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FICHE A
SEPTEMBRE 2010 *
CONCEPTION PARASISMIQUE
DES BÂTIMENTS
Les fiches T4 (A et B) ont été établies par Milan Zacek. Professeur des écoles d'architecture, architecte, ingénieur,
il assure de nombreuses conférences et formations d’architectes et d’ingénieurs en protection parasismique des bâtiments.
En complément de ces deux fiches, retrouvez sur MAFCOM la conférence qu’il a tenue à l’ENSA de Paris-Belleville
le 27 mars 2010.
PRÉAMBULE
FICHE A
Les fiches T4 (A et B) sont rédigées en conformité avec la
Conception d'ensemble : avant-projet architectural
nouvelle réglementation parasismique, attendue fin 2010.
Le futur décret divise le territoire national en cinq zones de
1 à 5 (les zones actuelles sont appelées respectivement 0, Ia, FICHE B
Ib, II et III), par ordre croissant de sismicité. Seules les
Dispositions constructives (construction parasismique)
constructions situées en future zone 1 ne sont pas assujetties
à l'application des règles parasismiques.
Sommaire de la fiche A
Dans les autres zones, on devra appliquer la norme NF EN 1998
(Eurocode 8) accompagnée des annexes nationales, ce qui
Conception d'ensemble : avant-projet architectural
implique un dimensionnement aux séismes et une vérification
de la sécurité vis-à-vis de l'effondrement. Mais dans certains 1 - Pertinence d'une conception architecturale parasismique
cas, des règles simplifiées, qui dispensent de vérifier la sécurité,
2 - Résonance des bâtiments avec le sol
pourront être utilisées. Il s'agit des règles suivantes :
3 - Oscillations asynchrones
- en zone de sismicité 2, le document « Dispositions constructives 4 - Torsion d'axe vertical des bâtiments
en zone de sismicité faible » (à paraître) ;
5 - Effet de niveau souple
- en zones de sismicité 3 et 4, les « Règles PS-MI 89 révisées
92 », qui sont déjà appliquées ; elles seront reconduites ; 6 - Effet de poteau court
- en zone de sismicité 5, le « Guide CP-MI Antilles », également 7 - Principe « poteau fort - poutre faible »
reconduit ;
8 - Bâtiments couplés par des passerelles ou escaliers
- en toute zone, le chapitre 9.7 de l'Eurocode 8 intitulé
« Règles pour les bâtiments simples en maçonnerie » autorise, 9 - Constructions adossées à une pente
moyennant le respect de dispositions constructives et de 10 - Contreventement
certaines limitations, l'absence de vérification de la sécurité
vis-à-vis de l'effondrement.
Mutuelle des Architectes Français assurances. Entreprise régie par le code des assurances. Société d’assurance mutuelle
à cotisations variables – 9, rue de l’Amiral Hamelin – 75783 Paris Cedex 16 – Tél. : 01 53 70 30 00 – Fax : 01 53 70 32 10 – www.maf.fr
T4
FICHE A
CONCEPTION D'ENSEMBLE :
AVANT-PROJET ARCHITECTURAL
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du parti constructif (choix et architecture du système porteur) 2.2 - Prévention de la résonance
et du matériau de structure utilisé.
Pour éviter la résonance, la période propre du bâtiment doit
Les indications qui suivent permettent de prévenir, être très différente de la période propre du sol (la période
au stade de l'avant-projet, les principaux phénomè- d'oscillation augmente avec la masse et diminue avec la
nes destructeurs engendrés par les tremblements rigidité). En simplifiant, on peut donc dire que sur sols
de terre. mous, on devrait opter pour des constructions
rigides (bâtiments bas, structures contreventées
2 - RÉSONANCE DES BÂTIMENTS AVEC par des murs ou par triangulation…) et sur sols
LE SOL fermes ou rocheux pour des ouvrages plus flexi-
bles (bâtiments hauts, structures en portiques
2.1 - Phénomène de résonance sans murs de remplissage...). Toutefois, au stade du
projet d'exécution, les périodes propres du bâtiment et du sol
La résonance d'un bâtiment avec le sol se produit lorsque devraient être calculées ; celle du sol dépend également de
ses oscillations libres ont une période proche de celles du sol. son épaisseur et non seulement de ses caractéristiques. En
La période est le temps d'une oscillation (d'un aller-retour) cas de besoin, le concepteur peut modifier la période propre
exprimé en secondes. Les amplitudes d'oscillation s'accroissent du bâtiment. Pour la diminuer, on peut (fig. 3) :
alors d'une manière considérable, à l'instar d'une balançoire - augmenter la rigidité de l'ouvrage en modifiant son architec-
mise en mouvement par des impulsions d'une fréquence ture : réduire la hauteur et/ou l'élancement, évaser la base du
précise. Il s'agit d'un phénomène particulièrement bâtiment...
