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Notes personnelles et inédites, Patrick Musantu 2016.

COURS D’ETHIQUE ET SOCIETE

Master 1 / DROIT / Université Catholique du Congo /


RDC
Notes personnelles inédites
(Patrick MUSANTUABOTO, sj).

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Notes personnelles et inédites, Patrick Musantu 2016.

PLAN DU COURS

CHAP. 1. L’HOMME COMME SUJET DE DROIT : APPROCHE JURIDIQUE DE


QUELQUES PROBLEMES SOCIAUX

SECTION 1. LES DROITS REPRODUCTIFS (HOMOSEXUALITE,


AVORTEMENT, PLANING FAMILIAL, etc.).

SECTION 2. LA THEORIE DE L’INFANS CONCEPTUS (PMA, FIVETTE,


CLONAGE, etc.)

CHAP. 2. LES VERTUS DU JUGE

SECTION 1. L’INDEPENDANCE

SECTION 2. L’IMPARTIALITE

SECTION 3. L’INTEGRITE

CHAP. 3. LES PARADIGMES DE L’INHUMAIN

SECTION 1. LES CRIMES CONTRE L’HUMANITE

SECTION 2. TERRORISME/ARMES CHIMIQUES/ARMES ATOMIQUES, etc.

SECTION 3. REFLEXION SUR LA PLACE DU DROIT ET DE LA POLITIQUE


DANS L’EMERGENCE D’UNE COMMUNAUTE DE VALEURS

CHAP. 4. LE PROBLEME DU MAL (LE MAL MORAL, LES DELITS ET PEINES)

CHAP. 5. LE CONTROLE DE POPULATION : ETHIQUE ET DROIT

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Notes personnelles et inédites, Patrick Musantu 2016.

CHAP. 1. L’HOMME COMME SUJET DE DROIT

SECTION 1. LES DROITS REPRODUCTIFS

Bibliographie :

 Ruffin MIKA, jeu et enjeux de la santé sexuelle et reproductive, Revue africaine de


théologie, n°59-60, pp. 59-79
 Ruffin MIKA, enjeux éthiques de la régulation de naissances en afrique. Sexualité,
fécondité, développement, 2è Edition, Kinshasa, Confidence, 2013.

§1. DEFINITION DES CONCEPTS

a) La santé de la reproduction1

Pour appréhender cette notion de « santé de la reproduction », il faut revenir sur 3


éléments mis en exergue par l’Organisation des Nations unies.

 « Mener une vie sexuelle libre, satisfaisante et en toute sécurité ».


 Une vie sexuelle libre : on est libre de faire l’amour avec qui on veut, quant on veut
et où on veut2.
 Une vie sexuelle satisfaisante : c’est une vie sexuelle épanouissante qui s’étend sur 3
dimensions : relationnelle (affection, amour fidèle, durable, exclusif, etc.), érotique
(le plaisir n’est pas un droit mais un don fait à l’autre par amour), et procréatrice
(on ne se marie pas uniquement pour avoir des enfants mais ceux-ci sont le
symbole le plus élevé de l’amour).
 Une vie sexuelle en toute sécurité : mener une sexualité sans risque (lutte contre les
maladies sexuellement transmissibles, contre les violences, contre l’excision,
contre les grossesses indésirées, etc.).

 « La santé sexuelle nous permet de procréer librement ». Ceci veut dire qu’on a
droit à être informé sur l’espacement des naissances, le droit à ne pas avoir des
enfants, etc.
 « Mener à bien une grossesse et donner un enfant en bonne santé ». Selon les
Nations unies, aucune femme ne peut laisser une grossesse qui puisse mettre sa vie
en danger (d’où le droit à l’avortement3).

1
Loi sur la santé de la reproduction (déjà en discussion au parlement ; elle abrogera celle de 1920).
2
Cet esprit libertin a son origine à l’esprit dit du « soixante-huitage » faisant allusion aux années 1968 où les
Etudiants de la Sorbonne militèrent pour le libertinage sur tous les plans : « Jouissez sans entrave » était
leur slogan.
3
En droit congolais, l’avortement est pénalement punissable. Mais il existe 3 cas pour lesquels le Code de
la famille autorise l’avortement : en cas d’une grossesse par inceste, en cas de grossesse par viol, en cas
d’une grossesse qui mette en danger la santé de la mère ou de l’enfant.

