnable observé chez les
animaux inférieurs, et dans une certaine mesure chez l'homme. Ce
plan instinctif de la mentalité fait que l'oiseau construit son nid avant
que ses œufs ne soient pondus; qui enseigne à la mère de l'animal
comment prendre soin de ses petits à leur naissance et après; qui
apprend à l'abeille à construire son alvéole et à y stocker son miel.
Ces choses et d'innombrables autres dans la vie animale, ainsi que
dans les formes supérieures de la vie végétale sont des
manifestations de l'instinct, ce grand plan de l'esprit. En fait, la plus
grande partie de la vie de l'animal est instinctive bien que certaines
formes supérieures d'animaux aient développé quelque chose
comme un intellect rudimentaire ou même une forme de
raisonnement, qui leur permet répondre à de nouvelles conditions de
vie là où l'intellect seul ne remplit pas son rôle..

Et l'homme a ce plan de l'esprit en lui, sous la conscience. En fait,


les formes inférieures de la vie humaine ne manifestent que peu
d'intellect, et vivent presque entièrement en fonction de leurs
impulsions et de leurs désirs instinctifs.

Chaque homme possède en lui cette région mentale instinctive à


partir de laquelle naissent les impulsions et les désirs qui surgissent
constamment pour le troubler et le déranger, aussi bien que pour lui
rendre service à l'occasion. Tout le secret consiste à savoir si
l'homme possède ou non la maîtrise de son moi inférieur.

A partir de ce plan de l'esprit naissent les impulsions héréditaires qui


se transmettent depuis des générations d'ancêtres, remontant aux
hommes des cavernes et plus loin encore dans le règne animal.
C'est un étrange entrepôt. On y trouve les instincts animaux :
passions, appétits, désirs, sentiments, sensations, émotions, etc.
Ainsi que la haine, l'envie, la jalousie, la vengeance, la convoitise de
l'animal cherchant la satisfaction de ses pulsions sexuelles, etc. qui
ne cessent d'empiéter sur notre attention jusqu'à ce que nous ayons
affirmé sur eux notre maîtrise. Et souvent, l'incapacité d'affirmer
cette maîtrise provient de l'ignorance de la nature de ces désirs. On
nous a appris que ces pensées étaient "mauvaises" sans qu'on nous
dise pourquoi, et nous les avons craintes et considérées comme des
incitations de nature impure, ou provenant d'esprits dépravés, etc.
Tout cela est faux. Ces pulsions ne sont pas "mauvaises" en elles-
mêmes, elles nous ont été léguées honnêtement en tant qu'héritage
de notre passé. Elles appartiennent à la partie animale de notre
nature, et furent nécessaires à l'animal pour son bon
développement. Nous avons toute la ménagerie en nous, mais cela
ne signifie pas que nous devons lâcher ces bêtes sur nous-mêmes
ou sur les autres. Il fallait que l'animal soit féroce, combatif,
passionné, sans tenir compte des droits des autres, etc., mais nous,
nous avons dépassé ce stade de développement, et il serait ignoble
pour nous d'y retourner, ou de lui permettre de nous dominer.

Cette leçon n'est pas un discours sur l'éthique ou la morale. Nous


n'avons pas l'intention d'entrer dans un débat sur les détails du "bien
et du mal". Nous avons abordé ce sujet dans d'autres ouvrages.
Mais nous nous sentons justifiés d'attirer votre attention sur le fait
que l'esprit humain reconnaît intuitivement la "justesse" de la vie à la
hauteur de ce qui nous vient des niveaux les plus élevés de l'esprit,
le produit le plus élevé de notre développement. De même, il
reconnaît intuitivement le "caractère erroné" du retour à ce qui
appartient aux étapes inférieures de notre mentalité, à la partie
animale de notre être, c'est-à-dire notre héritage du passé et de ce
qui l'a précédé.

Bien que nous restions perplexes sur de nombreux détails de la


morale et de l'éthique et incapables de pouvoir "expliquer" pourquoi
nous considérons que certaines choses sont bonnes ou mauvaises,
nous avons toujours intuitivement le sentiment que le plus haut
"devoir" dont nous sommes pourvus est d'agir à partir de ce qui nous
vient du plus haut pôle de notre être mental, et que le "Mal" consiste
à faire ce qui nous ramène à la vie des animaux inférieurs, dans la
mesure où le mental est concerné. Non pas parce qu'il y a quelque
chose d'absolument "Mauvais" dans les processus mentaux et
logiques des animaux en eux-mêmes parfaitement naturels chez les
animaux mais nous sentons intuitivement que pour nous, revenir au
stade animal est un "pas en arrière" dans l'échelle de l'évolution.
Nous réagissons intuitivement à l'exposition de la brutalité et de
l'animalité de la part d'un homme ou d'une femme. Nous ne savons
peut-être pas pourquoi, mais un peu de réflexion nous montre qu'il
s'agit d'une chute régressant dans l'échelle de l'évolution, contre
laquelle notre part spirituelle se révolte et proteste.

Cela ne doit pas être interprété comme signifiant que l'âme avancée
regarde le monde animal avec dégoût ou horreur. Au contraire, on
ne trouvera nulle part ailleurs un plus grand respect de la vie et de
l'être animal que chez le Yogi et auprès d'autres âmes avancées. Ils
prennent plaisir à observer les animaux occuper leur place dans la
vie et jouer leur rôle dans le divin schéma de vie. Les passions et les
désirs des animaux sont observées avec sympathie et amour par
l'âme avancée, qui n'y voient rien de "Mauvais" ni de dégoûtant. Et
même la grossièreté et la brutalité des races sauvages sont
considérées avec bienveillance par ces âmes avancées. Ils
considèrent tout cela comme naturel en tenant compte de leur degré
de développement .
Ce n'est que lorsque ces âmes avancées verront les
dégénérescences des personnes dites "civilisées" qu'ils ressentiront
douleur et chagrin. Ils y verront un exemple de régression au lieu
d'évolution, la dégénérescence au lieu de la régénération et du
progrès. Non seulement eux savent que c'est le cas, mais les
individus dégénérés eux-mêmes le ressentent et le savent.
Comparez l'expression de l'animal ou du sauvage dans sa vie
naturelle d'actes et de performances. Voyez comme leurs
expressions sont libres et naturelles, et à quel point les
démonstrations de gestes répréhensibles par des humains sont
totalement différentes. L'animal n'a pas encore découvert le secret
fatal du Bien et du Mal; il n'a pas encore mangé le fruit interdit. En
revanche, observez les visages les dégénérés et des âmes déchues
de notre vie civilisée. Voyez le regard furtif et la conscience de soi du
"Mauvais"" évidents sur chaque visage. Et cette conscience de
"l'erreur" pèse lourdement sur ces personnes, elle est plus lourde
que les punitions qui leur sont infligées. Cette chose sans nom
appelée "conscience" peut être étouffée pendant un certain temps,
mais tôt ou tard elle se réveille et réclame la livre de chair de sa
victime.

Vous direz pourtant qu'il semble difficile de penser que la même


chose puisse être "juste" chez une personne et "injuste" chez une
autre. Cela vous paraît dur à avaler et ressemble à une doctrine
dangereuse, mais c'est la Vérité. L'homme le reconnaît
instinctivement. Il ne s'attend pas au même sens de responsabilité
morale chez un jeune enfant, ou chez un sauvage, que chez un
homme mûr, développé et civilisé. Il peut retenir l'enfant et le
sauvage, pour sa propre protection et le bien-être de tous, mais il se
rend compte que la différence, ou du moins il devrait en prendre
conscience. En plus, l'homme en progressant dans ses jugements
rejette beaucoup du "Mal" qu'il parfois pratiqué, car il abandonne ses
vieilles idées et ses conceptions évoluent. La tendance est toujours
d'aller de l'avant et vers le haut. La tendance va constamment de la
Force et de la Contrainte vers l'Amour et la Liberté. L'idéal serait une
condition dans laquelle il n'y aurait aucune loi et aucune nécessité,
une condition dans laquelle les hommes auraient cessé de faire du
mal parce qu'ils auraient passé l'âge de le désirer, sans qu'il soit
besoin d'utiliser pour cela la peur, la contrainte ou la force. Et bien
que cet horizon semble encore lointain, on peut constater un progrès
constant des plans et des facultés supérieures de l'esprit, qui,
lorsqu'il se manifesteront pleinement dans l'homme provoqueront
une révolution complète en matière d'éthique, de lois et de
gouvernement, vers un mieux, bien sûr. En attendant, l'humanité
avance, en faisant de son mieux, vers le progrès.

Il existe un autre niveau de l'esprit que l'on appelle souvent


"l'instinct" mais qui n'est qu'une partie du plan de l'Intellect, bien que
son champ d'opération soit largement en dessous du champ de la
conscience. Nous faisons allusion à ce que l'on peut appeler l'"Esprit
d'Habitude", afin de le distinguer du plan instinctif. La différence est
la suivante: le plan instinctif de l'esprit est constitué des opérations
ordinaires de l'esprit en-dessous le plan de l'Intellect, et pourtant au-
dessus du plan de l'esprit Végétatif et des expériences acquises de
l'espèce, transmises par l'hérédité, etc. Mais cet "Esprit d'Habitude "
ne se compose que de ce qui a été acquis par la personne elle-
même par l'expérience, l'habitude et l'observation, répétées si
souvent que l'esprit a fini par l'enregistrer et l'installer sous le champ
de la conscience pour en faire une "seconde nature" qui s'apparente
à l'instinct.

Les manuels de psychologie sont remplis d'illustrations et


d'exemples de cette phase de construction des habitudes et nous ne
pensons pas qu'il soit nécessaire de répéter ici des exemples du
même genre. Tout le monde est familier avec ce fait que des tâches
qui, au début, ne sont apprises que par un travail considérable et
beaucoup de temps, se fixent ensuite rapidement dans une partie de
l'esprit jusqu'à ce que leur répétition ne requière que peu ou pas
d'effort mental. En fait, certains écrivains ont affirmé que personne
"n'assimile" vraiment comment exécuter une tâche tant qu'il n'est
pas capable de la réaliser presque automatiquement. Au début de la
pratique du piano, l'élève trouve qu'il est très difficile de contrôler et
de gérer ses doigts, mais après un certain temps, il finit par oublier
son travail de doigté et de consacrer toute son attention à la
partition, et ensuite il est apparemment capable de laisser les doigts
jouer le morceau de musique tout seul, sans y penser. Les meilleurs
interprètes nous ont dit que dans les moments les plus intenses, ils
sont conscients que la partie inconsciente de leur esprit fait le travail
à leur place, et qu'ils se tiennent pratiquement à l'écart en se
contentant d'être comme un simple témoin de leur propre prestation.
C'est tellement vrai que dans certains cas, si l'esprit conscient de
l'artiste tente de reprendre la main, la qualité s'altère et le musicien
autant que le public remarquent la différence.
La même chose est vraie dans le cas d'une femme qui apprend à
faire fonctionner sa machine à coudre. C'est assez difficile au début,
mais progressivement elle progresse jusqu'à "s'autogérer". Ceux qui
ont maîtrisé la machine à écrire ont eu la même l'expérience. Au
début, chaque lettre doit être sélectionnée avec soin au prix d'un
certain effort. Après amélioration de sa technique, l'opérateur peut
se permettre de consacrer toute son attention à sa "copie" et de
laisser ses doigts choisir eux-mêmes les bonnes touches. De
nombreux opérateurs apprennent à dactylographier très rapidement
en obligeant leur "esprit d'habitude" à choisir les lettres-clés en
fonction de leur position, après avoir caché les touches pour forcer
l'esprit à les frapper automatiquement. La même chose existe
partout où des hommes et des femmes doivent utiliser des outils.
L'outil est rapidement intégré par l'esprit et utilisé comme s'il faisait
partie du corps, de manière inconsciente, la pensée restant libre de
se consacrer au
fonctionnement de l'opération en cours. Il est étonnant de constater
le nombre de choses que nous faisons "automatiquement" de cette
façon. Les écrivains ont attiré notre attention sur le fait que l'homme
moyen ne peut pas consciemment vous raconter comment il enfile
son manteau le matin, quel bras il entre en premier, comment il tient
son manteau, etc. Mais l'esprit de l'habitude le sait et le fait très bien.
Demandez à un étudiant de se lever et de mettre son manteau de sa
façon habituelle, en suivant les directives de son "habitude". Puis,
après qu'il l'aura enlevé, demandez-lui de le remettre en insérant,
par exemple, l'autre bras en premier. Il sera surpris de constater son
propre embarras et de découvrir à quel point il était dépendant de sa
complicité avec "l'habitude de l'esprit". Et le lendemain matin, qu'il
découvre quelle chaussure son esprit d'habitude lui fait chausser en
premier et qu'ensuite il essaye d'inverser cet ordre et vous
remarquerez à quel point il sera perturbé dans son esprit conscient :
"Quelque chose ne va pas là-haut !" Ou essayez de boutonner votre
col, en inversant l'ordre dans lequel vous placez les boutonnières: la
droite avant la gauche, ou la gauche avant la droite, et remarquez la
protestation involontaire de votre geste. Ou bien, essayez d'inverser
votre façon habituelle de marcher et essayez de balancer votre bras
droit avec le mouvement de votre jambe droite, et ainsi de suite, et
vous constaterez de quelle puissance de volonté il vous faudra faire
preuve. Ou bien, essayez de "changer de main" en utilisant couteau
et fourchette. Mais arrêtons de donner des exemples, leur nombre
est innombrable!

Non seulement l'esprit d'habitude s'occupe des actions physiques,


mais il prend aussi part à nos opérations mentales. Nous prenons
rapidement l'habitude de cesser d'examiner consciemment un
certain nombre de problèmes et l'esprit d'habitude considère la
question pour acquise. Par la suite nous ne réfléchissons plus qu'en
mode automatique à ces questions, à moins que nous ne soyons
secoués par un choc brutal causé par l'esprit de quelqu'un d'autre,
ou par l'injection d'idées contradictoires provoquées par notre propre
expérience ou notre raisonnement.

L'esprit d'habitude déteste être perturbé et contraint de réviser ses


…habitudes! Il se bat contre ces perturbations, se rebelle, et le
résultat est que beaucoup d'entre nous devenons esclaves de
vieilles manies dépassées dont bien que nous nous rendions compte
qu'elles sont parfois mauvaises et erronées, nous sommes forcés de
constater que nous "n'arrivons pas à nous en débarrasser". Plus
tard, nous vous apprendrons des méthodes qui vous permettront de
vous libérer de ces comportements dépassés.
Il existe d'autres niveaux de l'esprit qui se rapportent aux
phénomènes identifiés comme "psychique", c'est-à-dire la
clairvoyance, la psychométrie, la télépathie, etc., mais nous ne les
intégrons pas dans cette leçon, car ils appartiennent à une autre
partie du sujet. Nous en avons parlé de manière générale dans nos
"Quatorze leçons dans la philosophie du yogi".

Nous arrivons maintenant au plan de l'esprit que nous connaissons


sous le nom d'Intellect ou de Facultés de Raisonnement. Webster
définit le mot "Intellect" comme suit : La partie ou faculté de l'âme
humaine par laquelle elle sait, différemment du pouvoir de sentir et
de vouloir, de la faculté de penser, de la compréhension. Le même
définit le mot "raison" comme suit: "La faculté ou capacité de l'esprit
humain par laquelle il se distingue de l'intelligence des animaux
inférieurs". Nous n'essaierons pas d'entrer dans une analyse de
l'Intellect conscient, car pour ce faire nous serions contraint de
prendre toute la place des leçons qui suivent et, en outre, l'étudiant
peut trouver des informations détaillées sur ce sujet dans n'importe
quel manuel de psychologie. Nous allons plutôt considérer les autres
facultés et plans de l'esprit sur lesquels lesdits manuels passent
rapidement, ou même qu'ils dénient. Et l'un de ces plans est celui du
Raisonnement Inconscient, ou Intellect. Pour beaucoup, ce terme
peut sembler paradoxal, mais ceux qui étudient l'inconscient
comprendront exactement ce que nous voulons dire.

En fait, le raisonnement n'est pas nécessairement conscient de ses


propres opérations.

La majeure partie des processus de raisonnement sont effectués en-


dessous ou au-dessus du champ de conscience. Dans notre
dernière leçon, nous vous avons donné un certain nombre
d'exemples pour le démontrer, mais quelques remarques
supplémentaires ne sont peut-être pas déplacées ni sans intérêt
pour l'étudiant.
Dans notre dernière leçon, vous avez découvert de nombreux cas
où le domaine subconscient de l'Intellect a élaboré des problèmes,
puis après un temps renvoyé la solution à la raison consciente. C'est
apparu à beaucoup d'entre nous, voire à tous. Qui ne s'est pas
efforcé de résoudre un problème ou une question quelconque et
après avoir "abandonné", a soudainement reçu une réponse et en a
pris conscience au moment le moins attendu. L'expérience nous est
commune. Bien que la majorité d'entre nous ait fréquemment
remarqué ces mécanismes de l'esprit, nous les avons considérés
comme exceptionnels et peu courants. Cependant, il n'en va pas de
même avec les étudiants des plans mentaux. Ceux-ci ont identifié
ces plans de la raison, et les ont utilisés à leur profit. Dans notre
prochaine leçon, nous donnerons à nos étudiants des indications
pour atteindre cet objectif qui peut s'avérer de la plus grande utilité
pour ceux qui prendront la peine de pratiquer les instructions que
nous leur donnerons. C'est un plan qui est connu de la majorité des
hommes qui ont "réalisé quelque chose" dans le monde, bien que la
majorité d'entre eux n'aient découvert eux-mêmes ce plan que sous
la pression des pouvoirs intérieurs de l'esprit.

