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Fonctions

sémantiques,
mnésiques, et
spatiales
PSY3032H-H23 – NEUROPSYCHOLOGIE
HUMAINE
JEAN-MARC THERRIEN-BLANCHET ©

1
Fonctions sémantiques et spatiales
◦ Systèmes sensoriels

◦ Systèmes attentionnels Entrées


Traitement
sensorielles
◦ Héminégligence

◦ Mémoire

◦ Agnosie

◦ Anosognosie
Sortie Verbale ou
Motrice

2
Systèmes sensoriels
F O N C T I O N S S É M A N T I Q U E S E T S PAT I A LE S

3
Systèmes sensoriels
Système responsable de traiter
l’information sémantique « QUOI », et
spatiale « OÙ ».
Entrées auditives, visuelles, et
somatosensorielles convergent en zones
associatives pariétales et temporales.
◦ Environ 4/5 de la surface corticale est
dédiée aux cortex associatifs.
◦ La structure cellulaire des cortex
associatifs est particulière.

4
Systèmes sensoriels
Système visuel : résumé
90% des projections rétiniennes décussent
(se croisent).
Décussation des hémi rétines nasales au
chiasme optique.
Première synapse au corps genouillé latéral
(thalamus) puis projection au cortex strié.
◦ Organisation rétinotopique dans le cortex
visuel (strié).
◦ Reconnaissance de caractéristiques visuelles
de plus en plus complexes.

Projections associatives permettent


reconnaissance de ce qu’on voit.

5
Systèmes sensoriels
Système visuel : résumé
Division du champ visuel
Hémisphère gauche perçoit champ visuel droit, et
hemisphère droit perçoit champ visuel gauche
Distinguer:
◦ Hémichamps visuels gauche et droit
◦ Hémisphères
◦ Champs rétiniens gauches et droits (monoculaire)
◦ Rétines perçoivent hémichamps gauches et droits.

6
Troubles visuels neurologiques

Anopsie: perte de la vue (il faut en


savoir davantage pour connaître la
cause probable)

Hémianopsie: perte de la vue dans la


moitié du champ visuel (lésion du tract
optique ou cortex)

Quadranopsie: perte de la vue dans un


cadran visuel (lésion des radiations
optique ou partie du cortex visuel)

Scotome: perte de la vue dans une aire


du champ visuel monoculaire
(problème rétinien ou du nerf optique)
ou binoculaire (problème dans le tract
optique, radiations, ou cortex).

7
Scotome

8
Traitement associatif suit 2 voies (modèle
simple):

- Voie dorsale pour la vision spatiale :


détection du mouvement et de la position
dans l’espace / attention spatiale.
- Un trouble associé: héminégligence
- Voir ventrale pour la reconnaissance
d’objets (gnosies)
- Un trouble associé: agnosie

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Systèmes sensoriels
Somatosensoriel (le toucher)
1. terminaisons nerveuses dans la peau (et
ailleurs) captent signaux (vibration, douleur,
chaleur, etc.) et transmettent le long de nerfs.
2. Tous les signaux sensoriels décussent (croisent)
et font une première synapse, mais à différents
niveaux selon le type de signal (colonne dorsale =
vibration et position, spinothalamique = douleur
et temperature)
◦ Colonne dorsale décusse au tronc cérébral
◦ Voie spinithalamique décusse à la moelle épinière.

3. deuxième synapse au thalamus


4. projection corticale

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Systèmes sensoriels
Système somatosensoriel
Gyrus postcentral : cortex somatosensoriel
◦ Zone sensitive du toucher.
◦ Homoncule sensitif.
◦ Reçoit afférences des nerfs sensitifs à travers le corps
(dermatomes)

Les zones associatives du cortex pariétal sont dédiées à


l’intégration des sensations et des stimuli visuels pour se
former une représentation spatiale.
L’audition = cours 5 (lien avec langage)

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Systèmes sensoriels
Le thalamus est le centre de relais
intégratif sensoriel
La vision, la
proprioception/toucher, et
l’audition, synapsent dans le
thalamus, mais pas l’odorat.
Le thalamus régule également
l’attention, le niveau de
conscience, et le sommeil, par
l’activation/selection de réseaux.
Lésions thalamiques causent des
deficits variés incluant: sensoriel
(vision, toucher, et/ou audition),
faiblesse, mémoire, aphasie,
trémeur, douleur chronique, et
épilepsie.