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b) Contenu de la santé sexuelle et reproductive


1. Les services
Les services sont de différentes méthodes de reproduction hormonales et non-
hormonales.
 Les méthodes hormonales : on peut citer les pilules, les vaccins anti-grossesse4, les
pilules du lendemain (des relations sexuelles), les injectables, les implants, les
badges, les R.U 486, etc.
 Et parmi les méthodes non-hormonales, on cite le stérilet, etc.

Ce qu’il faut savoir, c’est que tous ces services répondent à des enjeux majeurs des
Nations unies : enjeux géostratégiques (les Européens veulent réduire le taux de
natalité en Afrique 1/7), enjeux politiques de taille, etc. Et ceci se confirme lorsqu’on
étudie minutieusement les textes des nations unies. Souvent elles utilisent 4 figures de
style pour semer confusion :

 La figure du bon grain et de l’ivraie : c'est-à-dire que dans l’élaboration des lois, ils
mélangent du tout, les bonnes dispositions de celles mauvaises ; sachant que ce
sont les mauvaises lois qui vont l’emporter sur les bonnes.
 De l’ambivalence sémantique : leurs textes sèment la confusion sur les termes. C’est à
chacun d’en donner un sens.
 Du leurre (le camouflage) : donner des objectifs moins importants à certains droits
qui, en réalité, n’existent pas.
 Le cynisme : on sait qu’il y a des problèmes mais on ne les résous pas et on parle
d’autres choses en même temps.

En Bref : tous les services vus ci-haut ont des conséquences néfastes sur la santé
des femmes dans la mesure où ils suppriment le droit à la vie à l’enfant et dégradent
en même temps la santé de la mère (matrice cicacitricielle, cancer, perforation de
l’utérus, etc.).

2. Les 12 droits sexuels et reproductifs

 Le droit à la vie de la mère (droit à une maternité sans risque) ;


 Le droit à la liberté de jouir de sa vie comme on veut ;
 Le droit à l’égalité et à la liberté de toute discrimination basée sur l’âge, le sexe et
l’orientation sexuelle (que veut dire orientation sexuelle ? n’est-ce pas là une sorte
de tolérance vis-à-vis de l’homosexualité ?) ;
 Le droit au respect de la vie privée ;
 Le droit à la liberté de pensée ;
 Le droit à l’information et à l’éducation libre de tout stéréotype et sexisme (droit à
l’éducation sexuelle pour jeunes ou droit à la jouissance sexuelle) ;
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Et pourtant les vaccins ne tuent pas ; ils ont plutôt pour vocation de protéger la vie. Et la grossesse n’est
pas une maladie pour qu’on ait des vaccins anti-grossesses.

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 Le droit de choisir ou non de se marier et de fonder famille (non au mariage


forcé) ;
 Le droit de décider d’avoir des enfants ou non (espacement de naissance ; droit à
l’homoparentalité).

c) ANALYSE DU DROIT A L’ORIENTATION SEXUELLE

Bibliographie :

 Laurent LEMOINE, Homosexualité et morale chrétienne aujourd’hui. Qui suis-je pour


juger ? (Mt. 7, 1), études, octobre, 2014, n°4209, pp. 63-73

NB. L’homosexualité est liée au problème d’identité qui renvoie au complexe


d’Oedipe de Sigmund FREUD qui explique le niveau inconscient du développement
psychique et affectif de l’être humain de cette manière :

 De 2 à 3 ans : la petite fille a tendance à s’attacher à son père. Mais elle


constatera que sa mère s’y oppose et que son père appartient plutôt à sa mère ;
d’où elle entre en conflit avec sa mère. Et après elle finit par se rendre compte
que son père confirme l’interdit et se donnant totalement à sa mère ; et du
coup, la petite fille cherchera au dehors quelqu’un (un autre homme) qui peut
jouer le rôle qu’a refusé son père de jouer.
 Mais on peut aussi avoir une autre tendance : à ce même stade, une fille très
attachée à sa mère (elle se rend compte qu’il y a pas d’interdiction et que la
société tolère plus cette relation). Ce type de relation doit être modéré et guidé
sinon la petite fille risque de virer vers un rattage structurel parce qu’elle aura
du mal à développer sa sexualité avec les hommes.
 Le garçon, lui, peut être très lié à sa mère ; et le père s’y oppose en
s’interposant. D’où la crise. Le garçon va « tuer » son père en cherchant à
épouser ou aimer une autre femme qui ressemble à sa mère. D’où l’adage
populaire « les hommes épousent quelque part leurs mères ».

