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Synthèse

Albert Bandura

Valérie Jolain – Soulayman Abdoul Vagabou Master 1 IPFA – Janvier 2018


Sommaire
I) Présentation : sa vie, son parcours, le contexte

II) Concepts et théories


1) La théorie de l’apprentissage social
1.1 Le processus vicariant
1.2 Le processus de symbolisation
1.3 Le processus auto régulateur
2) La théorie socio cognitive
3) La théorie de l’agentivité
3.1 L’agentivité personnelle
3.2 L’agentivité par procuration
3.3 L’agentivité collective
4) La réciprocité causale triadique
4.1 Déterminants du comportement et de la personne
4.2 Déterminants de l’environnement et de la personne
4.3 Déterminants de l’’environnement et du comportement
5) La théorie et les sources du sentiment d’auto efficacité
5.1 L’expérience passée et vécue
5.2 L’expérience vicariante
5.3 La persuasion verbale
5.4 L’état psychologique

III) L’impact dans la formation des adultes


1) Impact du sentiment d’efficacité personnel
2) Impact de l’agentivité

IV) Critiques

V) Conclusion

VI) Bibliographie
I) Présentation : sa vie, son parcours, le contexte

Albert Bandura est né le 4 décembre 1925 au Canada et obtiendra par la suite la double nationalité américaine.
Il est l’un des chercheurs psychologues les plus influents dans le monde. Il est notamment spécialiste de la
psychologie sociale et, est particulièrement connu pour ses nombreuses théories qui auront un impact
important sur la psychologie, la pédagogie et l’apprentissage social. En 1974, il est élu président de la
prestigieuse Association Américaine de Psychologie (APA). Albert Bandura est originaire de Mundare au
nord de l’Alberta, près d’Edmonton au Canada. Ses parents sont arrivés dans le pays alors qu’ils étaient encore
adolescents. Son père, d’origine polonaise, originaire de Cracovie, et sa mère, d’origine ukrainienne, étaient
employés dans un magasin de la ville. Ils vécurent dans un milieu modeste. La famille Bandura a connu parfois
des conditions de vie que l’on peut qualifier de précaires. Elle a dû mettre en œuvre ses capacités agentiques1
(des capacités à agir sur le monde). Ses parents n’ayant pas été scolarisés, attachaient à une grande importance
à l’étude et au travail. Par exemple, son père a participé à la commission scolaire du quartier dans lequel ils
habitaient et, il a appris par lui-même trois langues et le violon. Il a été un auto-apprenant, selon l’expression
d’Albert Bandura. Dernier et seul garçon de la famille, il fut inscrit dans une école primaire qui manquait
cruellement de moyens. Ses années de scolarité élémentaire et de collège se sont déroulées dans des
établissements de campagne, sous-équipées et en sous-effectifs. Plus tard, à l’université Colombie-Britannique
de Vancouver, Albert Bandura eut un groupe d’amis avec lequel il travaillait. Il y suivit, en 1946, des études
de biologie. C’est par hasard qu’il s’intéressera aux cours de psychologie. En effet, un jour, arrivant très tôt le
matin, il chercha comment remplir son temps libre avant les cours. Il trouva alors un cours de psychologie
dont l’horaire lui convenait. Il suivit ces cours avec assiduité. Puis, il poursuivit ses études à l’université
américaine de l’Iowa où il y obtiendra son doctorat en psychologie théorique sous la direction d’Arthur
Benton2 neuropsychologue théorique. C’est également dans l’Iowa qu’il rencontrera sa femme Virginia Varns
lors d’une partie de golf. Elle faisait partie du personnel enseignant du Collège des sciences infirmières. Elle
deviendra la compagne d’Albert Bandura tout au long de sa vie. Ils se marièrent quelques mois plus tard en
1952 et eurent deux filles en 1954 et 1958. Albert Bandura sera naturalisé américain en 1956. Sa femme
décédera en 2011. Plus tard, Albert Bandura, parlera de l’influence des événements imprévus et ignorée des
sciences sociales, qui joue un rôle important dans les parcours de vie.

