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Cette étude propose une nouvelle approche de la biographie de Gabriel Ibn al-Qilå ⁄ († C

ca 1516) et étudie son corpus d’après les sources manuscrites. D’origine maronite, Ibn
al-Qilå ⁄ devient un religieux franciscain. Après plusieurs années d’études en Italie, il
C

revient en Orient où il essaie de défendre la tradition latine face aux traditions orien-
tales surtout au niveau de la liturgie et des sacrements. Il engage une polémique contre
les jacobites (syriaques orthodoxes) et incite ses coreligionnaires maronites à suivre

Gabriel Ibn al-Qilå ⁄ († ca 1516)


l’Église de Rome dans tous les aspects de la foi. Le corpus contient plusieurs traités
d’auteurs médiévaux traduits par l’auteur lui-même en libanais dialectal (Astesanus,
Duns Scot, Bernardin de Sienne, Augustin, Martin de Troppau, Hugues Ripelin de
Strasbourg, Nicolau Eymerich, Antonin de Florence, Raymond Lulle). On y trouve
plusieurs traités de pères syriaques et grecs, actes de conciles, sermons, manuels de
confession, traités de morale et de droit ecclésiastique, lettres, etc. L’œuvre inclut égale-

C
ment des poèmes, en langue libanaise dialectale, touchant à divers thèmes : l’astrolo-
gie, la médecine, l’hagiographie, la Bible et l’histoire des maronites. Une partie du cor-
pus est étudiée pour la première fois, le reste est corrigé ou complété par de nouvelles
données. Ibn al-Qilå ⁄ reste jusqu’à présent une grande figure de l’historiographie
C

maronite médiévale dont la plupart des historiens postérieurs sont tributaires, en l’oc-
currence dans la vision des origines et de l’histoire médiévale des maronites.

Joseph Moukarzel
Joseph Moukarzel, né au Liban, est Professeur d’histoire médiévale à l’Université
Saint-Esprit de Kaslik (Liban). Il est spécialiste de l’Orient médiéval et de l’histoire des
Chrétiens d’Orient, en l’occurrence le domaine syriaque et antiochien. Il est l’auteur
de plusieurs travaux à ce sujet.
Gabriel Ibn al-Qil!"#$%
(† ca 1516)
Bibliothèque de l’Université Saint-Esprit de Kaslik

Vol. LI
Joseph Moukarzel

Gabriel Ibn al-Qil!"#$% († ca 1516)


Approche biographique et étude du corpus

Préface de Gérard Troupeau

PUSEK
2007
Moukarzel, Joseph (1970 - ….)
Gabriel Ibn al-Qil!"#$% († ca 1516) : approche biographique et étude du corpus / Joseph Moukarzel ;
préface de Gérard Troupeau. – Kaslik : PUSEK, 2007. – 551 p. : couv. ill. ; 24 cm. –
(Bibliothèque de l’Université Saint-Esprit de Kaslik ; 51).
Bibliogr. Index.

ISBN 978-9953-491-14-1

1 – Maronites – Liban – Moyen Âge 2 – Ibn al-Qil!"#$%, Gabriel, † ca 1516 3 – Franciscains –


Liban – Histoire – Moyen Âge 4 – Zajal – Liban – Moyen Âge 5 – Philosophie et théologie –
Moyen Âge – Traductions arabes I – Troupeau, Gérard. Préf. II – Titre III – Série.

cdd21 956.92 032

Photo de la couverture : le ms. OLM 1878, f. 195r, avec la permission de la


Bibliothèque Centrale de l’USEK.

ISBN 978-9953-491-14-1

© PUSEK, Kaslik, 2007


Tous droits réservés
Université Saint-Esprit de Kaslik
B.P. 446 Jounieh – Liban
Tél. : 961.9.600073
Fax : 961.9.600277
E-mail : pusek@usek.edu.lb
www.usek.edu.lb
À mes parents
6
PRÉFACE

On peut dire que Gabriel Ibn al-Qil!"#$% (ca 1450-1516), ce maronite entré
dans l’ordre franciscain et devenu évêque de Chypre, eut pour objectif majeur
de son apostolat, l’occidentalisation de l’Église maronite, en mettant à la portée
de son clergé la culture religieuse latine qu’il avait acquise au cours de ses
études à Venise et à Rome.
Pour réaliser cet objectif, Ibn al-Qil!"#$% fut amené à traduire, du latin et de
l’italien, de nombreux textes d’auteurs occidentaux dans un arabe à mi-chemin
entre l’arabe littéral et l’arabe dialectal libanais. Ce faisant, il laissa une œuvre
foisonnante, qui fit de lui un des tout premiers écrivains maronites modernes.
Malheureusement, cette œuvre, capitale pour les historiens de l’Église
maronite à l’aube du XVe siècle, est encore très mal connue du fait que les
productions de cet auteur prolixe sont, soit inédites, soit mal éditées.
Pour palier cette grave lacune, M. Moukarzel a eu le courage
d’entreprendre, dans le cadre de sa recherche, l’inventaire exhaustif des œuvres
de Gabriel Ibn al-Qil!"#$% et l’étude de leur corpus.
Quand on saura que les productions de cet auteur sont au nombre de
quarante-quatre et qu’elles sont conservées dans plus de soixante manuscrits
arabes et garchounis dispersés dans quatorze bibliothèques du Proche-Orient
(Liban, Syrie, Égypte) et d’Europe (Vatican, Italie, France, Allemagne, Grande-
Bretagne), on aura une idée de la somme de recherches que M. Moukarzel a
effectuées dans des milliers de pages manuscrites !
C’est le résultat de ses longues et minutieuses recherches que l’auteur nous
livre dans ce volumineux ouvrage, où il présente l’inventaire de l’œuvre d’Ibn
al-Qil!"#$% qui se compose de dix-neuf traités théologiques, neuf lettres
apologétiques et seize poèmes didactiques.
Mais M. Moukarzel ne s’est pas contenté d’établir le simple catalogue des
œuvres : pour chacune d’elles, il donne une analyse concise, mais précise de son
contenu, accompagnée de précieuses notes bibliographiques.
Pour mieux entreprendre ce travail, l’auteur a pu également identifier les
œuvres attribuées à tort à Ibn al-Qil!"#$%, celles qui pourraient appartenir au
corpus, ainsi que les titres d’œuvres citées par de nombreux auteurs, mais qui
demeurent introuvables dans l’état actuel de la recherche.
8

Il faut féliciter et remercier M. Moukarzel d’avoir mené à bien cette difficile


entreprise de reconstitution du corpus des œuvres de Gabriel Ibn al-Qil!"#$%, et
souhaiter qu’il ne tarde pas à en éditer les plus représentatives.

Gérard Troupeau
Professeur honoraire des Universités
SIGLES ET ABRÉVIATIONS

AFH Archivum franciscanum historicum.


An. Année.
BAV Bibliothèque apostolique vaticane.
BnF Syr Bibliothèque nationale de France, manuscrit syriaque.
CSCO Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium.
DHGE Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastique.
DS Dictionnaire de Spiritualité.
DTC Dictionnaire de Théologie Catholique.
f. Folio.
Ms., mss Manuscrit, manuscrits.
OCP Orientalia Christiana Periodica.
OLM Collection manuscrite de l’Ordre Libanais Maronite.
§ Paragraphe.
PdO Parole de l’Orient.
PG Patrologia Graeca.
PL Patrologia Latina.
POC Proche Orient Chrétien.
REMM Revue du monde musulman et de la Méditerranée.
SC Sources Chrétiennes.
SOC Studia Orientalia Christiana.
v. Vers.
VA Vatican arabe.
VL Vatican latin.
VS Vatican syriaque.
10

TRANSLITTÉRATION

L’écriture des mots arabes obéit au système de translittération suivant :

" !" ! &'


$ b # #
& t % ()
( *+ ' f
* (, ) q
, -' + k
. -. - l
0 d / m
2 /0 1 n
5 r 34 h
7 z 6 w ou 12
9 s 8 y ou $%
> 34 :;<= o
C 35 ?@AB e ou i
G /' :DEF a
H *6
I

Pour les citations, nous respectons l’orthographe adoptée par les auteurs.
Nous gardons également l’orthographe de plusieurs mots déjà courants en
langue française : Beyrouth, Tripoli, melkites, jacobites, garchouni, etc.
INTRODUCTION

Notre intérêt pour la personne et l’œuvre de Gabriel Ibn al-Qil!"#$% remonte à


1997. Depuis lors, l’étude s’est enrichie de nouvelles références
bibliographiques et plusieurs informations sont venues améliorer la lecture de sa
biographie et de son œuvre.
L’auteur en question, maronite originaire de Le-'fed, dans le district de Jbeil
(Liban), devient franciscain et reçoit sa formation en Italie avant de retourner en
Orient. Il réside à Jérusalem et visite, à plusieurs reprises, le couvent franciscain
de Beyrouth. Il est ordonné évêque maronite de Chypre en 1507. Il y meurt vers
1516.
Tout au long de l’histoire moderne et contemporaine des maronites, les
chercheurs ont débattu du rôle d’Ibn al-Qil!"#$% et de la place qu’il occupe au sein
de cette historiographie.
En fait, les grands noms de l’historiographie chez les maronites entre le
e
XVII et le XVIIIe siècle (Fauste Nairon, Étienne Douaihy, Joseph Assemani,
Joseph Stephan) étaient globalement tributaires d’Ibn al-Qil!"#$% dans leur lecture
de l’histoire maronite au Moyen Âge. Cette dépendance continue d’influencer,
même de nos jours, les études historiques médiévales consacrées aux maronites.
Vu l’importance de la place et du rôle d’Ibn al- al-Qil!"#$%, considéré comme
le premier maillon de cette chaîne historiographique, le sujet de cet ouvrage se
limite à ses seuls écrits, sujet qui, malgré les différents livres et thèses qui lui
furent consacrés, n’a pas retenu l’attention qui lui est due.
Ibn al-Qil!"#$% laisse un corpus très riche qui contient une panoplie de thèmes
englobant la théologie, la morale, le droit canonique, le catéchisme, la
philosophie, l’astrologie, la médecine, l’hagiographie, l’histoire et la liturgie.
Ses œuvres sont écrites sous forme de traités en prose, de poèmes ou encore de
lettres ; une partie fort réduite en est connue et est éditée. Regrettablement,
plusieurs de ces publications nécessitent une refonte et une nouvelle édition
critique.
L’importance du sujet apparaît de même dans le fait que de très rares
chercheurs ont lu Ibn al-Qil!"#$%, dont les œuvres demeurent dans leur majorité à
l’état de manuscrits. Plusieurs se sont contentés de reprendre ce que le
patriarche Douaihy en dit dans son Apologie et dans ses Annales.
12 Gabriel Ibn al-Qil!"#$%

En outre, on a l’habitude de recourir à Ibn al-Qil!"#$% dans les controverses


apologétiques et les polémiques historiques concernant l’histoire des maronites,
mais peu ont connaissance de sa contribution à la traduction de la théologie
occidentale dans le dialecte libanais. On a édité également quelques morceaux
de ses poèmes, mais d’autres demeurent toujours inédits. Dans l’ensemble du
corpus édité ou demeuré à l’état de manuscrit, un certain nombre de textes lui
est faussement attribué.
En somme, le corpus d’Ibn al-Qil!"#$% n’est pas encore étudié dans son
ensemble. C’est pourquoi cet ouvreage se veut une reconstitution de tout le
corpus de l’auteur ; il permettra de déterminer ce qui lui appartient et ce qui lui
a été attribué.

Cet ouvrage comporte trois chapitres :


Le premier chapitre est une présentation des divers manuscrits contenant
essentiellement les œuvres d’Ibn al-Qil!"#$%. Quant aux manuscrits renfermant des
informations secondaires ou complémentaires, ils sont mentionnés aux endroits
appropriés.
Le deuxième chapitre est consacré à la biographie de l’auteur et à l’étude de
la situation des maronites et du Mont-Liban au XVe siècle. La recherche,
concernant la biographie d’Ibn al-Qil!"#$%, s’appuie surtout sur les informations de
première main, tirées des œuvres de l’auteur et des témoignages de ses
contemporains. Le résultat est confronté à la version officielle donnée par le
patriarche Douaihy et ensuite adoptée par les chercheurs postérieurs.
Le troisième chapitre contient l’analyse descriptive du corpus d’Ibn al-
Qil!"#$%. Il occupe la majeure partie du travail et il est divisé en deux sections :
La première section regroupe le corpus d’Ibn al-Qil!"#$% dit « sûr » et vérifié.
D’abord sont étudiées et analysées les œuvres en prose ; ensuite, les lettres
expédiées par l’auteur aux divers destinataires ; enfin la collection de poèmes
abordant entre autres des thèmes bibliques, hagiographiques, historiques,
astrologiques et philosophiques.
Dans la seconde section, sont présentées d’abord les œuvres considérées
comme « probablement » dues à Ibn al-Qil!"#$% ; ensuite les œuvres dites
« faussement » attribuées à lui ; enfin, les œuvres perdues ou introuvables.
La démarche consiste donc à localiser d’abord le texte dans les manuscrits
étudiés, à délimiter les groupes homogènes qui forment le contour des œuvres, à
Introduction 13

vérifier les éditions et les études existantes, à reproduire les sous-groupes


fournis par l’œuvre elle-même ou à les créer logiquement s’ils font défaut.
Cette phase est suivie par l’identification des sources utilisées par l’auteur.
Notons à ce sujet qu’Ibn al-Qil!"#$% s’exprime en libanais dialectal écrit en
caractère syriaque (garchouni) ; il puise ses informations dans des sources
latines, syriaques ou arabes, sans toutefois mentionner ses références.
Ainsi, la tâche d’identifier les sources devient un exercice fondamental
permettant la comparaison entre l’original et la traduction et la compréhension
de la structure finale de l’œuvre et de sa valeur.
Plusieurs œuvres présentent une structure complexe ; elles sont le résultat
d’une compilation où l’auteur donne plusieurs informations disparates reflétant
la culture de son temps, les légendes répandues, les histoires locales et les
traditions orales. Tel est le cas, par exemple, des œuvres qui traitent de
l’initiation théologique et philosophique, des devoirs du chrétien, de la
médecine, de l’astrologie et de l’histoire des maronites. Face à ce problème, la
vérification des informations requiert une recherche exhaustive dans les
ouvrages consacrés à l’étude du Moyen Âge.
Viennent ensuite la compréhension de la structure de l’œuvre et ses
articulations, ainsi que le raisonnement de l’auteur, ses objectifs et ses
conclusions. Plusieurs œuvres sont ainsi redéfinies dans leur structure et leur
compréhension. Quelques-unes sont complétées d’informations nouvelles ;
d’autres sont présentées pour la première fois.
Il faut avouer, toutefois, que la démarche utilisée a ses limites et ses défauts.
Néanmoins, nous croyons qu’une fois le corpus bien délimité, les chercheurs
pourront relancer les études concernant la vision qu’Ibn al-Qil!"#$% a de l’histoire
et sa contribution dans la transmission du savoir occidental en Orient, ainsi que
le vocabulaire littéraire et poétique que véhicule son corpus.
Une fois le corpus établi et son contenu appréhendé, la conclusion générale
propose une relecture du rôle d’Ibn al-Qil!"#$% dans le déroulement des
événements qui ont influencé sur l’histoire des maronites et du Mont-Liban au
e
XV siècle. Elle propose de nouvelles perspectives et clarifie certaines idées
devenues habituelles et communes dans l’historiographie maronite, mais qui,
selon nous, méritent d’être « revisitées », in situ, dans leur contexte matériel et
historique.
Ceux qui nous ont soutenu et encouragé lors de l’élaboration de cette
recherche sont si nombreux qu’il est difficile de les évoquer tous dans cette
14 Gabriel Ibn al-Qil!"#$%

introduction. Qu’ils soient, tous et chacun, vivement remerciés de la part qu’ils


ont eue dans la réussite de cette recherche de longue haleine.
Nous tenons, néanmoins, à remercier nominalement M. le Professeur
Gérard Troupeau, éminent historien et philologue orientaliste, de ses conseils
avisés et de la préface qu’il a généreusement accepté d’écrire pour cet ouvrage.
CHAPITRE PREMIER
LES MANUSCRITS CONTENANT LE CORPUS D’IBN AL-QIL!!""#

Dans ce chapitre, nous essayons d’établir la liste et de faire la description


des manuscrits contenant les œuvres de Gabriel Ibn al-Qil!"#$%.

La démarche adoptée ne consiste pas à proposer une nouvelle description


codicologique et paléographique de tous les manuscrits constituant le corpus
d’Ibn al-Qil!"#$%, mais à fournir seulement les éléments essentiels qui concernent
chaque manuscrit utilisé.

Néanmoins, une description personnelle détaillée s’avère nécessaire dans le


cas de plusieurs manuscrits conservés dans les bibliothèques du Moyen-Orient
et cela pour trois raisons : l’inexistence des catalogues, le manque
d’informations solides, ou encore la quantité de lacunes décelées.

S’agissant des catalogues de fonds manuscrits conservés en Occident,


quelques interventions permettent de mieux situer les œuvres d’Ibn al-Qil!"#$%
dans leur contexte matériel.

La description des manuscrits utilisés, dans sa représentation finale, résulte


d’une consultation directe et personnelle. Le cas échéant, l’examen était fait
d’après une copie numérique ou un microfilm.

Le travail débute par la localisation des manuscrits contenant les œuvres


d’Ibn al-Qil!"#$%. Ensuite, une comparaison entre les descriptions des catalogues
et le contenu réel des manuscrits permet une identification préliminaire du
corpus. Suit une vérification du contenu des manuscrits qui pourraient contenir
des traités d’Ibn al-Qil!"#$%, mais dont les catalogues sont lacunaires ou n’existent
pas.

Malgré le grand lot rassemblé, nous estimons que le travail n’est pas encore
achevé. En effet, la plupart des fonds de bibliothèques et de collections privées
en Orient manque d’inventaires, plusieurs sont inexplorés, en l’occurrence le
fonds manuscrit du couvent de Cherfet, d’autres sont aujourd’hui perdus ou
dispersés (les fonds des couvents libanais #Ayn Warqa, Ma#12n!"t, 78!"m$%34, Miqbis,
Harhrayya, etc.). En outre, les deux manuscrits VS 249 et VS 250, de la
Bibliothèque vaticane, qui devaient contenir des poèmes de notre auteur, sont
aujourd’hui perdus.
16 Chapitre I

Cela dit, nous croyons que, malgré tout l’effort mené, le corpus d’Ibn al-
Qil!"#$% est loin d’être délimité d’une manière définitive.

1- Bibliothèque de la Résidence patriarcale maronite (Bkerké – Liban)


1
1.1- Bkerke 47!
An. 1659, copie exécutée par &'ir()is al-B"#n$% (f. 210v), garchouni, papier
filigrané, 150 x 100 mm, 257 f.
Contenu : Les rubriques de la messe et divers écrits spirituels.

2
1.2- Bkerke 115!
Copie anonyme et non datée, garchouni avec quelques fragments en
syriaque (f. 45r-47r) et une page en arabe (f. 164r), papier tramé et non
filigrané, 220 x 150 mm, 210 f. Elle est amputée du début et de la fin, plusieurs
folios en sont détachés, des taches d’humidité apparaissent surtout dans la partie
supérieure du manuscrit qui est mité pour l’ensemble des folios.
On trouve deux types d’écritures qui pourraient appartenir à deux copistes
différents : I (f. 1r-142r, 164v-210v), II (f. 143r-163v).
Une pagination en chiffre indien [post reliure] est faite au coin supérieur
gauche 1-35 (f. 1r-18r), 40-41 (f. 18v-19r) [une erreur de numérotation omet 36-
39], et au centre de la marge supérieure 42-150 (f. 19v-73v).
Une foliotation manuelle est effectuée après la pagination puisqu’elle est
continue. Cette foliotation est en chiffre arabe et occupe les coins inférieurs
gauches des rectos : 210 folios.
Reliure moderne rouge et épaisse. Le f. 114r est un extrait traduit
d’ASSEMANI, Bibliotheca Orientalis, I, p. 496 (sur Jean Maron) ce qui conduit à
dater la reliure actuelle bien après la parution de cette œuvre en 1719-1728.
Au f. 10v, le copiste donne, en syriaque, une date à son exécution de la
lettre adressée contre les jacobites (f. 1r-10v) : 1874 de l’ère chrétienne (bzï“à).
Une note ultérieure a barré le dernier mot et a ajouté en guise de correction : de
l’ère grecque (= 1563 ap. J.-C.), toujours en syriaque (íČî†). Les éléments
codicologiques du manuscrit permettent de considérer que la date voulait

1. Le catalogue ne fournit qu’une description très succincte. KHALIFÉ et BAISSARI 1973 : 44-45.
2. Le catalogue ne fournit qu’une description très succincte. KHALIFÉ et BAISSARI 1973 : 95.
Les manuscrits contenant le corpus 17

exprimer l’ère grecque et non chrétienne. Cette position s’aligne sur celle du
catalogue. On pourrait se demander si cette date correspond à l’exécution de la
partie du manuscrit désignée sous l’écriture I ou non.
Contenu : Des lettres d’Ibn al-Qil!"#$% ; Un traité sur la messe ; Des rituels
liturgiques ; Des traités théologiques.

3
1.3- Bkerke 117!
Copie anonyme et non datée, arabe naskhi, papier non filigrané, mitée et
amputée de la fin, 202 x 151 mm, 34 f.
Ce manuscrit portait jadis le numéro 281 et peut-être même le numéro 13 :
on trouve une écriture arabe sur la première garde du début :
$%&'()* +&,*- ./01# !"
(N° 13, des panégyriques et des poèmes en langue dialectale).
La deuxième garde du début porte une autre remarque :
!" 213 6789 : ;27(7<0 $%&'(='> ?@%A B3CD>0 E@0 $%&'() E# FGH 45! 213
(N° 281, une partie des poèmes d’Ibn al-Qil"#!$% en langue dialectale faisant
suite à l’ensemble qui se trouve dans le n° 13).
Contenu : Recueil de poèmes d’Ibn al-Qil!"#$%.

4
1.4- Bkerke 141!
Copie anonyme et non datée, garchouni, papier non filigrané, taches
d’humidité, mitée, folios détachés, abîmés par l’acidité de l’encre, copie
amputée du début et de la fin, 210 x 150 mm, 93 f.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

3. Selon le catalogue, l’exécution de ce manuscrit remonte au XIXe siècle. KHALIFÉ et BAISSARI


1973 : 95-96.
4. Selon le catalogue, l’exécution de ce manuscrit remonte au XVIIe siècle. KHALIFÉ et BAISSARI
1973 : 113-114.
18 Chapitre I

5
1.5- Bkerke 180
Copie anonyme et non datée, garchouni, papier non filigrané, mitée, taches
d’humidité, folios abîmés par l’acidité de l’encre, copie amputée du début et de
la fin, 211 x 145 mm, 44 f.
Un folio ajouté à la fin paraît sans aucun rapport avec le manuscrit actuel,
mais appartient au manuscrit Bkerke 141 où il doit se placer devant le folio 1. Il
est constitué des f. 46r (p. 86 íÐ) et f. 46v (p. 85 üÐ), alors que le ms. Bkerke 141
commence par la page 86. De plus, la reliure a bouleversé le sens du recto et du
verso ; cela veut dire que le f. 46r est en fait le verso (page 86) alors que le
f. 46v doit être le recto (page 85).
Cette observation, ainsi que d’autres remarques codicologiques, permettent
de constater que les mss Bkerke 141 et Bkerke 180 font une suite logique et ils
formaient jadis un seul manuscrit, en l’occurrence le ms. Bkerke 13.
La reconstitution de ce manuscrit pourrait suivre le schéma suivant : une
partie perdue (p. 1-84), Bkerke 180 (p. 85-86), Bkerke 141 (p. 87-200 [87-
6 7
300]) , Bkerke 180 (p. 202-308 [302-408]) , une partie perdue (p. 409- ?).
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

2- Bibliothèque Orientale, Université Saint-Joseph (Beyrouth – Liban)


8
2.1- Beyrouth 15!
An. 1684, copie exécutée par An*+,-ny,-s Fray()$% du village de Kfar./iby"#n
(f. 104r), garchouni, papier non filigrané, mitée, folios détachés, copie amputée
du début, 196 x 141 mm, 105 f.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

5. KHALIFÉ et BAISSARI 1973 : 150.


6. Notons que la numérotation dans le ms. Bkerke 141 est erronée. Elle devrait plutôt
commencer par la page 87 et se terminer par la page 291 (300 pages moins 9 oubliées).
7. En considérant que Bkerke 180 fait suite à Bkerke 141, et prenant connaissance des
remarques faites à la pagination de ce dernier, on estime que la pagination du Bkerke 180
devrait alors commencer par 302 au lieu de 202.
8. Cheikho a lu dans le colophon l’année 1648 ; il est repris ensuite par GRAF, GCAL, III : 331.
Or le copiste écrit en lettres syriaques ‡Ñ"a (asfd) ce qui donne l’année 1684. Le titre que
donne Cheikho à ce manuscrit, Chants historiques sur les maronites, leurs fêtes et les saints
vénérés au Liban, n’en indique pas fidèlement le contenu. CHEIKHO 1913 : 221-222 [9-10].
Les manuscrits contenant le corpus 19

9
2.2- Beyrouth 16!
An. 1887 (f. 103r), copie anonyme, arabe naskhi, papier filigrané, 196 x
126 mm, 106 f. Ce manuscrit s’est servi du ms. Beyrouth 15 comme antigraphe
(f. 103r), dont il est une copie conforme, mais en arabe au lieu du garchouni.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

10
2.3- Beyrouth 629!
Copie anonyme et non datée (XVIIe siècle), garchouni, papier, plusieurs
folios mutilés, différents cahiers amputés du début ou incomplets de la fin,
150 x 105 mm, 199 f. Pas de colophon, mais on trouve à la fin de plusieurs
poèmes le nom des copistes et la date de l’exécution.
L’information la plus récente est celle d’un copiste du nom de Y,-suf
exécutant le Poème sur Constantin et la Croix en 1668 (f. 40r).
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

11
2.4- Beyrouth 630!
An. 1673, copie exécutée par M$%01"#’$%l de Bseb!el (f. 47v, 89r), garchouni,
papier, mutilée à plusieurs endroits, 150 x 100 mm, 158 f.
Contenu : Recueil de poèmes.

12
2.5- Beyrouth 1353bis!
Copie non datée exécutée par le diacre Y,-suf al-23ada*4$% (p. 103), garchouni,
papier ordinaire, amputée du début et de la fin, mitée, folios déchirés et
détachés, 212 x 160 mm, 107 pages.
Contenu : Recueil de chants en arabe dialectal.

9. CHEIKHO 1913 : 222 [10].


10. CHEIKHO 1913 : 283 [377].
11. CHEIKHO 1913 : 283-284 [377-378].
12. KHALIFÉ 1964 : 15-16.
20 Chapitre I

3- Notre Dame University (Louaizeh – Liban)


13
3.1- Faytroun 76!
C’est un manuscrit factice :
I : (f. 1-128) : An. 1649, copie exécutée par Mi01"#yil d’Ehden (f. 57r, 98v et
122v), garchouni, papier filigrané, 213 x 155 mm, 128 f.
Contenu : Sur les sacrements et la sagesse.
II : (f. 129-207) : An. 1655, copie exécutée par &5ibr"#yil d’Ehden (f. 174v,
204r et 205v), garchouni, papier non filigrané, 213 x 155 mm, 79 f.
Contenu : Miscellanea

14
4- Généralat des Missionnaires Libanais (Jounieh – Liban)
15
4.1- Kreim 11
An. 1905, copie exécutée par Iskandar S!"#dah de Le0/fed, arabe, papier
ordinaire, 200 x 110 mm, 161 f.
Contenu : Résumé de l’histoire du Mont-Liban
L’auteur est An*+,-ny,-s Ab$% 26a*+*+"#r du village de !Ayn 78awrayn. Il a compilé
plusieurs histoires et traditions concernant l’histoire du Mont-Liban, de ses
gouverneurs et de ses familles, ainsi que l’histoire des patriarches maronites et
de leurs résidences, etc. Il résume également le poème d’Ibn al-Qil"#!$% sur
l’histoire des maronites et le présente en prose en ajoutant des détails et des
16
explications. Il semble que l’auteur ait terminé son œuvre vers 1819 .

17
4.2- Kreim 20!
An. 1816, copie exécutée par 78ann,-s fils de &'erm"#n,-s az-Z!inn$% de T,-l"#
(écriture arabe f. 38r), garchouni, papier non filigrané, 153 x 103 mm, 38 f.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

13. FAHD 1972 : 293. Ce manuscrit a pris ensuite le n° 454 puis NDU DV03.
14. Cette collection était conservée d’abord au couvent Saint-Sauveur dans la région de Kreim à
Ghosta, d’où sa désignation par le mot Kreim.
15. NASRALLAH 1963 : 14-15.
16. AB!! "#A""$ # % 1953.
$ R
17. NASRALLAH 1963 : 21-22, qui considère cette copie anonyme et non datée.
Les manuscrits contenant le corpus 21

18
4.3- Kreim 21
Copie anonyme et non datée, garchouni, papier non filigrané, 150 x
107 mm, 63 f. Ce manuscrit est utilisé par 78"#n$%s Ya!q,-b (f. 1v) et !Abd,- fils de
Sark$%s de la famille Mfarri() (f. 7r, 42r).

Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale ; Un exposé de la foi ; Un


sermon sur la confession.

19
4.4- Kreim 41
An. 1609, copie exécutée par Y,-suf !Am$%mah de Karmsaddeh (f. 308r),
garchouni, papier non filigrané, folios mités et mutilés, 213 x 160 mm, 314 f.

Contenu : De la théologie et des sacrements d’Ibn al-Qil!"#$%&

20
4.5- Kreim 42!
Copie anonyme et non datée (fin XIXe début XXe siècle), arabe, papier
filigrané, 270 x 190 mm, 137 f.
C’est un manuscrit composite comportant deux parties :
I : f. 1-71v : De la théologie et des sacrements d’Ibn al-Qil!"#$% .
Elle reprend le ms. Kreim 41 qui lui sert d’antigraphe. Incomplet. Copiste
inconnu et différent de celui qui a copié la seconde partie du manuscrit.
II : f. 1-66v (foliotation différente) : Le Nomos d’Ibn al-#Ass!"l.
Elle reprend le ms. Kreim 31 qui lui sert d’antigraphe.

21
4.6- Kreim 62!
An. 1658, copie exécutée par le prêtre &5ir(9is al-B"#n$% (f. 307v, 365v),
garchouni, papier non filigrané, 210 x 150 mm, 370 f.
Contenu : Recueil d’homélies et de sermons.

18. NASRALLAH 1963 : 22-24.


19. NASRALLAH 1963 : 43-46.
20. NASRALLAH 1963 : 46.
21. NASRALLAH 1963 : 53.
22 Chapitre I

Le copiste l’appelle Le livre des homélies (f. 5r Kit!"b al-#i'(!"h) ou Le livre


de la prédication (f. 365v Kit!"b al-karz).

22
4.7- Kreim A
Copie non datée (début XXe siècle), exécutée par Ibrahim Harfouche (f. 34r),
arabe naskhi, papier filigrané, 202 x 150 mm, 38 f., l’écriture occupe seulement
les rectos. Une note, au f. 34r, mentionne que ce manuscrit est copié sur un
autre conservé au couvent de Quz0/ay"#.
Contenu : Poème sur le Mont-Liban.

23
4.8- Kreim B!
Copie non datée (début XXe siècle), exécutée probablement par Ibrahim
Harfouche, arabe naskhi, papier filigrané, 207 x 170 mm, 73 p. Le copiste
déclare à plusieurs reprises qu’il s’est fondé sur les mss Bkerke 13,
Beyrouth 629 et Beyrouth 630 pour exécuter cette copie.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

24
4.9- Kreim C!
C’est un manuscrit factice qui comporte deux sections :
I- 1r-122v : An. 1905, section exécutée par Ely"#s al-26,-r$% du village de
&5alb,-n, garchouni, papier filigrané, 220 x 155 mm.
Contenu : Écrits de spiritualité orientale ; poèmes en langue dialectale.
II- 123r-210v : section anonyme et non datée, arabe naskhi, papier non
filigrané, 220 x 155 mm.
Contenu : Les statuts de la Congrégation des Missionnaires Libanais.

22. Manuscrit non catalogué.


23. Manuscrit non catalogué.
24. Manuscrit non catalogué.
Les manuscrits contenant le corpus 23

25
4.10- Kreim D!
Ce manuscrit est un recueil formé de trois cahiers indépendants de petit
format, 147 x 100 mm, contenant chacun une œuvre d’Ibn al-Qil"#!$%. Il fut relié
ensuite pour former une unité physique. L’écriture est l’arabe naskhi et le papier
est filigrané. Une foliotation continue couvre tous les cahiers.
La structure des cahiers est la suivante :
I - f. 1-12 : An. 1901, exécuté par le curé Ni!mtallah Na:;:;"#r.
Contenu : Précis de l’histoire d’Ibn al-Qil!"#$%.
II - f. 13-28 : An. 1901, exécuté par Ibrahim Harfouche<; il est acéphale et
incomplet de la fin.
Contenu : Poème sur le Mont-Liban.
III - f. 29-55 : An. 1911, exécuté par Ibrahim Harfouche=< Probablement
26
c’est le brouillon de l’édition de Harfouche dans la revue al-Manara .
Contenu : Poème sur Constantin et le début du christianisme.

27
4.11- Kreim E!
An. 1910, copie exécutée probablement par Ibrahim Harfouche, arabe
naskhi, papier filigrané, 197 x 150 mm, 20 f.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

5- Bibliothèque du patriarcat syrien catholique (Cherfet – Liban)


La bibliothèque du patriarcat syrien catholique à Cherfet abrite quatre
manuscrits comportant des œuvres d’Ibn al-Qil"#!$% : trois sont décrits dans le
28 29
catalogue d’Armaleh , et le quatrième figure dans le catalogue de Sony! .
Cherfet 7/10 : Une collection miscellanea, copiée par Sark$%s de Sm"#r Jbeil

25. Manuscrit non catalogué.


26. Voir HARFOUCHE, Constantin.
27. Manuscrit non catalogué.
28. Les mss 7/10 (ARMALEH 1936 : 140-141), 13/8 (ARMALEH 1936 : 236-237) et 9/41
(ARMALEH 1936 : 518-519).
29. Le ms. 369. SONY 1993 : 131.
24 Chapitre I

au couvent de Quz0/ay"# en 1571. Elle contient une partie qui ressemble à


l’œuvre d’Ibn al-Qil"#!$%, La Fleur de la Loi.
Cherfet 13/8 : Une collection miscellanea, copiée par Ely"#s d’Ehden, à
Jérusalem, en 1621. Elle contient une partie qui ressemble au Traité sur le
mariage se trouvant dans l’œuvre d’Ibn al-Qil"#!$%, Le Livre de la Loi.
Cherfet 9/41 : Une collection miscellanea, non datée, copiée à Rome par
Ely"#s (du village d’Ehden ?). Elle contient une partie qui ressemble au Traité
sur la confession et au Traité contre les Patarins, lesquels font partie de l’œuvre
d’Ibn al-Qil"#!$%, Le Livre de la Loi.
Sony 369 : Une collection de poèmes dont le copiste est anonyme, exécutée
en 2040 des Grecs [1729 ap. J.C.]. Elle contient un poème attribué à Ibn al-
Qil"#!$% : Poème d’exhortations (f. 20r-22r).
Regrettablement, nous n’avons pas eu l’autorisation d’examiner et d’étudier
ces manuscrits ; c’est pourquoi nous ne les incluons pas dans notre étude.

6- Bibliothèque de l’école Saints-Pierre-et-Paul (Ashqut – Liban)


6.1 Ashqut 52! !(Actuellement USEK, OLM 1878).
30

C’est un manuscrit composite. Il est anonyme et non daté (relié par Ibn al-
Qil"#!$% lui-même en 1503, f. 196r), syriaque et garchouni, serto, papier non
filigrané, 300 x 200 mm, 196 f. Les parties qui composent ce manuscrit sont :
I- f. 1v-77v : Les opuscules de foi de Jean Maron (sur deux colonnes,
syriaque et garshouni).
II- f. 78r-105r : Les dix chapitres de Thomas de Kfartab (sur deux colonnes,
garshouni).
III- f. 105r-131v : Questions et réponses de saint Éphrem et d’Abraham,
son neveu (sur deux colonnes, garchouni).
IV- f. 131v-168r : 5 mimrés syriaques de saint Isaac, (sur deux colonnes,
syriaque et garchouni).
Ibn al-Qil"#!$% intervient par des interlignes écrits en rouge (f. 1v, 2rv, 48r,
67v, 68r, 78r, 79r, 80r-82r, 83r-85r, 88r, 89r-90r, 92r-93r, 94rv, 98rv, 101r,
102r).

30. Une description succincte se trouve dans CHEBLI, !Achqut : 921-922. Dans son livre sur les
Opuscules de Jean Maron, BREYDY 1988, vol. 497 : 3-11, en fait une description détaillée.
Les manuscrits contenant le corpus 25

V- f. 168v-196r : La foi des Francs et des maronites syriaques (sur deux


colonnes, garchouni), une collection de traités écrits par Ibn al-Qil"#!$%.
Vu l’homogénéité codicologique et paléographique de l’ensemble du
manuscrit, nous estimons qu’il n’est pas l’original relié par Ibn al-Qil"#!$% en 1503
et dans lequel il aurait inséré des notes autographes, mais plutôt une copie
ultérieure qui a essayé de conserver les particularités des textes (en noir) et des
interlignes (en rouge).

7- Bibliothèque du couvent N.-D. des Secours à Jbeil (Liban)


31
7.1- Jbeil 116!
An. 1843, copie exécutée par Y,-suf Sark$%s d’Ihmi(), non foliotée,
garchouni, papier filigrané, 155 x 110 mm.
Contenu : Divers sujets et poèmes en langue dialectale.

8- Collection du père S!"m#$ Khouri (D%&q – Liban)


32
8.1- Kuri 1
Copie anonyme et non datée, garchouni et syriaque, papier filigrané,
plusieurs pages mitées, mutilées ou manquantes, 200 x 150 mm, 445 pages.
Contenu : Plusieurs traités sur la confession ; Le livre du maître et de
33
l’étudiant d’Isaac Sciadrensis (†1663) .

9- Centre des archives nationales du Liban


34
9.1- CAN 761
An. 1836, copie exécutée par Mi01"#y$%l de &5alb,-n (p. 40), amputée à
plusieurs endroits, garchouni, papier, 243 pages. Nous n’avons pas pu examiner
directement ce manuscrit, parce qu’il est en restauration ; par conséquent, les
détails codicologiques y manquent.

31. TANNOUS 1985 ; NASRALLAH 1963 : 205-206 (sous le n° 70).


32. Collection non encore cataloguée. CHEBLI, &Ayn Warqa : 694, l’évoque parmi les manuscrits
du couvent de &Ayn Warqa (n° 29).
33. Sur l’auteur et son œuvre, voir GRAF, GCAL, III : 347-350 ; GEMAYEL 1984, I : 99, 468-471.
34. Ancienne cote : 1394.
26 Chapitre I

Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

10- Bibliothèque de l’évêché maronite à Alep (Syrie)


35
10.1- Alep 127!
An. 1682, copie exécutée par le prêtre Andr"#wus (f. 97v), garchouni (f. 1r-
24r, 25r-117v) et syriaque (f. 24rv, 118r-146r), papier filigrané, 215 x 145 mm,
146 f.
Contenu : Traités des Pères de l’Église ; Bullaire maronite ; Hymnes
liturgiques ; Traités de théologie.

36
10.2- Alep 543!
An. 1655, copie exécutée par l’évêque Ely"#s d’Ehden (f. 34r, 66r, 81v,
134v, 170r), acéphale et incomplète de la fin, garchouni, papier non filigrané,
146 x 101 mm, 215 f. Plusieurs folios mutilés (f. 115rv, 125rv, 157rv, 210rv).
Contenu : Recueil de poèmes.

37
10.3- Alep 721!
An. 1618, copie exécutée à Alep par l’évêque Y,-0/"nn"# a:>-?@adr"#w$%<
(f. 108r), garchouni, notes en arabe, papier non filigrané, 190 x 120 mm, 113 f.
Contenu : Psautier et quelques hymnes et poésies.

11- Bibliothèque apostolique vaticane


11.1- Collection Vatican Arabe
38
11.1.1- VA 425!
Copie non datée, exécutée par Y,-0/ann"# (f. 74r), garchouni, papier, 207 x
157 mm, 100 f. (on y trouve une faute de foliotation où les numéros 77-78

35. JBEILY 1978 : 6. Sa description est très lacunaire.


36. JBEILY 1978 : 22. Sa description est très lacunaire.
37. JBEILY 1978 : 30. Sa description est très lacunaire.
38. MAI, VA : 508-509. GRAF, GCAL, III : 316, le date du XVe siècle, alors que DOUAIHY 1993 :
85, le place au XVIIe siècle.
Les manuscrits contenant le corpus 27

indiquent le même folio, ainsi que les numéros 28-29. Les deux premiers folios
portent les chiffres I et II au lieu de 1-2. Ainsi le total des folios revient toujours
au nombre de 100).
Contenu : Plusieurs traités dus à Ibn al-Qil!"#$%.

39
11.1.2- VA 639!
An. 1574, copie exécutée par Sark$%s as-Samr"#n$% (f. 4r, 6r, 147v), garchouni,
papier non filigrané, 275 x 170 mm, 281 f. (les numéros 215 et 216 indiquent le
même folio ce qui fait 281 folios malgré la foliotation se terminant à 280).
Contenu : Plusieurs traités dus à Ibn al-Qil!"#$% ; La Profession de foi de
Pie V (1566).

40
11.1.3- VA 640!
An. 1575, copie exécutée par Sark$%s as-Samr"#n$% (f. 206r), garchouni et
syriaque, papier non filigrané, 280 x 185 mm, 215 f.
Contenu : Plusieurs traités dus à Ibn al-Qil!"#$%.

41
11.1.4- VA 641
An. 1637, copie exécutée par M,-s"# al-!Anays$% de !ABq,-r"# (f. 412r),
garchouni, plusieurs types de papier filigrané, 217 x 146 mm, 412 f.
Contenu : Plusieurs traités dus à Ibn al-Qil!"#$%.

42
11.1.5- VA 642!
An. 1640, copie exécutée par Ely"#s évêque d’Ehden (f. 362r), garchouni,
papier filigrané, 205 x 152 mm, 363 f.
Contenu : Plusieurs traités dus à Ibn al-Qil!"#$%.

39. MAI, VA : 574-575.


40. MAI, VA : 575-576.
41. MAI, VA : 576.
42. MAI, VA : 576-577.
28 Chapitre I

43
11.1.6- VA 643!
An. 1576, copie exécutée par Sark$%s as-Samr"#n$% (f. 143v), garchouni, papier
non filigrané, 165 x 125 mm, 150 f.
Contenu : Plusieurs traités dus à Ibn al-Qil!"#$%.

44
11.1.7- VA 644!
Copie anonyme et non datée, garchouni, papier non filigrané, plusieurs
folios abîmés, 185 x 135 mm, 262 f.
Contenu : Plusieurs traités dus à Ibn al-Qil!"#$%.

45
11.1.8- VA 683!
An. 1710, copie exécutée par Y,-suf 23abq,-q de B:>i!leh, garchouni, papier
non filigrané, 238 p.
Contenu : Les Annales du patriarche Étienne Douaihy (†1704) dans sa
version courte (1094-1699).

11.2- Collection Vatican Syriaque


46
11.2.1- VS 210!
Copie anonyme et non datée, garchouni, papier filigrané, bon état de
conservation, 191 x 130 mm, 49 f.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

47
11.2.2- VS 214!
Copie anonyme et non datée, garchouni, papier filigrané, bon état de
conservation, 187 x 132 mm, 89 f.

43. MAI, VA : 577.


44. MAI, VA : 577-578.
45. MAI, VA : 591-592.
46. ASSEMANI, BAV, III : 499.
47. ASSEMANI, BAV, III : 501-502.
Les manuscrits contenant le corpus 29

Contenu : Canons des conciles ; Traités spirituels ; Poèmes en langue


dialectale.

48
11.2.3- VS 215!
Copie anonyme et non datée, amputée de la fin et se terminant par l’année
49
1686 , garchouni, papier filigrané, 325 x 225 mm, 158 f.
Contenu : Les Annales du patriarche Étienne Douaihy (†1704).

50
11.2.4- VS 217!
C’est un manuscrit factice comportant plusieurs types de papiers filigranés.
La dernière notice est datée de 1583, elle est écrite par Ely"#s (f. 331r). Les
textes sont multiples : garchouni, syriaque et arabe. 206 x 156 mm, 337 f.
Contenu : Recueil de poèmes ; Prières liturgiques ; Recueil de lettres.

51
11.2.5- VS 231!
An. 1629, copie exécutée par Y,-0/ann"# d’Ehden (f. 42r), garchouni, papier
non filigrané, 152 x 102 mm, 42 f.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

52
11.2.6- VS 249!
Ce manuscrit manque à la collection des manuscrits syriaques, il serait
perdu depuis 1828 selon les responsables de la Bibliothèque vaticane. D’après
le catalogue d’Assemani, il est composé de : « Codex in 4. Chartaceus, foliis
constans 126. Arabico sermone, sed literis Syriacis exaratus ».
Contenu : Plusieurs traités et poèmes dus à Ibn al-Qil!"#$%.

48. ASSEMANI, BAV, III : 502-503.


49. SFEIR 1974 : 284, considère que ce manuscrit est autographe et qu’il s’achève en 1686.
50. ASSEMANI, BAV, III : 503-504.
51. ASSEMANI, BAV, III : 516.
52. ASSEMANI, BAV, III : 535.
30 Chapitre I

53
11.2.7- VS 250!
Ce manuscrit manque à la collection des manuscrits syriaques. Il serait
perdu depuis 1828 selon les responsables de la Bibliothèque vaticane. D’après
le catalogue d’Assemani, il est composé de : « Codex in 8 chartaceus, foliis 64
constans, Arabico sermone, sed literis Syriacis exaratus ».
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

54
11.2.8- VS 408!
An. 1550, copie exécutée par Mi01"#yil (f. 404v), garchouni et syriaque,
papier non filigrané, 325 x 215 mm, 409 f. On y rencontre plusieurs notes
historiques dont la dernière remonte à l’année 1727.
Contenu : Traités spirituels et patristiques ; Poème en langue dialectale.

11.3- Collection Borgia Arabe


55
11.3.1- Borg Ar 135!
An. 1565, copie exécutée par Sark$%s Rizzi (f. 26v), garchouni, papier
filigrané, 260 x 175 mm, 275 f.
Contenu : Recueil de poèmes ; Traités théologiques ; Écrits spirituels.

56
11.3.2- Borg Ar 136!
An. 1570, copie exécutée par Sark$%s as-Samr"#n$% (f. 4v), garchouni, papier
non filigrané, 275 x 180 mm, 254 f.
Contenu : Plusieurs traités dus à Ibn al-Qil!"#$%.

53. ASSEMANI, BAV, III : 536.


54. MAI, VS : 59-60.
55. TISSERANT 1924 : 17.
56. TISSERANT 1924 : 17.
Les manuscrits contenant le corpus 31

57
11.3.3- Borg Ar 137!
An. 1575, copie exécutée par Sim!"#n de 23ad:>$%t (f. 96r, 329r), garchouni,
papier non filigrané, 289 x 210 mm, 330 f.
Contenu : La médecine spirituelle (ouvrage d’origine copte) ; Le livre de la
Loi qui est dû à Ibn al-Qil!"#$%.

58
11.3.4- Borg Ar 175!
C’est un manuscrit factice, garchouni et syriaque, papier, différents types de
filigranes sauf pour la troisième partie (f. 91r-93v) non filigranée, 200 x 145
mm, 93 f.
I- f. 1r-53v : Kit!"b at-tilm$%'( (Le livre de l’élève) de l’évêque Is0/"#q a:>-
?@adr"#w$% (Isaac Sciadrensis), exécutée par Mhann"# de Ba*+0/"# en 1632 (f. 52v).
II- f. 54r-90v : Partie anonyme et non datée. Plusieurs traités spirituels et
poèmes en langue dialectale.
III- f. 91r-93v : Partie anonyme et non datée. Poèmes en langue dialectale.

11.4- Collection Borgia Syriaque


59
11.4.1- Borg Syr 153!
Copie non datée, exécutée par Sim!"#n (f. 70v, 104v), mutilée de la fin,
garchouni et syriaque, papier non filigrané, 184 x 134 mm, 106 f.
Contenu : La messe selon le rite maronite ; Une collection de poèmes.

11.5- Collection Paul Sbath


60
11.5.1- Sbath 46!
An. 1611, copie exécutée par l’évêque &5r$%(9,-ry,-s (f. 121v), arabe, papier
filigrané, 227 x 147 mm, 122 f.

57. TISSERANT 1924 : 17.


58. TISSERANT 1924 : 19.
59. SCHER 1909 : 281, qui le date du XVe siècle.
60. SBATH 1928, I : 15.
32 Chapitre I

Contenu : La médecine spirituelle (ouvrage d’origine copte) ; Plusieurs


traités spirituels et patristiques.

61
11.5.2- Sbath 340!
Copie anonyme et non datée, garchouni et arabe, papier filigrané, bon état
de conservation, 206 x 151 mm, 200 f.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

12 – Bibliothèque Medicea Laurenziana (Florence – Italie)


62
12.1- Fir Orient 142!
An. 1585, copie exécutée par Ya!q,-b de 23a:;r,-n (f. 1r, 9r), garchouni, papier
filigrané, 228 x 199 mm, 11f. (un autre manuscrit lui est attaché ultérieurement,
282 x 189 mm, 176 f., miscellanea).
Contenu : L’Art bref de Raymond Lulle interprété par Ibn al-Qil!"#$%.

13 - Bibliothèque nationale de France


63
13.1- BnF Syr. 12
C’est un manuscrit factice :
I- f. 1r-4v (côté droit) : An. 1611, le copiste est Sark$%s (f. 4v), garchouni,
papier non filigrané, 216 x 145 mm.
Contenu : Résumé des devoirs du chrétien.
II- f. 5r-10v (côté droit) : Copie anonyme et non datée, garchouni et
syriaque, papier filigrané, 230 x 170 mm.
Contenu : Prières.
III- f. 1r-14v (côté gauche) : Copie anonyme et non datée, garchouni et
sryiaque, papier filigrané, 225 x 170 mm.
Contenu : Le livre de Ruth.

61. SBATH 1928, I : 150.


62. ASSEMANUS 1742 : 386-387.
63. ZOTENBERG 1874 : 3-4.
Les manuscrits contenant le corpus 33

64
13.2- BnF Syr. 85!
C’est un manuscrit factice :
I- f. 1r-12v : Copie anonyme et non datée, garchouni et syriaque, papier non
filigrané, 185 x 135 mm.
Contenu : Prières liturgiques et anaphores.
II- f. 13r-28v : An. 1577, partie exécutée par Sark$%s (f. 28v), garchouni,
papier filigrané, 185 x 135 mm.
Contenu : Le livre de l’Apocalypse traduit du latin par Ibn al-Qil!"#$%.

65
13.3- BnF Syr. 275!
An. 1606, copie exécutée par Ely"#s d’Ehden (f. 87r), garchouni, papier non
filigrané, 155 x 105 mm, 89 f.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale.

14- Staatsbibliothek de Berlin – Allemagne


66
14.1- PKO or. quart. 1181
An. 1883, copie exécutée par Man:;,-r fils de Y,-0/ann"# al-Hkay$%m de &5,-s*+"#
(f. 1v, 48v), garchouni, papier filigrané, 270 x 195 mm, 48 f.
Contenu : Plusieurs traités sur l’histoire des maronites.

67
14.2- PKO or. oct. 1428!
An. 1733, copie exécutée par le curé !Abdallah de Bi()darfel (48v, 54v). La
deuxième partie f. 64-89 semble être écrite par une autre main. Garchouni,
papier filigrané, 170 x 115 mm, 89 f.
Contenu : Recueil de poèmes en langue dialectale (f. 1r-63v) ; Rituels
maronites (f. 64r-89v).

64. ZOTENBERG 1874 : 54-55.


65. ZOTENBERG 1874 : 212.
66. ASSFALG 1963 : 171-175.
67. ASSFALG 1963 : 149-151.
34 Chapitre I

15- Centre d’Études Orientales Chrétiennes (Mouski, le Caire – Égypte)


68
15.1- Mouski Syr. 13!
Copie anonyme et non datée, amputée et incomplète de la fin, garchouni et
syriaque, 308 pages.
Brock écrit : « West Syrian (Maronite), no date perhaps 18th cent ?
Calendrical texts in Syriac, and copies of papal documents referring to Maronite
Church in Carshuni ».
Contenu : Recueil de poèmes ; Collection de bulles ; Traités de théologie et
de spiritualité ; Traités d’astrologie.

68. BROCK 1985 : 216-217.


CHAPITRE II
LA VIE DE GABRIEL IBN AL-QIL!!""#

1
Gabriel Ibn al-Qil"#!$% n’a pas laissé d’autobiographie et sa vie n’est relatée
par aucun de ses contemporains.
C’est le patriarche Douaihy († 1704) qui, le premier, a évoqué les grandes
lignes de sa vie et énuméré ses œuvres.

Douaihy mentionne Ibn al-Qil"#!$% à plusieurs reprises dans ses œuvres,


2 3
surtout dans les Annales! et les livres de l’Apologie! , où il le prend comme
témoin pour relater l’histoire des maronites, ou encore pour argumenter sur leur
4
orthodoxie et leur relation avec la papauté . Douaihy y mentionne les grandes
lignes de la vie d’Ibn al-Qil"#!$% et établit la liste de ses œuvres dont il a eu
5
connaissance .

Ces informations éparpillées seront ensuite regroupées par Douaihy dans


son Apologie/II, où il consacre tout un chapitre à la réfutation des idées de ceux

1. Plusieurs notes autographes d’Ibn al-Qil'%&(! se trouvent dans le ms. Ashqut 52 et dans VS 320,
f. 46v et 48r.
2. Les Annales de Douaihy existent en deux versions : la première relate l’histoire depuis
Mahomet jusqu’à la fin du XVIIe siècle et insiste sur les événements politiques et militaires ;
elle a été appelée par les historiens L’histoire des musulmans. La seconde version commence
avec l’arrivée des croisés et se veut plus prolixe sur l’histoire libanaise et maronite s’étendant
jusqu’à la fin du XVIIe siècle ; elle est appelée par les historiens : L’histoire des chrétiens.
La tradition manuscrite de la première version se trouve essentiellement dans le VS 215 et a
été éditée par Pierre Fahd (Voir dans la bibliographie Annales/Fahd).
La seconde version est conservée essentiellement dans le VA 683 et a été éditée par
Ferdinand Taoutel (Voir dans la bibliographie Annales/Taoutel).
Une liste complète des manuscrits contenant les Annales se trouve dans GEMAYEL 1991 : 61-
66.
3. Douaihy a écrit trois livres apologétiques pour défendre la foi et la doctrine des maronites ;
ces livres sont maintenant communément connus par Apologie/I, Apologie/II et Apologie/III.
(Voir la bibliographie).
Pour plus d’informations sur les divers manuscrits et éditions concernant ce thème, voir
GEMAYEL 1991 ; Apologie/I : 47-50 ; Apologie/II : 51-56 ; Apologie/III : 57-60.
4. Douaihy utilise surtout la lettre d’Ibn al-Qil'%&(! adressée au patriarche )*im&+,n en 1494. (Voir
Lettre au patriarche "#im!$%n al-&'ada()*+), le livre intitulé M,-r$%n a(.-(.$%b,-n*+ (voir Explication de
la foi) et surtout le poème sur le Mont-Liban (voir Éloge du Mont-Liban), ainsi que d’autres
œuvres.
5. VS 215, f. 107rv ; Annales/Fahd : 395-397 ; VA 683, f. 78v-79r ; Annales/Taoutel : 237.
36 Chapitre II

qui prétendaient que « l’évêque &'ibr"#y$%l Ibn al-Qil"#!$% a converti les maronites à
6
l’obéissance de l’Église en l’année 1494 » . Cette version de Douaihy est reprise
7
ensuite par tous les historiens qui ont abordé la vie d’Ibn al-Qil"#!$% .
Nous avons essayé de remonter aux sources archivistiques et manuscrites,
mais les pistes étaient brouillées et nos recherches furent, globalement, d’un
8 9
résultat médiocre. Les historiens franciscains Wadding et Harold mentionnent
Ibn al-Qil"#!$% en parlant de la mission du frère Gryphon auprès des maronites, ce
10
que fait également Suriano, dans son traité sur la Terre sainte . Ayant promis
11
une biographie d’Ibn al-Qil"#!$% , Golubovich lègue dans ses archives conservées
au couvent franciscain d’al-Mouski au Caire un dossier au nom d’Ibn al-Qil"#!$%
contenant des informations regroupées surtout à partir des sources maronites
12
telles Douaihy, Assemani, Debs et autres .
Quant aux archives maronites, elles sont récentes et ne deviennent
abondantes qu’avec la fondation du Collège maronite à Rome en 1584.
Nous avons eu recours alors aux manuscrits maronites, dispersés aux quatre
coins du monde, ce qui a contribué à établir le corpus d’Ibn al-Qil"#!$%, mais la
démarche pour découvrir d’autres traits de sa vie est restée une expérience quasi
manquée.
Toutefois, cette recherche laborieuse et même accablante a permis de
rassembler, par bribes, plusieurs informations parsemées dans les divers
manuscrits, dans les pièces d’archives et dans les œuvres d’Ibn al-Qil"#!$%.

6. Apologie/II, chapitre XIV : 244-264.


7. Tels ASSEMANUS 1742 : 386 ; DEBS 1987 : 200-201 ; GHABRIEL, Histoire, II/1 : 330-337 ;
GRAF, GCAL, III : 309-312 ; CHEIKHO 1967 : 427-430 ; FAHD 1985 : 111-129; ARCE 1973 :
234-236; SALIBI 1960 ; SALIBI 1991 : 23-35 ; DAOU 1985 : 530-540 ; DOUAIHY 1993 : 175-
203 ; GEMAYEL 1982 : 29-47 ; EL-HAGE 2001 : 131-137 ; ROUHANA 1998, I : 129-131 ;
JABRE-MOUAWAD 2001 : 61-93 ; MATAR-NEHMÉ 2003 : 137-216 (texte arabe), 217-256
(texte français).
8. WADDING, Annales, XIV : 148.
9. HAROLD 1662, II : 477-478.
10. SURIANO 1900 : 71 ; Suriano 1949 : 84.
11. SURIANO 1900 : 71, note 1, où il dit : Di frate Gabriele celeberrimo tra i Maroniti,
prepariamo une biografia, tanto più necessaria in quantochè nella storia dell’Ordine e della
Chiesa questo insigne apostolo, pastore e scrittore è del tutto sconosciuto ! Eppure per
dottrina, varietà di opere e zelo contro gli eretici la storia ce lo dirà un S. Girolamo dei
Maroniti.
12. Les archives de Golubovich font le lot de 80 cartons (Archivbox). Le dossier concernant Ibn
al-Qil'%&(!-se trouve parmi les dossiers du carton n° 31.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 37

Ainsi, pour aboutir à une synthèse sur la vie de Gabriel Ibn al-Qil"#!$%, nous
reprenons la version de Douaihy, avec les nuances apportées par les divers
historiens, ainsi que les informations trouvées dans les œuvres de l’auteur et
dans les diverses sources manuscrites.
Avant de nous aventurer dans la vie d’Ibn al-Qil"#!$%, force est de décrire la
situation du Mont-Liban et des maronites au XVe siècle, afin de rendre le
13

contexte politico-religieux plus concret et les détails fournis sur la vie de notre
auteur plus compréhensibles.

1- Le Mont-Liban et les maronites au XVe siècle


Il ne nous est pas donné de retracer toutes les relations tissées entre les
14
maronites et l’Occident au cours du Moyen Âge . Nous nous contenterons de
brosser un schéma de la situation civile et religieuse du Mont-Liban à l’époque
d’Ibn al-Qil"#!$%, c’est-à-dire au XVe siècle et au début du XVIe siècle.

1.1 La situation politique


15
Depuis la chute des États et des cités croisés au Levant , les mamelouks
sont devenus les maîtres de l’Orient, divisé en plusieurs mamlakat (royaumes)
16
ou nay!"bat (lieutenances) .
Au XVe siècle, les maronites habitent en majorité dans le Liban
17
septentrional, qui fait partie de la nay!"bat de Tripoli! , zone géographique et
18
politique calquée sur l’ancien comté croisé de Tripoli! . Ibn al-Qil"#!$% étend le
pays des maronites au-delà de cette délimitation : « min ad-Drayb ‘il!" bil!"d a)*-

13. La désignation du Mont-Liban au XVe siècle comprend surtout les régions actuelles du Liban
nord et de Jbeil.
14. Pour la situation des maronites pendant l’époque des croisés et des mamelouks, voir surtout
SALIBI 1957 ; SALIBI 1968 ; SALIBI 1991 ; SALIBI 1992.
15. Les villes croisées, faisant partie de l’actuel Liban, figurent parmi les derniers bastions latins
qui tombent sous la domination musulmane : Tripoli (1289), Tyr, Sidon, Beyrouth (1291) et,
enfin, Jbeil en 1302.
16. Les six gouvernements sont Damas, Alep, Hamah, Tripoli, Safad et Karak dans la
Transjordanie. SALIBI 1992 : 129-132.
17. Sur l’histoire et l’organisation de cette province, voir KATTAR 1998.
18. Sur la présence maronite dans le comté de Tripoli, voir RICHARD 1945.
38 Chapitre II

19
+,-.f [du (pays de) Drayb (= !Akk"#r) au pays du Chouf] » . Il dit dans un autre
20
passage : « du bord du Nahr al-kalb jusqu’au pays du Drayb » .
21
En dehors de cette zone, un groupe important se trouve à Chypre et une
22
autre minorité à Jérusalem .
Le gouvernement civil des maronites semble être administré par des chefs
23 24
locaux, appelés Muqaddam$%n , désignés par le patriarche même , au moins
e
jusqu’à la fin du XIV siècle, avant qu’ils ne deviennent des fonctionnaires dans
l’administration mamelouke et, du coup, les concurrents de l’autorité du
25
patriarche même .
Dib résume en ces termes le rôle et la fonction de ces chefs :
Les mouqaddamin tout en relevant de la niâbat de Tripoli, administraient, à leur manière,
les affaires temporelles de la communauté ; leur charge devint même héréditaire. Ils
étaient généralement revêtus du sous-diaconat (ordre mineur chez les maronites) pour
26
avoir, à l’église, droit de préséance sur les laïcs.

Sur le plan spirituel, les maronites sont gouvernés par le patriarche résidant
27
à Mayfouq (jusqu’en 1440), puis à Qannoubine . Le patriarche est assisté de
plusieurs évêques, qui jouent le rôle de vicaires, la structure ecclésiale des
28
évêchés n’existant pas encore à cette époque-là .

19. Éloge du Mont-Liban, v. 83.


20. Lettre au peuple de Maron. Notons que la réinstallation des maronites dans le Kisrwan (qui
englobait une partie du Metn à cette époque-là) s’est accélérée dès le début du XVIe siècle.
Voir SALIBI 1967 : 150-151 ; BAKHIT 1982 : 68-71 ; KHALIFÉ 2004 : 154-157.
21. CYRILLI 1898 ; DIB, Histoire, I : 87, 105-110.
22. LAMMENS 1899 : 76 ; GOLUBOVICH 1923 : 33, 109-111, 117-118, 238-240 ; ARCE 1973 :
183-186, affirme que les maronites n’avaient pas de places particulières à Jérusalem, mais,
qu’ils venaient célébrer les grandes fêtes chez les franciscains.
23. Littéralement, ce mot signifie « Préposé ». DIB, Histoire, I : 91. Sur l’institution des
muqaddam*+n, voir SALIBI 1968.
24. Voir Éloge du Mont-Liban.
25. KATTAR 1998 : 276-283.
26. Dib, Histoire, I : 91.
27. Les patriarches maronites du XVe siècle sont Y+,./ann'% al-01'%23(! (1404-1445), Ya&q+,b al-"4ada56(!
(1445-1458), Bu5$rus al-"4ada56(! (1458-1492) et )*im&+,n "4ass'%n al-"4ada56(! (1492-1524). Voir
FAHD 1985.
28. Le franciscain Eugène Roger, qui visita le Mont-Liban dans les années 1630, décrit la
procédure anciennement utilisée pour l’élection d’un nouveau patriarche et qui était toujours
en vigueur à son époque : « Aussitôt que le patriarche est décédé, on le fait savoir à toute la
nation, afin d’assister aux obsèques, lesquelles étant finies (ce qui se fait en trois jours) tous
les hommes avec les prélats, prêtres et religieux s’assemblent en la maison patriarcale, pour
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 39

Il est intéressant de noter que l’administration mamelouke n’a aucun contact


avec la hiérarchie ecclésiastique des maronites. Le patriarche maronite ne figure
pas parmi les chefs des /0imm$% (chrétiens), qui doivent recevoir le tawq$%#
(firman) pour pouvoir gouverner, tels les patriarches arménien, jacobite ou
29
nestorien . La raison reste inconnue ; mais cette « ignorance » de la part des
mamelouks deviendra avec le temps un atout qui incitera les maronites à vivre
30
avec un certain esprit d’autonomie .
Cette situation n’est pas toujours paisible et la paix dont les maronites
jouissent durant cette période ne peut être que relative et intermittente ; les
vexations sont en effet multiples. Deux exemples suffisent à montrer la précarité
de la situation politique au Mont-Liban au XVe siècle.
Quand frère Jean, le légat du patriarche maronite Y,-0/ann"# al-&'"#()$% auprès
du concile de Florence, débarque à Tripoli au mois d’octobre 1439, la foule se
porte à sa rencontre, ce qui éveille les soupçons du gouverneur de Tripoli.
Celui-ci croit, en effet, que l’assemblée de Florence cherche à reconquérir la
Terre sainte avec l’aide des maronites. Par conséquent, il fait arrêter Jean et ses
31
compagnons .
Cet incident nuit beaucoup au patriarche et aux notables maronites, qui
doivent payer des rançons pour libérer les prisonniers.
Par ailleurs, le gouverneur s’irrite contre ceux qui se sont portés garants de
la conduite des légats latins et contre le patriarche ; la soldatesque mamelouke
entre alors en action, pillant et incendiant tout sur son passage. Le patriarche
doit alors transférer la résidence patriarcale du monastère de Mayfouq, qui est
pillé, au monastère Notre-Dame de Qannoubine, dans le W!"d$% Q!"d$%)*!" (la Vallée
32
sainte) .
Un deuxième exemple est repérable dans un rapport envoyé en 1475 de
Qannoubine au pape par son légat frère Alexandre d’Arioste :

procéder à l’élection d’un patriarche, chacun ayant la liberté de donner sa voix à qui bon lui
semble. Mais il faut que celui qui est élu, n’ait point été marié, ni taché de vice d’infamie et
qu’en même temps, il fasse profession d’observer la règle de saint Antoine. Incontinent on
députe quelque religieux pour Rome, afin d’obtenir de notre saint Père le Pape la
confirmation de son élection. » ROGER 1992 : 487.
29. KATTAR 1998 : 252-253.
30. KATTAR 1998 : 252-253.
31. Apologie/II : 211-212.
32. VS 215, f. 93r ; VA 683, f. 38r ; Annales/Fahd : 348 ; Annales/Taoutel : 205-206.
40 Chapitre II

Au milieu de cette nation, vivent les Sarrasins… Leur tyrannie ne connaît pas de repos ;
aussi, dans toutes les parties du Liban, ce n’est que désolation, pleurs, épouvante. Sous
prétexte de lever un certain tribut qu’ils appellent gélia, les agents de l’autorité dépouillent
ces pauvres montagnards de tout leur avoir ; ensuite, ils les frappent de verges, leur
infligent toute sorte de tourments pour leur extorquer ce qu’ils n’ont pas. Contre ces
vexations, il n’y a qu’un recours possible : l’apostasie. Plusieurs s’y seraient laissé induire,
si la charité de leur pieux patriarche (Bu5$r+,s Ibn "4ass'%n) n’était venue à leur aide. Atterré
du péril que couraient les âmes de ses ouailles, il a livré tous les revenus de ses églises
pour satisfaire l’avidité des tyrans ; aussi est-il sans ressource. La porte du monastère
patriarcal est murée ; parfois il est obligé de se cacher, comme les pontifes Urbain et
33
Sylvestre, dans des cavernes creusées dans le sein de la terre.

De plus, en 1489, un combat oppose les sunnites du Nord aux maronites de


34
&'ubbet B:>arr$% lesquels gagnent la bataille près du village d’Ehden .

1.2 L’administration sociale et religieuse


S’agissant du « statut personnel », nous remarquons une certaine autonomie
d’organisation interne dans le domaine de la propriété, de l’héritage, du régime
35
matrimonial, etc.
La liturgie maronite est célébrée en langue syriaque et se rapporte dans sa
théologie et son évolution à la tradition syriaque antiochienne qui regroupe les
36
melkites et les jacobites . La musique sacrée est rattachée à la tradition
37
syriaque, mais garde des caractéristiques propres la rendant originale .
38
La vie religieuse et érémitique s’épanouit selon le système oriental
administré par le patriarche et les évêques. Les organisations monastiques
réglées selon les normes des ordres occidentaux ne verront le jour qu’à la fin du
e 39
XVII siècle .

33. DIB, Histoire, I : 101-102.


34. VS 215, f. 98r ; VA 683, f. 71v-72r ; Annales/Fahd : 364-365 ; Annales/Taoutel : 218-219..
35. JOUBEIR 1991, KATTAR 1998, EL-HAGE 2001 : 85-120 « Le mariage dans l’Église maronite et
particulièrement jusqu’au début du XVIe siècle ».
36. DIB 1919, HAYEK 1963, GEMAYEL 1965, TABET 1972.
37. HAGE 1972.
38. SFEIR 1986.
39. MAHFOUD 1967.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 41

Les maronites du XVe siècle parlent en majorité le dialecte libanais , une


40

41
synthèse du syriaque et de l’arabe . La poésie dialectale est leur instrument
42
privilégié pour apprendre le catéchisme, les vies de saints et même l’histoire .
43
D’ailleurs Ibn al-Qil"#!$% est l’un des pionniers de cet art poétique .

1.3 Les rapports avec Rome


Le concile de Florence (à partir de1439) est un point de départ pour toute
une reconquête de l’Orient non catholique. Les diverses communautés des
chrétiens d’Orient commencent à se rapprocher du Saint-Siège : les R-.m
(Grecs) et les Arméniens pendant le concile, les jacobites en 1443, puis les
44
chaldéens, les Bosniaques, etc.
Dans ce contexte de rapprochement entre l’Occident et l’Orient, ce sont les
franciscains de la Terre sainte qui assurent le relais entre la papauté et les
45
maronites . Ils occuperont, seuls, cette fonction jusqu’à la seconde moitié du
e 46
XVI siècle .

