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PSY-E323 : Sexualité, genre et

psycho(patho)logie
Cours de Detandt Sandrine
Notes de Winandy Alexia

2020-2021

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1.Le cadre épistémologique
La parisienne – Marie Paul Bel => Chanson à écouter la prof trop chouette sera contente ! Cette
chanson qui date des années 70 montre que les thématiques abordées aujourd’hui l’étaient déjà il y a
40 ans.

L’histoire des sciences de la sexualité est une histoire de guerre de frontière entre ces plans de corps
et de l’âme, de l’hérédité et de l’acquis, de l’espèce et de l’individu, du corps et de la psyché, du
physiologique et du symbolique. (…) C’est dire que ce qui compte comme universel ou particulier,
générique ou spécifique, propre à l’humain ou propre au féminin est aussi en jeu dans ces modes de
connaissance et formes d’expériences de la sexualité. La cartographie de ce qui est finalement défini
comme normal ou pathologique, sain ou malsain, se trouve alors compliquée par ces éventuelles
étiologies genrées. » (Gardey & Vuille, 2018:7)

 C’est très compliqué de définir ce qu’est le sexuel, on va très vite se retrouver avec soit des
définitions de pratiques (question de ce qui est légitimé et de ce qui ne l’est pas), soit des
questions sur les rapports entre les individus (tout ce qui peut être de l’ordre du sexuel dans
une relation – zone floue où on quitte la relation d’amitié ou de discussion). La manière dont
les sciences pensent la sexualité aujourd’hui (âge, nombre de partenaires, performance) n’a
aucun interstice possible que celle autre impliquée par ces définitions.

« Dans un contexte postpositiviste, le rôle de la théorie est à la fois plus modeste et plus important
[que précédemment]. Il est plus modeste car l’on admet que la théorie est à la fois locale et
transitoire et qu’elle se fonde sur ce qui semble le plus plausible et le plus convaincant plutôt que sur
ce qui est “vrai”. Ce rôle est plus important en ce que la théorie cherche à donner un sens au monde
tout en n’excluant pas de réinterpréter les significations des recherches et les résultats et de les
intégrer dans des systèmes de pensée différents ». (p. 71)
« Dans les sociétés complexes, les scénarios sexuels de la sexualité ne sont ni monolithiques ni
hégémoniques, même au sein de chaque institution. On observe plutôt une lutte permanente entre
les groupes et les individus pour faire valoir leurs propres scénarios » (p. 83). (Gagnon 2008)

 Gagnon est un sociologue qui a défini les scripts sexuels.

• Positivisme : La science va pouvoir connaitre les règles et les lois d’un objet. Le positivisme
postule que l’objet existe et qu’on va pouvoir le découvrir
o Exemple : la dépression existe et à un moment donné on va si on a les bons outils pour
l’explorer on va pouvoir la décrire et la déplier et elle sera indépendante du contexte
dans laquelle elle émerge
• Post positivisme : l’objet existe et on ne pourra pas connaitre en entier
o Exemple : la dépression existe mais on ne comprendra jamais complètement d’où elle
vient, son origine ou certains de ses effets
• Constructivisme : l’objet existe dans l’interaction entre celui qui l’observe et l’objet (aussi
toute forme de la psychologie) en question qui est manipulé/regardé
o Exemple : la dépression existe dans l’interaction d’un environnement qui participe à
la construction de l’objet dépression et un sujet qui a un vécu dépressif.
• Post-constructivisme : il y a un rapport entre l’objet (dépression) et le sujet qui le regarde mais
aussi la manière dont l’observateur a ses propres représentations et appréhensions du concept

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(dépression). Ça va modifier la manière dont il va appréhender l’objet (Paul Breciado => le type
du livre est dans cette épistémologie).
Idée que plus rien n’existe indépendamment de l’observateur (fonctionne pour la santé
mentale mais pas pour une craie) => Fonctionne pour des construits psychosociaux

2. Historique des concepts


La sexualité comme objet interstitiel :

La psychologie en tant que science indépendante (qui se sépare de la philo et de la médecine) arrive
au moment où on peut accéder à l’intérieur des corps (Vésal).

La psychologie s’est émancipée en tant que science indépendante alors qu’on aurait pu se dire que
plus on évolue dans la compréhension physique du cerveau, plus on devrait remettre cette branche à
la médecine (mais ça n’est pas le cas).

Plus on connait la spécificité physique de la psychè, plus on a besoin de la psychologie comme champ
spécifique de la compréhension de l’humain avec des lois qui lui dont propres (ni des lois médicales –
logique biologique, ni des lois sociales – logique sociologique), ça s’est passé de la même manière pour
la sexualité.

Quand on pense à la sexualité c’est la même chose : on s’est retrouvé avec une terminologie (mot
sexualia)

Sexualia : depuis l’antiquité et repris par les philosophes de cette époque (Aristote, Platon). Ils
s’intéressent à la sexualité autant dans les pratiques que dans l’absence de pratiques. On retrouve le
terme sexualia autant dans des manuels de philosophie, de médecine, de diététique… Au même
moment que la psycho, la médecine se sépare de cette branche.

1758 : Tissot fait un premier travail sur l’onanisme et c’est sur les maladies produites par la
masturbation. Il n’y a pas très longtemps on pensait encore que la masturbation produisait des effets
physiologiques.

1859, Darwin : théorie prévisible sur la question de la sexualité comme nécessaire pour l’évolution et
la pérennité de l’espèce.

Jusque-là la médecine s’était cantonnée à décrire des organes et n’avait pas vraiment pris de fonction
d’évaluation ou d’expertise par rapport à la question des sexualités. C’est au 18ème siècle que la
médecine s’empare de pratiques qui jusque-là ne relevaient absolument pas de son champ. C’est-à-
dire de la sodomie, des attentats à la pudeur, des viols : toutes les pratiques sexuelles qui sont
considérées comme déviantes et qui deviennent des pathologies psychiatrisées. C’est intéressant pour
l’état et le pouvoir de l’époque car à partir du moment où une pratique devient pathologisée elle
devient expliquée, justifiée, psychiatrisée et juridiquement reprise sous des lois qui permettaient de
mettre des gens en prison ou de les poursuivre.

C’est à partir de ces préoccupations de la médecine légale que la psychiatrie (et pas psychologie => on
reste du côté de la médecine) commence à prendre en considération de plus larges aspects des
conduites sexuelles dites « désordonnées ».

Au moment où l’Allemagne va se constituer en un état, la Prusse qui contenait l’ensemble des états
allemands étaient séparés en cantons qui avaient leurs lois distinctes et pour pouvoir fédérer leurs
états dans les années 1950, ils ont décidé de pouvoir proposer à qui voulait s’exprimer de donner son
avis sur le projet de loi global auquel allait devoir répondre la future Allemagne. Dans ce projet de loi

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global, il y avait la question des inversions sexuelles (homosexualité, sodomie, viol). C’est un médecin
et un juriste (tous deux homosexuels* - le mot n’existait pas encore à l’époque-) qui vont réclamer un
mot pour pouvoir être mis en dehors du champ légal, pour pouvoir être spécifiés comme distincts de
cette série qui avait été fait entre viol, sodomie et inversion sexuelle. Ils vont inventer plusieurs mots
donc « homosexualitat » qui deviendra « homosexualité ».

 De tout temps, la question des sexualités a été prise entre un ordre moral (représenté par la
loi) et la manière dont la médecine la considérait comme un champ pathologique ou non
pathologique. Toutes les questions qui ont lieu aujourd’hui pour les minorités trans (même
que pour les lesbiennes ou les gays – bien que la situation soit différente car ceux-ci n’avaient
pas besoin de soins pour vivre), elles sont constamment prises en tenaille entre le fait de
vouloir réclamer une dépathologisation (quelque chose qui était anormal au préalable) et dans
le même temps, pour pouvoir bénéficier des remboursements médicaux, de tout le suivit
médical et paramédical, elles sont obligées de rentrer dans une logique de pathologie ou de
santé mentale.
 Dans les questions de sexualité on est toujours pris dans des discours socio-politiques ou des
discours médicaux pathologisant. Trouver la spécificité de ce qui est la sexualité (qui inclus
l’orientation sexuelle, l’identité de genre, les pratiques sexuelles) dans un discours qui soit
psychologique est très compliqué vu les deux niveaux de tension.

Les désordres sexuels = comportements immoraux mais aussi symptômes d’une condition morbide
sous-jacente

 Quand quelque chose d’immoral est à la fois quelque chose que l’on peut considérer comme
pathologique on n’a même plus à considérer la question de moral ou immoral. Exemple : VIH
dans les années 80. Avoir une maladie qui tombait spécifiquement sur les gays et les personnes
afro descendantes et pouvoir dire que cette maladie ne touchait que des pratiques qui étaient
jugées moralement répressives était quelque chose de parfait. Cela venait répondre à un
endroit où la société était en pleine guerre pour comprendre ce qu’elle allait faire avec ces
mouvements militants LGBT.

Les psychiatres classifient et essayent d’expliquer le large éventail de comportements sexuels «


déviants » qu’ils avaient repérés :

1886 Von Krafft-Ebing : psychiatre qui va écrire une bible de la psychopathologie sexuelle :
Psychopathia Sexualis. Dans laquelle il fait un grand nombre de planches qui tentent de représenter la
maturité et toutes les « anomalies » des organes génitaux => manière d’appréhender la sexualité qui
est génitalisée. Un grand nombre de nouvelles étiquettes et catégories de perversion émanent car
quand il repère des différences en termes de pratiques ou de normes sexuelles il nomme cela avec une
nouvelle étiquette (//).

• Collection et publication des « histoires de cas » et de récits autobiographiques de patients


• Création de nouvelles étiquettes et de nouvelles catégories de perversions
• Homosexualité et hétérosexualité dans les années 1860
• Puis exhibitionnisme, voyeurisme, fétichisme, pédophilie, bestialité, sadisme, masochisme, …

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Ces derniers termes étaient très associés (dans l’imaginaire du moins) à cette distinction initiale
hétérosexualité/homosexualité. Encore maintenant, on voit un nombre important de personnes qui
confondent sexualité et pédophilie…

Pour toutes ces questions des personnes LGBT on a comme logique de la possibilité de transformer
l’injure à son propre avantage. Les personnes LGBT vont utiliser le langage SM ou de la bestialité pour
justifier leurs pratiques. Le mot « queer » est un mot qui voulait dire « les dégénérés, les sauvages, les
monstres, … » et c’est la manière de vouloir s’emparer d’une façon dont on était nommé et de le
reprendre pour soi.

Krafft-Ebing classait les lesbiennes en quatre types masculins de plus en plus déviants :

• Le premier regroupait les femmes qui « ne trahissaient pas leur anomalie par leur apparence
extérieure, ou par des caractéristiques sexuelles mentales [masculines] »
• Et le deuxième, les femmes manifestant « une préférence marquée pour les vêtements
masculins ».
• Dans le troisième, en revanche, « l’inversion » était « pleinement développée, la femme
[endossant] un rôle tout à fait masculin » (de type avoir un métier et gagner de l’argent).
• Quant au quatrième, il représentait « le degré ultime de l’homosexualité dégénérative. La
femme de ce type », explique Krafft-Ebing, « n’a d’autres qualités féminines que ses organes
génitaux ; la pensée, le sentiment, l’action et jusqu’à l’apparence extérieure sont ceux d’un
homme » (1886, p. 262-264)

Una Troubridge (gauche) and


Radclyffe Hall : Une artiste et une
écrivaine lesbienne. Radclyffe Hall est
celle qui a presque construit le genre
homosexuel lesbien de ce style.
Pendant tout un temps on s’est
demandé si c’était les médecins qui
avaient « inventés » la « femme
camionneuse » mais ce sont les
femmes elles-mêmes (surtout issues
de milieux prolétaires) qui ont
volontairement pris ces allures plus
masculines comme style et comme
étendard lesbien pour pouvoir être
visibilisées et identifiées.

 On passe de la morale à la psychiatrie, récupération de savoirs émanant d’un ordre religieux


par les savoirs dit scientifiques, ce qui permet de maintenir l’ordre moral sous couvert d’une
nouvelle épistémologie beaucoup plus difficile à critiquer évidemment. Les savoirs dit
« scientifiques » légitimisent l’ordre moral qu’ils mettent en place.
 Création de la gynécologie : une médecine qui désincarne l’organe de son ancrage
psychosexuel.

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Freud & Havelock Ellis : Une première émancipation ?

Freud a eu une place magistrale dans le discours sur la sexualité car au début du 20ème siècle c’est le
« premier » (& Havelock Ellis) à ramener la sexualité dans quelque chose de psychologique. Jusqu’à
1905, la sexualité n’est que pensée sur son versant physiologique sans articulation avec les psychisme.
Il a une pensée relativement radicale qui est de penser la sexualité comme universelle psychosexuelle,
(La sexualité n’est pas naturelle de la même façon qu’elle le serait chez les animaux – périodes/
rythmes – mais elle serait psychosexuelle : elle s’articulerai à des pulsions qui, émanant du corps, sont
des percées psychiques. La question du fantasme, du rapport à la pulsion, de la transgression n’avait
jamais été abordée pour penser la sexualité jusque-là)

Il construit une théorie du fonctionnement humain au-delà de ce qu’est la sexualité pendant l’acte ou
la pensée sexuelle qui s’étaye de quelque chose de très sexualisé : les différents stades (oraux,
phalliques, …) sont des façons d’appréhender le développement humain de manière assez verticale :
Il a donc une vision déficitaire dans la façon de penser le passage de ces différents stades : Si on a
atteint tel stade on a réussi (si on a passé l’Œdipe on peut passer dans la classe des névrosés mais
sinon on est recalé et on reste psychotique et si on le passe mais sans le reconnaitre on est pervers).

 Le complexe d’œdipe a une vision très hétéronormative sur comment les identités sexuelles
se constituent.

Le complexe d’Œdipe a le mérite à son époque de remettre la question du sexuel au centre du


psychisme, ce qui ne peut plus être remis en doute aujourd’hui même si on s’évertue à biomédicaliser
la sexualité.

Freud invente un nouveau sujet et dessine une cartographie inédite où il.elle est agi.e à l’intersection
de l’instinct, de la pulsion, du conscient, de l’inconscient, de la soma et de la psyché, de l’inné de
l’acquis, de l’individuel et du social.

Lacan reprend la question du sexuel dans la dimension linguistique. Il met en évidence que d’une
certaine manière, le sexuel en passant par le langage, rend l’interaction avec l’autre éminemment
sexualisée d’emblée. La façon de parler rend compte du sexuel bien plus que d’une vérité des corps
unique. Il sort la sexualité du physiologique pour l’ancrer fondamentalement dans le langage et le
discours.

Des psychanalystes attestent de la manière donc ces théories qui se voulaient émancipatrices au
départ sont devenues des théories qui viennent justifier un ordre social et moral et c’est précisément

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en contrepied de cela que la psychanalyse ou la psychologie clinique doit pouvoir repenser le rapport
à l’autre.

Après seconde guerre mondiale

Des mouvements sociaux deviennent majeurs avec un éclatement des cadres traditionnels : un grand
renouveau au niveau démographique : beaucoup de décès => Baby boomer => justification pour avoir
un grand nombre d’enfants au sein d’une même famille mais c’est pas si grave si c’est en dehors du
cercle familial (allons y gaiement) car il faut valoriser l’enfant avant de valoriser l’unité familiale ou du
couple.

