Vous êtes sur la page 1sur 7

NOTES TECHNIQUES

Les matériaux de reprofilage des chaussées


Jean-François CORTÉ
Directeur technique chargé du pôle Chaussées
Laboratoire central des Ponts et Chaussées

Le reprofilage est une technique d'entretien essentielle pour la réhabilitation des caractéristi-
ques géométriques des chaussées souples des routes à faible trafic. Malgré l'importance
économique que représentent ces travaux, rares sont les publications sur ce sujet. Dans ce
contexte, il est apparu intéressant de publier les trois courts textes suivants, qui décrivent,
pour l'un, les résultats d'un chantier comparatif de différentes techniques de reprofilage et,
pour les deux autres, les emplois possibles de grave-émulsion et de grave-bitume, tels qu'ils
résultent des expériences acquises dans les zones d'actions des Laboratoires régionaux des
Ponts et Chaussées (LRPC) de Toulouse et d'Aix-en-Provence.

grave-bitume enrichie, enrobé


à chaud et grave-ciment,
Note matériaux 20/40 plus enrobé à
Bilan d'un chantier comparatif froid, sable-enrobé et enrobé à
chaud stockable.
technique Gilles LAURENT
Division Sécurité et techniques routières Pour vérifier les résultats de
Centre d'études techniques de l'Équipement de l'Ouest l'analyse de la valeur, le Service
d'études techniques des routes et
autoroutes (SETRA) a financé
(en 1988) un chantier en vraie
grandeur, pour tester une large
panoplie de matériaux.
Préambule Une première approche de la
tâche « reprofilage », par analyse
Lorsque l'on évoque le reprofi- de la valeur, sous la conduite du
lage des chaussées, on imagine Centre d'études techniques de Le contexte du chantier
les problèmes d'orniérage sur les l'Équipement (CE1E) du Sud-Ouest,
chaussées supportant de forts tra- La route départementale 163 en
avait conduit à classer, de façon Loire-Atlantique a été retenue car
fics de poids lourds. théorique, les matériaux à partir elle présentait une déformation
En fait, le reprofilage intéresse des critères suivants : uniforme en rive de 8 à 10 cm, sur une
surtout les chaussées à faibles et possibilité de mise en oeuvre longueur d'environ 3 kilomètres.
très faibles trafics, déformées en de 0 (raccordement en sifflet) à
rive (manque d'épaulement), point Le trafic était un T3 faible (50 à
15 cm, en une seule couche, 60 poids lourds par jour et par
faible des chaussées souples non facilité de mise en oeuvre
renforcées. Les quantités de maté- sens).
manuelle et mécanique,
riaux utilisés annuellement sont nécessité ou pas d'une couche Les déflexions côté rive étaient
importantes, de l'ordre de 2 mil- d'accrochage et d'une couche de homogènes et de l'ordre de
lions de tonnes par année, pour surface à la mise en oeuvre, 150/100 de millimètres.
l'ensemble de la France. disponibilité sur le marché. La mise en oeuvre des matériaux a
Les travaux sont souvent réalisés été faite en régie par la subdivision de
en régie ou par de petites entre- Selon ces critères, les matériaux ont
été, après analyse, classés dans l'or- l'Équipement de Chateaubriant.
prises avec des moyens matériels
souvent réduits. Les us et cou- dre suivant d'adaptation décrois- Quinze matériaux différents ont
tumes locales conduisent à uti- sante pour la tâche de reprofilage : été employés avec pour objectifs
liser divers matériaux et techni- - grave-émulsion, de vérifier :
ques qu'il convenait de tester et grave non traitée de catégorie le comportement à la déforma-
de comparer. B et enrobé non stockable, tion après reprofilage sous trafic,

Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaust

116 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 223 - SEPTEMBRE à DÉCEMBRE 1999 - NT 4280 - PP. 116-122
Le contexte du chantier

Vue de la section avant travaux. Vue de la chaussée après reprofilage.