Pendant le concile de Florence, on voit arriver frère Jean, supérieur des


franciscains de Beyrouth, au nom du patriarche maronite Y,-0/ann"# al-
&'"#()$% († 1445) pour rendre hommage au pape, assurer l’adhésion des maronites

40. Plusieurs voyageurs et observateurs attestent que, même jusqu’au XVIIe siècle, les habitants
des localités proches de B78arr(! continuent de parler le syriaque. LUCAS 2004 : 104 ; ROGER
1992 : 495 ; LA ROQUE 1981 : 173 ; NAIRONUS 1694 : 89.
41. Sur les origines et l’évolution du dialecte libanais, voir FEGHALI 1918 ; FEGHALI 1928 ;
HOBEIKA 1939 ; FREIHA 1947 ; LENTIN 1997 et les différents articles de KALLAS.
42. WUHAYBEH 1952 ; ABDEL-NOUR 1966.
43. Nous connaissons avant lui le poète Sulaym'%n al-A78l+,./(!, témoin oculaire de la chute de
Tripoli en 1289. Voir HARFOUCHE, Tripoli.
44. LAMMENS 1899 : 72. Voir surtout le chapitre intitulé « Union avec les autres Églises
d’Orient » dans GILL 1965 : 265-269.
45. La première mission franciscaine auprès des maronites semble être celle de Lorenzo da Orte,
désigné en 1246 par le pape Innocent IV comme légat apostolique en Orient : Ti mandiamo
come angelo di pace nostro Legato transmarino in Armenia, Iconio, Turchia, Grecia et nel
regno di Babilonia con piena autorità…eziando sopra tutti i greci dei patriarcati di
Antiochia, di Gerusalemme e de Regno di Cipro e sopra i Giacobiti, Maroniti e Nestoriani.
SACCHI 1951 : 32.
46. Le dernier franciscain occupant cette fonction est Francesco da Vicenza, en 1569. SACCHI
1951 : 33. Ce sont les jésuites qui prennent le relais pour le reste du XVIe siècle.
42 Chapitre II

à toutes les décisions du concile et réclamer le privilège du pallium et la


47
confirmation de son élection au siège d’Antioche .
De leur côté, les maronites de Jérusalem envoient au même concile le
48
franciscain frère Albert .
En 1444, le franciscain Antoine de Troïa se rend à Rome accompagné d’une
49
délégation composée de maronites et de druzes . La même année, le Saint-
Siège nomme le franciscain Pierre de Ferrare, du couvent franciscain à
50
Beyrouth, commissaire apostolique auprès des maronites . Lui succèdent
André, archevêque de Nicosie puis frère Gandolphe de Sicile, gardien du Mont-
51
Sion .
52 53
En 1450 , le franciscain flamand Gryphon de Courtrai (1405-1475) est
54
rattaché à la mission franciscaine du Mont-Liban , où il est en mission auprès
des maronites, accompagné du frère François de Barcelone.
55
Du Liban, frère Gryphon se rend deux fois à Rome pour traiter d’affaires
relatives aux maronites. Le premier voyage s’effectue auprès de Calixte III
56 57
(1455-1458) entre 1455 et 1458 . Le second a lieu en 1469 ; il a pour but de

47. LAMMENS 1899 : 72.


48. LAMMENS 1899 : 72.
49. LAMMENS 1899 : 77.
50. LAMMENS 1899 : 78.
51. DIB, Histoire, I : 92-93.
52. Suriano situe la mission de Gryphon entre 1462 et 1472. SURIANO 1900 : 69 ; SURIANO 1949 :
82. Il est critiqué dans ARCE 1973 : 190.
53. Sur la vie et la mission de Gryphon, voir MAZZARA 1689 : 346-348 ; LAMMENS 1899 ;
GUZZO 1938 ; ARCE 1973 et DE TRŒYER 1988.
54. LAMMENS 1899 : 79.
55. Le P. Arce doute de ce premier voyage faute de documentation solide : La embajada a
Calixto III que Suriano y le atribuyen es enteramente gratuita, sin aducir ninguna prueba ;
pues hasta ahora no se conoce ningŭn documento que directa o indirectamente la apoye, y
tiene en contra la embajada del Maronita Ibrahim, enviado a Calixto III por el patriarca
Ya’qûb de &'ada()… ARCE 1973 : 219-220.
En revanche, Wadding attribue à Gryphon deux voyages à Rome sous le mandat de
Calixte III, et un troisième sous Paul II. WADDING, Annales, XIV : 763.
56. Calixte III fut très attentif aux affaires des chrétiens d’Orient et songea sérieusement à
conquérir la Terre sainte. Il s’engagea solennellement par vœu à sacrifier pour ce but tous les
trésors de l’Église et s’il le fallait sa propre vie : « Moi, Callixte, fais vœu à la Très Sainte
Trinité… de délivrer les chrétiens gémissant dans l’esclavage, de relever en Orient la vraie
foi et d’en extirper la secte diabolique du maudit et infidèle Mahomet. Si je t’oublie, ô
Jérusalem… » Remarquant un jour sur sa table une salière d’or, il s’écria : « Qu’on l’enlève
pour l’Orient ! de la faïence fera tout aussi bien ! » LAMMENS 1899 : 92.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 43

demander au pape Paul II (1464-1471) la confirmation et le pallium pour le


58
nouveau patriarche élu B,*+r,-s Ibn 23ass"#n († 1492) . Au terme de ce voyage,
59
Gryphon adresse une lettre à « ses frères bien-aimés », les maronites, pour leur
exposer son opinion sur quelques pratiques considérées comme non conformes
60
à l’usage latin catholique .
Les efforts de Gryphon sont tellement appréciés qu’un chroniqueur de
l’Ordre séraphique relate qu’à la suite du prodige solaire, Gryphon convertit les
61
maronites, jusqu’ici hérétiques, qui l’élisent patriarche . Après de longues
années de vie missionnaire, Gryphon s’éteint au couvent Saint-François à
62
Famagouste (Chypre), le 18 juillet 1475 . Quant aux maronites, ils continuent
63
de lui rendre hommage bien après sa mort . Suriano écrit en 1514 : « Tuti li

57. Lammens admet l’existence de ce premier voyage, mais en notant toutefois que
« malheureusement l’histoire ne nous a conservé aucun détail sur ce voyage que les étroites
limites du règne de Callixte III obligent de placer entre 1455 et 1458 ». LAMMENS 1899 : 93.
58. Pour la lettre de Paul II au patriarche maronite Virtutum Deus omnipotens, datée du 5 août
1469, voir ANAISSI 1911 : 22-25. ARCE 1973 : 220, critique cette édition con muchas faltas et
renvoie à d’autres références.
Douaihy joint les deux voyages en une seule mission : dans une des versions des Annales, il
note que le patriarche a envoyé frère Gryphon à Rome en 1458 solliciter la confirmation et le
Pallium ; Gryphon réussit à les acquérir du pape Paul II en 1469. VA 683, f. 69v ;
Annales/Taoutel : 211.
59. Voir le texte arabe dans Bkerke 113 : 155-161. Des passages traduits en français sont édités
dans LAMMENS 1899 : 94-95. À la fin de la lettre nous lisons : « Elle fut écrite à Rome, près
du tombeau de saint Pierre l’apôtre, en l’année 1469 de Notre Seigneur, le 5e jour du mois
d’août, et en la cinquième année de notre accession à ce siège. » Bkerke 113 : 161. Cette note
finale est la même attestée dans la lettre du pape Paul au patriarche maronite : Datum Romae,
apud S. Petrum, anno MCCCCLXVIIII, non. Augusti, pontificatus nostri anno V. ANAISSI
1911 : 25. D’où la question : le copiste se serait-il trompé en joignant la lettre de Gryphon à
la finale du pape Paul ?
60. DIB, Histoire, I : 95-96.
61. LAMMENS 1899 : 88-89, 96-97, où il discute les sources franciscaines de cette légende. Arce
y consacre également un chapitre. ARCE 1973 : 222-225.
62. Seul Suriano situe la mort de Gryphon en 1470. SURIANO 1949 : 83. Pour la production
littéraire et scientifique de Gryphon, voir ARCE 1973 : 225-233.
63. « Il est très vraisemblable que les anciens biographes, afin de mettre en relief les mérites de
Gryphon, ont trop souligné qu’il a ‘converti’ les maronites. Certes, il y avait à corriger
certaines déviations dues à l’ignorance. On doit admettre aussi qu’il a collaboré à la tendance
à rendre leurs rites plus conformes à ceux de l’Église romaine, bien qu’il fît preuve d’un sage
conservatisme et n’ait pas changé certains usages spécifiques aux maronites. Il augmenta le
nombre des églises par des restaurations et de nouvelles constructions. Parmi ses grands
mérites, il faut signaler l’enseignement catéchétique, aussi bien oralement que par des écrits
en syriaque et en arabe. » DE TRŒYER 1988, col. 454.
44 Chapitre II

Maroniti sino al di presente lo chiamano Santo Griphone, e ogni volta che lo


64
nominano se basano la mano et ponsela in cappo per reverentia. »
Après la mort de Gryphon, le pape Sixte IV (1471-1484) décide, en 1475,
qu’il y aurait toujours un légat auprès des maronites (Sedis Nuncium et
65
Commissarium apud Maronitas), choisi parmi les Frères mineurs observants .
La tâche est attribuée au frère Ludovico de Revere qui décline l’offre et est
66
remplacé par Alexandro d’Arioste . Ce dernier occupe le rôle de commissaire
67
apostolique auprès des maronites entre 1475-1478 .
En 1514-1515, c’est Francisco Suriano qui occupe ce poste. Il joue un rôle
important dans la relation entre le pape Léon X (1513-1521) et le patriarche
68
maronite ?@im!,-n 23ass"#n al-23ada*4$% (1492-1524) .

1.4 La « crise » jacobite


Beaucoup d’historiens ont étudié la présence des jacobites au Mont-Liban
pendant le XVe siècle et leurs démêlés avec les maronites .
69

En effet, à l’aube du XVe siècle, l’Église syriaque jacobite traverse une


période de crise et de confusion. Sur le plan politique, les territoires
mameloukes limitrophes en Mésopotamie sont disputés par les Turcomanes, les
bédouins et les Kurdes, pendant que les razzias répétées des Mongols empirent
la situation et incitent beaucoup de syriaques à fuir les régions de Mardin, Tur
70
Abdin, Sadad, Mossul et autres, pour se réfugier en Syrie et au Mont-Liban .
La situation interne de l’Église syriaque jacobite n’est pas meilleure. Au
début du XVe siècle, celle-ci compte déjà trois patriarcats rivaux : celui de Mardin,

64. SURIANO 1900 : 70 ; SURIANO 1949 : 83. JABRE-MOUAWAD 2001 : 67, donne une autre
traduction à ce passage : « [Les maronites] l’appelaient saint Gryphon et chaque fois qu’ils le
nommaient, ils lui baisaient la main par respect ».
65. Voir la lettre du pape au vicaire général, Pierre de Napoli, dans WADDING, Annales, XIV :
149. Voir également VA 683, f. 71r ; Annales/Taoutel : 215-216.
66. Il est aidé par plusieurs frères mineurs dont Simon Donzelli de Reggio Emilia. ARCE 1973 :
241. Ibn al-Qil'%&(! ne mentionne de cette mission que les frères Alexandre et Simon. Voir
Lettre au patriarche "#im!$%n al-&'ada()*+.
67. ARCE 1973 : 236-246. Voir la lettre d’Arioste au pape Sixte IV dans ARCE 1973 : 261-263.
68. ARCE 1973 : 249-254.
69. Le patriarche Douaihy dans VS 215, f. 94v, 97v ; VA 683, f. 70v, 71v ; Annales/Fahd : 353-
355, 362-363 ; Annales/Taoutel : 214, 217-218 ; Apologie/II : 245-253 ; SALIBI 1992 : 165-
169 ; BAROUDI 1994 ; BAROUDI 1998 ; JABRE-MOUAWAD 2001 : 42-57 ; BCHEIRY 2003.
70. BCHEIRY 2003 : 612-613.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 45

dont le siège est traditionnellement au couvent d’al-Za!far"#n dans la Haute


Mésopotamie ; celui de Cilicie, dont le siège est au Dayr Kuway01"#t, près de
Mopsueste ; et celui de Tur Abdin dont le siège est au couvent de M"#r Ya!q,-b
71
au village de ?8al"#0/ .
En dépit de ces troubles politiques et de ces divisions ecclésiastiques, un
72
essor monastique a lieu surtout en Syrie au couvent M"#r M,-s"# dans le Nebek
73
et en Égypte au couvent dit des Sury"#n (Syriens) .
Une poignée de religieux jacobites d’origine libanaise revient au Mont-
Liban pour s’y installer et pour diffuser les idées jacobites parmi le peuple de la
Montagne. Le plus zélé parmi eux est Noé du village de Bq,-f"# (près d’Ehden),
74
qui devient ensuite le patriarche de l’Église syriaque jacobite (1493-1509) . Un
groupe de moines éthiopiens (A1(b!")*) vient ensuite occuper le couvent M"#r
Ya!q,-b, près d’Ehden, puis le couvent M"#r &'ir()is dépendant du village de
75
23ad:>$%t ; ces moines secondent les jacobites dans leur propagande .
En outre, le muqaddam !Abdel Min!im Ayy,-b († 1495) se rallie à la cause
des jacobites et leur fournit l’aide politique dans leur expansion.
Cette situation perturbe la relation entre les patriarches maronites et le
muqaddam pro-jacobite ; le patriarche Ya!q,-b al-23ada*4$%< († 1458) est accusé de
laxisme envers le mouvement jacobite, sinon de complicité ; il a même failli
être lapidé, à !Ayn Kf"#!, par des villageois mécontents. Ibn al-Qil"#!$% en est un
76
témoin oculaire .
Cette activité jacobite au Mont-Liban, rehaussée par le zèle des
missionnaires, s’associe à une « crise » aux yeux de l’historiographie maronite.
77 78
Douaihy qui analyse cette période, dans ses Annales et dans son Apologie , est
très dur envers les jacobites. Il les considère comme « des serpents qui rampent

71. BAROUDI 1998 : 119 ; JABRE-MOUAWAD 2001 : 42-43.


72. BCHEIRY 2003 : 613.
73. WHITE 1932 et LEROY 1967.
74. Sur les personnages clés de cette mouvance jacobite, voir BCHEIRY 2003.
75. VS 215, f. 98v ; Annales/Fahd : 365-366 ; JABRE-MOUAWAD 1998.
76. Voir Lettre au peuple de Maron ; Borg Ar 136, f. 229r ; JABRE-MOUAWAD 2001, texte
français : 180, texte arabe : p. 245.
77. VS 215, f. 87r et Annales/Fahd : 329 (1393) ; VA 683, f. 70v et Annales/Taoutel : 214
(1470) ; VS 215, f. 94v-95r et Annales/Fahd : 353-355 (1472) ; VA 683, f. 71v et
Annales/Taoutel : 217-218 (1487).
78. Apologie/II : 249-253.
46 Chapitre II

dans le jardin de Dieu [le Mont-Liban], et qui corrompent par leur esprit
79
destructeur les cœurs modestes » .
Douaihy ajoute que l’implantation des jacobites au Mont-Liban est simple
pour plusieurs raisons :
L’expansion de l’hérésie au Mont-Liban était très facile ; premièrement, parce que la
langue était la même, et parce que les rituels liturgiques utilisés par les maronites et les
jacobites ne différaient que peu. Deuxièmement, parce que la région était d’un
tempérament clément qui facilitait l’habitat aux mariés dans les villages et aux ermites
dans les vallées et sur les montagnes ; troisièmement, parce que le muqaddam qui
gouvernait la région était généreux envers les monophysites et les autorisait à habiter où
80
ils voulaient.

Une partie du problème maronito-jacobite se solde par des carnages. De


violents incidents opposent les maronites aux jacobites en 1488, ce qui oblige
beaucoup d’entre eux à quitter la &'ubbet B:>arr$% et à s’éparpiller dans divers
endroits, notamment à Chypre et en Syrie. Tel est également le sort de leurs
81
alliés éthiopiens .
De plus, le siège principal des jacobites dans le village de Bq,-f"# est détruit
82
et leur quartier dans le même village est brûlé .

2- La vie d’Ibn al-Qil!"'#$


2.1 Le nom
83
Notre auteur s’appelle 23ibr!"yil (Gabriel)! fils de Bu45rus al-Qil!"#$% du
village de Le1(fed de la famille [de ?]! +,ay16 Mas#-.d! . Les historiens locaux
84 85

79. VS 215, f. 94v ; Annales/Fahd : 355.


80. Apologie/II : 250.
81. VS 215, f. 98rv ; Annales/Fahd : 364-365 ; VA 683, f. 71v-72r ; Annales/Taoutel : 218-219.
82. Apologie/II : 289-290.
83. C’est la forme dialectale du nom littéraire /0ibr,-’*+l.
84. La syntaxe arabe nous laisse perplexe par rapport au nom patronymique, car nous ne
pouvons pas être sûrs si « )*ay.9 Mas&+,d » est le nom de famille ou bien le prénom du grand-
père donné à ses descendants, comme c’est la coutume au Liban.
85. Voir Miscellanea ; Testament spirituel.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 47

86 87
ajoutent que cette famille devait être C8aw ou Nehme-C8aw , l’une des plus
88
anciennes familles de Le0/fed , village natal d’Ibn al-Qil"#!$%=
Dans les divers manuscrits et œuvres, notre auteur se contente de se
89
présenter comme Gabriel fils de Bu45rus al-Qil!"#$% du village de Leh(fed! ou tout
simplement : Gabriel Ibn al-Qil!"#$%! , Gabriel de Leh(fed! , Ibn al-Qil!"#$% de
90 91

Leh(fed! , Ibn al-Qil!"#$%! .


92 93

94
Gabriel précise que l’expression « Ibn al-Qil"#!$% » est un « surnom » .
Douaihy explique que le mot Qil"#!$% désigne la maison natale, construite dans
95
une zone rocheuse .
96
Parfois, il se nomme Gabriel de &5,-ry"# , nom désignant un hameau relevant
97
du village de Le0/fed .
Une fois devenu franciscain, Ibn al-Qil"#!$% se nomme parfois « religieux
98 99
latin » , ou ce sont ses ennemis qui le nomment ainsi . Il se présente également
100
comme étant « l’un des frères mineurs » .
Douaihy le nomme 27ibr!"yil walad Bu45rus Ibn 27ury!" al-ma#r-.f bil-Qil!"#$% du
101
village de Le0/fed .

86. DAOU 1985 : 532.


87. MATAR-NEHME 2003 : 168.
88. Dans sa Lettre aux gens de Le12fed, l’auteur considère que son village était appelé dans le
passé : al-q,-hirah al-!at*+qah (la victorieuse ancienne).
89. Voir Explication de la foi ; Le livre des cinq sages ; Sur les sphères.
90. Voir Explication de la confession sacrée.
91. Voir Excommunication contre les melkites.
92. Voir Sur les sphères ; Sur saint Lucius ; Sur saint Alexis.
93. Voir Sur la médecine et sur l’influence des astres ; Sur saint Alexis.
94. Il utilise le mot Kanwat. Voir Sur la science ; Sur Constantin et la Croix.
95. Bayn al-qil,-!3 (entre les rochers). Apologie/II : 245. Notons que la tradition littéraire arabe
conserve au moins le nom d’une poétesse arabe qui avait le même surnom : Nazh$%n Ibnat al-
Qil,-!*+. Voir AL-MU!R : AB"! 1955, II : 121 ; AT-TALMAS#N % "! 1968 : 192. Quant à la tradition
locale maronite, elle donne un seul indice, qui est une note marginale dans le ms. OLM 701 :
242, où le copiste écrit en garchouni : « Ce livre béni est terminé en l’an 1563 ap. J.-C. par
les soins de Matt'%, fils de Marq+,s al-Qil'%&(! ».
96. Voir Explication de la foi ; Sur la science ; Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les
maronites.
97. Apologie/II : 245.
98. R,-hib fran45*+ qui pourrait signifier également « franc ». Voir Le livre des cinq sages ; Sur
saint Lucius.
99. Ibn al-Qil'%&(! note dans une lettre que Noé l’appelle ainsi. Voir Lettre contre les jacobites.
100. Voir Explication de la foi ; Éloge funèbre de Jean.
48 Chapitre II

Son nom est ensuite latinisé par ceux qui le citent dans leurs ouvrages :
102 103 104 105
Gabriele Barclaio , Gabriel Ibn al-Qéla!î , Ibn-el-Qala’i , Ibn al-Qil"#!y ,
106 107 108 109 110
Ibn al-Qula!i , Ibn al-Qul"#!$% , Ibn al-Qola!i , Bar-Qilây , Barclaius ,
111 112 113 114
Gabriele Barkalio , Gabriël Qlai , Gabriel filius Chelai , Gabriel Klahi ,
115 116 117 118
Bar Kala’i , Bar-Clajo ; il est même devenu Ebn el Quêlâr ou Hagar .
Quant aux copistes des manuscrits, ils l’appellent par divers surnoms : M!"r
119 120
(pour dire Monseigneur ou même Saint) , le Nouveau théologien , etc. Quant
à Sark$%s, le copiste du Borg Ar 136, il fait d’Ibn al-Qil"#!$% le docteur du peuple
121
de Maron, le nouveau Paul ou même la cithare du Saint-Esprit . Golubovich
122
l’appelle simplement un S. Girolamo dei Maroniti .

2.2 Son enfance


Ibn al-Qil"#!$% est né vers le milieu du XVe siècle , à Le0/fed , dans le
123 124

district de Jbeil, au Mont-Liban.

101. VS 215, f. 99r ; Annales/Taoutel : 367.


102. ASSEMANUS 1742 : 386.
103. DIB, Histoire, I : 102.
104. DAOU 1985.
105. SALIBI 1960 : 464.
106. TISSERANT 1924 : 17 ; ASSFALG 1963 : 149 ; SAUGET 1978 : 220.
107. SUERMANN 1998.
108. GRIVEAU 1915 : 347.
109. GOLUBOVICH 1929 : 26.
110. LE QUIEN, Oriens Christianus, III, col. 85 ; BERAUD 1970 : 13.
111. Apologie/II (latin).
112. NAIRONUS 1694.
113. GUADAGNOLUS 1642.
114. ECCHELLENSIS 1660.
115. GUIDI 1884.
116. VA 643, page de garde.
117. BERAUD 1970 : 13.
118. Confusion faite par SBARALEA 1806 : 296.
119. Voir Apocalypse selon saint Jean ; Miscellanea.
120. Voir Testament spirituel.
121. Voir Miscellanea. Cette dernière appellation est attribuée habituellement à saint Éphrem.
122. SURIANO 1900 : 71, note 1.
123. En 1447 : MATAR-NEHME 2003 : 168 ; vers 1450 : JABRE-MOUAWAD 2001 : 61.
124. Les registres ottomans de taxe pour l’année 1519 donnent à constater que (fin XIVe s. – début
e
XV s.) Le./fed était déjà considéré parmi les villages importants du district de Jbeil. Voir
KHALIFÉ 2004 : 109.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 49

Parlant de son village et de sa patrie, il dit : « Je suis le fils de Le0/fed et


Le0/fed est ma mère ; je suis le fils du pays de Jbeil et mon pays est mon
125
père. »
126
Il ajoute également qu’il est du Bil!"d a)*-+,!"m et de Mu#!"malat 89r!"blus .
127
Issu d’une famille maronite , Gabriel aurait passé son enfance dans son
village, où il travaille aux champs comme tous les gens de son époque. Il se
128
présente parfois comme étant un poète . Nous savons également qu’il est
129
confié au prêtre Ibr"#h$%m Ibn Dray! pour apprendre le syriaque et la lecture des
livres liturgiques comme c’est la coutume. Dans son poème, Contre ceux qui
130
ont semé l’ivraie parmi les maronites, Ibn al-Qil"#!$% désigne l’évêque Ibr"#h$%m
comme étant aussi l’un de ses maîtres.
Atteint d’une maladie ophtalmique, un « relâchement » d’après l’expression
131
de Douaihy , Ibn al-Qil"#!$% raconte qu’il en est guéri par l’intercession de saint
132
N,-hr"# (Lucius) , dont une ancienne église se trouve toujours à Sm"#r Jbeil, non
loin de Le0/fed. Douaihy nuance cette histoire et avance que cet accident de
santé est la cause principale de la rupture d’Ibn al-Qil"#!$% avec sa fiancée. À
partir de ce moment, il fuit le monde et « la Providence l’a conduit à Jérusalem,
133
où il trouva sa vocation religieuse » .

2.3 Sa vocation religieuse


Sur sa vocation religieuse plusieurs traditions s’opposent. Douaihy en
évoque au moins deux versions : dans ses Annales, il raconte que lors d’un
pèlerinage à Jérusalem, en 1471, Gabriel fait la connaissance des frères
« francs » de saint François, prend leur habit monastique et va ensuite à Rome
134
pour apprendre les sciences mathématiques et théologiques . Mais Douaihy,

125. Voir Lettre aux gens de Le12fed.


126. Voir Sur le zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles.
127. Voir Lettre contre les jacobites.
128. Voir Lettre contre les jacobites.
129. Voir Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites.
130. Ibr'%h(!m Ibn "4ibli7; d’Ehden, consacré évêque en 1488. Il séjourne pendant un certain temps
au couvent M'%r Ya&q+,b à Ehden, appelé le couvent des Éthiopiens. VS 215, f. 98v ;
Annales/Fahd : 365-366.
131. Apologie/II : 245. Rouhana propose le ptosis. Voir ROUHANA 1998, I : 129.
132. Voir Sur saint Lucius.
133. Apologie/II : 245.
134. VA 683, f. 70v ; Annales/Taoutel : 214-215.
50 Chapitre II

lui-même, dit aussi que Gabriel et son compagnon Jean sont revenus au Mont-
Liban après être allés dans le « Pays des chrétiens » et avoir pris l’habit de saint
135 136
François à Rome . Dans son Apologie/II, il situe cet événement en 1470 .
Les sources franciscaines attribuent la vocation d’Ibn al-Qil"#!$% aux bienfaits
du frère Gryphon († 1475), légat papal auprès des maronites pendant 25 ans.
137
Wadding relate que Gryphon reçoit deux adolescents maronites, Jean et
Gabriel, et après leur profession, les envoie à Venise et à Rome pour devenir
138
franciscains et apprendre le latin et les arts . C’est cette version qui est adoptée
139
par Lammens dans son article sur Gryphon .
140 141
Suriano énumère trois maronites : Jean, Gabriel et François et ajoute
142
qu’il connaissait les trois, lesquels étaient sous sa juridiction , probablement
143
lors de son premier mandat comme gardien de la Terre sainte (1493-1496) ou

135. VS 215, f. 99r ; Annales/Fahd : 367 ; dans Apologie/II : 245, il fait entrer Ibn al-Qil'%&(!
d’abord à Jérusalem, avant de devenir religieux à Rome.
136. Apologie/II : 245.
137. WADDING, Annales, XIV : 148, note que Jean est devenu évêque maronite ; Suriano ajoute
qu’il est élu, par tout le peuple, archevêque de &<=q+,r'% et ajoute : « Who in this office as a
good pastor ruled his people well: and full of good works he died at the time of my first
guardianship. » [1493-1496] SURIANO 1900 : 70-71 ; SURIANO 1949 : 83-84. Ce Jean sera
fameux par l’élégie que compose Ibn al-Qil'%&(! à sa mémoire après sa noyade en mer. Voir
Éloge funèbre de Jean.
138. Duos bonae indolis adolescentes ad Ordinem recepit, Joannem et Gabrielem, quos, emissa
professione, Venetias et in Urbem destinavit, ut linguam Latinam bonasque artes ediscerent.
Uterque postea factus est Episcopus, multumque in sua gente profecit. WADDING, Annales,
XIV : 148 ; repris par HAROLD 1662, II : 478.
139. LAMMENS 1899 : 98.
140. Un frère franciscain d’origine maronite, nommé Antonio, semble précéder nos trois
maronites. Le commissaire Alexandre d’Arioste (1475-1478) note : Un Maronita
franciscano, sin duda Antonio, que habia sido destinado para acompańar à Ludovico de
Revere y que ahora servirá de interprete a Ariosto, y un hermano lego, cuyo nombre
desconocemos. ARCE 1973 : 241. Frère Ludovico a déjà écrit à propos d’Antonio : Ex
maronitis oriundus, mihi apud Maronitas Syrosque ultro citroque verba interpretabatur.
ARCE 1973 : 241, citant AFH 49(1956) : 146.
141. SURIANO 1900 : 71, ajoute que François est mort senza dignità ecclesiastica ; voir également
SURIANO 1949 : 84. Cela est arrivé avant la rédaction du deuxième brouillon de l’œuvre de
Suriano (en 1514). Golubovich note que dans l’édition de Bindoni (1524), il est écrit à
propos de François : l’altro finite in la sua simplicità. SURIANO 1900 : 71, n. 14.
142. Li quali tuti ho conosciuti, et havuti subditi. SURIANO 1900 : 70 ; SURIANO 1949 : 84.
143. De questi Maronithi frate Griphone ne vestite tre, et feceli frati nostri ; et mandoli a Venetia
et doventoro docti in rason canonica, li quali tuti ho conoscuiti, et havuti subditi. SURIANO
1900 : 70 ; SURIANO 1949 : 83. Notons que Suriano était Gardien de Terre sainte à deux
reprises : 1493-1496 et 1513-1515. SURIANO 1949 : 4.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 51

même, au moins pour Gabriel et Jean, lors de son mandat de supérieur du


144
couvent de Beyrouth (1481-1484) .
Dans tous les cas, Gabriel trouve sa vocation religieuse chez les Observants
et non chez les Conventuels, parce que son maître Gryphon est devenu
145
observant avant son arrivée en Orient et que la Custodie de Syrie est déjà
146
entre les mains des Observants .
147
Si Douaihy situe cet événement en 1470 , Jabre-Mouawad croit que
Gryphon « a dû opérer son choix [de recruter de jeunes maronites] avant son
148
voyage à Rome en 1468 » .
Quoi qu’il en soit, cela devrait avoir eu lieu avant la retraite et la mort de
Gryphon en 1475.

2.4 Le noviciat à Jérusalem


Les franciscains avaient un couvent à Jérusalem qui fut détruit en 1294.
149
Mais, vers 1335 , ils fondèrent le couvent de Mont-Sion, à côté du Cénacle.
C’est probablement là que Gabriel et ses compagnons ont passé leur année
150
de noviciat , durant laquelle le novice doit s’initier aux fondements de la vie
franciscaine.
Notons également que ces jeunes maronites devaient, en principe, avoir au
mois seize ans, car c’était l’usage chez les Observants de ne pas accepter de
151
novices en deça de cet âge-là .
Le programme du noviciat paraît suivre le rythme suivant :
Franciscan novices were expected to learn the Divine Office and the breviary prayers, and
to fully internalize the principle of their chosen vocation : the life of evangelical
perfection. This amounted to an overall program of personal transformation, which
comprised complete discipline over body and mind, gearing the novices towards poverty,

144. SURIANO 1900 : xxxv-xxxvi ; SURIANO 1949 : 2. La première version du traité de Suriano
(1485) fait remonter ce séjour à 1480. Voir SURIANO 1949 : 32, note b.
145. ARCE 1973 : 165-166 ; DE TRŒYER 1988 : 453.
146. MOORMAN 1983.
147. Apologie/II : 240, 245.
148. JABRE-MOUAWAD 2001 : 67.
149. SURIANO 1949 : 3 ; MOORMAN 1983 : 236-237, fixe la fondation officielle vers 1342.
150. RŒST 2000 : 238. Trois ans dans JABRE-MOUAWAD 2001 : 69.
151. RŒST 2000 : 242.
52 Chapitre II

humility, obedience, self-negation, and the love of God. For this personal transformation,
the Franciscan novices were subjected to various forms of communal religious instruction,
152
manual labour, and exercises in singing, private reading, prayer, and meditation.

Ajoutons que ce programme suit sans doute les cadences de la fameuse


153
Regula Novitiorum de Bonaventure, même chez les Observants . C’est
certainement là aussi qu’Ibn al-Qil"#!$% apprend la tradition franciscaine d’assister
154
à la messe chaque jour .
Loin de ce rythme religieux ascétique, Douaihy remarque que Gabriel se
trouve à Jérusalem en même temps que Noé de Bq,-f"#, recruté par l’évêque
jacobite Dioscore, et qui deviendra un jour le grand agitateur du jacobitisme au
Mont-Liban et même patriarche de l’Église syriaque orthodoxe, ou jacobite
155
(† 1509). Après Douaihy, beaucoup ont réitéré cette information , qui ne nous
156
semble pas pour autant très exacte .
Il semble que Douaihy ait supposé un séjour de Noé à Jérusalem en partant
du fait que Dioscore Ibn C8aw est l’évêque jacobite de Jérusalem et que Noé lui-
157
même l’appelle son maître . Or, nous savons, d’après les sources jacobites, que
Dioscore séjourne au couvent M"#r M,-s"# al-23ab:>$% dans le Nebek (Syrie) et que,
158
de là, il administre son diocèse . En outre, c’est dans ce même couvent que
Noé embrasse la vie monastique sous l’égide de son maître Dioscore, avant
159
d’intégrer un autre couvent de la région .

152. RŒST 2000 : 244.


153. Pour le contenu de cette Règle, voir RŒST 2000 : 247-248.
154. Voir La messe et ses rubriques, n° 98.
155. JABRE-MOUAWAD 2001 : 70-71, écrit : « À partir de là, on ne peut manquer d’être frappé par
le parallélisme, en même temps que par l’opposition, des itinéraires spirituel et intellectuel
de ces jeunes gens du Mont-Liban : l’un, maronite devenu latin, l’autre, maronite devenu
syriaque jacobite… »
156. Sur le type de relation entre Ibn al-Qil'%&(! et Noé, voir Lettre contre les jacobites.
157. Douaihy se fonde sur le colophon d’un évangéliaire copié par Noé même et qui se trouve à
son époque à Chypre. VS 215, f. 94v ; VA 683, f. 70v ; Annales/Fahd : 353 ;
Annales/Taoutel : 214 ; Apologie/II : 245-246. Ce manuscrit est l’actuel VS 271.
158. Voir BCHEIRY 2003 : 613-614.
159. Voir BCHEIRY 2003 : 645, qui note que Noé signale lui-même son entrée à Mar M+,s'% dans le
manuscrit Bodl. Marsh 437.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 53

2.5 La formation à Venise


À l’instar de Wadding qui envoie, une fois leurs vœux professés, emissa
160 161
professi , les nouvelles recrues à Venise , la plupart des historiens
considèrent que ces jeunes maronites professent leurs vœux religieux au
162 163
couvent du Mont-Sion, devant le Gardien ou même Gryphon , avant de se
164
rendre à Venise pour la formation sacerdotale .
Alors, dans l’impossibilité d’acquérir une formation sacerdotale à
165
Jérusalem, les franciscains maronites sont envoyés à Venise ut linguam
166
Latinam bonasque artes ediscerent selon Wadding , ou bien where they
167
became learned in canon law, selon Suriano .
Le parcours académique suivi par Ibn al-Qil"#!$% durant sa formation
sacerdotale est apparemment le parcours classique de son époque, appelé le
168
système des « arts libéraux » , formé de plusieurs degrés de la science.
À plusieurs reprises, Ibn al-Qil"#!$% présente les divers degrés de la science de
son temps. Une fois il considère qu’ils sont au nombre de quatorze, mais n’en
cite que onze : la théologie, la philosophie, le droit, la médecine, la géométrie,
l’astronomie, l’arithmétique, la musique, la logique, la rhétorique et la
169
grammaire .
Dans un autre traité, il en énumère neuf : la grammaire, la rhétorique, la
logique, la philosophie, l’astrologie, la géométrie, la théologie, la médecine et la
170
musique .

160. WADDING, Annales, XIV : 148 ; HAROLD 1662, II : 478.


161. Guzzo situe l’emplacement de cette formation au couvent Saint-François-de-la-Vigne.
GUZZO 1938 : 21.
162. Gryphon ne vestite tre, et feceli frati nostri (SURIANO 1900 : 70 ; SURIANO 1949 : 83), ad
Ordinis habitum admisisse (HAROLD 1662, II : 477), ad Ordinem recepit (WADDING,
Annales, XIV : 148).
163. Il guardiano di Monte Sio tra i suoi privilegi aveva le facoltà di vestire frati all’Ordine e
riceverli ad profezzione. SURIANO 1900 : 66-67 ; SURIANO 1949 : 79-80.
164. ARCE 1973 : 233.
165. Voir La messe et ses rubriques.
166. WADDING, Annales, XIV : 148 ; HAROLD 1662, II : 478.
167. SURIANO 1900 : 70 ; SURIANO 1949 : 83.
168. Ce système est la base de toute formation au Moyen Âge. Il comporte le Trivium
(grammaire, rhétorique, logique) et le Quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie et
musique).
169. Voir L’Art bref de Raymond Lulle.
170. Voir Miscellanea (Borg Ar 136, f. 6v ; VA 644, f. 205r).
54 Chapitre II

Dans son traité Explication de la foi, il établit une liste plus détaillée : la
grammaire, la rhétorique, la logique, la philosophie, la géométrie, l’astrologie,
la théologie, l’arithmétique, la scolastique, la musique, le droit canonique, la
physique, la nécromancie, la médecine, la chirurgie et l’histoire (connaître
l’Ancien et le Nouveau Testament et les sciences de l’Église).
En tout cas, Ibn al-Qil"#!$% veut affirmer qu’il a acquis le degré de la théologie
(considéré comme le septième), lui permettant d’affronter les hérétiques et de
171
controverser avec eux ; car l’Église défend à quiconque de controverser avec
les non-croyants ou les hérétiques s’il ne s’est pas perfectionné dans les sciences
172
et n’a pas atteint le septième degré, en l’occurrence la science de la théologie .
À ce degré, il n’a plus plus besoin d’un maître terrestre, car « le maître éternel
173
est son guide dans le combat ; et si quelqu’un ose aborder des discussions
théologiques sans avoir obtenu ce degré, il tombe sous le coup des
174
excommunications » .
Combien de temps a duré cette formation pour acquérir le septième degré
de la théologie ? En parlant de l’astrologie, Ibn al-Qil"#!$% répond qu’il a étudié
175
pendant sept ans , sans jamais oser parler de ce type de science ni écrire à ce
176 177
sujet . Il a dû commencer par apprendre la grammaire puis la philosophie ,
178
avant de suivre, pendant trois ans, des études théologiques .
En somme, Ibn al-Qil"#!$% paraît bien instruit et versé dans les sciences. Nous
savons également qu’outre l’arabe et le syriaque, il doit connaître très bien
179
l’italien, le grec et le latin .
À part ses études académiques, Gabriel a visité plusieurs villes de l’Italie
180
telles Mantoue, où il a vu le tombeau de saint Syméon le Stylite .

171. Voir L’Art bref de Raymond Lulle ; Miscellanea ; Explication de la foi.


172. Voir Miscellanea.
173. Voir L’Art bref de Raymond Lulle.
174. Explication de la foi.
175. Sept ans (Mouski Syr. 13). Le ms. Alep 127 conserve la variante de « dix-sept ans », ce qui
semble logique si Ibn al-Qil'%&(! a vraiment suivi son parcours académique à l’université et est
devenu docteur. En fait, un parcours complet d’études demande, au XIVe siècle, au moins
seize ans de travail. RŒST 2000 : 100.
176. L’Art bref de Raymond Lulle.
177. Au XIVe siècle, le parcours académique ordinaire demandait trois ans de logique, deux ans de
philosophie, et trois ans de théologie. RŒST 2000 : 90.
178. De la philosophie, de l’astrologie et d’autres sujets. D’après Ibn al-Qil'%&(!, le signe distinctif
du théologien, qui a accompli le septième degré, était une ceinture d’or. Voir Ashqut 52,
f. 193v.
179. Voir Sur le zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 55

2.6 À Rome
Si Wadding, Harold et Suriano font de Venise le centre de formation pour
les jeunes maronites franciscains, pour Douaihy et tous les historiens qui l’ont
copié, cette formation a eu lieu au couvent de la crucifixion de Saint-Pierre,
181
nommé Saint-Pierre in Montorio . Arce s’aligne sur ce point de vue romain,
mais localise la formation aux couvents d’Aracœli et de San Pietro in
182
Vincoli : De Venecia continuaron su viaje a Roma, donde en el gran convento
de Araceli y en el de San Pedro in Montorio hallaron todas las facilidades para
183
estudiar la lengua latina, Humanidades, Filosofía y Teología.
184
En fait, Ibn al-Qil"#!$% mentionne qu’il a séjourné au couvent Aracœli , où il
185
a accompli avec son camarade Jean la formation théologique . Mais combien
de temps a duré ce séjour à Rome ? Ibn al-Qil"#!$% affirme avoir séjourné à Rome
pendant sept mois durant lesquels il visite les églises de Rome et leurs
186
vestiges . En cette période, il fait la connaissance de l’évêque !Abdallah, le
187
légat du patriarche jacobite au concile de Florence (1439) .
Ce séjour romain était fructueux, mais laborieux. Il ressort de l’éloge
funèbre, qu’Ibn al-Qil"#!$% compose en mémoire de son ami Jean, que plusieurs
personnes accusaient l’Église maronite d’hérésie. Il incombait aux jeunes
maronites franciscains de défendre alors leur nation vigoureusement et avec
188
acharnement .
189
Le même poème révèle que Jean et Gabriel sont ordonnés prêtres en
190
Italie . Est-ce à Venise ou à Rome ? Les écrits d’Ibn al-Qil"#!$% n’en révèlent

180. Voir Sur Syméon le Stylite.


181. Apologie/II : 240.
182. ARCE 1973 : 212
183. ARCE 1973 : 234.
184. Ibn al-Qil'%&(! arabise l’expression pour devenir Q,-!at as-sam,% (Livre des sermons : VA 641, f.
222r ; Kreim 62, f. 173r) ou &',-liqat as-sam,- (Miscellanea : Borg Ar 136, f. 217v ; VA 644, f.
255r). Ce couvent est légué aux franciscains par le pape Innocent IV en 1250. MOORMAN
1983 : 414.
185. Um al-12ul$%l (La Madonna della Incarnazione). Voir Éloge funèbre de Jean, v. 62. DOUAIHY
1993 : 179, distingue entre deux couvents : Ara Cœli et Sala Cœli. Il est repris par JABRE-
MOUAWAD 2001 : 75.
186. Voir Miscellanea.
187. Voir Lettre contre les jacobites. En fait, le 30 septembre 1444, en la basilique du Latran,
Abdala, archevêque d’Édesse, représentant de l’Église syrienne jacobite, embrasse l’union en
acceptant et signant la bulle Multa et admirabilia. GILL 1962 : 268.
188. Voir Éloge funèbre de Jean.
189. Voir Sur Syméon le Stylite.
190. Voir Éloge funèbre de Jean, v. 68.
56 Chapitre II

rien. Suriano situe l’ordination sacerdotale bien avant 1493, car Jean, devenu
entre-temps évêque de !ABq,-r"#, est mort durant le premier mandat de Suriano en
191
tant que Gardien de Terre sainte (1493-1496) . Une note de Suriano fait même
192
reculer cet événement bien avant 1485 .
Quant à Douaihy, il situe l’ordination sacerdotale d’Ibn al-Qil!"#$% en 1496,
193
bien après son retour en Orient .

2.7 Le retour en Orient


Suriano note dans son œuvre qu’une seule fois par an, après la fête de
l’Ascension, les galères vénitiennes transportent les pèlerins directement de
194
Venise à Jaffa sans aucune escale . Pour les autres périodes de l’année, le
voyageur qui prend le navire à Venise doit faire plusieurs escales, telles Corfu,
Modone (puis Zante après la chute de Modone), Crète, Rhodes, Chypre pour
195
arriver enfin à Beyrouth, Tripoli ou Jaffa .
Bien que nous estimions le trajet possible emprunté par notre auteur dans
son retour en Orient, nous ne savons pas exactement le moment de ce retour.
Arce n’en détermine pas la date, mais il souligne que :
Terminados sus estudios humanísticos y eclesiásticos, regresaron a Oriente. Primero
estarían algŭn tiempo en el convento de Mont Sión, junto al Cenáculo, y después irían a
Beirut, al convento del Salvador, desde el cual fueron irradiando su saber y exquisita
196
cultura theológica y jurídica entre sus paisanos del Líbano.

Quant à Douaihy, il dit, dans ses Annales, que le retour de Gabriel et de son
197
compagnon Jean eut lieu en 1493 . Paradoxalement, dans son Apologie, il
relate qu’en 1492, Gabriel retourne seul au pays ; il prête obéissance au nouveau
patriarche ?@im!,-n al-23ada*4$% (élu en 1492) et se dirige ensuite vers le couvent
198
franciscain de Jérusalem sous l’autorité du frère Francisco Suriano .

191. SURIANO 1900: 71 ; SURIANO 1949 : 84.


192. SURIANO 1900: 70, n° 1 ; SURIANO 1949 : 83.
193. Douaihy dit qu’Ibn al-Qil'%&(! est ordonné « prêtre latin ». VS 215, f. 100v ; VA 683, f. 73r ;
Annales/Fahd : 372 ; Annales/Taoutel : 222.
194. SURIANO 1949 : 33.
195. SURIANO 1949 : 36.
196. ARCE 1973 : 234.
197. VS 215, f. 99r ; VA 683, f. 72r ; Annales/Fahd : 367-368 ; Annales/Taoutel : 220.
198. Apologie/II : 253. Le P. Sacchi fait d’Ibn al-Qil'%&(! le compagnon de Gryphon dans sa mission
auprès des maronites (1450-1475). SACCHI 1951 : 32.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 57

Toutefois, une note manuscrite date le retour d’Ibn al-Qil"#!$% avant l’année
1492. Dans le ms. VS 320, qui contient plusieurs notes de donations faites à
l’église Notre-Dame à Talo (Chypre), Gabriel raconte (f. 46v) qu’il est déjà
venu à Talo en 1492, sous l’ordre de son supérieur à Jérusalem, pour enquêter
199
sur la situation des maronites .
En tout cas, deux informations supplémentaires précisent cette affaire : la
dernière date attestée du séjour de Gabriel à Rome est sa signature d’un traité de
200
controverse en 1483 . Et si nous prenons en considération la remarque de
201
Suriano, selon laquelle en 1485 il y avait déjà deux maronites à Jérusalem ,
nous pouvons avancer l’hypothèse qu’Ibn al-Qil"#!$% a dû revenir en Orient vers
1483-1485.
Une fois de retour, Ibn al-Qil"#!$%< se met à l’action.< D’après les informations
fournies par ses œuvres, nous pouvons au moins dater ses premiers écrits vers
202 203
1483 et les derniers vers 1507 , date de son consécration épiscopale, sachant
qu’il a écrit le Livre de la Loi bien plus tard, étant « devenu vieux », et qu’il a
signé son Testament spirituel en voyant la mort arriver.
Son séjour en Orient, avant son consécration épiscopale en 1507, se déroule
entre Qannoubine, Beyrouth et Jérusalem. Parfois, il dit qu’il est hors du Liban,
mais sans préciser l’endroit.
Du couvent Notre-Dame à Qannoubine, Ibn al-Qil"#!$% a écrit au moins deux
lettres : l’une adressée au patriarche +,im#-.n al-:;ada4<$% (16 novembre 1494) et
204
l’autre à Georges ar-R!"m$% (5 août 1495) . Il a également traduit, du latin en
arabe, la lettre envoyée par P. Suriano au patriarche ?@im!,-n al-23ada*4$% (la
205
traduction date du 25 novembre 1494) .
Quand il est à Beyrouth, Ibn al-Qil"#!$% séjourne, sans doute, au couvent
franciscain Saint-Sauveur d’où, à plusieurs reprises, il signe un traité, un poème
ou une lettre.

199. MAI, VS : 28-29, date cet événement de 1490.


200. Excommunication contre les melkites.
201. SURIANO 1900: 70, n° 1.
202. Excommunication contre les melkites.
203. Sur les quatre conciles.
204. Ibn al-Qil'%&(! y déclare que cela fait cinq mois qu’il est au Liban, qu’il va bientôt le quitter et
qu’il a expédié six fois la même lettre.
205. Bkerke 113 : 118.
58 Chapitre II

En effet, les franciscains possèdent à Beyrouth un couvent contigu à une


206
ancienne église dédiée au Saint-Sauveur . Suriano raconte que cette église fut
d’abord une synagogue transformée ensuite en église après un miracle. Les
chrétiens continuent, à l’époque de Suriano, de fêter tous les 8 novembre la
commémoration de la consécration de l’église et gagnent ainsi l’indulgence de
207
la fête .
Notons également que le couvent de Beyrouth fait partie de la Custodia
Syriae qui regroupe, en plus de Beyrouth, les couvents du Mont-Sion, du Saint-
208
Sépulcre et de Bethléem , ce qui explique la communication continue entre les
209
religieux de la Terre sainte et ceux de Beyrouth . Suriano avance trois
210
fonctions assumées par le couvent de Beyrouth :
– assurer les sacrements aux marchands occidentaux qui débarquent au port
de Beyrouth et gagner en contrepartie leurs aumônes ;
– aider les chrétiens réduits en esclavage ou capturés à racheter leur liberté
et à repartir dans les pays de la chrétienté. Ajoutons que les renégats affluent de
tout l’Orient pour se reconvertir au christianisme et repartir également en
Occident ;
– la troisième raison, qui est aussi la principale, est la sauvegarde du « sang
miraculeux du Christ », conservé à l’église Saint-Sauveur.
C’est dans cette ambiance-là que notre auteur communique avec sa
communauté maronite. Parmi les œuvres signées à Beyrouth, notons : Sur saint
Lucius (sans date), une partie de son traité, Explication de la foi (sans date),
Lettre aux gens de Le1(fed (12 décembre 1493), Lettre à l’évêque David (23
décembre 1495), Le livre des cinq sages (10 septembre 1498), Lettre au peuple

206. Le couvent de Beyrouth est fondé au début du XIIIe siècle et détruit ensuite en 1291. Une
nouvelle construction voit le jour à partir de 1345 ; en 1421 on lui rattache l’église Saint-
Sauveur. MOORMAN 1983 : 60. Sur l’emplacement de cette église se trouve aujourd’hui la
mosquée du Sérail. Voir JABRE-MOUAWAD 2003-2004 : 153.
207. SURIANO 1949 : 169-170.
208. ARCE 1973 : 192.
209. La comunicación de los Franciscanos entre Jerusalén y Beirut era bastante frecuente, por
razón del cambio de personal, de la predicatión cuaresmal, cada aňo, a los mercantes
europeos de esta ciudad, de las idas y venidas de nuevos misioneros de las varias naciones
de Europa y de tener que acompaňar a los peregrinos que entonces solían embarcar y
sesembarcar en aquel puerto. ARCE 1973 : 193.
210. SURIANO 1949 : 169.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 59

211
de Maron (7 mai 1499), Sur Syméon le Stylite (20 août 1500) . À Beyrouth, il
212
copie aussi un traité sur la Trinité en 1498 .
213
À Jérusalem, Ibn al-Qil"#!$% réside au couvent franciscain du Mont-Sion , à
partir duquel il visite, à plusieurs reprises, les grands sites religieux en Terre
214
sainte . Là, il conçoit au moins son poème Sur la vie de Marie et celle de
Jésus, en signalant qu’il écrit à la lueur des bougies, dans la nuit.
Dans trois traités, Ibn al-Qil"#!$% note qu’il est hors du Liban sans indiquer
son emplacement : Miscellanea, Testament spirituel et Éloge funèbre de Jean.

2.8 Sa mission auprès des maronites


L’une des premières missions effectuées par Ibn al-Qil"#!$%, après son retour,
est sa visite en 1492 au village de Talo (Chypre), où il est envoyé par son
215
supérieur à Jérusalem, pour enquêter sur la situation des maronites .
Ce qui est sûr c’est que dès son retour en Orient, Ibn al-Qil"#!$% renouvelle ses
contacts avec le peuple maronite et essaie de l’exhorter à en finir avec
l’infiltration jacobite qui risque de l’ébranler et de le faire dévier de la « foi
vraie et orthodoxe, celle de l’Église de Rome ».
En effet, Gabriel, comme son ami Jean, s’acharnait, pendant son séjour en
Italie, à défendre sa nation contre toute critique. Mais bientôt il se retrouve face
à l’amère réalité : au moins une partie de sa nation n’est plus « en parfaite
conformité » avec l’Église de Rome ; elle s’est laissée gagner par les idées
« hérétiques » des jacobites.
Ce choc s’aggrave, quand il découvre que la « déviation » a touché son
216 217 218
village natal, Le0/fed , ses camarades d’enfance et même des proches .

211. Avant d’écrire ce poème, Ibn al-Qil'%&(! entame une visite au tombeau du saint. Mais, d’après
la description qu’il en fait, nous pensons qu’il a visité le Mont-Admirable où vivait saint
Syméon le Jeune, en se croyant devant la colonne de saint Syméon le Stylite à Cyr (ou
Cyrrhus).
212. Sur les hérésies (un traité faussement attribué à Ibn al-Qil'%&(!).
213. Il dit vivre « avec des frères francs ». Voir Sur la vie de Marie et celle de Jésus, v. 741.
214. Il fait la description de plusieurs localités à Jérusalem, à Hébron, à Bethléem… Voir Lettre
contre les jacobites ; Sur la vie de Marie et celle de Jésus.
215. VS 320, f. 46v.
216. Voir Lettre aux gens de Le12fed.
217. Voir Lettre aux gens de Le12fed.
218. Voir Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites.
60 Chapitre II

Bouleversé et indigné, il attaque son village, lance des diatribes contre les
« égarés » et menace les « entêtés » de lourdes excommunications.
219
Dans son poème Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites ,
Ibn al-Qil"#!$% relate comment lors de sa rencontre avec le muqaddam pro-jacobite
!Abdel Min!im Ayy,-b, celui-ci le menace s’il persiste dans son attaque contre
les jacobites. Mais cette menace ne l’impressionne pas ; au contraire, il défie le
muqaddam, et à travers lui, tout le mouvement jacobite du Mont-Liban.
Déjà avant 1489, dans sa Lettre contre les jacobites, il s’attaque au livre de
Noé, l’évêque jacobite d’Emèse et essaie de contester les idées jacobites. Dans
220
une lettre non datée que nous pouvons situer dans le même contexte , Ibn al-
Qil"#!$% continue sa réfutation des thèses jacobites et exhorte son lecteur à la
conversion et à la pénitence, car « tous les peuples qui se sont égarés et ne se
sont pas repentis ont semé l’échec ».
Cette ambiance de controverse rythmera son séjour en Orient jusqu’au bout.
Dans les années 1493-1495, Ibn al-Qil"#!$% multiplie ses interventions, ses
exhortations et ses « menaces ». En août 1495, il déclare avoir déjà expédié 456
lettres à plusieurs personnes dans la communauté maronite dont la plupart
221
restent sans réponse .
En effet, le problème qui était d’abord celui de quelques moines, de
quelques petits groupes, de quelques localités dans le Mont-Liban, paraît
222
s’aggraver avec le temps. Le patriarche ?@im!,-n al-23ada*4$%, élu en 1492 , sera
même attaqué par Ibn al-Qil"#!$%, si ce n’est pour complicité au moins pour
négligence. Et Gabriel, qui n’était jusqu’à présent qu’un simple défenseur zélé
de l’attachement à l’Église de Rome, devient, à partir de la fin de 1494, un
envoyé officiel de la part de ses supérieurs pour enquêter sur la situation des
maronites et en établir un état des lieux.
223
Le 23 novembre 1494, le père Francisco Suriano transmet une lettre au
nouveau patriarche maronite ?@im!,-n al-23ada*4$%. Dans cette lettre, le gardien de la
Terre sainte rappelle au patriarche l’union qui existe entre les maronites et
Rome et le fait que les nouveaux patriarches maronites avaient l’habitude,

219. Voir Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites.
220. Voir Lettre à un prêtre maronite.
221. Voir Lettre à Georges ar-R,-m*+.
222. VS 215, f. 99r ; VA 683, f. 72r ; Annales/Fahd : 367 ; Annales/Taoutel : 220. C’est le
patriarche )*im&+,n Ibn Daw+,d Ibn Y+,suf Ibn "4ass'%n al-"4ada56(!.
223. Voir le texte arabe traduit par Ibn al-Qil'%&(! même dans Bkerke 113 : 180-182. La version
présentée par Douaihy dans son Apologie/II : 257-259, est incomplète.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 61

même le devoir, d’envoyer un émissaire chercher la confirmation et le pallium


auprès du Saint-Siège, ce que le nouveau patriarche n’a pas encore fait, d’où le
souci de Suriano : « Pourquoi es-tu négligent [à propos] de la demande de ta
confirmation, de la proclamation de ta foi et de ton union avec l’Église de
Dieu ? »
Ce rappel du gardien a bien ses raisons : les « ennemis » du patriarche l’ont
accusé, ainsi que son peuple maronite, d’avoir dévié de la foi de leurs ancêtres
et d’avoir rompu l’union avec l’Église de Rome. Les accusateurs se trouvent en
ce moment à Chypre et sont prêts à prouver que le patriarche a bien abandonné
la foi de ses pères.
Suriano demande alors au patriarche de se justifier, de renouveler l’acte de
foi et d’apposer sa signature et celle des évêques, des prêtres, des nobles et des
représentants du peuple maronite. Il lui rappelle qu’en 1469, à l’époque de frère
Gryphon, lui-même, le patriarche, étant évêque, a apposé sa signature sur l’acte
de foi signé par les représentants du peuple maronite.
Pour accomplir cette mission, Suriano envoie frère Gabriel enquêter sur ces
accusations et chercher l’acte de foi du patriarche et de son peuple. Le rapport
d’Ibn al-Qil"#!$% est donc d’une grande importance, car c’est à la lumière de sa
synthèse que l’autorité ecclésiastique va acquitter le patriarche et son peuple des
accusations portées contre eux ou bien va confirmer ces accusations et
considérera ainsi les maronites comme des hérétiques tombés sous le coup des
excommunications du pape et en dehors de l’Église. Le choix d’Ibn al-Qil"#!$%
224
pour cette mission repose sur le fait « qu’il est un orateur éloquent , qu’il en
225
connaît les tenants et les aboutissants ».
Cette lettre de Suriano ne semble pas être la première dans ce contexte
226
confus et crispé. Déjà dans sa lettre au patriarche maronite , datée du 16
novembre 1494, Ibn al-Qil"#!$% exprime son mécontentement : il lui a déjà
transmis plusieurs lettres demeurées sans réponse ; et pourtant, c’est le
patriarche même qui a demandé sa présence auprès de son supérieur, afin qu’il
227
soit son conseiller dans la réforme demandée par Rome .
Il est vrai que ce n’est pas la première fois qu’Ibn al-Qil"#!$% se trouve au
Mont-Liban pour prêcher au peuple et porter conseil au patriarche, mais cette

224. Ma!hu !ib,-rat al-lis,-n.


225. Ya!rif 16ar45ukum wa du16$%lukum .
226. Lettre au patriarche "#im!$%n al-&'ada()*+.
227. Ibn al-Qil'%&(! compte y rester durant tout l’hiver 1495 avant de présenter son rapport, vers
Pâques, à son supérieur frère Suriano. Voir Lettre au patriarche "#im!$%n al-&'ada()*+.
62 Chapitre II

fois-ci, il se considère en mission officielle ; il doit enquêter sur les accusations


portées contre le patriarche et réformer les habitudes sacramentelles non
conformes à l’usage romain et latin. Il ajoute qu’il a déjà apporté avec lui
quatorze bulles paples envoyées aux maronites et les a déposées au monastère
228
de Qannoubine .
229
Dans une lettre non datée , Ibn al-Qil"#!$% continue son combat et met en
garde les maronites « contre les loups rapaces », qui sévissent et « souillent leur
terre ». Il termine cette lettre sur un ton ferme, voire un cri strident :
« Réveillez-vous, ô maronites, et maudissez Jacques Baradée et ceux qui le
suivent, car ils ont corrompu votre pays qui était saint. »
Dans sa Lettre au peuple de Maron, datée du 7 mai 1499, Ibn al-Qil"#!$% se
livre à une attaque sévère contre les trois péchés « graves », qui continuent de
sévir parmi les maronites : le changement de la doctrine dans l’expression,
l’action et la participation ; l’acceptation de la corruption et de l’usure et la
fréquentation des non-croyants, ainsi que le fait que des femmes et des hommes
vivent ensemble dans les monastères.
Mais déjà, nous le voyons fatigué et désespéré même, car, à la fin de cette
lettre, Ibn al-Qil"#!$% lance un dernier appel à son pays, qui est au diapason de
celui de Jonas adressé aux habitants de Ninive. Il lui demande une dernière fois
de rejeter les trois péchés susmentionnés et d’expulser les perturbateurs, afin
que la paix revienne : « Si vous ne vous efforcez pas rapidement d’abolir la
cause [des péchés], ne doutez pas que le fléau sera envoyé et vous l’endurerez et
je suis innocent de votre sang. »
Après cette lettre, nous perdons la trace d’Ibn al-Qil"#!$% au Liban et il ne
réapparaît qu’en 1507.

2.9 Évêque de Chypre


Douaihy affirme qu’Ibn al-Qil"#!$% est ordonné « prêtre latin » en 1496 et
230
réside au couvent de la Sainte-Croix à Nicosie . Or, nous avons vu que son
ordination sacerdotale a eu lieu plutôt en Italie avant son retour en Orient. Quant
au séjour à Chypre vers l’année 1496, il est difficilement plausible, vu
l’engagement d’Ibn al-Qil"#!$% en cette période dans les affaires de sa nation
maronite. Notons également que c’est seulement en 1667 que le couvent de la

228. Voir Collection des bulles adressées aux maronites.


229. Voir Lettre aux habitants du Mont-Liban.
230. VS 215, f. 100v ; VA 683, f. 73r ; Annales/Fahd : 372 ; Annales/Taoutel : 222.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 63

231
Sainte-Croix des franciscains de Nicosie passe de l’obédience
232
« conventuelle » à celle des « Observants » .
Il nous semble logique alors qu’Ibn al-Qil"#!$% arrive à Chypre après son
consécration épiscopale, en 1507. C’est Douaihy qui mentionne cet événement
et dit que Gabriel est élu successeur de l’évêque défunt de l’île, Y,-suf du
233
village de Kasaphani (Chypre). Ibn al-Qil"#!$% réside d’abord au couvent Saints-
N,-hra-(Lucius)-et-Antoine à Nicosie, siège épiscopal maronite, puis transfère
son siège au couvent Saint-Georges à 78"#l"# (Talo). Douaihy ajoute qu’il
234
« administrait son évêché avec attachement et zèle » .
Les chroniqueurs franciscains confirment l’élection d’Ibn al-Qil"#!$% comme
235
évêque de Chypre : Wadding dit que Gabriel est élu évêque pour sa nation .
Suriano ajoute qu’il est évêque des maronites de Chypre et qu’il réside dans la
236
ville de Lephcossia (Nicosie) . Quant à Civezza, il attribue au Saint-Siège
237
l’élection de Gabriel et de son confrère Jean, évêques dans leur pays . C’est
également l’opinion du P. Bruno, le premier recteur du Collège maronite à
238
Rome (1584-1590) .
De l’activité de l’évêque Gabriel à Chypre, nous n’en savons pas assez. Une
note inscrite dans un colophon du manuscrit d’origine chypriote mentionne que

231. Le premier couvent se situait dans une localité appelée Bellus Locus (Beaulieu) et c’est vers
1251 qu’il est transféré dans la ville même de Nicosie. MOORMAN 1983 : 341. Ce couvent est
appelé ensuite Notre-Dame-des-Champs, Beaulieu et Saint-Jean de Montfort ; il disparaît
après le démantèlement des anciennes forteresses par les Vénitiens, en 1567, et le
rétrécissement du tracé des remparts de Nicosie. Son emplacement devait se trouver au nord
de l’ancien cimetière Pehieos. BÉRAUD 1989 : 130-131.
232. BÉRAUD 1989 : 141.
233. Il est déjà cité par Ibn al-Qil'%&(! dans son poème Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les
maronites.
234. VS 215, f. 102r ; VA 683, f. 74v ; Annales/Fahd : 379 ; Annales/Taoutel : 226-227.
235. WADDING, Annales, XIV : 148.
236. SURIANO 1900 : 71 ; SURIANO 1949 : 84.
237. CIVEZZA 1861 : 268.
238. Poiché alcuni anni sono un Maronita chiamato Gabriele venne in Roma et entrò nella
religione di S. Francesco delle scarpe et per la sua buona vita fù fatto Vescovo, et mandato
in Soria ad aiutare quei paesi, ivi fece opere Apostoliche, poiché et confirmò la sua Natione
nella fede catolica, et scrissi tanti libri contra i Dioscoriani hoggi chimati Giacobiti, che ne
convertì molti, et i suoi scritti hoggi vi sono tenuti in molta estima et veneratione. VL 5528,
f. 29rv. Sur le mandat du P. Bruno et sa rédaction de ce manuscrit, intitutlé Collegium
Maroniticum, voir KURI 1994 : 41*
64 Chapitre II

l’évêque Gabriel a acheté un manuscrit en 1508 avant de l’offrir à son neveu, le


239
prêtre B,*+r,-s .
240
En 1510, le « 23a()()<D M01"#yil rejoint son frère, l’évêque Gabriel.
Ensemble, ils ajoutent dans l’église de la Vierge à Talo une nef latérale au nom
241
de saint !Abd"# =< L’existence d’une nef dédiée à saint !Abd"#< est attestée dans
242
une note de la main de l’évêque Gabriel, datée du 15 juillet 1511 =
Cette expatriation de Michel n’est pas en fait une croisière, mais un
déplacement forcé. Les conditions déjà dures qui rythment la vie des
montagnards libanais deviennent insupportables. Les corvées collectives et les
taxes supplémentaires viennent aggraver les saisons de disette. Avec Michel,
cent vingts autres personnes de la région de Jbeil prennent le large, ensemble,
sur la même embarcation, dans l’espoir de trouver à Chypre des conditions de
243
vie plus clémentes .
244
Douaihy relate qu’en 1511, Ibn al-Qil"#!$%, toujours vivant, est remplacé par
un autre évêque, Sim!"#n. En nous appuyant sur les informations fournies par le
ms. VS 320, nous considérons que Douaihy se trompe dans son observation :
dans une note, qui occupe tout le folio 46v, Ibn al-Qil"#!$% écrit, en 1511, les noms
245
des personnes qui ont fait des donations à l’église Notre-Dame de Talo ; il
ajoute qu’il a déjà effectué un séjour au même village en 1492 à l’époque où
Sim!"#n en était l’évêque.
En 1514, les relations entre les évêques latins de Chypre et la hiérarchie
maronite sont devenues tellement crispées que le patriarche maronite n’a d’autre
choix que de s’adresser au pape Léon X (1513-1521) pour ordonner aux
évêques latins de Chypre de cesser de nuire aux propriétés du monastère Saint-
246
Jean (Kuzbandu ?) .

239. Ms. Rome 205, f. 53r, conservé au couvent Saint-Antoine de l’ordre des moines mariamites à
Rome. Voir FAHD 1972.
240. C’est le surnom de celui qui a accompli son pèlerinage en Terre sainte.
241. VS 215, f. 102v ; VA 683, f. 74v ; Annales/Fahd : 380 ; Annales/Taoutel : 228.
242. VS 320, f. 46v.
243. VS 215, f. 102v ; VA 683, f. 74v ; Annales/Fahd : 380 ; Annales/Taoutel : 228.
244. VS 215, f. 103r ; VA 683, f. 75r ; Annales/Fahd : 381 ; Annales/Taoutel : 228.
245. Dans une autre note du VS 320, f. 47r, Ibn al-Qil'%&(! écrit qu’il est, lui-même, « à l’origine du
village et de l’église ».
246. VS 215, f. 103v ; VA 683, f. 76r ; Annales/Fahd : 385 ; Annales/Taoutel : 231. Voir
également l’analyse de Douaihy dans Apologie/II : 269, 272, 284 et 325.
Ce monastère, n’existant plus aujourd’hui, pourrait être localisé non loin de l’actuel
monastère grec-orthodoxe, Saint-Jean-Chrysostome à Koutsovendis. SCHABEL 2005 : 166.
La vie de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 65

Le pape répond, en 1515, en confirmant au patriarche le droit des maronites


sur les biens du couvent Saint-Jean et sur les autres propriétés maronites à
Chypre ; il l’informe également qu’il a déjà expédié une lettre au représentant
vénitien dans l’île afin qu’il s’occupe des maronites, ainsi qu’une autre lettre à
247
l’évêque latin pour qu’il cesse d’inquiéter les maronites .
Cette affaire ne cessera d’être un point de discorde tout au long du XVIe
248
siècle .

2.10 Sa mort
Suriano note qu’en 1514, Ibn al-Qil"#!$% est toujours en vie et très âgé : grown
249
old and full of years he is still living .
250
Douaihy attribue deux dates à la mort d’Ibn al-Qil"#!$% : dans son Apologie ,
251
il la situe en 1515, alors que dans ses Annales , il la fixe en 1516.

Après l’énumération de ses écrits, Douaihy rend hommage à l’œuvre d’Ibn


al-Qil"#!$% comme dans une oraison funèbre :
La langue est incapable de décrire sa sainteté, sa culture et son zèle ; tout seul, il a soutenu
sa nation quand les hérésies l’ont encerclée et qu’elle a failli disparaître. Il ne l’a pas
soutenu dans sa vie seulement, mais également par le moyen des œuvres qu’il a laissées
252
après lui [après sa mort].

Ayant senti que la mort rôdait autour de lui, Ibn al-Qil"#!$% s’adresse une
dernière fois à ses compatriotes et leur envoie son Testament spirituel :
À mes frères et amis : consolation et adieu avant la mort à l’étranger. Bienheureux celui
qui la lit dans un cœur attentif, parce qu’elle le lave de la rouille. Ô mes frères, chassez
loin de vous tout chagrin, toute tristesse et tout pleur ; et, vous tous, réjouissez-vous par la
253
parole de la joie et l’exaltation.

247. VS 215, f. 105r ; VA 683, f. 76rv ; Annales/Fahd : 388 ; Annales/Taoutel : 232.


248. Apologie/II : 269 (1514), 272 (1515), 284 (1559).
249. SURIANO 1900 : 71 ; SURIANO 1949 : 84.
250. Apologie/II : 265.
251. VS 215, f. 107r ; VA 683, f. 78v ; Annales/Fahd : 395 ; Annales/Taoutel : 237.
252. VS 215, f. 107r ; VA 683, f. 78v ; Annales/Fahd : 395 ; Annales/Taoutel : 237.
253. Testament spirituel (Borg Ar 136, f. 148v).
66 Chapitre II

Et, pour conclure, il écrit :


Ô mes frères, ce n’est pas de mes propres connaissances que je vous ai écrit cette lettre,
que j’ai appelée alliance ou testament à votre charité, parce qu’elle contient les paroles de
vie, mais [je l’ai écrite] de l’enseignement de notre Seigneur et de ses Apôtres, et de
l’enseignement des docteurs que j’ai appris. Si vous la lisez et la conservez, vous aurez la
254
gloire éternelle. Priez pour ma misère. Amen.

254. Testament spirituel (Borg Ar 136, f. 160r ; VA 644, f. 194v).


CHAPITRE III
LE CORPUS DE GABRIEL IBN AL-QIL!!""#

Introduction
Le corpus de Gabriel Ibn al-Qil"#!$% n’a pas encore été l’objet d’une étude
complète et exhaustive.
Le premier à avoir énuméré les œuvres d’Ibn al-Qil"#!$% est le patriarche
Douaihy (†!1704) qui, dans ses Annales, évoque globalement les grands thèmes
1
élaborés par notre auteur :
Il [Ibn al-Qil'%&(!] a composé :
un livre de Loi,
un livre de sermons,
un livre sur la confession,
un livre sur les histoires des papes de Rome,
un livre sur les rois de Rome,
un livre sur la croyance de la nation maronite et de son union avec l’Église de Rome,
un livre sur la mort et la résurrection2,
un livre sur la foi orthodoxe et sur les mystères de la vie du Christ,
un livre sur la primauté du pape de Rome,
un livre sur la théologie.
Il a traduit en arabe :
le synaxaire romain3
et une homélie sur la Passion du Sauveur!4.
[Il a écrit] également environ cinq cents lettres pour les fils de sa nation, afin qu’ils
persévèrent dans la foi de Maron [l’Église maronite] et l’Église de Rome.
Il a composé, dans l’art poétique, plusieurs éloges :
sur la vie du Christ, sa Passion et sa mère étant debout sous la Croix,
sur le mystère de la Trinité et de l’Incarnation,
sur les deux natures et volontés dans le Christ,
sur la procession du Saint-Esprit, du Père et du Fils,
sur la foi,
sur les actes des apôtres bienheureux,

1. La version donnée dans VA 683 (f. 78v-79r) reproduit le même texte, mais avec quelques
omissions. Voir Annales/Taoutel : 237.
2. Omis dans VA 683.
3. Omis dans VA 683.
4. Omis dans VA 683.
68 Chapitre III

sur la Vierge immaculée qui est la mère du Salut,


sur les quatre conciles,
sur saint Maron d’Antioche,
sur Constantin et le début du christianisme,
sur Abraham l’ami de Dieu,
sur saint Alexis de Rome,
sur saint Chayna le brigand,
sur saint Syméon de Jbeil,
sur saint Lucius de Sm'> Jbeil,
sur saint Georges de Lydda,
sur sainte Barbe de Baalbek,
sur sainte Euphrosyne d’Alexandrie,
sur l’histoire du Kisrwan et les maronites,
sur ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites,
sur son compagnon Fra Jean,
sur la moniale qui a défroqué
et sur la connaissance des sphères, des zodiaques et des mesures.
[Il a également composé] plusieurs poèmes :
sur les sciences,
sur la pénitence,
sur la mort,
sur l’âme,
sur les formes du mariage
et bien d’autres encore que, pour raison de brièveté, nous passons sous silence5.

La plupart des historiens ultérieurs se sont contentés de reprendre le texte de


6
Douaihy, jusqu’à ce que Graf publiât son Histoire de la littérature chrétienne ,
où, dans le troisième volume, il essaie de vérifier les données de Douaihy et de
7
localiser les manuscrits contenant les œuvres d’Ibn al-Qil"#!$% .
8
Dans l’entretemps, ce sont surtout les pères Louis Cheikho et Ibrahim
9
Harfouche qui publièrent des poèmes et des lettres d’Ibn al-Qil"#!$%, en
l’occurrence, dans les revues Machriq et al-Manara.

5. VS 215, f. 107rv ; Annales/Fahd : 395-397.


6. Geschichte der christlichen arabischen Literatur, (5 tomes).
7. Pages 312-333.
8. Voir sous le nom de CHEIKHO : 1904, 1905, Calendrier, Martyr de saint Georges, Saint
Georges.
9. Voir sous le nom de HARFOUCHE : 1931, 1932, Rameaux, Constantin, Sous la Croix, Tripoli.
Le corpus de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 69

Le père Georges Manache édite, en 1920, l’éloge funèbre que composa Ibn
10
al-Qil"#!$% pour évoquer la mémoire de son ami Jean, mort noyé .
À partir de 1935, le père Boulos Carali publie, pour la première fois, le
fameux poème épique d’Ibn al-Qil"#!$% sur l’histoire des maronites et de leurs
11
Muqaddam$%n. Il intitule son édition Les guerres des chefs .
À la fin de l’édition de Carali, et en guise d’annexe, le père Tobie Anaissi
livre au lecteur une liste des manuscrits comportant les œuvres d’Ibn al-Qil"#!$% et
12
conservés à la Bibliothèque vaticane .
En 1959, le père Hector Douaihy soutient sa thèse à l’Université
Grégorienne de Rome. Son sujet porte sur le contenu de dix manuscrits
conservés à la Bibliothèque vaticane et qui comportent des œuvres d’Ibn al-
13
Qil"#!$%. Cette thèse est éditée en 1993 .
Le père Pierre Gemayel édite en 1982 un recueil de poèmes attribués à Ibn
al-Qil"#!$%. Il consacre tout un chapitre à l’identification des œuvres de cet auteur
14
en se fondant sur la liste de Douaihy et sur les travaux de Graf .
En 1985, le père Fouad El-Hage soutient, à l’Université Pontificale du
Latran, une thèse en droit canonique dont le thème est le sacrement du mariage
chez les maronites. Une grande partie est consacrée à une œuvre d’Ibn al-Qil"#!$%
dans laquelle celui-ci traite de ce sacrement en se fondant sur les sources
15
occidentales. Cette thèse est ensuite éditée en 2001 .
Michel Breydy prend à son compte la « mise à jour » des informations
données par Graf sur les maronites et publie son livre sur L’histoire de la
16
littérature arabe et syriaque des maronites entre le VIIe et le XVIe siècle .
Breydy reprend la plupart des informations fournies par Graf et essaie d’y
ajouter de nouvelles références et informations en indiquant de nouveaux
manuscrits et de nouvelles sources directes ou indirectes.

