Vous êtes sur la page 1sur 12

INFORMATIONS TECHNIQUES T4

FICHE A
SEPTEMBRE 2010 *

CONCEPTION PARASISMIQUE
DES BÂTIMENTS
Les fiches T4 (A et B) ont été établies par Milan Zacek. Professeur des écoles d'architecture, architecte, ingénieur,
il assure de nombreuses conférences et formations d’architectes et d’ingénieurs en protection parasismique des bâtiments.
En complément de ces deux fiches, retrouvez sur MAFCOM la conférence qu’il a tenue à l’ENSA de Paris-Belleville
le 27 mars 2010.

PRÉAMBULE
FICHE A
Les fiches T4 (A et B) sont rédigées en conformité avec la
Conception d'ensemble : avant-projet architectural
nouvelle réglementation parasismique, attendue fin 2010.
Le futur décret divise le territoire national en cinq zones de
1 à 5 (les zones actuelles sont appelées respectivement 0, Ia, FICHE B
Ib, II et III), par ordre croissant de sismicité. Seules les
Dispositions constructives (construction parasismique)
constructions situées en future zone 1 ne sont pas assujetties
à l'application des règles parasismiques.
Sommaire de la fiche A
Dans les autres zones, on devra appliquer la norme NF EN 1998
(Eurocode 8) accompagnée des annexes nationales, ce qui
Conception d'ensemble : avant-projet architectural
implique un dimensionnement aux séismes et une vérification
de la sécurité vis-à-vis de l'effondrement. Mais dans certains 1 - Pertinence d'une conception architecturale parasismique
cas, des règles simplifiées, qui dispensent de vérifier la sécurité,
2 - Résonance des bâtiments avec le sol
pourront être utilisées. Il s'agit des règles suivantes :
3 - Oscillations asynchrones
- en zone de sismicité 2, le document « Dispositions constructives 4 - Torsion d'axe vertical des bâtiments
en zone de sismicité faible » (à paraître) ;
5 - Effet de niveau souple
- en zones de sismicité 3 et 4, les « Règles PS-MI 89 révisées
92 », qui sont déjà appliquées ; elles seront reconduites ; 6 - Effet de poteau court
- en zone de sismicité 5, le « Guide CP-MI Antilles », également 7 - Principe « poteau fort - poutre faible »
reconduit ;
8 - Bâtiments couplés par des passerelles ou escaliers
- en toute zone, le chapitre 9.7 de l'Eurocode 8 intitulé
« Règles pour les bâtiments simples en maçonnerie » autorise, 9 - Constructions adossées à une pente
moyennant le respect de dispositions constructives et de 10 - Contreventement
certaines limitations, l'absence de vérification de la sécurité
vis-à-vis de l'effondrement.

* LA FICHE T4 D’OCTOBRE 1991 EST ANNULÉE

Mutuelle des Architectes Français assurances. Entreprise régie par le code des assurances. Société d’assurance mutuelle
à cotisations variables – 9, rue de l’Amiral Hamelin – 75783 Paris Cedex 16 – Tél. : 01 53 70 30 00 – Fax : 01 53 70 32 10 – www.maf.fr
T4

FICHE A
CONCEPTION D'ENSEMBLE :
AVANT-PROJET ARCHITECTURAL

1 - PERTINENCE D'UNE CONCEPTION 1.2 - Importance du comportement dynamique optimal


