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Droit Des Societes
Droit Des Societes
2015-2016
Droit des
sociétés
Préparation complète à l’épreuve
SUJETS CORRIGÉS
SUJET D’ANNALES 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365
SUJET INÉDIT 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 377
SUJET INÉDIT 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 385
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 397
3
LE COURS
• La présentation visuelle du cours permet
une lecture « à la carte ».
• Un cours clair, concis, qui va à l’essentiel.
SCHÉMA OU
TABLEAU
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS
Pour faciliter la
Effets de la construction sur le terrain d’autrui
mémorisation.
Option pour le propriétaire
de l’ouvrage si le constructeur
est de mauvaise foi
Conserver l’ouvrage et
Constructeur verser une indemnité
de mauvaise foi :
il a su, au moment
de la construction,
MOTS-CLÉS Le propriétaire
que le sol ne lui
appartient pas.
Exiger la démolition aux frais
du constructeur
du sol devient
EN GRAS propriétaire de
la construction
en vertu du droit
d’accession.
Pour retenir l’essentiel Constructeur
de bonne foi : Indemniser le constructeur
ATTENTION
DÉFINITION Le constructeur est de bonne foi lorsqu’il possède un titre de propriété du terrain qui est entaché
d’un vice qu’il ignore.
La servitude est une charge imposée à un immeuble (le fonds servant) au profit d’un autre immeuble (le
fonds dominant) appartenant à un propriétaire différent.
Les servitudes résultent souvent, dans un environnement urbain, de la situation des lieux.
EXEMPLE
4
LES APPLICATIONS CORRIGÉES
QCM – Exercice guidé – Exercices d’application
1 EXERCICE
GUIDÉ CORRIGÉ
COURS A P P L I C AT S S AC
C OIUORN POPRLRI C
I GAT
É SI O N S CORRIGÉS
CORRIGÉS Aucas
Or, dans le préalable,
présent,ilMaïa
importe
[ÑFICHE RESSOURCE 2].
deest
Partir schématiser
possesseurlesde
rapports juridiques
bonne foi entre les différents
et sa possession est utile : intervenants
elle a acheté
l’an passé une bague auprès d’un brocanteur un vendeur de « choses pareilles » et un collier d’un
particulier à un prix normal. Elle croyait en outre en être le propriétaire légitime. Elle se trompait sur ce
Pour compléter Travail préparatoire
point puisque les deux objets avaient été volés aux propriétaires. Or la revendication des objets volés
a bien lieu dans le délai légal de trois ans. Maïa devra donc rendre les objets à leurs propriétaires, sans
l’entraînement. obtenir de remboursement pour le collier acheté
Maïa Partir
Contrat de
au particulier,
vente
Particulier
du collier et avec remboursement
Vendeur du prix qu’elle
a payé au brocanteur pour la
Particulier bague.
acheteur = bien meuble Possesseur
Possesseur de
ATTENTION
biens meubles Brocanteur
Le fait que le bien meuble de
Possession ait été acheté auprès d’un
Contrat de brocanteur
vente professionnel n’empêche pas la
professionnel
revendication du bien
bonne foipar le propriétaire véritable.
et utile Dès lors que le bien meuble
de la bague a étéde
Vendeur volé et que
la revendicationFait
a lieu dans le délai légal de=trois
juridique bienans, le propriétaire est
meuble toujours
« choses en droit»de le
pareilles
revendiquer. L’achat du bien auprès d’un brocanteur professionnel donne au possesseur de bonne
Possesseur
foi le droit d’être indemnisé.
Action en
revendication
un an après le vol
EXERCICES
Exercices proposés
par ordre croissant
de difficulté.
5
Tableau de correspondance
programme/ouvrage
u COURS
I. Les conditions de validité du contrat de société
A Les conditions générales de validité
(droit commun des contrats, article 1108 du Code civil)
1. Le consentement
2. La capacité
3. L’objet
4. La cause du contrat de société
B Les conditions propres au contrat de société
1. Les associés
2. Les apports
3. Le capital social
4. La participation aux résultats
5. L’affectio societatis
u APPLICATIONS
QCM
EXERCICE GUIDÉ
EXERCICES
u CORRIGÉS
7
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS
La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à une
entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie
qui pourra en résulter. Elle peut être instituée, dans les cas prévus par la loi, par l’acte de volonté d’une seule
personne. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes.
