SOLS FINS TRAITÉS EN ASSISES DE CHAUSSÉES
1. Etude en laboratoire du traitement
à la chaux et au ciment des sols fins
Guy MOREL
Directeur du Centre d'expérimentations routières
de Rouen
RÉSUMÉ
L'article présente une synthèse des différentes
études conduites par les laboratoires des Ponts
et Chaussées dans le but d'utiliser les sols fins,
argileux (et notamment les limons), après
traitement à la chaux vive et au ciment pour
réaliser des assises de chaussée.
Les influences du prétraitement à la chaux vive,
du dosage et de la nature du ciment, du délai
de compactage, des caractéristiques du compac-
tage (densité et teneur en eau), des conditions
de conservation sont abordées successivement
avant de proposer succinctement une méthodo-
logie d'étude en laboratoire nécessaire pour
fixer les dosages en chaux et ciment pour
chaque cas particulier de chantier.
MOTS CLÉS : 33 - Laboratoire - Traitement des
assises - Argile - Limon - Sol - Fin (mater.) -
Mélange • Chaux vive - Ciment - Prétraitement -
Compactage • Conservation - Gel • Résistance
(mater.) - Compression - Traction - Module
de déformation - Essai - Méthodologie.
B u l l , l i a i s o n L a b o P. et C h . 133 sept. O c t . 1 9 8 4 R é f . 2 9 3 9
Les traitements à la chaux pour améliorer les sols fins
humides, puis à la chaux et au ciment (voire au ciment seul)
pour réaliser des couches de forme ou des pistes de chantier
de bonnes caractéristiques de portance et résistantes aux
intempéries se sont beaucoup développés ces quinze
dernières années, notamment en France.
L'extension du domaine d'emploi de ces sols traités à la
chaux et au ciment aux assises de chaussées (couches de
fondation ou couches de base de chaussées à faible trafic) —
intéressante au plan économique — a nécessité un effort de
recherche pour améliorer nos connaissances sur les
propriétés mécaniques de ces matériaux. L a plupart des
Laboratoires des Ponts et Chaussées ont participé à cette
recherche qui a pu ainsi porter sur les sols fins —
essentiellement des limons — les plus couramment
rencontrés sur le territoire métropolitain.
Après avoir présenté les principaux résultats obtenus, une
méthodologie d'étude en laboratoire est proposée de façon à
permettre la réalisation, dans de bonnes conditions, de
nouveaux chantiers e x p é r i m e n t a u x et à favoriser
l'acquisition « d'expériences locales » nécessaire au
développement de la technique.
Les premières études ont d'abord été conduites sur
éprouvettes cylindriques de 5 cm de diamètre, 10 cm de
hauteur, puis sur éprouvettes de 10 cm de diamètre, 20 cm
de hauteur, afin de déterminer avec plus de précision la
résistance à la traction et le module de déformation qui sont
les caractéristiques utilisées pour le dimensionnement des
chaussées en l'absence d'essais de fatigue.
63
PRÉPARATION D E S ÉPROUVETTES
Sauf indications particulières dans la suite du texte, les
mélanges sont préparés en laboratoire de la façon
suivante :
— assèchement lent du sol pour l'amener à une
teneur en eau inférieure de 2 à 3 % à la teneur en eau
optimale Proctor modifié;
— émiettage et passage au tamis de 5 mm avec mise
au rebut des gros éléments;
— humidification pour amener le sol à la teneur en
eau désirée et conservation en sac étanche durant
48 heures au moins;
— premier traitement à la chaux seule et conservation
durant 1 h 30 min;
— deuxième malaxage après introduction du ciment
et ajustement de la teneur en eau si nécessaire.
L a confection de l'éprouvette est réalisée à la presse,
immédiatement après ce second malaxage.
Ces éprouvettes sont ensuite conservées en cure en
étuis étanches à 20 °C.
LES MATÉRIAUX
Les sols utilisés sont essentiellement des limons de
classes A , et A de la Recommandation pour les
2
terrassements routiers [5], mais les études ont
également porté sur des arènes granitiques de classe
B et des limons très plastiques et argiles de classe A .
5 3
Ces sols peuvent être caractérisés par les résultats
suivants :
— indice de plasticité de 5 à 30;
— des minéraux micacés, la montmorillonite, la
kaolinite, sont présents en proportion variable dans
64
les sols étudiés; certains contiennent du feldspath, du
quartz et de la chlorite;
— les caractéristiques Proctor modifié, après
traitement par 1,5 % de chaux vive et 6 % de ciment,
sont y d de 1,80 à 1,95 et w
0 P M comprise entre 10 et
O P M
18 % .
Seules les chaux vives calciques ont été utilisées pour
le traitement. L a chaux la plus couramment employée
contient 75 % de chaux libre, 80 % de passant à
80 um et donne une élévation de température de 70 °C
à 12 min au test de réactivité [1] (température obtenue
lors de la réaction exothermique de 150 g de chaux et
600 g d'eau à 20 °C).
Les ciments sont de classe 45 (le plus couramment
utilisé a été le C P A L 325 de l'ancienne norme).
INFLUENCE D U PRÉTRAITEMENT
A L A C H A U X VIVE
L'incorporation de chaux vive aux sols fins, opération
qui se fait préalablement au traitement au ciment, a
essentiellement pour objet (aux teneurs en eau
généralement rencontrées sur chantier en France) de
changer les propriétés rhéologiques du sol pour :
— en faciliter la manutention,
— améliorer les conditions de traficabilité des engins
de chantier (ce point est particulièrement important
pour la circulation des èpandeurs de ciment),
— favoriser le malaxage avec le ciment et atteindre
une finesse de mouture satisfaisante pour assurer
l'homogénéité du mélange limon — chaux — ciment.
Ces effets sont généralement produits par des dosages
en chaux relativement faibles (de l'ordre de 1 %).
De plus, pour des conditions de dosage en ciment Par ailleurs, un délai relativement long — jusqu'à un
moyen et de teneur en eau et densité sèche voisines des an, par exemple — peut présenter un intérêt pratique
caractéristiques Proctor, cette quantité minimale de en permettant la constitution d'un stock de limon —
chaux a toujours un effet bénéfique sur les résistances chaux (à protéger vis-à-vis de l'eau) qui sera traité
mécaniques [2] (fig. 1). ultérieurement au ciment.

