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Ecole des Ponts ParisTech 5 avril 2018

Département GCC

Cours de Plasticité : contrôle des connaissances


Durée : 3h00

Tous documents et notes de cours autorisés


Le sujet comporte deux exercices et un problème indépendants

Exercice n°1 (1,5 pts/8)

C Un tube circulaire est soumis à une pression


interne p et à un couple de torsion C, aucun effort
p n’étant exercé selon l’axe Oz du tube. Compte tenu
du fait que son épaisseur e est petite devant le rayon
e R (e<<R), on admettra (sans le démontrer) que l’état
 z de contrainte en tout point de l’épaisseur du tube
R  
s’écrit en composantes dans le repère cylindrique
local (voir figure) :

  rr  0 0 0 

 |r , , z   0     z 
 0   z 0  (1)

R C
avec    p et   z 
e 2 R 2e
Le matériau obéissant à un critère de plasticité de von Mises défini par :

f ( )  1/ 2s : s   k  0
1/2
(2)

écrire ce critère en fonction des composantes   et   z et en déduire le domaine d’élasticité


du tube dans le plan des paramètres de chargement (p, C) que l’on exprimera sous la forme :
2 2
 p C
     1  0 (3)
 p0   C0 

où l’on calculera p0 et C0 en fonction de k, R et e. Représenter ce domaine dans le plan (p, C).

1
Corrigé

Le déviateur de l’état de contrainte (1) s’écrit :

0 0 0     0 0     / 3 0 0 
    
s    1/ 3(tr )1   0     z   1/3  0   0  0 2  / 3   z 
0  0   0     0  z   / 3 
 z  0

d’où :
1/2 s : s  1/2 2 2z  6 2 / 9   2z   2 / 3

et donc :
f ( )   2z   2 / 3  k  0
1/2

Remplaçant les contraintes par leurs expressions en fonction des paramètres de chargement
du tube, il vient alors :
1/2
  C 2 1  pR 2 
  2 
     k  0
  2 R e  3  e  
soit encore :
2 2
 p C
      1  0 avec p0  k 3e / R et C0  2 kR e
2

 p0   C0 

Le domaine d’élasticité correspondant est représenté sur la figure ci-dessous. Il s’agit d’un
domaine elliptique de demi-axes p0 et C0. Il convient de noter que si le critère (2) est un critère
de plasticité parfaite (sans écrouissage), la frontière de ce domaine est également le lieu des
chargements limites.
C

2 kR 2e

k 3e / R
p

* *
*

2
Exercice n°2 (2,5 pts/8)

45
Q
A
Q/2
 x

Une structure ayant la forme d’un carré est constituée par l’assemblage de quatre poutres de
même longueur l. Elle est soumise à deux forces opposées d’intensité Q comme indiqué sur la
figure. Compte tenu des symétries du problème, le calcul d’une telle structure peut se ramener
à celle d’une seule poutre OA inclinée à 45°, ses extrémités étant reliées aux plans horizontal et
vertical de symétrie par des encastrements mobiles.
1. Expliquer pourquoi la réaction d’appui verticale en A est nulle et calculer le moment
fléchissant M en un point x de la poutre en fonction du chargement Q et du moment
d’encastrement  en A que l'on prendra comme inconnue hyperstatique.
2. La poutre étant élastique, de rigidité en flexion EI, et dans un état initial naturel, calculer
l’énergie élastique de flexion définie par :
l
1
W (Q,  )   M 2 (Q,  ; x)dx
*

2 EI 0
puis déterminer la valeur de  en utilisant de théorème du potentiel minimum et la valeur q du
déplacement du point A en fonction de Q, l et EI, en utilisant le théorème de Castigliano. Donner
l’allure de la déformée élastique.
3. Montrer que les extrémités O et A de la poutre plastifient simultanément pour une valeur du
chargement que l’on calculera en fonction de la limite d’élasticité en flexion M p et de l.
Montrer qu’il s’agir de la charge limite Q l et décrire le mécanisme d’écoulement plastique libre
correspondant.

