Vous êtes sur la page 1sur 71

Thèse et

Antithèse

Kamel CHEKKAT.
Tous droits réservés à
L’auteur

Premier semestre 2016


I.S.B.N : 978-9931-379-11-9
Chekkat_k@hotmail.com
Introduction.

On désigne par « orientalisme », un courant intellectuel, littéraire


et artistique, qui a commencé à se répandre au 19ème siècle, et qui
s’intéresse à l’Orient, ses civilisations, ses religions, ses cultures
et ses langues. L’orientaliste est celui qui est versé dans des
études qui sont en rapport avec l’Orient et son histoire.
Dans son livre « L’Orientalisme »,1 publié en 1978, Edward
Wadie Saïd,2 théoricien littéraire palestinien naturalisé
américain, et qui a enseigné la littérature anglaise et la littérature
comparée à l'université Columbia de New York, situe la
naissance de l’orientalisme au concile de Vienne, en 1312. C’est
à cette occasion, soutient-il, que l'Eglise a décidé de créer des
chaires de langues orientales: arabe, grecques, hébraïques et
syriaques. Toujours selon Edward Saïd, l’orientalisme est un
outil qui a permis aux occidentaux de s’attribuer des valeurs
positives, et d’attribuer à l’Orient des valeurs négatives. De ce
fait, c’est devenu un outil qui a rendu légitime la domination de
l’Occident sur l’Orient.
Sur le plan pratique, l’orientalisme est une arme qui a été mise au
service des grandes puissances coloniales du 17e et 18e siècles.
Quand il a créé l’armée d’Orient, en vue de conquérir l’Egypte
en 1798, Napoléon Bonaparte s’est fait accompagner par des

1 « L'Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident », [Orientalism, 1978],


traduction de Catherine Malamoud, préface de Tzvetan Todorov, Le Seuil,
1980.
2 Critique intellectuel, né en Palestine le 1 er novembre 1925, mort à New York

le 25 septembre 2003. Voir « A contre-voie : Mémoires » qui est la traduction


de « Out of place », qui est son autobiographie. Traduction de Brigitte Caland
et Isabelle Genet, Le Serpent à Plumes, 2002.
3
scientifiques formant ce que l’on appelait « l’institut d’Egypte ».3
Edward Henry Palmer,4 orientaliste Anglais, spécialiste du
mysticisme oriental, auteur d’une traduction du Coran, en 1881,
parue dans la série « Oxford world’s classics », était un espion de
l’armée britannique. Et tout comme lui, beaucoup de savants
orientalistes ont servi d’éclaireurs aux grandes expéditions
militaires.
L’orientalisme est, aussi, une arme qui a été mise au service des
missions évangélistes : En 1854, quand le grand évangéliste
allemand, Karl Gottlieb Pfander, s’est retiré d’un face-à-face
public l’ayant opposé à Rahmatullah El Hindi,5 l’homme qui a
inspiré Ahmad Didat, c’est le grand orientaliste écossais William
Muir6 qui a tenté de récupérer la situation, en écrivant, entre 1854
et 1861, son livre « La vie de Mahomet et l’histoire de l’Islam »,
un livre où il écrit des vérités en faveur de l’Islam, mais où il
occulte beaucoup de vérités pour servir la cause évangéliste et
semer le doute dans l’esprit des musulmans.
Cela dit, il y a toujours eu des orientalistes impartiaux, dont les
écrits concernant l’Islam et son Prophète PBSL sont plein

3 Dictionnaire historique des institutions, mœurs et coutumes de la France. P.


589. Par Pierre Adolphe Chéruel. Seconde partie. Librairie de L. Hachette et
Cie. Paris 1855.
4 « Maoussouât El Moustachriqine » (Encyclopédie des orientalistes)

Abderrahmane Badawi, p. 71. Dar El Îlm lilmalayyine. Troisième éditions.


Beyrouth, Liban. 1993.
5
6 Sir William Muir, orientaliste Écossais, né le 27 avril 1819 à Glasgow, mort
le 11 juillet 1905 Édimbourg.
4
d’objectivité, c’est le cas de Goethe,7 Montgomery Watt,8
Bernard Shaw,9 Alphonse De Lamartine,10 ou Thomas Carlyle.11
Avoir une idée des thèses soutenues par ces auteurs, qu’elles
soient pour ou contre l’Islam, devient indispensable de nos jours,
car en plus d’élargir notre horizon, cela nous permettrait d’avoir
sur l’Islam un regard décalé, et de le voir avec un œil occidental
ou judéo-chrétien.
Et c’est le but de cette étude à travers laquelle nous nous
intéresserons à trois thèses qui ont fait l’objet du plus grand
intérêt de la part des grandes figures de l’orientalisme, à savoir :
Muhammad PBSL est-il prophète ou imposteur ? L’Islam est-il une

7 Johann Wolfgang Von Goethe, né le 28 août 1749 à Francfort et mort le


22 mars 1832 à Weimar, poète, romancier, dramaturge et homme d'État
allemand, Goethe était également scientifique, il est l’auteur d’un certain
nombres d’études, notamment en optique, géologie et botanique. Voir « Goethe
und die arabische Welt » (Goethe et le monde arabe). Katharina Mommsen.
[Version arabe] traduction d’Adnan Abbas Ali. Edition sisilet âlam el maêrifa.
N° 194. Koweit, 1995.
8 William Montgomery Watt, né le 14 mars 1909 à Ceres, mort le 24 octobre

2006 à Édimbourg, est un historien, orientaliste et prêtre écossais, spécialiste


de l'Islam avec près d'une trentaine de livres. Voir « El Islam fi ôuyoun
gharbiyya » (L’Islam vu par les orientalistes) p. 178 – 195. Muhammad Omara.
Edition dar echourouk.
9 George Bernard Shaw, né 26 juillet 1856 à Dublin, mort le 2 novembre 1950

à Ayot St Lawrence en Angleterre, est un dramaturge irlandais, essayiste,


scénariste, et auteur célèbre de pièces de théâtre. Il est, aussi, le prix Nobel de
littérature en 1925. Voir « La littérature Irlandaise » p. 95 – 96. Jacqueline
Genet & Claude Fierobe. Edition de L’Harmattan. 2004.
10 Alphonse de Lamartine, né à Mâcon le 21 octobre 1790, mort à Paris le 28

février 1869, est un poète, romancier, dramaturge et homme politique français.


« Biographie des Hommes du Jour » p. 303 – 307. Germain Sarrut et Saint-
Edme. Edition Henri Krabe Libraire. Paris, 1855.
11 Thomas Carlyle, né à Ecclefechan, Dumfries and Galloway le 4 décembre

1795, mort à Londres le 5 février 1881, est un écrivain, satiriste et historien


écossais. Voir « Fragments of criticism » p. 235 – 244. John Nichol. Edinburg.
1860.
5
religion qui va à l’encontre de la raison ? Et l’Islam est-il une
religion qui s’est propagée par l’épée ?
Pour chacune de ces thèses, nous donnerons le point de vue
musulman, puis nous laisserons les orientalistes argumenter pour
ou contre ce point de vue, dans un débat que nous tenterons de
garder dans les limites de ce que dicte l’objectivité qui sied à ce
genre d’étude.

6
Muhammad PBSL a-t-il été annoncé par les livres sacrés qui
ont précédé le Coran ?

Si l’on se réfère au Coran oui, le verset 6 de Sourate Essaff (Le


Rang) dit : « 6. Et quand Jésus fils de Marie dit : "Ô Enfants
d'Israël, je suis vraiment le Messager de Dieu [envoyé] à vous,
confirmateur de ce qui, dans la Thora, est antérieur à moi, et
annonciateur d'un Messager à venir après moi, dont le nom sera
"Ahmad". » Cette thèse semble confirmée par l’Evangile de
Barnabé qui dit au chapitre 97 : « Le pontife dit alors : "Comment
s'appellera le Messie ? Et quel signe prouvera sa venue ?". Jésus
répondit : "Le nom du Messie est Admirable car Dieu lui-même
le lui donna quand il eut créé son âme et qu'il l'eut placé dans une
splendeur céleste. Il dit : "Attends, Muhammad par amour pour
toi je veux créer le paradis, le monde et une grande multitude de
créatures dont je te fais présent. Aussi celui qui te bénira sera béni
et celui qui te maudira sera maudit ! Quand je t'enverrai dans le
monde, je t'enverrai comme mon messager de salut. Ta parole
sera si vraie que le ciel et la terre passeront mais que ta foi ne
manquera jamais !" Muhammad est son nom béni". Alors les
gens élevèrent la voix et dirent : "Ô Dieu, envoie-nous ton
messager ! Ô Muhammad, viens vite pour le salut du monde !". »
Mais l’Evangile de Barnabé est un livre apocryphe que l’on a
ordonné de brûler lors du concile de Nicée en 325 av J-C et que
l’Eglise ne reconnaît pas. Oublions l’Evangile de Barnabé et
voyons maintenant ce que dit la Bible Hébraïque. Si nous nous
fions à la logique biblique Aucun faux prophète ne peut voir ses
efforts couronnés de succès, c’est du moins ce qu’affirment
certains livres de la Bible comme : Jérémie 23 et Ezéchiel 13,
d’ailleurs la Bible n’a pas tort à ce sujet, beaucoup de faux

7
prophètes se sont déclarés : vers la fin de la vie du Prophète PBSL Il
y eut Mousaylama l’imposteur à El Yamamah et El Aswad El
Ânsi au Yémen, tous deux tués sous le califat d’Abou Bakr DAS.
Il y eut après eux une femme nommée Sidjah, de la tribu de Bani
Tamim, qui s’est repentie par la suite, et Toleyhah Ibn
Khouwaylid, de Bani Assad, qui s’est repenti sous le califat de
Omar DAS.
Revenons à la Bible, dans le chapitre 17 de la Genèse Dieu dit à
Abraham : « 17.20 A l'égard d'Ismaël, je t'ai exaucé. Voici, je le
bénirai, je le rendrai fécond, et je le multiplierai à l'infini; il
engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation. »
« Je ferai de lui une grande nation », ce qui veut dire qu’il recevra
la prophétie ainsi que sa descendance, tout comme Isaac PSL. Le
Deutéronome est plus explicite, il nous rapporte au chapitre 18
les paroles de Dieu à Moïse PSL, il dit : « 18.18 Je leur susciterai du
milieu de leurs frères un prophète comme toi, je mettrai mes
paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui
commanderai. », et il se trouve que les frères des descendants
d’Isaac PSL ne sont autres que les descendants d’Ismaël PSL, il
s’agit donc d’un prophète ismaélien et non de Jésus PSL qui, lui,
était un hébreu.
Voyons maintenant du côté des Evangiles, Il est dit au chapitre
16 de l’Evangile de Jean, et c’est le Christ PSL qui parle : « 16:7
Cependant je vous dis la vérité: il vous est avantageux que je m'en
aille, car si je ne m'en vais pas, le Paraclet ne viendra pas vers
vous; mais, si je m'en vais, je vous l'enverrai. 16:8 Et quand il sera
venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la
justice, et le jugement: 16:9 en ce qui concerne le péché, parce
qu'ils ne croient pas en moi; 16:10 la justice, parce que je vais au
Père, et que vous ne me verrez plus; 16:11 le jugement, parce que
le prince de ce monde est jugé. 16:12 J'ai encore beaucoup de

8
choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter
maintenant. 16:13 Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de
vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas
de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous
annoncera les choses à venir. » Le mot Paraclet du grec
Parakletos signifie défenseur, intercesseur ou consolateur ce qui
désigne fort bien le Prophète PBSL. Certains traducteurs pensent
que Paraclet vient du mot Periklytos qui signifie « Digne d’être
loué » ce qui rejoint, à tous points de vues, le prénom de
Muhammad, mais les chrétiens réfutent cette thèse et disent qu’il
s’agit du saint esprit et qu’il ne devait plus y avoir de prophète
après Jésus PSL, thèse que contredit l’Evangile de Mathieu, dont
voici les propos, propos qui ne sont autres que les paroles de
Jésus PSL au chapitre 7 : « 7:15 Gardez-vous des faux prophètes. Ils
viennent à vous en vêtement de brebis, mais au dedans ce sont
des loups ravisseurs. 7:16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits.
Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des
chardons? 7:17 Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le
mauvais arbre porte de mauvais fruits. 7:18 Un bon arbre ne peut
porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons
fruits. 7:19 Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et
jeté au feu. 7:20 C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.
» Si dans cette mise en garde contre les faux prophètes, Jésus
n’est pas en train de montrer aux chrétiens comment reconnaître
le prophète qui lui succédera pourquoi pareille mise en garde ?
Dans son livre « Muhammad dans la Bible » (Muhammad in the
Bible), non seulement Abd El Ahad Daoud,12 Alias Révérend

12 Abdoul-Ahad Daoud, alias révérend David Benjamin Keldani, prêtre


catholique de la secte chaldéenne. Il est né en 1867 à Orumieh, en Perse, et y a
été élevé. Entre 1886 et 1889, il fit partie du corps enseignant de la mission de
l’archevêque de Canterbury aux chrétiens assyriens d’Orumieh. En 1892, il fut
envoyé à Rome par le cardinal Vaughan, où il suivit des études en philosophie
9
David Benjamin Keldani, revient sur la signification de Paraclet
et démontre qu’il s’agit bel et bien de Muhammad PBSL, mais attire
l’attention sur un passage du livre d’Essaie qui, bien avant la
venue de Jésus PSL a annoncé celle du prophète illettré, le verset
29.12 de ce livre dit : « 29.12 Ou comme un livre que l'on donne A
un homme qui ne sait pas lire, en disant: Lis donc cela! Et qui
répond: Je ne sais pas lire », ce qui nous rappelle singulièrement
le dialogue qui a eu lieu entre le Prophète PBSL et Djibril PSL dans
la grotte de Hira.

et en théologie au Propaganda Fide College, et fut ordonné prêtre en 1895.


Durant cette période, il rédigea plusieurs articles, pour le journal catholique The
Tablet, sur l’Assyrie, Rome et Canterbury, de même que pour l’Irish Record,
sur l’authenticité du Pentateuque. Il fit également des traductions de l’Ave
Maria en différentes langues, qui furent publiées dans l’Illustrated Catholic
Missions.
La grande question à laquelle ce prêtre cherchait réponse depuis longtemps
devait bientôt être élucidée. Le christianisme, avec ses innombrables formes et
couleurs et avec ses Écritures non-authentiques, contrefaites et corrompues,
était-il la véritable religion de Dieu? Au cours de l’été 1900, il se retira dans sa
modeste villa sise au milieu de vigneraies près de la fontaine de Chali-Boulaghi,
à Digala, et il y passa un mois en prières et en méditation, lisant et relisant les
Écritures dans leurs versions premières. Cette remise en question prit fin
lorsqu’il envoya à l’archevêque uniate d’Orumieh une lettre de démission
officielle, dans laquelle il expliquait au monseigneur Touma Audu les raisons
pour lesquelles il abandonnait ses fonctions sacerdotales. Toutes les tentatives
des autorités ecclésiastiques pour lui faire changer d’avis demeurèrent
infructueuses. Il n’y eut aucune dispute entre le père Benjamin et ses
supérieurs; pour lui, c’était une question de conscience.
Durant plusieurs mois, M. Daoud – tel qu’il se nomma après sa conversion à
l’Islam – travailla comme inspecteur, à Tabriz, au service des postes et douanes,
sous direction belge. Puis, il fut embauché comme enseignant et traducteur du
prince Mohammed Ali Mirza. En 1903, il visita l’Angleterre et se joignit à la
communauté unitarienne. Puis, en 1904, il fut envoyé, par l’association
unitarienne britannique et étrangère, parmi les siens à des fins de prédication et
d’éducation. En route vers la Perse, il visita Constantinople, et après plusieurs
rencontres avec Sheikoul-islam Jemalouddine Effendi et d’autres érudits, il
embrassa l’islam. Voire « Islam, the misunderstood religion », p. 158 – 159.
2ème edition. Dr. Danial Zainal Abidin. PTS millennia Sdn Bhd. Kuala Lumpur
2007.
10
Dieu dit dans le verset 157 de Sourate El A’râf, en parlant des
juifs et des chrétiens : « 157. Ceux qui suivent le Messager, le
Prophète illettré qu'ils trouvent mentionné chez eux dans la Thora
et l'Evangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le
blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les
mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux.
Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et
suivront la lumière descendue avec lui; ceux-là seront les
gagnants. »
Nous venons de citer les prophéties de trois écrits sacrés, qui
appartiennent à trois religions différentes. Quand on n’a ne serait-
ce qu’un atome de bon sens, il est très difficile de ne pas se rendre
compte qu’il s’agit d’une seule et même personne : Muhammad
PBSL
.