Pour des chaux vives insuffisamment réactives

(granularité grossière avec des grains surcuits), il y a
INFLUENCE D U D O S A G E E N CIMENT
lieu de disposer d'un temps suffisamment long entre le
ET D E LA NATURE D U CIMENT
traitement préalable à la chaux et l'incorporation du
ciment. Dans le cas contraire, des gonflements
peuvent intervenir alors que se développe la prise du
Les résistances mécaniques croissent avec le dosage en
ciment et en conséquence réduire les résistances du
ciment, mais l'influence de ce dernier n'est pas
mélange (fig. 2).
indépendante de la nature du sol, du dosage en chaux,
ni de la valeur absolue du dosage en ciment.
Avec des chaux répondant aux spécifications données
par la Recommandation pour les traitements en place Les accroissements suivants de résistances à la
des sols fins à la chaux [1], ces inconvénients compression simple, consécutifs à l'augmentation de
n'apparaissent pas et le délai d'attente entre 1 % du dosage en ciment (pour des dosages en chaux
l'incorporation de la chaux vive et celle du ciment est compris entre 0 et 3 % et des dosages en ciment
sans effet sur les résistances à long terme. compris entre 3 et 9 %) ont pu être constatés :

R é s i s t a n c e à ta c o m p r e s s i o n
- d e 11 à 1 7 % pour un limon I 7 p
R é s i s t a n c e à la c o m p r e s s i o n I MPa
I MPa ) - de 8 à 20 % pour un limon I 13 p

- de 7 à 25 % pour un limon I 26 p

selon l'âge considéré et le dosage en chaux.

© Remarquons que ces augmentations sont souvent
inférieures à celles procurées par le premier
pourcentage de chaux vive.

L a forme des courbes d'évolution des caractéristiques

mécaniques en fonction du temps dépend peu du
dosage en ciment (fig. 3).

La prise en compte (fig. 4) de la variation de l'IQE *

pour les différents couples dosage en ciment — âge
montre que, en terme de dimensionnement des
couches de chaussées en limon — chaux — ciment, le
dosage en ciment est très important aux jeunes âges
(variation de ÎTQE dans le rapport de 2 à 1 lorsque le
2h 24h 8j 2 4 12 24 48

Délai d ' i n c o r p o r a t i o n d u ciment Délai d ' i n c o r p o r a t i o n d u ciment ( h )

* IQE : (indice de qualité élastique) voir l'article suivant
2a) — Chaux grenue peu réactive. 2b) — Chaux vive réactive.
« Comportement en fatigue des sols fins traités à la chaux et au
Fig. 2. — Influence du délai d'incorporation du ciment pour deux cas de ciment » par N. Dac Chi et J. Mulders.
vive.