1
Agentivité : L’agentivité ou agency : est une notion importante dans les travaux d’Albert Bandura. En effet, elle se définit par «
cette capacité humaine à influer intentionnellement sur le cours de sa vie et de ses actions ».
2
Arthur Lester Benton :1909-2006 était un neuropsychologue et professeur émérite de neurologie et de psychologie à l' Université
de l'Iowa .
Dans les années 1950-1960, dans un contexte d’après-guerre, le courant béhavioriste était dominant
notamment par des chercheurs comme Clark Hull3 ou Skinner. Parallèlement, un autre courant dominait, celui
de la psychanalyse Freudienne. C’est dans ce contexte, qu’Albert Bandura travaillera. En 1953, il acceptera
un poste d'enseignant à l'université de Stanford. Il deviendra en 1964 professeur titulaire de la chaire de David
Starr Jordan4, le premier président de l’université. Selon Albert Bandura, l’université de Stanford était une
université de haut niveau. Il estimait que « la météo y était parfaite ». C’est dans cette même université qu’il
développera sa théorie sociocognitive. Stanford a été un lieu idéal pour mener des recherches
multidisciplinaires, Albert Bandura a pu travailler avec des chercheurs de pointe en psychiatrie, en cardiologie,
et en médecine. Enfin, en collaboration avec Richard Walters, son premier doctorant, il a entrepris des études
sur l'apprentissage social et l’agression qui lui ont permis de définir sa théorie de l’apprentissage social.

II) Concepts et théories

1. La théorie de l’apprentissage social

Albert Bandura s’est vite détaché de la théorie du béhaviorisme pour apporter sa contribution au cognitivisme.
Il a réalisé différentes études sur l’apprentissage en accordant aux aspects cognitifs un rôle important. Il a
notamment beaucoup étudié les comportements humains dans les interactions sociales et l’environnement. A
la fin des années 60, Bandura deviendra l’un des principaux théoriciens de l’apprentissage social, qui met en
avant les facteurs cognitifs et sociaux comme étant les déterminants du comportement.

Ses premières recherches sur l’agressivité avec l’expérience de la poupée Bobo, lui ont permis d’élaborer sa
théorie de l’apprentissage social.

Pour réaliser son expérience Albert Bandura a pris des enfants qui ont été répartis en 2 groupes :

- Un groupe exposé à des scènes dans lesquelles un adulte se livrait à des actes violents envers une
poupée.
- Et un autre groupe, soumis au scénario d’un modèle non agressif dans lequel il n’y avait pas d’actes
violents envers cette même poupée.

Placés ensuite en présence de la dite poupée, les enfants qui avaient observés les comportement violents, les
reproduisaient, voir improvisaient d’autres actes violents.

3
Hull : Clark Leonard Hull (1884-1952), était un psychologue behavioriste américain. Il est avant tout connu pour l'introduction
de la notion de pulsion dans sa théorie de l'apprentissage il a eu comme élève Milton Erickson connu pour ses travaux sur
l’hypnose.
4
David Star Jordan : 1851-1931 : était un pédagogue naturaliste américain, il a influencé considérablement la zoologie.
Ainsi, selon Bandura, la théorie de l’apprentissage social repose sur 3 processus :

1.1 Le processus vicariant appelé aussi l’apprentissage par l’observation

Ses premières recherches montrent que la pensée, les émotions et le comportement humain peuvent être
influencés par l’observation. L’apprentissage par modelage implique donc que l’on apprend un nouveau
comportement en observant un modèle. Cette théorie est appelée apprentissage par observation ou
apprentissage vicariant. Selon Albert Bandura, nos comportements seraient corrélés à nos expériences
observées chez d’autres personnes qui nous inspirent (collègues, amis, enseignants…). C’est ce qu’Albert
Bandera nomme les expériences vicaires.