11
Muhammad PBSL est-il un imposteur ?

La thèse de l’imposture, concernant la prophétie de Muhammad


PBSL
a, de tout temps, été soutenue par les plus hauts représentants
de l’Eglise. Le Pape Innocent 3 traitait, ouvertement, le Prophète
PBSL
d’antéchrist. Côté orientalisme, on peut même dire que
l’Eglise a surmédiatisé les écrits de Carl Brockelmann13 et de
Theodor Noldeke,14 qui étaient partisans de cette thèse, qu’ils
n’argumentaient jamais, et a imposé une sorte de black-out sur
les écrits de Johann Jakob Reiske,15 qui avec tout son savoir
arrivait à peine à trouver du travail en tant que professeur au lycée
et imprimait ses livres à compte d’auteur. Pour que vous ayez une
idée plus claire de la connivence qu’il y avait entre l’Eglise et les
orientalistes qui s’évertuaient à donner une idée fausse au sujet

13 Karl (Carl) Broeckelmann (1868 - 1956), linguiste allemand, professeur


d'université à Berlin et érudit du domaine littéraire. C’est un spécialiste des
langues du Moyen-Orient et l’un des plus grand orientalistes de tous les temps.
Voir « Maoussouât El Moustachriqine » (Encyclopédie des orientalistes)
Abderrahmane Badawi, p. 98 - 105. Dar El Îlm lilmalayyine. Troisième
éditions. Beyrouth, Liban. 1993.
14
Theodor Nöldeke, l’un des pères de l’orientalisme, né le 2 mars 1836 à
Hambourg, mort le 25 décembre 1930), est un orientaliste allemand, spécialiste
des langues sémitiques, il a enseigné aux universités de Göttingen, Vienne,
Leiden, et Berlin. « Maoussouât El Moustachriqine » (Encyclopédie des
orientalistes) Abderrahmane Badawi, p. 595 - 598. Dar El Îlm lilmalayyine.
Troisième éditions. Beyrouth, Liban. 1993.
15 Johann Jacob Reiske né le 25 décembre 1716 à Zoerbig en Saxe, mort le 14

août 1774 à Leipzig. Philologue et orientaliste allemand. Il a étudié la médecine


et fut reçu Docteur (titre universitaire) en 1746. Il devint professeur de
philosophie à Leipzig en 1747, d'arabe en 1748, et recteur du collège de St-
Nicolas en 1758. C’est l'un des orientalistes les plus impartiaux en ce qui
concerne l’Islam et la civilisation musulmane. Les milieux religieux et
ecclésiastiques ont tout fait pour le réduire au silence et l’empêcher d’éditer ses
livres, car trop compromettant pour eux. « Maoussouât El Moustachriqine »
(Encyclopédie des orientalistes) Abderrahmane Badawi, p. 298 - 303. Dar El
Îlm lilmalayyine. Troisième éditions. Beyrouth, Liban. 1993.
12
de l’Islam et de son Prophète PBSL, écoutez ce qu’écrit Voltaire au
Pape Benoît 14 quand il a écrit sa pièce « Tragédie de
Mahomet », lui qui a toujours traité le Prophète PBSL d’imposteur :
« Très haut père. Votre sainteté voudra bien pardonner la liberté
que prend un des plus humbles, mais l’un des plus grands
admirateurs de la vertu, de consacrer au chef de la véritable
religion un écrit contre le fondateur d’une religion fausse et
barbare. A qui pourrais-je plus convenablement adresser la satire
de la cruauté et des erreurs d’un faux prophète, qu’au vicaire et à
l’imitateur d’un Dieu de paix et de vérité ? Que votre sainteté
daigne permettre que je mette à ses pieds et le livre et l’auteur.
J’ose lui demander sa protection pour l’un, et sa bénédiction pour
l’autre. C’est avec ces sentiments d’une profonde vénération que
je me prosterne et que je baise vos pieds sacrés. » Paris 17
auguste 1745. La réponse du pape à Voltaire, était des plus
élogieuses, elle commençait par : « De Benoît 14 à Voltaire.
Benoît 14, Pape, à son cher fils, Salut et bénédiction
apostolique. »16 Bien que courtois dans sa réponse, le Pape savait
très bien que, par sa satire contre Muhammad PBSL, Voltaire visait
le christianisme, incarné par le pouvoir de l’Eglise. Mais puisque
il y avait atteinte à l’image du dernier Messager PBSL, l’Eglise
pouvait fermer les yeux.
Dites-vous que la majorité des études orientalistes qui
discréditaient le Prophète PBSL, à l’exemple de ce qu’a fait
Voltaire, était très bien accueillies par l’Eglise et étaient
présentées comme étant des études très sérieuses. Sur quoi se
base-t-on pour dire que Muhammad PBSL est un imposteur ou un
antéchrist ? Sur la bible ? A croire la Bible, et si l’on se réfère,

16 « Mahomet » Tragédie de Voltaire. P. 9 – 10. Chez Dondey-Dupré père et


fils, libraires. Paris 1825.
13
dans l’Ancien Testament, au livre de Jérémie chap. 23,17 Ezéchiel
chap. 13,18 Michée chap. 3,19 et pour ce qui est du Nouveau

17 « 23.25 J'ai entendu ce que disent les prophètes Qui prophétisent en mon nom
le mensonge, disant: J'ai eu un songe! J’ai eu un songe! 23.26 Jusqu’à quand ces
prophètes veulent-ils prophétiser le mensonge, Prophétiser la tromperie de leur
coeur? 23.27 Ils pensent faire oublier mon nom à mon peuple. Par les songes que
chacun d'eux raconte à son prochain, Comme leurs pères ont oublié mon nom
pour Baal. 23.28 Que le prophète qui a eu un songe raconte ce songe, Et que celui
qui a entendu ma parole rapporte fidèlement ma parole. Pourquoi mêler la paille
au froment? dit l'Éternel. 23.29 Ma parole n'est-elle pas comme un feu, dit
l'Éternel, Et comme un marteau qui brise le roc? 23.30 C'est pourquoi voici, dit
l'Éternel, j'en veux aux prophètes Qui se dérobent mes paroles l'un à l'autre. 23.31
Voici, dit l'Éternel, j'en veux aux prophètes Qui prennent leur propre parole et
la donnent pour ma parole. 23.32 Voici, dit l'Éternel, j'en veux à ceux qui
prophétisent des songes faux, Qui les racontent, et qui égarent mon peuple Par
leurs mensonges et par leur témérité; Je ne les ai point envoyés, je ne leur ai
point donné d'ordre, Et ils ne sont d'aucune utilité à ce peuple, dit l'Éternel. 23.33
Si ce peuple, ou un prophète, ou un sacrificateur te demande: Quelle est la
menace de l'Éternel? Tu leur diras quelle est cette menace: Je vous rejetterai,
dit l'Éternel. 23.34 Et le prophète, le sacrificateur, ou celui du peuple Qui dira:
Menace de l'Éternel, Je le châtierai, lui et sa maison. 23.35 Vous direz, chacun à
son prochain, chacun à son frère: Qu'a répondu l'Éternel? Qu'a dit l'Éternel? 23.36
Mais vous ne direz plus: Menace de l'Éternel! Car la parole de chacun sera pour
lui une menace; Vous tordez les paroles du Dieu vivant, De l'Éternel des armées,
notre Dieu. 23.37 Tu diras au prophète: Que t'a répondu l'Éternel? Qu'a dit
l'Éternel? 23.38 Et si vous dites encore: Menace de l'Éternel! Alors ainsi parle
l'Éternel: Parce que vous dites ce mot: Menace de l'Éternel! Quoique j'aie
envoyé vers vous pour dire: Vous ne direz pas: Menace de l'Éternel! 23.39 A
cause de cela voici, je vous oublierai, Et je vous rejetterai, vous et la ville Que
j'avais donnée à vous et à vos pères, Je vous rejetterai loin de ma face; 23.40 Je
mettrai sur vous un opprobre éternel Et une honte éternelle, Qui ne s'oublieront
pas. »
18 « 13.1 La parole de l'Éternel me fut adressée, en ces mots: 13.2 Fils de l'homme,

prophétise contre les prophètes d'Israël qui prophétisent, Et dis à ceux qui
prophétisent selon leur propre coeur: Écoutez la parole de l'Éternel! 13.3 Ainsi
parle le Seigneur, l'Éternel: Malheur aux prophètes insensés, Qui suivent leur
propre esprit et qui ne voient rien! 13.4 Tels des renards au milieu des ruines,
Tels sont tes prophètes, ô Israël! 13.5 Vous n'êtes pas montés devant les brèches,
Vous n'avez pas entouré d'un mur la maison d'Israël, Pour demeurer fermes dans
le combat, Au jour de l'Éternel. 13.6 Leurs visions sont vaines, et leurs oracles
menteurs; Ils disent: L'Éternel a dit! Et l'Éternel ne les a point envoyés; Et ils
font espérer que leur parole s'accomplira. 13.7 Les visions que vous avez ne sont-
14
Testament, si l’on se réfère aux actes des apôtres, acte 5,20 si
Muhammad avait été un imposteur, ni lui, en tant que

elles pas vaines, Et les oracles que vous prononcez ne sont-ils pas menteurs?
Vous dites: L'Éternel a dit! Et je n'ai point parlé. 13.8 C'est pourquoi ainsi parle
le Seigneur, l'Éternel: Parce que vous dites des choses vaines, Et que vos visions
sont des mensonges, Voici, j'en veux à vous, Dit le Seigneur, l'Éternel. 13.9 Ma
main sera contre les prophètes Dont les visions sont vaines et les oracles
menteurs; Ils ne feront point partie de l'assemblée de mon peuple, Ils ne seront
pas inscrits dans le livre de la maison d'Israël, Et ils n'entreront pas dans le pays
d'Israël. Et vous saurez que je suis le Seigneur, l'Éternel. »
19 « 3.5 Ainsi parle l'Éternel sur les prophètes qui égarent mon peuple, Qui

annoncent la paix si leurs dents ont quelque chose à mordre, Et qui publient la
guerre si on ne leur met rien dans la bouche: 3.6 A cause de cela, vous aurez la
nuit..., et plus de visions! Vous aurez les ténèbres..., et plus d'oracles! Le soleil
se couchera sur ces prophètes, Le jour s'obscurcira sur eux. 3.7 Les voyants
seront confus, les devins rougiront, Tous se couvriront la barbe; Car Dieu ne
répondra pas. »
20

La scène se déroule après l’élévation de Jésus PSL, alors que les apôtres sont
traduits devant le sanhédrin, qui est l'assemblée législative traditionnelle du
peuple juif et qui fait office de tribunal suprême. Voyant que le peuple était sur
le point de les lapider, un pharisien les mit en garde en leur rappelant le sort des
faux prophètes et celui réservé à ceux qui combattent ceux qui prêchent,
réellement, la parole de Dieu : « 5.29 Pierre et les apôtres répondirent: Il faut
obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. 5.30 Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus,
que vous avez tué, en le pendant au bois. 5.31 Dieu l'a élevé par sa droite comme
Prince et Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés.
5.32 Nous sommes témoins de ces choses, de même que le Saint Esprit, que Dieu

a donné à ceux qui lui obéissent. 5.33 Furieux de ces paroles, ils voulaient les
faire mourir. 5.34 Mais un pharisien, nommé Gamaliel, docteur de la loi, estimé
de tout le peuple, se leva dans le sanhédrin, et ordonna de faire sortir un instant
les apôtres. 5.35 Puis il leur dit: Hommes Israélites, prenez garde à ce que vous
allez faire à l'égard de ces gens. 5.36 Car, il n'y a pas longtemps que parut
Theudas, qui se donnait pour quelque chose, et auquel se rallièrent environ
quatre cents hommes: il fut tué, et tous ceux qui l'avaient suivi furent mis en
déroute et réduits à rien. 5.37 Après lui, parut Judas le Galiléen, à l'époque du
recensement, et il attira du monde à son parti: il périt aussi, et tous ceux qui
l'avaient suivi furent dispersés. 5.38 Et maintenant, je vous le dis ne vous occupez
plus de ces hommes, et laissez-les aller. Si cette entreprise ou cette oeuvre vient
des hommes, elle se détruira; 5.39 mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la
détruire. Ne courez pas le risque d'avoir combattu contre Dieu. »
15
personnalité ayant marqué l’histoire de l’humanité, ni son œuvre
n’auraient traversé les siècles pour parvenir jusqu’à nous.
En réponse à cette thèse de l’imposture que nul n’arrive à attester,
voici comment deux grands noms de l’orientalisme, Thomas
Carlyle et Irving Washington, exposent leurs antithèses :
Thomas Carlyle va se référer beaucoup plus à la logique biblique,
que nul n’est sensé contester, et qui veut que tout faux prophète
doit périr avant d’achever son œuvre, il dit dans son livres « Les
Héros » : « La parole que cet homme a dite a été le viatique de
cent quatre-vingt millions d'hommes pendant ces derniers douze
cents ans. Ces cent quatre-vingt millions ont été créés par Dieu
aussi bien que nous. Plus grand est le nombre des créatures de
Dieu qui croient en la parole de Mahomet à cette heure, que le
nombre de celles qui croient en aucune autre parole. Devons nous
supposer que c'était quelque misérable supercherie spirituelle,
ceci, dont vécurent et dont moururent tant de créatures du Tout-
Puissant ? Moi, pour ma part, je ne puis former de telles
suppositions. Je croirai bien des choses plutôt que cela. On serait
tout à fait embarrassé, pour savoir que penser de ce monde
absolument, si le charlatanisme croissait ainsi et trouvait de telles
sanctions ici-bas. »21

21 « Les héros. Le culte des héros et l’héroïque dans l’histoire ». Thomas


Carlyle. P. 71 – 72. Traduction de J.B.J Izoulet-Loubatières. Armand Collin et
Cie éditeurs. Paris 1888. Le texte en anglais : « The word this man spoke has
been the life guidance of one hundred and eighty millions of men these twelve
hindered years. These hundred and eighty millions were made by God as well
as we. A greater number of God’s creatures believe in Mahomet’s word, at this
hour, than in any other word whatever. Are we to suppose that it was a miserable
piece of spiritual legerdemain, this which so many creatures of the Almighty
have lived by and died by? I, for my part, cannot from any such supposition. I
will believe most things sooner than that. One would be entirely at a loss what
to think of this world at all, if quackery grew and were sanctioned here. » (“On
heroes, hero-worship, and the heroic in history” P.40. Wiley and Putman. New
York 1846.)
16
Irving Washington, abordera, lui, la chose sous un autre angle, il
jouera beaucoup plus sur le rationnel. Dans son livre « Vie de
Mahomet », il commence par se poser la question à la page 344
en disant : « Maintenant se présente la question : Mahomet était-
il l’imposteur éhonté que l’on a dit ? Toutes ses visions et
révélations étaient-elles autant de mensonges délibérés, et tout
son système un tissu de fourberies ? »22 Puis après un préambule,
il donne sa réponse à la page 347 et dit : « Son histoire semble se
composer de deux grandes divisions. Durant la première partie
de sa vie, nous ne pouvons apercevoir ce qu’il avait à gagner par
l’imposture impie et prodigieuse dont on l’accuse. La fortune ?
Son mariage avec Khadîdja l’avait rendu riche et pendant les
années qui précédèrent sa prétendue vision, il n’avait manifesté
aucun désir d’augmenter son avoir. La distinction ? Il occupait
déjà un rang élevé dans sa ville natale par son intelligence et sa
probité. Il était de l’illustre tribu de Koreich et de la branche la
plus honorée de cette tribu. Le pouvoir ? La garde de la Kaâba,
et avec elle le commandement de la ville sacrée, était depuis des
générations l’apanage de sa famille et il pouvait, vu sa position
et sa fortune, aspirer à ce poste élevé. En essayant de détruire la
foi dans laquelle il avait été élevé, il frappait ces avantages à la
racine. Sur cette foi reposaient l’influence et les dignités de sa
famille ; l’attaquer c’était s’attirer l’hostilité de ses proches,

22 « Vie de Mahomet » P. 344. Irving Washington. Traduction d’Henry


Georges. A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie éditeurs. Paris 1865. Le texte en
anglais : « The question now occurs, was he the unprincipled impostor that he
has been represented? Were all his visions and revelations deliberate
falsehoods, and was his whole system a tissue of deceit? » “Lives of Mahomet
and his successors” P. 188. Washington Irving. George Routledge & CO.
London 1850.
17
l’indignation de ses concitoyens, l’horreur et la haine de tous ses
compatriotes qui suivaient le culte de la Kaâba. »23
Quand on étudie la biographie du Prophète PBSL, on ne peut
admettre cette thèse de l’imposture, soutenue par bon nombre
d’orientalistes. D’ailleurs, après avoir étudié la vie du Prophète
PBSL
George Bernard Shaw, Prix Nobel de Littérature en 1925, a
dit : « J’ai étudié cet homme merveilleux qui, à mon avis, est loin
d'être un Antéchrist, et qui devrait être appelé le Sauveur de
l'humanité. »24 Il en a été de même pour Napoléon Bonaparte qui,
dans ses mémoires de Sainte-Hélène, ira jusqu’à faire un
commentaire sur le « Mahomet » de Voltaire, disant : « Voltaire,
avait ici manqué à l'histoire et au coeur humain. Il prostituait le
grand caractère de Mahomet par les intrigues les plus basses. Il
faisait agir un grand homme qui avait changé la face du monde,
comme le plus vil scélérat, digne au plus du gibet. Il ne

