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DU TRANSPORT À LA LOGISTIQUE
Du transport
à la logistique
Itinéraire
compliqué
n relayant l’inquiétude qui plane sur le ment mué en un acteur des plus importants de
L
e secteur du transport est un indicateur des tendances éco- Cependant, là n’est pas la seule mutation économique enregis-
nomiques générales. Depuis les années 70, ce secteur trée au cours des dernières années… Un autre facteur entre aus-
connaît une croissance régulière*. si en ligne : l’augmentation de la sous-traitance étrangère. Souvent,
Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette évolution globale: aujourd’hui, les marchandises circulent de gauche et de droite,
- la modification des structures de production industrielle transportées au gré de décisions éminemment stratégiques là où
(abandon des sites urbains et tendance à la dispersion géogra- la main d’œuvre est moins chère!
phique, voire à la délocalisation); Ex : les crevettes pêchées en mer du Nord sont acheminées en
- la modification des méthodes de production (réduction ou mê- Afrique du nord… pour y être décortiquées. Ensuite, elles re-
me suppression des stocks) au profit du «just in time» devenu prennent le chemin inverse pour être redistribuées aux consom-
règle générale; mateurs belges. Certes, cela paraît incroyable aux yeux du qui-
- la part croissante du secteur des services et la dispersion dam peu familiarisé avec les règles de la stratégie économique
croissante des sites d’activités (mobilité professionnelle)**. mondialiste, mais les lois de la concurrence imposent de sous-
Au cours du dernier quart de siècle, en effet, le tissu industriel a traiter les travaux à faible valeur ajoutée pour éviter l’asphyxie.
opéré un changement fondamental. Auparavant, les industries
lourdes transportaient leurs marchandises, tels que le charbon ou
le minerai, par les voies navigables. Aujourd’hui, l’industrie revêt
une valeur ajoutée plus importante. Les entreprises, souvent de
petite taille, fabriquent davantage de produits différents. Ces der- * Eurostat, «Panorama des transports - Aperçu statistique des transports dans l’Union européen-
ne», Commission européenne, Bruxelles, Ed. 2003.
niers sont moins faciles à transporter par train ou par péniche car ** http://www.mrw.wallonie.be/dgrne/pedd/, PEDD- Les transports et les infrastructures «Cahier 9:
les endroits vers lesquels ils sont acheminés sont éparpillés. Les transports, les infrastructures et l’environnement».
cours des cinq dernières années, remarquons d’entrée de jeu que portant de percevoir une nouvelle réalité désormais afférente au
les volumes ont proprement explosé, augmentant de 68.409.000 transport routier: les camions roulent moins souvent à vide,
tonnes, c’est-à-dire une croissance de 15 %. Une augmentation donc les trajets sont davantage rentabilisés… Puis au verso,
d’ailleurs proportionnelle à celle enregistrée pour l’ensemble des rayon des non-dits, nous constaterons aussi que les quantités de
réseaux de transports. Mais entre les lignes, il paraît encore im- marchandises transportées par chemin de fer diminuent.
Tonnes-kilomètres prestées (en millions tkm) 47.492 49.187 52.042 57.033 58.286 62.496
Navigation intérieure 5.931 6.113 6.455 7.313 7.732 8.150
Chemin de fer 7.465 7.600 7.392 7.674 7.080 7.298
Transport routier (a) 34.096 35.474 38.195 42.046 43.474 47.048
- trafic intérieur (b) 19.156 17.487 20.554 21.103 22.193 22.898
- entrées 5.041 6.227 5.875 7.487 7.397 7.178
- sorties 6.330 7.077 6.775 8.491 8.943 12.127
- transit sans transbordement 3.569 4.683 4.991 4.965 4.941 4.845
Transport belge et étranger par route avec des véhicules immatriculés en Belgique et dans l'Union européenne, par eau et par rail sur le territoire belge.
(a) Transport effectué à l'aide de véhicules d'au moins 1 tonne. Les données sont dérivées de l'enquête belge sur le transport routier.