1.2 Le processus de symbolisation

Une fois l’observation effectuée, cette théorie de l’apprentissage se construit aussi sur la symbolisation. En
effet, nous pouvons choisir un modèle que nous observons attentivement. Ensuite, nous le mémorisons en
utilisant des images mentales pour évaluer ce qui est utile de reproduire. Soit, nous reproduisons le modèle à
l’identique soit nous le modifions en fonctions de nos objectifs.

1.3 Le rôle des processus autorégulateurs

Les processus autorégulateurs montrent l’intérêt à reproduire ou non les comportements observés. Nous
pouvons influencer notre comportement en agissant sur nos motivations et par l’anticipation de la conséquence
de notre choix. Ainsi, la notion d’autorégulation part de l’idée que les sujets sociaux ne sont pas uniquement
de bons apprenants et des imitateurs actifs. Ils sont également des agents autodirigés, capables de participer à
la motivation, à la guidance et à la régulation de leurs actions.

2. La théorie Socio Cognitive (1986)

Presque dix années plus tard, faisant suite à la théorie de l’apprentissage social, Bandura va définir les
fondements sociaux de la pensée et de l’action. La théorie socio cognitive est à la fois une psychologie sociale
et une psychologie cognitive car elle accorde d’une part, une importance aux interactions entre la personne,
l’environnement et le comportement et, d’autre part, elle accorde un rôle majeur dans le processus cognitif,
vicariant, auto régulateur et autoréflexif dans l’adaptation et le changement humain. Les individus sont
disposés à s’auto organiser et à se comporter de manière proactive, à activer des processus d’auto réflexion et
d’auto régulation.
3. La théorie de l’agentivité

Albert Bandura définit l’agentivité comme la capacité humaine à influencer intentionnellement sur le cours
de sa vie et de ses actions. Il va donc réfléchir de quelle manière la perception que l’on a de ses capacités va
influencer nos actions.

Il existe plusieurs modalités de l’agentivité :

3.1 l’agentivité personnelle pro active

L’individu est considéré comme un sujet, un agent proactif capable d’auto organisation, d’auto réflexion et
d’auto régulation. Par exemple, une personne pourra préparer et organiser elle-même son voyage.

3.2 l’agentivité peut s’opérer par procuration.

Tel un principe de délégation, l’individu comptera sur l’intervention d’autres personnes pour atteindre un but
ou un résultat. Par exemple, pour la préparation d’un voyage, une personne pourra déléguer l’organisation à
une agence de voyage.

3.3 l’agentivité collective

L’agentivité collective s’opère par l’intermédiaire d’un but commun et d’une croyance partagée en termes
d’efficacité collective comme par exemple dans les travaux de groupe et le travail collaboratif. Ceci renvoie à
la communauté d’apprentissage en ligne par exemple (le e-learning). Dans son ouvrage de 1976, Social
Learning Theory (théorie de l’apprentissage social), Albert Bandura fait le bilan de vingt-cinq ans de
recherche, qui aura un impact important sur l’orientation de la psychologie. Bandura reconnait l’importance
des effets de renforcement sur le comportement. Cette réaction ne se limite pas à une réaction autonome et
automatique. En effet, Albert Bandura estime que les cognitions, c’est-à-dire « l'ensemble des processus
mentaux » qui se rapportent à la fonction de connaissance, mettent en jeu, la mémoire, le langage,
le raisonnement, l'apprentissage, la résolution de problème, la prise de décision, ou la perception. Ils jouent
un rôle entre l’action de l’environnement et les réponses comportementales de l’individu. Dans ce cadre, le
renforcement peut s’opérer grâce aux anticipations, on peut citer les interprétations personnelles comme par
exemple se représenter un tableau, ou une toile. Cela montre que l’individu ne se limite pas à agir d’une façon
autonome par simple automatisme mais qu’il traite activement une information. Enfin, Bandura, considère le
fonctionnement humain comme le produit de l’interaction dynamique entre trois séries de facteurs : les
facteurs personnels, les facteurs comportementaux et les facteurs environnementaux. On peut remarquer ainsi
que la théorie sociocognitive se distancie des conceptions binaires développées par des théories antérieures
comme par exemple celles des béhavioristes où seuls deux paramètres sont pris en compte à savoir l’influence
de l’environnement et du comportement.
4. La réciprocité causale triadique