23 Source précédente, p 344. Le texte en anglais : « His history appears to


resolve itself into two grand divisions. During the first part, up to the period of
middle life, we cannot perceive what adequate object he had to gain by the
impious and stupendous imposture with which he stands charged. Was it riches?
His marriage with Cadijah had already made him wealthy, and for years
preceding his pretended vision he has manifested no desire to increase his store.
Was it distinction? He already stood high in his native place, as a man of
intelligence and probity. He was of the illustrious tribe of Koreish, and of the
most honoured branch of that tribe. Was it power? The guardianship of the
Caaba, and with it the command of the sacred city, had been for generations in
his immediate family, and his situation and circumstances entitled him to look
forward with confidence to that exalted trust. In attempting to subvert the faith
in which he has been brought up, he struck at the root of all these advantages.
On that faith were founded the fortunes and dignities of his family. To assail it
must draw on himself the hostility of his kindred, the indignation of his fellow-
citizens, and the horror and odium of all his countrymen, who were worshippers
at the Caaba. » P. 190.
24 « Islam the misunderstood religion ». P. 99. Dr Danial Zainal Abidin. PTS

Millennia Sdn. Bhd. Kuala Lumpur. 1ère édition 2005. Texte en anglais : « I
have studied him – the wonderful man, and in my opinion far from being an
anti-Christ, he must be called saviour of humanity. »
18
travestissait pas moins inconvenablement le grand caractère
d'Omar, dont il ne faisait qu'un coupe-jarret de mélodrame. »25
Conscients de la fascination qu’exerçait le Prophète PBSL sur les
esprits libres, et toujours dans l’intention de démontrer qu’il
n’était qu’un imposteur, certains orientalistes vont adopter une
autre stratégie, plutôt que de le traiter directement d’imposteur,
ils le feront passer pour un simple imitateur ; et là, une autre thèse
va prendre naissance : Muhammad s’est inspiré du Judaïsme et
du christianisme pour façonner l’Islam. Il s’agit-là d’une thèse
qui a été largement répandue, entre autres, par Ignaz Goldziher26
et Karl Brockelmann.
Avant de poursuivre, il convient d’expliquer ce qu’est l’Islam.
Pour un musulman, l’Islam est une restauration du monothéisme
pur d’Abraham PSL, d’ailleurs l’appellation même de musulman,
qui signifie « soumis à Dieu », nous vient, selon le Coran,
d’Abraham PSL, Dieu dit dans le verset 78 de Sourate El Hadj (Le
pèlerinage) : «78. C'est Lui (Dieu) qui vous a élus ; et Il ne vous a
imposé aucune gêne dans la religion, celle de votre père
Abraham, lequel vous a déjà nommés “Musulmans” avant (ce
Livre) et dans ce (Livre). » A l’inverse des juifs, qui ont donné à
la religion de Moïse PSL le nom de Judaïsme, en référence à la
Judée ; ou des chrétiens qui se font appeler ainsi en référence au
Christ PSL, les musulmans ne sont pas des Mahométans, et l’Islam
n’est pas le Mahométisme, comme il plait à certains orientalistes
de le dire. Muhammad PBSL ne s’est rien attribué, il a clôturé la

25 « Mémorial de Sainte-Hélène » P. 98. M. Le Cte De Las Cases. Gustave


Barba. Libraire-éditeur. Paris 1862.
26 Ignaz Goldziher, né le 22 juin 1850 à Székesfehérvár, Hongrie, mort à

Budapest le 13 novembre 1921. C’était un juif hongrois, il était un éminent


spécialiste de l'islam, et l'un des pères de l'orientalisme scientifique. Voir «
Maoussouât El Moustachriqine » (Encyclopédie des orientalistes)
Abderrahmane Badawi, p. 197 - 203. Dar El Îlm lilmalayyine. Troisième
éditions. Beyrouth, Liban. 1993.
19
prophétie par la transmission de la religion de Dieu, une religion
qui s’appelle l’Islam, qui signifie soumission à Dieu, ce qui place
cette religion au-dessus de toute considération ethnique ou
géographique, ce qui nous donne, donc, cette notion
d’universalité que nous ne trouvons ni dans le judaïsme ni dans
le christianisme.
Maintenant, quand des orientalistes prétendent que le Prophète
PBSL
n’a fait que reprendre de vieilles traditions juives et
chrétiennes pour en faire l’Islam, sur quoi s’appuient-ils ?

20
L’Islam est-il une imitation des deux religions qui l’ont
précédé ?

Les orientalistes ont avancé bon nombre de théories dans ce sens,


certaines, dont le côté fantaisiste dépasse l’entendement, sont
allées jusqu’à soutenir, avec une argumentation tirée par les
cheveux, que l’Islam est un dérivé du Hagarisme, en référence à
Agar, femme d’Abraham et mère d’Ismaël PSE. A l’exemple
d’une étude faite par deux « éminents spécialistes de l’Orient »,
sous le titre de : « Hagarisme. La naissance du monde
islamique ». Cette étude est de Patricia Crone et Michael Cook,
elle a été publiée en 1977 par la prestigieuse université de
Cambridge, dont le sérieux ne fait défaut que quand il s’agit
d’Islam. Cette étude soutient que l’Islam, tel que nous le
connaissons actuellement, n’a prit forme que sous le califat de
Abdel Malik Ibn Marwan, cinquième Calife Omeyyade, qui a
gouverné entre 685 et 705 E.C, c’est-à-dire quelques 53 ans après
la mort du Prophète PBSL, et qu’avant cela, il n’y avait pas l’Islam
mais le Hagarisme (‫)الهاجرية‬.
Pour bien démêler tout cela, qui sont les Agaréniens ? Car c’est
ainsi qu’on appelait les adeptes du Hagarisme. Selon
l’encyclopédie Migne, il s’agit d’une secte d’apostats, donc des
hérétiques, qui, vers le 7ème siècle, c’est-à-dire la période qui
coïncide avec l’avènement de l’Islam, ont renoncé à la loi de
l’Evangile pour la religion de Mahomet. Ils étaient considérés
comme des hérétiques parce qu’ils se déclaraient disciples du
Christ PSL mais observaient la loi juive dans une sorte de
syncrétisme, une sorte de fusion entre différentes doctrines
religieuses, que l’Eglise n’appréciait pas.

21
Selon les différentes sources chrétiennes se rapportant à cette
secte, et dont la confusion n’a d’égal que la motivation de leurs
auteurs à jeter le discrédit sur l’Islam, les Agaréniens, à
différentes étapes de l’histoire, vont être assimilés aux Ebionites,
puis, on ne sait de quelle manière, ils vont fusionner avec les
nazaréens, et c’est à partir des nazaréens, qu’on traduit par
nassara en langue arabe, et qui sont eux aussi considérés comme
un groupe hérétique, que les orientalistes vont commencer à faire
des rapprochements avec l’Islam.
Alors quel, rapport peut-il y avoir entre les nazaréens et l’Islam
pour que les orientalistes aient pu conclure que les premiers
musulmans étaient des anciens nazaréens, qui descendent des
hagaréniens, qui tout en se réclamant chrétiens observaient des
coutumes exclusivement juives ? Ce qui a permit aux
orientalistes de dire, au final, que l’Islam, dans sa prétendue
version original, était un ensemble de traditions juives.
Signalons, au passage, que nous ne parlons pas des premiers
chrétiens qui se sont fait appeler nazaréens ou nazoréens en
référence à Jésus le nazaréen, ou Jésus de Nazareth PSL, mais d’un
groupe qui a existé entre le 1er et le 7ème siècle de l’ère chrétienne,
que certains assimilent aux hagaréniens.
La démarche de Patricia Crone et de Michael Cook, qui se
réclament d’un orientalisme dit scientifique, à l’image de celui
d’Ignaz Goldziher, est toute simple, elle consiste, en un premier
temps, à établir un lien entre le sens du mot « nazaréen », que
portait une ethnie originaire du village d’Ansari près d’Alep, en
Syrie, et celui du mot « Ansar » que portaient les premiers
musulmans de Médine. Les Nazaréens, selon les sources
orientalistes, s’identifiaient comme les « secoureurs de Dieu » ou
« Alliés de Dieu », ce qui se traduirait en arabe par ansaroullah,
Et les premiers musulmans de Yathrib étaient appelés Ansars ce

22
qui se traduit par « supporters » ou « aides ». En un deuxième
temps, on va jouer sur la linguistique, en faisant un
rapprochement entre les racines des deux mots : « nzr » pour
nazaréens et « nsr » pour ansars. Les deux mots appartenants à
des langues chamito-sémitiques, ces orientalistes, après une
gymnastique incroyable, vont déduire que ce sont les nazaréens
qui, en se convertissant à l’Islam, se sont fait appelé ansars, ce
qui fait que les premiers musulmans sont d’origine juive, et ce
qui permet d’avancer que l’Islam est d’origine juive. Le
problème est que tous ceux qui ont soutenu cette thèse l’ont fait
sans donner de détails précis sur l’histoire même des hagaréniens,
sans donner de détails sur les conjonctures qui ont amené les
hagaréniens et les nazaréens à fusionner et sans donner de détails
sur le cheminement des nazaréens à travers l’histoire, ou de la
manière dont ils se seraient trouvés à Médine pour adopter,
finalement, l’Islam comme religion.
De plus, Patricia Crone et Michael Cook prétendent puiser ces
informations, capitales, tantôt de vieux écrits juifs, tantôt de
vieux écrits coptes, araméens et syriaques, d’origine inconnue et
que les historiens ont négligé.27 Mais qu’en est-il réellement ?
Avant de répondre à cela, il nous faut avoir une idée sur le
cheminement du judaïsme et du christianisme après la disparition
de leurs prophètes respectifs, Moïse et Jésus PSE.
Sachez qu’après Moïse PSL, les hébreux vont carrément se
détourner du monothéisme, ils vont devenir païens : Ils
s’adonnent au Molochisme,28 et sacrifient leurs premier-nés en

27 Voir Vajda Georges. P. Crone et M. Cook. « Hagarisme. The making of the


Islamic world. » Revue de l’histoire des religions. Tome 193. N°1, 1978. P.
108-122.
28 Culte dédié à Moloch, dieu des Ammonites. Ce nom, dans les langues

orientales, signifie roi ou souverain. Dans le Lévitique et ailleurs Dieu défend


aux Israélites, sous peine de mort, de consacrer leurs enfants à Moloch. Malgré
23
les jetant dans un brasier en l’honneur de Moloch, divinité
anciennement adorée par les Ammonites, qui sont une ethnie
cananéenne, ce que le livre des psaumes condamne avec
véhémence au chapitre 106 qui dit : « 106.28 Ils s'attachèrent à
Baal Peor, Et mangèrent des victimes sacrifiées aux
morts…106.35 Ils se mêlèrent avec les nations, Et ils apprirent
leurs oeuvres. 106.36 Ils servirent leurs idoles, Qui furent pour
eux un piège; 106.37 Ils sacrifièrent leurs fils Et leurs filles aux
idoles, 106.38 Ils répandirent le sang innocent, Le sang de leurs
fils et de leurs filles, qu'ils sacrifièrent aux idoles de Canaan,
Et le pays fut profané par des meurtres. » Mais en plus de ces
pratiques sanguinaires qui semblent avoir trouvé un assentiment
inné chez les juifs, et que Gustave Tridon relate, si bien, dans son
livre : « Du molochisme juif »,29 il y a eu une déformation
perverse et immorale de la religion de Moïse PSL, Dieu l’Eternel
devient une entité qui s’inspire des enfants d’Israël, puisque il
s’abaisse à lire le Talmud en se tenant debout, comme le rapporte
une maxime du Talmud, car tel est son respect pour ce livre
rédigé par des hommes sans scrupules.30 Mieux encore, Dieu

cette loi, les juifs adorent cette fausse divinité que la Bible semble désigner sous
les noms de Moloch, Baal et Melchom. La coutume des idolâtres était de faire
passer les enfants par le feu à l’honneur de ce faux dieu, et il paraît que souvent
l’on poussait la barbarie jusqu’à les brûler en holocauste, comme faisaient les
Carthaginois et d’autres à l’honneur de Saturne. (Voir Encyclopédie Migne.
Vol. 35ème)
29 « Du molochisme juif. Etudes critiques et philosophiques. » Gustave Tridon.

Edouard Mahieu, imprimeur éditeur. Bruxelles. 1884.


30 « Dieu dans le ciel lit le Talmud en se tenant debout, tel est son respect pour

le livre. » Traité Magilla, 21 a. « L’esprit juif ou les juifs peints par eux-mêmes
d’après le Talmud. » P. 114. Goré O’thouma. TULLE imprimerie de
J.Mazeyrie. 1888.
24
devient une entité à qui il plairait d’être bénie par un rabbin,
comme le rapporte une autre maxime du Talmud.31
Chez les chrétiens c’est Paul de Tarse,32 grand persécuteur des
premiers disciples de Jésus PSL, issu des Pharisiens, ces
marchands du temple condamnés par Jésus lui-même, qui
devient, on ne sait par quel moyen, la figure emblématique du
christianisme, un christianisme bien différent de celui de Jésus
PSL
. Nous pouvons même dire que c’est Paul de Tarse, ex-ennemi
juré du Christ PSL, qui va redéfinir le christianisme et lui donner
l’aspect que nous lui connaissons actuellement. Un christianisme
que le Christ PSL ne reconnaîtrait pas s’il était ressuscité. Le
dogme du Dieu unique est remplacé par celui de la trinité, c’est-
à-dire un dieu unique en trois personnes : Père, Fils et Esprit
Saint, entités égales et participant à une même essence. La
religion se retrouve entre les mains d’hommes qui se voient
investis d’un pouvoir divin, qui fait d’eux des ministres de Dieu,
et qui en vertu de ce pouvoir ont pleine autorité quant à décider
de ce qui est de la foi chrétienne de ce qui ne l’est pas, à l’image
d’ Irénée de Lyon, évêque du deuxième siècle, qui décide en l’an
180 de l’ère chrétienne que seuls les Evangiles de Matthieu, de
Marc, de Luc et de Jean sont canoniques.33 Où est l’Evangile de

31 « La bénédiction d’un rabbin n’est pas une petite chose. Dieu lui-même est
reconnaissant à un rabbin s’il le bénit. « J’entrais un jour dans le Saint des Saints
et Dieu y était assis sur une haute chaise. Il me dit : « Bénis-moi, mon fils ! »
Je le fis. Il me salua, me remercia et s’en alla. » I Traité Berachoth, 7 a. Source
précédente p. 145 – 146.
32 Saint Paul, surnommé l’apôtre des gentils, né à Tarse (Tarsus, ville de Cilicie

en Turquie) entre 5 et 15 apr. J.C, mort v. 64 ou 67. Une vision du Christ sur le
chemin de Damas (v. 36) fit de ce Pharisien un apôtre de Jésus-Christ.
33 Dans son ouvrage « Contre les hérésies », composé vers 180, il affirme avec

force l’autorité de l’Evangile quadriforme ou « tétramorphe ». Dans un passage


célèbre il cherche à justifier le nombre quatre à l’aide d’analogies empruntées
à la nature et l’écriture, il dit : « Par ailleurs, il ne peut y avoir ni un plus grand
ni un plus petit nombre d'Évangiles (que quatre). En effet, puisqu'il existe quatre
25
Jésus PSL ? Pourquoi l’Evangile de Barnabé, qui va à l’encontre
de la trinité, et l’Evangile de Juda, qui présente une thèse toute
autre de la trahison de Juda, sont-ils déclarés apocryphes ? Pas
de réponse, si ce n’est qu’ils ne servent pas les intérêts d’une
minorité qui veut asseoir un pouvoir théocratique au nom de
Dieu.
Finalement, quand on analyse bien le cheminement du judaïsme
et du christianisme, on se rend compte tout de suite qu’il ne s’agit
que d’une reprise des vieux mythes de l’antiquité : Les juifs ont
un panthéon de divinités invisibles qui concurrencent Dieu
l’Eternel dans les cérémonies religieuses. Et, comme le démontre
Iosif Kryvelev dans son livre « Du sens des Evangiles », la trinité
chrétienne semble avoir été importée des vieilles religions d’Asie
puisque le tricéphale représentant le Père, le fils et le saint Esprit
n’est qu’une reproduction de la Trimurti hindouiste, représentant
les dieux Brahmâ, Vishnou et Shiva, et le symbolisme qui
entoure les quatre apôtres représentant Mathieu avec la figure de
l'ange, Jean avec celle de l'aigle, Luc avec celle du bœuf et Marc
avec celle du lion n’est qu’une reproduction de l’image d’Anubis
dans la mythologie égyptienne.34
Et attention, il ne s’agit pas, là, d’une thèse fabriquée de toute
pièce, Franz Griese, théologien allemand, déclare dans son livre

régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et


puisque, d'autre part, l'Église est répandue sur toute la terre et qu'elle a pour
colonne et pour soutien l'Évangile et l'Esprit de vie, il est naturel qu'elle ait
quatre colonnes qui soufflent de toutes parts l'incorruptibilité et rendent la vie
aux hommes. D'où il apparaît que le Verbe, Artisan de l'univers, qui siège sur
les Chérubins et maintient toutes choses, lorsqu'il s'est manifesté aux hommes,
nous a donné un Évangile à quadruple forme, encore que maintenu par un
unique Esprit. » « Introduction au Nouveau Testament. Son histoire, son
écriture, sa théologie. » P. 485. Daniel Marguerat. Labor et Fides. 2008.
34 « Du sens des Evangiles » P. 11 à 20. Iosif Kryvelev. Traduit au français par

L. Gaurin. Editions en langues étrangères, Moscou.


26
« La désillusion d’un sacerdoce » après avoir soumis la Bible
chrétienne à une étude critique, que sur 89 chapitres composant
les 4 Evangiles, 80, d’entre eux, ne sont que reprise de la vie et
des enseignements de Krishna et de Bouddha.35
Tout ceci nous renvoie à ce que disait Othmane Ibn Âffane DAS :
."‫"و ّد السّارق لو يسرق ك ّل النّاس‬. « Le voleur aimerait bien que tout le
monde devienne voleur comme lui » afin qu’il ne soit plus
montré du doigt. C’est dans cet état que se retrouvent nos
orientalistes, eux qui n’ont gardé des religions de Moïse et de
Jésus PSE que leurs noms, aimeraient bien faire croire que l’Islam
ne jouit d’aucune authenticité. Ce qui va conditionner l’esprit de
toute personne cherchant à se documenter sur l’Islam. Car toute
étude objective de l’Islam et des enseignements de son Prophète
PBSL
, ne peut aboutir qu’à la conclusion d’Alphonse de Lamartine
qui a dit : « L’Islam est un christianisme purifié »,36 ce qui
implique que Muhammad PBSL est bel et bien un prophète, que le
Coran provient de la même source dont proviennent la Thora et
l’Evangile, et que l’Islam n’est qu’un retour aux sources pures du
monothéisme.