Résistance à la déformation ( MPa )

Dosage en
ciment :
12%

9%
u..

12 . .

6% 10 5000

8..
3%
6-.

4 ..

2 .-

28 60 90 180 360 (jours! 60 90 360 720 (jours) 28 60 90 180 360 720 (jours)

3.1. — Résistance à la traction estimée à 3.2. — Résistance à la compression simple 3.3. — Module tangent en fonction de l'âge.
l'essai de compression diamétrale (brésilien) en fonction du temps.
en fonction de l'âge.
Fig. 3. — Caractéristiques mécaniques en fonction de l'âge pour différents dosages en ciment.

65
dosage en ciment croît de 3 à 9 % après 28 jours de
conservation, alors qu'il ne varie que de 25 % à
360 jours pour la même amplitude de variation du
dosage en ciment).
Ces observations peuvent être également formulées en
disant que l'IQE varie beaucoup avec l'âge pour les
faibles dosages en ciment et relativement peu pour les
forts dosages en ciment. L a technique sols fins —
chaux peut donc être économe en ciment pour des
chaussées à faible trafic initial (fig. 4).
A classe donnée, la nature du ciment influe peu sur les
résistances mécaniques et il a été montré que quatre
ciments ( C P A L , C P A C , C H F et C P M F n° 2 ancienne
norme) conduisaient aux mêmes résultats.
Il est possible d'en déduire que les ciments C P J 45
conviennent pour cette technique; cependant, il est
recommandé de réaliser l'étude en laboratoire avec la
même nature de ciment que celle qui sera utilisée sur
chantier.
Limon l 5 prétraite par 1,5 % de chaux
p
6 9
Dosage en ciment (%)
Fig. 4. — IQE en fonction du dosage en ciment
après divers âges de durcissement.
INFLUENCE D U DELAI D E C O M P A C T A G E
Les essais effectués sur deux limons (Aj) traités avec
2 % de chaux vive et 6 % de C P J 45 ont montré que
les résistances mécaniques sont peu affectées par le
délai de compactage (temps entre l'incorporation du
ciment et le compactage) lorsque celui-ci reste
inférieur à 24 heures.
Densité sèche Fig. 5. — Courbes Proctor modifié
; k
pour différents délais de compactage.
1,90..
1.80 - -
1,70
12 13 U 15 16 17 18
Teneur en eau l%)
66
Cependant, pour une énergie de compactage donnée,
la densité sèche décroît avec le délai de compactage
lorsque celui-ci croît au-delà de 3 heures (fig. 5).
INFLUENCE D E L A DENSITE S E C H E
ET D E L A TENEUR E N E A U D E C O M P A C T A G E
Compte tenu, d'une part des variations importantes
de teneur en eau qui peuvent être rencontrées sur
chantier, et d'autre part des difficultés pour atteindre
la densité sèche maximale Proctor modifié, cette partie
d'étude est particulièrement utile au plan pratique.
Toutes choses égales par ailleurs, et pour des
variations de densité sèche comprises entre 85 %
yd et 100 % y d , la résistance mécanique d'un
0 P M 0 P M
limon — chaux — ciment croît proportionnellement
au taux de compactage défini ici, comme le rapport
entre la densité sèche de moulage à la densité sèche
correspondante — pour la teneur en eau considérée —
lue sur la « courbe Proctor modifié » (fig. 6).
Résistance à la compression (MPa)
10 Limon l 13
p
traité à 1 % de chaux
+ 7 % de ciment
Taux de compactage (%)
J L _ ^
90 95 100
7 d moulage / T d courbe proctor modifié
Fig. 6. — Résistance à la compression simple à 180 jours en fonction
du taux de compactage pour différentes teneurs en eau.
Ces résultats sont conformes à ceux trouvés par
A . Verhasselt [3].
Les caractéristiques mécaniques sont également
fortement influencées par la teneur en eau de
compactage (fig. 7).
Une expérimentation récente, prenant en compte
l'influence de la teneur en eau sur la résistance à la
traction directe R, sur la résistance à la compression
simple R , et sur le module de déformation élastique
c
E , a montré que le paramètre « teneur en eau » a une
0
influence relative nettement supérieure lorsque l'on
considère la résistance à la traction directe, que
lorsque l'on considère R ou E (tableau I). c 0
Les relations entre R et R, ou R et E ne sont donc
c t 0
pas indépendantes de la teneur en eau de moulage.
 Par rapport à une conservation en cure (étui étanche
TABLEAU I 20 °C), l'immersion dans l'eau à 20 °C d'un limon
Influence de la teneur en eau sur les c a r a c t é r i s t i q u e s traité à la chaux et au ciment diminue fortement les
m é c a n i q u e s (éprouvettes conservées en cure) résistances mécaniques (de l'ordre de 40 %), y
limon I : 14 — chaux : 1,5% — ciment : 6 %
p
compris pour une immersion de faible durée (1 jour),
quel que soit le niveau de résistance avant immersion
Age et quel que soit l'âge ou le dosage en ciment (fig. 9).
14 j 28 j 60 j 90 j 360 j
Caractéristiques^
considérées