La multiplication des référents en matière de normes sexuelles : c’est entre les années 60 et
aujourd’hui qu’il y a eu le plus de groupes qui se sont constitués pour les droits des minorités sexuelles
(d’abord aux US puis en Europe)

Le délitement partiel du modèle parental : de l’unité familiale constitué d’un papa, d’une maman et
de deux enfants

La cellule familiale n’est plus le seul lieu du sexuel légitime : la sexualité avait toujours existé en dehors
de la cellule familiale mais elle n’était pas légitimée. Avec les mouvements sociaux et les protestations
de mai 68 et autre, il y a une sortie légitimée du sexuel dans les espaces publics, dans les espaces privés
en dehors de l’unité familiale

Nouvelle idéologie : Idéologie de l’amour libre. Quand on voit les nouvelles formes de nomination des
polyamoureux des chatonnades. Cela dit quelque chose de la façon dont on pense cette question de
libération sexuelle, de sexualité aujourd’hui qui doit être impérativement légitimée sur tous les fronts :
notre corps, notre esprit et nos pratiques doivent être libres. Impératif paradoxal avec la question de
la liberté. On remet au cœur la question qui est devenue fondamentale récemment du consentement.

Chatonnades : personnes qui se retrouvent sous un format qui ressemble à des partouzes mais qui
sont plutôt organisés durant de longs week-end ou des semaines en commun. Le but est de laisser
le plus de liberté possible aux pratiques, à l’amour et que tout ça doit pouvoir se mélanger et
transcender tous les cadres de ce qui se fait dans une relation amoureuse, de ce qui se fait dans une
relation tendre ou pas. Entre homme entre femme ou entre personnes qui ne se définissent pas.
C’est en référence aux chats qui circulent sur le net quand il ne faut pas transmettre d’informations
sur un attentat. C’est pour revendiquer que le consentement étant la norme de ces lieux-là, il n’y a
aucune consommation autorisée pour mettre celui-ci au cœur des pratiques.

MASTERS, KINSEY : Les sexualités quantifiées

1960 : Masters and Johnson

Ce sont les premiers à faire des études de follow-up après 5 ans d'une sexothérapie journalière étalée
sur une quinzaine de jours. Ils créent par la même occasion la sexothérapie qui n’existais pas encore
(et qui n’existe toujours pas vraiment).

Description de l’activité sexuelle comme fonction physiologique, indépendante de la reproduction. Ils


distinguent cette question d’avoir des pratiques sexuelles qui puissent être en dehors des pratiques
reproductives. Il visibilisent le clitoris comme un organe qui a sa fonction spécifique : celle de donner
du plaisir et rien d’autre.

Ce sont les premiers à décrire les différentes phases du cycle de l’excitation sexuelle avec l’orgasme,
le plateau, la descente, … Et aussi les premiers à séquencer les différents troubles sexuels qui peuvent

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être associés à un trouble de l’excitation désir, un trouble de l’anorgasmie (excitation et désir sont là
mais pas de possibilité d’atteindre l’orgasme), incapacité à redescendre du plateau.

Nouvelles classifications (introduction des notions de primaires et secondaires; classification des


troubles de la phase orgasmique

Ils ont des mesures physiologiques de la réponse sexuelle réhabilitant l'orgasme clitoridien

Alfred C. Kinsey (1894-1956)

Très critiqué et critiquable

• A conduit de nombreux questionnaires auprès de la population générale (on apprendre au fur


et à mesure de cette étude que ce n’était pas que la population générale mais qu’il avait mené
ses recherches en prison => résultats obtenus sensiblement influencés par le lieu de
recrutement mais ça a eu le mérite de faire une explosion sociale lors de la sortie des résultats
car ceux-ci paraissaient complètement hallucinants à l’époque).
• Premier a avoir dit que 10% de la population est homosexuelle (chiffre qui est toujours le
même aujourd’hui), le fait que presque tout le monde se masturbe (échantillon
majoritairement masculin), qu’on pouvait avoir des orgasmes multiples, qu’une personne sur
4 trompe son partenaire, …
• Bien que cette étude souffrît d’écueil scientifique et donc n’a pas de valeur sur ce qu’elle a
permis de visibiliser de la société à un moment donné, elle a eu le mérite de susciter une
déflagration dans la conscience morale de l’époque.

Pionniers : Kinsey, Masters and Johnson

On voit que dans le même temps, la psychanalyse et les psychanalystes ont eu une place terrible dans
cette colonisation des lieux intimes et de l’intimité sexuelle. Encore aujourd’hui, il y a des psychologues
et des psychanalystes qui considèrent que l’homosexualité est liée à une identification excessive à la
mère, le lesbianisme est lié à une absence de reconnaissances du père => Théories de « collage »
extrêmement faciles à appliquer mais on peut se dire que tout le monde a un problème d’identification
quel qu’il soit à ses parents et la manière dont on tente de trouver nos repères vis-à-vis d’eux sont du
registre de tout un chacun. Dire ça ne dit donc rien des sujets si ce n’est de maintenir un ordre moral.

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1956-1970 : Création de la pilule contraceptive féminine et légalisation

En parallèle du féminisme qui ne démarre pas dans les années 50 mais qui a pris de l’ampleur avec des
avancées biomédicales comme l’invention de la pilule contraceptive, la loi Veil, …

Cette loi Veil (1975) permet de protéger les femmes et de libéré une parole qui est celle du droit au
plaisir : la sexualité ne devrait plus être uniquement associée à la procréation. Si une femme tombe
enceinte elle ne doit pas en payer les conséquences

Cela devient un critère de la définition du bien-être (prémisse du concept de santé sexuelle => voire
suite du cours)

1976 Histoire de la sexualité, Foucault

La sexualité se méconnait elle-même et il s’agit d’en faire son histoire pour pouvoir appréhender cet
objet qui n’existe pas en dehors du champs dans lequel il est pensé (post-constructivisme)

1980 : grosses avancées au niveau biotechnologique :

Approches urologiques :

• Reconnaissance de la fréquence des problèmes organiques notamment dans l'impuissance


masculine (les troubles érectiles) après 55 ans
• Premiers traitement chirurgicaux pour ces troubles

Permettent de renaturaliser fondamentalement la sexualité car il y a beaucoup d’études qui se font


autours des troubles érectiles et premiers traitement chirurgicaux.

Le corps des femmes : centre de toutes les attentions

• Rapport à la maternité
• Contrôle sur le corps propre, contre l’objectivation

On re situe la question du sexuel au niveau des organes. Les femmes ont toujours fait l’objet d’une
attention totale concernant leur sexualité. Le fait qu’il n’y avait pas la possibilité pour le corps médical,
pour l’imaginaire de se représenter ce qu’était l’orgasme féminin, la sexualité féminine, le désir, …
(dans les approches majoritaires pour l’homme => orgasme pouvait être facilement identifié =>
éjaculation. Manuels de gynécologie : indicateur des troubles de la sexualité : érection, maintenir, de
quoi est composé le sperme, … Impossibilité à appréhender dans la sexualité féminine).

Pour se faire, on a des recherches effectuées sur la femme pour essayer de comprendre à quoi sert le
clitoris et pour le situer dans une logique évolutionniste (à quoi ça sert ; s’il est là c’est qu’il sert à
quelque chose) et une objectivation total du rapport de la femme à sa sexualité (il faut bien essayer
de trouver où était cet orgasme).

Si on regarde des films pornographiques, ils représentent l’orgasme féminin de façon qu’on le voit
(clitoris gonflé, liquides, … ) => travaille avec le même imaginaire de façon à pouvoir tenir la sexualité
féminine.

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La pilule contraceptive accessible et commercialisée => Attention encore plus forte sur le corps des
femmes et sur le contrôle du corps des femmes autours de la maternité

Abus sexuels

• Intérêt pour le traitement des abuseurs

Avant on se cantonnais à repérer la personnalité des pédophiles qui était très rapidement associée à
des troubles des paraphilies (tout ce qui concerne les sexualités dites anormales et qui donc étaient
totalement mélangées entre des pratiques qui ne répondent pas au normes et des pratiques qui ne
répondent pas à la lois => on verra plus tard que les deux sont très associés)

C’est là un premier temps d’une psychologisation de ce que produisent les effets des abus sexuels sur
les personnes qui les subissent (généralement femmes et enfants).

(1905) Freud avait déjà construit sa théorie de l’hystérie et du traumatisme autours de cette question
d’un abus réel ou fantasmé du parent vers son enfant mais ça restait majoritairement du côté du
fantasme.
Dans les années 80, on commence à s’intéresser aux effets réels des abus sur les enfants

Conjugalités et sexualités

• Secrets d'alcôve: Histoire du couple 1830-1930

Réflexion sur ce qu’a pu être le couple de tout temps. On essaye de penser la manière dont le couple
c’est institué comme structure sociale. On commence à penser la question du couple par le prisme de
l’intimité et du sexuel (novateur).

Le SIDA et l’ère de la responsabilité/confiance

La perception du risque, le rapport au corps et les relations aux autres :


• L’enveloppe corporelle comme frontière poreuse/hermétique(Douglas et Calvez, 1990)
• Les stratégies de « protections imaginaires » (Mendès-Leite,2016)
• Les liens communautaires (Girard; 2013)

La prévention du VIH s’est construite autour des rapports de confiance


• 1981-1983 : peut-on faire confiance aux médias qui parlent du « cancer gay » ?
• Les frontières de la confiance
o La réduction du nombre de partenaires
o La norme du préservatif

Dans les années 80 on a un boom du SIDA. C’est à cette époque que les premiers cas arrivent. On n’a
aucune idée de pourquoi cette infection est arrivée.

L’apparition du SIDA modifie fondamentalement le discours que l’on va avoir sur la sexualité et la
manière dont on va se positionner par rapport au sexuel (du pdv social mais aussi intime) : perception
de la sexualité comme quelque chose qui produit du risque.

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On passe d’une société qui appréhende le sexuel comme objet de morale, de transaction à une société
qui l’appréhende comme objet de risque. Il y a un risque tangible et la question de la mort est
imminente (on pouvait mourir dans l’année)

La question du SIDA et de la manière dont il va réorganiser la structuration de la sexualité légitimée et


non légitimée (le SIDA a été un des vecteurs les plus forts pour l’ensemble des militantismes : pas
seulement pour les militantismes gay mais les femmes ont aussi une place incroyables dans la lutte
VIH SIDA.

Cette question du rapport au risque fait que le cors devient le lieu de toutes les luttes en termes de
rapport à l’internalité et à l’externalité. La question des espaces (psychiques, théâtres intérieurs) est
fondamentale dans la construction psychique et le corps (parmi toutes les enveloppes qui permettent
de se constituer psychiquement) en est une qui est tout à fait fondamentale car c’est celui à partir
duquel on peut plus ou moins se positionner/ être reconnu socialement.

Le corps est le lieu d’une nouvelle porosité : il n’est plus du tout un espace clos ou semi-clos car le SIDA
produit un effet (discursif et réel) qui fait qu’on ne sait plus quelle est la limite entre ce qui fait la sphère
intime, ce qui fait la sphère privée et ce qui fait la sphère danger. Dans la dialectique du rapport à
l’autre (intimité, sexualité), c’est fondamental. Aujourd’hui, on négocie encore l’autre comme question
poreuse ou non poreuse vis-à-vis de cela.

Autours de cette période du SIDA, il y a :

• des stratégies de réduction de risque réel qui se mettent en place : pratique uniquement entre
séropositifs, ...)
• Et aussi des pratiques de protection imaginaire : pas du tout protectrice en terme sanitaire
mais permettaient de pouvoir justifier toute une série de pratiques ce qui est « nécessaire »
pour le sujet (chemsex => on se décale des normes sociales donc on a besoin de protections
imaginaires, des explications pour eux-mêmes).

Les frontière de la confiance : ces frontières sont externalisées car ce n’est plus la confiance comme
un concept psychologique mais la confiance comme des pratiques de réduction de risque (port du
préservatif, réduction du nombre de partenaires, …).

La communication a systématiquement travaillé avec la confiance au centre dans les relations


interpersonnelles.

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La confiance et la responsabilité à l’ère de la prévention biomédicale

Le traitement comme outil de prévention (charge virale indétectable, PrEP) reconfigure les rapports
de confiance :
• Accent sur une lecture probabiliste du risque
• Nouvelles formes de négociations entre partenaires : « biomedmatching »(Grov et al., 2018)
• Individualisation croissante de la responsabilité

 Le TasP comme révélateur des relations sociales entre les hommes gais
 Constat emblématique du nouveau « contrat social » de la lutte contre le VIH et du rapport
à la sexualité plus généralement

Aujourd’hui nous sommes sûrs de possibilités d’accompagnement et de traitements du VIH SIDA


(pareil dans la question de la pilule contraceptive) mais on est dans un rapport à l’idée du
thérapeutique/médical qui va venir prévenir toutes ces sexualités « à risque » et qui va reconfigurer le
rapport à la confiance du côté d’une certaine invisibilité (car la pilule on ne la prend pas spécialement
devant le partenaire, pareil pour le traitement VIH).

• TasP : Treatment as prevention


• PrEP : Traitement prophylactique préexposition. N’est remboursé que pour les personnes dont
on considère qu’elles prennent des risques dans leur sexualité. Circularité dans la manière dont
les thérapeutiques médicales traitent la sexualité des pratiques.

 On est aujourd’hui dans des nouveaux paradigmes : on passe de « on se fait confiance » à des
nouvelles formes de négociation « biomed-matching » => Est-ce qu’on est bien sous
traitement ?

On est dans un rapport à la sexualité et au risque qui est réindividualisé et probablement aussi
désincarné de la relation et des rapports de pouvoir et des négociations.

Nouveau « contrat social » de la lutte contre le VIH et du rapport à la sexualité plus généralement : les
relations sociales sont coordonnées et structurées par un rapport à la confiance totalement
individualisé et responsabilisant du côté des sujets.

1990 Clinique de la sexualité :

• Développement de la sexothérapie
Le concept de « santé sexuelle » s’inscrit « dans le contexte et le prolongement du concept
de santé défini dans le préambule de la constitution de l’OMS comme ‘un état de complet
bien être physique mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie
ou d’infirmité’ » (Giami, 2002).
• Développement de la recherche interdisciplinaire sur les problèmes liés aux identités
sexuelles

Dans les années 90 on commence à avoir une clinique de la sexualité avec le concept de « santé
sexuelle » qui émerge.

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• Avantages de replacer la sexualité du côté d’une santé sexuelle : ça l’inscrit dans un contexte
plus large d’une définition de la santé par l’OMS sous laquelle est aussi reprise la santé mentale
=> état de bien-être complet physique, mental, social dans lequel ce n’est plus uniquement
l’absence d’une infirmité mais ça doit être un plus (pas uniquement par la négative)
• Peut questionner sur ce que cela présuppose de la vision que l’on a de la sexualité, de la santé
mentale. On est dans une vision très idéale et soutenue : une sexualité qui doit être accomplie,
positive, dans une dynamique relationnelle, … Ce qui évince un certain nombre de personnes
qui ne se retrouvent pas du tout là-dedans et qui ne retrouvent pas un accompagnement
clinique ou thérapeutique qui leur convient car ils ne rentrent pas dans ces codes là.

L’homosexualité sors du DSM et de l’ICD et de l’OMS : on peut se mettre à réfléchir de ce qu’il en est
des pratiques sexuelles, des orientations sexuelles, et des relations au-delà d’une vision pathologisante
et stigmatisante des personnes.

Années 2000 :Viagra (1998)

Développement de nouveaux traitements pharmacologiques

Dans la même lancée que dans les années 80 avec l’urologie : au moment où le viagra a été développé
ça a été un bouleversement dans les pratiques sexuelles, dans le rapport à la honte chez les hommes,
dans le rapport à la performance et dans la dialectique relationnelle.