10. Voir MANACHE 1920.


11. Ce poème fut édité d’abord en tant que feuilleton, entre 1930 et 1931, dans la Revue
patriarcale, avant d’être publié intégralement en 1937. Voir CARALI 1937.
12. CARALI 1937 : 79-84.
13. Voir H. DOUAIHY 1993.
14. Voir GEMAYEL 1982.
15. Voir EL-HAGE 2001.
16. Geschichte der Syro-Arabischen Literatur der Maroniten vom VII. bis XVI. Jahrhundert.
Voir BREYDY 1985.
70 Chapitre III

À partir de 1995, Elie Kallas entreprend l’étude de la « littérature néo-arabe


17
libanaise » dont le corpus d’Ibn al-Qil"#!$% constitue le noyau .
En 2001, Mme Ray Jabre-Mouawad publie deux lettres d’Ibn al-Qil"#!$%
qu’elle fait précéder d’une longue introduction portant sur la vie et l’œuvre de
18
l’auteur .
Il s’agit là d’un survol des auteurs qui essayèrent de travailler sur le corpus
d’Ibn al-Qil"#!$%, ou d’en éditer quelques morceaux.
Nous allons, à notre tour, nous atteler à cette tâche en prenant en
considération toutes les tentatives précédentes déjà mentionnées. Néanmoins,
notre travail essentiel sera le recours aux sources manuscrites, afin d’en vérifier
chaque détail et de mieux reconstruire le corpus d’Ibn al-Qil"#!$%.
Commençons d’abord par analyser les œuvres que nous attribuons à Ibn al-
Qil"#!$% sans aucune ambiguïté. Elles sont au nombre de quarante-quatre dont dix-
19
neuf sont des œuvres en prose, neuf des écrits épistolaires et seize des poèmes .
Neuf pièces sont traitées comme « probablement » appartenant au corpus
d’Ibn al-Qil"#!$%, faute de preuves tangibles. Il reste une collection de trente
œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil"#!$% et dont les preuves sont
tellement évidentes pour les exclure du corpus.
Suivent certaines œuvres, attribuées par divers auteurs à Ibn al-Qil"#!$%, mais
qui demeurent toutefois inconnues et introuvables dans l’état actuel des
20
recherches .
Du point de vue chronologique, et pour mieux situer les œuvres d’Ibn al-
Qil"#!$% dans leur contexte historique, nous pouvons présenter ce schéma, certes,
lacunaire, mais qui nous semble représentatif et qui montre l’évolution de notre
auteur par rapport à ses écrits :

17. Voir les différentes références bibliographiques de Kallas.


18. Voir JABRE-MOUAWAD 2001.
19. Pour plus d’informations sur la valeur littéraire et poétique des œuvres d’Ibn al-Qil'%&(!, voir
WUHAYBEH 1952 ; ABDEL-NOUR 1966 ; GEMAYEL 1982 : 49-71 ; JABRE-MOUAWAD 2001 :
101-104 et les divers articles de KALLAS.
20. Notons l’existence de plusieurs œuvres attribuées à des personnages qui appartiennent à
l’entourage d’Ibn al-Qil'%&(! (disciples, originaires du même village) : Un poème écrit en 1509,
par Y+,./ann'%, disciple d’Ibn al-Qil'%&(! (VS 231, f. 27v-32v) ; un poème, dont le style est très
proche de celui d’Ibn al-Qil'%&(!, est écrit par Ely'%s de Le./fed (Kreim 21, f. 29r-36r) ; un autre
poème sur Jésus, également dans le même style, est écrit par M.9'%y(!l Ibn al-Le./fdi (Alep 543,
f. 134v-156v).
Le corpus de Gabriel Ibn al-Qil'%&(! 71

1483 : Il traduit Excommunication contre les melkites (il


était encore à Rome).
1488 : Il écrit Sermons sur le saint sacrement (sans
indication de lieu).
Avant 1489 : Il expédie sa Lettre contre les jacobites, écrite à
l’époque du pape Innocent VIII (1484-1492) et Noé
évêque d’Émèse (1480-1489), par conséquent entre
1484 et 1489.
Le 12 décembre 1493 : Il expédie de Beyrouth sa Lettre aux gens de
Le1(fed.
Le 16 novembre 1494 : Il écrit à Qannoubine sa Lettre au patriarche
+,im#-.n al-:;ada4<$%.
Le 25 novembre 1494 : Il traduit la lettre expédiée par le père Suriano au
même patriarche.
Le 5 août 1495 : Il expédie de Qannoubine sa Lettre à Georges ar-
R!"m$%=< Il y écrit que cela fait 5 mois qu’il est au
Liban, qu’il va bientôt le quitter et qu’il a expédié
la même lettre 6 fois. Jusqu’à présent, il a expédié
456 lettres.
Le 23 décembre 1495 : Il expédie de Beyrouth sa Lettre à l’évêque David.
1495 : Cette année est la date terminus post quem des
poèmes Éloge funèbre de Jean et Contre ceux qui
ont semé l’ivraie parmi les maronites.
1495 : Il écrit une partie de l’Explication de la foi.
Le 10 septembre 1498 : Il termine, à Beyrouth, Le livre des cinq sages.
1498 : Il copie, à Beyrouth, un traité Sur les hérésies.
Le 7 mai 1499 : Il expédie, de Beyrouth, sa Lettre au peuple de
Maron.
Le 20 août 1500 : Il termine, à Beyrouth, son poème Sur Syméon le
Stylite.
1500 : Il écrit probablement une partie du Livre de la Loi.
Le 10 janvier 1503 : Il finit de relier le ms. Ashqut 52 et il y ajoute La
foi des maronites.
72 Chapitre III

1507 : Il finit son poème Sur les quatre conciles.


Après 1507 : « Étant devenu vieux », il écrit une partie du Livre
de la Loi.
Après 1507 : « Sentant la fin qui arrive », il écrit son Testament
spirituel.
73

1- Les œuvres en prose

1.1 Compendium theologicae veritatis


1.2 Explication de la foi
1.3 Le livre de la Loi
1.4 Sur la foi
1.5 La fleur de la Loi
1.6 Miscellanea
1.7 Le livre des sermons
1.8 Discours sur le saint sacrement
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques
1.10 Explication de la confession sacrée
1.11 Apocalypse de saint Jean
1.12 Commentaire du Prologue de saint Jean
1.13 L’Art bref de Raymond Lulle
1.14 Le livre des cinq sages de Raymond Lulle
1.15 De la philosophie, de l’astrologie et d’autres sujets
1.16 Traité sur le calendrier attribué à Eusèbe de Césarée
1.17 Excommunication contre les melkites
1.18 La foi des maronites
1.19 Collection de bulles adressées aux maronites
74
75

1
1.1 COMPENDIUM THEOLOGICAE VERITATIS

2 3
Cette œuvre est citée par Graf! et Breydy .
Graf cite les mss VA 643, Alep 127-1, Alep 128 et VS 249/I ; il est repris par
Breydy qui ajoute à la liste le VA 640. L’examen des manuscrits révèle que Graf
s’est trompé dans sa référence aux manuscrits d’Alep dont le contenu est
différent ; Breydy reprend la même erreur ; lui aussi se trompe dans son ajout
du VA 640.
S’agissant du VS 249/I, manquant à la Bibliothèque vaticane depuis 1828, il
nous est difficile de dire si son contenu est similaire à celui que nous étudions.
Graf le considère comme tel et Breydy le reprend. En fait, tout ce que nous
connaissons de ce manuscrit est puisé dans la notice donnée par Assemani dans
4 5
sa Bibliotheca Orientalis et dans son catalogue de la Bibliothèque vaticane .
Cette œuvre pourrait également être celle que le patriarche Douaihy a
attribuée à Ibn al-Qil"#!$% sous le titre Kit!"b #an #ilm al-il!"h$%y!"t [= un livre sur la
6
science de la théologie] .
Le texte de cette œuvre se trouve, dans sa version la plus complète, dans le
7
VA 643 (Introduction et livres I, II, IV, V et VI) , alors que les autres sont
8 9
fragmentaires : VA 425 (Livres IV et VI) ; Kreim 41 (Livres IV et VI) ; VA 642
10 11
(Livre VI) ; Mouski Syr. 13 (Livres IV, VI une partie du livre V et épilogue) .

1. Pour une question de commodité, la numérotation des notes de bas de page est renouvelée
pour chaque œuvre.
2. GRAF, GCAL, III : 312-313.
3. BREYDY 1985 : 183-187.
4. ASSEMANI, BO, I : 577, Gabrielis Barclai Episcopi Nicosiensis de Deo uno et Trino
Tractatus imperfectus.
5. ASSEMANI, BAV, III : 535, I. Gabrielis Barclai, Episcopi Nicosiensis, Maronitae, ‘Tractatus
de Deo uno et trino’, imperfectus. Assemani note en garchouni :
Nòìûþ˙ ˙ Üö@‡yìòì@‘‡Ôýe@òíÜaóÜö@æÈ@ðÈþÕÜö@æie@Þîa5u@ßíÔ@æà
6. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237. Voir
également Histoire/Chartouni : 153.
7. F. 4r-143v.
8. F. 19r-45r et f. 45r-68v.
9. F. 26v-50v et f. 50v-74v. Le ms. Kreim 42, f. 1-71v, est une copie récente et incomplète du
Kreim 41.
10. F. 2r-34r.
11. P. 178-214, 220-268 et 214-219.
76 Les œuvres en prose

12 13
Hector Douaihy en fait l’analyse d’après les mss VA 643 , VA 425 et
14
VA 642 .
Ibn al-Qil"#!$% ne révèle pas la source de son traité. Après avoir examiné
plusieurs Compendium du Moyen Âge, nous avons pu identifier le contenu de
cette collection comme étant la traduction arabe d’un traité constitué par le
15
dominicain alsacien Hugues Ripelin de Strasbourg (†1268) et intitulé
16
Compendium theologiae ou Compendium theologicae veritatis . Ce traité était
17 18
célèbre au Moyen Âge et fut attribué à beaucoup d’auteurs .
Dans le Mouski Syr. 13, le Compendium est intitulé par le copiste Le pré de
19
la vie . Le binôme Compendium theologiae est déformé par le copiste du
20
VA 643 qui l’appelle kunbedi-. teologia ou même nebdi-. Teologia, selon les
21 22
copistes du Kreim 41 et du VA 425 . Le copiste du VA 642 l’intitule Le livre
23
du Nomos de l’Église de Rome .
Ce traité, composé essentiellement en tant que manuel de théologie, se
divise dans sa version latine originale en sept livres :
1- De natura deitatis
2- De operibus conditoris

12. DOUAIHY 1993 : 9-24.


13. DOUAIHY 1993 : 88.
14. DOUAIHY 1993 : 80-81.
15. Sur Hugues de Strasbourg et son œuvre, voir RAUGEL 1936, FISCHER 1969, STEER 1981,
RIPELINUS 1982 et AUBERT 1995.
16. Cette œuvre est composée entre 1250 et 1270. AUBERT 1995 : 296. Pour les différents
manuscrits qui la conservent, voir BLOOMFIELD 1979. Sous le seul nom d’Albert le Grand, on
relève au moins dix-sept éditions incunables, ainsi qu’une insertion dans les Opera 1895,
XXXIV : 1-261 et index : 263-306. Cette œuvre est également insérée dans les Opera Omnia
de saint Bonaventure. PELTIER 1866, VIII : 60-246. Pour notre recherche actuelle, nous avons
consulté l’édition faite sous le nom d’ALBERTUS MAGNUS 1492 ; en cas de doute, la
correction a été faite selon l’édition de Peltier.
17. « Le Compendium theologicae veritatis d’Hugues Ripelin de Strasbourg est le manuel le
plus répandu et le plus parfait du Moyen Âge » MANDONNET 1920 : 902.
18. Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Bonaventure, Hugues de Saint-Cher, Alexandre de Hales,
Aureolus, Thomas Sutton, Pierre de Tarantasia, etc.
19. bćïy†@bu‹à
20. !"#$%$"& $'()*$+ (f. 37r).
21. !"#$%$"& $'()* (f. 26v).
22. !"#$%$"& $'()* (f. 19r).
23. ,"-./ 01"2+ 3$-!* 4!5+ (f. 2r) ; cela pourrait être expliqué par le fait que le Livre de la Loi
occupe la plus grande partie du manuscrit.
1.1 Compendium theologicae veritatis 77

3- De corruptela peccati
4- De humanitate Christi
5- De sanctificatione gratiarum
6- De virtute sacramentorum
7- De ultimis temporibus
Le nom d’Ibn al-Qil"#!$%, comme l’auteur de la version arabe de l’œuvre, ne
figure pas dans le texte même, mais les copistes le citent à plusieurs reprises : le
copiste du VA 643 le cite dans son poème où il fait l’éloge du Compendium et
de ses bienfaits (f. 148v) ; celui du VA 642 note, au début de son travail, que le
livre est la traduction arabe faite par Ibn al-Qil"#!$% d’après l’original latin (f. 2r) ;
les copistes des VA 425 (f. 45r) et Kreim 41 (f. 50v) le citent à la fin du livre IV.

24
I- Introduction de l’œuvre
L’introduction d’Ibn al-Qil"#!$% n’est pas entièrement compréhensible à cause
d’une mutilation des folios à plusieurs endroits. Toutefois, il en ressort qu’il<
considère l’homme comme une maison sombre et obscure, parce qu’il est
souillé depuis Adam par les taches du péché originel ; ce péché a envahi son
cœur et l’a emprisonné. Seuls les sacrements de l’Église peuvent permettre à
l’homme de recouvrer sa liberté et sa pureté.
En outre, personne n’a le droit d’expliquer les mystères et les secrets de la
vie sauf celui qui a reçu une formation solide en philosophie.

25
II- Livre I
Ibn al-Qil"#!$% reprend la même structure du Compendium en exposant les
trente-quatre chapitres du premier livre. Son travail pour ce livre et pour les
autres semble ne pas être un simple abrégé, mais plutôt une traduction

24. VA 643, f. 4r-5v.


25. VA 643, f. 5v-36v. H. Douaihy joint l’introduction et le livre I. Dans son analyse, il
commence par le chapitre 6 et omet les chapitres 10, 12, 13, 15, 17, 24 et 25. Voir DOUAIHY
1993 : 9-11.
78 Les œuvres en prose

personnelle et non littérale, qui se soucie de reprendre les détails et les exemples
26
tels qu’ils sont exposés dans l’original :

27
1. Quod deus est : !" #$%&
28
2. Quod unus deus est : '$ ()"* !" #+
29
3. Quod unum solum principium est : ()"* ,"(-." /0" 1'2&
30
4. Quod pater est : ,(.4" 54" [33] #$%&
31
5. Quod filius est : [3]
32
6. Quod filius est imago patris : /8.9 :;'6 '$ #.4" 7"
33
7. Quod spiritus sanctus est : <'$=>" ? 7@A8B>" C(2)*; (D 7" #$%&
34
8. Quod spiritus sanctus amor patris et filii est :
#.4"* 54" EFG /0" C(2>" H*; #+
35
9. Quod spiritus sanctus charitas et donum sanctorum est :
KL&(2>" I$"'J* EFG /0" C(2>" H*; #+
36
10. Quod in trinitate personarum unitas essentiae est : [3]
37
11. Quod multipliciter trinitas est : <'>@M N-O 1@2& 79 #+
38
12. Quod aequalitas personarum est : [3] 1"(-+" #+
39
13. Quod inter essentiam et personam differentia est : P'QR4"* [3] @J #+

26. Nous avons adopté la transcription des titres arabes accompagnés des titres latins et cela pour
faciliter la comparaison avec les sources originales.
27. VA 643, f. 5v-6v.
28. VA 643, f. 6v-7v.
29. VA 643, f. 7v-8r.
30. VA 643, f. 8r-9r.
31. VA 643, f. 9r-10r.
32. VA 643, f. 9v-10r. H. Douaihy note faussement le début au f. 9r.
33. VA 643, f. 10r.
34. VA 643, f. 10r-11r.
35. VA 643, f. 11r-13v.
36. VA 643, f. 13v-15r.
37. VA 643, f. 15rv.
38. VA 643, f. 15v-16r.
39. VA 643, f. 16rv.
1.1 Compendium theologicae veritatis 79

40
14. De immensitate dei : ;*(2J NS !" 79 #+
41
15. De infinitate dei : @T-QJ NU. !" 79 #+
42
16. De incomprehensibilitate dei : V*;(J NS !" 79 #+
43
17. De incircumscriptibilitate dei : ;'WG 7'X& /0" Y(+ !" 79 #+
44
18. De aeternitate dei : !" /&(.9 #+
45
19. De incommutabilitate dei : 1@) Z" 1@) #J 1(F-& 4* NU-& 4 !" 79 #+
46
20. De simplicitate dei : !@. /["(L>" #+
47
21. De excellentia dei : !" E\]'+ ^@BM;" #+
48
22. De notionibus dei : !@. 1@2M 1@8[9 #+
49
23. De nominibus divinis : !" _J@`9 #+
50
24. Deus ineffabilis est : /86@a *" /F["* @8b" c2d e8> %-f [3] !" 79 #+
51
25. De ideis et libro vitae : />4" #+ ghX-&
52
26. De appropriatis divinis personis : <'$=>" g80@R9 <@6@a #+
53
27. De potentia dei : !" ;"(-Ri #+
54
28. De virtute miraculorum : I&@jk>" NWM <'$=>" ;"(-R" ? 74 <@&4" :'R #+
55
29. De scientia dei : !" EdlkJ #+
56
30. De praedestinatione : !" gh+ mJ'S #+

40. VA 643, f. 16v-17r.


41. VA 643, f. 17rv.
42. VA 643, f. 17v-19r.
43. VA 643, f. 19r-20v.
44. VA 643, f. 20v-21v.
45. VA 643, f. 21v-22v.
46. VA 643, f. 22v-23v.
47. VA 643, f. 23v-24r.
48. VA 643, f. 24r-25r.
49. VA 643, f. 25rv.
50. VA 643, f. 25v-26r.
51. VA 643, f. 26r-27v.
52. VA 643, f. 27v-28r.
53. VA 643, f. 28r-29v.
54. VA 643, f. 29v-30v.
55. VA 643, f. 30v-31r.
80 Les œuvres en prose

57
31. De praescientia et reprobatione : ID 4 @J nd;* m.@L>" gh+ #+
58
32. De voluntate dei : !" :o"; #+
59
33. De iustitia dei : !" 1(+ #+
60
34. De misericordia dei : !" Ep; #+
61
Les quatre premiers chapitres de ce livre ne sont pas lisibles à cause de la
mutilation des folios et des décharges d’encre.

62
III- Livre II
Ibn al-Qil"#!$% n’expose ici que trente-trois chapitres du deuxième livre du
Compendium et laisse de côté le reste (33 chapitres).
Les chapitres exposés sont :

63
1. De ipsa rerum creatione : @ThO <"o'['q" E2ha #+
64
2. De distinctione creaturarum in generali : E28hr" s"ld" #+
65
3. De distinctione orbium tam cœlestium quam elementorum :
K8t;4"* K&*@\L>" 1s@Qq" P@L-Ri #+
66
4. De natura cœlorum et superiorum corporum :
/&'hk>" o@L[4"* ,*@\L>" uFv>" #+
67
5. De natura stellarum in communi : c8WF>" ? P'jQ>" uFw #+
68
6. De luce : *'A>" #+

56. VA 643, f. 31r-33r.


57. VA 643, f. 33rv.
58. VA 643, f. 33v-34v.
59. VA 643, f. 34v-36r.
60. VA 643, f. 36rv. H. Douaihy note faussement le début au f. 36v.
61. VA 643, f. 5v-9v.
62. VA 643, f. 37r-54r. H. Douaihy indique faussement f. 37r-54v ; il fait l’analyse de ce livre
aux pages 12-13.
63. VA 643, f. 37rv.
64. VA 643, f. 37v-38v.
65. VA 643, f. 38v-39r.
66. VA 643, f. 39r-40r.
67. VA 643, f. 40rv.
1.1 Compendium theologicae veritatis 81

69
7. De planetis in specie : @6@r@. V=d4" #+
70
8. De quatuor elementis : <@`@2-`4" /k8Fw #+
71
9. De impressionibus aeris : "'.@U>" #J NW& @J #+
72
10. De tempore : xR'>" #+
73
11. De angelis : c8WF>" ? /X&=q" #+
74
12. De distinctione cœlestium hierarchiarum : K&*@\L>" <@[;(>" 1"y-+" #+
75
13. De proprietatibus angelorum in communi : /X&=q" <@6@a #+
14. De proprietatibus et officiis angelorum in communi et singulorum
76
ordinum : gTB&@]** zX>" <@6@a #+
77
15. De cognitione et motu angelorum : gT-dlkJ* gTX&l{* /X&=q" y+ #+
78
16. De praelatione angelorum : /X&=q" #&lb@FJ #+
79
17. De confirmatione angelorum : /X&=q" x8F|M #+
80
18. De custodia angelorum : /X&=q" }@B-)" #+
81
19. De locutione angelorum : /X&=q" P=O #+
82
20. De specialibus nominibus angelorum : K80@)*l>" /X&=q" @~" #+
83
21. De casu angeli : /X&=q" 'F$ #+
84
22. De spirituali casu : €@)*l>" '26 #+

68. VA 643, f. 40v.


69. VA 643, f. 40v-41v.
70. VA 643, f. 41v-42v.
71. VA 643, f. 42v-43v.
72. VA 643, f. 43v-44v.
73. VA 643, f. 454v-45v.
74. VA 643, f. 45v-46r.
75. VA 643, f. 46rv.
76. VA 643, f. 46v-47r.
77. VA 643, f. 47rv. H. Douaihy note faussement le début au f. 46v.
78. VA 643, f. 47v-48r.
79. VA 643, f. 48rv.
80. VA 643, f. 48v-49r.
81. VA 643, f. 49r-50r.
82. VA 643, f. 50r.
83. VA 643, f. 50r. H. Douaihy omet la foliotation.
84. VA 643, f. 50rv.
82 Les œuvres en prose

85
23. De locali casu : ut'q" #J /w'26 #+
86
24. De restauratione ruinae angelorum : c26 @J (&( #+
87
25. Cur peccatum diaboli sit irremissibile : lBUQM e8> 7@v8‚>" E8va "o@q
88
26. De proprietatibus daemonum : Kw@8‚>" <@6@a #+
89
27. De malitia diaboli contra nos : @0(t g$;*lb #+
90
28. De lucifero : *lB8`'> #+
91
29. Quid sit anima secundum diffinitionem : @T-Qq" ? _$ @J* eBQ>" #+
92
30. Quid sit anima secundum rem : eBQ>" _$ @J #+
93
31. Quid sit anima secundum nomen : g`4" I`') ƒh+ eBQ>" _$ @J #+
94
32. De triplici anima : g`4" „@W-a" #+
95
33. De potentiis animae vegetativae : 1@kd4" ? eBQ>" xhM #+
La raison pour laquelle Ibn al-Qil"#!$% omet la suite de ce livre est précisée à
la fin du chapitre 33 :
Ici je me suis senti gêné de ce livre et du second qui le suit. Je les ai laissés de côté, parce
qu’ils m’ont paru difficiles, que tout le monde n’était pas en mesure de les comprendre, et
qu’ils pouvaient être une pierre d’achoppement pour ceux en quête de vanité. De plus j’ai
vu que le livre [en main] était petit, qu’il était relié, et que je ne pouvais pas y transcrire
toutes choses. Je me suis mis donc à transcrire ce qui avait de l’utilité et pouvait être
96
compris de tous : c’est le 4e livre depuis le début.

Les trente-trois chapitres, qu’Ibn al-Qil"#!$% n’a pas transcrits, portent sur
l’imagination, la mémoire, l’intellect, la connaissance, l’âme, le libre arbitre,
ainsi que sur la notion de l’homme et du paradis.

85. VA 643, f. 50v-51r.


86. VA 643, f. 51r.
87. VA 643, f. 51rv.
88. VA 643, f. 51v.
89. VA 643, f. 51v-52r.
90. VA 643, f. 52r.
91. VA 643, f. 52r-53r.
92. VA 643, f. 53rv.
93. VA 643, f. 53v.
94. VA 643, f. 53v.
95. VA 643, f. 53v-54r.
96. VA 643, f. 54r. La traduction française est celle de DOUAIHY 1993 : 13.
1.1 Compendium theologicae veritatis 83

IV- Livre III


Le troisième livre, omis par Ibn al-Qil"#!$%, traite du problème du mal et des
différents types de péché. Il comporte trente-trois chapitres.

97
V- Livre IV
Nous trouvons ici le contenu des vingt-cinq chapitres attestés dans le
quatrième livre du Compendium :

98
1. De incarnatione christi @Q6=a z[4 (L #+
:
99
2. De salutatione angelica : Ylq V=q" P=` #+
100
3. De responsione virginea : 1'-F>" 5"'[ #+
101
4. De sanctificatione materna : o@q" e&(2M #+
102
5. De conceptione divina : _‡4" zF†" #+
103
6. De rationibus incarnationis christi : (Lj->" 5@F`" #+
104
7. De modo incarnationis : (Lj->" ˆkJ #+
105
8. De unione et natura assumpta : "o'a'q" /k8Fv>"* o@‰-&4" #+
106
9. De utilitate incarnationis : _‡4" (Lj->" (&"'d #+
107
10. De miralibus circa incarnationem domini : !" #." (L 1') <@&4" #+
108
11. De nativitate christi : x>@-J Š8Lq" o=8J

97. VA 643, f. 54v-80v. DOUAIHY 1993, note faussement f. 54r-80v et en fait l’analyse aux pages
13-17 ; ce livre se trouve également dans VA 425, f. 19r-45r ; Kreim 41, f. 26v-50v ; Mouski
Syr. 13, p. 178-214.
98. VA 643, f. 54v ; VA 425, f. 19r ; Kreim 41, f. 26v ; Mouski Syr. 13, p. 178.
99. VA 643, f. 54v-55r ; VA 425, f. 19r-20r ; Kreim 41, f. 26v-27v ; Mouski Syr. 13, p. 178-179.
100. VA 643, f. 55rv ; VA 425, f. 20rv ; Kreim 41, f. 27v ; Mouski Syr. 13, p. 180.
101. VA 643, f. 55v-57v ; VA 425, f. 20v-21r ; Kreim 41, f. 27v-28r ; Mouski Syr. 13, p. 180-181.
102. VA 643, f. 57v-59r ; VA 425, f. 21r-22r ; Kreim 41, f. 28r-29r ; Mouski Syr. 13, p. 181-182.
103. VA 643, f. 59r-60v ; VA 425, f. 22r-24r ; Kreim 41, f. 29r-31r ; Mouski Syr. 13, p. 182-184.
104. VA 643, f. 60v-61r ; VA 425, f. 24r-25r ; Kreim 41, f. 31rv ; Mouski Syr. 13, p. 184-186.
105. VA 643, f. 61r-63v ; VA 425, f. 25r-27r ; Kreim 41, f. 31v-34r ; Mouski Syr. 13, p. 186-188.
106. VA 643, f. 63v-64r ; VA 425, f. 27rv ; Kreim 41, f. 34rv ; Mouski Syr. 13, p. 188-190.
107. VA 643, f. 64r-65r ; VA 425, f. 27v-30r ; Kreim 41, f. 34v-36r ; Mouski Syr. 13, p. 190-192.
108. VA 643, f. 65r-66v ; VA 425, f. 30r-31v ; Kreim 41, f. 36r-37r ; Mouski Syr. 13, p. 192-193.
84 Les œuvres en prose

109
12. De cricumcisione domini : Š8Lq"
7@-a #+
110
13. De baptismo domini : Š8Lq" o@\-+" #+
111
14. De plenitudine gratiae christi : Š8Lq" ? P@k04" 1@\O #+
112
15. De plenitudine sapientiae christi : Š8Lq" EdlkJ 1@\O #+
113
16. De merito christi : Š8Lq" l[9 #+
114
17. De voluntate christi : Š8Lq" <"o"; #+
115
18. De defectibus quos christus assumpsit :
gThF-R" e8> #&(>" #+* Š8Lq" gThF-R" <@8tlk>" #+
116
19. De passione christi : Š8Lq" P4‹ #+
117
20. De effectu passionis christi : Š8Lq" P4‹ 1@kd9 #+
118
21. De cruce christi : I8hW>" #+
119
22. De descensu christi ad inferos : g8‰Œ" Z" Š8Lq" 1*y0 #+
120
23. De resurrectione christi : Š8Lq" EJ@8R #+
121
24. De ascensione christi : Š8Lq" o'k6 #+
122
25. De consessu christi ad dexteram : 54" K #+ #.4" C'h[ #+

109. VA 643, f. 66v-67r ; VA 425, f. 31v-32v ; Kreim 41, f. 37r-38r ; Mouski Syr. 13, p. 193-195.
110. VA 643, f. 67r-68r ; VA 425, f. 32v-33v ; Kreim 41, f. 38r-39r ; Mouski Syr. 13, p. 195-196.
111. VA 643, f. 68r-69r ; VA 425, f. 33v-35r ; Kreim 41, f. 39r-40r ; Mouski Syr. 13, p. 196-198.
112. VA 643, f. 69r-70r ; VA 425, f. 35r-36r ; Kreim 41, f. 40r-41r ; Mouski Syr. 13, p. 198-199.
113. VA 643, f. 70rv ; VA 425, f. 36rv ; Kreim 41, f. 41rv ; Mouski Syr. 13, p. 200.
114. VA 643, f. 70v-71v ; VA 425, f. 36v-37v ; Kreim 41, f. 41v-43r ; Mouski Syr. 13, p. 200-202.
115. VA 643, f. 71v-72r ; VA 425, f. 37v-38r ; Kreim 41, f. 43rv ; Mouski Syr. 13, p. 202-203.
116. VA 643, f. 72r-73r ; VA 425, f. 38r-39r ; Kreim 41, f. 43v-44r ; Mouski Syr. 13, p. 203-204.
117. VA 643, f. 73r-74v ; VA 425, f. 39r-40v ; Kreim 41, f. 44r-46r ; Mouski Syr. 13, p. 204-207.
118. VA 643, f. 74v-75v ; VA 425, f. 40v-41r ; Kreim 41, f. 46rv ; Mouski Syr. 13, p. 207.
119. VA 643, f. 75v-76v ; VA 425, f. 41r-42r ; Kreim 41, f. 46v-47v ; Mouski Syr. 13, p. 208-209.
120. VA 643, f. 76v-78r ; VA 425, f. 42r-43r ; Kreim 41, f. 47v-48v ; Mouski Syr. 13, p. 209-211.
121. VA 643, f. 78r-80r ; VA 425, f. 43r-44v ; Kreim 41, f. 48v-50r ; Mouski Syr. 13, p. 211-213.
122. VA 643, f. 80rv ; VA 425, f. 44v-45r ; Kreim 41, f. 50rv ; Mouski Syr. 13, p. 213-214.
1.1 Compendium theologicae veritatis 85

123
VI- Livre V
Au début de ce livre, Ibn al-Qil"#!$% note qu’il va faire un choix dans le
contenu : « Je me suis mis à faire un choix dans le cinquième livre, parce que
les feuilles sont fatiguées, que le livre [sur lequel je transcris] est relié, et que
124
l’explication est longue. »
Ainsi, nous constatons l’omission des chapitres 1-39 et la transcription des
chapitres 40-70 de l’original. Les chapitres omis portent sur la vertu en général
125
et sur les vertus théologales, la foi et la charité, en particulier .
Les chapitres exposés sont :
126
40. De timore initiali : Ž*4"
'r" #+
127
41. De timore filiali : KQF>" 'a #+
128
42. De dono pietatis : /80'†" #+
129
43. De dono scientiae : ghk>" #+
130
44. De dono consilii : ";'‚q" #+
131
45. De dono sapientiae et intellectus : /\X†"
#+
132
46. De beatitudinibus in genere : J #J @.'w #\->" #+
133
47. De timore servili : 'r" #+
134
48. De prima beatitudine : H*l>" ? KO@Lq" #+

123. VA 643, f. 80v-92v. H. Douaihy note faussement f. 80r-92v et en fait l’analyse aux pages 17-
19.
124. VA 643, f. 80v. H. Douaihy : 17, attribue la note introductive au copiste et non à Ibn al-
Qil'%&(!.
125. Dans le Mouski Syr. 13, p. 214-219, nous trouvons un traité sur la foi, divisé en trois parties,
qui pourrait correspondre aux chapitres 19-21 de ce livre :
5.19 De fidei utilitate.
5.20 De effectu fidei.
5.21 De articulis fidei.
126. VA 643, f. 80v-81r.
127. VA 643, f. 81r.
128. VA 643, f. 81r.
129. VA 643, f. 81rv.
130. VA 643, f. 81v-82r.
131. VA 643, f. 82r.
132. VA 643, f. 82rv.
133. VA 643, f. 82v-83r.
86 Les œuvres en prose

135
49. De secunda : ^@AM4" #+
136
50. De tertia : @XF>"
#+
137
51. De quarta : ‘@vk>"* ^'Œ" #+
138
52. De quinta : /pl>" 1@kd" #+
139
53. De sexta : Ih2>" :*@20 #+
140
54. De septima : P=L>" 1@[; #+
141
55. De octava : Kh\-’" #+
142
56. De sensibus spiritualibus : €@)*l>" C@†" ? <@80@)*l>" #+
143
57. De fructibus spiritualibus : €@)*; ;@• “” #+
144
58. De dulia et latria : NS* –'$4 ;@R*"* o'j` —+" @&lM4 #+
145
59. De praeceptis in genere : c8WF>" ? @&@6* l‚k>" #+
146
60. De primo praecepto : <@k0@˜ xhM ,'{ /86* 1*"
147
61. De secundo : zw@F>" ? ™‡" g`" _+(M 4 _$ /\hO €@M
148
62. De tertio : zS'b "(." /. 4* xFL>" P'& @R"'-M 7" ;'Oo" _$ /86* x>@M
149
63. De quarto : ™J"* V'." PlO" 1'2M /86* u.";
150
64. De quinto : 1'-2M 4 /86* eJ@a
151
65. De sexto : €yM 4 _Td /86* Co@`

134. VA 643, f. 83rv.


135. VA 643, f. 83v.
136. VA 643, f. 83v.
137. VA 643, f. 83v.
138. VA 643, f. 83v-84r.
139. VA 643, f. 84r.
140. VA 643, f. 84r.
141. VA 643, f. 84rv.
142. VA 643, f. 84v-85r.
143. VA 643, f. 85r.
144. VA 643, f. 85rv.
145. VA 643, f. 85v-86r.
146. VA 643, f. 86rv.
147. VA 643, f. 86v-87r.
148. VA 643, f. 87rv.
149. VA 643, f. 87v-88r.
150. VA 643, f. 88rv.
1.1 Compendium theologicae veritatis 87

152
66. De septimo : š*l• 4
153
67. De octavo : ;*s (T‚M 4 _$ /86* #J@M
154
68. De nono et decimo :
4* ;*@M 4* /-&;@[ 4* (F+ 4* /M"lJ" 4** V";@[ @Q-2J _T-‚M 4 g$ /86* lb@+* u`@M
/>@J zO 4* ;@p
155
69. De consiliis in genere : eQŒ" ? <";'‚q" #+
156
70. De consiliis evangelicis : z8›4" <";'‚J #+

157
VII- Livre VI
Il comporte les trente-huit chapitres trouvés dans l’original.
Les mss VA 425, Kreim 41, VA 642 et Mouski Syr. 13 paraissent être un
abrégé et ne comportent pas le chapitre 1 ni 29-33 ; ils commencent avec le
deuxième chapitre et suivent une énumération personnelle des trente et un
chapitres exposés :
158
1. De medecina sacramentorum : <@J(2->"
"*o #+
159
2. De diffinitionibus sacramentorum : <@J(2->" ,@T-0" #+
160
3. De sacramentis novae legis : /-&(†" <@J(2M #+
161
4. De effectu sacramentorum : <@J(2->" 1@kd" #+
162
5. De numero sacramentorum : <@J(2->" o(+ #+

151. VA 643, f. 88v.


152. VA 643, f. 88v.
153. VA 643, f. 88v.
154. VA 643, f. 88v-89r. H. Douaihy note faussement le début au f. 89r.
155. VA 643, f. 89rv.
156. VA 643, f. 89v-92v.
157. VA 643, f. 92v-143v. DOUAIHY 1993 note faussement f. 92r-143v et en fait l’analyse aux
pages 19-23. Les autres manuscrits qui contiennent ce livre sont les VA 642, f. 2r-34r ;
VA 425, f. 45r-68v ; Kreim 41, f. 50v-74v et Mouski Syr. 13, p. 220-268.
158. VA 643, f. 92v-93r.
159. VA 643, f. 93rv ; VA 425, f. 45rv (ch. 1) ; Kreim 41, f. 51r ; VA 642, f. 2rv ; Mouski Syr. 13,
p. 220.
160. VA 643, f. 93v-95r ; VA 425, f. 45v-46v (ch. 2); Kreim 41, f. 51r-52r ; VA 642, f. 2v-4r ;
Mouski Syr. 13, p. 220-222.
161. VA 643, f. 95r-96v ; VA 425, f. 46v-47v (ch. 3); Kreim 41, f. 52rv ; VA 642, f. 4rv ; Mouski
Syr. 13, p. 222-223.
88 Les œuvres en prose

163
6. De potestate dispensationis sacramentorum :
<@J(2->" ? "lW-& 7@v>'` /kJ #J #+
164
7. De triplici statu fidelium : KQJ'q" 1@8[" E-hM #+
165
8. De institutione sacramentorum : <@J(2->" I8MlM #+
166
9. De baptismo : o@\-+4" 7@+
167
10. De catechismo et exorcismo : o@\-+=> 1@Bw4" 1'ao #+
168
11. De confirmatione : 7*Nq" ? <@F->"
169
12. De eucharistia : @8vL&la*" #+
170
13. De dignitate eucharistiae : @8vL&la*" ^@BM;" y+ #+
171
14. De mirabilibus in eucharistia : @8vL&la*" ? 7*NW& #&(>" I&@jk>" #+
172
15. De effectu in suscipientibus corpus christi : @8vL&la*" 1@kd" #+
173
16. De modo sumendi eucharistiam : Š8Lq" (L[ />@F-R" €@kJ #+

162. VA 643, f. 96v-97v ; VA 425, f. 47v-48r (ch. 4) ; Kreim 41, f. 52v-53v ; VA 642, f. 4v-5v ;
Mouski Syr. 13, p. 223-224.
163. VA 643, f. 97v-99r ; VA 425, f. 48rv (ch. 5) ; Kreim 41, f. 53v-54r ; VA 642, f. 5v-6v ;
Mouski Syr. 13, p. 224-225.
164. VA 643, f. 99r-100r ; VA 425, f. 48v-49v (ch. 6) ; Kreim 41, f. 54rv ; VA 642, f. 6v-7v ;
Mouski Syr. 13, p. 225-226.
165. VA 643, f. 100r-101r ; VA 425, f. 49v-50r (ch. 7) ; Kreim 41, f. 54v-55v ; VA 642, f. 7v-8r ;
Mouski Syr. 13, p. 226-227.
166. VA 643, f. 101r-104r ; VA 425, f. 50r-52r (ch. 8) ; Kreim 41, f. 55v-57r ; VA 642, f. 8r-10v ;
Mouski Syr. 13, p. 227-240 (une faute de numérotation de pages implique le manque des
numéros 230-239 et fait suivre la page 229 par la page 240).
167. VA 643, f. 104rv ; VA 425, f. 52r (ch. 9) ; Kreim 41, f. 57rv ; VA 642, f. 10v-11r ; Mouski
Syr. 13, p. 240.
168. VA 643, f. 104v-105v ; VA 425, f. 52r-53r (ch. 10) ; Kreim 41, f. 57v-58v ; VA 642, f. 11r-
12r ; Mouski Syr. 13, p. 240-241.
169. VA 643, f. 105v-109r ; VA 425, f. 53r-55r (ch. 11) ; Kreim 41, f. 58v-60r ; VA 642, f. 12r-
15r ; Mouski Syr. 13, p. 241-244.
170. VA 643, f. 109rv ; VA 425, f. 55r (ch. 12) ; Kreim 41, f. 60rv ; VA 642, f. 15rv ; Mouski
Syr. 13, p. 244-245.
171. VA 643, f. 109v-112r ; VA 425, f. 55r-56v (ch. 13) ; Kreim 41, f. 60v-62r ; VA 642, f. 15v-
17r ; Mouski Syr. 13, p. 245-247.
172. VA 643, f. 112r-113v ; VA 425, f. 56v-57v (ch. 14) ; Kreim 41, f. 62rv ; VA 642, f. 17r-18v ;
Mouski Syr. 13, p. 247-248.
173. VA 643, f. 113v-115v ; VA 425, f. 57v-58r (ch. 15) ; Kreim 41, f. 62v-63v ; VA 642, f. 18v-
19v ; Mouski Syr. 13, p. 248-249.
1.1 Compendium theologicae veritatis 89

174
17. De abstinentia a communione : 7@.;'2>" #+ 1@\-)4" 7@+
175
18. De officio missae : C"(2>" EJ(a #+
176
19. De negligentiis quae fiunt in missa : C"(2>" ? NW& ,(>" zLX>" #+
177
20. De pœnitentia : /.*@->" #+
178
21. De qualitate pœnitentie : /.*@->"
1"(-+" #+
179
22. De effectu pœnitentie : /.'->" zkd #+
180
23. De partibus pœnitentie : /.'->" P@LR" #+
181
24. De contritione : /J"(Q>" #+
182
25. De confessione : "l-+4" #+
183
26. De qualitate et effectu confessionis : "l-+4" NW& œ8O #+
184
27. Cui debeat fieri confessio : "l-+4" 7'X& #J (& _h+ #+
185
28. De sigillo confessionis : "l-+4" g-a #+

174. VA 643, f. 115v-117v ; VA 425, f. 58r-59r (ch. 16) ; Kreim 41, f. 63v-64r ; VA 642, f. 19v-
20v ; Mouski Syr. 13, p. 249-250.
175. VA 643, f. 117v-118v ; VA 425, f. 59rv (ch. 17) ; Kreim 41, f. 64r-65r ; VA 642, f. 20v-21v ;
Mouski Syr. 13, p. 250-251.
176. VA 643, f. 118v-119r ; VA 425, f. 59v-60r (ch. 18) ; Kreim 41, f. 65rv ; VA 642, f. 21v-22r ;
Mouski Syr. 13, p. 251-252.
177. VA 643, f. 119r-121r ; VA 425, f. 60rv (ch. 19) ; Kreim 41, f. 65v-66v ; VA 642, f. 22r-23r ;
Mouski Syr. 13, p. 252-254.
178. VA 643, f. 121r-122v ; VA 425, f. 60v-61v (ch. 20) ; Kreim 41, f. 66v-67r ; VA 642, f. 23r-
24v ; Mouski Syr. 13, p. 254-255.
179. VA 643, f. 122v-123v ; VA 425, f. 61v (ch. 21) ; Kreim 41, f. 67rv ; VA 642, f. 24v ; Mouski
Syr. 13, p. 255.
180. VA 643, f. 123v-124v ; VA 425, f. 61v-62r (ch. 22) ; Kreim 41, f. 67v ; VA 642, f. 24v-25r ;
Mouski Syr. 13, p. 255-256.
181. VA 643, f. 124v-126v ; VA 425, f. 62r (ch. 23) ; Kreim 41, f. 67v-68r ; VA 642, f. 25rv ;
Mouski Syr. 13, p. 256.
182. VA 643, f. 126v-128v ; VA 425, f. 62r-63r (ch. 24) ; Kreim 41, f. 68rv ; VA 642, f. 25v-26v ;
Mouski Syr. 13, p. 256-257.
183. VA 643, f. 128v-129r ; VA 425, f. 63r (ch. 25) ; Kreim 41, f. 68v-69r ; VA 642, f. 26v ;
Mouski Syr. 13, p. 257-258.
184. VA 643, f. 129r-130r ; VA 425, f. 63rv (ch. 26) ; Kreim 41, f. 69rv ; VA 642, f. 26v-27r ;
Mouski Syr. 13, p. 258.
185. VA 643, f. 130r-131r ; VA 425, f. 63v (ch. 27) ; Kreim 41, f. 69v ; VA 642, f. 27rv ; Mouski
Syr. 13, p. 259.
90 Les œuvres en prose

186
29. De satisfactione : @d"'>" #+
187
30. De singulis partibus Satisfactionis in communi :
V"l-b" ? @d"'>" P@LR" zO #+
188
31. De singulis partibus satisfactionis : @d"* zO P@LR" #+
189
32. De iustificatione impii : K2d@Qq" E0@&o #+
190
33. De pœnitentia venialium : /8tlk>" @&@vr" /.*@M #+
191
34. Propter quid dimittatur peccatum veniale : /8tlk>" /8vr" lBUQM &@.
192
35. De extrema unctione : C@Q>"* !" K. ŠhWq" m&(q" #$o #+
193
36. De sacramento ordinis : /J@`l>" <@[;o #+
194
37. De qualitate ordinandorum : 1"(-+@. 7'\LMN. #&ž>" :@8) #+
195
38. De sacramento matrimonii : s"'Œ" EJ(2M #+

186. VA 643, f. 131rv.


187. VA 643, f. 131v-132r.
188. VA 643, f. 132rv.
189. VA 643, f. 132v-134v.
190. VA 643, f. 134v-135v.
191. VA 643, f. 135v-137r.
192. VA 643, f. 137r-138r ; VA 425, f. 63v-64v (ch. 28) ; Kreim 41, f. 69v-70v ; VA 642, f. 27v-
28v ; Mouski Syr. 13, p. 259-260.
193. VA 643, f. 138r-140r ; VA 425, f. 64v-66r (ch. 29) ; Kreim 41, f. 70v-72r ; VA 642, f. 28v-
31r ; Mouski Syr. 13, p. 260-263.
Pour traduire le passage : sicut sunt clerici, qui praesunt in spiritualibus, et principes ac
judices saeculares, qui praesunt in temporalibus, Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot muqaddam pour
désigner les principes. VA 643, f. 139r ; PELTIER 1866, VIII : 226.
194. VA 643, f. 140r-141r ; VA 425, f. 66r-67r (ch. 30) ; Kreim 41, f. 72r-73r ; VA 642, f. 31r-34r ;
Mouski Syr. 13, p. 263-264.
195. VA 643, f. 141r-143v ; VA 425, f. 67r-68v (ch. 31) ; Kreim 41, f. 73r-74v ; Mouski Syr. 13,
p. 264-265.
1.1 Compendium theologicae veritatis 91

VIII- Note sur le sacrement de la confirmation


En parlant du sacrement de la confirmation, et dans la version que reflète le
196
VA 643, Ibn al-Qil"#!$% note qu’il est inexistant chez les maronites .
En fait, les manuscrits liturgiques des maronites attestent l’existence du
sacrement de la confirmation, mais dont l’administration se faisait en même
temps que le baptême ; d’où la question : Ibn al-Qil"#!$% ignore-t-il que le baptême
et la confirmation se font en même temps chez les maronites pour en conclure
l’inexistence de la seconde ?

IX- Livre VII


Nous ne trouvons aucune mention ou trace de ce dernier livre du
Compendium dans les manuscrits que nous connaissons et qui comportent les
œuvres d’Ibn al-Qil"#!$%=
Originellement, ce livre contenait trente et un chapitres traitant de la fin du
monde, du purgatoire, de la résurrection générale, du jugement dernier et des
peines et gloires éternelles.

197
X- Épilogue
Seul le ms. Mouski Syr. 13 contient un épilogue du Compendium.
Dans cet épilogue, Ibn al-Qil"#!$% demande à quiconque lit ce livre et y trouve
des incorrections, de les corriger, mais en prenant soin de ne pas en altérer le
contenu.
En revanche, celui qui a le savoir, mais qui est « en dehors de notre union »
n’a le droit d’y changer aucun mot, car « ce qui est un blasphème pour lui, est
une louange pour nous » et quoique qu’il soit un savant, il ne le sera point plus
que Satan.
198
En outre, si ce livre tombe dans les mains d’un « agitateur » qui « se
moquera de nous et nous méprisera devant les gens, cela nous décerne une
couronne ».

196. VA 643, f. 104v. Douaihy réplique dans son Apologie/III : 203-216, en expliquant comment
les maronites administrent les sacrements du baptême et de la confirmation en même temps.
197. Mouski Syr. 13, p. 266-267.
198. L’auteur utilise le mot arabe mu!"ri#$%
92 Les œuvres en prose

Par ailleurs, « l’Esprit Saint qui a parlé par nous, parlera aux cœurs des
auditeurs et les incitera à suivre la vérité » et à « comprendre la parole du
prophète : leur gosier [des agitateurs] est un sépulcre ouvert, et ils ont sur la
199
langue des paroles flatteuses » .
En somme, « tout homme sera jugé d’après ses œuvres et ses paroles ».

199. Ps 5 : 10. Ibn al-Qil'%&(! utilise la Peshitta syriaque : µÙÐüà@çìüćïå“Üì@çìûòhvu@bzćîóÐ@ahjÔ@Úîe


93

1.2 EXPLICATION DE LA FOI


1 2
Cette collection est citée par Douaihy, Graf et Breydy .
À plusieurs reprises, Douaihy parle d’une œuvre intitulée « M!"r-.n a45-
3
45-.b!"n$% » (le bienheureux Maron) . D’autre part, il cite le deuxième livre appelé
4
« 8=ab!"t a)>-)>idq » et inclut dans sa nécrologie d’Ibn al-Qil"#!$% plusieurs titres qui
5
font partie de cette œuvre : Kit!"b #an a16b!"r b!"biet r-.myeh (un livre sur
l’histoire des papes de Rome), Kit!"b #an mul-.kih!# (un livre sur ses empereurs
[de Rome]), Kit!"b #an riy!"sat b!"b!" r-.myeh (un livre sur le gouvernement du
6
pape de Rome) , Kit!"b #an i#tiq!"d al-millah al-m!"r-.n$%yah wa itti1(!"dihim ma#
kan$%sat r-.myeh (un livre sur la foi de la nation maronite et son union avec
l’Église de Rome).
Graf cite le ms. VA 640 et intitule cette œuvre Le bienheureux Maron ; il en
divise le contenu en trois parties : muhd$% al-a16l!"q, 4<ab!"t a)>-)>idq et $%/(!"1( al-$%m!"n.
Les détails qu’il avance seront étudiés dans les pages qui suivent.
Breydy donne le vrai titre de l’œuvre Kit!"b $%/(!"1( al-$%m!"n et réfute la
nomination de Le bienheureux Maron qui est l’incipit par lequel l’auteur débute
7
son œuvre ; en outre, il divise l’œuvre en quatre livres.
8
L’intégralité de cette œuvre est attestée dans un seul manuscrit, le VA 640 .
L’auteur de cette œuvre est Ibn al-Qil"#!$% qui se nomme à plusieurs
reprises :27ibr!"yil Ibn Bu45rus al-Qil!"#$% de Le1(fed (f. 29v), 27ibr!"yil al-23ury$% (f.
30v), Frère 27ibr!"yil des Frères Mineurs (f. 64r).

1. GRAF, GCAL, III : 317-321.


2. BREYDY 1985 : 183-187.
3. VS 215, f. 93r et 98v ; VA 683, f. 72v ; Annales/Fahd : 350 et 369 ; Annales/Taoutel : 221 ;
Apologie/II : 253-254.
4. VS 215, f. 30v ; Annales/Fahd : 396. Cette information est absente dans VA 683.
5. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237.
6. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396. La version de VA 683, f. 78v et Annales/Taoutel : 237,
joint les deux livres concernant les papes en un seul : Kit&'b (an riy&'sat b&'biyet r)*myeh wa
a+,b&'rihem (un livre sur le gouvernement des papes de Rome et sur leur histoire ». Voir
également Histoire/Chartouni : 153.
7. BREYDY 1983 consacre tout un article à décrire et analyser le contenu de cette œuvre.
8. F. 1r-193v.
94 Les œuvres en prose

Le titre général est donné par l’auteur au f. 97r : ?@/(!"1( al-‘?@m!"n


[l’Explication de la foi]. Cette œuvre est composée d’une introduction générale
9
et de quatre livres :
Livre premier : Mah!"d$% al-‘a16l!"q [le guide des mœurs].
10
Deuxième livre : 8=ab!"t a)>-)>udq [la constance de la vérité] .
Troisième livre : IABh!"r al-C$%m!"n [la proclamation de la foi].
Quatrième livre : TaABd$%d al-ma1(abbah f$% 45ar$%q al-‘itti1(!"d [le renouvellement
de la charité dans la voie de l’union].
Ce livre est adressé au patriarche maronite ?@im!,-n al-23ada*4$% (†!1524) et à
ses évêques, ainsi qu’à d’autres personnalités religieuses et civiles dont le
muqaddam Y,-suf. Ce fait est bien relaté dans le poème Contre ceux qui ont
semé l’ivraie parmi les maronites. Il est repris par Douaihy qui le date de
11
1494 .

12
I- Introduction de l’œuvre
Après la demande de l’intercession de ses patrons « Maron le Bienheureux
et Gabriel [l’archange] », Ibn al-Qil"#!$% exprime sa joie de rencontrer son
destinataire après tant d’attente et de voir son visage rayonnant. Son état d’âme
13
est semblable à celui de la reine de Séba éblouie devant Salomon . Incapable
d’imiter la reine de Séba et de présenter des cadeaux de grande valeur, lesquels
demeureront matériels et éphémères, Ibn al-Qil"#!$% préfère présenter à son
destinataire un cadeau spirituel, pérenne et utile. L’utilité vient d’abord du fait
que « le fautif n’est pas conscient de ses actes et qu’il faut toujours quelqu’un
pour lui signaler son erreur ».
En outre, cette partie fait parvenir l’écho de quelques problèmes qui
pouvaient agiter la communauté maronite à l’époque d’Ibn al-Qil"#!$%, car l’auteur
explique à son destinataire que quiconque a l’impudence d’injurier ou de

9. Douaihy le divise en trois livres, Apologie/II : 253-254. La composition de ce livre et sa


structure sont expliquées par Ibn al-Qil'%&(! dans le poème Contre ceux qui ont semé l’ivraie
parmi les maronites.
10. La traduction latine faite par Petrus Benedetti (VL 7411) traduit le titre de ce livre par
« confirmatio veritatis », Apologie/II : 135 (latin).
11. VS 215, f. 99v ; VA 683, f. 72v ; Annales/Fahd : 368-370 ; Annales/Taoutel : 221.
12. F. 1r-5v.
13. 1 Rois 10, 1-10.
1.2 Explication de la foi 95

frapper un membre du clergé, risque des excommunications du pape, seule


personne au sein de l’Église à avoir le droit de promulguer des lois, de désigner
ou de destituer les responsables, de convoquer des conciles et de purifier
l’Église de toute hérésie… Ibn al-Qil"#!$% ajoute que les dogmes et opinions
condamnés seront mis face à la vraie foi, afin que chacun puisse vérifier le vrai
et le faux et faire la différence.
Mais si Ibn al-Qil"#!$% peut entamer ce projet, c’est parce que lui-même a
parcouru le chemin de la conversion et de la vertu pour acquérir ensuite la
sagesse et la connaissance.
Fort de cette connaissance et de la grâce de l’Esprit, Ibn al-Qil"#!$% a voulu
« écrire un livre particulier sur la foi orthodoxe contre la fausse croyance des
hérétiques, afin que rayonne la lumière de la foi de Rome affermie en Dieu ». Il
a voulu également conforter ses lecteurs contre les fausses idées répandues par
le livre d’Ibn !A*+:>ah qui se fonde sur « des témoignages mensongers dits par des
14
prophètes hypocrites » .
Ibn al-Qil"#!$% admet qu’il puise le contenu de son livre dans les témoignages
de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que dans les écrits des Pères et des
théologiens. Son rôle se réduit alors à articuler ces témoignages et à décrire
comment les hérésies étaient bannies par les conciles et les papes, afin que le
lecteur puisse répondre aux questions de ses adversaires en détail, avec dates,
15
lieux et faits à l’appui. Tout cela est traduit du grec (latin ?) ou du syriaque en
arabe.
L’auteur a voulu enfin que ce livre soit « diffusé auprès de la petite
communauté qui habite le Mont-Liban et qui est la nation divine [de] Maron
l’antiochien, et cela en guise de confirmation dans la foi que les anciens ont
reçue dans leur union avec Rome par leur profession de foi, leurs serments et
leurs signatures ».
Cette union des maronites avec Rome a été confirmée à plusieurs reprises :
– leurs « ancêtres » ont accepté les dogmes du concile de Chalcédoine
(451), qui eut lieu à l’époque du saint pape Léon et du grand roi Marcien ;

14. Mus'% Ibn &A5$78ah du village de "4ada56 est le copiste du ms. VA 74 (exécuté en 1454), dans
lequel il réunit plusieurs traités et mimrés d’origines jacobites. Apparemment, Ibn al-Qil'%&(!
aurait pris connaissance de ce manuscrit chez le muqaddam &Abdel Min&im (Voir Contre
ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites) et a voulu en réfuter le contenu à travers la
composition de l’œuvre que nous décrivons dans ce chapitre.
15. Le mot y)*n&'n-. (grec) semble désigner plutôt le latin que le grec dans les écrits de l’auteur.
96 Les œuvres en prose

– sous le règne du pape Alexandre II et grâce au patriarche Irmy"# [al-


16
!Am:>$%t$%] , ils ont prêté serment et accepté de croire avec Rome que le Christ
avait deux natures et deux volontés ;
17
– sous le règne du pape Eugène et grâce au patriarche Y,-0/ann"# al-&'"#()$% ,
ils ont prêté serment et accepté de croire que l’Esprit-Saint procédait du Père et
du Fils ;
18
– grâce au Père Gryphon et au patriarche Bu*+r,-s al-23ada*4$% , ils ont prêté
serment et professé que le pape était le Chef des chefs, le Vicaire du Christ et le
successeur de Pierre et c’est à lui qu’ils ont prêté obéissance et en son nom ils
ont proclamé la foi ;
– ils ont adopté les formules sacramentelles romaines dans le baptême, la
confession, l’eucharistie, le mariage, le sacerdoce, la confirmation et l’extrême-
onction.
Ces affirmations théologiques et sacramentaires, Ibn al-Qil"#!$% a voulu les
réunir dans cet ouvrage en le traduisant du grec (latin ?) en syriaque et parfois
du syriaque en arabe, afin que personne ne puisse prétendre ne pas connaître la
vérité.
Il ajoute enfin que ce livre « ne doit ni être vendu ni acheté, mais on le prête
parmi le peuple divin [les maronites]. Celui qui le cache ou l’altère tombe dans
les excommunications. Toutefois on peut en corriger les fautes [de copie ou de
transcription] ».

19
II – Livre premier : Le guide des mœurs
Ce premier livre est appelé « guide », car son contenu est « clair ». Il
contient deux parties :

20
A- Une collection en syriaque de plusieurs lettres et traités
21
Cette collection est collationnée sur un livre « vieux de huit cents ans » ;
elle contient plusieurs articles patristiques :

16. Voir le commentaire dans Lettre au patriarche /0im()*n al-12ada34-..


17. Ibidem.
18. Ibidem.
19. F. 5v-37v.
20. F. 5v-16v.
1.2 Explication de la foi 97

1- De Sévérien, évêque de Gabala (Ve siècle), sur l’essence, la nature,


22
l’hypostase et la personne .
23
2- Une lettre de Cyrille d’Alexandrie [à Jean d’Antioche] .
3- Une lettre de Cyrille d’Alexandrie à un prêtre théologien de
24
Constantinople .
C’est le mémorandum de Cyrille envoyé à l’apocrisiaire Euloge.
25
4- Le Tome de Léon [à Flavien, le 13 juin 449] .
Là, le copiste nous informe, avec une écriture plus fine pour se démarquer
du texte, qu’il a laissé tomber plusieurs lettres effacées ou mutilées dans
26
l’antigraphe . Alors il recopie la fin du livre où Ibn al-Qil"#!$% raconte qu’à cause
de son départ de Beyrouth, à l’ordre de ses supérieurs, l’original lui est retiré ; il
est vieux de huit cents ans, mal conservé et en grande partie mutilé ; il est écrit à
27 28
B0/annis par Slaym"#n, diacre de l’évêque de B0/ur:;"#f . Ainsi Ibn al-Qil"#!$% est

21. BREYDY 1985 : 184, considère, à juste titre, que cette partie n’a pas été traduite du latin
comme le note GRAF, GCAL, III : 311, mais qu’elle appartient au vieux patrimoine syriaque.
22. F. 5v-6r. À la marge inférieure droite du f. 6r, une note, en garchouni, signale « qu’il manque
des folios » pour indiquer que le traité de Sévérien est mutilé dans l’antigraphe. GRAF,
GCAL, III : 317, se trompe dans la foliotation : f. 5v-8v.
Pour comparer ces thèmes au reste des œuvres de Sévérien, Graf se fonde sur le catalogue de
Wright et cite les manuscrits syriaques 858 (Breydy le corrige à juste titre par 862 ce qui
correspond au Add. 17.194) et 863 qui correspond au Add. 14.538. Il cite également le P.G.,
LXV : 13-14, et ZELLINGER 1926 : 117-127. Breydy reprend les mêmes informations en
ajoutant le manuscrit Add. 14.532 qui renferme, en fait, des traités sur des thèmes bibliques.
Nous signalons, toutefois, que le contenu du P.G., LXV : 14-26, Oratio in Dei Apparitionem
est différent de celui que contient la lettre présentée par Ibn al-Qil'%&(!.
23. F. 6r-8v. FESTUGIÈRE 1982 : 488-491. La lettre, telle qu’elle est présentée dans notre
manuscrit, commence au cinquième paragraphe et omet tout le début. L’identification du
destinataire comme étant Jean d’Antioche est due à l’amabilité du Professeur Sebastian
Brock qui nous a signalé également l’édition syriaque dans la note suivante. Une version
complète de cette lettre, en garchouni, est relatée par Ibn al-Qil'%&(! dans Miscellanea.
24. F. 8v-10r. P.G., LXXVII : 224-228 ; FESTUGIÈRE 1982 : 512-514. Cette lettre fut également
éditée dans EBIED et WICKHAM 1975, texte syriaque : 54-57 et traduction anglaise : 44-46.
Les éditeurs utilisent le texte du VA 640 en tant que variante alors que les leçons sont
extraites du ms. Add. 14.557.
25. F. 10r-16v. C’est l’épître 28, éditée dans P.L., LIV : 755-782. La version syriaque de notre
manuscrit paraît appartenir à la tradition conservée dans plusieurs manuscrits de la British
Library et dont le plus ancien remonte au VIe siècle. Voir MOUTERDE 1932.
26. Chaque fois que le copiste a voulu intervenir dans le texte, il a noté, à la marge au début et à
la fin, l’expression « que la volonté de mon Dieu soit ».
27. Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot arabe 56idy&'q, qui désigne plutôt aujourd’hui le sous-diacre.
98 Les œuvres en prose

obligé de terminer son premier livre, intitulé Le guide des mœurs où il n’a rien
mis de ses propres dires ni de ceux de ses contemporains, mais a seulement
29
repris ce qui est écrit dans ce vieux livre .

30
B- Des fragments des Pères et des Docteurs
Cette partie vient après la conclusion du premier livre et ainsi elle nous
laisse face à un problème. Les traités qui suivent sont-ils de l’auteur même, ou
du copiste ?
Nous penchons à considérer que le copiste a trouvé dans un autre manuscrit
la partie qui était illisible ou manquante dans l’antigraphe du premier livre.
31
Ainsi, il commence cette série par le mot « aussi » et nous livre la suite des
traités qui devaient figurer dans son texte original :
32
1- Sermon de saint Jacques [de Saroug] , en syriaque.
33
2- Un symbole de foi , en garchouni.
34
3- Sur les deux natures , en syriaque.
4- Prœmion de saint Isaac, disciple de saint Éphrem : sur les deux natures
35
contre les hérétiques Nestorius et Eutychès , en syriaque.
36
5- De saint Isaac, sur la foi et l’incarnation du Christ en deux natures , en
syriaque.

28. BREYDY 1985 : 184, corrige l’information de GRAF, GCAL, III : 318, qui considère que le
nom de l’évêque est B./ur7;'%f.
29. Ce vieux livre, malheureusement perdu, est l’une des rares preuves de la présence des
chrétiens dans le district du Metn (Mont-Liban) vers le IXe siècle.
30. F. 16v-26r.
31. En syriaque lìò.
32. F. 16v-17v.
33. F. 17v.
34. F. 17v-18r. Le titre syriaque fait de cet article un soghito dédié à la Vierge par saint Éphrem :
aüÜö@ò‡ÝïÜ@aóïÌí(@âî‹Ðe@ñ‹à†
GRAF, GCAL, III : 319, reprend cette même information. En revanche, BREYDY 1985 : 184,
avance que c’est un Husoyo sur les deux natures probablement de Babai ou d’Isaac le
Syrien ; il ajoute que le titre fut ajouté ultérieurement et indique que cette prière est chantée à
la fête de Marie selon le rythme dit éphrémien.
35. F. 18r-19r. Ce texte fut utilisé dans les éditions de BICKELL 1873, I : 24-33, et BEDJAN 1903,
I : 800-804.
36. F. 19r-23v. Ce texte fut utilisé dans les éditions de BICKELL 1873, I : 2-25, et BEDJAN 1903,
I : 789-800.
1.2 Explication de la foi 99

37
6- De saint Éphrem , en syriaque.
38
À la fin de cette partie , nous trouvons une collection de bulles, au nombre
de huit, adressées par les papes aux maronites entre 1215 et 1515. Cette
collection de bulles paraît hétérogène et plus récente que le contenu du premier
livre, puisé dans ce « vieux manuscrit » de la patrologie syriaque. La traduction
arabe est bien celle d’Ibn al-Qil"#!$% qui l’affirme à plusieurs reprises, mais son
insertion dans le manuscrit VA 640 paraît être le travail du copiste.
En revanche, Douaihy, dans son Apologie/II, considère cette collection
39
comme étant une partie intégrante du premier livre .
En tout cas, vu l’importance de cette collection de bulles et son
40
homogénéité en tant qu’ensemble, nous avons préféré la traiter à part .

41
III- Deuxième livre : La constance de la vérité
Au f. 97r, Ibn al-Qil"#!$% explique le choix de son titre. Il a appelé le
deuxième livre La constance de la vérité, car il y inclut des dates anciennes qui
exposaient « l’histoire de l’Église et la constance de la foi des chrétiens ».
Il veut également démontrer la foi du « peuple de Maron et sa persévérance
dans la foi de l’Église » (f. 39r), en réfutant les prétentions de ceux qui
critiquent les maronites et en leur reprochant :
– de n’avoir suivi les Francs que récemment ;
– de ne s’être soumis que récemment à l’obéissance du pape de Rome ;
– d’avoir suivi autrefois la croyance des jacobites ;
– de ne pas reconnaître le pape en tant que chef de l’Église, vicaire du
Christ et successeur de Pierre.
Pour toutes ces raisons, Ibn al-Qil"#!$% intitule son livre La constance de la
vérité pour démontrer que l’Église était et reste dans la voie de la vérité, afin
que tout menteur soit désavoué.
Le schéma suivi par Ibn al-Qil"#!$% dans ce livre est le suivant :

37. F. 23v-26r.
38. F. 26v-37v.
39. Apologie/II : 253.
40. Voir Collection des bulles adressées aux maronites.
41. F. 39r-94r ; 207r-215v.
100 Les œuvres en prose

A- Histoire de l’Église et liste des papes d’après le livre du moine


42
Martin de Troppau (†!1278)
Il commence par décrire les différents degrés des cardinaux, des patriarches,
des évêques et des diacres ; il énumère les églises cardinalices à Rome ; puis il
nous raconte l’incarnation du Christ, son ascension et l’histoire des papes depuis
Pierre jusqu’à Alexandre VI. Cette notice se termine ainsi :
Aujourd’hui règne le pape Alexandre, en 1495. Ainsi les secrets de la papauté sont révélés
et l’on a démontré les bonnes et les mauvaises choses ; le mensonge des Orientaux est
devenu manifeste surtout leurs accusations contre le Saint-Siège et leurs affirmations que
les maronites étaient jadis des leurs [des jacobites] et en désaccord avec l’Église de Rome.
Le nombre des papes de Pierre jusqu’à présent, l’année 1495, est 219, deux ayant été
destitués et non comptés parmi les bons, l’un s’appelait Jean et l’autre Léon. Parmi ceux
43
dont on a écrit leurs noms, 72 étaient des martyrs, 52 consacrés saints sans être tués…

Le copiste, avec une écriture légèrement différente se démarquant du texte


original, allonge, aux f. 62r-63r, la liste jusqu’au pape Grégoire XIII, élu en
44
1560 . Parmi les bienfaits de ce pape, le copiste cite sa fondation du Collège
45
maronite à Rome [en 1584] .
Plusieurs remarques nous intéressent dans cette partie :

42. F. 39r-61v. L’historien Dan Embree écrit à propos de Martin : « Martinus Polonus (also
known as Martinus Oppaviensis or Martin of Troppau) was a thirteenth century Dominican
friar and papal chaplain (to Pope Nicholas III) and archbishop (of Gnesen). He was born
sometime in the early thirteenth century, apparently in Troppau, in Silesia. He died in 1278
in Bologna on his way to assume his see. He was the author of a collection of sermons and of
a compilation of decretals, but he is chiefly known for his revision of existing catalogs of
popes and emperors into the Latin Chronicon Pontificum et Imperatorum. The Chronicon
achieved widespread popularity in the later Middle Ages, as is proved by its continuation in
some manuscripts to various dates in the fourteenth and fifteenth centuries and by its
survival in more than 425 manuscripts […] It quickly became the principal handbook of
papal and imperial history for theologians and canon lawyers. Before the end of the Middle
Ages, it had been translated into Czech, French, German, Italian, and Spanish, as well as
English. It was one of the earliest printed books. Another measure of Martinus’s popularity
is his use by other late-medieval chroniclers… He remains an important medieval writer,
however, since the force of his popularity meant that he largely determined what late
medieval readers knew, or thought they knew, about their papal and imperial history ».
EMBREE 1999 : 2.
43. VA 640, f. 61v-62r. GRAF, GCAL, III : 321, se trompe en considérant que le dernier pape cité
par Ibn al-Qil'%&(! est Innocent VIII (1484-1492) et que le copiste s’est chargé du reste.
44. Toujours d’après le manuscrit qui diffère du vrai mandat de Grégoire XIII (1572-1585). En
outre, le copiste a omis le mandat du pape Pie V (1566-1572).
45. Sur le Collège maronite à Rome, voir GEMAYEL 1984.
1.2 Explication de la foi 101

a- La délimitation des mandats des papes chez Martin de Troppau est


souvent fluctuante dans les manuscrits et les différentes éditions. C’est pourquoi
la version d’Ibn al-Qil"#!$% diffère par exemple des éditions de la Chronique de
46 47
Martin faites en 1503 et 1574 .
b- On trouve l’omission de plusieurs conciles par Ibn al-Qil"#!$%< :
48 49 50
Constantinople III (680-681) , Constantinople IV (869) , Latran I (1123) ,
51 52 53 54
Latran II (1139) , Latran III (1179) , Lyon II (1274) , Vienne (1311-1313) et
55
Constance (1414-1418) .

56
B- Lettre à un notable
57
Gabriel, frère mineur, envoie, de Beyrouth , cette lettre à un vénérable
notable. Il le félicite de sa soif de vérité et l’affermit dans sa volonté
d’apprendre. Il appuie sa réponse par des exemples et des sentences des grands
philosophes et docteurs tels Salomon, Platon, Sénèque, Cicéron, Jérôme et
Nicolas de Lyre. Il lui demande de ne pas présenter sa lettre aux jaloux qui le
haïssent.

46. La chronique martiniane de tous les papes qui furent jamais et finist jusques au pape
Alexandre dernier décédé mil cinq cens et trois, traduit par Sébastien Mamerot…, vers 1503.
47 . Martini Poloni, Archiepescopi Consentini, ac summi Pontificis Pœnitentiarij, Chronicon
expeditissimum, ad fidem veterum manuscriptorum codicum emendatum & auctum : Opera
Suffridi Petri Leouardiensis Frisij. V.i.c. Antverpiae, Ex officina Christophori Plantini,
Architypographi Regij. M.D.LXXIIII.[1574].
48. Martin le cite sous le mandat d’Agathe : « Huius tempore celebrata est sexta synodus apus
Constantinopolim, ducentorum sexagintaquatuor episcoporum ». MARTIN DE TROPPEAU
1574 : 284. Ibn al-Qil'%&(! le cite dans la partie civile, en parlant du règne de l’empereur
Constantin IV (f. 80r).
49. Martin le cite sous le règne du pape Jean VIII (872-882). MARTIN DE TROPPEAU 1574 : 324.
50. Non cité par Martin de Troppeau.
51. Martin le cite sous le règne du pape Innocent II (1130-1143). MARTIN DE TROPPEAU 1574 :
375.
52. Martin le cite sous le règne du pape Alexandre III (1159-1181). MARTIN DE TROPPEAU 1574 :
384-385.
53. Cité par MARTIN DE TROPPEAU 1574 : 415.
54. Cité par MARTIN DE TROPPEAU 1574 : 444.
55. Non cité par Martin qui termine sa Chronique en 1320.
56. F. 64r-65v.
57. Le copiste ajoute qu’il a exécuté sa copie au monastère de Quz./ay'%.
102 Les œuvres en prose

Ajoutons que cette lettre semble être une lettre-modèle, qui veut supplanter
les différentes lettres-modèles contenues dans le manuscrit de M,-s"# Ibn !A*+:>ah
(le VA 74).