RC(WOPM)
1,22 1,26 1,06 Résistance à la compression (MPa)
R C ( W P M + 2)
0
1,23

RI(WQPM)
5..
R t ( W Q P M + 2) 2,53 2,50 2,60 2,62 1,60

EQ(WQPM)

E Q ( W O P M + 2) 0,39 1,13 1,77 1,38 1,24

Des observations de cet ordre ont également été faites

pour l'influence de la densité sèche. Il en résulte
qu'une étude en laboratoire ne peut pas s'effectuer par
le seul contrôle de la résistance à la compression
simple.

Traduit en terme d'IQE, l'expérience précédente 1 . . -—™• Conservation 20 °C cure (c)

montre que l'influence de la teneur en eau est • —— en immersion (il à 20 "C
14 j en le) • 7 j en (i) • 159 j en (c)
nettement plus importante aux jeunes âges, qu'après 90 j en (c) • 7 j en (i) • 83 j en (cl
un an de durcissement (fig. 8).
_l_
L T Q E qui varie relativement peu avec l'âge lorsque le
28 60 90 180 (jours)
mélange sol — chaux — ciment est compacté à 1 = U (cl r = 90 (c)
yd = y d et w = w
0 P M (IQE = 25 cm pour limon
O P M 2 = 14 (c) + 1 (i) 2' = 90 (c) • 1 (i)
I : 7; chaux : 1,5 % ; ciment : 7,5 %) diminue de plus 3 = 14 (cl • 7 (il 3' = 9 0 (cl • 7 (i)
de 30 % entre 28 et 360 jours lorsque le mélange est 4 = 14 (cl • 7 (i) . 159 (c) i ' 9 0 ( | . 7 (i) * 83 (c)
= c

compacté à l'énergie Proctor modifié à une teneur en Fig. 9. — Influence de l'immersion dans l'eau sur les résistances
mécaniques d ' u n limon traité à la chaux et au ciment.
eau : w .+ 2.
n

