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Philonenko Marc. Une tradition essénienne dans le Coran. In: Revue de l'histoire des religions, tome 170, n°2, 1966. pp. 143-
157;
doi : https://doi.org/10.3406/rhr.1966.8412
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1966_num_170_2_8412
•
le nom- de Maghâria2. Cette piste a été' suivie depuis ; par
plusieurs3. Mais il est/possible, il est utile, il est, croyons-nous,
nécessaire de remonter plus haut. Peut-on relever dans le Coran
même des traces d'influences proprement esséniennes ?
Quelques coups de sonde laissent entrevoir la richesse d'un terrain-
dont l'exploration devrait être menée de pair par.un spécialiste
des questions qoumrâniennes et par un ; islamologue averti4.
On se limitera volontairement ici à une tradition essénienne
dont on voudrait montrer qu'elle a été reprise par le Prophète.
*.-
■
Psaume 15K, Nul n'ignore que le Psautier hébreu* comprend;
150 psaumes.. La- version, grecque, dite des Septante, en-
compte' 151. Ce Psaume 15rse trouve être aussi le premier,
psaume d'une collection de cinq psaumes conservés en syriaque
1) Voir cependant A.. Sprenger, Das Leben und die Lehre des Mohammad2,
Berlin, 1869,4. I, p. 18-21..
2) R. de Vaux, A propos des manuscrits de la mer Morte, Revue biblique, 57,
1050, p. 417-429.
.
Oumran and « The Companions of the Cave », Revue de Qumran, 5, 1965, p. 177-198.
4) Jeme propose de mener cette recherche en collaboration avec mon collègue
strasboursreois, T. Fahd. Signalons deux articles de E. F. F. Bishop, The Qumran.
Scrolls and the Qur'an, The Muslim World, 48, 1958, p. 223-236 ; Qumran and the
preserved/Tablet (s), Revue de Qumran, 5, 1965, p. 253-256. La portée des remarques
de C. Rabin, dans ses Qumran Studies, Oxford, 1957, p. 112-130, est très amoindrie
par son hypothèse paradoxale de l'origine pharisienne des textes de Qoumrân.
UNE TRADITION ESSÉNIENNE DANS LE CORAN 145
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■-.
l'un et de l'autre, non seulement les fleuves s'arrêtent de couler
pour l'um et pour l'autre, mais encore les oiseaux tombent
du ciel aux pieds de David et d'Orphée qui, ici, ne sont qu'un.
Non seulement /Tabari et Huj vïrï reproduisent le portrait
de David-Orphée, mais ï sur. un point ils l'ont même corrigé.
C'est que tout emprunt n'est jamais mécanique et implique
appropriation et transformation. Alors qu'il n'y avait pas la ;
•
moindre allusions dans les sourates dont ils s'inspirent à, un
instrument de musique, l'un et l'autre en font mention.. Ils
attribuent' aux démons Г invention de la flûte , de la harpe et
du luth. L'explication- en; est sans doute à chercher, dans un !
certain rigorisme qui, rejette l'instrument, pour ne retenir-
que la ;■ seule voix humaine; Mais, dans notre contexte, cette
■
.
explication n'est pas pleinement satisfaisante. L'auteur arabe :
.
et l'auteur persan doivent avoir, eu? connaissance d'une
tradition i qui attribuait . le don de la harpe ou de : la cithare au '■
chantre divin. De fait, l'on sait qu'Orphée, sans avoir inventé
la* harpe, l'avait perfectionnée en; lui ajoutant une ou? deux v
cordes, portant ainsi en tout1 cas le nombre de celles-ci à neuf;,
en • conformité avec le ■ nombre des Muses1. Peut-être même ■
l'auteur du Psaume 151, faisait-il de David l'inventeur de lai
harpe,, lorsqu'il^ le- montre fabriquant de ses? mains son*
instrument;
Le fait que les allusions à la dégende d'Orphée soient plus
nettes et plus précises encore au >■ niveau ; de la , Tradition r< que
dans le Coran pose un problème* très délicat; On-, pourrait
certes^ penser que des commentateurs, ayant reconnu en-
David le chantre thrace, aient complété le portrait du?David-~
Orphée coranique. Cette explication ne peut être absolument
écartée; mais elle : reste insuffisante. Ane prendre ici que le
cas de- Tabari, on peut montrer que ce compilateur; a; eu
accès à des sources proprement esséniennes et qu'il a
vraisemblablement connu le Psaume 151.
.
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* *
;
en 7, 125 : « Moïse dit à son peuple : « Demandez aide à Allah;
« et soyez constants ! La terre est à Allah et 1Г en- fait hériter
« qui i II veut, parmi Ses serviteurs. Laí Fin? heureuse est aux:
!
i
«Pieux II »-> Or, ce verset du? Psaume 37> n'a guère1 retenu
l'attention des rabbins qui le citent rarement1; Par contre, il í
avait certainement reçu г en milieu essénien une
interprétation particulière. Déjà, le verset du Psaume est cité dans le
livre d'Hénoch (5, 7) : « Et pour les élus, il y auralumière, et
« joie et paix, et ils hériteront la terre »2. Mais: il y a plus.
Les découvertes de Qoumrân nous ont rendu un; Commentaire
du Psaume 37. Le verset 29, cité dans le Coran, tombe
malheureusement dans une lacune. Par bonheur," les versets 9 b et 11,
de sens ■ très voisins, nous ; ont ; été - conservés, ainsi : que leur
commentaire;, Voici ce texte : : « Mais ceux qui* espèrent l en
Yahvé, ceux-là posséderont < la terre ( v. , 9 b) .... L'explication '■ de
<
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