Selon Albert Bandura la théorie socio cognitive repose sur l’interaction de 3 facteurs :

1 La personne
2 Le comportement
3 L’environnement.

Le fonctionnement psychologique est analysé à travers de ce qu’il appelle une causalité réciproque triple. Les
trois facteurs rentrent en interaction deux à deux. Ces interactions vont être multiples et s’effectuer dans un
sens ou un autre selon les situations de vie. Ces trois dimensions sont en interaction continue et réciproque
selon des importances variables et contingentes à des circonstances, des activités et des temporalités données.
Elles n’interviennent pas toujours avec la même force et ne sont pas obligatoirement impliquées en même
temps. Les jeux d’influence entre les trois dimensions du système peuvent changer selon les circonstances et
varier d’un sujet à l’autre. Un individu devient « agent » lorsqu’il exerce intentionnellement une influence
personnelle sur son propre fonctionnement, sur le cours de sa vie et de ses actions, sur les autres et sur les
systèmes d’actions collectives ou encore sur l’espace social et naturel (Bandura, 1999), (Bandura, 2006).

1) Déterminants du comportement et de la personne

 L’interaction comportement - personne C P (1)

Le comportement peut influer sur l’individu. Par exemple, une participation à une formation peut avoir une
incidence sur la perception et la conception de l’individu sur lui-même.

 L’interaction personne comportement P C (2)

On cherchera d’abord à savoir comment les conceptions et croyances personnelles, les perceptions de soi,
les aspirations et les intentions façonnent et orientent les comportements d’un individu. Ce dernier peut agir
sur son comportement, selon son vécu, ses ressentis, ses conceptions, ses expériences. Tous ces facteurs
auront une incidence sur ses actions. C’est dans ce cadre que l’on pourra observer l’influence de sa
conception de soi en tant qu’apprenant, de ses attitudes vis-à-vis du savoir et de l’apprentissage sur les
comportements effectifs d’engagement dans des parcours de formation.

2) Déterminants de l’environnement et de la personne

 L’interaction environnement – personne E P (3)

L’environnement peut avoir une influence sur l’individu et avoir un effet sur ses conceptions personnelles.
Par exemple, une réussite à un programme de formation peut influencer sur sa perception, sur sa capacité à
réussir. Si l’on prend le cas d’un stage comme première expérience réussie, elle aura un impact positif sur sa
projection dans la vie professionnelle. Dans le cas contraire, une expérience de stage qui n’a pas réussie, peut
provoquer une hostilité à un métier ou à un secteur d’activité par exemple.

 L’interaction personne- environnement P E (4)

Cette interaction est celle qui a été le moins étudiée. Le seul fait d’être présent dans un environnement agit sur
la personne.

3) Déterminant de l’environnement et du comportement

 L’interaction comportement-environnement C E (5)

Nos conduites peuvent transformer un environnement. Lors d’un travail de groupe, si l’un des participants
est agressif, il va influencer négativement sur l’ambiance et l’environnement du groupe.

 L’interaction environnement – comportement E C ( 6)

Les comportements peuvent être différents selon l’environnement. Les changements de situations dans un
environnement peuvent influencer nos comportements. Dans un groupe, les normes et les règles du groupe
vont avoir une incidence sur notre comportement. Par exemple, lors d’une formation, un individu entrant
dans la salle pourra adopter un comportement déjà suivi par un groupe.