58
C- Liste des empereurs et des rois chrétiens
Ensuite, Ibn al-Qil"#!$% essaie de nous livrer un résumé de l’histoire des
empereurs et rois chrétiens. Le but est apologétique ; il veut réfuter les
prétentions de ses adversaires qui veulent attribuer la majesté royale non aux
Francs, mais aux rois des Éthiopiens à qui revenait la mission de libérer les
59
autres chrétiens en Orient . Ibn al-Qil"#!$% affirme que les rois des Éthiopiens
s’étaient ralliés aux musulmans et que la Terre sainte ne fut pas délivrée par les
Éthiopiens, les syriaques (jacobites) ou les coptes. Et si les Latins (Francs) ont
échoué et n’ont pas pu conserver Jérusalem, c’est parce que Dieu veut châtier
les habitants de ces pays qui ont un différend avec le Siège apostolique.
Pour cela, il compte relater à son destinataire la gloire de l’Église et les
glorieux exploits des empereurs chrétiens. Il veut raconter comment l’Église,
dans les épreuves qui l’ébranlaient, se débarrassait des hérétiques et confirmait
ses fidèles dans la foi. Pour étayer son hypothèse, Ibn al-Qil"#!$% se réfère au Livre
des rois, en l’occurrence à la partie civile de la Chronique de Martin de Troppau
qu’Ibn al-Qil"#!$% ne nomme pas.
Ainsi, à l’instar de la Chronique de Martin de Troppau, Ibn al-Qil"#!$% débute
ses Annales à partir « d’Octave César Auguste, car il était à l’époque du Christ,
et parce que l’histoire des rois entre Adam et Saül, se trouve dans des livres
entre les mains des maronites, et celle des rois, depuis Saül jusqu’au Christ, se
trouve dans les livres hébraïques » (f. 66v).
Le dernier roi cité par Ibn al-Qil"#!$% est Louis IX, roi de France qui, en 1270,
entama une croisade et mourut en Sicile sans pouvoir délivrer la Terre sainte
60 61
des mains des musulmans . Alors le copiste continue, aux f. 90v-94r , la

58. F. 65v-94r.
59. L’auteur semble évoquer l’hypothèse qui circulait à son époque, selon laquelle le pape
promit au roi éthiopien Zara Yaqob (1434-1468) de l’aider « au cas où les Éthiopiens
envahiraient l’Égypte et délivreraient la Palestine ». Voir JABRE-MOUAWAD 2001 : 53.
60. La date de 1270 est, en réalité, la date de la mort de Louis IX, dont la croisade avait été
entamée en 1248. Ajoutons que le roi est mort en Tunisie et non en Sicile comme l’affirme
Ibn al-Qil'%&(!.
61 . Les f. 91r-96v forment un cahier ajouté ultérieurement, car celui-ci ne porte pas de signature
et n’affecte pas l’énumération continue des cahiers.
1.2 Explication de la foi 103

chronique à partir de 1280 jusqu’à Philippe [II] roi d’Espagne (†!1598) et


62
jusqu’à l’empereur Rodolphe [II d’Autriche] (†!1612) .
Maintes remarques à propos de cette partie sont à signaler :
a- La datation fluctuante des règnes des empereurs et rois entre Ibn al-Qil"#!$%
et les éditions connues de Martin de Troppau.
b- Au f. 79r, Ibn al-Qil"#!$% raconte la genèse de l’islam : Mahomet naquit
dans l’Arabie. Il était épileptique et prétendait parler à l’ange Gabriel. Il devint
un chef de bandits. Le moine Serge prit soin de lui et le fit « roi des Arabes ».
Ce même Serge, avec l’aide de deux autres personnes, un juif exilé de France et
Jean, un diacre exilé d’Antioche, ont écrit le Coran et proclamé Mahomet
63
prophète .

64
D- Traité sur le jugement dernier
Ibn al-Qil"#!$% dans la présentation de ce livre, annonce la présence d’un traité
sur le jugement dernier (f. 97r). Ce traité ne figure pas à sa place normale dans
le ms. VA 640, mais à la fin, après le colophon. Il est écrit par la main du même
copiste qui a allongé la liste des papes entre 1495 et 1584 (f. 62r-63r) et la liste
des empereurs entre 1280 et 1580 (f. 90v-94r).
Ce traité réfute les opinions des personnes qui ne croient pas en une vie
éternelle ou qui nient l’existence d’un jugement à la fin du monde.
Alors Ibn al-Qil"#!$% construit sa réponse selon trois axes :
– l’existence de la résurrection ;

62. Le copiste indique que l’empereur Rodolphe avait 26 ou 28 ans. Sachant que Rodophe naquit
en 1552, cela nous conduit à dater la note du copiste vers 1578-1580. (f. 94r).
GRAF, GCAL, III : 321, considère que l’ajout du copiste se termine en 1663.
63. Martin de Troppau ne parle que de Serge dans sa Chronique. Voir MARTIN DE TROPPEAU
1574 : 273-278. Pour plus d’informations sur les diverses versions médiévales du début de
l’islam, voir HOYLAND 1997.
64. F. 207r-215v, amputé de la fin. Ce traité se trouve dans deux cahiers ajoutés ultérieurement,
en l’occurrence un ternion (f. 207r-212v) et un binion (f. 213r-216v). Il est cité, en tant que
sermon, par GRAF, GCAL, III : 323, qui note que, même sans aucune mention d’auteur, le
style paraît être celui d’Ibn al-Qil'%&(!.
Nous nous demandons si ce traité et celui qui le suit ne forment pas le traité cité par Douaihy
sous le titre : Kit&'b (an al-mawt wal-qiy&'mah [un livre sur la mort et la résurrection]. Voir
VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396, Histoire/Chartouni : 153. Cette citation n’est pas faite
dans la version concise des Annales. Voir VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237.
104 Les œuvres en prose

– l’existence d’un jugement ;


– l’existence des sanctions pour les actes de bien et de mal.
Pour étayer sa réflexion, l’auteur utilise des témoignages de l’Ancien
Testament sur la venue du Christ pour juger l’homme, des paroles du Christ et
de ses disciples sur sa seconde venue et, enfin, des écrits patristiques, ainsi que
65
la doctrine de l’Église .

E- Traité sur le résurrection du Christ


Il manque dans le ms. VA 640 ; Ibn al-Qil"#!$% place originellement ce traité
dans l’ensemble du deuxième livre (f. 97r).

66
IV- Troisième livre : La proclamation de la foi
Ibn al-Qil"#!$% a intitulé ce livre La proclamation de la foi, parce qu’il y parle
de l’union des deux natures et des personnes divines. Il se permet de se
prononcer sur ce sujet, ayant acquis le septième degré dans l’échelle des études,
67
en l’occurrence la théologie .
Ce livre contient deux parties :

68
A- Sur l’union des deux natures
Le contenu de cette partie est puisé dans l’œuvre de Duns Scot (†!1308) « le
maître de l’école de Paris ». Nous penchons à croire qu’Ibn al-Qil"#!$%, qui ne
traduisait pas textuellement l’œuvre de Duns Scot, l’a pourtant bien utilisé :

65. BREYDY 1985 : 186, note que sous les prénoms d’Alexandre et Ricardus, auxquels se réfère
Ibn al-Qil'%&(!, il décèle l’identité des deux maîtres franciscains Alexandre de Hales (†!1245) et
Ricardus de Saint-Victor (†!ca 1173).
66. F. 97r-169r.
67. Aux f. 130v-131v, Ibn al-Qil'%&(! énumère les différents degrés dans l’échelle des études qui
existaient à son époque : 1- La grammaire ; 2- La rhétorique ; 3- La logique ; 4- La
philosophie ; 5- La géométrie ; 6- L’astrologie ; 7- La théologie ; 8- L’arithmétique ; 9- La
scolastique ; 10- La musique ; 11- Le droit canonique ; 12- La physique ; 13- La
nécromancie ; 14- La médecine ; 15- La chirurgie ; 16- L’histoire (connaître l’Ancien et le
Nouveau Testament, les sciences de l’Église). Ainsi personne n’a le droit d’entamer de
controverses théologiques s’il n’a pas déjà acquis le septième degré ; sinon il subira des
excommunications.
68. F. 97r-164r.
1.2 Explication de la foi 105

69 70
1- Distinctionum et Quaestionum libri tertii Sententiaru , distinctio I et
71
distinctio II ;
2- Une partie ajoutée par Ibn al-Qil"#!$% pour expliquer quelques notions
72
philosophiques tels la personne, la forme, l’accident, la transformation, etc. ;
73
3- Une dissertation sur les deux volontés dans le Christ . L’auteur cite Jean
Damascène, Augustin, Bonaventure, etc. ;
74
4- Une dissertation sur les deux natures du Christ . L’auteur cite Ambroise,
Bonaventure, etc. ;
75 76
5- Distinctionum et Quaestionum libri primi Sententiarum , distinctio XI ,
77 78 79 80
distinctio XII , distinctio XIII , distinctio XV et distinctio XVI .

81
B- Traité sur les hérésies
Ce traité débute par l’énoncé : « Ici le maître a laissé la controverse pour
parler des hérésies ». Apparemment, le mot maître désigne ici Ibn al-Qil"#!$% et
non Duns Scot dont l’Opera Omnia ne conserve aucun traité sur les hérésies.
Après une comparaison entre le sens des mots « schismatique » et
« hérétique », l’auteur livre une énumération des hérésies constatées dans
l’histoire de l’Église.
Ibn al-Qil"#!$% ne signale pas la source de son œuvre, mais nous croyons qu’il
a puisé dans le Directorium Inquisitorum du dominicain Nicolau

69. DUNS SCOT 1639, VII/I : Quaestiones in lib. III sententiarum, tomi septimi pars prima.
70. F. 97r-110v. DUNS SCOT 1639, VII/I : 1-60.
71. F. 110v-120v. DUNS SCOT 1639, VII/I : 60-91.
72. F. 120v-130v.
73. F. 132r-139v. À la fin, Ibn al-Qil'%&(! note : « Est fini le traité sur les deux volontés dans le
Christ, [tiré] de la controverse du théologien de l’école de Paris ».
74. F. 140r-144r.
75. F. 144r-164r. DUNS SCOT 1639, V/I : Quaestiones in lib. I sententiarum, tomi quinti pars
prima.
76. DUNS SCOT 1639, V/I : 857-874.
77. DUNS SCOT 1639, V/I : 874-893.
78. DUNS SCOT 1639, V/I : 893-918.
79. DUNS SCOT 1639, V/I : 918-924.
80. DUNS SCOT 1639, V/I : 924-938.
81. F. 164r-169r.
106 Les œuvres en prose

82
Eymerich (†!1399) , vu la grande ressemblance entre la liste fournie par
Eymerich et la liste énumérée par Ibn al-Qil"#!$%. Eymerich énumère 68
83
hérésies :
Simoniani, Menandrini, Basilidiani, Nicolaitae, Gnostici, Carpocratiani, Cerinthiani vel
Millenarii, Nazaraei, Ophytae, Valentiniani, Apellitae, Archontiaci, Adamiani, Cainani,
Sethiani, Melchisedechiani, Angelici, Apostolici, Cerdoniani, Marcionistae, Artotyritae,
Aquarii, Severiani, Tatiani sive Encratite, Alogii, Cataphriges, Cathari, Pauliani,
Hermogeniani, Manichaei, Antropomorphitae, Hierachitae, Novatiani, Montani, Ebionitae,
Photiniani, Aeriani, Aetiani sive Eunomiani, Origeniani, Nœtiani sive Patripassiani,
Sabelliani, Arriani, Macedoniani, Apollinaristae, Antidicomaritae, Metangismonitae,
Patritiani, Collubiani, Floriani, Donatistae, Bonossiani, Circumcelliones seu Scotolopitae,
Priscillianistae, Luciferiani, Louinianistae, Heluidiani, Paterniani, Arabici, Tertullianistae,
Tessarescaedecatitae, Nyctages, Pelagiani, Nestoriani, Euthychiani, Acephali, Theodosiani
sive Gaianitae, Agnoitae, Trineitae.

Ibn al-Qil"#!$% reprend cette liste (il omet seulement les Heluidiani) où
figurent les hérésies classiques, mais aussi des sectes moins connues tels les
Ophytae qui adoraient le serpent et les Aquarii qui n’utilisaient que l’eau pour
l’eucharistie.
En outre, il ajoute à la liste les r-.ms (les Grecs ou byzantins), les
84
Arméniens, les coptes et les maq!"ry!"n$% (pour désigner les monothélites) .
En ce qui concerne les jacobites, il les confond avec les Acephali ; il
considère également que les Origeniani diffèrent des origénistes.
À la fin de ce livre, Ibn al-Qil"#!$% note que l’Église de Rome, siège de Pierre,
a été quelquefois ébranlée par les hérésies, mais ne s’est jamais éloignée de la
foi de Pierre qui la soutient et l’affermit.
Dans une autre œuvre, Ibn al-Qil"#!$% note, en marge de sa rédaction contre
85
les patarins , qu’il a déjà écrit un traité sur les hérésies, puisé dans un livre

82. EYMERICUS 1607. Une étude sur l’auteur et son œuvre est faite par Louis Sala-Molins dans
EYMERICH ET PEŇA 2001.
83. EYMERICUS 1607 : 243-246 : Quaestiones quinquaginta. Octo de Haeretica Pravitate. Ad
officium inquisitionis pertinentes. Quastio VI de haeresibus damnatis relatis in Decreto.
84. Ibn al-Qil'%&(!- considère Jean Maron comme ayant été adepte de cette secte avant sa
conversion au catholicisme et sa consécration comme patriarche d’Antioche et du Mont-
Liban.
85. Voir Le livre de la Loi, II : contre les patarins. VA 639, f. 6v-24r ; Borg Ar 137, f. 99v-114r ;
Kreim 41, f. 295v-311r.
1.2 Explication de la foi 107

86
théologique, mais sans toutefois l’illustrer par des témoignages de la Bible .
L’œuvre mentionnée pourrait être notre traité actuel.

V- Quatrième livre : Le renouvellement de la charité dans la voie de


87
l’union
Ce livre comporte deux parties :

A- Un exposé sur l’histoire de la sagesse, l’astrologie et la musique, puis


88
l’histoire de Denys, disciple de Paul
Ibn al-Qil"#!$% veut expliquer comment les anciennes civilisations avaient
inventé les différentes sciences telles l’astrologie et la musique et comment la
sagesse avait changé la vie des gens surtout avec Athènes et ses philosophes.
Aux f. 171v-174r, nous trouvons l’histoire de Denys [l’Aréopagite] qui était
un grand philosophe et le chef des juges à Athènes et comment il s’est converti
89
et est devenu le disciple de Paul .
Le but de cet exposé, d’après Ibn al-Qil"#!$%, est de démontrer que les
anciennes civilisations avaient le grand souci d’honorer leurs idoles et veut ainsi
exhorter ses lecteurs à vivre leur religion chrétienne, celle de la vérité (f. 174r).

90
B- Collection d’exposés sur le gouvernement de l’Église
Ibn al-Qil"#!$% veut démontrer, dans cette partie, que les responsables de
l’Église avaient œuvré avec assiduité pour le salut de leur peuple par le

86. VA 639, f. 8r ; Borg Ar 137, f. 100r.


87. F. 169v-193v.
88. F. 169v-174r.
89. La conversion de Denys l’Aréopagite est citée dans Ac 17, 34. Sur ce personnage, sa relation
avec Paul et ses œuvres, voir STIGLMAYR 1909 et CANDILLAC 1943. L’histoire relatée par Ibn
al-Qil'%&(!- peut être puisée dans l’une des épîtres attribués au Pseudo-Denys. Voir GEERARD,
CANT, 164 (Epître du Ps-Denys à Tite) et 197 (Epître du Ps-Denys à Timothée) ; voir
également BAUMSTARK 1922 : 69, n. 5. (C’est le Professeur Alain Desreumeaux qui nous a
aimablement fourni ces informations).
90. F. 174r-193v.
108 Les œuvres en prose

gouvernement spirituel et temporel à l’instar d’un père tendre envers ses


enfants.
C’est pourquoi l’Église était obligée de convoquer des conciles et de
sanctionner les pécheurs. En outre, les fidèles s’étaient exposés aux divers
supplices et martyrs pour défendre la foi de l’Église.
Ainsi, Ibn al-Qil"#!$% enchaîne plusieurs petits traités pour illustrer ce combat
livré par l’Église et ses ouailles contre le mal :
1- Sur les « quatre portes de l’enfer » : les diables, les juifs, les idolâtres et
91
les hérétiques .
Ces ennemis ne pourront jamais vaincre l’Église, parce qu’elle est bâtie sur
le roc et parce que le Christ est son fondateur.
92
2- Les guerres contre l’Église .
Il raconte l’histoire des hérésies du début du christianisme jusqu’au premier
concile de Nicée (325).
93
3- Les symboles des apôtres et de Nicée .
Le Credo fut d’abord constitué au concile de Jérusalem par les apôtres eux-
mêmes. Chacun d’eux a prononcé une phrase et ainsi l’ensemble est devenu le
94
symbole des apôtres . Les pères conciliaires l’ont adopté avec quelques
changements et désormais on l’a appelé le symbole de Nicée.
95
4- Les livres canoniques .
96
5- Les livres des Pères et des docteurs acceptés par l’Église .
97
6- Les livres apocryphes ou prohibés par l’Église .
98
7- Des notes sur les six premiers conciles .

91. F. 174v-175r.
92. F. 175r-177r.
93. F. 177r-179r.
94. À plusieurs reprises dans ses œuvres, Ibn al-Qil'%&(! relate comment chaque apôtre a prononcé
une partie du Credo. Voir La fleur de la Loi ; Sur la foi.
95. F. 179r-180r.
96. F. 180r-181r.
97. F. 181r-182r.
98. F. 182rv.
1.2 Explication de la foi 109

Ces conciles sont appelés synodaux, parce que « toutes les régions y ont été
convoquées » : Nicée, Constantinople I, Éphèse, Chalcédoine, Constantinople II
et Constantinople III.
99
8- Des notes sur vingt-trois « petits » conciles .
La liste commence par le concile d’Ancyre (314-315) et se termine par celui
de Lyon I (1245).
100
9- Une collection de paroles et de décrets des papes sur les conciles .
101
10- Les degrés du clergé et les fonctions propres à chacun d’eux .
Ibn al-Qil"#!$% rappelle les divers degrés du clergé : le cantorat, le lectorat,
102 103 104 105 106
l’ostiariat , l’acolytat , le sous-diaconat , le diaconat , l’archidiaconat , la
107 108
prêtrise , le chorépiscopat et, enfin, l’épiscopat qui se divise en quatre
dignités en l’occurrence, en partant du plus bas, le périodeute, l’évêque,
l’archevêque et le patriarche.
Cette répartition correspond, en fait, à la tradition latine et non à la tradition
orientale maronite. Chez les maronites, le sous-diaconat englobe les degrés de

99. F. 182v-183r.
100. F. 183r-185v.
101. F. 185v-193v.
102. Ibn al-Qil'%&(! utilise faussement les mots syriaques bÈìŠaò ou bÈìŠò, alors que le vrai mot qui
signifie portier est bïÈŠò.
103. Ibn al-Qil'%&(! utilise les mots syriaques bï9ìŠ ou b9ìŠ pour désigner « celui qui signe par la
croix » [sur les possédés] alors que le mot syriaque adéquat est bïå9ìŠ. Il utilise églament
les mots arabes 789 3!6 qui n’ont pas de référent dans la tradition orientale.
104. Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot syriaque bå“á“à et les mots arabes 3!6 alors que ce dernier
désigne plutôt le diacre dans la tradition orientale. Pour désigner le sous-diacre chez les
maronites, on utilise le mot syriaque båÕî‡Ðìû ou les mots arabes :+!';$<= ou >!'(?.
105. Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot syriaque båÕî‡ïØŠe@óyò et les mots arabes 7)+ 3!6. La tradition
maronite attribue à ce degré le mot syriaque bå“á“à et les mots arabes @AB!C/ 3!6 pour
indiquer que celui qui accède à ce degré a le droit de lire les épîtres pendant la messe.
106. Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot syriaque båÕî‡ïØŠe et le mot arabe >!'(?. La tradition maronite
utilise plutôt le mot syriaque çíÕî†@”îŠ et les mots arabes @A"D= 3!6 pour indiquer que celui
qui accède à ce degré a le droit de lire l’Évangile et de prêcher pendant la messe.
L’utilisation actuelle dans l’Église maronite a fusionné les deux degrés de diaconat et de
l’archidiaconat : c’est le diacre qui correspond aux mots syriaque bå“á“à et arabe 3!6.
Apparemment, Ibn al-Qil'%&(! s’est trompé en attribuant au sous-diaconat les mots syriaque
bå“á“à et arabe 3!6 correspondant au diaconat, et au diaconat le mot arabe >!'(? qui
correspond au sous-diaconat.
107. Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot syriaque b“ï“Ô.
108. Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot syriaque bîŠíØ.
110 Les œuvres en prose

l’ostiariat, de l’acolytat et du sous-diaconat ; le périodeute figure parmi les


109
dignités de l’ordre presbytéral et non épiscopal .
À la fin, Ibn al-Qil"#!$% expose les fonctions de chaque degré, énumère les
différentes positions concernant le mariage des prêtres et rappelle que tous les
clercs doivent s’appliquer la tonsure.
Il affirme que la tradition orientale, concernant le mariage des prêtres, est
tolérée difficilement par l’Église occidentale sur laquelle il s’aligne en
concluant son exposé : « Quiconque ne peut garder sa virginité ne peut pas
arriver au sacerdoce. »

109. Pour plus d’informations sur la hiérarchie ecclésiastique chez les maronites et sur ses
différentes appellations, voir DIB 1919 : 25-27 ; DIB, Histoire, I : 261-277 ;
Lampe/Chartouni, I : 206-222.
111

1.3 LE LIVRE DE LA LOI


1 2 3
Cette collection est citée par Douaihy , Graf et Breydy .
4 5 6
Graf cite les mss VA 639, Borg Ar 137! , VA 642! , VA 425, Faytroun 63.1! ,
7 8
#Ayn Warqa 29 , Sbath-Fihris 89 et deux manuscrits conservés au couvent M"#r-
9
?@all$%*+"#<Miqbis .
Breydy de son côté parle d’un livre de morale puisé dans la Summa
d’Astesanus : le ch. II (sur les vertus et les vices) se trouve dans le ms.
Alep 127 ; les ch. IV (sur les sacrements), V (sur la pénitence et l’extrême-
onction) et VI (sur les ordinations) se trouvent dans les mss VA 425, VA 639 et
Borg Ar 137 ; le ch. VIII est identifié dans les mss VA 639, Borg Ar 137, Ain

1. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396, Kit&'b n&'m)*s (Livre de [la] Loi). VA 683, f. 78v ;
Annales/Taoutel : 237, Kit&'b n&'m)*s kan&'yis-. (Livre de [la] Loi ecclésiastique). Voir
également Histoire/Chartouni : 153. Douaihy le cite également dans Apologie/III : 179, 180
et 197.
2. GRAF, GCAL, III : 313-317, « Der Nomos der heiligen antiochenischen Kirche » (Nam)*s al-
kan-.sa al-muqaddasa al-an37&'k-.ya).
3. BREYDY 1985 : 183-187.
4. F. 98r-329r.
5. Graf considère que ce manuscrit représente une version cursive de l’œuvre. En outre, il
avance qu’une partie concernant la consécration de l’eucharistie est éditée dans la revue
Ris&'lat as-sal&'m 10(1928) : 323-327. La comparaison avec le contenu de cet article montre
qu’il fait erreur car l’article mentionné, intitulé « ?@ikr al-&ib'%dat lil-qurb'%n al-aqdas f(! kit'%b
an-N'%m+,s » [Une mention de l’adoration du saint sacrement dans le livre de la Loi], est
puisé dans le ms. VS 133 et concerne une autre œuvre intitulée « Kit'%b al-Hud'% » [Livre de la
Direction].
6. Graf se réfère à CHEBLI 1928 : 921-922. Ce manuscrit est ensuite décrit par FAHD 1962 : 62-
63, n° 454 ; le même auteur lui donne un nouveau numéro, 76, FAHD 1972 : 293-294. Ce
manuscrit est conservé actuellement au couvent N.-D. de Louaizeh (Liban), sous le numéro
NDU DV03.
7. Graf se réfère à CHEBLI 1927 : 694-695. Ce manuscrit se trouve actuellement dans la
bibliothèque du P. Sami Kuri et son contenu diffère de celui du Livre de la Loi.
8. Graf se réfère à SBATH 1938 : 18, où l’auteur cite un livre de droit canon maronite attribué à
Ibn al-Qil'%&(!. Mais, vu l’impossibilité de confronter son contenu aux œuvres que nous
étudions, nous ne pouvons pas l’inclure dans le corpus d’Ibn al-Qil'%&(!.
9. Le premier manuscrit cité par Graf est décrit par HARFOUCHE, Miqbis, in Machriq, 6(1903) :
450-454 ; il correspond actuellement au ms. Kreim 41. Le second est décrit par HARFOUCHE,
Miqbis, in Machriq 5(1902) : 556 ; c’est un livre sur la confession et Harfouche avance qu’il
pourrait probablement être d’Ibn al-Qil'%&(!. Nous ne connaissons ni l’emplacement actuel de
ce manuscrit ni son contenu.
112 Les œuvres en prose

10 11
Warqa 29 , Sbath-Fihris 89 et Kreim 41. Cette classification ne correspond
pas toujours au contenu de tous les manuscrits susmentionnés. Au cours des
pages qui suivent, nous signalerons, en détail, les différents livres et sections
empruntés à la Somme d’Astesanus.
Hector Douaihy fait l’analyse de cette collection d’après les mss
12 13 14 15
Borg Ar 137 , VA 639 , VA 642 et VA 425 .
Dans sa description du Borg Ar 137, H. Douaihy ne traite pas la collection
comme étant une entité, mais plutôt comme plusieurs sections indépendantes :
16
des hérétiques (f. 99v-114r), de la confession (f. 114r-208v) , de l’extrême-
onction (f. 208v-211v), de la déposition des prêtres et autres sujets brefs
(f. 211v-218v), des sept sacrements de l’Église (f. 219r-230v), du mariage
(f. 231r-319r) et de l’ordination sacerdotale (f. 319r-329r).
En outre, H. Douaihy inclut dans cette collection la partie concernant la
17
médecine spirituelle qui n’appartient pas à Ibn al-Qil"#!$% =
Ibn al-Qil"#!$% est bien l’auteur de l’ensemble de l’œuvre dans sa version
18
arabe ; il est cité par les copistes à plusieurs reprises .
Actuellement, le contenu du Livre de la Loi n’est complet et ne possède la
19 20
même structure que dans les deux mss VA 639 et Borg Ar 137 . Le copiste du
Borg Ar 137 déclare qu’il a fait sa copie, le 25 mars 1575, d’après celle d’Ibn
21
al-Qil"#!$%, conservée chez l’évêque D"#w,-d de 23ada*4 (f. 329r). Quant au copiste

10. Voir note 7.


11. Voir note 8.
12. DOUAIHY 1993 : 34-71.
13. DOUAIHY 1993 : 74-77.
14. DOUAIHY 1993 : 81-83.
15. DOUAIHY 1993 : 88-90.
16. H. Douaihy se trompe à plusieurs reprises dans ses références de foliotation : ch. I, f. 115v-
116v à corriger par f. 115r-116r ; ch. II, f. 116r-117v par f. 116v-118r ; ch. XII, f. 137r-130v
par f. 133v-137v, ch. XV, f. 144v-153r par 144v-145r…
17. Borg Ar 137, f. 6r-95v analysé par H. Douaihy aux pages 27-35 sous le titre « Canons des
pères ». Graf considère, à juste titre, que la première partie du manuscrit, intitulée La
médecine spirituelle, n’appartient pas à Ibn al-Qil'%&(!, mais plutôt à Michel, évêque d’A56r(!b et
M'%l(!23 (XIIIe siècle). Voir Les œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil&'(-..
18. Borg Ar 137, f. 230v, 329r ; VA 642, f. 2r, 104v ; Kreim 41, f. 50v, 128r, 206v, 295v, 311v ;
VA 425, f. 45r.
19. F. 2v-278r.
20. F. 98r-329r.
21. Consacré évêque en 1552. Voir Annales/Fahd : 419 ; Annales/Taoutel : 260.
1.3 Le livre de la Loi 113

du VA 639, il assure qu’il a collationné sa copie en 1574 sur cinq exemplaires


(f. 4r).
La comparaison des deux manuscrits révèle que les copistes ont utilisé un
même antigraphe, et ce pour les raisons suivantes :
– tous les deux possèdent, au début, la même table qui énumère toutes les
matières du livre. Cette table ne correspond pas exactement à la répartition
logique du contenu et le copiste du Borg Ar 137 commet plusieurs erreurs de
22
transcription ;
– c’est l’antigraphe qui donne le titre général, Kit!"b an-n!"m-.s (livre de la
23
Loi) , à l’ensemble qui constitue, initialement, plusieurs traités indépendants,
mais regroupés ensuite pour former un seul livre comme l’atteste l’introduction
qui se trouve dans le VA 639 (f. 6v). La question qui demeure sans réponse est
de savoir lequel d’Ibn al-Qil"#!$% ou du copiste de l’antigraphe est l’auteur du
regroupement ;
– les deux copistes utilisent la même expression et insèrent leurs noms
dans un même endroit où devait figurer initialement le nom du copiste de
24
l’antigraphe ;
– les deux copistes reprennent la note du copiste de l’antigraphe qui
avoue se tromper et copier, dans l’œuvre intitulée Les sacrements de l’Église, la
25
partie concernant la messe avant celle du baptême ;
– le copiste du VA 639 ajoute, à la fin, une profession de foi du pape
26
Pie V (1566-72) , datant de 1566, et qui ne figurait pas dans l’antigraphe et
n’est donc pas recopiée dans le Borg Ar 137 ;
– à plusieurs reprises, le copiste du VA 639 ajoute des remarques pour
confirmer que ce qu’il vient de transcrire est « la foi des maronites », celle de
27
l’Église de Rome . Dans l’état actuel des recherches, nous ne pouvons pas
établir si ces remarques sont de la main du copiste du VA 639 ou si elles

22. La table des matières dans du Borg Ar 137 comporte plusieurs erreurs de transcription :
1- Sur les hérétiques, 24 chapitres (au lieu de 27) ; 27- Sur la théologie, 9 chapitres (au lieu
d’un seul) ; 42- Sur la déposition des prêtres, 96 lois (au lieu de 97) parce que le n° 34 est
donné à deux lois différentes (f. 212v).
23. Borg Ar 137, f. 98r, 99r ; VA 639, f. 2v, 4r.
24. Borg Ar 137, f. 220r ; VA 639, f. 147v.
25. Borg Ar 137, f. 221v ; VA 639, f. 150r.
26. VA 639, f. 278r-281v.
27. VA 639, f. 32v, 34v, 63r, 265v, 275r, 277v.
114 Les œuvres en prose

figuraient dans l’antigraphe, mais avaient été éliminées par le copiste du


Borg Ar 137. D’ailleurs, dans l’introduction propre au VA 639, cette notion du
Nomos de l’Église maronite, identique à celle de l’Église universelle de Rome,
est particulièrement mise en relief.
Plusieurs parties de cette œuvre sont recopiées dans plusieurs manuscrits
28 29 30 31
tels Kreim 41 , VA 642 , VA 425 et Faytroun 76 ; nous les citerons et les
analyserons dans les pages suivantes.

I- Introduction de l’œuvre
Cette introduction est propre au ms. VA 639 (f. 6v).
Avec « l’aide de la Trinité », Ibn al-Qil"#!$% entame l’écriture du :
Livre de la Loi de la sainte Église antiochienne, siège de saint Pierre et de Maron, et qui
est transféré au Mont-Liban ; c’est la Loi spéciale de l’Église de Maron, résumée de la Loi
de l’Église de Rome, parce que [celle-ci] est la tête de toutes les Églises et qu’elle est le
siège de saint Pierre, le chef des disciples, et aussi de son successeur, le chef des chefs,
vicaire du Christ à sa place.

L’auteur trace ensuite les traits généraux de son œuvre ; il va enseigner à


son lecteur comment connaître les hérétiques, croire, prier, confesser, absoudre,
célébrer l’eucharistie, légiférer pour un mariage, ordonner les clercs, etc.
Cette introduction générale pose un problème, vu l’existence de plusieurs
introductions spécifiques pour les sujets traités. Ibn al-Qil"#!$% aurait-il lui-même
rédigé cette introduction pour regrouper tous ces traités dans une même
collection ? Est-ce le copiste de l’antigraphe original qui en est l’auteur ?
Questions qui, dans l’état actuel de la recherche, restent sans réponse.

28. Le copiste du Kreim 41, Y+,suf &Am(!meh, a noté à la fin du Borg Ar 137 (f. 329v) qu’il a
copié le manuscrit lors de sa visite à Rome en 1609. L’analyse codicologique indique que
l’actuel Kreim 41 est celui qui est copié à Rome et auquel Borg Ar 137 a servi d’antigraphe.
29. Le copiste du VA 642, Ely'%s d’Ehden, a noté à la fin du Borg Ar 137 (f. 329r) qu’il a copié le
manuscrit lors de sa visite à Rome en 1608. L’analyse codicologique nous permet de
constater que la copie faite en 1608 pourrait être l’antigraphe de l’actuel VA 642.
30. Partant de l’analyse codicologique, nous considérons l’actuel Kreim 41 comme l’antigraphe
du VA 425.
31. C’est un manuscrit composite où sont reliées deux parties différentes (I : copiée en 1649 ; II :
copiée en 1655) ; il comporte dans la partie I, f. 57v-98v, deux chapitres du Livre de la Loi.
La comparaison codicologique conduit à considérer le Kreim 41 comme l’antigraphe de ces
deux chapitres.
1.3 Le livre de la Loi 115

32
II – Contre les patarins
Nous ne connaissons pas la source latine d’Ibn al-Qil"#!$% qui réfute, dans ce
33 34 35
traité , les croyances des patarins en Bosnie. Il énumère 27 erreurs
professées par cette hérésie avant d’en réfuter les points majeurs, telles la
36
croyance en Dieu, la création, l’âme, l’incarnation, etc.
Le VA 639 ajoute à la fin :
L’hérétique est celui qui doute de la foi de l’Église de Rome, qui enseigne, apprend ou
formule une doctrine contre elle, [il est] celui qui sépare le peuple de Maron de son union
avec elle, [ce peuple] qui est constant dans son obéissance à son administrateur, le Vicaire
37
du Christ et le successeur de saint Pierre…

38
III- Un manuel pour les confesseurs
Ibn al-Qil"#!$% signale, à plusieurs reprises, qu’il a puisé ses informations dans
39 40
le Nomos d’Astesanus , appelé aussi Nomos de l’Église de Rome , lequel, en
41
fait, est le travail du franciscain Astesanus (†!ca 1330) , intitulé Summa de
42
casibus conscientiae .

32. VA 639, f. 6v-24r ; Borg Ar 137, f. 99v-114r ; Kreim 41, f. 295v-311r.


33. C’est la traduction du mot arabe maq&'lah.
34. Sur les patarins, voir AMANN 1932 ; PERROY 1967 : 276 ; KNOWLES ET OBOLENSKY 1968 :
438-439 ; LEGER 2002.
35. La table des matières du Borg Ar 137 annonce seulement 24 parties (f. 98r), alors que le
contenu comporte les 27 erreurs. Apparemment, c’est une faute du copiste qui a mal copié le
chiffre syriaque 7 (Œ) en 4 (†).
36. Ibn al-Qil'%&(! note qu’il a déjà écrit un traité sur les hérésies, puisé dans un livre théologique,
mais sans toutefois l’illustrer par des témoignages de la Bible. Voir Explication de la foi,
IV/B : Traité sur les hérésies (Borg Ar 137, f. 100r ; VA 639, f. 8r).
37. VA 639, f. 24r.
38. VA 639, f. 24r-132v ; Borg Ar 137, f. 114r-208v.
39. Voir Borg Ar 137, f. 98r, 161r, 211v, 214r ; VA 639, f. 78r, 136r, 138v.
40. Voir Borg Ar 137, f. 208v, 231r ; VA 639, f. 132v.
41. Astesanus, frère mineur, est connu seulement par le nom du lieu de son origine, Asti, dans le
Piémont. Sur sa vie et ses œuvres, voir MANGENOT 1903 ; WADDING 1906 : 33 ; SBARALEA
1908, I : 104-105 ; BIHL 1930.
42. Pierre Michaud-Quantin écrit à propos de la Somme d’Astesanus : « S’il est un ouvrage qui
mérite bien le nom de somme, c’est celui du Franciscain Astesanus d’Asti ». MICHAUD-
QUANTIN 1962 : 57. BIHL 1930 : 1169, note que « les trois premières [éditions] furent
publiées à Strasbourg, s.d., une avant 1470 et les deux autres entre 1470 et 1474. En 1479, il
116 Les œuvres en prose

Pourtant Ibn al-Qil"#!$% déclare que son œuvre n’en est qu’un résumé et non
une traduction littérale et complète : « je lui écris une explication abrégée de la
43
confession » ; et il ajoute : « nous avons laissé de côté plusieurs [canons sur la
44
confession] à cause de notre incapacité d’écrire et pour abréger l’explication » .

45
A- Introduction
Ibn al-Qil"#!$% envoie ce traité à quelqu’un qui lui a déjà demandé un traité sur
la confession.
Dans cette introduction, l’auteur explique qu’à maintes reprises il a voulu
exaucer la demande de son destinataire, mais qu’il a eu des hésitations pour
plusieurs raisons :
– il se trouve loin du pays et il a peur qu’une main étrangère ou ennemie
intercepte sa lettre et la cache, au cours du voyage, comme il est déjà advenu à
d’autres lettres ;
– il sent qu’il est récusé et contesté dans son pays et que les gens ne veulent
plus ce qui est juste ;
– dans son pays prolifèrent des attitudes qui contrarient la foi de l’Église :
les doctrines, les rituels, les opinions ;
– il a peur d’être méprisé par tous ceux à qui il va révéler les fautes et les
péchés.
Cependant, il s’attelle à la tâche pour répondre à la bonne volonté du
« frère » en question, afin que la vraie foi soit révélée et que celui qui cherche
son salut puisse le trouver.

y eut 3 éditions à Cologne. Elle parut aussi à Venise en 1478 et 1480, à Bâle vers 1477, à
Lyon 1519, Nuremberg en 1482 et 1520 ». Ibn al-Qil'%&(! aurait-il utilisé une des premières
éditions ou en aurait-t-il consulté une copie manuscrite ? Seule une étude approfondie et
comparée des différentes premières éditions, collationnées avec les manuscrits, pourrait nous
donner une réponse ; en tout cas cela n’est pas à notre portée. Nous nous contenterons donc
de comparer le texte arabe d’Ibn al-Qil'%&(! avec une des éditions que nous avons pu
consulter : ASTESANUS 1480.
43. Borg Ar 137, f. 114r ; VA 639, f. 24r.
44. Borg Ar 137, f. 209r ; VA 639, f. 132v.
45. VA 639, f. 24r-25v ; Borg Ar 137, f. 114r-115r. Elle est absente dans les autres manuscrits.
1.3 Le livre de la Loi 117

46
B- De la confession
Ibn al-Qil"#!$% a emprunté cette partie au cinquième livre de la Somme
d’Astesanus. Sachant que ce livre contient dans sa version latine quarante-et-un
47
chapitres, on trouve ici, mais d’une manière abrégée et non systématique, ce
qui correspond aux chapitres 1-40 de l’édition d’Astesanus :
5.1. de vertute penitentie 5.2. de sacramento penitentie 5.3. de quibus penitentia debet agi
5.4. de effectu penitentie 5.5. de impedimentis vere penitentie 5.6. de duratione et
iteratione penitentie 5.7. de penitentia fera ut finali 5.8. de partibus penitentie in communi
5.9. de contritione 5.10. de confessione quid est et de institutione eius et neccessitate 5.11.
de tempore confessionis 5.12. de obiecto confessionis in debis que debet quis
confiteri 5.13. cui est confitendum 5.14. cui presbytero est confitendu 5.15. de quibusdam
specialibus personis quibus debeant confiteri 5.16. qualis debet esse confessor et qualiter
se debet habere ad confitentem 5.17. de interrogationibus faciendis a confessore 5.18.
qualis debet esse confessio 5.19. de confessionis affectu 5.20. de confessionis sigillo 5.21.
quid est satisfactio 5.22. de possibilitate satisfactionis 5.23. cui debet fieri satisfactio 5.24.
per qualia opera satisfactio fieri debeat 5.25. de partibus satisfactionis 5.26. de
elemosyna 5.27. de oratione 5.28. de ieiunio 5.29. de restitutione in communi 5.30. de
restitutione acquisitorum in ludo alearum et taxillorum 5.31. de mensura
48
satisfactionis 5.32. de canonibus penitentialibus 5.33. de speciebus sive differentiis
penitentie in communi 5.34. de penitentia publica 5.35. de penitentia solemni 5.36. de
clauibus utrum sint date ecclesie et quot sint 5.37. de effectu et virtute clauium 5.38. de
ministris clauium 5.39. de his in quos clauium usus exerceri potest 5.40. de indulgentiis.

Quant à la version donnée par Ibn al-Qil"#!$%, elle suit une structure
49
particulière dont les titres sont les suivants :

46. VA 639, f. 25v-132v ; Borg Ar 137, f. 115r-208v ; VA 642, f. 64v-146v et 158r-232r ; Kreim
41, f. 104r-197v. Faytroun 76, f. 71r-98v, ne contient que les seize premiers titres (5.1-5.16).
47. Comme l’atteste Ibn al-Qil'%&(! lui-même : fil-muqta58ar [en abrégé]. VA 639, f. 132v ;
Borg Ar 137, f. 208v ; VA 642, f. 232r ; Kreim 41, f. 197v.
48. MICHAUD-QUANTIN 1962 : 59, écrit : « Le 32e chapitre du livre V de ‘l’Astesana’ connut une
fortune particulière ; il est composé d’une série de canons pénitentiels d’ailleurs empruntés
au ‘Confessionale’ de S. Bonaventure. Au début du XVe siècle un autre franciscain, Nicolas
d’Ausimo, les recopia et en fit un opuscule indépendant sous le titre ‘Canons pénitentiels
extraits de la Somme d’Astesanus’. Ce livret eut une très large diffusion soit qu’il se
présentât sous une forme autonome, soit qu’il fût adjoint comme appendice à d’autres
œuvres, à celle de Nicolas lui-même en premier lieu. Il en existe de très nombreuses éditions
incunables. Il représente la dernière manifestation importante de la discipline des canons
pénitentiels. »
49. La transcription arabe suit le VA 639.
118 Les œuvres en prose

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GA : jk[7$ 2' "!N GO)7$ J$ ($YL) G:Y[7$ ]$Y&'$ 2' cG:Y=7$ Y,$)O 2' cG:Y=7$ GgH0 i>L
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MY7$ X$1 2' "<7GaA vG0 .GO)7$ Z[, |A c{)H, <9$ Bn V>L c{$)H7$ F)@, 2A J$ c{$)H7$
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<pG‡$ 2' "<7GaA 6G^ .„>0Gum$ FGgW^ <6 o†H&=, 2*G@7$ 1Ya>6 MY7$ M()* 2' c„>0Gum$
u?0 2A J$ c<pG‡$ u?0 V>L 2' cu?>6 FG@9$ F$%u€7$ 2' :<6)&7$ ]G/&:$ R GgH0 MY7$ F$%u€7$D
.F$%u€7$ <Hu?, 2A 2' c<pG‡$ D$ F$%u€7$ dgH, +,$ op( cF$%u€7$ $Y* dgH, 1Ya, 2AD <pG‡$
À plusieurs reprises, Ibn al-Qil"#!$% affirme que ce qu’il dit correspond à
50
l’opinion de l’Église de Rome et à celle de Maron, son fils obéissant .
Une comparaison globale entre les mss Borg Ar 137 et VA 639 permet de
constater plusieurs ajouts d’exemples qui existent dans le VA 639 et qui ne
figurent pas dans le Borg Ar 137. Dans l’état actuel des recherches, nous ne
pouvons pas savoir lequel est le plus proche de l’original.
Ce traité se termine par la note suivante :
Cela nous suffit pour l’explication de la sainte confession, de ses canons et de ses devoirs,
[explication faite] en résumé et tirée de la loi de l’Église de Rome, ferme en Dieu. Tout
maître de la confession qui écoute la confession des pécheurs et ne suit pas cette voie, en

50. VA 639, f. 32v, 39r, 63r, 113v.


1.3 Le livre de la Loi 119

toute foi, est dit aveugle, et tous les deux [lui et le pénitent] tomberont dans le trou, je
51
veux dire au fond de l’enfer. »
Le ms. VA 639 ajoute : « Ô Dieu, sauve-nous des dangers. »

52
C- De l’extrême-onction
Cette partie constitue le dernier traité du cinquième livre de la Somme,
portant le numéro 41 :
5.41. de unctione extrema : !"#$ %&'( ) *+,#$ -./0$ 123 %4+,5 1&

53
D- De la déposition des prêtres
Ce traité est emprunté au dix-septième traité du septième livre de la Somme
attesté par Ibn al-Qil"#!$% lui-même :
7.17. de depositione : C"67,8. %49": ;$ <:= %4+>$ 14 %8?@0$ A7B 1&

54
E- De quelques sujets, brièvement
Ibn al-Qil"#!$% déclare au début de cette partie qu’il va choisir quelques sujets
de la Somme et les présenter d’une manière succincte dans l’espoir de les
traduire entièrement à l’avenir, s’il lui est donné de vivre.
Il nous fut difficile de trouver l’emplacement exact de ces « morceaux
choisis » dans la Somme d’Astesanus ; aussi, nous nous contentons de
reproduire les titres de la plupart d’entre eux :
55
1- Le commentaire d’Augustin sur les dix commandements :
E7F"GH$ 14 !'IJK LM60$ -D59 1&

51. Borg Ar 137, f. 208v ; VA 639, f. 132v ; Kreim 41, f. 197v. Le VA 642 l’omet. La traduction
française est extraite de DOUAIHY 1993 : 54.
52. Borg Ar 137, f. 208v-211v ; VA 639, f. 132v-135v ; VA 642, f. 232r-235v ; Kreim 41,
f. 197v-200r.
53. Borg Ar 137, f. 211v-213v ; VA 639, f. 136r-138v ; VA 642, f. 146v-150v ; Kreim 41, f. 200r-
202v.
54. Borg Ar 137, f. 214r-218v ; VA 639, f. 138v-144v ; VA 642, f. 150v-158r ; Kreim 41, f. 202v-
206v.
55. Borg Ar 137, f. 214r ; VA 639, f. 138v-139r ; VA 642, f. 150v-151r ; Kreim 41, f. 202v.
120 Les œuvres en prose

56
2- Les sept siècles du monde selon Augustin :
E7F"GH$ NOP QJ& 'RS+0$ T'R:$ -6D( 1&
57
3- Les sept guerres contre l’Église : UHLP AD( %OR8@0$ )
58
4- Les péchés et leurs genres :
XVDK H$ %IRW& XLY$H XVZF X+P$H C"0',. [RK '.'7>$ T"P
59
5- Les sept degrés de l’humilité selon Anselme : \']5=$ !':93 AD( 1&
60
6- Les quatre types d’orgueil selon Grégoire :
N^60$ C'K9$ %6_9$ `&H *".9"Z.LG
61
7- Les quatre types de donation : T'@a$ A_9$ ) '760$ 1&
62
8- Les cas où le père doit rembourser à la place de son fils .
9- Sur la re-consécration de l’autel, la restauration de l’église et ceux qui ne
63
devaient pas être ensevelis dans un cimetière consacré .
Cette partie correspond dans la Somme au traité 29 du livre 6 :
6.29. de consecratione ecclesie et altarium et cimiterii :
*$L@4 U$L5 ) $b,#$ C"DRc 1.+0$ T"P d%OR8@0$ eJ7f5 d%RS'5 *$L@g. e_+#$ C$
64
10- Ceux dont l’aumône est refusée par l’Église :
h?gB+( %OR8@0$ <D,5 iR0 ;+0$ h2 ;="2
Ensuite, nous trouvons cinq parties qui correspondent dans la Somme à
quelques traités du sixième livre :
65
6.32. de parrochiis : VgK i.'8K j+c 9+,R_ !kl m6_ ) 12'K +P$H

56. Borg Ar 137, f. 214r ; VA 639, f. 139r ; VA 642, f. 151r ; Kreim 41, f. 202v.
57. Borg Ar 137, f. 214rv ; VA 639, f. 139rv ; VA 642, f. 151rv ; Kreim 41, f. 202v-203r.
58. Borg Ar 137, f. 214v ; VA 639, f. 139v ; VA 642, f. 151v-152r ; Kreim 41, f. 203r.
59. Borg Ar 137, f. 214v ; VA 639, f. 140r ; VA 642, f. 152r ; Kreim 41, f. 203r.
60. Borg Ar 137, f. 215r ; VA 639, f. 140r ; VA 642, f. 152rv ; Kreim 41, f. 203rv.
61. Borg Ar 137, f. 215r ; VA 639, f. 140r ; VA 642, f. 152v ; Kreim 41, f. 203v.
62. Borg Ar 137, f. 215r ; VA 639, f. 140rv ; VA 642, f. 152v-153r ; Kreim 41, f. 203v.
63. Borg Ar 137, f. 215r-216r ; VA 639, f. 140v-141v ; VA 642, f. 153r-154v ; Kreim 41, f. 203v-
204v.
64. Borg Ar 137, f. 216r ; VA 639, f. 141v ; VA 642, f. 154v ; Kreim 41, f. 204v.
65. Borg Ar 137, f. 216v ; VA 639, f. 141v-142r ; VA 642, f. 154v-155r ; elle manque dans
Kreim 41, f. 204v-205v.
1.3 Le livre de la Loi 121

66
6.39. de papatu : %R_'D0$
/& 1&
67
6.40. de legatis : Q(9"@0$ 3'fB 1& *"R5'ZR0 1&
68
6.41. de patriarchis : %K9'7_ A_9=$ 1&
69
6.42. de archiepiscopis : h?IK'PH %nB'(= *$9 %S= C$L7#$ C'70"( 1&

70
IV- Les sacrements de l’Église (Taqdim!"t al-kan#$sah)
71
A- Introduction
72
L’introduction est, en fait, une lettre expédiée par Ibn al-Qil"#!$% à son « père
et maître », grâce à laquelle nous comprenons le contexte et les motifs de
73
l’écriture de ce traité .
Cette lettre révèle qu’un prêtre, qui fut le maître d’Ibn al-Qil"#!$%, lui avait
demandé de lui écrire un bref traité sur les sacrements de l’Église. Les motifs de
ce prêtre étaient au nombre de trois :
– il était devenu vieux et ne pouvait plus comprendre ni mémoriser de
longues explications ;
– le pays était devenu corrompu et personne n’avait l’intention de lire ni de
chercher un tel traité ;
– on vivait dans une période qui incarnait la parole du Christ sur les faux
74
prophètes ; par conséquent, tout propos d’Ibn al-Qil"#!$% serait contesté pour
discréditer l’auteur lui-même.

66. Borg Ar 137, f. 216v-217r ; VA 639, f. 142r-143r ; VA 642, f. 155r-156r ; Kreim 41, f. 204v-
205v.
67. Borg Ar 137, f. 217rv ; VA 639, f. 143r ; VA 642, f. 156r ; Kreim 41, f. 205v.
68. Borg Ar 137, f. 217v-218r ; VA 639, f. 143rv ; VA 642, f. 156r-157r ; Kreim 41, f. 205v-206r.
69. Borg Ar 137, f. 218rv ; VA 639, f. 143v-144r ; VA 642, f. 157r-158r ; Kreim 41, f. 206rv.
70. Borg Ar 137, f. 219r-230v ; VA 639, f. 145r-161v ; VA 425, f. 69r-88r ; VA 642, f. 34r-64v ;
Kreim 41, f. 74v-92v.
71. Borg Ar 137, f. 219r-221v ; VA 639, f. 145r-150r ; VA 425, f. 69r-74v ; Kreim 41, f. 74v-79v.
Elle manque dans VA 642.
72. À la fin du traité, les copistes n’hésitent pas à affirmer qu’Ibn al-Qil'%&(! en est l’auteur.
Borg Ar 137, f. 230v ; VA 639, f. 161v.
73. Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot arabe 56ar+$.
74. Mt 7, 15 : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais
au dedans ce sont des loups ravisseurs. »
122 Les œuvres en prose

Cette dernière raison a amené Ibn al-Qil"#!$% à refuser la demande de son


« maître ». Mais une fois loin de lui, sa conscience n’a cessé de le tourmenter
parce qu’il n’avait pas accompli son devoir. Alors, il décida d’exaucer la
demande de son « maître » et d’écrire ce traité sur les sacrements.

75
B- Du baptême
Les deux copistes des mss Borg Ar 137 et VA 639 reprennent la note du
copiste de l’antigraphe qui avoue se tromper et copier la partie concernant la
messe avant celle qui concerne le baptême et qui doit être placée en première
position, comme l’atteste Ibn al-Qil"#!$% lui-même. Cette note manque dans les
VA 425, VA 642 et Kreim 41, bien qu’ils suivent le même schéma.
Pour la formule du baptême, Ibn al-Qil"#!$% met le lecteur en garde contre la
76
tradition des R-.m (Byzantins) et des Ma)*!"riqah (Orientaux) .

77
C- De la confirmation
Après l’énumération de plusieurs genres d’onctions pour les princes, rois,
empereurs, etc., l’auteur ajoute celle de la plus haute dignité civile et militaire
de la communauté maronite, celle du muqaddam. Ce dernier est oint au bras
avec de l’huile consacrée en signe de son pouvoir, comme les rois et les
78
empereurs .

79
D- De la messe
En célébrant la messe, le prêtre pécheur encourt son propre jugement, mais
l’eucharistie reste intacte et sacrée.

75. Borg Ar 137, f. 221v-223v ; VA 639, f. 150r-152v ; VA 425, f. 74v-77r ; VA 642, f. 38r-41r ;
Kreim 41, f. 79v-82r. Le copiste du VA 425 ne reproduit pas un paragraphe qui parle de
l’huile sainte chez les latins. Voir Borg Ar 137, f. 223r et VA 639, f. 152r.
76. Borg Ar 137, f. 222v ; VA 639, f. 151r ; VA 425, f. 75r ; Kreim 41, f. 80rv. Le VA 642, f. 39r,
change les termes qui deviennent malak-.yah (melkites) et ya(&'qibah (jacobites).
77. Borg Ar 137, f. 223v-225r ; VA 639, f. 152v-154v ; VA 425, f. 77r-80r ; VA 642, f. 41r-43v ;
Kreim 41, f. 82r-84r.
78. Borg Ar 137, f. 224v ; VA 639, f. 154r. Cette notion est absente dans les VA 425, f. 79v,
VA 642, f. 43v et Kreim 41, f. 86v.
79. Borg Ar 137, f. 220r-221v ; VA 639, f. 146v-150r ; VA 425, f. 70v-74r ; VA 642, f. 34r-37v ;
Kreim 41, f. 76v-79r.
1.3 Le livre de la Loi 123

En outre, pendant chaque eucharistie, le prêtre s’associe dans son offrande à


ses parents biologiques et spirituels, à ceux qui l’ont aidé, ainsi qu’à toute
80
l’Église .
Il faut noter, toutefois, qu’il est interdit de citer publiquement le nom de la
personne pour laquelle on célèbre une messe, mais que le prêtre dit seulement
« en mémoire de celui pour lequel on célèbre cette messe ». La raison est que
seuls les noms des saints sont invoqués.

81
E- Du mariage
On y trouve un essai des trois arbres d’affinités :
82
– l’arbre du sang ;
83
– l’arbre de l’affinité ;
84
– l’arbre de la parenté spirituelle .

85
F- De l’ordination
Les degrés sacrés sont : le chantre (bä‹à!à), le lecteur (bîì‹Ô), l’ostiarite
86
(bÈìŠò et b#Ý%Ð) , l’acolyte (båÕî‡Ðìû), le sous-diacre (bå“á“à), le diacre ( óyò @

çíÔbî‡ïØŠe), l’archidiacre (çíÕî‡ïØŠe)87, le prêtre (b“ï˙ ˙ “Ô), le périodeute (b íÐ),

80. La formule utilisée par Ibn al-Qil'%&(! correspond à la prière introductive de la messe d’antan
qui dit en syriaque :
@bïähvÐ@ ñćüiý@ bî‹à@ ‹Ø†òe@ Nabćïv"@ ñìćü#y@ Þ#à@ Úïà‡Ô@ ãíÕä†@ aí’@ ý†@ Û‡jÉÜ@ bî‹à@ ‹Ø†òe
@æćïåi‹Üì@ æćïyýì@ çí‚òćíÜdi@ ?äì‹Ø†òe@ æÜ@ [sic]@ ì‹àeì@ æáÈ@ [sic]@ íÐòìó’e†@ æáÝÙÜìNč(ìgì
@ @NbØ‹’ì
81. Borg Ar 137, f. 225r-228v ; VA 639, f. 154v-159r ; VA 425, f. 80r-85r ; Kreim 41, f. 84r-90r.
Le copiste du VA 425, f. 82r ne reproduit pas un paragraphe attesté dans Borg Ar 137,
f. 226v et VA 639, f. 166v. Dans le VA 642, ce chapitre est quasiment omis et réduit à
quelques notes concernant l’empêchement (f. 43r-45r). En outre, en parlant de l’ordination
après le mariage, qui est valide en Orient (voir Borg Ar 137, f. 328r et VA 639, f. 158v), le
copiste du VA 642, ajoute l’expression : « et dans l’Église des maronites » (f. 45r).
82. Borg Ar 137, f. 226r ; VA 639, f. 156r ; VA 425, f. 81v.
83. Borg Ar 137, f. 227r ; VA 639, f. 157r ; VA 425, f. 82r.
84. Borg Ar 137, f. 227v ; VA 639, f. 157v ; VA 425, f. 83v.
85. Borg Ar 137, f. 228v-229v ; VA 639, f. 159r-160v ; VA 425, f. 85v-86v ; VA 642, f. 45v-47r ;
Kreim 41, f. 90r-91r.
86. Le vrai mot syriaque qui signifie portier est bïÈŠò.
87. Ainsi que le mot arabe 56idy&'q (!"#$%).
124 Les œuvres en prose

le curé (bîŠíØ), l’évêque (bÐíÕ%ïÐe), le métropolite (‘í#ïÜíÑî‹#à) et le


patriarche (bØ‹î‹#Ð).

88
G- De la confession
La confession est l’acte par lequel nous pleurons nos péchés et nous nous
préparons pour la vie éternelle. Ibn al-Qil"#!$% note, après cette brève définition,
qu’il laisse de côté l’explication de ce sacrement parce qu’il l’a déjà donnée à
maintes reprises.

89
H- De l’extrême-onction
Ibn al-Qil"#!$% note d’abord que ce sacrement « fut annulé dans ce pays par
90
Paul , patriarche de Constantinople, mais que nous, nous ne le suivons pas ».
91
Ce sacrement, institué par saint Jacques , doit être donné à tout malade qui
risque la mort. L’huile doit être consacrée par le chef de l’Église et distribuée
ensuite par les prêtres, lesquels doivent oindre tout le corps du malade.

92
I- Conclusion
À la fin du traité, Ibn al-Qil"#!$% ne s’empêche pas de dire crûment son
93
opinon ; il critique la situation de son pays, « le pays de l’ignorance » où rien
ne marche plus, où tout est changé et où personne ne respecte les lois ni les
94
traditions de l’Église :

88. Borg Ar 137, f. 229v ; VA 639, f. 160v ; VA 425, f. 86v ; VA 642, f. 63r ; Kreim 41, f. 91r.
89. Borg Ar 137, f. 229v-230v ; VA 639, f. 160v-161v ; VA 425, f. 86v-87v ; VA 642, f. 63r-64v ;
Kreim 41, f. 91r-92r.
90. Paul, patriarche de Constantinople (†!653), est condamné par le concile de Constantinople en
680 pour son monothélisme.
91. Jc 5.14 : « Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et que
les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur. »
92. Borg Ar 137, f. 230v ; VA 639, f. 161v. La conclusion est absente dans les VA 425, VA 642 et
Kreim 41.
93. Bil&'d al-(udm.
94. RAJJI 1951 : 76, écrit à propos de ce traité d’Ibn al-Qil'%&(! : « Dans sa campagne contre les
Jacobites, il crut que, pour mettre ses coreligionnaires en garde contre eux et les rattacher
plus fortement au Saint-Siège, il valait mieux pour eux suivre, autant que possible, le rite
latin. Il critiqua dans son traité, Des sept sacrements, les formes contenues dans nos livres
liturgiques d’alors et préconisa, à leur place, entrant dans les détails, celles du Rituel
1.3 Le livre de la Loi 125

– tout arrogant corrompt et change tout ce qu’il veut par son ignorance ;
95
– en suivant Dioscore , on a supprimé le sacrement de la confirmation ;
96
– en suivant Paul, patriarche de Constantinople (†!653) , on a supprimé le
sacrement de l’extrême-onction ;
97
– en suivant ABl$%:>"#! , on est tombé dans l’avilissement ;
98
– en suivant Ibn ?@a!b"#n , on a utilisé la cuiller pour la communion ;
99
– en suivant l’aveugle et le Bq,-f"#n$% , le trouble a régné et l’on a installé la
tradition de faire le signe de croix avec le pouce ainsi que fabriquer les hosties
avec de l’huile ;
100 101
– en suivant ar-R"#m$% et al-&'"#yl$% , la vie monastique a été détruite et les
moines ont vécu avec les femmes.

102
V- Traité sur le mariage (!An al-"#$%zah)
Ibn al-Qil"#!$% dit : « C’est le huitième livre du Nomos de l’Église de Rome,
qui est le dernier des livres choisis par le moine Astesanus ».
Le schéma du huitième livre de la Somme d’Astesanus repris par Ibn al-
Qil"#!$% est le suivant :
103
8.1. Quid sunt sponsalia et unde dicuntur : !"#$% &'

Romain, allant jusqu’à prononcer l’invalidité des sacrements s’ils étaient administrés selon
l’ancien rituel. »
95. Dioscore patriarche d’Alexandrie (†!454).
96. « Patriarche d’Istanbul » selon Ibn al-Qil'%&(!.
97. L’ermite <=l(!78'%& qui a fait la propagande pour le jacobitisme. Voir Éloge du Mont-Liban.
98. Un des responsables jacobites au Mont-Liban ; il est du village de "4ard(!n. Voir Lettre aux
habitants du Mont Liban.
99. « L’aveugle » n’est pas identifié, mais le Bq+,f'%n(! est Noé, devenu ensuite maphrien puis
patriarche jacobite (†!1509).
100. C’est le moine Georges ar-R'%m(!. Voir Lettre à Georges ar-R&'m-..
101. Personne non identifiée.
102. Borg Ar 137, f. 231r-319r ; VA 639, f. 162r-265v ; VA 642, f. 235v-362r ; Kreim 41, f. 207r-
292r.
Ce traité est le sujet d’une thèse en droit canonique, soutenue par Fouad E L-HAGE et éditée
ultérieurement. Voir EL-HAGE 2001. L’auteur se fonde surtout sur le ms. VA 639 qu’il
collationne avec les mss Borg Ar 137, Kreim 41, VA 642. Il cite également les mss (Ain
Warqa 29 et Cherfet 9/41. (Voir supra nos remarques sur ces divers manuscrits).
126 Les œuvres en prose

8.2. A quibus per quos et quibus verbis sponsalia contrabantur :


!"#$% ()* +,- .% /0 &1 &1
8.3. De modo contrabendi sponsalia : !"#$% ()* 23- 456% &'
8.4. In qua etate possunt contrabi sponsalia et matrimonium :
789:% ()* ;<' .% /
8.5. Quomodo debent dissolui sponsalia : !"#$% =9>?* 23- &'
8.6. De effectu sponsaliorum : !"#$% =95@% &'
8.7. De ipso matrimonio : !*9-;A0 8%B:% &'
8.8. De causa efficiente matrimonii et de consensu : 8%B:% / 9C;D% &'
8.9. De bonis matrimonii in communi : E3)"D% / !F9)D% 789:% &'
8.10. De bono fidei : 789:% G9H% IJA &'
8.11. De bono sacramenti : K3:% LM;NOD% &'
8.12. De differentiis matrimonii : 9PL33Q0 9R'%BS% / 789:% +9TU%
8.13. Quis potest contrabere matrimonium et de pedimentis eius in
communi :E3)"D% / 789:% VB5M 91 &'0 8BWOM XKYM &1 &'
8.14. De impedimento erroris : 789:% VB5M 23- Z9"5O[\% &'
8.15. De impedimento conditionis : ]DZ !"^0 VBO51 &#_ &1 ZBDB6% &'
8.16. De impedimento voti continentie :;`?D% aRb &1 789:% aU9' &'
104
8.17. De consanguinitate : +KD% &1 +KD% cM%;U aRb &1 789:% VB5M 91 &'
8.18. De congnatione spirituali : d9A0;D% / cM%;YD% &'
8.19. De congnatione legali : G9H\% / e9_;D% fb\ 8%B:% &' g9?H 91 &'
8.20. De impedimento criminis : 9SLD% fb\ 8%B:% &' h?H0 VB5M 91 &'
8.21. De disparitate cultus : 2M%B#D%0 G9MZ\% =9N^% &'
8.22. De impedimento ordinis : !19[;D% fb\ 789:% g9?O1%
8.23. De impedimento ligaminis : (iD% h1 +,ND% E_X fb% &1 789:% g9?O1% &'

103. Ibn al-Qil'%&(! note que dans les pays des chrétiens (en Europe), c’est la femme qui est
responsable de sa dot, alors qu’en Orient c’est l’homme qui s’en charge.
104. Une partie de ce chapitre se trouve dans les mss VA 425, f. 88r-91r et Kreim 41, f. 92v-95r ;
cela correspond aux mss Borg Ar 137, f. 275r-276v et VA 639, f. 213v-217r.
1.3 Le livre de la Loi 127

8.24. De iusticia publice honestatis : 9PX9Rb%0 =K5D% !MXXBA &'


8.25. De affinitate : 9RO?6% &'
8.26. De frigiditate : 7Z0jD% kU9' &'
8.27. De arctatione : +;)>OD% &'
8.28. De castratione : 8%B:% &' h?<3_ G9NS% l)$% &'
8.29. De maleficio : ;>TD%0 KY5D% &'
8.30. De feriis : !AX9@ GB'KM0 8%Bb mn op#M q3D &MKD% +9M\% G9'
8.31. De interdictio : h?6% aU0 &'
8.32. De secundis nuptiis : rXB' d9* &'
8.33. Quomodo agitur ad matrimonium contrabendum :
789:% XB1% / h?)M 23-
8.34. De accusatione matrimonii propter consaguinitatem vel
affinitatem : 9RO?6%0 +KD% cM%;U fb% &1 789:% lp' 7BNsD% &'
105
8.35. De accusatione matrimonii propter fornicationem :
9SLD% fb% &1 789:% t)@ &'
8.36. De divorcio propter fornicationem consaguinitatem et affinitatem :
9RO?6% &1 0% +KD% &1 cM%;YD% f:\ 0% 9SLD% fb\ V,#D% &'
8.37. De divorcio propter impotentiam cœundi :
!519u% &' LW5D% fb\ V,#D% &'

105. Ibn al-Qil'%&(! reprend un exemple donné par Astesanus du cas où on peut réfuter un mariage
pour raison d’adultère et présente la formule adoptée dans ce cas pour déposer la plainte.
Astesanus note l’année 1314 et nomme l’homme de son exemple Pierre et sa femme Berthe ;
Ibn al-Qil'%&(! écrit : « En l’an du Christ 1500 et sous le gouvernement de Monseigneur tel,
pape de Rome et administrateur du Saint-Siège, et de l’évêque Monseigneur tel, moi Bu5$rus
j’accuse ma femme "4anneh d’adultère et cela devant l’évêque tel, et je dis qu’elle a forniqué
avec tel, dans le village tel, dans la maison de tel, dans tel mois de cette année courante… »
(VA 639, f. 258r ; Borg Ar 137, f. 312v-313r ; Kreim 41, f. 285v). Deux questions se posent à
la suite de cette note : la date de 1500 est-elle celle de la composition de ce traité ? Pourquoi
Ibn al-Qil'%&(! ne cite-t-il pas le patriarche et se contente-t-il de la citation du pape et de
l’évêque local ?
Le ms. VA 642 actualise cette donnée en citant le patriarche au lieu du pape : « En l’an 1640
et sous le gouvernement du patriarche tel, l’administrateur du Siège [patriarcal], et l’évêque
tel… »
128 Les œuvres en prose

8.38. De filiis : Z\0\% &'


La suite du huitième livre de la Somme d’Astesanus ne figure pas dans le
travail d’Ibn al-Qil"#!$% :
8.39. De donatione propter nuptias
8.40. De dotibus
8.41. De significationibus verborum
À la fin de ce traité, une note, ne figurant que dans le ms. VA 639 (f. 265v),
signale que ce qu’on vient de lire est l’opinion de l’Église de Rome et « nous,
les maronites, nous la suivons depuis longtemps parce qu’elle est la véritable
Église ».

106
VI- De l’ordination
Ces deux traités sont énumérés 39 et 40 dans la table des matières des
manuscrits, comme s’ils faisaient suite aux traités précédents.

107
A- Sur l’ordination des prêtres et des évêques
Ibn al-Qil"#!$% décrit le déroulement de l’ordination et la signification de ses
diverses étapes ; il puise ses informations dans le sixième livre de la Somme
108
d’Astesanus, mais sans le dire .

109
B- Sur les différents degrés de l’ordination
L’auteur indique qu’il a puisé ses informations dans le sixième livre de la
110
Somme d’Astesanus, qui est la collection des « lois de l’Église » , ce qui

106. Borg Ar 137, f. 319r-329r ; VA 639, f. 266r-278r.


107. Borg Ar 137, f. 319r-320r ; VA 639, f. 266r-267r ; Kreim 41, f. 103r-104r et Faytroun 76,
f. 69r-71r.
108. 6.43 : de episcopis ; 6.44 : de officio iudicis ordinarii. Ibn al-Qil'%&(! les joint sous le même
titre : &'(")*+, &-./0+ &1")2 345
109. Borg Ar 137, f. 320r-328v ; VA 639, f. 267r-278r ; VA 642, f. 47r-62v ; Kreim 41, f. f. 95r-
102v, 292r-395v. Une partie de ce traité se trouve dans les mss VA 425, f. 91r-100r et
Faytroun 76, f. 57v-69r, correspondant à la première partie du Kreim 41, f. 95r-102v. Elle
correspond également aux Borg Ar 137, f. 320r-325v et VA 639, f. 267r-273r.
1.3 Le livre de la Loi 129

correspond aux deuxième et troisième chapitres du sixième livre. L’original


latin nomme les sept degrés suivants : ostiarite, lecteur, exorciste, acolyte, sous-
111
diacre, diacre et prêtre .
Dans Borg Ar 137 et VA 639, une note indique que l’acolytat ne se trouve
112
pas dans « la chirotonie des maronites » .
113
Borg Ar 137, f. 326r , note que le prêtre et le diacre n’ont le droit d’être
114 115
ordonnés que par un évêque latin et non par un évêque grec . VA 639, f.
274r, note qu’ils peuvent être ordonnés par un évêque latin ou maronite et non
116
par un évêque grec ou jacobite .
Borg Ar 137, f. 320r, livre une note curieuse : « J’ai écrit cette réponse [moi
117
le, ou, au] curé Y,-0/ann"# Ibn al-fran()$% du village de !Alm"# » . Serait-ce alors le
destinataire de l’œuvre, l’auteur ou simplement le copiste de l’antigraphe dont
le copiste actuel aurait transcrit le nom maladroitement ?