67
La mise en immersion après 14, 28 ou 90 jours de Ces essais conduisent, dans le cas des sols fins traités à
conservation en cure en étuis étanches ramène les la chaux et au ciment, à des résultats difficiles à
résistances à la rupture à des valeurs très proches de interpréter à cause de la perte de cohésion due à
celles obtenues lors d'une conservation dans l'eau avec l'immersion.
immersion immédiate.
Des essais de comportement au gel s'intéressant au
Par ailleurs, on a pu observer que l'influence de gonflement consécutif à la formation de lentilles de
l'immersion est encore plus néfaste pour la résistance glace sont mieux adaptés à ce type de traitement,
à la traction que pour la résistance à la compression. notamment pour prévoir le niveau de résistance qu'il
convient d'atteindre avant gel [4].
Dans ces conditions, et compte tenu des risques
d'augmentation de teneur en eau in situ après Cependant, des essais de gélifraction ont été entrepris
traitement au ciment, il est prudent de caractériser une avec trois modalités différentes pour les cycles de gel
formule de traitement par l'évolution des caractéristi- et après deux âges (14 et 46 jours) pour écrasement
ques mécaniques dans les deux cas de conservation : respectivement à 28 et 60 jours; les modalités de gel
d'une part en cure, d'autre part en immersion. étant :
13 cycles de 16 h à 5 °C et 8 h à + 20 °C
La résistance au gel des sols traités par un liant 3 cycles de 3 j à
c . 15 °C et 1 j à + 5 ° C
hydraulique est couramment caractérisée par le
3 cycles de 3 j à 5 °C et 1 j à + 20 °C
rapport pg entre la résistance mécanique obtenue
après conservation en cure, et un certain nombre Les résultats des résistances en compression simple,
de cycles de gel-dégel à la résistance mécanique comparés à ceux obtenus sur les éprouvettes
d'éprouvettes conservées pendant la même durée en conservées en cure ou en immersion permanente,
cure, puis un temps d'immersion dans l'eau à 20 °C montrent qu'effectivement, le gel peut être préjudicia-
égal à celui des cycles de gel-dégel. ble aux jeunes âges ou lors-
que le niveau de résistance
Résistance à la
Résistance à la compression (MPa) est faible; l'immersion per-
compression iMPa) manente conduit à des ré-
5 6
sistances mécaniques infé-
rieures ou du même ordre
de grandeur que celles ob-
servées sur éprouvettes ge-
lées après un temps de
5
conservation en cure de
46 jours (fig. 10).

3 ..

Ciment 1%) Ciment [%)

Résistance à la Résistance à la
compression (MPa) compression |MPa)
6

4 .. 5

\(t\m et

4 Limon l 26
3.. p

• 2 % de chaux
Limon l 26
p
60 jours
«2% de chaux
28 jours
Fig. 10. — Influence des cycles de
gel sur la résistance à la compression
simple pour différents dosages en
8 8 ciment a différents âges et pour deux
Ciment (%) Ciment 1%) limons.

68
PROPOSITION D ' U N E MÉTHODOLOGIE
D'ÉTUDE E N L A B O R A T O I R E
La diversité des sols susceptibles d'être traités à la
chaux et au ciment, tant pour ce qui concerne leur
nature que pour ce qui concerne leur teneur en eau
naturelle, ne permet pas de proposer des formulations
générales sans étude particulière en laboratoire pour
chaque cas.
D'une façon générale, les sols qui peuvent faire l'objet
de ce type de traitement sont principalement les sols
de classes: A , , A , A , B et B définis par la
2 3 5 6
Recommandation pour les terrassements routiers [5].
Étude du prétraitement à la chaux
Comme dans le cas du traitement des sols fins à la
chaux seule [1], le dosage en chaux peut être déterminé
en considérant la courbe de variation de l'indice C B R
avec le dosage en chaux pour la teneur en eau
maximale prévisible sur le chantier.
La valeur de C B R à atteindre peut être fixée à 8 (Cette
étude demande le compactage à l'énergie Protor normal
d'une douzaine d'éprouvettes environ).
Dans le cas où la teneur en eau naturelle est faible, le
dosage minimal en chaux de 1 % sera retenu.

L'étude en laboratoire doit comporter les quatre Étude du traitement au ciment

phases suivantes :
— identification des sols destinés au traitement, Les caractéristiques mécaniques R , R, et E seraient à
c

— étude de traitement préalable à la chaux, déterminer sur éprouvettes de 10 cm de diamètre et

— étude du traitement au ciment, 20 cm de hauteur (avec les moyens disponibles
— résistance à l'eau et au gel. actuellement dans les Laboratoires des Ponts et
Chaussées) pour les modalités données dans le
Il ne s'agit pas de donner ici le mode opératoire tableau II.
détaillé d'une étude en laboratoire, mais des
indications générales pour situer l'effort d'étude
préalable au chantier qu'il convient d'effectuer. Comportement à l'eau et au gel
Dans le cas de chantier où il existe un risque vis-à-vis
L'identification des sols comporte au moins la des conditions de durcissement, il faut déterminer sur
réalisation des essais suivants : la formule moyenne (repère 1 du tableau II) :
— les caractéristiques mécaniques E, R„ R pour une
c

Granulante — Limites d'Atterberg — Essai au conservation des éprouvettes en immersion,

bleu — Matières organiques — Proctor normal — les essais de gonflements au gel aux jeunes âges,
— C B R immédiat — Teneurs en eau naturelles — les caractéristiques mécaniques après cycles gel-
susceptibles d'être rencontrées sur chantier. dégel pour caractériser la gélifraction.

