Vous êtes sur la page 1sur 51

Librairie Philosophique J.

Vrin

BULLETIN D'ISLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES


Author(s): Claude Gilliot
Source: Revue des Sciences philosophiques et théologiques, Vol. 90, No. 2 (Avril-Juin 2006),
pp. 337-386
Published by: Librairie Philosophique J. Vrin
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/44410263
Accessed: 24-01-2020 19:32 UTC

JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide
range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and
facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at
https://about.jstor.org/terms

Librairie Philosophique J. Vrin is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend
access to Revue des Sciences philosophiques et théologiques

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Rev. Sc. ph. th. 90 (2006) 337-386

BULLETIN DTSLAMOLOGIE
ET D'ÉTUDES ARABES
Par Claude Gilliot

In Memoriam. Depuis notre dernier Bulletin, nous devons déplorer l


perte de Franz Rosenthal (1916-2003); Maxime Rodinson (1917-2004); R
phael Talmon (1948-2004); Jamal Eddine Bencheikh (1949-2005); Anou
Louca (1919-2003) ainsi que de Jean Nicolas W alty, o.p. (1912-2004), fid
et savant correcteur de nos bulletins dans la Rev. Sc. ph. th.

Remarque préliminaire. - Les auteurs et les maisons d'édition qui


nous ont envoyé des ouvrages pour recension, ainsi que les lecteurs de ce
bulletin, voudront bien nous excuser pour le retard que nous avons pris
dans la rédaction de ce bulletin qui, par ailleurs, paraîtra en deux livrai-
sons, celle-ci n'en étant que la première partie.

Bio-bibliographie.- Tous les islamologues, arabisants, spécialistes du


persan, du turc, etc., connaissent bien W. Behn 1 qui nous propose au-
jourd'hui un manuel biographique portant sur les auteurs (ca. 40 000) qui
figurent dans l'Index Islamicus, pour les années 1665-1980. Il naquit à Des-
sau en 1931, émigra aux États-Unis avec sa famille en 1933; sa carrière et
son travail acharné furent influencés par le Middle East Libraries Commit-
tee de J. D. Pearson (t Ier août 1997), en Grande-Bretagne, et la British So-
ciety of Middle Eastern Studies, dont il fut l'un des membres fondateurs.
Ces deux noms sont associés, entre autres, à l'Index Islamicus2 qui paraît
depuis 1958. W. B. fut en poste à la prestigieuse Staatsbibliothek de Berlin,
et ce jusqu'à sa retraite en 1996. Ce bio-bibliographe polyglotte écrit de lui-
même : « His regular and early hours enabled him to produce the maxi-

1. Wolfgang Hermann Lewin BEHN, Concise biographical companion to Index Is-


lamicus. An international Who's Who in Islamic studies from its beginning down to
the twentieth century. Bio-biographical supplement to Index Islamicus, 1665-1980, I
(A-G), III (N-Z), Leyde/Boston, Brill (« HdO », I, 76/1), 2004; 16 x 24,5, XXIll-695-XXl-
704 p., 175 € chaque vol.
2. Rev. Sc. ph. th., 75 (1992), 186-186, notre recension de Index Islamicus 1665-
1905, établi par W. Behn.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
338 CLAUDE GILLIOT

mum of work every day. He wasted n


ra dans le premier volume consacré
auxquelles il est fait référence4. Le
Z. Le volume II suivra.
On ne peut que rendre hommage à W. B. pour cet énorme travail qui
sera utile aux chercheurs de nos domaines, et même d'autres spécialités.
Évidemment des ajouts et corrections pourront toujours y être apportés.
Ainsi pour Ihsān 'Abbās (m. 29 juillet 2003), depuis la parution de ce vo-
lume, nous disposons d'une excellente notice de notre collègue et ami de
Hambourg, L.I.Conrad5, qui fut l'un de ses étudiants. Le spécialiste du
malgache, Jacques Faublée, est mort en août 2003. Des information sur
Paul Fenton eussent pu facilement être trouvées à Paris. Maria Graeff-
Wassink est psychologue et sociologue, diplômée d'arabe moderne, consul-
tant de l'OCDE et de l'ONU6. Le grand spécialiste de mystique musulmane,
Richard Grämlich, est un jésuite allemand. Au début de 2004, la
Hochschule der Philosophie des jésuites de Munich a transféré la biblio-
thèque qu'il avait contribué à constituer à la Bayerische Staatsbibliothek de
cette ville. On lira Gradelehnus (Johannes), i.e. Gradelehn, et non « Grande-
lehnus » (scr. 1665); Jean-Jacques Pérennès (et non Jean Jacques Perenne),
o.p., est né le 20 janvier 1949, à Tréguier (Bretagne), il est actuellement à
l'IDEO du Caire.
Beaucoup d'inexactitudes et d'oublis eussent pu être évités, si la maison
Brill avait encore comme jadis des lecteurs-correcteurs qualifiés! C'est ainsi
que l'auteur du présent bulletin, bien connu de ladite maison, puisqu'il est,
entre autres choses, membre du comité de rédaction d'Arabica et de celui
de Encyclopaedia of the Qur'ân, tous deux édités à Leyde, est donné ici qua-
siment comme défunt ou comme défroqué : « He was a Dominican priest
who was a sometime professor of Arabic and Islamic studies in the Univer-
sité de Provence ». Grâce à Dieu, nous sommes toujours et dominicain, et
professeur à l'Université de Provence. Il faut dire, à la décharge de W. B.,
que l'immense majorité de nos travaux a paru après 19807.

Inscriptions. - Le troisième volume du Corpus Inscriptionum Arabica-


rum Palaestinae ( CIAP ) réalisé par M. Sharon8 couvre les sites dont les
noms commencent par D, E et F. Toutefois y ont été inclus également des
matériaux qui normalement eussent été dans les deux premiers volumes, à
savoir des études sur des inscriptions manquantes ou nouvellement décou-
vertes, ainsi que des corrections9. Certaines des notices sont assez longues,

3. 129.
4. VII-XXIII.
5. Lawrence I. CONRAD « Ihsān 'Abbās : Hüter des arabischen Kulturerbes », Der
Islam, 81 (2004), 171-83.
6. Depuis les deux ouvrages mentionnes par W. B., 651, elle a publie : La femme
en armes. Kadhafi féministe?, Paris, Colin, 1990.
7. On trouvera la liste de nos travaux sur le site de l'Université de Provence :
http y/www.up.univ-mrs.fr/oriental/abthis/
8. Moshe SHARON, Corpus Inscriptionum Arabicarum Palaestinae (CIAP), III (D-F),
Leyde/Boston, Brill (« HdO », Erste Abt., Bd. 30/3), 1999; 22 x 29,5, L1V-258 p., index,
97 planches et cartes in texto, 80 planches, 56 photos hors texte, 129 €. Pour notre
recension du vol. II, v. Rev. Sc. ph. th., 85 (2001), 167.
9. Addenda et corrigenda à CIAP, I, in III, XIX-XXXIII; à CIAP, II, in III, XXXIV-LIV.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 339

ainsi sur Dayr al-Qalt10 (monastère Saint-Georges) au sud-ouest de


qalt (pl. qilãt) désignant en arabe une caverne ou une cavité dans u
tagne où l'eau se rassemble en un bassin, ou cette même cavité d
d'une source s'écoule. Il en va de même de Fïq-Afîq dans le Golan m
nal11, région identifiée avec le Apheq de 1 R 20,16-30, et 2 R 13,17
également célèbre par son monastère chrétien au Moyen Âge. Une
locale en ayant fait un lieu où Jésus prêchait aux apôtres, des tr
musulmanes s'y greffèrent qui y virent l'endroit où il fut tenté par S
l'incitait à proclamer sa divinité, ce que évidemment, en bon « mus
il refusa de faire! C'est dans cette région que l'on découvrit en 19
bornes dont l'édification fut ordonnée par le calife omeyyade 'A
Malik12, et dont les inscriptions sur bien des points sont différen
quatre connues des savants depuis la fin du XIXe siècle.

Codicologie et manuscrits. - En novembre 2001, F. Déroche13,


teur d'études à l'École pratique des hautes études, section des
historiques et philologiques, spécialiste de l'histoire et de la codico
livre manuscrit arabe, prononça quatre conférences « Léopold Deli
Bibliothèque nationale de France, dont il nous livre ici une version
niée. La première partie est consacrée au Coran et aux corans14; la
deuxième à la fabrication des livres, à leur transmission et à leur diffu-
sion15; la troisième, aux particularités maghrébines16; la quatrième aux
enluminures, ornements et reliures17. En un volume réduit, l'A. a su non
seulement rassembler une synthèse, mais aussi produire souvent des dé-
tails fort intéressants, le tout reposant sur des références courtes mais pré-
cises.

Nous avions omis dans notre bulletin précédent de présenter deux ma-
gnifiques volumes à l'édition desquels F. D. est associé. Il s'agit de fac-
similés de manuscrits anciens du Coran de style hedjazien18 édités par
F. Déroche et S. Noja Noseda19 : le ms. arabe 328 (a) de la BNF (56 f°s, soura-

10. 69-113.
11.206-241.

12. Amikar Elad, « The Southern Golan in the early Muslim period. The signifi
cance of two newly discovered mile stones of 'Abd al-Malik », Der Islam, LXXVI ( 1 999
33-88.
13. François DÉROCHE, Le livre manuscrit arabe. Préludes à une histoire, Paris, Bi-
bliothèque nationale de France (coll. « Conférences Léopold Delisle »), 2004; 17 x 24,
152 p., bibliographie, glossaire, 57 illustrations, 20 €.
14. 11-35.
15. 36-66.
16. 67-96.
17. 113-134
18. Dénomination présentée et expliquée par S.N.N, in vol. II, XIV-XIX.
19. François DÉROCHE et Sergio NOJA NOSEDA, Sources de la transmission du texte
coranique, I, Les manuscrits de style hiģāzī : volume 1 : Le manuscrit arabe 328 (a) de la
Bibliothèque Nationale de France, Lesa, Fondazione Ferni Noja Noveda, Studi Arabo
Islamici et Paris, Bibliothèque Nationale de France (« Projet Amari », 1), 1998;
31 x 43, XCI-237 p.; volume II. Le manuscrit Or. 2165 de la British Library, Lesa, Fon-
dazione Ferni Noja Noveda, Studi Arabo Islamici et Londres, British Library (coll.
« Projet Amari », 2), 2001; 31 x 43, LXXlV-255 p., avec un CD-Rom pour chaque vo-
lume, 700 € le volume.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
340 CLAUDE GILLIOT

tes 2-15, 35-39, probablement de la fin


British Library (61 P' sourates 7-22,
dans le ms. de Paris, les noms des sour
qu'elles sont séparées les unes des au
dres, ils ont été ajoutés avec une diff
On sait que pendant longtemps les m
aux sourates, certains d'entre eux y
exemple, « la sourate dans laquelle e
sourate 2) », etc., ce qui explique que
sourates sont désignées par deux, trois
différents. Dans chacun des deux vo
droite (non numérotée), le texte cor
(reprise de l'original, c'est-à-dire en
certaines voyelles longues) se trouve
avec les numéros des folios et des ver
Dans le vol. I, on a ajouté, outre l'intr
première partie d'un célèbre mémoir
Sacy (1758-1838)21. Le vol. II, quant
anglais de S. N. N.22, la « Bibliograph
lien Michele Amari (1806-1889), et d
Bergsträsser (1886-1933) et d'Otto Pret

Islam. Généralités, méthode et alia.


1998, qui fut en poste à l'Université
cheur associé en études iraniennes, U
(Université de Victoria, Canada)25, p
classique destiné à des étudiants qui p
dans le cadre des études moyen-orien
conçues aux Etats-Unis et plus géné
anglo-saxonne. Ce type d'ouvrage es

20. 1, xi-xxv.
21.» Mémoire sur l'origine et les ancien
les Arabes », Mémoires tirés des registres d
lettres, L (1785), 247-441. Ici vol. I, XXX
l'écriture parmi les Arabes) seulement, 24
maintenir la pagination d'origine entre cr
les références bibliographiques complète
tre de Sacy, ainsi qu'une transcription a
LXXXV, LXXXVI-CXII.
22. II, XI-XXXVII.
23. » Bibliographie primitive du Coran »,
per il centenario della nascita di Michele Am
22, ici in II, XLI-LV.
24. Gotthelf BERGSTRÄSSER, « Plan eine
philosophisch-hist. Abt., 1930/7; repris
Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesel
Otto PRETZL, Die Fortführung des Appa
philosophisch-histor. Abt., 1934/5, 14 p., i
nation originale a été maintenue entre cro
25. Norman CALDER Jawid MOJADDEDI
by), Classical Islam. A sourcebook of relig
ledge, 2003; 17,5 x 24,5, XI-275 p., glossair

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 341

chrestomathies, des anthologies, ou du Lesebuch allemand26. Le pré


volume comporte soixante-sept textes présentés et traduits surtou
l'arabe, quelques-uns l'étant du persan. Il est divisé en deux parties :
I. Formation et histoire du salut (Coran, hadith, histoire religieuse). II. Éla-
boration de la tradition (exégèse coranique, théologie et philosophie, droit
et rituel, mysticisme). Chaque texte ou groupe de textes est accompagné de
conseils de lectures complémentaires27.

Le premier avril 2003, est décédé à Amiens le Père Antoine Moussali,


c.m. Il était né au Liban le 26 novembre 1921, d'un père irakien et d'une
mère libanaise ; c'est à Dax, patrie de saint Vincent de Paul, qu'il fut ordon-
né prêtre lazariste, le 24 décembre 1 944. Plusieurs de ses collègues, confrè-
res ou amis lui rendent hommage dans un volume collectif qui renferme à
la fois des contributions savantes et des articles destinés à un plus large
public. La première partie est constituée de douze chapitres sur l'islam
rédigés par A.-M. Delcambre28. La seconde partie comporte onze contribu-
tions d'autres auteurs. L'islamologue sera particulièrement intéressé par
trois de ces textes. Dans le premier d'entre eux, D. Sourdel, attire l'atten-
tion sur la relation entre un document de fondation pieuse ( waqf) et une
pratique qui fut en usage à la Grande Mosquée de Damas qui consistait en
ce que des savants ès sciences religieuses et des lecteurs du Coran s'y ré-
unissaient pour réciter un septième (sub) du Coran; ce groupe était appelé
al-subïyya, i.e. « ceux qui récitent un septième du Coran *29. Nous ajoute-

26. E.g. Joseph SCHACHT, Der Islam mit Ausschluss des Qor'âns, Tübingen, Verlag
J.B.C. Mohr (Paul Siebeck), Alfred Bertholet (hrsg. von), Religionsgeschichtliches Lese-
buch, 2. erweiterte Auflage, Heft 16, 193 12, XII- 196 p.; ID., Zu meinem Islam-Lesebuch,
Tübingen, Verlag J.B.C. Mohr (Paul Siebeck), 1933, 27 p.
27. Cf. A. RIPPIN and Jan Knappert (edited and translated by), Textual sources for
the study of Islam, Manchester, MUP (« Textual Sources for the Study of Religion »),
1986, 209 p., notre compte rendu in Stud. Isl., LXIX (1989), 193-196; A. RIPPIN, Mus-
lims. Their religious beliefs and practices, I, The formative period, London and New
York, Routledge, 1990, XVII- 155, qui n'est pas une anthologie, notre compte rendu in
Rev. Sc. ph. th. 73 (1990), 480-483.
28. Anne-Mane DELCAMBRE, Joseph BOSSHARD et alii, Enquêtes sur l'islam. En
hommage à Antoine Moussali, Paris, Desclée de Brouwer, 2004; 15 x 21, 326 p., 25 €.
Table des matières : A.-M. DELCAMBRE et J. BOSSHARD, « Introduction », 7-14. Pre-
mière partie, par A.-M. DELCAMBRE, 17114. Deuxième partie. Christoph LUXENBERG,
« Noël dans le Coran », 117-138. - Edouard-Marie Gallez, « Le Coran identifie-t-il
Marie, mère de Jésus, à Marie, mère d'Aaron?», 139-151. - J. BOSSHARD, «Le
Coran face au commandement: "Tu ne tueras point"», 152-182. - Roger AR-
NALDEZ, « La loi coranique et la langue du Coran », 183-188. - Dominique SOURDEL,
« Une pratique médiévale de la lecture coranique à la grande mosquée de Damas »,
189-192. - Gérard TROUPEAU, « Présentation et réfutation des croyances des chré-
tiens chez Ibn Hazm de Cordoue », 193-210. - Dominique URVOY, « Raymond Lulle
et le dialogue islamo-chrétien », 211-221. - Marie-Thérèse URVOY, « L'ambiguïté du
thème de l'amour dans le soufisme », 222-243. - Rémi Brague, « Le jihâd des
philosophes », 244-262. - Samir Khalil SAMIR, « Une réflexion chrétienne sur la
mission prophétique de Muammad », 263-292. - Maurice BORRMANS, « L'islam
contemporain et ses fondamentalistes radicaux», 293-319. -- Informations biblio-
graphiques sur les auteurs, 320-323.
29. Dès lors, avec raison, D. S. corrige L. Pouzet, Damas au Vlf/xuf s. Vie et struc-
tures religieuses dans une métropole islamique, Beyouth, Dar El-Machreq, 1991, 174,
qui entendait cela du fait de réciter sept fois le Coran.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
342 CLAUDE GILLIOT

rons que la division du Coran en « sep


être l'une des plus anciennes des di
sixième, huitième, dixième, voire tre
l'allemand ont la possiblité de lire ici
d'une étude fondamentale en allemand
ran31, sur la sourate de la Destinée (9
Nativité ». Plus loin32, nous présentons
tianisme par Ibn Hazm de Cordoue, ic
sages de l'ouvrage de cet auteur, intitulé
fessions et des sectes33, où il est traité d

H. Berg34, professeur associé à l'Un


mington), a demandé à des spécialiste
de l'islam dans ses trois premiers sièc
mieux faire apparaître les différentes
aux recherches en ce domaine. Ce volu
sémitisant, arabisant, islamologue et h
l'Illinois en 1928, qui devint professe
African Studies) de Londres, avant de
(Tarn-et-Garonne), où il est mort d'u
l'ombre de Wansbrough plane sur ce v
qui est la reprise d'une conférence par
publiée en 1987. Mais sa mémoire est

30. V. Nöldeke et ai, GdQ, III, 260-261.


31. V. notre recension in Rev. Sc. ph. th., 85
32. V. infra n. 238 et 239.
33. P. 193, n. 1, sur le Fisal d'Ibn Hazm,
« 1899-1901 (2 tomes) ». La partie ici traduit
34. Herbert BERG (edited by), Method and
Leyde, Brill (coll. « Islamic History and Civi
p., bibliographie, index, 120 €. Table des
WANSBROUGH, « Res ipsa loquitur : History
« Foundations of a new biography of Muham
the corpus of traditions according to 'Ur
LECKER, « King Ibn Ubayy and the qussãs
liphs : The Biblical foundations of the
F.ROBINSON, «Reconstructing early Islam
B. Sunnah and Hadīth. - John BURTON, « Qur'än and Sunnah : a case of cultural
disjunction», 137-157. - Avraham HAKIM, «Conflicting images od lawgivers: the
Caliph and the Prophet », 159-177. - Andreas GÖRKE, « Eschatology, history and the
common link : a study in methodology », 179-208. C. Qur'än and tafsīr. - Ha-
rald MOTZKI, « The question of the authenticity of Muslim traditions reconsidered : a
review article », 21 1-57. - Herbert BERG, « Competing paradigms in Islamic origins :
Qur'än 15 : 89-91 », 259-290. D. Shaif ah and fiqh. - Christopher MELCHERT, «The
early history of Islamic law », 293-324. - Miklos MURANYI, « A Unique manuscript
from Kairouan in the British Library : the sama'-work of Ibn al-Qãsim al-'Utaqï and
issues of methodology », 325-368. Bibliographie, 369-396. Index, 397-401.
35. John WANSBROUGH, Quranic Studies. Sources and methods of Scriptural inter-
pretation, Oxford University Press (« LOS », 31), 1977, XXVI-256 p.
36. Précédemment H. Berg avait dirigé un numéro spécial de la revue Method
and Theory in the Study of Religion (MTRS), 9/1 (1997), sous-titré : Islamic origins
reconsidered : John Wansbrough and the study of early Islam, mais seuls des chercheurs
plutôt favorables aux thèses de J. W. avaient répondu à son invitation.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 343

cette fois H. B. a pu faire collaborer dans un même volume aussi bie


partisans de « l'historiographie optimiste » ( sanguine historiography )37
des « wansbroughiens » ou « révisionnistes » (appelés aussi « sceptiqu
dichotomie que nous ne reprenons pas obligatoirement à notre compt
recenseur, pour sa part, pense que J. W. a contribué par ses travaux
tre en valeur les schemes et topoï dont l'historiographie musulmane p
tive est aussi constituée, laquelle était soucieuse de mettre en place c
l'on peut appeler mutatis mutandis une « histoire du salut », dans un
vement de mimétisme concurrentiel avec les religions révélées antéri
afin de prendre leur place, donnant l'islam à voir comme la « religio
origines ». Cela dit, J. W. a placé trop tardivement (début du iii/ixe
l'établissement de ces écritures. Les travaux de M. Muranyi38 sur l
ciens manuscrits màlikites ont montré que cette datation était bea
trop tardive. Pourtant les recherches de J. W. demeurent un signe inter
lates à une époque où certains milieux, y compris orientalistes, voud
« instrumentraliser » nos recherches qui devraient, pensent-ils, être au s
vice de la « convivialité », du « dialogue entre les religions », de la
« coexistence pacifique », etc.