35 « LA DESILUSION DE UN SACERDOTE La verdad científica sobre la


religión cristiana » Franz Griese. [Version espagnole] deuxième édition.
Editorial Cultura Laica Copyright by Prof. F. Griese.
36 Voir « voyage en orient (1832 – 1833) » Alphonse de Lamartine, p. 38. Texte

établi annoté et présenté par Hussein I. El Mudarris et Olivier Salmon. Préface


de Mahat Farah El Khouri. Ed. Aleppo al Mudarris Art.
27
L’Islam est-il une religion qui va à l’encontre de la raison ?

L’écrivain, philologue, philosophe, historien et orientaliste


français Joseph Ernest Renan disait : « L'Islam est le dédain de
la science, la suppression de la société civile ; c'est l'épouvantable
simplicité de l'esprit sémitique, rétrécissant le cerveau humain, le
fermant à toute idée délicate, à tout sentiment fin, à tout
recherche rationnelle, pour le mettre en face d'une éternelle
tautologie37 : Dieu est Dieu ».38 Des propos similaires, appuyant
une thèse qui dit que l’Islam s’est toujours opposé à la science et
à la raison, ont été émis par l’orientaliste britannique William
Muir, qui était aux côtés de l’évangéliste allemand Gotleib
Pfander, l’une des figures de proue de l’évangélisation en Inde
durant la grande époque coloniale, il disait : « L’épée de
Mahomet et le Coran sont les plus grands ennemis de la
civilisation, de la liberté et de la vérité que le monde ait connu
jusqu’à présent. »39 Nous sommes-là face à une thèse qui fait
abstraction d’une partie de l’histoire de l’humanité, elle occulte
toute une époque où le monde de la science et du raffinement
parlait arabe.
Pour démontrer l’infondé de cette thèse, un simple retour aux
textes fondateurs de l’Islam nous donne comme résultat que : Le
premier verset révélé au Prophète PBSL dans la grotte de Hira dit :

37 Vice d'élocution par lequel on redit toujours la même chose. Littré.


38 « De la part des peuples sémitiques dans l'histoire de la civilisation » discours
d'ouverture du cours de langues hébraïque, chaldaïque et syriaque, au Collège
de France, Ernest Renan, éd. M. Lévy frères, 1862, p. 27-28.
39 « Séances et travaux de l’académie des sciences morales et politiques.

(Institut impérial de France). Troisième trimestre. 23ème année. Tome 19ème.


P. 441. Auguste Dyrand libraire. Paris 1864.
28
« 1. Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé ». Dieu déclare que
ceux qui détiennent la science sont supérieurs à ceux qui ne la
détiennent pas, Il dit dans Sourate Ezzumur (Les groupes) : « 9-
Dis : “Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ?
” Seuls les doués d'intelligence se rappellent ». Il déclare,
également, que c’est par la science qu’il élève les uns par rapport
aux autres, Il dit dans Sourate El Moudjadalah (La discussion):
« Dieu élèvera en degrés ceux d'entre vous qui auront cru et ceux
qui auront reçu le savoir. Dieu est parfaitement Connaisseur de
ce que vous faites ». Dans Sourate Fâtir (Le Créateur), le Coran
nous enseigne que la science est source de crainte et de piété, il
dit : « Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Dieu. Dieu
est, certes, Puissant et Pardonneur ». Par ailleurs, l’Islam a fait de
la réflexion et de la méditation un moyen de connaître Dieu, Dieu
dit dans Sourate Al Îmrane (La famille d’Imrane) : « 190. En vérité,
dans la création des cieux et de la terre, et dans l'alternance de la
nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués
d'intelligence, 191. Qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés,
invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre
(disant) : “ Notre Seigneur ! Tu n'as pas créé cela en vain. Gloire
à Toi ! Garde-nous du châtiment du Feu. ». La méditation, Dieu
en a même fait une obligation religieuse, Il dit dans Sourate
Yunus (Jonas) : « 101. Dis : “Regardez ce qui est dans les cieux et
sur la terre”. Mais ni les preuves ni les avertisseurs (prophètes)
ne suffisent à des gens qui ne croient pas ».
Dans le même esprit, le Prophète PBSL a dit : « Celui qui prend
une route à la recherche d'une science. Dieu lui facilite une voie
vers le Paradis. »40 Il a dit, aussi : «Ce bas monde est maudit et

40 Rapporté par E’ttirmidhi d’après Abou Hourayra. Hadith n° 2646.


29
tout ce qu'il contient est maudit sauf l'évocation de Dieu et ce qui
s'ensuit, de même qu'un savant ou un étudiant. »41
A l’inverse, on peut lire dans la première épître de Paul aux
Corinthiens, « 1.27 Mais Dieu a choisi les choses folles du monde
pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du
monde pour confondre les forts ». On peut lire au chapitre « 3.18
Que nul ne s'abuse lui-même: si quelqu'un parmi vous pense être
sage selon ce siècle, qu'il devienne fou, afin de devenir sage. 3.19
Car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. Aussi est-
il écrit: Il prend les sages dans leur ruse. 3.20 Et encore : Le
Seigneur connaît les pensées des sages, Il sait qu'elles sont
vaines. 3.21 Que personne donc ne mette sa gloire dans des
hommes; car tout est à vous ». Et dans son épître aux Colossiens
il dit « 2.8 Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie
par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la
tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur le
Christ. 2.9 Car en lui habite corporellement toute la plénitude de
la divinité ».
Ces textes du Coran et du Nouveau Testament montrent la
position de chacune des religions, musulmane et chrétienne, par
rapport à la science. Intéresserons-nous, à présent, à quelques
moments de l’histoire qui montrent le comportement de chacune
des deux religions avec la science.
Concernant l’histoire de l’Islam, nous commencerons par la
Bataille de Badr. Après cette première confrontation avec les
Quraychites, Le Prophète PBSL teint un conseil avec ses
compagnons pour délibérer sur le sort des prisonniers de guerre.
Il fut décidé de leur rendre leur liberté moyennant une rançon en
espèce. Pour ceux d’entre eux qui savaient lire et écrire et qui

Rapporté par E’ttirmidhi (2322) et Ibn Majah (4112) d’après Abou


41

Hourayra.
30
n’avaient pas les moyens de payer cette rançon, une autre mesure
fut prise : Chacun d’eux devait apprendre à dix jeunes
musulmans à lire et à écrire pour racheter sa liberté. Par cette
décision, non seulement l’Islam nous enseigne que tout ne se
règle pas par des solutions matérielles ou lucratives, mais il nous
met face à l’essentiel de ce que nous devrions rechercher, c’est-
à-dire nous élever au-dessus des convoitises de ce monde et la
science, que favorisait le Prophète PBSL par cette décision, est le
meilleur moyen d’atteindre ce but sublime.
Autre fait de l’histoire, les premières écoles coraniques,
appelées Katatib, ont vu le jour sous le califat de Omar DAS, les
enfants y apprenaient, essentiellement, le Coran mais y
apprenaient, aussi, à lire et à écrire. L’enseignement était assuré
par des enseignants qui étaient rémunérés par le trésor public dit
Bayt el mal. Les enfants y allaient deux fois par jour : Après la
prière de l’aube et après la prière de midi. Ils y allaient tous les
jours sauf le jeudi et le vendredi, décrétés jour de repos par Omar
DAS
après son retour de la conquête du Cham.
Au 8e siècle, à l’époque où Charlemagne créait en France ce que
l’on a appelé les écoles carolingiennes, qui n’étaient, en réalité,
que des classes réservées exclusivement à la noblesse ; et là, une
remarque s’impose : S’il avait été vrai que c’est Charlemagne qui
a inventé l’école, comme il plaît à certains de le prétendre,
comment expliquer qu’en 1830, sur 3000 mairies françaises,
2700 n’avaient pas d’école. En revanche, en Algérie, où la
tradition de l’enseignement est apparue avec les premiers
musulmans, rien qu’à Larbaâ Naith Irathen, un petit patelin de la
région de Kabylie, et selon les archives françaises, il y avait 46
écoles.
Donc, pour revenir à notre sujet, c’est au 8e siècle, que les grandes
écoles commençaient à s’organiser dans les pays musulmans. A

31
ce sujet, Louis Figuier écrit dans «Vie des savants illustres » :
« Grâce aux califes El Mansour, Haroun Errachid, El Mamoun et
plusieurs autres qui aimaient les lettres ou les sciences et les
cultivaient eux-mêmes avec distinction, l’école arabe de Bagdad
prit un développement rapide et jeta un vif éclat ».42 En fait
l’école de Bagdad était une université. Il dit, aussi, « El Mamoun
fut un homme éminent. Devenu Calife, après la mort de son père,
il donna, comme chef d’Etat, comme savant, comme homme, des
exemples qui furent malheureusement trop peu suivis, dans notre
Occident, à la même époque. On cite surtout de lui, un trait
remarquable, unique dans l’histoire. Vainqueur dans une guerre
qu’il soutenait contre Michel III, empereur de Constantinople, il
lui accorda la paix, à condition que l’empereur l’autorise à
recueillir, pour les faire traduire en arabe, tous les livres de
philosophie, non encore traduits, qui pouvaient se trouver dans la
Grèce ».43
Les exemples que nous venons de citer montrent, et ça beaucoup
d’orientalistes comme John William Drapper44 ou Sigride
Hunke45 l’attestent, qu’un élan de civilisation s’est transmis chez
les musulmans, de génération en génération, et ce depuis le

42 « Vie des savants illustres. Depuis l’antiquité jusqu’au dix-neuvième siècle. »


P.6. Louis Figuier. Librairie Hachette. Paris 1870.
43 Source précédente, p. 7.
44 John William Draper, né le 5 mai 1811 à St. Helens, Merseyside, en

Angleterre, mort le le 4 janvier 1882 à New York, il était scientifique,


philosophe, médecin, chimiste, historien et photographe américain, né anglais.
Voir le « Dictionnaire universel des contemporains : Contenant toutes les
personnes notables de la France et des pays étrangers » Volume 1, p. 554 – 555.
Gustave Vapereau. Librairie de L. Hachette et Cie. Paris, 1858.
45 Sigrid Hunke, née le 26 avril 1913 à Kiel en Allemagne, morte le 115 juin

1999 à Hambourg, était une historienne des religions et écrivain allemande,


spécialisée dans l'étude des religions. Voir « El Islam fi ôuyoun gharbiyya »
(L’Islam vu par les orientalistes) p. 219 - 220. Muhammad Omara. Edition dar
echourouk.
32
prophète PBSL. Comment Ose-t-on, après tout cela, prétendre que
l’Islam est une religion qui s’est opposé à la science et à la raison.
Si l’Islam et la raison ont fait bon ménage, il en a été tout
autrement quant au christianisme, incarné par l’Eglise de Rome,
dont les adeptes ne manquent pas une occasion pour accuser
l’Islam de s’être opposé à la science, tentant, ainsi, de donner du
crédit à une thèse orientaliste qui n’a aucun fondement. Là
encore, référons-nous à l’histoire :
Au nom d’une vérité absolue, proclamée par l’Eglise, disant que
le catholicisme était la seule vraie religion, que l’Eglise était une
et universelle, aucune liberté de culte ou de conscience n’était
tolérée. A partir de là tous les moyens ont été mis en œuvre pour
combattre l’hérésie.
En mars 1199, le Pape Innocent III, qui traitait Muhammad PBSL
d’antéchrist, publie la bulle « Vergentis in senium » qui institue
une procédure de lutte contre les hérétiques.46 C’est le début de
l’inquisition. Tout ce qui allait à l’encontre des préceptes de
l’Eglise ne pouvait provenir que du Diable, et devait être réprimé
avec la plus grande rigueur. C’est en vertu de cela que le premier
réformateur, Jan Hus, un moine Tchèque qui avait contesté le
pouvoir et la dérive de l’Eglise, fut accusé d’hérésie, frappé
d’excommunication en 1411, il fut condamné au bûcher en
1415.47 La légende rapporte qu’avant sa mort il aurait dit :
« Aujourd’hui vous rôtissez une oie (le mot Hus signifiant oie en
Tchèque), mais demain un cygne viendra vous chanter une autre
chanson ».48 Et effectivement, cent ans plus tard c’est Martin

46 Voir « les cartulaires méridionaux », p. 94. Daniel Le Blévec. Ecole


Nationale Des Chartes. 2006.
47 Voir « Le Moyen Âge, XIe- XVe siècle », p. 383. Michel Kaplan, Patrick

Boucheron. Bréal 1994.


48 Voir « Trois conciles réformateurs au XVme siècle : conférences historiques

», p. 32. Etienne Chastel. Imprimerie P.A Bonnant. Genève 1860.


33
Luther, de l’ordre des augustins, qui rédige ses 95 thèses contre
l’Eglise.
En 1522 Venise devient une ville ouverte, qui conteste la
primauté de Rome. C’est aussi un centre d’édition majeur, des
millions de livres s’y imprimaient et s’y vendaient. Et avec les
livres, de nouvelles idées commencent à se répandre, ce qui ne
pouvait qu’attirer les foudres de l’Eglise. A la même période,
l’université de Padou devient un siège de la libre pensée et de la
liberté intellectuelle. Mais pour l’église c’est un siège de l’hérésie
qu’il convient de purger. On commençait à pratiquer la dissection
des cadavres, ce qui allait à l’encontre des préceptes
fondamentaux de l’église. Ce qui était perçu comme la naissance
de la science moderne, n’était pour l’Eglise qu’une œuvre du
Diable.
Gian Pietro Carafa, archevêque de Naples et cardinal en 1536,
prend le problème à cœur, devenu pape le 23 mai 1555 sous le
nom de Paul IV, il introduit l’inquisition en Italie. L’une des
mesures prises par Paul IV était L’Index librorum prohibitorum,
publié en 1559. Il s’agit d’une liste d'ouvrages que les
catholiques romains n'étaient pas autorisés à lire parce que jugés
« pernicieux », l’index était renouvelé régulièrement et n’a pris
fin que le 14 juin 1966.49 Parmi les écrivains célèbres dont les
œuvres ont figuré dans l’Index Librorum Prohibitorum, et qui ont
fait partie de l’histoire moderne, nous citerons : Denis Diderot,
Pierre Larousse ou Victor Hugo.
Sans oublier que concernant l’édition de livres, il y a toujours eu
au sein de l’Eglise toute une procédure de censure avec le fameux
« imprimatur » qui est une autorisation officielle catholique de
publier : comportent l’Imprimi potest (peut être imprimé), le

49Voir « La condamnation des livres coperniciens et sa révocation », p. 9.


