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La réponse à cette question commence par la remarque qu’il n’existe pas de modèle de CDI
transposable puisque le système d’information doit répondre aux besoins des usagers c'est-à-
dire les élèves et les enseignants. Chaque établissement scolaire doit définir et faire évoluer son
CDI en fonction de sa politique documentaire à partir d’une démarche d’analyse de besoins
prenant en compte l’environnement documentaire, le public de l’établissement et son projet
pédagogique. Chaque CDI doit donc être pensé en fonction de paramètres différents et présente
donc une organisation de l’espace différente. Les seuls paramètres communs que nous allons
retenir sont que le CDI est un lieu, un outil et un objet d’apprentissage.
1. UN LIEU D’APPRENTISSAGE
Le CDI constitue un lieu d’apprentissage dans l’espace plus vaste de l’établissement scolaire. Le
choix de son emplacement procède de considérations pratiques : proximité des flux de
circulation, de la salle des professeurs, de la vie scolaire, de l’administration, recherche d’un lieu
calme…
Doit-il être comme on l’a dit dans les années 80 au centre même de l’établissement dans la
mesure où on le place au centre du projet pédagogique de l’établissement et ce d’autant plus
que le discours institutionnel articule les axes de la politique documentaire autour de la
formation à la maîtrise de l’information (voir la sitographie, texte de cadrage de l’académie de
Nantes).
Effectivement, le CDI
- offre une approche globale du savoir : il est au croisement des disciplines et contribue au
développement de l’interdisciplinarité ; de nombreux enseignants documentalistes
considèrent par ailleurs qu’ils enseignent une interdiscipline
- joue un rôle important dans le développement des pédagogies de l’autonomie. Le CDI
contribue à accroître l’égalité des chances ou il devrait y contribuer.
L’identité pédagogique du CDI s’est structurée autour de cette notion de centre, modèle
fortement ancré. Mais ce modèle aujourd’hui évolue très rapidement avec le développement des
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réseaux numériques. Et on prend conscience qu’un CDI placé physiquement au centre d’un
établissement scolaire peut se retrouver complètement marginalisé dans les pratiques car
l’espace informationnel ne se trouve plus seulement entre ses murs.
La forme réticulaire (= en réseau) qu’ont les données dans l’espace informationnel mondial
transforme le rapport à l’information : ce n’est plus l’accumulation des informations qui
constitue la priorité, mais leur mise en relation. Le CDI devient un portail.
Le développement des réseaux pédagogiques dans les établissements (multiplication des salles
multimédia, des espaces numériques de travail, des accès à internet…) ouvre, à côté du CDI,
des accès variés à l’information.
Le CDI tend donc à devenir le pôle structurant d’un réseau documentaire d’établissement, lui-
même inclus dans un réseau plus vaste. L’enseignant documentaliste se situe dans une
problématique de gestion de la complexité.
2. UN OUTIL D’APPRENTISSAGE
Ce sont là des compétences reconnues des documentalistes qui sont à maintenir et qui ne
doivent pas passer au second plan par un envahissement des tâches pédagogiques.
La qualité de cet outil passe par son adaptation
- Aux caractéristiques du public accueilli : quantitatives (nombre d’élèves, analyse des flux
dans la journée, la semaine…) ; qualitatives (âge, difficultés et besoins spécifiques…)
- Aux types d’activités privilégiées par le projet pédagogique
Le cahier des charges de l’espace documentaire s’attachera donc à définir :
- L’identité et l’articulation des différentes zones du CDI
- L’organisation matérielle de chaque zone
Î Un espace dynamisé
Bonne organisation des zones de circulation, bonne lisibilité générale de l’espace encouragent
l’usager à s’avancer dans le CDI et à s’approprier cet espace.
- La zone d’accueil se situe près de l’entrée/sortie du CDI. Elle permet d’identifier le CDI
comme un espace public en offrant aux usagers un repère familier qui existe dans la
majorité des lieux publics. Elle permet aussi au documentaliste d’assurer l’accueil et le
suivi des usagers (qui ne sont pas toujours demandeurs même si leurs besoins sont
réels).
- La zone de circulation : quand la taille du CDI le permet, des allées de pénétration
disposées à partir de l’entrée et desservant les différentes zones incitent à explorer
l’espace et permettent de mieux gérer les flux d’usagers en évitant la déambulation au
milieu des zones de travail ou de lecture.
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Î Un espace structuré
La répartition des activités et des ressources dans le volume du CDI n’obéit pas au hasard, mais
s’appuie sur un schéma fonctionnel prenant en compte de nombreux facteurs :
Plusieurs solutions existent : espace commun modulable en fonction des activités, espaces
différenciés réservés à certaines activités (espace ou salle de travail de groupe, espace de la
lecture-plaisir, salle multimédia, réserve…)
Exemple : la réserve
En fonction de la politique documentaire, une réserve « active » (à distinguer d’une salle
d’archivage) et/ou une salle d’archivage peuvent être nécessaire pour entreposer les documents
que l’on ne souhaite ou que l’on ne peut pas proposer en accès direct.