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Systèmes sensoriels
Les ganglions de la base/noyaux gris centraux
Les structures de matière grise suivantes (definitions varient):
◦ Dans le cerveau: noyau caudé, putamen, globus pallidus
◦ Dans le mésencéphale: substance noire
◦ Dans le diencéphale: noyaux sous-thalamiques.

Striatum = caudé, putamen, striatum ventral (inclut le nucleus


accumbens).
Dans l’ensemble, ces structures forment des boucles neuronales
avec des afférences corticales et efférences thalamiques
principalement inhibitrices servant à moduler et sélectionner les
signaux.
◦ Division motrice, associative et limbique/émotionnel
◦ Rôle dans le contrôle moteur, l’attention, l’apprentissage implicite et
formation d’habitudes/recompense (circuit de la recompense).

13
Schéma Classique: ne pas mémoriser

14
Schéma plus à jour. Ne pas mémoriser.

15
Pour en savoir plus…
VOIR LE COURS PSY2055 – PERCEPTION

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Systèmes attentionnels
F O N C T I O N S S É M A N T I Q U E S E T S PAT I A LE S

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Systèmes attentionnels
L’attention est une capacité cognitive
hétérogène impliqué le soutien d’un
niveau de conscience suffisant et la
distribution efficace des ressources
aux stimuli appropriés pour pouvoir
traiter l’information efficacement.
L’attention est à la base du
fonctionnement cognitif
◦ Client distrait : résultats invalides
◦ Patient inconscient : impossible de
faire l’évaluation

Modèle de Posner et Petersen:


ALERTE, ORIENTATION, EXÉCUTIF
+ activation de base

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Systèmes attentionnels
Réseau d’activation ascendant (AAN)
Un niveau d’éveil/activation (arousal) est maintenu grâce à l’activité du réseau d’activation ascendant (ascending arousal
network :AAN).
Comprend les structures suivantes (non-exhaustif)
◦ Prosencéphale basal (basal forebrain, BF): région sous le striatum régule l’éveil, l’activation, l’attention, impliqué dans le contrôle de
la mémoire (lésion = amnésie et confabulation).
◦ Thalamus: structure qui distribue les afférences sensorielles au cortex
◦ Hypothalamus: structure impliqué dans le contrôle du système nerveux autonome et hormones (dysfunction orexine =
narcolepsie)
◦ Formation réticulaire : structure diffuse impliqué dans le niveau de conscience et d’éveil, avec nombreuses projections et systèmes
de neurotransmission cholinergiques et monoaminergiques

Lésions suivantes amènent le coma


◦ Hémispériques bilatérales diffuses
◦ Thalamus bilateral
◦ Tronc cérébral, surtout substance réticulaire (RAS)

19
20
Systèmes attentionnels

+- latéralisé dans les lobes frontaux et pariétaux non-dominants

21
Systèmes attentionnels
ALERTE: ce réseau sert à soutenir un niveau
d’activation suffisant lors de la réalization de
tâches.
◦ Norépinéphrine
◦ Locus coeruleus: active le système nerveux
sympathique
◦ Projections thalamiques, noyau de la base, cortex
(surtout pariétal)

Évalué par des tâches qui mesurent le temps de


réaction
◦ SART (Sustained Attention to Response Task)
◦ CPT (Conner’s Continuous Performance Task)
The locus coeruleus projections of the alerting system shown on a macaque brain. The diffuse
connections interact with other, more strongly localized systems. The alerting system also
includes regions of the frontal and parietal cortices (not shown). Reproduced from 
Aston-Jones & Cohen (2005).