Pierre-Noël Mayaud. Editrice pontificiauniversita gregoriana. Roma 1997.
34
Nihil obstat (rien ne s'y oppose), et, bien sûre, l’Imprimatur (qu'il
soit imprimé).
Comment peut-on oublier un passé aussi obscur pour accuser
l’Islam d’ennemi de la science ?
Contrairement à l’arbitraire de l’Eglise, et avant de poursuivre
notre analyse, prenons deux exemples puisés de l’histoire, qui
montrent jusqu’à quel point la liberté de culte, de conscience et
d’expression ont été respectées par l’Islam.
Les premiers siècles de l’hégire ont connu l’émergence d’une
multitude de courants philosophiques dont les fondateurs,
subjugués par les pensées hindouiste et persane, ont déviés des
principes fondamentaux de l’Islam. Ainsi, nous remarquons chez
les deux plus grands courants dogmatiques de l’époque, et qui
sont El Djahmiyya et El Mou’tazilla, dans leur perception du bien
et du mal, par exemple, des interprétations qui s’apparentent
carrément au manichéisme, ce qui crée une dualité qui s’oppose
catégoriquement au principe d’unicité de Dieu proclamé par
l’Islam.
Ce que nous allons relater est une confrontation publique qui a
eu lieu, vers la fin du 3e siècle de l’hégire, entre Abou El Hassan
El Achâari et el Djoubbai. Le 1er est un ancien mou’tazilli,
reconverti à la doctrine initiale dite de Ahl E’ssounna wal
Djamaâa et le 2nd, son ancien maître, une icône des mou’tazillis,
dont le courant était à l’agonie et ses adeptes très mal vus par la
masse.
Lors de ce face-à-face, El Achâri dit à El Djoubai : « Que dits-tu
d’un mécréant, d’un croyant et d’un enfant après leur mort ? ».
C’est-à-dire où iront-ils ? El Djoubbai dit : « Le croyant est
destiné aux degrés élevés (c’est-à-dire ceux du Paradis), le
mécréant aux bas fond de l’Enfer, et l’enfant fera partie des gens
du Salut ». Sauf que cette position du salut, réservée aux enfants,

35
selon El Mou’tazilla, était une position neutre où même s’il n’y
avait pas de châtiment, il n’y avait aucune récompense comme
c’est le cas pour ceux qui vont au Paradis, et ce, parce que l’Enfer
et le Paradis sont des lieux de rétributions, et que l’enfant est mort
avant d’avoir atteint l’âge de raison ce qui fait que même s’il ne
mérite pas l’Enfer, son œuvre est insuffisante pour qu’il aspire au
Paradis, ce qui est totalement faux.
El Achâri dit : « Et si l’enfant voulait accéder au Paradis, cela lui
serait-il possible ? ». El Djoubbai dit : « Non ! Il lui sera répondu
que le croyant a mérité ce rang élevé grâce à son œuvre et toi tu
n’as rien accompli de cela ». El Achâri dit : « Et si l’enfant disait :
« Mais ceci n’est pas de ma faute Seigneur ! Si tu m’avais laissé
vivre plus longtemps j’aurais sûrement accompli des œuvres de
bien comme le croyant ». El Djoubbai dit : « Dieu lui dira : « Je
savais que, si tu vivais plus longtemps, que tu allais faire
beaucoup de mal. Dans ton intérêt, j’ai jugé meilleur pour toi de
t’ôter la vie afin que tu n’ailles pas en Enfer ». El Achâri dit
alors : « Et si le mécréant disait, à ce moment-là : « Seigneur !
Puisque Tu savais que moi aussi j’allais mal tourner, pourquoi ne
m’as-tu pas ôté la vie, comme tu l’as fais pour lui, afin que je
n’aille pas en Enfer ».50
Nous sommes à un moment de l’histoire où El mou’tazilla étaient
hais, rejetés et ne jouissaient plus d’aucun crédit, et des savants
comme El Achâri profitaient des rassemblements publics, tels
que les veillées funèbres ou les mariages, pour montrer aux gens
leurs déviations. C’est ainsi que s’organisaient la plus part des
controverses, qui, même si elles s’intéressaient au dogme, n’ont
jamais valu à qui que ce soit d’aller au bûcher.

50 « Tarikh el madhahib el islamiya ». (Histoires des rites musulmans) p. 206.


1ère partie. Muhammad Abou Zahra. Dar el fikr el arabi.
36
A l’inverse, c’est par « aberration de la foi » que l’Eglise
romaine, sous Innocent III, désignait tout écart de ses préceptes
fondamentaux, chose qui était considérée comme un crime de
lèse-majesté divine, et qui encourrait l’excommunication. Quand
on sait que rien que pour avoir défié l'autorité papale en tenant la
Bible pour seule source légitime d'autorité religieuse, Martin
Luther s’est vu frappé par une bulle lui signifiant son
excommunication, le fait qu’une personne comme El Djoubbai
puisse défendre ses thèses déviationnistes au grand jour, sans
craindre de se retrouver sur le bûcher, nous donne, quand même,
une idée de la tolérance de l’Islam.
Cela dit, si l’Islam était tolérant avec des gens comme El
Djoubbai, qui se réclamaient musulmans en dépit de leurs idées
en désaccord flagrant avec le dogme musulman, il l’était, tout
autant, avec des gens professant une foi autre que musulmane, et
c’est le cas de Manuel II Paléologue, empereur byzantin de 1391
à 1425.
Souvenez-vous du discours du Pape Benoît XVI à l’université de
Ratisbonne en Allemagne, le 12 septembre 2006. Discours, au
cours duquel le souverain pontife condamne la violence
religieuse et cite Manuel II Paléologue qui a dit à un érudit
persan : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de
nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et
inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il
prêchait. »51 Ces propos ont indigné la nation musulmane, mais

51 En fait, ceci est la traduction faite à partir de l’allemand, langue dans laquelle
le Pape s’est exprimé. Le passage en question, si l’on se réfère à la traduction
de Théodore Khoury, dit : « Car montre-moi que Mahomet ait rien institué de
neuf: tu ne trouverais rien que de mauvais et d'inhumain, tel ce qu'il statue en
décrétant de faire progresser par l'épée la croyance qu'il prêchait. » Voir
« Entretiens avec un musulman. 7e Controverse » Manuel II Paléologue. P. 143.
Introduction, texte critique, traduction et notes par Théodore Khoury. LES
EDITIONS DU CERF. Paris 1966.
37
nous ne reviendrons pas sur la polémique, contentons-nous de
replacer les propos de Manuel II Paléologue dans leur contexte.
Détail très important que le Pape a omis de signaler.
Il s’agit, en fait, d’une controverse qui a été consignée par
Manuel II Paléologue sous le titre « d’entretiens avec un
musulman ». Sur son authenticité, Théodore Khouri, qui a publié
le dialogue, dit : « Une autre originalité de l’ouvrage réside dans
le fait qu’il s’agit de vraies discussions, qui ont réellement eu
lieu. Il est rare de rencontrer, dans la littérature byzantine relative
à l’Islam, un compte rendu de discussions réelles qui n’ait pas été
trop arrangé et retravaillé après coup. »52 Ce qui veut dire que la
manipulation est un outil qui s’emploie couramment, pour servir
les besoins de la cause, chez les apologistes et historiens
chrétiens. Mais revenons aux faits, la controverse a lieu en 1390
ou 1391, Théodore Khouri dit : « Durant les loisirs d’un camp
d’hiver ». Nous sommes à une époque où l’empire byzantin passe
sous domination Turque et est en phase de devenir un état vassal.
Jusqu’en 1391, Manuel II Paléologue est retenu par Bayezid Ier
à Brousse, ou Bursa, une ville du nord-ouest de l’Anatolie, en
Turquie. En hiver, il se déplace à Ancyre, l’actuelle Ankara. Il
entreprend, alors, une série de controverses avec un érudit perse,
les discussions se déroulent dans la demeure du vieux perse, et
quand il ne se réunissait pas avec le perse, Manuel II Paléologue
se livrait à des parties de chasse. D’ailleurs, à la fin de la 7 e
controverse, le perse dit à l’empereur, pour lui signifier qu’il était
tard et qu’il valait mieux s’arrêter : « Il convient de ne point
s’acharner fort tard dans la nuit. Je vois ton corps rompu de froid
et de fatigue, car tu passes à la chasse cette saison d’hiver.
Chasser avec mesure est bon ; autrement, c’est le contraire.

52 Source précédente, p. 18
38
Fâcheux en tout est l’excès. »53 Si manuel II Paléologue s’est
permis d’attaquer, ainsi, le Prophète PBSL c’est parce qu’il savait
très bien qu’il n’était pas dans une cour européenne du Moyen-
Âge ou face à des représentants de l’Eglise qui tuent ceux qui
leur font la controverse plutôt que discuter avec eux. Il savait très
bien qu’il n’avait rien à craindre en disant du Prophète PBSL ce
qu’il avait dit.
Si tout ce que nous avons soutenu jusqu’à présent est vrai,
pourquoi les orientalistes ont-ils inventé pareil mensonge ? La
réponse est toute simple, le but est d’enlever à la civilisation
musulmane tout mérite dans le développement intellectuel de
l’Europe. Et il s’agit-là d’une thèse qui a été largement
argumentée par bon nombre d’orientalistes. Dans son livre « Le
soleil d’Allah brille sur l’Occident », l’orientaliste allemande,
Sigrid Hunke, soutient que les musulmans ont non seulement
sauvé la civilisation grecque de l’extinction, mais ils l’ont offerte
à l’Occident.54 Comment cela ? Dans « Legacy of Islam »,
« L’Héritage de l’Islam ». L’orientaliste britannique, Alfred
Guillaume,55 dit que sans les efforts des musulmans, qui ont
traduit les œuvres des grands philosophes grecs, l’Occident
n’aurait jamais connu Aristote, et que même si Aristote est cité
dans les œuvres de Dominique Gundissalvi, l’archevêque de
Ségovie, au début du 12e siècle, Gundissalvi s’est essentiellement
inspiré des œuvres d’Ibn Sina, Ibn Ruchd et El Farabi.56 Ibn

53 Source précédente, p. 213.


54 « Le soleil d’Allah brille sur l’occident » Sigride Hunke. P. 248 – 249.
Editions Albin Michel 2004.
55 Alfred Guillaume (1888 – 1966). Grand orientaliste britannique, spécialiste

de l’arabe et de l’Islam. Voir « El Islam fi ôuyoun gharbiyya » (L’Islam vu par


les orientalistes) p. 192 - 199. Muhammad Omara. Edition dar echourouk.
56 « Tourath el Islam » (The legacy of Islam), “Philosophy And Theology”

Alfred Guillaume, p. 359. Collectif d’orientalistes sous la direction de Sir


39
Ruchd a, d’ailleurs, tellement marqué l’Occident par sa pensé,
que cela a donné naissance à l’averroïsme, un système de pensée
auquel se référaient les grands noms de la philosophie de
l’Occident chrétien. Mais il n’y a pas qu’Ibn Ruchd. D’ailleurs,
quand on parcoure les œuvres majeures des grands penseurs
occidentaux des trois derniers siècles, et contrairement aux
penseurs musulmans qui n’ont jamais caché leurs emprunts aux
grands philosophes grecs, on ressent, dans leurs soi-disant
développements du système de pensée grecque, comme une
rupture du fil conducteur ayant rendu accessible toute la pensée
grecque à travers les développements que les musulmans y ont
apportés. Il y a dans la majorité de ces œuvres comme un désir
inavoué d’occulter toute la contribution de la civilisation
musulmane à la pensée moderne. Dans sa « Critique de la raison
pure », publiée en 1781, le philosophe allemand, Emmanuel
Kant, semble s’inspirer des concepts d’El Ghazali dans « Tahafut
Al falassifa » (l’incohérence des philosophes) et d’Ibn Ruchd
dans « Tahafut al tahafut » (L’incohérence de l’incohérence).57
La pensée du philosophe anglais, Thomas Hobbes, s’inspire à
tous points de vue de la pensée d’El Farabi dans « El madina el
fadhila » (La cité idéale). El Farabi a aussi largement influencé
les auteurs des différentes théories du contrat social, tels que Jean
Jacques Rousseau et Nietzsche. La causalité d’Abou Hamid El
Ghazali a été reprise par David Hume. René Descartes s’est, lui
aussi, beaucoup inspiré d’El Ghazali dans sa définition
philosophique du doute. Ibn Tofeyl, le savant pluridisciplinaire
et son « Hayy Ibn Yaqdhan », un roman dont le personnage se

Thomas Arnold. Traduction de Djedjiss Fathallah. Dar Ettaliâh. 2éme édition.


1972. Beyrouth, Liban.
57 Voir La Revue Philosophique de Louvain, Année 1963, Volume 61, Numéro

72, p. 686 – 688. Simon Van den Bergh, Averroes' Tahafut al-Tahafut (The
Incoherence of the Incoherence).
40
retrouve seul sur une île et qui passe son temps à méditer et à
réfléchir sur les questions existentielles, a inspiré le concept dit
de la « Table rase » développé par le philosophe anglais John
Locke, concept selon lequel l'esprit humain naîtrait vierge et
serait marqué, formé, impressionné, au sens d'impression
sensible par la seule expérience. Ce grand classique musulman a
aussi inspiré Spinoza et Leibniz. Et quand Daniel Defoe écrit «
Robinson Crusoé » en 1719, on parle de talent alors qu’il ne s’agit
que d’une pâle imitation. Ibn Khaldoun a lui aussi ouvert la voie
aux grands penseurs de l’Occident dans divers domaines des
sciences humaines, Jean-Gabriel de Tarde reprend ses idées sur
les lois de l'imitation. Emile Durkheim s’inspire de lui dans le
fait social. L’impact de ce génie, sur la pensée occidentale, a été
tel, que Jacques Risler a dit de lui dans son livre « La civilisation
arabe » : « Avant lui, nul écrivain, ni arabe, ni européen, n'avait
jamais eu de l'histoire une vue à la fois si compréhensive et si
philosophique. L'avis général de tous les critiques d'lbn
Khaldoun a été qu'il était le plus grand historien que l'Islam ait
jamais produit et l'un des plus grands de tous les temps. »58 Et là,
nous ne parlons pas d’El Biruni qui a parlé de la gravitation six
siècles avant Isaac Newton, et il n’a pas eu besoin qu’une pomme
lui tombât sur la tête pour y penser. Et nous ne parlons pas, non
plus, d’El Hassan Ibn El Haythem qui a parlé d’optique cinq
siècles avant Descartes.
Cette influence, sachez-le bien, ne s’est pas limitée aux sciences
dites profanes, elle s’est étendue aux sciences religieuses. Alfred
Guillaume disait que l’Occident était redevable à la langue arabe
dans le domaine des études bibliques. Pourquoi cela ? L’arabe
étant devenu, vers le VIIe et VIIIe siècles la langue du monde de
la science, donc une langue incontournable pour toute personne

58 Extrait du Bulletin du Centre Islamique de Genève, p.3. N° 11, juin 1999.


41
désirant s’instruire, les juifs ont tout de suite pris conscience des
similitudes qu’il y avait entre l’arabe et l’hébreu, ce qui a permis
au grand grammairien juif du XIIIe siècle, Rabi David Qimhi, et
s’inspirant intégralement des précis de grammaire arabe, de
rédiger son précis de grammaire hébraïque, ce qui a permis aux
judéo-chrétiens une meilleure compréhension des textes de
l’Ancien Testament. 59
Mais les choses ne s’arrêtent pas là : Dans ces cinq voies pour
prouver l’existence de Dieu, quand Thomas d'Aquin parle de la
contingence, ce sont les idées d’Ibn Sina et d’El Farabi qui sont
reprises.60 Quand Miguel Asín Palacios, orientaliste espagnol,
islamologue et prêtre catholique du siècle dernier parle de « La
Divine Comédie » de Dante, il met en évidence les troublantes
ressemblances qui existent entre la « Divina Commedia » et les
différents récits de la Tradition islamique tels que el Isra wal
Mi’radj. Palacios trouve que le récit de l’ascension du Prophète
PBSL
a servi de modèle à Dante pour écrire cette œuvre majeure
de sa vie. L’écrivain belge, Luc de Heusch écrit dans son livre
« la transe et ses entours » : « Miguel Asin Palacios publia le
résultat de ses premières recherches en 1919. Il ne parvint pas

59 Tourath el Islam » (The legacy of Islam), “Philosophy And Theology” Alfred


Guillaume, p. 11. Collectif d’orientalistes sous la direction de Sir Thomas
Arnold. Traduction de Djedjiss Fathallah. Dar E’ttaliâh. 2 éme édition. 1972.
Beyrouth, Liban. Texte en anglais : « Beside this service we owe a great debt
to Arabic in the field of Old Testament studies. As soon as Arabic became an
imperial language the Jews perceived its close affinity with Hebrew. In the third
century of the Hijrah the Jews had imitated the Arabs, or rather, the non-Arab
Muslims, and submitted their language to grammatical analysis. The grammar
of Rabbi David Qimhi (died c. 1235), which exercised a profound influence on
the subsequent study of Hebrew among Christians, borrows a great deal from
Arabic sources. His exegesis, which was founded on his Grammar, is frequently
to be traced in the Authorized Version of the Old Testament scriptures. »
60 Tourath el Islam » (The legacy of Islam), “Philosophy And Theology”

Alfred Guillaume, p. 374.


