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Bac 2018

Épreuve de philosophie
Séries technologiques

Sujet 2. Peut-on maîtriser le développement technique ?

La technique = l’ensemble des moyens/méthodes mis en œuvre par l’homme pour répondre à ses
besoins.
Le développement = désigne un accroissement, une augmentation des moyens à la fois sur le plan
quantitatif et qualitatif : L’homme utilise de plus en plus d’outils/machines y compris pour des actes
simples de la vie quotidienne, et ces outils sont de plus en plus performants, rapides.
Maîtriser = maîtriser quelque chose c’est avoir une autorité, un contrôle total dessus. Ne pas se
laisser déborder, dominer par cette chose.
Peut-on = Est-on capable de ? Est-ce une action qui relève de notre volonté, de notre contrôle ou
bien est-ce un processus qui échappe à notre volonté ?
Ce sujet nous interroge sur le but du développement technique qui n’a cessé de s’accroître au-delà
de la seule réponse à nos besoins. Ce développement en particulier dans les sociétés modernes
basées sur la production d’objets sans cesse renouvelés conduit à s’interroger sur une éventuelle
perte de contrôle de l’homme.
À éviter : L’énumération d’exemples de catastrophes dues aux « dangers » de la technique, les
injonctions (les hommes doivent protéger la nature, etc. ..), l’opposition simpliste
avantages/inconvénients de la technique

Voici des pistes de réflexion pour construire ce devoir. Il ne s’agit pas d’un plan car en philosophie,
il n’y a pas de plan type :

1. Pourquoi l’homme invente-t-il des techniques ? L’homme a des capacités physiques faibles en
comparaison de nombre d’animaux. Il ne doit sa survie qu’à sa capacité d’invention. L’homme est un
« homo faber ». L’homme tire profit des ressources naturelles en les exploitant grâce aux moyens
qu’il invente.
2. Pourquoi les développe-t-il ? Ses besoins s’accroissent mais aussi ses désirs. Il accroît peu à peu
son emprise sur la nature. On applique le terme de « développement technique » à des types de
sociétés où la place des objets techniques est devenue prépondérante. Les sociétés industrielles
« modernes » font de l’accroissement des techniques le fondement de leur modèle économique avec
des conséquences sur le mode de production (industriel/à la chaîne).

3. Que voudrait dire « maîtriser » ce développement ? Le contrôler en lui fixant des règles, des
limites propres à garantir un usage raisonnable, sans danger ? Ainsi on joint un mode d’emploi à un
outil, des précautions d’usage, des règles de sécurité à respecter… Il s’agirait alors de favoriser le
développement de techniques jugées utiles tout en évitant des conséquences dommageables.
L’homme peut alors maîtriser ce développement par des règlements, des lois qui l’encadrent.
4. Cependant ce 1er sens paraît assez faible : Ne s’agirait-il pas plutôt de s’interroger sur de
potentiels « dangers » du développement technique. Attention ici à ne pas seulement lister des
exemples ! Les « dangers » en question (atteintes aux équilibres naturels, à la biodiversité,
dépendance accrue des utilisateurs de techniques etc.) sont-ils inévitables ou l’homme a-t-il un
pouvoir sur la technique, propre à les éviter ? À première vue, il paraît évident que l’homme a bien
un pouvoir sur ses propres inventions : L’homme qui invente, qui conçoit, qui fabrique, a aussi celui
de renoncer, de limiter, d’empêcher.
5. Cependant l’homme est-il vraiment libre ? Ou s’est-il lui-même emprisonné dans un système
économique où le développement technique est devenu inéluctable car synonyme de
« croissance » ? N’est-ce pas alors une illusion de croire que l’on peut limiter, réduire le
développement technique ? Cela supposerait un changement radical de mode de vie, une conception
de la vie (du bonheur) basée sur autre chose que la possession de biens matériels…
6. « Pouvoir » suppose « vouloir » : Veut-on réellement maîtriser ce développement technique donc
avoir pris conscience des « dangers » induits par ce développement. Or certains les nient ou les
minimisent, d’autres jugent les bienfaits que l’homme retire de ce développement largement
supérieurs aux risques. Veut-on vraiment maîtriser ce développement ? (ex des mesures pour la
protection de l’environnement qui restent souvent au stade de grandes déclarations). Vouloir
suppose avoir réfléchi au préalable sur la nature de l’impact du développement technique, il ne s’agit
pas en effet de diaboliser la technique et de la présenter comme un « être autonome » responsable
de ses propres conséquences.
7. L’homme doit-il réfléchir à des nouveaux rapports avec un développement technique de plus en
plus rapide ? Savoir dire à la fois « oui » et « non » : « Nous pouvons dire "oui" à l'emploi inévitable
des objets techniques et nous pouvons en même temps lui dire "non" en ce sens que nous les
empêchions de nous accaparer et ainsi fausser, brouiller et finalement vider notre être. » (Heidegger).
8. L’enjeu de cette réflexion : la liberté humaine ? « l’humanité » de l’homme ? Un homme asservi à
ses moyens techniques, incapable de recul face à la multitude de « gadgets » qu’il croit
indispensables est-il encore humain ? Ne risque-t-il pas de se perdre lui-même ? Un homme
déshumanisé par le type de travail que nécessite la production industrielle de masse est-il encore
considéré comme humain ou comme un simple moyen ? (cf. les analyses de Marx ou S. Weil).

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