110. Le ms. VA 639, ajoute, à la fin du cinquième chapitre : « C’est le Nomos du Siège de Maron,
celui de Pierre et c’est pourquoi il administre comme Rome » (f. 275r). Il ajoute également :
« C’est le Nomos du Siège de Maron, celui de Pierre ; ainsi il administre comme Rome car
jamais il n’était en désunion avec elle ou ne désobéissait à son administrateur » (f. 277v).
111. Il semble que l’auteur ait puisé dans les chapitres 2 et 3 du 6e livre d’Astesanus : 6.2 : de
sacramento ordinisti ; 6.3 : quis potest ordinare. La version arabe donne : &1")60+ 78+2 95
112. Borg Ar 137, f. 324v ; VA 639, f. 272r. Cette note est omise dans VA 425, f. 98r ; VA 642,
f. 55r et Kreim 41, f. 101r.
113. La même expression se trouve dans Kreim 41, f. 292v.
114. Fran!9-..
115. R)*m-..
116. Dans le VA 642 cet énoncé devient « un évêque catholique et non melkite » (f. 57v).
Pourtant, l’original latin d’Astesanus n’est pas aussi explicite, car il note seulement non
valent pour toute ordination faite par un évêque schismatique ou hérétique.
117. Katabtu ha#:a al-as&'l al-’ab al-+,)*r-. Y)*+$ann&' Ibn al-fran!9-. min qaryat (Alm&%. Est-ce le
fameux Jean, le compagnon d’Ibn al-Qil'%&(! ? Voir Éloge funèbre de Jean.
130 Les œuvres en prose

VII- De la foi
Nous ajoutons au Livre de la Loi le traité qui se trouve dans les mss
118 119
Alep 127 et Mouski Syr. 13 ; il porte sur la foi et serait extrait, selon les deux
copistes, du chapitre 55 du deuxième livre du « Nomos d’Astesanus ». La
confrontation avec la Somme d’Astesanus confirme cette attribution :
2.55 De fide et articulis eius : v9_ !O_9OD% 9w9-X%0 !3T-0ZB*X\% !S91\% &'

118. F. 26r-34r. CHEIKHO 1924 : 29, cite un manuscrit d’Alep contenant une partie du livre
d’Astesanus ; il est repris par GRAF, GCAL, III : 317.
119. P. 98-115.
131

1.4 SUR LA FOI

1 2
Cette collection est citée par Graf et Breydy . Elle pourrait être également
le livre cité par Douaihy : « Kit!"b #an al-$%m!"n al-mustaq$%m wa asr!"r &'ay!"t al-
3
mas$%&' » [un livre sur la foi orthodoxe et sur les mystères de la vie du Christ].
4
Graf l’intitule Le livre de la Foi et cite le ms. Borg Ar 135! , en l’attribuant
5
au pseudo Jean Maron . Dans un autre endroit, Graf lui-même l’intitule Sur les
6
deux natures du Christ, en citant le même Borg Ar 135! , mais en l’attribuant
7
cette fois-ci à un anonyme melkite .
C’est une collection d’exposés concernant la foi en les deux natures du
Christ et le symbole du concile de Nicée. Elle se trouve actuellement dans les
8 9 10
manuscrits VA 425! , Kreim 41 et une partie se trouve aussi dans Borg Ar 135
11
et Mouski Syr. 13 .
Aucun copiste ne donne de titre générique à cette collection. C’est pour
cette raison que nous l’avons intitulée, à l’instar de Douaihy : Sur la foi.
Hector Douaihy, dans son analyse du ms. VA 425, se demande si cette
collection appartient vraiment à Ibn al-Qil"#!$% : « Nous avons nos raisons pour
douter de son authenticité. Elle paraît uniquement dans le manuscrit présent, de
caractère hétérogène et de date bien récente. Les autres manuscrits n’en portent
12
aucune trace. »

1. GRAF, GCAL, II : 90 et 102.


2. BREYDY 1985 : 188. Il cite les mss Borg Ar 135 et Kreim 41.
3. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237. Voir
également Histoire/Chartouni : 153.
4. F. 70v-79v et 81rv.
5. GRAF, GCAL, II : 102.
6. P. 140-159.
7. GRAF, GCAL, II : 90.
8. F. 1r-19r.
9. F. 10r-26r.
10. F. 70v-79r ; la fin en est mutilée.
11. P. 51-69 et 96-97.
12. Il en fait l’analyse aux pages 86-87.
132 Les œuvres en prose

Il ajoute que les textes qu’elle contient ne correspondent pas aux autres
13
écrits d’Ibn al-Qil"#!$% concernant les conciles et les Pères .
Pourtant, plusieurs énoncés trouvés dans cette collection, tels al-i()nay #a*+ar
rukn f$% an-na*,!"r!# [les douze piliers des chrétiens], ark!"n ad-d$%n [les piliers de la
religion] et al-#a*+r kilm!""t [les dix paroles], sont reproduits dans d’autres
14
collections d’Ibn al-Qil"#!$% .
Ajoutons à cela que la désignation des maronites par rabb!"n$%y$%n [ceux qui
appartiennent à Dieu] est une expression utilisée fréquemment par Ibn al-
15
Qil"#!$% .

16
I- Exposé sur les deux natures du Christ
L’auteur expose la foi en les deux natures du Christ en s’appuyant sur les
témoignages de la Bible et les divers écrits et paroles des Pères et des saints
docteurs : Ambroise, Grégoire, Basile, Augustin (contre Maxime), le pape Léon
(dans sa lettre à Flavien), Fulgence, etc.
Il écrit cet exposé afin que :
Tous les pères patriarches, archevêques et évêques, prêtres et diacres, et tout le peuple des
fidèles chrétiens, habitants du Mont-Liban, les maronites dont le nom signifie rabb&'n-.y-.n
[ceux qui appartiennent à Dieu], soient instruits et éclairés, et sachent que cette croyance
est vérité sans ignorance.

17
II- Exposé sur le symbole de la foi
Ibn al-Qil"#!$% essaie d’expliquer et de simplifier les termes contenus dans le
symbole de la foi : croire en un seul Dieu est une affirmation contre tous les
peuples qui croient en plusieurs dieux, etc.

13. DOUAIHY 1993 : 87. Pour contester l’attribution de cette œuvre à Ibn al-Qil'%&(!, il se réfère aux
manuscrits qui contiennent des écrits de Pères : VA 644, f. 129r et ss ; Borg Ar 136, f. 94r
et ss, VA 640, f. 97r et ss, f. 132r et ss.
14. Explication de la confession sacrée : Ms. Kuri 1, surtout p. 43-52 ; Dissertation sur la foi :
VA 644, f. 203v-210r ; Borg Ar 136, f. 5r-10v et Alep 127, f. 28v-31r.
15. Voir Explication de la foi ; Lettre aux habitants du Mont Liban.
16. VA 425, f. 1r-11v ; Kreim 41, f. 10r-20r ; Borg Ar 135, f. 70v-79r.
17. VA 425, f. 12r-16r ; Kreim 41, f. 20r-23v ; Mouski Syr. 13, p. 51-59.
1.4 Sur la foi 133

Il expose d’abord « la croyance orthodoxe prononcée par les 318 Pères


réunis dans la ville de Nicée » ; puis il ajoute ce que les Pères de Constantinople
ont promulgué sur la foi en l’Esprit Saint.

18
III- Exposé sur la Trinité et l’incarnation du Fils
C’est un exposé sur la foi en la Trinité et sur l’incarnation du Fils pour le
salut de l’homme.
La Trinité comporte « trois personnes et trois visages, mais une seule
nature ». « La Trinité est une, le Père est lumière, le Fils est lumière et l’Esprit
est lumière ; le Père est feu, le Fils est feu et l’Esprit est feu. C’est la même
lumière et le même feu ». « On appelle Père celui qui parle du Fils, le Fils celui
qui témoigne du Père, l’Esprit celui qui fait connaître le Père et le Fils ».
Quant à l’incarnation du Fils, « il est vraiment homme et vraiment Dieu :
étant homme, il a mangé, a eu soif, a dormi, a souffert et est mort ; étant Dieu, il
a rassasié la foule, a guéri les malades et a ressuscité les morts ».

19
IV- Le symbole de la foi
L’auteur divise le Credo en douze « piliers ». Sa formule paraît archaïque ;
il cite le Filioque et il termine son texte de la façon suivante :
[Nous croyons] en une seule Église, un siège apostolique qui gouverne tout le monde ;
20
[nous croyons] en un seul baptême et une seule eucharistie pour la rémission des fautes
et des péchés ; [nous croyons] en la résurrection des morts et en la vie éternelle ; [cela] est
la foi de tout le monde.

21
V- Poème sur le symbole de la foi
Le symbole de la foi est suivi d’un poème composé selon le rythme
syllabique appelé « éphrémien » ; il est rimé en !"d. L’auteur chante le Credo en
22
attribuant chaque partie à un apôtre :

18. VA 425, f. 16r-18r ; Kreim 41, f. 23v-25v ; Mouski Syr. 13, p. 59-69 (on y trouve deux
colonnes, celle de droite pour le texte en syriaque et l’autre pour sa traduction en garchouni).
19. (&'n al-i34nay (a56ar rukn f-. an-na58&'r&% : VA 425, f. 18r ; Kreim 41, f. 25v ; Mouski Syr. 13, p. 96.
20. Il utilise le mot qurb&'n : offrande.
21. (an ark&'n ad-d-.n : VA 425, f. 18r-18v ; Kreim 41, f. 25v-26r ; Mouski Syr. 13, p. 96-97.
134 Les œuvres en prose

« Nous croyons en un Dieu, Père des hommes ;

« Créateur des âmes et des corps ;

« [Créateur] du ciel et de la terre et de tout ce qui s’y trouve ;

« Comme l’a déclaré Pierre le pêcheur… »

23
VI- Sur les dix commandements
L’auteur chante les dix commandements en vers, rimés en !"h.

22. On trouve dans le ms. Alep 127, f. 28v-31r, le même contenu, mais en prose et avec une
présentation différente. Voir également Miscellanea : I- Dissertation sur la foi. Borg Ar 136,
f. 5r-10v ; VA 644, f. 203v-210r.
23. (An al-(a56r kilm&'t : VA 425, f. 18v-19r ; Kreim 41, f. 26r ; Mouski Syr. 13, p. 97. Ibn al-Qil'%&(!
parle également des dix commandements dans Miscellanea : I- Dissertation sur la foi. Borg
Ar 136, f. 5r-10v ; VA 644, f. 203v-210r.
135

1.5 LA FLEUR DE LA LOI

Cette œuvre n’est pas mentionnée par Douaihy ni par Graf. Elle se trouve
1 2
actuellement dans les deux mss Borg Ar 136 et BnF Syr. 12 .
3
Le titre donné à cette œuvre est Zahrat an-n!"m-.s [La fleur de la Loi] , selon
4
le Borg Ar 136 , alors que le BnF Syr. 12 l’intitule /0+irba n!"fi#a [Un breuvage
5
utile] .
L’attribution de cette œuvre à Ibn al-Qil"#!$% est explicite dans Borg Ar 136 :
« Au nom de Jésus-Christ, je me mets à écrire des textes tirés de la Loi, [et
choisis] par notre père M"#r &'ibr"#y$%l Ibn al-Qil"#!$%= Ils sont comme la cueillette
6
des fleurs et portent le nom de Fleur de la Loi. »
7
Quant à Sark$%s , le copiste du BnF Syr. 12, il déclare seulement qu’il n’a
8
rien écrit de personnel sans indiquer ses sources .
En outre, Ibn al-Qil"#!$% aurait écrit cette œuvre au crépuscule de sa vie, car il
déclare : « À cause de mon impuissance [de vieillesse]9, je n’écrirai rien de mes
propres paroles dans ce codex, mais j’écrirai ce qui est nécessaire selon la loi de
l’Église pour le salut de chaque chrétien »10.

1. F. 236v-246v.
2. F. 1r-4v.
3. Même aujourd’hui, on utilise le mot « fleur » dans le sens de condensation et surtout dans le
sens de « bien choisi » ou « le meilleur ». À la fin du Moyen Âge, la tradition conserve plutôt
l’utilisation des « fleurs des vies de saints » (Flos sanctorum).
4. F. 4v et 236v.
5. F. 1r.
6. F. 236v.
7. Nous ne connaissons pas l’identité de ce copiste. Mais d’après l’étude paléographique et la
mention de « mes deux frères et mes parents », nous pouvons identifier notre copiste comme
étant le fameux copiste des œuvres d’Ibn al-Qil'%&(!, en l’occurence Sark(!s de Sm'%r Jbeil.
Concernant le motif de cette rédaction, Sark(!s déclare qu’il envoie cette lettre à un disciple
qui l’a servi durant quinze ans pendant lesquels il était devenu moine puis prêtre. Mais, à
l’heure actuelle, les tentations le frappent de tous les côtés et c’est pour l’affermir dans sa foi
que le copiste lui envoie cette œuvre. D’ailleurs, le copiste du Borg Ar 136 est le même
Sark(!s de Sm'%r Jbeil.
8. F. 1r.
9. Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot arabe (a!9z-..
10. Borg Ar 136, f. 236v ; BnF Syr. 12, f. 1r.
136 Les œuvres en prose

L’auteur nous fournit de brèves instructions concernant la pratique


sacramentelle et les prières quotidiennes, ainsi que les fêtes et les jeûnes que
doit observer chaque chrétien. Le contenu de cette œuvre s’enchaîne ainsi :

1- Le baptême : on n’utilise que la formule spécifique et seulement une fois,


alors qu’on pratique l’immersion trois fois. L’administrateur du baptême doit
être le prêtre, sauf en cas de danger de mort.

2- La confirmation : c’est la confirmation du baptême par le saint chrême.


Ce sacrement est du ressort exclusif des évêques qui l’administrent selon des
formules spécifiques.

3- Les prières obligatoires : le Pater, l’Ave Maria, le Credo.

4- La confession : chacun doit apprendre à ses enfants comment se


confesser dès leur jeunesse, car celui qui ne se confesse pas, ne trouvera pas son
salut. C’est le prêtre qui administre ce sacrement selon une formule spécifique ;
le repentir doit se porter essentiellement par un examen de conscience sur :
a- Les dix commandements.
b- Les sept péchés mortels.
c- Les types de péché (originel, véniel, mortel).
d- Les actes de miséricorde par la parole.
e- Les actes de miséricorde par l’acte.

5- Les « piliers de la foi » sont douze et ils sont inscrits dans le Credo11.

6- Les fêtes fériées (selon la tradition romaine) : Noël, la Saint-Étienne, la


Saint-Jean l’évangéliste, la mort des enfants de Bethléem, la Saint-Sylvestre (la
veille du jour de l’An), la messe de l’eau [le baptême du Christ], la circoncision
[du Christ], la Saint-Antoine, le Vendredi saint, les trois jours de la

11. Voir Profession de la foi.


1.5 La fleur de la Loi 137

Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, les trois jours de la nativité de saint


Jean-Baptiste, la fête des apôtres [Pierre et Paul ?], la Saint-Laurent,
l’introduction du Christ au temple, l’Annonciation, le repos de la Vierge, la
naissance de la Vierge, la fête des anges, les fêtes des autres saints, tous les
dimanches, la Saint-Martin, la Sainte-Croix, la fête de l’église du lieu, chaque
fête déclarée par l’évêque du lieu et confirmée par son synode, la fête des quatre
évangélistes, la Saint-Nicolas, la Saint-François, la Sainte-Catherine, la Sainte-
Lucie.

7- Les jeûnes obligatoires.

8- Les sept dons de l’Esprit-Saint.

9- Les béatitudes.

10- Le mariage : il doit être précédé par les fiançailles ; l’âge canonique est
douze ans pour la femme et treize pour l’homme. La durée des fiançailles est de
trois mois ; l’auteur expose ensuite l’acte du consentement selon le rite
romain12.

11- L’ordination : l’explication porte sur les aptitudes de celui qui ordonne
et de celui qui reçoit l’ordination sacerdotale.
Les aptitudes requises pour être ordonné sont : être baptisé, ne pas être
entravé par la Loi, avoir l’âge canonique, être instruit, ne pas être une personne
livrée à la débauche, ne pas être condamné à une peine, ne pas s’être marié deux
fois, ni être condamné pour un meurtre, ni être assujetti à quelqu’un, ni être un
esclave, ni avoir un handicap physique, ni être un bâtard13, ni un étranger, ni
être soupçonné d’acte de déshonneur, ni être un fils unique, ni être amputé d’un
organe.

12. Pour une comparaison avec l’ancien rite maronite, voir BAISSARI 1994.
13. Ibn al-Qil'%&(! utilise aussi l’adjectif zanq)*37 non compris et non décelable dans les
dictionnaires.
138 Les œuvres en prose

Quant aux degrés sacrés, ils sont originellement au nombre de sept, mais les
canonistes en ont ajouté deux, afin que leur nombre ressemble à celui des degrés
des anges : le chantre (bä‹à!àì@ ÞïÝØ), l’ostiarite (bÈìŠò), le lecteur (bîì‹Ô),
l’acolyte (båïàíà), le sous-diacre (bå“á“à), le diacre (båÕî‡Ðìû@ óyò),
l’archidiacre (båÕî‡Ðìû), le prêtre (b“ï“Ô) et l’évêque14.

12- L’eucharistie : les oblats doivent être du vrai blé et du vin de raisin, le
pain doit être azyme, etc.15

13- L’extrême-onction : l’huile doit être consacrée par l’évêque le Samedi


saint. L’auteur insiste sur la confession lors de l’extrême-onction et met en
garde le prêtre qui accepterait d’enterrer dans « une terre bénite » une personne
qui ne s’est pas confessée aux Pâques de la même année ; ce prêtre sera coupé
de son ministère, et cela « n’est pas des paroles d’Ibn al-Qil"#!$%, mais de la Loi
de Dieu ».
On découvre ensuite comment le prêtre doit appliquer ce sacrement sur les
mourants et quelles sont ses qualités et ses dons.
Là, Ibn al-Qil"#!$% adresse la parole à son destinataire et lui dit : « Tout ce
codex doit être connu du maître de la confession, par cœur, afin qu’il puisse
examiner le pécheur et le sauver. Oui, ô fils de Maron… »

14- Il enchaîne ensuite en reprenant quelques instructions concernant le


baptême, la confirmation et la confession :
a- Le baptême : la pratique chez les Francs de baptiser le huitième jour ; les
liens qui unissent le baptisé à ses trois pères : son père biologique, le prêtre et le
parrain ; quelques indices concernant « l’arbre du sang ».
b- La confirmation : on observe les mêmes instructions que dans « l’arbre
du sang ». Ibn al-Qil"#!$% note ici : « Dans les archives du pape, [on trouve des
documents dans lesquels] les maronites ont juré de l’accepter [le sacrement de
la confirmation]. »

14. Ces divers degrés avec leur signification et leur déformation sémantique syriaque sont déjà
traités dans d’autres œuvres attribuées à Ibn al-Qil'%&(!. Voir Explication de la foi ; Livre de la
Loi.
15. C’est un résumé des informations trouvées en détail dans le traité La messe et ses rubriques.
1.5 La fleur de la Loi 139

c- La confession : le confesseur doit appliquer les lois et non gracier les


pécheurs de sa propre initiative.

15- Le pape : Il est le vicaire du Christ et le successeur de Pierre, le pape


de Rome. Ses fonctions sont plus grandes que celles de tout autre dignitaire de
l’Église : seul le pape peut gracier les pécheurs ou les hérétiques ou introduire
des canons concernant la pratique de la confession. C’est lui seul qui peut
affirmer la doctrine, établir des lois, convoquer des conciles, couronner les rois,
etc.

16- Les patriarches : leur degré est inférieur à celui du pape, mais supérieur
à celui des évêques. Les patriarches traditionnels sont ceux d’Istanbul
(Constantinople), d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem. Ajoutons à cette
liste les patriarches nommés par le pape à quelques sièges occidentaux.

17- L’évêque : son degré est supérieur à celui des abbés, mais il reste sous
l’autorité de son archevêque. L’évêque a un rôle important dans son évêché et
c’est à lui que revient d’ordonner les clercs, d’accepter les vœux des religieux et
religieuses, d’ériger les églises, de consacrer les autels, de consacrer le saint
chrême, de célébrer le sacrement de confirmation, etc. De plus, le pouvoir de
pardonner certains péchés est réservé à l’évêque seul.

18- Le mariage : l’auteur nous présente les degrés de parenté, ainsi qu’un
16
schéma représentant l’arbre du sang .

19- L’eucharistie : comment se préparer pour recevoir en soi le Corps et le


Sang du Christ. À partir d’un schéma représentant l’hostie, l’auteur essaie
d’expliquer le sens de chaque côté et de chaque partie de l’hostie. Enfin,
l’auteur explique le sens spirituel de divers instruments utilisés pendant
l’eucharistie.

16. Voir Borg Ar 137, f. 226r ; VA 639, f. 156r ; VA 425, f. 81v ; Livre de la Loi.
140 Les œuvres en prose

20- Les prières du chrétien : celui qui vient se confesser et ne connaît pas le
Pater, « celui-là, chez nous, on le chasse, mais pas chez les Francs ». L’Ave
Maria fut prononcé par l’ange Gabriel et continué dans les divers conciles. Le
Credo est divisé en douze points appelés les « piliers des croyants et le symbole
17 18
de la foi » ; chaque pilier fut prononcé par un apôtre . Quant au Sanctus, il n’y
a pas d’obligation canonique à le réciter, mais c’est un hymne que le chrétien
doit connaître par cœur.

17. Ark&'n al-mu’min-.n wa maq&'lat al-‘-.m&'n.


18. Voir VA 425, f. 18r ; Kreim 41, f. 25v ; Mouski Syr. 13, p. 96 ; Profession de la foi.
141

1.6 MISCELLANEA

1 2
Plusieurs fragments de cette collection sont cités par Graf et Breydy et
cela d’après les mss VA 644 et Borg Ar 136. H. Douaihy nous en fournit une
3
description détaillée d’après les mêmes manuscrits .
Bien que le contenu de cette collection de traités et de sermons ne soit pas
tout à fait homogène, nous avons choisi de laisser tout l’ensemble sous le même
titre parce qu’il est attesté ainsi au moins dans nos deux manuscrits
susmentionnés ; plusieurs fragments sont trouvés également dans le ms.
Bkerke 115.
Le titre de cette collection pourrait être tiré de la table des matières fournie
par le ms. Borg Ar 136, f. 3v : Kit!"b mi12m!"#$% min qawl al-qidd$%s$%n al-a&3y!"r
[= un livre rassemblant les paroles des saints bienheureux]. La tradition
4
orientale applique à ce type de collection le mot kinn!"*>, d’origine syriaque , et
qui désigne une collection dont le contenu est un mélange de sujets variés.
Les deux ms. VA 644 et Borg Ar 136 comportent chacun une table des
matières énumérant les sujets traités. Ces tables diffèrent entre elles, mais le
contenu reste globalement le même dans les deux manuscrits. En fait, la
différence dans la disposition des titres dans les deux manuscrits se résume
en trois points :
– la Dissertation sur la foi figure en première place dans le Borg Ar 136,
alors qu’elle occupe une place tardive dans le VA 644 ;
– les cinq titres qui occupent les f. 10v-45r du Borg Ar 136 figurent
seulement dans la table des matières du VA 644 et non dans le contenu parce
qu’il manque quatre cahiers (les cahiers n° 9-12) lesquels, initialement, devaient
les contenir ;
– les formules sacramentelles sont d’une forme abrégée dans Borg Ar 136,
alors qu’elles sont plus détaillées dans VA 644 ; leur emplacement dans les deux
manuscrits est aussi différent.
Ibn al-Qil"#!$% est considéré comme l’auteur de plusieurs œuvres, le
traducteur ou le compilateur d’autres. De plus, la collection, tout entière, dans sa

1. GRAF, GCAL, III : 325-326.


2. BREYDY 1985 : 191.
3. DOUAIHY 1993 : 109-129 (VA 644) et p. 131-138 (Borg Ar 136).
4. bž“žäí"Ø.@
142 Les œuvres en prose

forme actuelle, semble être le fruit de ses soins. Il se nomme « le petit serviteur
5 6
&'ibr"#yil » , « &'ibr"#yil, le pécheur » . Son nom figure intégralement dans le
VA 644, f. 182v : « L’humble serviteur &'ibr"#yil Ibn Bu*+rus al-Qil"#!$% du village
7
de Le0/fed, de la famille [de ?] ?@ay01 Mas!,-d » .
En outre, le copiste du Borg Ar 136 lui attribue plusieurs surnoms : M!"r
8 9 10 11 12
[saint] , notre père , le théologien , le docteur de la Maison de Maron ou du
13 14
peuple de Maron . Il est également le nouveau Paul et la cithare du Saint-
15
Esprit .
Les actes et les lettres des conciles sont traduits pour la plupart, du grec
16
(latin ?) en arabe comme l’atteste Ibn al-Qil"#!$% lui-même .
17
Au moins, une partie de cette collection fut écrite à l’étranger ; la date de
son écriture pourrait être située dans la première décennie du XVIe siècle.
Le destinataire ou les destinataires ne sont pas toujours identifiés, la plupart
18 19
du temps Ibn al-Qil"#!$% se contente de noter « à un frère » ou « aux frères » .
Une lettre « sur la pénitence » est adressée à un certain Georges, un moine de
Qannoubine alors que d’autres lettres, toujours sur le thème de la pénitence,

5. Borg Ar 136, f. 37r.


6. Borg Ar 136, f. 65v ; VA 644, f. 98r.
7. Al-(abd al-+$aq-.r ;<ibr&'yil Ibn Bu37rus al-Qil&'(-. min qaryat Le+$fed min (aylat a56-56ay+, Mas()*d.
8. Borg Ar 136, f. 3v, 5r, 39v, 58r, 62r… Cette appellation pourrait indiquer la sainteté de la
personne désignée mais également son grade hiérarchique, en l’occurrence l’épiscopat, car,
dans la tradition maronite, l’appellation M&'r précède toujours le nom de l’évêque.
9. Borg Ar 136, f. 13v.
10. Borg Ar 136, f. 30r, 53v, 85v…
11. Borg Ar 136, f. 10v, 37r…
12. Borg Ar 136, f. 30r.
13. Borg Ar 136, f. 70v.
14. Borg Ar 136, f. 39v.
15. Borg Ar 136, f. 49r, 65v. D’habitude, on attribue cette appellation à saint Éphrem.
16. Borg Ar 136, f. 148v ; VA 644, f. 182v.
17. Le Testament spirituel d’Ibn al-Qil'%&(!, qui conclut les extraits des conciles, est envoyé « à
mes frères [le VA 644 ajoute : mes cousins] et mes connaissances, une compassion et un
adieu avant la mort à l’étranger ». VA 644, f. 182v ; Borg Ar 136, f. 148v.
18. Dissertation sur la foi ; Lettre sur les douze remèdes.
19. Lettre sur la pénitence ; Lettre sur la Résurrection et le jugement dernier ; Lettre sur
l’Antéchrist.
1.6 Miscellanea 143

sont adressées simplement aux moines de Qannoubine ou aux moines en


20
général .
La partie concernant les extraits des conciles paraît être adressée à un
cousin germain d’Ibn al-Qil"#!$% de qui il parle en disant : « On m’a appris que
mon cousin [le fils de mon oncle] est devenu capable de prendre le livre des
21
mains de son oncle et de comprendre son contenu » . Ce cousin pourrait être de
la deuxième génération, en l’occurrence le fils du cousin germain d’Ibn al-
Qil"#!$%, puisque ce dernier se considère comme son oncle.

22
Première partie
Dans cette partie, Ibn al-Qil"#!$% adresse ses lettres notamment aux moines
pour les mettre en garde contre les tentations et pour les encourager dans la
bonne voie qui mène à la vie éternelle.

23
I- Dissertation sur la foi
Cette lettre paraît être une réponse à un frère qui demande à Ibn al-Qil"#!$% de
24
lui expliquer la genèse de la foi et son histoire . Le destinataire critique d’abord
Ibn al-Qil"#!$% pour ses explications sur la foi et prétend ne vouloir croire que s’il
touche quelque chose de concret. La réponse d’Ibn al-Qil"#!$% est sévère ; son
destinataire n’est pas Thomas qui, par son doute, a affermi l’Église dans sa
25
foi ; la prétention du destinataire va donc l’induire en erreur.

20. Lettre sur la Passion du Christ ; Lettre sur la fuite du rire ; Lettre sur la mort des Pères et
des saints.
21. Borg Ar 136, f. 112v ; VA 644, f. 148r ; Bkerke 115, f. 198v.
22. Borg Ar 136, f. 5r-94r ; VA 644, f. 79r-128v, 203v-210r.
23. Ibn al-Qil'%&(! utilise le mot tar!9amat (traduction) et !9aw&'b (réponse).
24. Borg Ar 136, f. 5r-10v ; VA 644, f. 203v-210r. Le copiste du Borg Ar 136 nomme
explicitement Ibn al-Qil'%&(! comme l’auteur de ce traité et cela dans la table des matières
(f. 3v) et au début du traité (f. 5r). D’ailleurs, la table des matières donne comme titre à ce
traité : « La description et les obligations que devait remplir celui qui voulait être le fils de
l’Église ». En revanche, le copiste du VA 644 omet la nomination d’Ibn al-Qil'%&(! comme
auteur et divise le traité selon deux titres : « Lettre adressée à quiconque s’obstine contre la
vérité dans la foi » et « Sur les dix commandements de Dieu ».
Ce traité est cité par GRAF, GCAL, III : 323, en tant que sermon ; il est repris par BREYDY
1985 : 189.
25. Voir Jn 20, 24-29.
144 Les œuvres en prose

Ibn al-Qil"#!$% expose ensuite les explications sur la foi : elle est comme les
racines des arbres ; elles ne sont pas visibles, mais ce sont elles qui donnent
toute leur vie aux arbres, à la verdure et les belles couleurs. Elle ressemble au
lait maternel qui donne des forces au nourrisson avant qu’il devienne
indépendant et capable de se nourrir lui-même.
C’est pourquoi l’Église a défendu à quiconque de controverser avec les non-
croyants ou les hérétiques s’il ne s’est pas perfectionné dans les sciences et n’a
26
pas atteint le septième degré qui est la science de la théologie .
La foi est alors celle de l’Église qui la professe et en est témoin depuis les
apôtres. Ainsi, Ibn al-Qil"#!$% énumère les apôtres en attribuant à chacun d’eux
27
une partie du Credo, suivi de plusieurs témoignages de l’Ancien Testament . Le
Credo est, en fait, la voûte de l’Église dont les colonnes sont le Pater, l’Ave
Maria, le Gloria et le Trisagion.
L’auteur ajoute également, comme piliers de la foi, les dix
commandements, les sept péchés mortels, les huit béatitudes, les actes de
miséricorde, etc.

28
II- Lettre sur les douze remèdes pour celui qui est malade
« Encore du docteur &'ibr"#y$%l à un frère dont on ignore le nom, lettre . Elle
contient douze remèdes utiles pour celui qui est malade. S’il en boit, il sera
29
guéri, avec le secours de Dieu. »
Ces douze remèdes sont :
1- Des méditations et une prière à la Vierge contre le désir de forniquer.
2- Des méditations et une prière au Christ contre le désir d’être gourmand.
3- Des méditations et une prière au Christ contre le désir de festoyer.
4- Des méditations et une prière au Christ contre le désir d’être oisif.

26. D’après Ibn al-Qil'%&(!, la liste des sciences comprend : 1. La grammaire ; 2. La rhétorique ;
3. La logique ; 4. La philosophie ; 5. L’astrologie ; 6. La géométrie ; 7. La théologie ; 8. La
médecine ; 9. La musique (Borg Ar 136, f. 6v ; VA 644, f. 205r).
27. On trouve dans le ms. Alep 127, f. 28v-31r, le même contenu, mais avec une présentation
différente.
28. Risa'lat.
29. Borg Ar 136, 10v-13v ; ce traité ne se trouve que dans la table des matières du VA 644, car
les cahiers où il devait se trouver sont perdus. Il est cité par GRAF, GCAL, III : 324, parmi les
lettres d’Ibn al-Qil'%&(! et est repris par BREYDY 1985 : 190.
1.6 Miscellanea 145

5- Des méditations contre la passion du sommeil.


6- Des méditations contre la soif des calomnies.
7- Des méditations contre le doute dans la foi.
8- Des méditations et une prière au Christ contre la paresse religieuse.
9- Des méditations contre la tiédeur dans la foi.
10- Des méditations et une prière au Christ contre la jalousie.
11- Des méditations contre la peur d’être délaissé par le Christ.
12- Des méditations pour le bon gouvernement de la vie.

30
III – Lettre sur la pénitence
Le copiste déclare qu’Ibn al-Qil"#!$% adresse cette lettre au « Peuple élu de
Maron », pour l’encourager dans la pénitence et dans l’amour du prochain.
Toutes les vertus sont vaines si elles ne sont pas pratiquées avec amour ;
elles ressemblent ainsi à un banquet copieux où sont servis tous les plats
délicieux, mais sans être assaisonnés avec du sel ; l’amour est le sel des autres
vertus.
De plus, notre modèle dans l’amour du prochain est le Christ qui, sur sa
Croix, a sauvé l’homme du péché ; ainsi la Croix est devenue le symbole de
tous les morts pour le Christ. Cette Croix est également notre garantie durant le
jugement dernier où seront distingués les justes des mauvais.
L’auteur décrit les châtiments correspondant aux divers degrés du péché. À
la fin, il invite ses lecteurs à la répentence pour préparer « leur voyage ».

31
IV- Lettre sur le jugement, la Résurrection et les vertus de la pénitence
L’auteur confirme dans cette lettre que le Christ nous a sauvés par sa Croix,

30. Borg Ar 136, f. 13v-30r ; ce traité ne se trouve que dans la table des matières du VA 644, car
les cahiers où il devait se trouver sont perdus. Il est cité par GRAF, GCAL, III : 324, parmi les
lettres d’Ibn al-Qil'%&(! et intitulé Lettre au peuple de Maron ; il est repris par BREYDY 1985 :
190.
31. Borg Ar 136, f. 30r-37r ; ce traité ne se trouve que dans la table des matières du VA 644, car
les cahiers où il devait se trouver sont perdus. Il est cité par GRAF, GCAL, III : 323, en tant
que sermon ; il est repris par BREYDY 1985 : 189.
146 Les œuvres en prose

mais que cela revient à chacun de nous de faire fructifier cette grâce dans sa vie.
L’amour de Dieu, l’amour du prochain, les actes de charité, la pureté, la
prière et la pénitence sont les compagnons de l’homme dans sa vie terrestre.
Ainsi, il prépare sa rencontre glorieuse avec Dieu dans le Royaume des cieux.
En revanche, celui qui ne s’intéresse qu’aux plaisirs du monde sera châtié et
condamné lors du jugement dernier.
Ibn al-Qil"#!$% supplie alors son lecteur « d’arroser son jardin, ses prières, par
les larmes de la pénitence, afin de récolter les fruits de la vie éternelle ».

32
V- Lettre sur la Résurrection et le jugement dernier
« Venez, mes frères, et écoutez-moi qui suis &'ibr"#y$%l votre humble
serviteur ; [venons] placer notre cœur comme juge contre nous-mêmes. »
Ainsi, Ibn al-Qil"#!$% commence sa lettre où il décrit la gloire des bienheureux
lors du dernier jugement et invite alors ses lecteurs à se préparer par la
pénitence et la prière, car personne ne peut prétendre connaître le jour où cela
arrivera.

33
VI- Sermon sur la pénitence, adressé à Georges, moine de
34
Qannoubine
Le destinataire de ce sermon n’est nommé que dans la table des matières du
VA 644. La table des matières du Borg Ar 136 semble adresser la lettre « aux
moines de Qannoubine ». Mais au début de la lettre, le copiste déclare qu’elle
est adressée « aux frères dans l’habit de la vie monastique et surtout à l’un
d’entre eux », puis il ajoute dans la marge « aux moines de Qannoubine ».
La question qui se pose est de savoir si le moine Georges qui est visé ici par
35
la lettre n’est pas le cousin d’Ibn al-Qil"#!$% dont le nom est Georges ar-R"#m$% =

32. Borg Ar 136, f. 37r-39v ; ce traité ne se trouve que dans la table des matières du VA 644, car
les cahiers où il devait se trouver sont perdus. Il est cité par GRAF, GCAL, III : 323, en tant
que sermon ; il est repris par BREYDY 1985 : 189, qui se trompe dans la foliotation en mettant
la fin au f. 49v.
33. Mim&'r ou (i=$&'h.
34. Borg Ar 136, f. 39v-49r ; le VA 644, f. 79r-80v ne conserve que la fin du traité, car les
cahiers où il devait se trouver sont perdus ; son début correspond au Borg Ar 136, f. 47v.
35. Voir Lettre à Georges ar-R&'m-..
1.6 Miscellanea 147

Le destinataire, un moine de Qannoubine, est spirituellement malade ; c’est


pourquoi Ibn al-Qil"#!$% l’invite à consulter le Médecin, c’est-à-dire le Christ qui
est venu pour sauver l’homme du péché. Le Christ attend les malades pour
donner à chacun d’eux ce qui convient à sa guérison ; mais il faut l’appeler vite
par la prière et la pénitence, sinon, un jour, la porte sera fermée et il n’y aura
plus de médicaments, mais le jugement.
En fait, il y a un choix à faire : ou bien vivre dans les vices et les plaisirs du
monde et, par conséquent, récolter le châtiment éternel ; ou bien vivre dans la
prière et la pénitence et gagner ainsi la vie éternelle.
Le remède est donc une prière qui fortifie l’âme. Ainsi, Ibn al-Qil"#!$% implore
la grâce de Dieu pour qu’il soit sauvé et accepté dans la vie éternelle.
Comme l’oiseau qui s’occupe des oisillons, il demande à Dieu de s’occuper
de lui ; il le supplie de l’accueillir comme l’enfant prodigue, de le guérir comme
la femme qui a passé en vain douze ans entre les mains des médecins ; car
l’homme est malade et pécheur, mais la grâce de Dieu est capable de le guérir et
de le sauver.
Il proclame sa foi en Dieu qui a envoyé le Christ mourir sur la Croix pour
sauver l’homme du péché ; pour cela il lui demande de l’aider à se retourner
vers lui pour mieux actualiser ce salut dans sa vie par la prière et la pénitence, à
l’instar de tous les martyrs, les bienheureux et les saints.

36
VII- Sermon contre le rire des moines
C’est une longue prière par laquelle Ibn al-Qil"#!$%, qui se considère comme
un grand pécheur, demande la miséricorde de Dieu et sa grâce pour pouvoir
37
accomplir ses devoirs et mériter ainsi le Royaume des cieux .
Ibn al-Qil"#!$% exhorte son lecteur à fuir le rire, car il est néfaste à la vie
monastique. Par le rire, le moine est tenté de considérer que les plaisirs de la vie
sont essentiels et nécessaires et oublie ainsi son reniement et son ascèse.
Après cette prière, l’auteur expose quatre types de mort :

36. Borg Ar 136, f. 49r-53v ; VA 644, f. 80v-86r.


37. La fausse note d’un lecteur qui indique, dans le ms. VA 644, f. 79r, que toute cette série de
lettres est prise de saint Éphrem, a induit Graf en erreur. Celui-ci considère que la série de
lettres dans VA 644, f. 79r-128v et dans Borg Ar 136 49r, 53v, 58r, 62r, 70v, 85v et 94r (pour
être plus exact il faut ajouter 65v et retirer 94r), est une traduction faite par Ibn al-Qil'%&(!.
GRAF, GCAL, III : 325. BREYDY 1985 : 191, reprend Graf.
148 Les œuvres en prose

– la mort physique qui touche tout le genre humain, les pauvres et les
riches, les mauvais et les bons ;
– la mort au monde pratiquée par les moines qui renoncent à tous les
plaisirs ;
– la mort spirituelle, celle des pécheurs qui perdent la grâce ;
– la mort éternelle, celle des pécheurs condamnés éternellement au dernier
jugement et par laquelle l’auteur étaye son sermon pour nous mettre en garde.

38
VIII- Sermon sur la Passion du Christ
C’est un panégyrique de la Passion du Christ par lequel Ibn al-Qil"#!$% loue la
mort salvatrice du Christ et expose les différentes situations de la Passion en
exhortant les moines, auxquels il adresse ce sermon, à vivre dans l’humilité et la
pénitence pour mériter la vie éternelle.

39 40
IX- Lettre sur la « fuite du rire » adressée à un frère « bien-aimé »
Cette lettre est adressée par Ibn al-Qil"#!$% à des moines qui lui ont demandé
conseil et surtout à l’un parmi eux considéré comme « bien-aimé ». Il les met en
garde contre le rire et la confiance en soi-même et les exhorte à vivre
pleinement leur vie monastique dans l’humilité, la prière et la pénitence ; le
résultat est que rien ne sera utile au moine lors du jugement outre sa bonne
41 42
conduite sur la terre . Il leur donne l’exemple de saint Antoine et de sainte
43
Suzanne .

38. Borg Ar 136, f. 53v-58r ; VA 644, f. 86r-90r.


39. Risa'lat ou mima'r.
40. Borg Ar 136, f. 58r-62r ; VA 644, f. 90r-95r.
41. Pour citer le Ps 139 :7 « Où irais-je loin de ton esprit, et où fuirais-je loin de ta face ? », Ibn
al-Qil'%&(! utilise, comme il le fait fréquemment, la Peshitta syriaque :
NÚïà‡Ô@æà@b“ e@bÙîeì@bî‹à@ÚyìŠ@æà@ߌe@bÙîý
42. Saint Antoine le Grand, le père du monachisme oriental (†!356).
43. Sainte Suzanne de Babylone est celle dont l’histoire est relatée dans l’addition de Daniel (Dn
13, 1-64) : cette histoire est censée transmettre un événement qui se serait déroulé pendant
l’exil des Juifs à Babylone au VIe siècle av. J.-C. Le but de la narration est de montrer que
Dieu n’abandonne pas les innocents qui l’implorent.
1.6 Miscellanea 149

44
X- Sermon sur la mort des Pères et des saints
Dans ce sermon adressé « à mes frères et pères, les moines du Mont-
Liban », Ibn al-Qil"#!$% se demande où sont les moines bienheureux qui brillaient
dans le monde de la vie monastique. Tout le monde est devenu aujourd’hui
médiocre, y compris l’auteur ; personne ne veut plus se battre contre ses
plaisirs, personne ne veut plus vivre dans la prière et la pénitence.
Que faire alors ? Être conscient de sa situation et renouveler sa foi en Jésus-
Christ pour pouvoir recommencer à mener une vraie vie monastique. Les armes
de cette vie restent les mêmes : l’humilité, la prière et la pénitence.

45
XI- Sermon sur le courage des martyrs
C’est un éloge des martyrs chrétiens qui, malgré toutes sortes de
persécutions, ont persévéré dans la foi en Jésus-Christ et sont morts pour lui.
Ibn al-Qil"#!$% leur rend hommage en invitant tout chrétien à les prendre
comme exemples. Il incite à la confrontation de la conscience : que serait notre
argument de défense, le jour du jugement, nous paresseux qui, sans être
persécutés ni emprisonnés ni harcelés, avons oublié l’amour de Dieu et nous
sommes plongés dans les plaisirs chimériques du monde matériel et éphémère ?

46 47
XII- Sermon sur Joseph le beau
Dans ce panégyrique, Ibn al-Qil"#!$% raconte l’histoire de Joseph le beau avec
toutes les péripéties qui lui sont arrivées.
La leçon morale qu’en tire notre auteur est que Joseph fut un modèle pour
ceux qui vivaient dans la foi et la crainte de Dieu et étaient capables d’affronter
les risques et les menaces.
Les martyrs et les saints chrétiens sont, à l’instar de Joseph, ceux qui ont
consacré leur vie au Christ et affronté les périls pour la gloire de Dieu et son
règne dans le monde.

44. Borg Ar 136, f. 62r-65v ; VA 644, f. 95r-98v.


45. Borg Ar 136, f. 65v-70v ; VA 644, f. 98v-104r.
46. Mim&'r ou ma!9d (éloge).
47. Borg Ar 136, f. 70v-85v ; VA 644, f. 104v-119v.
150 Les œuvres en prose

48 49
XIII- Sermon sur l’Antéchrist
Ibn al-Qil"#!$% adresse ce sermon à « [ses] frères dans l’esprit et [ses] cousins
dans la chair ». L’Antéchrist vient corrompre le monde et le détruire. Il brille
comme les étoiles et manifeste des miracles extraordinaires pour persuader les
hommes qu’il est, lui, le Seigneur. Ceux qui ne connaissent pas le Christ et ne
sont pas imprégnés par la foi, seront facilement conquis par les forces du
démon. Ils seront éblouis par sa puissance et prêts à tout faire pour gagner sa
protection ; mais le démon, l’Antéchrist, va livrer le monde à une scène
diabolique de feu et de misère.
En revanche, les fidèles à la foi en Jésus-Christ, qui connaissent la vérité et
suivent son chemin, tireront du signe de la croix leur force contre le mal et leur
protection contre le démon.
Ces fidèles du Christ ne seront pas dupes et ne considéreront jamais la
manifestation de l’Antéchrist comme le retour du Christ à la fin des temps.
Ainsi, Ibn al-Qil"#!$% incite ses lecteurs à se maintenir dans la voie de la
vérité, celle de Jésus-Christ, afin qu’ils soient prêts quand l’Antéchrist tentera
d’ébranler leur foi.

50
Deuxième partie
Graf met sous le même titre les extraits traduits par Ibn al-Qil"#!$% et ceux qui
correspondent aux mss VA 644, f. 129r-182v et Borg Ar 136, f. 94r-148v :
Auszüge aus den Akten der Konzilien von Chalzedon und Ephesus mit
51
Väterschriften gegen den Monophysitismus und Nestorianismus . Il est repris
52
par Breydy .
En fait, dans la marge supérieure du VA 644, f. 129r, qui correspond au
début de la première lettre de cette partie, une note indique que « l’ensemble des

48. Mim&'r ou +,b&'r [sic] (histoire).


49. Borg Ar 136, f. 85v-94r ; VA 644, f. 119v-128v.
50. Borg Ar 136, f. 94r-160r ; VA 644, f. 129r-194v et une partie incomplète dans Bkerke 115,
f. 164v-210v.
51. GRAF, GCAL, III : 325.
52. BREYDY 1985 : 191.
1.6 Miscellanea 151

histoires de Nestorius, Eutychès et Dioscore est copié par Ibn al-Qil"#!$% du Livre
53
des conciles [et cela] du cahier 18 jusqu’au cahier 23 » .
Le Testament spirituel d’Ibn al-Qil"#!$% forme la note finale de cette partie ; il
54
sera étudié à part comme étant une lettre . D’ailleurs, dans la table des matières
du Borg Ar 136, on voit que toute cette partie forme un ensemble distinct de la
première partie. Cette partie se trouve actuellement dans les mss Borg Ar 136,
VA 644 et Bkerke 115.
S’agissant de la source de cet ensemble, l’auteur paraît puiser dans une
55
collection conciliaire utilisée en son temps ; cette collection était probablement
56
en latin, lequel est désigné fréquemment par l’auteur comme étant le grec .

57
I- Tome du pape Léon à Flavien
Ibn al-Qil"#!$% intitule cette lettre : « Lettre du pape Léon à Flavien, évêque
d’Alexandrie, sur les fautes d’Eutychès, au grand concile de Chalcédoine » ;
cela est inexact, car Flavien était l’évêque de Constantinople et la lettre de
Léon (†!461) fut adressée en 449 avant le déroulement du concile en 451 ;
Flavien mourut en 449 peu après son exil par le synode appelé le Brigandage
d’Éphèse. Notons également qu’Ibn al-Qil"#!$% avait déjà présenté une version
syriaque de ce Tome dans son œuvre intitulée Explication de la foi.

II- Témoignages des Pères, lus au concile d’Éphèse (431)


Tous ces témoignages des Pères trouvent leur place dans les actes du
concile d’Éphèse. C’est à l’initiative de Pierre, prêtre alexandrin et notaire du
concile, et de Flavien, évêque de Philippes, qu’on a lu une série de passages

53. Cela correspond en fait aux dispositions des cahiers, car le cahier 18 débute au f. 129r et le
cahier 22 se termine au f. 182v.
54. Voir le Testament spirituel.
55. Pour les textes et fragments des Pères, ainsi que pour les actes des conciles, nous avons
utilisé la version latine présentée dans MANSI, Sacrorum conciliorum. Nous avons également
utilisé la version française donnée par FESTUGIÈRE 1982.
56. Dans le Borg Ar 136, f. 140r, Ibn al-Qil'%&(! note : « Moi, l’esclave des frères, Gabriel de
Leḥfed, je l’ai transcrit du grec en arabe et j’ai cru en son contenu. » Voir également
VA 644, f. 174r.
57. Borg Ar 136, f. 94r-100r ; VA 644, f. 129r-135v ; Bkerke 115, f. 164v-176r. Voir Sancti
Leonis Magni Romani Pontificis Opera Omnia, Epistola XXVIII : Ad Flavianum Episcopum
Constantinopolitanum contra Eutychis perfidiam et haeresim, P.L., LIV : 756-782 ;
PERCIVAL 1991 : 254-258.
152 Les œuvres en prose

tirés des Pères de l’Église « dans lesquels l’antique foi en l’union de la divinité
58
et de l’humanité dans le Christ était nettement exprimée » .
59
1- De la lettre de Grégoire, évêque de Nazianze (†!389), à Clédonios .
2- De la lettre de Basile, évêque de Césarée (†!379), au grand concile de
60
Nicée .
61
3- De Grégoire, évêque de Nysse (†!394) .
62
4- D’Atticus, évêque de Constantinople (†!425) .
63
5- D’Amphiloque, évêque d’Iconium (†!ca 403) .
64
6- Aussi d’Amphiloque, évêque d’Iconium .
65
7- D’Atticus, évêque de Constantinople .
66
8- D’Ambroise, évêque de Milan (†!397), dans son livre De Fide .

58. HEFELE, Conciles, II : 302. Notons qu’Ibn al-Qil'%&(! ne suit pas le même ordre que Mansi et
Festugière.
59. Borg Ar 136, f. 100v-101r ; VA 644, f. 135v-136v ; Bkerke 115, f. 176r-177v. C’est la lettre
101 écrite par Grégoire, vers l’été de 382, et adressée au prêtre Clédonios contre la
christologie d’Apollinaire. Voir MANSI, Sacrorum conciliorum, IV : 1191-1194 ; P.G.,
XXXVII : 178-182 ; FESTUGIÈRE 1982 : 234-236 ; GRÉGOIRE DE NAZIANZE 1974 : 36-69.
60. Borg Ar 136, f. 101rv ; VA 644, f. 136v ; Bkerke 115, f. 178r. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1194 ; FESTUGIÈRE 1982 : 236. En fait, ce fragment trouve sa place dans le
livre De Spiritu Sancto, chapitre 8 ; or ce livre n’a pas été adressé au concile de Nicée
comme le prétend Ibn al-Qil'%&(!, mais plutôt « a été commencé, à l’instigation d’Amphiloque,
dans les derniers mois de l’année 374. Il a pour but immédiat, avoué, de répondre aux
demandes d’éclaircissements de l’évêque d’Iconium sur la doxologie ‘avec l’Esprit’, en
raison des graves accusations dont elle faisait l’objet depuis quelque temps déjà, de la part
d’adversaires acharnés de saint Basile ». BASILE DE CÉSARÉE 1968 : 52. Le texte y figure
dans la même référence à la page 309.
61. Borg Ar 136, f. 101v ; VA 644, f. 136v-137r ; Bkerke 115, f. 178rv. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1194 ; FESTUGIÈRE 1982 : 236.
62. Borg Ar 136, f. 101v-102r ; VA 644, f. 137r ; Bkerke 115, f. 178v-179r. Voir MANSI,
Sacrorum conciliorum, IV : 1194-1195 ; omis par Festugière.
63. Borg Ar 136, f. 102r ; VA 644, f. 137rv ; Bkerke 115, f. 179r. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1195 ; omis par Festugière.
64. Borg Ar 136, f. 102r ; VA 644, f. 137v ; Bkerke 115, f. 179rv. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1195 ; omis par Festugière.
65. Borg Ar 136, f. 102rv ; VA 644, f. 137v ; Bkerke 115, f. 179v-180r. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1195 ; omis par Festugière.
66. Borg Ar 136, f. 102v ; VA 644, f. 137v-138r ; Bkerke 115, f. 180rv. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1190 ; P.L., XVI : 550 : livre 1, ch. 14 ; FESTUGIÈRE 1982 : 233-234. Le
1.6 Miscellanea 153

67
9- D’Ambroise, évêque de Milan, dans son livre De Fide .
68
10- De Cyprien (†!258), dans son livre De Opere et Eleemosynis .
11- De Pierre le martyr (†!ca 311), évêque d’Alexandrie, dans son livre De
69
Deitate .
70
12- Du même Pierre dans le même livre .
13- D’Athanase (†!373), évêque d’Alexandrie, dans son Apologia contra
71
Arianos .
72
14- D’Athanase, évêque d’Alexandrie, dans sa lettre à Épictète .
73
15- D’Athanase, évêque d’Alexandrie .
74 75
16- Du pape Jules (†!352) à Prosdocius , partisan de Nestorius .
76
17- Du pape Félix (†!274) à l’évêque Maxime d’Alexandrie .

vrai titre latin est De Fide ad Gratianum Augustum, Ibn al-Qil'%&(! s’est trompé en le traduisant
par Kit&'b al-a56k&'r il&' all&'h (Le livre des actions de grâces [présentées] à Dieu).
67. Borg Ar 136, f. 102v-103r ; VA 644, f. 138r ; Bkerke 115, f. 180v-181r. Voir MANSI,
Sacrorum conciliorum, IV : 1190-1191 ; P.L., XVI : 576, livre 2, ch. 9 ; FESTUGIÈRE 1982 :
234.
68. Borg Ar 136, f. 103r ; VA 644, f. 138rv ; Bkerke 115, f. 181rv. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1190 ; FESTUGIÈRE 1982 : 233 ; QUASTEN 1958, II : 424-425. Le fragment
cité constitue le premier paragraphe de l’œuvre de Cyprien ; voir CYPRIEN DE CARTHAGE
1999 : 69.
69. Borg Ar 136, f. 103rv ; VA 644, f. 138v ; Bkerke 115, f. 181v-182r. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1183 ; FESTUGIÈRE 1982 : 230. Ibn al-Qil'%&(! intitule le livre : (An al-34&'l)*34 al-
muqaddas (sur la Trinité).
70. Borg Ar 136, f. 103v ; VA 644, f. 138v ; Bkerke 115, f. 182r. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1183 ; FESTUGIÈRE 1982 : 230.
71. Borg Ar 136, f. 103v-104r ; VA 644, f. 138v-139r ; Bkerke 115, f. 182r-183r. Voir MANSI,
Sacrorum conciliorum, IV : 1186 ; FESTUGIÈRE 1982 : 230-231.
72. Borg Ar 136, f. 104rv ; VA 644, f. 139rv ; Bkerke 115, f. 183r. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1186 ; FESTUGIÈRE 1982 : 231-232.
73. Borg Ar 136, f. 104v ; VA 644, f. 139v ; Bkerke 115, f. 183v-184r. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1186-1187 ; FESTUGIÈRE 1982 : 232.
74. Ibn al-Qil'%&(! écrit : Br)*sd)*k-.m. Cela pourrait être une altération de l’expression grecque :
ιν της (προς ∆οχιον) επιστολης. Mansi écrit ad Docimum, Festugière Prosdocius.
75. Borg Ar 136, f. 104v ; VA 644, f. 139v-140r ; Bkerke 115, f. 184rv. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1187 ; FESTUGIÈRE 1982 : 232. Sur les lettres du pape Jules ; voir
BERARDINO 1986, IV : 737.
76. Borg Ar 136, f. 104v-105r ; VA 644, f. 140r ; Bkerke 115, f. 184v. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1187 ; FESTUGIÈRE 1982 : 232 ; QUASTEN 1958, II : 387.
154 Les œuvres en prose

18- De Théophile, patriarche d’Alexandrie (†!412), dans sa Ve lettre sur


77
Pâques .
19- Aussi de Théophile, patriarche d’Alexandrie, [dans sa VIe lettre sur
78
Pâques] .
Ibn al-Qil"#!$% conclut cette partie par une note : « Tous ces témoignages
79
furent écrits par le prêtre Pierre au concile de Nicée. »

80
III- Symbole de Nicée
Ibn al-Qil"#!$% transcrit le Symbole de Nicée en garchouni. Ensuite, il met ses
lecteurs en garde contre les hérétiques qui n’adhèrent pas au Symbole de Nicée
et surtout contre ceux qui essayent de l’interpréter à leur guise.
Ce danger d’une mauvaise interprétation incite l’auteur à chercher les
témoignages des Pères, afin que tout lecteur puisse connaître la vérité et croire
en la foi de l’Église universelle. Chacun saura alors ce que « le concile de Nicée
81
a décrété et ce qu’ont écrit les Pères, les évêques et les martyrs sincères » .

IV- Deux lettres de Cyrille d’Alexandrie (†!444)


82
1- Lettre à Jean, patriarche d’Antioche (†!441) .
C’est l’épître 39 de Cyrille, écrite au printemps 433.
83
2- Lettre à Nestorius (†!451) .

77. Borg Ar 136, f. 105r ; VA 644, f. 140r ; Bkerke 115, f. 184v-185r. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1187 ; P.G., LXV : 59-60 ; FESTUGIÈRE 1982 : 232-233.
78. Borg Ar 136, f. 105rv ; VA 644, f. 140rv ; Bkerke 115, f. 185r-186r. Voir MANSI, Sacrorum
conciliorum, IV : 1187-1190 ; P.G., LXV : 59-60 ; FESTUGIÈRE 1982 : 233.
79. Borg Ar 136, f. 105v ; VA 644, f. 141r ; Bkerke 115, f. 186r. « Petrus presbyter Alexandriae
et notariorum primicerius ». Voir MANSI, Sacrorum conciliorum, IV : 1183. Ibn al-Qil'%&(! se
trompe en citant le concile de Nicée au lieu de celui d’Éphèse.
80. Borg Ar 136, f. 105v-106r ; VA 644, f. 141rv ; Bkerke 115, f. 186r-187r.
81. Là aussi, Ibn al-Qil'%&(!-se trompe en prenant le concile de Nicée pour celui d’Éphèse.
82. Borg Ar 136, f. 106r-110r ; VA 644, f. 141v-145v ; Bkerke 115, f. 187r-193v. MANSI,
Sacrorum conciliorum, V : 302-310 ; P.G., LXXVII : 173-181 ; FESTUGIÈRE 1982 : 486-491.
Une partie de cette lettre, mais en syriaque, est citée par Ibn al-Qil'%&(! dans son œuvre
Explication de la foi.
83. Borg Ar 136, f. 110r-112v ; VA 644, f. 145v-148r ; Bkerke 115, f. 194r-198v. MANSI,
Sacrorum conciliorum, IV : 887-891 ; P.G., LXXVII : 44-49 ; FESTUGIÈRE 1982 : 48-51. Ibn
1.6 Miscellanea 155

C’est la deuxième lettre envoyée par Cyrille à Nestorius vers janvier-


février 430.

V- Témoignages des Pères au concile de Chalcédoine


Ibn al-Qil"#!$% enchaîne la présentation des lettres à des notes historiques qui
éclairent leur contexte immédiat.
1- Lettre d’Eusèbe, évêque de Dorylée, au concile de Chalcédoine, contre
84
Dioscore .
2- Lettre de Théodore, diacre d’Alexandrie, au concile de Chalcédoine,
85
contre Dioscore .
3- Lettre d’Ischyrion, diacre d’Alexandrie, au concile de Chalcédoine,
86
contre Dioscore .
87
4- Lettre du prêtre Athanase contre Dioscore .
88
5- Lettre de Sophronios contre Dioscore .
89
6- Troisième convocation de Dioscore .
90
7- Condamnation de Dioscore .
91
Ensuite , Ibn al-Qil"#!$% met en garde son lecteur contre les hérétiques qui
induisent les gens en erreur. Il déclare qu’il a transcrit ces lettres et événements
non pour semer la zizanie, mais pour contredire ceux qui proclament que les
Pères [de Chalcédoine] ont destitué Dioscore d’une manière illégale et que les
conciles sont la cause de la corruption au lieu d’être celle de l’union. L’auteur
affirme alors que toutes ces prétentions sont loin de la vérité, car si les conciles

al-Qil'%&(! se trompe en considérant Cyrille comme le patriarche de Jérusalem au lieu


d’Alexandrie.
84. Borg Ar 136, f. 113r-114r ; VA 644, f. 148v-149v ; Bkerke 115, f. 200r-202v. MANSI,
Sacrorum conciliorum, VI : 651-654 ; FESTUGIÈRE 1982 : 851-852.
85. Borg Ar 136, f. 114v-116r ; VA 644, f. 150r-151v ; Bkerke 115, f. 202v-205r. FESTUGIÈRE
1982 : 860-862.
86. Borg Ar 136, f. 116r-118v ; VA 644, f. 151v-154r ; Bkerke 115, f. 205r-210r. FESTUGIÈRE
1982 : 863-866.
87. Borg Ar 136, f. 118v-121r ; VA 644, f. 154r-156v ; Bkerke 115, f. 210rv [incomplet de la
fin]. FESTUGIÈRE 1982 : 867-870.
88. Borg Ar 136, f. 121r-122v ; VA 644, f. 156v-158r. FESTUGIÈRE 1982 : 870-873.
89. Borg Ar 136, f. 122v-123v ; VA 644, f. 158r-159r. FESTUGIÈRE 1982 : 873-874.
90. Borg Ar 136, f. 123v-124r ; VA 644, f. 159rv. FESTUGIÈRE 1982 : 878-879.
91. Borg Ar 136, f. 124rv ; VA 644, f. 159v-160r.
156 Les œuvres en prose

n’avaient pas eu lieu, la religion chrétienne n’aurait pas été organisée et


structurée.
S’agissant des prétentieux qui ont essayé de diffamer injustement l’Église,
les deux manuscrits ne sont pas d’accord :
Dans VA 644, Ibn al-Qil"#!$% déclare qu’il a écrit toutes ces lettres à cause
« de l’entêtement d’un frère ignorant », alors que Borg Ar 136 déclare que cela
était fait :
Dans l’intention de protéger mes frères, le peuple de Maron, afin que, dans leur ignorance,
ils ne se perdent pas avec les fils de la perdition parce que ce sont ces fils de la perdition
qui prétendent que les Pères [de Chalcédoine] ont destitué Dioscore, etc.

À la fin du paragraphe, Ibn al-Qil"#!$% [ou le copiste ?] ajoute dans une note
propre au Borg Ar 136 : « Je vous mets en garde, ô mes frères, ne vous séparez
pas de l’obéissance au pape de Rome, car nous sommes un seul peuple [présidé
par ] le siège perpétuel de Pierre. »

VI- Sur la Trinité et la nature du Christ


92
A- Dissertation sur la Trinité, tirée du livre des conciles
À la fin de cette dissertation, Ibn al-Qil"#!$% [ou le copiste de l’antigraphe
commun aux VA 644 et Borg Ar 136] ajoute quelques vers dans lesquels il
demande à son lecteur de ne pas juger sa personne, car tous les deux, lui et le
lecteur, sont des êtres humains et qu’ils seront sanctionnés, un jour, par le
Seigneur.

93
B- Lettre du pape Léon à Julien, évêque de la ville de Cos
C’est la lettre 35, adressée par le pape Léon (†!461) à Julien de Cos, son
94
ablégat et apocrisiaire à Constantinople lors et après le concile de Chalcédoine .
Le contenu se veut une condamnation des hérésies de Nestorius, d’Apollinaire,
d’Eutychès et de leurs disciples.

92. Borg Ar 136, f. 124v-126r ; VA 644, f. 160r-161v.


93. Borg Ar 136, f. 126r-128v ; VA 644, f. 161v-164r.
94. P.L., LIV : 803-809. Sur l’œuvre et la vie de Julien de Cos, voir WACE 1911.
1.6 Miscellanea 157

95
C- Conclusion
En guise de conclusion, Ibn al- Qil"#!$% expose huit raisons qui le
convainquent de craindre Dieu et de l’adorer :
– Dieu est le Tout-puissant ;
– le Christ est mort pour l’homme ;
– la crainte de Dieu est le chemin de la vie éternelle ;
– la charité est le but de tout acte de bien ;
– toutes les vertus trouvent leur sens dans la charité ;
– l’exemple des saints et des martyrs ;
– la peur des peines éternelles ;
– la courte durée de la vie terrestre.

96
VII- Compendium tiré des livres de l’Église universelle
A- Lettre du pape Alexandre aux patriarches et évêques des diverses
97
régions
Ibn al-Qil"#!$% ne précise pas lequel des papes du nom d’Alexandre a écrit
cette lettre. Son contenu ne permet pas, par ailleurs, de progresser dans
l’investigation. À la fin, la date est tronquée : « Elle est donnée le 17 des
calendes de décembre » (l’année reste inconnue).

98
B- Lettre du pape Calixte aux évêques de Gaule
Cette lettre diffère de celle envoyée par Calixte II (†!1124) aux évêques de
99
Gaule lors du concile de Latran I (1123) . Nous ne savons donc pas lequel des

95. Borg Ar 136, f. 128v-129v ; VA 644, f. 164r.


96. Kutub m!9a'mi( min zahr kutub al-kan-.sat al-!9a'mi(at.
97. Borg Ar 136, f. 129v-131r ; VA 644, f. 164v-165v. DOUAIHY 1993 : 123, met à la place de
« diverses régions » l’expression « sur les diverses affaires courantes », et cela pour traduire
l’expression arabe sa'’ir al-mu(a'mala't. Le contenu de la lettre évoque, en fait, une lettre
adressée à plusieurs responsables ecclésiastiques dans le monde chrétien.
98. Borg Ar 136, f. 131r-133r ; VA 644, f. 165v-167v.
99. Voir MANSI, Sacrorum conciliorum, XXI : 280.
158 Les œuvres en prose

papes nommés Calixte a envoyé cette lettre qui se termine par l’énoncé : « Elle
est écrite en bref à Rome, ides du mois de septembre. »

100
C- Du livre du concile Hispalense, contre les hérétiques
C’est le treizième canon du fameux concilium Hispalensis tenu par Isidore
de Séville, le 13 novembre 619, en l’église de Séville. Dans le treizième canon,
les Pères ont confirmé « la doctrine orthodoxe opposée aux erreurs des
monophysites touchant les deux natures ; et l’unité de la personne est exposée
d’une manière détaillée et appuyée sur de nombreux textes de la Bible et des
101
Pères » .

VIII- Concile d’Éphèse


102 103
A- Lettre des 1200 évêques réunis à Éphèse, à Nestorius
Le contenu est une tentative d’explication du symbole de Nicée-
Constantinople.

104
B- Lettre de Cyrille à Nestorius
C’est la troisième lettre envoyée par Cyrille à Nestorius pour lui demander
d’abjurer son hérésie et d’adopter la foi de l’Église.

105
C- Les douze anathèmes de Cyrille
Le texte est mutilé au quatrième anathème et une note d’Ibn al-Qil"#!$%
termine la transcription : « Je n’ai pas pu mettre fin aux anathèmes, parce que la
106
copie [que j’utilise] m’a été enlevée d’entre les mains. »

100. Borg Ar 136, f. 133r-140r ; VA 644, f. 167v-174r.


101. HEFELE, Conciles, III : 258. Le texte est édité dans MANSI, Sacrorum conciliorum, X : 561-
570.
102. Ibn al-Qil'%&(! se trompe-t-il en écrivant 1200 évêques au lieu de 210 réunis lors de la
cinquième session du concile ? Voir HEFELE, Conciles, II : 329.
103. Borg Ar 136, f. 140r-141v ; VA 644, f. 174r-175v.
104. Borg Ar 136, f. 141v-148r ; VA 644, f. 175v-182r. FESTUGIÈRE 1982 : 57-65.
105. Borg Ar 136, f. 148r ; VA 644, f. 182rv. FESTUGIÈRE 1982 : 66.
106. Borg Ar 136 utilise le mot « copie », alors que VA 644 utilise le mot « livre ».
1.6 Miscellanea 159

107
Troisième partie
108
I- Sur la Trinité dans les œuvres des Pères
109
A- Sur la Trinité contre les diverses hérésies
En s’appuyant sur les « paroles des Pères et des saints de l’école de
Théologie », Ibn al-Qil"#!$% dresse une liste des hérésies touchant à la foi en la
Trinité : Sabellius, Arius, Apollinaire, Marcion, Nestorius, Macaire, Dioscore et
également les &'unaf!" [les musulmans].

110
B- Des paroles des Pères sur la Trinité
L’unité des Personnes dans la Trinité et le rôle de chacune d’entre elles.

111
C- Trois miracles ou trois disputes sur l’humanité du Christ
1- Pourquoi Dieu est-il devenu homme ?
2- Pourquoi est-ce le Fils qui s’est incarné et non le Père ou l’Esprit-Saint ?
3- Comment le Fils seul a-t-il pu devenir homme s’il est en unité parfaite
avec le Père et le Saint-Esprit ?

112
D- De l’âme du Christ
113
Paroles des Pères tels Augustin, Éphrem de Nisibe et Didyme l’Aveugle.

E- D’Athanase d’Alexandrie sur la multiplicité et l’unité dans la


114
Trinité
Le texte loue la gloire de la Trinité et explique comment il y a une

107. Borg Ar 136, f. 160r-224v ; VA 644, f.194v-203v, 210r-262r.


108. Borg Ar 136, f. 160r-168r ; VA 644, f.194v-203v. GRAF, GCAL, III : 326, cite faussement les
mss VA 644, f. 194v-210r et Borg Ar 136, f. 160r-165v. Il est suivi par BREYDY 1985 : 191.
109. Borg Ar 136, f. 160r-162v ; VA 644, f. 194v-197r.
110. Borg Ar 136, f. 162v-164r ; VA 644, f. 197r-199r.
111. Borg Ar 136, f. 164r-165v ; VA 644, f. 199r-200r.
112. Borg Ar 136, f. 165v-167r ; VA 644, f. 200r-202r.
113. La référence prise d’Éphrem est citée en syriaque.
114. Borg Ar 136, f. 167r-168r ; VA 644, f. 202r-203v. Nous n’avons pas pu identifier le texte.
160 Les œuvres en prose

multiplicité de personnes, mais une même essence.

115 116
II– Épître de saint Jérôme à la vierge Eustochie : sur la virginité
C’est l’épître 22 de saint Jérôme, adressé à la vierge Eustochie, sur la
sauvegarde de la virginité, l’honneur des vierges et leur vie dans les ordres
117
religieux .
Le copiste du Borg Ar 136, à plusieurs reprises dans les marges de son
manuscrit, encourage son lecteur à agir selon l’esprit de la lettre et à ne pas
118
traîner par paresse .

119
III- Le libre arbitre de saint Anselme
C’est le Tractatus de libertate arbitrii de saint Anselme, écrit en douze
120
points selon la méthode de questions-réponses entre l’élève et son maître .

121 122
IV- Description des sept grandes basiliques de Rome
L’auteur, « l’humble frère &'ibr"#yil Ibn al-Qil"#!$% », a vécu à Rome pendant
123
sept mois et y a visité les grandes églises ; là, il a pu vénérer les reliques des
saints et des martyrs et obtenir ainsi les indulgences. Il fait ici la description de
ses visites, afin que si quelqu’un de son pays arrive un jour à Rome, « il cherche
d’abord ce qui appartient au spirituel ».
Dans cette œuvre, Ibn al-Qil"#!$% décrit les sept basiliques de Rome : Saint-

115. Ris&'lat.
116. Borg Ar 136, f. 168v-194v ; VA 644, f. 210r-234r. Cité par GRAF, GCAL, III : 326, qui donne
une mauvaise foliotation pour le Borg Ar 136, f. 168r-194v. Il est suivi par BREYDY 1985 :
191.
117. Ad Eustochium, Paulae filiam : De custodia virginitatis. Voir P.L., XXII : 394-425.
118. Borg Ar 136, f. 169v, 171v, 187r et 191r.
119. Kit&'b. Borg Ar 136, f. 194v-206r ; VA 644, f. 234r-245r. Cité par GRAF, GCAL, III : 326, et
repris par BREYDY 1985 : 191.
120. Voir P.L., CLVIII : 489-506 ; SCHMITT 1938, I : 201-226.
121. Wa58fat.
122. Borg Ar 136, f. 206v-215r ; VA 644, f. 245r-252v. Cité par GRAF, GCAL, III : 326, qui
considère Ibn al-Qil'%&(! comme le traducteur et non l’auteur du traité. Il est repris par B REYDY
1985 : 191.
123. Borg Ar 136, f. 218v ; VA 644, f. 256r.
1.6 Miscellanea 161

124
Jean de Latran , Saint-Pierre au Vatican, Saint-Paul-hors-les-murs, Sainte-
125
Marie-Majeure, Saint-Laurent , Saints-Fabien-et-Sébastien dans les
126
Catacombes et la basilique de la Croix-de-Jérusalem.
Dans sa description, se mélangent l’expérience personnelle et les légendes
de son temps ; des histoires pittoresques sur la vie des saints, sur l’histoire des
églises, des papes, des reliques, etc., comme, par exemple, la chronique
127
attribuée au pape Sylvestre .

128
V- Les Sibylles et leurs prophéties sur le Christ
Ibn al-Qil"#!$% veut démontrer que non seulement les juifs ont la tradition des
prophéties sur la venue du Christ, mais aussi les païens. Il évoque quelques
129
exemples des Sibylles qui ont prophétisé sur la venue du Christ .