Le plan de l'esprit immédiatement supérieur à celui de l'intellect est


celui connu sous le nom d'Intuition. L'intuition est définie par
Webster comme suit : "l'appréhension ou la cognition directe; la
connaissance immédiate, comme dans la perception ou la
conscience, n'impliquant aucun processus de raisonnement; l'aperçu
rapide ou l'appréhension". Il est difficile d'expliquer ce que l'on
entend par l'Intuition, sauf pour ceux qui en ont fait l'expérience, et
ceux-là n'ont pas besoin d'explication. L'intuition est une faculté
mentale tout aussi réelle que l'est l'intellect ou, pour être plus exact,
elle l'est tout autant qu'une collection de facultés mentales. L'intuition
est au-dessus du champ de la conscience, et son message est
transmis vers le bas, ses processus restant cachés. L'homme se
déploie progressivement dans le plan de l'intuition et il arrivera un
jour à la pleine conscience de ce plan. En attendant, il ne reçoit que
des flashs et des aperçus de cette zone cachée. Le meilleur de ce
que nous possédons est issu de cette région de l'esprit. L'art, la
musique, l'amour de la belle et bonne poésie, la forme supérieure de
l'amour, la perspicacité spirituelle à un certain degré, la perception
intuitive de la vérité, etc. nous viennent de cette zone de l'esprit.
Toutes ces merveilles ne sont pas produites par un raisonnement de
l'intellect, mais semblent jaillir directement, pleines d'énergie, d'une
région inconnue de l'esprit.

C'est dans cette merveilleuse région de l'esprit que réside le Génie.


Beaucoup, si ce n'est la totalité des grands écrivains, poètes,
musiciens, artistes et autres exemples de génie ont ressenti que leur
pouvoir leur venait d'une source supérieure. Beaucoup ont pensé
qu'elle émanait de quel qu'être aimable envers eux, qui les inspirait
avec puissance et sagesse. Un certain pouvoir transcendant
semblait avoir prêté son concours et le créateur avait le sentiment
que son produit ou sa création n'était pas que son œuvre, mais
aussi celle d'une intelligence extérieure. Les Grecs ont reconnu ce
quelque chose chez l'homme, et l'ont appelé le "Daemon" de
l'homme. Plutarque dans son discours sur le démon qui a guidé
Socrate, parle de la vision de Timarque, qui, dans le cas de
Trophonius, a vu des esprits attachés en partie aux corps humain, et
en partie au-dessus d'eux, lumineusement brillants au-dessus de
leurs têtes. Il a appris de l'oracle que la partie de l'esprit qui était
immergée dans le corps était appelée "âme", mais que la partie
extérieure et non immergée était appelée le "démon". L'oracle l'a
également informé que chaque homme avait son démon, auquel il
est lié par obéissance et ceux qui suivent fidèlement sa direction
sont les âmes prophétiques, les favoris des dieux. Goethe a
également parlé du démon comme d'un pouvoir supérieur à la
volonté, et qui a inspiré de l'énergie à certaines natures.

Nous pouvons sourire à ces conceptions, mais elles sont vraiment


très proches de la la vérité. Les régions supérieures de l'esprit, tout
en appartenant à l'individu, et restant une partie de lui-même, sont
tellement au-dessus de sa conscience ordinaire que leurs messages
sont comme des ordres venus d'ailleurs, d'une âme supérieure. Mais
cette voix est toujours celle du "Je", qui parle à travers ses
"enveloppes" du mieux qu'il peut.

Ce pouvoir appartient à chacun d'entre nous, bien qu'il ne se


manifeste que dans la mesure où nous sommes capables d'y
répondre. Il grandit avec la foi et la confiance, mais se referme et se
retire dans ses recoins lorsque nous en doutons et que nous
remettons en question sa véracité et sa réalité. Ce que nous
appelons "l'Originalité" vient de cette zone mentale. Les facultés
d'intuition transmettent à l'esprit conscient une perception de la
vérité plus élevée que celle que l'intellect a pu débrouiller seul, et
voilà ce qu'on appelle "travail de génie".

L'occultiste avancé sait que dans les régions supérieures de l'esprit


se trouvent enfermées les perceptions intuitives de toute vérité, et
que celui qui peut y accéder connaîtra tout intuitivement, avec une
vision claire, sans raisonnement ni explication. L'homme n'a pas
encore atteint ces sommets de l'intuition, il commence à peine à en
gravir les contreforts. Mais il va dans la bonne direction. Ce serait un
bien pour chacun de nous nous ouvrir à la guidance intérieure
supérieure et de nous tenir prêts à nous laisser "conduire par
l'Esprit". C'est une chose bien différente que d'être guidé par des
services de renseignement extérieurs, qui peuvent être ou non
qualifiés pour nous diriger. Car l'Esprit qui est en chacun de nous
tient à cœur nos intérêts et qui désire sans relâche le meilleur pour
nous, est non seulement prêt mais réellement très disposé à nous
prendre par la main pour nous guider. Le Soi Supérieur fait de son
mieux pour notre développement et notre bien-être, mais il est
entravé par nos enveloppes de confinement. Et hélas, beaucoup
d'entre nous se glorifient dans ces gaines et les considèrent comme
les plus hautes parties d'eux-mêmes. N'ayez pas peur de laisser la
lumière de l'Esprit vous transpercer à travers ces gaines de
confinement et les dissoudre. L'intuition n'est cependant pas l'Esprit,
mais un de ses canaux de communication vers nous. Il existe
d'autres plans de l'esprit encore plus élevés, mais l'intuition est le
prochain dans la ligne de l'évolution, et nous devrions nous ouvrir à
son influence et nous réjouir de son développement.

Au-dessus du plan de l'intuition se trouve celui de la connaissance


cosmique, au-dessus duquel encore nous trouverons la conscience
de l'Unité de Tous. Nous avons parlé de cela dans notre leçon sur le
développement de la conscience. Lorsque l'on est capable d'une
"pleine conscience" sur ce plan– ce plan d'esprit glorifié – on devient
capable de voir pleinement, clairement et complètement qu'il y a une
grande vie sous-jacente à toutes les innombrables formes et
manifestations de la vie. On est capable de voir que leur séparation
n'est que "la fiction de travail de l'Univers". On est capable de voir
que chaque Ego n'est qu'un Centre de Conscience dans le grand
Océan de vie – tout cela en accord avec le Plan divin – et qu'il se
déplace vers des plans d'expression de plus en plus élevés, la
puissance et l'individualité, afin de prendre une part de plus en plus
grande dans le Travail et le Plan Universels.

La connaissance cosmique dans sa totalité n'est advenue qu'à peu


d'individus, mais beaucoup ont eu un aperçu plus ou moins clair de
son émerveillement transcendantal, et d'autres sont restés à la
frontière de ce plan. L'homme se développe progressivement,
lentement mais sûrement, et ceux qui ont eu cette merveilleuse
expérience préparent les autres à vivre une expérience similaire. La
graine est en train d'être semée, et la récolte viendra en son temps.
Cette étape, ainsi que d'autres formes supérieures de conscience,
se présentent devant l'humanité. Les individus qui lisent cette leçon
en sont peut-être plus proches qu'ils ne le pensent; leur intérêt pour
ces leçons est une indication de cette faim de l'âme qui prophétise la
satisfaction de leur cri d'appel vers le pain spirituel. La loi de la vie
écoute ces appels à l'aide et à la nourriture spirituelle et y répond en
conséquence, mais avec la plus grande sagesse en l'adaptant aux
exigences de chaque individu.

Terminons cette leçon par une citation de "Light on the Path", qui
porte directement sur la pensée finale. Lisez-la attentivement et
laissez-la s'enfoncer profondément dans votre conscience intérieure,
et vous pourrez sentir le frisson de joie qui vient à celui qui
s'approche du but.
Sois prêt à voir s'épanouir la fleur dans le silence qui suivra
l'orage ; pas avant. Elle croitra, elle s'élèvera, elle produira des
branches et des feuilles et formera des bourgeons au sein
même de la tempête et pendant toute la durée de la lutte. Mais
sa fleur ne s'ouvrira pas avant que la personnalité entière de
l'homme soit dissoute et détruite ; pas avant qu'elle soit tenue,
par le fragment divin qui l'a créée, comme un simple sujet
d'épreuve et de grave expérience ; pas avant que la nature
entière ait cédé au Soi supérieur et lui soit devenue soumise.
Un calme alors surviendra, semblable à celui qui se répand sur
les contrées tropicales après une pluie d'orage, calme où la
nature opère avec une telle rapidité que son action devient
visible. C'est ainsi que la paix descendra sur l'esprit harassé. Et
dans le silence profond surviendra l'évènement mystérieux qui
fera connaitre à l'âme qu'elle a trouvé la Voie. Donne-lui le nom
qu'il te plaira : c'est une voix qui parle là où il n'y a nul être pour
parler – c'est un messager qui vient, messager sans forme ni
substance – ou c'est encore la fleur de l'âme qui s'est ouverte. Il
ne peut être décrit par aucune métaphore. Mais on peut aller à
sa rencontre, le désirer, le chercher, alors même que la
tourmente fait rage. Le silence peut durer un moment ou un
millier d'années. Mais il prendra fin.
Cependant tu emporteras sa force en toi. À maintes reprises la
bataille doit être engagée et gagnée. Pour un intervalle
seulement, la nature peut être tranquille.

(NDT: LA LUMIÈRE SUR LE SENTIER


Transcrit par Mabel COLLINS (1851-1927) — 1885
Droits : domaine public

Les trois dernières leçons de cette série seront consacrées à un


cours pratique d'instruction sur le développement des plans cachés
de l'esprit, ou plutôt, sur le développement du pouvoir de l'individu
pour les maîtriser et les utiliser dans sa vie personnelle. On lui
apprendra à maîtriser les principes inférieurs, non seulement en les
surmontant, mais en redirigeant ces forces élémentaires vers des
objectifs supérieurs. La Puissance peut être obtenue grâce à cette
partie de l'esprit, sous la direction de la Volonté. Et l'étudiant sera
éduqué à la manière de régler l'intellect inconscient pour qu'il
travaille pour lui. Nous lui dirons comment développer et former sa
Volonté.

Nous avons franchi la ligne entre la théorie et la pratique de notre


sujet.

Il s'agit maintenant de s'entraîner, de se développer, de se cultiver et


d'appliquer. Sachant ce qui se cache derrière tout cela, l'étudiant est
maintenant prêt à recevoir les instructions qu'il pourrait avoir mal
utilisé auparavant.

MANTRA (AFFIRMATION). JE SUIS LE MAÎTRE DE MON ÂME.


LEÇON X. SUBCONSCIENCE.
Dans la neuvième leçon, nous avons attiré votre attention sur le fait
que le raisonnement n'était pas nécessairement conscient de ses
propres opérations, et qu'en réalité, une grande partie des
processus rationnels de l'esprit sont effectués en-dessous ou au-
dessus du champ de conscience. Dans la huitième leçon, nous vous
avons donné bon nombre d'exemples illustrant ce fait. Nous vous
avons également exposé un certain nombre de cas dans lesquels le
champ subconscient de l'intellect a travaillé sur des problèmes, puis,
après un certain temps, a envoyé la solution de la question posée
dans le champ conscient de l'Intellect. Dans cette leçon, nous visons
à vous informer des méthodes par lesquelles cette partie de
l'intellect peut être mise en place afin qu'elle se mette au travail pour
vous. Beaucoup sont tombés sur des bribes de cette vérité par eux-
mêmes, et, il est vrai que la majorité des hommes qui ont réussi et
des hommes qui ont atteint une certaine éminence sur un
quelconque chemin de la vie ont plus ou moins fait usage de cette
vérité, bien qu'ils en comprennent rarement l'origine et la raison.

Très peu d'écrivains occidentaux ont reconnu le travail de ce plan de


l'esprit. Ils ont élaboré des théories et des exemples complets et
ingénieux du fonctionnement de l'esprit instinctif, et dans certains
cas, ils ont touché au fonctionnement et aux opérations des plans
intuitionnels, mais dans presque chaque cas qu'ils ont traité,
l'intellect état considéré comme quelque chose d'entièrement confiné
au plan conscient de la mentation. En cela, ils ont manqué certaines
des manifestations les plus intéressantes et les plus précieuses de
la mentation subconsciente.

Dans cette leçon, nous aborderons cette phase particulière de la


mentation, confiants de pouvoir indiquer la manière de l'utiliser au
mieux en délivrant quelques instructions simples qui ont été utilisées
par les professeurs Hindous envers leurs élèves depuis des siècles,
ces instructions de cours ayant été adaptées par nous pour les
conformer aux exigences et aux besoins de l'étudiant occidental
d'aujourd'hui.

Nous avons pris la liberté d'attribuer un nouveau titre à cette phase


de la Mentation: nous avons pensé qu'il serait bon de l'appeler
"subconscient". Le préfixe "Sub", qui signifie bien sûr "en dessous",
ajouté au mot "Conscient" est le terme favori employé par le
professeur Elmer Gates, qui signifie recevoir les impressions de
l'esprit. D'une manière générale, le "subconscient", tel qu'il est décrit
dans cette leçon, peut être compris comme signifiant "utiliser le
subconscient" sous les ordres de l'esprit conscient".

En nous référant à notre huitième leçon, nous voyons qu'il est fait
mention du cas de l'homme qui s'est livré à une "rumination
inconsciente", lorsqu'il a lu des livres présentant de nouveaux points
de vue essentiellement opposés à son jugement préalable. Vous
remarquerez qu'après des jours, des semaines ou des mois, il a
constaté qu'à son grand étonnement, les anciennes opinions étaient
entièrement réorganisées, et de nouvelles ont pris leur place.

Sur la même page, vous verrez mentionné le cas de Sir William


Hamilton, qui a découvert une importante loi des mathématiques en
se promenant avec sa femme. Il avait déjà réfléchi au chaînon
manquant dans sa logique de raisonnement, et le problème a été
résolu pour lui par le plan subconscient de son intellect.

Sur la même page, et sur celle qui suit, se trouve le cas du Dr.
Thompson, qui relate un intéressant compte-rendu du
fonctionnement de cette partie de son esprit qui lui a permis
d'éprouver parfois un sentiment d'inutilité de tout effort volontaire,
couplé au sentiment que la question se posait clairement dans son
esprit. Il nous a dit que parfois, il semblait n'être qu'un instrument
passif entre les mains d'une autre personne qui l'obligeait à attendre
que le travail lui soit rendu par une région cachée de l'esprit.
Lorsque la partie subconsciente de l'esprit avait achevé son travail, il
faisait clignoter un message dans sa conscience pour qu'il se mette
à écrire.
Un peu plus loin, il est également fait mention du grand chimiste
français Berthelot, qui raconte que certaines de ses meilleures
conceptions lui sont apparues comme tombant du ciel. En fait, la
huitième leçon est composée en grande partie d'exemples de ce
genre, et nous demandons à l'étudiant de la relire, afin de lui
rafraîchir l'esprit sur cette vérité du fonctionnement de la mentalité
subconsciente.

Vous remarquerez que dans presque tous les cas mentionnés, ceux
qui relatent des exemples reliés à l'aide du subconscient n'ont fait
que tomber sur le fait qu'il y avait une partie de l'esprit en-dessous
de la conscience qui pouvait résoudre les problèmes de quelqu'un,
chaque fois qu'elle pouvait d'une manière ou d'une autre être mise à
son service. Toutes ces personnes ont fait confiance à la chance
pour mettre en opération cette partie de l'esprit. Ou plutôt, ils
saturaient leur esprit conscient avec une masse de matière, comme
on se remplit l'estomac de nourriture, pour ensuite demander au
subconscient d'assortir, de séparer, d'arranger et de digérer cette
matière mentale – tout comme l'estomac et le l'appareil digestif
digèrent la nourriture naturelle – en dehors du contrôle de la
conscience ou de la volonté. Dans aucun des cas mentionnés,
l'esprit subconscient n'a été dirigé spécialement pour accomplir son
merveilleux travail. Il était simplement espéré qu'il pourrait digérer le
matériel mental avec lequel il avait été quasi étouffé ... par pure
autodéfense! Mais il y existe une bien meilleure façon de faire, et
nous avons l'intention de vous en parler. Les Yogis hindous, ou
plutôt ceux qui enseignent à leurs élèves le "Raja Yoga" fournissent
à leurs élèves des indications qui leur permettent de diriger leur
subconscient pour qu'il effectue des opérations mentales pour eux,
tout comme on peut demander à quelqu'un autre d'exécuter une
tâche. Ils leur enseignent les méthodes par lesquelles, après avoir
accumulé le matériel nécessaire, ils peuvent demander au
subconscient de faire le tri, de réorganiser, d'analyser et de
construire à partir de là un peu de la connaissance souhaitée. De
plus, ils demandent à leurs élèves d'ordonner à leur mentalité
subconsciente de rechercher et de leur signaler certaines des
informations qui ne peuvent être trouvées que dans l'esprit même de
l'individu, par exemple une question de philosophie ou de
métaphysique. Une fois acquise cette aptitude, l'étudiant ou le yogi
est assuré que le résultat souhaité sera obtenu en temps utile, et il
peut alors expulser la matière hors de sa conscience et s'occuper
d'autres choses, sachant que jour et nuit, sans cesse, le processus
subconscient se poursuit, et qu'il est activement à l'œuvre pour
collecter les informations ou pour résoudre le problème qui lui est
posé.

Vous verrez tout de suite la grande supériorité de cette méthode par


rapport aux anciens plans "Ca-passe-ou-ça-casse" et
"Pourvu-que-ça-fonctionne" utilisées par ceux qui ont sont tombés
sur des bribes de vérité.

Le professeur de Yogi commence par faire comprendre à ses élèves


que l'esprit est capable de s'étendre vers un objet, un matériau ou
une pensée, et de l'examiner par des méthodes propres à lui-même,
pour en extraire de la connaissance. Ce n'est pas une vérité
surprenante mais banale, tout le monde l'emploie plus ou moins tous
les jours. Mais le processus par lequel ce savoir est extrait est lui
des plus merveilleux, et se déroule réellement sous le plan de la
conscience, le travail de l'esprit conscient étant principalement
focalisé sur l'attention portée à l'objet de l'examen. Nous avons parlé
de l'importance de l'attention dans nos précédentes leçons, que
vous feriez bien de relire pour l'instant.