d) L’orientation sexuelle vue par le droit

Il faut noter 3 courants :


 Le courant de l’idéologie de la sexualité ludique : on note une certaine tolérance
sociale ; la sexualité n’est vécue que comme un jeu, un spectacle, un plaisir, une
récréation, etc.
 L’idéologie néo-hédoniste et individualiste : elle professe une certaine promotion
du plaisir pour la plaisir.
 L’idéologie de la société pluraliste : qui tolère une certaine liberté qui frise le
libertinage (« jouissez sans entrave »).

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3. L’HOMOSEXUALITE

Il faut signaler qu’il y a deux types de tendance homosexuelle :

 L’homosexualité structurelle : celle liée à l’identité de la personne et qui est


difficile à soigner.
 L’homosexualité périphérique : celle qui est occasionnelle et curable.

a) L’homosexualité vue par l’Eglise catholique

L’Eglise catholique s’appuie sur 3 référentiels lorsqu’elle veut donner un point de vue
ou apprécier un problème de société : la Bible, la tradition chrétienne et l’enseignement
magistériel (qu’est-ce qu’ont dit les papes, les évêques, les théologiens, etc.)
 L’homosexualité dans la Bible
Elle est une abomination. Cfr. Gn 19, 1-29 ; Lévitique 17, 26 ; Rm. 1, 26 ; 1 Tim. 1,
8 ; 1 Cor. 6, 9
 L’homosexualité selon la tradition chrétienne (c’est la même idée qui transparait
ici. Il suffit de lire les lettres de st Paul aux communautés chrétiennes pour se
rendre compte de l’aspect immoral de l’homosexualité).
 L’homosexualité selon le magistère papal, épiscopal et théologique
L’homosexualité apparait ici comme une perversion, une déviation, une orientation
désordonnée et tournée de mauvais coté. C’est un désordre sur l’ordre de la création,
une sorte de fusion qui sème confusion. Elle s’oppose à l’ordre de l’amour qui est une
différenciation sur l’IPSEITE et l’ALTERITE c'est-à-dire aimer l’autre qui est
différent de moi pour que nous vivions dans la complémentarité harmonieuse et
épanouissante. Alors que l’homosexualité, quant à elle, est basée sur LA MEMETE
c'est-à-dire n’aimer que moi-même.

En effet, au sujet de ce que pensent les théologiens, les avis sont partagés :
a) Pour l’Américain MC NEIL, l’homosexualité peut être moralement bonne dans
la mesure où il peut y avoir fidélité, amour réciproque, etc.

b) Pour le Père LACHAPELLE (jésuite), l’homosexualité est une grave perversion à


ne pas tolérer parce qu’elle regorge 4 inversions :
 L’inversion biologique : le corps humain doit être procréatif ; et pour cela, la
nature a besoin qu’il y ait attirance entre l’homme et la femme.
 L’inversion psychologique (l’homosexuel se retrouve dans un narcissisme béat),
 L’inversion morale
 Et l’inversion spirituelle (refus de la dépendance).

c) Pour Eric FUCKS, l’homosexualité est également une perversion et une


indifférenciation.

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NB. Du point de vue éthique, on ne peut pas tolérer l’homosexualité, car elle ne
permet pas d’avoir des enfants et elle n’est pas épanouissante. Si tout ce qui est moral est
juridique, le juridique n’est pas forcément moral. Et donc l’éthique dit non à toutes les
législations fantaisistes et contre-nature. Elle milite pour un bio-droit, un droit qui
promeut la vie dans toute sa naturalité (pas un droit artificiel qui fait la promotion d’une
vie artificielle: mère porteuse, clonage, insémination, etc.).