124. Ibn al-Qil'%&(! accepte volontiers l’existence de la papesse Jeanne, un épisode considéré
aujourd’hui par l’Église catholique comme légendaire. Notre auteur raconte qu’il a vu de ses
propres yeux la sella stercoraria, la chaise creuse installée après l’épisode de la papesse
Jeanne pour vérifier, lors de l’élection des papes, si le candidat est vraiment un homme. La
tradition que rapporte Ibn al-Qil'%&(! veut que chaque cardinal passe les mains sous cette chaise
creuse pour vérifier la virilité du candidat. La tradition, qu’Ibn al-Qil'%&(! omet de rapporter,
ajoute que chaque cardinal devait, après son examen, déclarer solennellement : Mas nobis
nominus est (Celui que nous avons nommé est un mâle). Ibn al-Qil'%&(! ajoute que le mandat
de la papesse Jeanne fut de trois ans et affirme que c’est pendant son règne que « fut envoyé
Mahomet, le prophète de la colère » ; ainsi il décale l’histoire vers le VIIe siècle, alors que les
études historiques la placent vers les IXe-Xe siècles. Voir BOUREAU 1988 et AHERNE 1966 qui
cite plusieurs références bibliographiques.
125. Ibn al-Qil'%&(! raconte qu’il est entré dans la grotte qui se situe sous l’église et que, là, il a servi
deux messes pour obtenir le pardon des péchés pour lui-même et pour ses parents.
126. Ibn al-Qil'%&(! note qu’il y a assisté à deux messes par obéissance en mémoire des défunts.
127. Ibn al-Qil'%&(! cite la chronique du pape Sylvestre I (314-335) pour parler de l’édification de
plusieurs églises à Rome. En effet, selon plusieurs traditions légendaires telles Vita beati
Sylvestri, Constitutum Sylvestri et Donatio Constantini, le pape Sylvestre fut le bâtisseur de
beaucoup d’églises à Rome. Voir DUCHESNE 1955.
128. Borg Ar 136, f. 215r-219r ; VA 644, f. 253r-256v. Cité par GRAF, GCAL, III : 326, qui
considère Ibn al-Qil'%&(! comme le traducteur et non l’auteur du traité. Il est repris par B REYDY
1985 : 191.
129. Ibn al-Qil'%&(! donne le nom de douze Sibylles dont dix sont évoquées par Lactantus dans son
Divinarum Institutionum, Liber primus : De falsa religione deorum. P.L., VI : 140-147.
L’utilisation des oracles sibyllins était très répandue dans l’histoire ancienne, ainsi que dans
les écrits des Pères de l’Église pour des raisons surtout apologétiques défendant la Gesta Dei.
Pour plus d’informations concernant la littérature chrétienne sur les Sibylles, voir PRÜMM
1929.
162 Les œuvres en prose

Il relate ensuite l’histoire d’une des Sibylles, celle d’Érythrée, qui prédit la
naissance du Christ à l’empereur Octavien dont le palais est devenu, à l’époque
de l’auteur, « l’église des Frères mineurs, et s’appelle Notre-Dame de
130
l’Aracœli » . Ibn al-Qil"#!$% révèle que cet exemple est puisé dans le livre de
saint Augustin, La Cité de Dieu ; mais la comparaison avec le contenu de ce
131
livre montre qu’Ibn al-Qil"#!$% se trompe dans sa référence .

VI- Des patriarches de l’Ancien et du Nouveau Testament


Il s’agit d’une simple énumération des patriarches et des prophètes de
l’Ancien Testament, suivie des noms des apôtres et de quelques disciples et
132
personnages évangéliques . À la fin, Ibn al-Qil"#!$% ajoute quelques calculs de
dates qui échelonnent les grands événements précédant la naissance du Christ.

133 134
VII- Lettre à un frère sur la patience dans l’épreuve
Elle est adressée à « mon frère et mon bien-aimé dans la charité de Dieu ».
Cette lettre traite de la patience dans l’épreuve qui prépare la gloire éternelle.
Ibn al-Qil"#!$% rappelle à son destinataire, par des exemples de l’Évangile,
comment le Christ était l’exemple même de l’homme patient.

135
VIII- Formules sacramentelles
Le ms. VA 644 contient deux formules pour l’absolution des péchés et pour
l’extrême-onction, alors que le Borg Ar 136 note une simple formule abrégée
136
pour l’absolution des péchés .

130. Borg Ar 136, f. 217v ; VA 644, f. 255r. Ibn al-Qil'%&(! note qu’il a servi plusieurs messes dans
cette église.
131. AUGUSTINUS, De Civitate Dei, livre XVIII, chapitre 23. P.L., XLI : 579-581. Pour
l’appréciation théologique de la Sibylle par saint Augustin, voir KURFESS 1936.
132. Borg Ar 136, f. 219r-222r ; VA 644, f. 256v-259r ; Bkerke 115, f. 70v-73v : incomplet de la
fin. Cité par GRAF, GCAL, III : 326, qui considère Ibn al-Qil'%&(! comme le traducteur et non
l’auteur du traité. Il est repris par BREYDY 1985 : 191, qui ajoute faussement le ms.
Bkerke 101 dont le contenu ne correspond pas à ce traité.
133. Risa'lat.
134. Borg Ar 136, f. 222v-224v ; VA 644, f. 259v-262r. Cité par GRAF, GCAL, III : 324 et repris
par BREYDY 1985 : 190.
135. Borg Ar 136, f. 224v ; VA 644, f. 259rv.
136. Ces formules pourraient être l’œuvre du copiste de l’antigraphe des Borg Ar 136 et VA 644.
163

1.7 LE LIVRE DES SERMONS

1 2 3
Cette collection de sermons est citée par Douaihy Graf et Breydy .
Graf, repris par Breydy, cite le VA 641 et celui de M"#r ?@all$%*+"# Miqbis
4
(actuellement le Kreim 62) .
5
H. Douaihy fait l’analyse de ce livre d’après le VA 641 .
6
Cette collection se trouve actuellement dans les deux manuscrits, VA 641 et
7
Kreim 62 . Elle comporte d’abord une série qui couvre le temps de carême puis
une autre série traitant de divers sujets.
8
Les copistes appellent cette collection Livre des sermons ou Livre de
9
prédication .
10
Le Kreim 62 commence par une table des matières et une introduction du
11
copiste dans laquelle il reprend l’introduction de son antigraphe . Dans cette
introduction, Ibn al-Qil"#!$% demande à son lecteur de lui pardonner toute faute ou
lacune éventuelles et déclare qu’il a tiré le contenu de cette collection « des
12
fleurs des livres de l’Église » ; il annonce également que son but est de trouver
la voie du Seigneur qui est juste et miséricordieux.
Plusieurs lacunes et maladresses communes aux deux manuscrits nous
permettent de considérer que Kreim 62 et VA 641 ont utilisé un même
13
antigraphe .

1. Kit&'b (i=$&'h (livre de sermons) : VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ;
Annales/Taoutel : 237. Voir également Histoire/Chartouni : 153.
2. GRAF, GCAL, III : 322-323.
3. BREYDY 1985 : 189.
4. En se référant à HARFOUCHE, Miqbis, in Machriq 5(1902) : 556.
5. DOUAIHY 1993 : 91-107.
6. F. 16v-410v.
7. F. 5r-350r.
8. Kreim 62, f. 5r : Kit&'b al-(i=$&'h ; VA 641, f. 412r : Kit&'b al-maw&'(i=$%
9. Kreim 62, f. 365v : Kit&'b al-karz.
10. Kreim 62, f. 5r-6r.
11. Le copiste déclare qu’il a exécuté le manuscrit en 1658, 79 ans après qu’il a été écrit, c’est-à-
dire en 1579. Or Ibn al-Qil'%&(! est mort vers 1516, ce qui nous conduit à considérer la date de
1579 comme celle de l’antigraphe de l’actuel Kreim 62.
12. Min zahr kutub al-kan-.sah.
13. Le diacre Y+,suf al-Karmsadd'%n(! était en possession de cet antigraphe. Il l’a remis à M+,s'% al-
&AB'C7(!, le copiste du VA 641 (f. 412r).
164 Les œuvres en prose

Tout au long de la série des sermons, Ibn al-Qil"#!$% se réfère sans cesse aux
14 15 16
philosophes et penseurs , aux différents Pères de l’Église, latins , grecs et
17 18
syriaques ainsi qu’à plusieurs docteurs et théologiens du Moyen Âge ; il
n’oublie pas de citer également les grandes figures de l’ascétisme et du
19 20
monachisme, tant oriental qu’occidental .

21
I- Le temps de carême
Dans le Kreim 62, une note du copiste (f. 248v) indique qu’il n’a pas copié
les homélies 27-37, parce qu’elles manquaient dans l’antigraphe.
Une autre note du copiste (f. 293v) nous informe que le livre ne contient
que 30 homélies, alors qu’il faut 73 homélies pour tout le temps de carême (70
homélies) et les 3 jours de Pâques (3 homélies).
Ce manuscrit contient aussi une table des matières où est indiquée la liste
des sermons. Le copiste commet plusieurs erreurs qui ne correspondent pas au
contenu du manuscrit :
– le sermon n° 27 correspond dans la table des matières au jeudi de la
deuxième semaine de carême, alors que, dans le contenu, le même sermon
correspond au n° 38 qui est le troisième dimanche de carême ;
– le sermon n° 28 de la table des matières correspond au n° 39 du contenu ;
– les sermons n° 39, 40 et 41 dans la table des matières correspondent en
fait aux n°s 40, 41 et 42 du contenu.
H. Douaihy résume le schéma des sermons :
Ils débutent par un verset, pris à l’évangile ou à l’épître du jour, selon le rite latin.
Suivent une petite introduction et la division en chapitres. Presque tous comportent

14. Sénèque, Socrate.


15. Augustin, Jérôme.
16. Grégoire de Nazianze, Jean Damascène.
17. Éphrem, Jacques de Saroug.
18. Ricardus, Bonaventure, Thomas d’Aquin, Bernardin de Sienne, Anselme, Duns Scot.
19. Antoine le Grand, Macaire.
20. François d’Assise, Dominique, Bernard.
21. Kreim 62, f. 9r-293v ; VA 641, f. 16v-353r. Nous n’avons pas pu identifier l’auteur de cette
série des sermons pour le temps de carême. Le fait de regarder seulement les écrits et les
quadragésimales inédits de saint Bernardin de Sienne amène à comprendre à quel point la
tâche est difficile si l’auteur n’est pas mentionné explicitement dans le texte. Voir PACETTI
1947.
1.7 Le livre des sermons 165

trois chapitres. Et tout de suite entre en jeu la discussion scolastique : le pour et le


contre de l’affirmation initiale. Parfois le lecteur se perd dans les subdivisions des
divisions et leurs subtilités.
Le développement du sujet proposé est basé sur des arguments scripturaires, cités
avec abondance, avec indication du nom de l’écrivain sacré et du chapitre utilisé ; sur
des arguments patristiques, pris aux Pères et aux docteurs de l’Église, souvent sans
indication précise des sources. Parfois, l’auteur y ajoute des exemples historiques, ou
22
des exhortations à l’adresse des fidèles, les maronites.

En somme, « ce ne sont pas des sermons qui ont été dits une fois, puis
transcrits. Ce sont des sermons-modèles, où sont appelés à puiser les
23
prédicateurs » .
Notons, dès le début, que la structure des sermons établis suit la structure de
la liturgie romaine et non celle de la liturgie maronite.

A- Deuxième semaine avant le carême


24
1- Dimanche de Septuagésime [&'ad as-sab#$%n], qui est le dimanche du
25
début .
26
a- « Les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »
b- La grâce divine [littéralement de la théologie] facilite l’acte de bien.
c- La croyance en une récompense éternelle facilite l’acte de bien.

27
2- Lundi : Les différentes manières de faire le bien.
a- Les actes intérieurs.
b- Faire le bien en suivant le Christ.
c- L’acte de bien fait par celui qui est en état de péché mortel est inutile.

22. DOUAIHY 1993 : 92. Ce type de sermons se rencontre par exemple chez saint Bernardin de
Sienne dans sa Quadragesimale de Christiana religione ou également dans sa
Quadragesimale de Evangelico aeterno. Voir BERNARDIN, Opera.
23. DOUAIHY 1993 : 91-92.
24. Neuvième dimanche avant Pâques.
25. VA 641, f. 16v-37r ; Kreim 62, f. 9r-22r.
26. Mt 20, 16.
27. VA 641, f. 37r-50v ; Kreim 62, f. 22r-29v.
166 Les œuvres en prose

28
3- Mardi : La pénitence par obéissance aux commandements de Dieu.
a- Les dix commandements.
b- L’obligation d’obéir aux commandements de Dieu.
c- Par l’obéissance, l’homme reçoit les biens spirituels et éternels.

29
4- Mercredi : La miséricorde de Dieu.
a- Une miséricorde manifeste.
b- Une miséricorde immense.
c- Une miséricorde juste et gracieuse.

30
5- Jeudi : Le retour des pécheurs à la pénitence plaît beaucoup à Dieu.
a- Dieu accepte le retour des pécheurs.
b- Les anges de Dieu jubilent lors du retour des pécheurs.
c- Dieu accepte que les repentis reprennent des postes importants.

31
6- Vendredi : Dieu par son amour intense veut attirer les pécheurs vers lui.
a- De l’amour de Dieu.
b- De la volonté de Dieu de sauver tout homme et pourquoi tout le monde
n’est pas sauvé.
c- L’amour de Dieu s’est révélé par l’incarnation et la mort de son Fils.

32
7- Samedi de Carnaval [sabt marfa# al-la&'m] : De ceux qui sont lents à se
repentir. Pourquoi le sont-ils après avoir entendu que Dieu leur pardonne avec
miséricorde ?

28. VA 641, f. 50v-69v ; Kreim 62, f. 29v-40v.


29. VA 641, f. 69v-85v ; Kreim 62, f. 40v-53r.
30. VA 641, f. 85v-92r ; Kreim 62, f. 53r-58v.
31. VA 641, f. 92r-104r ; Kreim 62, f. 58v-69r.
32. VA 641, f. 104r-115v ; Kreim 62, f. 69r-78r.
1.7 Le livre des sermons 167

a- Ceux qui sont lents à se repentir.


b- Les retardataires risquent quatre types de danger.
c- Les retardataires sont fautifs contre Dieu, les anges, eux-mêmes et la
création.

B- Première semaine avant le carême [!"um#at al-!"ubn]


33 34
8- Dimanche de Sexagésime [&'ad as-sitt$%n ou &'ad al-la&'m] : La parole de
35
Dieu est porteuse de fruits ; sur la parabole du semeur .
a- La proclamation de la parole de Dieu : le Christ, les apôtres, les
miracles, les prédications et l’Église.
b- Cinq « forces » sont nécessaires, afin que la prédication porte de bons
fruits : la connaissance, la pureté, la sagesse, la charité et la patience.
c- La parole de Dieu porte surtout cinq fruits : elle illumine le cœur de
l’homme, le fortifie et le soutient ; ainsi il trouve un plaisir dans la parole de
Dieu et devient lui-même un exemple pour les autres.

36
9- Lundi : De l’écoute de la parole de Dieu.
a- Comment les gens sont attirés par la parole de Dieu.
b- Écouter la parole de Dieu dans la joie et l’humilité.
c- L’engagement de l’homme envers la parole de Dieu.

37
10- Mardi : Le jugement inflexible de Dieu convainc les pécheurs de la
pénitence.
a- La sanction ou la peine infligée par la justice de Dieu.

33. Huitième dimanche avant Pâques.


34. VA 641, f. 115v-134v ; Kreim 62, f. 78r-95r.
35. Lc 8, 4-15.
36. VA 641, f. 134v-141r ; Kreim 62, f. 95r-101r.
37. VA 641, f. 141r-155r ; Kreim 62, f. 101r-111v. H. Douaihy se trompe dans la foliotation :
f.!141v-154v
168 Les œuvres en prose

b- Celui qui meurt en état de péché mortel est déjà condamné


éternellement par la justice de Dieu.
c- Dieu sanctionne ceux qui retardent leur pénitence.

38
11- Mercredi : La justice de Dieu est très sévère à l’égard des partisans
d’Origène qui prétendent que les démons et les hommes seront sauvés un jour.
a- Des mauvais démons.
b- Des païens et infidèles.
c- Des mauvais chrétiens, morts sans pénitence.

39
12- Jeudi : De la dureté des peines des pécheurs qui prétendent que les
peines infligées aux condamnés sont minimes.
a- Les peines infligées sont immenses, car l’enfer est monstrueux.
b- Les peines infligées sont épouvantables.
c- Les pécheurs seront condamnés éternellement.

40
13- Vendredi : De ceux qui ont plus peur des peines de ce monde que de
l’Au-delà.
a- La connaissance des pécheurs est limitée.
b- La contradiction entre la vie des pécheurs et celle des autres.
c- Les peines des pécheurs sont immenses, car ils ne sont pas en
communion de prière avec l’Église.

41
14- Samedi [sabt marfa# al-12ubn] : De la dureté des peines des condamnés

38. VA 641, f. 155r-168r ; Kreim 62, f. 111v-123r. H. Douaihy se trompe dans la foliotation :
f. 154r-168r
39. VA 641, f. 168r-179r ; Kreim 62, f. 123r-133v.
40. VA 641, f. 179r-188v ; Kreim 62, f. 133v-142v. H. Douaihy se trompe dans la foliotation :
f. 179r-188r et le contenu est omis dans l’édition, alors que le contenu du sermon n° 14 est
placé sous le n° 13.
1.7 Le livre des sermons 169

pour faire peur à ceux qui s’obstinent dans le péché et ne veulent pas retourner à
l’Église.
a- La nature des peines.
b- La nature des peines des condamnés par rapport aux peines du
purgatoire et à celles de la vie terrestre.
c- La peine des condamnés est beaucoup plus intense que celle infligée au
purgatoire ou sur terre.

C- Première semaine de carême


42
15- Dimanche début de carême ou Quinquagésime [al-‘a&'ad r!"s a*,-
43
*,awm] : De la puissance de Dieu pour fléchir les pécheurs ; commentaire de Lc
18, 43 : « Tout le peuple voyant cela fit monter à Dieu sa louange. »
a- De la puissance de Dieu.
b- Toute puissance trouve son origine dans la puissance de Dieu.
c- On peut reconnaître la puissance de Dieu dans les créatures et dans les
sanctions infligées aux pécheurs.

44
16- Lundi : La crainte de Dieu est un remède utile pour inciter les
pécheurs à la pénitence.
a- Pourquoi craindre Dieu s’il est bon.
b- La crainte de Dieu a plusieurs formes.
c- La crainte de Dieu dans le Royaume des cieux.

45
17- Mardi : Du jeûne.
a- Les différentes formes de jeûne.

41. VA 641, f. 188v-199r ; Kreim 62, f. 142v-152r. Cette foliotation est omise dans l’édition de
H. Douaihy qui confond les sermons 13 et 14 aux f. 179r-188r.
42. Septième dimanche avant Pâques.
43. VA 641, f. 199r-210v ; Kreim 62, f. 152r-162v.
44. VA 641, f. 210v-219v ; Kreim 62, f. 162v-170v. H. Douaihy se trompe dans la foliotation :
f. 210v-219r.
45. VA 641, f. 219v-228v ; Kreim 62, f. 170v-178v.
170 Les œuvres en prose

46
b- Les différents moments du jeûne .
c- La gloire du carême.

47
18- Mercredi des Cendres [‘urba#at ar-ram!"d] : Par le jeûne, l’Église
invite les fidèles à faire le bien ; commentaire de Mt 6, 20 : « Amassez-vous des
trésors dans le ciel. »
a- La nourriture interdite pendant le carême.
b- Le devoir de jeûner pour obéir aux commandements de l’Église ou aux
directives de l’évêque ou bien pour accomplir la pénitence infligée à l’issue de
la confession.
c- Les fruits bénéfiques du jeûne.

48
19- Jeudi : La prière et la vertu contre ceux qui prétendent que la prière
n’est pas importante ; commentaire de Mt 8, 5-13 à propos de Jésus et du
centurion de Capharnaüm.
a- L’opinion de ceux qui ne croient pas en la prière est faible.
b- La prière est dictée par la Bible, les écrits des Pères et des saints et
surtout par le Christ lui-même.
c- De l’obligation de la prière.

49
20- Vendredi : Comment prier, afin que la prière soit exaucée.

46. Ibn al-Qil'%&(! note que le carême est situé en hiver, « la raison est qu’Adam et Ève ont péché
en cette période ». La preuve d’une telle affirmation se trouve dans le « livre d’Isidore, que
j’ai moi-même consulté, à Rome, dans le couvent de « Dayr Q&'(at as-sam&' » [Aracœli]. Voir
VA 641, f. 222r ; Kreim 62, f. 173r. Le livre d’Isidore pourrait être le Etymologiarum sive
Originum d’Isidore de Séville (†!636) où dans le livre XIX : De navibus, aedificiis et
vestibus, l’auteur parle des tuniques portées par Adam et Ève après leur chute et leur
expulsion du paradis.
47. VA 641, f. 228v-239r ; Kreim 62, f. 178v-187v. H. Douaihy se trompe dans la foliotation :
228r-239r ; il se trompe également en attribuant à ce sermon le titre du sermon n° 19.
Il est important de noter ici qu’Ibn al-Qil'%&(! adopte le calendrier liturgique latin pour le temps
de carême et non celui des Orientaux, y compris les maronites, pour qui le temps de carême
débute le lundi et non le mercredi.
48. VA 641, f. 239r-249r ; Kreim 62, f. 187v-196v.
1.7 Le livre des sermons 171

a- La prière est une parole exprimée.


b- Comprendre le sens de la prière.
c- L’intercession des saints.

50
21- Samedi : Pourquoi la prière n’est pas toujours exaucée.
a- Pourquoi Dieu n’exauce pas toujours la prière.
b- Parfois Dieu n’exauce pas la prière de ceux qui ne pardonnent pas aux
autres.
c- Le manque de patience annule l’efficacité d’une prière.

[La deuxième semaine de carême, ou Quadragésime, est omise]

D- Troisième semaine de carême


51 52
22- Deuxième dimanche de carême ou Reminiscere , le matin : Passer le
temps à faire le bien.
a- Du temps.
b- De la succession du temps.
c- Un temps convenable pour chaque action.

53
23- Deuxième dimanche de carême, après le déjeuner : De la vie de
l’homme.
a- La vie de l’homme avant le péché mortel.
b- La vie de l’homme après le péché mortel.
c- La vie de l’homme dans le Royaume des cieux.

49. VA 641, f. 249r-255v ; Kreim 62, f. 196v-203v.


50. VA 641, f. 255v-263r ; Kreim 62, f. 203v-210r. H. Douaihy se trompe dans la foliotation :
f. 255r-263r.
51. Cinquième dimanche avant Pâques.
52. VA 641, f. 263r-270v ; Kreim 62, f. 210r-217v.
53. VA 641, f. 270v-280r ; Kreim 62, f. 217v-226v. H. Douaihy traduit par « dîner » le mot arabe
« !"ad&' », qui signifie plutôt « déjeuner », ou le fait de manger tout simplement.
172 Les œuvres en prose

54
24- Lundi : De la réalité du jugement inflexible contre ceux qui en doutent.
a- Les témoignages de l’Ancien Testament.
b- Les témoignages du Nouveau Testament.
c- Les témoignages des docteurs de l’Église.

55
25- Mardi : Des signes terribles qui précèdent le jugement.
a- Les signes et leur interprétation allégorique.
b- Les causes de la manifestation des signes.
c- De la trompette qui annonce le jugement.

56
26- Mercredi : Du jugement dernier.
a- Où se déroulera le jugement dernier.
b- Le dévoilement des péchés.
c- Le comportement du Christ envers les bons et les mauvais.

Le copiste du Kreim 62, f. 248v, note :


Sache, ô lecteur, qu’il manque ici un fragment qui va du sermon 26 jusqu’au sermon 38,
car leur contenu se trouve dans un autre livre, dans une explication détaillée sur la
confession et les types de péché ; et moi, le pécheur, je les ai trouvés manquants dans la
copie [l’antigraphe].

E- Quatrième semaine de carême


57
38- Troisième dimanche de carême ou Oculi : De la colère de Dieu contre
les rebelles ; commentaire de Ep 5, 6.
a- De ceux qui refusent le jugement de Dieu.

54. VA 641, f. 280r-287v ; Kreim 62, f. 226v-233v.


55. VA 641, f. 287v-294v ; Kreim 62, f. 233v-240r.
56. VA 641, f. 294v-303v ; Kreim 62, f. 240r-248v.
57. VA 641, f. 303v-319v ; Kreim 62, f. 248v-263r. C’est le quatrième dimanche avant Pâques.
1.7 Le livre des sermons 173

b- La colère de Dieu est terrible.


c- Les signes révélateurs de l’arrivée du jugement.

F- Cinquième semaine de carême


58 59
39- Quatrième dimanche de carême ou Laetare , après le déjeuner : De la
division et de l’inimitié ; commentaire de Lc 11, 17 : « Tout royaume divisé
contre lui-même court à la ruine et les maisons s’y écroulent l’une sur l’autre. »
a- Les causes de la division et de l’inimitié.
b- Les différents types de division. Ibn al-Qil"#!$% profite de l’occasion pour
réprimander les habitants du Mont-Liban et les exhorter à se débarrasser des
« étrangers » qui exacerbent les divisions et les discordes :
Où sont les volontés qui se disputent entre elles, où est le schisme dans les religions et la
foi, où est le trouble qui gouverne, où sont les dogmes changés ? Au Mont-Liban, tout cela
existe. Si quelqu’un d’entre vous accuse Dieu en disant qu’il est injuste et qu’il a détruit le
pays, c’est lui qui ne dit pas la vérité, car le jugement de Dieu est juste. C’est vous qui avez
cherché à détruire votre pays en vous méprisant les uns les autres, en divulguant votre
secret à vos ennemis, en prétendant vivre avec le loup or le loup n’est pas vivable. Le
poison [se trouve toujours] dans la gueule du tigre ; le renard, pour chasser la perdrix,
s’allonge et ferme les yeux ; le lapin dort les yeux ouverts. Lisez les proverbes et
comprenez leurs paroles. Dieu les [Juifs] a frappés, parce qu’ils n’ont pas tué le peuple
qu’il leur avait ordonné de tuer. De même, vous avez transgressé le commandement des
anciens qui interdisait à l’étranger d’habiter dans le Mont-Liban. Et maintenant à cause de
la convoitise, les étrangers l’ont habité et ils sont devenus pour vous une source de péché ;
ils ont allumé la colère de Dieu contre vous ; ils ont semé la zizanie entre vous ; ils ont
divulgué votre secret ; ils ont pillé votre pays. Et si vous ne nettoyez pas le pays de leur
présence [les chasser], vous-mêmes vous serez nettoyés [chassés] à cause d’eux. Réveillez-
vous et retournez vers Dieu en espérant qu’il vous regarde et qu’il retienne sa colère et
qu’il vous protège par sa miséricorde ; ainsi vous obtiendrez ses dons et sa gloire éternelle,
60
Amen.

c- La division efface les bienfaits de l’homme.

58. Troisième dimanche avant Pâques.


59. VA 641, f. 319v-329v ; Kreim 62, f. 263r-273r. H. Douaihy se trompe dans la foliotation :
f. 319r-329v.
60. VA 641, f. 326rv ; Kreim 62, f. 269v-270r.
174 Les œuvres en prose

61
40- Lundi : De la cupidité et de l’amour de l’argent.
a- L’amour des richesses.
b- La richesse fait souffrir les hommes cupides.
c- La richesse est un monstre qui rend l’homme esclave.

62
41- Mardi : De la simonie.
a- Pourquoi la simonie est un péché.
b- L’argent est la matière qui conduit l’homme au péché.
c- Les sanctions contre la simonie.

63
42- Mercredi : Des mauvaises pensées et des mauvaises intentions.
a- Dieu seul connaît le cœur de l’homme.
b- Les différents types de pensée.
c- Comment fuir les mauvaises pensées par la prière, la lecture et
l’effort spirituel.

Notons, à la fin, que dans cette collection de sermons, il manque au moins


les sermons suivants :
– 7 sermons de la 2e semaine de carême (Quadragésime) ;
– 3 sermons des trois derniers jours de la 3e semaine de carême
(Reminiscere) ;
– 6 sermons de la 4e semaine de carême, sauf le dimanche (Oculi) ;
– 3 sermons des trois derniers jours de la 5e semaine de carême (Laetare) ;
– 7 sermons de la 6e semaine de carême (Passion) ;
– 7 sermons de la Semaine sainte.

61. VA 641, f. 329v-339r ; Kreim 62, f. 273r-281r.


62. VA 641, f. 339r-346r ; Kreim 62, f. 281r-287r.
63. VA 641, f. 346r-353r ; Kreim 62, f. 287r-293r.
1.7 Le livre des sermons 175

II- Divers
64
A- De la vie de Joseph le charpentier
Joseph a gagné trois couronnes dans sa vie : la couronne de la virginité,
celle de la prophétie et, enfin, une couronne particulière qui est la compagnie de
la Vierge Marie.

65
B- De l’usure et du gain
Ibn al-Qil"#!$% écrit au début de ce traité :
Il m’est venu aussi à l’esprit d’écrire un sermon sur l’usure et le gain qui existent chez les
66
maronites ce dont ils ne sont pas conscients , [tiré] des écrits de saint Bernardin, de la
ville de Sienne.
Trois idées sont débattues : avant le péché mortel, tout le monde était
innocent ; après le péché mortel, la paresse, l’hypocrisie et l’inimitié sont
apparues ; de la copropriété.

67
C- Encore de l’usure et du gain
L’auteur donne plusieurs exemples sur la relation entre le créancier et le
débiteur, ainsi que sur les différentes modalités qui les lient. Il explique
comment leur relation pourrait devenir une forme d’usure.

68
D- De la mort
Commentaire de 1 Th 4, 13 : « [Nous ne voulons pas, frères, vous laisser
dans l’ignorance au sujet des morts, afin que vous] ne soyez pas dans la tristesse

64. VA 641, f. 353r-362r ; Kreim 62, f. 293v-301r.


65. VA 641, f. 362r-363v ; Kreim 62, f. 301r-302v. H. Douaihy conjugue les deux sermons sur
l’usure en un seul.
Pour comparer, voir BERNARDIN, Tractatus, où l’on trouve les sermons de Bernardin portant
les numéros 32-45 et traitant tous des contrats et des intérêts.
66. DOUAIHY 1993 : 104 n. 27, note, à juste titre, que GRAF, GCAL, III p. 322 n. 1, force le texte
quand il lit à propos de l’usure : en considérant que les maronites lays ya(tarif)*n bihi [ils ne
l’admettent pas], alors que le manuscrit note lays ya(rif)*n bihi [ils n’en sont pas conscients].
67. VA 641, f. 363v-368v ; Kreim 62, f. 302v-307v.
68. VA 641, f. 368v-373r ; Kreim 62, f. 307v-311v. H. Douaihy se trompe dans la foliotation en
mettant la collection des sermons sur la mort aux f. 368r-381r au lieu de 368v-381v.
176 Les œuvres en prose

comme les autres qui n’ont pas d’espérance ».


On y trouve les idées suivantes : la mort naturelle ; l’espérance en la
résurrection ; la tristesse et les pleurs ne sont pas utiles aux morts ; mourir
comme les justes dans la grâce de Dieu.

69
E- De l’affliction de la mort
Les idées traitées sont : la mort est inévitable ; la mort n’est pas rachetable ;
l’affliction est inutile aux morts.

70
F- De la mort
Commenaire de Gn 3, 19 : « Tu es poussière, et à la poussière tu
retourneras. »

71
G- Des morts
Commentaire de Ps 116, 15 : « Il en coûte au Seigneur de voir mourir ses
fidèles. »

72
H- De la mort
Commentaire de Lc 22, 28 : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi. »

73
I- Des morts
Commentaire de Si 38, 22 : « Souviens-toi que mon sort sera aussi le tien :
moi hier, toi aujourd’hui. »

69. VA 641, f. 373r-375r ; Kreim 62, f. 311v-313v.


70. VA 641, f. 375r-376v ; Kreim 62, f. 313v-315r.
71. VA 641, f. 376v-378v ; Kreim 62, f. 315r-317r.
72. VA 641, f. 378v-381r ; Kreim 62, f. 317r-319r.
73. VA 641, f. 381rv ; Kreim 62, f. 319rv. Graf met faussement la fin au f. 382v.
1.7 Le livre des sermons 177

74
J- De l’eucharistie
L’auteur évoque trois idées : les symboles dans l’Ancien Testament ; la
transsubstantiation ; la responsabilité des prêtres.

75
K- De ceux qui reçoivent l’eucharistie indignement
On y trouve les idées suivantes : ceux qui font des confessions sacrilèges ;
les hypocrites ; les voleurs, les adultères et les autres pécheurs.

76
L- De l’hostie du Jeudi saint et de ceux qui la méritent
Les fruits de l’eucharistie sont au nombre de six : la force de la vie ; le salut
de l’âme ; l’union avec les bienheureux dans le paradis ; l’extinction des désirs ;
le renouvellement de l’amour de Dieu ; le remède des maladies spirituelles.

77
M- De la gloire du paradis et du bonheur des justes
L’auteur met en garde son destinataire contre les fausses histoires sur le
78
paradis, comme celles évoquées dans le livre des musulmans où l’on raconte
qu’au paradis, on se marie et qu’il s’y trouve un fleuve de lait et de belles
79
filles . L’approche de l’auteur est bien différente, car ses sources sont plutôt la
Bible et les témoignages des Pères.
L’auteur insiste également sur l’idée qu’il faut vivre en présence de Dieu et
voir son visage.

74. VA 641, f. 382r-389r ; Kreim 62, f. 320r-327v. Graf se trompe dans la foliotation en mettant
le début au f. 383r.
75. VA 641, f. 389r-391v ; Kreim 62, f. 327v-330r.
76. VA 641, f. 392r-397v ; Kreim 62, f. 330r-335r.
77. VA 641, f. 397v-404r ; Kreim 62, f. 335r-341v. Graf se trompe dans la foliotation en mettant
la fin au f. 411v. Il considère également que toute la série de sermons (n° D-M) est extraite
d’une collection de Bernardin de Sienne et se réfère à BERNARDIN 1774 et à HEFELE 1912 :
90-92. À vrai dire, ces deux références ne contiennent pas des informations précises
susceptibles d’identifier cette collection de Bernardin de Sienne.
78. 12unafa%.
79. Voir Le Coran, sourates 47/16-17, 56/11-39.
178 Les œuvres en prose

80
N- De la confession
a- Les fruits de la confession : la lumière de l’âme ; le recueillement devant
la miséricorde divine ; la paix avec Dieu ; la délivrance du pouvoir satanique ;
la libération du cœur ; la multiplication des grâces.
b- Les conditions de la confession : la sincérité ; la liberté ; le repentir ; le
courage ; la vivacité ; l’intégrité.

Ainsi se termine ce livre des sermons sans aucune conclusion. Le copiste du


VA 641 débute son manuscrit par la lettre adressée par Ibn al-Qil"#!$% à ses parents
81
et à ses cousins dans le village de Le0/fed , alors que le copiste du Kreim 62
utilise la même lettre pour terminer son manuscrit.
Cette lettre serait-elle l’introduction générale de la collection ou sa
conclusion générale ? La réponse n’est pas à notre portée, mais nous pouvons,
pour le moins, mentionner qu’elle était présente dans l’antigraphe où ont puisé
les deux copistes de nos manuscrits actuels.

80. VA 641, f. 404r-409v, 411rv, 410rv [incomplet de la fin] ; Kreim 62, f. 341v-350r.
81. Voir Lettre aux gens de Le+$fed.
179

1.8 DISCOURS SUR LE SAINT SACREMENT

1
Le ms. Bkerke 115 conserve quatre mimrés ou discours sur le saint
sacrement. Cette collection est acéphale, incomplète de la fin et n’est
mentionnée ni par Douaihy ni par Graf.
Ces quatre mimrés forment le reste d’une collection qui semble avoir
2
occupé tout le temps du carême et de la Semaine sainte . Les numéros de ces
mimrés, c’est-à-dire les 64, 65 et 66, pour mardi, mercredi et jeudi de la
3
Semaine sainte , renforcent cette hypothèse.
Ibn al-Qil"#!$% n’est pas mentionné comme étant l’auteur ou le compilateur de
cette collection, mais le style, le vocabulaire et les références (Thomas d’Aquin,
Bonaventure, Richard, Ambroise, Augustin, Éphrem le Syrien, Jérôme, Nicolas
de Lyre, Origène, Duns Scot, etc.) sont des signes forts pour conclure qu’il est,
au moins, l’auteur de la version arabe.

4
I- 63e mimré, récité le lundi de la Semaine sainte
Ce mimré, acéphale, est divisé en trois chapitres. Du premier il ne reste que
deux lignes.
Le deuxième chapitre porte sur le sens de l’offrande, surtout à partir de
l’exemple de la manne envoyée au peuple d’Israël pour le rassasier. Cet
exemple est caractérisé par sept signes :
5
– la manne est descendue pendant la nuit ;
6
– la manne tombait à côté des tentes ;

1. F. 143r-163v.
2. Une autre collection de sermons couvrant le temps du carême se trouve dans Le livre des
sermons.
3. Cette numérotation nous a permis de donner un numéro au premier mimré (63), qui est
acéphale, et de l’appliquer également au lundi de la Semaine sainte.
4. F. 143r-147v.
5. « Moïse et Aaron dirent à tous les enfants d’Israël : Ce soir, vous comprendrez que c’est
l’Éternel qui vous a fait sortir du pays d’Égypte. » (Ex 16, 6) ; « Moïse dit: L’Éternel vous
donnera ce soir de la viande à manger, et au matin du pain à satiété » (Ex 16, 8) ; « Le soir, il
survint des cailles qui couvrirent le camp; et, au matin, il y eut une couche de rosée autour du
camp. » (Ex 16, 13).
180 Les œuvres en prose

7
– la manne n’est pas descendue le samedi ;
8
– l’impossibilité de tricher ;
9
– la dureté de la manne une fois cuite ;
10
– la durée de la consommation ;
11
– la quantité suffisante à chacun .

Le troisième chapitre porte sur les sept vertus de la communion :


– don ;
– pardon ;
– absolution ;
– protection ;
– renforcement ;
– nourriture ;
– gloire.

6. « Le soir, il survint des cailles qui couvrirent le camp; et, au matin, il y eut une couche de
rosée autour du camp. Quand cette rosée fut dissipée, il y avait à la surface du désert quelque
chose de menu comme des grains, quelque chose de menu comme la gelée blanche sur la
terre. » (Ex 16, 13-14).
7. « Pendant six jours, vous en ramasserez ; mais le septième jour, qui est le sabbat, il n’y en
aura point. » (Ex 16, 26).
8. « On mesurait ensuite avec l’omer, celui qui avait ramassé plus n’avait rien de trop, et celui
qui avait ramassé moins n’en manquait pas. Chacun ramassait ce qu’il fallait pour sa
nourriture. » (Ex 16, 18).
9. « Et Moïse leur dit: C’est ce que l’Éternel a ordonné. Demain est le jour du repos, le sabbat
consacré à l’Éternel; faites cuire ce que vous avez à faire cuire, faites bouillir ce que vous
avez à faire bouillir, et mettez en réserve jusqu’au matin tout ce qui restera. Ils le laissèrent
jusqu’au matin, comme Moïse l’avait ordonné; et cela ne devint point infect, et il ne s’y mit
point de vers. » (Ex 16, 23-24).
10. « Il y eut des gens qui en laissèrent jusqu’au matin ; mais il s’y mit des vers, et cela devint
infect. » (Ex 16, 20).
11. « Tous les matins, chacun ramassait ce qu’il fallait pour sa nourriture; et quand venait la
chaleur du soleil, cela fondait. » (Ex 16, 21).
1.8 Discours sur le saint sacrement 181

12
II- 64e mimré, récité le mardi de la Semaine sainte
Il porte sur la parole du Christ dans l’Évangile selon Jean : « Celui qui
mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au
dernier jour, car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment
13
un breuvage. »
Ce mimré veut confirmer que l’hostie est vraiment le corps du Christ ; il est
divisé en trois chapitres :
– les témoignages d’autorité : la Bible, les Pères de l’Église, les théologiens
et les conciles ;
– les témoignages de vérité : la foi en ce qui concerne la divinité du Christ,
son incarnation, sa Passion et sa Résurrection ;
– les témoignages de justice : deux témoignages de l’histoire concernant le
pouvoir du saint sacrement.
La première histoire rapporte qu’un hérétique a voulu désacraliser le corps
du Christ ; il a fait jeûner son âne pendant trois jours avant de lui exposer un
plateau sur lequel furent déposés du pain et une hostie consacrée. L’âne, tout de
14
suite, reconnut le Seigneur et se prosterna devant l’hostie .
Une autre histoire raconte qu’un juif a demandé à sa servante chrétienne de
lui apporter une hostie consacrée en échange de sa liberté et d’une somme de
100 piastres. Une fois que ce juif eut pris possession de l’hostie, il la mit dans
un sac qu’il étala sur une planche avant de commencer à battre l’hostie à coup
de bâtons. Tout en la frappant, le juif criait contre l’hostie en défiant le Christ de
se sauver si vraiment il était le Messie. Tout à coup, un petit enfant sortit du sac,
meurtri et couvert de plaies. Ce fut l’occasion pour ce juif et sa famille de se
convertir.

15
III- 65e mimré, récité le mercredi de la Semaine sainte
Ce mimré porte sur l’institution de l’eucharistie comme elle est rapportée
16
par Paul dans sa première lettre aux Corinthiens ; il est divisé en trois parties :

12. F. 147v-154r.
13. Jn 6, 54-55.
14. La littérature médiévale consacrée à la dévotion au saint sacrement et au sang du Christ est
abondante. Voir à ce sujet BYNUM 2007.
15. F. 154r-159r.
182 Les œuvres en prose

– du changement de la nature même du pain en hostie ;


– du châtiment pour ceux qui communient indignement ;
– de ceux qui ont le pouvoir de célébrer l’eucharistie.

17
IV- 66e mimré, récité le Jeudi saint
Ce mimré, incomplet de la fin, porte sur l’Évangile selon Jean, chapitre 13,
qui se lisait le Jeudi saint. La lecture de ce texte enseigne sept vertus :
– la mémoire de la mort du Christ ;
– la plénitude de la charité ;
– supporter les épreuves ;
– le détachement du monde ;
– garder la chasteté ;
– vivre l’humilité ;
– aspirer à la béatitude.

16. 1 Cor 11, 23-27.


17. F. 159r-163v.
183

1.9 TRAITÉ SUR LA MESSE ET SES RUBRIQUES


1 2
Ce traité est cité par Graf qui se réfère au ms. VA 644 . Il est repris par
3
Breydy qui ajoute le ms. Bkerke 115. H. Douaihy en fait l’analyse d’après le
4
VA 644 .
5 6
Il se trouve actuellement dans les manuscrits VA 644 , Bkerke 47 et
7
Bkerke 115 . Un résumé condensé avec plusieurs variantes est conservé dans le
8 9
manuscrit Kuri 1 , sous le titre Sur les doutes dans le sacrement de la messe .
Sur une page de garde où se trouve la table des matières du VA 644, le
10
copiste intitule ce traité Explication de la messe ; cette même expression est
11
reprise par le copiste du Bkerke 47 dans sa table des matières .
Dans l’état actuel des recherches, nous ne pouvons pas vérifier les sources
latines de ce recueil ni savoir si Ibn al-Qil"#!$% en est l’auteur ou le traducteur. À
plusieurs reprises, Gabriel Ibn al-Qil"#!$% se nomme à la première personne pour
renforcer une idée ou l’expliquer ; ainsi nous pouvons considérer qu’il est
l’auteur ou le compilateur de ce recueil, au moins dans sa version arabe.
S’agissant des sources et références latines, nous constatons que les idées et
les traités que regroupe ce recueil sur la messe sont, pour la plupart, tirés de
quelques Pères de l’Église tels Jean Chrysostome, Augustin ou Jérôme, mais
12
surtout de quelques docteurs du Moyen Âge tels Bonaventure , Ricardus, Duns
Scot, François de Mayronis, Anselme, Thomas d’Aquin, Astesanus, Albert le
Grand, Bernard, etc.

1. GRAF, GCAL, III : 321-322.


2. Graf se trompe dans la foliotation : f. 1r-80v au lieu de 1r-78v.
3. BREYDY 1985 : 189. Il commet la même erreur de foliotation : 1r-80v.
4. DOUAIHY 1993 : 110-118.
5. F. 1r-78v.
6. F. 10r-210v.
7. F. 74r-142r.
8. P. 273-293.
9. (An a56-56uk)*k al-la#$-. f-. taqdimat al-qudd&'s.
10. /0ar+$ al-qudd&'s.
11. La table des matières occupe les f. 1r-9r.
12. GRAF, GCAL, III : 321, penche à considérer les œuvres de Bonaventure comme étant la
source de ce traité en s’appuyant sur la mention de cet auteur au début du livre d’Ibn al-
Qil'%&(!. Il est repris par BREYDY 1985 : 189.
184 Les œuvres en prose

13
I- Introduction de l’œuvre
Ibn al-Qil"#!$% fait porter son introduction sur la parole de saint Paul « Celui
qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable
14
envers le corps et le sang du Seigneur » (1 Cor 11, 27) .
Il enchaîne par l’exégèse de saint Bonaventure sur ce verset avant de révéler
les grands axes de son œuvre :
Je commence à écrire le livre de la discipline de la messe, des gestes du prêtre, de ses
difficultés, de ses fautes, de sa punition, [ainsi que] de l’interdiction de célébrer une messe
et de communier.

II- La structure de l’œuvre


Le livre d’Ibn al-Qil"#!$% est divisé en cent treize points ou chapitres, dans
chacun d’eux l’auteur essaie de répondre à une question précise ou bien
15
d’expliquer ce qui pourrait induire en erreur . Nous reproduisons l’original
16
garshouni des titres, en caractère arabe , ainsi que la traduction française.
17
1- Des paroles par lesquelles on consacre le pain :
!"#$% &#' ()*+ ,&-.* /0+ 1234 56 7&8.* /0 9*&:% ;<=:% >?6
Le prêtre doit remplir toutes les conditions nécessaires pour célébrer la
messe selon la tradition de l’Église : les paroles, les oblats, l’autel, l’habit, les
voiles, le calice, le lieu, le temps, la lumière et tout ce qui y est concerné.

18
2- De l’institution de la consécration du corps du Christ :
&#@% 7&8A B-AC >?6
Ibn al-Qil"#!$% utilise l’expression syriaque ñ‹vÐ@ñûìóîa@æî†@bäû [hoc est enim
corpus meum] et examine le mot æî† [enim] qui, selon Ricardus et d’autres

13. VA 644, f. 1r-2v ; Bkerke 47, f. 10r-12r ; elle manque dans Bkerke 115 où ce traité est
acéphale par manque d’un folio.
14. Ibn al-Qil'%&(!, ou le copiste, donne une fausse référence : 1 Corinthiens, chap. 2.
15. Les titres arabes sont donnés d’après le VA 644.
16. La transcription des titres arabes est littérale sans aucune correction.
17. VA 644, f. 2v-3r ; Bkerke 47, f. 12rv ; Bkerke 115, f. 74r (acéphale).
18. VA 644, f. 3r-5r ; Bkerke 47, f. 13r-15r ; Bkerke 115, f. 74r-75r.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 185

théologiens, n’est pas obligatoire pour la validité de la consécration. Mais le


prêtre qui l’omet, pèche contre la discipline et la tradition de l’Église.
En ce qui concerne la limitation de la messe aux seules paroles de
consécration, Ibn al-Qil"#!$% note que Duns Scot et François de Mayronis en
admettent la validité, alors que Ricardus et Bonaventure la nient.

19
3- De l’institution de la consécration du sang du Christ :
;&:% 7&8A B-AC 96
L’auteur discute et explique l’expression utilisée, en syriaque, pour
consacrer le sang : @aò‡˙y@ðÕîòb˙20î†@ðà‡˙i@b#@˙Ø@ñûìó˙îa@æ˙î†@b˙äû [hic est enim calix
sanguinis mei, novi testamenti] . Selon plusieurs théologiens, cette expression
suffit pour la consécration, mais la plupart préfèrent qu’elle soit récitée avec la
suite pour la validité et pour conserver la tradition de l’Église.
En reprenant les paroles de la consécration en arabe, Ibn al-Qil"#!$%< utilise ce
21
qui correspond en latin à l’expression novi et aeterni testamenti , laquelle
reflète en fait la tradition latine et non celle des maronites, au moins jusqu’à l’an
1592, date de l’édition du premier missel maronite à Rome qui reprend la
22
formule latine .

4- De la forme des paroles de la consécration si elle fut changée ou


23
altérée :
>3-"D E"F+ GHI+ J&#' >+()*+ KLM%+ 123M% ,&.-* /0 9*&:% NK:% ;<F O6% %C3):% >?6
G."P &#Q% R+ 9S?=:% /S(T %I%
Personne n’a le droit de changer ou d’altérer les paroles de la consécration
même si c’est fait avec une bonne intention.

19. VA 644, f. 5r-9v ; Bkerke 47, f. 15r-22r ; Bkerke 115, f. 75r-77v.


20. Pierre Dib note que « jusqu’à l’an 1592, les anaphores avaient eu chacune sa formule de
consécration ». DIB 1919 : 55. Ainsi, cette formule utilisée par Ibn al-Qil'%&(! est celle que
contient l’anaphore dite de saint Jacques attestée par exemple dans VS 29, écrit en 1539. DIB
1919 : 58.
21. (Ahd !9ad-.d wa abad-..
22. DIB 1919 : 55-56.
23. VA 644, f. 9v-10v ; Bkerke 47, f. 22r-23v ; Bkerke 115, f. 77v-78r.
186 Les œuvres en prose

24
5- Des sept façons par lesquelles est changée la forme de la consécration :
U*&8.:% VC3W C?"X.A /0 Y&:% J?'+?A Z-[ >?6
a- Omettre des paroles.
b- Ajouter des paroles.
c- Laisser passer un long temps entre les deux formules de consécration.
d- Changer les paroles.
e- Ravaler des paroles.
f- Changer la place des paroles.
g- Répéter les mêmes paroles.

25
6- Des choses nécessaires à l’offrande :
GH&8.:% J&S ?\]H ()A >% ^_ Y&:% ?"`a% >?6
L’Église a décidé que l’offrande doit être composée d’un pain azyme de
farine et d’un vin de vigne. Cela est nécessaire pour la validité de la messe et en
raison des signes de cette offrande.

7- De la possibilité de célébrer avec de la farine mélangée ou du vin


26
mélangé :
f3gh Ki b ;% j3kl !Lm b 7&8* C&8"2 &c% >?F >% d:I?e
La quantité mélangée ne devrait pas affecter la matière essentielle.

27
8- De la possibilité de célébrer avec de la farine d’épi [ ?] :
Gk*?-[ 1234 b 7&8* C&8"2 >?F >% 9S?=:% >?6
Les avis diffèrent à propos de la validité. Le mot arabe utilisé pour indiquer
la matière de la farine est sab!"yleh qui signifie épi. L’auteur voulait-il indiquer

24. VA 644, f. 10v-16r ; Bkerke 47, f. 23v-30v ; Bkerke 115, f. 78r-81r. Dans ce chapitre, Ibn al-
Qil'%&(! explique que les r)*m sont les malak-.yah (melkites).
25. VA 644, f. 16r-19r ; Bkerke 47, f. 30v-34v ; Bkerke 115, f. 81r-82v.
26. VA 644, f. 19rv ; Bkerke 47, f. 34v-35v ; Bkerke 115, f. 82v-83r.
27. VA 644, f. 19v ; Bkerke 47, f. 35v-36r ; Bkerke 115, f. 83r.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 187

la partie terminale du blé ou plutôt l’épi de seigle, d’orge ou de maïs ? Rien ne


permet de lever l’ambiguïté sur ce mot.

28
9- Du pain fermenté : (i 1234 b
Plusieurs docteurs admettent l’utilisation d’un pain fermenté pour la
validité, non pour la licéité.

29
10- Du pain et du vin viciés : &#nH Ki ;% 1234 b 7&8* ^_ &c% >?F >%
La consécration serait invalide si le vin devenait vinaigre par exemple.

30
11- Du vin d’une nature autre que celle de la vigne :
EP?)H Ki 9H 7&8* ^_ >?F >%
Seul, le vin de vigne est permis pour la consécration et il est également
préférable qu’il soit du vin blanc pour sa « pureté ».

31
12- Du jus de raisin : ;K)c ?H b 7&8* C&8"2 >?F >%
La consécration est invalide.

32
13- Des grains de raisin : ^]o:% ^c b &"-]:% 7&8* C&8"2 >?F >%
La consécration est invalide.

33
14- Du vin échantillon : C?p)H b 7&8* C&8"2 >?F >%
La consécration est valide.

28. VA 644, f. 19v-20v ; Bkerke 47, f. 36r-37r ; Bkerke 115, f. 83rv.


29. VA 644, f. 20v ; Bkerke 47, f. 37r-38r ; Bkerke 115, f. 83v
30. VA 644, f. 20v-21r ; Bkerke 47, f. 38rv ; Bkerke 115, f. 83v (mutilé de la fin).
31. VA 644, f. 21rv ; Bkerke 47, f. 38v-39v ; il manque dans Bkerke 115.
32. VA 644, f. 21v-22r ; Bkerke 47, f. 39v-40v ; il manque dans Bkerke 115.
33. VA 644, f. 22r ; Bkerke 47, f. 40v-41r ; il manque dans Bkerke 115.
188 Les œuvres en prose

34
15- Du vin mélangé avec de l’eau : f3gh &"-P 7&8* C&8"2 >?F >%
Si la quantité d’eau altère le vin et lui fait perdre son goût, alors la
consécration est invalide.

35
16- Du temps fixé par l’Église pour la messe :
7%&8:% q% G#"]=:% 9H ^AK$% Bm3:% >?6
La tradition voulait qu’on dise la messe au cours de la journée et avant midi,
sauf dans les cas mentionnés par l’Église.

36
17- Du lieu fixé par l’Église pour consacrer ces mystères divins :
G"ra% C%K[a% J&S U*&8A sk6 G#"]=:% G.-AC Y&:% Zt3$% >?6
La tradition voulait qu’on dise la messe dans une église consacrée, mais
dans des cas exceptionnels, on peut toujours célébrer la messe dans un lieu non
consacré, à condition qu’il y ait une tablette en marbre consacrée et les autres
outils nécessaires pour la messe.

37
18- Du prêtre qui célèbre la messe dans un lieu défendu :
u3]h Zt3H b 7&8* Y&:% 9S?=:% >?6
En principe, il est interdit de célébrer la messe dans un lieu prohibé, mais
plusieurs cas se présentent comme exceptionnels.

38
19- De la possibilité de célébrer sur un autel en bois :
v%3:% v?2&H sk6 7&8P ?]: ^_ >?F >%
Pendant les premières persécutions, les chrétiens utilisaient des autels en
bois pour pouvoir les transporter et parce qu’ils n’avaient pas de lieux

34. VA 644, f. 22r-23r ; Bkerke 47, f. 41r-43v ; il manque dans Bkerke 115.
35. VA 644, f. 23r-24v ; Bkerke 47, f. 43v-47r ; il manque dans Bkerke 115, sauf les deux
dernières phrases.
36. VA 644, f. 24v-25r ; Bkerke 47, f. 47r-49r ; Bkerke 115, f. 84rv.
37. VA 644, f. 25r-26r ; Bkerke 47, f. 49r-51v ; Bkerke 115, f. 84v-85v.
38. VA 644, f. 26rv ; Bkerke 47, f. 51v-53r ; Bkerke 115, f. 85v-86r.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 189

spécifiques pour eux. Mais, actuellement, il est interdit de célébrer une messe
autrement que sur un autel de pierre.

20- De la punition du prêtre célébrant sur un autel détruit ou non


39
consacré : U*K=A (T b ;% N+Kl v?2&H sk6 7&m %I% >+?8."2 9S?=:% >?=P%
Cela dépend des situations : si on est en guerre, en période de persécution
ou en temps ordinaire.

40
21- Des Frères mineurs et des Frères prêcheurs :
9*fK=$% >?-SC+ C?X):% >?-SC >?6
Ils peuvent dire la messe sur une tablette consacrée, là où ils veulent.

22- De la possibilité pour un prêtre d’utiliser un autel sur lequel un évêque a


41
célébré la messe : wkA b E8[a% G"k6 7&m v x ?2&H sk6 7&8* U8:% q% 5y"2 >?F >%
;3":%
Ibn al-Qil"#!$% paraît être un témoin oculaire de ce fait :
J’ai vu à Rome des prêtres dire la messe sur les mêmes autels où avaient célébré évêques
et cardinaux…

42
23- Des vases de la messe : G[K=$% 7%&8:% G"P% 96
Les vases utilisés pour la messe doivent être consacrés.

43
24- De la nature des calices : >3=A z*% 9H {?[?=:% >?6
Le calice doit être fait d’or ou d’argent.

39. VA 644, f. 26v-27r ; Bkerke 47, f. 53rv ; Bkerke 115, f. 86r.


40. VA 644, f. 27r ; Bkerke 47, f. 53v-54r ; Bkerke 115, f. 86rv.
41. VA 644, f. 27r ; Bkerke 47, f. 54rv ; Bkerke 115, f. 86v
42. VA 644, f. 27rv ; Bkerke 47, f. 54v-55v ; Bkerke 115, f. 86v-87r.
43. VA 644, f. 27v ; Bkerke 47, f. 55v-56r ; Bkerke 115, f. 87r.
190 Les œuvres en prose

44
25- Des linges de l’autel : v?2&$% N?"A+ (Q%3]:% >?6
Les trois nappes qui couvrent la tablette, déposées sous le calice, doivent
45
être faites de lin ; les pales sont de lin amidonné.

46
26- De la détérioration des linges de l’autel : v?2&$% N?"A >38.6 %I%
Il faut brûler les linges et les ornements de l’autel qui ne sont plus
utilisables.

47
27- Des ornements sacrés et de la lumière : 3|:% >?6+ {3]\=:% JI36 >?6
La lumière est obligatoire pour célébrer la messe et les ornements doivent
être consacrés. Ceux-ci sont cités d’après l’usage du rite latin : les sandales,
l’amict, l’aube, la ceinture, l’étole, le manipule et la chasuble ; Ibn al-Qil"#!$%
indique également que les Grecs utilisent les manchettes.

28- Du récipient dans lequel doivent être lavés les linges et les ornements
48
sacrés : /\k#X* 9H+ (Q%3]:% 5#X.A ?6+ Y% b
Il est permis aux seuls prêtres et diacres de laver les linges et les ornements
sacrés dans des récipients ou vases propres, particulièrement réservés à cette
tâche.

49
29- Du fait qu’une femme touche les ornements sacrés :
(Q%3]:% J%KHa% BopW %I%
Cela est interdit, mais n’affecte pas le caractère sacré de ces ornements.

44. VA 644, f. 27v-28r ; Bkerke 47, f. 56r-57r ; Bkerke 115, f. 87rv.


45. Ibn al-Qil'%&(! dit qu’une pale doit être posée sous le calice et une autre sur lui comme symbole
du linceul du Christ. En fait, c’est le corporal qui est utilisé sous les oblats, alors que les
pales sont utilisées pour couvrir le calice et la patène. Voir DIB 1919 : 22-23 ;
Lampe/Chartouni, I : 178-181.
46. VA 644, f. 28r ; Bkerke 47, f. 57r ; Bkerke 115, f. 87v. Ce chapitre est omis dans DOUAIHY
1993 : 114.
47. VA 644, f. 28r-29v ; Bkerke 47, f. 57v-60r ; Bkerke 115, f. 87v-88v.
48. VA 644, f. 29v-30r ; Bkerke 47, f. 60r-61v ; Bkerke 115, f. 88v-89r.
49. VA 644, f. 30rv ; Bkerke 47, f. 61v-62r ; Bkerke 115, f. 89rv. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 191

50
30- Des linges usés : (Q%3]:% >38.6 %I%
On doit les brûler et en jeter les résidus dans un endroit où personne ne peut
les piétiner.

51
31- De la possibilité d’ensevelir un mort dans des linges sacrés :
v?2&$% N?"A b B"H 9Q?=* &c% U":
Cela est interdit.

32- De la possibilité d’utiliser les habits de femme comme linges pour


52
l’autel : v?2&$% >3#=* }c ?#]:% N?"A >?6
Cela est interdit.

53
33- Des signes des ornements sacerdotaux : 3S ?H+ {3]\=:% U-: 5*aI >?6
Chaque ornement sacerdotal symbolise un caractère de la vie du Christ, de
sa divinité et de son incarnation.

54
34- Du service de la messe et de sa discipline :
?0 9S?=:% spD E"F+ G.2C+ 7%&8:% dH&4 >?6
L’auteur reprend la liturgie de la messe et essaie de l’expliquer en donnant
leur sens aux divers gestes et rubriques.
Le déroulement de cette liturgie est présenté selon le rite latin.

50. VA 644, f. 30v ; Bkerke 47, f. 62rv ; Bkerke 115, f. 89v. Ce chapitre est omis dans DOUAIHY
1993 : 115.
51. VA 644, f. 30v ; Bkerke 47, f. 62v ; Bkerke 115, f. 89v. Ce chapitre est omis dans DOUAIHY
1993 : 115.
52. VA 644, f. 30v ; Bkerke 47, f. 62v-63r ; Bkerke 115, f. 89v. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
53. VA 644, f. 30v-31v. (H. Douaihy donne une fausse foliotation : f. 30v-31r) ; Bkerke 47,
f. 63r-65r ; Bkerke 115, f. 89v-90r.
54. VA 644, f. 31v-34r ; Bkerke 47, f. 65r-73v ; Bkerke 115, f. 90r-92v, mutilé de la fin.
192 Les œuvres en prose

55
35- Si la messe des vivants est profitable aux morts :
/\k'% 9H ,?8P% %I% {%3Ha% Zn]"2 >?=P% ?"ca% q% ^AKH 3S Y&:% 7%&8:% >?6
Oui, elle l’est.

56
36- Des ajouts que l’Église a institués :
,&* %I?H+ &"H<.:%+ !"#$% G-AC Y&:% 7%&m sk6 G#"]=:% {I%f %I?$
L’Église a institué des ajouts aux paroles du Christ et de ses disciples, tel le
symbole de la Croix, pour permettre aux fidèles de mieux comprendre le
mystère de la messe et ses symboles.

57
37- Des gestes concernant les morts :
~8:% sk6+ {%3Ha% U*I%&m b >%&k-:% Y%f+ G-AK:% >?6
L’aspersion d’eau bénite, l’encensement, l’allumage de cierges, etc., sont
des gestes bénéfiques aux morts.
En revanche, les traditions populaires pleines de superstitions touchent à
l’idolâtrie et n’apportent aucune aide aux morts.

58
38- Si un prêtre peut célébrer la messe sans serviteur :
GH& C&8.2 %KHa% BP?F >%+ ;I?4 (T b 7&8* C&8"2 9S?=:% >?=P%
L’Église a institué la présence de deux personnes, au moins, autre que le
prêtre, pour célébrer la messe, sauf dans des cas exceptionnels où la présence
d’une personne, au moins, reste obligatoire.
Dans ce dernier cas, la personne qui sert le prêtre ne peut pas être une
femme, car il est interdit à celle-ci de pénétrer dans l’enceinte de l’autel.

55. VA 644, f. 34rv ; Bkerke 47, f. 73v-74r ; le folio, qui devait contenir ce chapitre, manque
dans Bkerke 115. Ce chapitre est omis dans DOUAIHY 1993 : 115.
56. VA 644, f. 34v-35v ; Bkerke 47, f. 74v-78v ; Bkerke 115, f. 93r-94v acéphale.
57. VA 644, f. 35v-36r ; Bkerke 47, f. 78v-80r ; Bkerke 115, f. 94v-95r. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
58. VA 644, f. 36rv ; Bkerke 47, f. 80rv ; Bkerke 115, f. 95r. Ce chapitre est omis dans DOUAIHY
1993 : 115.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 193

39- Si on peut s’appuyer sur une canne ou se couvrir la tête en servant


59
l’autel : G#"]=:?2 {%f?=o:%+ 7%K:% E€F >?6
C’est interdit.

60
40- Si on peut communier sans être à jeun :
so"-p:% ;3):%+ (.=:% 5Fa%+ K=#:% >?6
Il faut être à jeun pour pouvoir communier au corps et au sang du Christ,
sauf en état d’agonie. Le jeûne comprend le manger et le boire.

61
41- Si le prêtre peut célébrer la messe sans confession :
%K.6% (X2 7&8* C&8"2 9S?=:% >?F >%
Cela dépend du type de ses péchés et des circonstances.

62
42- Du rêve et de l’impureté du corps : &#@% d[?‚+ /kƒ% >?6
Tout rêve qui se révèle impur ou qui affecte la pureté du corps est un
obstacle pour l’homme qui veut communier.

63
43- Du prêtre attaqué de l’éléphantiasis : ;&„% 9S?=:% >?6
Il peut célébrer la messe en cachette, non en public, pour ne pas être une
pierre d’achoppement à l’esprit des gens.

59. VA 644, f. 36v ; Bkerke 47, f. 80v-81r ; Bkerke 115, f. 95rv. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
60. VA 644, f. 36v-37v ; Bkerke 47, f. 81r-84r ; Bkerke 115, f. 95v-96v. Ce chapitre est omis
dans DOUAIHY 1993 : 115.
61. VA 644, f. 37v-38r ; Bkerke 47, f. 84r-85v ; Bkerke 115, f. 96v-97r.
62. VA 644, f. 38rv ; Bkerke 47, f. 86r-88v ; Bkerke 115, f. 97r-98r.
63. VA 644, f. 38v-39r ; Bkerke 47, f. 88v-89r ; Bkerke 115, f. 98rv. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
194 Les œuvres en prose

64
44- Si un couple peut communier après un acte sexuel :
>?2K8:% >?6 Z]L"2 >?=P% /r<c ZH 9*f3„% u?L.'% >?6
Cela n’affecte pas le fond des choses, mais il serait préférable de s’en
abstenir au moins trois jours avant la messe.

65
45- De l’animosité et la cupidité : G- % dkkm+ u?Lp:%+ J+%&o:% >?6
Le prêtre qui pratique la simonie et les pots-de-vin est excommunié ; ses
actes deviennent invalides.

66
46- Si quelqu’un peut contracter une créance à l’égard d’une église :
G#"]=:% 9*%&* C&8"2 &c% >?=P%
Quelques docteurs pensent qu’une personne peut payer une somme d’argent
à une église quelconque en échange de laquelle une messe y sera célébrée
annuellement en mémoire d’elle.

67
47- Des honoraires de messe pour les moines :
>3[&8*+ ?m&[ >3k-.8* >?-SK:% q% ^'%+ >?=P%
Cela n’est pas considéré comme un pot-de-vin pour acheter le spirituel,
mais plutôt un acte de charité pour aider les moines dans leur vie matérielle.

68
48- Des honoraires de messe donnés quotidiennement :
;3"kF b %K'% >3k-.8"2 9*&:% G]\=:% >?6
Cela n’est pas considéré comme un pot-de-vin.

64. VA 644, f. 39r ; Bkerke 47, f. 89r-90r ; Bkerke 115, f. 98v-99r. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
65. VA 644, f. 39r-40r ; Bkerke 47, f. 90r-92v ; Bkerke 115, f. 99r-100r. Ce chapitre est omis
dans DOUAIHY 1993 : 115.
66. VA 644, f. 40rv ; Bkerke 47, f. 92v-94r ; Bkerke 115, f. 100rv. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
67. VA 644, f. 40v ; Bkerke 47, f. 94r ; Bkerke 115, f. 100v.
68. VA 644, f. 40v-41r ; Bkerke 47, f. 94v ; Bkerke 115, f. 100v. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 195

69
49- Si le prêtre célèbre une messe sous menace :
^)X:?2 7&m %I% 9S?=:% >?6
Astesanus dit qu’il est mieux pour un prêtre « de mourir au lieu de célébrer
une messe sous menace dans un lieu interdit ».

70
50- Si le prêtre pèche en donnant la communion aux personnes indignes :
†8y.#H (X:% NKm %I% G"."H G"p4 b j38)"2 E"F 9S?=:% >?6
C’est un péché mortel.

51- Si le prêtre pèche en donnant la communion à des pécheurs connus de


71
lui : NKm 3S %I% G"."H G"p4 b j38)"2 9S?=:% >?=P%
Le prêtre commet le péché mortel s’il donne la communion à des gens dont
il sait qu’ils sont pécheurs et ne se sont pas encore confessés.

52- Si le prêtre pèche en donnant la communion à ceux dont il soupçonne


72
les péchés : ?p4 /‡% /0 w€$% NKm %I% ˆ‰"2 >?=P%
Cela dépend des situations et des circonstances.

73
53- Si le prêtre pèche en donnant la communion à des gens du spectacle :
^6<$% b sS<$% NKm %I% 9S?=:% >?6
Oui, il pèche.

69. VA 644, f. 41r ; Bkerke 47, f. 94v-95r ; Bkerke 115, f. 100v-101r. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
70. VA 644, f. 41r ; Bkerke 47, f. 95rv ; Bkerke 115, f. 101r.
71. VA 644, f. 41rv ; Bkerke 47, f. 95v-97v ; Bkerke 115, f. 101r-102r. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
72. VA 644, f. 41v-42r ; Bkerke 47, f. 97v-98v ; Bkerke 115, f. 102rv. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
73. VA 644, f. 42rv ; Bkerke 47, f. 98v-99v ; Bkerke 115, f. 102v. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
196 Les œuvres en prose

54- Si le prêtre pèche en donnant la communion à des danseurs et


74
danseuses : †[?mK:%+ {?[?mK:% NKm 3S %I% sp‰"2 >?F >% 9S?=:% >?6
Oui, il pèche.

75
55- Si le prêtre pèche en donnant la communion à des femmes coiffées :
{?]*%1$% >%3#]:% q% NKm %I% 9S?=:% sp‰"2 >?=P%
Cela dépend des situations.

76
56- Si le prêtre pèche en donnant la communion à des femmes en parure :
w:%I G2?€* ?H+ f%Kp:% %K41$% >%3#]:% U-: >?6
Cela dépend des situations.

57- Si le prêtre pèche en donnant la communion à des femmes


77
collectionneuses d’habits : ?-M% b (.F N?"A /r 9*&:% ?#]:% w*a3S >?6
Cela dépend des situations.

78
58- Si les fabricants d’habits sophistiqués sont pécheurs : †Š?"M% >?6
Oui, s’ils changent la tradition du pays et les mœurs des gens.

59- Si le prêtre pèche en donnant la communion à des enfants, à des fous et


79
à des aliénés mentaux :

74. VA 644, f. 42v-43v ; Bkerke 47, f. 99v-102r ; Bkerke 115, f. 102v-103v. Ce chapitre est omis
dans DOUAIHY 1993 : 115.
75. VA 644, f. 43v-44v ; Bkerke 47, f. 102r-106r ; Bkerke 115, f. 103v-104v (mutilé de la fin). Ce
chapitre est omis dans DOUAIHY 1993 : 115.
76. VA 644, f. 44v ; Bkerke 47, f. 106rv ; le folio, qui devait contenir ce chapitre, manque dans
Bkerke 115. Ce chapitre est omis dans DOUAIHY 1993 : 115.
77. VA 644, f. 44v-45r ; Bkerke 47, f. 106v-107r ; le folio, qui devait contenir ce chapitre,
manque dans Bkerke 115. Ce chapitre est omis dans DOUAIHY 1993 : 115.
78. VA 644, f. 45r ; Bkerke 47, f. 107r ; le folio, qui devait contenir ce chapitre, manque dans
Bkerke 115. Ce chapitre est omis dans DOUAIHY 1993 : 115.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 197

/0Km %I% 9S?=:% sp‰"2 >?=P% 58o:% †)m?P+ ,?nŠa%+ >?A3M% >?6
Cela n’est pas permis, car ces gens-là sont incapables de discerner et de
comprendre la valeur du sacrement de l’eucharistie.

60- Si le prêtre pèche en donnant la communion à des excommuniés et à


80
ceux qui sont sous interdit :
†H+K %+ †63]L$%+ †63p8$% NKm %I% 9S?=:% sp‰"2 >?=P%
Oui, il pèche.

81
61- Du prêtre qui célèbre la messe en étant pécheur et sans confession :
5")‹ b 7&8* v?2&$% q% ,?4I 3S %I% G2%&6 q% &#@% 5-.8"2 9S?=:% >% /\.nP E"F
%K.6%+
82
Dans ce cas, le prêtre prépare sa condamnation éternelle .

62- Si l’homme peut communier en étant coupable d’un seul péché


83
véniel : G"tKo:% G"pM% >?6
Oui, mais c’est très rare de trouver quelqu’un dans un cas pareil.

63- Le prêtre pèche-t-il s’il ne célèbre jamais la messe au cours de sa


84
vie ? : GA?"c b 7&m R %I% sp‰"2 9S?=:% >?=P%
Oui, il pèche.

79. VA 644, f. 45rv ; Bkerke 47, f. 107r-109v ; Bkerke 115, f. 105rv (acéphale). Ce chapitre est
omis dans DOUAIHY 1993 : 115.
80. VA 644, f. 45v ; Bkerke 47, f. 109v-110r ; Bkerke 115, f. 105v-106r. Ce chapitre est omis
dans DOUAIHY 1993 : 115.
81. VA 644, f. 45v-47r ; Bkerke 47, f. 110r-115r ; Bkerke 115, f. 106r-108r. Ce chapitre est omis
dans DOUAIHY 1993 : 115.
82. Pour donner un exemple de la confession, Ibn al-Qil'%&(! écrit : « Une fois j’étais, moi, Gabriel,
dans la ville de Venise et j’ai rencontré une femme qui proposait en vain mille ducats à
quiconque lui pardonnerait ses péchés sans confession. » Dans le ms. Bkerke 47, f. 115r, le
copiste ajoute à côté du mot Gabriel, dans la marge, « Ibn al-Qil'%&(! ».
83. VA 644, f. 47rv ; Bkerke 47, f. 115rv ; Bkerke 115, f. 108r. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 115.
84. VA 644, f. 47v-48v ; Bkerke 47, f. 115v-118r ; Bkerke 115, f. 108r-109r.
198 Les œuvres en prose

64- De la messe du prêtre pécheur si elle est aussi utile que celle du bon
85
prêtre : Œ?):% 9S?=:% 7%&m 5.H Zn]"2 >?=P% sŠ?M% 9S?=:% 7%&m >?6
Il n’y a pas de différence en ce qui concerne l’essence du mystère de
l’eucharistie, mais la différence existe dans les actes du prêtre tels l’exaucement
des prières et les demandes.
En outre, l’Église défend à ses fidèles d’assister à la messe célébrée par des
prêtres hérétiques, schismatiques, simoniaques et adultères.