(b) Y compris le trafic intérieur avec des véhicules étrangers qui est assimilé forfaitairement au total du trafic à l'intérieur de chaque état membre de l'U.E. avec des véhicules belges.
Source : INS, SNCB, Ministère de la Région wallonne, Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap et Port de Bruxelles.
Le transport routier de marchandises par des véhicules portées par des véhicules immatriculés en Belgique. Celui-ci a
immatriculés en Belgique également, sensiblement augmenté en 1999 et 2000 pour
Le tableau ci-dessous précise le poids de marchandises trans- connaître une légère régression par la suite.
Il s'agit du transport de marchandises par route (sur territoire belge et étranger), effectué par des véhicules immatriculés en Belgique ayant une charge utile d'une tonne au moins.
Source : INS, enquête statistique relative au transport routier.
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Supplément au magazine Entreprendre aujourd’hui n°75 5
dossier DU TRANSPORT À LA LOGISTIQUE
••• L’immatriculation de véhicules et le parc de véhicules En 7 ans, le parc de véhicules neufs ou d’occasion pour le trans-
Le tableau suivant nous renseigne sur le nombre de véhicules im- port de marchandises (véhicules utilitaires et tracteurs) est pas-
matriculés en Belgique durant les années 1996 à 2003, en préci- sé de 109 342 à 145 481 unités, en d’autres termes une augmen-
sant les chiffres pour les véhicules servant au transport routier. tation de 33 %.
1787
2000 5141 3785 194 1500
1541
2001 5290 3790 202
1247
2002 5413 3812 211
1168
1000
1003
1017
997
2003 5371 3423 195
812
2004 5350 3511 198
735
Source : Service public fédéral de Mobilité et Transports 500
Remarque : pour certaines entreprises, il n'est pas possible de déterminer la répartition sur base
des données disponibles.
West-Vlanderen 19,4%
Antwerpen 16,5% Situation des entreprises
par nombre de véhicules moteurs au 1/1/2004
Oost-Vlanderen 16,3%
En province de Luxembourg, comme en atteste le tableau suivant
Vlaams Brabant 10,6% de l’ITR, 17 % des entreprises seulement possèdent 6 véhicules ou
Liège 8,8% plus, 2,5 % disposent de plus de 20 camions.
Hainaut 8,6%
Limburg 8,2% 1 2à5 6 à 20 >20 Total
Bruxelles-Capitale 3,6% Luxembourg 97 65 30 5 197
Namur 3,0%
Luxembourg 2,2%
Brabant wallon 2,0%
Brussel-hoofdstad 0,6%
Au cours des quatre dernières années, en comparant la situation Dans le même ordre d’idée, au contraire de ce que nous vivons
de l’emploi actif dans le secteur du transport en province de en région wallonne, la Chambre de commerce du Luxembourg
Luxembourg, notamment par rapport à celle évoquée par nos n’hésite pas à parler du transport comme d’un secteur en pleine
voisins luxembourgeois, le constat est très clair. Et pour cause, santé sur son sol. Selon nos sources, le territoire grand-ducal
l’évolution qui se vérifie à l’échelle européenne est, ici, annihilée compterait aujourd’hui près de 470 entreprises de transport. Pris
par la croissance exceptionnelle enregistrée côté grand-ducal. de manière aussi abrupte, ces chiffres sont peut-être difficile-
Les chiffres, difficiles à collecter parce que relevant de la gestion ment utilisables, mais il est inutile de préciser les raisons pour
interne des sociétés elles-mêmes, sont pourtant éloquents. En lesquelles, en province de Luxembourg, à quelques kilomètres de
moins de cinq ans, une douzaine de PME actives dans notre pro- là, sur un territoire considérablement plus grand, nous n’en re-
vince ont vu le nombre de leurs salariés passer de 140 à 50… censons que... 198, souvent de petite taille. ■
Pourtant, on l’a dit et répété, de tels chiffres ne révèlent pas la
mauvaise santé des PME en question. En effet, en 2000, lorsque Nombre total de travailleurs employés par 12 PME
celles-ci se sont établies de l’autre côté de la frontière, elles n’em- originaires de la province de Luxembourg,
ployaient là-bas qu’une vingtaine de salariés. Pourtant, fin 2004, établies aussi au grand-duché de Luxembourg
les mêmes entreprises sous bannière luxembourgeoise en comp-
tent plus de deux cent cinquante. Doit-on en déduire que le sec- Province Grand-duché
teur du transport ne se porte pas bien? Certainement pas… Il de Luxembourg de Luxembourg
faut surtout accepter que des réalités financièrement plus pal-
2000 140 20
pables concourent à de tels constats. De l’emploi a été créé par-
ce que le secteur a explosé, mais nous n’en avons pas bénéficié! 2004 50 250
C’est tout…
Délocalisation...