ARCHITECTURALE PARASISMIQUE
La manière dont les bâtiments oscillent lors d'un
1.1 - Importance du projet tremblement de terre dépend entièrement de leur
architecture. Les principaux effets destructeurs des
La protection parasismique des bâtiments constitue une séismes sur les bâtiments sont dus aux « mauvais »
prévention efficace contre les effets des tremblements de terre choix opérés lors de l'élaboration du projet
car plus de 90 % des pertes en vies humaines sont dus à d'architecture ; ils peuvent donc être facilement
l'effondrement d'ouvrages. Les enseignements tirés des évités. Les oscillations inutilement amplifiées par une
tremblements de terre passés montrent que les dommages architecture défavorable peuvent épuiser la résistance du
graves aux constructions sont en grande partie directement bâtiment, à la différence d’oscillations plus modérées,
imputables à des choix peu judicieux, erreurs ou négligences résultant d’une architecture judicieuse. Les règles parasis-
commis par les concepteurs de projet à divers niveaux : miques (normes parasismiques) sont appliquées sur un
implantation du bâtiment, parti architectural, parti constructif, projet architectural achevé et n'ont pas pour objet de modifier
avant-projet, projet d'exécution. Contrairement à une opinion le comportement dynamique de la construction sous séisme,
largement répandue, le calcul réglementaire, basé sur une fût-il très défavorable. Elles visent à lui conférer, grâce au
démarche simplifiée et forfaitaire, peut s'avérer dans certains dimensionnement et à des dispositions constructives
cas insuffisant. Le dimensionnement « aux séismes » ne peut à spécifiques, une résistance suffisante compte tenu de son
lui seul garantir la survie d'un bâtiment incorrectement conçu. architecture déterminée par le projet. Or, la probabilité
Ainsi, des ouvrages dimensionnés pour résister aux séismes se d'effondrement d'un ouvrage dont la résistance ne dépend que
sont effondrés, comme celui de la figure 1, détruit par le séis- du dimensionnement augmente rapidement quand l'intensité
me de Northridge (Los Angeles) en 1994. La cause en était un du séisme dépasse le niveau réglementaire, qui est très
choix de projet peu favorable à la résistance aux tremblements inférieur au séisme maximal plausible (car la probabilité
de terre, qui s'est soldé par le cisaillement de poteaux suppor- d'occurrence de ce dernier est faible). Par leur nature, les
tant une rampe. En revanche, on a observé que des bâtiments règles parasismiques visent à un résultat global à l'échelle
antérieurs à la publication des règles parasismiques ont résisté d'une zone. Les éventuels échecs, admis, doivent rester peu
aux séismes les plus violents lorsqu'ils étaient conçus d'une significatifs. En revanche, l'architecte doit à son client un
manière judicieuse et réalisés dans les règles de l'art. ouvrage qui présente toutes les garanties de confort et de
sécurité, un ouvrage « sur mesure ». Il ne doit envisager
aucun échec.

1.3 - Incidence de l'architecture sur le coût de la


protection parasismique

De la pertinence de la conception dépend également le coût de


la protection parasismique. En effet, une conception de
projet optimale permet de minimiser le surcoût résultant de
l'application des règles de calcul « aux séismes ». Les
constructions ayant un comportement non ductile (appelé
fragile) sont pénalisées et doivent être calculées pour des char-
Fig. 1 - Parking couvert effondré lors du séisme de Northridge (Californie, 17
janvier 1994). Ce bâtiment a été dimensionné selon les règles parasismiques ges jusqu'à six fois plus élevées que celles qui ont un
américaines en vigueur, mais un choix de conception peu judicieux a vraisem- comportement plus favorable. La différence de coût est
blablement été à l'origine de l'effondrement : rampe portée par des poteaux, évidemment notable. Or, au stade de l'avant-projet, la non-
ce qui engendre un effet de poteau court, exposé au 6 ci-après. Faire porter la
rampe ou contreventer le bâtiment par des voiles de béton armé aurait cons- fragilité des bâtiments vis-à-vis des secousses sismiques
titué une solution efficace. dépend principalement du parti architectural (configuration),