Le Coran. - L'on espère que l'on aura plus à écrire dans quelques lus-
tres que pour l'histoire de l'origine, de la genèse et de l'établissement du
Coran, l'on en est encore au stade de « Alice au pays des merveilles » ou,
pour être plus conforme à la couleur locale, dans « les merveilles de la
lampe d'Aladin »39. Parmi les présentations générales du Coran parues
récemment, on retiendra celles de F. Déroche40 et de A.-L. de Premare41.
L'ouvrage de F. D. est une actualisation de celui de R. Blachère42, paru
dans la même collection; il y tient compte des derniers états de la recher-

37. J. W. a résumé les arguments de l'école de « l'historiographie optimiste », pour


ce qui est des débuts de l'islam, de la manière suivante : « La grande richesse et
quantité des matériaux historiques musulmans doit dissiper un scepticisme fonda-
mental à l'égard de leur fiabilité, afin de parvenir finalement à savoir "ce qui s'est
réellement passé" » (traduction C. Gilliot), Wansbrough, compte rendu de J. VAN Ess,
Anfänge muslimischer Theologie, Beirut et Wiesbaden, 1977, in BSOAS, 43 (1980), 361-
362 [l'ensemble, 361-3]. Cela est illustre par l'un des partisans de « l'historiographie
optimiste » de la manière suivante : « [...] mais lorsque l'on se trouve en présence
d'une douzaine de versions parallèles ou plus, comme c'est souvent le cas dans la
production écrite musulmane, l'on peut quand même espérer parvenir à plus qu'une
sèche typologie de clichés et de schemes »; J. van Ess, dans son compte rendu de
J. WANSBROUGH, The Sectarian Milieu. Content and composition of Islamic Salvation
History, Oxford University Press (« LOS », 34), 1978, XXII-157 p., in BSOAS, 43 (1980),
138 [l'ensemble, 137-139].
38. Encore récemment M. MURANYI, «Visionen des Skeptikers», Der Islam, 81
(2004), 206-217.
39. Claude GILLIOT, « Une reconstruction critique du Coran ou comment en finir
avec les merveilles de la lampe d'Aladin? », à paraître in M. Kropp (ed.), Results of
contemporary research on the Qur'an. The question of a historico-critical text, Bey-
routh, 2006.
40. François DÉROCHE, Le Coran, París, PUF (coll. « Que sais-je? », 1245), 2005;
10,5 X 17,5, 127 p., 8 €, ISBN 2130541526.
41. Alfred-Louis de PRÉMARE, Aux origines du Coran. Questions d'hier, approches
d'aujourd'hui, Paris, Téraèdre (coll. « L'Islam en débat »), 2004; 13,5 x 19, 143 p.,
13,50 €, ISBN 291 2868 19X.
42. Régis BLACHÈRE, Le Coran, Paris, PUF (coll. « Que sais-je? », 1245), 1966.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
344 CLAUDE GILLIOT

che, en particulier, pour ce qui est d


notamment chrétiennes, subies par le
codicologie et des manuscrits arabes d
écrite44 et des corans comme livres y
Pour la langue et le style du Coran46, l'A
Cl. Gilliot et P. Larcher47, où sont exp
que musulmane, donc reposant sur un
que les croyants, et d'autre part, les hyp
et des linguistes.

Vu le titre de la collection, « L'Islam


l'ouvrage de A.-L. P., on trouvera norm
tulé « Les débats sur le Coran », qu'il
Il y distingue notamment l'histoire du C
une démarche inverse, « les débats sur
si ce livre est pour partie une version ab
y affine son approche, et y produit de
le cinquième et dernier chapitre. C'es
« Coran fragmenté »52, phénomène d
été assemblé53.

En effet, lors d'un colloque qui s'est tenu à Tübingen et qui réunissait
des chercheurs de l'Université de cette ville et de l'Université de Provence,

43. 118-119, e.g. Christoph LUXENBERG, Die syro-aramäische Lesart des Koran. Ein
Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache, Berlin, Das Arabische Buch, 2000, IX-
311 p., épuisé; deuxième éd. revue et augmentée, Berlin, Verlag Hans Schiler, 2004,
351 p., cette fois avec un index des termes arabes et coraniques. V. le compte rendu
de la première éd. par Claude Gilliot, in Rev. Sc. ph. th., 85 (2001), 170-172; Id.,
« Langue et Coran : une lecture syro-araméenne du Coran », Arabica, L (2003/3), 38 1 -
393. Ou encore Günter LÜLING, Über den Ur-Quťán. Ansätze zur Rekonstruktion
vorislamischer christlicher Strophenlieder im Quťán, Erlangen 1974; XXII-542 p.
(deuxième édition, Über den Urkoran..., 1993; XVII1-542 p.); V. Cl. GILLIOT, « Deux
études sur le Coran », Arabica, XXX (1983), 16-37. Une traduction anglaise de
l'ouvrage de Ch. Luxenberg a paru depuis, texte revu et augmenté : A Challenge to
Islam for reformation. The rediscovery and reliable reconstruction of a comprehen-
sive Pre-Islamic Christian hymnal hidden in the Koran under earliest Islamic rein-
terpretations, Delhi, Motilal Banarsidass Publishers, 2003; 19 x 25, LXVIII-580 p.,
ISBN 81-208-1952-7 (site internet de l'éditeur indien : www.mlbd.com).
44. 76-84.
45. 99-108.
46. 114-5.
47. Cl. GILLIOT et Pierre LARCHER « Language and style of the Quťán », in Ency-
clopaedia of the Quťán [£Q], III, Leyde, Brill, 2003, 109-35.
48 Respectivement, 13-15, 15-28.
49. Chap. IV, « L'histoire d'un texte », 57-99.
50. Chap. V, 101-133.
51 .Les fondations de l'islam. Entre écriture et histoire, Paris, Seuil (« L'Univers
Historique »), 2002, 535 p.; v. notre compte rendu in Rev. Sc. ph. th., 87 (2003), 157-
158.
52. 128.
53. 130-131.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 345

et dont les actes ont été édités par Cl. Gilliot et T. Nagel54, Cl. G
systématiquement étudié les récits des sources musulmanes concer
composition, la coordination ou l'assemblage du Coran (versets et s
Cette question a donné de la tablature aux savants musulmans. Ils
vèrent à partir du Hi/ixe siècle devant la nécessité de conclure à l'ordo
ce des versets à l'intérieur des sourates par Mahomet lui-même,
quoi, c'était l'institution divine du Coran ut sic qui était mise en péril5

Dans une autre contribution présentée à un symposium sur la s


du texte dans le monde de l'islam, et dont les Actes viennent d'être édités
par D. De Smet et al.56, Cl. Gilliot a émis l'hypothèse vraisemblable que le

54. Claude GILLIOT und Tilman NAGEL (herausgegeben von), Das Propheten hadīt.
Dimensionen einer islamischen Literaturgattung [Actes du Göttinger Kolloquium über
das hadīt, Göttingen, Seminar für Arabistik, 3-4 novembre 2000], Göttingen,
Vandenhoeck & Ruprecht (Nachrichten der Akademie der Wissenschaften zu Göttin-
gen. I. Philologisch-Historische Klasse, Jahrgang 2005/1), 2005, 144 p. Table des
matières : Cl. GILLIOT et T. NAGEL, « Einführung », 4-6. - Pierre Larcher, « Le mot
hadīt vu par un linguiste », 7-13. - Cl. GILLIOT, « Les traditions sur la composition ou
coordination du Coran ( ta'lîf al-Qur'ân) », 14-39. - Alfred-Louis de PREMARE,
« Quelques questions sur le musnad de Tamïm al-Dārl », 40-49. - Rüdiger Lohlker,
« Der Sahīh von al-Buhàrî im Maghreb. Einige Bermerkungen zur Bedeutung der
iģāzāt », 50-62. - Éric Chaumont, « Le "dire d'un Compagnon unique" entre la sunna
et l'/^nā'dans les usül al-fíqhižRites classiques », 63-69. - Paul SANDER, « Pardigmen-
wechsel - Entwicklung und Veränderung des imamitischen Denkens im Licht der
schiitischen Traditionssammlungen », 70-83. - T. NAGEL, « Das hadīt und die Formie-
rung der islamischen Gesellschaft », 84-87. - Lutz BERGER, « Der Teufel im Hadith »,
88-97. - Angelika BRODERSEN [Al-MASSRI], « Der Schlaf ist der Bruder des Todes »,
98-107. - Peter BACHMANN, « À propos d'un hadīt expliqué dans les "Futūhāt" d'Ibn al-
c Arabi », 108-1 12. - A. BRODERSEN, « Die Autorität des hadīt Zur Bedeutung Muham-
mads im theosopischen System Ibn al-łArab!s », 113-122. - Denis Gril, « Le hadith
dans l'œuvre d'Ibn al-* Arabi ou la chaîne ininterrompue de la prophétie », 123-144.
55. 32.
56. Daniel De SMET, Godefroid de CALLATAÝ et Jan M. F. VAN REETH (éds.), al-
Kitãb. La sacralité du texte dans le monde de l'Islam, Actes du Symposium interna-
tional tenu à Leuven et Louvain-la-Neuve du 29 mai au 1 juin 2002, Bruxelles, Lou-
vain-la-Neuve, Leuven, Société Belge d'Études Orientales (« Acta Orientaba Belgica.
Susidia », III), 2004; 16 x 24, 434 p. Table des matières : « Table des matières », 5-6. -
» Introduction », 7-8. - H. E. Solimal Awaad, « Address », 9-10. - Richard C. HOLM-
QUIST Jr., « The renaissance of the Alexandria Library and UNESCO's role in its de-
velopment », 11-23. - Aziz ESMAIL, « Philosophical remarks on Scripture », 23-48. -
Hassan Hanafi, « What does the Qur'àn as sacred text means ? Some preliminary
observations », 49-60. - Jacques BERNARD, « La Torah des sages et des prophètes »,
61-81. - Gerd VAN RIEL, « Le "divin" Platon. Texte et sacralité dans le néoplatonisme
grec », 83-92. - Vanya Lozanova-Stanscheva, « Die orphischen Sakraltexte im thea-
tralischen Kontext: Entsakralisierung des Sakraments», 93-101. - Geneviève
Gobillot, « La démonstration de l'existence de Dieu comme élément du caractère
sacré d'un texte. De l'hellénisme tardif au Coran», 103-142. - Julien RIES, «Les
Kephalaia. La catéchèse de l'Église de Mani», 143-153. - Jan M.F.Van Reeth,
«L'Évangile du Prophète», 155-174. - Alfred-Louis de PREMARE, «La constitution
des écritures islamiques dans l'histoire», 175-184. - Cl. GILLIOT, «Le Coran, fruit
d'un travail collectif?», 185-231. - Michel CUYPERS, «Une analyse rhétorique du
début et de la fin du Coran », 233-272. - Pierre ANJOUL, « Actualité des versions du
Coran », 273-294. - Claude AUDEBERT, « Iģāz et sacralisation. La Risala d'al-Šāfi'I à
travers le prisme de 1 'i'ģāz», 295-319.- Samir ARBACHE, « Le terme kitāb (Écriture)

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
346 CLAUDE GILLIOT

Coran puisse être pour partie le fruit d


sur la base d'une analyse critique de
concernant la naissance du Coran : «
liaires de Muhammad "créé" prophète
supposés tels de Muhammad » ; « Le
Muhammad et de la révélation » ; « Les
que Dieu (ou Muammad) supprime o
la mémorisation, la collecte ou la ré
Coran et l'écriture arabe » ; « Restitu
syro-araméenne du Coran »58.
Dans les Actes du même symposium
est venu renforcer l'idée de la « pis
l'emploi par le Coran de inģīl au sing
de rétablir l'unité du message de Jés
christianisme ancien. Aux critiques
par l'empereur Julien, les manichéen
tien60 ont tenté de répondre en prés
en reconstruisant la vraie séquence d
quelqu'un de ses informateurs ou col
l'Évangile mixte, le Diatessaron 62 ?
Cela dit, il n'est pas facile de savoir
pu connaître. Mais il se trouve dans
directes aux Évangiles. Ainsi en 48,
concerne dans la Torah63 et la para

dans le Coran et dans une ancienne ver


Emilio PLATO, « Les Arabes chrétiens et l
345. - Mieke Van RAEMDONCK, « Textes s
l'Orient islamique », 347-356. - Carmela BA
the Ihwan al-safā' », 357-370. - Omar Ali
Moses and God (munāģāt Mūsā) in th
Godefroid de Callataý, « Sacredness and
389-401. - Daniel De Smet, « Le Canon d
M. CALLEWAERT, « The Holy Book of the
425-434.
57. Nous sommes peut-être allé un peu vite en besogne en disant que Zayd était
juif; ce qui est certain, c'est qu'il avait fréquenté l'école juive de Yathrib, qui devien-
dra Medine, avant que Mahomet n'y vînt. Il y avait appris l'hébreu ou le syriaque, ou
à tout le moins des éléments de ces deux langues.
58. La communication « Is the Quran partly the fruit of a collective work? », que
nous avons présentée au Colloque ( Conference ) international « Towards a new rea-
ding of the Quťan », Université Notre Dame (Indiana), du 2 au 4 avril 2005, a un
contenu en partie différent. Elle sera éditée dans les Actes du colloque en 2006.
59. Marcion, ca. 85-160.
60. Tatien, ca. 120-173.
61. Jan VAN REETH, « L'Évangile du Prophète », 158.
62. Pour l ensemble, a ce sujet, art. cit., 158-61, notamment pour le mouvement
marcionite qui a exercé une grande influence en Syrie : « Au 7e siècle il a encore pu
donner naissance en Arménie à l'hérésie paulinienne et on en retrouve les traces
dans le manichéisme. Il n'y a donc guère qu'un pas à franchir pour aboutir aux
débuts de l'islam », 161.
63. On ne voit pas immédiatement quel passage de l'Ancien Testament serait vise
ici. Mais peut-être en se reportant au Coran 2, 261 (parabole du grain qui produit
sept épis); cf. Karl AHRENS, «Christliches im Koran. Eine Nachlese», ZDMG, 84

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 347

ils sont semblables au grain qui fait sortir sa pousse, puis il devient robuste
et grossit, il se dresse sur la tige. Le semeur est saisi d'admiration et les
impies sont courroucés. Dieu a promis à ceux qui croient et qui accomplis-
sent les œuvres bonnes un pardon et une récompense sans limite ». Ce
texte combine deux péricopes évangéliques, Me 4,26-27 64 et Mt 13,23, et
c'est ce même amalgame que fait le Diatessaron, par exemple dans la tra-
duction en moyen-néerlandais, faite au xme siècle à partir d'une traduction
latine perdue65, et dans la traduction arabe66.
J. V. R. applique le même traitement à des passages du Coran dans les-
quels il est question de l'enfance de Marie (Coran 3, 35-48; 19, 3-36), de
Jean (Coran 19,3) et de Jésus (Coran 3,37; 19,22-26), montrant encore que :
« le Coran témoigne de la tradition du Diatessaron »67. Il fait de même en-
core avec le récit docétiste sur la crucifixion de Jésus (Coran 4, 157)68, mais
cette fois en se référant à la christologie angélique69, notamment celle des
Elkésaïtes, déclarant : « Plutôt qu'un simulacre que Dieu aurait façonné et
substitué au Christ pour être crucifié à sa place, il s'agit originalement de la
forme humaine que Dieu a instaurée pour Jésus au moment de l'incarna-
tion et dans laquelle sa personne transcendante et angélique pouvait des-
cendre »70. Même si le Diatessaron ne suffit pas pour expliquer toutes les
particularités du Coran concernant la vie de Jésus71, J. V. R. conclut de la
manière suivante : « En se référant au Diatessaron comme l'avait fait Mānī
avant lui72, le Prophète Muhammad pouvait souligner l'unicité du message
évangélique. En outre, il s'inscrivait dans la longue lignée de Marcion, de
Tatien et de Mani. Tous ont voulu établir le vrai Évangile, afin d'en attein-

(1930), p. 162 (l'ensemble: 15-68; 148-90); Speyer, Die biblischen Erzählungen im


Qoran, réimpr. Hildesheim, Georg Olms, 1988 (Darmstadt, 1961, 1971), 450; et en
rapprochant ce verset de Mt 13,8 (ou un grain produit, l'un cent, l'autre soixante,
l'autre trente) et de Gn 41,7 (le songe de Pharaon et les sept épis), on verra là un
argument en faveur du fait que Mahomet et ou bien ses collaborateurs, avaient des
informations provenant de la littérature homilétique chrétienne [v. Erwin Graf, « Zu
den christlichen Einflüssen im Koran », ZDMG, 111 (1962), 396-398; réimpr. in Paret
(hrsg. von), Der Koran, Darmstadt, 1975, 188-191], dans laquelle les références à
l'Ancien Testament sont évidemment fréquentes. L'on peut penser également au
songe de Joseph sur sa gerbe qui se dressa, etc. (Gn 37,5-8). Suite à ce rêve, ses frères
le haïrent.
64. Wilhelm Rudolph , Die Abhängigkeit des Qorans von Judentum und Christentum,
Stuttgart, Kohlhammer, 1922, Vlll-92 p. (Dissertation, Tübingen, 1920), 19; Ahrens,
art. cit., 165; Speyer, op. cit., 457.
65. VAN Reeth, art. cit., 156, n. 9.
66. VAN Reeth, art. cit., 161-162.
67. VAN REETH, art. cit., 163; 1 ensemble 162-166; cf. Hekki RÄISÄNEN, Das koranis-
che Jesusbild. Ein Beitrag zur Theologie des Korans, Helsinki, 1971, 23-37; Id., Mar-
cion, Muhammad and the Mahatma, London, SCM Press, 1997, 87-91, mais sans réfé-
rence au Diatessaron.
68. VAN REETH, art. cit., 167-169; cf. Räisänen, Das koranische Jesusbild, op. cit.,
65-7.
69. Thème cher à LÜLING, Über den Ur-Quťán, op. cit., 15, 62, 407, 472. Mais Lüling
n'a point traité de ce verset.
70. Van Reeth. art. cit.. 166
71. Art. cit., 169.
72. Van REETH, ibid., rappelle que G. Quispel et W. L. Petersen : « ont définitive-
ment prouvé que le Diatessaron a été le texte évangélique par excellence chez les
Manichéens ».

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
348 CLAUDE GILLIOT

dre le sens original. Ils se croyaient autorisés à faire le travail


d'harmonisation textuelle parce qu'ils s'assimilaient au Paraclet73 que Jésus
avait annoncé »74.
Dans un article qui doit paraître prochainement, J. V. R.75 revient de
nouveau sur la « piste syro-araméenne », examinant la thèse de Luxen-
berg76, et corrigeant quelques propositions de lecture de ce dernier.

« Tous ceux qui s'intéressent aux études coraniques vivent une époque
passionnante », écrit J. V. R. au début de son article à paraître dans Arabica.
En effet, si certains chercheurs occidentaux s'en tiennent encore aux repré-
sentations classiques sur la naissance du Coran77, d'autres les remettent
grandement en question. De fait, le livre de Luxenberg et les débats qu'il
suscite peuvent être aussi l'occasion, entre autres, de réexaminer la tradi-
tion musulmane et d'y trouver de nouvelles traces intéressantes d'un
« coran avant le Coran », ainsi que l'a fait Cl. Gilliot dans une contribution
parue dans les Mélanges ( Festschrift ) édités en l'honneur du grand spécia-
liste de la philosophie en Islam qu'est Gerhard Endress, édités par
R. Arnzen et J. Tiehlmann78.

Des présentations plus classiques du Coran paraissent qui se mettent à


évoquer aussi les nouveaux enjeux de la recherche. Il en est ainsi du guide
de lecture de F. Esack79, professeur à la Xavier University de Cincinnati,
qui présente une originalité par rapport aux nombreuses introductions
publiées jusqu'à ce jour. Cette originalité commence avec l'introduction80
dans laquelle l'A. essaie de tracer le portrait des divers types de chercheurs

73. Ce disant, Van Reeth n'inclut pas Tati en.


74. Art. cit., 174.
75. Van Reeth, « Le vignoble du paradis et le chemin qui y mène. La thèse de
C. Luxenberg et les sources du Coran », à paraître dans la prochaine livraison
d'Arabica. Nous remercions notre collègue Jan Van Reeth qui nous a envoyé cette
belle étude dont nous avons immédiatement recommandé la publication dans Arabi-
ca.

76. Il s'agit d'un pseudonyme, d'ailleurs souvent mal orthographié o


noncé par certains de ceux qui le mentionnent : « Luxembourg », « Lu
« Luxenborg ». Nous avons trouvé cette dernière orthographe erronée,
The Qur'an (v. référence infra n. 79), 8, 67, 197; en revanche, l'orthogra
recte dans l'index, 207 : Luxenberg.
77. Nous rendrons compte du symposium « Historische Sondierun
methodische Reflektionen zur Koranesegese. Wege zur Rekonstruktion d
nischen Koran », Berlin, 21-25 janvier 2004, lorsque les actes en seront
avons participé à cette rencontre au cours de laquelle « partisans » et « ad
de la thèse de Luxenberg ont confronté leurs idées et se sont parfois aff
vigueur !
78. Cl. Gilliot, « L'embarras d'un exégète musulman face à un palimpseste. Mätu-
rîdï et la sourate de l'Abondance (al-Kawthar, sourate 108), avec une note savante sur
le commentaire coranique d'Ibn al-Naqb (m. 698/1298)», in Rüdiger ARNZEN and
Jörn TIEHLMANN (edited by), Words, texts and concepts crusing the Mediterranean area.
Studies on the sources, contents and influences of Islamic civilization and Arabic
philosophy and science. Dedicated to Gerhard Endress on his sixty-fifth birthday,
Leuven/Paris, Peeters, 2004, 33-69
79. Farid ESACK, The Qur'an. A User's guide. A Guide to its key terms, history and
interpretation, Oxford, Oneworld, 2005; 13,5 x 21,5, x-214 p., bibliographie et index.
80. 1-12.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 349

(voire de lecteurs) dans le domaine du Coran. Il le fait dans la term


du rapport de l'amant (chercheur) à l'aimée (le Coran) : « l'amant n
que », « l'amant chercheur » (scholarly lover), « l'amant critiqué, «
l'amant », « le voyeur », « le polémiste ». Le premier chapitre, autre o
lité, est consacré au Coran dans la vie des musulmans81. Les chapi
sont réservés à l'histoire du Coran82; le chapitre 5, à son statut t
que83; le chapitre 6, à son interprétation84. Ce chapitre est bien en
ce qu'on peut dire actuellement sur l'exégèse du Coran85. Le chap
porte sur la foi dans le Coran 86, et le chapitre 8 sur les aspects ét
juridiques87. On corrigera un certain nombre d'oubli et d'erreurs88.
On remarquera que malheureusement la recherche allemande,
portante pour les études coraniques, n'est quasiment pas représen
cet ouvrage89. Si le livre de référence par excellence, Th. Nöldek
Geschichte des Qorân,90 figure bien dans la bibliographie, la seule réf
qui y soit faite est fausse91. Un grand nombre des éléments des re
actuelles se trouvaient déjà au moins in nuce dans ces trois volum
sont traduits ni en français ni en anglais, et par conséquent fermé
coup de chercheurs musulmans et occidentaux qui ne lisent pas l'al

81. 13-29.
82. 30-99.
83. 100-120.
84. 121-145.