Deux musiques qui montrent un changement/ une évolution :

« Personne ne lui a jamais appris » « ... qu’on pouvait dire oui » : Polnareff, La poupée qui fait non
(1966)

 Faisait référence à la libération sexuelle des jeunes filles qui pouvaient se mettre à dire non
mais avec l’aspect où on leur apprenait plus à dire oui.

« Ils parlent tous comme des animaux De toutes les chattes ça parle mal 2018 j'sais pas c'qui t'faut
Mais je suis plus qu'un animal » : Angèle, Balance ton quoi, (2018)

 Sensible évolution dans le discours : la manière dont l’art populaire dit à un moment d’un
certain discours qui est légitimé ou pas et qui participe ou non à construire les représentations
et la manière de s’autoriser

Et l’éducation sexuelle ? Une double transformation de la sexualité et de la jeunesse.

• Une période de préparation et d’apprentissage de la sexualité


• Une autonomie sous surveillance
D’une socialisation verticale à une socialisation horizontale (par les pairs)
• Pression des pairs
Au 19ème siècle, on considérait que l’éducation sexuelle était du seul ressort des parents
L’obsession du silence autour de la sexualité
Dans les manuels, la sexualité proprement dite est abordée sous l’angle de la nature, allant
de la reproduction des fleurs jusqu’à celle des mammifères
Mais évidemment une « auto-éducation » à la sexualité existe partout et toujours

13
L’idée à l’époque est que quand on parlerait de sexualité on l’attiserai. On l’entend toujours
dans les débats publics aujourd’hui.
1923: le législateur réaffirme le devoir de maternité en condamnant toute pratique abortive
et toute publicité ou vente de moyens contraceptifs (loi du 20 juin 1923).
Toute information relative à la limitation des naissances est dorénavant proscrite. Cette
interdiction perdurera cinquante ans et aura des répercussions fondamentales sur
l’éducation à la sexualité.
Les dangers d’informer et de dire les mots du sexe et de son fonctionnement.
Dès les années 30, dans certains milieux libre-exaministes, la question de la maternité
consciente voit le jour

Premiers Plannings, premières consultations et premières approches d’éducation sexuelle. Le


temps du « savoir-faire »

Pendant ce temps, la diffusion de la pilule contraceptive est soutenue et relayée par l’apparition des
premiers Plannings familiaux. Une nouvelle éducation à la sexualité est en train de naître. Elle aura
comme objectif principal d’enrayer la peur de l’enfant non désiré et de pouvoir enfin vivre une
sexualité libérée et épanouie.

Les plannings familiaux vont permettre des consultations « sexologiques » (qui sont des consultations
gynécologiques) pour toutes les femmes qui désiraient prendre la pilule ou avorter et qui ne pouvaient
pas.

On arrive à la construction d’une sexualité qui essaye de s’orienter vers une sexualité « plaisir » et non
plus uniquement contrainte par l’apport de l’enfant.

En France toujours, en 1973, la circulaire Fontanet instaure officiellement l’information sexuelle dans
les établissements scolaires, information qui doit être alors dispensée uniquement dans les cours de
sciences naturelles. En Belgique aussi (plus tard), sont introduits peu à peu des cours d’information
dans quelques établissements scolaires, à la demande de certaines directions sensibilisées à la
question, mais ici encore c’est surtout par le médical, par le fonctionnement organique et
physiologique que le sexe est abordé.

Vers l’EVRAS :

En 1970, un premier arrêté royal du Ministre de la Famille, relatif à l’agrément des centres de
consultations octroie des subsides de fonctionnement et vient ainsi soutenir l’aide bénévole
jusqu’alors nécessaire à la survie des Plannings. Les consultations conjugales et familiales sont enfin
subventionnées
Le temps de la prévention des grossesses non désirées : si elle entre à l’école, l’éducation à la
sexualité a donc pour mission de stigmatiser les conséquences néfastes et les pratiques sexuelles à
risque (dont le SIDA)
La prévention du Sida prend le pas sur l’information et l’éducation sexuelles. Les demandes affluent
dans les Plannings. Il faut venir parler aux jeunes du Sida, et rien que du Sida. Il est difficile de parler
de la sexualité au seul prisme de la maladie et de la mort. Mais c’est sans nul doute un passage
obligé qui permet à la sexualité d’entrer à l’école
L’Affaire Dutroux : des sexualités construites autour de l’angoisse et de la peur.

14
Rappel : années 70 = libéralisation de la pilule contraceptive, d’une renouveau dans les discours
autours de la sexualité, libération des mœurs sexuels. Années 80 = émergence de l’épidémie VIH sida
ce qui va totalement organiser les discours autours de ce qui se voudrait être la future EVRAS
(éducation à la vie sexuelle et affective) pour la prévention du SIDA et des grossesses. Toujours dans
un rapport au risque.

Ce rapport au risque de ce qui est dangereux pour soi : quand on voit les témoignages d’agression
sexuelle, il y a toujours la question du risque quand on se met dans une relation sexuelle (hors
grossesse et SIDA).

Aussi complexe soit la relation ou désincarné de l’aspect relationnel, on se retrouve quand même dans
cette question de ne pas pouvoir savoir totalement ce que l’on donne à l’autre quand on est dans un
rapport sexuel (et ce que l’on lui prend).

Affaire Dutroux : la sexualité s’immisce là où elle ne devrait pas (des jeunes filles), développement de
child focus, impact nos représentations et nos fantasmes => Est-ce que l’ont peu avoir des lieux
troubles de la sexualité. Personne ne pouvait être insensible à cette affaire.

• Lire le livre « Laetitia » par Yvon ? : l’historien retrace toute l’histoire que ce qu’aurait pu
être l’histoire de la vie de cette jeune fille avant. Il fait l’exercice d’une trajectoire de vie.

L’EVRAS: une composante de l’éducation citoyenne

• Des tâtonnements aux animations EVRAS


• Depuis le 26 juin 2012, l’éducation sexuelle fait partie des missions obligatoires de l’école

Qui anime et qu’est-ce qu’on transmet?

A l’aube du 21ème siècle, on estime qu’un.e jeune sur cinq ne sait rien de la sexualité et ne bénéficie
d’aucune information sur la puberté, sur les relations amoureuses, sur le respect du corps, du sien et
de celui de l’autre, sur la contraception.

Face au retour de l’ordre moral, il est nécessaire et urgent de développer une approche citoyenne,
féministe et responsable de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle

Il n’y a toujours pas de décisions et d’information sur qui doit donner ces informations. Dans
l’enseignement catholique, ça peut être le professeur de religion. Cela n’est pas forcément négatif
mais cela signifie qu’il n’y a aucune possibilité de contrôle ou de cohérence en termes de ce qui est
transmis ou non.

Prof donne des formations dans les plannings familiaux : femmes qui sont assez bien outillées mais dès
qu’elles se retrouvent à discuter des problématiques d’aujourd’hui (ex : non hétérosexualité) devant
des jeunes de milieux plus précaires au niveau socio-économique il y a une difficulté et un tabou absolu
à parler de ça. Ces jeunes reconstruisent donc des stéréotypes forts et violents tout en ayant accès à
des discours qui vont dans l’autre sens. => Se retrouvent très démunis.

Américan Pie (1999) :

EVRAS de la génération de ce moment-là : a complètement organisé les visions des adolescents de


cette génération.

Un peu de transgression : le nul qui couche avec la mère.

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Sex Education (2019) :

Regarde le grosse nullos

Il y a une évolution radicale :

• en 20 ans on passe d’un stéréotype « facile » : mecs blancs américains qui cherchent des
filles qui ne rêvent que d’être pris par un gars. Tout ça avec une séquence très visible d’un
rapport sexuel qui se ferait cunni/pénétration. Aucun intérêt sur la relation et la dimension
émotionnelle ni sur la question des orientations sexuelles et tout ce qui va croiser
âge/sexe/genre/race
• à « Sex Education » qui explose toutes ces catégories et qui tente de proposer un début de
discours sur le fait que la sexualité puisse se faire de manière libérée. Tentative de
proposer quelque chose dans lequel on s’y retrouve à peu près tous.

Néanmoins, ce style de discours met malgré tout au cœur la question de : « il s’agit d’avoir un discours
sur la sexualité et de se positionner sur un continuum (mais de se positionner quand même».

3. Introduction aux études de genre


Vidéo : Anémone. Le propre de l’homme c’est que nous sommes la seule espèce vivante dont les
membres ne sont pas d’accord entre eux sur quelle organisation sociale adopter tous ensemble. Et
c’est de la dispute qu’est développée l’intelligence.

 Les études de genre se positionnent complètement du côté de cette réflexion autour de cette
société qui n’a pas réussi à trouver les moyens de se positionner par rapport à un des deux
modèles et qui investigue de quelle façon ces rapports de pouvoir s’instituent au sein de ce
qui devrait être une relation désincarnée de tout rapport de pouvoir.

La sexualité est liée au genre, car les normes de genre traversent la sexualité. Pour autant, elle n’est
pas simplement la confirmation du genre : loin de l’affermir, elle peut l’ébranler […] : c’est lorsque
s’entrechoquent genre et sexualité que naît le trouble du genre. »

Fassin É., « Préface à l’édition française. Trouble-genre », in Butler J., Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité,
Paris, La Découverte, 2012, p. 12-13.

Il y a eu un moment de questionnement dans certains mouvements féministes et certains mouvements


homosexuels de se rendre compte qu’il y avait quelque chose des sexualités qui se jouait dans les
rapports de pouvoir et on ne pouvait pas complètement désincarner la question du sexuel, la question
du rapport à l’autre, la question de l’intimité des questions hiérarchisantes de pouvoir, de classe, d’âge,

Du sexe au genre : pourquoi donc ?


Pourquoi est-ce qu’on passe du sexe au genre ?

3 niveau de justification :

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Adoption d’une perspective relationnelle. Signifie que les hommes et les femmes, le féminin et le
masculin sont le produit d’un rapport social et qu’on ne peut étudier un groupe d’un sexe sans le
rapporter à l’autre.

On ne peut plus discuter de la question des femmes et des hommes sans les discuter dans leurs
dynamiques/ interrelations. On ne peut plus discuter d’une femme/homme/trans/asexuelle… comme
une entité qui existerai de manière indépendante.

Perspective « compensatoire » dans un premier temps face à des savoirs disciplinaires mainstream
qui, prétendant étudier des individus abstraits, se sont en pratique focalisés sur les hommes.

• Exemple de la professeure féministe lesbienne qui s’est faire virer à Paris car elle ne voulait
aborder que des auteures et artistes féminines et à la manière dont le féminin participe à
la construction des savoirs.
• Virginia Woolf : elle interpelle les femmes de cette époque qui veulent aller à l’université
à faire attention à la manière dont les savoirs académiques masculins ont fait aux savoirs
tout court.
 Il s’agit en tant que femme de pouvoir penser la manière dont le fait d’être femme au sens
politique, social, relationnel et intime fait à la manière dont on se pense dans le monde
 Femmes masculinisées dans leur pratique accèdent plus au pouvoir.

Nécessité de repenser les catégories, de déplacer notre regard.

ESSENTIALISME VS. CONSTRUCTIVISME

« Le point essentiel (en première instance du moins) n’est pas tellement de savoir si au sexe on dit
oui ou non, si on formule des interdits ou des permissions, si on affirme son importance ou si on nie
ses effets, si on châtie ou non les mots dont on se sert pour le désigner ; mais de prendre en
considération le fait qu’on en parle, ceux qui en parlent, les lieux et points de vue d’où on en parle,
les institutions qui incitent à en parler, qui emmagasinent et diffusent ce qu’on en dit, bref, le « fait
discursif » global, la « mise en discours » du sexe. (…) »

Michel Foucault (1976)

BUTLER Judith et la performativité


« Outre bien évidemment le corps (ce que l’on en fait, comment on le perçoit, comment on le donne
à voir), il convient d’ajouter un autre dénominateur commun essentiel entre ces trois notions : elles
sont toutes des constructions (sociales, culturelles, politiques), des activités performées – pour
reprendre un terme cher à Judith Butler quand elle envisage tant le genre que la sexualité – qui
constituent chacune un champ paradoxal où se rencontrent simultanément à la fois un champ de
contraintes/normes incorporées (au sens figuré et littéral du terme) et un champ de
résistances/liberté »

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Judith Butler

Judith Butler est philosophe.

Quand elle parle des travestis elle nous dit qu’en soit, un drag n’imite personne (et pas une femme)
car il n’existe pas de femme. Quand elle prend l’exemple du drag, c’est pour nous dire à quel point on
passe notre temps à performer quelque chose de la sexualité et de l’identité.

Quand on tente de se définir (je suis H/F, je suis attirée par …), non seulement on le dit mais c’est un
acte de performance. Le fait de dire participe au fait même de construire quelque chose.

• Exemple dans des relation : le mot « j’ai envie de toi » ou « je me sens … » participe au fait
même de créer cette réalité.

Même si Butler et la psychanalyse sont fort en distension, elle nous dit quelque chose de très proche
par rapport à ce que la psychanalyse nous dit. Elle nous parle du fait que le langage participe à la
construction de la sensation réelle du corps. Lacan rajoute que le langage étant structurellement
manquant, il nous empêche de tout dire.

Définition de l’amour pour Lacan : « l’amour c’est donner à quelqu’un qui n’en veut pas ce que l’on a
pas ».

 Ce phrase dit presque tout : ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de senti-ments. Il met
fondamentalement l’amour au cœur de cette adresse à l’autre qui ne pourra être que ratée.
Quand on s’adresse à l’autre, on attend de lui quelque chose pour lui de lui qu’il ne fournira
jamais vraiment.
 « L’amour c’est l’attente »

Finalement, la sexualité vient se jouer dans la question de ce que l’on veut/désire, ce que l’on espère
que l’autre désire de nous, … Et que cette dialectise se place au creux de la rencontre à l’autre (pas
uniquement à l’état d’amour).

Manque à dire : la question n’est pas tant de savoir s’il y a un moment donné la possibilité de trouver
le bon mot (même s’il s’agit d’essaye de pouvoir apprendre à être plus précis/plus nuancé dans ce que
l’on dit). Le fait de dire que le mot ne dira jamais tout n’est pas un aveu de désespoir ou un appel à
l’abandon, c’est de nous dire que le mot aura toujours des histoires, des acceptions différentes pour
chacun. Il faut pouvoir essayer de comprendre ce que l’autre dit à partir des évidences telles que des
mots comme « je t’aime ».

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C’est à partir de cet ensemble de contraintes que l’on a que peut émerger une certaine liberté et un
certain libre-arbitre. C’est à condition de reconnaitre les contraintes et les limites dans cette
dialectique du rapport à soi et à l’autre que l’on peut faire le pari qu’il y autre chose que l’opacité.

Si le genre est une sorte de faire, une activité incessante performée, en partie, sans en avoir
conscience et sans le vouloir, il n’est pas pour autant automatique ou mécanique. Au contraire, c’est
une pratique d’improvisation qui se déploie à l’intérieur d’une scène de contrainte. Qui plus est,
on ne “fait” pas son genre tout seul. On le “fait” toujours avec ou pour quelqu’un d’autre, même
si cet autre n’est qu’imaginaire. Ce que j’appelle “mon genre” apparaît parfois comme une chose
dont je suis l’auteure, voire la propriétaire ; mais les termes qui composent notre propre genre sont,
dès le départ, hors de nous, au-delà de nous, dans une socialité

1) le pouvoir régulateur n’agit pas seulement sur un sujet préexistant mais forme aussi ce sujet ; de
plus, chaque forme juridique du pouvoir a ses effets productifs – La manière dont on a un espace
d’existence reconnu en tant qu’identité, orientation sexuelle participe à la manière dont on pense
nous-même.