2/12
T4

FICHE A
du parti constructif (choix et architecture du système porteur) 2.2 - Prévention de la résonance
et du matériau de structure utilisé.
Pour éviter la résonance, la période propre du bâtiment doit
Les indications qui suivent permettent de prévenir, être très différente de la période propre du sol (la période
au stade de l'avant-projet, les principaux phénomè- d'oscillation augmente avec la masse et diminue avec la
nes destructeurs engendrés par les tremblements rigidité). En simplifiant, on peut donc dire que sur sols
de terre. mous, on devrait opter pour des constructions
rigides (bâtiments bas, structures contreventées
2 - RÉSONANCE DES BÂTIMENTS AVEC par des murs ou par triangulation…) et sur sols
LE SOL fermes ou rocheux pour des ouvrages plus flexi-
bles (bâtiments hauts, structures en portiques
2.1 - Phénomène de résonance sans murs de remplissage...). Toutefois, au stade du
projet d'exécution, les périodes propres du bâtiment et du sol
La résonance d'un bâtiment avec le sol se produit lorsque devraient être calculées ; celle du sol dépend également de
ses oscillations libres ont une période proche de celles du sol. son épaisseur et non seulement de ses caractéristiques. En
La période est le temps d'une oscillation (d'un aller-retour) cas de besoin, le concepteur peut modifier la période propre
exprimé en secondes. Les amplitudes d'oscillation s'accroissent du bâtiment. Pour la diminuer, on peut (fig. 3) :
alors d'une manière considérable, à l'instar d'une balançoire - augmenter la rigidité de l'ouvrage en modifiant son architec-
mise en mouvement par des impulsions d'une fréquence ture : réduire la hauteur et/ou l'élancement, évaser la base du
précise. Il s'agit d'un phénomène particulièrement bâtiment...
destructeur, qu'il convient d'éviter impérativement. Il a été - augmenter la rigidité de la structure : contreventer par voiles
à l'origine de nombreux dommages graves (fig. 2). en béton armé, localiser les voiles en périphérie du bâtiment,
augmenter le nombre de voiles...
- réduire la masse de l'ouvrage et donc opter pour une struc-
ture légère

Fig. 3 - Différentes possibilités de réduire la période propre d'un bâtiment.

Pour augmenter la période propre, on peut (fig. 4) :


- réduire la rigidité de l'ouvrage en modifiant son architecture :
augmenter la hauteur et/ou l'élancement
- réduire la rigidité de la structure : contreventer par portiques,
augmenter les portées...
Il n'est pas souhaitable d'augmenter la masse.

Fig. 2 - Bâtiment détruit par la résonance avec le sol. Les


constructions voisines, d'une rigidité différente, ne sont pas
entrées en résonance (séisme de Kobé, Japon 1995). Fig. 4 - Différentes possibilités d'augmenter la période propre d'un bâtiment.

3/12
T4

FICHE A
3 - OSCILLATIONS ASYNCHRONES rectangulaire. Ce fractionnement s'effectue au moyen de
joints de séparation vides de tout matériau, appelés joints
3.1 - Situations défavorables sismiques (fig. 7). La solution convient surtout dans les cas où
des joints de dilatation thermique ou des joints de tassement
Lorsqu'une construction comporte des volumes de rigidités dif- différentiel (de rupture) sont nécessaires. Créer des joints
férentes, ceux-ci ont tendance à osciller d'une manière non spécifiquement pour des raisons de protection
synchronisée, allant parfois dans les sens contraires les uns par parasismique est coûteux et difficilement
rapport aux autres (fig. 5). On parle d'oscillations différentielles. envisageable pour les bâtiments-tours , car la
C'est le cas des bâtiments dont le plan est en forme de L, T ou largeur des joints doit être suffisante pour prévenir l'entre-
X sans joints de fractionnement, ainsi que des bâtiments com- choquement des blocs contigus. Les largeurs minimales sont
portant des volumes en saillie ou des retraits en plan ou en élé- de 4 cm en zones 2 et 3 et de 6 cm en zones 4 et 5, mais elles
vation. Dans les angles rentrants à la jonction des ailes ou de peuvent atteindre plusieurs dizaines de centimètres dans le cas
toute partie ayant une rigidité différente (donc aussi au droit des immeubles de grande hauteur (fig. 8). Bien entendu, en
des volumes en retrait ou en saillie), les dommages sismiques zone sismique, les joints de dilatation et de tassement
sont souvent importants (fig. 6). Les constructions s'effondrent classiques sont également soumis à cette règle ;
parfois.

Fig. 7 - Fractionnement des bâtiments comportant des ailes en plan ou des


Fig. 5 - Oscillations asynchrones (différentielles) des différentes retraits en élévation.
parties de bâtiment.