5. La théorie du sentiment d’efficacité personnelle

Selon Bandura, « il ne suffit pas de savoir ce que l’on veut faire pour être motivé, il faut également s’estimer
capable de le faire. » (Fournier,2011).
Pour lui, l’efficacité personnelle perçue concerne la croyance des gens dans leur capacité à agir de façon à
maitriser les évènements.
Les jugements de l’auto efficacité se construisent à partir de quatre sources :

5.1 L’expérience passée et vécue

Elle peut influencer le sentiment d’efficacité d’un individu. Les succès et les échecs vécus peuvent ainsi
entrainer une augmentation ou une diminution du sentiment d’efficacité personnelle. Par exemple lors de
l’animation d’une formation en tant que formateur sur un groupe difficile, cela peut impacter sur notre
sentiment d’efficacité personnelle.

5.2 L’expérience vicariante

L’individu va se référer à autre personne qui lui ressemble (âge, sexe, classe sociale par exemple) dont le
principe est « s’il y est arrivé, moi aussi je peux. » Les expériences vicariantes constituent une source
d’influence du sentiment d’efficacité. Observer la réussite ou l’échec d’autres personnes dans une tache peut
jouer sur le sentiment d’efficacité surtout si ces personnes ont une similitude (c’est-à-dire cette donnée qui
facilite l’identification). Le modelage n’est cependant pas le seul facteur qui influence le sentiment
d’efficacité. Les croyances sont fondées aussi sur la comparaison de ses propres performances sur celles
d’autrui au travers d’un processus de comparaison sociale. Le niveau de compétence perçue d’un apprenant
reflète aussi en partie son niveau de performance par rapport aux autres membres d’un groupe par exemple.
L’apprentissage coopératif pourra ainsi renforcer le sentiment de compétences.

5.3 La persuasion verbale

Elle s’effectue sur les compétences qu’une tierce personne essaie d’installer chez l’individu comme les
encouragements par exemple.

5.4 L’état psychologie

Les émotions peuvent induire des perceptions d’auto efficacité favorables ou défavorables. (Dépression,
traumatisme, problème de socialisation, encouragement, sollicitation). Des études ont montré que les
apprenants ne vont pas s’investir dans une activité dans laquelle ils ne s’estiment pas en mesure de réaliser.
En effet, l’individu aura tendance à éviter les situations dans lesquelles il se juge inapte et aura tendance à ne
pas suivre une tâche à réaliser. Le sentiment d’auto efficacité est corrélé aux expériences émotionnelles
fortes, négatives ou positives qui vont agir sur la réalisation de la tâche et donc sur la performance finale.
Nous agissons selon une succession de renforcements que nous avons subie. Le sentiment d’auto efficacité a
donc un rôle important sur la performance en particulier pour apprendre et tient compte des dimensions
motivationnelles, émotionnelles, affectives et cognitives.
III Impact dans la formation des adultes

1. Impact du sentiment d’efficacité personnel dans la formation :

La théorie du sentiment d’efficacité personnelle a un impact important, car elle est utilisée dans de multiples
domaines comme : l’éducation, la santé, la psychothérapie, le travail, le sport. De nombreuses transpositions
peuvent être faites dans les situations professionnelles.

Plusieurs recherches montrent que le contexte pédagogique influence le sentiment d’efficacité personnel.
(Butler 1992, 1993, 1995) et (Miller et Prentice 1996). Des études ont montré que les formateurs peuvent
manifester, sans en être conscients, leurs attentes vis-à-vis des apprenants, à travers l’attention qu’ils leur
portent, la manière de les regarder, de leur parler, la façon de les regrouper, la difficulté de la tâche à effectuer,
le degré d’autonomie qu’il leur accorde.