Lorsque l'étudiant est pleinement impressionné par les détails du


processus de l'Attention, et le développement des connaissances
qui en résulte, le Yogi continue à l'informer qu'il existe d'autres
moyens d'obtenir des informations sur un objet, par lesquels on peut
diriger fermement son attention vers l'objet de l'examen, et ensuite
l'y maintenir inconsciemment, que ce soit une partie de l'Attention ou
une phase consciente de mentation qui maintiendra le subconscient
fermement sur le travail jusqu'à son accomplissement, laissant
l'attention et la mentalité conscientes libres de s'employer à d'autres
choses.
Les Yogis enseignent aux étudiants que cette nouvelle forme
d'attention est bien plus intense et puissante que l'Attention
consciente, car elle ne peut être ni dérangée, ni perturbée ou
secouée, ni distraite de son objet, et qu'elle se consacrera à sa
tâche pendant des jours, des mois, des années, ou toute une vie si
nécessaire, en fonction de la difficulté de la tâche, et qu'elle
effectuera effectivement son travail d'une vie à l'autre, à moins que
la Volonté ne la rappelle. Ils enseignent à l'étudiant que dans la vie
de chacun se trouve un plus ou moins haut degré de ce travail
subconscient, résultant de l'obéissance à un fort désir de
connaissance qui s'est inscrit dans une vie antérieure et qui porte
ses fruits seulement dans l'existence actuelle. De nombreuses
découvertes importantes ont été faites dans le respect de cette loi.
Mais ce n'est pas de cette phase du sujet dont nous souhaitons
parler dans cette leçon.

La théorie du Yogi est que la faculté intellectuelle subconsciente


peut être fixée sur un travail sous la direction des ordres donnés par
la Volonté. Vous savez tous comment la mentalité subconsciente va
recevoir un ordre de la volonté, ou un souhait ardent, pour se
réveiller à une certaine heure afin de prendre un train. Ou, de la
même manière que le souvenir d'un certain engagement à, disons,
quatre heures, clignotera dans l'esprit lorsque les aiguilles de
l'horloge s'approchent de l'heure indiquée. Presque tout le monde
peut se rappeler des exemples de ce genre dans sa propre
expérience.

Mais les Yogis vont beaucoup plus loin que cela. Ils affirment que
toutes les facultés de l'esprit peuvent être "mises en route", ou
travailler sur un problème quelconque, si la Volonté leur en a donné
l'ordre. En fait, les Yogis et leurs étudiants ont maîtrisé cet art de
manière si surprenante qu'ils estiment qu'il n'est plus nécessaire de
passer par la corvée de la pensée consciente et préfèrent reléguer le
travail mental directement au subconscient, en réservant leur travail
conscient à la prise en main de l'information et de la pensée qui leur
présente leur subconscient.
Les instructions qu'ils donnent à leurs élèves couvrent un vaste
terrain et s'étendent sur une longue période de temps, et beaucoup
de directives sont compliquées et très détaillées. Mais nous pensons
que nous pouvons en donner à nos étudiants une idée abrégée et
condensée en quelques pages de leçon. Et les autres leçons du
cours apporteront également un éclairage supplémentaire sur ce
thème de l'action mentale subconsciente, en relation avec d'autres
sujets.

Le Yogi guide l'élève quand celui-ci est très gêné par l'examen d'un
sujet philosophique noueux et déroutant. Il demande à l'étudiant de
détendre chaque muscle, de réduire la tension de chaque nerf, de
mettre de côté toute tension mentale, et d'attendre quelques
instants. Puis l'étudiant est chargé de porter le sujet qu'il a déjà à
l'esprit fermement et fixement devant sa vision mentale, en se
concentrant. Il est ensuite chargé de le transmettre au subconscient
par un effort de sa volonté, lequel effort est aidé par la formation
d'une l'image mentale du sujet en tant que substance matérielle, ou
faisceau de pensées, soulevé et déposé physiquement dans un
"écoutille mentale", ou trappe, dans laquelle il s'enfonce à l'abri des
regards. L'étudiant est ensuite chargé de dire à sa mentalité
subconsciente : "Je souhaite que ce sujet soit analysé, traité, classé
(et tout ce qu'il souhaite voir s'accomplir) et ensuite que les résultats
me soient remis. Occupez-vous de cela ! ".

On apprend à l'étudiant à parler à la mentalité subconsciente comme


s'il s'agissait d'une entité distincte, employée pour faire un travail. On
lui apprend également que l'attente confiante est un élément
important du processus, et que le degré de réussite dépend du
degré de cette attente confiante.

Dans les cas difficiles, on apprend à l'étudiant à utiliser librement


l'imagination, jusqu'à ce qu'il soit capable de se faire une image
mentale ou une photo du subconscient en train de faire ce qui lui est
demandé. Ce processus permet de dégager un chemin mental pour
les "pieds" du subconscient, qu'il utilisera au moment voulu, car il
préfère suivre toujours la ligne de moindre résistance.

Bien sûr, beaucoup dépend de la pratique, la pratique rend parfait


dans tout, vous le savez, et le subconscient ne fait pas exception à
la règle.

L'étudiant acquiert progressivement une compétence dans l'art de la


subconscience et consacre ensuite son temps à l'acquisition de
nouveaux matériaux destinés à cette digestion mentale, plutôt que
de les confier à l'acte mécanique de la pensée.

Un point très important à retenir est que le transfert de retour par la


Volonté de la matière-pensée dont la Volonté avait ordonné le travail
par le subconscient, dépend très largement de l'attention et de
l'intérêt porté au matériel acquis. Cette masse de matériel de pensée
prêt à être ingéré et vaincu par le subconscient doit être totalement
saturé d'intérêt et d'attention pour espérer obtenir les meilleurs
résultats. En fait, l'intérêt et l'attention sont des aides si importantes
pour la Volonté, que toute considération de développement et
d'acquisition de la volonté est pratiquement du développement et de
l'acquisition de l'Attention et de l'Intérêt. L'étudiant est renvoyé aux
leçons précédentes de ce cours qui expliquent et décrivent
l'importance de l'Intérêt et de l'Attention.

En acquérant cette masse de matériel de pensée qui doit être


transmis à la digestion subconsciente, il faut concentrer un haut
degré d'intérêt et l'attention sur chaque élément de réflexion recueilli.
La collecte de ce matériel de réflexion est une question de grande
importance qui ne peut en aucun cas être négligée. On ne peut pas
rassembler à la hâte toutes sortes de matériaux de pensée, et
s'attendre ensuite à ce que le subconscient fasse son travail
correctement – il ne le fera pas, en fait
– et l'étudiant qui procède de cette façon peut s'attendre à une
déception certaine.
La bonne façon de procéder est de traiter chaque élément de
réflexion à son tour et de l'examiner avec le plus grand intérêt
possible, et par conséquent la plus grande attention, et ensuite
après l'avoir saturé de cette attention intéressée, le placer sur la pile
des matériaux qui, après un certain temps, seront transmis au
mental subconscient. Ensuite, reprenez le matériel suivant, et après
l'avoir traité de la même façon, ajoutez-le sur la pile. Après un
certain temps, lorsque vous avez rassemblé les principaux actes de
l'affaire, procédez à l'examen de la masse dans son ensemble, avec
intérêt et attention, en lui donnant pour ainsi dire un "traitement
général". Ensuite, déposez-le dans la trappe du subconscient, avec
un commandement fort, "Occupez-vous de ce matériel de pensée",
avec en vous la forte conviction que votre ordre sera respecté.

L'idée qui sous-tend ce traitement du matériau de pensée par


l'intérêt et l'attention est que ce faisant, une forte "image mentale"
est créée, qui peut ensuite être facilement traitée par le
subconscient. Rappelez-vous que vous transmettez des "pensées"
au subconscient pour qu'il agisse, et que plus ces pensées sont
tangibles et réelles, mieux elles pourront être manipulées. Par
conséquent, tout plan qui fera de ces pensées des "vraies" idées est
le plan à suivre. Et c'est justement l'Attention et l'Intérêt qui sont
capables de produire ce résultat.

Si l'on peut nous pardonner d'utiliser une illustration ordinaire et


banale, nous dirions que l'idée peut être saisie par l'image de
l'ébullition d'un œuf, au cours duquel le "blanc" et le "jaune"
deviennent solides et réels. Voyez aussi un homme qui utilise son
blaireau et produit une fine mousse qui se transforme
progressivement en une masse riche, épaisse et crémeuse. Le
barattage du beurre est l'une des métaphores préférées des hindous
qui attirent ainsi l'attention de leurs étudiants sur le fait que si le
matériel de pensée est travaillé avec attention et intérêt, il devient
une "forme-pensée" qui peut être manipulée par l'esprit tout comme
un objet matériel est manipulé par la main. Nous vous demandons
de penser à ces images symboliques, car une fois que vous aurez
saisi l'idée que nous souhaitons vous transmettre, les secret des
grands pouvoirs de réflexion seront à votre portée.
Et ce pouvoir du subconscient ne se limite pas seulement à la prise
en compte des questions philosophiques. Au contraire, il s'applique
à tous les domaines de la pensée humaine, et peut être utilisé à bon
escient pour chacun d'entre eux. Il est utile pour résoudre les
problèmes de tous les jours, la vie et le travail, ainsi qu'aux plus
hauts niveaux de l'esprit humain. Et nous souhaitons que chacun de
nos élèves réalise que dans cette simple leçon, nous leur donnons la
clé d'une grande puissance mentale.

Pour réaliser ce que nous vous proposons, nous vous rappelons les
vieux contes de fées de toutes les cultures, dans lesquels on trouve
chaque fois un ou plusieurs récits qui racontent l'histoire d'un pauvre
cordonnier, ou d'un pauvre tailleur, ou d'un pauvre charpentier, selon
les cas, qui avait par ses bonnes actions gagné la faveur des elfes
ou des bonnes fées qui venaient chaque soir quand l'homme et sa
famille étaient endormis, effectuer secrètement le travail que l'artisan
avait prévu pour le lendemain. Les morceaux de cuir étaient
transformés en chaussures ; le tissue était cousu en vêtements ; le
bois était assemblé et cloué en caisses, chaises, bancs et autres.
Mais toujours les matériaux bruts avaient été préparés par l'artisan
lui-même pendant la journée.

C'est justement ce que nous essayons de vous montrer. Un clan


d'elfes mentaux, aimants et bien disposés envers vous sont prêts et
anxieux de vous aider dans votre travail. Tout ce que vous avez à
faire, c'est de leur donner les matériaux appropriés, et de leur dire
ensuite ce que vous voulez en faire, et ils feront le reste. Mais ces
elfes mentaux sont une partie de votre propre mental, souvenez-
vous en, et pas des entités étranges ou étrangères, comme certains
l'ont imaginé.

Un certain nombre de personnes qui ont accidentellement découvert


ce pouvoir de l'esprit subconscient pour résoudre les problèmes et
pour rendre d'autres services à leur propriétaire, ont été amenés à
supposer que l'aide est réellement venue d'une autre entité ou d'un
intelligence extérieure. Certains ont pensé que les messages
provenaient d'amis de la terre des esprits, et d'autres ont cru qu'une
haute intelligence Dieu ou ses anges - travaillaient en leur sein.
Sans parler de communications des esprits ou de messages divins,
dans lesquels deux cas nous croyons (avec certaines réserves
provisoires), et dont nous nous sentons justifiés de professer que la
majorité des cas de ce type peuvent être attribués aux rouages
subconscients de la propre capacité mentale individuelle.

Chacun de nous à "un ami" dans son esprit – une vingtaine en fait –
qui ont plaisir à nous rendre des services, si nous voulons bien le
leur permettre de le faire. Non seulement nous avons un Soi
Supérieur vers lequel nous pouvons nous tourner pour notre confort
et obtenir une aide en cas de détresse et de nécessité profondes,
mais nous avons ces invisibles travailleurs mentaux du plan
subconscient qui sont très disposés et même heureux d'effectuer
une grande partie de notre travail mental à notre place, si nous
voulons bien leur donner du matériel à traiter en bon état.

Il est très difficile de donner les indications précises nécessaires


pour obtenir ces résultats, car chaque cas doit dépendre dans une
large mesure des circonstances particulières. Mais on peut dire que
pour l'essentiel il s'agit de "mettre en forme" le matériau, puis de le
transmettre au subconscient de la manière dont on en a parlé il y a
quelques instants. Vérifions quelques cas dans lesquels ce principe
peut être appliqué.

Supposons que vous soyez confronté à une incertitude quant à


savoir laquelle des deux ou plusieurs voies vous devez adopter dans
une affaire de la vie courante. Chaque voie semble avoir des
avantages et des inconvénients, et vous vous sentez incapables de
transmettre la question de manière claire et intelligente à votre
subconscient. Plus vous essayez, plus vous devenez perplexe et
inquiet. Votre esprit semble fatigué par ce dilemme, et le manifeste
par un état que l'on peut qualifier de "nausée mentale". Cet état
paraîtra évident à toute personne qui a eu beaucoup de choses à
"penser". Le citoyen moyen, cependant, persiste à creuser l'affaire,
malgré la fatigue de l'esprit et son évident dégoût pour un examen
plus approfondi du sujet. Il continue à se forcer son esprit à revenir
analyser le même problème. Même la nuit, il ne cessera de s'y
consacrer. Ce parcours est absurde. L'esprit reconnaît que le travail
devrait être fait par une autre partie de lui-même - sa région
digestive, en fait - et se rebelle naturellement à l'idées d'utiliser une
machines de finition pour des travaux non adaptés.

Selon le plan du subconscient, la meilleure chose à faire pour


l'homme serait de commencer par se calmer et apaiser son esprit.
Ensuite, il devrait classer les principales caractéristiques du
problème, ainsi que les détails mineurs, chacun à leur place. Il doit
ensuite les faire défiler lentement devant lui, en accordant au
passage un grand intérêt et une grande attention au moindre fait et
détail, mais sans la moindre tentative de prendre une décision, ou
d'arriver à une conclusion. Ensuite, après avoir revu toute l'affaire
d'un œil intéressé et attentif, il avertit sa Volonté qu'il va transmettre
le tout à son subconscient, en visualisant l'image mentale d'une
chute à travers une trappe, et en ordonnant à sa volonté: "Occupez-
vous de cela pour moi !"

Puis, par un effort de volonté, il s'agit d'écarter la question de votre


esprit conscient. Si vous éprouvez des difficultés à le faire, vous
pourrez bientôt en acquérir la maîtrise en vous répétant cette
affirmation : "J'ai écarté cette affaire de mon esprit conscient, et mon
esprit subconscient s'en occupera pour moi". Ensuite, il faut
s'efforcer de créer un sentiment mental de confiance parfait dans le
mécanisme mental et d'éviter toute inquiétude ou anxiété à son
sujet. Cela peut présenter quelques difficultés au premier essai,
mais deviendra vite un sentiment naturel suite à la confiance acquise
grâce aux premiers résultats positifs obtenus. Il s'agit d'une question
de pratique et, comme toute autre démarche nouvelle, elle ne sera
acquise que par la persévérance et la patience. Elle vaut bien le
temps et les efforts consentis, car une fois acquise, elle aura la
valeur d'un trésor découvert dans un endroit inattendu. Le sentiment
de tranquillité et de contentement - de calme et de confiance - qui
vient à celui qui a pratiqué ce plan vaudra en soi tous les efforts
consentis, sans parler du résultat principal. Pour celui qui a acquis
cette méthode, les vieux soucis, les frictions et le sentiment général
de "mijoté, réchauffé", vont ressembler à une relique barbare. Cette
nouvelle voie s'ouvre sur un monde de sensations et de contenus
nouveaux.

Dans certains cas, la question sera résolue par le subconscient en


très peu de temps, et nous avons d'ailleurs connu des cas où la
réponse était renvoyée presque instantanément, quasi comme une
inspiration. Mais dans la majorité des cas, il faut un certain temps.
Le subconscient travaille très rapidement, mais il lui faut le temps
d'organiser le matériau de pensée et de le façonner dans les formes
souhaitées. Dans la majorité des cas, il est préférable de laisser
l'affaire en suspens jusqu'au lendemain, ce qui nous rappelle la
justesse du classique conseil de "dormir dessus" avant de prendre
une décision finale sur tout problème important.

Si la question ne se présente pas le lendemain, soulevez-la à


nouveau devant l'esprit conscient pour examen. Vous constaterez
qu'elle s'est considérablement développée et devenue plus claire en
prenant une forme définitive, mais ici, et c'est important, ne faites
pas l'erreur de la disséquer à nouveau, de vous en mêler t d'essayer
de régler le problème avec votre esprit conscient. Non, accordez-lui
de l'attention et de l'intérêt dans sa nouvelle présentation, puis
retransmettez-la au subconscient pour la suite de son travail. Vous
constaterez une amélioration à chaque fois que vous la
réexaminerez. Mais, juste ici, un autre mot d'avertissement. Ne
faites pas l'erreur de céder à l'impatience du débutant, et à continuer
sans cesse à soulever la question pour voir où elle en est. Laissez le
temps au subconscient d'effectuer son travail. Ne soyez pas comme
ce garçon qui a planté des graines et qui chaque jour vient voir si
elles ont germé et se met à mesurer de combien elles ont poussé !
Tôt ou tard, le subconscient, de son propre choix, ressortira le
problème en cours et le présentera sous sa forme définitive à
l'examen de votre esprit conscient. L'esprit subconscient n'insistera
pour que vous adoptiez son point de vue ou acceptiez ses
conclusions, mais il vous rend simplement le résultat de son tri, de
son classement et de son agencement. Le choix final et la volonté
d'agir restent les vôtres, mais vous constaterez souvent qu'il semble
y avoir un plan ou une voie qui se démarque clairement des autres,
et c'est celle-là que vous allez très probablement adopter. Le secret,
c'est que le subconscient, avec sa merveilleuse patience et son soin
parfait, a analysé la matière et a isolé des éléments qui étaient
apparemment emmêlés. Il a également trouvé des liens et a
combiné des choses jusqu'ici considérées comme opposées entre
elles. En bref, il a fait pour vous tout ce que vous auriez pu faire en
dépensant un énorme travail et beaucoup de temps, et il l'a bien fait.
Et puis, il vous soumet l'affaire pour examen et verdict.

Tout son travail semble avoir été de l'ordre de l'attaque, de la


dissection, de l'analyse et de l'organisation de l'évidence, avant sa
présentation à votre conscience sous une forme claire et
systématique. Il ne cherche pas à exercer de prérogative ou de
fonction critique, mais semble savoir que son travail cesse avec la
présentation de l'évidence organisée, et que celui de l'esprit
conscient commence au même endroit.

Ne confondez pas ce travail avec celui de l'Intuition, qui est une


phase ou un plan mental différent. Celui que nous venons de traiter
longuement est un bon serviteur, et il n'essaie pas d'être plus que
cela. L'intuition, au contraire, est plutôt un ami supérieur, un ami de
cour, en quelque sorte, qui nous donne des avertissements et des
conseils.