2) être sujet à la régulation, c’est y être assujetti, c’est-à-dire devenir un sujet précisément par le
fait d’être régulé. Ce second point dérive du premier en ce que les discours régulateurs qui forment
le sujet du genre sont justement ceux qui contraignent le sujet et le produisent – on pourrait parler
du sujet qui est régit par la régulation symbolique : le fait même d’être repris dans une chaine
symbolique nous rend assujettis à cette symbolique qui mets des règles mais en même temps c’est
ce qui permet au sujet d’émerger.

4. ETUDES DE GENRE
Diversité des théories, champ conflictuel
4 dimensions du genre (Bereni & al., Introduction aux études sur le genre, 2012)
1. Construction sociale
• Dénaturalisation des sexes: « On ne naît pas femme, on le devient » (De Beauvoir, 1949)
– le sexe en tant que ça ne suffit pas pour définir une identité.
• Dénaturalisation du genre? => Rien de ce qui constitue ce qu’on a entre les cuisses ne
serait naturel au genre, ne détermine ce qui serait notre genre.
2. Approche relationnelle
• Relation d’opposition: genre ≠ F
• Système de bi-catégorisation des sexes et valeurs et représentations associées
(féminité/masculinité) –on associe des émotions typiquement féminines à une
dévalorisation
3. Rapport de pouvoir
• Bi-catégorisation hiérarchisée (matérielle et symbolique)
• Oppression des femmes, domination masculine, patriarcat, valence différentielle des
sexes, etc. – les corps sexualisés sont considérés comme subalternes pour les femmes
 Genre est un rapport social qui produit de la hiérarchie et inégalités
4. Intersectionnalité
• Imbrication avec autres rapports de pouvoir (« race », classe, sexualité, etc.)
• Cumul ≠ effets spécifiques
• Être une femme =/= être une femme lesbienne =/= être une femme lesbienne racisée

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C’est à partir des études de genre et de l’intersectionnalité qu’on en est arrivé à pouvoir penser la
question des rapports de genre et des rapports entre individus de façon spécifique et articulée.

ARTICULATIONS GENRE, SEXE, SEXUALITÉ

J. Butler, 1990
L’assiduité avec laquelle j’entreprends de “dénaturaliser” le genre […] vient […] du désir profond
de contrer la violence des normes qui gouvernent le genre […] et aussi de déterrer les présupposés
les plus tenaces concernant le caractère naturel […] de l’hétérosexualité »
G. Rubin, Le marché aux femmes, 1975
« Au niveau le plus général, l’organisation sociale du sexe repose sur le genre, l’hétérosexualité
obligatoire et la contrainte de la sexualité des femmes. (…) Le genre n’est pas seulement
l’identification à un sexe ; il entraîne aussi que le désir sexuel soit orienté vers l’autre sexe. »
G. Rubin, Penser le sexe, 1984
M. Wittig, La pensée straight, 1980
C’est l’oppression qui crée le sexe » « Les lesbiennes ne sont pas des femmes »

Butler : volonté de dénaturalisation. Historique récente (manière d’avoir théorisé la dénaturalisation


du sexe et du genre) et malgré que notre génération ait une acception de ce champ, 90% de la
population ne comprend pas ce qui distingue le genre du sexe et fonctionne avec un certain nombre
de traditions par rapport au sexe, au sexualité et au genre

Rubin : Il n’y a pas seulement l’échange des femmes comme valeur sociale organisatrice mais aussi le
présupposé d’une hétérosexualité obligatoire et une contrainte à la sexualisation et à la sexualité des
femmes. Donc le genre n’est pas seulement une identification à un sexe mais elle entraine aussi que
le désir soit supposément orienté vers l’autre sexe. Articulation entre le pouvoir des rapports sociaux
et ce présupposé implicite d’une orientation sexuelle qui serait forcément hétérosexuelle.

Wittig (théoricienne du féminisme radical) : réflexion constituant l’idée que le sexe serait créé à partir
de l’oppression =>Fondamental si on pose la question du sexe et de la sexualité comme prenant son
origine dans l’oppression=> Question du rapport à la psychologie devient difficile à préciser (ce qui
nous a constitué comme être est fondé dans un rapport d’oppression).

Les lesbiennes ne sont pas des femmes car celles-ci sont des objets constituées dans un rapport de
pouvoir supposément hétérosexuel. Elle propose que les lesbiennes en tant qu’organe politique
performatif dont des individus différenciés des femmes.

Rubin : hiérarchisation des pratiques sexuelles pour essayer de comprendre comment nos
organisations sexuelles, relationnelles et affectives étaient sociologiquement, socialement,
moralement et juridiquement permises ou non. L’ordre moral participe à la création de valeurs
juridiques et à des pratiques de théorisation psychologique.

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Ce graphique a le mérite de proposer :

• Centre : tout ce qui est considéré comme bon/normal/naturel/ …


• Extérieur : limites externes des rapports sexuels et des pratiques relationnelles qui sont
moralement délégitimées, à l’opposées des pratiques « bonnes »….

En hiérarchisant autours de ce graphique, on se retrouve dans des ordres rapidement moraux. Si on


regarde comment la psychologie s’empare de ces questions, on voit que jusqu’il y a très peu de temp
le fait de ne pas appartenir à une des catégories légitimées historiquement questionne en termes de
différentiel psychopathologique. On est plus sur des mémoires qui s’interrogent sur le niveau de
pathologie de l’homosexualité mais quand même sur la question de « est ce que les personnes
homosexuelles ont un rapport à l’œdipe différent ? ».

Si on croise les pratiques homosexuelles et procréatives, on se retrouve dans des enjeux éthique et
médicaux qui vont susciter des questionnements psychologiques sur « est-ce qu’un couple
homosexuel peut avoir des enfants, de quelles manières ils peuvent les élever, … ? ». «Est-ce qu’on
pourrait autoriser qu’un enfant aient plus d’un parent ? »…

• Sociologie, psychologie/médecine, lieu juridique

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Toujours dans la logique de constituer un organigramme de ce qui constitue les rapports sexuels et
intimes qui soient reconnus ou non : Rubin constitue des murs => ils sont en termes d’aires de
contestation.

La ligne de conduite du plus grand mur étant celle du centre du cercle.

Les aires de contestations sont celles où on est pas reconnu comme légitimés mais qui sont quand
même négociables (milieu) => pas ce qui est « normal » mais qui va être repris dans un ordre social
moralement accepté.

• Ex : PMA chez femmes lesbiennes en couple => rencontrer psychologue ou psychiatre entre 1
et 3 fois et équipe médicale puis équipe peut statuer sur la légitimité du projet
• On se retrouve dans des lieux qui sont supposés permettre d’assister à une procréation et en
même temps il y a une pratique partiellement moralisatrice et normative car elle interroge le
niveau de légitimité et de préparation du projet de maternité pour ces parents avec des
couples de lesbiennes qui doivent justifier qu’il est similaire à un couple hétérosexuel. On se
retrouve dans quelque chose qui tente de réinstituer l’ordre moral dans des pratiques qui vont
à contre-pied de celui-ci.

Tout au bout, on a tout ce qui concerne transgenre, fétichisme, SM, travailleur.ses du sexe, ...

N-C. Mathieu : « Les transgressions du sexe et du genre à la lumière des données ethnographiques
», 1992

3 modes de conceptualisation:
1. Genre traduit le sexe : conscience individualiste
2. Genre symbolise le sexe : conscience de groupe
• Garçons-épouses Azande
• Vierges jurées d’Albanie
• Two-spirits d’Amérique du Nord
3. Déconnexion genre/sexe : conscience de classe
• Mouvement queer

22
Ouvrage qui permet de mettre en évidence 3 modes de conceptualisation du sexe et du genre :

1. Genre traduit le sexe : mon genre est l’expression de mon sexe (visions naturaliste) :
• Transgenre => plus complexe que ça : cette vision du genre qui traduit le sexe est une vision
naturalisante qui veut que l’un soit collé à l’autre. C’est le cas pour beaucoup de personnes
trans pour qui le fait d’être ensuite H ou F répond totalement aux stéréotypes et aux prescrits
du sexe dans lequel ils ont transitionné. Il n’est pas rare de voir des personnes trans pour qui
pouvoir investir tout ce qui concerne la féminité ou la masculinité (posture, nomination,
pratiques, …) va être très naturalisant.
Là où il pourrait y avoir initialement une subversion du genre car il y a un changement de sexe
qui permet d’exploser les catégories (point 3) n’est finalement pas spécialement ce qui se
retrouve. Il y a une distinction entre le fait de se sentir appartenir à une minorité de sexe ou
de genre et le fait de reproduire ces rapports de classe, de pouvoir et de différentiel
naturalisant.
Ça n’est pas pour autant que dans ce désir de transitionner il n’y a pas la volonté que le genre
colle parfaitement au sexe. Une fois qu’un traitement est pris, cela ne veut pas dire qu’une
femme trans n’est pas dans ce stéréotype d’une femme le plus pleinement possible et le plus
naturellement possible (même si pas ça au niveau biologique au départ).
1. Déconnexion entre les 2 : cas de Paul P. Breciado

La conscience individualiste ça peut très bien être une personne hétéro qui se sent cohérente
entre son sexe et son genre et donc se distingue très clairement de l’autre sexe qu’une
personne trans qui historiquement avait des organes génitaux M mais qui a complétement
investi la question du sexe opposé => REPPRODUCTION DE LA BINARITE HISTORIQUE

2. Il ne faut pas confondre la question de se sentir trans et le fait de vouloir sortir de ces
catégories binaires.
• Pour les personnes non-binaires : complexe car elles décident de ne pas se positionner quant
à leur orientation sexuelle ou identité de genre (dépend de la définition de la personne).

3. Conclusion nr 1 : Quand il y a une traduction littérale, naturalisante et donc binarisante du


genre qui traduit le sexe, peut importe la manière dont on arrive à ce genre ou à ce sexe.

2. Genre symbolise le sexe : il y a une symbolisation du genre et donc c’est à un niveau groupal
que se constituent ces pratiques.
C’est relativement indépendant du sexe : ces personnes ne sont pas pour autant dans un vécu
personnel ou individualiste de changement de sexe mais elles vont incarner l’autre sexe pour
organiser un monde social.
• Garçons-épouses Azande
• Vierges jurées d’Albanie : femmes dans des familles qui n’ont eu que des filles et où l’ainée est
choisie comme étant celle qui deviendra un homme de façon à respecter l’ordre patriarcal
pour pouvoir transmettre l’héritage. Ce sont des femmes qui sont totalement masculinisées
et qui sont vierges (désexualisées dans leurs pratiques de sexualité).

23
• Two-spirits d’Amérique du Nord (ou « berdaches ») : dans certaines régions d’Amérique, il y a
eu 4 manières de nommer les identités sexuelles ou de genre :
o Femmes qui sont femmes
o Hommes qui sont hommes
o Femmes qui sont hommes
o Hommes qui sont femmes
4. C’est ce qu’on appelle les 2 spirits qui sont aussi associé à toute une culture spirituelle de
ces êtres qui pourraient porter à la fois la force féminie et masculine en eux et avec à la
fois certains attributs F ou M qui leurs sont attribués.

3. Déconnexion genre/sexe : le genre est un rapport de classe/de pouvoir et donc le genre


n’existe pas en soi. C’est une pratique discursive qui participe à la création de rapports sociaux.
=> mouvement queer

24
DU GENRE AU SEXE
T. Laqueur, La fabrique du sexe, 1990

Dans cet ouvrage il essaye véritablement de repenser dans le sillage de Foucault, de montrer les
différents modèles :

1. Modèle antique et médiéval du « sexe unique »

2. Modèle moderne des « deux sexes » participe à une constitution totale de la façon dont l’anatomie
a participé à la construction de manières de penser la science biologique mais aussi toutes les autres
formes de sciences et de rapports sociaux

 Le fait que le genre était bien plus qu’une manière de se positionner socialement/dans une
réalité physique permettait de relativement désincarner la question du sexe comme sexualisé
 Public = homme ; privé = femme

Cette évolution de la science a totalement organisé l’ensemble du champ social/ psychologique de la


distinction entre public et privé, ce qui est normal et ce qui ne se fait pas, …

A. Fausto-sterling, « The Five Sexes » 1993, et Sexing the Body, 2000

Elle a permis de vraiment spécifier les marqueurs biologiques endocrinologiques au niveau médical.

Le fait que considérer qu’un bébé qui nait est un garçon ou une fille se fait sur un ratio de la mesure
d’une excroissance. Alors que la variabilité mise en évidence par Fausto-Sterling concerne 5 niveaux :

• Anatomique

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• Gonadique
• Chromosomique
• Hormonal
• (Humoral)

C’est à partir de là qu’on voit toute la difficulté de pouvoir se dire homme ou femme même à partir de
marqueurs scientifiques.

Un type dit : si on pense au champ sémantique que l’on emploie pour parler de ce qu’on pourrait
considérer comme un certains continuum entre le langage de la relation amoureuse, de la sexualité,
de la maternité et puis le langage de la parentalité on pense à des choses bien différentes.

• Femme musulmane qui ne sait pas faire d’enfants : pas de raisons biologiques (tests)
de ne pas savoir procréer. Après des examens génétiques, on annonce à la femme
qu’elle est un homme (XY) mais qu’elle avait développé des organes génitaux et
indices secondaires de sexualisation féminin à cause d’une modification génétique très
rare
 On se retrouve dans quelque chose qui est de l’ordre de l’indicible : au final la question se dire
H ou F a un point de butée auquel la science à affaire aussi. Il n’empêche qu’on se retrouve en
tant qu’humain de se sentir attiré par un sexe ou l’autre, identifié à un genre ou l’autre, …

Critique de Fausto-Sterling : une réalité biologique plus complexe et plus nuancée comme celle
proposée par Fausto-Sterling ne suffit pas à comprendre ce qui psychologiquement ou socialement va
faire genre ou va faire sexe pour la personne. C’est complexe pour chaque individu et ne dépend pas
que de la manière dont la science va le penser.

GENRE ET PSYCHANALYSE : un mariage impossible ?


On commence à avoir quelques ébauches de réponses.

La psychanalyse ou la psychologie en général serait un discours normatif, phallique, hétérocentrique,


… Pourtant on peut dire aussi que « la notion de genre même est étrangère à la psychanalyse, si ce
n’est pour désigner des modalités logiques d’articuler un rapport au Tout universalisant et à
l’exception à cet univers fermé du Tout. » (Fajnwaks & Leguil, 2015, subversions lacaniennes dans le
genre)

La psychanalyse n’a jamais utilisé le concept de genre parce que pour la psychanalyse il n’y a pas de
possibilité de désigner quelque chose d’un tout universalisant. L’enjeu de la sociologie est de pouvoir
repérer les trames universelles qui vont pouvoir reconstituer les rapports sociaux et humains

26
La psychanalyse va s’intéresser à comprendre ce qui va faire exception à ce tout universalisant. Bien
qu’il ne faille pas éliminer minimiser ces réalités de rapport de pouvoir entre sexe et genre, il y a
une néanmoins une irréductibilité de ce qui fait le rapport à l’autre. Pour la psychanalyse il n’y a pas
de rapport à l’autre qui serait d’emblée écrit (cf « il n’y a pas de rapport sexuel ») et donc il s’agit de
pouvoir écrire ce rapport à l’autre de manière singulière.

Dans le deuxième temps de Lacan, il est passé d’une psychanalyse centrée sur le complexe d’œdipe
(vision normative du passage par le complexe d’œdipe ou non et phallocentrée) à une clinique
borroméenne.