Pour développer le sentiment d’efficacité, un formateur pourra avoir recours :

 Au modelage instructif

Bandura le décrit comme « un premier pas pour former les compétences ». L’observation et l’écoute
d’exercices variés renforceraient l’intérêt et accélèreraient l’apprentissage. Le niveau d’efficacité s’élèverait.
Le guidage permettrait de structurer des activités d’apprentissages en favorisant le modelage d’expertise de
l’apprentissage.

 L’utilisation de consignes

Formuler des consignes en termes d’objectifs de compréhension et de développement de compétences


favoriserait positivement le sentiment d’efficacité.

 A travers un apprentissage coopératif

Un enseignement interactif permet un travail en petit groupe et favorise l’aide réciproque. Construire une auto
efficacité peut résulter d’une perspective sociocognitive et constructiviste.

 A travers une persuasion verbale, un feed back et un débriefing

Les feed back contribuent à encourager, à soutenir, mais aussi, à aider les apprenants à identifier les progrès
accomplis. A travers les débriefings, le formateur va chercher à faire émerger des éléments implicites tels que
les buts, les prises d’informations, l’objet de l’attention, les risques et les conséquences d’une action, favoriser
des anticipations, des connaissances, des règles d’actions, des raisonnements… Il va aussi pouvoir aider à
développer la prise de recul sur les obstacles rencontrés et favoriser une conduite réflexive.
2. Impact de l’agentivité dans la formation :

L’agentivité individuelle est transposable à l’agentivité collective. À travers des travaux de groupes,
collaboratifs ou coopératifs, les apprenants pourront s’investir de manière proactive collectivement.
L’agentivité collective existe également puisque des liens s’effectuent entre ce concept et la notion de
communauté d’apprentissage en ligne par exemple. Elle précise plus particulièrement la manière dont
s’exprime l’agentivité collective dans les interactions sociales collaboratives qui permettent de créer une
présence au sein d’un espace numérique de communication. Dans son analyse sur la dépression, Albert
Bandura explique que de nombreux individus sont dépressifs, non pas parce qu’ils sont socialement
incompétents, ou affectés par des modes de pensée erronée, ou même encore envahis par un sentiment général
d’impuissance, mais parce qu’ils adoptent des critères de valeur personnelle qu’ils ne peuvent atteindre. Ces
personnes sont insatisfaites de leurs réalisations, s’auto dévalorisent en se comparant à la réussite des autres
personnes. Ainsi, elles diminuent leur sentiment d’efficacité personnelle. Bandura considère que « Le
traitement efficace de la dépression nécessite que les patients s’engagent dans des styles capacitants. Un
environnement va rendre possible le développement de la communauté en ligne comme le e-learning et ainsi
favoriser le « pouvoir d’agir » et la « capabilité ». Les capabilités vont permettre de réinterroger le lien entre
les ressources mises à disposition de l’apprenant dans son contexte professionnel et le développement des
compétences. Pour Albert Bandura, les individus bénéficiant de la thérapie sociocognitive maintiennent mieux
leur amélioration que ceux traités uniquement par antidépresseurs, qui risquent bien plus de rechuter à l’arrêt
du traitement.

IV Critiques

Pour Jacques Lecomte psychologue français, professeur à l’université de Nanterre en sciences de l’éducation,
le sentiment d’efficacité personnelle développé par Albert Bandura ne met pas assez en évidence le lien avec
les relations affectives5 qui pourtant, selon lui, jouent un rôle important dans la motivation.
Pour Pierre-Henri François psychologue du travail à l’université de Poitiers, la portée des conceptions d’Albert
Bandura est considérable et indéniable, il faut cependant ajouter à cela des modulations (changements)
culturelles qui peuvent, selon lui, avoir un impact majeur sur l’auto efficacité. Enfin, concernant la théorie de
l'apprentissage social, certains spécialistes estiment qu’elle ne donne pas une explication complète de tout
comportement. C'est particulièrement le cas lorsqu'il n'y a pas de modèle apparent dans la vie de la personne
à imiter pour un comportement donné. Il y a des psychologues qui remettent en cause également l’expérience

5
Bandura utilise relativement fréquemment le terme « affective », ce n’est jamais dans le sens français, mais toujours dans
le sens émotionnel du terme, et souvent dans sa connotation physiologique de réaction des viscères à telle situation
émotionnellement chargée.
autour de l’agressivité, les études récentes, faites à partir de statistiques, indiquent que les jeunes enfants
n'imitent pas automatiquement l'agression, mais plutôt le contexte de l'agression.