Le contrat de société doit respecter les conditions de validité communes à tous les contrats
ainsi que les conditions de validité propres au contrat de société.
2. La capacité
Pour conclure un contrat de société, il faut être capable, même si l’exigence de capacité n’est pas
la même selon la forme juridique de la société concernée.
On distingue deux types de capacité : la capacité civile et la capacité commerciale.
La capacité civile revêt deux degrés :
• La capacité civile de jouissance (le fait d’être titulaire de droits) dont dispose tout individu dès
sa naissance.
• La capacité civile d’exercice (l’aptitude à exercer personnellement les droits dont on est titu-
laire), qui s’acquiert, pour les personnes physiques, à la majorité.
La jouissance de la capacité commerciale, exigée de tous les associés dans certaines sociétés
comme la SNC [ÑCHAPITRE 6] exclut :
• Les personnes soumises à une incompatibilité entre leur profession et la qualité de commer-
çant (notamment les fonctionnaires, les architectes, les avocats, les notaires, les magistrats, les
experts-comptables et les commissaires aux comptes).
• Les personnes frappées d’interdiction condamnées pour des infractions en relation avec les
affaires [ÑCHAPITRES 21 et 22] à des peines fermes supérieures à trois ans d’emprisonnement.
3. L’objet
Il faut bien distinguer :
• L’objet légal. Il s’agit du but défini par la loi que toute société ou groupement de sociétés
poursuit : réaliser un profit ou des économies au profit de ses propriétaires.
• L’objet statutaire. Ce sont les activités que les statuts permettent à la société de poursuivre.
La délimitation de ce périmètre est essentielle pour déterminer dans quelle mesure la société
est engagée par le dirigeant.
• L’objet réel. Il s’agit de l’ensemble des activités effectivement poursuivies par la société.
a. Le conjoint associé
Chaque époux peut être associé seul ou avec son conjoint dans n’importe quelle société. Cepen-
dant, des règles différentes s’appliquent à l’apport selon le régime matrimonial auquel il est soumis.
1. Le contrat de société 9
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS
Quel que soit le régime matrimonial, l’apport du logement familial nécessite toujours l’autorisa-
tion du conjoint, même si ce logement constitue un bien appartenant exclusivement à l’époux
apporteur.
b. La nationalité de l’associé
Un ressortissant étranger qui souhaite exercer en France une profession commerciale, indus-
trielle ou artisanale doit en faire la déclaration au préfet du département dans lequel il envisage
d’exercer son activité. Cependant, certaines personnes en sont dispensées, notamment les res-
sortissants de l’Union européenne et de certains États liés par accord ainsi que les titulaires de
la carte de résident.
Le droit de propriété peut être démembré. Indissociables, l’usus et le fructus forment l’usufruit.
L’abusus, considéré seul, est dénommé nue-propriété.
Deux hypothèses se présentent :
• Le nu-propriétaire et l’usufruitier se mettent d’accord pour apporter à la société le bien sur
lequel s’exerce leur droit respectif. Seul le nu-propriétaire est alors considéré comme associé
et responsable des pertes de la société. Lui seul participe aux assemblées générales et peut y
voter. L’usufruitier a le droit à une partie des dividendes (qui correspondent aux fruits des titres
sociaux) puisqu’il est l’usufruitier des titres sociaux reçus par le nu-propriétaire en échange de
l’apport en nature sur lequel il disposait déjà d’un droit.
• Le nu-propriétaire ou l’usufruitier apporte son droit de façon isolée. Cet apport ne nécessite
pas l’accord de l’autre. Il est alors seul associé et reçoit donc en échange des titres sociaux en
pleine propriété.
2. Les apports
a. Notion d’apport
Réaliser un apport consiste pour l’apporteur à transférer à la société un droit (souvent le droit
de propriété) portant sur des biens ou des valeurs en échange de titres sociaux (parts sociales
ou actions, selon la forme juridique de la société).
Titres sociaux
Apporteur Société
Biens ou valeurs
Chaque associé doit réaliser un apport. Il s’agit d’une opération obligatoire dans toutes les socié-
tés, y compris celles dépourvues d’un capital social minimum défini par la loi.