3
Corrigé

1. L’équilibre global de la poutre en résultante projetée sur la direction verticale, entraine la


nullité de la réaction d’appui en A, puisque la réaction en O et la charge Q sont purement
horizontales. Il en résulte que le moment fléchissant en un point x de cette poutre s’écrit :
Q
M ( x)    (l  x) 2 / 2
2
2. Le calcul de l’énergie élastique de flexion donne :
1  2 Q 2 Q 2l 3 
l
1
2 EI 0
W (Q,  ) 
*
M (Q,  ; x)dx 
2
 l l 
2 EI  2 24 
de sorte que le théorème du potentiel minimum s’écrit dans ce cas :

   +Q(l  x) / 2 
W * M
l l
1 1

 
EI 0
M

dx 
EI 0
2 dx  0

soit :
Ql
l +Q(l 2  l 2 / 2) / 2 2  0    
4 2
D’où la distribution élastique de moments fléchissants, représentée sur la figure ci-dessous :
Q l 
M ( x)    x
2 22 

Ql / 4 2

Ql 3
q
48 EI

A
Q/2

Ql / 4 2
x

Le théorème de Castigliano permet alors de calculer le déplacement q de l’appui A :

l l
dW * 1 dM Q Ql 3
EI 0 d(Q / 2) 4 EI 0
q (Q)  M dx  (l / 2  x) dx 
2

d(Q / 2) 48EI

4
3. La limite d’élasticité correspond à la valeur du chargement pour laquelle le moment en O
(respectivement en A) atteint le moment limite en flexion positive (resp. négative) :
Ql Mp
M ( x  0)   M ( x  l )  M p  Qe  4 2
4 2 l

Il apparaît que cette limite d’élasticité n’est autre que la charge limite puisque pour
Q  Qe et Q  0 , il existe un mécanisme d’écoulement plastique libre mettant en jeu une rotule
plastique positive en O et négative en A, la poutre étant animée d’un mouvement de rotation
autour du point . On a en effet (voir les notations de la figure ci-dessous) :
M O   M p , M O  0   O   2q / l  0
M A   M p , M A  0   A   2q / l  0

2q / l
 O   2q / l
q0

 A   2q / l
Mp
Q/22 2
l

* *
*

5
Problème (4 pts/8)
Comportement d’une plaque sous chargement de traction

x x
q q

t
L

L
y O z O

Une plaque carrée (côté L) d’épaisseur t est soumise à un chargement défini par les
conditions aux limites suivantes (la pesanteur est négligée) :

 Faces z  t / 2 libres de contrainte : T  0 .


d

 Bords latéraux y   L / 2 en contact lisse avec des plans fixes : Txd  Tzd  0,  yd  0 .

 Bord inférieur x  0 :  xd  0, Tyd  Tzd  0 .

 Bord supérieur x  L soumis à une traction normale uniforme : T  qe x , q  0 .


d

La plaque est constituée d’un matériau métallique obéissant à un comportement élastique


linéaire isotrope (module d’Young E, coefficient de Poisson   0 ), parfaitement plastique
(critère de Tresca de cohésion C) avec règle d’écoulement associée. On rappelle que cette loi
de comportement s’écrit en vitesse :
1  
d   (tr )1  d où d a les mêmes directions principales que 
p p

E E (1)
avec d I    0, d IIp  0, d IIIp   pour  I   II   III ,  I   III  2C,  I   III  0
p

1. Chargement à partir de l’état initial naturel

La plaque étant initialement dans un état naturel (=0 pour q=0), on vient progressivement
augmenter le chargement q.