Dans nos instructions, nous vous avons indiqué comment utiliser


cette partie de l'esprit, consciemment et sciemment, afin d'obtenir les
meilleurs résultats, et de vous débarrasser des soucis et de l'anxiété
qui accompagnent les questions non résolues. Mais en fait, chacun
d'entre nous utilise plus ou moins cette partie de l'esprit
inconsciemment, et sans se rendre compte du rôle important qu'elle
joue dans sa vie mentale. Nous sommes perplexes sur une question
et nous la gardons "en tête" jusqu'à ce que nous soyons obligés de
la mettre de côté en raison d'une autre question à traiter, ou
simplement quand nous nous endormons. Souvent, à notre grande
surprise, nous constatons que lorsque nous y pensons à nouveau,
l'affaire a en quelque sorte été éclaircie et réajustée et il semble
même que nous ayons appris quelque chose à son sujet que nous
ne savions pas auparavant. Nous ne le comprenons pas, et sommes
susceptibles de le rejeter comme "juste un de ces trucs" Dans ces
leçons, nous tentons d'expliquer quelques uns de "ces trucs" et de
vous permettre de les utiliser consciemment et avec compréhension,
et non par hasard, instinctivement et maladroitement. Nous vous
enseignons la maîtrise de l'esprit.

Maintenant, pour appliquer la règle à un autre cas, supposons que


vous souhaitiez rassembler l'ensemble des informations que vous
possédez concernant un certain sujet. En premier lieu, il est certain
que vous en savez beaucoup plus sur n'importe quel sujet que vous
ne le pensez. Stockés dans les différents recoins de votre esprit, ou
de la mémoire si vous préférez ce terme, se cachent des "bits"
errants d'informations et de connaissances concernant presque tous
les sujets. Mais ces bits d'information ne sont pas associés entre
eux. Vous n'avez jamais tenté de réfléchir attentivement à la
question particulière qui vous était posée, et les faits ne sont pas
corrélés dans votre esprit. C'est comme si vous aviez des centaines
de kilos de n'importe quoi dispersés dans l'espace d'un grand
entrepôt, un petit peu ici et un petit peu là, mélangés à des milliers
d'autres choses.

Vous pouvez le vérifier en vous asseyant un moment et en laissant


vos pensées vagabonder sur un sujet particulier, et vous verrez
immédiatement émerger dans le champ de votre conscience toutes
sortes d'informations que vous aviez apparemment oubliées,
chacune se mettant à la bonne place. Chaque personne a vécu des
expériences de ce genre. Mais le travail de rassemblement
l'ensemble des fragments de connaissance dispersés est plus ou
moins fastidieux pour l'esprit conscient, et l'esprit subconscient fera
également bien le travail sans usure de l'attention. En réalité, c'est
toujours le subconscient qui fait le travail, même quand on pense
que c'est l'esprit conscient. Tout ce que fait l'esprit conscient est de
retenir l'attention fermement sur l'objet qui se trouve devant lui, puis
de faire passer au subconscient. Mais ce maintien de l'attention est
un travail fastidieux, et il n'est pas nécessaire de consacrer toute son
énergie aux détails de la tâche, alors que le travail peut être effectué
de manière plus facile et plus simple.

Le meilleur moyen est de suivre un plan similaire à celui mentionné


dans les quelques pages ci-dessus. Autrement dit, de fixer
fermement une attention intéressée sur la question qui se pose à
vous jusqu'à ce que vous parveniez à avoir une impression claire et
nette de ce que vous voudriez qu'on vous réponde. Ensuite, passez
toute l'affaire au subconscient avec l'ordre "Attention à ceci", puis
quittez-le.

Chassez toute cette affaire de votre esprit, et laissez le subconscient


continuer le travail. Si possible, laissez l'affaire suivre son cours
jusqu'au lendemain matin et examinez-là ensuite, et si vous avez
bien exécuté ce processus, vous retrouverez la question bien réglée,
disposée en ordre logique de séquences, afin que votre attention
consciente puisse clairement passer en revue la série des faits,
d'exemples, d'illustrations, d'expériences, etc., relatifs à l'affaire en
question.

Vous serez nombreux à dire que vous souhaitez que ce plan


fonctionne même dans les cas où vous n'avez pas le temps de
dormir. Nous disons alors qu'il est possible de cultiver une méthode
rapide de subconscience, et, en fait, de nombreux hommes d'affaires
ont abouti à un plan similaire, poussé à cette découverte par la
nécessité. Ils concentrent un rapide, complet, fort flash d'attention
sur un sujet, en allant droit au but, et le laissent ensuite reposer dans
le subconscient pendant un moment, tuant le temps, une minute ou
deux, en "conversation préliminaire", jusqu'à ce que le premier flash
de réponse leur arrive. Avec ce premier flash, ils s'emparent de la
première partie le sujet qui se présente à eux et leur permet de
dérouler toute une chaîne d'information et de "discours" sur le sujet
qui les surprend eux-mêmes. De nombreux avocats ont acquis cette
technique et sont connus comme des "hommes de ressource". Ils
sont souvent confrontés à des questions sur des sujets totalement
insoupçonnés une minute avant. La pratique leur a enseigné le
danger de la panique et de la perte de confiance dans de tels
moments, et leur a également fait comprendre que quelque chose
en eux pouvait venir à leur rescousse. Ainsi, en se présentant d'un
air assuré, ils parviennent à prononcer quelques platitudes et autres
lieux communs, pendant que leur subconscient rassemble le plus
rapidement possible les matériaux de la réponse. En un instant, une
première pensée "flashe" dans leur cerveau, et pendant qu'il
continue à parler, les idées défilent les unes après les autres devant
son attention consciente et enthousiaste, parfois même si
rapidement qu'il lui est presque impossible de les énoncer toutes et
voilà ! le danger est passé, et un brillant succès est souvent arraché
aux mâchoires d'un échec et d'une défaite annoncée. Dans de tels
moments, l'exigence mentale à l'égard du subconscient n'est pas
exprimée par des mots, mais elle est le résultat d'un fort besoin
mental. Cependant, si l'on donne un ordre verbal rapide "Prends ça
en main", le résultat sera encore meilleur.

Nous avons eu connaissance de cas d'hommes éminents dans le


monde des affaires qui emploient une pratique consistant à fumer un
cigare lors d'entretiens commerciaux importants, non parce qu'ils
apprécient particulièrement du tabac, mais parce qu'ils ont appris à
apprécier la valeur d'un moment permettant à leur esprit de "se
rassembler", comme l'a exprimé l'un d'entre eux. Une question
brusquement posée ou une proposition avancée soudainement
exigent une réponse immédiate. Sous les yeux vigilants de l'autre
partie, la partie interrogée s'efforce de ne pas laisser voir dans son
expression aucune indication d'une quelconque recherche d'une
réponse pour des raisons évidentes. Au lieu de cela, prendre une
longue bouffée de cigare, puis poser un regard attentif sur les
cendres de sa pointe, puis un autre moment passé à faire tomber la
cendre, et puis vient la réponse, lentement, "Eh bien, quant à cela..."
ou d'autres mots de ce genre, en préambule à la véritable réponse
qui a été rapidement élaborée par le subconscient et qui à eu le
temps d'arriver pour être émise au moment opportun. Les quelques
instants gagnés ont été suffisants pour que le subconscient
rassemble la matière à façonner correctement, sans aucune
apparence d'hésitation de la part du répondant. Tout cela nécessite
de la pratique, bien sûr, mais le principe reste le même partout et
dans chaque cas similaire. Le fait est que l'homme, dans de tels cas,
indique à une partie de son esprit de travailler pour lui, et quand il
commence à parler, la matière est au moins à peu près "mise en
forme".

Nos étudiants comprendront, bien sûr, que ce qui précède n'est pas
un conseil de fumer le cigare lors d'interviews importantes, mais que
l'anecdote n'est citée que pour illustrer le principe exposé. Nous
avons connu d'autres hommes qui faisaient paresseusement
tournoyer un crayon à mine entre leurs doigts pour le lâcher
brusquement au moment-clé. Mais cessons de vous donner des
exemples de ce genre, de peur d'être accusé de donner des leçons
de savoir-vivre mondain, au lieu d'enseigner la bonne utilisation de
l'esprit. L'impressionnante pause du professeur, avant de répondre à
la question de son élève est également un exemple du
fonctionnement de cette loi. Quelqu'un dit souvent "stop, laissez-moi
réfléchir un moment", et pendant cette pause il ne le fait pas du tout
consciemment, mais regarde au loin de manière onirique, tandis que
son subconscient fait le travail pour lui, bien qu'il suspecte peu la
nature de l'opération. Il suffit de regarder autour de soi pour réaliser
la fréquence importante des
comportements qui appliquent cette vérité.

Et non seulement le subconscient peut être utilisé dans les


directions indiquées dans les pages précédentes, mais dans
presque toutes les perplexités et problèmes de la vie, il peut être
appelé à l'aide. Ces petits " elfes" du subconscients sont toujours à
notre disposition, et semblent être fous de joie à l'idée de nous
rendre service.

Et loin de nous mettre dans une position de fausse dépendance, ce


mécanisme du subconscient est calculé pour nous rendre confiants,
car nous faisons appel à une partie de nous-mêmes, et non pas à
une quelconque intelligence extérieure. Si ces personnes qui ne se
sentent jamais satisfaits, sauf quand ils reçoivent des "conseils" de
la part des autres, cultivaient leur connaissance de ce petit
"conseiller à domicile", ils perdraient cette attitude de dépendance et
cet état d'esprit, et deviendrait plus sûrs d'eux et plus courageux.
Imaginez la confiance en soi de celui qui sent qu'il a en lui une
source de connaissance égale à celle de la majorité de ceux avec
qui il est susceptible d'entrer en contact, et qu'il aura donc moins
peur de rencontrer en face et de regarder dans les yeux sans
aucune crainte. Il sent que son "esprit" n'est pas confiné à son
misérable petit champ de conscience, mais qu'il est une étendue
mentale infiniment plus grande, contenant une masse insoupçonnée
d'informations. Tout ce dont l'homme a hérité, ou tout ce qu'il a pu
lire, entendre ou retenir de sa vie antérieure, vu, ou vécu dans cette
vie, est caché là dans un grenier de ce grand subconscient, et, s'il
veut bien lui en donner l'ordre, "l'essence" de toute cette
connaissance deviendra la sienne. Les détails pourront ne pas être
rapportés à sa conscience (souvent il ne le sont pas pour de très
bonnes raisons occultes) avec les résultats, mais l'essentiel de la
connaissance sera portée à son attention, avec suffisamment
d'exemples, d'illustrations, et d'arguments pour lui permettre de se
faire une "claire opinion ".

Dans la prochaine leçon, nous attirerons votre attention sur d'autres


caractéristiques qualitatives de ce grand champ d'esprit, en vous
montrant comment vous pouvez le mettre travail et le maîtriser.
Rappelez-vous, toujours, le "Je" est le Maître. Et sa maîtrise doit
toujours être rappelée et affirmée sur toutes les phases et tous les
plans de l'esprit. Ne soyez pas l'esclave du subconscient, mais
soyez son MAÎTRE.

MANTRA (OU AFFIRMATION).

J'ai en moi une grande zone de l'esprit qui est sous mon
commandement, et réservée à ma maîtrise. Cet esprit est amical
avec moi, et il est heureux d'agir et d'obéir à mes ordres. Il
fonctionnera pour moi chaque fois que je le lui demanderai, et il sera
constant, infatigable et fidèle. Sachant cela, je n'ai plus peur de
l'ignorance ou du manque d'information. Le "Je" est maître de tout
cela et il affirme son autorité. "Je" suis maître du corps, de l'esprit,
de la conscience, et du subconscient. Je suis "Je", un centre de
pouvoir, de force et de connaissance. Je suis "Je" et "Je" est Esprit,
fragment de la Flamme Divine.
LEÇON XI. LA FORMATION DU CARACTÈRE
INCONSCIENT.
Dans notre précédente leçon (la dixième leçon), nous avons attiré
votre attention sur le merveilleux travail des régions subconscientes
de la mentation dans l'exécution des travaux intellectuels. Aussi
grandes que soient les possibilités de ce champ d'application, elles
sont égalés par les possibilités de formation du caractère par des
méthodes similaires.

Chacun se rend compte que l'on peut changer son caractère par des
méthodes de répression et de formation, et presque tous ceux qui
ont lu ces lignes ont sans doute quelque peu modifié leurs caractère
par des méthodes similaires. Mais ce n'est que depuis quelques
années que le grand public a pris conscience que le caractère peut
être modifié, changé, et parfois complètement transformé en utilisant
intelligemment les facultés subconscientes de l'esprit.

Le mot "caractère" est dérivé de termes anciens signifiant "marquer",


"graver", etc., et certains scientifiques nous informent que le terme
est né à l'origine du mot utilisé par les briquetiers babyloniens pour
désigner la marque apposée sur leurs briques, chaque fabricant
ayant sa propre marque. Ceci est intéressant, compte tenu des
théories récentes concernant la formation des caractères que l'on
peut trouver dans les travaux actuels de psychologie. Ces théories
ne sont pas nouvelles pour les professeurs de Yogi de l'Asie qui ont
utilisé des méthodes similaires pendant des siècles pour former
leurs étudiants et leurs élèves. Les Yogis ont longtemps enseigné
que le caractère de l'homme était pratiquement le caractère brut qu'il
possédait à sa naissance, modifié et façonné par des influences
extérieures au cours de sa vie d'homme ordinaire, ou par un effort
délibéré d'autoformation et un modelage par la sagesse. Les
caractères de leurs élèves sont analysés dans le but de réprimer les
traits indésirables et de cultiver les désirables.
La pratique du Yogi dans la formation du caractère est basée sur la
connaissance des merveilleux pouvoirs du plan subconscient de
l'esprit. Les élèves ne sont pas soumis à des méthodes de
répression ou de formation rigoureuses, mais on leur apprend au
contraire que ces méthodes s'opposent à celles de la nature et que
le meilleur moyen est d'imiter la nature et de déployer
progressivement les caractères souhaités en concentrant toute sa
volonté et toute son attention sur ceux-ci. Le désherbage des
caractéristiques indésirables est accompli par l'élève en cultivant
directement les caractères opposés à ceux qui sont indésirables. Par
exemple, si l'élève souhaite surmonter la peur, il n'a pas pour
instruction de se concentrer sur la peur avec l'idée de l'éliminer, mais
au lieu de cela, on lui apprend à nier mentalement qu'il a peur et à
concentrer son attention sur l'idéal du Courage. Lorsque le Courage
est développé, on constate que la Peur s'est évanouie. Le positif
surpasse toujours le négatif.

Dans le mot "idéal" se trouve le secret de la méthode Yogi dans la


formation du caractère subconscient. Les enseignements ont pour
effet que les "idéaux" peuvent être construits en focalisant l'attention
sur eux. On donne à l'élève l'exemple d'un rosier. On lui apprend
que la plante se développera et s'épanouira dans la mesure où
attention et soin lui seront accordés et vice versa. On lui enseigne
que l'idéal d'un certain caractère désiré est un rosier mental, qui par
une attention constante va pousser et produire des feuilles et des
fleurs. On lui donne ensuite quelques traits mentaux mineurs à
développer, et on lui apprend à y attacher sa pensée et à exercer
son imagination pour le "voir" mentalement atteindre le niveau de
qualité souhaitée. On lui donne des mantras ou des affirmations à
répéter, dont le but est de lui donner un centre mental autour duquel
construire un idéal. Les mots, utilisés de cette manière, recèlent un
puissant pouvoir, à condition que celui qui les prononce pense
toujours à leur signification et se fasse une image de la qualité qu'ils
expriment, au lieu de se contenter de les répéter sur le mode
perroquet.
L'élève Yogi est formé progressivement jusqu'à ce qu'il acquière le
pouvoir de la direction consciente de son subconscient dans le
processus de sa construction, lequel pouvoir revient à quiconque,
oriental ou occidental, qui fera l'effort de le pratiquer. En fait, presque
tout le monde possède et utilise activement ce pouvoir, même s'il
n'en a pas conscience. Le caractère d'une personne est en grande
partie le résultat de la qualité des pensées entretenues dans son
esprit, et de ses images mentales ou de ses idéaux. L'homme qui se
voit et se pense constamment comme un raté et un perdant est très
apte à développer des idéaux de même acabit jusqu'à ce que toute
sa nature soit dominée par eux, et que chacun de ses actes tende
vers l'objectivation de ses pensées, c'est-à-dire l'échec. Au contraire,
l'homme qui se construit une idéal de réussite et d'accomplissement
trouve que toute sa nature mentale semble tendre vers ce résultat,
l'objectivation de son idéal. Et il en va de même pour tout autre idéal.
La personne qui se construit un idéal mental de la jalousie sera très
apte à l'objectiver dans sa vie, et à créer inconsciemment les
conditions qui donneront à sa Jalousie la nourriture dont elle a
besoin pour se nourrir. Mais cette phase particulière du sujet
appartient à juste titre à notre prochaine leçon. Cette onzième leçon
est destinée à montrer la manière dont les gens peuvent modeler
leurs personnalité comme ils le souhaitent, en remplaçant les
caractères indésirables par des caractères souhaitables, et en
développant des idéaux de caractères actifs. L'esprit est plastique
pour celui qui connaît le secret de sa manipulation.

L'homme moyen connaît les points forts et les points faibles de son
caractère, qu'il a tendance à les considérer comme fixes et
inaltérables, ou pratiquement tels. Il pense qu'il "est tel que le
Seigneur l'a fait" et c'est tout. Il ne voit pas que son caractère est
inconsciemment modifié chaque jour par les autres personnes de
son entourage, dont l'influence est absorbée et actée
inconsciemment. Et il ne voit pas qu'il est en train de former ou
déformer son propre caractère en s'intéressant à certaines choses et
en permettant à son esprit de s'attarder sur elles. Il ne se rend pas
compte qu'il est lui-même le créateur de lui-même, à partir de la
matière première et brute reçue à sa naissance. Il se modèle de
manière négative ou positive. Négativement, s'il se laisse modeler
par les pensées et les idéaux des autres, et positivement, s'il se
moule volontairement lui-même. Tout le monde fait l'un ou l'autre, et
peut-être les deux. L'homme faible est celui qui se laisse "faire" par
d'autres, et l'homme fort est celui qui prend ce processus en mains.