1. Le contrat de société 11
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS
Apport en numéraire =
versement par l’associé
de la somme d’argent
Apport = souscription
du capital / engagement
Libération du capital Apport en nature =
de l’associé à réaliser
transfert par l’associé
un apport déterminé
au profit de la société
d’un droit portant sur
le bien, objet de l’apport
SA SARL
Principe Intervention obligatoire d’un commissaire aux apports (CAA), qui rédige un rapport
contenant une proposition d’évaluation de chaque apport en nature. Libertés des
associés de la retenir. Sanction possible en cas de choix d’une valeur nettement
supérieure à celle proposée par le CAA.
Exception Possibilité pour les actionnaires de Possibilité pour les associés de décider à
décider de ne pas nommer un CAA en l’unanimité de ne pas nommer de CAA si
cas d’évaluation récente et fiable du aucun apport en nature n’excède 30 000 €
bien apporté (si la valeur du bien n’a et si la somme des apports en nature non
pas sensiblement évolué depuis cette soumis à l’évaluation du CAA n’excède pas
dernière évaluation). la moitié de la valeur du capital social.
3. Le capital social
Le capital social est constitué des apports en numéraire ou en nature réalisés par les associés
ou les actionnaires, qui reçoivent en contrepartie des titres sociaux.
Les titres sociaux confèrent à leurs titulaires deux types de droit :
• Des droits politiques (essentiellement un droit de vote). Lors des assemblées générales, l’as-
socié ou l’actionnaire dispose, en principe, d’autant de voix que de parts sociales ou actions.
• Des droits financiers. Tout associé doit participer aux résultats de la société, qu’ils soient
bénéficiaires ou déficitaires.
ATTENTION
Les titres sociaux portent un nom différent selon la forme juridique de la société : parts sociales
dans les sociétés de personnes, les sociétés civiles et la SARL ; actions dans les sociétés de capitaux
(SA, SAS, SCA).
a. Montant
La loi exige parfois que le capital social atteigne un seuil minimal pour que la société puisse
exister et soit valablement constituée [ÑCHAPITRE 7].
ATTENTION
Il ne faut pas confondre l’actif social et les capitaux propres :
• L’actif social se compose de toutes les ressources dont dispose la société (biens, droits et contrats).
Il dépasse le montant du capital social lorsque la société réalise des bénéfices et vice versa.
• Les capitaux propres englobent à la fois son capital social et les bénéfices qu’elle a mis en réserve.
Le montant du capital social est relativement fixe, car il ne peut varier au cours de la vie sociale
que dans les conditions suivantes :
• Les associés votent en assemblée générale extraordinaire (AGE) une augmentation ou une
réduction de capital.
1. Le contrat de société 13
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS
• Dans les SA, SAS et SARL, lorsque les pertes subies entraînent une baisse de la valeur des capi-
taux propres inférieure à la moitié de son montant, les associés ou actionnaires peuvent décider
soit de dissoudre la société, soit de réduire le capital social d’un montant au moins égal à celui
des pertes n’ayant pu être imputées sur les réserves.
ATTENTION
La société à capital variable n’est pas une forme particulière de société mais une modalité de
fonctionnement qu’une société peut choisir si sa forme juridique le permet (toutes les sociétés sauf
la SA).
Le boni de liquidation correspond aux sommes que se partagent les associés d’une société dissoute, après que
les actifs ont été réalisés, que les créanciers et le personnel ont été payés et que les apports ont été repris.
ATTENTION
La réserve légale est un compte de réserve auquel certaines sociétés sont légalement tenues
d’affecter une partie de leurs bénéfices. Elle doit être égale à 10 % du capital social pour les SARL et
les SA. Ce plafond est atteint progressivement par prélèvement de 5 % du bénéfice distribuable à la
fin de chaque exercice. L’obligation prend fin une fois que les 10 % sont atteints.
La contribution aux pertes désigne l’obligation pour tout associé ou actionnaire d’assumer
les conséquences pécuniaires liées aux pertes éventuelles de la société. En cas de silence des
statuts, la part des associés ou actionnaires dans les pertes est également proportionnelle.
Sauf disposition contraire, la contribution aux pertes intervient à la dissolution de la société
[ÑCHAPITRE 5]. Elle peut être illimitée ou limitée au montant des apports, selon la forme sociale.