1.1. Phase de comportement élastique. Le champ de contrainte solution est recherché sous la
forme :
 xx  q,  yy   q, autres  ij  0 (2)

6
Vérifier que ce champ est bien statiquement admissible avec le chargement q et calculer le
champ de déformation (homogène) associé par la loi de comportement élastique. Vérifier que
ce dernier dérive du champ de déplacement cinématiquement admissible suivant :

1  2  (1  )
x  qx,  y  0,  z   qz (3)
E E
Conclure quant à la solution du problème en phase élastique. Calculer la limite d’élasticité
e
q en fonction de la cohésion C du matériau.
1.2. Charge limite. On se propose de montrer que pour q  qe et q  0 la solution en vitesse
est un mécanisme d’écoulement plastique libre défini par :
U x   x =Dx, U y   y =0, U z   z   Dz avec D  0 (4)

tandis que le champ de contrainte est donné par (2) avec q  q e . Vérifier que ces champs sont
respectivement cinématiquement admissible et statiquement/plastiquement admissible et
montrer qu’ils sont bien associés en tout point par la loi de comportement (1). Quelle est alors
la valeur de la charge limite q l ?
1.3. Représenter la courbe donnant le chargement q en fonction de la déformation    xx de la
plaque et tracer le trajet de chargement dans le plan ( xx , yy ) .

2. Chargement à partir d’un état initial précontraint

Le chargement est appliqué à partir de l’état initial :


 (q  0)  2Ce y  e y (5)
2.1. Vérifier que ce champ est statiquement et plastiquement admissible et montrer qu’il n’y a
pas de phase élastique.
2.2. On recherche alors la solution en contrainte du problème d’évolution élastoplastique sous
la forme
 xx  q,  yy  2C, autres  ij  0 (6)

et celle en vitesse sous la forme :


U x =Dx, U y =0, U z  Dz avec D et D '  constantes. (7)

Vérifier le caractère statiquement admissible du champ de contrainte (6) et cinématiquement


admissible du champ de vitesse (7). A quelle condition portant sur q le champ (6) est-il
plastiquement admissible ? Calculer le champ des taux de déformations associé à (7) et
déterminer les constantes D et D’ en écrivant la loi de comportement en vitesse (1). On vérifiera
que le multiplicateur plastique  est positif ou nul et on donnera la relation entre q et    xx .

2.3. Jusqu’à quelle valeur de q la solution précédente est-elle valable ? Montrer que cette valeur
est la charge limite en mettant en évidence un mécanisme d’écoulement plastique libre
correspondant à un champ de vitesse de la forme (4).

7
2.4. Montrer que la décharge à partir de la charge limite est purement élastique. Calculer les
champs de contraintes et de déformations résiduels correspondant à la décharge totale de la
plaque.

2.5. Représenter la courbe donnant le chargement q en fonction de la déformation    xx le


long du cycle charge-décharge de la plaque et tracer le trajet de chargement dans le plan
( xx , yy ) .

Corrigé

1. Etat initial naturel

1.1. Phase de comportement élastique.


Le champ de contrainte
 xx  q,  yy   q, autres  ij  0

est bien statiquement admissible avec le chargement q, puisqu’il vérifie toutes les conditions
aux limites en contrainte sur les bords et les faces de la plaque, ainsi que l’équation d’équilibre
en raison de son homogénéité. L’état initial étant naturel, le champ de déformation (homogène)
associé par la loi de comportement élastique s’écrit :
1  
   (tr )1
E E
soit :
1   1  2
 xx  q  (1  )q  q
E E E
1  
 yy   q  (1  )q  0
E E

 zz   (1  )q, autres  ij  0
E
qui peut s’intégrer immédiatement en :
1  2  (1  )
   .x   x  qx,  y  0,  z   qz
E E
Ce dernier champ de déplacement étant cinématiquement admissible, il constitue donc avec
le champ de contrainte (2) la solution du problème en phase élastique.
Les contraintes principales étant :
q  0,  0   I   xx  q   II   q   III  0

la limite d’élasticité q e est obtenue pour :

 I   III  q  2C  qe  2C

1.2. Charge limite.

8
Le champ de contrainte :
 xx  qe =2C,  yy  2 C, autres  ij  0
est bien statiquement admissible et plastiquement admissible, tandis que le champ de vitesse
(4) est cinématiquement admissible, le champ de taux de déformation associé s’écrivant :
d  D(e x  e x  e z  e z )