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Systèmes attentionnels
ORIENTE
Prioriser les entrées sensorielles selon la modalité
(visuel, auditif, tactile) ou le lieu.
Réseaux fronto-postérieur, dorsal et ventral
◦ Réseau Attentionel Dorsal: Top-down visuo-spatial 
orienter l’attention visuelle volontairement
◦ Champs oculaires frontaux (mouvements oculaires, poursuite visuelle,
conscience du champ visuel)
◦ Pariétal postérieur = lobule supérieur et sulcus intrapariétal : attention
spatiale.
◦ Réseau Attentionnel Ventral: bottom-up, latéralisé à
droite. Permet contrôle dynamique de l’attention, de la
vigilance, ‘capturer’ ce qui est pertinent.
◦ Jonction temporopariétale/gyrus supramarginal: intègre informations
du thalamus, limbique, visuel, auditif, somatosensoriel. La ‘vue
d’ensemble’
◦ Cortex frontal ventral: détermine ce qu’on est motive à percevoir.

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Systèmes attentionnels
EXÉCUTIF
Contrôle l’attention, établir et changer les buts… (voir image prochaine slide)
Réseau frontopariétal: attention soutenue, resolution de problèmes, mémoire de travail.
◦ Maintenir les instructions de la tâche, activité accrue lors de la tâche.
◦ Dorsolatéral prefrontal (le but, la planification), postérieur parietal & intrapariétal sulcus (rôle perceptif)

Réseau cingulo-operculaire/réseau de salience: co-activation dans beaucoup de tâches, rôle difficile à définir
de ‘’maintenance de l’instruction/motivation/l’alerte’’
◦ Insula antérieure, cingulaire antérieur, thalamus.
◦ Activation dans ce réseau diminue alors que le réseau frontopariétal active.

Connectivité entre le réseau frontopariétal et mode par défaut corrèle avec l’intelligence fluide et flexibilité
cognitive
Anatomie commune dans les tâches de conflit (Stroop) où il faut ‘switch’ ou sélectionner une information
pertinente parmi d’autres: cingulaire antérieur, insula antérieure, prefrontal.

24
Systèmes attentionnels

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RÉSEAU MODE PAR DÉFAUT:
Préfrontal-medial (hub
mnésique/émotionnel) et cortex
cingulaire postérieur (rôle
mnésique/associatif)

Réseau impliqué dans


l’introspection/le rappel.
Activité corrélée inversément avec
les réseaux exécutifs
(frontopariétal), qui sont actifs
lors de l’exécution de tâches.

By Nekovarova, Fajnerova, Horacek, Spaniel - Bridging disparate symptoms of schizophrenia: a triple network
dysfunction theory, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=62546913

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Systèmes attentionnels
Résumé
à partir d’un niveau d’activation / d’alerte / d’éveil (arousal) de base, maintenu par le réseau ascendant
activateur, il y a échange dynamique d’activation de réseaux parallèles, qui maintient une vigilance lors
des tâches, active lors de la detection d’informations salientes, et échange entre l’introspection et la
concentration. Le thalamus est le centre d’échange (hub) entre ces réseaux qui distribue les activations
sensorielles. Il y a également un rôle des noyaux de la base (dépasse le cadre du cours).
Il resort donc:
◦ Un système d’activation allant de la substance réticulaire dans le tronc cérébral au thalamus
◦ Un système de vigilance connecté au système nerveux sympathique (locus coreulus au cortex)
◦ Un reseau de ‘salience’ impliquant l’insula et le cortex cingulaire antérieur, qui est inversément corrélé à la
concentration et active lorsqu’un stimuli important est détecté
◦ Un réseau de exécutif impliquant le prefrontal latéral et postérieur pariétal, associé à l’exécution de
tâches/planification/mémoire de travail.
◦ Un réseau d’introspection (mode par défaut) impliquant le cortex cingulaire postérieur et le prefrontal médial,
associé au rappel en mémoire.