ATTENTION
Il faut bien distinguer la contribution aux pertes de l’obligation aux dettes, laquelle n’existe que
dans les sociétés à risque illimité. L’obligation aux dettes désigne l’obligation, pour tout associé au
cours de la vie de la société, de rembourser les créanciers de la société, après que ces derniers ont
vainement tenté de le faire auprès de leur débiteur (la société).
5. L’affectio societatis
Cette condition est issue de la jurisprudence.
DÉFINITION
L’affectio societatis est la volonté, au moins implicite, de tous les associés de collaborer sur un pied d’égalité
à la poursuite d’un objectif commun : la réalisation de l’objet social.
1. Le contrat de société 15
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS
Sociétés
SNC SCS SARL SA SCA SAS
civiles
Causes liées Vice du Oui Non
à la violation consentement
des règles
Défaut de capacité Oui Uniquement si elle atteint tous
générales de
d’un ou plusieurs les associés fondateurs
validité des
associés
contrats
Objet illicite ou Oui Uniquement si objet illicite
défaut d’objet
Cause illicite ou Oui Non
défaut de cause
Causes liées Non-respect Oui Non Oui, mais seulement Non
à la violation de la pluralité (min. 2 associés) si la société
des règles de d’associés est composée d’un
validité propres seul associé
au contrat de
Absence ou fictivité Oui Non
société
d’un apport
Défaut d’affectio Oui Non
societatis
QCM
EXERCICE GUIDÉ
1. Le contrat de société 17
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS
Damien se demande si un créancier qui n’arriverait pas à se faire payer par la SNC pourrait se
retourner contre les associés pour leur demander de payer la dette sociale. Son cousin, associé
d’une SARL, lui a indiqué qu’il n’avait rien à craindre car les associés n’étaient pas tenus de payer
personnellement les dettes sociales, en l’absence de dissolution de la société.
• 1 Estelle peut-elle réaliser librement son apport ?
• 2 Qui sera associé à la suite de l’apport d’Estelle ?
• 3 Bertrand peut-il être associé de la SNC ?
• 4 Le cousin de Damien a-t-il raison selon vous ?
n CORRIGÉ
• 1 Estelle peut-elle réaliser librement son apport ?
MÉTHODE
La difficulté de cette question est de déterminer quelle partie du thème présenter. Doit-on s’intéresser
uniquement aux époux mariés sous le régime de la communauté de biens réduite aux acquêts ou faut-il
également parler du régime de la séparation de biens ? Dans les règles applicables au régime de la com-
munauté de biens réduite aux acquêts, faut-il parler uniquement de la forme sociale concernée par le cas
pratique (ici la SNC), ou doit-on envisager toutes les formes sociales ?
Le droit des régimes matrimoniaux interfère avec le droit des sociétés. La question est ici précisément
de savoir si l’époux apporteur doit informer son conjoint de l’existence de l’apport (voire lui demander
son autorisation) ou alors s’il peut l’effectuer librement. La réponse varie sensiblement selon plusieurs
paramètres : le type de régime matrimonial, la forme juridique de la société et la nature du bien apporté.
Principes juridiques
Il semble judicieux de limiter la présentation des règles de droit au régime de la communauté de biens
réduite aux acquêts, en n’envisageant que le cas des biens communs (les biens propres ne posent pas
de problème, en réalité), et plus précisément au cas des sociétés autres que par actions.
Deux types de biens sont à envisager :
les immeubles, fonds de commerce, exploitations agricoles et parts sociales ;
tous les autres biens.
Application au cas
Le bien apporté par Estelle n’étant ni un immeuble, ni un fonds de commerce, ni une exploitation
agricole, ni des parts sociales, Estelle doit impérativement en informer par écrit son conjoint. C’est
bien l’information du conjoint qui est exigée, pas son accord. Si le conjoint est mécontent de l’apport
effectué par Estelle, celle-ci pourra quand même le réaliser.
Principes juridiques
Il semble judicieux de limiter la présentation des règles de droit au régime de la communauté de biens
réduite aux acquêts, en n’envisageant que le cas des biens communs (les biens propres ne posent pas
de problème, en réalité), et plus précisément au cas des sociétés autres que par actions.
Il faut ici présenter le principe (seul l’époux apporteur devient associé, bien que le bien apporté soit
commun) et ensuite l’exception (la faculté pour le conjoint de demander à devenir associé à hauteur
de la moitié des parts sociales reçues en contrepartie de l’apport).