Clinique borroméenne (clinique des nœuds) : enjeu est de voire la façon dont un sujet va articuler son
rapport :

• au réel : le corps étant une part de réel même si le corps est en partit construit par
l’autre)
• symbolique : traduction du monde en langage, symboles, concepts, … Et qu’est ce que
ça veut dire pour nous
• et à l’imaginaire : à quelle place imaginaire on se place nous dans le rapport à l’autre

 La question n’est plus du :


o « non » du père : non symbolique castrateur auquel un bébé ou un enfant de 4 à 6 ans
devait passer. Le moment où on va passer l’œdipe c’est le moment où on va
reconnaitre cette altérité par rapport à se propre sexualité/ son propre corps et en
même temps concéder qu’on est plus tout dans la relation.
o Mais des noms du père : toutes les façons de tenter de se nommer, de se tricoter une
singularité entre ces 3 champs.

Exemple RSI :

• en rue et on se prend un poteau : réel, on ne peut pas anticiper le fait qu’on se le prend dans
la tronche. Le sexuel a une part de réel aussi mais on a aussi une part inattrapable.
• Le symbolique c’est le fait de pouvoir reprendre ça dans le langage et dans une histoire.
o Dire : « jme suis pris un poteau dans la tronche »
• L’imaginaire ce sera de pouvoir venir se raconter une histoire autours du poteau qui utilise
évidemment le registre symbolique et qui s’appuie sur le réel et de pouvoir la raconter à
l’autre. L’imaginaire ce sera de lui donner du sens.

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On doit voire ces 3 champs comme 3 élastiques (nœuds borroméens) qui s’entrelacent de façon à ce
que quand on en retire un, les deux autres tombent. C’est ce nouage qui permet au sujet de trouver
sa solution subjective qui sera symptomatique ou non. C’est avec ce nouage entre le RSI que le sujet
se constitue comme un sujet sexualisé dans un rapport à l’autre.

 Ce qui permet à Lacan de passer du « non » du père (vision théorique symbolique) au noms du
père (on passe à l’idée qu’il y a une infinité de nouages possibles entre ces 3 champs.
 Socialement/politiquement il y a une nécessiter à pouvoir travailler sur une émancipation à
l’échelle collective pour les droits, une visibilisation des rapports de pouvoir mais ça ne suffit
pas à expliquer à l’échelle individuelle ce qu’il en est de son rapport à l’autre et à sa sexualité.

Le rapport sexuel n’existe pas (LACAN) :

• Entre autres, aucune opposition symbolique A/P, maître/esclave ne peut déterminer


adéquatement la différence sexuelle.
• On est dans une dialectique où s’agit de repérer ce qui constitue les tentatives de nouage pour
le sujet et quand on dit « ce qui fait symptôme pour le sujet », ce qui lui permet de se
constituer une solution pour nouer les 3 registres car il n’y a jamais de solution parfaite et ce
qui permettent au sujet de tenir (si pas bien fait c’est ce qui amène le sujet en thérapie). Donc
ce n’est pas à partir de la rencontre sexuelle et de ce qui pourrait assigner chaque être à un
genre ou a un ensemble quelconque qu’on peut se déterminer comme étant sexuellement
d’un genre ou d’un autre
• Il n’y a pas d’inscription, pour l’être parlant d’un côté ou de l’autre de la sexuation, surtout
pas à partir de la rencontre sexuelle et de ce qui pourrait assigner chaque être à un genre ou
à un ensemble quelconque par rapport à la sexualité
 ???

Question des pulsions et de leur destin : les constructions que l’on se fait de soi, de l’autre, du social,
du politique, … Auxquelles on se cogne et on essaye de se conformer ou pas sont néanmoins traversées
par cette pulsion. La pulsion est ce qui nous précède, nous pousse (pas forcément dans ce que l’on a

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construit comme identité). C’est ce avec quoi on doit négocier constamment et ce qui fait qu’on est
animé par quelqu’un d’autre, une idée, …

5. DEFINITIONS

1.La sexualité : taboue, universelle, centrale


Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=3rt3dvCdwYc&ab_channel=MardiNoir

On peut retenir plusieurs choses de cette vidéo :

• Elle repart de cette question « qu’est ce qu’il se passe dans cette sexualité, dans ce moment
d’intimité avec l’autre où on retrouve quelque chose d’extrêmement archaïque (primaire de
nos personnes => Ce rapport à ce corps qui devient corps dans cette intimité la plus absolue
avec l’autre) ? Ça pose la question de « qu’est ce qui est sexuel ? », qu’est ce qui fait cette
jonction entre moi, l’autre et le sexuel ?
• Question du ravage : on tombe vite sur la figure du ravage féminin

1H35 => Réécouter l’analyse de la prof

La zone érogène principale est le cerveau : implique de pouvoir penser un être désirant à partir d’une
matière cérébrale et donc avec certains déficits qui se localisant dans le cerveau pourraient être traités
par le cerveau. Manière de penser la pratique sexuelle qui finalement la désincarne paradoxalement
assez fort du psychisme.

A.TABOUE
De tous temps: difficile d’en parler pour tout le monde :

 y compris pour les psychologues souvent!

La sexualité est partout (pas uniquement parce qu’elle est ultra visibilisée) dans le sens qu’elle traverse
tous les espaces dans lesquels on peut être. Quelque chose du sexuel peut se retrouver dans n’importe
quoi : un date peut introduire quelque chose de sexuel dans l’alimentation par exemple. En même
temps quand on est attiré par quelqu’un, n’importe quoi peut être sexuel pour soi (ses mots, sa
manière de bouger, de s’exprimer, …).

On est avec quelque chose dont il est difficile de discuter pour tout le monde, y compris pour les
psychologues souvent. On se retrouve à ne pas avoir si facile à discuter de la sexualité chez son psy et
les psy n’ont pas si facile que ça à se positionner dans une écoute de ça.

En parler:

 métier de psychologues: prose et non poésie


 pas de métaphore ou d’ellipses. Il s’agit de pouvoir parler de la sexualité et de trouver le
langage juste pour parler de la sexualité. En même temps, pas urologue et donc on ne parle
pas non plus de « la chose » : parler pratiquement de morceaux de corps
 mais valider le confort de dire les choses. Le confort qui fasse qu’un patient face au
psychologue puisse se sentir légitimé à parler de ce qui est compliqué ou pas pour lui.

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Pourquoi?

On peut en parler plus difficilement dans certains lieux que dans d’autres pour des raisons culturelles
ou éducatives. Si on réfléchit à la manière dont on s’autorise à en parler entre amis, il y a quand même
une manière très ritualisée de le faire.

Ce qui fait le cœur de l’orgasme : de l’ordre de la transgression


• voyeurisme/exhibitionnisme; sadisme/masochisme :
Variables d’un continuum qui se veut asocial. A partir du moment où ce cœur de l’orgasme est
transgressif (hors de l’ordre social), il y a aussi à l’échelle intime quelque chose de transgressif
pour soi.
• Jouir de l’autre, de l’autre comme objet :
Il y a aussi sentir l’autre jouir mais c’est une jouissance dans un rapport qui peut être « je suis
celui qui peut faire que l’autre soit totalement abandonné à moi ».
Pas l’autre comme un jouet mais l’autre comme notre « chose » : celui que l’on fait jouir
• contraire à ce qui rend le vivre ensemble possible: pour celui-ci on se tient l’un l’autre en
tant que sujet et non en tant qu’objet.
On ne dit pas à son collègue qu’on veut qu’il soit à nous.
• se tenir de façon absolue, c’est à dire inconditionnellement
• il ne peut y avoir de ‘trous’ dans cet absolu
Il est évident que dans la sexualité il y ait toujours un peu des trous : dès lors qu’il y a des trous
dans ce moment de jouissance, on y arrive pas. Si on se dit qu’on a oublié de faire ses courses
ou qu’on doit partir dans pas longtemps, … on est déjà pris dans autre chose donc cet absolu
doit avoir lieu pour pouvoir faire exister l’orgasme et cette rencontre absolue de soi avec
l’autre.
Socialement parlant, on est dans quelque chose qui vient systématiquement faire trou. On est
systématiquement dérangé par l’autre avec qui on doit concéder dans notre quotidien.
• n’est possible que si le cœur du fantasme garde cette dimension du tabou :
Et qui la garde en ayant un imaginaire très étoffé du côté des pratiques, de la pornographie, …

L’inaugural ne peut être marqué que par la transgression (dans son sens psychanalytique =>
transgression psychique) :

• faire le premier pas, tracer la première ligne (dans le corps, dans la langue) : toujours déchirer
quelque chose d’uniforme/de plein
• il faut une asymétrie initiale car l’uniforme ne permet pas la construction. Il faut quelque chose
qui fasse distinction au départ pour créer quelque chose par la suite.
C’est à partir de cette transgression inaugurale qu’on peut ensuite essayer d’appréhender ce
qu’il se passe : il faut un acte avant que de pouvoir se penser.
• mais il s’agira à partir de là de reprendre (dans la langue) à jamais le moment inaugural, la
transgression, car c’est la tension qui a permis l’émergence (de l’appareil psychique), mais qui
néanmoins oblige son traitement continu à travers la répétition (du fantasme)

30
Au début fut le passage à l’acte :

NT : «au commencement était le verbe » => Non, au commencement était le faire.

Il y a d’abord l’agir puis celui-ci est repris, pensé, métaphorisé pour être appréhendé.

L’acte, d’abord, ne peut être que passage-à-l’acte, c'est-à-dire, l’acte structurellement hors contrôle.

Par rapport à cette source bouillonnante qu’est la pulsion, toujours susceptible de devenir angoisse,
et afin de tendre « vers la lumière » de la civilisation, il faut (sans cesse) reprendre le passageà-l’acte
(inaugural) par la parole

 Nous sommes condamnés à répéter pour pouvoir mieux comprendre ce qui s’exprime pour
nous.
 Ce qui produit une satisfaction parfaite n’a plus besoin d’être répété. Ce qui fait que nous
sommes contraints de répéter la sexualité, c’est car elle est psychosexuelle (et pas uniquement
reproductive ou uniquement pulsionnelle) ; elle est tout le temps reprise dans une tentative
de capture au niveau du langage.

B. Universelle
• Universel (condition humaine): la transgression au cœur du fantasme
• Les fantasmes en tant que tel ont une dimension universelle car ils ont eux-mêmes
inscrit/élaboré/étayés par des contraintes biologiques
VE(voyeurisme/exhibitionnisme): je regarde – je me regarde – je suis regardé.e
 fait partie de la dialectique selon laquelle on capte le monde : l’enfant essaye de voir, puis de
se voir (ayant des parties de corps qui lui appartiennent) puis comprend qu’il est vu par l’autre.
La physiologie des appareils sensoriels conditionne cette dyade
SM(sadisme/masochisme) : je manipule – je me manipule – je suis manipulé.e
 Pouvoir manipuler les objets permet au bébé de pouvoir se constituer un monde propre,
manipuler son corps propre puis être manipulé par l’autre
• Les fantasmes sont éminemment singuliers ‘marqués par l’histoire du sujet’
 Dans la manière dont ils se déclinent car ils sont marqués par l’histoire du sujet : l’histoire qui
a constitué la fantasmatique, les signifiants et les degrés de répétition du sujet.

PULSIONS – INSTINCTS :

• La pulsion est un concept limite entre le psychique et le somatique, comme le représentant


psychique des excitations, issues de l’intérieur du corps et parvenant au psychisme

« première percée psychique de ce qui des excitations somatiques a pu être représenté » =>
Articulation des variants physiologiques (intérieur du corps) et psychique (cerveau – infini)

 Ne se limite pas à l’instinct : pas uniquement du côté du besoin


 Remet en cause le schéma inné/acquis; somatique/psychique : car c’est à l’intersection de ces
deux niveaux

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 Permet d’accéder à ces fantasmes originaires : fantasmes qui structurent en partie notre
inconscient collectifs (fantasme de nos origines par ex : d’où je viens, qui je suis, …)

• Paul B. Preciado : Il existe un réservoir culturel dans lequel on puise nos représentations
fantasmatique

 Il y a cet aspect fondamentalement physiologique (barrières organiques) de ce qui fait que nos
façons de pouvoir penser le dedans du dehors est pensé à partir de dynamiques qui sont liées
à nos possibilités d’appréhender et de regarder le monde.
 Preciado ajoute ce réservoir culturel : nous sommes pris dans un bain linguistique, social et
moralement constitué de ce qui est du registre des fantasmes que nous pouvons ou pas
imaginer.

C. CENTRALE
un chemin dans l’intime, par la parole, peut se révéler émancipateur dans plein de domaines,
transcendant de loin la sexualité (e.a. et de façon frappante, le professionnel, le social, le familial, le
créatif)

• l’intimité du cabinet/du couple: lieu d’expression de la sexualité, de la transgression


• permet la distinction entre l’intime et le social

La sexualité dans toutes ses formes (pratique, fantasmes, pensées, …) est centrale non seulement dans
son aspect sexualisé mais aussi pour ce que ça va étayer dans le fonctionnement psychique du sujet.
Lorsque dans l’intimité d’une thérapie où du couple, il y a la possibilité d’exprimer autours de cette
sexualité, autours de son rapport transgressif, autours de ce qui fonde le fantasme ça permet de se
révéler potentiellement émancipateur dans plein d’autres lieux et donc pas seulement sur l’aspect
sexuel.

 Patients qui peuvent lever le voile sur ce qui fonde leur rapport à la sexualité et qui en même
temps va se décliner sur comment cette personne fonctionne dans sa vie professionnelle, dans
sa vie sociale, dans sa dynamique familiale ou encore dans sa création.

La question n’est pas tant de la sexualité au sens de la sexologie (étude des fonctions et dysfonctions
sexuelles) mais plutôt de comment la sexualité en tant qu’appareil psychosexuel/organisateur
psychique vient fonder le sujet.

2.Zones érogènes
 Celles qui nous viennent en premier lieux : celles qui vont pouvoir être excitées au sens d’une
excitation physiologique (zones de tissus érectiles puis zones étayées => qui émergent à la
suite des zones érogènes spécifiques et inaugurales)

En addition à une pulsion d’une nature non sexuelle (pulsion de vie), on distingue une contribution
d'un organe recevant des stimuli: peau, muqueuse, organe sensoriel. Il s'agit d'une zone érogène,
un organe dont l'excitation confère un caractère sexuel à la pulsion sexuelle. Freud, 1905

« (…) les organes corporels fournissent deux sortes d’excitation (…) Une de ces formes que nous
désignons comme spécifiquement sexuelle et l’organe concerné comme zone érogène » Freud, 1905

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 Dans les exemples donnés par les étudiants, il y a à la fois des zones qui peuvent être non
sexualisées et puis des zones qui sont plus difficilement non sexualisées (zones génitales).
 Il y a quelque chose des zones qui suscitent de l’excitation qui sont au départ les zones
associées aux fonctions primaires (oralité, génitalité et analité). Elles sont 3 niveaux
d’organisation psychique qui lorsque ces zones sont stimulées produisent des décharges qui
viennent susciter une excitation d’un autre registre que l’excitation associées liées à un
inconfort ; => Satisfaction suscite un apaisement.

QU’EST CE QUE LES ZONES ÉROGÈNES?

Les “bords” du corps où les corps interne et externe se rejoignent et sont directement connectés :
les organes génitaux, cavité orale, anus, tétons (Freud, 1905)

 Freud voit les zones érogènes comme des articulation entre le dedans et le dehors ce qui en
fait leurs spécificité (oralité, analité et génitalité => ont un en dedans et un en dehors. Les
muqueuses ont un tissus spécifique qui ont à la fois des propriétés des organes internes mais
qui sont connectées à l’extérieur).

Les zones érogènes sont des zones du corps où l’accumulation de tension peut être déchargée par
une action directe

 La décharge/ satisfaction de la pulsion est généralement indirecte à la zone qui originellement


a un excès de tension
o Exemple : estomac qui dit qu’il a trop peu de nourriture. Le soulagement qui va lui être
apporté par la nourriture ne va être qu’indirect. Sur les différentes cavités, il y a la
possibilité d’une décharge directe

Le sexuel devient alors synonyme d’appropriation subjective

 La première fois qu’il y a une excitation sexuelle qui émerge, c’est souvent de façon fortuite
que les enfants découvrent que les frottements peuvent susciter du plaisir pour eux. C’est
quelque chose qui est très peu représenté et qui est difficilement représentable pour les
enfants lorsqu’ils découvrent le rapport à la sexualité (qui est d’abord une proto-sexualité
avant qu’on arrive à la génitalité).
 C’est un excès de sensations qui émerge du corps. La tentative du sexuel est de pouvoir se
réapproprier la tension en excès du corps qui vient se rejouer systématiquement.

3.Objets
corps interne: les matériaux fournis ou retirés par l'action (ex: air, nourriture, fluides, fèces) apportent
satisfaction (au sens d’une décharge)

 Boire quand on a soif => sensation de satisfaction qui apaise une tension.
 Fèces : Des signaux homéostasiques sont envoyés en fonction du degré de charge qu’il y a au
niveau de la dernière partie de l’intestin. Au moment où il y a un excès de tension par rapport
au fait qu’il y a la nécessité d’aller aux toilettes => signaux envoyés au cerveau et à l’instant où
on à déféqué => signal rétroactif qui va apaiser.
 « Description biologique prévue »

zones érogènes: l'action elle-même provoque une décharge et donc du plaisir

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 Pas par un matériau externe fournis
 Pas de « codes » inscrits au préalable
 Effet direct au niveau de ces membranes

Toucher directement, frotter, ouvrent/déplient ces membranes

Zones érogènes
Ce qui distingue fondamentalement la sexualité de toute autre fonction biologique ou physiologique,
c’est le fait que le sexuel n’a pas de besoins au niveau homéostatique qui va permettre d’indiquer si
oui ou non il y a besoin de réagir ou non.

aucun critère en termes de satisfaction d'un besoin à un niveau homéostatique quasi chimique

 Pas de critère qui permet de savoir si c’est la juste pratique, sensation, affect qui va permettre
de répondre à une satisfaction au niveau d’un besoin de sexuel.
 Le sexuel ne répond pas à cette logique homéostatique => permet de décaler la vision de la
sexualité pulsionnelle au sens d’un besoin homéostatique. La sexualité ne répond en rien à la
logique physiologique bien que les organes associés y répondent eux (mais pas de signaux qui
permettent sa satisfaction)
 Digression du cours : manger peut-être un acte sexuel ? Seul => répond à un besoin
physiologique. A deux (comme premier resto du couple), on peut rentrer dans quelque chose
qui est érotisé et donc qui entre dans le sexuel.
 Psycho-sexualité

-> Aucun acte adéquat (au sens de l’expérience de satisfaction) n’est possible

 Si quelqu’un ne sait pas respirer, on sait quoi faire pour qu’il aille mieux. Au niveau de la
sexualité ça n’est pas pareil

Si le corps est intensément touché au niveau des zones érogènes, l’action associée est enregistrée
dans l’histoire du corps et devient ainsi «agréable»

 « agréable » : l’agréabilité du toucher par l’autre peut être du côté d’une effraction qui est
telle que la rencontre entre deux sujet est d’une telle force et d’une telle inanticipation que
l’aspect d’agréabilité est ce qui va venir se reconstituer dans le temps.

La « fonction de la première fois ». C’est une expérience inaugurale d’être première effraction,
« effraction initiale de jouissance ». Il n’y a pas de première fois qui ne fasse attentat, au sens d’un
trop (pour le sujet).

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La première fois que quelque chose de puissant va se passer dans le corps qui le bouscule et qu’on ne
peut anticiper => une décharge se produit (attentat) telle que ça va susciter dans le même temps la
plus grande représentation.

Copie d’efférences : On a pu mettre en évidence que la représentation au niveau cérébral se fait par
l’information mnésique qui va être préparée en amont et par un retour (une copie) qui va venir comme
un calculateur comparer entre ce que j’avais anticipé et ce qui a réellement été fait.

S’il se passe quelque chose d’inanticipable, on va avoir une réaction complètement différente de ce
qui était anticipé et donc => grand différentiel entre la séquence mentale prévue et ce qu’il se passe
réellement.

 C’est dans ce différentiel que se crée la représentation. C’est ce qui fait que si on répète le
même mot à l’infini, on perd le sens de ce mot car il y a une sorte de bouclage total entre ce
qui est anticipé et ce qui est dit (plus de différence entre les 2, ils sont collés) qu’on a une
perte de sens.
 Au niveau de la première fois sexuel, il y a cet effet d’inattendu/potentiel traumatique, c’est
donc dans le même temps qu’il va y avoir quelque chose de l’ordre d’une très grande
représentation qui va se mettre en place.
o Exemples clinique : patiente qui essaye de se mettre en couple depuis des années.
Elle rêve de se mettre en couple, d’avoir des enfants et de se marier (normatif et elle
en est consciente). Les hommes qu’elle rencontre lui disent bien vite non alors qu’elle
s’emballe. Elle voyage beaucoup et lors d’un de ces derniers voyages elle rencontre
un homme avec qui la relation se profile de la même manière que les autres fois mais
rencontre sexuelle (pas neuf pour ses rencontres) => presque violent pour elle car elle
ne s’attendais pas à ce que ça se passe comme ça. La relation n’a pas marché mais elle
ne cesse de parler de ce moment.

CONSTITUTION DES OBJETS SEXUELS


Souvent, la physiologie et neurophysiologie est plus simple à comprendre que le psychisme => permet
de poser des bases pour ensuite articuler le psychisme.

Le circuit représenté ci-dessous est le circuit de la récompense. La graphique à droite représente le


degré de réactivité de la dopamine au niveau de ce circuit mésocorticolymbique.

Expérience : on enregistre le degré de réaction de la dopamine en fonction de la récompense qui va


être administrée.

Dans toute la zone à gauche, il n’y a pas de conscience => dans le sens que le sujet ne peut pas prédire
qu’il va recevoir une récompense. Vient ensuite la récompense qui suscite de la dopamine de façon
très intense juste après celle-ci.

Au niveau de la physiologie de notre cerveau, il y a un marquage de ce qui s’inscrit comme


récompensant.

Au niveau des animaux : si on lui donne une boulette de sucre de façon inanticipée, il va y avoir un pic
de dopamine juste après. Si on répète la même action (le rat est dans la cage et il nous voit rentrer
dans la pièce le lendemain), il peut anticiper qu’on va lui donner une boule de sucre et donc la
dopamine va arriver en anticipation

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 Tentative de reprise : l’anticipation permet au sujet de tenter de se représenter ce à quoi il va
avoir à faire.
 Il y a beaucoup de littérature sur les addictions : un jour quelque nous a donné du plaisir et
donc on y retourne pour retrouver ce plaisir (apparaît aussi au niveau du sexuel).
 De façon surprenante, quand on regarde la littérature du trauma (PTSD), cette réactivité
dopaminergique est similaire. La dopamine est un marqueur physiologique de ce qui fait
inédit/effraction/ attentat pour le sujet (ce qu’il n’avait pas pu anticiper. Aussi bien du point
de vue positif que dans les traumatismes).

Si un certain niveau d’action au niveau des zones érogènes mène de façon inattendue mène à un
événement (entendu comme l’apaisement de la tension), cette action est dès lors enregistrée dans
le corps et dans l’histoire du sujet

L’ORIGINE MOTRICE DE LA REPRESENTATION


Jeannerod, 1994 : si le but (d’un plan d’action) n’est pas atteint, la décharge retenue sera interprétée
centralement comme une pure activité de représentation et donnera naissance à une imagerie
mentale

Si on a quelque chose qui n’a pas pu se décharger complètement, qui n’a pas atteint son but absolu on
va avoir quelque chose de l’ordre de la représentation qui va se constituer.

Trois systèmes moteurs fins chez les humains : mains, bouche et yeux. Ces trois peuvent mener à
des imageries mentales

Dans les systèmes moteurs les plus fins qui sont les plus à même au niveau cérébral de produire des
séquences d’anticipation et donc de représentation mentale (imageries mentales), il y a les 3 systèmes
qui sont les plus activés lors de la sexualité : mains, bouche et yeux.

36
Lorsque l’on manipule, que l’on regarde, que l’on lèche, que l’on embrasse … ou que l’on discute (Ou
que l’on écoute => neurones miroirs) et que cela induit une décharge inattendue, alors des images
mentales les plus puissantes dans notre histoire sont produites

Lorsque quelque chose de terriblement intense se passe de manière inattendue (de la partie la plus
sexualisée possible à regarder ou entendre), alors des images mentales donc de la représentation et
donc quelque chose que l’on va tenter de manier ensuite dans notre histoire (niveau fantasmatique)
vont être produites.

QU’EST CE QU’UN FANTASME SEXUEL?


Freud (1915): 2 séries fantasmatiques essentielles

• sadisme/masochisme
• voyeurisme/exhibitionnisme

ça correspond à 2 des 3 systèmes moteurs fins : (être) manipule(r) et regarde(r)

Le 3ème système est primordial car il permet d’articuler ces deux séries fantasmatiques => le
système linguistique lui-même (primordial)

L’organisation du sexuel est linguistique :

Lorsqu'il y a eu un soulagement de la tension par un mode actif, le réflexe, après quoi le mode passif,
peut également apporter un soulagement de la tension:

37
C’est aussi bien manipuler, se manipuler qu’être manipulé (pareil pour voyeurisme/exhibitionnisme)
et ça se passe de la même façon dans la linguistique. Par la parole, nous passons notre temps à essayer
d’appréhender (sens de la préhension) les choses/le monde, d’être appréhendé.

Le fantasme originaire a la même fonction que le mythe, c’est-à-dire celle de répondre à une
question impossible :

• L’observation du coït parental répond à la question de l’origine : « D’où je viens ? »


• La séduction par un adulte, par le père, répond à la question de l’irruption du sexuel.
 Exemple : patiente qui se fait séduire par un assistant quand elle était étudiante. Ça a été
insoutenable pour elle car elle ne savait pas quoi faire. Cette personne se retrouve avec une
effraction du sexuel dans un lieu qu’elle croyait totalement défait de toute intervention de
celui-ci.
• La menace de la castration répond à la question de la différence des sexes.
 C’est le postulat à partir duquel s’est constituées la psychanalyse.

C’est par apport au réel que fonctionne le plan du fantasme. Le réel supporte le fantasme, le
fantasme protège le réel »

 Le fantasme (pas au sens commun => ce qui constitue la série fantasmatique du sujet S/M et
V/E) constitue un rempart contre le réel qui est venu faire effraction. En même temps, c’est à
partir de ce réel (première stimulations qui sont venues nous submerger) que se constitue le
fantasme

Avec le réel, le fantasme inclut aussi l’angoisse : le réel et l’angoisse sont au noyau du scénario du
fantasme. Le réel et l’angoisse sont à la fois traités par le fantasme, tout en pouvant être remis en
jeu par celui-ci s’il se trouve activé.

 C’est toute la difficulté de travailler à essayer de comprendre quelle est la logique


fantasmatique du sujet : c’est son meilleur rempart face au réel et en même temps c’est ce
qui pourrait de par sa réactivation susciter de l’angoisse

Les pulsions partielles continuent à impacter la sexualité humaine qui reste tout à fait conflictuelle,
incertaine. Même pour ce qui concerne le choix d’objet, hétérosexuel, homosexuel ou autre, on voit
bien qu’il reste dépendant de l’arrangement de chacun avec ses pulsions partielles.

 On voit que la façon dont on tente de s’accommoder avec sa sexualité, ça reste en


construction toute la vie du sujet. On aura des points d’arrêts qui vont venir nous dire ce qu’on
veut mais ça reste un arrangement/ une tentative de nouage. Ça n’est pas quelque chose qui
est établis une fois pour toute.
 Les arrangements homosexuels, hétérosexuels sont des tentatives de fixer l’incertitude que
l’on a quant à comment se satisfaire et comment fonctionner dans sa sexualité

La psychologue Michèle Perron-Borrelli (2001, p.1371) affirme que ce sont les images perceptrices
et motrices liées aux expériences précoces qui sont à l’origine de l’élaboration des fantasmes. La
création d’une fantasmatique sexuelle se baserait donc sur « les représentations refoulées des

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expériences primaires […], les traces sensorielles de l’expérience de satisfaction, tout comme celles
des vécus traumatiques des débuts de la vie » (Hubin, De Sutter & Reynaert, 2011, p. 3)

 Il y a toujours l’hypothèse que c’est au tréfond de nos premières modalités de rencontre avec
l’expérience de satisfaction et l’expérience de traumatisme que se constituent nos fantasmes.
 En même temps des expériences de satisfaction et de trauma qui nous échappent en partie
car ce sont des choses qui nous sont arrivées à des moments très précoces de notre vie quand
on avait pas encore tout à fait accès au langage.

QU’EST CE QUE LA JOUISSANCE?


La sexualité humaine repose sur le principe pulsionnel. Sur la scène sexuelle, c’est la pulsion
libidinale qui est l’actrice principale. La pulsion part du corps, traverse la psyché et s’externalise par
l’action, dont le but est de soulager la poussée de cette pulsion. La pulsion part donc du corps réel,
pour y revenir de façon imaginaire et pour ce faire elle doit être symbolisée, signifiantisée par la
psyché.

 On peut se dire que même si il y a des différences biologiques entre le corps masculin et
féminin et qu’il y a une influence hormonale/endocrinologique, il n’y a rien de la pulsion qui
serait plus d’un besoin à assouvir (et donc de quelque chose de primaire) chez un homme que
chez une femme. De part sa percée psychique et de son adresse psychique, la pulsion revient
de son imaginaire et donc est symbolisée dans le psychisme.

L’orgasme constitue la jouissance d’une pulsion car son apogée permet l’extinction momentanée de
l’énergie libidinale déclenchée, la satisfaction sexuelle

 L’orgasme rejoint la logique de la satisfaction d’un besoin par l’apaisement d’une tension
 Première définition d’une jouissance dont l’aboutissement est lié à un coït/rapport sexuel et
donc nécessite un corps sexué (Lacan => jouissance phallique, terminologie qui pose
question). Elle est phallique car elle repose sur le passage du réel au symbolique, du corps au
langage par l’intermédiaire de la sphère imaginaire.

L’orgasme ne serait donc que l’aboutissement d’un rapport sexuel dont l’élément indispensable est
un corps sexué. Lacan définira ce type de jouissance comme « phallique » », car reposant sur le
passage du réel au symbolique, du corps au langage par l’intermédiaire de la sphère imaginaire.
L’orgasme, dans cette optique, peut donc se dire, se décrire mais il peut aussi être, dans un
mouvement rétrograde, inhibé ou perturbé par des éléments issus du symbolique. Il s’agirait ici de
représentations pouvant bloquer l’accès à la jouissance

 Unorthodox : actrice qui serait atteinte de vaginisme => problématique liée à un orgasme.
Vision d’une problématique sexuelle associée à un organe.
 Si on prend l’orgasme dans sa dimension phallique, on voit que c’est parce que la pulsion
sexuelle passe par le symbolique et l’imaginaire qu’elle peut être arrêtée
 Si rapport sexuel rate : pas à cause des problèmes de vaginisme mais parce qu’il y a des
représentations/éléments du symbolique (refus de se marier, dégout pour son mari, refus
d’appartenir à cette religion, …) qui viennent bloquer son accès à l’orgasme et à la jouissance.

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Lacan a défini une autre conception de la jouissance dans son Séminaire XX, qu’il dit « féminine » -
mais qui touche homme et femme. C’est la Jouissance Autre.

 On ne sort pas trop de la dichotomie phallique/féminine


 / !\ Lacan de confond pas « jouissance féminie » et femme et « jouissance phallique » et
homme.

Selon Lacan, cette jouissance n’a strictement aucun rapport avec le plaisir car elle dépasse les limites
fixées par le principe de plaisir pour rejoindre un plus « qui s’éprouve et dont on ne sait rien » (dire)
(Lacan, 1973, p.71 cité par Cléro, 2003, p.149). Ce plus serait le point de jonction entre la pulsion de
mort et la pulsion de vie. L’accès à cette jouissance aurait pour effet de se rapprocher de la mort,
d’anéantir le sujet, ce qu’il est

« L’amour comme abandon à l’Autre au-delà de toute raison, un amour complètement désintéressé,
déconnecté de toute référence à l’utile et donc de toute idée de récompense, dans ce monde ou dans
l’autre. Et la seule preuve de la pureté de l’amour, c’est de s’abolir au profit de l’objet aimé, de mourir
pour lui. » (Demoulin, 2004, p.136). La jouissance Autre aurait donc pour principe l’acceptation de
l’amour infini pour l’autre et le détachement de toute attente égoïste de prise de plaisir.

 Cette jouissance autre peut tout à fait exister aussi dans la sexualité et dans une jouissance
phallique

QU’EST CE QUI EST SEXUEL


Le sexuel est la jouissance liée aux actions accompagnant la décharge de tension au niveau des zones
érogènes, essentiellement conduits par l’Autre

QU’EST CE QUI EST NON-SEXUEL


Le non-sexuel reste lié directement à la satisfaction du corps interne et ne mène pas à la constitution
d’objets représentés. Les objets prégénitaux sont des substances chimiques dont l’action reste en
dehors du champ de la représentation mais qui, une fois associés aux objets sexuels, leur donne une
dimension plus universelle (cfr objets oraux et anaux)

 Manger va permettre de soulager une sensation => Pas sexuel. Mais lorsque manger est
associé à l’oralité, à la rencontre avec l’autre, alors ça prend une dimension universelle et donc
accolée à la pulsion sexuelle.

40
5. DES PERVERSIONS AUX PARAPHILIES
PERVERSIONS
Quelles que soient donc ses facettes, la perversion a trait à une sorte de négatif de la liberté. Elle est
la négativité de l’histoire en acte : anéantissement, déshumanisation, haine, destruction, emprise,
cruauté, jouissance, mais aussi créativité,́ sublimation, dépassement de soi, excès. En ce sens, elle
peut être aussi entendue comme l’accès à la plus haute des libertés puisqu’elle autorise celui qui
l’incarne à être simultanément un bourreau et une victime, un maître et un esclave, un barbare et
un civilisé. La fascination qu’exerce sur nous la perversion tient à cela qu’elle peut être tantôt sublime
et tantôt abjecte. Sublime quand elle est incarnée par des rebelles au caractère prométhéen qui
refusent de se soumettre au verdict des dieux ou à la loi des hommes, au prix de leur propre exclusion,
abjecte quand elle devient l’expression souveraine d’une froide destruction de toute forme de lien
généalogique. (Roudinesco, 2012)

Les perversion, au-delà de la question de pratiques sexuelles, ont de tout temps suscité à la fois la
fascination et à la fois la révulsion. Il y a quelque chose dans les personnages les plus mythiques dit
pervers qui suscite quelque chose du registre presque divin. Jusqu’où peut-on aller vers ou contre
l’autre.

Dans toute l’histoire de la sexualité, des pratiques et de la manière dont la médecine ou la psychiatrie
ont tenté d’appréhender la question de la perversion, on se retrouve pris entre ce continuum de ce
qui est le plus divin et ce qui est le plus abject (Hannibal qui suscite quelque chose d’extrêmement fort
VS grand rites religieux dans lesquels des pratiques perverses peuvent être employés à des fins
divines).

Cette question des perversion est très sensible car elle va au-delà de la question de morale : elle touche
à quelque chose très intime en nous qui. Cette partie de perversion intime vient se rejouer dans la
position qui a été prise dans l’histoire.

PERVERSIONS: bref historique


Jusqu’au 18ème siècle inclus, le droit ne se positionne pas du tout sur la question des perversion :
uniquement la criminalisation des actes d’abus sexuel sur enfant et des sévices autours de la
nécrophilie. On avait plutôt un droit centré sur l’ordre du mariage, celui-ci organisait ce qui était
légitimé ou non, ce qui se faisait en dedans des pratiques privées ou pas.

C’est seulement au 19ème siècle au moment où il y a une « crise de la masculinité » car il y a une
urbanisation, développement des technologies qui augmentent les mobilités => augmentation de la
visibilité des pratiques et le début de l’émancipation féminine. C’est à ce moment que la loi prend en
main les perversions pour réorganiser l’ordre du mariage et les normes sociales.

• Modèle de la pathologisation (et souvent de la criminalisation) des conduites sexuelles non-


reproductives à un modèle qui pathologise la question sociale et politique du consentement
dans les relations sexuelles et les rapports de genre.
o Aujourd’hui, la perversion va bien plus être ce qui concerne ce personnage qui ne
respecte pas le consentement de l’autre. Avec toute cette difficulté (même pour la
loi) de statuer sur ce qui concerne le consentement et même le consentement peut
aller au regard des sujets.

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• Si aucune perversion n’est pensable sans l’instauration des interdits fondamentaux – religieux
ou laïcs – qui gouvernent les sociétés (interdit de l’inceste, …), aucune pratique sexuelle
humaine n’est possible sans le support du langage, c’est-à-dire sans une rhétorique
(Roudinesco , 2012)
o Nous produisons un discours sur la sexualité et donc cette production même fait
qu’elle n’existe plus pour elle-même => Le discours qu’on a produit dessus la rend
d’emblée colorée d’une certaines orientation théorique, d’une certaine manière de
penser.
o Dans ce sens, les perversion n’échappent pas à cette logique là.

• La psychanalyse, du moins dans ses développements les plus soucieux de vérité, se départit
aujourd’hui de la normativité qui entache ses notions fondamentales — notamment celle de
perversion — et considère nombre de comportements « pervers » comme des passages
obligés jalonnant une construction complexe de la personnalité
o Postulats historiques de Freud sur la construction subjective stadique (Freud ne
construit pas la perversion mais les névroses et psychoses) => passage obligé par le
« pervers polymorphe »
o Freud : « les bébés sont pervers polymorphes » : il replace la question des perversions
d’objets (quel objets on utilise pour amener la satisfaction et de quelle manière ça
nous mobilise) et de but comme un passage obligé pour accéder à la génitalité
complète.
Encore aujourd’hui dans un point de vue bêtement développemental, on voit que le
bébé passe par des phases (nécessaire d’un point de vue de sa constitution psychique
et de son développement psychomoteur) de satisfaction, d’auto-érotisation de son
corps propre qui sont de sadisme/masochisme, de dévoration, de pénétration d’ojet,
…=> Si on translate ça à l’âge adulte, on appelle ça des perversions. Chez un bébé ça
fait partie de son développement normal pour accéder à la construction de sa
personnalité qui en passe par l’érotisation de son corps propre et des objets partiels
(qui conduisent partiellement à la satisfaction).

(On utilise toujours la psychanalyse comme modèle pour parler de la sexualité : ça n’est pas tant la
question de la psychanalyse, c’est la question d’un modèle de l’appareil psychique. L’appareil
psychique réponde à des lois fondamentalement distinctes de celles du corps ou du social. Ce postulat
de base est fondamental pour distinguer ce qui est de l’ordre de la psychologie (clinique) et du reste.
C’est la psychanalyse qui a posé ce cadre.)

Ça a toujours été un historique de la pathologisation et de la criminalisation des conduites non


reproductives. C’est un modèle qui va pathologiser la question du consentement. La pathologisation
va maintenant s’attarder sur celui qui ne respecte pas le consentement de l’autre.

On a du côté des troubles paraphiliques :

• Catégorie démembrée : On passe vers l’idée que si socialement ça conduit à une souffrance
subjective, c’est cette souffrance qui est considérée comme pathologique (au sens de : à
traiter du côté de la santé mentale).
• Autres catégories : on adjective la perversion et on met trouble devant mais sinon pas grand-
chose n’a changé.

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Hormis pour la première catégorie qui est devenue une catégorie plutôt sociale, ça oscille entre des
catégories qui se voudraient très descriptives du côté de la pratique. Mais sadisme et masochisme
touche au fantasme : ça ne dit en rien si la personne est dans les faits sadiques ; ça peut être
uniquement des pensées intrusives et répétitives du côté du sadisme ou masochisme .

• Fétichisme : concerne les comportements et l’aspect fantasmatique


• Pédophilie : pratique, ordre social et consentement
• Troubles paraphiliques non spécifiés : concerne le consentement

PARAPHILIES : Description et impasse


 Impasse dans la définition des paraphilies :

Définition (DSM-V) : trouble paraphilique est une paraphilie qui cause du malaise ou des difficultés à
la personne ou une paraphilie dont la satisfaction a causé du mal ou le risque de nuire à d’autres
personnes. La présence d’une paraphilie est une condition nécessaire mais pas suffisante pour qu’il y
ait un trouble paraphilique et la présence d’une paraphilie ne justifie pas en elle-même une
intervention clinique

Critères :

• Critère qualitatif positif (ceux qui sont nécessaires + manifestation visible du trouble) : désir
sexuel récurrent et intense lié à l’objet de la paraphilie, qui peut se manifester sous la forme
de fantasmes, d’impulsions ou de comportements sur une période d’au moins 6 mois.
 On oscille entre quelque chose qui concerne une tentative d’une clinique intrasubjective (ce
qui se passe dans le tête des sujets) à la question comportementale qui dénaturalise l’idée de
pouvoir construire une clinique du sujet (de comprendre les paraphilies en terme d’effets de
la subjectivité).
• Critère négatif (critères qui ne se manifestent pas de façon visible) : les fantasmes, impulsions
ou comportements sexuels engendrent une détresse psychique cliniquement significative ou
une altération du fonctionnement social, professionnel, ou d’autres domaines de
fonctionnement importants ; ou les actions réalisant la pulsion impliquent une personne non
consentante ou causent des dommages à autrui.
 C’est encore plus flou :

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o question intrapsychique avec la détresse subjective (ex : homosexualité qui ne peut
plus être un trouble) et
o pour les questions de l’altération du fonctionnement social (on est plus du côté de la
subjectivité) et donc des normes sociales qui régissent une société
o et enfin la question du consentement
 Impasse car on mesure les paraphilies en fonction des fréquences donc en fonction d’une
norme qui considère que c’est anormal d’avoir des fantasmes récurrents pendant plus de 6
mois et de son degré de nocivité pour autrui.
 Seul endroit où on arrive à se départir d’une norme/ rapport à la criminalité => question de
détresse subjective qui est cardinale.

Donc l’homosexualité est sortie du DSM mais elle est toujours dans les troubles associés au fait
d’appartenir à une minorité. Ça n’est plus une catégorie qui appartient aux perversions sexuelles mais
elle se trouve dans les catégories liées au fait que ça puisse constituer des particularisme au niveau
social.

Nécessité d’une clinique de l’agent, du sujet


Dans cette manière de décrire les paraphilies pour essayer de proposer une clinique du sujet, on a une
grande difficulté car le DSM propose de définir les paraphilies ou les perversions de façon à la fois
descriptive comportementale, descriptive subjective du fantasme ou de la détresse, sociale
(moralement justifié) et enfin du consentement.

Si on regarde la manière dont les cliniciens ont essayé de théoriser les paraphilies, on voit qu’il y a une
difficulté à proposer une théorie générale des perversion :

• Dupré, 1912 : les perversions instinctives : la perversion est quelque chose qui dépasse le sujet,
qui est de l’ordre de l’instinct et donc les sujets dépassés par eux même ne sont pas
responsables de leurs actes (clinique du passage à l’acte). Corolaire de cette proposition
théorique : la souffrance subjective évincée et dé subjectivation de ces personnes.
• Freud : trois essais sur la théorie sexuelle
o Névrose obsessionnelle : surgissement du refoulement horrifie le sujet
o Perversion sexuelle : mise en acte jouissive du fantasme
 Il tente de proposer que les paraphilies soient des réponses d’une part à des névroses
obsessionnelles (logique de cette névrose finissent par se localiser sur quelque chose de
sexuel) et les perversions sexuelles (côté de la mise en acte du fantasme jouissive)

Ni Dupré, ni Freud n’ont permis de pouvoir appréhender les questions de ces perversions à partir de
leur fonction. C’est-à-dire « à quelle fonction, de quelle subjectivité ces pratiques perverses sont le
nom » ?

On se positionne en se disant que la question n’est pas tant de savoir si c’est dans le DSM , la question
du rapport à la loi mais d’entendre ça dans la question de l’agentivité : une clinique du sujet qui
remette le sujet au cœur de cette pratique et qui permet au clinicien d’essayer d’appréhender ces
pratiques dites perverses dans une logique plus générale. Dans une logique qui n’est pas
indépendante de la sexualité mais où la sexualité n’est pas la question en tant que telle (logique
sous-jacente)

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En ce sens on voit que dans tout ce qui concerne les pratiques sexuelles (SM) dans la littérature, on
prend la question non pas « est ce que ça produit une détresse ou pas, consentis ou pas, … » ? mais
du côté de « à quoi est-ce que ces paraphilies répondent » (pour les comprendre)

HYPOTHESES DES FONCTIONS DES SEXUALITES ET DE SES AVATARS


UNE SOLUTION ?

• à un trouble d’ordre sexuel, dégageant notamment le sujet de la responsabilité d’une «


performance sexuelle
 Permet au sujet de pouvoir se décaler des injonctions à la performance sexuelle en se mettant
dans une mise en scène/ en acte du côté masochique ou sadique (chemsex)
• à un conflit psychique de type phobique : les personnes qui ont des phobies horribles peuvent
trouver des solutions en se trouvant des étoffes dans les pratiques masochiques dans
lesquelles ils peuvent retrouver une subjectivité et une forme de contrôle
• Une fonction principalement anxiolytique permettant de faire baisser leur niveau d’angoisse,
et une fonction d’exutoire, toutes deux autothérapeutiques.
• La douleur dans le contexte des pratiques SM pourrait permettre de retrouver des sensations
perdues du fait de la dissociation traumatique vécue à répétition pendant les abus subis par le
sujet (on peut fréquemment trouver dans leur histoires des histoires d’abus ou de violence
qu’ils vont pouvoir rejouer ou se mettre à contrôler par la mise en scène dans des pratiques
dont ils sont aux commandes).

QUELQUES PISTES CLINIQUES


Toutes ces questions sont in fine des questions qui sont fondamentalement psychiques même si c’est
en réponse à une manière dont l’ordre ou le désordres social a été établis, …

Mais ce qui concerne à l’échelle intime l’ordre ou le désordre sexuel concerne généralement bien
l’histoire du sujet et vient faire réponse à des éléments cliniques qui sont trans-structurels et
indépendants des comportements.

• Clinique du trauma
• Clinique de l’après-coup : c’est dans l’après coup qu’un acte/situation/pratique peut paraitre
perverse (comme dans une relation mdr)
• Clinique des névroses obsessionnelles : qu’on retrouve fréquemment (pensées inclusives qui
se répètent et qui finissent par prendre des formes sexuelles)
• Clinique de l’angoisse : tenter de répondre aux questions « qui suis-je, qu’ai-je fait, vivre ou
mourir ». Et à ça la question de la sexualité ou des pratiques sexuelles peuvent être une
tentative de couper ces questions, de s’en protéger.

Les clés en tant que clinicien:

• Intentionnalité : qu’est ce qui se passe pour ce sujet, quelle est sa place en tant qu’individu
dans cette histoire, comment il peut se l’approprier
• Historicité : de quoi cette pratique/événement est le nom
• Mécanismes de défense ça répond : en quoi la sexualité est défensive ou non
• Sens que l’on met au sexuel, au sexualisé

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Intervention sur le consentement

Introduction
La notion de consentement est un enjeu majeur pour tenter de comprendre et de lutter contre les
violences sexuelles, les viols et les agressions sexuelles mais aussi car il reste défini de manière ambiguë
selon le point de vue duquel on se place et il est aussi employé différemment par la justice pénale.

C’est une notion centrale reconnue sur la scène publique (programmes d’éducations, campagnes, …)
et pas que judiciaire.

Cette tendance n’est pas nouvelle car Danielle Bauriollot ? montre que c’est au tournant du 19eme
siècle que le consentement va constituer un tournant majeur entre le licite et l’illicite en termes de
sexualité. Ça va remplacer une morale catholique ou bourgeoise qui plaçait la sexualité au cœur de
cette morale (hétérosexuelle dans le mariage et à vue procréative).

A partir du 19ème siècle, cette sexualité fondée sur les mœurs va être remplacée progressivement par
une morale plus formelle basée sur le consentement. Ce qui va rendre un acte légitime n’est pas tant
son contenu que le cadre contractuel dans lequel il s’insère. Si les deux partenaires (ou plus)
consentent à cet acte, il n’est pas moralement répréhensible.

Les tribunaux vont mettre un temps à récupérer ce tournant.

On va surtout se focaliser sur les limites juridiques du consentement :

• D’abord à partir des vices du consentements : le consentement peut être vicié quand on
estime qu’il y a fraude ou mensonge préalablement au rapport sexuel. Les informations sont
jugées essentielles pour que l’autre partenaire puisse consentir de manière libre et éclairée.
o Exemple : statut matrimonial, genre ou état de santé (VIH, …)
• Ses frontières: dignité humaine, dommage causé à autrui, santé publique.
o Pour beaucoup d’auteurs, le consentement devrait suffire. Le droit devrait se
contenter de fixer des règles minimales pour prescrire ou non des activités sexuelles.
On peut envisager quelques limites : liberté de consentir et des rapport de force dans
lesquels les partenaires peuvent se trouver qui peuvent rendre difficile un choix
véritablement libre et éclairé
o Pour d’autres, le consentement ne devrait pas être pris en compte s’il remet en
compte la dignité humaine ou l’intégrité corporelle. Ça laisse toute la question de dans
quelle mesure on peut consentir au fait de causer un dommage à autrui ou même à
soit même (ex : cannibalisme). Quand on estime que le consentement ne suffit pas, on
est vite dans une position paternaliste.
 Pour les tribunaux même un acte consenti par les partenaires peut être condamné s’il cause
un tort à autrui ou à soi-même.

Tournant au niveau juridique de la prise de position de la cours européenne des droits de l’homme
avec un arrêt de 2005 où des pratiques SM assez violentes où le cadre SM était consenti par l’ensemble
des partenaires (1 femme et 2 hommes) => peut on consentir et jusqu’où peut-on consentir à son
propre dommage ? (femme avait perdu connaissance). La cours européenne reconnait la possibilité de
consentir à son propre dommage.

Dans cette recherche, Charlotte Pezeril propose de déplacer le regard et de décaler les interrogations
au niveau du consentement :

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• Ne pas envisager le consentement strictement au travers son absence
• Ne pas envisage le consentement uniquement entre homme/femme => ne pas rester dans un
cadre hétéronormé.
• Relations tarifées et une demande de domination sexuelle => touche aux limites morales des
acteurs judiciaires et donc révèle des tensions intéressantes pour interroger les consentement.

On se penche sur un cas à Bruxelles : la condamnation d’un homme pour risque de transmission du
VIH. Ce rapport faisait suite à un rapport tarifé où c’était le client qui avait demandé une stimulation
de viol à un travailleur du sexe et ce dernier étant séropositif a été condamné à 18 mois de prison car
cette relation a été sans préservatif.

Le spectre (des débats) du consentement


Le consentement devient un enjeu féministe et même un terrain d’affrontement entre les féministes
dans les années 80. De manière moins violente en France et en Belgique qu’aux US où on parle de « sex
wars ».

Enjeu : est ce que la sexualité peut être un lieu de libération ou un lieu d’oppression ?

Militantes pro Sexe :

• Gaël Rubin : la morale sexuelle condamne des actes consensuels (ex : sodomie consensuelle,
les rapports homosexuels, adultère, …). Ces lois criminalisent des pratiques sexuelles qui sont
librement choisies voire même vivement désirées par des partenaires adultes. Une politique
radicale du sexe devrait promouvoir une liberté érotique et donc se limiter au consentement
des partenaires.
• D’autres militantes voient la sexualité et l’hétérosexualité en premier lieu comme un lieu
d’oppression pour les femmes. Pour Catherine MacKinnon, la domination masculine est
forcément sexuelle. Toute la dimension sexuelle de la domination et de la soumission joue un
rôle dans la subordination des femmes. On ne peut pas occulter les réalité des viols, des
incestes => tout ça crée un système global de la sexualité où c’est la contrainte qui devient la
dynamique du désir. On est plutôt dans l’apparence du choix qui va être naturalisé mais qui
dissimule la réalité de ces rapports de force. On se construit et on est construit où les femmes
aiment être violentées et où les hommes développent des fantasmes de domination voire de
viol.
 Aboutissement à l’interdiction de la pornographie dans différents états aux US. Moins violent
dans les pays francophones en Europe car méfiance des féministes par rapport au droit (se
tiennent à l’écart du combat juridique jusque dans les années 90). Elles dénoncent que le
consentement est pris dans une forme libérale contractuelle et pour elle c’est une illusion au
regard des inégalités structurelles.

Quand céder n’est pas consentir (N-C Mathieu):

Montre que les femmes sont dans une telle domination patriarcale elles ne vont que céder. C’est ce
mécanisme là qui fait que quand une femme va être violée, la responsabilité va lui être incombée.

Procès : femme enfermée dans une malle tous les soirs par son mari et elle finit par le tuer. La
question va être : dans quelle mesure elle consentait ou pas à y aller alors qu’il n’y avait pas de

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violence. Conclusion du tribunal : pas consentante car ne continue pas à y aller quand son mari est
mort. Pour Mathieu ça montre bien comment on est dans un déni de l’oppression par les tribunaux
mais aussi parfois par les victimes

Devoir conjugal : difficulté à penser l’autonomie des femmes car la jurisprudence française sur le viol
conjugal n’est modifiée qu’en 1992.

Troubles dans le consentement :

Ce consentement n’est pas juste un consentement individuel mais il s’inscrit dans un cadre structurel
de rapports sociaux entre hommes et femmes mais aussi entre individus de manière plus générale.

Spectre du consentement (G Fraisse) : la notion même de consentement est assez trouble.

• Consentement dans sa tête


• Consentement vis-à-vis d’autrui : question de communication et d’intercompréhension entre
partenaires.

Spectre car on est aussi rarement dans un accord de nature écrite. Souvent le consentement s’incarne
aussi dans les corps et donc n’est pas toujours explicite.

Alexia Boucherie étudie les cas où on est pas dans l’imposition violente d’un acte sexuel mais on est
pas non plus dans un consentement pleinement voulu de l’acte sexuel.

C’est ce qu’on appelle la « Zone grise ». Pourquoi on a des relations dans cette zone si on en a pas
vraiment envie ? (plusieurs raisons)

• Conformité : idée que dans un couple il faut avoir des rapports sexuels (héritage devoir
conjugal), bon pour le couple, indicateur de la solidité du couple, faire plaisir, emprise de la
relation, …
 Pèse davantage sur les femmes dans une relation hétérosexuelle que les hommes ou les
femmes dans une relation lesbienne

Le (non) consentement sexuel selon les tribunaux


Loi de 19809 sur le viol en Belgique selon le code pénal (art. 375) :

« Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit et par quelque moyen que ce soit,
commis sur une personne qui n'y consent pas. Il n'y a pas consentement notamment lorsque l'acte a
été imposé par violence, contrainte ou ruse, ou a été rendu possible en raison d'une infirmité ou d'une
déficience physique ou mentale de la victime. »

On estime qu’il y a viol que s’il y a violence, contrainte ou ruse ce qui est problématique dans plusieurs
procès.

Canada :

Consentement : « l’accord volontaire du plaignant à l’activité sexuelle » (art. 273.1)

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Il est souvent présenté comme un exemple car ils ne vont pas définir le consentement de manière
négative. Ils le définissent comme un accord VOLONTAIRE du plaignant à l’activité sexuelle.

Pour que le consentement soit valide, il doit être exprimé librement par la personne. Elle doit savoir à
quoi elle consent précisément et il faut lui reconnaitre la capacité à consentir.

Avec la jurisprudence le Canada défini de plus en plus précisément le consentement :

• A partir de 99 : réfute la théorie du consentement tacite : pas si de résistance il n’y a pas viol.
S’il n’y a pas d’accord volontaire alors il y a viol, pas forcément besoin d’une résistance.
• 2011 : un personne consentante est une personne consciente et lucide (pas endormie ou qui
a perdu connaissance)
• Pour qu’une activité sexuelle soit « valide » : choix libre et éclairé et la personne doit être au
courant de la nature sexuelle de l’activité et des risques liés à cette activité sexuelle

Arrêt Cuerrier de 1998

Dans cet arrêt on estime que si le consentement à été donné suite à une fraude vis-à-vis des risques
liés à l’activité sexuelle ( sur le fait d’avoir le VIH)=> Vice du consentement et donc la personne peut
estimée être autrice d’une agression sexuelle vis-à-vis de son partenaire.

C’est problématique car c’est assimilé à un viol avec des condamnations très lourdes (jusqu’à 10 ans
de prison) et des répercutions juridiques importantes (interdiction de travailler avec des mineurs, de
vivre à proximité d’une école).

A partir de 1998 on va avoir des condamnations de partenaires qui ont consenti à des activités
sexuelles mais comme un des partenaires n’a pas révélé sa séropositivité avant, ça va être considéré
comme une agression sexuelle par les tribunaux. Dans certaines parties du canada même l’utilisation
d’un préservatif va être considéré comme insuffisant pour se protéger des risques du VIH.

Si la personne n’est pas au courant qu’elle est séropositive, elle ne peut pas être condamnée car elle
ne peut pas être coupable de ne pas divulguer son statut qu’elle ne connait pas elle-même => Frein
aux campagnes d’incitation au dépistage car l’ignorance peut prévenir contre une condamnation.

Si la personne prend un traitement (charge virale indétectable) :

• Certains tribunaux canadiens considèrent qu’à partir du moment où la personne a une charge
virale indétectable, le risque était estimé trop faible et donc il n’y avait pas agression sexuelle
• D’autres ont estimé que ce n’était pas une raison suffisante.

La pénalisation de la transmission sexuelle du VIH


La vague de pénalisation (C. Pezeril) :

A partir du milieu des années 2000, la pénalisation du VIH se renforce alors que c’est au moment où il
devient une maladie chronique.

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Femmes : les « victimes oubliées » ou les « monstres » condamnées? (G. Le Naour & S. Musso; K.
Ribeiro) :

Pendant longtemps ce sont les femmes et les associations (femmes positives) au nom de « ces femmes
sont les victimes oubliées de l’épidémie ». Aujourd’hui on se rend compte que les femmes se
retrouvent condamnées au même titre que les hommes et même parfois plus. Car les femmes sont
plus dépistées que les hommes ( du fait du suivi de grossesse) et donc sont plus susceptibles d’être au
courant de leur séropositivité. Il y a également des femmes condamnées pour transmission materno-
fœtales (Nigeria).

Une affaire (2012) : femme porte plainte pour violence conjugales contre son ex à son égard et à
l’égard de son enfant (mineur ou moment des faits). Suite à cette plainte, l’homme rétorque en portant
plainte pour agression sexuelle car elle ne lui a pas révélé tout de suite sa séropositivité (après la
première relation sexuelle – ils sont restés 4 ans ensemble après).

 C’est cette femme qui a été condamnée pour agression sexuelle grave.

Procès emblématique ou problématique ?


Tentative de transmission du VIH (il n’y a pas eu transmission !!) :

« administration de substances qui, sans intention de tuer, peuvent donner la mort ou […] altérer
gravement la santé » (art. 402/405)
• Tribunal correctionnel de Bruxelles, le 20 octobre 2015
• Cour d’appel de Bruxelles, le 10 mai 2017
=> 18 mois + amende

En 2013, un homme contacte un travailleur du sexe pour demander une stimulation de viol. Il laisse la
porte de son appartement ouverte pour stimuler une infraction. Le lendemain l’homme dit à la
pharmacie qu’il a été violé et qu’il lui faut un traitement contre le VIH. Suite à cette plainte les policiers
commencent l’enquête et dit ne pas savoir qui l’a violé. Au fur et à mesure il révèle qu’il connait qui l’a
« violé » et perquisitionnent l’appartement (dont la vidéo de l’acte). Visionnant la vidéo, l’acte de viol
va être écarté mais on garde la tentative de transmission du VIH.

On est presque dans la « sexual fraud » canadienne car le consentement de la relation sexuelle ne fait
aucun doute aux yeux du tribunal mais on estime qu’il y a quand même un consentement vicié car le
travailleur du sexe n’aurait pas divulgué sa séropositivité. Le tribunal va suivre la parole du client sur
base de son état de panique en arrivant à la pharmacie.

 18 mois de prison + amende

Conclusion
Ces affaires remettent en cause un paradigme central au cœur de l’épidémie de SIDA : la responsabilité
partagée. Remise en cause claire de cette responsabilité.

Il y a une négation par la justice des rapport de force qui peuvent avoir lieu : on est dans le cadre d’une
relation prostitutionnelle

A aucun moment les tribunaux n’estiment le rapport réel au risque (contrairement au Canada) : on ne
demande même pas au prévenu si sa charge virale était détectable ou pas.

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Dans quelle mesure si on fait intervenir le droit dans ces questions d’intimité et de relations sexuelles :
conseille d’avoir la trace de cette divulgation de la séropositivité (papier écrit, enregistrement, …) =>
Jusqu’où la justice doit-elle encadrer notre morale sexuelle.

Questions :
Gender Fraud : 3 procès pour des cas de personnes trans condamnées pour ne pas avoir diffusé leur
sexe assigné à la naissance avant une relation sexuelle (pays britannique je crois ?).

Personne alcoolisée : ça dépend si la personne a un taux d’alcool qui fait qu’on est en coma éthylique
=> considérée comme inconsciente. Le procès précis qui donne cette jurisprudence au canada : suit à
une strangulation consentante où il y a eu une perte de conscience (ça ça va) mais quand elle était
inconsciente son partenaire l’a sodomisée et il a été condamné sur cette base.

Barebacking : conseil d’un consentement écrit, cas de ces soirées où on fait signer un papier aux
participants. Il y a eu une affaire en grande bretagne qui impliquait plusieurs partenaires (hommes)
dont un séropositif qui ne l’avait pas divulgué. Plainte mais la justice n’a pas suivi car on ne pouvait pas
exclure le faire que l’homme qui avait découvert sa séropositivité car on ne pouvait pas être sur qu’il
l’ai eu là.

 Pour ça que la plupart des condamnations se fait dans des couples hétérosexuels « stables »

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