TABLEAU II

Dosage Dosage
Repère en chaux Age
en ciment w y d Observations
(jours)
(%) (%)

1 1,5 7 7 - 28 - 60 •
ydopN influence de l'âge
WOPN
90 - 180 - 360
0
2 7 influence du dosage en
3 WOPN Y d o P N 28 - 90 - 360
chaux (a)
0 4
influence du dosage en
0 10
ciment et influence du
3 1,5 4 28 - 90 - 360 dosage en chaux
WOPN ydoPN
1,5 10
3 4

1,5 7 W
O P N - 2
% 95 % y d o P N

95 % ydoPN
1,5 7 w maxi.
100% d p (i>) influence de w
4 T O N
28 - 90 - 360
et yd (a)
1,5 7 WOPN 95 % ydoPN

3 7 w maxi. y d o P N

(a) En considérant également les résultats intéressant cette partie d'étude obtenus en 1.
(b) Si possible.
O P N et Y d n p u sont les valeurs déterminées pour le mélange sol fin + 1,5 % de chaux + 7 % de ciment.
W

Soit 334 éprouvettes.

69
CONCLUSIONS
• Le traitement à la chaux (vive) des sols fins
plastiques est nécessaire pour faciliter leur traitement
ultérieur au ciment.
U n dosage minimal de 1 % est d'ailleurs tout à fait
justifié au plan des résistances mécaniques.
• Les qualités de chaux prévues pour les traitements
à la chaux seule (technique terrassement [1])
conviennent parfaitement pour le traitement chaux -
ciment.
• Les différents ciments C P J 45 peuvent indifférem-
ment être utilisés. Les caractéristiques mécaniques
croissent avec le dosage en ciment qui a peu
d'influence sur la forme des courbes résistance - temps
de durcissement. Ces dernières peuvent assez souvent
être assimilées à des droites dans le plan lgt,
résistance (jusqu'à 180 ou 360 jours).
• L'influence du dosage en ciment sur 1TQE est très
importante aux jeunes âges; relativement peu
importante après un an de durcissement en cure.
• Le délai de compactage entre le malaxage avec le
ciment et la fin du compactage n'est pas limité par des
considérations de caractéristiques mécaniques (lors-
que le délai ne dépasse pas 24 h), mais par l'aptitude
au compactage du mélange qui décroît lorsque le délai
de compactage augmente.
• Les corrélations susceptibles d'être établies entre
les diverses caractéristiques E , R , R „ semblent
c
actuellement insuffisantes pour simplifier les études en
laboratoire jusqu'à la détermination d'une seule de
ces grandeurs.
• La teneur en eau de compactage et la densité sèche
ont une influence marquée sur les caractéristiques
70
mécaniques des limons — chaux — ciment (notam-
ment aux jeunes âges); i l est donc nécessaire
d'effectuer les études en laboratoire dans des
conditions réalistes de teneur en eau et densité sèche.
• Les caractéristiques mécaniques des limons —
chaux — ciment sont très variables (nature des sols,
formulation, conditions de mise en œuvre...) et il
convient d'effectuer une étude pour chaque cas
particulier de chantier. Pour situer les cas les plus
fréquents et donner des ordres de grandeur pour les
limons, i l est possible d'indiquer les principales
valeurs suivantes :
— formulation :
• prétraitement à la chaux : 1,5 %
• dosage en ciment : 7 %
après un an de durcissement en cure, les ordres de
grandeur de caractéristiques mécaniques seraient :
— résistance à la compression simple : 10 M P a
— résistance à la traction : 0,7 M P a
— I Q E : 27 cm.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] SETRA - LCPC. Recommandation pour le traitement en
place des sols fins à la chaux, août 1972.
[2] LCPC, Journées de Nantes, Emploi des sols fins
plastiques traités aux liants hydrauliques en assises de
chaussées, mai 1979.
[3] VERHASSELT, Stabilisation au ciment après prégranulation
à la chaux, Rapp. Rech., Centre de recherche routière
belge, 1978.
[4] BOLTONNET M . , Influence du traitement des limons sur
leur comportement au gel, Bull. Liaison Labo. P. et Ch.,
133, sept.-oct. 1984.
[5] SETRA - LCPC, Recommandation pour les terrassements
routiers, janv. 1976 et oct. 1981.