Application au cas
En principe, seule Estelle sera associée de la SNC. Son mari, s’il le désire, pourra demander, à tout
moment, à devenir associé à hauteur de la moitié des parts sociales reçues en contrepartie de l’apport
du bien commun.
ATTENTION
Vous devez présenter la liste des personnes n’ayant pas la capacité commerciale, notamment les
fonctionnaires.
Application au cas
Bertrand étant fonctionnaire, il n’est pas titulaire de la capacité commerciale. Par conséquent, il ne
peut pas être associé d’une SNC.
ATTENTION
L’obligation aux dettes existe pour les SNC à l’exclusion d’autres sociétés, notamment la SARL.
Application au cas
Le cousin de Damien a tort : l’obligation aux dettes existe dans certaines sociétés, notamment dans les
SNC. Par conséquent, Damien pourrait être sollicité par un créancier de la société qui ne parviendrait
1. Le contrat de société 19
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS
pas à obtenir de la SNC le paiement de sa créance ; Damien serait alors engagé sur son patrimoine
personnel.
Les règles diffèrent dans les SARL : l’obligation aux dettes n’existant pas, le cousin de Damien ne peut
être sollicité par les créanciers de la société.
EXERCICES
• 4 En cas de nullité, tous les actes déjà accomplis par la société seraient-ils remis en cause ?
• 1 Quelle forme sociale peuvent-ils choisir parmi les quatre suivantes : SNC, SARL, SA
ou SAS ?
• 2 Isabelle aurait-elle pu apporter son local à la société tout en en conservant la
propriété ?
• 3 Jérémy a-t-il vocation à recevoir des bénéfices, bien qu’il ne fasse qu’un apport en
industrie ?
Pour vous entraîner Ñ Cas de synthèse 1
QCM
• 1 a. c. Chaque associé doit réaliser un apport. Les associés peuvent être des personnes physiques
et/ou morales. Les associés sont propriétaires des titres (actions ou parts sociales) qui composent le
capital social qu’ils reçoivent en contrepartie de leurs apports. Cependant ils ne sont pas propriétaires
de la société car celle-ci est une personne morale. Or, nul ne peut être propriétaire d’une personne
juridique.
• 2 c. L’apport en nature d’un bien ne porte pas nécessairement sur la pleine propriété de ce bien. Il
peut s’agir également d’un apport en jouissance, ou encore d’un apport en démembrement de pro-
priété (souvent, un apport de l’usufruit). L’apport en nature peut porter tant sur un immeuble que sur
un meuble. Dans la catégorie des biens meubles, on trouve des biens meubles corporels et des biens
meubles incorporels.
• 3 b. Un brevet est un bien meuble incorporel. L’apport d’un brevet est donc un apport en nature.
Certes, le brevet est lié au secteur industriel, mais il ne peut pas être qualifié d’apport en industrie.
• 4 d. Cette question fait référence à l’obligation aux dettes, qui n’existe pas dans toutes les sociétés.
Elle n’est présente que dans les sociétés à risque illimité (celles dans lesquelles les associés ne béné-
ficient pas d’une responsabilité limitée au montant de leur apport). L’obligation aux dettes ne doit pas
être confondue avec la contribution aux pertes qui, elle, existe dans toutes les sociétés.
• 5 b. d. Un apporteur en industrie est un associé à part entière. Il a donc vocation à participer au
partage du bénéfice et des pertes. Les statuts peuvent prévoir librement la répartition du bénéfice et
des pertes entre les associés, dans la limite de l’interdiction des clauses léonines. Or, exclure un asso-
cié est une forme de clause léonine ; cette disposition statutaire est donc interdite.
EXERCICES
1. Le contrat de société 21
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS
• 1 Quelle forme sociale peuvent-ils choisir parmi les quatre suivantes : SNC, SARL, SA ou SAS ?
Les futurs associés ont le choix entre la SARL et la SAS.
La SA et la SNC sont à exclure pour les motifs suivants :
• La SA ne peut pas convenir pour deux raisons : d’une part, l’un des associés souhaite réaliser un
apport en industrie ; or, ce type d’apport est interdit en SA ; d’autre part, la somme des apports envi-
sagés s’élève à 15 000 euros ; or, le montant minimum du capital social dans les SA doit être de
37 000 euros.