Dégradation de la chaussée. Dégradation sur la partie GNT 0/30 après travaux à un an.

la nécessité ou non d'une Le comportement, pour chaque Résultats obtenus


couche d'accrochage. Chaque section, a été jugé au bout d'un
an à partir : Le tableau II présente un classe-
section de 200 m comprenait 100 m
ment des matériaux par valeurs
avec une couche d'accrochage .--- de mesures au transversoprofi- croissantes des déformations
(mise en oeuvre manuellement à la lographe (trois par 100 m), effec- après un an (écart maximal par
lance) et 100 m sans. tuées à 8 j (post compactage) et à rapport à un profil théorique de
Les caractéristiques principales des un an (tenue sous trafic), 2,5 %).
matériaux qui ont été mis en oeuvre ..--- d'observations visuelles de la
sont indiquées dans le tableau I. surface de la chaussée.

.es matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 223 - SEPTEMBRE à DÉCEMBRE 1999 - NT 4280 - PP. 116-122 117
TABLEAU I
Caractéristiques des matériaux mis en oeuvre

Matériaux Caractéristiques obtenues Observations

Grave-émulsion 0/14 Passant à 2 mm 35 % Teneur en liant plus faible que ce


que prévoit la norme (> 4,2 %)
Passant à 6,3 mm •. 55 %
Fines .• 7
Teneur en bitume 4%

Béton bitumineux coulé au soufre Granularité 0/6 Utilisé à titre expérimental,


coût de la fourniture très élevé
Bitume
75 % (2 200 F/t)
Fines : environ
30 %
Soufre : 5,3 %

Enrobé 0/10 Passant à 2 mm 35 % Distance de transport 30 km

Passant à 6,3 mm 72 %
Bitume 70/100 : 6,2 %
Fines : 6,8 %

Grave-bitume 0/10 enrichie Passant à 2 mm 30 % Distance de transport 30 km

Passant à 6,3 mm 50 %

Bitume 50/70 .• 5%
Fines 8%

Enrobé à froid 1/14 Bitume résiduel : 3,5 % Fabrication parc de Charente

Enrobé à froid 4/6 Bitume résiduel 4% Fabrication locale

Grave non traitée de type A, 0/30 Passant à 2 mm •. 20 % Matériaux hétérogènes à la fourniture

Passant à 6,3 mm •. 35 %

Fines 10 %

Teneur en eau 1.%

Grave non traitée de type A, 0/14 Passant à 2 mm •. 15 % Matériaux hétérogènes à la fourniture

Passant à 6,3 mm •. 40 %
Fines .• 5%

Teneur en eau 1%

Grave non traitée de type B, 0/30 Passant à 2 mm •. 20 % Difficulté pour maîtriser la teneur
(la grave fabriquée a été en fait en eau pour des fabrications
une grave 0/20) Passant à 6,3 mm • 40 % en petite quantité
Fines .• 5
Teneur en eau •. 6%

Grave non traitée de type B, 0/14 Passant à 2 mm 25 puis Difficulté pour maîtriser la teneur
30 % en eau

Passant à 6,3 mm 50
et 60 cY.
Fines 5 puis
8%
Teneur en bitume 5%

Grave-ciment 0/10 Passant à 2 mm 40 % Techniques utilisées à titre


expérimental
Fines (y compris ciment) 10 %

Ciment + retardateur •. 4%

Béton maigre 0/14 Passant à 2 mm .• 45 % Coût 300 F/t

Fines (y compris ciment) 15 %


Ciment + retardateur •. 10 %

ériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofila

118 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 223 - SEPTEMBRE à DÉCEMBRE 1999 - NT 4280 - PP. 116-122
L'intérêt ou non de la couche d'accrochage est indiqué en fonction du comportement observé, selon la
codification suivante :

++ : indispensable, : déconseillée ou sans intérêt


+ : de préférence, par rapport à la technique.
= : sans incidence,

TABLEAU II
Classement des matériaux de reprofilage selon le comportement des sections après un an

Déformation (mm)
Couche Couche Dégradations
Matériaux Perméabilité
de surface d'accrochage à 1 an
à 8 jours à 1 an

Grave-émulsion 0/14 3 4 Gravillonnage 4/6 ■ + Moyenne Néant


puis monocouche '
4/6 à 3 mois I
4---
Béton maigre 0/10 5 5 | Néant Pas mesurée : Faïençage fin
et arrachement
en bord