Dans ces conditions, la loi de comportement (1) est bien vérifiée en tout point puisque :
0
1  
d   (tr )1  d = (e x  e x  e z  e z ) avec  =D  0
p

E E
ce qui montre que le champ de vitesse (4) constitue bien un mécanisme d’écoulement plastique
libre et que ql  qe  2C est bien la charge limite.
1.3. La courbe donnant le chargement q en fonction de la déformation    xx de la plaque et le
trajet de chargement dans le plan ( xx , yy ) sont représentés sur la figure ci-dessous :

q  yy

q e  q l  2C

d xxp    0
2 C

2C  xx
E / (1  )
2


2C (1  2 ) / E

2. Etat initial précontraint

2.1. Le champ de contrainte uniaxial homogène (5) est un champ d’autocontrainte car vérifiant
l’équation d’équilibre et les conditions aux limites associées à q=0. Il est par ailleurs
plastiquement admissible puisque :
 I   yy  2C   II   xx   III   zz  0   I   III  2C

2.2. Le champ de contrainte (6) est bien statiquement admissible avec q et plastiquement
admissible tant que  xx  q reste contrainte principale intermédiaire :
 I   yy  2C   II   xx  q   III   zz  0   I   III  2C
De même, le champ de vitesse (7) est cinématiquement admissible car respectant toutes les
conditions aux limites en vitesse du problème. Le champ des taux de déformation totale s’écrit :
d xx =D, d yy =0, d zz  D

L’écriture de la loi de comportement en vitesse donne alors :

9
0  0
1   q 
d xx  D  q  q   d xx , d yy  0   q  d yyp ,
p

E E E E
 

d zz  D '   q  d zzp , autres dij  0
E
d’où :
q q q
  d xx =D  , d yy =0, d zz  D '  2 et   d yyp    0 car   0
E E E
2.3. La solution précédente est valable tant que  xx  q reste contrainte principale
intermédiaire, c’est-à-dire tant que q  2C . Pour q  2C et q  0 , on est en régime d’arête :
 I   yy   II   xx  2C   III   zz  0
de sorte que le taux de déformation plastique est de la forme :
d Ip  d yyp   , d IIp  d xxp   , d IIIp  d zzp  (   ),  ,   0
et la loi de comportement devient dans ce cas :

d xx  d xxp    0, d yy  0  d xxp   , d zz  d zzp  

Ce champ de taux de déformation dérive du champ de vitesse cinématiquement admissible


suivant:
U x   x, U y  0, U z   z

qui représente un mécanisme d’écoulement plastique libre associé à la charge limite ql  2C .

On observe que, conformément à un résultat général, la charge limite est indépendante de


l’état initial.

2.4. Posant q  2C  q, q  0 et faisant l’hypothèse de décharge élastique, les champs de


contrainte et de déformation s’écrivent :
 xx  2C  q,  xx  2C / E  (1  2 )q / E
 yy  2C q,  yy  0
 zz  0,  zz  4 C / E  (1  ) q / E
L’hypothèse de décharge élastique est bien vérifiée puisque :
0    1/ 2   I   III  (2C q)  0  2C

et l’état résiduel de la plaque correspondant à la décharge totale ( q  2C ) s’écrit :

 xxr  0,  xxr  2 2C / E
 yyr  (1  )2C ,  yyr  0
 zzr  0,  zzr  2 (  1)C / E

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2.5. La courbe donnant le chargement q en fonction de la déformation    xx sur l’ensemble
du cycle charge-décharge de la plaque et le trajet de chargement correspondant dans le plan
( xx , yy ) sont représentés sur la figure ci-dessous :

q  yy
d xxp    0
q  q  2C
e l
2C

 yyr  2(1  )C

 xx

E E / (1  2 ) 
2 2C / E 2C / E

Remarque.
Bien que correspondant à une partie parfaitement linéaire de la courbe, la phase de
chargement n’est pas réversible, c’est-à-dire élastique, comme le montre clairement la phase de
décharge clairement distincte de la phase de charge, hormis dans le cas particulier où   0 .
* *
*

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