Le processus de formation du caractère est si délicieusement simple


que son Importance a pu être négligée à tort par la majorité des
personnes qui le connaissent. Ce n'est que par la pratique réelle et
l'expérience des résultats que ses merveilleuses possibilités sont
exploitées.

L'élève Yogi reçoit très tôt la leçon de la puissance et de l'importance


de la formation du caractère par un exemple pratique
impressionnant. Par exemple, on constate que les étudiants ont un
certain un goût pour certaines choses, et une aversion équivalente
pour d'autres. Le professeur de Yogi instruit l'élève dans le sens de
la culture du désir et du goût pour la chose détestée, et d'une
aversion pour la chose aimée. Il lui enseigne de se concentrer sur
les deux choses, mais en cherchant à imaginer qu'il aime une chose
et n'aime pas l'autre. L'étudiant apprend à se faire une image
mentale des conditions souhaitées, et à dire par exemple, "Je
déteste les bonbons, je ne supporte même pas les voir", et, d'autre
part, "J'ai envie de choses acidulées, je me délecte de leur goût,"
etc., etc., tout en essayant de reproduire le goût du sucré avec
dégoût, et le goût de choses sûres avec un sentiment de joie. Au
bout d'un moment, l'étudiant constate que ses goûts changent en
fonction de ses pensées, et à la fin, ils ont complètement changés.
La vérité de cette théorie est ensuite rapportée à l'élève qui n'oublie
jamais cette leçon.

Afin de rassurer les lecteurs qui pourraient s'opposer à ce que


l'élève soit laissé dans cet état d'inversion des goûts, on peut ajouter
que les professeurs de Yogi lui apprennent ensuite à se débarrasser
de l'idée de la chose détestée, et lui enseignent à cultiver le goût
pour toutes les choses saines, leur théorie étant que l'aversion pour
certains produits alimentaires sains a été causée par certaines
suggestions dans l'enfance, ou par une impression prénatale. Les
produits alimentaires sont rendus attrayants au goût par la nature.
L'idée de tout cet entraînement, toutefois, n'est pas de cultiver le
goût, mais de pratiquer l'entraînement mental, et de montrer à
l'étudiant la vérité du fait que sa nature est plastique devant son
Ego, et qu'il peut être moulé par la concentration et une pratique
intelligente. Le lecteur de cette leçon peut l'expérimenter sur lui-
même selon le modèle pratique du Yogi élémentaire mentionné ci-
dessus. Il découvrira qu'il possible de changer complètement son
aversion pour certains aliments, etc. par les méthodes mentionnées
ci-dessus. Il peut également acquérir un penchant pour des tâches
et des devoirs déplaisants, qu'il doit cependant accomplir.

Le principe qui sous-tend toute la théorie du Yogi sur la formation du


caractère par l'intellect subconscient, est que l'Ego est le maître de
l'esprit, et que l'esprit est plastique aux commandes de l'Ego. L'Ego
ou "Je" de l'individu est le seul principe réel, permanent et immuable
de l'individu, et l'esprit, tout comme le corps, est en constante
évolution, en mouvement, en train de croître et de mourir. Tout
comme le corps peut être développé et moulé par des exercices
intelligents, l'esprit peut être développé et façonné par l'Ego en
suivant des méthodes intelligentes.

La majorité des gens considèrent que le caractère est une chose


fixe, appartenant à un homme, qui ne peut être ni modifié ni changé.
Et pourtant, ils démontrent par leurs actions quotidiennes qu'au fond
d'eux-mêmes ils ne croient pas vraiment que ce soit le cas, car ils
s'efforcent de changer et de modeler les caractères de gens autour
d'eux, par des conseils, des avis, des louanges ou des critiques, etc.

Il n'est pas nécessaire d'aborder la question de l'examen des causes


du caractère dans cette leçon. Nous nous contenterons de dire que
ces causes peuvent être résumées, grosso modo, comme suit : (1)
Résultat d'expériences dans des vies antérieures ; (2) Hérédité ;
(3) Environnement ;
(4) Suggestion des autres ;
et (5) Autosuggestion.

Mais peu importe comment un caractère a été formé, il peut être


modifié, moulé, changé, et amélioré par les méthodes exposées
dans cette leçon, lesquelles sont semblable à ce que les écrivains
occidentaux appellent "l'autosuggestion".

L'idée sous-jacente de l'autosuggestion est la "volonté" de l'individu


que des changements aient lieu dans son esprit, sa volonté étant
aidée par des méthodes intelligentes et éprouvées pour créer le
nouvel idéal ou une nouvelle forme de pensée. La première
condition requise pour ce changement de condition doit être le
"désir" de changement. Si l'on ne souhaite pas suffisamment
intensément que ce changement ait lieu, on sera incapable de faire
preuve d'assez volonté pour mener à bien cette tâche. Il y a un lien
très proche entre le désir et la volonté. La volonté n'est
généralement pas mise à contribution sur n'importe quoi, sauf si elle
est inspiré par le Désir. Certaines personnes relient le mot Désir
avec les inclinations inférieures, mais il est également applicable à
un plus haut niveau. Si l'on lutte contre une faible inclination ou un
faible désir, c'est parce qu'on est possédé par une inclination ou un
désir supérieur. De nombreux Désirs sont vraiment des compromis
entre deux ou plusieurs désirs conflictuels, une sorte de désir
moyen, en quelque sorte.

A moins que l'on ne désire vraiment changer de caractère, aucune


tentative ne réussira. Et proportionnel à la force du désir, sera la
quantité de volonté appliquée à la tâche. La première chose à faire
pour un premier pas dans la formation du caractère est de "vouloir le
faire". Et s'il se trouve que le "besoin" n'est pas suffisamment fort
pour lui permettre de manifester la persévérance et les efforts
nécessaires pour la mener à bien, alors il faut délibérément
commencer par "construire le désir".
Le désir peut se construire en permettant à l'esprit de s'attarder sur
le sujet jusqu'à ce qu'il soit créé. Cette règle fonctionne dans les
deux sens, comme de nombreuses personnes ont découvert au prix
de leur chagrin et de leur misère. Non seulement on peut construire
une désir louable de cette manière, mais on peut aussi construire un
désir répréhensible. Une petite réflexion vous montrera la vérité de
cette affirmation. Un jeune l'homme n'a pas envie de se livrer aux
excès d'une vie superficielle. Mais il finit par entendre et lire plein de
récits sur ceux qui privilégient ce genre de vie et il laisse son esprit
s'attarder sur le sujet, en l'examinant mentalement, et le passant en
revue dans son imagination. Après un certain temps, il commence à
éprouver un désir qui installe progressivement en lui ses racines et
ses branches, et s'il continue à les arroser dans son imagination,
naîtra bientôt en lui une tentation qui cherchera à le pousser vers le
passage à l'acte.

Il y a une grande vérité derrière les mots du poète : (Alexander


Pope)

"Le vice est un monstre si effrayant, Pour être détesté, il faut


être vu.
Pourtant, on le voit trop souvent, on connaît son visage, Nous
endurons d'abord, puis nous avons de la pitié, et ensuite nous
embrassons".

Les folies et les crimes de beaucoup d'hommes sont dus à l'invasion


du désir dans leur esprit, dans cette séquence de gestation de la
graine, ensuite arrosée et soignée avec soin par la culture du désir.
Nous avons jugé bon de faire cette mise en garde car elle mettra en
lumière de nombreuses choses qui ont pu vous laisser perplexe, et
parce qu'elle peut servir à attirer votre attention sur certaines
mauvaises herbes qui poussent dans l'esprit que vous avez nourri.

Mais souvenez-vous toujours que la force qui mène vers le bas peut
être transmuté pour vous conduire vers le haut. Il est tout aussi facile
de planter et de cultiver des désirs sains que le contraire. Si vous
êtes conscient de certains défauts et carences de votre caractère
(qui ne l'est pas ?) et pourtant sentez que vous n'êtes pas assez
désireux de faire les changements nécessaires, alors commencez
par planter la graine du désir et permettez-lui de se développer en lui
accordant une attention et des soins constants. Imaginez les
avantages qu'il y aurait à acquérir le caractère dont vous avez rêvé.
Passez fréquemment en revue dans votre esprit tous ses détails, en
vous imaginant les posséder. Vous constaterez alors que votre désir
va croître et que vous allez progressivement commencer à "vouloir"
posséder ce trait de caractère de plus en plus intensément. Et quand
on commence à "vouloir" suffisamment fort, on trouve dans la
conscience un sentiment qu'on possède une volonté suffisante pour
le mener à bien. La volonté suit le désir. Cultivez un Désir et vous
trouverez en retour la Volonté de le réaliser. Sous la pression d'un
très fort Désir, les hommes ont accompli des exploits qui
s'apparentent à des miracles.

Si vous vous trouvez en face de désirs que vous jugez destructeurs,


vous pouvez vous en débarrasser en les affamant à mort,
délibérément, et en même temps faire grandir les désirs opposés.
En refusant de penser aux désirs répréhensibles, vous leur
refuserez la nourriture mentale sans laquelle ils ne peuvent
s'épanouir. Tout comme on affame une plante en lui refusant de la
terre et de l'eau, vous pouvez affamer un désir en refusant de lui
donner sa nourriture mentale. Souvenez-vous de cela, car c'est
important. Refuser de laisser l'esprit s'attarder sur de tels désirs, en
détournant d'eux son attention, et, en particulier, son imagination,
résolument. Cela peut nécessiter la manifestation d'une peu de
volonté au début, mais cela deviendra plus facile au fur et à mesure
que vous progresserez et chaque victoire vous donnera une force
renouvelée pour affronter la prochaine épreuve. Ne temporisez pas
avec le désir, pas de compromis avec lui... refusez de l'envisager.
Dans un combat de ce genre, chaque victoire donne une force
supplémentaire, et chaque défaite affaiblit.

Si vous refusez de recevoir l'invité indésirable, vous devez être sûr


de faire naître un désir de nature totalement opposée, un désir
directement opposé à celui que vous affamez à mort. Imaginez le
désir opposé, et pensez-y souvent. Laissez votre esprit s'y attarder
avec amour et laissez votre imagination l'aider à prendre forme.
Pensez aux avantages qu'il vous apportera et laissez votre
imagination vous représenter vous-mêmes en pleine possession de
vos moyens, en train de jouer une nouvelle partie de votre vie, forte
et vigoureuse, grâce à votre nouveau pouvoir.

Tout cela vous mènera progressivement au point où vous "voudrez"


posséder ce pouvoir. Vous devrez alors être prêt pour l'étape
suivante qui est la "Foi" ou "l'Attente confiante".

La foi ou l'attente confiante ne sont pas courantes chez la plupart


des gens, il faut donc l'acquérir progressivement. Beaucoup d'entre
vous qui lisez ces lignes auront assez de compréhension du sujet
pour qu'il leur apporte cette foi. Mais à ceux qui en sont dépourvus,
nous suggérons de la pratiquer sur quelques phases triviales de la
constitution mentale, quelques traits de caractère mesquins, dans
lesquels la victoire sera facile et simple. À partir de cette étape, ils
devront ensuite travailler à des tâches plus difficiles, jusqu'à ce qu'ils
acquièrent enfin cette foi ou cette attente confiante qui découle d'une
pratique persévérante. Dans cette tâche de formation du caractère,
plus le degré de foi ou d'attente confiante sera élevé, plus grand
sera son succès. Et ce, grâce à des lois psychologiques bien
établies. La Foi ou l'Attente Confiante éclaircit le chemin mental et
rend le travail plus facile, tandis que le doute ou le manque de
confiance retardent le travail et agissent comme des obstacles et
des blocages. Désir fort et Foi ou Attente confiante sont les deux
premières étapes. La troisième est la volonté.
Par volonté, nous n'entendons pas que nous devons "faire un effort"
en serrant le poing et en fronçant les sourcils, chose à laquelle
beaucoup pensent quand ils disent "volonté". La volonté ne se
manifeste pas de cette manière. La véritable volonté est mise en jeu
par celui qui réalise la part "Je" de lui-même en donnant ses ordres
depuis ce centre de la puissance et la force. C'est la voix du "Je". Et
on en a besoin dans ce travail de formation du caractère.
Vous êtes donc maintenant prêt à travailler, possédé d'un (1)
fort désir ; (2) de la Foi ou de l'attente confiante ; et (3) de la
Volonté. Avec une telle triple arme rien ne peut entraver votre
succès.

Puis vient le travail proprement dit. La première chose à faire est de


poser les jalons pour une nouvelle habitude de caractère. "Habitude
?" demanderez-vous peut-être par surprise. Oui, l'habitude ! Parce
que ce mot donne le secret de toute l'affaire. Nos personnalités sont
constituées des d'habitudes héritées ou acquises. Réfléchissez un
peu à tout cela et vous y verrez la vérité. Vous faites certaines
choses sans réfléchir, parce que vous avez pris l'habitude de les
faire. Vous agissez d'une certaine manière parce que vous en avez
pris l'habitude. Vous avez l'habitude d'être honnête, dignes de
confiance, vertueux, parce que vous avez pris l'habitude de l'être.
Vous en doutez ? Alors regardez autour de vous ou regardez dans
votre propre cœur, et vous verrez que vous avez perdu certaines de
vos anciennes habitudes, et que vous en avez acquises de
nouvelles. La formation du caractère est la formation d'habitudes. Et
le changement de caractère est le changement d'habitudes. Il est
bon pour vous de vous imprégner l'esprit de ce fait, car il vous
apporte le secret de tout ce qui est lié à notre sujet.

N'oubliez pas que l'habitude est presque entièrement une question


de mentalité subconsciente. Il est vrai que les habitudes ont leur
origine dans le conscient, mais au fur et à mesure qu'elles
s'établissent, elles s'enfoncent dans la mentalité subconsciente, et
deviennent ensuite des "secondes natures", qui, soit dit en passant,
sont souvent plus puissantes que la nature originale de la personne.
Le Duc de Wellington a dit qu'une habitude était aussi forte que dix
natures, et il a commencé à forger les habitudes dans son armée
jusqu'à ce que les soldats trouvent naturel d'agir selon les habitudes
martelées pendant les exercices. Darwin relate un cas intéressant
de la force de l'habitude sur la raison. Il a constaté que son habitude
de reculer à l'approche soudaine du danger était si fermement
établie qu'aucune volonté ne pouvait lui permettre de garder son
visage appuyé contre la vitre de la cage du cobra au zoo, quand le
serpent la frappait, même s'il savait que le verre était si épais qu'il ne
risquait pas le moindre danger, et bien qu'il y ait mis toute sa force
de volonté. Nous nous risquons à dire que l'on pourrait même
surmonter une habitude aussi fortement ancrée par l'entraînement
de la mentalité subconsciente et l'établissement d'une nouvelle
habitude de pensée et d'action.

Ce n'est pas seulement pendant le processus de "volonté" de la


nouvelle habitude que le travail d'élaboration du nouveau
cheminement mental se poursuit. En fait, les Yogis que pensent que
la partie principale du travail se déroule de manière inconsciente
entre les intervalles de "commande", et que les progrès réels se
réalisent de cette façon, tout comme le véritable travail de résolution
du problème est effectué inconsciemment, comme nous l'avons vu
dans notre dernière leçon. À titre d'exemple, nous pouvons attirer
votre attention sur certains cas d'entretien des habitudes. Une tâche
physique apprise le soir est beaucoup plus facile à réaliser le
lendemain matin qu'elle ne l'était la veille, et encore plus facile le
lundi matin suivant qu'elle ne l'était le samedi après-midi précédent.
Les Allemands ont un dicton selon lequel "on apprend à patiner en
été", et à nager en hiver", ce qui signifie que l'imprégnation
transmise à la mentalité subconsciente s'approfondit et s'élargit
pendant l'intervalle de repos. Le meilleur plan consiste à se faire des
imprégnations fréquentes et nettes, puis à permettre des périodes
de repos raisonnables afin de donner au subconscient l'occasion de
faire son travail. Par imprégnations "nettes", nous entendons des
impacts exercés sous une forte attention, comme nous l'avons
mentionné dans certaines des leçons précédentes de cette série.

Un écrivain a très bien dit : "Semer un acte, récolter une habitude ;


semer une habitude, récolter un caractère ; semer un caractère,
récolter un destin", reconnaissant ainsi l'habitude comme la source
du caractère. Nous utilisons cette vérité dans l'éducation des
enfants, en formant leurs habitudes de caractère par la répétition
constante et par la vigilance, etc. L'habitude agit comme une
motivation lorsqu'elle est établie, de sorte qu'alors que nous pensons
agir sans motif, nous pouvons agir en vertu de la puissante force
motrice d'une habitude bien établie. Herbert Spencer a bien dit :
"L'homme habituellement honnête fait ce qui est juste, pas
consciemment parce qu'il "doit" mais avec une simple satisfaction,
car il se sent mal à l'aise jusqu'à ce que ce soit fait". Certains
peuvent objecter que cette idée d'habitude comme base du
caractère peut faire disparaître l'idée d'une morale développée par la
conscience, comme par exemple, Josiah Royce qui dit :
"L'établissement d'une habitude organisée n'est jamais suffisant en
soi pour assurer la croissance d'une conscience morale éclairée",
mais pour cela nous dirons qu'il faut "vouloir" cultiver un caractère
élevé avant de créer les habitudes habituelles correspondantes, et le
"vouloir" est le signe de la "conscience morale", plutôt que de
l'habitude. Et il en va de même pour le côté "devoir" du sujet. Le
"devoir" s'impose dans l'esprit conscient au début, et inspire la
création de l'habitude, si bien que cette dernière devient
automatique après un certain temps, et forme une composante de la
mentalité subconsciente, sans aucun lien avec le "devoir". Cela
devient alors une question de "vouloir".

Nous voyons donc que le modelage, la modification, le changement


et la construction du caractère est en grande partie une question de
création d'habitudes. Et quelle est la meilleure façon d'établir des
habitudes ? devient évidemment notre prochaine question. La
réponse du Yogi est : "Établissez une image mentale, puis
construisez votre habitude autour d'elle". Et dans cette phrase, il a
condensé tout un système.