Grave-bitume 0/10 5 6 Scellement + Moyenne Léger désenrobage


du bord au 2/4

Enrobé 0/10 | 6 7 Scellement + Moyenne Néant


du bord au 2/4

Grave-ciment 0/10 7 7 Bicouche 6/10 Moyenne Néant


+4/o I

Grave non traitée 6 8 Bicouche 6/10 ++ Perméable ' Néant


de type B, 0/14 + 4/6

Béton bitumineux 7 9 Néant Imperméable Glaçage


coulé au soufre

Matériaux 20/40 5 9 Gravillonnage 4/6 Très perméable Désenrobage


+ enrobé froid 4/6 puis monocouche (avant enduit)
4/6 à 1 an

Enrobé froid 1/14 5 10 Gravillonnage 4/6 ~ Très perméable Désenrobage


puis monocouche (avant enduit)
4/6 à 1 an ,

Grave non traitée 8 10 Bicouche 6/10 ++ Perméable Ressuage et nid


de type A 0/14 + 4/6 de poule

Enrobé à froid 4/6 8 13 i Gravillonnage 4/6 Très perméable Plumage


puis monocouche de l'enduit
4/6 à 3 mois
:
Multicouche 10/14 7 13 Tricouche Perméable Plumage
de l'enduit

Grave non traitée 7 17 Gravillonnage 4/6 | Très perméable Plumage


de type A. 0/30 puis monocouche de l'enduit
+ enrobé à froid 4/6 4/6 à 3 mois

Grave non traitée 10 20 Bicouche 6/10 ~ Perméable Ressuage


de type A. 0/30 + 4/6 de l'enduit

Matériaux 16/31 15 23 Tricouche ~ Perméable Ressuage


de l'enduit

Principaux renseignements Certains, comme la grave-ciment sante, ce qui est parfois difficile
0/10 ou le béton maigre, ont à obtenir pour ce type de travaux.
Les matériaux élaborés, tels que montré qu'ils pouvaient être
grave-émulsion, enrobé à chaud, La performance des matériaux, en
employés. Cependant, leur coût,
grave-ciment, et dans une moindre reprofilage localisé, est d'autant
la disponibilité et les sujétions de meilleure que leur formulation est
mesure grave non traitée de type B mise en œuvre n'incitent pas à les
(GRH) et enrobé à froid 1/14, ont adaptée à cette nature de tâche
conseiller. d'entretien.
eu un comportement meilleur que
les matériaux peu élaborés, pourtant L'efficacité du compactage à la
souvent utilisés en subdivision. mise en oeuvre doit être suffi- II •
chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 223 - SEPTEMBRE à DÉCEMBRE 1999 - NT 4280 - PP. 116-122 119
NOTES TECHNIQUES