«La délocalisation de nos entreprises vers le grand-duché de Luxembourg? Ce n’est qu’une mise en
jambe! Surtout pour les entreprises qui emploient beaucoup de chauffeurs», dixit Jean-Marie Becker
Choisir sa niche et s’y spécialiser Grâce aux relations de partenariat entre les transporteurs et
De manière générale, la conjoncture actuelle impose aux trans- leurs clients, il serait tout à fait raisonnable d’appliquer une sur-
porteurs de se réaliser uniquement dans la niche pour laquelle ils charge gasoil sur les transports lors de la négociation des prix.
ont de grandes compétences. Sans aucun doute, mieux vaut pas- À ce titre, le gouvernement a prévu que les professionnels du
ser de 50 à 30 camions, si cela est plus rentable. transport puissent récupérer une partie des accises sur présen-
Il est important - et le secteur du transport routier, n’y déroge tation d’un dossier complet mais, pour l’exercice 2004, ce dos-
pas - de se spécialiser. Investir dans une niche plutôt que de mul- sier ne pourra être introduit qu’en mai 2005. Ne sera-t-il pas déjà
tiplier ses activités, c’est ici la décision qui sauve. trop tard pour certains ?
Autre élément difficile à gérer au quotidien : le manque toujours
Les chauffeurs
croissant de mobilité est un élément qui coûte cher aux entre-
Conduire un camion n’est pas un jeu d’enfant. Que du contraire. prises. Les engorgements en périphérie des grandes villes dimi-
Le poids et la puissance des véhicules exigent un doigté spéci- nuent la vitesse moyenne du chauffeur alors que le salaire de ce
fique, une connaissance approfondie des capacités de réaction dernier reste identique.
dans des conditions de circulation parfois extrêmes. Mais il est encore de nombreuses préoccupations, notamment le
La responsabilité du conducteur professionnel ne concerne pas prix pour le donneur d’ordre de l’aller et du retour. En effet, il
seulement son engin, mais aussi la nature souvent dangereuse du n’est pas rare d’avoir un différentiel de prix de 35 % entre les
fret transporté, le savoir-faire pour son bon arrimage. Les com- deux trajets. Étonamment, entre deux points, la liaison de A vers
pétences d’un chauffeur doivent être larges. B est toujours plus chère que la liaison inverse de B vers A. Si les
Parti à l’étranger la plupart du temps, le quotidien des chauffeurs entreprises s’assemblaient en réseau, cela équilibrerait le flux
internationaux n’est pas non plus toujours très simple à gérer. des transports. Et le gain de productivité serait possible si le prix
Tout cela explique la bonne rémunération de cette fonction. À ce du retour s’alignait sur le prix de l’aller...
titre, est-ce le salaire qui motive les chauffeurs? C’est très diffi- Par ailleurs, à tous ces coûts, s’ajoutent également ceux liés aux
cile à dire. accidents. Parmi ceux-ci, Jacky In Den Bosch, cite les assu-
Contrairement au passé, on dit que les chauffeurs n’ont plus la rances, les carrosseries, l’immobilisation des camions et des
vocation de leurs prédécesseurs, que leurs bons salaires les ont chauffeurs (sans compter les dommages corporels), la gestion
embourgeoisés et les ont rendus parfois trop exigeants. Allez sa- administrative du sinistre, la mauvaise image de l’entreprise de
voir. Évidemment, si l’on oppose les chauffeurs belges à leurs transport. Il faut y penser !
collègues de l’Est, on pourrait s’étonner... Les frais engendrés par les accidents sont très souvent consé-
D’ailleurs la gestion du transport routier n’est pas simple, il faut quents. Il est donc rentable, à moyen terme en tous cas, de re-
contenter le client et le routier. courir à la prévention en matière de sécurité.