Les espaces dévolus aux activités privilégiées par le projet pédagogique sont en général plus
importants et bien mis en valeur
Des études sur l’agencement des bibliothèques montrent que l’usager diversifie plus facilement
ses pratiques documentaires dans un espace organisé en « ensemble flous » (voir Gascuel
Jacqueline. Un espace pour le livre. Editions du Cercle de la librairie, 1993), c’est-à-dire en
zones nettement identifiables mais sans frontières rigides. De même, l’usager peu familiarisé
avec les espaces documentaires peine à appréhender un espace unifié : les « territoires » plus
faciles à investir, favorisent l’appropriation du lieu, surtout si des micro-animations
(différenciations et propositions de lecture) en rompent l’uniformité.
Î Un espace signalisé
Une signalétique générale claire aide l’usager
- A se repérer sir le CDI est vaste (panneaux d’orientation : « c’est par là »)
- A identifier les zones (panneaux d’identification : « c’est là »)
Une signalétique de détail efficace permet de localiser les documents (« c’est ici ») en
s’aidant des différents classements mis en œuvre.
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La signalétique doit être conçue avec soin : c’est elle qui permet de mettre en évidence la
structuration de l’espace, c’est-à-dire de faire comprendre à l’usager qu’il ne se trouve pas
devant une juxtaposition aléatoire de ressources, mais dans un espace organisé selon des
principes intellectuels de classement parmi lesquels la hiérarchisation joue un rôle
important.
Par ailleurs, l’équipement et le mobilier doivent être adaptés au public (âge, présence ou non
d’élèves handicapés…) et au projet documentaire.
3. UN OBJET D’APPRENTISSAGE
Le CDI constitue un objet d’apprentissage. Par là même, l’espace du CDI est producteur de
sens. Le nouvel environnement informationnel des élèves leur donnent l’impression de pouvoir
tout trouver grâce à Internet par le seul biais des moteurs de recherche. Mais nous savons bien
que pour trouver l’information recherchée et l’expertiser (cf ma première intervention « le CDI
lieu de médiation »), il faut posséder des repères, avoir une représentation des connaissances
quelque peu ordonnée et une connaissance sur les différents supports d’information et leurs
particularités ; toute chose que le lieu CDI peut apporter.
En effet l’agencement du fonds dans l’espace documentaire, la lecture et l’utilisation qu’en fait
l’élève ancrent chez ce dernier
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- Le déploiement dans l’espace des différents domaines de la connaissance
A travers le classement des documentaires, l’élève se familiarise avec la délimitation de grands
domaines de la connaissance, voire avec leur dénomination (compétence qu’il réinvestira dans
l’interrogation d’un moteur de recherche, par exemple).
C’est un vaste débat mais on peut le résumer ainsi pour les enseignants documentalistes :
- Comment concilier la prescription culturelle (l’affirmation d’une échelle de valeurs) et
l’ouverture culturelle (l’exploration de territoires n’appartenant pas à la culture
scolaire) ? Entre le temple de la culture scolaire et le libre-service indifférencié, quel
équilibre instaurer ?
- Comment fournir à l’usager un outil de repérage efficace, tout en l’encourageant à
explorer et à diversifier ses pratiques ? (Voir ce-dessous « Une structuration des
pratiques »)
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étagères), ou un domaine accessible librement (on voit les 1ères de couverture sur
les tables, comme en librairie ou au supermarché)
Î Convivialité (les pratiques de lecture, de recherche d’informations sont elles
obligatoirement des pratiques solitaires ?)
Î Postures autorisées (en particulier, mobilier et postures autorisées dans l’espace de
lecture détente, les postures couché/caché/perché étant les préférées des enfants les
plus jeunes mais aussi des jeunes adolescents et à ce titre généralement considérées
comme légitimes dans les sections jeunesse des bibliothèques publiques).
Quelques exemples :
- Fiction et documentation
Une partition nette entre
Î La zone des fictions (écrits fictionnels)
Î La zone de la documentation (documentaires, usuels)
Aidera les élèves maîtrisant mal la différence entre les types d’écrits à identifier deux types
d’énonciation radicalement différents.
En outre, la présence de la presse d’information dans une zone spécifique permettra de mettre
en évidence son statut particulier, la presse n’étant ni un écrit fictionnel, ni un écrit
documentaire validé.
http://enssibal.enssib.fr/bibliotheque/documents/dcb/lebertois.pdf
L’accès au savoir : la classification, les pôles documentaires et l’interdisciplinarité à la croisée
des chemins par François Lebertois. Mémoire d’étude janvier 2005 diplôme de conservateur de
bibliothèque.
Cette étude permettra une réflexion approfondie à appliquer à la problématique des CDI.
Le classement hiérarchique ou arborescent (Dewey ou CDU) est remis en cause depuis une
dizaine d’années. Faut-il lui préférer un classement par centres d’intérêt, hérité de la pédagogie
Freinet ? Ou un classement par pôle qui concilie
http://entreleslignes.hautetfort.com/matinees_de_travail/
Compte rendu d’une réunion qui a rassemblé des bibliothécaires jeunesse de Gironde au cours
de laquelle a été rendu compte d’un nouveau classement (classement par pôle) mis en œuvre
dans une des bibliothèques de la région. Juillet 2008
Quel que soit le choix effectué, il paraît important de mettre en œuvre le principe de
l’arborescence qui constitue la base du classement CDU ou Dewey, et de proposer une
signalétique permettant de visualiser au moins deux niveaux avec identification claire des
relations de hiérarchie (par la taille des panneaux, la police des caractères, la couleur…) :
l’élève apprendra ainsi à structurer sa démarche, compétence qu’il réinvestira par exemple dans
la lecture exploratoire ou dans la formulation d’une demande sur internet.
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