Fig. 8 - Largeur des joints de fractionnement.

• compensation de l'asymétrie de la forme du plan par


Fig. 6 - Dommages sismiques dus à des oscillations différentielles (séisme de des éléments de contreventement judicieusement
Kobé, Japon 1995). placés, car in fine, c'est la structure qui assure la résistance du
bâtiment aux séismes. Les zones potentiellement flexibles (de
3.2 - Solutions visant à limiter les oscillations plus faible largeur ou profondeur), peuvent être raidies
différentielles par des éléments rigides comme des murs ou des palées de
stabilité (fig. 9) ;
Trois types de solutions permettent de supprimer ou du moins
de limiter les oscillations différentielles : • variation progressive de la largeur du bâtiment
(fig. 10). Cette solution n'empêche pas les oscillations
• fractionnement du bâtiment en blocs de forme différentielles, mais limite considérablement leurs effets, car

4/12
T44-A

FICHE A
les angles rentrants, où se concentrent les contraintes, sont
supprimés.

figure a figure b
Fig. 11 - Torsion d'un niveau induite par l'asymétrie de la forme du plan (fig. a)
et par celle des murs assurant le contreventement (fig. b).

Fig. 9 - Des éléments rigides (murs, contreventement triangulé) compensent


la faible rigidité initiale des ailes.
photo a photo b
Fig. 12 - Dommages dus à la torsion du rez-de-chaussée (photo a) et de tous
les niveaux d'un bâtiment (photo b). Ce dernier possède les
façades arrière rigides (murs en béton) et des façades légères sur la rue
(séismes de Tokachi-Oki, Japon 1968, et de Kobé, Japon 1995).

4.2 - Prévention de la torsion

Afin d'éviter la torsion d'un bâtiment exposé à un séisme, à


tous les niveaux, il est nécessaire d'assurer une réparti-
tion sensiblement symétrique de la rigidité hori-
zontale par rapport aux axes passant par le centre de gravi-
té des planchers hauts. Il convient de considérer la symétrie
séparément dans chaque direction, car généralement, un
élément qui contrevente dans une direction ne contrevente
Fig. 10 - Variation progressive de la forme du bâtiment en plan (entre ailes) pas dans une autre. Le plan trapézoïdal de la figure 11a peut
et en élévation (retrait progressif des voiles).
être conservé sans exposer la structure à la torsion, en plaçant
des murs qui augmentent sa rigidité à l'extrémité droite
4 - TORSION D'AXE VERTICAL (fig. 13a). De même, la rigidité des niveaux de la figure 13b
DES BÂTIMENTS peut être équilibrée en y ajoutant des murs ou palées de
stabilité judicieusement placés.
4.1 - Phénomène de torsion

Lorsque, dans au moins une direction, la rigidité latérale d'un


niveau n'est pas répartie symétriquement, les secousses
horizontales soumettent ce niveau à une torsion : il vrille autour
d'un axe vertical. D'une manière générale, les parties de
bâtiment moins rigides vrillent autour des parties
plus rigides. La torsion entraîne souvent des dommages
importants, pouvant aller jusqu'à l'effondrement du bâtiment figure a figure b
(fig. 12). La dissymétrie de la rigidité peut être due à la forme
du niveau ou à l'emplacement asymétrique des éléments
Fig. 13 - Prévention de la torsion d'axe vertical par une localisation judicieu-
assurant le contreventement, même lorsque le plan est se des éléments assurant le contreventement, c'est-à-dire des éléments rigi-
symétrique dans les deux directions (fig. 11). des dans leur plan.