• La SNC ne peut pas convenir, car Hervé ne dispose pas de la capacité commerciale (il est fonction-
naire) ; or, chaque associé de SNC doit être doté de la capacité commerciale.
La SARL et la SAS sont des formes sociales qui conviennent pour ce projet car elles n’imposent pas
de montant minimum du capital social (et donc de montant minimum d’apports en nature et/ou en
numéraire à effectuer). Ces deux sociétés n’imposent pas non plus que chaque associé ait la capacité
commerciale. Enfin, dans ces deux sociétés, les apports en industrie sont admis.
• 2 Isabelle aurait-elle pu apporter son local à la société tout en en conservant la propriété ?
Isabelle aurait pu faire un apport en jouissance. En effet, l’apport en nature (c’est-à-dire qui porte sur
un bien meuble ou immeuble) n’est pas forcément toujours réalisé en pleine propriété ; il peut être un
apport en jouissance, ou encore un apport en démembrement de propriété.
Dans le cadre de l’apport en jouissance, l’apporteur conserve la propriété du bien et n’en concède que
l’usage pour une durée qu’il détermine librement (comme s’il s’agissait d’une location, à ceci près qu’ici
il ne perçoit pas des loyers mais reçoit des parts sociales ou des actions). Cette solution semble corres-
pondre à ce que souhaite Isabelle.
Une autre solution existe : l’apport en démembrement de propriété. Isabelle pourrait apporter à la
société l’usufruit du local, pour une durée à déterminer librement (maximum : 30 ans). Isabelle conser-
verait la nue-propriété du bien, et aurait donc vocation à recouvrer la pleine propriété de ce bien à
l’expiration de l’usufruit.
• 3 Jérémy a-t-il vocation à recevoir des bénéfices, bien qu’il ne fasse qu’un apport en industrie ?
Les apports en industrie ne concourent pas à former le capital social. Ainsi, le capital social est ici de
20 000 euros, c’est-à-dire la somme des apports en nature et en numéraire. Cependant, l’associé ayant
effectué un apport en industrie reste un associé à part entière : il a vocation à recevoir une part des
bénéfices et doit, en contrepartie, contribuer aux pertes. Jérémy recevra donc une part des bénéfices,
bien que son apport soit un apport en industrie.
Partie I
Pour mener à bien son projet, Thomas peut compter sur le soutien financier de sa famille.
Elle lui a fourni une importante somme d’argent, ainsi qu’une voiture pour ses divers dépla-
cements professionnels. Malgré cela, Thomas a encore besoin de liquidités. Il prend donc ren-
dez-vous avec son conseiller financier qui lui octroie un prêt, sous réserve qu’une hypothèque
sur son appartement lui soit concédée.
Partie II
Plutôt que de recourir à un prêt bancaire, Thomas a finalement pu trouver deux investisseurs,
Samia et Ivan. Ils ont apporté les capitaux qui lui manquaient pour monter sa société qu’il bap-
tise judicieusement À vue d’œil. Le 2 juillet N, les trois associés signent les statuts dans lesquels
ils optent pour la forme juridique de la SARL, en raison de la responsabilité limitée aux apports
que permet ce type de société.
Avant de procéder aux démarches nécessaires à l’immatriculation de la société, Thomas, sûr
du succès de son projet, décide de passer, auprès de son fournisseur, une commande très
importante de lunettes pour un montant de 50 000 euros, permettant à l’entreprise de tripler
ses stocks et d’être ainsi en mesure de répondre très vite à une demande massive.
Samia, quant à elle, démarche des banques afin de leur vendre le produit. Elle décroche notam-
ment un contrat conséquent avec la banque Ixxma. Le contrat de vente prévoit une clause
indiquant qu’en cas de non-livraison des lunettes à la date prévue, un dédommagement de
30 000 euros devra être versé à Ixxma.
Le 10 août N, la société est immatriculée au RCS. Un vote est organisé pour la reprise des actes,
conformément aux statuts de la société qui prévoient que la reprise doit intervenir par un vote
unanime des associés. Cependant, Ivan vote contre la reprise du contrat signé par Samia avec
la banque Ixxma, considérant le volume de lunettes à livrer beaucoup trop important pour que
l’engagement de la société puisse être tenu dans les délais. Thomas est donc au regret d’infor-
mer la banque que le contrat ne pourra être exécuté dans les délais impartis.