42
plus que ses successeurs à déterminer comment Dante aurait pu
avoir connaissance des écrits mystiques musulmans. Il fallut
attendre 1949 pour que des chercheurs jettent de nouvelles lueurs
sur ce problème historique. Ils établirent qu’à coup sûr au XIIIe
siècle, sous l’impulsion du roi Alphonse X (1221-1284) furent
établies en latin et en castillant, puis en ancien français, des
traductions d’un texte arabe décrivant le périple qui conduisit
Mahomet vers Dieu le long d’une échelle mystique. Les
hypothèses d’Asin Palacios se trouvèrent ainsi renforcées. » 61
Finalement, la civilisation musulmane n’a pas contribué
uniquement au développement intellectuel des européens. Elle a
enrichi leur vocabulaire religieux et leur a permis de mieux
expliquer bon nombre de questions ayant trait à la métaphysique.
Mais plutôt que de se montrer reconnaissants pour tout cela, les
orientalistes, appuyés par les religieux, iront jusqu’à travestir
l’histoire, pour étayer cette thèse qui soutient que l’Islam est un
ennemi de la science, ils iront jusqu’à dire que ce sont les
musulmans qui ont brûlé la grande bibliothèque d’Alexandrie,
alors que des études sérieuses font remonter sa destruction à la
guerre civile romaine entre César et Pompée vers – 50 av J-C,62
et d’autres tentatives de primauté politique et religieuse entre
paganisme et christianisme entre 250 et 350 de l’E-C. Mais
supposons que ce soit bel et bien les musulmans qui aient brûlé
la bibliothèque d’Alexandrie, qui comptait 700 000 ouvrages
selon les différentes sources, si l’on considère cela comme un
crime, pourquoi n’a-t-on pas considéré comme crime les un à
deux millions de livres de musulmans brûlés, sous l’inquisition

61 « La Transe et ses entours : La sorcellerie, l'amour fou, saint Jean de la Croix,


etc » P. 152. Luc de Heusch. Editions Complexe, 2006.
62 « Livres en feu. Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques » P. 35-

36. Lucien X. Polastron. Editions Denoël. Paris 2004.


43
espagnole, par le cardinal Francisco Jiménez de Cisneros sur la
place de Vivarrambla à Grenade le 18 décembre 1499 ? 63
Voyons, à présent, le témoignage de l’historien américain John
William Draper, extrait de son livre « Le développement
intellectuel de l’Europe » où il dit : « Les arabes étaient à peine
solidement établis en Espagne, qu’ils commencèrent leur
brillante carrière. Adoptant le principe qui était devenu la règle
politique des croyants en Asie, les califes de Cordoue se firent
les protecteurs déclarés de la science, et donnèrent l’exemple
d’un raffinement qui contrastait singulièrement avec la grossière
simplicité des princes européens. Sous leur administration,
Cordoue parvint au plus haut point de prospérité ; elle renfermait
plus de deux cent mille maisons et plus d’un million d’habitants.
Après le coucher du soleil on pouvait y parcourir dix milles en
ligne droite à la lueur des lampes placées dans les rues. Sept cents
ans plus tard, l’éclairage public était encore inconnu à Londres.
Ses rues étaient bien pavées. Des siècles devaient encore
s’écouler avant qu’on pût, à Paris, franchir le seuil de sa maison,
un jour de pluie, sans avoir de la boue jusqu’à la cheville.
Cordoue avait des rivales dignes d’elle dans Grenade, Séville et
Tolède. Les palais des califes étaient splendidement décorés. Ils
pouvaient bien abaisser un regard de mépris sur les misérables
demeures des souverains de Germanie, de France et
d’Angleterre, qui n’étaient presque que des étables sans
cheminées, sans fenêtres, avec une simple ouverture dans le toit
par où s’échappait la fumée comme dans les wigwams de certains
indiens. » Il dit, en parlant des bibliothèques de califes : « Celle
du calife Al Hakem était si considérable que le catalogue seul
remplissait quarante volumes. Il avait, aussi, des salles spéciales
pour la transcription, la reliure et l’ornementation des livres. Les

63 Source précedente P. 144-145.


44
califes, en Espagne comme en Asie, se faisaient gloire de
posséder des merveilles calligraphiques et des manuscrits
splendidement illustrés, comme plus tard les papes, les chefs-
d’œuvre de la sculpture et de la peinture. » En parlant du degré
de raffinement atteint par les musulmans d’Espagne il dit :
« Aucune nation n’a surpassé les arabes d’Espagne dans l’art des
jardins d’agrément. C’est à eux que nous devons la plupart des
fruits auxquels nous attachons la plus grande valeur, la pêche
entre autres. Ils avaient retenu la passion de leurs ancêtres pour
l’eau, dont l’effet rafraîchissant est si bienfaisant dans les climats
chauds, et ils n’épargnaient rien pour répandre partout les
fontaines, les ouvrages hydrauliques et les lacs artificiels, où ils
nourrissaient les poissons destinés à paraître sur leurs tables.
Dans un de ces lacs, qui tenait au palais de Cordoue, on jetait
chaque jour aux poissons plusieurs centaines de pains. Il y avait,
aussi, des ménageries d’animaux étrangers ; des volières
peuplées d’oiseaux rares ; des manufactures où d’habiles
ouvriers, que l’on avait été chercher au loin, fabriquaient des
tissus de soie, de coton, de lin et tous les merveilleux ouvrages
qu’enfante le métier à tisser. » Il dit en parlant d’hygiène
corporelle : « C’est aux arabes que nous devons la plupart de nos
habitudes de confort. La propreté étant pour eux un devoir
religieux ; il n’était pas possible qu’ils conservassent, comme les
habitants de l’Europe, le même vêtement jusqu’à ce qu’il ne fût
plus qu’une repoussante masse de vermine et de haillons. Ce
n’est point un arabe qui, ministre d’Etat, conseiller ou rival d’un
souverain, aurait présenté le spectacle qu’offrit le corps de
Thomas Becket lorsqu’on lui eut enlevé sa haire. Ce sont eux qui
nous ont appris à porter un vêtement de dessous en toile ou en
coton, que nous pouvons souvent changer et souvent laver. »
Quant à l’instruction, il dit : « A Cordoue, à Grenade et dans

45
quelques autres grandes cités, se trouvaient des universités à la
tête desquelles étaient souvent des juifs ; les mahométans avaient
pour maxime que le savoir réel d’un homme importe plus au
public que la nature particulière de ses opinions religieuses. Ils
suivaient en cela l’exemple du calife asiatique Haroun Al Rachid,
qui avait confié la surintendance de ses écoles au nestorien
Masué. Les idées libérales des mahométans formaient un
contraste singulier avec l’influence qui régnait en Europe. » Il dit
aussi : « En mathématiques, les arabes reconnaissaient tout ce
qu’ils devaient aux philosophes de la Grèce et de l’Inde, mais ils
s’avancèrent beaucoup plus loin qu’eux. Les califes asiatiques
avaient tout fait pour se procurer des traductions d’Euclide,
d’Apollonius, d’Archimède et des autres géomètres grecs. Al
Mamoun, dans une lettre à l’empereur Théophile, lui exprimait
le plaisir qu’il aurait de visiter si ses devoirs publics le lui
permettaient. Il lui demande de permettre que Léon, le
mathématicien, vienne à Bagdad lui communiquer une part de sa
science, lui donnant sa parole qu’il le lui renverra, promptement,
et sain et sauf. « Que la différence de nos religions et de nos
nationalités, lui disait le calife, ne vous empêche point d’accéder
à ma prière. Accordez-moi ce que l’amitié accorderait à un ami.
En retour, je vous offre cent livres d’or, une alliance perpétuelle
et la paix. » Fidèle aux instincts de sa race et aux traditions de sa
capitale, le monarque byzantin répondit avec arrogance « que la
science qui avait illustré le nom romain n’appartiendrait jamais à
un barbare. »64

64 « Histoire du développement intellectuel de l’Europe. », Vol 2, p. 305-306.


John William Draper. A. LACROIX, VERBOECKHOVEN ET C ie,
EDITEURS. BRUXELLES 1868.
46
L’Islam s’est-il propagé par l’épée ?

L’orientaliste allemand Carl Brockelmann, dit dans son livre «


L’Histoire des peuples et des Etats islamiques » que « Le
musulman est obligé de manifester de l’animosité envers les non
musulmans là où il les trouvent, car combattre les non
musulmans est un devoir religieux. »65 Le théologien anglais du
19e siècle, John Frederick Denison Maurice tend à confirmer cela
par les données de l’histoire et dit, dans son livre « Les religions
du monde » : « Il est établi que l’Islam n’aurait jamais connu de
succès s’il n’y avait les conquêtes. »66 L’orientaliste français,
Ernest Renan disait que l’épée de Mahomet et son Coran étaient
les plus grands ennemis de la civilisation et de la liberté. L’auteur
de « l’Histoire universelle », Marius Fontane dit : « Mahomet
prêchait et terrifiait, il était le glaive de Dieu. Les tribus venaient
successivement dans sa main… ». Et pour montrer que la
violence est l’une des bases de l’Islam il dit du Prophète PBSL
quand il est arrivé à Médine : « C’est l’heure des résistance, de
l’intolérance, de la lutte, de la « guerre sainte ». Mahomet a le
verbe des prophètes d’Israël, et il les dépasse bientôt, en ce sens
qu’il prêche le glaive nu en main. Il faut refréner les apostasies
par la force, le fidèle doit combattre en se ruinant pour l’Envoyé
d’Allah ; c’est trop peu de croire en Dieu, il faut aussi croire en
Mahomet, tout lui subordonner, tout lui sacrifier. Les sourates

65 «Tarikh Echuûb el islamiyya » (L’Histoire des peuples et des Etats


islamiques) p. 78. [Version arabe] traduction de Dr. Nabih Amine Faris et Dr.
Mounir Al Baalabaki. Edition Dar El Îlm lilmalayine. 5ème édition. Beyrouth,
Liban. 1968.
66 « The religions of the world » p. 28. John Frederick Denison Maurice.

Cambridge 1852.
47
sont maintenant comme des coups de trompette stridents,
laconiques harangues où le Rassoul promet en trois mots
affirmatifs, retentissants, la démonstration de la vérité par la
violence, la suprématie des croyants par la victoire,
l’enrichissement des guerriers par le butin. »67 Dans son
« Histoire de la vie de Mahomet, législateur de l’Arabie », Au
tome 3e, Turpin insiste sur le fait que l’Islam s’est propagé par
l’épée, et que la violence était un trait de caractère chez les
musulmans, il dit : « Les arabes, après la mort de Mahomet, ne
formaient plus qu’un peuple de soldats nés et nourris sous la
tente. Leur empire, le seul qui eût la religion pour fondement, ne
pouvait s’affermir que par elle, puisqu’ils s’en faisaient un titre
pour s’approprier les dépouilles des nations infidèles. Les
musulmans, soldats austères et intrépides, aimaient la guerre et
savaient la faire. »68 Dans la Revue contemporaine « Mahomet et
le Coran » M. Lerminier : « Précisons les caractères de
l’Islamisme primitif tel qu’il sortit du Coran. C’était une espèce
de théisme abstrait et vague, qui prétendait séduire les hommes
par la facilité du culte et par un attrait sensuel. C’était une religion
sans mystères, sans miracles et sans sacerdoce ; c’était un appel
à la force, un cri de bataille ; c’était un fanatique dessein
d’abattre, d’exterminer tout se qui ne se ferait pas musulman.
Cependant, cet enthousiasme ne put se maintenir longtemps à ce
degré de violence et de ferveur ; les musulmans ne mirent plus à
mort tous les vaincus, ils se contentèrent d’en tirer un tribut et de
les asservir. Leur gouvernement fut un mélange de tolérance

67 « Histoire universelle. Mahomet » p. 352. Marius Fontane. Alphonse


Lemerre éditeur. Paris, 1898.
68 « Histoire de la vie de Mahomet, législateur de l’Arabie » p. 178. Tome 3ème.

François-Henri Turpin. Chez la Veuve Duchesne. Paris, 1779.


48
intéressée et de férocité intermittente. »69 Le journaliste et
écrivain français, Guillaume Faye dit dans son livre « La
colonisation de l’Europe » : « L'islam est par essence intolérant
et sa logique est celle, très machiavélienne, de l'utilisation
conjointe de la force et de la ruse. La ruse, quand les musulmans
sont les plus faibles et minoritaires ; la force, quand leur
domination commence à être assurée. »70 Il dit aussi : « Le
principe central de l'islam est l'expansion par la violence. Le
djihad, guerre sainte, doit sans cesse être présent dans l'esprit de
tout musulman. Avec cette mesure de précaution, qui explique
notre naïveté actuelle et qui vise à désarmer l'ennemi : plier
quand on est faible, dominer quand on est fort »71
Concernant cette troisième thèse orientaliste qui soutient que
l’Islam s’est propagé par l’épée et par la violence, quand l’Islam
n’est pas synonyme de barbarie, il est synonyme de fourberie,
puisque « sa logique, comme le soutient Guillaume Faye, est
celle, très machiavélienne, de l'utilisation conjointe de la force et
de la ruse. La ruse, quand les musulmans sont les plus faibles et
minoritaires ; la force, quand leur domination commence à être
assurée ».
Nous pourrions, d’entrée de jeu, passer à l’antithèse, citer des
orientalistes comme Karen Armstrong, ancienne nonne, célèbre
experte en histoire d'Orient, et dont les écrits font, actuellement,
autorité. Elle écrit dans son livre « La guerre sainte », édité en
1988 et qui traite de l'histoire des trois grandes religions : « Le
mot Islam vient de la même racine arabe que le mot paix et le
Coran réprouve la guerre comme un événement anormal

69 « Revue contemporaine. Mahomet et le Koran » p. 206. Tome 15e. Bureau


de la revue contemporaine. Paris 1854.
70 « La colonisation de l’Europe. Discours vrai sur l’immigration et l’Islam » p.

70.² Guillaume Faye. Editions Æncre. Paris, 2000.


71 Source précédente p. 122.

49
contraire à la volonté de Dieu: "Toutes les fois qu'ils allument un
feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et ils s'efforcent de semer le
désordre sur la terre, alors qu'Allah n'aime pas les semeurs de
désordre." (Le Coran, sourate al-Maida, verset 64). » Elle dit
ensuite. : « L’Islam ne justifie pas la guerre ou l'extermination
agressives, comme la Torah fait dans les cinq premiers livres de
la Bible. Religion plus réaliste que le christianisme, l'islam
déclare que la guerre est inévitable et parfois une obligation
positive pour mettre fin aux oppressions et à la souffrance. Le
Coran enseigne que la guerre doit être limitée et conduite de la
façon la plus humaine possible. »72 Si nous nous contentions de
citer les orientalistes qui affirment que l’Islam ne s’est pas
propagé par l’épée, et dont les études jouissent de beaucoup plus
de crédit que celles qui prétendent le contraire, nous ne pourrions
qu’aboutir à la conclusion de l’orientaliste et historien
britannique, De Lacy Evans Oleary, qui dit dans son livre « Aux
carrefours de l'Islam » : « L'Histoire est claire sur ce point : la
légende des musulmans fanatiques s'abattant sur le monde
imposant l'Islam, à la pointe de l'épée, aux peuple vaincus est un
des plus fantastiques et absurdes mythes que les historiens ont pu
répéter. »73 Dans ce cas, s’il ne s’agit que d’un mythe, comme le
déclare Oleary, pourquoi pareille invention ? Et quand nous
parlons d’invention nous faisons preuve de largesse, surtout si
l’on se réfère à ce que dit Guillaume de Tyr, dans son « histoire
des croisades » : « Les historiens marchent entre deux précipices,

72 « Holy War » (La guerre sainte), p. 25. Karen Armstrong. Mac Millian
London Limited, 1988.
73 « Islam at the Cross Roads : a brief survey of the present position and

problems of the world of Islam. », p. 8. London: Kegan Paul, Trench, Trubner.


New York: E. P. Dutton, 1923. Le texte en anglais : « History makes it clear,
however, that the legend of fanatical Muslims sweeping through the world and
forcing Islam at the point of the sword upon conquered races is one of the most
fantastically absurd myths that historians have ever accepted. »
50
et ils ont grande peine à éviter l’un ou l’autre. S’ils veulent fuir
Charybde ils tombent dans Scylla,74 qui avec sa ceinture de
chiens n’est pas moins féconde en naufrages. Ou ils cherchent en
effet la vérité sur tous les évènements, et alors ils soulèvent
contre eux la haine de beaucoup de gens ; ou, pour échapper à
toute colère, ils dissimulent une partie de ce qui s’est passé ; et
c’est là bien certainement un grave délit, car on sait que rien n’est
plus contraire à leur office que de passer artificieusement sous
silence et de cacher à dessein ce qui est vrai ; or, manquer à son
office, c’est à coup sûr une faute, puisque l’office de chacun c’est
la conduite qui lui convient selon sa situation. »75 Et dans
« L’Histoire des croisades », Guillaume de Tyr, a manqué à son
office, puisque lui, l’archevêque de Tyr de 1175 à 1184, le
ministre de Dieu, sensé n’avoir de yeux que pour la vérité, a
sérieusement confondu cette dernière avec les besoins de la
cause. Et pour qu’un homme dans sa situation fasse appel au
mensonge pour faire passer les musulmans pour des barbares
c’est que l’enjeu de cette thèse doit être de taille.
Vouloir faire admettre que l’expansion de l’Islam ne s’explique
que par la puissance des armes, exclut toute idée de s’informer
sur cette religion, et inhibe toute envie d’essayer de la
comprendre, et c’est sur ce sentiment, tout à fait compréhensible,
si l’Islam avait été une religion qui prônait la violence, que
beaucoup d’orientalistes, appuyés par des ecclésiastiques,
comptaient et comptent toujours en avançant cette thèse.
C’est aussi une thèse qui constitue un atout majeur pour les
musulmans, surtout pour ceux d’entre nos frères qui n’ont pas

74 Charybde et Scylla sont deux monstres marins de la mythologie grecque,


situés dans le détroit e Messine qui sépare la péninsule italienne de l’île de
Sicile.
75 « Histoire des croisades » Guillaume De Tyr. Préface du tome 1, p. XV (15).

Chez J.L.J Brière, libraire. Paris, 1824.


51
encore compris qu’un musulman qui défend l’Islam par une
bonne argumentation, est beaucoup plus précieux pour les
musulmans et beaucoup plus « dangereux » pour les adversaires
de l’Islam qu’un musulman qui tente de le défendre avec une
arme à la main. Quand cette thèse est soumise à un esprit critique,
de la manière dont elle est soumise par les orientalistes, elle ouvre
un débat très intéressant, qui en dit long sur la réalité de l’Islam,
en faveur duquel l’histoire toute entière plaide, ainsi que sur les
réelles motivations de ceux qui soutiennent cette thèse.
Si l’on démontre que l’Islam ne doit son expansion, à travers
l’histoire même de ses conquêtes, qu’à l’esprit de paix, de justice
et de tolérance dont ont fait preuve les premiers musulmans, on
dépasse le simple stade de prouver son authenticité en tant que
religion révélée, destinée par Dieu à conquérir le monde ; on fait
de l’histoire une cour de justice qui va demander des comptes à
ceux qui se sont opposés et à ceux qui s’opposent toujours à son
expansion. Et là, d’autres thèses verraient le jour : Qu’a perdu le
monde avec le déclin des musulmans ? Que serait-il advenu de
l’Europe si les musulmans n’avaient pas été vaincus à Poitiers ?
Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, l’orientaliste français, auteur de
« Mahomet et le Coran », s’est penché sur cette éventualité, il a
dit : « Il est difficile de deviner ce que serait devenue la France,
et peut-être aussi l'Europe, sans la victoire de Charles Martel
(bataille de Tours 732), bien qu'il n'y ait point à croire que ni l'une
ni l'autre eussent gagné à devenir musulmanes. Mais il est certain
que les Arabes, quoique moins disciplinés que les Francs,
vainqueurs et héritiers de la tactique romaine, leur étaient
supérieurs sous bien des rapports ; et, quelques siècles plus tard,
c'était aux sciences et aux écoles de l'islamisme que l'Europe
chrétienne allait devoir la moitié de ses lumières. Au XIe et au
XIIe siècle, l'Espagne, livrée aux Maures, instruisait le reste du

52
monde après s'être instruite elle-même aux monuments de la
Grèce. Si la scholastique n'avait point eu les sources arabes, il est
sûr qu'elle n'eût pas fait de si rapides progrès ; et la Renaissance
d'Albert le Grand et de saint Thomas aurait pu se faire attendre
encore bien longtemps. C'est donc là un caractère qui distingue
les conquêtes arabes de bien d'autres ; et il serait peu équitable de
les confondre soit avec celles des barbares nos ancêtres, soit avec
celles de Gengis-Khan ou de Timour. Celles-là n'ont été qu'une
suite d'effroyables désordres, le carnage et le butin étaient les
seuls objets des envahisseurs, et il n'est resté après eux que ruine
et que deuil. Les Arabes, au contraire, ont semé partout des
germes heureux, qui sont devenus féconds en d'autres mains que
les leurs. »76 Et oui, les conquêtes musulmanes, bien
qu’accomplies par l’épée, ont été source de beaucoup de bien
pour beaucoup de peuples. Et c’est là un point sur lequel nous
devons tous méditer.
Donc, pour faire passer l’Islam pour une religion qui prône la
violence, les orientalistes axent leur thèse sur certains versets et
certains hadiths liés au Djihad. Ils citent, par exemple, des
passages du Coran tels que :
« Et tuez-les, où que vous les rencontriez ; et chassez-les d'où ils
vous ont chassés : l'association est plus grave que le meurtre ».
Ceci est le début du verset 191 de Sourate El Baqara, en le citant,
certains oublient de citer ce qui le précède et ce qui le suit : Il est
dit au verset 190 « 190. Combattez dans le sentier de Dieu ceux
qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes. Dieu n'aime
pas les transgresseurs ! » Puis vient le verset 191 qui dit : « Et
tuez-les (en parlant des agresseurs qui ont débuté les hostilités)
où que vous les rencontriez ; et chassez-les d'où ils vous ont

76 «Mahomet et le Coran » P. 215 – 216. Jules Barthélemy Saint-Hilaire. Didier


et Cie. Libraires éditeurs. Paris, 1865.
53
chassés : l'association est plus grave que le meurtre. Mais ne les
combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu'ils ne vous y
aient combattus. S'ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est
la rétribution des mécréants ». On nous cite aussi une bribe du
verset 91 de Sourate Ennisa qui dit : « saisissez-les et tuez les où
que vous les trouviez. Contre ceux-ci, Nous vous avons donné
autorité manifeste ». Pour quelqu’un qui ne connaît pas le Coran,
ces paroles font office de permis de tuer, mais quand on les place
dans leur contexte, voilà ce que ça donne : « 91. Vous en trouverez
d'autres qui cherchent à avoir votre confiance, et en même temps
la confiance de leur propre tribu. Toutes les fois qu'on les pousse
vers l'Association, (l'idolâtrie) ils y retombent en masse. (Par
conséquent,) s'ils ne restent pas neutres à votre égard, ne vous
offrent pas la paix et ne retiennent pas leurs mains (de vous
combattre), alors saisissez-les et tuez les où que vous les trouviez.
Contre ceux-ci, Nous vous avons donné autorité manifeste ». Et
on peut lire dans Sourate El Anfal : « 12. Et ton Seigneur révéla
aux Anges : “Je suis avec vous affermissez donc les croyants. Je
vais jeter l'effroi dans les coeurs des mécréants. Frappez donc au-
dessus des cous et frappez-les sur tous les bouts des doigts ». Ce
verset exhortait les musulmans à faire preuve de la plus grande
vigueur dans le combat, parce qu’il a été révélé alors que la
bataille de Badr était imminente.
Ce que nous venons de citer, ce sont des versets qui définissent
un code de conduite en période de guerre, ce sont des mesures
ponctuelles, car en terme de Djihad, la règle est toute autre.
Mais avant d’expliquer ce qu’est le Djihad, en Islam, Ceux qui
sont choqués à la lecture de ces versets, pourquoi ne le sont-ils
pas quand ils lisent l’Oracle sur Babylone, dans Essaie 13, où il
est dit : « 13.15 Tous ceux qu'on trouvera seront percés, Et tous
ceux qu'on saisira tomberont par l'épée. 13.16 Leurs enfants seront

54
écrasés sous leurs yeux, Leurs maisons seront pillées, et leurs
femmes violées ». Pourquoi ne le sont-ils pas quand ils lisent les
propos du christ PSL, selon Mathieu au chapitre 10 où il est dit :
« 10.34 Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre;
je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. 10.35 Car je suis
venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et
sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; 10.36 et l'homme aura
pour ennemis les gens de sa maison. »

55
Qu’est-ce que le Djihad ?

Tout d’abord, le mot Djihad, qui signifie effort en langue arabe,


n’est pas forcement synonyme de combat, utiliser sa fortune dans
des œuvres de bienfaisance est une forme de djihad, d’ailleurs le
djihad avec les biens précède le djihad qui signifie combat à neuf
reprises dans le Coran, notamment dans Sourate El Anfal (Le
butin) au verset 72 qui dit : « 72. Ceux qui ont cru, émigré et lutté
de leurs biens et de leurs personnes dans le sentier d'Allah, ainsi
que ceux qui leur ont donné refuge et secours, ceux-là sont alliés
les uns des autres. » Dans Sourate Ettawbah (Le repentir) au
verset 20 qui dit : « 20. Ceux qui ont cru, qui ont émigré et qui ont
lutté par leurs biens et leurs personnes dans le sentier d'Allah, ont
les plus hauts rangs auprès d'Allah et ce sont eux les victorieux. »
Il y a, également, l’exemple de Sourate El Hudjurate (Les
appartements) dont le verset 15 dit : « 15. Les vrais croyants sont
seulement ceux qui croient en Allah et en Son messager, qui par
la suite ne doutent point et qui luttent avec leurs biens et leurs
personnes dans le chemin d'Allah. Ceux-là sont les véridiques. »
Résister à la tentation est une forme de djihad comme le rapporte
un hadith de Tirmidhi d’après Fodalah Ibn Ôbeid DAS. Faire
preuve de piété filiale (‫ )ب ّر الوالدين‬est une forme de djihad qui a
plus d’importance que le combat, Boukhari et Muslim rapportent
d’après Abdullah Ibn Âmr Ibn Al Âs DAS qu’un homme vint au
Messager de Dieu PBSL lui demander l’autorisation d’aller au
djihad (combat). Il lui dit : « As-tu l'un de tes deux parents encore
en vie ? » Il dit : « Oui, les deux même. » II dit : « Retourne
auprès de tes parents et tiens-leur bonne compagnie! (Tel est ton
djihad). » En outre, veiller à ce qu’une veuve et ses orphelins ne
manquent de rien, accomplir le pèlerinage pour une femme ou

56
une personne âgée, se mettre en quête du savoir sont autant de
formes de djihad comme le rapportent bon nombre de hadiths.
Concernant le combat, le Coran nous le présente comme une
mesure extrême que la nature humaine n’apprécie guère, Dieu dit
dans Sourate El Baqara (La vache) : « 216. Le combat vous a été
prescrit alors qu'il vous est désagréable ». Et c’est pour cette
raison, et conformément à la nature humaine qui est sensée
pencher beaucoup plus pour la paix que pour la guerre que le
Messager de Dieu PBSL a dit, selon ce que rapportent Boukhari et
Muslim d’aprés Abou Hourayra DAS : « Ne souhaitez pas de
rencontrer l'ennemi mais, une fois que vous l'aurez rencontré,
montrez-vous patients. »
D’autre part, l’Islam nous commande d’être pacifistes envers
ceux qui le sont à notre égard, même s’ils ne partagent pas nos
convictions, Dieu dit dans Sourate El Moumtahana (l’éprouvée)
: « 8. Dieu ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables
envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne
vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les
équitables. 9 Dieu vous défend seulement de prendre pour alliés
ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos
demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent
pour alliés sont les injustes ». Et même si la guerre nous est
imposée, nous ne devons pas dévier de valeurs qu’enseigne
l’islam, il est dit dans Sourate El Mayda « La table servie) : « 8.
Ô croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Dieu et
(soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne
vous incite pas à être injuste. Pratiquez l'équité : cela est plus
proche de la piété. Et craignez Dieu. Car Dieu est certes
Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. »
En somme, tout comme sur le plan juridique nous avons l’Ijtihad
qui signifie effort intellectuel, nous avons dans tous les domaines

57
de la religion le Djihad qui signifie effort tout court. La notion de
guerre sainte est un concept judéo-chrétien, on fait la guerre pour
la faire comme en témoigne le Deutéronome 20 « 20.10 Quand tu
t'approcheras d'une ville pour l'attaquer, tu lui offriras la paix. 20.11
Si elle accepte la paix et t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y
trouvera te sera tributaire et asservi. [ça c’est dans le meilleur des
cas] 20.12 Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te
faire la guerre, alors tu l'assiégeras. 20.13 Et après que l'Éternel,
ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les
mâles au fil de l'épée. 20.14 Mais tu prendras pour toi les femmes,
les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin,
et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Éternel, ton
Dieu, t'aura livrés. 20.15 C'est ainsi que tu agiras à l'égard de toutes
les villes qui sont très éloignées de toi, et qui ne font point partie
des villes de ces nations-ci. »
Sachez que les premiers musulmans ont su montrer le réel sens
de ce mot lors des conquêtes. Karen Armstrong, ancienne nonne
et célèbre experte en histoire d'Orient, écrit dans son livre « La
guerre sainte » qui traite de l'histoire des trois grandes religions:
« ... Le mot l'islam vient de la même racine arabe que le mot la
paix et le Coran réprouve la guerre comme un événement
anormal contraire à la volonté de Dieu: "Toutes les fois qu'ils
allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et ils s'efforcent de
semer le désordre sur la terre, alors qu'Allah n'aime pas les
semeurs de désordre." (Le Coran, sourate al-Maida, verset 64)
L'islam ne justifie pas la guerre ou l'extermination agressives,
comme la Torah fait dans les cinq premiers livres de la Bible.
Religion plus réaliste que le christianisme, l'islam déclare que la
guerre est inévitable et parfois une obligation positive pour
mettre fin aux oppressions et à la souffrance. Le Coran enseigne
que la guerre doit être limitée et conduite de la façon la plus

58
humaine possible. Mohammed a dû combattre non seulement les
habitants de la Mecque mais également les tribus juives de la
région et des tribus chrétiennes en Syrie qui alliées aux juifs
planifiaient une attaque contre lui. Pourtant ceci n'a pas poussé
Mohammed à dénoncer les gens du livre. Ses musulmans ont été
forcés de se défendre mais ils n'ont pas livré une guerre sainte
contre la religion de leurs ennemis. Quand Mohammed a envoyé
Zaid contre les chrétiens à la tête d'une armée musulmane, il leur
a dit de combattre pour la cause de Dieu bravement mais d'une
manière humaine. Ils ne devaient pas molester les prêtres, ni les
moines, ni les nonnes, ni les personnes faibles et impuissantes
qui ne pouvaient pas combattre. Il ne devait y avoir aucun
massacre des civils. Les musulmans ne devaient abattre aucun
arbre ni démolir un seul bâtiment. C'était très différent des
guerres de Josué. »77
Cependant, l’incompréhension de certains versets ou de certains
hadiths peut prêter à confusion, c’est l’exemple d’un hadith
rapporté par Boukhari et Muslim d’aprés Ibn Omar DAS qui a dit
: « le Messager de Dieu PBSL a dit: «J'ai reçu l'ordre de combattre
les gens (oumirtou an ouqatila ennass) jusqu'à ce qu'ils attestent
qu'il n'y a d’autre dieu que Dieu et que Mohammad est le
Messager de Dieu, puis qu'ils fassent correctement la prière et
qu'ils donnent l'aumône légale. S'ils ont fait tout cela, ils ont
assuré contre moi leur sang et leurs biens sauf ce que l'Islam
permet d'en prélever légalement ».
Tout d’abord, Le Prophète PBSL dit dans ce hadith : (oumirtou an
ouqatila ennass), «J'ai reçu l'ordre de combattre les gens », il ne
dit pas : (oumirtou an aqtoulla ennass), « J'ai reçu l'ordre de tuer
les gens ». Combattre signifie lutter avec tous les moyens dont

77« Holy War » (La guerre sainte), p. 25. Karen Armstrong. Mac Millian
London Limited, 1988.
59
on dispose contre quelqu’un ou quelque chose, combattre ne veut
pas forcement dire ôter la vie.
On utilise ce hadith comme argument pour indiquer que le
musulman est tenu de juger les gens selon leurs apparences et de
laisser à Dieu le soin de juger le fond de leurs consciences. C’est-
à-dire que dés lors où quelqu’un fait profession de foi, en
prononçant « Echahada », il devient musulman d’office, et nul
n’a le droit de mettre sa foi en doute et ça plusieurs hadiths le
confirment : Boukhari et Muslim rapportent qu’Ousàma Ibn
Zeyd DAS a dit : « Le Messager de Dieu nous a envoyés en
expédition à la tribu de Jouhayna. Le lendemain matin nous
étions devant leur point d'eau, nous poursuivions, un ansarite et
moi, l'un de leurs hommes. Quand nous le rattrapâmes il dit : « II
n'est d’autre dieu que Dieu », L'ansarite l'épargna mais moi je le
tuai avec ma lance. De retour à Médine, le Prophète PBSL eut vent
de la chose. Il me dit : « Ô Ousama! Tu l'as donc tué après l’avoir
entendu dire : «II n'est d’autre dieu que Dieu ? » Je dis : « Ô
Messager de Dieu! Il ne l'a dit que pour sauver sa tête. » Il dit : «
Tu l'as donc tué après l’avoir entendu dire : « II n'est de dieu que
Dieu ? » Et il ne cessa de le répéter jusqu'à ce que je souhaitasse
que je n'eusse pas embrassé l'Islam avant ce jour. »
Après avoir défini ce qu’est le Djihad en nous appuyant sur les
textes et sur le témoignage de Karen Armstrong, voici, tirés de
l’histoire des croisades, des faits qui nous donnent une idée du
comportement des croisés et des chrétiens, tel que les rapportent
Guillaume de Tyr et François Joseph Michaud. Nous
commencerons par le comportement des croisés lors de la 1ère
croisade.
Pour justifier toutes les exactions des croisés, Guillaume de Tyr,
commence par dire des musulmans, dans son histoire des
croisades : « …Puis ils se rassemblèrent tous dans le vestibule de