5/12
T4

FICHE A
5 - EFFET DE NIVEAU SOUPLE concerné par rapport aux niveaux supérieurs, il est assez aisé
de le prévenir : il suffit de conférer à tous les niveaux une
5.1 - Notion de niveau « souple » rigidité comparable et de conserver, en cas de besoin, de
grands espaces libres, vitrés ou non. Quatre solutions peuvent
Lorsque la rigidité latérale d'un niveau est beaucoup plus faible être envisagées :
que celle des niveaux situés au-dessus, on l'appelle « niveau
souple ». Il s'agit souvent de rez-de-chaussée vitrés ou libres, • placer des éléments rigides (murs, palées de
mais des niveaux souples peuvent se trouver également aux stabilité) participant au contreventement, en façade
étages supérieurs. Les déformations imposées à la construction (solution plus efficace) ou à l'intérieur du bâtiment
par les séismes sont concentrées aux niveaux souples. Lors (fig. 16). Si le plan est compact, deux éléments dans chaque
des tremblements de terre d'une certaine intensité, elles direction principale suffisent ;
deviennent importantes et la structure ne peut les tolérer
(fig. 14), ce qui a pour conséquence l'écrasement du
niveau (fig. 14 et 15).

Avant le séisme Pendant le séisme Après le séisme

Fig. 14 - Comportement des niveaux « souples » sous l'effet des


séismes.

Fig. 16 - Contreventement des niveaux « souples ».

• augmenter progressivement la largeur (donc la


rigidité) des poteaux vers le haut (fig. 17) ;

photo a photo b

Fig. 17 - Variation progressive des éléments verticaux d'un niveau.

• opter pour une structure « souple » à tous les


niveaux. Les façades et les cloisons doivent dans ce cas pos-
séder une faible rigidité (fig. 18) ;
photo c photo d
Fig. 15 - Écrasement du rez-de-chaussée, séisme de Boumerdès, Algérie
2003 (photos a et b), d'Adana, Turquie 1998 (photo c) et de Chi-Chi,
Taïwan 1999 (photo d).

Mur rideau
5.2 - Prévention de l'effet de niveau souple
Fig. 18 - Structure d'égale
rigidité latérale à tous les
La cause de cet effet n'étant pas le vitrage ou la présence niveaux, avec une façade
de pilotis, mais la différence de rigidité latérale du niveau non rigide.

6/12
T4

FICHE A
• recourir à l'isolation parasismique (fig. 19). Dans En effet, les poteaux courts ou bridés sont beaucoup moins
ce cas, des appareils d'appui souples isolent partiellement déformables que les poteaux libres sur toute la hauteur
le bâtiment des secousses du sol. Les déformations sont d'étage ; ils se rompent lorsqu'ils ne peuvent pas supporter les
imposées principalement aux appareils d'appui (isolateurs), déformations imposées par les oscillations des planchers. En
qui sont prévus pour cela. outre, ils attirent des charges sismiques plus importantes que
les autres poteaux car ils sont plus rigides. Dans le cas des
ossatures contreventées par des murs ou palées
de stabilité, ce phénomène ne se produit pas, car
ces derniers étant plus rigides, ils assurent la résistance de la
structure aux charges sismiques. Les poteaux « courts » sont
moins sollicités.
Appuis
parasismiques 6.2 - Prévention de l'effet de poteau court

Pour éviter l'effet de poteau court tout en conservant des


Fig. 19 - Utilisation d'appareils d'appui parasismiques. poteaux courts ou bridés, on peut opter pour un système
contreventé, par exemple en plaçant des voiles en béton
armé en façade ou à l'intérieur du bâtiment ou, dans le cas
6 - EFFET DE POTEAU COURT des allèges, en utilisant des éléments industrialisés légers,
possédant une faible rigidité (fig. 22a).
6.1 - Situation voiles de
béton armé

Lorsque le contreventement d'une structure est assuré


par des portiques, on appelle « effet de poteau court » la
rupture sous l'effet de charges sismiques horizontales de :
- poteaux plus courts que d'autres : par exemple, poteaux du voiles de
béton armé

vide sanitaire (fig. 20) ;


- poteaux dont la longueur libre est réduite par la présence palier

d'allèges rigides, paliers d'escalier, mezzanines... (poteaux


« bridés », fig. 21).
figures a figures b
Fig. 22 - Exemples de solutions visant à éviter l'effet de poteau
court : contreventement par murs (à l'intérieur du bâtiment ou en façade)
ou allèges non rigides en bois ou métal (fig. a), voiles de béton armé au
droit des paliers intermédiaires (fig. b).

Fig. 20 - Rupture de poteaux en vide sanitaire. 7 - PRINCIPE « POTEAU FORT - POUTRE


FAIBLE »
7.1 - But recherché

Dans le cas d'une ossature contreventée par effet


de portique (structure en portiques), on doit conférer aux
poteaux et aux nœuds une plus grande résistance qu'aux
poutres. Il s'agit du principe « poteau fort - poutre faible ».
En effet, la stratégie de protection utilisée dans les règles
parasismiques consiste à rechercher une bonne dissipation
d'énergie cinétique par la structure, mobilisable en cas de
Fig. 21 - Rupture de poteaux bridés par des allèges rigides (séisme de Chi-
Chi, Taïwan 1999) et par un palier d'escaliers (séisme
séismes majeurs, au moyen de déformations « plastiques »,
d'El Asnam, Algérie 1980).

7/12
T4

FICHE A
qui sont des dommages. Il est souhaitable que ces dommages
se produisent dans les poutres, qui n'assurent pas la stabilité de
l'ensemble de la structure, à la différence des poteaux et des
nœuds (fig. 23). La figure 24 montre un cas d'effondrement
de bâtiment dont les poteaux ont subi des dommages, les Fig. 25 - Configurations déconseillées.
poutres-allèges ayant été plus résistantes. Il est à noter que le
principe poteau fort - poutre faible ne s'applique pas aux
ossatures en bois, car ce matériau n'est pas capable de se plas- • contreventer l'ossature par des murs en béton
tifier. Les déformations plastiques doivent dans ce cas pouvoir ou palées de stabilité (croix de Saint-André,
se former dans les pièces métalliques assurant les assembla- contreventement en V...). Les éléments de
ges. La stabilité des ossatures parasismiques en bois nécessite contreventement, beaucoup plus rigides que les portiques,
donc une attention particulière. « attirent » sur eux la majeure partie des charges horizontales
et constituent ainsi la structure principale assurant la stabilité
vis-à-vis des séismes. Les portiques deviennent une structure
secondaire et le respect du principe « poteau fort - poutre
faible » n'est pas nécessaire.

8 - BÂTIMENTS COUPLÉS PAR


DES PASSERELLES OU ESCALIERS
Fig. 23 - Principe « poteaux forts - poutres faibles ». Le non-respect du princi-
pe peut avoir pour conséquence l'effondrement de la structure. 8.1 - Pathologie

Les passerelles et les escaliers qui relient d'une manière fixe


deux bâtiments ou blocs séparés subissent en cas de séisme
fort des dommages dus à la différence des oscillations de ces
ouvrages (fig. 26).

Fig. 26 - Comportement sous séisme de passerelles solidaires de deux bâti-


ments (séisme de Kobé, 1995).
Fig. 24 - Principe « poteau fort - poutre faible » non respecté :
effondrement du bâtiment (séisme de Tokachi-Oki, Japon 1968).

8.2 - Conception parasismique


7.2 - Conception optimale
Afin de prévenir les dommages sismiques, il est nécessaire
Deux démarches différentes peuvent être adoptées : de prévoir la possibilité de mouvements relatifs entre les
passerelles ou les escaliers et les bâtiments adjacents.
• conserver le contreventement par effet de portique. Dans ce Exemples :
cas, l'application du principe « poteau fort-poutre faible » - articuler les passerelles d'un côté et utiliser des appuis
peut avoir une incidence sur la conception architecturale. Les glissants de l'autre (dans les deux directions principales)
dimensions plus importantes des poteaux apparaissent en éventuellement superposés, fig. 27 ;
façade ; les poutres-allèges et les poutres Vierendeel, qui ont - fractionner l'escalier de secours à tous les niveaux, fig. 28 ;
une hauteur (donc une rigidité) importante, sont à éviter pour - réaliser les passerelles ou l'escalier en tant qu'une structure
ce type de structure. Toute option nécessitant des traverses de autostable indépendante, séparée des bâtiments adjacents
portiques hautes est déconseillée (fig. 25) ; par des joints de séparation vides.

8/12
T4

FICHE A
- un effet de « poteau court » car les poteaux amont, très
rigides, attirent les charges sismiques, ce qui conduit souvent
à leur rupture lors de secousses sismiques.

Torsion d’ensemble

Rupture de poteaux courts

Niveaux flexible

Rupture potentielle

Fig. 27 - Appuis simples placés à une extrémité de la passerelle (palais de


Justice à Grenoble).

En outre, en raison de leur situation, ces constructions peuvent


subir :

- des dommages dus à une amplification des secous-


ses si elles sont implantées près d'une brisure de pente.
Lorsque le dénivelé est important ( > 10 m), les secousses y
sont généralement notablement amplifiées ;

Zone d’amplification
des secousses

> 10 m

Fig. 28 - Escalier séparé en deux parties par un joint vide


(immeuble à Ceyrat).

- un glissement de terrain ou éboulement, car ces phé-


9 - CONSTRUCTIONS ADOSSÉES nomènes sont souvent provoqués par les tremblements de
À UNE PENTE terre, la stabilité des pentes pouvant être précaire.

9.1 - Dommages sismiques potentiels

Lorsque les constructions adossées à une pente possèdent un


soubassement ouvert (figure ci-après), elles sont très vul-
nérables aux séismes, étant donné qu'elles sont exposées à :
Eboulement Glissement
- une torsion d'axe vertical, car les poteaux aval étant plus
longs, donc plus flexibles, ils se déforment lors d'un séisme
davantage que les poteaux amont, ce qui fait vriller la cons- 9.2 - Solutions visant à prévenir les dommages
truction autour de ces derniers ;
En ce qui concerne la stabilité des pentes en régime
- un effet de « niveau souple ». Le soubassement étant dynamique (non-glissement, non-éboulement), elle doit être
très déformable, les déformations imposées par les séismes y vérifiée par un géotechnicien qualifié et les pentes
sont concentrées, d'où un danger d'écrasement ; éventuellement confortées avant toute construction. Quant

9/12
T4

FICHE A
au projet d'architecture, plusieurs mesures peuvent être Les panneaux rigides peuvent être constitués par des
prises pour prévenir la torsion, l'effet de niveau souple et murs et trumeaux en maçonnerie, voiles en béton ou béton
l'effet de poteau court (fig. 29). armé, « voiles travaillants » en bois... Les éléments de
contreventement ainsi obtenus sont plus rigides que les
autres types. Leur efficacité ne doit pas être réduite par des
Noyau central en soubassement Murs en béton (voiles) aux angles percements. Les murs courbes peuvent également être
employés. Dans ce cas, ils doivent être en béton armé
(pour former une coque) et non pas en maçonnerie, car
celle-ci éclate facilement quand elle n'est pas sollicitée
dans son plan.

Le contreventement triangulé constitue également


une solution « rigide » et convient donc pour les bâtiments
sur sols meubles. Les barres inclinées, formant des triangles
Palée de stabilité
avec l'ossature, peuvent être rigides ou constituées de
Variation progressive
entre poteaux « aval » tirants croisés ou non. Toutes les formes de triangulation
de la largeur des poteaux « aval »
sont acceptables sauf celles dans lesquelles des barres brident
les poteaux entre leurs extrémités et peuvent donc donner
lieu à un effet de poteau court.

Les portiques, c'est-à-dire les cadres dont les liaisons


poteaux/poutre sont rigides, sont plus déformables que les
autres types de contreventement. Ils ne devraient donc être
utilisés que sur des sols fermes pour prévenir la résonance
Fig. 29 - Conception du soubassement des constructions implantées sur un versant. avec le sol. Il s'agit souvent d'une solution coûteuse en raison
des dispositions constructives parasismiques relatives aux
portiques (cf. le 3 de la fiche B).
10 - CONTREVENTEMENT
10.2 - Principe du contreventement
10.1 - Types d'éléments de contreventement
Tous les niveaux d'une structure doivent être contreventés, y
Ces éléments peuvent être classés en trois catégories : panneaux compris le niveau des combles. Une construction parasismique
rigides, palées de stabilité (travées triangulées) et portiques devrait comporter au moins deux éléments de contreventement
(ou arcs pour les halles à simple rez-de-chaussée), fig. 30. par niveau dans chaque direction principale. Il est cependant
préférable d'utiliser un nombre d'éléments plus élevé afin
de mieux répartir les charges horizontales. La redondance
devient une nécessité dans le cas des bâtiments de grandes
dimensions horizontales.