85. V. Cl. GlLLlOT, « Exegesis of the Quťan : Classical and Medieval », Encyclopae-
dia of the Qurãn ; II, Leiden, Brill, 2002, 99-124; Id., Exégèse, langue et théologie en
islam. L'exégèse coranique de Tabari, Paris, Vrin (« Études Musulmanes », XXXII),
1990. Les chercheurs de langue française, tout comme ceux de langue allemande,
sont absents des perspectives de l'A.
86. 146-165.
87. 166-190.

88. Entre autres, le prénom du célèbre sémitisant irakien chrétien n'était pas
« Alfonso » (207), mais Alphonse. La référence que l'on trouve dans le texte (38, n. 12),
sous la forme « (1919, 407) », doit se lire : A. MlNGANA, « Transmission of the Ķur'ān
according to Christian writers », MW, 1 (1917), 407 (l'ensemble, 402-414), aucun
article de Mingana ne figurant dans la bibliographie.
89. Pour ne prendre qu'un exemple limité aux contemporains, le nom de notre
collègue Angelika Neuwirth de la Freie Universität de Berlin n'y apparaît ni dans
bibliographie ni dans l'index.
90. Il n'est pas inutile de rappeler que Theodor NÖLDEKE écrivit d'abord : De Ori-
gine et compositione surarum qoranicarum ipsiusque Qorani, Gottingae, 1856, VI- 102
p.; puis il traduisit, révisa et augmenta ce texte, et ce fut : Geschichte des Qorâns. Eine
von der Pariser Académie des Inscriptions gekrönte Preisschrift, Göttingen, Verlag
der Dieterischen Buchhandlung, 1860, XXXll-359 p. Ce dernier fut revu et augmenté
pour devenir un livre en trois volumes : Th. NÖLDEKE, Geschichte des Qorâns : I. Über
den Ursprung des Qorãn, bearbeitet von Fr. Schwally, Leipzig, 19092, XII-262 p.; II. Die
Sammlung des Qorän, völlig umgearbeitet von Fr. Schwally, Leipzig, 1 9 1 92, VII-224 p.;
III. Die Geschichte des Korantexts, von G. Bergsträsser und O. Pretzl, Leipzig, 19382,
XII-351 p., index; réimpr. Hildesheim/New York, G. Olms, 1970, III en 1.
91. P. 83, on lit ceci : « (Nöldeke, 1909, 599) », or l'ouvrage comporte trois volu-
mes et aucun des volumes ne va jusqu'à la page 599.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
350 CLAUDE GILLIOT

On se réjouira donc pour ceux-là qu


être faite : Tiyüdür NÜLDIKIH, Ta'ríh
Tamer, enseignant d'arabe à l'Univer
envoyée gratuitement à certaines ins
n'est pas en vente et est pratiqueme
dit qu'une deuxième édition était en
ché. Gageons que la parution de cet o
campagne dans les pays musulmans c
« s'en prennent à l'islam et à son livre

Quittant les présentations générale


sent les avatars de l'histoire de ce texte, nous nous intéressons maintenant
à l'une des questions théologiques abordées par le Coran sur le mode my-
thique, nous voulons dire celle du mal. L'on doit, en effet, à I. ZiLio-
Grandi93 la première monographie ut sic sur « Le Coran et le mal ». Pre-
mière ne s'entend pas ici de l'aporie du mal qui a déjà été traitée à plu-
sieurs reprises, ce dont témoigne la bibliographie de l'A., mais de son trai-
tement dans le Coran et dans l'exégèse coranique94. Ce travail est divisé en
deux parties : I. Le mal selon le Coran95. II. Le mal dans la littérature exégé-
tique96. La première partie est centrée sur le récit mythique de la genèse du
mal dans le Coran (Coran 7, 11-28; 15, 26-42; 17, 60-65; 20, 115-124; 38,
71-85, pour les sourates mecquoises; 2, 30-39; 5, 27-31, pour les sourates
médinoises; ainsi que quelques autres versets)97 et l'anthropologie du mal

92. Tiyûdùr NÜLDIKIH, Ta'rìh al-Qur'àn, naqalahu ilä l-'arabiyya wa haqqaqahu, Gūrģ
Tàmir [Theodor NÖLDEKE, Geschichte des Qorans , ins Arabische übersetzt und he-
rausgegeben von Georges Tamer, Konrad-Adenauer-Stiftung], Beyrouth, 2004;
15 X 25, XXXVl-841 p., bibliographies, index. Nous remercions Monsieur G. Tamer de
nous en avoir envoyé un exemplaire.
93. Ida Zilio-Grandi, Il Corano e il male, Turin, Guilio Einaudi (coll. « Biblioteca
Einaudi », 135), 2002; 13,5 x 22,1, XIl-233 p., bibliographie, index.
94. L'A. eût pu consulter avec profit les études anciennes suivantes : Joachim
Wilhelm HIRSCHBERG, « Der Sündenfall in der altarabischen Poesie », RO, IX (1933),
22-36, pour ce qui est de l'antéislam, mais aussi la thèse soutenue devant l'Université
de Tübingen par l'Américain de Mantua (New Jersey), Charles Johannes EVANS, Die
Idee der Sünde im Koran, Inaugural-Dissertation, Tübingen, Christian Guide, 1939, 54
p., et dont le rapporteur principal était Enno Littmann, notamment sur l'origine du
péché, 47-49; Georges Chéhata Anawati, « La notion de "péché originel" existe-t-elle
en islam? », Stud. īsi, XXXI (1970), 29-40. Des études plus récentes manquent égale-
ment ici : Hekki RÄISÄNEN, The idea of Divine hardening. A comparative study of the
notion of Divine hardening, leading astray and inciting to evil in the Bible and the
Qur'n, Helsinki (« Publications of the Finnish Exegetical Society », 25), 1976, 108 p.;
Cornelia SCHÖCK, Adam im Islam . Ein Beitrag zur Ideengeschichte der Sunna, Berlin,
Klaus Schwarz (« Islamkundliche Untersuchungen », 168), 1993, 232 p., notamment
sur le péché d'Adam, 89-132. Enfin, même si l'ouvrage suivant porte d'abord sur le
hadith et une théologie souvent implicite, il aurait pu également avoir sa place ici :
Josef VAN ESS, Zwischen hadīt und Theologie. Studien zur Entstehung prädestinatia-
nischer Überlieferung, Berlin, New York, Walter de Gruyter (« Studien zur Sprache,
Geschichte und Kultur des islamischen Orients », Beihefte zur Zeitschrift « Der Is-
lam », NF, 7), 1975, XII-218 p.
95. 5-70.
96.71-210
97. Cf. RÄISÄNEN, op. cit., 13-44, sur les versets portant sur l'errance (ou Dieu
fait errer) et l'incitation au mal.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 351

selon le Coran. Dans la seconde partie, l'A. s'est référée aux comme
coraniques de Tabarï et de Àlùsï, mais aussi de Qurtubï, de Ràzï, d
(ou Tabarsï), de Zamahsarï, etc.

Exégèse coranique, histoires et légendes prophétiques. - Nous a


signalé à plusieurs reprises, en dehors de ce bulletin98, l'importa
commentaire coranique dans la tradition bassorienne de Yahya b.
(m. 200/815) qui vécut à Kairouan, et dont de petites parties ont ét
ou ont fait l'objet de magistères en Tunisie. Une spécialiste de cet
Hind ŠalabI, a regroupé ces parties et en a revu l'édition dans deu
mes, soit de la sourate 16 à la sourate 3799.

Nous avions lu avant sa parution l'ouvrage de W. A. Saleh io°, ac


ment professeur à Toronto, nous réjouissant d'avoir enfin une ét
haustive sur l'un des plus grands exégètes de Nichapour et du Kh
Ta'LABÏ (m. muharram Alitine., 5 nov. 1035)101. Si nous le félicito
moins pour avoir tenu compte de nos suggestions et corrections,
la qualité de son travail. Il comporte, après une introduction sur l
coranique, sept chapitres. Dans le premier102, sur la vie de l'aute
laquelle nous savons peu de choses, essentiellement par l'intermédi
l'un de ses plus éminents étudiants, l'exégète et homme de lettres
(m. 468/1 076) 103, par la notice biographique de 'Abd al-Gāfir al-Fāris
de ses maîtres104, etc. Dans le deuxième chapitre, il introduit de l
dans un vieux débat, celui sur le « mysticisme » 105 de Taiabï, écrivant
justement, nous semble-t-il, qu'il était « très réceptif à des influences
ques »106, ce qui ne fait pas de lui un mystique en tant que t
d'étonnant! Si l'on sait que l'auteur était contèmporain de son com
SulamI, et surtout, dirons-nous, si l'on a présent à l'esprit que Nich
le Khorasan étaient la patrie des karràmites, dont on connaît l'activité
tique importante et l'orientation mystique. Dans les chapitres trois
quatrième107, il étudie les sources et la structure de ce commentai

98. Cl. GILLIOT, « Textes arabes anciens édités en Égypte », MIDEO, 25-26
n°86, p. 265-268.
99 Yahya b. SallàM, Tafsîr {min sůrat aJ-nahl ilā sürat al-Saffãt), MI, éd. H
bi, Beyrouth, Dàr al-Kutub al-cilmiyya, 1425/2004; 17,5 x 24,5, 912-3p.
100. Walid A. SALEH, The Formation of the classical tafsîr tradition. The
Commentary of al-Tha'labï (d. 427/1035), Leyde, Brill (coll. « Texts and Studie
Quťan », I), 2004; x-207 p.
101. W. A. S. a fait son étude à partir de mss. du commentaire de TVlabî.
qu'il revoyait le texte de son PhD, une édition du texte a paru : Ta'labî, al-
bayãn 'an tafsîr al-Qur'ân, I-X, éd. Abû M. 'All 'Āšūr Abū M. b. 'Āšūr, Beyrouth,
al-turāt al-' arab, 2002. Malheureusement le texte n'en a pas été établi selon le
de l'édition, et elle est très fautive.
102. 25-52.
103. Dont W. A. S. prépare actuellement l'édition du grand commentaire corani-
que ( al- Tafsîr al-basît )
104. 41-44, 243-244. On pourrait ajouter à cette liste par une analyse plus systé-
matique encore des chaînes de garants qu'il produit dans son commentaire.
105. Suite à une coquille dans les Histoires des prophètes de Ta'labï, on a vu en
õunayd l'un des maîtres de ce dernier; v. infra n. 126, sub Brinner.
106. 65
107. 67-76, 77-99.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
352 CLAUDE GILLIOT

ses principes herméneutiques. Le


l'illustration pratique de cette exég
mérites des sourates, le Coran et les
ture anthologique de cette exégèse.
encore des illustrations pratiques qu
des tendances et des trajectoires qu
Le septième et dernier chapitre110
gèse.
Il s'agit là d'un travail de qualité. Toutefois on y remarque des tendan-
ces parfois rapides à la généralisation. W. S. attribue parfois à Ta'labï des
spécificités, alors que des orientations semblables se trouvaient déjà chez
ses devanciers. La fréquentation de ceux-ci devrait le conduire à réviser
certains de ses jugements hâtifs.

C'est une première édition des Histoires des prophètes ( Qisas al-anbiyã ) de
l'Andalou IBN MuTarrif al-TARAFÏ (m. 454/1 062) 111 que nous propose
R. Tottoli112. Il avait précédemment traduit ce texte en italien113. À l'ori-
gine de la traduction italienne, et surtout, pour ce qui nous intéresse dans
le présent bulletin, de l'édition et de la très riche annotation en anglais qui
constitue la seconde partie du volume que nous présentons, se trouvait une
thèse de doctorat. Elle fut préparée à l'Université hébraïque de Jérusalem
en 1993-1994, sous la direction du Professeur Meir J. Kister114, mais aussi
au Caire, en Italie, etc., et soutenue à Naples, en 1996115. Ici les annotations
en italien ont fait place à des annotations en anglais. Dans l'introduction116,
il présente Tarafi et ses œuvres117, la structure et les sources de l'ouvrage
édité et l'édition118. On notera que Tarafï ne produit pas de chaînes de ga-
rants et que ses sources principales sont Tabarî (m. 310/923) et Abū Hudayfa

108. 101-150.
109. 151-204.
110.205-221.
111. Abū 'Abd Allah Muhammad b. Ahmad b. Mutarrif al-Tarafï al-Malikî.
1 12. Roberto Tottoli, The Stories of the Prophets by ibn Mutarrif al- Tarafì [ Qisas al-
anbiyã'], Berlin, Klaus Schwarz (coll. « Islamkunddkundliche Untersuchungen », 253),
2003; 15,5 x 23,5, 132-199 p., bibliographie, index arabe.
1 13. Al-TarafI, Storie dei profeti, a cura di Roberto Tottoli, Gênes (Genova), Il
nuovo melangolo, 1997, 356 p.; v. notre compte-rendu in Rev Sc. ph. th., 82 (1998),
495.
114. R. T., observant les bonnes manières, auxquelles certains chercheurs fran-
çais de notre domaine, parfois des plus connus, ne se soumettent pas toujours, ne
manque pas de remercier plusieurs personnes, dont celui qui écrit ce bulletin.
1 15. Roberto TOTTOLI, Le Qisas al-anbiya di Taran, Dottorato di ricerca, Istituto
Universitario Orientale di Napoli, Dipartimento di Studi e Ricerche su Africa e Paesi
Arabi, Université de Naples, 1996, 735 p., bibliographie, indices : éd. arabe, 89-367;
annotation en italien, 371-509, traduction italienne, 511-693; v. notre mention de ce
travail in Rev. Sc. ph. th., 80 (1996), 478.
116. 7-20.
117. On pourra se référer aussi à R. TOTTOLI, « The Qisas al-anbiyã' oi Ibn Mutarrif
al-Tarafï (d. 454/1062) : Stories of the prophets from al-Andalus », al-Qantara, 19
(1998), 131-160.
1 18. Texte établi à partir de deux mss. : Vatican, Borgiano 125, r . 47-133, daté de
777/1375; Escorial 1700, fos. 1-131, non daté

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 353

Ishâq b. Bišr (m. 206/821, auteur du K. al-Mubtada). R. T. a revu s


d'origine et le résultat est des meilleurs.

Le même R. Tottoli119, très actif dans les recherches sur les lé


prophétiques en islam, propose aux lecteurs une étude en italien
sujet et une traduction et adaptation en anglais de cet ouvrage. La
anglaise a été revue, augmentée. Elle comporte, entre autres, une
sur « les prophètes arabes »12°. Plusieurs sources nouvelles y ont é
en considération, notamment des Histoires des prophètes121 . La b
phie, laquelle n'existait pas sous forme séparée dans la version ital
été mise à jour.

L'ouvrage de B. M. Wheeler122 qui porte sur le même genre de


ture exégétique est d'un type différent. L'A. y donne des traductions
traductions résumées tirées de sources diverses (commentaires cor
légendes prophétiques, sommes ou recueils de hadît etc.). Pour ne
charger ce livre destiné à un grand public, l'A. n'a pas indiqué les réfé
en notes. Tant qu'il s'agit d'auteurs, l'on peut retrouver les passages tr
grâce aux versets coraniques qui sont indiqués au début de chaque
Mais cela devient difficile lorsque B. M. W. introduit un passage pa
d'un transmetteur123. Le glossaire des exégètes et des transmetteu
porte de nombreuses erreurs et coquilles124. Il en va de même de l
graphie des sources arabes125. Il est évident que suite à cela, on est

1 19. Roberto TOTTOLI, I profeti biblici nella tradizione islamica, Brescia


(coli. « Studi Biblici », 121), 1999;23,5 x 21, 227 p., 3 indices, 38 €; Id., Bib
phets in the Qur'an and Muslim literature, Richmond, Surrey, Curzon (coll.
Studies on the Quťán »), 2002; 14,5 x 22,5; XIII-213 p., bibliographie, index, 6
. 120. Biblical Prophets, 45-50.
121. E.g. l'anonyme Tawãrih wa qisas al-anbiyā', ms. Damas, Makt
Asad 18863, HOT.
122. Brannon M. WHEELER, Prophets in the Qur'an. An introduction to the Qur'an
and Muslim exegesis, Londres et New York, Continuum (coll. « Comparative Islamic
Studies »), 2002; 15,5 x 23,5, vlll-391 p., glossaire, suggestions de lectures, ouvrages
consultés, 3 indices.
123. E.g. « Zuraqi » (316-7, à propos de la tombe de Jésus) est donné comme étant
« Abu Ayyash Zayd b. Ayyash al-Zuraqi » (Mizzi, Tahdîb, éd. A. łA. 'Abïd et et H. A. Aģā,
VII, 481-2). C'est possible, mais qui nous le prouve, si nous ne pouvons vérifier à la
source ?
124. Ainsi « Abu 1-Khattab b. Duhiyyah » leg. Ibn Dihyah al-Kalbi (soit en translit-
tération : Ibn Dihya al-Kalbî Abū 1-Hattâb łUmar b. Hasan, célèbre traditionniste anda-
lou). « Ibn Dawud » (65, 646), leg. Abu Dawud : il ne s'agit pas de Muhammad b. Dawud
b. 'Ali, qui n'a rien à faire ici, mais bien de Abū Däwüd, le célèbre auteur des Sunan,
ainsi qu'il appert en Qurtubï, Tafsīr, VII 236, ad Coran 7, 65. Ibn Sirin (348), leg. Ibn
Sirrin. « Muharib b. Diththar... b. Kurdush », leg. Muharib b. Dithar b. Kurdus.
« Samura Abu Mahdhura », ne figurant pas dans l'index, nous n'avons pu vérifier s'il
s'agit bien de lui ou de Samura b. Jundab, lequel apparaît plus que le précédent dans
la littérature exégétique. Il est dit de Tabarani (356) : « one of the greatest Arabian
historians », or il était tout sauf un historien : un très grand traditioniste ; laissons
donc l'historien pour Tabari !
125. Ainsi pour les ouvrages de Suyùtï qui sont particulièrement maltraités : « al-
Darr », leg. al-Durr ; « al-Ittiqän », leg. al-Itiqãn ; « aJ-Madhdhāhīb » (sic !), leg. al-Muhadhd-
hab, etc.; soit plusieurs dizaines d'erreurs dont certaines graves.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
354 CLAUDE GILLIOT

de se poser des questions sur la qual


lologique est l'un des réquisits essent

Le rappel de ce principe s'applique


tion des Histoires des prophètes de
W. M. Brinner126. Ce travail est bienvenu et il vient enrichir le fond de
traductions en ce domaine127. Dans son introduction, W. M. B. fait notam-
ment le point sur les anciens auteurs d'ouvrages sur les légendes des pro-
phètes, il présente l'auteur Ta'labî, sur la vie duquel on sait malheureuse-
ment peu de choses, les judaica dans la littérature musulmane et l'ouvrage
traduit. L'explication du titre de l'ouvrage qu'il donne fait problème. Flügel
l'a traduit de la façon suivante : sponsae consessuum de historiis propheta-
rum : (Les épouses des séances. Des histoires des prophètes). L'A. voit dans
le terme maģlis, pl. maģālis, une allusion aux divisions de l'ouvrage. En fait,
il faut plutôt y voir une allusion au fait que l'auteur a pu présenter ses
matériaux choisis (d'où le mot épouses) à des auditeurs en plusieurs séan-
ces. L'idée de choix apparaît d'ailleurs dans un titre plus long de l'ouvrage :
al- 'Arā'is fíl-magalis wa yawâqît al-tiģān G Qisas ai-Qur'ân (Les épouses dans les
séances et les perles de la couronne. Des histoires des prophètes)128.
Le traducteur a fourni un dur labeur, et on ne peut que l'en féliciter. Le
problème est qu'il n'existe aucune édition critique de cet ouvrage et qu'il
n'a pas recherché un manuscrit qui eût été meilleur que d'autres. Il n'a pas
non plus consulté un manuscrit du commentaire de Ta'labï129. H en résulte
que les fautes sont nombreuses, notamment dans les noms propres.
De toute façon, il convenait de vérifier un certain nombre d'informa-
tions dans les sources appropriées130, dès lors qu'un doute est possible.
Ainsi si Ta'labï a pu suivre des leçons (sur le Coran ou le hadit) d'un maître
sous le mode de la récitation131 en 333/944 132, alors qu'il mourut lui-même

126. William M. Brinner (translated an annotated by), 'Arā'is al-majâlis fí Qisas al-
anbiy, or "Lives of the Prophets" as recounted by Abū Ishãq Ahmad Ibn Muhammad Ibn
Ibrahim al-Tha'labi, Leyde, Brill (coll. « Studies in Arabic Literature », XXIV), 2002 ;
16 X 24,5, XXXIII-772 p., bibliographie, index, 190 €.
127. Nous disposons désormais, entre autres, de : The Tales of the Prophets of al-
Kisa'i, translated from the Arabic with notes by W. M. Thackston, Boston, Twayne
Publishers, 1978; Tottoli-Tarafí (v. supra), et des passages des Annales de Tabarī ont
trait à ce domaine : The History of ai-Taban, I, General introduction and From the
Creation to the Flood, translated and annotated by Franz Rosenthal, Albany, SUNY,
1989; II, Prophets and patriarchs, translated by W.M. Brinner, 1987; III, The Children
of Israel, translated by W. M. Brinner, 1991; RABGHUZI, The Stories od the prophets.
Qisas al-anbiyã' an Eastern Turkish version, I-II, ed. and translated by
H. E. Boeschoten, M. Vandamme and S. Tezcan, Leyde, Brill, 1995.
128. D'après Ibn Tâwûs, in E. KOHLBERG, A Medieval Muslim at work. Ibn Tāwūs
and his library, Leyde, Brill, 1992, 115-116.
129. V. supra la référence à la mauvaise édition qui en a été faite récemment.
1 30. La consultation de l'introduction du commentaire de l'A. eût pu éviter au
traducteur plusieurs erreurs : I. GOLDFELD, Qur'ânic commentary in the Eastern Islamic
tradition of the first four centuries of the Hijra : An annotated edition of the preface of
al-Tha'labī's "Kitāb al-Kashf wa'1-bayàn 'an tafsīr al-Quťan", edited by Isaiah Goldfeld,
Bar-Ilan University, Acre, Srugy, 1984, absent de la bibliographie! En tenant compte
des corrections de notre recension in Stud. Isi, LXVII (1988), 157-61.
131. Et non pas comme traduit Brinner : « when I was reciting the Quťán to
him » {bi-qirà'atî 'aJayhi) !
132. Brinner, 29. P. 31 : Coran 18, 87, leg. 18,86.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN D'ISLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 355

en 427/1035, cela se passait plus de 90 ans avant sa mort. Certes l


san était riche en macrobites, vu la qualité de son climat. Mais la
est à écarter, car le maître, Abū Sa'id M. b. 'Al. b. Hamdûn (?) rap
tradition de Abū Hamid A. b. M. b. al-Hasan al-Šarql (m. ramadan 325 ¡
juillet 937) 133 ! De même, en deux endroits (au moins, car l'index
complet), il appert que Ta'labï (m. muharram 427 Unit., 5 nov. 1035) au
le célèbre mystique Abū 1-Qàsim al-õunayd pour maître, ce qui est
ble, ce dernier étant mort en 298/910! Il faut donc lire, au lieu de
Qãsim al-õunayd, Abū 1-Qãsim al-Habïbï134, comme dans les pas
commentaire coranique135. Nous arrêterons cette enumeration a
dernier exemple. À la traduction, on pourrait avoir l'impression
des maîtres de Ta'labï fut Abū 'Awâna al-Mihraģāni (et non al-Mahraģā
est en fait Ya'qûb b. Ishâq al-Nīsābūrī al-Isfârayïn (m. 31 6/928) 136, cél
teur d'une somme de traditions éditée, qui figure dans l'une des
l'exégèse d'al-Dahhâk b. Muzāhim que Ta'labï donne dans l'introduc
son commentaire coranique137 : chronologiquement deux maîtres
Abū 'Awâna al-Mihraģāni de Ta'labï! Le texte paraît donc ici lacu
liste des corrections à apporter serait impressionnante et dépasse
tes de ce bulletin138.