Pour un transporteur, le salaire du chauffeur représente une Jacques Löfgen : La sécurité dans le transport, c’est un processus.
charge importante dans le prix de revient. Ceux-ci pourraient Elle commence avant tout par la responsabilisation des chauf-
être tentés d’engager des ressortissants des nouveaux pays feurs, les formations, la motivation et différents incitants ...
membres, moins exigeants, puisque payés à des conditions satis- A.T.U. Transport a bien compris que la non sécurité coûte cher.
faisantes pour chacune des parties. Le remède, c’est la prévention autant que la guérison dans diffé-
Cependant, il semble que la qualité de service ne soit pas la même. rents domaines : l’organisation, le matériel et l’humain. Ils ont
Il n’est pas toujours aisé pour un planificateur (un dispatcher) de d’ailleurs mis en place un système de récompense aux
communiquer usuellement dans une langue étrangère. Et pour le «Professional Driver». L’idée est de rémunérer le chauffeur qui
client, c’est toujours préférable d’avoir une meilleure visibilité de fait son travail et de récompenser ce lui qui fait plus que son tra-
la société de transport avec laquelle il travaille. Au final, certaines vail. Un système de «bons points» à acquérir en fonction des évé-
décisions pourraient même augmenter la non-qualité. nements permet au chauffeur de recevoir un cadeau… Et, à la
lecture des résultats chiffrés, le dispositif mis en place chez
A.T.U. fonctionne bien. En effet, la première année, le nombre
Augmentation des coûts
d’accidents a diminué de 29 %. «Il faut continuer dans ce sens,
Pour Eric Charlier, l’heure n’est pas aux cadeaux. «Un trans- même si le retour sur investissement n’est pas immédiatement
porteur doit absolument connaître les gains et les pertes de perceptible».
toutes de ses prestations via des indicateurs fiables.»
Le cluster wallon Transport et Mobilité
Les coûts liés au transport de marchandises sont nombreux.
La hausse du gasoil devient manifestement un problème pour les Le Cluster Transport & Logistique Wallonie – Belgium a pour ob-
transporteurs. Quand on sait que le gasoil routier représente jet de favoriser le développement du secteur transport et logis-
21 % du prix de revient d’un transport, cette augmentation du tique en Région wallonne.
prix du carburant grève fortement les marges bénéficiaires des Parmi les membres dudit Cluster, on retrouve le monde de
sociétés de transport. la formation avec les Universités et les Hautes Ecoles qui ➤
••• proposent des formations axées sur la logistique. Le Cluster Toutes ces sociétés se regroupent et travaillent ensemble avec
compte également parmi ses membres des organes de formation comme but commun de faire évoluer le secteur du transport et
pratique comme le Forem Logistique. de la logistique afin d’offrir aux investisseurs étrangers les
Des organismes professionnels y sont également représentés : moyens de leur réussite sur le marché européen, tout en per-
représentants des transporteurs, représentations patronales…. mettant le développement endogène par un meilleur savoir-faire
Mais le Cluster, c’est aussi et surtout des entreprises : des pres- local et une meilleure structure financière des membres, per-
tataires logistiques tels que TNT Airways, des plates-formes mul- mettant des investissements conséquents en logistique.