86
65- Du prêtre qui communie en état de péché mortel :
N%&o:%+ G]o:% b 7?t3* "QC ()*+ G"."H G"p4 b N%K8.* Y&:% wkA >?6
Il devient le compagnon de Judas dans la malédiction et la peine. L’auteur
commente ici le Psaume 109 et essaie d’expliquer les différentes sortes de péchés.

87
66- Des fruits spirituels que reçoit celui qui communie dignement :
†":+a% w*a3S &t G:?Ž y.#H N%K8."2 Y&:% ?c+K:% C?L.:% >?6
Celui qui communie avec un cœur digne et pur reçoit douze fruits spirituels :
le souvenir de la Passion du Christ, l’affirmation de la foi, l’espérance, la crainte
de Dieu, la vie éternelle, l’union avec Dieu, la joie de l’âme, le discernement du
bien, la force contre les tentations, la force pour vaincre l’ennemi, la force pour
éteindre les passions charnelles et la vivification de l’âme.

88
67- De la manière dont le prêtre doit communier :
b >+? %I% spD E"F+ JKm%3* 9S?=:% ;1.k* E"F+ {3]\=:% >?p:3[+ &#@% C?m+% >?6
Gt?n.c%
Il doit communier dans la pureté et la dignité qu’il doit s’efforcer de
conserver pour rester en état de grâce et obtenir ainsi les fruits de la
communion.

85. VA 644, f. 48v-49v ; Bkerke 47, f. 118r-122v ; Bkerke 115, f. 109r-111r.


86. VA 644, f. 49v-58v ; Bkerke 47, f. 122v-151r ; Bkerke 115, f. 111r-121r (le f. 114 est une
feuille ajoutée ultérieurement au manuscrit et contenant la traduction arabe de ASSEMANI,
BO, I : 496.
87. VA 644, f. 58v-61v ; Bkerke 47, f. 151v-159v ; Bkerke 115, f. 121r-124r.
88. VA 644, f. 61v-62r ; Bkerke 47, f. 160rv ; Bkerke 115, f. 124rv.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 199

89
68- De la maladie du prêtre ou de sa mort subite :
7%&8:% /.* C&m U": 7&8"2 3S+ EŠ?4 {3H b ;% 9S?=:% ‘KH %I% 5Lo* E"F
Cela dépend des circonstances et de l’endroit où la messe est interrompue.

90
69- Si le prêtre se rappelle qu’il est en état de péché mortel :
7%&8:?2 G"."H G"p4 b GP% KFI %I% 9S?=:% >?6
Cela dépend des circonstances.

91
70- Si le prêtre célèbre la messe et n’est pas à jeun :
KpnH GP% C?FI %I% 5Lo* E"F
Cela dépend des circonstances. En tout cas, célébrer une messe est plus
profitable que de s’en abstenir sous prétexte qu’on n’est pas à jeun.

92
71- Si le prêtre doute et croit qu’il est suspendu :
7%&8:?2 C?FI %I% 9P?8$% 9S?=:% >?6
Il doit s’efforcer d’éloigner ces mauvais doutes.

93
72- Si le prêtre doute et croit qu’il n’est pas ordonné prêtre :
9S?F ;3[KH 3S U": >% C?FI %I%
Il doit s’efforcer d’éloigner ces mauvais doutes.

94
73- Si le prêtre découvre des mouches dans le calice :

89. VA 644, f. 62rv ; Bkerke 47, f. 161r-162r ; Bkerke 115, f. 124v-125r.


90. VA 644, f. 62v ; Bkerke 47, f. 162rv ; Bkerke 115, f. 125r.
91. VA 644, f. 62v-63r ; Bkerke 47, f. 163r-164r ; Bkerke 115, f. 125rv.
92. VA 644, f. 63rv ; Bkerke 47, f. 164r-165r ; Bkerke 115, f. 125rv (mutilé de la fin).
93. VA 644, f. 63v ; Bkerke 47, f. 165r ; le folio, qui devait contenir ce chapitre, manque dans
Bkerke 115.
94. VA 644, f. 63v-64r ; Bkerke 47, f. 165r-166r ; le folio, qui devait contenir ce chapitre,
manque dans Bkerke 115.
200 Les œuvres en prose

;&:% b N?2I &'+ %I% 5Lo* E"F


Le prêtre est obligé de boire le vin.

74- Si le prêtre se rend compte que le pain n’est pas de farine, et que le vin
95
n’est pas de vigne :
^]6 9H 3S U": &"-]:% ;% !Lm 9H 3S U": 123M% >% 7%&8:% b &'+ %I%
Les avis des docteurs, à ce sujet, sont divers.

96
75- De la suite des paroles de la consécration :
9*(.F 5'% 9H+ /=k'% 9H Y&:% GP?Ha% C%K[% Y&2%+ &*&' &\6 sHI ƒ?2 3S 7?=:% %&S
?*?pM% >%KnX2 ’%KS
Toutes les paroles qui suivent celles de la consécration sont nécessaires à la
validité de la messe.

76- Si le prêtre se rend compte qu’il a oublié de verser de l’eau dans le


97
vin : &"-]:% ZH 7?=:% b ?H Zt+% U": s#P %I%
La messe est valide.

77- Si le prêtre se rend compte qu’il a oublié de dire les paroles de


98
consécration : %C3):% O6% U*&8.:% ;<F ,?m GP% C?FI R %I% 5Lo* E"F
Il doit réciter ces paroles et continuer ensuite la messe.

78- Si le prêtre se rend compte qu’une partie de l’hostie est tombée dans le
99
calice : 7?=:% b G"k6 ^)T GP?2K8:% Bom+ %I%

95. VA 644, f. 64rv ; Bkerke 47, f. 166r-168v ; Bkerke 115, f. 126rv (acéphale).
96. VA 644, f. 64v-66r ; Bkerke 47, f. 168v-171r ; Bkerke 115, f. 126v-127v.
97. VA 644, f. 66r (le copiste se trompe dans son énumération en doublant le 75 et en omettant le
79) ; Bkerke 47, f. 171rv ; Bkerke 115, f. 127v-128r.
98. VA 644, f. 66r ; Bkerke 47, f. 171v-172r ; Bkerke 115, f. 128r.
99. VA 644, f. 66rv ; Bkerke 47, f. 172rv ; Bkerke 115, f. 128r.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 201

Il doit considérer que ce qui reste dans sa main est une hostie complète et
diviser celle-ci en trois parties.

79- Si le prêtre se rend compte que quelqu’un a ajouté de l’eau au vin avant
100
la messe : 7&8* ,?4I 5 “ -m &"-]:% (b ?H) &'+ %I%
Cela n’est pas pris en considération et le prêtre est obligé d’en ajouter
encore une fois au début de la messe, comme si rien ne s’était passé.

101
80- Si le vin se congèle dans le calice :
G2 5Lo* E"F 7?=:% b &:?' %I% &"-]:% >?6
Les avis des docteurs divergent sur ce point.

102
81- Si le pain se personnifie sur l’autel : v?2&$% ”k6 KS?p:% 123M% K#=A %I%
Cela dépend de l’image personnifiée.

82- Si après la messe le prêtre se rend compte qu’il a oublié des hosties sur
103
l’autel à côté de celles consacrées : 7%&8:% &o2 v?2&$% ”k6 >?2C3m 9S?=:% &'+ %I%
Ces hosties ne sont pas considérées comme consacrées, n’ayant pas été
l’objet de l’intention du prêtre pendant la messe.

83- Si, après la messe, le prêtre se rend compte qu’il reste des gouttes de vin
104
hors du calice : 7?=:% ^oF ”k6 &"-P j?8P &'+ %I%

100. VA 644, f. 66v ; Bkerke 47, f. 172v-173v ; Bkerke 115, f. 128rv. Ibn al-Qil'%&(! note à la fin de
ce chapitre que la tradition selon laquelle l’eau est ajoutée au vin après la lecture de
l’évangile se trouve chez les y)*w&'nineh (Grecs) et non chez les maronites. Ce chapitre est
omis dans DOUAIHY 1993 : 117.
101. VA 644, f. 66v-67r ; Bkerke 47, f. 173v-174r ; Bkerke 115, f. 128v. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 117.
102. VA 644, f. 67r ; Bkerke 47, f. 174rv ; Bkerke 115, f. 128v-129r. DOUAIHY 1993 : 117, note
faussement : « si le pain s’est rompu sur l’autel ».
103. VA 644, f. 67rv ; Bkerke 47, f. 175r ; Bkerke 115, f. 129rv.
104. VA 644, f. 67v ; Bkerke 47, f. 175rv ; Bkerke 115, f. 129v.
202 Les œuvres en prose

Ces gouttes de vin ne sont pas considérées comme consacrées, n’ayant pas
été l’objet de l’intention du prêtre pendant la messe.

105
84- Si le prêtre fait tomber du sang du Christ :
G:?.H+ C?pM% wkA †P%3m 5•+ ;&:% ^km %I%
Cela dépend du lieu où le sang est versé et de ce qu’il a touché.

106
85- Si quelqu’un vomit l’hostie : GP3P?m %&S GP?2C38:% &c% –%Kn.[% %I%
La sanction dépend du statut de celui qui commet cette erreur.

107
86- Si le prêtre perd le corps du Christ : !"#$% &#' 9S?=:% Z*?t %I%
108
Cela dépend des circonstances et du lieu .

109
87- Si le prêtre vomit l’hostie sans qu’elle change de couleur :
?‡+a b Gy"yW sS+ ˜C?4 GP?2C38:% —nP %I%
Les avis diffèrent sur le fait que l’hostie est encore le corps du Christ ou
non.

88- Si le prêtre consacre plus d’hosties qu’il n’y a de gens présents à la


110
messe : w]S ()A Y&:% ™3=€:%+ >?2C38:% I&6 b j<X:% >?6

105. VA 644, f. 67v-68r ; Bkerke 47, f. 175v-176v ; Bkerke 115, f. 129v-130r.


106. VA 644, f. 68r ; Bkerke 47, f. 176v-177r ; Bkerke 115, f. 130r.
107. VA 644, f. 68r-69r ; Bkerke 47, f. 177r-179r ; Bkerke 115, f. 130r-131r.
108. Ibn al-Qil'%&(! note que l’Église est contre la tradition qui existe chez les maronites (kahanat
Ma'r)*n = les prêtres de Maron) et qui consiste à conserver l’hostie consacrée le Jeudi saint
pendant un an avant de la remplacer par une autre à la même occasion. Elle exige également
que le corps du Christ soit conservé sous la tablette (37abl-.t) et qu’une veilleuse soit toujours
allumée ; ce qui est également ignoré par les maronites (VA 644, f. 68v ; Bkerke 47, f. 166v-
167r ; Bkerke 115, f. 130rv). Selon le rapport du P. Eliano, cette tradition était toujours
valable en 1580. Voir KURI 1989 : 91*.
109. VA 644, f. 69rv ; Bkerke 47, f. 1179rv ; Bkerke 115, f. 131r. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 117.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 203

Le prêtre doit consacrer autant d’hosties qu’il y a de gens présents à la


messe, mais au cas où les hosties s’avèreraient plus nombreuses, le prêtre a
l’obligation de les manger et de ne conserver jusqu’au lendemain qu’une seule
hostie pour le service des malades et le viatique.

111
89- Si le prêtre veut consacrer une moitié de l’hostie sans l’autre :
U*&8A (X2 ?\n)P q?D+ Gy"yW sS+ GP?2K8:% E)P 7&8* C&8"2 9S?=:% >?=P%
Les avis diffèrent.

112
90- Si le prêtre se trompe dans le nombre des hosties :
I&o:% b 9S?=:% ˆkT %I% >?2K8:% I&6 b ()A Y&:% ™3=€:% >?6
Les avis diffèrent.

113
91- Si le prêtre dit les paroles de consécration avec distraction :
,?XkXH G]\t+ U*&8.:% ;<F ,?m %I%
Le pain et le vin ne seront pas considérés comme consacrés, car l’intention
et l’attention du prêtre au moment de la consécration sont primordiales.

114
92- Du venin qui tombe dans le calice :
/#H (T ;% ;3[ ;% /#H N?2I 7?=:% b u?m+ %I%
Cela dépend des situations.

115
93- Si le prêtre est obligé de finir la messe en cas de danger :
7%&8:% 5H?=* ;+1kH >?=P% C?pM% B‹ 9S?=:% >?F %I%

110. VA 644, f. 69v-70r ; Bkerke 47, f. 179v-181r ; Bkerke 115, f. 131rv.


111. VA 644, f. 70rv ; Bkerke 47, f. 181r-182v ; Bkerke 115, f. 131v-132r.
112. VA 644, f. 70v-71r ; Bkerke 47, f. 182v-184r ; Bkerke 115, f. 132r-133r. Ce chapitre est omis
dans DOUAIHY 1993 : 117.
113. VA 644, f. 71rv ; Bkerke 47, f. 184r-186r ; Bkerke 115, f. 133rv.
114. VA 644, f. 71v-72r ; Bkerke 47, f. 186rv ; Bkerke 115, f. 133v.
115. VA 644, f. 72r ; Bkerke 47, f. 186v-187r ; Bkerke 115, f. 133v-134r.
204 Les œuvres en prose

Si le danger se présente avant la consécration, le prêtre peut fuir en quittant


l’église, mais si le danger arrive après la consécration, le prêtre est obligé de
finir sa messe même aux dépens de sa vie.

116
94- Si le prêtre feint de consacrer les oblats :
/\[&8"2 U": 9Fa >?2C3m 7&8"2 G"."H G"p4 b GP% 5'% 9H 9S?=:% >?6
Il commet un péché mortel.

95- Quel péché est-il le plus grave : celui de ne pas se confesser avant la
messe, ou celui de ne pas le faire après si on se rend compte qu’on est
117
pécheur ? :
%I% GP?2K8:% &o2 %K.6a% >?6 ;% šyn:%+ GH%&]:% >?6 5#F b GP?2K8:% 5-m G"p4 /›6% Y%
G."p4 K6
Cela dépend des intentions de l’homme et de son aptitude à la conversion.

118
96- Si le prêtre doit manger tout de suite après la communion :
GP?2K8:% &o2 ?6K[ ,3F?P ?]: ^_ >?F >%
Il faut observer un certain temps après la communion avant de manger. La
coutume d’antan était que :
Celui qui communie le matin, jeûne jusqu’à la troisième heure, celui qui communie à la
troisième heure, jeûne jusqu’à la sixième heure et celui qui communie à la sixième heure,
jeûne jusqu’à la neuvième heure.

119
97- Si le prêtre peut célébrer deux messes ou plus :
C?.F% ;% 9*?[%&m 7&8* C&8"2 9S?=:% >?=P%
Une messe suffit pour la journée.

116. VA 644, f. 72r-73r ; Bkerke 47, f. 187v-189r ; Bkerke 115, f. 134rv.


117. VA 644, f. 73r ; Bkerke 47, f. 189rv ; Bkerke 115, f. 134v-135r. Ce chapitre est omis dans
DOUAIHY 1993 : 117.
118. VA 644, f. 73r ; Bkerke 47, f. 189v-190r ; Bkerke 115, f. 135r.
119. VA 644, f. 73rv ; Bkerke 47, f. 190rv ; Bkerke 115, f. 135r.
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 205

120
98- Si on doit assister à la messe chaque jour :
;3* 5F b ;%1.:%+ G"W+ B‹ >?F >% {%+<):%+ 7%&8:% C3|c >?6
Les avis diffèrent sur ce point, mais Ibn al-Qil"#!$% rapporte que saint François
souhaitait que ses disciples assistent quotidiennement à la messe et lui, Gabriel,
est témoin de cette tradition.

121
99- Si on doit communier tous les jours :
;3* 5F b N%K8.* >?#Pa% œ% ^_ >?=P%
L’Église a ordonné la communion au moins à Pâques, mais celui qui veut
communier tous les jours peut le faire s’il se trouve en état de grâce, lui
permettant de prendre le corps et le sang du Christ ; dans ce cas-là, il est permis
de communier une seule fois par jour.

122
100- Des miettes d’hostie qui tombent :
!"#$% &#' 9H >36?8* 9*&:% N?-:% >?6
Les miettes contiennent la même essence que l’hostie et, par conséquent,
elles sont considérées comme le corps du Christ.

101- Si le prêtre peut célébrer une messe à l’intention de deux personnes en


123
même temps : 9*?]A% 5'% 9H 7%&m &c%+ %I% G]H N3kp$% b3"2 9S?=:% >?=P% 7%&8:% >?6
À travers le prêtre, c’est toute l’Église qui se présente pour implorer la
miséricorde de Dieu. Ainsi, l’offrande ne sert pas uniquement à une seule
personne.

124
102- Si le prêtre peut donner les honoraires de la messe à qui il veut :

120. VA 644, f. 73v-74r ; Bkerke 47, f. 190v-191v ; Bkerke 115, f. 135rv.


121. VA 644, f. 74rv ; Bkerke 47, f. 191v-193v ; Bkerke 115, f. 135v-136v.
122. VA 644, f. 74v ; Bkerke 47, f. 193v-194r ; Bkerke 115, f. 136v (mutilé de la fin). Ce chapitre
est omis dans DOUAIHY 1993 : 117.
123. VA 644, f. 74v-75r ; Bkerke 47, f. 194v-195v ; le folio, qui contient ce chapitre, manque dans
Bkerke 115.
206 Les œuvres en prose

?`% 9H Y% q% 7%&8:% K'% spo* C&8"2 9S?=:% >?=P%


Oui, il peut en disposer comme il veut.

103- Des bienfaits de la messe et de la manière dont le prêtre peut en


125
disposer : ?0 %K).* 9S?=:% C&8* E"F+ &#@% {%3m 96
Les bienfaits de la messe se divisent en trois parties : pour le prêtre lui-
même ou pour celui pour qui il veut offrir la messe, pour l’Église universelle et
pour celui qui a demandé la messe.

104- S’il est nécessaire de rappeler le nom de tous ceux pour qui l’on offre
126
la messe : /r ?W?M?2 7&8"2 9*&:% w*a3S œ% KF&* GP% ;fa B‹ 9S?=:% >?=P%
Non, ce n’est pas nécessaire.

105- De ceux qui demandent au prêtre de leur dire une messe spéciale,
127
nominale : ;3koH 7%&m /r 7&8* GP% 9S?=:% 9H >3-kp* 9*&:% w*a3S >?6
Si le prêtre leur répond affirmativement, alors il est obligé de satisfaire son
engagement.

106- Si le curé d’une paroisse peut célébrer la messe pour des personnes en
128
particulier :
?W?M?2 &c% œ% 7&8* C&8"2 >?F >% G"6C BH&4 b ;+1kH 3S Y&:% 9S?=:% >?6
Oui, il le peut.

107- Si les prêtres qui ne sont pas des curés de paroisse sont obligés de
129
célébrer la messe pour les morts : †F?#$% GP?\=:%+ >?-SK:% >?6

124. VA 644, f. 75rv ; Bkerke 47, f. 195v-196v ; le folio, qui contient ce chapitre, manque dans
Bkerke 115.
125. VA 644, f. 75v-77r ; Bkerke 47, f. 196v-199r ; ce chapitre est divisé dans le ms. Bkerke 115
en deux parties : la première manque à cause de la dégradation d’un folio, la seconde porte le
n° 104 et occupe le f. 137rv.
126. VA 644, f. 77r ; Bkerke 47, f. 199r-201v ; Bkerke 115, f. 137v-138r (n° 105).
127. VA 644, f. 77rv ; Bkerke 47, f. 201v-203r ; Bkerke 115, f. 138rv (n° 106).
128. VA 644, f. 77v ; Bkerke 47, f. 203r-204r ; Bkerke 115, f. 138v-139r (n° 107).
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques 207

Ils sont obligés de célébrer les quatre messes annuelles que l’Église a
instituées et également des messes pour les donateurs et les bienfaiteurs qui les
ont aidés.

108- De l’obligation du prêtre de célébrer les messes qu’il s’engage à


130
faire : G:?"c ;1.k* E"F G: 7&8* 9S?=:% EkF Y&:% wkA >?6
Oui, le prêtre est obligé de célébrer les messes qu’il s’est engagé à faire.

109- De l’obligation du prêtre étranger de célébrer les messes qu’il s’engage


131
à faire : 7&8* GH1k* E"F I<-:% Y%f >?6
Non, le prêtre étranger n’est pas obligé de célébrer les messes qu’il s’est
engagé à faire, car il ne connaît pas les traditions du pays ni ses coutumes.

110- Des prêtres qui sont dans des églises elles-mêmes engagées à faire
132
plusieurs messes par année aux donateurs et bienfaiteurs :
;fa B‹ /S+ ™<H%+ {?6?pm% /r 9*&:% G]\=:% >?6
Ces prêtres sont dans l’obligation de satisfaire les engagements de leurs
églises.

133
111- Si le prêtre est libre de disposer des honoraires comme il l’entend :
9S?=:% G2 %K).* E"F+ 7%&8:% K'% >?6
Le prêtre doit disposer des honoraires selon l’intention pour laquelle ces
honoraires furent donnés.

134
112- Si le prêtre doit prier pour ses parents plus que pour les autres :

129. VA 644, f. 77v-78r ; Bkerke 47, f. 204rv ; Bkerke 115, f. 139rv (n° 108).
130. VA 644, f. 78r ; Bkerke 47, f. 204v-205r ; Bkerke 115, f. 139v (n° 109).
131. VA 644, f. 78rv ; Bkerke 47, f. 205v-206v ; Bkerke 115, f. 139v-140r (n° 110).
132. VA 644, f. 78v ; Bkerke 47, f. 206v-207r ; Bkerke 115, f. 140rv (n° 111).
133. VA 644, f. 78v (mutilé de la fin) ; Bkerke 47, f. 207r-208v ; Bkerke 115, f. 140v-141r
(n° 112).
208 Les œuvres en prose

G-o` 9H C?.F% GH%+ J32% 5'% 9H uK|.* GP% ;1.kH 9S?=:% >?F >%
C’est la loi de la nature qui fait que le prêtre prie pour ses parents plus que
pour les autres.

113- Comment doit réagir le prêtre qui n’est pas responsable d’une
135
paroisse : /%I b /S 9*&:% G]\=:% 96
Il doit réagir selon « les critères de la charité » envers tous les gens qui lui
demandent une messe, une prière ou une bénédiction.

134. Le folio, qui contient ce chapitre, manque dans le ms. VA 644 (la table des matières, écrite au
verso de la page de garde, prévoit 113 chapitres) ; Bkerke 47, f. 208v-209r ; Bkerke 115, f.
141r (n° 113).
135. Le folio, qui contient ce chapitre, manque dans le ms. VA 644 ; Bkerke 47, f. 209r-211r ;
Bkerke 115, f. 141r-142r (n° 114).
209

1.10 EXPLICATION DE LA CONFESSION SACRÉE

Le corpus d’Ibn al-Qil"#!$% contient plusieurs traités sur la confession. La


1
collection qui se trouve dans le manuscrit Kuri 1 présente, pour sa part, un
2
ensemble cohérent de plusieurs traités sur le sujet de la confession . Cet
3
ensemble pourrait être celui qui est cité par Douaihy .
4
Le copiste ne manque pas de rappeler, à plusieurs reprises , que cette
5
collection est le travail d’Ibn al-Qil"#!$% sachant toutefois que la plupart de ces
traités ne sont que des traductions d’œuvres latines.
De plus, le copiste intitule la collection Qawl min *+ar&' al-i#tir!"f al-
6
muqaddas (un propos sur l’explication de la confession sacrée) ou an-N!"m-.s
7
(le Nomos) .
Cette collection contient plusieurs traités sur la confession, réunis pour
8
devenir un manuel pour « les maîtres de la confession » . Les auteurs de ces
traités sont nombreux et il semble qu’Ibn al-Qil"#!$% ait été sélectif dans sa
traduction, ou du moins, qu’il ait puisé librement dans ses sources.

9
I- Introduction de l’œuvre
Les pages constituant l’introduction ne se trouvent pas au début de l’œuvre ;
elles sont écrites sous forme d’une lettre et sont placées après la partie traduite
10
du livre d’Antonin des frères prêcheurs .
Cependant, étant donné que cette lettre écrite par Ibn al-Qil"#!$% contient les
motifs de tout ce travail, nous l’avons mise au début en guise d’introduction.
L’auteur adresse cette lettre à ses frères spirituels et leur explique qu’il
n’avait pas l’intention d’écrire cette collection sur la confession, car il se

1. P. 43-243, 248-265.
2. Pour la confession au Moyen Âge, voir parmi d’autres : THAYER 2000 ; BILLER AND MINNIS
1998 ; LEA 1968.
3. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, Kit&'b (an al-
i(tiraf [livre sur la confession]. Voir également Histoire/Chartouni : 153.
4. P. 43, 177, 213, 222, 242, 247 et 253.
5. Ibn al-Qil'%&(! appelle cette collection maymar (mimré, discours). Voir supra p. 179.
6. Dans l’incipit, p. 43.
7. Dans l’incipit, p. 43 et dans le colophon, p. 265.
8. M(alm-.n al-i(tira'f. Voir p. 52 et 247.
9. P. 176-181.
10. P. 107-176.
210 Les œuvres en prose

considérait pécheur et ne pouvait pas prêcher aux autres. Il avait comme slogan,
la parole de l’Évangile : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton
frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » (Mt 7, 3). Ainsi il
cherchait à « ne pas penser au péché d’autrui, mais plutôt à pleurer [son] propre
péché, car [ses] péchés sont nombreux ».
Mais une pensée commence à le tarauder : « Tu es incapable de faire du
bien et tu veux que les autres te suivent dans le désespoir. Écoute la parole du
Seigneur qui affirme : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie
pour ses amis. » (Jn 15, 13).
Par conséquent, Ibn al-Qil"#!$% se trouve dans le devoir et l’obligation d’écrire
ce traité sur la confession par amour pour ses frères et pour leur être utile. Il
traduit son contenu du « grec » (latin ?) en arabe, écrit en garchouni, sachant
tout de même qu’il risque de ne pas traduire correctement ce que l’original
voulait signifier. Il a également peur qu’après sa mort ses livres ne soient brûlés
sous prétexte que personne ne les comprend.
En revanche, il croit en la parole du Seigneur : « Tout arbre donc qui ne
produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. » (Mt 3, 10). Ainsi il
entreprend cette œuvre en s’appuyant aussi sur « les prières du peuple de
Maron ».

II- Manuel pratique de la confession11


La source qu’Ibn al-Qil"#!$% utilise est inconnue et nous n’en décelons aucune
mention dans ce traité. Nous avons donc recherché un type de manuel
s’associant le mieux au traité de notre auteur ; nous avons trouvé un exemple
assez probant, et au moins semblable dans sa structure et dans son contenu.
12
C’est l’œuvre de l’évêque portugais André de Escobar (†!!ca 1450) ,
13
intitulée Modus confitendi , manuel pratique de la confession et qui ressemble à

11. P. 43-107.
12. André de Escobar (appelé également André Dias, Andreas Didaci, Andreas Hispanus, André
de Rendulfe…) fut un controversiste portugais. Il participa activement aux grands
événements de la première moitié du XVe siècle ; il assista au concile de Constance (1414-
1418) et figura parmi les signataires de la bulle d’union du 6 juillet 1439 lors du concile de
Florence. Pour sa biographie et ses œuvres, voir AUBERT 1963.
13. C’est l’une des œuvres d’André de Escobar qui a connu un grand succès durant la fin du
Moyen Âge et dont la première édition remonte à 1475. Michaud-Quantin écrit à propos de
ce livre : « Il est essentiellement formé d’un examen de conscience détaillé, son cadre est
toutefois assez limité puisqu’en dehors des péchés capitaux et des commandements de Dieu
1.10 Explication de la confession sacrée 211

14
cette partie de notre étude, dans son plan général et dans maints détails .
Cependant, le travail d’Ibn al-Qil"#!$% n’est pas une simple traduction, mais plutôt
une adaptation logique et intelligente de l’œuvre proche de celle d’Escobar ou
bien de l’œuvre de ce dernier.

15
A - Les piliers de la foi
Ibn al-Qil"#!$% énumère les différents piliers de la foi que le croyant doit
connaître et auquels il doit se référer pour la confession. Ce sont :
– l’Ancien Testament qui contient un livre sur les rois, un livre des
chroniques, un livre de sagesse et un livre de prophétie ;
– le Nouveau Testament qui comprend quatre jugements contre le monde
ignorant : le livre des péchés, le livre des apôtres, le livre des épîtres et le livre
des mystères ;
16
– les vertus théologales qui sont la foi, l’espérance et la charité ;
17
– le symbole de la foi divisé en « douze piliers » récité chacun par un
apôtre ;
18
– les sept sacrements de l’Église : le baptême, la confirmation, l’extrême-
onction, la confession, l’eucharistie, l’ordination et le mariage ;
19
– les dix paroles (les dix commandements) de l’Ancien Testament ;
– les quatre forces significatives : le respect, la résistance à la tentation, la
frugalité et la justice ;

il est question des fautes commises au moyen des cinq sens, à l’égard des œuvres de
miséricorde et concernant les 12 articles du Credo. Aucune mention n’y est faite des
obligations professionnelles particulières. » MICHAUD-QUANTIN 1962 : 71-72.
14. Les grands titres du Modus confitendi sont : de cogitatione, de locutione, de septem peccatis
mortalibus (de superbia, de avaricia, de luxuria, de invidia, de dula, de ira, de accidia),
decem precepta legis, de sensibus corpis, de septem opa misericordie, de duodecim articulis
fidei, de septem sacramentis ecclesie, de septem virtutibus theologicalibus, de septem dona
Spiritus sancti, de duodecim fructus Spiritus sancti, de octo beatitudines, de septem peccata
mortalia. Pour notre étude, nous avons consulté deux exemplaires non datés, mais
probablement imprimés vers la fin du XVe siècle. Ils sont conservés sous forme de ressource
électronique à la Bibliothèque nationale de France.
15. P. 43-52.
16. >?ala'34 tul!"iya't.
17. I34nay (a56ar rukn ad-d-.n.
18. Sab( taqdima't al-kan-.sa al-muqaddasa.
19. Al-(a56r kilma't.
212 Les œuvres en prose

– les sept actions de miséricorde : enseigner aux incultes, confirmer les


sceptiques, consoler les affligés, éduquer les ignorants, supporter les irrités,
pardonner aux pécheurs et prier pour tout le monde ;
– les sept dons de l’Esprit-Saint : l’humilité contre l’orgueil, la miséricorde
contre la jalousie, l’indulgence contre la colère, la satisfaction contre l’ennui,
l’esprit de conseil contre l’égoïsme, la raison contre la déraison et la sagesse
contre les passions ;
– la connaissance des sept péchés mortels contre la raison : l’orgueil, la
jalousie, la colère, la corruption, la cupidité, la gourmandise et la luxure ;
– comment utiliser les cinq sens contre le péché ;
– les quatre conditions pour une bonne confession : une contrition vraie, une
confession complète, une conversion parfaite, l’intention de ne plus pécher ;
20
– l’apprentissage les Béatitudes ;
– les divers péchés contre les dix paroles [les dix commandements] ;
– les douze degrés de l’humilité ;
– les quatre voies de l’humilité : accepter l’humiliation, la pureté, la
pauvreté et la charité.

21
B- Sur les dix commandements
Ibn al-Qil"#!$% veut fournir aux confesseurs un manuel pratique où ils
pourraient trouver les questions et les réponses adéquates concernant chaque
commandement.
Mais pour que le confesseur puisse mieux aider le pécheur à se convertir, il
doit d’abord lui expliquer comment le Christ nous a aimés au point de mourir
pour nous sauver. Il doit gagner la confiance du pécheur pour pouvoir l’aider et
pour orienter son âme vers le bien.
Pour le premier commandement, par exemple, le confesseur doit demander
au pécheur s’il a adoré le soleil, la lune, les autres astres ou les idoles, etc.
Nous trouvons également l’exemple où le confesseur doit bannir la magie,
l’occultisme et l’alchimie. Les textes que les gens récitent pour se garder du mal

20. Voir Mt 5, 3-12.


21. P. 52-107.
1.10 Explication de la confession sacrée 213

et éloigner la malchance, telles « la prière de la Vierge » et la « prière de saint


22
Cyprien » , doivent être jetés, car l’Église les interdit. Le Pater Noster, l’Ave
Maria et le Credo sont plus utiles et plus bénéfiques pour demander quelque
chose à Dieu et être exaucé.
Il faut brûler alors tous les livres qui contiennent des supercheries, des
superstitions et des histoires imaginaires, ainsi que toutes les habituelles
explications des rêves et les légendes comme celle qui raconte que les arbres
s’agenouillent lors de la bénédiction de l’eau pendant la messe de minuit,
23
célébrée pour la fête du Baptême du Christ ; ou celle qui voulait faire de la nuit
de la Nativité la plus longue dans l’année ; ou encore celle qui disait que le
24
soleil danse à la fête de la Saint-Jean .
De la même manière, Ibn al-Qil"#!$% continue d’expliquer les neuf autres
commandements en donnant des exemples sur les péchés mortels ou véniels
pour chaque commandement et chaque cas.
À la fin de cette partie, l’auteur énumère les différents types d’orgueil et
explique que le péché d’orgueil peut être mortel ou véniel.

25
III- D’Antonin de Florence, sur la confession
Ibn al-Qil"#!$% lui-même reconnaît qu’il a tiré ce chapitre « du frère Antonin
26
de la Règle [l’ordre] des frères prédicateurs » . Il note également que frère
Antonin a considéré son livre comme étant un « ouvrage imparfait » [opus
27
imperfectum] .

22. Jusqu’à nos jours, nous rencontrons cette coutume de réciter des prières spécifiques pour
éloigner le mal et les démons et pour prémunir les enfants du mauvais œil.
23. Cette tradition continue d’exister aujourd’hui : « La tradition prétend qu’au passage du
Dâyem, tous les animaux se mettent à genoux et les arbres aussi, à l’exception du mûrier et
du caroubier. » FEGHALI 1977 : 148. Ajoutons que dans certaines régions libanaises, la
croyance veut que c’est plutôt le figuier qui ne se prosterne pas devant le Christ, en rappel de
l’épisode du figuier maudit dans l’Évangile (Voir Mt 21, 19). Ce thème provient
probablement de l’Évangile du Pseudo-Matthieu où un palmier s’incline aux pieds de Marie
sous l’ordre de l’enfant Jésus. Voir Pseudo-Mt : 138-139.
24. La Nativité de saint Jean-Baptiste est le 24 juin, mais le solstice d’été coïncide avec le 21 ou
le 22 juin.
25. P. 107-176.
26. Al-a+, @A37)*ny)*s min qa'n)*n al-i+,wat al-mikirziy-.n.
27. (Amal na'qis.
214 Les œuvres en prose

Le frère prédicateur n’est autre que le fameux Antonin archevêque de


28 29
Florence (†!1459) , lequel a écrit un manuel de confession intitulé Defecerunt .
La comparaison de l’œuvre d’Ibn al-Qil"#!$% avec le contenu du Defecerunt
permet de constater que notre auteur a bien utilisé l’ouvrage d’Antonin, mais
d’une manière libre et succincte pour former une sorte de résumé.
En outre, Ibn al-Qil"#!$%, ou le copiste du ms. Kuri 1, n’a transmis que la
30
première partie du Defecerunt qui englobait originalement trois parties .
Cette première partie est intitulée De potestate seu auctoritate confessoris et
31
comporte 15 chapitres . Ibn al-Qil"#!$% n’indique que rarement les chapitres
arabes :
1. De potestate seu auctoritate confessoris et quis possit vel non possit audire
confessiones : !"#$%&' ()"# *"+,-.$ %+/ 012 3$'

2. De ordinario confessore quo ad eclesiasticas personas et clericos.

28. Antonin, archevêque de Florence, naquit en 1389 et entra en 1405 dans l’ordre dominicain ;
il présida plusieurs monastères et fonda celui de Saint-Marc à Florence. Il fut nommé
archevêque de Florence en 1445 et fut chargé de plusieurs missions diplomatiques et
ecclésiales auprès des instances étrangères. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages en théologie,
morale, droit canonique, spiritualité et surtout Les Chroniques dont il poursuivit
l’achèvement jusqu’à la fin de sa vie. Morçay note à propos d’Antonin qu’il « réalisa à la
perfection le type du religieux-évêque, enfermé scrupuleusement dans sa tâche pastorale,
mais ayant à cœur de l’accomplir dans tous les domaines ». Voir MORÇAY 1924 et
MANDONNET 1903.
29. Ce livre estt appelé Defecerunt, parce qu’Antonin commence l’œuvre par le texte scripturaire
Defecerunt scrutantes scrutinio (Ps 64, 7). MICHAUD-QUANTIN 1962 : 73, écrit à propos de
ce livre : « Defecerunt (Confessionale) auquel s’applique proprement la désignation de
‘ Confessionnale’ de S. Antonin. Il commence par l’exposé des pouvoirs nécessaires au
confesseur, puis contient des directives tant pour l’administration que pour la réception du
Sacrement et une liste des cas d’excommunication. L’interrogatoire du pénitent qui vient
ensuite se diviser en deux parties, l’une générale destinée à tous les fidèles, l’autre spéciale
ad status dans laquelle on trouve déjà le souci des obligations professionnelles et des devoirs
d’état si caractéristique de la grande œuvre de l’auteur, des indications sommaires y sont
données sur les empêchements de mariage, les irrégularités, les règles de vie et
d’administration ecclésiastiques dans les paragraphes consacrés aux pénitents intéressés par
ces dispositions particulières. La dernière partie expose les problèmes éventuellement posés
par la restitution ; contrairement aux précédentes, elle comporte des références juridiques
assez nombreuses. »
30. Nous reproduisons les titres latins pour faciliter la comparaison avec l’œuvre d’Antonin.
31. Nous avons utilisé, pour notre travail, l’édition du Defecerunt faite à Venise en 1495 ; cette
édition est conservée sous forme de ressource électronique à la Bibliothèque nationale de
France. Voir également WILMS 1946.
1.10 Explication de la confession sacrée 215

3. Cui debeant laici ordinarie confiteri.


4. Casus octo in quibus potest quis alteri confiteri quam proprio sacerdoti sine eius
licentia :
678* 9: ; <=>") 9: ?' @%-A.$ "B CD"E' FG,-. *HI. J"K7# LMN <4 L4'%&' 015&'
5. Quis possit committere et quis non audientiam confessionum.
6. Quomodo et quando curatus vel presbyter parrochialis possit dare vel denegare licentia
alteri confitendi subdito si petat illam.
7. De religiosi qui non possunt audire confessiones sine licentia prelati sui.
8. De potestate audiendi confessiones attributa fratribus predicatoribus et minoribus a
iure.
9. De effectibus qui sequntur ex commissione audientie confessionis alteri facte.
10. Differentia inter fratres prenotatos.
11. De casibus multiplicibus episcopo reservatis.
12. De sacerdote qui absolvit aliquem a casu a quo non potest absolvere.
13. An in generali confessione contineantur specialia.
14. Quid possint penitentiarii curie romane.
15. Quid fiendum quando confessor non intelligit penitentem.

32
IV- De Bernardin de Sienne, sur la confession
Nous n’avons pas trouvé la source à laquelle Ibn al-Qil"#!$% puise ses
33
informations. Toutefois, il nous semble, d’après Michaud-Quantin , que ce
34
traité de Bernardin de Sienne (†!1444) pourrait être celui qui est nommé
35
Renovamini ou Miroir de la confession .

32. P. 181-242.
33. MICHAUD-QUANTIN 1962 : 73.
34. Saint Bernardin de Sienne naquit en 1380 ; il entra chez les franciscains en 1402 et devint
ensuite un grand prédicateur. Déféré à Rome comme hérétique, il obtint gain de cause et
mérita la nomination à l’évêché de Sienne à laquelle il préféra les labeurs de l’apostolat. Il
mourut à Aquila le 20 mai 1444 et fut canonisé en 1450. Voir GOYENS 1936 et VERNET
1905.
35. PACETTI 1934 ; PACETTI 1938 ; LUONGO 1989.
216 Les œuvres en prose

Le copiste cite Bernardin de Sienne comme l’auteur de ce traité dans le titre


même : « J’écris un traité [dit] de saint Bernard des frères mineurs sur la sainte
confession » ; le copiste considère Ibn al-Qil"#!$% comme étant celui qui l’a
« écrit » [traduit] à partir des paroles de Bernardin.
Il commence par exhorter ses lecteurs : « Écoutez, ô frères croyants et soyez
sérieux dans l’examen de conscience ; demandez la volonté de Dieu qui est
seule la voie de la perfection. »
Ce traité vise à fournir au confessant une méthode claire pour mieux
s’interroger sur ses péchés et ainsi mieux se préparer à la confession ; il est
divisé en six chapitres :
1- La peur et la timidité face à la grandeur du péché.
2- Se rendre compte de la beauté de l’âme avant le péché.
36
3- Sur la vanité des choses terrestres .
4- Sur la grande peur et les tremblements de terre lors du dernier
37
jugement .
5- Sur les grandes douleurs qui seront infligées aux condamnés dans l’enfer.
6- Sur la miséricorde de Dieu qui attend toujours le retour du pécheur.
À la fin, l’auteur rappelle à son lecteur la parole du Christ : « Veillez donc,
38
puisque vous ne savez ni le jour, ni l’heure. »

39
V- Sur le repentir d’un mourant
Le copiste déclare au début de ce petit traité qui l’a tiré de la « copie » d’Ibn
al-Qil"#!$% et que l’auteur s’appelle Père B"#si,-dr,-s. La forme arabe de ce nom n’a
pas facilité la recherche de l’identité de l’auteur qui demeure inconnu. Par

36. Cela rappelle la parole de la Bible « Vanité des vanités, dit Qohéleth, tout est vanité. » (Qo
12, 8).
37. Cela rappelle les différents tremblements de terre cités dans le livre de l’Apocalypse (Voir
Ap 6, 12 ; 8, 5 ; 11, 13 ; 11, 19 et 16, 18) et dans Mc 13, 5-13.
38. Mt 25, 13.
39. P. 242-243.
1.10 Explication de la confession sacrée 217

conséquent, nous ne savons pas quelle est la source utilisée par Ibn al-Qil"#!$%
40
pour rédiger ce traité .
Le contenu consiste en un dialogue entre deux religieux, l’un d’eux est
mourant alors que l’autre l’assiste et le réconforte :
– Es-tu content de mourir dans la religion du Christ ? – Oui.
– Es-tu content de mourir dans l’habit religieux ? – Oui.
– Reconnais-tu ne pas avoir vécu dans l’ordre correctement ? – Oui.
– Te repens-tu de ce que tu as fait ? – Oui.
– As-tu l’intention de te repentir si Dieu te donne un temps pour la pénitence ? – Oui.
– Crois-tu que le Christ est mort pour toi ? – Oui.
– L’en remercies-tu ? – Oui.
– Crois-tu que tu vas être sauvé par sa mort ? – Oui.
Puis, le mourant déclare qu’il reconnaît les miracles du Christ et accepte également ce que
Dieu lui réservera après la mort. Il avoue le regret de toute faute commise par lui
intentionnellement ou involontairement, il répète trois fois : entre tes mains, je dépose
mon âme, sauve-moi mon Seigneur et mon Dieu.
Tous ceux qui assistent à cette agonie répondent : meurs en paix.

41
VI- Sur le repentir
Nous n’avons aucune mention d’auteur ou de source pour ce traité. Est-ce
Ibn al-Qil"#!$% qui en est l’auteur ou simplement en fut-il le traducteur ou le
compilateur ? Il nous est difficile de nous prononcer sur ce sujet.
Avant de transcrire ce traité, le copiste rappelle que « c’est une copie de
l’écriture de l’évêque Gabriel Ibn al-Qil"#!$% al-le0/fd$% pour les maîtres de la
confession, afin qu’ils suivent le droit chemin et que chacun [d’entre eux] sauve
42
d’abord son âme et veille au salut du peuple » .

40. La forme transmise pourrait-elle être une déformation du nom de Cassiodore (†!583) ? En
tout cas, une recherche préliminaire dans ses œuvres, éditées dans P.L., LXIX-LXX, est
demeurée inaboutissante.
41. P. 248-265.
42. P. 247-248.
218 Les œuvres en prose

Le contenu du traité reprend les grands thèmes trouvés et antécédemment


traités dans la plupart des œuvres sur la confession et la pénitence : sans la
confession, l’âme de l’homme risque de tomber dans les pièges de Satan et, par
conséquent, de perdre sa vie éternelle ; d’où l’importance de la confession. Pour
cela, Ibn al-Qil"#!$% expose dans cette partie les huit types de repentir, afin que la
confession ait de bons résultats :
1- L’examen de conscience doit être profond et global, afin que le pécheur
ne soit pas distrait au moment de la confession ni n’oublie aucun de ses péchés.
2- Le pécheur doit avouer, au moment de la confession, tous les péchés
qu’il a commis. Il doit surtout énumérer tous les péchés commis contre les dix
commandements de Dieu.
3- La contrition doit être parfaite ; le pécheur doit éprouver à quel point le
péché fait mal et, par conséquent, se décider à ne plus pécher.
4- Le pécheur ne doit pas chercher d’excuses pour minimiser la gravité de
ses péchés ou essayer d’accuser les autres pour se disculper.
5- La repentance doit être sincère et profonde.
6- Le pécheur doit croire que sa confession est un acte de foi.
7- [Ce point est omis dans le manuscrit].
8- Le pécheur doit prendre en considération plusieurs critères lors de sa
confession :
a- La gravité du péché dépend de la situation du pécheur ; le même péché
devient plus grave s’il est commis par un homme cultivé et non par un homme
illettré.
b- Le même péché peut être véniel ou mortel selon les circonstances.
c- Un péché véniel devient mortel s’il est commis dans un lieu sacré.
d- Le péché devient plus grave si d’autres personnes sont induites en erreur.
e- Un péché devient plus grave s’il est réitéré.
f- L’intention, qui était à l’origine du péché, affecte sa gravité.

À la fin, Ibn al-Qil"#!$% recommande à son lecteur de choisir avec soin un


« maître » de confession, qui sache garder un secret et qui soit apte à bien
conduire ceux qui veulent se confesser et se repentir.
219

1.11 APOCALYPSE SELON SAINT JEAN

1
Cette œuvre est citée par Graf . Elle se trouve actuellement dans le
manuscrit BnF Syr. 852 et dans un cahier manuscrit attaché à un codex
contenant la première version du Nouveau Testament en syriaque, en
l’occurrence l’édition de Vienne en 1555, appelée Évangéliaire de
3
Widmanstad . Cette version contient les quatre évangiles, les épîtres de saint
Paul, les Actes des Apôtres, une épître de saint Jacques, une autre de saint
Pierre et une troisième de saint Jean. Ainsi, cette version ne comprend pas le
texte de l’Apocalypse, ce qui explique son insertion, à la fin du livre, par le
copiste Sark$%s.
Le texte de cette œuvre est la traduction en garchouni de l’Apocalypse selon
4
saint Jean d’après la Vulgate de saint Jérôme . Cette traduction du latin a été
faite par Gabriel Ibn al-Qil"#!$% comme l’atteste le copiste : « La date de 1488 du
5
Christ, saint Gabriel Ibn al-Qil"#!$% a expliqué [= traduit] ce livre du franc
[= latin] en arabe syriaque [= garchouni]. »
Ce qui est important à noter c’est que les deux manuscrits comportent le
même colophon :
Cela est fini, avec l’aide de Dieu ; à lui la gloire, amen, par les mains du misérable Sark(!s
à Q+,z./'%yé [le couvent de Quz./ay'%]. En la date de 1488 du Christ, saint Gabriel Ibn al-
Qil'%&(! a expliqué [= traduit] ce livre du franc [= latin] en arabe syriaque [= garchouni] ; en
la date de 1577 du Christ, il fut copié sur ces papiers ; il fut collationné en 1582 du Christ,
le 20 juin ; à Dieu, la gloire pour toujours, amen.

1. GRAF, GCAL, III : 325.


2. F. 13r-28v.
3. C’est le Nouveau Testament édité par le Chancelier des provinces orientales de l’Autriche,
Jean-Albert Widmanstad, avec la contribution de Moïse de Mardine. Voir BREYCHA-
VAUTHIER 1982. Le codex qui contient cette œuvre est conservé actuellement à la
bibliothèque de l’Université Saint-Esprit de Kaslik, sous le numéro OLM 537 ; le manuscrit
forme un cahier rattaché à la fin du codex.
4. La désignation de saint Jérôme, comme « l’auteur » de la version latine de l’Apocalypse, est
attestée par les deux copistes dans les incipit ; cette indication est, vraisemblablement, d’Ibn
al-Qil'%&(! lui-même.
5. L’appellation de « saint », attribuée à Ibn al-Qil'%&(!, est assez fréquente chez le copiste Sark(!s
as-Samr'%n(!, voir Miscellanea.
220 Les œuvres en prose

Est-ce le même copiste Sark$%s qui aurait transcrit les deux manuscrits en
même temps ou bien un autre copiste a-t-il recopié le colophon de son
antigraphe ?
Avant de fournir la traduction arabe des vingt-deux chapitres de
6 7
l’Apocalypse , Ibn al-Qil"#!$% présente une notice succincte de la vie de l’auteur,
qui est l’apôtre et l’évangéliste saint Jean :
– il est apôtre et évangéliste ;
8
– il est couché sur le sein de Jésus pendant la Cène ;
9
– c’est à lui que Jésus confie sa mère au moment de mourir ;
– il renonce à ses noces à Cana en Galilée pour suivre Jésus et garder sa
10
chasteté ;
11
– à cause de sa foi, il est exilé à Pathmos et là, il reçoit la Révélation ;
– il est le compagnon de Marie, la mère de Dieu ;
– il vit ses derniers moments à Éphèse ;
– avant sa mort, il descend dans le tombeau qu’il a fait construire ; et devant
12
ses disciples, il accomplit ses prières et rend son âme à son créateur .

6. Les manuscrits utilisent en garchouni le même mot latin d’origine grecque Apokaluyi".
7. Ou bien saint Jérôme ?
8. Jn 13, 23.
9. Jn 19, 27.
10. Jn 2, 1-11. L’Évangile ne révèle pas le nom de l’époux, mais c’est la tradition apocryphe qui
l’identifie comme étant l’évangéliste Jean, lui-même.
11. Ap 1, 9-10.
12. La tradition, qui raconte la vie de saint Jean et sa mort, est conservée, en grande partie, dans
une œuvre apocryphe intitulée Actes de Jean et qui date du IIe siècle. Voir JUNOD ET KAESTLI
1997.
221

1.12 COMMENTAIRE DU PROLOGUE DE SAINT JEAN

1 2
Cette œuvre se trouve dans les manuscrits Alep 127 et Mouski Syr. 13 ;
elle n’est pas mentionnée par Douaihy ou Graf.
Il s’agit d’un commentaire philosophique et théologique du Prologue de
l’Évangile selon saint Jean (Jn 1, 1-18). L’auteur cite Nicolas de Lyre au début
de son commentaire, mais nous ne pouvons pas savoir si cette citation nomme
Nicolas comme l’auteur de ce commentaire ou simplement comme témoin
utilisé dans l’argumentation. On y trouve également la mention d’Aristote et de
saint Augustin, ainsi que celle des hérétiques tels Mani et Arius.
Ibn al-Qil"#!$% n’est pas signalé comme l’auteur ou le traducteur de cette
œuvre, mais nous le considérons comme tel pour plusieurs raisons :
– l’insertion de cette œuvre dans une collection appartenant à Ibn al-Qil"#!$% ;
– sa continuité paléographique et codicologique par rapport aux œuvres qui
la précèdent ou lui succèdent ;
– le style d’Ibn al-Qil"#!$% dans le vocabulaire, la terminaison et le ton ;
– Ibn al-Qil"#!$% s’exprime à la première personne pour commencer ce traité
comme une suite logique du traité qui le précède : De la philosophie, de
l’astrologie et d’autres sujets.
3
Jean l’évangéliste, représenté par l’aigle , a voulu démontrer que le Christ
est le fils de Dieu depuis l’éternité et qu’il est vraiment devenu homme. Cette
4
démonstration contredit les prétentions des ébionites , lesquels cherchaient à
répandre l’idée que le Christ était seulement un homme tout comme les autres et
5
n’avait été que néant avant de naître de Marie .

1. F. 117r-125r.
2. P. 164-178.
3. La tradition attribue, à partir du Ve siècle, un symbole à chaque évangéliste : l’homme pour
Matthieu, le lion pour Marc, le taureau pour Luc et l’aigle pour Jean. Ces représentations ont
pour source la vision d’Ézéchiel (Voir Ez 1, 1-28) et l’Apocalypse (Voir Ap 4, 1-11). Voir
DUCHET-SUCHAUX ET PASTOUREAU 1994 :153 ; AMEISENOWA 1949.
4. L’auteur écrit Ha'b)*m-.ta' qui pourrait être une défiguration du mot latin Ebionitae. De toute
façon, les idées prônées par cette secte judéo-chrétienne ressemblent de près aux données
fournies par l’auteur dans ce texte.
5. Sur l’ébionisme, voir BAREILLE 1905 ; SCHŒPS 1960 ; MAGNIN 1974 ; DANIÉLOU 1958,
surtout les pages 68-76.
222 Les œuvres en prose

Ainsi l’auteur se lance dans une analyse philosophique et scolastique sur


l’unité du Christ avec le Père, sa parfaite filiation, la distinction entre les
Personnes divines, etc.
Il explique, par exemple, que le Verbe est une parole résidant d’abord dans
l’intention avant d’être exprimée par le son et que, par conséquent, le Christ est
le Verbe de Dieu et qu’il l’est depuis l’éternité.
Dieu est l’intellect parfait et son Verbe, qui est unique, ne peut être que
parfait comme Lui.
Le Christ est le Fils de Dieu et cette filiation est parfaite comme le feu
émanant du feu.
En disant que « le Verbe était avec Dieu », Jean a affirmé l’unité du Verbe
avec Dieu dans la Trinité et leur distinction en deux personnes.
L’auteur refuse la prétention des manichéens selon laquelle il y aurait deux
sources dans le monde, le bien et le mal et que la création émane du mal.
À la fin, Ibn al-Qil"#!$% rappelle l’union entre la nature divine et la nature
humaine dans le Christ. Il affirme que l’énoncé de Jean « le Verbe est plein de
grâce et de vérité » ne peut présupposer qu’il était vide et s’est rempli
ultérieurement. Jean voulait, en effet, affirmer que le Christ était d’emblée
« plein de grâce et de vérité ».
223

1.13 L’ART BREF DE RAYMOND LULLE

Cet ouvrage est cité seulement par Breydy, qui reprend le titre donné par le
copiste du manuscrit de Florence (Fir Or 142) : Raimundi Lulii liber de
1
Kabbalistico audito .
2
Actuellement, ce traité est conservé dans les manuscrits Fir Or 142 ,
3 4
Alep 127 et Mouski Syr. 13 .
L’auteur de la version présentée est bien Gabriel Ibn al-Qil"#!$%. En fait, le
copiste du Fir Or 142 déclare que sa copie est collationnée d’après celle d’Ibn
5
al-Qil"#!$% .
Ibn al-Qil"#!$% annonce que ce traité est l’œuvre du « grand Raymundus », ce
6
qui conduit au célèbre Raymond Lulle (†!1316) , en l’occurrence à son Ars
7
brevis (l’Art bref) , qui n’est qu’un résumé de l’Ars generalis ultima (l’Art
8
général ultime) . D’ailleurs, Ibn al-QiE"#!$% intitule cette œuvre /4in#ah bas$%tah, ce
qui pourrait être traduit par « art simple » ou « art bref ».
La traduction d’Ibn al-Qil"#!$% se voulait être la plus fidèle possible ; c’est
pourquoi elle paraît plutôt littérale, mais si le vocabulaire semble lourd, cela
s’explique par la difficulté de traduire de tels ouvrages en arabe dialectal, en
9
l’occurrence le libanais du XVe siècle .

1. BREYDY 1985 : 191. Il cite le ms. Flor. Med. 278 [l’actuel Fir Orient 142].
2. F. 1v-9r.
3. F. 2r-9r.
4. P. 71-90.
5. F. 9r.
6. Nombreuses sont les études sur la vie de Raymond Lulle. Nous nous contentons d’en
indiquer quelques-unes : TURNER 1911 ; LONGPRÉ 1926 ; SUGRANYES DE FRANCH 1954 ;
LOHR 1988.
7. « L’Art bref, dont le texte catalan ne nous est pas parvenu, a connu une grande diffusion en
latin ; près de soixante manuscrits et une vingtaine d’éditions. » LULLE 1991 : 102. Les deux
premières éditions de l’Ars brevis sont celles de Rome et de Barcelone qui remontent à 1485
et 1489 ; l’édition critique est faite par Madre dans LLULLUS, Ars brevis : 173-255. Nous
ignorons si Ibn al-Qil'%&(! a utilisé une copie manuscrite ou l’une des premières éditions.
8. La première édition a été faite à Venise en 1480 ; l’édition critique a été rédigée par Madre
dans LLULLUS, Ars generalis.
9. Pour la commodité et la facilité du travail, nous utilisons la traduction française faite par A.
Llinarès dans LULLE 1991.
224 Les œuvres en prose

D’abord, Ibn al-Qil"#!$% reprend le même schéma que celui de Raymond


10 11
Lulle ; ainsi il cite les treize parties du livre : l’alphabet , les figures , les
12 13 14 15
définitions , les règles , la table , l’évacuation de la troisième figure , la
16
multiplication de la quatrième figure , la combinaison des principes et des
17 18 19 20 21
règles , les neuf sujets , l’application , les questions , le maniement et la
22
manière d’enseigner cet Art .
Le contenu de l’œuvre donne à croire qu’Ibn al-Qil"#!$% n’a travaillé que les
deux premières parties du livre :

I- L’alphabet
L’alphabet dans l’Art bref est composé de neuf lettres : B, C, D, E, F, G, H,
I, K.
Chacune de ces lettres comporte plusieurs significations, au total six (ou sept pour la lettre
K) que l’on peut répartir en deux volets : celui des notions fondamentales et celui des
notions appliquées. Les notions fondamentales sont les principes absolus, les principes de
23
relation, les règles ou questions générales.

Raymond Lulle déclare qu’il faut connaître par cœur cet alphabet, sinon
celui qui utilisera l’Art ne pourra l’employer correctement :
B signifie bonté, différence, est-ce que ?, Dieu, justice, avarice ;

C signifie grandeur, concordance, quoi ?, ange, prudence, gourmandise ;

D signifie éternité ou durée, contrariété, de quoi ?, ciel, force, luxure ;

E signifie puissance, principe, pourquoi ?, homme, tempérance, orgueil ;

10. Alef bet.


11. Al-(a!9al&'t.
12. ‘Intih&'’ al-qaw&'n-.n.
13. Al-qaw&'n-.n.
14. Az-zur)*(%
15. Al-itk&'bah f-. al-34il34 (a!9al&'t.
16. Al-tik34&'r f-. r&'bi( (a!9alat.
17. I+,til&'37 al-awal-.y&'t f-. al-qaw&'n-.n.
18. At-tis(ah al-musta(bid-.n.
19. At-ta34n-.yah.
20. At-ta34n-.y&'t f-. at-tak34-.r.
21. Al-(&'dah.
22. Al-ma(n&' al-muq&'l f-. ha#$ih a58-58in(ah.
23. LULLE 1991 : 85.
1.13 L’Art bref de Raymond Lulle 225

F signifie sagesse, moyen, combien ?, imaginative, foi ;

G signifie volonté, fin, quel ?, sensitive, espérance, envie ;

H signifie vertu, supériorité, quand ?, végétative, charité, colère ;

I signifie vérité, égalité, où ?, élémentarité, patience, mensonge ;


24
K signifie gloire, infériorité, comment et avec quoi ?, instrumentalité, pitié, inconstance.

Notons qu’Ibn al-Qil"#!$% a divisé la première lettre en deux, ce qui donne un


total de dix lettres au lieu de neuf.

II- Les figures


Ibn al-Qil"#!$% suit les définitions des quatre figures brossées par Lulle, ainsi
que les schémas qui les représentent.
25
La première figure :
La première figure ou figure A est un cercle divisé en neuf secteurs, qui contiennent les
lettres B, C, D, E, F, G, H, I, K, dont chacune représente un principe absolu : bonté,
26
grandeur, éternité ; puissance, sagesse, volonté ; vertu, vérité, gloire.
27
La deuxième figure :
La deuxième figure ou figure T se compose de trois triangles équilatéraux égaux, inscrits
dans un même cercle. Le premier triangle, BCD, de couleur verte, figure, par trois
sommets, la différence, la concordance et la contrariété. Le deuxième triangle, EFG, de
couleur rouge, figure le principe, le moyen et la fin. Le troisième triangle, HIK, de couleur
jaune, figure la supériorité, l’égalité et l’infériorité. Ces principes ainsi figurés sont
universels, car tout ce qui existe, existe comme différence, concordance ou contrariété,
comme principe, moyen ou fin, comme supériorité, égalité ou infériorité. Hors de ces
28
principes rien ne peut exister.

Pour donner un exemple de la traduction arabe (en garchouni) d’Ibn al-


Qil"#!$%, nous reproduisons la transcription du début de l’explication de la
deuxième figure :

24. LULLE 1991 : 108-109.


25. Voir LULLE 1991 : 110-111.
26. LULLE 1991 : 87.
27. Voir LULLE 1991 : 112-115.
28. LULLE 1991 : 87.
226 Les œuvres en prose

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...u%3P% G.kA Y3‹ Bk.$% %&S %Km 9H GPKm 5F >% KoP &*KP 9=:+ .s`
29
La troisième figure :
La troisième figure comprend les éléments de la première et la deuxième figure,
représentés les uns et les autres par les mêmes lettres B, C, D, E, F, G, H, I, K. Elle est
constituée par un groupement de huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, une case, soit au
total trente-six cases, contenant chacune un couple de lettres. Le nombre total de couples
réalisables est de soixante-douze. Mais ce nombre se ramène à trente-six, puisque deux
lettres, B et C par exemple, donnent deux couples inversés, BC et CB, mais jugés
30
identiques dans un premier temps.
31
La quatrième figure ; celle-ci consiste en :
Trois cercles inégaux et concentriques, le plus grand étant fixe, les deux autres mobiles.
Chacun de ces cercles est divisé en neuf secteurs et chaque secteur renferme l’une des
neuf lettres de l’alphabet de l’Art. On peut ainsi amener successivement deux des lettres
des cercles mobiles en face d’une lettre du cercle fixe et obtenir de cette façon un nombre
total de 1680 combinaisons ternaires, qui seront réparties dans une table de 84 colonnes à
vingt combinaisons chacune […] Cette figure permet de former des chaînes de
raisonnements syllogistiques. La combinatoire est dès lors fondée sur des principes
32
universels et nécessaires, qui font figure d’axiomes.

En ce qui concerne ces différentes figures, notons que les schémas dans
Alep 127 et Fir Or 142, sont plus élaborés que ceux qui sont trouvés dans
Mouski Syr. 13.

29. Voir LULLE 1991 : 115-117.


30. LULLE 1991 : 87-88.
31. Voir LULLE 1991 : 117-119.
32. LULLE 1991 : 87-88.
1.13 L’Art bref de Raymond Lulle 227

III- Conclusion de l’œuvre


Raymond Lulle conclut ainsi le paragraphe concernant les quatre figures :
« Nous avons parlé des quatre figures, qu’il faut connaître par cœur. Sans elles,
33
on ne peut utiliser cet Art, ni le pratiquer. »
Ibn al-Qil"#!$% reprend la même conclusion, mais appelle son lecteur, dans les
manuscrits Alep 127 et Mouski Syr. 13, à ne jamais essayer de lire ce livre ou de
l’étudier sans l’avis d’un maître, car il est difficile et pourrait induire en erreur
ceux qui ne sont pas encore aptes à le comprendre.
Il ajoute que lui-même a étudié pendant dix-sept ans (Alep 127), ou sept ans
(Mouski Syr. 13), sans jamais oser parler de ce type de science ni écrire à ce
sujet. Ce livre est donc le premier à être élaboré par Ibn al-Qil"#!$% dans ce
domaine.
À la suite de la conclusion, nous trouvons dans les deux mêmes manuscrits,
34 35
Alep 127 et Mouski Syr. 13 , une récapitulation des grandes idées développées
auparavant ; l’auteur, ou le copiste, reprend les grandes idées trouvées dans
l’alphabet et les quatre figures et les explique d’une manière simple et
succincte.
Ensuite, Ibn al-Qil"#!$% fournit une série de définitions sur la justice,
l’intelligence, la puissance, le contentement, la foi, l’espérance, la charité, la
tendresse, la cupidité, l’égoïsme, etc., ainsi que sur les divers degrés de la
science : la théologie, la philosophie, le droit, la médecine, la géométrie,
l’astronomie, l’arithmétique, la musique, la logique, la rhétorique et la grammaire.
36
Ibn al-Qil"#!$% énumère enfin les bases de la foi chrétienne , en l’occurrence
37
le Credo, les sept sacrements, les dix commandements, etc.

38
IV- Épilogue : Contre les hérétiques
De nouveau, Ibn al-Qil"#!$% invite son lecteur à apprendre par cœur les leçons
données dans les figures et les autres explications. Il rappelle avec vigueur que
celui qui n’a pas atteint les divers degrés de la science déjà mentionnés n’a pas

33. LULLE 1991 : 119.


34. F. 6r-7v.
35. P. 81-85.
36. Ark&'n d-.n an-na58&'r&'.
37. Al-(a56r kilm&'t.
38. Alep 127, f. 9r-10v et 1r ; Mouski Syr. 13, p. 90-94.
228 Les œuvres en prose

le droit d’entamer des controverses surtout avec ceux qui sont excommuniés, en
dehors « des bras de l’Église de Rome », à cause de leur hérésie.
Ces hérétiques ne sont plus en communion avec l’Église et leurs sacrements
deviennent invalides.
De plus, il affirme :
L’Église de Dieu nous interdit de fréquenter les hérétiques et ne nous interdit pas de
fréquenter les musulmans et les autres religions ; la cause en est que les hérétiques sont
excommuniés, parce qu’ils ont transgressé [la loi de l’Église] et l’ont quittée alors que les
musulmans et les juifs n’ont jamais été dedans ni acceptés par elle ; ainsi il résulte que les
musulmans et les juifs sont mieux que les hérétiques ; même les idolâtres sont mieux que
39
les hérétiques…

Ces hérétiques prétendent que « le siège de Pierre s’est éloigné de la foi et


40
que le Bar"#d!$% [Jacques Baradée] le fils de &',-01"#n al-dirz$% a affermi son siège
dans la foi orthodoxe ». Ces paroles sont des mensonges propagés par des
hérétiques excommuniés et qui n’ont plus de crédibilité.
Alors, le lecteur est invité à affermir sa foi dans celle de l’Église de Rome et
à avoir confiance en elle. Sinon, la justice de Dieu le poursuivra et il sera déchu
comme les grands hérétiques tels Nicolas, Macaire, Simon le magicien, Mani,
41
Arius, Nestorius, Origène, Apollinaire, Sergius, Paul, Dioscore…
À la fin, Ibn al-Qil"#!$% rappelle à son lecteur de ne pas fréquenter les
hérétiques et de ne pas engager de polémiques avec eux, sauf s’il a bien étudié
42
et s’il est passé par les quatorze degrés de la science ; dans ce cas, il n’aura
plus besoin de maître terrestre, car le maître éternel sera son guide dans le
combat.

39. Alep 127, f. 9v-10r. Mouski Syr. 13, p. 92, ne cite pas les juifs avec les musulmans.
40. Alep 127, f. 10r ; Cette expression est absente dans Mouski Syr. 13, p. 92, qui déclare plutôt :
« Maxime le fils de l’adultère a affermi son siège [celui de Pierre] dans la foi orthodoxe » ;
l’expression « Maxime le fils de l’adultère », qui comporte une connotation monothélite, fut
ensuite barrée par une main postérieure sans être remplacée !
41. Dans Alep 127, le texte de 10v est amputé du folio qui suit et qui est inséré juste au début :
f. 1r.
42. En fait, Ibn al-Qil'%&(! n’a cité dans cet ouvrage que onze degrés.
229

1.14 LE LIVRE DES CINQ SAGES DE RAYMOND LULLE

Cette œuvre n’est pas citée par Douaihy ou Graf. Elle est attestée dans un
1
seul manuscrit : Alep 127 .
L’auteur de la version arabe est Ibn al-Qil"#!$% qui se présente vers la fin :
2
« L’évêque &'ibr"#y$%l, méprisable et pécheur, fils de Bu*+r,-s al-Qil"#!$% du village
3
Le0/fed, un religieux ifran12$% [latin, littéralement : franc]. »
4
Ibn al-Qil"#!$% ajoute qu’il a fini la traduction « du grec (latin) en arabe », à
5
Beyrouth, le 10 septembre 1498 .
En outre, la source originale de cette œuvre n’est pas citée par Ibn al-Qil"#!$%
qui ne lui donne même pas de titre spécifique et se contente de dire :
Je commence à écrire une controverse qui a eu lieu dans une forêt inhabitée sous l’ombre
d’un arbre et à côté d’une fontaine, entre quatre maîtres qui, depuis longtemps, ont déjà
commencé à étudier la philosophie : l’un était franc [latin], l’autre r)*m-. [byzantin], le
6
troisième jacobite et le quatrième nestorien…

Une recherche poussée nous a permis d’identifier la source utilisée par Ibn
7
al-Qil"#!$% : c’est la « Dispute des cinq sages » (Liber de quinque sapientibus) de
Raymond Lulle (†1316), un ouvrage polémique écrit à Naples vers la fin du
e 8
XIII siècle .

L’intention de rassembler dans une œuvre les idées des chrétiens non
catholiques au lieu de se concentrer sur la conversion des musulmans, est bien
expliquée par Raymond Lulle dans un paragraphe écrit quelques années plus
tard à Paris :
Quand on prie les Sarrasins d’être chrétiens, ils demandent s’ils le seront en l’Église latine
ou grecque, ou s’ils embrasseront la foi des jacobites ou des nestoriens, car ils ne savent

1. F. 34r-101r.
2. Certainement, ce mot fut ajouté par le copiste et non par Ibn al-Qil'%&(! lui-même qui ne
devient évêque que vers 1507.
3. F. 98v.
4. Comme d’habitude, l’auteur utilise le mot « grec » pour désigner le « latin ».
5. F. 98v et 101r.
6. F. 34r.
7. À présent, nous trouvons deux recensions de cet ouvrage : une version catalane, (LLULLUS,
Disputacio), et la version latine par SALZINGER 1722, II, int. IV : 1-52. C’est cette dernière
édition que nous avons consultée pour notre étude.
8. LULLE 1993 : 41-42.
230 Les œuvres en prose

pas quelle est la vraie foi, celle des vrais chrétiens ou celle des schismatiques. C’est
pourquoi les catholiques, et particulièrement les docteurs latins, doivent s’entendre avec
9
les schismatiques pour les amener à s’unir à l’Église catholique.

Le texte arabe reprend la même structure que celle du texte latin avec les
mêmes subdivisions : dans chaque dispute, le latin réussit à convaincre son
adversaire ou, au moins, à le rendre perplexe, et cela dans dix chapitres pour
chaque dispute.
Ainsi, le latin arrive à confirmer la procession de l’Esprit du Père et du Fils
(le Filioque) ; il convainc le nestorien que le Christ est une seule personne ; il
dispute au sujet des deux natures avec le jacobite et, enfin, parce qu’il a excellé
avec tous ces gens, c’est à lui qu’incombe le rôle d’expliquer au musulman (le
sarrasin) le dogme de la Trinité et de l’incarnation.
Nous reproduisons la même structure qui se trouve chez Raymond Lulle,
mais sans essayer de détailler l’explication :
Prima pars : disputatio Latini et Graeci
10
- Quod Sanctus Spiritus procedat a Patre et Filio :
7&8:% v+C ’?-P% 96
Secunda pars : disputatio Latini et Nestorini
11
- Quod in Jesu Christo non sit nisi una Persona tantum :
!"#$% b JKŠ?)]:% >+&8.o* 9*&:% †H3]ma% 96
Tertia pars : disputatio Latini et Jacobini
12
- Quod in Christo sint duae Naturae :
G-m?o":% >+&8.o* ?ž !"#$% b †.o"-p:% I?‹% 96

Nous remarquons dans cette partie qu’Ibn al-Qil"#!$% a ajouté et réuni les
Arméniens et les maronites aux jacobites, détail qui n’existe pas dans le texte
latin de Raymond Lulle ; en fait, il attaque les arméniens, parce que, à l’instar
des jacobites, ils croient en une seule nature dans le Christ. Quant aux

9. LULLE 1989 : 258. Cet ouvrage constitue la seconde partie du De quadratura et


triangulatione circuli, inédit en catalan, partiellement édité en latin. Voir LULLE 1993 : 42.
10. SALZINGER 1722, II, int. IV : 1-18.
11. SALZINGER 1722, II, int. IV : 18-24.
12. SALZINGER 1722, II, int. IV : 24-31.
1.14 Le livre des cinq sages de Raymond Lulle 231

maronites, ils sont accusés par Ibn al-QiE"#!$% de croire en une seule volonté dans
le Christ.