L'on doit à P. Franke139, né à Bruxelles en 1969, assistant depu


au Institut für Orientalistik de la Martin-Luther-Universität de Halle-
Wittenberg une monographie sur le personnage mythique et légendaire al-
Khidr (al-Hidr, ou al-Hadir i.e. « le Vert »), et qui était à l'origine une thèse
d'habilitation (Promotionsarbeit), soutenue en 1999 devant la Philosophis-
che Fakultät de l'Université de Bonn, là même où il avait commencé (1988)
ses études en islamologie et en langues sémitiques. Bien que le nom al-Hidr
n'apparaisse nulle part dans le Coran, il a occupé progressivement une
position centrale dans la représentation musulmane du monde (Welt-
bild)140. Cela dit, la survie d'al-Khidr devint un objet de controverse à
l'intérieur de l'islam, laquelle est ici systématiquement étudiée pour la
première fois (cinquième partie de l'ouvrage)141. Comme on le sait, sa figure

133. Sam'ānī, Ansāb, ¿t/úal-Šarqí; GAS, I, 174, donne : m. 315, d'après Ibn al-Tmād.
134. Abū 1-Qãsim al-Hasan b. M. b. al-Hasan b. Habib al-Nïsàbûrï, m. 406/1016.
V. Gilliot, « L'exégèse du Coran en Asie Centrale et au Khorasan », Stud. 1st., 89 (1999),
139; W. Saleh, Formation, op. cit., 56-58.
135. Brinner, 270, 527, à corriger par Ta'labï, Kašf, VII, 206.
136. Dahab, Siyar, XIV, 417-21 ; GAS, I, 174.
137. Goldfeld, op. cit., 3 1/ Ta'labï, Kašf, 1, 78.
138. Nous renvoyons au compte rendu de notre collègue de Hambourg, le Pro-
fesseur Lawrence Conrad, à paraître dans la revue dont il est le directeur, Der Islam.
Nous nous contentons d'ajouter quelques corrections à sa liste. « Ibn Ab Najh » (cor-
rect, 726), devient » Ibn Ab Najb » (759). Le maître de l'A. « Abū 'Amr al-Trâq » (726)
est en fait Abū 'Amr al-Furâtï, lui aussi l'auteur d'un commentaire coranique. La
chaîne de garants se trouve d'ailleurs en Ta'labï, Kasf,X, 256.
139. Patrick FRANKE, Begegnung mit Khidr. Quellenstudien zum Imaginären im
traditionnellen Islam, Beyrouth, Orient-Institut der D MG, Stuttgart, Steiner (in Kom-
mission bei) (coli. « Beiruter Texte und Studien », 79), 2000; 17 x 24, XV-620 p., 23 ill.,
bibliographie, index, 89 €.
140. 2.
141. Cinquième partie, 306-369

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
356 CLAUDE GILLIOT

est connue depuis longtemps en Occ


la vénération d'al-Khidr (Khéder, K
Goethe, Chider, « der ewige Junge »,
Georges de Hongrie) et celle de sain
Palestine.
L'ouvrage comporte cinq parties. L'objet de la première est « la rencon-
tre avec al-Khidr »144 qui est un motif récurrent dans la littérature musul-
mane, savante ou populaire, avec une diffusion géographique partant chro-
nologiquement de l'Irak, du Hedjaz, d'Égypte, de Syrie et de Palestine, pour
gagner les domaines iranien, indo-musulman, turco-anatolien, etc.145. P. F.
décrit les éléments fondamentaux de cette rencontre et la représentation
qui en découle. La deuxième partie est consacrée aux éléments fondamen-
taux de la vénération musulmane d'al-Khidr 14è. Dans la troisième partie147,
c'est de la place qu'il occupe dans la mystique musulmane dont il est traité.
Si déjà en mystique, outre la fonction d'édification, il occupe celle de mar-
que d'une autorité divine {göttliche Autorisierung)t celle-ci se manifeste aussi
dans d'autres domaines : construction de bâtiments ou de villes, légitima-
tion du pouvoir, inspirateur des poètes, dans l'apologétique chiite, pour les
écoles juridiques sunnites, transmission de hadît- s; c'est là l'objet de la qua-
trième partie148. La cinquième partie, déjà évoquée plus haut, traite de la
controverse théologique autour de lui : prophète ou « ami » de Dieu? Sur-
vie ou non, et ce jusqu'à l'époque contemporaine ?
P. F. a complété l'ensemble par de nombreux textes traduits, organisés
par thèmes et numérotés149, et auxquels il renvoie dans son étude. L'A. a su
joindre l'approche de l'imaginaire de la « nouvelle histoire » à la française à
celle de l'étude des sources à l'allemande. C'est là une excellente monogra-
phie.

C'est à l'exégèse scripturaire médiévale dans le judaïsme, le christianime


et l'islam qu'est consacré un couvrage collectif édité par J. Dämmen
McAuliffe, B. D. Walfish et J. W. Goering150. Ces vingt-neuf contributions,

142. E.g. chez le dominicain Georges de HONGRIE, dans son Tractatus de moribus,
condicionibus et nequicia Turcorum, 1481, éd., introd. et traduction par Reinhard
Klockow, Cologne, 1993, 292-294, d'après P. F., 160. Cf. Des Turcs. Traité sur les
mœurs, les coutumes et la perfidie des Turcs, trad. Joël Schnapp, Toulouse, Anar-
charsis, 2003, 222 p., 129 et n. 70.
143.80-161.
144. 8-38.
145. 12-13.
146.41-173.
147. 175-264.
148. 265-304
149. 375-562
150. Jane DÄMMEN MCAULIFFE, Barry D. WALFISH, and Joseph W. GOERING (eds.),
With reverence for the Word. Medieval scriptural exegesis in Judaism, Christianity, and
Islam, Oxford, Oxford University Press, 2003; 16 x 23,5, XVII-488 p., indices , ISBN 0-
19-513727-2, 47.00 £. Table des matières: J. DÄMMEN MCAULIFFE, «Preface», V-
VIII. Part I. Medieval Jewish Biblical exegesis. 1. B. D. WALFISH, « An introduction to
Medieval Jewish Biblical interpretation », 3-12. - . 2. Stephen D. BENIN, « The
Search for Truth in Sacred Scripture : Jews, Christians, and the authority to inter-
pret », 13-32. - 3. Haggai BEN-Shammai, « The Tension between literal interpreta-
tion and exegetical freedom. Comparative observations on Saadia's method », 33-50.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 357

réparties sur trois sections, constituent, pour certaines ďentre e


conspectus bienvenu sur l'exégèse dans les trois religions. Pour ce q
la partie coranique, nous aurions de nombreuses remarques à fair
nous nous contenterons d'une seule ici. H. Berg nous cite à plusie
prises151, mais il ne tient malheureusement pas compte des états
récents de notre recherche. En effet, nos idées ont évolué sur les débu
l'exégèse en islam, et sans renoncer au sens critique, nous somm
prompt, dans certains cas, à accepter l'authenticité de plusieurs te
ciens152. De plus, d'importants travaux ne sont pas pris en consid

- 4. Daniel J. FRANK, « Karaite commentaries on the Song of Songs fro


century Jerusalem », 51-69. - 5. Michael A. SIGNER, « Restoring the n
Jewish and Christian exegesis in the twelfth century », 70-82. - 6. Martin
LOCKSHIN, « Rashbam as a "literary" exegete », 83-91. - 7. Elliot R. WOLFSON,
« Asceticism and eroticism in Medieval Jewish philosophical and mystical exegesis of
the Song of Songs », 92-118. 8. B. D. WALFISH, « Typology, narrative, and history :
Isaac ben Joseph ha-Kohen on the Book of Ruth », 1 19-132. - 9. Marc SAPERSTEIN,
« The Method of doubts ; Problematizing the Bible in late Medieval Jewish exegesis »,
133-156. •- 10. Eric Lawee, « Introducing Scripture : the accessus ad auctores in He-
brew exegetical literature from the thirteenth through the fifteenth centuries », 157-
179. - 11. Alan COOPER, « On the special role of Biblical interpretation : the case of
Proverbs 22:6», 180-193. Part II. Medieval Christian Biblical Exegesis. - 12. J. W.
GOERING, « An introduction to Medieval Christian Biblical interpretation », 197-203.
- 13. Abigail FlREY, « The letter of the law : Carolingian exegetes and the Old Testa-
menté, 204-227. - 14. Edward S YNAN, « The four "senses" and four exegetes », 225-
236. - 15. James R. GlNTHER, « Laudai sensum et significationem : Robert Grosse-
teste and the four senses of Scripture », 237-255. - 16. Robert SWEETMAN, « Beryl
SMALLEY, « Thomas of Camtimpré, and the performative reading of Scripture : A
study in two exempla », 256-275. - 17. John BOYLE, « The theological character of
the scholastic "division of the text" with particular reference to the commentaries of
St. Thomas Aquinas », 276-283. - 18. Edouard JEAUNEAU, « Thomas of Ireland and
his De tribus sensibus sacrae scripturae », 284-291. - 19. Alastair J. MINNIS,
« Material swords and literal lights : the status of allegory in William of Ockham's
Breviloquium on Papal power », 292-308. Part III. Medieval exegesis of the Qur'n. -
20. J. DÄMMEN McAuliffe, « An introduction to Medieval interpretation », 31 1-. 21.
- Fred LEEMHUIS, « Discussion and debate in early commentaries of the Quťanic »,
320-328. - 22 Herbert Berg, « Weakness in the arguments for the early dating of
Quťanic Commentary », 329-345. - 23 Gerhard BÖWERING, « The Scriptural
"senses" in Medieval sûfï Quťán exegesis », 346-365. - 24. Hava Lazarus-Yafeh,
«Are there allegories in sûfï Quťan Interpretation?», 366-375. - 25. Angelika
NEUWIRTH, « From the Sacred Mosque to the remote Temple : Súrat al-Isrā' between
text and commentary », 367-407. - 26. Gerald HAWTING, « Quťanic exegesis and
history», 408-421. - 27. Stefan WILD, The self-referentiality of the Quťan: Sūra
3 :7 as an exegetical challenge », 422-436. - 28. Andrew Rippin, « The designation
of « "foreign" languages in the exegesis of the Quťan », 437-444. - 29. J. DÄMMEN
MCAULIFFE, « The genre boundaries of Quťanic commentary », 445-61. Indices, 464-
488.

151. E.g. GlLLIOT, « Les débuts de l'exégèse coranique », RE.M.MM., 58 (1990/4),


p. 82-100.
152. E.g. GlLLIOT, « L'exégèse coranique : bilan partiel d'une décennie », Stud. 1st.,
85 (1997), p. 155-162; Id., « Exegesis of the Quťán : Classical and Medieval », Ency-
clopaedia of the Qur'än, II, Leiden, Brill, 2002, p. 104-108 [l'ensemble p. 99-124], et
dans plusieurs de nos comptes rendus des travaux de Miklos Muranyi.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
358 CLAUDE GILLIOT

tels ceux ce M. Muranyi153. Enfin,


récemment154, plusieurs commenta
sent à affiner les idées sur les début

Tradition musulmane (sunna et ha


Les Compagnons du Prophète (ca. 1
on)155, en particulier ceux d'entre eux
ou à lui attribuées jouent un rôle fo
Ils sont, en effet, censés être les pi
gestes, de ses paroles ou même de so
sence, ou suite à telle parole pronon
chez les sunnites, les premiers mai
musulman, après le Coran, la « traditi
(récit transmis en tradition) est le v
des fonctions religieuses, militaro-r
semble), ou administratives dans les
l'islam, ce dont les musulmans qui y
géographique a donc une certaine
religieuses musulmanes. Parmi eux,
de Siffîn156 (37/675) qui opposa les «
Talib, et les « Syriens » aux ordres du
eux que F. Jabalí157 consacre un
d'établissement des Compagnons da
leur position durant ce qui est appe
(fitna) et (3), une fois déterminés les
que et de leur engagement politique
ces deux facteurs158.
Dans un premier chapitre introducti
travail, l'état actuel de la recherche,
est essentiellement quantitative. Da
des Compagnons »160, il donne la défi

153. Miklos Muranyi, « Die frühere rec


Fiktion », Islamie Law and Society, 4/2
Calder); Id., « Visionen des Skeptikers »,
travail de A. Rippin).
154. Yahyãb. Sallām (m. safar 200 ¡inc. 1
I-II, éd. Hind Šalab, Beyrouth, Dr al-Kutu
met, entre autres, une partie de la tradit
155. Le problème est la définition de
d'informations plus ou moins détaillées,
que 1 1 000 d'entre eux, d'après un auteu
y compris de ceux dont le statut de Com
manes.

156. Village byzantin en ruines non loin de Raqqa, près de


l'Euphrate.
157. Fu'ad JABALI, The Companions of the Prophet. A Study of the geographical dis-
tribution and political alignments, Leyde, Brill (coll. « Islamic History and Civiliza-
tion. Studies and texts », 47), 2003; 16,5 x 24,5, XV-522 p., bibliographie, 8 appendices,
index, 146 .
158.2-3.
159. 1-40.
160.41-83.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 359

sentations musulmanes les concernant. Avec les chapitres troisième,


leur répartition géographique161, et quatrième, sur les attitudes des Comp
gnons durant la « guerre civile »162, nous sommes au cœur du sujet.
Mahomet, pour reprendre l'expression de F. J. avait établi « une tr
de valeurs », à savoir « islam- hijra-jihād» 163, i.e. (1) « la soumission à Die
à Son Prophète », (2) l'émigration ou héjire (à Medine pour vivre l'islam
« la guerre sainte » (l'expression est de nous) afin de défendre et d'éte
l'islam. Après la conquête de La Mecque, l'islam cessa d'être ident
l'héjire, restait donc le ģihād. Après la mort de Mahomet, les nouveaux
blissements conquis devinrent une destination d'héjire et des bases po
ģihād. Le modèle médinois s'exporta hors de Medine et hors de l'Ara
C'est ainsi qu'à l'époque du meurtre du calife Uthman, les colonies mu
manes comptaient beaucoup de Compagnons, alors qu'il n'y en avait
guère à Medine. Le centre de gravité religieux, social et politique s'é
déplacé de Medine vers les colonies. Ali lui-même quitta Medine pou
chercher le soutien des Compagnons.
La bataille de Siffin opposa ceux qui avaient été des proches de M
met, que ce soit par les liens du sang ou en termes religieux, et ceu
l'étaient moins. Sous le califat de Uthman, les convertis plus récents prire
progressivement la place que les premiers ou anciens convertis occupa
jusqu'alors. La mort de Uthman fut le début d'une longue lutte entre Ali (
« concurrence » avec Abu Bakr comme premier converti), qui essaya
rétablir l'ancien ordre mis en place par Umar, et Mu'awiya qui s'efforçait
maintenir celui mis en place par Uthman. « Dans cette lutte, ce furen
premiers convertis qui perdirent » 164.
Pour F. J., son analyse de la structure tribale des colonies est un a
ment en faveur de sa thèse165. Celle-ci nous paraît intéressante, mais il n
semble que l'A., entraîné qu'il est par une étude sur les Compagnons (é
tout à fait bienvenue, par ailleurs), a tendance à ne pas prendre asse
considération les liens tribaux. Est-ce la rançon d'une étude quantita
tive166? Après tout, Uthman et Mu'awiya appartenaient tous deux au
des Umayyades! Mais nous reconnaissons qu'il est bien difficile de me
de front une étude qui prenne en considération, pour cette époque, à l
« l'appartenance religieuse » et les liens sociaux ou tribaux.
C'est encore des Compagnons et de la succession de Mahomet dont
est question dans l'étude de A. Asfaruddin 167, professeur assoc

161. 84-136.
162. 137-182.
163. 184. À notre avis, c'est cette triade qui anime l'imaginaire religieux de cer-
tains groupes musulmans en « terre d'islam » ou « émigrés » (. hiģra , émigration, muhà-
ģirūn, émigrés) en Occident.
164. 185.
165. 185-186.
166. On pourra consulter les huit appendices de tableaux fort utiles, sur les
Compagnons qui vécurent à Bassora, à Coufa, en Syrie, à Damas, à Horns, en Pales-
tine, en Égypte, ainsi que celui sur leur attitude lors de la bataille de Siffin (ici 185
Compagnons).
167. Asma ASFARUDDIN, Excellence and. precedence. Medieval discourse on legiti-
mate leadership, Leyde, Brill (coll. «Islamic History of Civilization», 36), 2002;
16,5 X 24,5, XI-310 p., bibliographie, index, 80 €. Ce travail était à l'origine une thèse
soutenue à la Johns Hopkins University (Baltimore, Maryland), en 1993.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
360 CLAUDE GILLIOT

rUniversité Notre Dame (Indiana),


concernant le gouvernement légitim
guments du parti pro-alide des orig
té. A. A., pour sa part, voit les choses
critères initiaux utilisés afin de légiti
le décès de Mahomet dépendent de d
« l'excellence » ( fadîlà ) et « la precede
à l'islam. Les partisans de Abu Bakr
tes »), qui devint le premier calife,
« chiites ») avaient le souci de mon
mérites au plus haut point. Ce n'es
avec le Prophète fut mise en avant
doctrine chiite pleinement développée
Les sources principales sur lesquell
vre Sur les Uthmanites du célèbre
mu'tazilite al-ôàhiz (m. 255/859) et s
trine f atimide169 en riposte au traité
naqd al-risāla al-'utmâniyya), œuvre du

Les savants musulmans sunnites d


mental dans l'établissement du sunn
de S. C. Lucas171. En s'appuyant su
Ibn Sa'd, Ibn Ma'ïn et Ibn Hanbal, S. C
basé à l'origine sur trois principes f
Compagnons, la critique des transmet
rique » des canaux d'autorité par les
deux siècles qui séparent la vie de M
de badīt Cet ouvrage ne manque pa
certains qu'il manque parfois de di
sunnites172.

L'étude des discussions modernes et contemporaines sur la tradition et


les traditions prophétiques {badīt) est un domaine assez négligé dans la

168.2.
169. » Fatimide », désigne ici le chiisme en général, et non pas la dynastie bien
connue d'Égypte.
1 70. Gamāl al-Dīn Abū 1-Fadā'il Ahmad, frère du célèbre polygraphe Radi al-Dïn 'Alî
(m. 664/1266).
171. Scott Cameron LUCAS, Constructive critics, Hačuth literature, and the articula-
tion of Sunn Islam. The Legacy of the generation of Ibn Sa'd, Ibn Ma'ïn, and Ibn Hanbal,
Leyde, Brill (coll. « Islamic History and Civilization. Studies and Texts », 51), 2004
16,5 X 24,5, XV-423 p., bibliographie, index, 30 tableaux dans le texte, 119 €. Il s'agit
du texte légèrement révisé d'un PhD. préparé sous la direction de Wadad al-Kadi
The Arts of Hadïth compilation and criticism : a study of the emergence of Sunn Islam
in the third/ninth century, Université de Chicago, 2002
172. L'A. n'a pas pris en considération plusieurs ouvrages ou études anciennes,
ainsi : William Marçais (traduit et annoté par), Le Taqrîb de en-Nawawî, Paris, Impri
merie Nationale, 1902, XXXlV-256 p. (tirage à part de JA); Edward E. Sali bury
« Contributions from orignal sources to our knowledge of the science of Muslim
tradition », JAOS, VII (1862), 60-142

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN D'ISLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 361

recherche, comme le souligne R. Tottoli173 dans la préface à la livr


thématique dont il est l'éditeur174. Les quatorze contributions qu'il a
semblées portent non seulement sur l'islam arabe et le sunnisme, co
c'est souvent le cas, mais aussi sur l'Inde et l'Indonésie, et le chiisme.

Droit et institutions musulmans. - C'est l'édition de sa thèse prése


à la Freie Universität de Berlin que nous propose A. Radtke175. Son é
porte sur le rapport entre la révélation, d'une part, et la Loi et l'his
d'autre part. Il s'agit d'examiner les facteurs qui ont conditionné la p
juridique musulmane. A. R. conduit sa recherche en deux parties. D
première, «La Loi comme produit de l'histoire»176, sont successivem
traités : révélation et autorité, la révélation comme événement histo
(« les circonstances de la révélation », asbāb al-nuzûî), ainsi que le rap
entre le jugement de Dieu et la foi de l'homme. La seconde partie17
consacré à la pratique, en l'occurrence, le rapport entre l'histoire e
normes juridiques.

B. A. Ergene178 du département d'histoire de l'Université de Verm


nous propose l'édition de sa thèse sur la pratique du droit en Anatolie
fin du XVIIe au début du XVIIIe siècle, intitulée à l'origine : Local Court,
munity, and Justice in the 17th - and 18th-Century Ottoman Empire, et
avait soutenue à l'Université de l'État d'Ohio en 2002. Ce travail est ce
sur les actes judiciaires des tribunaux musulmans et sur les minute

173. Roberto TOTTOLI (a cura di), Hadith in modem Islam, in Oriente Mo


(XXI, n.s., [LXXXII], 2002/1, Rome, Istituto per l'Oriente C. A. Nallino, III-263 p
des matières : Editor's preface, I-III. - Muhammad Khalid MASUD, « Hadït an
lence », 5-18. - Rüdiger Lohlker, « Hadït and Islamic law », 19-29. - David C
« Authority and the end of the world : traditions in modern Muslim apoca
literature », 31-53. - Roberto TOTTOLI, « Hadït and traditions in some recent b
upon the Dal Antichrist) », 55-75. - Daniela Bredi, « II badīt in Asia meridion
77-91. - Muhammad Qasim ZAMAN, « Nation, nationalism, and the 'ulama' : had
religiopolitical debates in twentieth century India », 93-113. - Howard FEDER
« Hadït littérature in twentieth century Indonesia », 115-124. - Saiyad Nizam
Ahmad, « Twelver Šfī Hadït : from tradition to contemporary evolution », 125
Leonardo CAPEZZONE, « La questione dell'eterodossia di Mufaal ibn 'Umar al-ôu
Tanqïh al-maqàl di al-Māmaqānī, 147-157. - Biancamaria SCARCIA-AMORETT
significato e l'uso del hadït nello sciismo contemporenao : alcune osservaz
proposito della rivista "al-Tawhïd", 159-177. - Robert Gleave, « Modem Šfī d
sions of habar al-wãhid : Sadr, Humaynï and Hūle, 179-194. - Paolo BRANCA, « Il
del sunnita" et la sunnah », 195-206. - Massimo CAMPANINI, « Il hadït in una pr
tiva filosofica : la critica di Hasan Hanafl », 207-217.- Alan M. GUENTHER, « Res
of Sayyid Ahmad Hãn to Sir William Muir's evaluation of Hadït literature », 21
Index, 255-263.
174. 1.
175. Andreas RADTKE, Offenbarung zwischen Gesetz und Geschichte, Wiesb
Harrassowitz (coli. « Diskurse der Arabistik », 7), 2003 ; 1 7,5 x 24,5, XX-200 p.
indices, bibliographie, 48 €.
176. 15-95.
177. 97-167.
178. Bogaç A. ERGENE, Local court, provincial society, and justice in the Ottoman
Empire. Legal practice and dispute resolution in Ģankiri and Kastamonu (1652-1744),
Leyde, Brill (« Studies in Isamic Law and Society », 17), 2003 : 16,5 x 24, XV-236 p.,
bibliographie, index, 37 tableaux et cartes, 72 €, ISBN 1384-1 130.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
362 CLAUDE GILLIOT

actes consignés dans les registres. So


lisme ottoman a conduit à ce que la
assez d'importance aux pratiques jur
(chap. I), l'A. présente dans le chapitr
deux sous-provinces concernées. Alo
une macro-analyse des actes consign
crés à une micro-analyse des litiges e
derniers chapitres, nous sommes tr
cès en litige. En effet, dans le chap
possibles pour le règlement des litiges
et enfin, au chapitre X183, B. A. E.
tionnement des tribunaux ottoman
dans la littérature ethnographique
résoudre les conflits. Cette étude rem
selon laquelle les tribunaux ottoman
dans la mesure où les tribunaux ref
des localités où ils étaient établis et assuraient la domination de la com-
munauté sur les individus184.

C'est à un domaine négligé par la recherche, l'Islam en Asie du Sud-Est,


et plus spécialement la dimension politique de l'Islam/islam dans le sulta-
nat d'Aceh185 (Atjèh, Atchin, Achin) au xvne siècle, qu'est consacrée l'étude
de A. Hadi186, professeur au State Institute of Islamic Studies Ar-Raniry, à
Banda Aceh (Indonésie, au nord de Sumatra, dans la région qui est le sujet
de ce travail). L'ouvrage comporte cinq chapitres : I. Le sultanat d'Aceh
(fondé ca. 1500) avant le XVIIe siècle. II. Le souverain et le problème de
l'autorité. III. Le roi et les cérémonies religieuses. IV. Les institutions mu-
sulmanes et l'État. V. Étude comparative avec les sultanats de Melaka et de
Mataram. Rappelons que le grand orientaliste hollandais Christiaan Snouck
Hurgronje (1857-1936) avait fait œuvre de précurseur dans ses travaux
ethnologiques sur cette région qui ont été traduits en anglais187.

Théologie musulmane. - Le classement des savants musulmans en


écoles juridiques et en courants théologiques est une chose reçue et qui n'a
pas de soi à être remise en question. Toutefois l'étude précise de tel ou tel
auteur, mais aussi l'édition de nouveaux textes, peut encore révéler des

179. 9-31.
180. 32-98.
181.99-169.
182. 170-188.
183. 189-207.
184. 6.
185. On trouvera une bibliographie concernant cette region sur le site électroni-
que : http ://acehnet.tripod.com/literature.htm.
186. Amirul HADI, Islam and state in Sumatra. A study of seventeenth-century
Aceh, Leyde, Brill (« Islamic History and Civilization », 48), 2004; 16,5 x 24,5, XIII-273
p., bibliographie, glossaire, index, 8 illustrations et cartes, 92 €, ISBN : 90-04-1298-20.
C'était à l'origine un Ph.D. de l'Université McGill (Montreal, 1999). L'épouse de l'A.,
Nazly Hanum Lubiš, elle aussi diplômée de Montreal, et leurs deux enfants ont été
tués durant les raz-de-marée (i tsunami ) de décembre 2004.
187. Ch. SNOUCK HURGRONJE, The Achehnese, I-II, translated by Arthur Warren
Swete O'SuUivan, with index by R. J. Wilkinson, Leyde, Brill, 1906, XXI-439-384 p.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN D'ISLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 363

« surprises ». Ainsi le grand traditionniste, prédicateur et polygraph


Bagdad IBN al-GAWZl (m. 597/1201) était non seulement hanbalite en
(hanbalî l-madhab), mais aussi en théologie (hanbalî 1-usûl), donc, en princ
littéraliste pour ce qui est des attributs divins et adversaire de la théo
dialectique (kalām). Mais l'édition princeps, accompagnée d'une traduc
annotée et précédée d'une étude de son Livre sur les traditions qui por
sur les attributs, consacré à l'exégèse des traditions anthropomorphiq
œuvre de M. Swartz188, conduit à affiner notre jugement sur son ori
tion théologique. Tel avait déjà été le cas pour un autre hanbalite de
dad Ibn Aqïl (m. 513/1119), comme l'a montré G. Makdisi. On l'avait
observé chez I. G., à travers un abrégé189 du texte ici édité, mais déso
M. S. peut écrire que le rationalisme de ce dernier va plus loin que c
d'Ibn Aqïl190. Sans pouvoir l'affirmer en toute certitude, S. M.
l'hypothèse que l'ouvrage édité pourrait être La Méthode pour parven
connaissance de la science des fondements de la religion (Minhāģ al-wusûl
ma'rifat 'ilm al-usûl)X9i. Il s'agit là d'un excellent travail d'édition192
traduction, précédé d'une utile introduction193.

C'est encore l'édition d'un ouvrage sur l'exégèse des traditions anth
pomorphiques que nous propose D. Gimaret; il est l'œuvre du théolo
asharite IBN FÜRAK (m. 406/1 01 5) 194. Une partie en avait été éditée (se
édition critique, avant celle de D. G.) à Rome avec une traduction al
mande par le jésuite R. Köbert195. Une deuxième édition, en appare
complète, et non critique, avait paru peu après196, suivie de plusieurs aut
éditions, ou soi-disant telles, ou de réimpressions. Désormais, la seule

188. Merlin SWARTZ, A Medieval critique of anthropomorphism. Ibn al-Jawzî's


Akhbār al-sifāt A critical edition of the Arabic text with translation, introducti
notes, Leyde, Brill (coll. « Islamic Philosophy Theology and Science », XLVI),
16,5 X 24,5, XVI-330-1 16 p., 104 €.
189. Ibn al-GawzI, Daf suban [subhat] al-tašbīh bi-akuff al-tanzīh n 1-radd a
muģassima wa l-musabbiha bi-man yantahil madhab al-imām Ahmad, éd. M. Zāh
Kawtari, Préface de M. Abù Zahra, Introd. de Gum' a al-Hûlï, Le Caire, al-Makta
Tawfïqiyya, 1977, 96-7 p. (19631?); réimpr. Le Caire, Maktabat al-Azhar li-1-turãt («
Turāt al-Kawtari », 12), 1418/1998, 87 p./éd. M. Zāhid al-Kawtarl, revue par A. Hiģā
Saqqâ, Le Caire, Maktabat al-Kulliyyât al-azhariyya, 1991, 70 p. À l'origine de tou
soi-disant éditions, se trouve le texte édité à Damas, Matba'at al-Taraqqï, 1345
Ce même texte a été également édité sous un autre tire : al-Bàz al-ašhab al-m
'alā muhāli fi l-madhab, « édition » M. Munir al-Imàm, Beyrouth, Dar al-Ginān, 1987
des ajouts tirés de Akhbār al-sifāt).
190.64.
191. 31-38.
192. Le texte a été établi à partir de l'unicum d'Istamboul ms. Shehit Ai Pa-
cha 1561, 42 f, achevé en 890/1485, copie faite à partir de la copie de Nùral-Dïn 'Ali
b. öamäl al-Dïnb. Abd Allah (?), qui fut l'étudiant de Šams al-DIn (?), un traditionniste
šāfi'ite de Damas.
193. 3-70.
194. Ibn FOrak, Kitāb Muškil al-hadīt aw Ta*wīl al-ahbār al-mutašābiha, éd. Daniel
GIMARET, Damas, IFEAD, 2003; 17 x 24, lll-49-467 p., indices.
195. Nuhba min K Bayàn muškil al-ahādīt (Auswahl nach d. Hss. in Leipzig, Leiden,
London u. d. Vatikan v. Raimund Köbert), Rome, Pontificum Institutům Biblicum
(« Analecta Orientalia », 22), 1941, XXVI-44-46 p.
196. Éd. Abd al-Rahmān b. Yahyä ' al-Yamän! et al., Hyderabad, Osmania Oriental
Publications, 1362/1943, 214-15 p. '

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
364 CLAUDE GILLIOT

tion de référence devra être celle d


sept mss. Tout comme Köbert, il a p
base. C'est là un excellent travail, non seulement pour ce qui est de
l'établissement du texte, mais aussi de son annotation198.

Un autre puvrage important qui avait déjà été très mal édité fait l'objet
d'une nouvelle édition considérablement améliorée, le Livre de l'Unicité
(divine) du « fondateur » de la deuxième école de théologie dialectique sun-
nite al-MÀTURÏDÏ199 (m. 333/944). Seul un unicum200 souvent fautif nous en
est parvenu. Les deux nouveaux éditeurs turcs B. TopaloöLU et M. ARUÇI,
ont établi le texte évidemment à partir du ms., mais aussi de l'édition anté-
rieure très fautive, et surtout grâce à leur profonde connaissance de
l'héritage théologique hanafite et hanafito-māturldite. Cette édition considé-
rablement améliorée fera désormais foi.

Rappelons que les études modernes sur al-MATURlDl remontent au dé-


but du XXe siècle lorsque Jean Spiro (1849-1914) délivra une courte com-
munication sur la théologie de cet auteur. Pour la suite de ces études, on se
référera à l'ouvrage de U. Rudolph201. C'est avec impatience que l'on attend
une édition complète de son commentaire coranique, Les interprétations des
gens de la sunna, laquelle est annoncée de Turquie. Récemment,
A. VANLIOÖLU202 a édité son commentaire de quelques sourates courtes ou
passages du Coran203, avec une traduction turque de B. TOPALOÖLU.
L'édition complète de ce commentaire a commencé en Turquie. Le
premier volume qui vient de paraître laisse bien augurer pour la suite204, et
nous consolera de la mauvaise édition complète parue à Beyrouth en

197. Ms. Leipzig Völlers 316, copié en 459/1066-7. V. GAS, I, 610-611, qui signale
16 mss.
198. Séparée de l'apparat critique, lequel se trouve p. 31 1-391.
199. Al-MATURlDl (Abū Mansūr M. b. M. b. Mahmūd), Kitãb al-Tawhîd, éd. Bekir To-
paloģlu et Muhammed Aruçi, Ankara, Tùrkiye Diyanet Vakfì (« īsam »), 2003 ;
16,5 X 24, xxxvill-7 18-61 p., indices. L'édition précédente par Fath Alláh Hulayf, Bey-
routh, Dar el-Machreq (« Recherches », Série I, t. L), 1970, XLIII-41 1 p. (réimpr. 1982),
avait fait l'objet de plusieurs comptes rendus très critiques notamment par Josef van
Ess, in Oriens, 27-28 (1981), 556-65 (avec une longue liste des corrigenda), Wil-
ferd Madelung, in ZDMG, 124 (1974), 149-51, Hans D AIBER, in Der Islam, 52 (1975),
299-313). Cf. aussi les remarques d'Ulrich RUDOLPH, AI-Māturīdī und die sunnitische
Theologie in Samarkand, Leyde, E. J. Brill, 1997, 214-215.
200. Ms. Cambridge Add. 3651, f° 215 sqq., 206 f°V
201. V. notre compte rendu in Rev. Sc. ph. th., 81 (1997), 504-505, et in Stud. Ist.,
86 (1997), 174-5.
202. Al-MÀTURlDl (Abū Mansūr M. b. M. b. Mahmūd as-Samarqandï al-Hanafi), Ayàt
wa suwar min Ta'wîlât al-Qur'ân, éd. Ahmet Vanlioģlu und Bekir Topaloģlu, avec une
traduction turque de B. Topaloģlu, Istanbul, Acar Matbaacilik (« Imam Ebû Hanîfe ve
Imam Mâtûrîd! Arastirma Vakfi»), 2003; 16,5 x 24, 165-128 p. Seul le début du com-
mentaire avait été édité deux fois en un volume, au Caire et à Bagdad.
203. Sourate 1 ; verset du trône (2,255); 2,285-6; 59, 21-24; sourates 105-1 14.
204 MÀTURlDl, Ta mlàt al-Quràn, ed. Ahmet Vanlioģlu, sous la direction de Bekir
Topaloģlu, Istamboul, Mizan Yayinevi (« Imam Ebû Hanîfe ve Imam Mâtûridî Arastirma
Vakfi »), 2005; 16,5 x 24, 80-464-XL p.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 365

2004 205, et dont l'éditeur ne connaît visiblement pas la tradition h


maturidite.

C'est à deux autres théologiens, l'aš'arite Fahr al-Dīn al-Rāzī (m.


606/1 2 IO)206, et saint Thomas d'Aquin, à propos de la question de l'éternité
du monde, que M. ISKENDEROöLU207 consacre une étude. L'ouvrage se com-
pose de quatre chapitres. Dans le premier, il est traité de l'arrière-plan de la
question : l'origine du monde dans la pensée philosophique grecque, la
rencontre des théories grecques et de la tradition judéo-chrétienne, la dis-
cussion du problème dans la tradition musulmane (Bâqillânï, 'Abd al-Gabbār,
les musulmans néo-plationiciens, Algazel, Averroès, etc.). Les chapitres sui-
vants portent successivement sur Fahr al-Dīn al-Rāzī208, Thomas d'Aquin209,
et les points communs et différences entre les deux théologiens210. Il en
résulte que tous deux, bien que critiquant les arguments et des théologiens,
et des philosophes, montrent qu'ils sont plus proches de ces derniers. Pour
ce qui est des études, l'A. ne se réfère qu'à celles qui ont été écrites en an-
glais, en arabe et en turc; les recherches en allemand, en français211, etc.
sont totalement absentes de sa bibliographie, hormis un ouvrage d'Étienne
Gilson (traduit en anglais).

Nous avons attiré l'attention à plusieurs reprises dans ce bulletin212 sur


l'importance du théologien, juriste et polémiste hanbalite de Damas Ibn
Taymiyya (m. 728/1328), l'un des savants préférés des wahhabites et de
certains autres courants musulmans radicaux. C. Bori213 nous propose une
monographie sur sa vie, d'après les sources classiques. Si cette étude a pour
sous-titre : « Une vie exemplaire », c'est qu'à l'instar d'Ibn Hanbai, I. T. est vu
dans les milieux hanbalites ou hanbalisants comme un « héritier du Pro-
phète ». Toutefois, l'analyse précise des sources à laquelle s'est livrée C. B.

205 MÂTURÏDI, Ta'wîlât ahi al-sunna, I-V, éd. Fatima Yûsuf al-Haymî, Beyrouth,
Mu'assasat al-Risāla, 1425/2004. Édition établie à partir de deux mss : 1. Zàhiriyya 495,
660 folios; 2. DK 6 tafsîr, 656 folios, copié par Mustafā b. M. b. A., en 1 165.
206. M. I. écrit, p. XIII et 1, que Rāzī est mort en 606/1209; en fait il mourut le 1er
šawwal (fête de rupture du jeûne) 606/29 mars 1210. L'erreur provient du fait que le
Père Anawati, in EI, II, 770b, ne donne pas la date de sa mort, mais celle à laquelle ce
théologien a écrit son testament, soit le 21 muharram 606/26 juillet 1209; il vécut
donc encore quelque sept mois après cette date.
207. Muammer ISKENDEROöLU, Fakhr al-Dīn al-Rāzī and. Thomas Aquinas on the
question of the eternity of the world, Leyde, Brill (coll. « Islamic Philosophy, Theology
and Science », XLVIII), 2002; 16,5 x 24,5, XIV- 198 p., bibliographie, index, 63.
208. 59-124.
209. 125-161
210. 163-185.
211. Après la publication de cet ouvrage a paru : Cyrille MICHOŃ (Présentations et
traduction sous la direction de), Thomas d'Aquin et la controverse sur l'Éternité d
monde, Paris, Flammarion (coll. « Garnier Flammarion Philosophie »), 2004, 415 p.
212. Notamment in Rev. Sc. th. th., 81 (1997), 514-515, où nous recensions un
pamphlet justifiant le massacre des moines de Tibéhirine en Algérie, écrit sous u
pseudonyme par un chercheur européen converti à l'islam, et qui était alors en poste
dans une célèbre université catholique européenne !
213. Caterina BORI, Ibn Taymiyya : una vita esemplare. Analisi delle fonte classich
della sua biografia, Rome, Université La Sapienza, Dipartimento di Studi Orientali
Pise et Rome, Istituti Editoriali e Poligrafici Internazionali (coli. « Supplemento al
Rivista degli Studi Orientali », 1), 2003; 17 x 24, 234 p., Bibliographie, index, 15 €.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
366 CLAUDE GILLIOT

montre que les positions des biograp


que. L'ensemble est complété par tro
daires, maîtres de I. T., sa titulature
Nasîha al-dahabiyyâ)2is (attribué à so
rait réduire le personnage à sa seule
apparaît aussi souvent comme un ex
nes en islam.

L'Institut d'Orient de la Société orientale allemande, sis à Beyrouth,


vient de rééditer une étude de J. van Ess216 sur la critique que le tradi-
tionniste al-Dâraqutnî (m. 385/995) avait formulée contre le deuxième « Père
de l'Église » mutazilite, Amr b. Ubayd (m. 1 44/76 1)217.

R. Brague218 a regroupé en un volume onze articles de l'orientaliste


hongrois I. Goldziher (1850-1921) sur l'islam que ce dernier avait publiés
en français. Sauf l'un d'entre eux, ils ont tous paru dans la Revue d'Histoire
des Religions entre 1880 et 1897, et avaient été réimprimés dans ses Ge-
sammelte Schäften219. R. B. résume dans sa présentation les éléments les
plus importants de la vie et de l'œuvre de ce très grand sémitisant et arabi-
sant. On regrettera que la pagination d'origine des contributions de I. G.
n'ait pas était maintenue, par exemple ici, sous forme de crochets dans le
texte. On recommandera donc aux chercheurs de continuer à citer ces
textes selon la pagination d'origine ou d'après celle des Gesammelte Schrif-
ten qui, eux, ont une double pagination !

Islam chiite. - La graphie utilisée pour l'intitulé de cette rubrique ne se


veut pas une provocation dirigée contre deux chercheurs spécialistes du

214. 177-194.
215. 191-194.
216. Josef van ESS, Traditionistische Polemik gegen Amr b. Ubald. Zu einem Text
des Ali b. łUmar al-Dâraqufnî, Beyrouth, Orient-Institut der DMG/Würzburg, Ergon
Verlag (in Kommission bei), 2004 (19671); 17 x 24, 74-1 1 p., 27 €.
217. Sur lui, v. J. van Ess, Theologie und Gesellschaft im 2. und 3. Jahrhundert
Hidschra. Eine Geschichte des religiösen Denkens im frühen Islam, Berlin, Walter de
Gruyter, I-VI, 1991-97, II, 280-310, et index.
218. Ignace GOLDZIHER, Sur l'Islam. Origines de la théologie musulmane, Préface
de Rémi Brague, Paris, Desclée de Brouwer (coli. « Midrash »), 2003; 12,5 x 23,5,
290 p., 23 €. Table des matières : R. BRAGUE, « Présentation », 7-35. Origine des tex-
tes, 36. Les sources non islamiques de l'islam. I. « Le culte des ancêtres et le culte des
morts chez les Arabes », 39-67.- II. « Glanures païennes dans l'Islam », 69-73. - III.
« La notion de sakîna chez les Arabes », 75-88. - IV. « Influences chrétiennes dans
la littérature religieuse de l'Islam », 89-1 11. - V. « Islamisme et parsisme », 113-141.
Croyances et pratiques de l'Islam. - VI. « Le monothéisme dans la vie religieuse des
msulmans », 145-153. - VII. « Le culte des saints chez les musulmans », 155-250. -
VIII. « De l'ascétisme aux premiers temps de l'Islam », 251-261. - IX. « Le rosaire
dans l'Islam », 263-268. - X. « Le dénombrement des sectes musulmanes », 269-277.
- XI. « Le sens propre des expression "Ombre de Dieu, khalife de Dieu" pour dési-
gner les chefs dans l'Islam », 279-287.
219. Ignaz GOLDZIHER, Gesammelte Schriften, I-VI, hrsg. von Joseph de Somogyi,
Hildesheim, G. Olms, 1967-73.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 367

š'isme, M.-A. Amir-Moezzi et C. Jambet220, qui ont intitulé leur ouvr


Qu'est-ce que le shf'isme221? En effet, dénommer les « chiites » de tel
telle façon n'est pas toujours indifférent.
L'intention des AA. est « de revenir au fait religieux lui-même »
« d'aller au cœur du shî'isme, de l'interroger sur ce qu'il est, et de le resit
autant qu'il est possible, en ses vérités religieuses variées »222. L'ouvra
compose de quatre parties : I. Les fondements doctrinaux et les début
shrisme223. II. Sources et contenu de l'enseignement sacré224. III. Évol
historique225. IV. Shï'isme, sagesse et philosophie226. C'est là une mon
phie originale que ses AA. ont voulue à la portée d'un public cultivé,
dans laquelle un islamologue non spécialiste du chiisme trouvera
matière à apprendre.

Mystique. - Il est de ces études qui, même si elles sont consacrées à


auteur, deviennent des ouvrages de référence pour tout un domaine. T
pour l'islamologie L'océan de l'âme de H. Ritter (1892-197 1)227 qui v
d'être traduit en anglais par J. O'Kane228. En effet, si H. R. traite bie
poète mystique persan Attār (m. 627/1230), son ouvrage est une sou
pour l'histoire de la mystique musulmane et même de l'islamologie,
d'autant plus qu'il est pourvu d'index très développés229. Ne pouvait
duire pareil texte qu'un spécialiste de la mystique musulmane, ce qu
J. O., qui a reçu l'assistance d'un autre spécialiste, B. Radtke. Des don
bibliographiques ont été ajoutées aussi bien dans la bibliographie230
dans l'index analytique. Des notes ont été également ajoutées dans le t
Il s'agit donc non seulement d'une bonne traduction, mais aussi d'une
tion augmentée.

Le grand spécialiste de la mystique et des confréries musulmanes


fut F. Meier (10 juin 1912-10 juin 1998), qui fut professeur à Bâle de
à 1982, a laissé une importante œuvre posthume231 de quelque 2
fiches de format A-4. Deux volumes viennent d'en être soigneusemen

220. Mohammed-Ali AMIR-MOEZZI et Christian JAMBET, Qu'est-ce que le shVism


Paris, Fayard (coll. t Histoire de la Pensée »), 2004; 13,5 x 21,5, 387 p., chrono
index, 20 €.
221. C'est ainsi que les AA. orthographient ce terme tout au long de l'ouvrage.
222. 15.
223. 27-79.
224. 83-178.
225. 181-283.
226. 287-353.
227. Hellmut Ritter, The Ocean of the soul. Man, the World and God in the sto-
ries of Farid al-Dīn 'Attār, translated by John O'KANE with editorial assistance o
Bernd Radtke, Leyde, Brill (« HdO », I, A, 69), 2003 ; XXVI-833 p., bibliographie,
index, 1 80 €. Ed. originale : Das Meer der Seele. Mensch, Welt und Gott in den Ges-
chichten des Fariduddln 'Attār, Nachdruck mit Zusätzen und Verbesserungen von
Rudloph Seilheim, Leyde, Brill, 1978 (19551, VHI-777 p.), Vlll-780 p.
228. Voilà quelque dix ans, nous avions proposé à un éditeur religieux parisien
qu'il le fît traduire, mais en vain !
229. 703-831, dans la présente traduction.
230. 656-702.
231. On peut s'en faire une idée en consultant le site internet : www.ub.unibas.ch
/spez/meier/.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
368 CLAUDE GILLIOT

tés, le premier par B. Radtke et G. S


Tous deux portent sur la vénération

Apologétique et polémique. - L'héri


coup moins abondant que l'héritage
toujours dans la recherche universit
quoi l'on se réjouira de constater qu
Arabo Cristiano » continue ses public
Grac (Gruppo di Ricerca Arabo-Crist
tre de Documentation et de Recherc
Sous le titre : Une Correspondance is
l'islam , ce sont deux épîtres connues d
chrétien melkite de Baalbeck QusTÀb
sont rééditées en arabe par S. Khalil
italienne inédite par I. Zilio-Grandi2
publiés avec une traduction français
duction italienne en vis-à-vis est ann
de la traductrice237.

Deux études consacrées à la polémiq


juriste andalou, Ibn Hazm de Cordou
1064) ont paru presque simultanément.
polémique islamo-chrétienne, disons
rale. Celle de S.-M. Behloul239 est cen
L'ouvrage de A. L. comporte trois p
de l'œuvre d'Ibn Hazm240; II. Les so

232. F. MEIER, Nachgelassene Schriften, I


Teil 1, Die Segensprechung über Mohamm
Schubert, Leyde, Brill, 2002; 16 x 24,5, XVI-
Bemerkungen zur Mohammedverehrung, T
gen, hrsg. von Bernd Radtke, Leyde, Brill, 2
233. Adresse internet : http ://w ww.gra
les autres groupes, notamment le CEDRAC
en ligne.
234. IBN al-MUNAGGIM-QUSJÂ IBN LÛQA (IX secolo), Una Corrispondenza tslamo -
cristiana sull'origine divina dell'islm. Testo arabo, divisione et introduzione dell'editore
a cura di Samir KHALIL Samir SJ. Introduzione, traduzione et note a cura di Ida
Zilio-Grandi. Indici a cura di don Davide Righi. Prefazione di Paolo Branca, Turin
Silvio Zamorani editore (« Patrimonio Culturale Arabo Cristiano, 8), 2003; 15 x 23,
3 1 8 p., bibliographie, glossaire et index, 30 €.
235. Khalil SAMIR-Paul NWYIA, Une correspondance islamo-chrétienne entre Ibn al-
Munaģģim, Hunayn ibn Ishàq et Qusfã ibn Lúqã, Turnhout, Brepols (coll. « Patrologia
Orientalis », 40/4, n° 185), 1981.
236. Introduction de l'éditeur du texte arabe, 41-53; éd. et traduction, 56-261.
237. 13-40.
238. Abdelilah DAMAI, Ibn Hazm et la polémique islamo-chrétienne dans l'histoire de
l'islam, Leyde, Brill (coll. « The Medieval and Early Modem Iberian World », 17),
2003; 16 x 24,5, Xl-247 p., 3 appendices, bibliographie, index, 78 €.
239. Samuel-Martin BEHLOUL, Ibn Hazms Evangelienkritik. Eine methodische Un-
tersuchung, Leyde, Brill (coll. « Islamic Philosophy Theology and Science »), 2002 ;
16 x 24,5, XV-276 p., bibliographie, indices, 49 €.
240. 7-79.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 369

christianisme241; III. Son influence sur les polémistes postérieurs242.


appréciera notamment une nouveauté dans la connaissance de l'ouvr
d'Ibn Hazm sur les doctrines religieuses, al-Fisal1*1. En effet, il l'a so
remanié, et le manuscrit de Vienne 975, par ailleurs incomplet244, compo
dans la partie qu'il contient de nombreux passages qui ne se trouve
dans l'édition imprimée, non plus que dans les autres manuscrits de
l'ouvrage245. A. L. ne mentionne pas une autre « édition » de l'ouvrage246,
établie à partir de deux manuscrits et de « l'édition » de 1964. Hormis la
correction de coquilles ou d'erreurs de l'édition antérieure, cette édition de
Riyad n'apporte rien de nouveau. A. L., pour sa part, a placé, en appen-
dice247, les variantes et surtout les ajouts du manuscrit de Vienne. On relè-
vera un certain nombre de coquilles ou de fautes dans cette étude248.

Même si S. M. B., de l'Université de Lucerne, s'est assigné un objectif


plus précis que A. L., à savoir l'étude de la critique des évangiles par Ibn
Hazm, son approche de la question traitée est plus globale, dans la mesure
où il la replace dans l'arrière-plan méthodologique et socio-culturel. D'où
les quatre parties de cet ouvrage : I. Les principes posés par Ibn Hazm pour
distinguer entre le vrai et le faux (à travers son ouvrage sur la logique aris-
totélicienne : al-Taqríb li-hadd al-mantiq ' composé entre 414/1023 et
422/1 030) 249 ; II. L'approche théologique d'Ibn Hazm et les principes qu'il a

241.83-139.
242. 145-196. Il s'agit essentiellement des auteurs suivants : Hazraģl, Qurt
Mâyùrqî, Ibn Taymiyya, Ibn al-al-Qayyim, Alā' al-Din al-Bāģī.
243. Ibn Hazm, al-Fisal fí 1-milal wa 1-ahwâ' wa 1-nihal, avec en marge Šahrastānl,
I-V en 3, éd. sous la direction de A. Nāģī al-GamālI et M. Amin al-Hānģī, Le Cair
Matba' al-Adabiyya, 1317-1321/1899-1903; réimpr. Beyrouth, Dār aí-Ma'rifa, 197
autres réimpr.). Le texte avait été établi à partir d'un ms. (l'un des cinq mss.
tionnés par A. L., 52, et avant lui par Israel Friedlaender, « The heterodoxies
Shiites in the presentation of Ibn azm », J AOS, XXVIII, 1907, 17), dont la copie
achevée le 7 dû 1-qa'da 1271/22 juillet 1855, par le copiste Muhammad b. Mū
Sur la compostion du Fisal, v. I. Friedlaender, « Zur Komposition von Ibn Ha
Milal wa'n-Nihal », in Orientalische Studien Theodor Nöldeke zum 70. Geburtsta
März 1906) gewidmet von Freunden und Schülern und in ihrem Auftrag hrsg
Carl Bezold, I-II, Gieszen, Alfred Töpelmann, 1906, 1, 267-277.
244. Le texte s'arrête à la fin de la sous-section où il est traité de la localisation
de Dieu et de Sa session sur le Trône, ce qui correspond dans le texte imprimé à II,
126.
245. 45-71.
246. Ed. M. Ibr. Nasr et łAr. 'Umayra, Djeddah, Maktabat 'Ukkāz, 1402/1982; ré-
impr. Beyrouth, Dâral-ôïl, 1405/1985. Le texte a été établi à partir du microfilm 174
tawhld du ms. à'Istamboul Reisülküttap 555, 522 ff., copié en 722 h. (date identique à
celle du premier vol. du ms. de Leyde!), et du ms. Azhar 1451/10349, ainsi que du
texte imprimé au Caire, Libraire M. 'A Subayh, 1364/1964, qui est une réimpr. de l'éd.
de 1899-1903.
247. Appendice I, 222, avec le texte de l'éd. imprimée en regard. S'y ajoutent
deux autres appendices : l'appendice II, 223-225, avec en regard des passages des
Épîtres de saint Paul, d'après Novum Testamentům Arabicum, ms. Madrid BN 4971 ;
appendice III, 226-229, Bāgī (m. 714/1314) Kitāb 'alàJ-Tawrãt
248. V.g. « Friedlander », 58, 239, et passim, leg. Friedlaender ; « Kutbl », leg. Kutu-
bl.
249. 3-96.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
370 CLAUDE GILLIOT

posés face à la logique aristotélicienn


III. La polémique contre les quatre é
contradictions de l'Ancien Testamen
rière-plan socio-politique de cet ouv
qu'Ibn Hazm composa d'abord un ouv
tissement de la Torah et de l'Évangile
al-Yahüd wa 1-Nasārā li-l-Tawrāt wa 1-
« gens du Livre », selon la dénomina
parvenu, puis il étendit sa polémiqu
été intégré en un grand chapitre dans
contradictions patentes et les menso
appellent la Torah et dans leurs aut
Évangiles, dans lesquels leur falsific
tes], ainsi que le fait qu'ils sont autr
fait descendre » 253.
Nos lecteurs non spécialistes de l'i
musulmanes vivant jusqu'à nos jours
ces thèmes polémiques n'ont pas perdu
par l'enseignement et les médias, ils
et ce dès l'école primaire !

Que le conflit des interprétations c


besoin était, la lecture de l'ouvrage
Bamberg, qui, outre l'histoire contem
étudié l'islamologie à Erlangen, Dam
met avec des Arabes chrétiens donn
représentations chez les chrétiens au
musulmane en ses débuts. Des apolog
sent à ces théories. D'où les deux pr
logètes chrétiens et islam255; II. Ré
Le recenseur se doit de rappeler tou
inégal, dans la mesure où la propaga
seulement à l'école, dans les cours d
d'arabe, les journaux, les haut-parle
plus, dans la totalité des États musu
répondre aux attaques dont le chris
partie de son ouvrage, R. B. confronte
ses de la recherche occidentale actuelle, en l'occurrence ici avec les travaux
sur l'ébionisme257. Dans la quatrième partie258, il propose des réflexions et
des pistes sur la relation entre l'apologie et le dialogue.

250. 99-134.
251. 137-221.
252. 225-241.
253./75a/I, 116.
254. Rüdiger BRAUN, Mohammed und die Christen im Islambild zeitgenössischer
christlicher und muslimischer Apologeten, Neuendettelsau, Erlanger Verlag für Mission
und Ökumene, 2004; 15 x 21, 21 1 p., bibliographie, 9,80 €.
255.21-65.
256. 67-95.
257. 97-127.
258. 129-202.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 371

Relations islamo-chrétiennes. - L'Académie du diocèse de Rotte


Stuttgart a organisé deux forums théologiques259 sur le christian
l'islam. Les actes du premier portent sur l'interpellation que con
l'islam à la compréhension que le christianisme a de lui-mêm
deuxième rencontre261, elle, était consacrée à la sotériologie dans l

259. Ces forums ont été institués en mars 2003.


260. Hansjörg SCHMID, Andreas RENZ und Jutta SPERBER (Hrsg.), Herausforderung
Islam. Anfragen an das christliche Selbsverständnis. Theologisches Forum Christen-
tum-Islam, Stuttgart, Akademie der Diözese Rottenburg-Stuttgart (coli. « Hohen-
heimer Protokolle », 60), 2003; 14,5 x 22, 169 p., 12 €. Table des matières : Vorwort, 7-
8. - H. SCHMID, « Das "Theologische Forum Christentum-Islam" : Kontexte, Anliegen,
Ideen », 9-24. 1. Grundlegende Verhältnibestimmungen und Modelle. - Hans Zirker,
« Vom Islam lernen? Zur Herausforderung des christlichen Selbsverständnisses », 27-
50. - Ulrich SCHOEN, « Fuß-Wege und Denk-Straßen im christlich-islamischen Feld :
eine Typologie», 51-65. II. Konkrete Herausforderungen: christliche Standortbes-
timmung - Offenbarungsfrage - Erziehung - Politik. Christian W. TROLL, « "Prüfet
alles!". Der Dienst der Unterscheidung als unabdingbares Element dialogischer Be-
ziehungen von Christen mit Muslimen », 69-82. - Oliver Lellek, « Ist die Offenba-
rung abgeschlossen? », 83-101. - Stephan LEIMGRUBER, « Erziehung aus christlicher
und islamischer Perspektive», 103-1 14. - Raymund SCHWAGER, «Die Rolle der
abrahamitischer Religionen zwischen Israel und Palästina », 115-122. - III. Heraus-
gefordet in der Begegnung mit Muslimen : Praxisreflektionen. Hans-Martin GLOËL,
« Was bedeutet Existenz und Anspruch des Islam für das Selbstvertändnis "christlich
Glaubender"», 125-133. - Wolfer MEIßNER, «Die Integration von Muslimen in
Deutschland - Herausforderung für die Institution Kirche », 135-148. - Thomas
LEMMEN, « Christlich-islamische Gesellschaften als Erfahrungsfelder des theologis-
chen Dialogs zwischen Muslimen und Christen », 149-157. - IV. Tagungsbericht und
Perspektiven für die Weiterarbeit. H. SCHMID, A. RENZ, J. SPERBER, « Neue Initiative
zum Dialog mit dem Islam. Erste Fachtagung des Forums Christentum-Islam », 161-
167.
261. Hansjörg SCHMID, Andreas RENZ und Jutta SPERBER (Hrsg.), Heil in Chris-
tentum und Islam. Erlösung oder Rechtleitung. Theologisches Forum Christentum-
Islam, Stuttgart, Akademie der Diözese Rottenburg-Stuttgart (coli. « Hohenheimer
Protokolle », 61), 2004; 14,5 x 22, 248 p., 12 €. Table des matières : Vorwort, 9-12.
I. Grundfragen um Heilsverständnis. Stefan SCHREINER, « Erlösung und Heil -
menschliches Verlangen und göttliches Angebot. Intertextuelle Spuren in Bibel und
Koran», 15-37. - Claude GlLLIOT, «Rechtleitung und Heilszusage im Islam.
Perpektiven auf das islamische Heilsverständnis ausgehend von klassichen
Autoren », 39-54. - Andreas RENZ, « Offenbarung als "Wegweisung" - Glaube als
"Weg". Soteriologische Metaphern in Judentum, Christentum und Islam », 55-81. -
II. Gott-Mensch Verhältnis. Friedmann ElßLER, « Gott und Mensch im Offenbarenugs-
geschehen. Gottes Anrede und die Gestalt des Mose/Ms (Sure 20 und Ex 3) », 85-
99. - Martin BaüSCHKE, « Jesus als Beispiel der Gott-Mensch Beziehung im Koran »,
101-1 19. - Christian W. TROLL, « Zum Verhältnis von Gott und Mensch im Spiegel
der Hadsch-Gebete », 121-136. - III. Prädestination und Freiheit. Heikki RÄISÄNEN,
«Doppelte Prädestination im Koran und im Neuen Testament?», 1 39-159. -
Ulrich SCHOEN, «"Den einen Schriftvers nicht mit dem anderen totschlagen!"
Thesen zur Prädestination und Freiheit», 161-166. - Anja MIDDELBECK-VARWICK,
« Über göttliche Gerechtigkeit und menschliche Erkenntnis bei 'Abd al-Abbr (gest.
1024). Dialog mit einer mu'tazilitischen Rechtfertigung Gottes », 167-184. -
IV. Perspektiven auf den zeitgennössischen muslimischen Diskurs. Christiane PAULUS,
« Rationalität und Welverhältnis. Ähnlichkeiten von Islam und Protestantismus »,
187-209. - Klaus HOCK, « Der 1 1. September als Heilsereignis? Die Herausforderung
der dunklen Seite des Heils », 211-225. - V.Ausblicke und Tagungsbericht. John
B. TAYLOR, « Salvation or right guidance. Some reflections on the "Thelogical Forum

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
372 CLAUDE GILLIOT

tianisme et l'islam. Ce dernier n'éta


rédemption, convient-il de parler de

L'Institut de recherches interreligieu


TRA), dont le siège est à Nachrodt (R
la publication de la collection « Reli
volume comporte quatre parties pri
dialogue interreligieux, thème du vo
sions d'ouvrages ou de périodiques. L
nous avons reçus sont les suivants :
cisme »262, « Signes d'espérance d'un
pour le dialogue interreligieux »264
nous n'avons point encore reçu : « J
interreligieux du pèlerinage » 265.

Orientalisme et relations avec l'Ori


Orient (IFPO, Beyrouth, Amman, Alep)
routh) ont organisé, à Beyrouth, en
sur le thème des orientalismes franç
de ces deux institutions, Y. Courbage
Actes. Ce colloque se déroula alors q

right guidance. Some reflections on the "T


232. - Assaad E. KATTAN, « Dynamisch -
hermeneutischen Bedingungen des chr
H. Schmid, A. Renz, J. Sperber, « Heilsv
Zweite Fachtagung des Theologichen Forum
262. Reinhart Kirste, Paul Schwarzenau
Die Dialogische Kraft des Mystischen, B
« Religionen im Gespräch », 5), 1998; 15 x
cun des volumes à l'adresse internet suivant
263. Reinhart Kirste, Paul Schwarzenau
Hoffnungszeichen globaler Gemeinschaft,
« Religionen im Gespräch », 6), 2000; 15 x
264. Reinhart Kirste, Paul Schwarzenau
Neueherausforderungen für den interreli
Verlag (coli. « Religionen im Gespräch », 7
265. Reinhart Kirste, Paul Schwarzenau
Wegmarken der Transzendenz. Interreligiö
Druck + Verlag (coli. « Religionen im Gesp
266. Youssef COURBAGE et Manfred KRO
Traditions et actualité des orientalismes
Institut et L'Institut Français du Proche-O
matières : Y. COURBAGE, « Avant-propos »,
«Propos de bienvenue», 13-15. - Philipp
« Discours », 17-20. - Günter Kniess (Am
24. - Ghazi ARIDI (ministre libanais de la
Marc Gaboriau, « L'islam et les grandes
français », 29-64. - Baber JOHANSEN, « Is
conditions of a discipline », 65-93. - Ridw
Henry LAURENS, «L'orientalisme franç
Stefan REICHMUT, « Discourses of oriental
studies in present-day Germany », 129-1
155. - Christian DÉCOBERT, «Conclusio
sciences orientales », 157-164. Résumés en

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN D'ISLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 373

lestinien E. Said (Edward, né 1er novembre 1935, m. 25 septemb


l'un des pourfendeurs de l'orientalisme267, dont nous avons dénon
sieurs reprises les généralisations simplistes et essentialistes, et l'e
stabilisateur qu'il a exercé sur certains jeunes chercheurs de nos d
De fait, dans la crainte de tomber dans « l'occidentalocentrisme »
aiunt, certains se sont laissé affecter par une certaine mode « saidienn
Les diverses contributions ici éditées donnent une vision bien plus
tée de l'orientalisme français et allemand, et l'on ne peut que s'en réjo

Vient de paraître l'édition de l'importante thèse de l'historien D. Av


sur les dominicains du Caire et l'IDEO. Cette étude permet de suivre
l'évolution de la présence des dominicains au Caire avec, d'abord, une pre-
mier essai en 1910 qui n'a pas abouti, puis la création en 1930 d'une com-
munauté qui accueillit ensuite l'Institut Dominicain d'Études Orientales
(IDEO) après la Deuxième Guerre mondiale, institut dont la création avait
été décidée en 1938 pour que soient établis (ou rétablis?) des liens intellec-
tuels entre chrétiens et musulmans.
L'A. situe la naissance et l'évolution de l'IDEO dans le contexte des évé-
nements politiques, intellectuels et religieux dont sont témoins les histo-
riens dans la période étudiée, ici entre 1910 et 1970, à la fois en Europe et
au Moyen-Orient. Politiquement, i.e. les deux guerres mondiales, le partage
de la Palestine en 1948, le changement de régime au Caire en 1952 et
l'expédition de Suez en 1956. Intellectuellement, i.e. l'intérêt pour les reli-
gions non-chrétiennes à partir de 1935 et le renouveau de la pensée médié-
vale en Europe entre les deux guerres. Du point de vue catholique, la tenue
du Concile Vatican II fut d'importance, au cours duquel l'IDEO a joué un
certain rôle pour la déclaration sur les musulmans.