timodales… Ce sont également des chargeurs tels que le groupe La Wallonie regroupe toutes les infrastructures nécessaires au
Arcelor ou Spadel. développement des entreprises qui choisissent de s’implanter
Ce sont aussi des gestionnaires d’infrastructures : le Ministère de sur son territoire : des terrains disponibles à un prix attractif, des
l’Equipement et des Transports, des Intercommunales de déve- plates-formes multimodales prêtes à accroître leurs volumes,
loppement économique, la SAB qui gère Liège-Airport mais éga- des nœuds autoroutiers au carrefour de l’Europe, des liaisons
lement les différents ports intérieurs. En tout, plus de 80 entre- fluviales à grands gabarits, un réseau ferré dense, ainsi que le
prises et/ou organismes sont déjà membres, ils permettent de re- huitième aéroport cargo d’Europe. De plus, ces différentes voies
grouper les 4 modes de transport (route, rail, air et voie d’eau) de communication bénéficient de très peu de congestion.
au sein d’une même organisation. En bref, la Wallonie est bel et bien une terre de logistique! ■
autant de thèmes à l’ordre du jour de l’Union européenne… En tout cas, d’un Le cabotage
l’agenda européen, celle-ci n’a pas enco- point de vue strictement pratique, Tout transporteur, titulaire de la licence
re dépassé le stade du projet. Pour peu lorsque les distances parcourues flirtent communautaire, est admis à effectuer, à
que l’on s’y applique, la réalisation pra- avec les 700 à 800 kilomètres, aucune titre temporaire, des transports dits in-
tique de ces modalités ne se mettra pas solution n’est plus rentable au départ de ternationaux de marchandises dans un
en place avant une dizaine d’années. bases belges. C’est clair… autre Etat membre que celui d’établisse-
Pourtant, jusque-là, les entreprises vont ment de son entreprise. Certaines me-
devoir vivre… ou survivre. Il faut donc Le libre droit de circuler sures de transition ont néanmoins été
agir. Et vite! Sans discrimination de nationalité ni de négociées avec les dix nouveaux Etats
lieu d’établissement, le droit de circuler membres de l’Union européenne, notam-
Toujours plus à l’est… en transportant des marchandises est ment pour les opérations de cabotage
La solution, selon Jean-Marie Becker, est complètement établi au sein de l’Union. routier. Elles ont pour objectif d’encadrer
radicale. Etablir une filiale en Europe de Pour pouvoir en bénéficier, il suffit qu’un dans le temps, l’ouverture complète du
l’Est avec des chauffeurs locaux. Ni plus opérateur soit en possession d’une licen- grand marché communautaire à 25. La
ni moins… A l’entendre, en pratiquant ce communautaire, délivrée par son Etat période durant laquelle les mesures de
de la sorte, le prix du transport pourrait membre et renouvelable tous les cinq restriction aux opérations de cabotage
être revu à la baisse, presque de 20%. ans. sont autorisées a été fixée, elle est arrê-
Aujourd’hui, convenons-en, il est extrê- Ce document uniforme, dont une copie tée à cinq ans. Donc, au plus tard le
mement difficile pour une entreprise de certifiée conforme est exigible sur tout 01.05.2009, l’ouverture totale du grand
transport installée chez nous de rivaliser véhicule, atteste que ce dernier répond marché européen à 25 sera réalisée dans
avec des concurrentes déjà établies sur bien aux prescriptions nationales de cir- le secteur du transport routier. Toutefois,
place, plus à l’est. Hélas, en raisonnant culation prévues dans son pays, en certaines exceptions permettent déjà à
de cette manière, force est d’admettre conformité avec celles prévues par les di- certains de sillonner l’Europe à leur gré:
que l’on quitte le navire. Mais quid des rectives et les règlements de l’Union, en pour les transporteurs de Slovénie, de
matelots? En effet, avec la délocalisa- particulier pour l’accès à la profession. Il Malte et de Chypre, l’accès au cabotage
tion, l’emploi partira forcément là-bas. n’y a donc plus aucune protection parti- est, en effet, déjà libéralisé. ■
En tout cas, il ne restera pas. Mais, culière, la libre concurrence est bel et
telles sont les conséquences des choix de bien la règle.
Ce nouveau type de relation impose donc Et, pour peu que le transporteur n’ait pas • statuts des conducteurs (salariés mo-
à l’entreprise d’avoir une vision différente pris le temps de lire correctement tous biles ou indépendants);
d’elle-même. Ainsi, sur la scène euro- les articles du contrat, celui-ci se retrou- • pause au volant (45 minutes, divisibles
péenne, une structure de petite envergure ve contraint à des modalités imprévues… en trois, toutes les quatre heures et de-
éprouvera d’énormes difficultés à assurer Les marchés se négocient, en effet, très mie);
sa crédibilité en n’optant pas pour le par- rapidement, en 8 heures. Pour pallier les • période de conduite journalière (maxi-
tenariat. Beaucoup d’entreprises de difficultés engendrées par des négocia- mum 9 à 10 heures), fréquence de
transport ont perdu des marchés… car tions aussi ardues, via les enchères élec- conduite hebdomadaire (six périodes)
elles étaient trop petites par rapport à troniques, des sociétés se sont spéciali- et total de temps de conduite par quin-
leurs concurrentes. Par ailleurs, un autre sées pour conseiller rapidement sur les zaine (90 heures);
élément revêt son importance dans cette éventuels contractants. Il s’avère souvent • durée et répartition du temps de repos
relation entre transporteur et donneur rentable de faire appel à ces bureaux. journalier (minimum 11 heures) et heb-
d’ordre : les enchères proposées sur le domadaire (45 heures consécutives,
net complexifient encore les choses. Temps de conduite, pouvant être éventuellement réduites
Pourtant, il est très fréquent que les don- de travail et de repos moyennant compensation);
neurs d’ordre aient aujourd’hui recours à Tout en admettant la flexibilité indispen- • durée hebdomadaire moyenne du tra-
celles-ci. Cette facilité de marché offerte sable à un métier dont l’exercice est lié vail (48 heures, avec des pointes auto-
par la toile a cependant des revers. Les ca- par nature à des circonstances aléatoires, risées à 60 heures) et limite du travail
hiers des charges, rédigés en anglais, pa- la réglementation européenne fixe les exi- de nuit (10 heures par période de 24
raissent souvent très compliqués. gences à respecter en matière de : heures). ■
La logistique,
Selon Gabriel Catania La logistique n’est pas un concept nouveau, cette activité a tou-
jours existé puisqu’il y a toujours eu un flux de matières et,
conséquemment, un flux d’argent. Par contre, elle a progressive-
ment été externalisée des entreprises par le jeu de la compétitivi-
té du marché. Toujours plus importante, celle-ci a poussé les pro-
ducteurs à se concentrer davantage sur leurs métiers de base -
pour lesquels ils sont plus compétents - et à avoir recours à des
fournisseurs de services externalisés.
GC Partner SA
Pour une entreprise, la logistique, c’est AVANTAGES COMPÉTITIFS jours plus au sud, vers la concentration de
une question de rendement du capital, À S’INSTALLER consommation. D’autant que les choses
de rentabilité. EN PROVINCE DE LUXEMBOURG iront nécessairement dans le même sens à
L’objectif, avec le recours à sa version L’emplacement géographique l’avenir. Alors qu’aujourd’hui, il y a 6 mil-
externalisée, est de faire sortir du bilan C’est aussi la possibilité de capturer d’im- lions de containers concentrés sur le port
le capital à faible valeur ajoutée. Par portants flux de marchandises venant des d’Anvers, on estime qu’en 2010, la capaci-
contre, ce métier sera rentable pour un ports de Rotterdam et d’Anvers, et du ter- té aura doublé. Il faut pouvoir l’acheminer.
logisticien dont cette activité est la minal d’Athus (avec le PED) via un trans-
spécialisation. port multimodal (même s’il n’y a pas chez La proximité frontalière
En conclusion, la spécialisation a pour nous de voies navigables). N’oublions pas, Notamment celle du grand-duché du
corollaire une efficience nouvelle et la à ce propos, que le transport routier couvre Luxembourg et les avantages fiscaux et
concentration sur son propre métier. encore 80% des flux de marchandises. sociaux qu’il offre. Il est intéressant pour
les sociétés d’utiliser la différenciation
L’espace disponible entre les deux Luxembourg…
La Flandre est saturée, c’est un fait…
Résultat: on va donc naturellement tou-
Le Terminal Athus
En 1979, sur le site du PED, s’est créé une •l’Alsace, la Lorraine et les Vosges en problèmes de mobilité et s’intègre totalement
plate-forme destinée à l’acheminement de France; dans la logistique des flux de containers.
containers et à la meilleure circulation de ces •la Sarre, la Rhénanie Palatinat et le Bade-
derniers depuis leurs ports d’arrivée de la Würtenberg en Allemagne; En quelques chiffres :
mer du Nord jusqu’à leur destination finale. •le grand-duché de Luxembourg. •Surface : 110.000m2.
Cette création n’est autre que le Terminal Cette plate-forme est une réponse multimo- •2.100 m utiles de voies ferrées.
Athus. Géographiquement bien positionné en dale au transport de marchandises, elle joue •Capacité d’entreposage : 5.000 TEU.
tant qu’avant-port de Zeebrugge, Anvers et sur la complémentarité : •4 grues mobiles de 40 tonnes de capacité.
Rotterdam, il est également situé à plus de •du rail, idéal pour le transport de masse sur •Un portique sur pneumatiques de 40 tonnes
250 kilomètres de ces sites portuaires, ce qui moyenne et longue distance; de capacité.
optimalise le recours au rail. Complémentaire- •de la route, imbattable en matière de sou- •3 trains journaliers en aller-retour sur les
ment, le Terminal Athus dessert par la route plesse. ports de la mer du Nord.
les régions limitrophes des trois pays : Le Terminal apporte une réponse positive aux
Collaborations logistiques
La Chambre de commerce du Luxembourg belge peut s’associer à sa merce du Luxembourg belge pourrait ainsi développer l’aspect quali-
consoeur française de Moselle pour mettre sur pied un cycle de for- tatif de la main d’œuvre nécessaire au rayonnement du secteur lo-
mation à la logistique. En s’appuyant sur l’expérience indéniable de gistique en Wallonie.■
sa voisine, elle-même à l’initiative de l’ESIDEC, la Chambre de com-
Selon nous
Car s’il n’est plus rare de voir certaines fonctions quitter précipitam-
E
n quelques années, le secteur du transport a considérablement
évolué sous nos latitudes, traduisant la tendance consommatoire ment la région historique de leur développement, il est en revanche peu
de plus en plus vorace des sociétés occidentales. Hélas, nous probable que la logistique ait un jour à subir un tel scénario puisqu’elle
l’avons dit, de nombreuses raisons le poussent aussi aujourd’hui à suc- est intimement liée en temps au bassin de consommation sur lequel el-
comber à l’inévitable délocalisation. le base son devenir. Les industriels eux-mêmes l’ont bien compris et ils
Volatile par essence, le transport semble donc promis à un départ an- axent une partie de leur énergie sur la différenciation retardée qu’ils si-
noncé… Et n’allez pas penser que ce sera pour demain! Non, la grande tuent toujours plus proche des consommateurs. Et qu’importe s’il faut
marche est déjà lancée. «Avant-hier, nous y pensions, sans plus. Hier, externaliser une série de fonctions pour survivre. Qu’il s’agisse d’éti-
l’idée est revenue, plus pressante. Aujourd’hui, nous cherchons active- quetage, de reconditionnement ou de «packaging», la compétitivité est
ment comment réussir notre implantation à l’Est» nous expliquait ré- à ce prix. La logistique devrait y gagner. Et puisqu’il est prouvé que cel-
cemment un entrepreneur soucieux de pérenniser son activité. Et le mê- le-ci ne réalisera plus de gains majeurs sur le transport, elle devra né-
me d’ajouter: «Pour lutter, seul l’exil paraît encore envisageable…» cessairement agir sur le service pour s’assurer une place concurren-
Sachant cela, il n’est plus permis de se voiler les yeux. Il faut clamer haut tielle. Si une usine d’assemblage informatique installée dans la région
et fort ce que beaucoup pensent en silence. Non seulement les pistes de de Metz a su séduire le géant Hewlett Packard pour le montage de plus
salut du secteur paraissent bien maigres, mais il est presque trop tard de 60 % des imprimantes vendues en Europe de l’Ouest, c’est qu’elle a
pour agir. En tout cas, si tel était encore le souhait de nos dirigeants… aussi réussi à démontrer des qualités de service irréprochables. La pro-
Certes, des poches de résistance existent... Pour l’heure, elles parais- vince de Luxembourg pourrait suivre la même voie.