Tout ce que nous voyons devenir une forme est construit autour
d'une image mentale, soit l'image mentale d'un homme, d'un animal
ou de l'Absolu. Il s'agit de la règle de l'univers, et en matière de
formation du caractère, nous ne pouvons que suivre la règle bien
établie. Lorsque nous souhaitons construire une maison, nous
devons d'abord penser la "maison" de manière générale. Nous
commençons par réfléchir à "quel genre" de maison. Ensuite, nous
entrons dans les détails. Puis nous consultons un architecte, et il
nous fait un plan, lequel plan est son image mentale, suggérée par
notre propre image mentale. Une fois le plan décidé, nous
consultons le constructeur, et la maison est enfin achevée, elle est
devenue l'image mentale objectivée. Et c'est ainsi que ça se passe
avec chaque chose créée, toutes sont une manifestation d'une
Image Mentale.

Donc, lorsque nous souhaitons établir un trait de caractère, nous


devons nous former une image mentale claire et distincte de ce que
nous souhaitons être. Il s'agit d'un premier pas. Faites en sorte que
votre image soit claire et distincte, et fixez-la dans votre esprit. Puis
commencez à construire autour de cette image. Laissez vos
pensées s'attarder sur cette photo mentale. Laissez votre
imagination vous regarder comme possédant cette image désirée et
la mettant en pratique. Jouez avec cette vision de vous-même dans
votre imagination, encore et encore et encore, aussi souvent que
possible, en persévérant, et en voyant comment vous exprimez
vous-même ce trait dans diverses circonstances de votre vie. En
continuant à le faire, vous constaterez que vous commencez
progressivement à faire passer la pensée dans l'action, pour
objectiver l'image mentale subjective. Il finira par devenir "naturel"
pour vous d'agir de plus en plus souvent en accord avec votre image
mentale, jusqu'à ce qu'enfin la nouvelle habitude s'ancrera dans
votre esprit et deviendra votre mode naturel d'action et d'expression.

Ce n'est pas une théorie vague et visionnaire. Il s'agit d'une méthode


psychologique bien connue et éprouvée, et des milliers d'entre vous
ont pu apporter de merveilleux changements dans leur caractère par
ce moyen.

Non seulement on peut élever son caractère moral de cette manière,


mais on peut modeler son travail quotidien pour mieux se conformer
aux besoins de son environnement et de son occupation. Si
quelqu'un manque de persévérance, il peut l'acquérir; si quelqu'un
est paralysé par la peur, il peut la remplacer par l'intrépidité ; si
quelqu'un manque de confiance en lui, il peut la reconstruire. En fait,
il n'y a pas de trait de caractère qui ne puisse être développé de
cette manière. Des gens se sont littéralement "faits" en suivant cette
méthode de formation du caractère. Le grand problème de l'humain
est que la plupart des gens n'ont pas réalisé qu'ils pourraient y
arriver. Ils ont pensé qu'ils étaient condamnés à rester les créatures
qu'ils se sont trouvé être. Ils n'ont pas réalisé que le travail de
création n'était pas terminé, et qu'ils avaient au sein d'eux-mêmes
une puissance créatrice adaptée aux besoins de leur cas. Lorsque
l'homme réalise enfin cette vérité, et l'expérimente en pratique, il
devient un autre être. Il se trouve supérieur à l'environnement, et
découvre que par l'entraînement il peut passer par-dessus ces
choses. Il construit son propre environnement, et il s'entraîne lui-
même.

Dans certaines des plus grandes écoles d'Angleterre et des États-


Unis, certains des universitaires qui ont développé et manifesté la
capacité de se contrôler eux-mêmes et de contrôler leurs actions
sont inscrits au tableau d'un grade appelé le "grade d'autonomie".
Les personnes de ce grade agissent comme si elles avaient
mémorisé les mots suivants d'Herbert Spencer : La suprématie de la
maîtrise de soi est l'une des perfections de l'homme idéal. Ne pas
être impulsif, non pas de n'être pas éperonné ici et là par les désirs,
mais être autodiscipline, auto équilibré, régi par la juste décision des
sentiments en conseil réunis * * * c'est ce que s'efforce de produire
une telle éducation morale". Et c'est le désir de l'auteur de cette
leçon d'amener chaque élève dans la "classe autogérée".

Nous ne pouvons pas essayer, en l'espace d'une seule leçon, de


définir un cours de formation du caractère adapté aux besoins
particuliers de chaque individu. Mais nous pensons que ce que nous
avons dit sur le sujet devrait être suffisant pour indiquer à chaque
élève la méthode à suivre pour planifier son propre cours, en suivant
les règles générales données ci-dessus. En guise d'aide à l'étudiant,
nous lui donnerons un bref cours sur la culture d'un trait de caractère
souhaitable. Le plan général de ce cours peut être adapté pour
répondre aux exigences de toute autre choix, en faisant preuve d'un
minimum de discernement. Le cas que nous avons sélectionné est
le celui d'un étudiant qui a souffert d'un "manque de courage moral,
un manque de confiance en lui, une incapacité à maintenir son
équilibre en présence d'autres personnes, une incapacité à dire
"Non", un sentiment d'infériorité par rapport à ceux avec lesquels il
est en contact". Le bref aperçu du déroulement pratique appliqué
dans ce cas est exposé comme suit :

UNE RÉFLEXION PRÉLIMINAIRE.

Fixez fermement dans votre esprit le fait que vous êtes l'égal de tout
autre homme. Vous venez de la même source. Vous êtes
l'expression de la même Vie Une. Aux yeux de l'Absolu, vous êtes
l'égal de tout homme, même le plus honorable du pays. La vérité,
c'est que "les choses sont comme Dieu les voit" et en vérité, vous et
cet homme êtes égaux, et, finalement Un. Tous les sentiments
d'infériorité sont des illusions, des erreurs et des mensonges, et
n'existent dans la Vérité. En compagnie d'autres personnes,
souvenez-vous toujours de ce fait et réalisez que le principe de vie
qui est en vous parle au Principe de vie qui est en eux. Laissez le
Principe de Vie couler à travers vous, et efforcez-vous d'oublier votre
propre personne. En même temps, essayez de voir ce même
principe de vie, derrière et au-delà de la personne en votre
présence. Il n'est juste qu'une personne qui cache en lui le Principe
de Vie, tout comme vous. Rien de plus, rien de moins ! Vous êtes
tous les deux Un dans la vérité. Laissez la conscience du "Je"
rayonner et vous permettre de faire l'expérience d'une exaltation du
courage, que l'autre va ressentir. Vous avez en vous la source du
courage, moral et physique, et vous n'avez rien à craindre.
L'intrépidité est votre héritage divin, profitez-en. Vous avez une
conscience de Soi, car le moi est le "Je" est en vous - pas la
personnalité mesquine - et vous devez faire confiance à ce "Je".
Retirez-vous en vous-même jusqu'à ce que vous sentiez la présence
du "Je", et vous y gagnerez une confiance en vous que rien ne peut
ébranler ni déranger. Une fois que vous aurez atteint la conscience
permanente du "Je", vous aurez atteint l'équilibre. Une fois que vous
aurez réalisé que vous êtes un centre de pouvoir, vous n'aurez
aucune difficulté à dire "Non !" quand il est juste de le dire. Une fois
que vous aurez réalisé votre vraie nature, votre vraie personnalité,
vous perdrez tout sentiment d'infériorité, et vous saurez que vous
êtes une manifestation de la Vie Une et que vous vous appuyez sur
la force, la puissance et la grandeur du Cosmos. Commencez par
vous réaliser Vous-Même, puis procédez selon les méthodes
suivantes
d'entraînement de l'esprit.

IMAGES DE MOTS.

Il est difficile pour l'esprit de se construire autour d'une idée, à moins


que cette idée ne soit exprimée par des mots. Un mot est le centre
d'une idée, tout comme l'idée est le centre de l'image mentale, et
l'image mentale est le centre de l'habitude mentale en devenir. Par
conséquent, les Yogis ont toujours mis l'accent sur l'utilisation des
mots. Dans le cas présent, nous vous proposons quelques mots
cristallisant la pensée principale. Nous suggérons les mots "Je suis"
; Courage ; Confiance ; Assurance ; Fermeté ; Égalité. Gardez ces
mots en mémoire, et essayez ensuite de fixer dans votre esprit une
conception claire de la signification de chaque mot, afin que chacun
d'entre eux puisse représenter une idée vivante quand vous le
prononcez. Attention, pas de répétition de perroquet. Laissez le sens
de chaque mot se présenter clairement devant vous de sorte que
lorsque vous le répétez, vous pouvez en ressentir tout le sens.
Répétez les mots fréquemment, à chaque occasion, et vous
remarquerez bientôt qu'ils agissent comme un traitement tonique
mental et produisent un effet tonifiant et énergisant. Et chaque fois
que vous répéterez ces mots, en les rendant compréhensibles, vous
aurez fait un pas en avant pour dégager le chemin mental sur lequel
vous souhaitez vous engager.

PRATIQUE.
Lorsque vous êtes à l'aise et que vous pouvez vous adonner à une
"journée de rêves" sans nuire à vos affaires courantes, mettez votre
imagination en branle et efforcez-vous de vous visualiser comme
ayant acquis les qualités décrites par les mots que vous prononcez.
Imaginez-vous dans les circonstances les plus éprouvantes, faisant
appel à ces qualités que vous souhaitez posséder, et les utilisant
pleinement. Essayez de vous imaginer en train de jouer votre rôle,
en vous appuyant sur vos nouvelles qualités. N'ayez pas honte de
vous adonner à ces rêveries, car elles prophétisent le chemin à
suivre et vous ne faites que répéter votre rôle avant le jour de la
représentation. La pratique rend parfait, et si vous vous habituez à
agir d'une certaine manière par l'imagination, il vous sera beaucoup
plus facile de jouer votre rôle lorsque la vraie démonstration aura
lieu. Cela peut sembler enfantin à beaucoup d'entre vous, mais si
vous avez un acteur parmi vos connaissances, consultez-le à ce
sujet, et vous constaterez qu'il vous recommandera
chaleureusement cette méthode. Il vous dira ce que la pratique peut
faire pour quelqu'un dans votre cas, et à quel point des répétitions et
des répétitions toujours recommencées sont capables de fixer un
personnage si fermement dans l'esprit d'un l'homme qu'il peut même
avoir des difficultés à s'en défaire par après. Choisissez bien le rôle
que vous souhaitez jouer, le personnage que vous voulez être, le
vôtre, et puis après l'avoir bien fixé dans votre esprit, pratiquez,
pratiquez, pratiquez. Gardez votre idéal constamment devant vos
yeux, et efforcez-vous de vous de progresser vers lui. Vous y
parviendrez en faisant preuve de patience et de persévérance.

Il y a plus que cela. Ne limitez pas votre pratique à de simples


répétitions. Vous avez besoin de quelques "répétitions générales"
ainsi que des répétitions en public. Une fois que vous aurez bien
commencé votre travail, arrangez-vous pour exercez votre nouveau
caractère dans votre vie quotidienne. Choisissez d'abord des
circonstances faciles et réceptives pour "l'essayer sur eux".

Vous constaterez que vous serez en mesure de surmonter des


situations qui auparavant vous auraient beaucoup dérangé. Vous
prendrez conscience d'une force croissante et d'un pouvoir venant
de l'intérieur, et vous découvrirez que vous êtes effectivement une
personne différente. Laissez votre pensée s'exprimer dans l'action,
chaque fois que vous en rencontrez la possibilité. Mais n'essayez
pas de forcer la chance juste pour tester votre nouvelle force.
N'essayez pas, par exemple, de forcer les gens à vous demander
des services juste pour que vous puissiez leur répondre "Non ! Vous
trouverez de nombreuses occasions authentiques de vous tester
sans forcer. Habituez-vous à regarder les gens dans les yeux, et à
sentir le pouvoir qui est en vous. Vous serez bientôt en mesure de
voir à travers leur personnalité, et de réaliser qu'elle n'est qu'une
partie d'une vie qui regarde une autre partie, et qu'il n'y a donc pas
de quoi en avoir peur. Une prise de conscience de votre "vrai moi"
vous permettra de maintenir votre équilibre dans des circonstances
difficiles, si vous voulez bien mettre à part toute idée fausse sur
votre personnalité. Oubliez votre peu d'amour-propre pendant un
certain temps, et fixez votre esprit sur l'universel Soi dont vous faites
partie. Toutes ces choses qui vous ont inquiétées ne sont que des
incidents de la vie personnelle, et sont à considérer comme des
illusions du point de vue de la vie universelle.

Emportez la Vie Universelle avec vous autant que possible dans


votre vie quotidienne. Elle y a sa place n'importe où, et elle se
révélera être une force et un refuge pour vous dans les situations
perturbantes de votre vie.

Rappelez-vous toujours que l'Ego est le maître des états mentaux et


des habitudes, et que la volonté est l'instrument direct de l'Ego,
toujours prêt à l'emploi. Que votre âme soit remplie d'un fort désir de
cultiver les habitudes mentales qui vous rendront plus fort. Le plan
de la nature est de produire des individualités fortes en elles-mêmes,
et elle sera heureuse de vous aider à en devenir une. L'homme qui
souhaite se renforcer lui-même trouvera toujours de grandes forces
derrière lui pour l'aider dans son objectif parce qu'il n'est pas juste en
train d'appliquer une quelconque méthode pour domestiquer un
animal de compagnie, mais cette méthode éprouvée qui s'efforce de
faire avancer les choses à travers les âges. Tout ce qui tend à vous
permettre de réaliser et d'exprimer votre maîtrise, tend à vous
renforcer, et met à votre disposition l'aide de la nature. Vous pouvez
en être témoin au quotidien dans la vie, la nature semble aimer les
individus forts, et prend plaisir à les pousser en avant. Par maîtrise,
nous entendons la maîtrise de votre propre nature inférieure, ainsi
que de la nature extérieure, bien sûr. Le "Je" est le maître, ne
l'oubliez pas, O étudiant, et affirmez-le constamment. Que la paix
soit avec vous.

MANTRA (OU AFFIRMATION).

Je suis le maître de mes habitudes mentales, je contrôle mon


caractère. Je veux être Fort, et j'invoque les forces de ma nature à
mon secours.
LEÇON XII. INFLUENCES SUBCONSCIENTES.
Dans cette leçon, nous souhaitons aborder une caractéristique
particulière du subconscient de l'Europe occidentale, sur laquelle se
sont appesanties certaines écoles d'écrivains et d'étudiants au cours
des vingt dernières années, mais qui a aussi souvent été mal
comprise et, hélas, encore plus souvent mal utilisée, par certains de
ceux qui ont été attirés par ce sujet. Nous faisons allusion à ce que
l'on a appelé le "Pouvoir de la pensée". Bien que ce pouvoir soit très
réel, et comme tout autre pouvoir des forces de la nature puisse être
correctement utilisé et appliqué dans notre vie quotidienne, de
nombreux étudiants du pouvoir de l'Esprit en ont fait un mauvais
usage et se sont abaissés à des pratiques dignes des seuls adeptes
des écoles de "Magie Noire". Nous entendons partout parler de
l'utilisation de "traitements" à des fins égoïstes et souvent
médiocres, et ceux qui suivent ces pratiques semblent être dans
l'ignorance totale des lois occultes mises en œuvre, et de la réaction
terrible qui risque de s'abattre sur tous ceux qui pratiquent cette
forme négative d'influence mentale. Nous avons été stupéfaits par la
grande ignorance de la nature et des effets de cette utilisation
abusive de la force mentale, et en même temps, de l'usage banalisé
d'un tel égoïsme, et de ses utilisations abusives. Ceci, plus
particulièrement, lorsque le véritable occultiste sait que ces choses
ne sont pas nécessaires, même pour ceux qui recherchent le
"succès" de leurs forces mentales. Il existe une véritable méthode
d'utilisation des forces mentales tout autant qu'il en existe une
utilisation inappropriée, et nous espérons que dans cette leçon nous
pourrons vous éclairer de façon claire et nette.

Dans notre premier cours (Les quatorze leçons), avec les différentes
leçons intitulées respectivement "Dynamique de la pensée",
"Télépathie, etc
"Influence psychique", nous vous avons donné une idée générale de
l'effet de l'esprit sur d'autres esprits, et de nombreux écrivains ont
attiré l'attention du monde occidental sur ces mêmes faits. Ces
dernières années, il y a eu un éveil de l'intérêt pour ce sujet et
nombreuses et merveilleuses sont les théories qui on été avancées
parmi les écoles agitées par cette question. Mais, au-delà des
théories contradictoires, il existe un accord général sur les
fondamentaux. Tous sont d'accord sur le fait que les forces mentales
peuvent être utilisées pour affecter et influencer d'autres personnes,
et beaucoup ont commencé à utiliser ces forces mentales pour leurs
propres fins et leurs propres objectifs égoïstes, en se croyant tout à
fait justifiés de le faire, et n'ayant pas connaissance de l'imbrication
de causes et des effets psychiques qu'ils tissaient autour d'eux par
ces pratiques.

Maintenant, nous commençons par faire comprendre à nos étudiants


que s'il est indubitablement vrai que des personnes qui ne sont pas
au courant des véritables sources de force en leur sein, peuvent
être, et sont souvent affectées, par la force mentale exercée par
d'autres, il est également vrai que personne ne peut en être affecté
s'il réalise le "Je" au sein lui-même, qui est la seule partie réelle de
lui, et qui est un bastion contre les assauts des autres. Il n'y a pas de
raison pour toute cette peur chez de nombreux étudiants
occidentaux qui craignent constamment d'être "manipulés" de façon
négative par d'autres personnes. L'homme ou la femme qui réalise
le "Je" en son for intérieur peut par un simple exercice de sa volonté
s'entourer d'une aura mentale qui repoussera les vagues de
pensées négatives émanant de l'esprit des autres. Non, plus que
cela, avec l'habitude de la reconnaissance du "Je" et de quelques
instants de méditation quotidiens, il ou elle érigera de lui-même ou
d'elle-même une telle aura et la chargera d'une telle vitalité qu'elle
fera reculer les pensées négatives et les renverra à leur auteur, avec
la ferme intention d'amener l'esprit erroné qui en est à l'origine à la
conviction que de telles pratiques sont préjudiciables et doivent être
évitées. Cette réalisation du "Je", que nous avons fait ressortir dans
les premières leçons de la présente série est la meilleure et la seule
véritable méthode d'autoprotection. Elle peut être facilement
comprise quand nous vous rappelons que l'ensemble des
phénomènes d'influence mentale appartiennent au côté "illusion de
l'existence", le côté négatif, alors que le côté réel et positif repose
sur la nécessité d'être plus fort. Rien ne peut affecter le Réel en
vous, et plus on se rapproche de la réalisation et de la
compréhension du Réel, plus fort on devient. C'est tout le secret.
Pensez-y.

Peu de gens sont capables de se reposer fermement sur la


conscience du "Je" en permanence et les autres demandent de
l'aide au cours de leur développement. A ceux-là nous dirions
"Acharnez-vous à la réalisation du Moi, dans la mesure du possible,
et posez vos pieds spirituels fermement sur le rocher du vrai moi". Si
vous pensez que des personnes, des circonstances ou des
éléments vous influencent indûment, tenez-vous debout avec
audace et niez cette influence. Dites quelque chose comme ceci :
"JE DENIE le pouvoir ou l'influence des personnes, des
circonstances, ou des choses qui m'affectent négativement.
J'AFFIRME ma Réalité, mon Pouvoir et ma Domination sur ces
choses". Ces mots peuvent sembler très simples, mais lorsqu'ils
sont prononcés avec la conscience de la Vérité qui les sous-tend, ils
deviennent une force puissante. Vous comprendrez, bien sûr, qu'il
n'y a pas de magie ou de vertu particulière dans les mots eux-
mêmes, c'est-à-dire dans le groupement des lettres formant les
mots, ou des sons des mots, leur efficacité repose dans l'idée dont
les mots sont l'expression. Vous serez surpris de l'effet que cette
déclaration aura sur les sentiments dépressifs ou sur ces influences
qui vous perturbent. Si vous... vous... qui lisez ces mots maintenant,
vous vous sentez soumis à des influences négatives ou
déprimantes, tenez-vous debout, les épaules en arrière, en levant la
tête, et en regardant audacieusement et sans crainte vers l'avenir,
répétez fermement ces mots, et avec la foi, vous sentirez les
influences négatives disparaître. Vous verrez presque les nuages
vous tomber dessus. Essayez cela maintenant, avant de lire plus
avant, et vous prendrez conscience d'une force et d'une puissance
nouvelles.
Vous êtes parfaitement justifié de dénier ainsi toute influence
néfaste. Vous avez le droit absolu de repousser les nuages de
pensée menaçants ou déprimants. Vous avez parfaitement le droit
de prendre position sur le rocher de la vérité, avec votre moi Réel et
d'exiger votre liberté. Ces pensées négatives du monde en général,
et de certaines personnes en particulier, appartiennent au côté
obscur de la vie, et vous avez le droit d'exiger de vous en libérer.
Vous n'appartenez pas à la même idée de la vie, et c'est votre
privilège, et oui, votre devoir, de les repousser et leur demander de
disparaître de votre horizon. Vous êtes un enfant de lumière, et il est
de votre droit et de votre devoir d'affirmer votre liberté par rapport
aux puissances de l'obscurité. Vous affirmez simplement la Vérité
lorsque vous affirmez votre supériorité et votre domination sur ces
forces obscures. Et dans la mesure de votre Reconnaissance et de
votre Foi, le Pouvoir sera à votre disposition. La Foi et la
Reconnaissance font de l'homme un dieu. Si nous pouvions
seulement en prendre pleinement conscience, nous pourrions nous
élever au-dessus de tout ce plan du monde de la pensée négative et
sombre. Mais nous sommes devenus si aveugles et comme
stupéfiés par la pensée humaine de peur et de faiblesse, et comme
hypnotisés par les injonctions de faiblesse que nous entendons de
tous côtés, telles que même les meilleurs d'entre nous ont du mal à
éviter de retomber occasionnellement dans les basses profondeurs
du désespoir et du découragement. Mais, rappelons-nous que ces
périodes de "recul" deviennent, frères et sœurs, de moins en moins
fréquentes, et durent de moins en moins longtemps, à mesure que
nous avançons. Et bye-bye, nous finissons par leur échapper
totalement.

Certains peuvent penser que nous mettons trop l'accent sur le côté
négatif de la chose, mais nous estimons que ce que nous avons dit
est opportun, et largement nécessaire pour ceux qui lisent ces
leçons. On a tellement parlé de ce pouvoir de pensée négatif et
défavorable, qu'il est bien que tous apprennent qu'ils ont le pouvoir
de s'élever au-dessus de cette menace... et que l'arme de sa défaite
est déjà dans leur main.
L'étudiant le plus avancé peut parfois oublier qu'il est supérieur à
l'influence néfaste des pensées humaines négatives et d'autres
nuages d'influence de pensée qui se trouvent dans son entourage.
Quand on pense combien il y a peu de personnes qui envoient des
ondes positives, pleines d'espoir et de réflexion, et combien au
contraire sont nombreux ceux qui envoient continuellement des
pensées de découragement, de peur et de désespoir, il n'est pas
étonnant qu'il nous arrive parfois d'être pris par une sentiment de
découragement, d'impuissance et de "à quoi bon". Mais nous
devons être toujours en alerte pour pouvoir nous lever et rejeter ces
choses loin de notre existence et notre monde de pensée personnel.
Il y a une merveilleuse vérité cachée dans cette dernière phrase.
Nous sommes les créateurs, les conservateurs et les destructeurs
de notre monde de pensée personnel. Nous pouvons y faire entrer
ce qui nous désirons y voir figurer, nous pouvons y conserver ce que
nous souhaitons, et cultiver, développer et déployer les formes de
pensée que nous désirons ; nous pouvons détruire ce que nous
voulons annihiler. Le "Je" est le maître de son monde de pensée.
Réfléchissez à cette grande vérité, ô élève ! Par désir, nous faisons
appel à l'existence; par l'affirmation, nous la préservons et nous
l'encourageons; par le déni, nous la détruisons. Les hindous dans
leurs conceptions religieuses populaires imaginent l'Être Unique
comme une trinité, composée de Brahma, le Créateur; Vishnu, le
Conservateur; et Siva, le Destructeur, mais non pas trois dieux,
comme c'est le cas communément supposé, mais une Trinité
composée de trois aspects de la Déité ou de l'Etre. Cette idée du
triple Etre est également applicable à l'Individu, "comme ci-dessus et
ci-dessous". Le "Je" est l'être de l'individu, et le monde de la pensée
est sa manifestation. Il crée, préserve et détruit, selon sa Volonté.
Emportez cette idée avec vous, et réalisez que votre monde de la
pensée individuelle est votre propre champ d'expression. Dans ce
monde, vous êtes constamment en train de créer, constamment en
train de préserver, constamment en train de détruire. Et si vous
pouvez détruire quelque chose dans votre propre monde de pensée,
vous le supprimez de son domaine d'activité, en ce qui vous
concerne. Et si vous créez quelque chose dans votre propre monde
de pensée, vous le mettez dans votre être actif, en ce qui vous
concerne. Et si vous préservez quelque chose, vous le maintenez en
vigueur et le faites fonctionner et influencer pleinement votre vie.
Cette vérité appartient aux phases supérieures du sujet, car elle est
inextricablement liée à l'explication de "La chose en soi", l'absolu et
ses manifestations. Mais même ce que nous avons dit ci-dessus,
doit donner à l'étudiant averti un avertissement suffisant pour
l'amener à saisir ces faits et l'amener à appliquer ces principes sa
propre vie.

Si l'on vit sur le plan de la pensée humaine, on est soumis à ses lois,
parce que la règle de la "cause à effet" est de pleine application sur
chaque plan la vie. Mais quand on s'élève au-dessus de la pensée
humaine, et qu'on passe au plan de la reconnaissance du vrai soi -
le "je" - alors on s'extrait des lois inférieures de cause à effet, et on
se place soi-même sur un plan de causalité plus élevé, dans lequel
on joue sa propre partie. C'est pourquoi nous vous rappelons
constamment que votre Force et votre Refuge se trouvent sur le plan
supérieur. Néanmoins, nous devons faire face à des événements et
les lois du plan inférieur, car très peu de ceux qui lisent ces leçons
peuvent atteindre pleinement le plan supérieur. La grande majorité
d'entre eux n'ont fait que se soulever partiellement vers le plan
supérieur, et ils vivent donc sur les deux plans, une partie dans
chacun d'eux, avec la conséquence qu'il y a une lutte entre les lois
conflictuelles des deux plans. La présente étape est l'une des plus
difficile sur le chemin de la réussite, et ressemble aux douleurs de la
naissance dans le corps physique. Mais vous êtes en train de naître
dans le plan supérieur, et la douleur après être devenue plus aigüe
commencera à s'atténuer, et à la fin disparaîtra, et alors viendra la
paix et le calme. Lorsque la douleur devient la plus aigüe, soyez
encouragé par la certitude que vous avez atteint le point critique de
votre nouvelle naissance spirituelle, et que vous obtiendrez bientôt la
paix. Et vous verrez alors que la paix et la béatitude vaudront toutes
la peines et toutes les luttes. Soyez courageux, camarades adeptes
du Chemin, la Délivrance est proche. Bientôt viendra le Calme qui
suit la Tempête. La douleur que vous vivez, ah, eh bien, nous
savons que vous la que vous la supporterez, car ce n'est pas une
punition, mais une phase nécessaire à votre croissance. Toute la vie
suit ce plan, les douleurs du travail et de l'accouchement précèdent
toujours la délivrance. Telle est la vie, et la vie est basée sur la
vérité, et tout va bien dans le monde. Nous n'avions pas l'intention
de parler de ces choses dans cette leçon, mais au moment où nous
écrivons, nous vient un grand appel à l'aide et une demande
d'encouragement et d'espoir de la part de la classe qui suit ce cours,
et nous nous sentons obligés de réagir comme nous l'avons fait. La
paix soit avec vous... un et tous.

Et maintenant, nous allons commencer à examiner les lois qui


régissent ce que nous avons appelé "l'influence subconsciente".

Tous les étudiants de l'occultisme sont conscients du fait que les


hommes peuvent être, et sont, dans une large mesure, influencés
par les pensées des autres. Non seulement le dans les cas où les
pensées sont dirigées à partir de l'esprit d'une personne vers l'esprit
d'autrui, mais aussi lorsqu'il n'y a pas de direction ou d'intention dans
la pensée envoyée. Les vibrations des pensées s'attardent dans
l'atmosphère astrale longtemps après que l'effort qui a les fait naître
est passée. L'atmosphère astrale est chargée de ces anciennes
vibrations de penseurs et elles possèdent encore assez de vitalité
pour affecter ceux dont l'esprit est prêt à les recevoir. Et nous
attirons tous vers nous des vibrations de pensées correspondantes à
celles que nous avons l'habitude d'attendre. La loi de l'attraction est
en plein fonctionnement, et celui qui fait une étude sur le sujet peut
voir des cas de ce genre de toutes parts.

Nous invitons ces vibrations de pensée en maintenant et en


entretenant des réflexions divertissantes dans certains domaines. Si
nous cultivons l'habitude de penser à la gaieté, à la luminosité et à
l'optimisme, nous attirons à nous les vibrations de pensée similaires
des autres et nous constaterons que d'ici peu, toutes sortes de
pensées joyeuses se déverseront dans nos esprits depuis toutes les
directions. Et, de même, si nous hébergeons des pensées de
morosité, de désespoir, de pessimisme, nous nous exposons à
l'afflux des pensées similaires qui ont émané de l'esprit des autres.
Les pensées de colère, de haine ou de jalousie attirent des pensées
similaires qui servent à nourrir la flamme et maintenir en vie le feu de
ces basses émotions. Les pensées d'amour ont tendance à attirer
vers nous les pensées aimantes de ceux qui ont tendance à nous
remplir d'une lueur d'émotion amoureuse.

Et non seulement nous sommes ainsi affectés par les pensées des
autres, mais ce que l'on appelle la "suggestion" joue également un
rôle important dans ce domaine de l'influence subconsciente. Nous
constatons que l'esprit a tendance à reproduire les émotions, les
humeurs, les nuances de pensée et les sentiments des autres
personnes, telles qu'en témoignent leurs attitudes, leurs apparences,
leur expressions faciales, ou leurs mots. Si nous nous associons à
des personnes au tempérament sombre, nous courons le risque
d'"attraper" leur trouble mental par la loi de la suggestion, si nous ne
comprenons pas cette loi et si nous ne la combattons pas. De la
même manière, nous éprouvons que la gaité est contagieuse, et si
nous restons en compagnie de gens joyeux, nous sommes très
capables de capter leurs qualités mentale. La même règle s'applique
à la fréquentation des personnes à succès, ou des perdants, selon
les cas. Si nous nous permettons d'absorber les suggestions qui
émanent constamment d'eux, nous constaterons que notre esprit
commencera à reproduire les tons, les attitudes, les caractéristiques,
les dispositions et les traits de ces personnes, et bientôt nous serons
enclins à vivre sur le même plan mental qu'eux. Comme nous
l'avons dit à plusieurs reprises, ces choses ne sont vraies que si
nous acceptons "d'absorber" ces impressions, et, sauf si nous
parvenons à maîtriser ce pouvoir de suggestion et à en comprendre
les principes et le mode opératoire, nous sommes plus ou moins
susceptibles d'en être affecté. Vous vous rappelez tous aisément
l'effet de certaines personnes sur d'autres lorsqu'ils entrent en
contact. Nous avons la faculté d'inspirer vigueur et énergie à ceux
en compagnie desquels nous nous trouvons. Celui qui déprime ceux
qui sont autour de lui est évité comme un "rabat-joie". L'autre
provoquera une sentiment de malaise dans son entourage en raison
de son attitude de méfiance, de suspicion et de ruse. De certains
émane une aura de bonne santé, tandis que d'autres semblent être
entourés d'une atmosphère de maladie, même si leur état physique
ne l'indique pas. Les états mentaux ont une manière subtile de
s'imposer à nous, et l'étudiant qui prendra la peine d'observer
attentivement les personnes avec lesquelles il entre en contact, en
tirera un apprentissage utile.

Il y a bien sûr une grande différence de degré de suggestibilité entre


différentes personnes. Il y a ceux qui sont presque immunisés, alors
qu'à l'autre bout, d'autres sont si constamment et fortement
impressionnés par les suggestions d'autrui, conscientes ou
inconscientes, qu'on peut dire qu'ils n'ont guère d'indépendance, ni
de pensée ou de volonté propre. Mais presque tout le monde est
influençable à un degré ou à un autre.

Il ne faut pas supposer, d'après ce que nous avons dit, que toutes
les suggestions sont "mauvaises", nocives ou indésirables. De
nombreuses suggestions sont très bonnes pour nous, et peuvent
venir à point nommé pour nous aider. Néanmoins, il est bon de
toujours permettre à votre esprit contrôler ces suggestions, avant de
les autoriser à se glisser dans votre subconscient. Laissez la
décision finale vous appartenir, à vous et non à la volonté d'un autre.

Rappelez-vous toujours que VOUS êtes un individu, ayant un esprit


et une volonté propre. Reposez-vous fermement sur la base de votre
conscience du "Je", et vous vous serez en mesure d'opposer une
formidable force aux suggestions défavorables des autres. Soyez
votre propre conseiller, formez et influencez Vous-Même votre esprit
subconscient, et ne permettez pas qu'il soit altéré par les
suggestions d'autrui Développez votre sens de l'individualité.

On a beaucoup écrit ces dernières années dans le monde occidental


sur l'effet que l'attitude mentale peut avoir sur l'accomplissement
personnel et la réussite matérielle. Bien que la plupart de ces
réflexions ne soient que le fruit de la plus sauvage imagination, il
reste encore un substrat de vérité sous-jacent, ferme et solide . Il est
sans doute vrai que l'attitude mentale qui prévaut se manifeste et
s'objective constamment dans une vie. Les choses, les
circonstances, les personnes, les projets, tout semble s'inscrire dans
l'idéal général de l'attitude mentale forte d'un homme. Et cela, à
partir de l'opération de la loi mentale qui se décline en plusieurs
lignes d'action.

En premier lieu, l'esprit, lorsqu'il est dirigé vers un certain ensemble


de sujets devient très alerte pour découvrir des choses les
concernant, pour saisir ces choses, les opportunités, les personnes,
les idées et les faits qui tendant à promouvoir l'objet de cette
pensée. L'homme qui cherche des faits pour prouver certaines
théories, les trouve invariablement, et il est aussi capable d'ignorer
des faits qui tendant à réfuter sa théorie. L'optimiste et le pessimiste
passant dans les mêmes rues, voient chacun des milliers
d'exemples tendant à appuyer leur opinion. Comme le dit Kay :
"Quand on est engagé dans la recherche d'une chose, si l'on en
garde bien l'image à l'esprit, on aura de grandes chances de la
trouver, probablement là même où elle nous aurait autrement
échappé. Ainsi, lorsque l'on est engagé dans la réflexion sur un
sujet, la pensée des choses qui lui ressemblent, ou qui s'y
rapportent, et qui tendent à la conforter apparaissent de tous côtés.
En vérité, on pourrait dire de l'esprit, comme on l'a dit de l'œil,
"perçoit" seulement ce qui se présente dans son "champ de vision".
John Burroughs a bien dit à ce sujet que "Personne n'a jamais
trouvé la fougère ambulante s'il n'a pas la fougère ambulante à
l'esprit. Une personne dont l'œil est plein de reliques indiennes les
ramasse dans tous les champs qu'il traverse. Il les a rapidement
reconnues parce que son œil a été chargé de les trouver".