Histoire. Les Arabes. - Deux importants ouvrages sur les Arabes (et
l'Arabie) ont paru récemment. Celui de J. Retsö271 va de l'époque assy-

267. Edward Said, L'orientalisme. L'Orient créé par l'Occident, traduit de


l'américain par Catherine Malamoud, Paris, Éditions du Seuil, 1980 (original anglais,
1978), 398 p.; v. la critique de Abdelwahab El-Affendi, «Studying my movement:
social science without cynism », IJMES, 23 (1991), p. 83-94.
268. Il est de bon ton dans certains colloques de commencer une contribution
par un nasîb (introduction à un poème classique en arabe) « meaculpiste » sur
« l'occidentalocentrisme », et, dans nos domaines, de se référer à l'ouvrage
d'Edward Said, L'orientalisme.
269. On se reportera à Joel L. Kraemer, Humanism in the Renaissance of Islam.
The Cultural Revival during the Bouyid Age, Second revised edition, Leyde, E. J. Brill,
1992, XVI, qui écrit fort justement : « Le discours anti-orientaliste sur l'Europe et sur
l'Autre arabe et musulman remplace les faits géo-historiques fondamentaux par des
métaphores et des mythes politiques. Les anachronismes abondent; la morphologie
devient mythologie. Edward Said rétroprojecte allègrement les couples Europe-
Occident, Asie-Orient sur la Grèce antique, créant ainsi un Occident et un Orient
essentiels et éternels et mettant sur le même plan les anciens Grecs et l'Occident
moderne, mais aussi de façon étonnante "l'orientalisme" ».
270 Dominique AVON, Les Frères prêcheurs en Orient. Les Dominicains du Caire
(années 1910-années 1960), Préface de Régis Morelon, Paris, Le Cerf (coll.
« Histoire »), 2005; 1040 p., 95 €, ISBN 2-204-077731-3.
271. J. RETSÖ, The Arabs in Antiquity. Their history from the Assyrians to the
Umayyads, Londres et New York, Routledge Curzon, Taylor and Francis Group,

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
374 CLAUDE GILLIOT

rienne jusqu'aux Omeyyades; celui d


à la venue de l'islam.
J Retsö traite de l'histoire des Arabes dans l'antiquité, depuis leur pre-
mière apparition attestée, ca. 853 av. J.-C., jusqu'au i/viie siècle. L'ouvrage
comprend trois parties (vingt-deux chapitres) : I. Les origines dont on a
gardé le souvenir273. II. Les origines oubliées274. III. Le solution d'une
énigme275? Il y analyse les mentions d'un peuple appelé les « Arabes » dans
toutes les sources anciennes et propose une nouvelle interprétation de leur
histoire. Il suggère que les anciens Arabes étaient plus une communauté
religieuse qu'un groupe ethnique. Cela expliquerait pourquoi la dénomina-
tion « Arabes » a pu être facilement adoptée par les premières tribus mu-
sulmanes. De la sorte, les Arabes de l'antiquité auraient ressemblé plus
qu'on ne le dit habituellement aux musulmans arabes des débuts, les deux
étant unis par des liens communs d'idéologie religieuse et de droit. Il con-
clut au terme de sa recherche : « The term "Arab" designates a community
of people with war-like properties, standing under the command of a divine
hero, being intimately connected with the use of the domesticated
camel »276. Cet ouvrage s'appuie sur une énorme documentation. La thèse
qui le sous-tend recevra difficilement l'assentiment des spécialistes du do-
maine. Cela dit, on y trouvera beaucoup d'informations et d'utiles sugges-
tions.

Le livre de R. G. Hoyland est un modèle de logique et de clarté. Il est


divisé en neuf chapitres. Dans les trois premiers, il esquisse une histoire
culturelle de l'Arabie orientale277, de l'Arabie du Sud278, et de l'Arabie sep-
tentrionale et centrale279. Il y combine les témoignages de l'histoire, de
l'épigraphie et de l'archéologie. Les chapitres 4-8, sont, eux, thématiques :
économie280, société281, religion282, art, architecture et objets fabriqués283,
langue et littérature284. Le dernier chapitre285 porte sur la difficile question
de l'arabité et de l'arabisation. Ayant recours à un très grand nombre de
sources (inscriptions, archéologie, poésie, histoire), R. H. présente les diffé-
rentes aires culturelles de l'Arabie, de l'antique Saba au sud, aux déserts et
oasis du centre et du nord.

2003; 16 X 4, 13-684 p., bibliographie, deux indices, 5 cartes, 90 €. Une table ronde
s'est tenue à l'Université Lyon II sur ce livre, avec la participation de l'A.
272. Robert G. HOYLAND, Arabia and the Arabs from the bronze age to the coming
of Islam, Londres et New York, Routledge, 2001; 14 x 21,5, XII-324 p., bibliographie,
index, broché, 9,5 €.
273. 11-102.
274. 103-574.
275. 575-622.
276. 623.
277. 13-35.
278. 36-57.
279. 58-84.
280. 85-112.
281. 113-138.
282. 139-166.
283. 167-197.
284. 198-228.
285. 229-247.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 375

Histoire. Islam. - Il est bien connu que les biographies des pers
ges historiques sont soumises à des représentations qui dépen
milieux et des époques dans lesquels elles ont été progressivement
puis mises par écrit, a fortiori s'il s'agit de figures qui sont assoc
fondations d'un groupe ou d'une institution, tant l'imaginaire po
social et religieux est à l'œuvre dans ce type de production. C'est ce
qu'illustre l'étude de B. Beinhauer-Köhler286, sur Fatima, fille de Maho-
met et épouse de Ali. Ce travail était à l'origine une thèse de doctorat
(« Habilitation für das Fach Religionswissenschaft », histoire/science des
religions, présentée en juin 2000). Elle avait soutenu son « magistère »
(Promotionsarbeit) à l'Université de Göttingen en 1994 sur « La science
chez les Fatimides égyptiens »287, et s'était ainsi familiarisée avec le monde
« fatimien », i.e. celui de Fatima, et surtout fatimide (ismaélien). En treize
chapitres, se déroule devant nous une sorte de tapisserie que ses proprié-
taires successifs feraient sans cesse transformer. Après un chapitre
d'introduction, l'on passe par les stades d'exécutions et les strates d'un pan-
neau qui représentent les « métamorphoses d'une figure féminine histori-
que ». Dans le deuxième chapitre288, ce sont « les fragments d'une vie de
femme » qui sont recueillis auprès des traditionnistes de ii-iiie/vin-ixe siècles
et des plus anciens historiographes, avec essentiellement des traditions
médinoises, non encore marquées par les motifs chiites. Sous les titres :
« La fille préférée du Prophète »289 et « La Dame aïeule ( Ahnherrin ) du
chiisme » 290, ce sont, d'une part, la Fatima du hadît sunnite, et d'autre part,
celle du chiisme ancien modéré qui sont passées en revue. Les chapitres V-
VII291 sont consacrés aux figures de Fatima dans les développements du
chiisme : « Le contact avec l'infini » dans les légendes duodécimaines ; Fa-
tima chez les Ismaéliens; « La manifestation de la divinité », ou Fatima chez
les chiites « extrémistes ». Mais certains des motifs imamites ont aussi in-
fluencé un sunnisme imprégné de mystique, ce dont il est question dans le
chapitre VIII292. Avec le chapitre IX293, s'achève la stratification diachro-
nique des figures de Fatima, à savoir ses représentations musulmanes mo-
dernes : Fatima, modèle, aussi bien dans une perspective socio-politique du
rôle de la femme, dans des mouvements « féministes », que pour ceux ou
celles qui sont attachés aux « valeurs traditionnelles » de l'éthique
« musulmane » de la femme.

286. Bärbel BEINHAUER-KÖHLER, Fima bint Muammad. Metamorphosen einer


frühislamischen Frauengestalt, Wiesbaden, Harrassowitz, 2002; 17 x 24, 377 p., bi-
bliographie, index, 13 ill., 48 €, ISBN 3-447-045-8.
287. Bärbel KÖHLER, Die Wissenschaft unter den ägyptischen Fatimiden, Hildes-
heim, Olms (coli. « Arabistische Texte und Studien », 6), 1994, 194 p.
288. 39-56.
289. Cap. III, 57-77.
290. Cap. IV, 78-93.
291. Cap. V, 94-136; VI, 137-175; VII, 176-205.
292. Cap. VIII, « Die Frau Als. Immitische Motive im sufisch geprägten Sunni-
tum », 206-237.
293. Cap. IX, « Das Vorbild. Moderne islamische Darstellungen Fimas », 238-264.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
376 CLAUDE GILLIOT

Dans les chapitres X-XII294, l'A. s'at


est l'objet : pèlerinages, fêtes, le nom
Le chapitre XIII sur cette grande fig
en quelque sorte un chapitre de con
raisons avec deux autres épouses de M
avec la Vierge Marie des chrétiens e
qu'avec Vénus et Isis. Cet ouvrage est
les différentes facettes de la figure
pèlerinages à Fatima nous ont rappe
fance, dans le Nord de la France, où l'o
nage, le 1 5 août, à la chapelle de sain
anglais « ford by a mill »), érigée en 17

Le renversement de la dynastie om
le nom de « révolution abbaside », est l'un des domaines de l'histoire mu-
sulmane qui est le plus sujet à débat et qui a produit un lot impressionant
de thèses et de contre-thèses, comme en témoigne la récente étude de S. S.
Agha295, qui était à l'origine un Ph.D. ( The Agents of force that toppled the
Umayyad caliphate) présenté à l'Université de Toronto, en 1993. C'est en fait,
mutatis mutandis, un appui à la thèse de J. Wellhausen (m. 19 1 8) 296 que
donne l'A., y compris par l'examen de matériaux qui n'étaient pas accessi-
bles au grand savant allemand. Cela dit, ce travail ne se limite pas à répéter
la thèse de Wellhausen, et l'on y trouvera notamment d'utiles données
quantitatives297.

L'Institut d'Orient de la Société Orientale Allemande de Beyrouth pro-


pose une réimpression de l'histoire des Buyides (Āl-i Buyeh, Buwayhid,
confédération tribale issue du Daylam, sur la rive méridionale de la mer
Caspienne) en Irak (945-1055) publiée sous le titre de Calife de Grand Roi
par H. Busse298. Cet ouvrage publié en 1969 demeure une référence indis-
pensable pour l'histoire politique, institutionnelle et économique de cette
époque et de cette dynastie chiite.

Depuis la parution de ce livre, plusieurs études ont paru dont on trou-


vera les références dans l'ouvrage de J. J. Donohue299, professeur à
l'Université Saint Joseph de Beyrouth. Alors que cette période a parfois été

294. Cap. X, « Das Wahlfahrtsziel. Fima als Empfängerin orstbebundener Kulte »,


265-294; XI, « Die Gefeierte. Feste zu Ehren Fimas », 295-314; XII, « Die Trägerin
eines heilbringenden Namens. Fima in der Magie », 315-331.
295. Saleh Said AGHA, The Revolution which toppled the Umayyads. Neither Arab
nor Abbsid, Leyde, Brill (coll. « Islamic History and Civilization », 50), 2003; 16 x 24,5,
XXXVlll-408 p., bibliographie, index, 135 €, ISBN 90-04-12994-4.
296. Julius WELLHAUSEN, The Arab kingdom and its fall, Calcutta, 1927, XV-592 p.
297. Troisième partie, p. 223-321.
298. Heribert BUSSE, Chalif und Grosskönig. Die Buyiden im Irak (945-1055),
Beyrouth, Orient-Institut der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft (coli.
« Beiruter Texte und Studien », 6), Würzburg, Ergon Verlag in Kommission, 2004
(19691); 17 x 23,4, XIV-610 p., bibliographie, index, 6 tableaux, de carte, 72 €., ISBN 3-
89913-005-7.
299. John J. DONOHUE, The Buwayhid dynasty in Iraq 334 H./945 to 403 H./1012.
Shaping institutions for the future, Leyde, Brill (coll. « Islamic History and Civiliza-
tion », 44), 2003; 16,5 x 24,5, xi-381 p., bibliographie, index, 105 , ISBN 90-04-12860-3.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 377

appelée « l'intermède iranien », l'A. y montre que la dynastie buyide


les institutions fondamentales dont les Seljoukides ont hérité300
ment le Grand Emirat301, la bureaucratie302, le système des fi
l'armée303. Le caliphat304, privé de pouvoir, fut rétabli comme c
l'autorité et de la légitimité. Les institutions politico-religieuses (juge
dics, témoins)305 et l'organisation sociale contrôlée par les savants
ces religieuses306, y compris une section307 sur les ayyârûn (parfois
par « vagabonds ») et les ahdât (mot à mot « jeunes gens », sorte
urbaine), qui jouent un rôle dans les périodes de trouble, sont é
prises en considération.

En 1998, s'est tenue à l'Université d'Edimbourg la troisième Tab


sur la Perse safavide (907-1135/1501-1722) dont A. J. Newman308,

300. V. la conclusion, 347-354.


301. Chap. I, « The amirate », 13-130.
302. Chap. II, «The viziriate and the bureaucraty », 131-191; Chap. IV,
« Provincial goverment », 21 1-228; Chap. V, « Land administration », 229-261.
303. Chap. III, « The army », 192-210.
304. Chap. VI, « The caliphate », 262-287.
305. Chap. VII, « Religio-political institutions », 288-314.
306. Chap. VIII, « Social organization », 315-347.
307. 338-346.
308. Andrew J. NEWMAN, (ed. by), Society and culture in the early modern Middle
East. Studies on Iran in the Safavid period, Leyde, Brill (coll. « Islamic History and
Civilization », 46), 2003; 16,5 x 24,5, XXV-419 p., index, ill. in texto, 1 18 €, ISBN 90-04-
12774-7. Table des matières : A. J. Newman, « Foreword », XI-XXI. - I. History and
historiography. Michele Bernardini, « Tīmurnāma and Qäsiml's Shānameh-yi Ismā'īl :
Considerations towards a double critical edition », 3-18. - Sholeh A. QlNN, « The
Timurid historiographical legacy : A comparative study of persianate historical wri-
ting », 19-31. - Karin RÜHRDANZ, «Illustrated Ajā'ib al-makhlúqãt manuscripts and
their function in early modern times », 33-47. - II. Sources on Safavid society and
culture. Iraj AFSHÄR, « Maktûb and majmū'a : Essential sources of Safavid research »
51-61. - Charles MELVILLE, « New light on the reign of Shah 'Abbas : Volume III of
Afdāl al-tawārīkh», 63-96. - Anthony WELCH, « Safavi Iran as seen through Venetian
Eyes », 97-121. - III. Culture and patronage in the Safavid period. Sheila BLAIR,
« The Ardabll carpets in context », 125-143. - Stephen P. Blake, « Shah Abbàs and
the transfer of the Safavid capital form Qazvin to Isfahan », 145-164. - Robert
Hillenbrand, « The Sarcophagus of Shah Isma'īl at Ardabll », 165-190. - IV. Art and
identities. Adel T. Adamova, « Muhammad Qasim and the Isfahan school of painting »,
193-212. - Barabara BREND, «Another career of Mīrzā ťAli? », 213-235. - Jona-
than M. BLOOM, « Epic images revisited : an Ilkhanid legacy in early Safavid pain
ting », 237-248. - V. Culture, economy and politics in peripheries and centres. Eba-
dollah BAHARI, « The Sixtenth century school of Bukhara painting and the arts of the
book », 251-264. - Rudi MATTHEE, « The Safavid mint of Huwayzeh : the numisma-
tic evidence », 265-291. - VI. The spiritual realm : movements, manuscripts, medi
cine, and money. Shahzad BASHIR, « After the Messiah : the Nùrbakhshiyya in late
Timuri and early safavid times», 295-313. - Jean CALMARD, «Popular literature
under the safavid », 315-339. - Ihsãn ISHRÂQl « "Noqjaviyya" à l'époque safavide »,
341-349. - Rasūl JacFARIYÂN, « The Immigrant manuscripts : a study of the migra-
tion of ShïT works from Arab regions to to Iran in early Safavid era », 351-369. -
A. J. NEWMAN, « Bãqir al-Majlis! and islamicate medicine : Safavid medical theory and
practice re-examined», 371-396. - Mansūr SlFATGOL, «Safavid administration of
awqàf : structure, changes and functions, 1077-1135/166-1722 », 397-408. Index, 409-
419.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
378 CLAUDE GILLIOT

Université, nous propose les Actes3


ronde s'était tenue à Paris en 198
1993 311 . La quatrième a eu lieu à B
Actes n'en ont pas encore été publié
comportent de nombreuses illust
l'Université de Victoria (Canada) qu
jeune noble vénitien Ambrosio Bem
1671, alors qu'il était âgé de 19 ans,
Travels and journal de ce voyageur312.

En février 1982, lors de fouilles ef


égyptienne de Quseir (ou al-Quseir)
après Safaga), sur la mer Rouge, l'on
ments de papier, surtout de la corre
datant de la première moitié du Vll/
vés au Musée d'art islamique du Cai
textes que Li Guo313 (Université de
traduit et commente. Un bâtiment
cheikh », et plus d'une trentaine de ce
Mufarriģ. Il y est également fait men
sont un témoignage du commerce d
l'intérêt qu'offre le contenu de ces
commercial, il s'étend aussi à la vie,
la religion populaire316. L'A. soulign
verte de caractères d'imprimerie en
amulettes et des cadrans astrologique

309. Première Table ronde, Paris, mar


de), Études Safavides, Louvain, Peeters/
Iran (Bibliothèque iranienne; 39), 1993,
International Round Table on Safavid Per
bre 1993 : Charles Melville (ed. by), Saf
Islamic society, Londres, Tauris (coll. «
426 p., ISBN 1-86064-086-9. La quatrièm
Round-Table on Safavid Studies, Universi
310. V. Jean Calmard (sous la directio
ters/Téhéran, Institut Français de Rech
1993, XIV-383 p., ISBN : 2-909961-02-8.
311. V. Charles Melville (ed. by), Safavid Persia. The history and politics or an
Islamic society, Londres, Tauris (coll. "Pembroke Persian papers; 4 ), 1996, XI, 426 p.,
ISBN 1-86064-086-9.
312. A. J. NEWMAN, op. cit., 98.
313. Li GUO, Commerce, culture, and community in a Red Sea port in the thirteen
century. The Arabic documents from Quseir, Leyde, Brill (coll. « Islamic History a
Civilization », 52), 2004; 16,5 x 24,5, XXI-334 p., 3 indices, 4 ill., ISBN 90-04-13747-5
314. Chap. I, « The "Sheikh's house" », 1-28.
315. Chap. II, « The Red Sea commerce at Quseir », 29-69. Une partie des maté-
riaux des chap. I-II avait paru dans des contributions de l'A., signalées p. XV.
316. Chap. III, « Lire, death, and God : aspects ot populaire bellet and culture »,
70-98.
317.75-82, 87-89.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 379

D'anciens étudiants, collègues et amis de D. S. Richards lui offr


mélanges à l'occasion de ses soixante-dix ans, édités par C. F. Rob
Outre la bibliographie de D. S. R., né à Bristol en 1935, et dont la
commença et s'acheva à Oxford, ce volume comporte dix-sept c
tions, dont la majorité porte sur l'histoire.

Langue. - Notre collègue de l'Université de Provence, P. Larch


propose aux arabisants un ouvrage sur le système verbal de l'arab
issu d'un cours qu'il professe dans notre Université. Il comporte
parties (seize chapitres): I. Généralités320; II. Le verbe trilitère321
verbe quadrilitère322; IV. Temps, aspect et modalité323. Sur bien
tions, par exemple, racine et forme324, temps, aspect, mode et moda
les formes augmentées basiques326, P. L. apporte d'utiles précision
soit par rapport aux positions des grammairiens indigènes, que pa
à celles des arabisants. Ce linguiste sait aussi bien réinterroger la
grammaticale arabe, que celle des arabisants et des sémitisants, y
parmi ces derniers, de ceux que la plupart des arabisants français

318. Chase F. ROBINSON (ed.), Texts, documents and artefacts. Islamic st


honour of D(onald) S(ydney) RICHARDS, Leyde, Brill (coll. « Islamic His
Civilization », 45), 2003; 16,5 x 24,5, XIII-417, index, ill., 153 €, ISBN 90-04
Table des matières : C. F. Robinson, » Introduction », VII-IX. Bibliograph
Richards, XI-XIII. - Alan JONES, « The word made visible : Arabie script an
mitting of the Quťán to writing », 1-16. - Hugh KENNEDY, « Caliphs
chroniclers in the Middle Abbasid period (third/ninth century) », 17-35
CRONE and Luke Treadwell, « A new text on Ismailism at the Samanid cour
67. - Wilferd MADELUNG, « A treatise on the imamate of the fatimid
Mansūr bi-Allāh », 69-77. - Carole HILLENBRAND, « The imprisonment of
Châtillon », 79-102. - Geert Jan van GELDER, « A conversation on cont
politics in the twelfth century : "al-Maqãma al-Baghdādiyya" by al-W
575/1 179) », 103-1 19. - Anne-Marie Eddé, « Les sources d'Ibn al-'Adlm sur
de Sayf al-Dawla en Syrie du nord (333-356/944-967)», 121-156. - Nadi
and Jeremy JOHNS, «An original arabie document from crusader Anti
AD) », 157-190. - Julia Bra Y, « Yqťs interviewing technique : "Sniffy" »,
Amalia Levanoni, « "Sïrat al-Mu'ayyad Shaykh" by Ibn Nãhid», 211-232.
Amitai, « Foot soldiers, militiamen and volunteers in the early Mamluk ar
249. - - Robert IRWIN, « Tribal feuding and Mamluk factions in mediev
251-264. - Julie Scott Meisami, « The collapse of the great Saljuqs », 2
George T. SCANLON, « Mamluk sgraffiato ware : the power of the new »,
Jacqueline SUBLET, « De passage à Damas en 688/1286. Ibn al-Najïb et la
sion du savoir », 357-383. - David J. WASSERSTEIN, « When is a fake a fake and
how much does it matter? On the authenticity of the letter of the descendants of
Muhammad b. Sālih to Mu'âwiyab. Sālih», 385-404. - David MORRAY, « Materials for
the study of Arabic in the age of the early printed book », 405-414. Select index of
persons, 415-417.
319. Pierre LARCHER, Le système verbal de l'arabe classique, Aix-en-Provence, Pu-
blications de l'Université de Provence (coll. « Didactilangue »), 2003; 15 x 21, 191 p.,
bibliographie, index rerum, 15 €, ISBN : 2-85399-536-4.
320. 7-18.
321. 19-125.
322. 127-133.
323. 135-166.
324. 16-18.
325. 135 sqq.
326. 33 sqq., 45 sqq., 53 sqq.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
380 CLAUDE GILLIOT

sultent malheureusement guère plu


1940), ou des Allemands, tel Albert S
da à Friedrich Leberecht Fleischer, à

Depuis quelque deux lustres, les étu


les ») connaissent un essor à l'Univers
seulement l'ouvrage que nous venons
la journée de l'École doctorale de l'U
édités par Ph. Cassuto (hébraïsant) e
boration, au sein de cette université,
linguistes des domaines indo-europée
mo Mugnaioni328, spécialiste des lang
ques années renforcer cette équipe.