sent encore viables aux yeux des entrepreneurs qui ont su jouer la car- Mais justement, tout le leurre ne se situe-t-il pas là?
te de la spécialisation. Tant mieux. Mais pour les autres? En effet, s’il n’est pas permis de remettre en cause notre situation géo-
«Il reste à profiter de ce qui ne peut nous être enlevé...» explique Thierry graphique et les multiples données favorables qui plaident en faveur de
Jean, directeur de l’ESIDEC, une grande école française spécialisée la province de Luxembourg parlant de logistique, il faut toutefois s’abs-
dans la logistique. Pour ce spécialiste reconnu dans le domaine, l’avenir tenir de tout triomphalisme sachant que l’espace le plus propice à tout
du secteur transport au sens large est peut-être là. développement dans le domaine ne se limite pas aux frontières de
Et finalement, pourquoi pas… notre province. Loin s’en faut... Dans l’espace géographique SarLorLux,
Interrogé par nos soins, Thierry Jean estime la logistique porteuse d’es- nous ne sommes certainement pas seuls à fonder les mêmes espoirs de
poir et d’emplois. Pour lui, notre localisation plaide manifestement en reconversion d’une main d’œuvre en quête d’emploi. De l’autre côté
ce sens, au cœur de ce que les professionnels appellent la banane bleue des frontières, des entreprises vivent déjà la logistique au quotidien. Là,
- représentation schématique d’un axe Londres-Milan symbolisant un nous l’avons évoqué, les Chambres de commerce et des écoles prépa-
positionnement géographique idéal au centre du plus grand espace de rent même les approches nouvelles du métier. Et si des potentialités
consommation de l’Europe occidentale. A l’écouter, la réussite d’un existent bel et bien ici, il ne faut surtout se bercer d’aucune illusion
projet logistique quelconque se fonde sur trois critères incontournables quant aux intentions de nos voisins.
qui semblent parfaitement correspondre à notre positionnement. Oui, la logistique peut être porteuse d’emploi… Oui, la province de
«D’une part, il est indispensable d’appuyer un tel projet sur l’accès à Luxembourg offre d’indéniables avantages en la matière... Oui, les pro-
des infrastructures autoroutières et ferroviaires de qualité, parce que le jets logistiques ont un réel avenir.
fer risque à moyen terme de jouer un rôle important. Ensuite, j’insiste Mais, pour que notre région gagne sa bataille, il lui faudra calquer sa ré-
aussi sur la disponibilité et la qualification de la main d’œuvre, parce activité sur celle du secteur qu’elle entend soutenir afin que le ballon
que les activités logistiques en sont grandes consommatrices! Enfin, il d’oxygène gonflé en province de Luxembourg n’aille atterrir bien plus
est important de s’appuyer sur des infrastructures de transmission de concrètement chez nos voisins!
données à haut débit, parce qu’elles autorisent le travail en temps réel Pour l’heure, le consensus politique semble fait, cela augure, chacun
qui permet de réduire à néant le temps de circulation des flux d’infor- l’espère, d’un devenir meilleur pour un secteur qui en a manifestement
mation entre le producteur final et le distributeur». besoin. ■
Tout semble donc réuni ici pour que la reconversion se passe ainsi.
Sans peur d’un nouveau départ!
aides publiques
formation en management