SECTION 2. LA THEORIE DE L’INFANS CONCEPTUS

La question de l’infans conceptus renvoie à celle de l’assistance médicale : un


ensemble de techniques permettant la procréation en dehors du processus naturel.
L’indication stricte de la stérilité5 fait qu’on recourt à certaines techniques pour une
fécondité artificielle. Parmi ces techniques, on cite : la FIVETE, le CLONAGE,
L’INSEMINATION ARTIFICIELLE, etc.

§1. LA FIVETE

Elle est une abréviation de la Fécondation In Vitro Et Transfert d’Embryons


(FIVETE). La fivete est donc une fécondation extra-corporelle au départ. Le processus se
fait de la manière suivante :

 On extrait les overs ou téléscope plusieurs ovules ;


 On demande à l’homme de se masturber afin de mélanger ses spermatozoïdes
tirés de ses spermes avec les ovules dans une éprouvette (in vitro) et attendre
jusqu’à la fécondation qui donnera naissance aux embryons.
 Inséminer les embryons obtenus dans l’Utérus de la femme. Et au 9è mois un bébé
naitra. Il faut savoir qu’un embryon égal à un bébé. Alors la question qui se pose
est de savoir ce qu’on fait de plusieurs autres embryons qui restent ; parce qu’on
ne peut pas inséminer dans l’utérus plus de 3 embryons.

a) Est-ce qu’un embryon est une personne humaine ? Quel peut être le statut
d’un embryon ? Un sujet de droit ?

La réponse nous la trouvons à l’article premier de la Loi VEIL qui stipule ce qui
suit : « L’enfant à naitre est une personne humaine ». Même biologiquement, un être humain
ne peut être que le produit d’une espèce humaine. Or, l’être humain actuel commence
d’abord par être embryon, donc celui-ci est dès le départ être humain et non pas un être
animal. Il est donc un sujet des droits et le premier droit de tous les droits c’est le droit à
la vie.

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Parmi les facteurs qui causent la stérilité, on cite les maladies sexuellement transmissibles mal soignées,
les avortements récurrents, l’alcool (mutzig selon une certaine opinion kinoise), la cigarette, la pilule, le
stérilet, l’éjaculation rétrograde (pour les hommes utilisant les caleçons en nylon au lieu des caleçons en
coton selon une certaine opinion…)

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b) Quelle est la dignité de l’union conjugale dans un tel contexte ? (le contexte
de la fivete)

Cette question de la dignité de l’union conjugale renvoie à celle de la CORPOREITE


c'est-à-dire une union basée sur l’UNITE PHYSIQUE (cf. le mythe grec qui évoque la
jonction de deux corps homme-femme, désir toujours plus ardent à s’unir, contact
physique de deux corps en vue de la procréation alors que par la fivete, il n’y a pas unité
physique, pas de corporéité). Dans la corporéité, on passe de la monade (seul ; l’homme
ou la femme) à la diade (deux ; l’homme et la femme) jusqu’à la triade (trois ; l’homme,
la femme et l’enfant).

§2. L’INSEMINATION ARTIFICIELLE

On a deux (2) sortes d’inséminations artificielles : l’insémination artificielle conjugale


et celle par donneur.

a) L’insémination artificielle conjugale (IAC) : elle est homologue. C’est lorsqu’on


insémine avec les spermes du mari propre de la femme concernée. Et cela dans un
contexte d’union conjugal ou du mariage.
b) L’insémination artificielle par donneur (IAD) : elle est hétérologue. C’est
lorsqu’il y le concours d’un tiers qui offre ses spermes pour une éventuelle
insémination. Ici, il y a un problème moral, celui de l’adultère 6 car le tiers n’est
pas concerné dans la relation d’union conjugale. Le tiers qui offre ses spermes
n’est pas le mari de la femme qui va être inséminée. Mais quand cet acte est
consenti, la déontologie exige que cela soit un secret.

§3. LE CLONAGE

Du verbe « cloner », le clonage signifie « fabrication à l’identique ». C’est une


reproduction asexuée (sans le concours du sexe) d’êtres humains. On distingue donc le
clonage thérapeutique du clonage reproductif.

 Le clonage thérapeutique est celui utilisé pour soigner et guérir les autres êtres
humains. L’exemple des bébés-médicaments. On a un bébé qui sert de
médicament pour un autre. L’intérêt de ce type de clonage c’est de collecter les
cellules souches à partir desquelles on peut suppléer à des problèmes de manque
d’organes (lorsqu’il y a insuffisance rénale par exemple, on peut facilement avoir
cette « pièce de rechange » dans le bébé-médicament ; il suffit de remplacer…).
 Le clonage reproductif : c’est lorsqu’on veut reproduire un être humain identique
à 100% à un autre.

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Il est vrai qu’en Afrique, la question se pose en termes de coutumes. Il existe certaines coutumes où la
femme continue à être la risée de tous, subissant ainsi les pesanteurs coutumières.

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1. LES TECHNIQUES DE CLONAGE

Pour cloner, on peut recourir à deux (2) techniques :

a) Par Clivage ou scission embryonnaire : c'est-à-dire qu’à partir d’un seul embryon A,
on puisse obtenir deux ou trois autres embryons en divisant tout simplement le
premier embryon (à partir de A on a A’, A’’, A’’’.

b) Par le noyau chromosomique

On mélange le noyau de l’homme (A) et l’ovocyte de la femme qui seront portés


par une mère porteuse qui donnera naissance à un bébé identique à l’homme
(A’’).

A (noyau) + B (ovocyte) + mère porteuse = A’

2. PROBLEMES ETHIQUES ET JURIDIQUES LIES AU CLONAGE

Ces deux techniques posent de sérieux problèmes éthiques et juridiques. Ce qu’il faut
savoir c’est qu’on ne peut jamais « reproduire » un être humain. On reproduit plutôt
une chose, un animal, etc. Les cas des animaux, on peut tolérer qu’on reproduise par
exemple des animaux pour raison de sauvegarder leur espèce en voie de disparition.
L’homme est par contre une ETRE par excellence, unique en son genre.

Cette théorie gauchiste de l’identique s’oppose en fait, à la théorie de la


différenciation parce qu’elle s’oppose à l’ipséité et à l’altérité. La grande critique
qu’on puisse adresser à la théorie de l’identique est de lui opposer l’indéterminabilité
c'est-à-dire que certains êtres humains ne peuvent pas décider (déterminer) sur le
genre ou le sexe que d’autres, leurs semblables, doivent avoir.

Question : le clonage reproductif peut-il être assimilé au crime contre l’humanité ?

Réponse : à l’affirmative.

Rappel historique : l’expression « crime contre l’humanité » est utilisée pour la


première fois par CHATEAU BRIAND. Après lui, ce fut le Tribunal pénal
international de NUREMBERG (Allemagne) qui jugea Hitler et les médecins nazis,
après la deuxième guerre mondiale.

Les crimes contre l’humanité sont des actes qui visent à nier l’humanité et la
dignité humaine de l’autre (homme, « être-en-soi » et non pas « être-pour-soi ».

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§4. LA PROBLEMATIQUE DU GENDER (GENRE)

Bibliographie

 Marquerite PEETERS, le gender : une norme politique et culturelle mondiale. Outils de


discernement, Bruxelles, DDA, 2012.
 Jean-marie VERLINDE, l’idéologie du gender. Identité reçue ou choisie, Paris, SEPEC,
2012.

En effet, la théorie du gender s’est rapidement répandue autour des années 1960-1970.
Selon elle, la masculinité ou la féminité est déterminée par la culture et pas par l’effet de
la grossesse.

1. LE CONSTRUCTIVISME SOCIAL

C’est une théorie sociologique selon laquelle tout est construction sociale. Il n’existe
pas de vérité objective, et donc tout peut être déconstruit (la théorie de la
déconstruction sociale). Parmi les tenants de la théorie de la déconstruction sociale,
on cite :

 W. REICH ( 1897-1957)
 MARCUSE (1898-1979)
 SIMONE DE BEAUVOIR (1908-1986)7
 MARGUARETTE MEAD (1901-1978)

Pour tous ces auteurs, tout est construction sociale, il n’y pas de déterminisme. C’est
la société qui dit et dicte l’ordre des choses. Ex. une petite fille dès qu’elle nait sera initié
à la manière d’être femme : faire la vaisselle, la cuisine, les beautés, etc. alors que les
parents autoriseront facilement à un petit garçon d’aller jouer au foot, etc. C’est la société
qui le détermine.