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Systèmes attentionnels
Clinique
Un premier trouble attentionel important … le délirium ou état confusionnel.
◦ Désordre commun du vieillissement, avec étiologie complexe et pouvant être difficile à reconnaître et étudier.

Caractéristiques du délirium (5)


◦ Perturbation de l’attention (diminution de la capacité à diriger, soutenir, et rediriger l’attention) et de l’état de conscience.
◦ Qui se développe sur une courte période (heures-jours) et a tendance à fluctuer.
◦ Avec perturbation additionnelle de la cognition (mémoire, orientation, langage, visuospatial, perception)
◦ Qui n’est pas mieux expliquée par un trouble neurocognitif existant ou d’un état de conscience diminué (ex. coma)
◦ Et qui serait associé, selon l’historique du patient, l’examen physique ou les résultats de laboratoire, à une condition
médicale (ex. perturbation métabolique), intoxication, ou effet secondaire de medicaments

Autres caractéristiques:
◦ Perturbation psychomotrice: hypoactivité, hyperactivité avec + activité vegetative, troubles de sommeil
◦ Perturbation émotionnelle (peur, depression, euphorie, perplexité).

Nous verrons le TDAH, qui est un trouble impliquant des difficultés dans la régulation de l’attention, au Module 6

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Systèmes attentionnels
Délirium
30% des patients âgés hospitalisés vont souffrir de délirium
◦ Risque accru (jusqu’à 50%) si les patients sont affaiblis (fracture de la hanche) ou après des chirurgies
complexes (ex. cardiaque).
◦ Risque accru si démence : le délirium va souvent être la présentation initiale de la démence.

Trouble avec beaucoup d’étiologies : tout choc / perturbation suffisante chez des patients affaiblis peut
perturber leur fonctionnement attentionnel et amener un état de délirium.
◦ Médication/drogues, surtout opioids, antipsychotiques, benzodiazepines, polypharmacy, ethanol
◦ Infections, choc septique, méningite
◦ Troubles métaboliques: glycémie (hyper et hypo), électrolytes (sodium, calcium, magnesium, phosphate),
hypoxémie, etc.
◦ TCC, épilepsie
◦ Défaillance d’organe (cardiaque, rénal, pulmonaire, etc.)

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Systèmes attentionnels
Délirium - Pathologie
Comprendre la neurobiologie de l’attention permet de mieux comprendre le délirium
◦ Perturbation du fonctionnement du système réticulaire activateur, du tronc cérébral au cingulaire antérieur.
◦ Perturbation de l’intégration attentionnelle corticale (réseaux), qui est gouverné par les lobes pariétaux et frontaux non-
dominants.
◦ Intégration frontale (judgment et insight) perturbée.

Perturbation de la fonction corticale globale démontrée par EEG: à travers le cerveau, ralentissement du rhythme
alpha postérieur dominant pour des ondes lentes, sauf lorsque le délirium est dû au sévrage d’alcool et de sédatifs
(activité rapide et de faible amplitude).
Perturbation de l’activité sous-corticale: les patients avec des AVC sous-corticaux et maladies dégénératives sous-
corticales (ex. Parkinson) ont une plus grande vulnérabilité au délirium.
Rôle de l’acetylcholine: drogues anticholinergiques peuvent causer délirium chez des patients en santé, et
rétablissement avec inhibiteurs de la cholinestérase (physostigmine).
◦ Les conditions menant au délirium ont tendance à perturber la synthèse ou l’activité de l’acetylcholine.