Cas de synthèse 1 79
CAS DE SYNTHÈSE 1
Partie III
Un an plus tard, face aux difficultés que rencontre leur société, l’entente entre les trois associés
s’effrite, si bien qu’ils décident à l’unanimité de dissoudre la société. La situation de la société
au 1er août N+1 est alors la suivante :
• Capital social : 600 000 euros dont le logement de Thomas d’une valeur de 300 000 euros.
• Créances de la société : 20 000 euros.
• Dettes de la société : 420 000 euros
IG
ÉS
Analyse du sujet
Ce sujet est très complet car il aborde tous les aspects de la société, du projet de création (évaluation des
besoins, mesure du risque patrimonial et choix de la forme sociale) jusqu’à la dissolution, en passant par la
responsabilité des associés. Si la seconde partie est assez classique, la première requiert que vous jouiez un
véritable rôle de conseil.
Partie I
En termes de risque patrimonial, Thomas devrait-il opter pour une société unipersonnelle ou
pour une entreprise individuelle ?
Quelle est l’ampleur de la responsabilité patrimoniale d’un entrepreneur agissant seul, selon la forme
juridique qu’il adopte pour son entreprise ?
Principes juridiques
Pour entreprendre seul, plusieurs formes juridiques sont à la disposition de l’entrepreneur et notamment
les suivantes :
• Créer une société unipersonnelle (EURL, SASU). Dans ce cas, la société qui est une personne morale
a un patrimoine propre, distinct de celui de l’entrepreneur. Dès lors, les dettes de la société ne pourront
s’imputer que sur le patrimoine de celle-ci, sans que les créanciers ne puissent exercer leur droit de
gage général sur le patrimoine de l’entrepreneur. Cependant, cette solution peut être contournée si les
créanciers obtiennent une garantie de leur créance. Il en va ainsi lorsque l’entrepreneur se porte caution
de sa société ou si une hypothèque est concédée à un créancier. Dans cette hypothèse, le créancier social
concerné pourra demander le paiement de sa créance à l’entrepreneur ou encore faire saisir le bien
hypothéqué pour le vendre et ainsi se payer sur le prix de cette vente.
• Créer une entreprise individuelle. Dans ce cas, l’entreprise n’est pas un sujet de droit. C’est donc l’en-
trepreneur individuel qui agit en son propre nom et pour son propre compte pour développer l’activité de
son entreprise. Dès lors, les dettes générées à l’occasion de l’activité de l’entreprise ne sont imputables
que sur le patrimoine de l’entrepreneur.
Application au cas
Thomas a donc clairement intérêt à créer son entreprise sous la forme d’une société unipersonnelle pour
limiter son risque professionnel. En effet, dans ce cas, sa responsabilité sera limitée au montant de ses
apports au lieu de s’étendre à l’ensemble de son patrimoine (avec les réserves émises en cas de déclara-
tion d’insaisissabilité ou d’EIRL, hypothèses que nous écartons, faute d’être envisagées dans la question).
Par ailleurs, cette solution n’est pas modifiée par l’existence d’une hypothèque sur son appartement.
En effet, une telle garantie limite certes la protection qu’opère la création d’une société mais elle ne la
réduit pas à néant : ses autres biens resteront bien protégés, contrairement à la situation où Thomas
créerait une entreprise individuelle.
Cas de synthèse 1 81
ÉS
I G
RR CAS DE SYNTHÈSE 1
CO
Partie II
• 1 La société est-elle tenue par le contrat conclu par Thomas avant son immatriculation ?
Quelle est l’ampleur de la responsabilité d’un associé d’une société en formation ou créée de fait ?
Principes juridiques
Avant d’être immatriculée au RCS, une société est dépourvue de personnalité juridique, ce qui l’empêche
d’être engagée juridiquement. Pourtant, il est souvent nécessaire que des actes soient passés pour que
son activité puisse démarrer au plus vite (ex. : signature de contrats de travail pour embaucher du per-
sonnel, d’un contrat de bail…).