Lorsque l'esprit est fermement fixé sur un idéal ou un but, l'ensemble


de ses divers pouvoirs sont orientés vers la réalisation et la
manifestation de cet objectif. L'esprit agira de mille façons pour
objectiver l'attitude mentale subjective, une grande partie de l'effort
mental étant accompli selon des lignes subconscientes. Il est de la
plus haute importance pour celui qui souhaite réussir dans quel
qu'entreprise, de garder à l'esprit une image mentale claire de ce
qu'il désire. Il doit imaginer la chose désirée, et lui-même comme la
construisant, jusqu'à ce qu'elle devienne quasi réelle. Il appelle ainsi
à son secours toute sa force mentale et son pouvoir, selon les lignes
du subconscient, qui pour ainsi dire, trace une voie claire sur lequel il
peut marcher jusqu'à la réussite. Bain dit à ce sujet : "En visant une
nouvelle construction, nous devons clairement concevoir ce qui est
visé. Lorsque nous avons devant nous un modèle très distinct et
intelligible, nous détenons un moyen reconnu de réussir. Dans la
mesure où l'idéal est faible et vacillant, nous chancelons ou nous
échouons". Maudsley dit : "Nous ne pouvons pas poser un acte
volontairement si nous ne savons pas ce que nous allons faire, et
nous ne pouvons pas savoir exactement ce que nous allons faire si
nous n'avons pas appris à le faire". Charpentier dit : "La
concentration continue de l'attention sur une certaine idée lui confère
un pouvoir dominant, non seulement sur l'esprit, mais aussi sur le
corps". Muller dit : "L'idée de notre propre force induit la force de nos
mouvements. Une personne qui est sûre de pouvoir accomplir une
tâche déterminée par sa force musculaire réussira plus facilement
que celui qui n'est pas aussi certain de son propre pouvoir". Tanner
dit : "Croire fermement équivaut presque, en fin de compte, à
l'accomplissement. On rapporte des cas extraordinaires qui
démontrent l'influence de la volonté même sur les muscles
involontaires".

Dans le même ordre d'idées, de nombreux écrivains occidentaux ont


ajouté leurs témoignages au principe du Yogi de la manifestation de
la pensée en action. Kay a écrit : "Une idée claire et précise de ce
que nous souhaitons faire et de la manière dont nous voulons
l'effectuer, est de la plus grande valeur et de la plus grande
importance dans toutes les affaires de la vie. La conduite d'un
homme se façonne naturellement en fonction de ses idées et rien ne
contribue davantage à la réussite dans la vie que d'avoir un idéal
élevé et de le garder constamment en vue. Lorsque c'est le cas, on
ne peut guère manquer de l'atteindre. De nombreuses circonstances
inattendues viendront conspirer contre sa réalisation, mais même ce
qui semble hostile à première vue peut être converti en moyen utile
de progresser, à condition de garder constamment à l'esprit d'être
toujours prêt à profiter de toute circonstance favorable qui pourrait
se présenter d'elle-même". Dans le même ordre d'idées, Foster a
écrit ces remarquables paroles : "C'est merveilleux de voir comment
même les victimes de la vie semblent s'incliner devant un esprit qui
ne s'incline pas devant eux, et cèdent à un dessein qui pourrait
sembler, à première apparence, menacer de les frustrer. Lorsqu'un
esprit ferme et décisif de est reconnu, il est curieux de voir comment
l'espace s'éclaircit autour de cet homme et lui laisse de la liberté."
Voici ce qu'a déclaré Simpson : "Un désir passionné et une volonté
inébranlable peuvent réaliser des choses impossibles, ou qui
semblaient l'être pour les faibles". Et Maudsley donne à la jeunesse
une grande vérité, quand il dit : "C'est ainsi que les aspirations sont
souvent des prophéties, les signes avant-coureurs de ce que sera
un homme dans s'il remplit les conditions". Et nous pouvons
conclure le paragraphe en citant Lytton : "Rêve, ô jeunesse, rêve
avec virilité et noblesse, et tes rêves sont des prophéties".

Ce principe de la puissance de l'image mentale est fortement


imprimé dans l'esprit du "chela" ou élève, par les professeurs de
Yogi. L'étudiant apprend que, que tout comme la maison est
construite conformément au plan de l'architecte, de même la vie se
construit selon l'Image mentale dominante. L'esprit se façonne
inconsciemment autour de l'image mentale ou de l'attitude
dominante, puis s'appuie sur le monde extérieur pour les matériaux
avec lesquels il construira selon le plan. Non seulement le caractère
d'une personne se construit de cette façon, mais les circonstances
et les incidents de sa vie suivent la même règle. L'élève Yogi est
instruit des mystères du pouvoir de l'esprit dans ce sens, non pas
qu'il s'agisse de l'utiliser pour construire un succès matériel, ou pour
réaliser ses désirs personnels, car on lui apprend à les éviter, mais
pour comprendre les rouages de la loi qui commande à son
environnement. Et c'est un fait bien connu pour rapprocher les
étudiants des sciences occultes, que les rares qui ont atteint un
niveau extraordinaire de développement utilisent ce pouvoir afin
d'aider les autres. De nombreux mouvements mondiaux ont été
dirigés par l'esprit de certaines de ces âmes avancées qui ont pu
prévoir l'idéal de l'évolution humaine, et en le visualisant et en se
concentrant sur lui dans la méditation, et ont en fait accéléré la
progression de la vague évolutive, et fait en sorte qu'elle se
manifeste effectivement telle qu'ils l'ont vue, et sur laquelle ils
avaient médité.

Il est vrai que certains occultistes ont utilisé des plans similaires pour
des fins personnelles égoïstes, souvent sans se rendre compte de la
puissance qu'ils employaient, mais ceci ne fait qu'illustrer le vieux fait
que les forces de la nature peuvent être utilisées pour le bien ou
pour le mal. Et c'est une motivation d'autant plus claire pour tous
ceux qui sont désireux de faire avancer l'espèce humaine et de
contribuer à l'évolution du monde, de faire usage de cette énorme
puissance dans leur travail. La réussite n'est pas condamnable,
même si nombreux sont ceux qui ont interprété et appliqué ce mot
de manière à le faire apparaître comme s'il n'avait pas d'autre
signification ni d'application que la brutalité et le matérialisme
égoïste qu'on lui attribue généralement, en raison de ses abus. Le
monde occidental joue son rôle dans l'évolution de l'espèce, et son
thème principal est "Réussite". Ceux qui ont progressé à un tel point
qu'ils sont capables de voir le monde des hommes comme on voit
une vallée dans la montagne, comprennent ce que signifie cette vie
occidentale épuisante. Ils y voient des forces puissantes en
opération, des principes puissants élaborés par ceux qui ne
réfléchissent pas à la signification ultime de ce qu'ils sont en train de
faire. Le monde occidental est aujourd'hui confronté à de grandes
choses...les changements se poursuivent, les grands changements
sont dans la matrice du temps, et l'heure de la renaissance
s'approche. Les hommes et les femmes du monde occidental se
sentent un envie puissante de "Réussir" quelque chose en prenant
une part active au grand drame de la vie. Et ils ont raison d'exprimer
pleinement cette envie, en utilisant tous les moyens légitimes
d'expression. Et cette idée de l'attitude mentale, ou de l'image
mentale, est l'un des plus grands facteurs de cette quête de la
réussite.

Dans cette leçon, nous n'avons pas l'intention de donner des


"secrets de réussite" à nos élèves. Ces leçons sont destinées à
remplir une autre mission, et il existe de nombreux autres canaux
d'information pour en savoir plus sur la "Réussite". Ce que nous
souhaitons est de faire comprendre à nos étudiants le sens de tout
cet effort actuel dans le monde occidental, et le principe directeur qui
y est employé. Les grandes réalisations du monde matériel sont
accomplies au moyen de la puissance de l'esprit. Les hommes
commencent à comprendre que "la Pensée se manifeste dans
l'Action", et que la Pensée attire à lui les choses, les personnes et
les circonstances en harmonie avec elle-même. Le pouvoir de
l'esprit se manifeste de centaines de façons.

La puissance du désir, soutenue par la foi et la volonté, commence à


être reconnue comme l'une des plus grandes forces dynamiques
connues. La vie de l'homme est entrée dans une nouvelle et étrange
phase de développement et d'évolution, et dans les années à venir,
L'Esprit sera perçu plus clairement et encore plus visiblement,
comme étant le grand principe qui sous-tend le monde de la matière,
des choses et des événements. Ce "Tout est esprit" est plus qu'un
rêve de l'expression métaphysique, il est en train d'être reconnu par
les philosophes et les penseurs.

Comme nous l'avons dit, de grands changements font face au


monde et l'espèce humaine, et chaque année nous rapproche de
leur éclosion. En fait, ils sont déjà là. Que tout penseur s'arrête et
réfléchisse sur aux merveilleux changements de ces six dernières
années, depuis l'aube du XXe siècle, et il serait bien étonnant qu'il
n'y découvre pas la tendance de l'évolution qui s'est mise en route.
Nous entrons dans un nouveau Grand Cycle de l'Espèce, et l'ancien
se prépare à être déposé comme une vieille enveloppe usée. Les
vieilles conventions, les vieux idéaux, les vieilles coutumes, les
vieilles lois, la vieille éthique et les savoirs dépassés en sociologie,
économie, théologie, philosophie et métaphysique ont sont devenus
trop creux et sont sur le point d'être "rejetés" par l'espèce. Le grand
chaudron de la pensée humaine bouillonne férocement, et beaucoup
de choses remontent à sa surface. Comme tous les grands
changements, le bien ne viendra qu'au bout de bien des douleurs,
toute naissance s'accompagne toujours de souffrances. L'homme va
ressentir la douleur et une perpétuelle agitation, mais il ne connaît ni
la maladie ni le remède. De nombreux faux diagnostics et fausses
prescriptions commencent à se pointer et deviendront de plus en
plus envahissantes au fil des ans. Beaucoup de ceux qui se disent
les sauveurs de l'espèce, prescripteurs de la douleur de l'âme et de
l'esprit, vont se lever et chuter Mais de tout cela sortira ce que
l'homme est en train d'attendre.

Les changements qui nous attendent sont aussi importants que les
changements de pensée et la vie décrite dans le dernier roman de
H. G. Wells, intitulé "Au temps de la Comète." En fait, M. Wells a
prophétisé dans cette histoire certains des changements mêmes
dont les âmes avancées ont informé leurs étudiants; l'intuition
prophétique de l'écrivain peut sembler merveilleuse, jusqu'à ce qu'on
se rende compte que même cet écrivain a été utilisé comme moyen
d'expression par la machine mentale du Changement lui-même.
Mais ce changement ne se produira pas en raison de l'explosion
d'un gaz provoqué par le frottement d'un comète glissant sur la
surface de la terre. Elle viendra du déploiement de l'esprit de
l'homme, un processus déjà entamé. Ne voit-on pas que tous les
signes d'agitation et de malaise mental deviennent de plus en plus
apparents au fur et à mesure que les jours passent ? La douleur est
de plus en plus grande, l'espèce humaine commence à s'agiter, à
s'irriter et gémir. Elle ne sait pas ce qu'elle veut, mais elle sait qu'elle
ce qu'elle ressent et attend quelque chose pour soulager cette
douleur. Les choses anciennes sont en train de chanceler et tomber,
et les idées rendues sacrées par des années d'observance sont
balayées par un étalage étonnant d'irrévérence. Sous la surface de
notre civilisation, nous pouvons entendre les gémissements des
idées et des principes qui s'efforcent se frayer un chemin jusqu'à
leur apparition.

Les hommes courent ici et là en pleurant pour trouver un chef et un


sauveur. Ils essayent telle ou telle chose, mais ils ne trouvent pas ce
qu'ils cherchent. Ils réclament la Satisfaction, mais elle leur échappe.
Et pourtant, tout cette recherche et cette déception font partie du
Grand Changement, et préparent l'homme à cette idée obsédante
"Ça va arriver". Pourtant, ce soulagement ne viendra pas de
n'importe où. Il viendra de l'intérieur. Tout comme, lorsque dans
l'histoire de Wells, les choses se sont redressées d'elles-mêmes
quand les émanations de gaz de la comète ont ouvert l'esprit des
hommes, les choses prendront leur nouvelle place lorsque l'esprit de
l'homme s'éclaircira au vu du nouveau développement déjà en route.
Les hommes commencent à ressentir la douleur d'autrui , ils se
sentent insatisfaits de la vieille règle du "chacun pour soi, et dieu
pour tous"; il avaient l'habitude de se contenter de réussites, mais
maintenant ils n'en sont plus aussi satisfaits. L'homme au sommet
devient solitaire, mécontent et insatisfait, son succès semble le
consterner, et pour certains, de manière mystérieuse. Et l'homme de
la base sent remuer en lui des désirs et des envies étranges, et
beaucoup d'insatisfaction. De nouvelles causes de frictions
émergent, de nouvelles idées surprenantes sont soudainement
avancées, soutenues et défendues.

Les relations entre les gens semblent insatisfaisantes. Les


anciennes règles, lois et obligations s'avèrent agaçantes. De
nouvelles, étranges et sauvages pensées émergent dans l'esprit des
gens, qu'ils n'osent pas exprimer à leurs amis, et pourtant ces
mêmes amis éprouvent des idées similaires au fond d'eux-mêmes.
Et d'une manière ou d'une autre, tout cela couvre certaine recherche
d'honnêteté, oui, c'est de là que les ennuis semblent venir, le monde
est fatigué de l'hypocrisie et de la malhonnêteté dans toutes les
relations humaines, et il crie à haute voix sa volonté d'être ramené,
d'une manière ou d'une autre, à la Vérité et à l'Honnêteté dans la
Pensée et l'Action. Mais il ne voit pas d'issue! Et il ne trouvera pas
clairement son chemin jusqu'à ce que l'esprit humain puisse se
déployer encore plus loin. Et l'inquiétude de cette nouvelle évolution
de la situation agite l'homme au plus profond de lui-même. Depuis
les profondeurs de l'esprit humain remontent à la surface de vieilles
passions, des témoignages de l'époque des cavernes, et toutes
sortes d'horribles reliques mentales du passé. Qui continueront à
s'élever et à apparaître jusqu'à ce qu'enfin le bouillonnement de la
marmite commencera à se calmer, puis cèdera la place à une
nouvelle paix, et viendra alors à la surface le meilleur, l'essence de
toutes les expériences de l'espèce humaine.
À nos étudiants, nous dirions que pendant le bond en avant de
l'homme, jouez bien votre rôle, faites de votre mieux en vivant
chaque jour par vous-même, et en abordant chaque nouvelle phase
de la vie avec confiance et courage. Ne vous laissez pas tromper
par les apparences, ni ne suivez d'étranges prophètes. Que le les
processus évolutifs s'élaborent d'eux-mêmes, et vous surferez sur la
vague sans vous débattre et sans trop d'efforts. La Loi s'en sortira
parfaitement bien, vous pouvez en être certains. Même ceux qui ne
sont arrivés qu'à une compréhension et une reconnaissance
partielles de la vie unique sous-jacente, découvriront qu'ils seront le
peuple élu lors des changements qui se préparent. Ils ont atteint ce
que recherche l'espèce humaine dans la douleur et le travail. Et la
force derrière la Loi les portera, car ils seront le levain qui allègera la
grande masse de l'espèce humaine dans la nouvelle donne. Non par
des actes, ni par l'action, mais par la Pensée, ils feront lever la
masse. La Pensée est déjà maintenant au travail, et tous ceux qui
lisent ces mots jouent déjà un rôle dans ce travail, bien qu'ils n'en
aient pas conscience. Si l'espèce humaine pouvait réaliser cette
vérité de la Vie unique qui le sous-tend dès aujourd'hui, le
changement se produirait en un instant, mais elle ne se fera pas de
cette façon. Lorsque cette compréhension se fera progressivement
dans l'homme, cette nouvelle conscience, alors les choses prendront
leur propre place et le Lion et l'Agneau se coucheront ensemble en
paix.
Nous avons pensé qu'il était bon de vous dire ces choses dans la
dernière leçon de ce cours. Ce sont des mots nécessaires et ils
serviront à indiquer la voie à ceux qui savent lire. "Observez et
attendez le Silence qui succède à la tempête".

Dans cette série de leçons, nous nous sommes efforcés de vous


donner une présentation simple et pratique de certaines des
caractéristiques les plus importantes du "Raja Yoga". Mais cette
phase du sujet, aussi importante et intéressante qu'elle soit, n'est
pas la phase la plus élevée des grands enseignements du yoga. Elle
est simplement la préparation du terrain de l'esprit pour ce qui
viendra après. La phase appelée "Gnani Yoga" - le Yoga de la
Sagesse - est la plus élevée de toutes les différentes phases du
yoga, bien que chacune des étapes précédentes soit importante en
soi. Nous nous trouvons proche de la phase de notre travail que
nous avons longtemps souhaitée. Ceux qui ont conseillé et dirigé ce
travail nous ont conseillé de traiter les phases les moins avancées et
les plus simples, afin de préparer les esprits de ceux qui pourraient
être intéressés à se tenir prêts pour des enseignements supérieurs.
Nous avons parfois ressenti de l'impatience en attendant du jour où
nous pourrions vous enseigner le niveau le plus élevé que nous
avons atteint. Le temps semble être venu. Suite à cela, nous
commencerons une série de leçons de "GNANI YOGA" - le yoga de
la Sagesse - dans laquelle nous transmettrons à nos étudiants les
enseignements les plus élevés concernant la Réalité et ses
manifestations, l'Unique et le Multiple. Les enseignements selon
lesquels "Tout est esprit" seront expliqués de manière à être compris
par tous ceux qui nous ont suivis jusqu'à présent. Nous serons en
mesure de vous communiquer les vérités supérieures de l'évolution
spirituelle, parfois appelée "Réincarnation", ainsi que la Cause à
Effet Spirituels, souvent appelés "Karma". Les plus hautes vérités
sur ces sujets importants sont souvent obscurcies par de fausses
idées populaires issues d'un enseignement parcellaire. Nous
sommes convaincus que vous, nos étudiants, vous souhaiterez nous
suivre sur ces hauteurs, plus haut que nous ne nous sommes
aventurés jusqu'à présent, et nous vous assurons qu'il y a une Vérité
à voir et à connaître qui est aussi élevée que les autres phases
auxquelles nous avons touché, car ces phases ont été plus élevées
que les actuelles croyances des masses. Nous sommes convaincus
que les pouvoirs de la connaissance peuvent nous guider et nous
orienter afin de pouvoir vous transmettre notre message de manière
à ce qu'il soit accepté et compris. Nous remercions nos étudiants qui
nous ont accompagné si loin avec nous, et nous les assurons que
leur sympathie affectueuse a toujours été pour nous une aide
précieuse et une inspiration enrichissante.

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ses connaissances et aider les autres sur les sujets de
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passionnée nous ferons des efforts supplémentaire pour toujours
mieux vous servire.

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vraiment que le résultat, d'un vrai succès dans la vie, est le résultat
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