Quarta pars : Disputatio Latini et Saraceni : Quod Deo sit Trinitas et


Incarnatio
Distinctio I - De Trinitate : 7&ma%
Ÿ3:?:% 96
Caput I - Quod in Deo sit Pluralitas : % b K.=.H ,?8* ?H
Caput II - Quod Pluralitas sit in Paternitate et Filiatione et Spiratione :
’?-Pa%+ J3]-:%+ J32a% b ,?8A JK.=:% wkA >%
Caput III - Quod Pluralitas sit in tribus Personis tantum :
K.F% b a+ 5m% b a+ /"P?m% {<.:% b Y&=S ,?8A JK.=:% wkA >%
Caput IV - De Objectionibus et Solutionibus : II?|$% ,?c 96
Distinctio II - De Incarnatione : % 92% !"#$% &#¡ 96
Caput I - Quod Persona Filii Dei assumpserit nostrum Humanitatem
in Unitate Personae : (¢?4 >%3]6 >+I)
13
Caput II - De Objectionibus et Solutionibus :
sra% &#g.:% 96 J?]Q?W+ ?H &t G¡?]:% ™3=€:% ,?c

Pour cette partie, Ibn al-Qil"#!$% introduit un juif qui assiste à la dispute avec
le musulman.
14
À la fin, on envoie une pétition au pape Célestin pour l’informer des
résultats des diverses disputes ; le musulman et le juif, tous deux, seront
baptisés de la main du pape et tous les chrétiens « recommencent à boire du
15
même calice » .
Ibn al-Qil"#!$% n’oublie pas non plus de dire que l’ouvrage a été écrit en 1294
à Naples.

13. SALZINGER 1722, II, int. IV : 31-50.


14. Il pourrait être le pape Célestin V, lequel prit le pouvoir le 5 juillet 1294 et s’en désista le 23
décembre 1294.
15. F. 98v.
232 Les œuvres en prose

Cette information reprend, en fait, la même fin que celle du livre de


Raymond Lulle : « Data est haec petitio in Civitate Neapolitana sancto Patri
16
Cœlestino Quinto et honoratis Dominis Cardinalibus Anno MCCXCIV. »

16. SALZINGER 1722, II, int. IV : 50-51.


233

1.15 DE LA PHILOSOPHIE, DE L’ASTROLOGIE ET D’AUTRES SUJETS

1 2
Cette collection se trouve dans les manuscrits Alep 127! et Mouski Syr. 13 .
Elle n’est mentionnée ni par Douaihy ni par Graf.
En aucun endroit Ibn al-Qil"#!$% n’est cité comme étant l’auteur ou le
compilateur de cette collection, mais plusieurs indices poussent à inscrire ces
écrits dans son corpus :
– dans les deux manuscrits, cette collection, où l’auteur parle à la première
3
personne, se situe juste avant un autre document d’Ibn al-Qil"#!$% <;
– le style et le vocabulaire sont très similaires à ceux d’Ibn al-Qil"#!$% ;
4
– plusieurs informations se retrouvent dans les recueils d’Ibn al-Qil"#!$% .
L’auteur souligne dès la première ligne son intention et son but :
Au nom de Jésus, je commence à écrire une petite description à propos des fonctions de la
sagesse, dans un style philosophique, [adressée] au lecteur dans une explication sommaire,
afin qu’il sache le danger qu’il encourt s’il parle contre la parole du théologien.

Avant de se lancer dans le domaine de la science et de la culture, l’apprenti


doit d’abord se tourner à l’intérieur de lui-même, afin qu’il se purifie et se vide
des idées mauvaises, car la science n’est pas comme le plomb qu’on jette dans
le puits pour en extraire autre chose, mais elle est plutôt légère et flotte sur
l’eau.
Quels sont les moyens pour l’appréhension et la compréhension de la
philosophie ? La réponse de l’auteur est claire : la charité, la foi et l’espérance ;
la crainte de Dieu ; la patience ; l’humilité.
5
Dans le premier chapitre , l’auteur fournit plusieurs explications concernant
les définitions de la sagesse, de l’intelligence, de la philosophie et de la capacité
de l’homme à acquérir une science.
Il continue son exposé en élaborant plusieurs définitions des différents
degrés de la science : la physique, la philosophie, la mécanique, la théologie, la

1. F. 101r-117r.
2. P. 136-164.
3. Voir Commentaire du Prologue de saint Jean.
4. Telle l’histoire des Sybilles, à Rome, qui ont prophétisé sur la venue du Christ. Voir
Explication de la foi.
5. Alep 127, f. 102v-104v ; Mouski Syr. 13, p. 139-143.
234 Les œuvres en prose

théorique, les mathématiques, la rhétorique, la musique, la logique, la


6
grammaire, etc.
7
Un deuxième chapitre est consacré à la connaissance de l’Invisible comme
Dieu, les anges, les djinns, l’âme de l’homme et l’âme du monde. Cette
connaissance, bornée et limitée, ne peut accéder à la perfection.
L’auteur poursuit sa pensée par l’explication des relations qui existent entre
les trois Personnes de la Trinité : l’une est-elle plus forte que les autres ?
Chacune a-t-elle des attributions spécifiques ? Ont-elles la même essence ? etc.
Vient ensuite une description concernant les anges, les djinns et leur
division en bons et mauvais, leur nombre, leur rôle, leurs apparitions, leur
influence, etc.
8
Le troisième chapitre évoque la création du monde, du cycle solaire, des
astres et leur influence sur la vie des hommes, l’équinoxe, les éclipses solaire et
9
lunaire, les signes du zodiaque, les saisons, le soleil, la lune, etc.
À titre d’exemple, l’auteur dit que l’hiver est la saison qui « raccourcit l’âge
et cabosse les vieux » alors qu’en avril, les gens malades guérissent vite, car « le
sang circule plus facilement dans les veines ».
10
À la fin , l’auteur demande à son lecteur d’être toujours humble même s’il
en arrive à connaître beaucoup de choses ; il le met également en garde de ne
pas défier ni contredire les gens plus cultivés que lui et l’exhorte à consacrer du
temps à aider les gens moins intelligents ou cultivés que lui.
L’auteur ajoute qu’il n’est pas responsable de celui qui s’écarte de la vraie
foi en prétendant que la responsabilité en incombe à ses écrits, parce que le
lecteur n’aurait pas compris.
Ibn al-Qil"#!$% trace le parcours qu’un étudiant doit suivre pour réussir à
discuter les questions de la foi : il lui faut commencer par la grammaire puis
apprendre la philosophie avant de suivre, pendant trois ans, des études
théologiques, et c’est là qu’il pourra commencer à prétendre avoir une
connaissance théologique.

6. Voir l’Arf bref de Raymond Lulle.


7. Alep 127, f. 104v-108v ; Mouski Syr. 13, p. 143-151.
8. Alep 127, f. 108v-116r ; Mouski Syr. 13, p. 151-163.
9. Voir Sur le zodiaque, les planètes et le fêtes mobiles ; Sur les sphères ; Sur la médecine et
l’influence des astres.
10. Alep 127, f. 116r-117r ; Mouski Syr. 13, p. 163-164.
235

1.16 TRAITÉ SUR LE CALENDRIER ATTRIBUÉ À EUSÈBE DE CÉSARÉE

1
Ce traité se trouve dans un seul manuscrit, le Mouski Syr. 13 ; il n’est pas
mentionné par Graf ou par Douaihy.
Ibn al-Qil"#!$% n’est pas nommé comme le traducteur de ce traité ou l’auteur
de la version présentée dans ce manuscrit ; mais c’est la comparaison du
2
contenu de ce traité avec deux poèmes d’Ibn al-Qil"#!$% qui nous permet de le lui
attribuer.
Signalons d’abord un détail digne d’intérêt : ce traité est écrit tantôt en
syriaque, tantôt en garchouni.
D’après le titre, en syriaque, ce traité est le Chronicon d’Eusèbe de
3
Césarée, étendu au cycle de l’année, comme le reçoit l’Église, brièvement .
Le titre syriaque reste ambigu et la source à laquelle Ibn al-Qil"#!$% a pu
puiser ses informations reste inconnue. Nous pouvons seulement dire que cette
source circulait dans une version syriaque et fut attribuée à Eusèbe de Césarée
(†!ca 340). En fait, le seul traité attribué à Eusèbe de Césarée, qui ait un rapport
4
à notre sujet, est son Histoire ecclésiastique , dans laquelle il cite un travail
5
d’Anatole de Laodicée (†!ca 282) , pour confirmer sa thèse désignant le 22 mars
comme la date annuelle de Pâques.
Quant à l’œuvre présentée dans notre manuscrit, elle se compose de
plusieurs paragraphes dont chacun traite un point spécifique concernant le
comput et le calendrier.
Ibn al-QiE"#!$% commence par donner à chaque mois de l’année, le nombre de
6
jours qui lui correspond, son numéro et son signe du zodiaque :

1. P. 13-20.@
2. Voir Sur le zodiaque, les planètes et le fêtes mobiles ; Sur la médecine et l’influence des
astres.
3. @aóîgíÈ#i@aò‡È@þjÕà†@ã‡à@Úîe@aóå’†@bïØì‹ÙÜ@bz“¿@bî‹!Ô@‘íïj"ìe†@çíÕïäì‹Ø
4. LAWLOR AND OULTON 1927, II : 3-5.
5. Eusèbe écrit à propos d’Anatole : « Mirae doctrinae vir fuit in arithmetica, geometria,
astronomia, grammatica, rhetorica, dialectica. Cuus ingenii magnitudinem de volumine
quod super Pascha composuit et decem libris de arithmeticae institutionibus, intelligere
possumus ». P.L., XXIII : 683.
6. Les signes du zodiaque en syriaque sont : aòb!à (balance), bi‹ÕÈ (scorpion), b%“Ø
(sagittaire), bî‡u (capricorne), ýì† (verseau), bäíä (poissons), a‹àa (bélier), aŠìò (taureau), bćàaò
(gémeaux), bå ‹" (cancer), bîŠe (lion), aóÝj’ (vierge).
236 Les œuvres en prose

Octobre, 31 jours, 1, Balance.


Novembre, 30 jours, 4, Scorpion.
Décembre, 31 jours, 6, Sagittaire.
Janvier, 31 jours, 2, Capricorne.
Février, 28 jours ou 29 si l’année est bissextile7, 5, Verseau.
Mars, 31 jours, 5, Poissons.
Avril, 30 jours, 1, Bélier.
Mai, 31 jours, 3, Taureau.
Juin, 30 jours, 6, Gémeaux.
Juillet, 31 jours, 1, Cancer.
Août, 31 jours, 4, Lion.
Septembre, 30 jours, 7, Vierge.
Pour connaître par cœur les lettres des mois, il suffit d’appliquer une
méthode mnémotechnique simple, mais efficace : mémoriser les groupes de
mots qui correspondent à leurs chiffres syriaques : ado (146), bhh (255), ago
(136) et adz (147).
Pour apprendre les signes du zodiaque qui correspondent au mois, il suffit
également d’appliquer la même méthode mnémotechnique : mémoriser les
groupes de mots qui correspondent à leurs premières lettres syriaques : m!k,
gdn, att, sa">.
L’année est composée de 365 jours et, tous les quatre ans, on rencontre une
année bissextile de 366 jours (février comptera 29 jours). L’auteur calcule
ensuite le nombre d’heures par année.
Comment connaître « la tête », le premier jour d’une année syriaque [selon
l’ère grecque ou d’Alexandre] :
On doit soustraire 1400 de l’année syriaque, puis on continue de soustraire
du reste le nombre 28, pour arriver à un total inférieur à 28. Si le montant est
supérieur à 4, on lui ajoute son quart et l’on commence à soustraire du total le
nombre 7 jusqu’à arriver à un chiffre inférieur ou égal à 7. Le chiffre obtenu
sera alors celui qui correspond au premier jour de l’année syriaque.

7. b“ïjØ
1.16 Traité sur le calendrier attribué à Eusèbe de Césarée 237

Une autre manipulation consiste à continuer de soustraire le nombre 7 d’une


année quelconque pour arriver à un nombre inférieur ou égal à 7. Ce nombre
sera la « tête » de cette année.
Une autre observation intéressante est que le dernier jour de septembre
correspond, en fait, à la « tête » de l’année courante.

Comment connaître le premier jour d’un mois :


On doit prendre le chiffre correspondant à l’année et l’ajouter au chiffre qui
correspond au mois recherché ; si le montant est supérieur à 7 alors il faut
soustraire 7 et le reste sera le chiffre qui correspond au jour qui débute le mois.
8
Ibn al-Qil"#!$% donne un exemple : l’année syriaque 1765 a le chiffre 1
9
comme marque de son début .
Pour connaître le jour qui débute le mois d’octobre, il faut ajouter le chiffre
1 (pour l’année 1765) au chiffre 1 (la marque du mois d’octobre) ce qui donne
le nombre 2 et ce qui explique que le mois d’octobre de l’année syriaque 1765
10
commence un lundi .
Ainsi, on peut calculer les jours qui débutent tous les autres mois :
novembre : 1+4 =5 (jeudi) ; décembre : 1+6=7 (samedi) ; janvier : 1+2=3
(mardi) ; février : 1+5 =6 (vendredi) ; mars : 1+5=6 (vendredi) ; avril : 1+1=2
(lundi) ; mai : 1+3=4 (mercredi) ; juin : 1+6=7 (samedi) ; juillet : 1+1=2
(lundi) ; août : 1+4=5 (jeudi) et septembre : 1+7=8 ; dans ce cas on pratique une
soustraction 8-7=1 (dimanche).

Ibn al-Qil"#!$% répond par un calcul mathématique à quiconque voudrait


connaître le raisonnement conduisant au nombre qui correspond à chaque mois :
On continue de soustraire le nombre 7 du total des jours de l’année, en
l’occurrence 365, ce qui donne le nombre 1 ; c’est le nombre qui correspond au
début de l’année, en l’occurrence le mois d’octobre.
On ajoute le nombre 1 au total des jours d’octobre (1+31=32) et on lui
applique le même calcul de soustraction par 7, ce qui donne le nombre 5 : c’est
le nombre qui correspond au début du mois de février.

8. Ce qui correspond à l’année1453-1454 ap. J.-C.


9. N’oublions pas que l’année syriaque débute en octobre.
10. 1: dimanche, 2: lundi, 3: mardi, 4: mercredi, 5: jeudi, 6: vendredi, 7: samedi.
238 Les œuvres en prose

Et ainsi, on refait le même calcul pour tous les mois, ce qui donne leur
nombre correspondant : octobre, 1 ; novembre, 4 ; décembre, 6 ; janvier, 2 ;
février, 5 ; mars, 5 ; avril, 1 ; mai, 3 ; juin, 6 ; juillet, 1 ; août, 4 ; septembre, 7.
239

1.17 EXCOMMUNICATION CONTRE LES MELKITES

1
Cette excommunication contre les #$%m (melkites) est insérée dans le
2 3
manuscrit Kuri 1 entre plusieurs traités sur la confession .
Gabriel Ibn al-Qil"#!$% se présente à l’incipit et déclare :
Cette excommunication, je l’ai trouvée, moi !"ibr#$y%&l al-le'(fd%& dans l’Église de Rome,
4
contre les R!"m, en l’occurrence les melkites, et je l’ai traduite de la langue latine en
langue arabe, en l’année 1483 des années de notre Seigneur et cela, non par mépris, mais
dans l’espérance que s’ils la regardent, ils se posent des questions.

Ibn al-Qil"#!$% ajoute que cette excommunication a été lancée par le pape à
Rome pendant le concile de Latran [?], en l’église Saint-Jean-Baptiste, en avril
5
1038 .
Nous n’avons pas pu identifier la source ou la référence de cette
excommunication ; nous aurions même tendance à considérer que la date
donnée est soit erronée soit mal transcrite par le copiste !
La lettre affirme que les R$%m ont déformé la création, car ils ont suivi les
enseignements de Satan. Ils n’ont pas répondu aux appels du pape et la
6
responsabilité en est imputée au patriarche qui réside à Constantinople .

Le pape déclare :
Nous avons essayé d’écrire à nos frères les archevêques et les évêques, puis au synode des
Pères ; et malgré cela, les R)*m sont demeurés hérétiques et le Siège apostolique les a
excommuniés, eux, leurs enfants et ceux qui les suivent.

1. Al-#$irm.
2. P. 243-247.
3. Un manuel pratique de la confession (p. 43-107) ; sur la confession d’Antonin de Florence
(p. 107-176) ; sur la confession de Bernardin de Sienne (p. 181-242) ; sur le repentir (p. 242-
243) ; sur le repentir (p. 248-265).
4. Ibn al-Qil#$+%& écrit al-y!"n%&n'& qui signifie « grec » mais il désigne plutôt le « latin », comme
c’est le cas dans tous ses écrits.
5. C’était le pape Benoît IX qui régnait à cette époque (1032-1045, 1047-1048) et qui, à notre
connaissance, n’a promulgué aucune excommunication contre les Byzantins.
6. Ba()rak ar-R!"m al-qa()in f'* Is()anb!"l (p. 244). C’était le patriarche Alexis Studites (1025-
1043).
240 Les œuvres en prose

Et parce qu’ils s’entêtent dans l’hérésie, le pape les frappe de maintes


malédictions :
Que les peuples étrangers et non croyants les piétinent ; que le pain qu’ils mangent leur
cause des souffrances ; que l’eau qu’ils boivent devienne amère comme une figue de
7
barbarie ; […] qu’ils se dessèchent comme l’herbe ; qu’ils soient solitaires comme le
Phénix ; que les villes, propriétés et villages qu’ils habitent deviennent ruines ; que leurs
arbres, vignes et champs ne donnent plus de récoltes […].

Ces anathèmes et malédictions ne sont pas une cause personnelle, car le


pape rallie à sa cause les apôtres Pierre et Paul, tous les papes qui l’ont précédé
et ceux qui vont lui succéder.
Alors toute personne qui ne se convertit pas, mais continue de soutenir la
8
cause de melkites , sera excommuniée et ne pourra plus être promue, ne pourra
jamais accéder au pouvoir, avoir un sacerdoce, être invitée à un concile, être
entendue comme témoin ou recevoir l’héritage de ses parents.
Tout acte fait par un homme excommunié devient invalide et irrégulier,
qu’il soit gouverneur, marchand, intendant, fonctionnaire, prêtre ou diacre.
En somme, tout homme qui ose transgresser la loi de l’Église de Rome et
suivre les opinions des melkites tombe sous le coup de cette excommunication
et sera mis « hors de l’Église ».

7. Mr%&r a+,-+,abr (p. 245).


8. Al-malak'*yat.
241

1.18 LA FOI DES MARONITES

Sous ce titre, nous désignons plusieurs œuvres conservées dans le manuscrit


1 2
Ashqut 52 , et intitulées I!tiq&'d "(a!b M&'r$%n [la foi du peuple de Maron] .
Le manuscrit Ashqut 52 comporte Les opuscules de foi attribués à Jean
3 4
Maron , les Dix chapitres de Thomas de Kfartab , des Questions et réponses de
5
saint Éphrem et d’Abraham, son neveu , ainsi que des mimrés syriaques
6
attribués à saint Isaac .
Le colophon informe qu’en 1503, les possesseurs de ce manuscrit l’ont
7
confié à Ibn al-Qil"#!$%, afin qu’il en refasse la reliure . Ayant trouvé que le texte
8
de Thomas de Kfartab était plein de « venin » et « d’excrément du diable » , il
mit ses commanditaires en garde contre les mauvaises opinions et doctrines qui
y circulaient.
Ibn al-Qil"#!$% déclare qu’il a eu l’idée de nettoyer le livre des « mauvaises
graines » et de les brûler, mais il s’est rendu compte que cela n’était pas la
volonté de son propriétaire ; il décide alors d’intervenir, par des notes
9
interlinéaires , et d’élaborer l’antidote pour éclairer ou réfuter les idées
dangereuses. Ainsi, il adresse ses invectives à Thomas de Kfartab et à tous ceux
qui « s’occupent de questions théologiques sans préparation scolaire
suffisante ».
Et comme ces remarques n’étanchent pas la soif d’Ibn al-Qil"#!$% de réfuter
les « mensonges » des Dix chapitres, il ajoute à la fin du manuscrit, plusieurs
traités pour démontrer la foi des maronites.

1. CHEBLI, -Achqut : 921-922. BREYDY 1988, vol. 497 : 3-11, en fait une description détaillée.
Voir également BREYDY 1985 : 189.
2. Breydy 1985 : 189.
3. F. 1v-77v, sur deux colonnes, l’une pour le syriaque et l’autre pour la traduction arabe écrite
en garchouni ; l’œuvre est éditée dans BREYDY 1988.
4. F. 78r-105r, en garchouni, sur deux colonnes ; l’œuvre est éditée dans CHARTOUNI 1987.
5. F. 105r-131v, en garchouni, sur deux colonnes.
6. F. 131v-168r, sur deux colonnes (texte syriaque et traduction en garchouni).
7. Ms. Ashqut 52, f. 196r. Voir le texte dans BREYDY 1988, vol. 497 : 10.
8. ./i#0%&#0 ibl'*s. Douaihy cite cette information dans Apologie/II : 141-142.
9. Ibn al-Qil#$+%& intervient par des interlignes écrits en rouge : f. 1v, 2rv, 48r, 67v, 68r, 78r, 79r,
80r-82r, 83r-85r, 88r, 89r-90r, 92r-93r, 94rv, 98rv, 101r, 102r.
242 Les œuvres en prose

10
Joseph Derian, dans son livre Argumentations , cite la dernière œuvre de ce
livre et l’attribue d’abord à un maronite de l’époque contemporaine avant de se
rectifier et d’attribuer l’œuvre à Ibn al-Qil"#!$% en se fondant sur une note d’Ibn
11
al-Qil"#!$% lui-même .
Breydy, dans son livre sur Jean Maron, affirme l’attribution de la même
12 13
œuvre à Ibn al-Qil"#!$% . Il ajoute qu’il est possible que le patriarche Douaihy ait
inclus cet exposé sur la liste des œuvres d’Ibn al-Qil"#!$%, sous le titre : Sur la
14
croyance de la communauté maronite et de son union avec Rome , ou bien sous
15
le titre : Sur la Trinité .
En admettant que les ajouts interlinéaires et les exposés sur la foi des
maronites sont l’œuvre d’Ibn al-Qil"#!$%, nous remarquons toutefois une certaine
homogénéité codicologique et paléographique qui conduit à supposer le
manuscrit actuel comme le travail de deux scribes, l’un aurait été le responsable
de l’écriture en encre noir et l’autre aurait été le scribe des paragraphes écrits en
encre rouge.

16
Introduction générale
En s’appuyant sur les docteurs de l’Église : Bernardin, Ambroise, Augustin,
Jérôme et Grégoire, l’auteur affirme que seule la foi de l’Église de Rome est
vraie :
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Saint Bernardin dit : Celui qui prépare une nourriture gâtée, doit la rendre comestible.
Saint Augustin dit : L’enfer s’est rempli à cause des paroles de faux prophètes.
Saint Ambroise dit : Il est interdit au chrétien de manger avec celui qui fourvoie, droite et
gauche, loin de la foi de l’Église de Rome. Si quelqu’un assiste à une messe célébrée par
un prêtre égaré, il doit jeûner pendant quarante jours, se confesser et jurer de ne plus
refaire son erreur afin que l’Église l’accepte de nouveau.

10. DERIAN 1912 : 260-262.


11. Voir la conclusion de la deuxième partie, II- Incarnation.
12. BREYDY 1988, vol. 497 : 9-10.
13. BREYDY 1988, vol. 497 : 9.
14. I-tiq%&d al-milla al-m%&r!"n'*ya watti#$%&dihim ma- kan'*sat r!"mieh. Voir VS 215, f. 98v ;
Annales/Fahd : 369 ; VA 683, f. 72v ; Annales/Taoutel : 221.
15. -An sirr a(1-(1%&l!"(1. Voir VS 215, f. 98v ; Annales/Fahd : 369 ; VA 683, f. 72v ;
Annales/Taoutel : 221.
16. F. 168v.
1.18 La foi des maronites 243

Saint Jérôme dit : Celui qui fait entrer un esclave [negro] aux toilettes, même si la
négritude n’est pas lavée [blanchie], reçoit sa recompense.
Saint Grégoire dit : On doit brûler celui qui sème le doute sur la foi de Rome, même s’il
est prophète et rescussite les morts. De plus, celui qui le ménage est son complice.
C’est la croyance des Francs et des maronites syriaques.

I- La foi des Francs et des maronites syriaques17


C’est un traité sur la Trinité dans lequel l’auteur essaie d’expliquer la
relation entre les trois personnes de la Trinité, ainsi que la particularité (al-
)*&'"+,-yah) et les propriétés (a"+-"+if&'t) de chacune d’entre elles.
Le Père a engendré le Fils et c’est pourquoi il est Père. Le Fils est engendré
par le Père, mais non comme les hommes ; il n’a ni mère ni fils c’est pourquoi il
est seulement Fils. L’Esprit est émané du Père et du Fils ; il n’est pas père et il
n’est pas fils. Chaque personne de la Trinité a ses propriétés qui ne se
mélangent pas avec les propriétés des deux autres.
Là, est la grande faute des hérétiques qui attribuent à une personne de la
Trinité la particularité ou les propriétés des deux autres. Ces hérétiques
mélangent les natures et les essences comme « le sel avec le raisin ».

18
II- Sur l’incarnation du Fils de Dieu
L’orgueil de Satan et de ses soldats a provoqué leur chute ; Adam a chuté à
cause de l’avidité et de la cupidité. Par leur transgression, ils ont mérité la mort ;
mais Adam ayant pleuré sa faute, les anges ont supplié la justice de Dieu
d’avoir pitié de lui.
La miséricorde de Dieu a voulu le sauver et c’est pourquoi le Fils a pris
chair, est devenu homme, comme Adam, pour lui rendre l’innocence et la pureté
originelles.
Par son incarnation, le Fils a accepté d’avoir une mère et de partager la vie
des hommes, mais il est demeuré Dieu. Il est devenu un vrai homme, tout en
restant un vrai Dieu, sans mélange et sans contradiction.

17. F. 168v-174v : I-tiq%&d al-ifran23 wal-maw%&rinah as-sury%&n.


18. F. 174v-180r : -An ta23assud kalimat allah.
244 Les œuvres en prose

Là également, les hérétiques se sont trompés : les uns ont considéré que
l’incarnation du Fils était une fiction, les autres lui ont attribué une seule nature
ou une seule volonté.
La foi de l’Église est catégorique dans cela : le Christ est pleinement Dieu
et pleinement homme, sans contradiction, sans mélange et sans fusion :
Notre mère l’Église universelle nous enseigne que dans la Trinité, le Père, le Fils et le
Saint-Esprit sont un seul Dieu, un seul Seigneur, une seule nature, une seule volonté, une
seule essence, un seul pouvoir, une seule force, un seul ordre et une seule action dans trois
personnes unies.

Oui, tout ce qui est écrit dans les livres des maronites sur la seule nature ou la seule
volonté est expliqué et compris par rapport à la Trinité […], alors que pour le Christ, nous
croyons en deux natures et en deux volontés.

En outre, même si un hérétique fait des prodiges, on ne peut y croire, car il


est en dehors de la communion avec la Sainte Église, le Siège de Pierre, et en
dehors de l’obéissance de notre seigneur, le pape de Rome.
Par conséquent, ses miracles sont les méfaits du diable et non la bénédiction
de Dieu. Ces hérétiques sont privés de la vie éternelle, car ils sont humiliés sous
le joug des excommunications de l’Église universelle.
Ibn al-Qil"#!$% termine cette section par une déclaration solennelle :
Ma croyance est fondée sur le rocher affermi qui est Jésus-Christ et sur lequel fut fondée
et érigée la maison des Qil#$+%& avant que je sois conçu dans le ventre de ma mère et jusqu’à
présent et pour l’éternité, je demeure dans la foi de la maison des Qil#$+%&.

C’est dans cette maison que les lumières de l’Église de Dieu m’ont éclairé. Mes yeux ont
vu Sa majesté et celle de ses rois.

19
III- Sur le pouvoir du pape de Rome
Ibn al-Qil"#!$% veut absolument prouver que le pape est seul le chef de
l’Église et que son pouvoir est de tradition apostolique. Pour étayer cette idée, il
rappelle au lecteur le dialogue entre Pierre et le Christ dans lequel ce dernier dit
à Pierre, « le chef de l’Église et le pape de Rome » : « Pierre, tu dois savoir que

19. F. 180r-183r : -An +,ul()%&n b%&b%& R!"myeh.


1.18 La foi des maronites 245

Satan ira vous cribler comme la farine tamisée, mais j’ai prié pour toi, afin que
20
ta foi ne soit jamais ébranlée. Toi également, convertis et affermis tes frères. »
S’appuyant sur cette affirmation, l’auteur attaque les hérétiques qui nient le
pouvoir du pape de Rome et veulent créer leur propre Église. L’auteur veut
s’attacher aux enseignements de l’Église et non aux mensonges des hérétiques.
Ensuite, il actualise ses propos en les appliquant à la situation des maronites
de son temps :
Nous sommes conscients que nos ancêtres se sont égarés à plusieurs reprises, mais à
chaque fois ils se sont convertis et l’Église de Dieu les a accueillis. Nous serons insensés
si nous quittons la foi de nos ancêtres qui jaillit de la source de la vie, celle du Siège
apostolique, le chef des sièges, auquel obéissent les anges et les mortels.

[Nous serons insensés] si nous suivons deux personnes retranchées dans les grottes
comme des djinns et dont il est permis dans la loi de les brûler et de les tuer, parce qu’ils
ont semé le doute dans les cœurs simples, la zizanie dans le pays paisible, etc.

De plus, il réitère ses attaques contre ceux qui se considèrent comme des
saints alors qu’ils sont des hérétiques excommuniés et retranchés de la
communion de l’Église de Dieu. Ibn al-Qil"#!$% précise qu’il a écrit ce traité, afin
21
qu’il affermisse « le cœur de l’évêque et ses fidèles » ; il ajoute :
Il est bien qu’ils soient mes cousins, de ma chair et de mon sang. Mais s’ils suivent
l’hérésie des Orientaux22 et tombent ainsi sous les excommunications levées par notre
seigneur, le pape de Rome, alors je prie Dieu et je leur demande de ne jamais penser à moi
dans leurs prières ou d’avoir une communion dans la foi, car je sais très bien que la prière
de l’excommunié n’est pas exaucée.23

20. Lc 22, 31-32.


21. Allusion à l’évêque David de Le'(fed. Voir Lettre aux gens de Le#$fed ; Lettre à l’évêque
David.
22. Ma+4%&riqah.
23. Littéralement « la prière de celui qui est excommunié est une évocation » (.5al%&tuhu du-%&).
246 Les œuvres en prose

24
IV- Les témoignages des livres [patristiques]
Ibn al-Qil"#!$% reprend sa défense en faveur des deux natures dans le Christ en
s’appuyant sur les témoignages des Pères et docteurs de l’Église : Sylvestre,
Athanase, Paul d’Antioche, Basile, Grégoire, Isaac le Syrien, etc.
En parlant du concile de Chalcédoine, l’auteur lui attribue un rôle
fondamental dans l’établissement des dogmes de l’Église.
Il ajoute que jusqu’à Chalcédoine, la liste des hérésies s’élevait au nombre
de soixante-quinze, parmi lesquelles il cite celles d’Arius, d’Origène, de Mani,
de Nestorius, d’Apollinaire, d’Eutychès, de Sévère, de Dioscore, de Sergius,
etc.
Il ajoute également le nom de Paul, patriarche de Constantinople (†!653)25,
accusé de monothélisme, et frise, du fait même, une approche anachronique.

26
V- Exposé de foi du peuple de Maron
Cet exposé est composé d’une introduction et de six chapitres. L’auteur
27
déclare qu’il écrit « la foi maronite » en ce qui concerne les deux natures dans
le Christ. Mais dans les chapitres qui suivent, l’auteur adopte un schéma plus
élaboré :

28
1. Sur la Trinité : c’est l’exposé classique sur la Trinité et la relation entre
les trois Personnes, ainsi que les propriétés de chacune d’entre elles.

29
2. Sur l’incarnation : la deuxième personne de la Trinité, le Fils, s’est
incarné pour sauver l’homme du péché.

24. F. 183r-185r : -An +4ah%&d%&t al-kutub.


25. Patriarche d’Istanbul selon Ibn al-Qil#$+%&.
26. F. 185r-196r : 6-tiq%&d +4a-b M%&r!"n, écrit sur deux colonnes, en garchouni. Il est décrit dans
BREYDY 1988, vol. 497 : 9-10. À cause d’une reliure ultérieure lacunaire, Breydy a dû
repositionner les pages pour rétablir la structure originelle de l’œuvre ; nous le suivons dans
cette démarche.
27. 6-tiq%&d m%&r!"n'*.
28. F. 185v-186v.
29. F. 186v-188r.
1.18 La foi des maronites 247

30
3. Sur les natures (a./-./ib&'!) : le Christ est pleinement Dieu et pleinement
homme. Les deux natures ne sont ni mélangées ni confondues, mais chacune
possède ses particularités et ses propriétés. À l’intérieur de ce chapitre, Ibn al-
31
Qil"#!$% rapporte un long passage d’un sermon de saint Éphrem sur Isaïe .

32
4. Sur la substance (al-01awhar)
Après avoir parlé de la substance divine du Christ, l’auteur attaque les
hérétiques qui déforment la foi de l’Église, car « la théologie est un feu pour les
hérétiques alors qu’elle est une lumière céleste pour les croyants ».

33
5. Sur la foi de Pierre et du Siège romain
Afin de conforter les croyants dans leur foi, Ibn al-Qil"#!$% expose la foi de
Pierre et du Siège romain :
reçue par le patriarche Jérémie (Irmy#$), le patriarche du peuple de Maron, qui habitait le
Mont-Liban et cela en 1212 de l’incarnation sacrée, dans l’église Saint-Jean de Latran, la
maison du roi Constantin, de la main du Seigneur Innocent III, le pape de Rome, le
successeur de Pierre et le vicaire du Christ.

Ibn al-Qil"#!$% fait suivre cette déclaration par un long symbole de foi où il
affirme la foi des maronites en les grands dogmes de l’Église romaine : la
Trinité, l’émanation de l’Esprit du Père et du Fils, l’Incarnation, etc.
Ensuite, il profite de son attaque contre les hérétiques pour lancer ses
diatribes contre les ermites qui devaient renoncer à la vie des hommes pour se
consacrer à la prière dans les grottes, mais qui se disent prophètes et savants en
induisant les gens en hérésie.

34
6. Sur la foi de nos Pères : « Nous cherchons, nous les habitants du Mont-
Liban, la foi ancienne de nos ancêtres » pour la suivre.

30. F. 188r-189v et 194r.


31. F. 189rv : a‹àì†ì@aŠûò@bïjä@bïÉ’e†@þćà@ÞÈ
32. F. 194r-195v et 192rv.
33. F. 192v-193v et 190rv.
34. F. 190v-191v et 196r.
248 Les œuvres en prose

Depuis mille ans, les maronites n’ont jamais eu de rapport avec les autres
confessions religieuses qui les entourent ; en revanche, ils étaient en relation
avec l’Église de Rome qui est, elle seule, l’Église de Dieu.
Face à l’histoire glorieuse des maronites, l’auteur se lamente sur le sort de
sa communauté qui est devenue faible devant les attaques des hérétiques.
Autrefois, il y avait des hommes de confiance qui défendaient la foi et
allaient même tuer les hérétiques, alors que du temps de l’auteur, les gens sont
devenus comme des brebis, obéissant à tout ignorant.

Enfin, l’auteur réitère son affirmation que la splendeur des maronites réside
dans leur union avec les Francs et l’Église de Rome.
249

1.19 COLLECTION DE BULLES ADRESSÉES AUX MARONITES

Cette collection de bulles, que les papes ont adressées aux maronites entre
le XIIIe et le XVIe siècle, possède une grande importance, car elle résume à elle
seule une partie de l’histoire maronite, une histoire dogmatique, liturgique et
canonique.
L’importance de cette collection relève aussi du fait qu’elle fut traduite du
latin en arabe par Ibn al-Qil"#!$% lui-même et est reprise telle qu’elle par la plupart
de ses successeurs, d’où son caractère original.
Nous ne cherchons pas à élaborer une comparaison linguistique entre
l’original latin de ces bulles et leur traduction arabe, car une tâche pareille
impose toute une spécialisation et un ensemble d’outils spécifiques. Nous nous
contentons d’identifier les manuscrits contenant cette collection et de comparer
le résultat avec les éditions déjà existantes.
Cette collection est conservée actuellement dans trois manuscrits. Dans son
1
intégralité, elle se trouve dans le VA 640 . À l’exception de la bulle de Léon X
2
(1515) , cette collection est également attestée dans les mss Alep 127 et
Mouski Syr. 13, où les lettres se suivent chronologiquement et non
arbitrairement, comme c’est le cas dans le VA 640.
Le ms. Bkerke 110 est un registre regroupant plusieurs lettres envoyées aux
patriarches maronites, ou adressées par eux, mais son état de conservation est
critique et la lisibilité en est souvent très difficile ; pour cette raison, nous
n’avons pas pu identifier les bulles dans ce manuscrit et nous avons préféré
3
utiliser un autre registre de lettres, en l’occurrence le ms. Bkerke 113 .
Dans le VA 640, cette collection de bulles paraît hétérogène par rapport au
contenu du premier livre puisé dans ce « vieux manuscrit » de la patrologie
4
syriaque . La traduction arabe est bien celle d’Ibn al-Qil"#!$% qui l’affirme à
5
plusieurs reprises , mais son insertion dans le manuscrit VA 640 paraît être le
travail du copiste.

1. F. 26v-37r.
2. Douaihy n’aurait eu connaissance que du VA 640, car il inclut la bulle de Léon X dans
l’ensemble du premier livre d’Ibn al-Qil#$+%&. Voir Apologie/II : 253.
3. Le copiste de la plupart de ces bulles est l’évêque ,)*-). /0a-1r)*n%& (†!1695), le secrétaire du
patriarche Étienne Douaihy.
4. Voir Explication de la foi.
5. Voir Lettre au patriarche ./im-!"n al-78ada(1'*.
250 Les œuvres en prose

6
Chabot prétend qu’Ibn al-Qil"#!$% « forma un recueil de cinq cents lettres
adressées aux patriarches maronites par les papes depuis Innocent III jusqu’à
Léon X », et ajoute dans une note que :
Ce recueil (en arabe), qui existerait dans des bibliothèques maronites, n’a jamais été
publié. Il est probablement formé de documents pontificaux tirés des Bullaires ou des
Registres, traduits et interpolés par le collecteur, qui n’a eu qu’à changer le nom du
destinataire.
7 8
De son côté, Breydy attire l’attention sur le fait que Douaihy a
probablement mal lu le vrai nombre de bulles, qui est huit, (en garchouni ,) et
l’a interprété comme étant quatorze (en garchouni ‡î). La remarque de Breydy
pourrait correspondre, en fait, au nombre de bulles conservées dans le VA 640.
En revanche, Ibn al-Qil"#!$% lui-même, dans sa lettre au patriarche ?@im!,-n al-
23ada*4$%, en 1494, déclare avoir cherché avec lui quatorze bulles papales qu’il
9
déposa à Qannoubine .
Notons que les originaux de ces bulles étaient toujours conservés à la
résidence patriarcale de Qannoubine, d’après le témoignage même d’Ibn al-
Qil"#!$% :
10 11
1- Bulle du pape Innocent au patriarche Jérémie (Irmy"#) de !Am:>$%t le 4
12
janvier 1215 .
13 14 15
2- Bulle du pape Alexandre [au patriarche Simon] le 13 février 1256 .

6. CHABOT 1965 : 8.
7. BREYDY 1985 : 106.
8. En sachant tout de même qu’Ibn al-Qil#$+%& dit bien quatorze lettres même si le VA 640 n’en
conserve que huit. Voir Lettre au patriarche ./im-!"n al-78ada(1'*.
9. Voir Lettre au patriarche ./im-!"n al-78ada(1'*.
10. C’est le pape Innocent III (1198-1216).
11. Une grande polémique s’est lancée sur l’identité de ce patriarche et son existence. Voir
VS 395, f. 98r-99r ; ASSEMANUS 1881 : 36-37 ; Histoire/Chartouni : 371-373 ; Douaihy/Liste
: 24 ; GHABRIEL, Histoire, II/1 : 192-205 ; ANAISSI 1927 : 19-22 ; J.-B. CHABOT 1935 : 9-17
[29-37] ; DAGHER 1958 : 29-31 ; FAHD, Patriarches, I : 173-183 ; DEBS 1987 : 123-127 ;
DESREUMEAUX 2002 : 390.
12. VA 640, f. 26v-29v ; Mouski Syr. 13, p. 116-123 ; Alep 127, f. 15v-18r ; Bkerke 113, p. 92-
105 (texte latin et garchouni). Sur le texte de cette bulle et ses traductions, voir VS 395,
f. 94v-96v ; Histoire/Chartouni : 361-365 ; Apologie/II : 168-175 ; GHOBAIRA 1906 : 96-
101 : latin, 103-106 : arabe ; ANAISSI 1911 : 2-6 ; J.-B. CHABOT 1935 : 12-14 [32-34] ; GRAF,
GCAL, III : 320 ; FAHD, Patriarches, I : 179-183.
13. C’est le pape Alexandre IV (1254-1261). Douaihy se trompe en le nommant Alexandre VI.
VA 683, f. 43v ; Annales/Taoutel : 126.
1.19 Collection de bulles adressées aux maronites 251

16 17
3- Bulle du pape Eugène aux maronites, le 5 juin 1439 .
18
4- Bulle du pape Eugène au patriarche Y,-0/ann"# al-&'"#()$% ,< le 16 mai
19
1441 .
20 21 22
5- Bulle du pape Nicolas [au patriarche Jacques] le 19 août 1447 .

14. Nous connaissons peu de la vie de ce patriarche. Voir VS 395, f. 99r ; ASSEMANUS 1881 : 37 ;
Histoire/Chartouni : 373-374 ; Douaihy/Liste : 25-26 ; GHABRIEL, Histoire, II/1 : 206-207 ;
ANAISSI 1927 : 23-24 ; J.-B. CHABOT 1935 : 18-19 [38-39]; DAGHER 1958 : 32 ; FAHD,
Patriarches, I : 189-191 ; DEBS 1987 : 123-127.
15. Ibn al-Qil#$+%& note qu’il n’a pas transcrit cette bulle, car elle est trop longue et ne fait que
confirmer les faveurs données en 1215 au patriarche Jérémie en ne diffèrant de la bulle du
pape Innocent que dans quelques détails. Pour cela il transcrit seulement les signatures. Pour
le texte manuscrit, voir VA 640, f. 29v-30r ; Mouski Syr. 13, p. 123 ; Alep 127, f. 18rv ;
Bkerke 113, p. 104-116 (texte latin et garchouni). Sur le texte de cette bulle et ses
traductions, voir VS 395, f. 99r [la date est 1258] ; Histoire/Chartouni : 374 ; ANAISSI 1911 :
9-13 ; GRAF, GCAL, III : 320.
16. C’est le pape Eugène IV (1431-1447).
17. VA 640, f. 32r-33v ; Mouski Syr. 13, p. 124-126 ; Alep 127, f. 14v-15v ; Bkerke 113, p. 116-
121 (texte latin et garchouni). Sur le texte de cette bulle et ses traductions, voir VS 395,
f. 108r-109v ; GRAF, GCAL, III : 320 ; Histoire/Chartouni : 393-395 ; FAHD, Patriarches, II :
70-72 ; GHABRIEL, Histoire, II/1 : 283-286 ; Apologie/II : 216-218 ; GHOBAIRA 1906 : 107-
108 : arabe, 153-155 : français.
18. Le patriarche Y)*'(ann#$ al-!2#$34%& (†!1445). Voir VS 395, f. 105r-106v, 114rv ;
Histoire/Chartouni : 388-390, 401-402 ; GHABRIEL, Histoire, II/1 : 276-279 ; DEBS 1987 :
161-162 ; Douaihy/Liste : 29-31 ; ANAISSI 1927 : 28 ; FAHD, Patriarches, II : 63-73 ;
DAGHER 1958 : 40-41 ; ASSEMANUS 1881 : 38 ; J.-B. CHABOT 1935 : 21 [41].
19. VA 640, f. 31r-32r ; Mouski Syr. 13, p. 126-128 ; Alep 127, f. 13v-14v ; Bkerke 113, p. 122-
125 (texte latin et garchouni). Sur le texte de cette bulle et ses traductions, voir VS 395,
f. 106v-107v ; GRAF, GCAL, III : 320 ; Histoire/Chartouni : 390-392 ; FAHD, Patriarches, II :
68-70 ; GHABRIEL, Histoire, II/1 : 281-283 ; Apologie/II : 213-214 ; ANAISSI 1911 : 13
(latin) ; GHOBAIRA 1906 : 109-110 (arabe), 155-157 (français).
20. C’est le pape Nicolas V (1447-1455).
21. C’est le patriarche Ya+q)*b al-/0ada56%& (1445-1468) ; sa mort fut faussement datée en 1458 par
plusieurs chroniqueurs. Voir VS 395, f. 114v, 117r et 121v ; Histoire/Chartouni : 402, 406 et
413 ; GHABRIEL, Histoire, II/1 : 286-288 ; DEBS 1987 : 162-163 ; Douaihy/Liste : 31-32 ;
ANAISSI 1927 : 29-30 ; FAHD, Patriarches, II : 77-78 ; DAGHER 1958 : 41-42 ; ASSEMANUS
1881 : 38.
22. VA 640, f. 30v-31r ; Mouski Syr. 13, p. 128-130 ; Alep 127, f. 20v-21r ; Bkerke 113, p. 134-
137 (texte latin et garchouni). Sur le texte de cette bulle et ses traductions, voir VS 395,
f. 115rv ; GRAF, GCAL, III : 320 ; Histoire/Chartouni : 403 ; FAHD, Patriarches, II : 78-79 ;
GHABRIEL, Histoire, II/1 : 288-290 ; Apologie/II : 231-232 ; ANAISSI 1911 : 17-18 (latin) ;
GHOBAIRA 1906 : 108-109 (arabe), 157-159 (français).
252 Les œuvres en prose

23 24
6- Bulle du pape Calixte [au patriarche Jacques] le 19 mai 1455 .
25 26 27
7- Bulle du pape Paul au patriarche Pierre , le 5 août 1469 .
28 29 30
8- Bulle du pape Léon au patriarche ?@im!,-n al-23ada*4$% en 1515 .
En février 1515, le patriarche ?@im!,-n al-23ada*4$% a envoyé au pape
Léon X des copies de bulles conservées à Qannoubine, qui étaient celles
d’Innocent III (1215), Alexandre IV (1256), Eugène IV (1439 et 1441),
Nicolas V (1447), Calixte III (1455) et Paul II (1469). Le pape enrichit cette
collection par sa bulle Cunctarum orbis ecclesiarum, du premier août 1515.
Cette bulle est insérée dans le VA 640 et ne figure pas dans les autres
manuscrits. Vu qu’elle date du 1515, c’est-à-dire un an à peu près avant la
mort de notre auteur, nous avançons nos doutes sur son appartenance au
31
corpus d’Ibn al-Qil"#!$% =<

23. C’est le pape Calixte III (1455-1458).


24. VA 640, f. 30rv ; Mouski Syr. 13, p. 130-131 ; Alep 127, f. 21r ; Bkerke 113, p. 136-139
(texte latin et garchouni). Sur le texte de cette bulle et ses traductions, voir VS 395, f. 116rv ;
GRAF, GCAL, III : 320 ; Histoire/Chartouni : 404-405 ; FAHD, Patriarches, II : 83 ;
GHABRIEL, Histoire, II/1 : 290-291 ; Apologie/II : 233-234 ; ANAISSI 1911 : 18 (latin) ;
GHOBAIRA 1906 : 110-111 (arabe), 159 (français).
25. C’est le pape Paul II (1464-1471).
26. Bu57rus Ibn /0ass#$n al-/0ada56%& (1468-1492). Voir VS 395, f. 117r, 119r, 121v et 125r ;
Histoire/Chartouni : 406, 408, 413 et 417 ; GHABRIEL, Histoire, II/1 : 291-295 ; DEBS 1987 :
163-164 ; Douaihy/Liste p. 32 ; ANAISSI 1927 : 30-31 ; FAHD, Patriarches, II : 85-93 ;
DAGHER 1958 : 42 ; ASSEMANUS 1881 : 38.
27. VA 640, f. 33v-35v (Ibn al-Qil#$+%& ou le copiste adresse la bulle au patriarche Ya+q)*b al-
/0ada56%&) ; Mouski Syr. 13, p. 131-136 ; Alep 127, f. 18v-20v ; Bkerke 113, p. 150-154 (texte
latin). Sur le texte de cette bulle et ses traductions, voir GRAF, GCAL, III : 320 ; GHABRIEL,
Histoire, II/1 : 292 ; ANAISSI 1911 : 22-25 (latin) ; GHOBAIRA 1906 : 114-117 (latin).
28. C’est le pape Léon X (1513-1521).
29. Le patriarche 89im+)*n al-/0ada56%& (1492-1524). Voir Histoire/Chartouni : 147, 155 ; GHABRIEL,
Histoire, II/1 : 296-309 ; DEBS 1987 : 164-168 ; Douaihy/Liste : 33-34 ; ANAISSI 1927 : 31-
33 ; FAHD, Patriarches, II : 93-109 ; DAGHER 1958 : 42-44 ; ASSEMANUS 1881 : 38.
30. VA 640, f. 35v-37v . Ibn al-Qil#$+%&, ou le copiste, adresse faussement cette lettre au patriarche
Pierre (Bu57rus) al-/0ada56%&. GRAF, GCAL, III : 321, attire l’attention sur le fait que cette lettre
ne peut se situer pendant le mandat du patriarche Bu57rus. En fait, le pape se contente
d’adresser la lettre « au patriarche Pierre », titre de tous les patriarches maronites, sans le
nommer, d’où la confusion. La version latine de cette lettre n’est attestée dans aucun recueil.
GRAF, GCAL, III : 321, se trompe en se référant à ANAISSI 1911 : 27-42, car cette référence
comporte plusieurs lettres de Léon X, mais n’englobe pas la lettre citée dans notre manuscrit.
31. BREYDY 1985 : 185, l’attribue à Ibn al-Qil#$+%& sans hésitation.
253

2- Les lettres

2.1 Lettre contre les jacobites


2.2 Lettre à un prêtre maronite
2.3 Lettre aux gens de Le)2fed
2.4 Lettre au patriarche 34im!$%n al-56ada.7,-8
2.5 Lettre à l’évêque David
2.6 Lettre à Georges al-R&'m,%<
2.7 Lettre au peuple de Maron
2.8 Lettre aux habitants du Mont-Liban
2.9 Testament spirituel
254
255

2.1 LETTRE CONTRE LES JACOBITES

Cette lettre n’est pas citée par Douaihy ou Graf. Elle se trouve dans un seul
1
manuscrit, le Bkerke 115 .
L’auteur de cette lettre est bien Ibn al-Qil"#!$% nommé par ses adversaires
2
« Gabriel le Franc » .
Le contexte de la lettre serait une controverse acharnée entre Ibn al-Qil"#!$% et
les jacobites ou pro-jacobites. En fait, d’après le contenu de la lettre, il ressort
3 4
que Noé (†!1509) , l’évêque jacobite d’Émèse (Homs) , a déjà expédié une lettre
à Ibn al-QiE"#!$% dans laquelle il expose la thèse jacobite et essaie de le convaincre
du fait que les différences qui séparent les maronites et les jacobites ne sont pas
d’une grande importance.
5
Simultanément à cette lettre, le destinataire, appelé « frère » par Ibn al-
Qil"#!$%, a déjà envoyé une lettre à ce dernier pour lui demander son avis à propos
d’une question posée par les jacobites concernant le tombeau d’Ève et aussi une
6
réponse sur le contenu du livre de Noé . Ce destinataire pourrait être &'ir()is Ibn
B:>"#ra, un cousin d’Ibn al-Qil"#!i devenu pro-jacobite, comme l’indique Douaihy
7
dans son Apologie .
Comme dans beaucoup d’autres traités, Ibn al-Qil"#!$% a recours à la version
8
Peshitta pour citer les Psaumes .
Quant à la date de cette lettre, elle est située à l’époque du pape Innocent
9
[Innocent VIII (1484-92)] , et au moment où Noé était évêque d’Émèse (1480-
1489). Cela contredit la thèse de Douaihy selon laquelle cette lettre fut écrite en
10
1495 .

1. F. 10v-68v.
2. 9:ibr%&yil al-ifran23'* (f. 16r). Ibn al-Qil#$+%& ajoute un détail en répondant à son
destinataire : « Ma mère et mon père seront sauvés selon la foi de Maron » (f. 16v).
3. Sur la vie de Noé, voir BARSUM 1996 : 455-456.
4. F. 15v.
5. Voir f. 11r, 11v, 14v.
6. F. 14v.
7. Apologie/I : 89.
8. Voir 10v.
9. F. 15v.
10. Apologie/I : 89.
256 Les lettres

Nous pouvons diviser la lettre d’Ibn al-Qil"#!$% en deux volets : le premier


traite de la question du tombeau d’Ève alors que dans le second, l’auteur réfute,
chapitre par chapitre, les thèses professées dans la lettre de Noé.

11
I- Préambule de la lettre
Ibn al-Qil"#!$%< s’étonne de la manière dont le « frère a prêté l’oreille à
n’importe qui et envoie demander une réponse à des choses inutiles pour le salut
et qui ne méritent même pas une réponse ».
Il lui donne l’exemple d’un père du désert qui a refusé de répondre aux
questions des gens venus l’interroger. Le refus venait du fait que les questions
n’étaient pas nécessaires au salut de l’âme : si la réponse s’avérait satisfaisante,
les gens le loueraient ; si elle était décevante, ils le mépriseraient et nieraient le
don de l’Esprit. Ibn al-Qil"#!$%, même s’il se considère comme ce père du désert,
éprouve toutefois l’obligation de répondre à son destinataire.

12
II- Le tombeau d’Ève
Apparemment, les jacobites auraient posé une question au destinataire de la
lettre concernant l’emplacement du tombeau d’Ève. Ibn al-Qil"#!$% commence par
le mettre en garde contre ce type de discussions casuistiques, mais, ensuite, il
s’attaque au sujet.
Il ressort du texte que les jacobites croyaient que le tombeau d’Adam se
13
trouve au Saint-Sépulcre sous le tombeau du Christ .

11. F. 10v-11v.
12. F. 11v-14v.
13. Une ancienne tradition voulait situer le tombeau d’Adam au Calvaire. Cette tradition fut
initiée au IIIe siècle avec Origène : « Venit enim ad me traditio quaedam talis, quod corpus
Adae primi hominis ibi sepultum est ubi crucifixus est Christus ». Origenis in Matthaeum
commentariorum series, n° 126, in P.G., XIII : 1777. C’est la tradition développée dans la
Caverne des Trésors, puis, plus tard, dans le Livre de l’Abeille de Salomon de Bassora (Nous
remercions le Professeur Alain Desreumeaux pour ces informations). Saint Éphrem montre
Jésus-Christ, le jour de la résurrection des corps, plantant la Croix au Calvaire, sur le
tombeau d’Adam. Beaucoup d’auteurs en Orient comme en Occident ont signalé et accepté
cette tradition tels Jean Chrysostome, Épiphane, Basile de Séleucie, Germain de
Constantinople, Théophylacte, Eutychès d’Alexandrie, Moïse Bar Cepha, Ambroise et
autres. Voir DILLMANN 1853 et LE BACHELET 1903.
2.1 Lettre contre les jacobites 257

14
Alors, Ibn al-Qil"#!$% répond que lui-même a visité une grotte au village de
15
Hébron , dont le nom signifie en hébreu Kiryat Quatre, parce qu’il abrite les
16
tombeaux de quatre couples Adam-Ève, Abraham-Sarah, Isaac-Rébecca,
17
Jacob-Lia, ainsi que ceux de Lot, Joseph le beau et Joseph le charpentier .
Ibn al-Qil"#!$% ajoute plusieurs informations que lui-même a pu collecter lors
de sa visite à Hébron :
Il se trouve sur le tombeau d’Ève trois inscriptions, l’une en grec, l’autre en
18
hébreu et la troisième en r$%m,- (latin) . Sur l’entrée de la grotte, il se trouve
également une inscription en grec qui atteste l’enterrement des huit vénérables
19
déjà cités .

14. Cette grotte est appelée aujourd’hui « la grotte de Makpéla ».


15. C’est l’actuel village appelé El-Khalil.
16. F. 14r. La tradition qui situe les tombeaux d’Adam et des patriarches à Hébron était courante
chez les juifs et fut reprise par saint Jérôme, qui complète, en le traduisant, l’Onomastikon
d’Eusèbe, dans lequel est écrit que « l’ancien nom d’Hébron, Cariatharbe, lui venait d’une
quadruple sépulture : à celle des trois patriarches s’ajoutait le tombeau d’Adam ». STIERNON
1990 : 714. Cette référence au premier homme dérive apparemment d’une mauvaise
compréhension de Jos 14, 14. Cette tradition fut ensuite propagée au Moyen Âge, surtout au
cours des Croisades : un religieux anonyme de l’ordre des chanoines réguliers de Saint-
Augustin, à qui fut confié le mausolée des patriarches pendant l’époque des Croisades, a
rédigé « le récit des recherches et de la découverte (juin-juillet 1119) des reliques des
patriarches et de leurs épouses, murées dans la crypte du sanctuaire ». STIERNON 1990 : 717,
qui se réfère à Canonici Hebronensis tractatus de inventione sanctorum patriarcharum
Abraham, Ysaac et Jacob dans Recueil des historiens des croisades : historiens occidentaux,
V : 309-313.
Aujourd’hui on peut distinguer « a) dans la cour, les chapelles funéraires recouvrant les
cénotaphes de Jacob et de Sara [plutôt Léa] ; b) dans le vestibule de la mosquée, les
cénotaphes d’Abraham et de Sara ; c) ceux d’Isaac et de Rébecca se dressent dans la
mosquée elle-même, qui trahit son origine latine. En marge de l’enceinte du /0aram, on
montre le tombeau de Joseph ». STIERNON 1990 : 719. Sur l’ensemble, voir LE BACHELET
1903 : 380-384.
La tradition arabe n’était pas étrangère à cette croyance. Ibn 89add#$d (†!1285), en décrivant
les sanctuaires de Palestine, note l’existence d’une grotte à Hébron où se trouvent les
tombeaux d’Abraham, Isaac, Jacob et Sarah et il ajoute que, selon les rumeurs, on y trouve
également les tombeaux d’Adam, de Noé et de Sem. Voir DAHAN 1963 : 289-290.
17. F. 13r. Toutefois, les légendes du Moyen Âge tendent à localiser le tombeau de Joseph à
Nazareth dans la grotte de l’Annonciation. Voir BRUNOT 1969 : 8-17.
18. F. 12r.
19. F. 13v.
258 Les lettres

Une autre grotte est attestée à Hébron dans laquelle les filles de Lot auraient
20
forniqué avec leur père qui était ivre .
Une troisième grotte se trouve à Hébron dans laquelle Adam se serait
réfugié pendant 300 ans pour pleurer sa faute, celle d’ « avoir connu » Ève, en
21
sachant toutefois qu’il a vécu au total 930 ans et Ève 862 ans. C’est Seth qui a
22
enterré sa mère ayant lui-même 60 ans .
23
Ces informations sont puisées dans le Livre de l’Église .
Ensuite, l’auteur relate ce que d’autres religions ou sectes racontent à ce
sujet tels les )2unaf&# (les musulmans) et les druzes.
Tout cela donne à croire que deux traditions s’affrontaient. La première
situe le tombeau d’Adam et des patriarches à Hébron ; c’est une tradition
occidentale initiée par saint Jérôme et perpétuée par les chanoines de l’ordre de
saint Augustin et les Croisés. Elle est adoptée par Ibn al-Qil"#!$%. Une autre
tradition, propagée par les jacobites et les nestoriens, place la sépulture d’Adam
au Calvaire ; c’est une tradition juive reprise par Origène et la plupart des
Orientaux, ainsi que par saint Ambroise et d’autres Occidentaux.

24
III- Le livre de Noé
La réponse d’Ibn al-Qil"#!$% concernant le contenu du livre de Noé englobe
vingt chapitres.

A- L’identité de Noé
Avant d’analyser les divers chapitres concernant le livre de Noé, nous
allons essayer de découvrir l’identité de Noé dans le texte d’Ibn al-Qil"#!$% :

20. F. 13v. Voir Gn 19, 30-36. En fait, les fouilles archéologiques contemporaines penchent à
localiser « le sanctuaire de Lot » en Jordanie, près de Safi. Voir POLITIS 1993 : 36-37.
21. F. 13v. « Tous les jours qu’Adam vécut furent de neuf cent trente ans ; puis, il mourut. » (Gn
5, 5).
22. F. 13v.
23. Kit%&b al-kan'*sah. Le livre intitulé Les légendes des Juifs (GINZBERG 1997 : 75-78) donne une
autre version sur la mort d’Adam et d’Ève. Quant aux sources utilisées par les jacobites tels
le livre de la Caverne des trésors (BUDGE 1927 : 74-76) et le Livre de l’Abeille (BUDGE
1886 : 27-28), elles ont aussi leurs propres versions.
24. F. 14v-68v.
2.1 Lettre contre les jacobites 259

Le « frère » avec lequel Ibn al-Qil"#!$% correspond a déjà mentionné une lettre
25
écrite par Noé et demande à Ibn al-Qil"#!$% d’en analyser le contenu et d’y
répondre.
La lettre de Noé paraît contenir des idées nuisibles à la foi orthodoxe, car
26 27
même brûlée , « sa saleté est sous ma langue » , d’après l’expression d’Ibn al-
Qil"#!$%.
Un autre indice sur l’identité de Noé est l’expression utilisée par lui-même
au début de sa lettre. En effet, Ibn al-Qil"#!$% critique la façon avec laquelle Noé
s’introduit dans sa lettre comme étant « Cyrille, métropolite de Phénicie qui est
28
Émèse » . Noé n’a pas le droit de se nommer Cyrille, car le siège de Cyrille fut
29
Jérusalem et non Émèse.
30
Noé a déjà envoyé à Gabriel trois lettres et la réponse de ce dernier a été
très dure à son égard, car Ibn al-Qil"#!$% l’attaque en considérant que son degré
d’évêque est nul, parce qu’il a été nommé par quelqu’un d’invalide : « Tu n’es
31
pas évêque et celui qui t’a consacré n’a pas de sacerdoce. » Cette lettre aurait
32
été écrite à Beyrouth .
On s’interroge sur le type de relation entre Noé et Ibn al-QiE"#!$%< : se
connaissent-ils ou s’envoient-ils simplement des lettres sans aucune relation
personnelle ? En tout cas, c’est Noé qui nomme Ibn al-Qil"#!$% « notre frère
33
Gabriel le Franc » . Ibn al-QiE"#!$%, pour sa part, raconte que Noé était d’origine
34
maronite, mais qu’« il a nié son baptême » pour devenir jacobite .

25. F. 14v, 15v.


26. C’est Ibn al-Qil#$+%& qui a intentionnellement brûlé la lettre de Noé, afin qu’elle ne tombe pas
dans les mains des non initiés (voir f. 14v).
27. Zafrith%& ta#$ta lis%&n'*.
28. F. 15v :d¼@ ñû†@ ðÕïäíÐ@ ÞÈ@ bîüÜö@ båïidi@ µ’Šòe†@ číÑî‹%à@ číÝÝîŠíÔ@ â“i@ . Notons ici que le
diocèse d’Émèse fut appelé également celui de Phénicie ; le continuateur anonyme de Bar
Hebraeus écrit : « Rabban Nœ e Phœnicia, nimirum ex urbe Emesa ». BARHEBRAEUS,
Chronicon, III : 550.
29. Est-ce une allusion à Cyrille de Jérusalem (†!386) ?
30. F. 18r.
31. F. 18r.
32. F. 17r.
33. F. 16r.
34. F. 16r.
260 Les lettres

B- Le contexte immédiat de la rédaction


35
Ibn al-Qil"#!$% a déjà envoyé, avec M. Y"#km,# , sa réponse à la lettre de Noé,
dans une lettre formée de cinq cahiers. Cette réponse a été volée en cours de
route et, par conséquent, le destinataire n’a rien reçu.
De plus, Ibn al-Qil"#!$% n’a plus la copie de Noé, car il l’a déjà brûlée ; ainsi,
il ne veut pas s’aventurer dans une rédaction sans le texte original sous les yeux.
Mais, à la fin, il décide d’y répondre, car « sa saleté [celle de la lettre] est restée
sous [sa] langue » et le Saint-Esprit l’inspira pour répondre dans une forme
36
plutôt simple et concise .

37
C- Chapitre premier
Ibn al-Qil"#!$% critique Noé qui se nomme Cyrille, alors que Cyrille fut
l’évêque de Jérusalem [au IVe s.] et non d’Émèse. Il le critique également pour
sa manière prétentieuse de se présenter à la manière du patriarche d’Istanbul,
alors que le pape signe seulement « Innocent l’évêque, le Serviteur des
serviteurs de Dieu ».
Noé a déjà appelé Gabriel « frère » dans sa lettre ; Ibn al-Qil"#!$%
réplique qu’il ne peut être frère de celui qui a nié sa foi maronite et son
baptême, car si quelqu’un nie son baptême, il nie également la foi et son
sacerdoce devient invalide.
Ibn al-Qil"#!$% n’est pas désolé de ses réprimandes et ses blâmes de Noé : « si
quelqu’un se moque de notre religion et que nous nous taisons, nous nions ainsi
notre Seigneur et nous ne suivons pas son exemple ».
Il ajoute qu’il ne peut pas appeler Noé « frère », sauf si ce dernier se
convertit et revient à la foi de ses ancêtres.
En tout cas, Ibn al-Qil"#!$% ne pense pas que sa lettre puisse changer l’avis de
Noé, car un jour qu’il controversait avec un jacobite, ce dernier lui
répondit : « Même si un ange venait m’ordonner de croire au concile de
Chalcédoine, je ne lui obéirai pas. »

35. Individu non identifié. D’ailleurs, Suriano évoque parmi les marchands qu’il a rencontrés en
Orient (entre 1492 et 1514) un certain Jacomo di Garzoni, de Venise. SURIANO 1949 : 99.
36. F. 14v.
37. F. 15v-19v.
2.1 Lettre contre les jacobites 261

38
Les « syriaques » (jacobites) ordonnaient des prêtres dès leur enfance,
mais ceux-ci pouvaient, une fois devenus adultes, rester laïcs ou embrasser la
vie sacerdotale. Ibn al-Qil"#!$% avait déjà demandé des explications à l’ermite du
39
Saint-Sépulcre, du nom de Fa./lallah qui n’a pas nié le fait, mais, au contraire,
a expliqué que Jacques Baradée avait institué cette coutume pour compenser la
pénurie de prêtres suite aux persécutions exercées par les latins et les Byzantins
contre les jacobites.

40
D- Chapitre II
Ibn al-Qila!$% réfute les prétentions de Noé sur l’orthodoxie de la foi jacobite.
Une des manifestations qui confirment que la foi des syriaques n’est pas
orthodoxe est que, depuis la scission, on n’a rencontré aucun saint qui ait fait
des miracles, aucun docteur et aucun roi juste. Pourquoi cette pénurie ? Parce
que le prophète, le prêtre et le roi sont des envoyés de Dieu à ceux qui ont la foi
juste.

41
E- Chapitre III
Ibn al-Qil"#!$% répond aux opinions de Noé sur les mystères de l’incarnation et
des deux natures du Christ. Noé affirme que la main qui a créé Adam fut clouée
sur la Croix. Ibn al-Qil"#!$% répond que la nature divine ne peut pas éprouver de
douleur ; c’est la nature humaine du Christ qui souffre, etc.

42
F- Chapitre IV
Nous y trouvons encore une fois une apologie des deux natures du Christ
contre le monophysisme des jacobites. À chaque nature, ses faits et ses
volontés.

38. As-Sury%&n.
39. Un personnage, probablement jacobite, mais non identifié. Nous savons, en revanche, que les
jacobites possédaient à cette époque une église au Saint-Sépulcre comme l’atteste par
exemple le franciscain Suriano, contemporain d’Ibn al-Qil#$+%& et son supérieur : « In
Jerusalem they [jacobites] live in the Holy Sepulchre and in St. Mary’s, beside the church
and monastery of St. James, and near to where the risen Christ appeared to the three Marys. »
SURIANO 1949 : 89.
40. F. 19v-21v.
41. F. 21v-23v.
42. F. 23v-29r.
262 Les lettres

Le Christ a une seule essence, mais deux natures. Parce qu’il est une seule
personne, il ne peut pas avoir deux pères ; c’est pourquoi Marie « n’a pas connu
d’homme ».
Avoir deux natures ne signifie pas avoir des réactions ou des volontés
contradictoires ; cela est comparable au couteau chauffé, dont le métal reste
inaltérable et dont la nature ne se transforme pas en chaleur ; la chaleur reste
chaleur et sa nature ne se transforme pas en métal ; il n’en demeure pas moins
que les deux ensemble forment le couteau chauffé qui coupe et purifie.

43
G- Chapitre V
Ibn al-Qil"#!$% met l’accent sur l’union des deux natures dans une seule
personne, mais avec deux volontés distinctes.
Ainsi, chaque nature a sa volonté naturelle : à la nature divine une volonté
divine et à la nature humaine une volonté humaine. Ces deux volontés ne sont
pas contradictoires, mais naturelles et adéquates à chaque nature.

44
H- Chapitre VI
Ce chapitre contient une série d’explications et de définitions concernant le
sens du mot « nature ».
À la fin, il est dit que même si le Christ a deux natures, l’une divine et
l’autre humaine, aucune de ces deux natures ne devance l’autre, chacune étant
complète en soi.

45
I- Chapitre VII
Noé a déjà attaqué le concile de Chalcédoine en le considérant comme
usurpateur et scissionniste.
Ibn al-Qil"#!$% y réplique en accusant Noé de ne plus avoir la possibilité de
trancher entre le bien et le mal. Lui-même a consulté les livres des jacobites,
pleins de catastrophes et de venin, et seuls les livres de « notre mère l’Église de
Dieu » peuvent fournir l’immunisation contre eux.

43. F. 29r-33v.
44. F. 33v-34v.
45. F. 34v-36v.
2.1 Lettre contre les jacobites 263

Ibn al-Qil"#!$%, comme un bon médecin, recommande à Noé de boire de cet


enseignement de l’Église, afin de redevenir sain et de laisser tomber ce venin de
l’enseignement jacobite.
Pour mieux lui expliquer la foi de l’Église, Ibn al-Qil"#!$% entreprend
d’exposer à Noé les enseignements décidés dans les divers conciles. Ainsi, il
commence par exposer brièvement l’histoire du synode de Jérusalem, tenu à
l’époque des apôtres (vers 49) et celui d’Antioche (264), présidé par Denys
46
d’Alexandrie (†!265) , et Grégoire le thaumaturge (†!ca 270).

47
J- Chapitre VIII
Ibn al-Qil"#!$% explique que le nom de Dioscore (†!454) signifie « maison du
48
diable » ; il ajoute que Dioscore fut à l’origine des troubles et des scissions et
non le concile de Chalcédoine (451).
De plus, bien que l’empereur Marcien (450-457) ait persécuté les hérétiques
(monophysites) et en ait tué plusieurs, cela ne peut être considéré comme un
péché, car les hérétiques eux-mêmes ont tué beaucoup d’innocents et de
martyrs, etc.
D’un autre côté, Ibn al-Qil"#!$% avoue qu’il n’a pas de rancune personnelle à
l’égard de Noé, mais il affirme qu’il est contre son hérésie qui n’est pas un acte
de Dieu.
Ensuite, nous trouvons la suite des conciles et des synodes avec celui de
49
Nicée (325) , convoqué contre Arius et contre d’autres.

50
K- Chapitre VIII [sic]
L’énumération des synodes et des conciles se continue : l’auteur évoque le
51 52
synode de Contantinople (381) contre Macedonius et celui d’Éphèse (431)
contre Nestorius.

46. Il n’est pas sûr que Denys ait pu participer à ce concile. Voir CHAPMAN 1909 : 11-13.
47. F . 36v-38v.
48. až†bŞ’†@a3óî2‹“Žà
49. En 636 d’Alexandre.
50. F. 38v-39v.
51. En 660 d’Alexandre [sic].
52. En 743 d’Alexandre.
264 Les lettres

53
L- Chapitre IX
Là encore, Ibn al-Qil"#!$% continue d’énumérer les conciles et les synodes. Sa
54
source paraît être un certain Livre des conciles :
55
Le concile de Chalcédoine (451) contre Eutychès et Dioscore.
Le concile de Constantinople II (553) contre Théodoret [de Cyr] et
Théodore [de Mopsueste], les maîtres de Nestorius, ainsi que contre la lettre
56
d’Ibas. Ce concile a décrété la poursuite de Dioscore et la mort de ses adeptes.
Le concile de Constantinople III (681) contre le monothélisme professé par
Sergius, Macaire, Cyrus et d’autres.
À la fin de cette énumération, Ibn al-Qil"#!$% professe le symbole de foi et
aligne sa croyance sur celle des conciles et synodes : il affirme accepter ce
qu’ils ont décrété et rejeter ce qu’ils ont condamné.

57
M- Chapitre X
Noé est fautif, parce qu’il a osé changer la foi de ses ancêtres qui étaient
orthodoxes dans leur foi et attachés à la foi de l’Église de Rome.
Pour lui rafraîchir la mémoire, Ibn al-Qil"#!$% expose à son destinataire un
résumé de « la foi de Maron, sa gloire, ses rois, ses patriarches et ses saints bien
stables et enracinés dans l’Église de Dieu ».
Ainsi, il résume l’histoire de Maron originaire de la région d’Antioche, ses
études, les péripéties de sa vie, sa venue au Liban, sa conversion et la fondation
58
de la nation maronite, etc.

59
N- Chapitre XI
Ce chapitre qui traite des « rois de Maron » relate un épisode inédit sur la
60
présence et l’installation des maronites au Mont-Liban.

53. F. 39v-43r.
54. