Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
TD Histoire Médiévale
Mathieu
Romain TELLIEZ
Quant au texte proposé, il s'agit des statuts de New College, édictés par
William de Wykeham (1320-1404), son fondateur, prélat et homme d'état
anglais, de basse extraction et qui s'est hissé dans les plus hautes sphères
notamment par ses études. Il eut en effet des rôles éminent à la cour, comme
intendant des constructions royales, garde du sceau privé, gouverneur du
grand conseil, secrétaire du roi et enfin chancelier. Tombé en disgrâce à cause
de l'influence du parti de Lancastre, il rentra dans les grâces royales avec plein
pardon à la mort d'Edouard III et l'accession au trône de Richard II. Ce dernier
lui redonna ses biens, terres et charges qui lui avaient été confisqués.
Disposant à nouveaux de revenus importants, William de Wykeham put réaliser
un projet qui lui avait été cher, la fondation d'un collège à Oxford. Ayant reçu
l'autorisation du roi et du pape en 1379, il s'attela à ce projet, et six ans plus
tard le New College était inauguré solennellement. Il édicta donc de même les
statuts nécessaires au fonctionnement d'une telle institution. Ces statuts
fixent le fonctionnement, les règles de l'établissement. A l'origine, cet
établissement avait pour but la formation de prêtres, la Grande Peste ayant
causé des ravages dans les rangs des clercs. On notera d'ailleurs que lorsque
ces statuts sont édictés, William de Wykeham est alors évêque de Winchester,
et ce depuis 1366. Ces statuts s'adressent donc à tous les occupants du New
College et aux autorités pour exposer et codifier le fonctionnement du New
College. Parmis les collèges anglais datant d'avant la Réforme, la volonté
originelle de Wykeham est celle qui resta le plus immuable et respectée,
encore de nos jours.
Le principe même des collèges est unique, car ils concentrent un nombre
réduit d'élèves, quand on sait que les effectifs de l'Université dans son
ensemble était pléthoriques. En créant une telle communauté, ce qui avait déjà
été fait par le passé, Wykeham s'assure de créer une solidarité de groupe qui
sera finalement profitable pour tous. Au lieu d'être perdu dans la masse
d'étudiants, ces soixante-dix individus seront amenés à tisser des liens entre
eux, à se créer un réseau entre eux. La taille relative du collège facilite de tels
rapprochements.
L'enseignement est marqué par une grande diversité des matières, avec
les arts libéraux, les sciences, la médecine, l'astronomie, le droit et la
théologie. De fait, les écoliers sont répartis dans les diverses facultés mais
appartiennent en définitive au même corps : le collège. D'où une grande
diversité des connaissances parmi les soixante-dix élèves. (« […] de sorte que
dans le même collège par la grâce de Dieu s'épanouiront les diverses sciences
et facultés ». Wykeham y voit à juste titre une force pour le prestige et la
défense du collège, comme il le développe à partir de la ligne 47 jusqu'à la
ligne 68. Wykeham insiste notamment sur « sa tranquillité, son usage, son
avantage et son honneur »(l. 57). Les élèves doivent donc participer à la
défense de leur établissement, et la diversité des formations qu'ils suivent
permet justement une meilleure défense des intérêts du collège. On notera les
retenues du Wykeham quand aux études de médecine, et les grandes
limitations qu'il y met : seulement deux élèves peuvent les tenter, et doivent
obtenir « le consentement du Gardien et du Doyen de la Faculté de Théologie »
et doit avoir déjà validé un certain niveau d'études. La mission du New College
semble être celle de la formation de prêtre comme nous le verrons plus loin,
aussi, les études de médecine ne semblent pas être les plus appropriées à
cette activité, c'est pourquoi Wykeham y impose de strictes limitations. En
effet, les arts libéraux sont plus utiles pour prêcher que la connaissance de la
médecine.
Le New College apparaît donc comme une entité de taille réduite, où les
étudiants sont polyvalents et étudient dans des facultés variées, ce qui fait la
force de l'ensemble, une communauté soudée d'érudits dans de nombreuses
matières. Ces hommes sont très imprégnés par la religion.
En effet, avec tous les mals énoncés par Wykeham, ce sont plusieurs
générations de membre du clergé qui n'ont pas été renouvelés. L'auteur
propose une définition très claire du rôle du clergé, en fixant les buts du collège
: « de sorte que la louange de Dieu puisse s'étendre, que l'Eglise soit
gouvernée, que la force et la ferveur de la religion Chrétienne se réchauffe, que
toute connaissance et vertu s'intensifient. » Chez Wykeham, l'idéal de la vertu
chrétienne et de la Foi se double de celui de la connaissance. On sait que le
niveau d'instruction des clercs était alors généralement médiocre : Wykeham
veut donc produire dans son collège un clergé de qualité, qui allie vertu et
éducation.