destructeur, qu'il convient d'éviter impérativement. Il a été - augmenter la rigidité de la structure : contreventer par voiles
à l'origine de nombreux dommages graves (fig. 2). en béton armé, localiser les voiles en périphérie du bâtiment,
augmenter le nombre de voiles...
- réduire la masse de l'ouvrage et donc opter pour une struc-
ture légère
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3 - OSCILLATIONS ASYNCHRONES rectangulaire. Ce fractionnement s'effectue au moyen de
joints de séparation vides de tout matériau, appelés joints
3.1 - Situations défavorables sismiques (fig. 7). La solution convient surtout dans les cas où
des joints de dilatation thermique ou des joints de tassement
Lorsqu'une construction comporte des volumes de rigidités dif- différentiel (de rupture) sont nécessaires. Créer des joints
férentes, ceux-ci ont tendance à osciller d'une manière non spécifiquement pour des raisons de protection
synchronisée, allant parfois dans les sens contraires les uns par parasismique est coûteux et difficilement
rapport aux autres (fig. 5). On parle d'oscillations différentielles. envisageable pour les bâtiments-tours , car la
C'est le cas des bâtiments dont le plan est en forme de L, T ou largeur des joints doit être suffisante pour prévenir l'entre-
X sans joints de fractionnement, ainsi que des bâtiments com- choquement des blocs contigus. Les largeurs minimales sont
portant des volumes en saillie ou des retraits en plan ou en élé- de 4 cm en zones 2 et 3 et de 6 cm en zones 4 et 5, mais elles
vation. Dans les angles rentrants à la jonction des ailes ou de peuvent atteindre plusieurs dizaines de centimètres dans le cas
toute partie ayant une rigidité différente (donc aussi au droit des immeubles de grande hauteur (fig. 8). Bien entendu, en
des volumes en retrait ou en saillie), les dommages sismiques zone sismique, les joints de dilatation et de tassement
sont souvent importants (fig. 6). Les constructions s'effondrent classiques sont également soumis à cette règle ;
parfois.
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les angles rentrants, où se concentrent les contraintes, sont
supprimés.
figure a figure b
Fig. 11 - Torsion d'un niveau induite par l'asymétrie de la forme du plan (fig. a)
et par celle des murs assurant le contreventement (fig. b).
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5 - EFFET DE NIVEAU SOUPLE concerné par rapport aux niveaux supérieurs, il est assez aisé
de le prévenir : il suffit de conférer à tous les niveaux une
5.1 - Notion de niveau « souple » rigidité comparable et de conserver, en cas de besoin, de
grands espaces libres, vitrés ou non. Quatre solutions peuvent
Lorsque la rigidité latérale d'un niveau est beaucoup plus faible être envisagées :
que celle des niveaux situés au-dessus, on l'appelle « niveau
souple ». Il s'agit souvent de rez-de-chaussée vitrés ou libres, • placer des éléments rigides (murs, palées de
mais des niveaux souples peuvent se trouver également aux stabilité) participant au contreventement, en façade
étages supérieurs. Les déformations imposées à la construction (solution plus efficace) ou à l'intérieur du bâtiment
par les séismes sont concentrées aux niveaux souples. Lors (fig. 16). Si le plan est compact, deux éléments dans chaque
des tremblements de terre d'une certaine intensité, elles direction principale suffisent ;
deviennent importantes et la structure ne peut les tolérer
(fig. 14), ce qui a pour conséquence l'écrasement du
niveau (fig. 14 et 15).
photo a photo b
Mur rideau
5.2 - Prévention de l'effet de niveau souple
Fig. 18 - Structure d'égale
rigidité latérale à tous les
La cause de cet effet n'étant pas le vitrage ou la présence niveaux, avec une façade
de pilotis, mais la différence de rigidité latérale du niveau non rigide.
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• recourir à l'isolation parasismique (fig. 19). Dans En effet, les poteaux courts ou bridés sont beaucoup moins
ce cas, des appareils d'appui souples isolent partiellement déformables que les poteaux libres sur toute la hauteur
le bâtiment des secousses du sol. Les déformations sont d'étage ; ils se rompent lorsqu'ils ne peuvent pas supporter les
imposées principalement aux appareils d'appui (isolateurs), déformations imposées par les oscillations des planchers. En
qui sont prévus pour cela. outre, ils attirent des charges sismiques plus importantes que
les autres poteaux car ils sont plus rigides. Dans le cas des
ossatures contreventées par des murs ou palées
de stabilité, ce phénomène ne se produit pas, car
ces derniers étant plus rigides, ils assurent la résistance de la
structure aux charges sismiques. Les poteaux « courts » sont
moins sollicités.
Appuis
parasismiques 6.2 - Prévention de l'effet de poteau court
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qui sont des dommages. Il est souhaitable que ces dommages
se produisent dans les poutres, qui n'assurent pas la stabilité de
l'ensemble de la structure, à la différence des poteaux et des
nœuds (fig. 23). La figure 24 montre un cas d'effondrement
de bâtiment dont les poteaux ont subi des dommages, les Fig. 25 - Configurations déconseillées.
poutres-allèges ayant été plus résistantes. Il est à noter que le
principe poteau fort - poutre faible ne s'applique pas aux
ossatures en bois, car ce matériau n'est pas capable de se plas- • contreventer l'ossature par des murs en béton
tifier. Les déformations plastiques doivent dans ce cas pouvoir ou palées de stabilité (croix de Saint-André,
se former dans les pièces métalliques assurant les assembla- contreventement en V...). Les éléments de
ges. La stabilité des ossatures parasismiques en bois nécessite contreventement, beaucoup plus rigides que les portiques,
donc une attention particulière. « attirent » sur eux la majeure partie des charges horizontales
et constituent ainsi la structure principale assurant la stabilité
vis-à-vis des séismes. Les portiques deviennent une structure
secondaire et le respect du principe « poteau fort - poutre
faible » n'est pas nécessaire.
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- un effet de « poteau court » car les poteaux amont, très
rigides, attirent les charges sismiques, ce qui conduit souvent
à leur rupture lors de secousses sismiques.
Torsion d’ensemble
Niveaux flexible
Rupture potentielle
Zone d’amplification
des secousses
> 10 m
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au projet d'architecture, plusieurs mesures peuvent être Les panneaux rigides peuvent être constitués par des
prises pour prévenir la torsion, l'effet de niveau souple et murs et trumeaux en maçonnerie, voiles en béton ou béton
l'effet de poteau court (fig. 29). armé, « voiles travaillants » en bois... Les éléments de
contreventement ainsi obtenus sont plus rigides que les
autres types. Leur efficacité ne doit pas être réduite par des
Noyau central en soubassement Murs en béton (voiles) aux angles percements. Les murs courbes peuvent également être
employés. Dans ce cas, ils doivent être en béton armé
(pour former une coque) et non pas en maçonnerie, car
celle-ci éclate facilement quand elle n'est pas sollicitée
dans son plan.
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grande largeur, le contreventement peut éventuellement courir
sur plusieurs travées (fig. 33). La solution la plus efficace
consiste à utiliser la totalité des façades en tant qu'élément de
contreventement (fig. 34a). Si le contreventement ne peut
occuper qu'une partie des façades, il est souhaitable de le
placer dans les angles (fig. 34b) ;
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Lorsque les éléments triangulés courent sur plusieurs niveaux
(fig. 35), ils doivent être fixés aux planchers de tous les étages ;
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