60
la mosquée, qui était extrêmement vaste, et résolument, pour
mieux s’opposer à l’arrivée des armées chrétiennes, de mettre à
mort tous les fidèles qui habitaient dans la ville, de renverser de
fond en comble l’église de la sainte résurrection et le sépulcre du
Seigneur, afin que les croisés renonçassent à leur projet de
s’approcher de la ville, ou même d’y entrer, soit pour y visiter
leurs frères, soit pour faire leurs prières dans les lieux saints.
Cependant, comme ils apprirent qu’une telle conduite exciterait
contre eux les haines les plus violentes, et irriterait les peuples
croisés au point de les animer plus vigoureusement à l’entière
destruction des habitants, ils changèrent d’avis, et enlevèrent de
vive force aux fidèles tout leur argent et tout ce qu’ils pouvaient
posséder ; en outre ils exigèrent une somme de 40000 pièces d’or,
tant du patriarche alors existant que des habitants de la cité et des
monastères des environs. Les patrimoines de fidèles n’auraient
pas suffi à payer une si forte somme : Le vénérable patriarche se
vit donc obligé, pour se la procurer, et pour soulager d’une
manière quelconque sa misère et celle de son malheureux peuple,
de se rendre dans l’île de Chypre, et de mendier auprès de ses
frères pour en obtenir des aumônes et de pieuses largesses, qu’il
envoyait ensuite au peuple de Dieu qui habitait à Jérusalem et
dans les environs, pour le défendre de la famine et le secourir
dans son affliction.
Nos ennemis ne s’en tinrent pas là, après avoir enlevé au peuple
tout ce qu’il possédait à force de vexations et de tortures, ils
chassèrent tous les hommes de la ville, et n’y laissèrent que les
vieillards, les malades, les femmes et les enfants. Ces
malheureux, exilés jusqu’à l’arrivée de notre armée, vécurent
cachés dans les bourgs et villages du voisinage, attendant la mort
de jour en jour, et n’osant rentrer dans la ville. Au dehors même,
ils n’avaient ni plus de sûreté, ni plus de repos, au milieu d’une

61
population de persécuteurs ; les habitants leur témoignaient la
plus grande méfiance sur la moindre de leurs actions, et
exigeaient incessamment toute sorte de corvées honteuses et
intolérables. »78
Mais les choses ne s’arrêtent pas là, Elles vont prendre une
tournure surprenante au commencement des hostilités, il dit :
« Parmi les machines que les croisés faisaient jouer contre les
assiégés, il y en avait une qui lançait contre les murailles des
rochers d’un poids énorme, avec une violence et un fracas
épouvantables, en sorte qu’elle faisait beaucoup de mal à ceux
qui occupaient les remparts. Voyant que tous les efforts qu’ils
dirigeaient contre cette machine demeuraient absolument
infructueux, les assiégés firent venir deux magiciennes, et leur
ordonnèrent de jeter un sort sur cet instrument, et de le rendre
inutile en chantant des chansons magiques. Tandis que ces
femmes étaient sur la muraille, opérant leurs artifices et
prononçant les paroles qui devaient favoriser leurs
enchantements, une meule lancée de cette machine vint les
frapper inopinément, ainsi que trois jeunes filles qui les avaient
accompagnées, les brisa en mille pièces et les précipita, sans vie,
du haut des remparts. »79
Puis vient l’heure de la vengeance, une vengeance on ne peut plus
justifiée, il dit : « …Une immense multitude de cavaliers et de
fantassins, frappant de leurs glaives tous ceux qui se présentaient,
ne faisant grâce à personne, et inondant la place du sang des
infidèles ; ils accomplissaient ainsi les justes décrets de Dieu, afin
que ceux qui avaient profané le sanctuaire du Seigneur par leurs
actes superstitieux, le rendant dés lors étranger au peuple fidèle,
le purifiassent à leur tour par leur propre sang, et subissent la mort

78 « Histoire des croisades » Guillaume De Tyr, p. 396 – 397, tome 1.


79 Source précédente, p. 445 - 446, tome 1.
62
dans ce lieu même en expiation de leurs crimes… D’autres se
formant par petits détachements, entraient dans les maisons,
enlevaient le père de famille, les femmes, les enfants, et tous les
serviteurs, les perçaient de leurs glaives, ou les précipitaient de
quelque point élevé, en sorte que les malheureux en tombant sur
la terre se brisaient en mille morceaux ; pendant ce temps, chacun
s’emparait, à titre de propriété perpétuelle, de la maison dans
laquelle il était entré de vive force et de tout ce qu’il y trouvait ;
car, avant même qu’ils se fussent emparés de la ville, les croisés
étaient convenus entre eux qu’aussitôt qu’ils s’en seraient rendus
maîtres, tout ce que chacun pourrait prendre pour son compte lui
serait acquis, et qu’il le posséderait à jamais sans trouble en toute
propriété. »80
Voyons, maintenant, l’attitude des musulmans lors de la reprise
de la ville sainte. Nous nous réfèrerons pour ce faire à l’historien
français, Joseph François Michaud, qui dit dans son histoire des
croisades, en parlant de Saladin : « Le vainqueur accorda la vie
aux habitants, et leur permit de racheter leur liberté. La rançon
fut fixée à dix pièces d’or pour les hommes, à cinq pour les
femmes, à deux pour les enfants. Ceux qui ne pouvaient se
racheter devaient rester dans l’esclavage. Tous les guerriers qui
se trouvaient à Jérusalem, à la signature de la capitulation,
obtinrent la permission de se retirer à Tyr ou à Tripoli. Ces
conditions avaient d’abord été reçues avec joie par les chrétiens ;
mais lorsqu’ils virent s’approcher le jour où ils devaient sortir de
Jérusalem, ils n’éprouvèrent plus que la douleur de quitter les
saints lieux. ; Ils arrosaient de leurs larmes le tombeau de Jésus-
Christ, et regrettaient de n’être pas morts pour le défendre ; ils
parcouraient en gémissant le calvaire et les églises qu’ils ne

80 Source précédente, p. 454 - 455, tome 1.

63
devaient plus revoir ; ils s’embrassaient, les armes aux yeux dans
les rues, et déploraient leurs fatales divisions. Ceux qui ne
pouvaient payer leur rançon, et qui allaient devenir les esclaves
des sarrasins, se livraient à tous les excès du désespoir… Enfin
arriva le jour fatal où les chrétiens devaient s’éloigner de
Jérusalem. On ferma toutes les portes de la ville, excepté celle de
David. Saladin, élevé sur un trône, vit passer devant lui un peuple
désolé. Le patriarche, suivi du clergé, parut le premier, emportant
les vases sacrés, les ornements de l’église du St Sépulcre, et des
trésors, dont Dieu seul, dit un auteur arabe, connaissait la valeur.
La reine de Jérusalem, accompagnée des principaux barons et
chevaliers, venait ensuite ; Saladin respecta sa douleur, et lui
adressa des paroles pleines de bonté. La reine était suivie d’un
grand nombre de femmes qui portaient leurs enfants dans les
bras, et faisaient entendre des cris déchirants. Plusieurs d’entre-
elles s’approchaient du trône de Saladin : « Vous voyez à vos
pieds, lui dirent-elles, les épouses, les mères, les filles des
guerriers que vous retenez prisonniers ; nous quittons pour
toujours notre patrie, qu’ils ont défendu avec gloire ; ils nous
aidaient à supporter la vie ; en les perdant, nous avons perdu notre
dernière espérance ; si vous daignez nous les rendre, ils
soulageront les misères de notre exil, et nous ne serons plus sans
appui sur la terre ». Saladin fut touché de leurs prières, et promit
d’adoucir les maux de tant de familles malheureuses. Il rendit aux
mères leurs enfants, aux épouses leurs maris qui se trouvaient
parmi les captifs. Plusieurs chrétiens avaient abandonné leurs
meubles et leurs effets les plus précieux, et portaient sur leurs
épaules, les uns leurs parents affaiblis par l’âge, les autres leurs
amis, infirmes et malades. Saladin fut attendri par ce spectacle,
et récompensa, par ses aumônes, la vertu et la piété de ses
ennemis, il ordonna aux Hospitaliers de rester dans la ville pour

64
soigner les pèlerins, et ceux que les maladies graves empêchaient
de sortir de Jérusalem. Lorsque les Sarrasins avaient commencé
le siège, la ville sainte renfermait plus de cent mille chrétiens. Le
plus grand nombre d’entre eux avaient racheté leur liberté ; Balan
d’Ibelin, dépositaire des trésors destinés aux dépenses du siège,
les employa à délivrer une partie des habitants. El-Malik- El
Adel, frère du sultan, paya la rançon de 2000 captifs ; Saladin
suivit son exemple, en brisant les fers d’une grande quantité de
pauvres et d’orphelins. Il ne resta dans l’esclavage que 14000
chrétiens, parmi lesquels se trouvaient 4 à 5000 enfants en bas
âge, qui ne sentaient point leur infortune, mais dont les fidèles
déploraient d’autant plus le sort que ces innocentes victimes de
la guerre allaient être élevés dans l’idolâtrie de Mahomet.
Il dit après cela : « Plusieurs écrivains modernes ont opposé la
conduite généreuse de Saladin aux scènes révoltantes qui
accompagnaient l’entrée des premiers croisés dans Jérusalem ;
mais on ne doit pas oublier que les chrétiens offrirent de
capituler, tandis que les musulmans soutinrent un long siège avec
une constance opiniâtre. »81
Ce principe, de tolérance, a été respecté par le Prophète PBSL
depuis les premières heures de l’Islam, Et pour preuve, voici ce
que dit la charte établie par le prophète PBSL dés son arrivée à
Médine telle que traduite par Jerald F. Dirks, ex-pasteur de
l’église méthodiste unie converti à l’Islam, dans son livre
« comprendre l’islam » :
« Clauses en rapport avec les juifs 1-Les juifs ne font qu’une
communauté avec les croyants. 2-Les juifs peuvent continuer de
professer leur religion et la liberté de pratiquer leur religion est
garantie. 3-Tout juif qui adhère à cette charte doit avoir l’aide et

81
« Histoire des croisades » Joseph François Michaud. P. 302, tome 2. Chez
Michaud frères libraires. Paris, 1814.
65
l’assistance des croyants et tous les droits des croyants doivent
lui être donnés. 4-Chaque tribu et chaque clan juif est responsable
de son prix du sang, de ses taxes de châtiment et de ses payements
de rançon.
Clauses communes à tous 1-Les juifs et les arabes de Médine ont
un pacte de défense mutuelle entre chaque groupe. Pour honorer
ce pacte, ils doivent en payer le coût nécessaire. 2-Les juifs et les
arabes de Médine se conseilleront et leurs relations mutuelles
doivent être fondées sur la droiture, alors que le péché est interdit.
3-Aucun des juifs ou des arabes ne doit commettre de péchés
portant préjudice à l’autre groupe. 4-Si les juifs font du tort aux
arabes ou si les arabes font du tort aux juifs, alors le parti lésé
doit être aidé. 4-Médine doit rester un lieu sacré et inviolé pour
tous ceux qui joignent la charte, à l’exception de ceux qui ont
commis une injustice ou un crime. »82
Omar Ibn El Khattab DAS n’a pas dérogé à cette règle, voici le
texte du pacte d’Omar donné aux habitants de Palestine après sa
conquête :
« Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux.
Du serviteur de Dieu et commandeur des croyants, Omar,
Les habitants de Jérusalem sont assurés de la sécurité de leur vie
et de leurs biens. Leurs églises et croix seront préservées. Leurs
lieux de culte resteront intacts. Ils ne pourront être confisqués ou
détruits. Ce traité s'applique à tous les habitants de la cité. Les
gens seront tout à fait libres de suivre leur religion, ils ne devront
subir aucune gêne ou trouble… » Les portes de la ville étaient
ouvertes. Omar se dirigea directement vers le Temple de David
(Masjid Al Aqsa.) Il fit sa prière sous l'arche de David. Il visita
ensuite la plus grande église de la ville. Il s'y trouvait justement

82“Understanding Islam: A Guide For The Judaeo-Christian Reader”, p.159-


160.
66
lorsque vînt l'heure de la prière de l'après midi. « Tu peux faire
ta prière dans l'église », dit Sophrone de Jérusalem. « Non », dit
Omar. « Si je fais cela, il pourrait arriver, un jour, que les
musulmans prennent cette excuse pour s'emparer de votre église.
» Ainsi, il préféra faire sa prière sur les marches de l'église. De
plus, il donna un écrit à l'évêque, qui stipulait que les marches ne
devaient pas être utilisées pour la prière en commun ni pour
l'appel à la prière. »83
Dans le même esprit, l’Emir Abdelkader qui avait tous les droit
de répondre aux exactions barbares des français par la pareille,
promulgue en 1837, en vertu de l’éthique musulmane, un décret
sur la détention des prisonniers de guerre qui stipulait, entre
autre, ce qui suit :1) Tout Français capturé au combat sera
considéré comme prisonnier de guerre et sera traité en
conséquence jusqu’à ce qu’une occasion s’offre pour son
échange contre un prisonnier algérien. 2) Interdiction absolue de
tuer un prisonnier désarmé. 3) Tout Arabe qui amènera un soldat
français captif sain et sauf aura une récompense de 8 douros. 4)
Tout Arabe ayant un Français en sa possession est tenu de bien
le traiter. Dans le cas où le prisonnier aura à se plaindre de
mauvais traitement, la récompense prévue pour l’avoir fait
prisonnier sera supprimée sans préjudice d’autres sanctions. Les

83 « The preaching of Islam » de Sir Thomas Walker Arnold, p. 56. LONDON


CONSTABLE & COMPANY Ltd. 1913. Voici le texte en anglais : « In the
name of God, the Merciful, the Compassionate ! This is the security which
'Umar, the servant of God, the commander of the faithful, grants to the people
of Elia. He grants to all, whether sick or sound, security for their lives, their
possessions, their churches and their crosses, and for all that concerns their
religion. Their churches shall not be changed into dwelling places, nor
destroyed, neither shall they nor their appurtenances be in any way diminished,
or the crosses of the inhabitants nor aught of their possessions, nor shall any
constraint be put upon them in the matter of their faith, nor shall any one of
them be harmed. »
67
éloges du Maréchal Nicolas Jean-de-Dieu Soult à l’égard de
l’Emir Abdelkader ne furent que justifiées face à cet esprit
chevaleresque, il dit : « Il n’y a présentement dans le monde que
trois hommes auxquels on puisse légitimement accorder la
qualification de « grands » et, tous trois appartiennent à l’Islam.
Ce sont Abdelkader, Mohamed Ali et Chamyl ».84 C’est cet
humanisme que dégageait l’Islam, un humanisme qui faisait bien
plus peur que le glaive, c’est pour cela, d’ailleurs, que quand
Martin Luther à publié, en 1541, son « Exhortation à la prière
contre le turc »85 et en raison des conditions de vie qui devenaient
meilleures sous la domination turque, a prévenu que les paysans
oppressés par les féodaux aspiraient à vivre sous la domination
des ennemis de leurs maître plutôt que sous celle de chrétiens
comme eux.86

84 Voir l’allocution de M. Idriss Jazairy, lors de la conférence inaugurale de


l’exposition sur « L’Emir Abdelkader, précurseur du droit humanitaire et
Chantre du dialogue interreligieux » qui s’est déroulé le 03 avril 2006, au Palais
des Nations à Genève.
85 « Admonition to prayer against the turk. »
86 « Legacy of Islam », (Politics and war), p. 200 – 201. Clarendon Press, 1974.

Version arabe, p. 229. Ed. Âlam El Maêrifa. Koweit 1985.


68
Conclusion.

Pour faire court, c’est à nous musulmans de faire la conclusion,


en dépoussiérant ces vérités historique au sujet de l’islam. Vérités
que certains tentent d’occulter, et que nous occultons, nous
musulmans par un laxisme intellectuel et un comportement qui
ne reflète en rien les préceptes de l’islam.

69
Sommaire

Introduction 03
Muhammad PBSL a-t-il été annoncé par les livres
sacrés qui ont précédé le Coran ? 07
Muhammad PBSL est-il un imposteur ? 12
L’Islam est-il une imitation des deux religions qui
l’ont précédé ? 21
L’Islam est-il une religion qui va à l’encontre de la
raison ? 28
L’Islam s’est-il propagé par l’épée ? 47
Qu’est-ce que le Djihad ? 56
Conclusion. 69
Sommaire 70

70

Vous aimerez peut-être aussi