V Conclusion

Bandura a été particulièrement influencé par le milieu dans lequel il a grandi. Ses expériences de vie lui ont
servi de bagage scientifique et ont modelé ces théories notamment celle de la théorie de l’apprentissage social
ou celle de l’agentivité.
Il a eu de nombreuses influences au regard de son parcours. C’est Louis Pasteur qu’il apprécie de citer « la
chance sourit aux esprits bien préparés ».
Le contexte dans lequel les théories d’Albert Bandura ont été développées n’est pas évident. En effet, Albert
Bandura s’est démarqué du béhaviorisme et n’a pas pris en compte la dimension de la psychanalyse. Albert
Bandura apportera sa propre pierre à la psychologie notamment autour des questions de motivation ou de
l’auto-apprentissage. Ses théories ont aujourd’hui, un impact direct sur la formation des adultes. Elles
permettent de s’interroger sur ses propres capacités et enfin de mettre en œuvre ses ressources pour se lancer
en formation. Enfin, Albert Bandura, enfant d’immigrés arrivés au Canada début du XXème siècle dans un
contexte sociale de précarité, va réussir à gravir les échelons et occupé des postes de renommée à l’université
de Stanford. Il est indéniable qu’Albert Bandura est un grand psychologue. Parmi les multiples distinctions
honorifiques qu'il a reçues durant toute sa carrière académique, il a obtenu, en 2016, la Médaille Nationale de
la Science (National Medals of Science) honoré par le président Obama en personne.
VI Bibliographie
Ouvrage :

MOISAN André, CARRE Philipe : La formation autodirigée aspects psychologiques et pédagogiques,


L’harmattan, 2003.

CARRE Phillipe, CASPAR Pierre (Dir). 2017 : Traité des sciences et des techniques de la formation, Paris :
Dunod, 4ème ed. (1ère ed. 1999).672 pages.

Articles :

GUERRIN Brigitte, « Albert Bandura et son œuvre », Recherche en soin infirmier, 2012.

CARRE Phillipe, « Une psychologie pour le XXIème siècle », revue Savoirs, 2004. Bandura A. Auto-
efficacité : Le sentiment d’efficacité personnelle. Bruxelles : De Boeck, 2003.

W.LENT Robert, « Une conception sociale cognitive de l’orientation scolaire et professionnelle :


considérations théoriques et pratiques », revue OSP orientation scolaire et professionnelle, 2008.
BREWER Stephen Scott, « Rencontre avec Albert Bandura : l’homme et le scientifique », revue OSP
orientation scolaire et professionnelle, 2008.

ERNY Jean-Char, « Le sentiment d’efficacité personnelle, et ses attributs dans la polyvalence des infirmiers
au sein d’un pôle, 2010.
NAGELS Marc, « Construire le sentiment d’efficacité personnelle en formation professionnelle supérieure,
2010.
HENRY François, « L’apprentissage social, quoi comprendre ? », 2011.

BLANCHARD Serge, « Introduction : sentiments d’efficacité personnelle et orientation scolaire et


professionnelle », revue OSP orientation scolaire et personnelle, 2008.
GUERRIN Brigitte, « Albert Bandura et son œuvre », revue Recherche en soin infirmiers, 2012.

JEZEGOU Annie, « l’agentivité humaine : un moteur essentiel pour l’élaboration d’un environnement
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