Concevoir un contreventement conformément aux lois de la


statique ne suffit pas pour assurer à la construction un bon
comportement sous charges dynamiques. Afin d'optimiser ce
comportement, les principes suivants devraient être respectés :

• conférer à la construction sensiblement la même rigidité


dans les directions transversale et longitudinale. La
faiblesse du contreventement longitudinal, observée souvent
dans les immeubles-barres en raison d'une faible exposition
au vent dans cette direction, peut donner lieu à des dommages
graves en cas de séisme (fig. 31) ;
Fig. 30 - Types d'éléments de contreventement.

10/12
T4

FICHE A
grande largeur, le contreventement peut éventuellement courir
sur plusieurs travées (fig. 33). La solution la plus efficace
consiste à utiliser la totalité des façades en tant qu'élément de
contreventement (fig. 34a). Si le contreventement ne peut
occuper qu'une partie des façades, il est souhaitable de le
placer dans les angles (fig. 34b) ;

Fig. 31 - Contreventement longitudinal insuffisant (séisme d'Izmit, Turquie 1999).

• disposer les éléments de contreventement de manière à


assurer une répartition sensiblement symétrique de
la rigidité horizontale par rapport aux axes passant par le
centre de gravité des planchers hauts (cf. le 4 ci-avant).
La torsion résultant d'une répartition asymétrique de la rigidité Fig. 33 - Palées de stabilité courant sur plusieurs travées, ce qui
affecte le plus les poteaux d'angle éloignés de la zone rigide permet d'obtenir une largeur importante.
(fig. 12) et les liaisons entre les planchers et le contrevente-
ment vertical ;

• éloigner au maximum les uns des autres les


éléments de contreventement parallèles (fig. 32).
Afin de leur conférer une bonne résistance à la torsion,
l'Eurocode 8 demande, pour les bâtiments simples dispensés
de la vérification de sécurité par le calcul, que les deux murs
par direction exigés comme minimum soient séparés d'une
distance d'au moins 3/4 de la longueur du bâtiment dans
l'autre direction. Le danger de torsion est rarement entiè- figure a figure b
rement absent. Il est donc souhaitable de placer le Fig. 34 - Contreventement en façade : solution favorable.
contreventement en façade ou près des façades ;
• superposer les éléments de contreventement des
différents étages afin de former des consoles verticales. Dans
tous les cas, le contreventement doit conférer aux différents
niveaux une rigidité comparable. Par conséquent, sauf cas
particuliers, ni leur nombre, ni
leur nature ne devraient varier
sensiblement d'un niveau à l'au-
tre. Toutefois, la rigidité peut
également être décroissante
vers les niveaux supérieurs.
Fig. 32 - Une grande distance entre éléments de contreventement Dans ce cas, il est souhaitable
parallèles favorise la résistance de la structure à la torsion grâce à que la différence de rigidité
un bras de levier « d » important dans le plan horizontal. horizontale entre deux niveaux
successifs ne dépasse pas 20 %.

• maximiser la largeur des éléments de contreven- Fig. 35 - Diagonales courant sur


tement. Les éléments étroits sont soumis à des efforts élevés plusieurs niveaux. Elles doivent
et subissent des déformations importantes. Pour atteindre une être fixées à tous les planchers.

11/12
T4

FICHE A
Lorsque les éléments triangulés courent sur plusieurs niveaux
(fig. 35), ils doivent être fixés aux planchers de tous les étages ;

• sur un même niveau, les éléments de contreventement


devraient être de même type afin de présenter le même
comportement dynamique (fig. 36).

Fig. 36 - Les éléments de contreventement devraient être de même type sur


un même niveau.

Impression : Imprimerie du Marais 09/2010

12/12

Vous aimerez peut-être aussi