En effet, de manière officielle, le terme « Gender » vient du milieu gauchiste (1970). Il


consiste à affirmer la prééminence totale de l’égalité des sexes partant du fait que les
femmes sont les premières des victimes d’inégalités sociales et politiques8. D’où la
nécessité de militer foncièrement pour une égalité totale. Lutte contre tout machisme
masculiniste.

Cependant, il faut déplorer un féminisme radical dans ce mouvement ou théorie du


gendre. Elle ne tient pas compte :

 Des différences des sexes


 Des spécificités féminines

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Grande théoricienne de la déconstruction sociale, Simone n’aimait pas la maternité : « on ne nait pas
femme, on le devient », « la maternité n’était pas mon lot », etc.
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Il est vrai qu’en Afrique, la question se pose en termes de coutumes. Il existe certaines coutumes où la
femme continue à être la risée de tous, subissant ainsi les pesanteurs coutumières.

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 Ni de la configuration psychologique des femmes (une femme raisonne comme


une femme c'est-à-dire, sa constitution biologique dicte sa façon d’être et de
raisonner qui est différente de l’homme).

Les féministes s’opposent à eux-mêmes (refus de leur être-femme). Pour eux,


l’homme n’est qu’un partenaire (et non pas un époux, dans le cadre de l’union
conjugale). Ils refusent et s’opposent à l’enfant et encensant ainsi l’avortement sous toutes
ses formes.

Du point de vue de la Bible, la théorie du gender est une abomination parce que Dieu,
en créant les êtres humains, ils les avaient créés HOMME et FEMME (ISCH et
ISHA), c'est-à-dire qu’ils sont égaux en humanité, en dignité et en amour, d’une part,
et complémentaires dans une plénitude de donation mutuelle.

(Le sens positif du constructivisme s’explique dans le fait que l’homme est capable de
déterminer sa vie ; celle-ci sera ce que l’homme aura fait d’elle. Le futur de l’homme
dépend de ses actes, de comment il agit aujourd’hui. En RDC, on vit de la loi naturelle,
une loi qui n’a pas de sanctions, on sait que le mal existe mais personne ne prend de
précautions pour l’éviter. Voler c’est mauvais, mais on vole, tant qu’on n’est pas
appréhendé, le vol devient un bien à faire, jusqu’à preuve du contraire (jusqu’au jour où
on est attrapé la main dans le sac).

§5. L’EDUCATION MORALE

Elle tourne autour de trois (3) niveaux :

1) Le niveau pré-conventionnel : Ce niveau a deux phases :


a) La phase du rapport entre l’ordre et l’obéissance : la phase de la peur de la
sanction (C’est le philosophe allemand HABERMAS qui souligne l’importance de
la peur dans la vie sociale ; une société où les citoyens n’on plus peur de la
sanction, c’est une société vouée à la dérive. En famille, il faut que les enfants
aient peur de la sanction ; c’est celle qui pousse à distinguer le bien à faire et le
mal à éviter).
b) La phase de la motivation : c’est la phase où on a le désir de maximiser le bien-
être, on cherche à atteindre la satisfaction de ses besoins. On comprend donc que
pour un bon développement psychique, il faut intégrer aussi bien la sanction que
le bien-être (c’est cela l’objectif de l’homo economicus).

2) Le niveau conventionnel : 2 phases également :


a) La phase du conformisme social : elle est dominée par un respect scrupuleux
des règles du groupe (les filles sont plus attirées à former de petits groupes
d’amies, entre elles, et elles ont un code moral, un certain ensemble de normes
ou des consignes sur lesquelles elles restent très attachées, un certain nombre
de valeurs considérées comme sacrées pour elles).
b) La phase du respect des normes sociales : on quitte le respect des normes du
petit groupe pour le respect des normes de la société en général.

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3) Le niveau post-conventionnel
Au niveau post-conventionnel, ce qui importe c’est qu’on est invité à mettre
l’accent sur ce qui est utile (l’utilitarisme ; qu’est ce qui est utile pour moi ?). c’est
alors qu’on peut considérer l’ « impératif catégorique » du philosophe
EMMANUEL KANT pour qui, « il ne faut jamais utiliser l’autre comme un
moyen mais plutôt comme une fin en soi ». Invitation à être sensible au respect
des droits de l’homme et au respect de la dignité de l’autre. Et enfin on en vient au
niveau des « sentiments mystiques » : c'est-à-dire au-delà de ce qui apparait aux
yeux, au-delà de l’obligation, pour atteindre l’AMOUR DE L’AUTRE (on
distingue l’amour sacrificiel, celui qui n’admet que le sacrifice comme preuve de
l’amour, de l’amour mystique, celui basé sur le devoir naturel).

CHAPITRE 2. LES VERTUS DU JUGE

Il faut noter qu’il y a tension entre le scandale du jugement et la contrainte du juger.


Cette tension nous ramène aux conditions extérieures d’un jugement :

 Les règles de procédure, bien communes parce qu’elles sont codifiées.


 La personne du juge : la déontologie à laquelle le juge est soumis (l’éthique du
juge).

SECTION 1. LA PERSONNE DU JUGE

Il faut mettre en évidence l’approche téléologique ( telos, en grec = visée, finalité) c'est-
à-dire chercher à savoir quelle est la valeur à mettre à l’œuvre pour être un bon juge, celui
qui a l’art de juger. Celui qui a des compétences et des aptitudes requises. Tout cela ne
constitue pas un don à recevoir, pas non plus une disposition naturelle, innée, mais plutôt
une manière de se comporter et de se former : « On ne nait pas juste, on le devient ».

Voici donc quelques vertus ou principes liés à la vie du juge :

§1. LA DISTANCE : un bon juge doit savoir prendre distance par rapport à l’affaire en
cause. C’est l’impartialité, l’objectivité, l’indépendance, etc.

§2. L’IMPARTIALITE : il doit être impartial à l’égard des parties au procès : un tiers
désintéressé. Lorsqu’il y a partialité, il y a possibilité de récuser le juge.

NB. Etre indépendant ne veut pas dire qu’on n’est pas soumis à la loi ; c’est bien le
contraire. Le juge indépendant est en même temps dépendant vis-à-vis de la loi à laquelle
il est soumis.

§3. LA PROXIMITE : elle est à assimiler à la sympathie, à la compassion, à l’empathie.


Il s’agit d’appliquer la loi avec humanité (raison d’être des circonstances atténuantes qui
dépendent essentiellement du pouvoir du juge et non pas de la loi).

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CHAPITRE 3. LES PARADIGMES DE L’INHUMAIN

1. Petite bibliographie :
 ETEKA YEMET Valère, La charte africaine des droits de l’homme et des peuples, Paris,
Harmattan, 1996.
 Smith STEPHEN, La négrologie
 Cardinal MALULA (l’incapacita dynamica)
 DUMOND René, l’Afrique est mal partie.

La question sur les paradigmes de l’inhumain nous replonge dans la philosophie morale
du Philosophe Allemand Emmanuel KANT. Il s’agit de reconsidérer l’impératif
catégorique énoncé sous forme de maxime : « AGIS DE TELLE SORTE QUE LA
MAXIME DE TON ACTION AIT UNE PORTEE UNIVERSELLE ». Or, dans ces
conditions, il est presque irraisonnable de penser l’universalisation des crimes et de la
torture comme valeurs humaines. C’est dans ce sens que certains instruments
internationaux ont criminalisé ces actes inhumains, à l’instar de :

 La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ;


 La Convention des Nations unies contre la torture (art. 1er) ;
 Code pénal congolais, art. 48 bis ;

2. L’HOMINISATION

L’hominisation regroupe plusieurs courants issus des Traités et Conventions


internationales qui se basent sur l’approche purement biologique de l’homme en donnant
plus d’importance au GENOME HUMAIN (ADN et ARN). L’homme n’est vu que sous
l’angle biologique, sous l’angle du spécisme.

Mais, il faut passer de l’hominisation à l’humanisation. Celle-ci considère, par contre,


les valeurs humaines et sociales à promouvoir (et non seulement la biologie de l’homme
en tant telle).

3. REFLEXION SUR LA PLACE DU DROIT ET DE LA POLITIQUE DANS


L’EMERGENCE D’UNE COMMUNAUTE DE VALEURS

Cette réflexion devrait, en principe, nous pousser à demander la criminalisation du


clônage reproductif en universalisant plutôt le « bio-droit », et donc on aura atteint le
niveau de l’humanisation des valeurs qui consacrent les droits de l’homme.

C’est dans la même dynamique qu’on sera capable de lutter contre le relativisme moral
qui gangrène les législations nationales et internationales de nos jours.

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Notes personnelles et inédites, Patrick Musantu 2016.

4. LE TERRORISME COMME DROIT DES FAIBLES ?

 Pourquoi les terroristes agissent-ils ? Ont-ils une rationalité ?


 Pour répondre à ces questions, il faut partir de l’idée selon laquelle, les terroristes,
en agissant, se prévalent de quelques droits et se croient être marginalisés ; d’où
leur revendication. Du point de vue politique, on peut l’admettre dans la mesure
où en politique ce sont les moyens qui justifient la fin, selon une certaine
philosophie politique (Nicolas MACHIAVEL) ; dans ce sens, on aurait raison de
justifier politiquement le terrorisme comme moyen de revendication.
 Mais juridiquement, le terrorisme est répréhensible et punissable par la loi parce
qu’il trouble l’ordre public et porte atteinte à la sécurité nationale d’un Etat.
 Du point de vue éthique, le terrorisme nie l’humanité de l’homme ; il porte
atteinte à la valeur fondamentale de tous les droits, à savoir, le droit à la vie. Tous
les moyens ne sont pas bons pour atteindre une fin donnée. Revendiquer, oui.
Mais comment on revendique, c’est là la question.

5. LE PROBLEME DU MAL ET DES DELITS ET DES PEINES

C’est la problématique du droit pénal : Punir quoi et quoi punir ? Pour répondre à
cette question, il faut partir du positivisme juridique du contrat social (JJ ROUSSEAU)
qui place dans le pacte social la source du droit. On part de l’état de nature à l’avènement
de la société dont les termes sont coulés dans un pacte social. On passe d’un Etat
anomique (société sans normes, sans lois) pour l’Etat nomique (une société qui a des
normes et des lois).

Dans l’état nomique, il faut signaler la nécessité d’avoir une autorité qui doit faire
respecter ces normes en appliquant la sanction (principe de légalité des délits et des
peines : nullum crimen nulla poena sine lege).

L’exigence morale passe du champ privé au champ public. C’est le champ public qui
régule et réglemente la société.

En effet, l’unicité de la morale est en concurrence avec la multiplicité éthique : il y a


plusieurs manières de concevoir l’éthique et la morale : chacun a son petit code moral.
Plusieurs manières de penser la morale. C’est le pluralisme éthique qui consacre le
relativisme éthique dans la manière de s’habiller, de concevoir le mariage, etc. Tout est
construction sociale (le libertinage).

Tout dépend donc de comment on situe la liberté par rapport à l’exigence morale. En
agissant de cette manière, est ce que je me réalise totalement comme humain ? Puis-je
universaliser ce comportement ? Ce sont là les limites de l’agir individuel.

Du point de vue du champ public, il faut noter l’importance de la CONTRAINTE de


la norme pénale. La liberté individuelle est réglementée par la contrainte pénale. La
peine est un chemin qui va de la moralité à l’utilité. C'est-à-dire que le juge pénal doit

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Notes personnelles et inédites, Patrick Musantu 2016.

se situer au-delà de la matérialité des faits infractionnels décrits par la sanction pénale
pour valoriser également l’aspect utile de la sanction.

L’effort à fournir c’est de sortir de l’état de nature (absence de lois, absence de


sanctions, la jungle totale, sauve qui peut, …).

Les objectifs fondamentaux de la sanction pénale sont de l’ordre de la prévention, à


situer à 3 niveaux :

 La prévention générale : elle insiste sur le caractère dissuasif, et met


l’accent sur l’exemplarité (non seulement pour le fautif mais aussi pour les
autres).
 La prévention spéciale : c’est la peur ou la crainte de la sanction ; elle
empêche la récidive.
 La valeur de la sanction : c’est le bannissement de l’acte délictueux.

REMARQUE : la répression pénale ne se confond pas avec la sanction morale. Il y a ici


changement de la nature des obligations. En morale, la sanction s’adresse à la conscience
(le tribunal de la conscience qui à aboutit à la culpabilité intérieure). Par contre, au
niveau du droit pénal, la sanction se voit comme une protection du bien commun et de
l’ordre public. On passe ainsi du champ éthique à la contrainte publique.

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