C'est sous le proverbe : « Un malheu


de l'allemand : « Un malheur arrive
édite quatre recueils synonymiques
dahiya (catastrophe, calamité, malh
première fois, sont le fait de (1) Ab
Dawāhī(Le livre des calamités )330, (2) I
plemení)331, (3) Ibn al-Qattał al-Šantarī

327. Philippe CASSUTO et Pierre LARCHE


de la journée de l'École doctorale de l'Uni
Linguistique d'Aix-en-Provence (CLAIX),
Provence, 2000; 15 x 21, 187 p., 18,29 €,
Ph. CASSUTO et P. Larcher, « Préface »,
que?. Hervé GABRION, «L'hébreu moderne: une langue sémitique?», 15-22. -
P. LARCHER, « L'arabe, langue sémitique », 23-30. - 2. D'ouest en est et retour :
amorrite et eblaïte. Remo MUGNAIONI, « A propos de la langue d'Ebla. Aperçu et
considérations linguistiques », 33-56. - ID., « Note pour servir à l'approche de
l'amorrite », 57-65. - 3. Ougaritique. Christian TOURATIER, « L'ougaritique.
Problèmes de comparaison », 69-82. - R. MUGNAIONI, « Eléments pour une analyse
morphématique des notions d'accompli et d'inaccompli en ougaritique », 83-95. - 4.
Domaine sudarabique. Mounir ARBACH, « Les langues sudarabiques épigraphiques
préislamiques. Traits communs et spécificité », 99-112. - Iwona Gajda, « La langue
écrite et les langues parlées. La situation linguistique en Arabie méridionale
ancienne », 113-117. - 5. Problèmes particuliers : la racine et son utilisation. Daniel
Baggioni et P. Larcher, « Note sur la "racine" en indo-européen et en sémitique »,
121-131. - Philippe CASSUTO, « Le classement dans les dictionnaires de l'hébreu »,
133-158. - 6. Bilans et perspectives. Alain ROUAUD, « Où en est la connaissance de
l'amharique? Dix ans de recherches (1987-1997) », 161-179. - P. LARCHER,
« Métamorphoses de la linguistique arabe », 181-187.
328. V. Lucien Jean BORD et Remo MUGNAIONI, L'écriture cunéiforme : syllabaire
sumérien, babylonien, assyrien, Paris, Geuthner, 2002, 253 p.
329. Reinhard WEIPERT, « Ein Unglück kommt selten allein ». Vier arabische Syno-
nymensammlungen zum Wortfeld dhiya, Sitzungsberichte der Bayerischen Akademie
der Wissenschaften, Philosophisch-Historische Klasse, 2004 (6) (coli. « Beiträge zur
Lexikographie des Klassischen Arabisch », 16), Munich, in Kommission beim Verlag
C. H. Beck; 14 x 22, 240 p., glossaire, bibliographie, 27 €, ISBN 3-7696-1630-8.
330. GAS, VIII, 138, sub Abū l-'Abbās M. b. al-Hasan b. Dīnār al-Ahwal (m. fin lll/ixe
siècle). Texte édité, 55-64; commentaire, 65-119. Ce traité de Abū 'Ubayda ne figure
pas dans la liste de ses œuvres (v. 17-28); avec lui se termine l'édition des ouvrages
de Abū 'Ubayda qui nous sont parvenus.
331. 120-121; commentaire, 122-130.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 381

plémentin. Ici tout comme pour Ibn Hâlawayh, Supplément ne d


s'entendre par rapport à l'ouvrage de Abù 'Ubayda), et (4) Hamza al
(ob. ca. 360/970), Kitāb al-Hasā'is wa 1-muwãzana : Asmã al-dawāhī (
caractéristiques et du parallélisme : les noms des calamités )333. Les tex
sont édités selon l'ordre du manuscrit d'Istamboul, Topkapi Sarayi,
1096 334 ; le texte 4 l'est d'après le manuscrit du Caire DK luga 90 (51
contient, outre « calamités », vingt-six courtes sections). Cette édit
commentaire qui l'accompagne sont un modèle de travail scientif
plus, R. W. fournit au lecteur un grand nombre d'informations savant
sur le contenu du Kitāb Laysa d'Ibn Hâlawayh, dont seulement un
nous est parvenue335.

C'est le dernier ouvrage de R. Talmon336 que nous recevrons de


collègue de l'Université de Haifa. En effet, il a été rappelé à Dieu
2004, alors qu'il était encore dans la force de l'âge. Il fut directeur
partement d'arabe de l'Université de Haifa de 1997 à 2000. Avec
perdons l'un des excellents connaisseurs de la tradition gram
arabe, et plus particulièrement de la syntaxe, notamment celle du
et des dialectes palestiniens. Il était également convaincu de l'uti
l'informatique pour l'enseignement de l'arabe et dans les recherc
guistiques338. C'était aussi un collègue d'une grande humanité, toujour
à donner un renseignement sur son domaine.
L'ouvrage que nous présentons est la conclusion d'un des aspec
jeurs de la recherche de R. T. durant quelque quatre lustres339, à
« les relations entre la documentation concernant l'enseignement g
tical dans le Kitāb de Sîbawayh et d'autres sources extra-kitâbiennes qu
nent une description des essais des "grammairiens", au cours la pé
formation dans ce domaine de recherche, en Irak et ailleurs »340.

332. 131-133; commentaire, 134-147.


333. 148-152; commentaire, 153-171. Avec son contenu de 400 mots du champ
sémantique de la calamité mots, il contient ca. la totalité des trois autres textes.
334. Pour cet important manuscrit de 287 folios (selon Sezgin, il contient 38 tex-
tes ; selon Sesen, 42), copié par M. b. A. b. Ibrahim b. Haydara al-Qurāšī al-Misrï al-Šāfi,
appelé Ibn al-Qammâh (m. 741/1340) (copie achevée en 707/1307), v. Weipert, 11,
notamment n. 12, où sont indiqués les textes qui ont été édités sur sa base. U con-
tient de nombreux unica.
335. 19, 29.
336. Rafael TALMON, Eight-century Iraqi grammar. A critical exploration of pre-
allian Arabic linguistics, Winona Lake (Indiana), Eisenbrauns (coll. « Harvard Semitic
Studies », 53), 2003; 15,5 x 23,5, XIX-347 p., bibliographie, 4 indices, synopse. 44,95 $.
337. R. TALMON, « Grammar and the Quťán », Encyclopaedia of the Qur'ân, II (Ley-
de, Brill, 2002), 345-369, est l'un des meilleurs articles de cette encyclopédie.
338. V. Judith Dror, Dudu Shaharabani, Rafi Talmon and Šhuly Wintner.
« Morphological Analysis of the Qur'ân », Literary and Linguistic Computing , 19 (2004),
431-452; Rafi TALMON and Shuly WlNTNER, « Morphological Tagging of the Qur'an »,
in Proceedings of the Workshop on Finite-State Methods in Natural Language Processing
an EACL'03 Workshop, Budapest, avril 2003. L'on peut trouver le second texte en
version PDF sur internet, à l'adresse suivante : http ://cs.haifa.ac.il/~shuly/publications
/talmon- wintner-eacl03 .pdf.
339. V. notre compte rendu in Rev. Sc. ph. th., 82 (1998), 512-513, de : R. TALMON,
Arabie grammar in its formative age. Kitãb al-'Ayn and its attribution to Halli b. Ahmad,
Leyde, Brill (« Studies in Semitic Languages and Linguistics », XXV), 1997, X-437 p.
340. R. TALMON, Eight-century Iraqi grammar, DC.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
382 CLAUDE GILLIOT

lecteur qui n'est pas spécialiste du do


nées pour la mort de Halflb. Ahmad s'
ancienne) et 177/793 341 ! Son élève Sïba
considéré comme le fondateur de la g
probablement en 180/796.
Il comporte deux parties342. La premiè
seignement »343, est divisée en trois c
de cette partie, R. T. présente les anc
partir de vingt-sept sources, bassorien
arrive à un total de vingt grammairie
qu'ils soient des groupes ou des indiv
contient les données correspondantes
puisées dans lesdites sources et numé
dans ces deux chapitres, combien les a
ii/vme et de la première motié du iii/dc
mations grammaticales « qui ne sont p
témoignages d'une variété de théorèm
de la grammaire arabe »346, l'A. exami
relations historiques qui existent entre l
La seconde partie, « Les prédécesseur
halflienne », en deux chapitres, est st
mière, dans la mesure où son premie
grammaire pré-sïbawayhienne » (ou «
pose une reconstruction de l'enseignem
ce qui correspond à une ordonnance
dans les chapitres II et III de la prem
tre350 de la seconde partie, il contien
grammaticale khalilienne et sibawayhi
l'importance des travaux de R. T. pou
de l'évolution de la grammaire arab
dernier livre, non seulement il rassemble les fruits de ses travaux anté-
rieurs351, mais il les affine, et va plus loin encore. Nous pensons, quant à
nous, que, comme nous l'avons déjà écrit, sans grand succès352, à plusieurs

341. V. TALMON, Arabie grammar in its formative age , 17-20.


342. Successivement, 3-157, 162-312.
343. 3-157.
344. 3-37.
345. 38-133.
346. 134.
347. 134-159.
348. 162-281.
349. On notera des différences entre certains intitulés la table des matières, d'une
part, et ceux des hauts de page de l'autre. Dans le texte (haut de page), la seconde
partie est intitulée « The early history of Arabie grammar », et le premier chapitre,
« The old Iraqi school », après correction de nous, car dans l'intitulé il est écrit
« shcool ».
350. 282-312.
351. V. la liste de ses articles et contributions, 320-323.
352. À quelques exceptions près, dont : Kees VERSTEEGH, Arabie grammar and
Qur'anic exegesis in early Islam, Leyde, Brill, 1993, XI-230 p.; v. les comptes rendu
suivants: GILLIOT, in ZDMG, 146 (1996/1), 207-11, et MIDEO, 22 (1995), 497-701
M. MURANYI, in ZAL, 32 (1996), 92-96.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 383

reprises, l'on pourrait encore faire des découvertes intéressante


même sujet en examinant de près quelques commentaires coraniq
ceux de fabarî et de Abû Hayyân al- Andalusi, Jaban notamment
excellent connaisseur de la grammaire dite de Coufa. Or R. T. co
que le grand grammairien de Coufa al-Farrà est un témoin privil
vieille couche de l'école irakienne qu'il reflète « plus fidèlement qu
de Sîbawayh » 353.

En septembre 2000, a eu lieu à l'Université Friedrich Schiller d


première Rencontre du groupe de travail des sémitisants de la S
orientale allemande354, dont N. Nebes355, du « Institut für Sprac
Kulturen des Vorderen Orients » de ladite Université, vient d'éditer l
tes. Ont été ajoutés à ce volume des contributions de participants
pas été présentées lors de la rencontre. Pour ce qui est de l'arab
remarquera notamment l'article de J. Retsö, de l'Université de G
sur la langue arabe de l'époque préislamique tel qu'il est vu par les
classiques et orientaux.
Poésie. - Notre collègue linguiste et arabisant de l'Université d
vence, P. Larcher356, poursuit la traduction d'antiques odes arab
lamiques. Cette fois, il a rassemblé en un volume cinq poèmes don

353. 163 et XI, et passim.


354. Lors du 27e Congrès des orientalistes allemands (Bonn, 28 septem
tobre 1998), avait été décidée la constitution d'un « Groupe de travail d'étud
tiques à l'intérieur de la Société orientale allemande ».
355. Norbert NEBES, Neue Beiträge zur Semitistik. Erstes Arbeitstreffen
beitsgemeinschaft Semitistik in der Deutschen Morgenländischen Gesells
11. bis 13. September 2000 and der Friedrich-Schiller-Universität Jena, W
Harrassowitz (coli. « Jenaer Beiträge zum Vorderen Orient », 5), 2002; 17
278 p., 74 €. Table des matières : Vorwort des Herausgebers, VII. Reinha
(vice-recteur de l'Université), « Grußwort », 1-2. - Joachim OELSNER, «
leit », 3-4. - Werner ARNOLD, « Zur Geschichte der arabischen Lehnwörter im
Neu westaramäischen », 5-11. - Bogdan BURTEA, «Äthiopische Zauberrollen. Zwis-
chen Philologie und Ethnologie », 13-25. - Lutz EDZARD, « Adjektive und nominali-
sierte Relativsätze im Semitischen », 27-37. - Markus HILGERT, « Herrscherideal
und Namengebung. Zum akkadischen Wortschatz kyriophorischer Eigennamen in
der Ur Iii-Zeit », 39-76. - Barbara JÄNDL, « Die syrischen Konjunktionen und Par-
tikeln kad, w-, dën und gěr », 77-90. - Christa MÜLLER-KESSLER, «Die Stellung des
Koine-Babylonisch-Aramäischen auf Zauberschalen innerhalb des Ostaramäischen »,
91-103. - Walter W. MÜLLER und Said F. al-SAlD, « Der babylonische König Nabo-
nid in taymanischen Inschriften », 105-122. - N. NEBES, « Sā'irun Awtar und das
widerspenstige Kamel. Eine neue Widmungsinschrift für dû Samäwl aus der Oase von
Märib », 123-137. - Jan RETSÖ, « Das Arabische der vorislamischen Zeit bei klassis-
chen und orientalischen Autoren », 139-146. - Tilman SEIDENSTICKER, « Die ein-
heimische arabische Lexikographie », 147-166. - Alexander SIMA, « Die hasai-
tischen Inschriften », 167-200. - Peter STEIN, « Gibt es Kasus im Sabäischen? »,
201-222. - Michael P. STRECK, « Die Nominalformen maPRaS(t ), maPRäS und
maPRiSft) im Akkadischen », 223-257. - Esther-Miriam WAGNER, « Zahl und
Gezähltes im Sabäischen », 259-279. - Michael WALTISBERG, « Die Funktionen der
altäthiopischen St-Stämme. Ein Kurzbericht», 281-288. - Stefan WENNINGER,
« Was wurde aus *ģ im Altäthiopischen », 289-298.
356. Pierre LARCHER (traduits de de l'arabe et commentés par), Le Guetteur de
mirages. Cinq poèmes préislamiques, s.l. (Arles), Actes Sud (coll. « Sindbad »), 2004;
12,5 x 19, 121 p., 15 €.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
384 CLAUDE GILLIOT

donné la traduction dans des revue


2003. Nous ne reviendrons pas ici s
des « dix poèmes » (7+2+1) (voire des
à nouveau 358. On y trouvera deux p
al-Dubyàn, et un poème de 'Abïd
poèmes étant très codés et marqués
a rendu le texte, quand il convenait,

P. M. Kurpershoek 359, directeur p


Nord au Ministère néerlandais des a
sciences politiques et en littérature à
derniers volumes sur la poésie orale
l'époque contemporaine (confédératio
vol. II qui port sur Šlěwíh al-'Atàwî e
nant à la tribu des "fēbāli), le cinqu
« index ». P. M. K., que l'on pourrai
bédouin », titre d'un de ses livres360
bal361, commencé par ses enregistre
1989 362 Le quatrième volume se com
réservée aux textes, translittération
mière partie consiste en une étude
ment le rapport entre le gouvernem
l'histoire364, les Dawàsir dans l'histo
orale, et enfin la langue et la prosodie
Dans sa préface au volume cinqu
beaucoup de poètes, transmetteurs e
sont aujourd'hui décédés et que les

357. 9-14. Cf. Cl. GILLIOT, « Textes ara


années 1996 à 1999 », 123-126.
358. K P. Larcher, Les Mu'allaqât. Les sept poèmes préislamiques (traduits et
commentés par), Fontfroide-le-Haut, Fata Morgana (« Les Immémoriaux »), 2000,
introduction; compte rendu de Gilliot in Rev. Sc. Ph. Th., 85 (2001), 196.
359. P. Marcel KURPERSHOEK, Oral poetry and narratives front Central Arabia, IV, A
Saudi tribal history. Honour and faith in the tradition of the Dawsir, Leyde, Brill
(coll. « Studies in Arabic Literature», XVII/IV), 2002; 17x24,5, XXV- 1001 p., 11
illustrations, glossaire, trois appendices, deux cartes, 255 €; Id., Oral poetry and narra-
tives from Central Arabia, V, Voices from the desert. Glossary, indices and list of re-
cordings, Leyde, Brill (coll. « Studies in Arabic Literature », XVII/V), 2005; 17 x 24,5,
XXIV-421 p., 195 .
360. Il faut savoir qu'il a écrit Diep in Arabie, Amsterdam, Meulenhoff, 1992, et De
laaste bedoein, ibid., 1995. il existe un abrégé en anglais de ces deux ouvrages : Arabia
of the bedouins, Londres, Saqi Books, 2001, traduit en arabe s. t. al-BadawJ 1-ahīr [Le
Dernier bédouin], Saqi Books, 2002.
361. IV, 3-17.
362. V. notre recension de Oral poetry and narratives from Central Arabia, III,
1999, in Rev. Sc. ph. th., 83 (1999), 614-615. Les deux vols, antérieurs ont les sous-
titres suivants : I, The Poetry of ad-Dindn : a Bedouin bard in Southern Najd, 1994,
XVII-368 p.; II, The Story of a desert knight, 1995, XIV-512 p.
363. 185-719.
364. 18-65.
365. Successivement, 66-83, 84-111. On trouvera deux schémas de leur structure
tribale, et une carte des villages et des tribus dans le Wâd! al-Dawâsir, 80-81.
366. Successivement, 112-173, 174-184.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
BULLETIN DTSLAMOLOGIE ET D'ÉTUDES ARABES 385

sements socio-politiques de cette région du monde n'ont pas été sans


sur le type de culture auquel il s'est intéressé. Il pense toutefois qu
Arabes des générations à venir la redécouvriront367.
L'ensemble constitue un opus laudandum, de par son ampleur, mais
si du fait qu'il était grand temps de consigner par écrit cet héritage ling
tique, poétique, narratif, ethnographique, etc., pour lequel les Arabe
mêmes manifestent assez peu d'intérêt. De ce point de vue, P. M. K. s'insc
dans la tradition de certains grands voyageurs occidentaux, tel le Tc
A. Musil368, ou de chercheurs, tel le Père A. Jaussen, o.p.369.

Littérature. - S. Günther370, professeur de langue et de littérat


arabes à l'Université de Toronto, propose un ouvrage collectif sur la li
ture arabe, littérature étant entendue ici comme production écrite
auteurs des seize contributions qui constituent ce volume se sont eff
d'emprunter de nouveaux chemins dans la présentation des thèmes
se sont assignés. Fait assez rare pour être relevé favorablement : une
a été faite à la littérature arabe chrétienne (contributions 2-3). La con

367. V, vu.
368. Alois MUSIL, The Manners and customs of the Rwala bedouins, New York,
American Geographical Society (coll. « Oriental Explorations and Studies », 6), 1928,
XVi-7 12, à l'égard duquel P. M. K. reconnaît sa dette, IV, 4.
369. Antonin JAUSSEN, Coutumes des Arabes au pays de Moab, Paris, Adrien-
Maisonneuve, 1948, IX-448 p.
370. Sebastian GÜNTHER (ed.), Ideas, Images, and Methods of Portrayal. Insights in-
to Classical Arabic Literature and Islam, Leyde, Brill (coll. « Islamic History and
Civilization », 58), 2005; 16,5 x 24,5, XXXIII-468 p., 5 indices, 140 €, ISBN 90-04-14325
4. Table des matières : Tarif KHALIDI, « Foreword », IX-XI. - S. GÜNTHER, « Intro-
duction », XIII-XXXIII. - 1. Stephan DÄHNE, « One context equivalence. A hitherto
insufficently studied use of the Quran in political speeches from the early period of
Islam », 1-16. - 2. Ute PlETRUSCHKA, « Classical heritage and new literary forms.
Literary activities of Christians during the Umayyad period », 17-39. - 3. Sandra
Toenies KEATING, « Refuting the charge of tahnf. Abū Rà'ifa (da. Ca. 835) and his
"First Risàia on the Holy Trinity" », 41-57. - 4. Beatrice Gruendler, « Four meeting
the patron. An akhbār type and its implications for muhdath poetry », 59-88. - 5. S.
GÜNTHER, « Advice for teachers. The 9th century Muslim scholars Ibn Sahnūn and al-
Jāhiz on pedagogy and didactics », 89-128. - 6. Monique BERNARDS, « Medieval
Muslim scholarship and social network analysis. A study of the Basra/Kufa dichoto-
my in Arabic grammar», 129-140. - 7. John Nawas, «The contribution of the
mawall to the six Sunnite canonical hadîth collections», 141-151. - 8. Aisha
GEISSINGER, « Portrayal of the Hajj as a context for women's exegesis. Textual
evidence in al-Bukhārī's (d. 870) "al-Sahīļf », 153-179. - 9. Verena Klemm, « Image
formation of an Ilmaic legend. Fatima, the daughter of the Prophet Muhammad », 181-
208. - 10. Stefen C. Jud, « Narratives and character development. Al-faban and al-
Balādhuri on late Umayyad history », 209-226. - 11. Alexei A. KHISMATULIN, « " The
Alchemy of happiness". Al-Ghazālfs Kímiyã and the origins of the Khwäjagän-
Naqshbandiyya principles», 227-271. - 12. Frank GRIFFEL, « Taqlld of the
philosophers. Al-Ghazālī's initial accusation of his Tahãfut », 273-296. - 13. Camilla
Adang, « The spread of Zāhirism in post-Caliphal al-Andalus. The evidence from the
biographical dictionaries », 297-346. - 14. Andrew J. LANE, « Working within
structure. Al-Zamakhsharl (d. 1144). A late Mu'tazilite Quran commentator at work »,
347-374. - 15. Heather Keaney, « The first Islamic revolt in Mamlūk collective
memory. Ibn Bakťs (d. 1340) portrayal of the third Caliph Uthmän », 375-302. - 16.
Adrian GULLY, « The sword and the pen in the pre-modern Arabic heritage. A literary
representation of an important historical relationship », 403-430. About authors, 431-
432. Indices, 433-468.

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
386 CLAUDE GILLIOT

tion 11, qui est consacrée à L'alchim


d'après le plus ancien manuscrit c
Petersbourg, apporte du nouveau su
une traduction intégrale de C. Hille
annoncée. La contribution 14 sur le commentaire coranique de Za-
makhshar laisse le lecteur spécialiste sur sa faim et reste bien en deçà de ce
que l'on peut écrire sur les caractéristiques de cette œuvre et les raisons
qui ont conduit son auteur à la composer.
Université de Provence (et IREMAM)
29, avenue Robert-Schuman
13621 Aix-en-Provence Cedex 1

This content downloaded from 196.235.130.146 on Fri, 24 Jan 2020 19:32:52 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms

Vous aimerez peut-être aussi