Si les fondateurs ont l’intention d’accomplir rapidement les formalités de constitution et ne font que des
actes servant à la formation de la société, il s’agit alors d’une société en formation. Dans ce cas, avant
l’immatriculation de la société, seule la ou les personnes ayant signé l’acte sont engagées.
En revanche, si les associés fondateurs réalisent des actes qui dépassent l’accomplissement de simples
actes nécessaires à la constitution de la société, la jurisprudence considère que ces actes sont en réalité
ceux d’une société de fait. Lorsqu’un tiers invoque l’existence d’une société de fait, il lui appartient par
tous les moyens de prouver l’apparence d’une société. Dans ce cas, tous les associés (et non seulement
celui ou ceux ayant signé l’acte) sont indéfiniment et solidairement ou conjointement (selon l’objet com-
mercial ou civil de la société) tenus des dettes sociales.
Application au cas
En l’espèce, la commande de Thomas apparaît tout à fait excessive pour un lancement d’activité. Si le
contrat n’était pas repris par la société, le fournisseur de lunettes pourrait envisager d’attaquer en justice
n’importe quel associé fondateur pour le paiement de l’intégralité de sa créance, en rapportant la preuve
de l’existence d’une société de fait.
• 2 À qui la banque Ixxma peut-elle exiger le paiement de la somme prévue dans la clause ?
Qui est responsable des actes passés au nom et pour le compte d’une société en formation et qui ne sont
ensuite pas repris par la société immatriculée ?
Principes juridiques
Les actes accomplis au nom et pour le compte d’une société en formation peuvent être repris par la
société lors de son immatriculation selon les modalités suivantes :
• De manière automatique pour les actes conclus avant la signature des statuts si ces actes ont été
recensés dans un état détaillé annexé aux statuts.
• De manière automatique également pour les actes conclus entre la signature des statuts et l’immatri-
culation s’ils ont été prévus par un mandat spécial donné par l’ensemble des autres associés au profit de
l’un d’eux ou d’un tiers, soit au moment de la signature des statuts, soit ultérieurement.
• De manière non automatique, par décision expresse prise à la majorité des associés dans les autres cas.
Les engagements repris sont alors réputés avoir été souscrits dès l’origine par la société, ce qui libère
totalement les associés concernés. Cependant, si les actes ne sont pas repris, seules les personnes les
ayant signés en sont responsables.
Application au cas
En l’espèce, Samia sera donc seule responsable du contrat conclu avec la banque Ixxma qui n’a pas été
repris par la société À vue d’œil. Elle seule sera donc tenue de verser à la banque le dédommagement
de 30 000 euros.
IG
ÉS
Partie III
• 1 La société À vue d’œil disparaîtra-t-elle au 1er août N+1 ?
La dissolution d’une société entraîne-t-elle immédiatement la disparition de la personnalité morale ?
Principes juridiques
La dissolution de la société n’entraîne pas, en principe, la disparition immédiate de la personnalité morale
de la société qui est maintenue pour les besoins de la liquidation. La liquidation désigne l’ensemble des
opérations devant être accomplies suite à la dissolution de la société. Elle comprend le règlement du
passif existant et le recouvrement des créances de la société. Il en résulte alors :
– soit un actif net appelé boni de liquidation, à partager entre les associés ;
– soit un passif à la charge des associés des seules sociétés à risque illimité.
La personnalité morale de la société subsiste pour les besoins de la liquidation jusqu’à la publication de
la clôture de celle-ci. À l’issue des opérations de liquidation, le liquidateur doit convoquer une assemblée
générale pour présenter le compte final de la liquidation. L’assemblée générale doit statuer sur le compte
définitif, sur le quitus de la gestion du liquidateur, sur la décharge de son mandat et constater la clôture
de la liquidation. La liquidation doit ensuite faire l’objet d’un avis inséré dans un JAL. À compter de cet
avis, la personnalité morale de la société disparaît. Le liquidateur doit ensuite procéder à la radiation de la
société du RCS dans le délai d’un mois à compter de la publication des opérations de liquidation. À défaut,
la société est radiée d’office dans un délai de trois ans à compter de la mention au RCS de sa liquidation.
Application au cas
En l’espèce, la société À vue d’œil ne disparaîtra donc pas le 1er août N+1 puisque sa personnalité
morale sera maintenue pour les besoins de la liquidation.
Cas de synthèse 1 83
DCG 2
2015-2016
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