tématiquement un enduit superfi- et correspond aux épaisseurs de


Note ciel d'usure. Les spécialistes, mise en oeuvre selon le calibre
Emploi confortés maintenant par la norme maximal des gravillons :
de graves-émulsion performantielle NF P 98-160,
, de 0 à 8 cm pour la grave-
s'accordent depuis longtemps sur
technique en reprofilage le fait que la réussite d'un enduit
émulsion 0/10
de chaussées » de 0 à 12 cm pour la grave-
est, entre autres, tributaire de l'ho-
émulsion 0/14
mogénéité du support. Le traite-
Jean-François LAFON ment des surfaces par reprofilage Le recours fréquent, dans cer-
Section Techniques et déflachage participent indubita-
hydrocarbonées
taines régions, en entretien des
blement à homogénéiser les sur- chaussées et en préparation du
Laboratoire régional
des Ponts et Chaussées
faces par traitement des points bas support, à ce type de grave-émulsion
de Toulouse ressuants, lisses, « fermés ». a permis de développer l'expé-
rience, d'affiner les composi-
Parmi les techniques éprouvées
tions, en relation avant tout avec
pour satisfaire tous ces objectifs,
les épaisseurs mises en oeuvre. Le
la grave-émulsion s'est révélée
champ d'investigation est vaste
être, depuis de nombreuses années
puisque, dans certains départe-
Le reprofilage est défini comme dans la région du Sud-Ouest de la
ments, des campagnes annuelles
une technique d'entretien d'une France, une technique durable et
chaussée consistant à améliorer oscillent entre 40 000 et 50 000 t,
particulièrement adaptée au « pas-
son uni ou son profil. Pour les iti- intéressant des trafics généralement
sage à zéro ».
néraires à trafic moyen ou faible, il faibles mais pouvant atteindre sur
est souvent indissociable du défia- C'est ainsi que la norme NF P 98-121 certains itinéraires le niveau T3,
chage, qui est la remise au profil prévoit, avec les graves-émulsion exceptionnellement T2. C'est ain-
de la surface d'une chaussée par de type 1, une grave-émulsion dite si que plusieurs variantes de for-
des compléments de matériau de reprofilage. Aucune exigence mules ont été éprouvées, avec un re-
approprié dans les affaissements au travers des essais habituels de cul supérieur à dix ans ; elles sont
localisés ou flaches. Implicitement, laboratoire n'est spécifiée pour mentionnées dans le tableau I.
ces « corrections » de profil et cette grave-émulsion, exceptée la
En fonction de la nature des gra-
d'uni mettent en exergue, par tenue à l'eau de l'essai Duriez
nulats utilisés et de la saison d'ap-
souci d'économie, les techniques LPC. Cette grave-émulsion est
plication, les quatre derniers types
susceptibles de bien fonctionner définie par les éléments suivants :
de matériaux peuvent être éla-
mécaniquement en épaisseur
» teneur en fines = 7 % borés à partir d'émulsion de
faible mais variable de 0 à 10 voire
1» passant à 2 mm = 40 % bitume légèrement fluxé ou flui-
15 centimètres.
» teneur en liant résiduel difié (1 à 3 % d'huile de houille ou
En outre, sur ces chaussées, la cou- 4,2 % 2 à 5 % de bitume fluidifié 0/1,
che de roulement est presque sys- » tenue à l'eau r/R 0,55 parfois plus).

TABLEAU I
Composition de matériaux traités à l'émulsion de bitume utilisés en reprofilage

Matériaux

Caractéristiques Grave-émulsion Grave-émulsion Grave-émulsion Enrobé dense Enrobé dense


Type 1 Type 1 Hors norme Hors norme Hors norme
de la norme de la norme

Épaisseur 5 - 10 cm 0 - 5 cm 0 - 4 cm
de mise en oeuvre

Granularité 0/14 0/14 - 0/10 0/6 0/10 0/6

Passant à 80 gm 6-7% 7-8% 6-8% 7% 7%

Passant à 2 mm 32 - 37 % 35 - 40 % 35 - 45 % 30 - 36 % 35 - 40 %

Teneur 4,2 - 4,4 % 4,7 - 4,9 % 4,9 - 5,1 % 5,6 % 6,2 %


en liant résiduel

Domaine d'emploi Reprofilage Reprofilage Préparation Réparation Réparation


Rechargement Déflachage du support localisée - Régie localisée - Régie
avant enduit subdivision subdivision

!deux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofila

120 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 223 - SEPTEMBRE à DÉCEMBRE 1999 - NT 4280 - PP. 116-122
NOTES TECHNIQUES

La mise en oeuvre s'effectue géné- En revanche, lorsque la tempéra- Même en très faibles épaisseurs,
ralement à la niveleuse, même si le ture en surface du support atteint ces graves-émulsion doivent être
finisseur peut être utilisé pour les ou dépasse 45 °C, il est souhai- énergiquement compactées. C'est
plus fortes épaisseurs, ou le répan- table de procéder à une humidifi- ainsi qu'il est recommandé d'ef-
dage manuel pour certains travaux cation par léger arrosage ; cette opé- fectuer vingt à vingt-cinq passes
de faible extension réalisés en ration aide au collage et améliore de compacteur à pneumatiques
régie. la cohésion du fond de couche. ayant une charge par roue égale à
Lorsque les travaux sont effectués 3 t avec une pression de gonflage
Ces graves-émulsion, caractéri-
sées par une teneur en liant relati- en bonne saison, et sauf cas parti- de 0,7 MPa. Le compactage
vement élevée, sont mises en culier de cisaillement important vibrant est inadapté et conduit à
oeuvre sans couche d'accrochage. par le trafic, ces défi achages ne néces- une fissuration ou à un glissement
Les contrôles effectués par carot- sitent pas de scellement de surface, du matériau préjudiciable à sa
tages révélant un parfait collage et la couche de roulement définitive tenue.
au support après le passage d'une n'est mise en oeuvre que plusieurs
saison chaude. mois (ou années parfois) plus tard. II II ■