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Systèmes attentionnels
Délirium – évaluation
L’évaluation est principalement clinique. Les études de laboratoire servent à déterminer la cause.
Différentier de :
◦ Syndrome du coucher de soleil: déterioration du fonctionnement de patients avec démence, en CHSLD le
soir/nuit.
◦ Syndromes neurologiques focaux:
◦ Temporal: l’aphasie de Wernicke peut paraître comme un délirium, mais l’attention et le reste de la cognition est intact.
◦ Occipital : le syndrome d’Anton (anopsie et confabulation) peut paraitre comme un délirium, mais l’examen confirme l’anopsie et différentie
du délirium.
◦ Frontal: peuvent avoir mutisme, manque d’initiative, jugement altéré, mémoire de travail déficitaire, incontinence, etc. difficile à
différencier; la neuroimagerie est utile
◦ Status epilepticus non-convulsive - EEG!
◦ Démence: contrairement au délirium, la démence est insidieuse, et sans déficit attentionnel marqué.
◦ Maladie psychiatrique: la depression ou la manie peuvent paraître comme un délirium. L’historique du patient
aide à différentier.

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Systèmes attentionnels
Délirium – traitement
Être doux avec le patient  traiter la cause, traiter les symptômes/la douleur, et donner du
temps.
◦ La revue de medication est essentielle dans l’évaluation et le traitement. Réduire la polypharmacie
◦ les inhibiteurs de cholinesterase n’aident pas.
◦ Rôle des sédatifs et antidouleurs: peuvent aider les symptomes (anxiété, douleur), mais aussi empirer
l’état du patient.
◦ La douleur et l’anxiété/agitation contribuent au délirium, donc il faut traiter, mais l’excès de medication aussi.

Mortalité : 1-6 mois = 14 et 22%; le délirium est un marqueur indépendant de mortalité, d’autant
plus si prolongé.
Progression variable: peut se résoudre rapidement, ou durer 12+ mois, surtout si la démence est
également présente.

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Héminégligence
FONCTIONS SÉMANTIQUES
E T S PAT I A L E S

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Héminégligence
Définition: Incapacité à traiter ou répondre à des stimuli sensoriels (visuel, auditif, tactile,
olfactif) présentés dans l’hémi-espace controlatéral à une lésion cérébrale, qui n’est pas le
résultat d’un déficit sensoriel (p. ex.: hémianopsie), moteur (p. ex.: hémiparésie), ou émotionnel
(p. ex.: dépression. )
◦ Échec de rapporter, répondre à, ou s’orienter vers des stimuli dans l’hémi-espace controlatéral.
◦ Sans détérioration intellectuelle.

Grande hétérogénéité des présentations cliniques, mais il s’agit d’un trouble acquis.
Mais souvent associée à des déficits d’attention soutenue, mémoire de travail visuo-spatiale,
sensorimoteurs, dysrégulation émotionnelle, et anosognosie/anosodiaphorie

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Héminégligence
Évaluation de l’héminégligence
L’héminégligence est souvent évidente du chevet (regard tourné à droite, ne remarque rien de l’hémiespace gauche,
même quand on l’approche ou on lui parle de la gauche.)
Tâches classiques  échec et indices qualitatifs à ces tâches suggèrent l’héminégligence, dans le contexte de l’évaluation
cognitive plus globale.
◦ Bisection de ligne: estimer et indiquer le point médian sur une ligne horizontale (également sensible à des dysfonctions non-
verbales).
◦ Annulation: chercher et marquer des symboles cibles (cloches parmi distracteurs par exemple) sur une page (peut être également
utilisé pour évaluer l’attention visuelle et la vitesse de traitement).
◦ Copie et dessin (e.g., horloge, maison): copier et dessiner des figures (visuoconstruction)

Batteries d’évaluation qui tentent de standardiser l’évaluation de l’héminégligence


◦ Behavioral Inattention Test (BIT): 6 tests papier-crayon (barrage de lignes, barrage de lettres, barrage d’étoiles, copie de dessins et
formes, bissection de trois lignes et trois dessins représentatives de mémoire) et 9 comportements (lire, composer téléphone, etc.)
◦ Batterie d’évaluation de la négligence (BEN): épreuves visuo-perceptives, visuo-graphiques, évaluation de négligence personnelle,
anosognosie et extinction sensorielle

Aspects qualitatifs dans toute tâche comportant un élément spatial peuvent pointer vers l’héminégligence.

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Copie et dessin Annulation

Bisection de ligne

36
37
Pour les tests avec seuil >0,
une seule erreur est
considérée pathologique

Seuil est établi avec le score


minimal du groupe contrôle.

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Héminégligence
Aspects cliniques
Observations cliniques
◦ Déviation du regard et de l’attention vers la droite.
◦ Comportements affectés: oublie de manger aliments sur la gauche de son assiette, renverse plats à
gauche, se vêtit incorrectement à gauche, etc...
◦ Déplacements erratiques circulaires.

La négligence peut concerner d’autres entrées sensorielles que le visuel … auditif, tactile…
◦ Tactile: perturbe conscience et utilisation du corps, menant à perte de spontanéité motrice de leur main
gauche, malgré préservation de la force.
◦ Auditif: négligence des stimuli auditifs à gauche (habituellement)

Un biais vers la droite est maintenu même après récupération, avec exacerbation dans certaines
circonstances (fatigue, émotions, complexité de la tâche, tâche double).

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Héminégligence
Aspects cliniques
Hétérogénéité des présentations cliniques (intra- et inter-), en fonction de la nature du stimuli,
modalité sensorielle, mode de réponse demandé, référent spatial.
Négligence spatiale (extrapersonnelle): Forme classique de négligence. Habituellement,
négligence de l’espace gauche (globale), mais certaines formes présentent une négligence du
côté gauche de chaque objet (locale).
◦ Dissociations entre l’espace à portée de main (proximale, « reaching distance ») et l’espace plus lointain
(distale, « walking distance ») rapportés dans des études de cas.

La Dyslexie/dysgraphie de négligence est une forme spécifique de ce trouble: trouble de la


lecture/de l’écriture résultant de soit un déficit de la représentation spatiale du texte à
lire/écrire dans un hémichamp ou dans la représentation mentale d’une moitié du mot.
◦ Au niveau du mot ou du texte
◦ Eg. « bateau »  « … teau »

40
Héminégligence
contrôle

Patient.

Exemple de négligence de l’espace local gauche proximal.

41
Héminégligence
Aspects cliniques
◦ La négligence personnelle (corporelle): déficit d’exploration de la
moitié du corps controlatérale à la lésion attribuable à un déficit de
représentation de la moitié gauche du schéma corporel.
◦ Présentations: le patient oublie l’hémicorps lors des activités élémentaires (toilette,
habillage, soins personnels) et/ou n’arrive pas à designer certaines parties de
l’hémicorps négligé.
◦ Double dissociation entre négligences personnelles et extra personnelles ont été
rapportées.
◦ Associés à déficits moteurs/d’initiation motrice dans l’espace affecté,
alors que les stimuli sont adéquatement perçus

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Héminégligence
Aspects cliniques
◦ La négligence représentationnelle: déficit dans l’imagination, la représentation mentale de l’espace affecté,
indépendante de la présence physique du stimulus.
◦ Incapacité à décrire de mémoire les détails du côté oppose à la lésion
◦ Déficit dans l’imagination de scènes connues, du côté négligé (p. ex.: lors du rappel d’un lieu bien connu, ne mentionne pas de détails du côté négligé)
◦ Relativement rare!

L’image présente les détails rappelés de


la cathédrale de milan. La croix est où le
patient se situait, et les points noirs
sont les lieux évoqués. Toujours à droite
de son point de vue imaginaire.

43
Héminégligence
Aspects anatomo-cliniques
Les cas les plus spectaculaires surviennent habituellement après AVC cérébrale moyenne
droite  latéralisation droite  trouble plus fréquent, sévère et durable suite à la lésion
droite.
◦ Après un AVC (10-11 semaines), évaluation avec la BEN  négligence unilatérale 4x plus
fréquente après lésion droite vs gauche

Région clés associées à l’héminégligence autour du lobule pariétal inférieur/jonction


temporopariétale droite (IPL)
Peut également survenir suite à des régions pouvant être grossièrement être considérées
comme faisant partie du réseau attentionnel dorsal (Dorsal Attention Network: DAN)
Infarctus de l’artère cérébrale moyenne, au niveau de la jonction pariéto-temporale
droite (TPJ), cause fréquemment des héminégligences.
L’attention spatiale est dominante à droite.

44
Héminégligence
Réseau attentionnel dorsal
La connectivité fonctionnelle du
lobule parietal inférieur corrèle
avec la performance
attentionnelle

45
« Voxel overlap » pour trouver
région commune
Deux études
Deux résultats contradictoires

Gyrus temporal supérieur Gyrus angulaire dans le lobe pariétal inférieur

46
Héminégligence
Aspects anatomo-cliniques
Les études de « voxel overlap » ont déterminé que la région « critique » de l’héminégligence
dépend du test utilisé.

47
Ceux qui maintenaient les déficits en phase chronique…

3 tests d’annulation
Gyrus angulaire dans le lobe pariétal inférieur

L’annulation est davantage SPATIAL

8 tests (batterie), incluant écriture et lecture


Temporal supérieur postérieur

L’écriture est multimodale.

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Héminégligence
Test
experimental?

Modèles théoriques de la négligence


Hypothèse attentionnelle: hémisphère droit dominant pour l’attention spatiale, et oriente à droite et à gauche, mais l’hémishère gauche
n’oriente qu’à droite  lesion mène à déficit de “arousal” (activation attentionnelle) de l’hémisphère droit, et l’hémisphère gauche ne peut
pas compenser.

49
Héminégligence
Modèle de la rivalité inter-hémisphérique
Normal 1ère lésion 2ème lésion

Équilibre Hyper-attention droite Équilibre

50
Héminégligence
Modèle de la rivalité inter-hémisphérique
Comment vérifier le modèle? Chez les sujets normaux, présentation de cibles visuelles, tâche de
détection dans les hémichamps. TMS au pariétal droit.

Normal Réduite Augmentée

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Les sujets ont été stimulés afin Augmentation de la détection de stimuli
de réduire l’activité pariétale à ipsilatéraux
droite ou à gauche. Extinction (bilatérale)
15

10 *
5

% change
?
0

. . 1250 ms
. .
-5

. .
-10
+ 40 ms

-15
CONTRA IPSI *
BILAT
1000 ms

52
Héminégligence
Modèle de rivalité inter-hémisphérique
Test chez les sujets lésés  perturbation de l’hémisphère sain devrait restaurer la fonction.
Stimulation magnétique transcrânienne et étude de cas.
Étude de cas: homme droitier, 74 ans, AVC parieto-occipital droit. Héminégligence sévère (rasage limité à droite,
habiller seulement le côté droit, etc.). Après une complication lors d’une artériographie 10 jours plus tard (AVC cortex
frontal dorsolatéral gauche), présente aphasie transcorticale, sans héminégligence!

53
En haut, après le premier AVC. En bas, le 2e.

54
Héminégligence
Modèle de rivalité interhémisphérique

55
Héminégligence
Troubles associés et apparentés
L’extinction: incapacité à détecter un stimulus controlatéral à la lésion cérébrale lorsque celui-ci
est présenté simultanément à un stimulus ipsilatéral, alors que le stimulus est détecté lorsque
présenté en isolation.
◦ Peut s’observer à l’intérieur d’un hémiespace, p. ex.: extinction dans l’hémichamp gauche, où le
stimulus à gauche est “éteint” par la présentation d’un stimulus à droite.
◦ Décrite dans toutes les modalités (visuelle, auditive, tactile, olfactive)
◦ Considérée comme forme mineure d’héminégligence, mais il y a des doubles dissociations entre ces
phénomènes, suggérant divergences dans les mécanismes ou structures sous-jacentes

Étude: 159 patients avec lésions à droite, 46 ont extinction (22 tactile, 14 visuel, 10 tactile et
visuel); > 50% des patients extinction ont lésions profondes, vs 25% des patients héminégligents
◦ Extinction associée avec matière blanche occipitale paraventriculaire et cortex dorsolateral frontal
◦ Héminégligence associée avec lobule pariétal inférieur.

Vallar, G., Rusconi, M. L., Bignamini, L., Geminiani, G., & Perani, D. (1994). Anatomical correlates of visual and tactile extinction in humans: a
56
clinical CT scan study. Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry, 57(4), 464-470.
Héminégligence
Troubles associés et apparentés
L’anosognosie: inconscience de la maladie dû à un trouble du schéma corporel (et non à un déni
psychologique). Décrite plus tard.
Syndrome de Balint: plus rare, consiste à un trouble complexe du comportement visuomoteur,
avec ataxie optique, paralysie psychique du regard, et réduction concentrique du champ visuel
attentionnel.
◦ Formes sévères: agit comme si aveugle.
◦ Relié à lésions pariéto-occipitales.

Ataxie du regard (ne pas mémoriser) errance du regard, déficit dans l’orientation, la direction
du regard vers une cible. Déplacement du regard désordonné.

57
Héminégligence
Négligence et perception implicite
Les héminégligents perçoivent certaines caractéristiques des stimuli présentés
dans l’espace gauche qu’ils ne peuvent décrire (implicite et inconscient).
Dans la tâche adjacente (nommer où le patient préfère habiter et expliquer
pourquoi), plusieurs patients étaient incapable de décrire la différence entre
les deux maisons, mais affirmaient qu’ils voudraient habiter dans celle en haut,
sans explication
 tributaire d’un certain traitement qui n’atteint pas un niveau conscient.
Peut également être évalué avec tâche bimanuelle (cabaret de nourriture) 
voir s’il y a maintien de certaines informations implicites.
◦ Habituellement, il y a échec.

La perception implicite de certaines caractéristiques est parfois atteinte.

58
Héminégligence
Récupération
Déterminer si un IRM initial (6.2 jours) peut prédire héminégligence aigüe (12.4 jours) et
chronique (1.3 ans)
◦ Tâches d’annulation, cloche, copie

Phase chronique prédite par lésion gyrus temporal supérieur, médian, et putamen.

59
Héminégligence
Réhabilitation
Deux approches:
◦ Top-down: fournir au patient des systèmes et des stratégies; responsabilité du patient. Ex.: scanning therapy.
◦ Bottom-up: manipulation des stimuli externes, ou augmentation des systèmes attentionnels innés. Ex.:
réarrangement de l’environnement, pharmacologie, stimulation ou privation sensorielle, recartographie
sensorimotrice

Scanning therapy (plus commun): inciter les patients à regarder et orienter vers la gauche.
Pharmacologie: agents dopaminergiques ou noradrénergiques
Stimulation ou privation sensorielle: modifier la saillance de l’information sensorielle ex.: bloquer un
œil, bloquer un hémichamp.
Recartographie sensorimotrice: ‘feedback’ visuel illusoire. Ex.: adaptation prismatique.

60
61
Héminégligence
Réhabilitation: approche pharmacologique
◦ Dopamine: attention et mémoire de travail
◦ Médicament est la Rotigotine : agoniste dopaminergique (récepteurs D1)  double blind, randomized,
placebo-controlled.
◦ Patients AVC, tâche de Mésulam (annulation).
◦ Augmentation de performance au côté gauche de 12.8%, et réduction du biais spatial de 8.1%

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