tants. Elle correspond également à


la frontière du risque d'orniérage, Note
Les graves-bitume mais aussi à celle du niveau de
en reprofilage de chaussées déflexion élevé. Ainsi, une chaus-
sée qui serait soumise à un trafic
technique
Patrick VAN GREVENYNGHE élevé, serait très déformée et aurait
Service Matériaux bitumineux des déflexions fortes, ne rentre
Laboratoire régional des Ponts et Chaussées évidemment pas dans le champ
d'Aix-en-Provence d'application de cette technique.

Comme le montrent les campa-


gnes de mesure d'optimisation des
quantités de reprofilage récem-
ment lancées sur routes secondaires,
Pour les enrobés, les normes fran- supports très déformés ; gaspil- le reprofilage des chaussées rou-
çaises n'identifient qu'un maté- lage de ressources naturelles, car tières intéresse plutôt la restaura-
riau conçu pour les reprofilages de les granulats doivent avoir les tion du profil en travers, ce qui
chaussées, la grave-émulsion de caractéristiques requises pour les génère des épaisseurs fortes de
type 1 de la norme NF P 98-121. couches de roulement, ce qui matériau de reprofilage dans les
Or, pour des raisons diverses - exclut les calcaires, très abon- bandes de roulement.
culture locale, prix de revient, dants en France.
Pour les pistes d'aéroport, la plu-
proximité de centrales d'enrobage -
C'est la raison pour laquelle il part des travaux d'entretien com-
de nombreux maîtres d'oeuvre prennent des travaux de reprofi-
semble intéressant de développer
choisissent d'effectuer ces repro- lage qui intégrent à la fois la
des enrobés à chaud adaptés au
filages en enrobés à chaud. restauration de l'uni longitudinal
reprofilage des chaussées.
Bien souvent, lorsque la couche dans la partie centrale du profil
Le domaine d'emploi de cette
de roulement est prévue en enrobé en travers de la piste, et de l'uni
technique couvre à la fois le
à chaud, le reprofilage y est inté- transversal de toute la piste pour
domaine routier et le domaine
gré, par économie. Cette pratique, assurer l'évacuation de l'eau vers
aéroportuaire. Pour les routes, la
qui peut paraître attrayante, est les dispositifs de drainage latéraux.
technique est limitée aux chaus-
cependant source d'ennuis techni- Compte tenu des caractéristiques
sées à faible trafic (inférieur ou
ques et de gaspillage des res- géométriques spécifiques de ces
égal à T3).
sources : ennuis techniques, car au- ouvrages (faible pente longitudi-
cun matériau de couche de roule- Cette limite est grossièrement nale, grande largeur), ils doivent
ment n'est véritablement apte à celle qui sépare les chaussées sou- être reprofilés avec des tolé-
être mis en oeuvre en épaisseur très ples traditionnelles, sujettes à des rances d'exécution très serrées.
variable ; de plus, la mise en œuvre déformations importantes, des chaus- Les variations d'épaisseur peuvent
en une seule passe de finisseur ne sées correctement structurées sur être très importantes car l'uni lon-
fournit pas généralement l'amé- lesquelles les besoins de reprofi- gitudinal à restaurer intéresse prati-
lioration d'uni escomptée sur des lage sont beaucoup moins impor- quement toujours les grandes

chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 223 - SEPTEMBRE a DÉCEMBRE 1999 - NT 4280 - PP. 116-122
121
ondes (défauts de 11,3 à 45,2 m En fait, il s'agit d'une extension rarement à la main ; le répandage
de longueur d'onde). des graves-bitume de classe 3 de est évidemment précédé d'une
la norme NF P 98-138 à la gra- couche d'accrochage à l'émulsion
Enfin, que ce soit sur chaussées nularité 0/10, par analogie avec cationique de bitume pur ; le
routières ou aéroportuaires, ces ce qui existe pour les EME dans dosage retenu est très classique,
matériaux sont recouverts d'une la norme NF P 98-140. 300 à 400 g/m 2 de bitume résiduel.
couche de roulement qui peut être
un enduit superficiel, un enrobé Le contenu de l'étude de perfor- Le compactage s'effectue avec un
coulé à froid, ou un enrobé à chaud : mances en laboratoire est réduit rouleau tandem vibrant VTO ou
béton bitumineux ultra-mince, très puisque ce matériau n'a qu'un VT1 de faible encombrement (lar-
mince, mince, semi-grenu ou pouvoir de renforcement très geur inférieure ou égale à 1,6 m) ;
aéronautique, selon le cas. limité à cause de sa faible épais- le compactage au pneu n'est pas
seur et de sa souplesse. L'étude utilisé car les zones de mise en
La définition technologique du ne contient donc que les essais oeuvre sont souvent ponctuelles et
produit de reprofilage n'est que la l'usage d'un rouleau à pneus
PCG et Duriez à 18 °C ; pour des
conséquence des besoins définis poserait de nombreux problèmes
sollicitations et des mélanges fai-
ci-dessus ; ce matériau doit donc (collage, transfert, encombrement
sant craindre l'orniérage - ce qui
être à la fois : sur routes de faible largeur).
devrait rester rare - un essai d'or-
souple, pour admettre sur niérage peut être demandé. Depuis 1994, de très nombreux
chaussées de fortes déflexions
Deux départements utilisent cette chantiers ont été suivis au titre du
(sous faible trafic cependant),
technique de façon systématique contrôle extérieur ; l'épaisseur
:.-- à faible granularité, pour
sur leur réseau routier : la Lozère, mesurée par carottage varie de 2 à
une mise en oeuvre en épaisseur
depuis 1994, et les Alpes de 10 cm pour une mise en oeuvre au
la plus faible possible,
Haute-Provence, depuis 1998 ; le finisseur ; les pourcentages de
maniable, pour permettre un
SSBA Sud-Est l'a également vides, mesurés sur carottes,
compactage correct en faible
choisie pour les reprofilages sur la varient de 4 à 11 %, avec des
épaisseur.
piste de la base aérienne de moyennes par chantier proches de
La destination du produit (pistes Salon-de-Provence réalisés en été 6 %; les épaisseurs les plus faibles
aéronautiques ou chaussées à 1999. conduisent évidemment aux pour-
faible trafic) fait qu'une bonne centages de vides les plus élevés,
L'introduction de cette technique ce qui signifie que localement se
stabilité n'est pas indispensable,
dans les marchés est assez simple : trouve, par exemple, un matériau
ce qui facilite alors la tâche du
la qualité minimale des granulats, en 2 cm d'épaisseur et à 11 % de
formulateur.
le module de richesse minimal et vides. Malgré cela, et en dépit du
Le choix s'est naturellement les performances minimales à climat rude, le comportement des
porté vers une granularité 0/10 obtenir lors de l'épreuve de for- chantiers est globalement bon, sous
continue, analogue à celle d'un mulation sont celles prévues pour réserve qu'ils soient revêtus avant
BBSG 0/10 ; le liant d'enrobage les graves-bitume de classe 3 de la l'hiver qui suit leur réalisation.
est volontairement choisi assez norme NF P 98-138. Le contenu
mou : bitume pur de classe 50/70 de l'étude de performances a été
Ill
ou 70/100 ; le dosage en liant est vu ci-dessus.
tel que le module de richesse soit Dans les deux départements utili-
supérieur ou égal à 2,8. sateurs, chaque entreprise appli-
catrice a réalisé une épreuve de
formulation qui a conduit sans dif-
ficulté à l'obtention des perfor-
mances requises ; on note simple-
ment que l'usage d'une granula-
rité 0/10 conduit souvent à un
module de richesse nettement
supérieur au minimum requis
(2,8) pour obtenir une aptitude au
compactage suffisante à l'essai
PCG : les teneurs en liant retenues
sont plutôt proches de 5 %.
La fabrication ne pose aucune
sujétion. La mise en oeuvre est
Atelier de mise en oeuvre. Au premier plan, on peut effectuée le plus souvent au finis-
observer la variation importante de l'épaisseur répandue. seur, parfois à la niveleuse et plus ■

:riaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux de reprofilage des chaussées • Les matériaux

122 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 223 - SEPTEMBRE à DÉCEMBRE 1999 - NT 4280 - PP. 116-122

Vous aimerez peut-être aussi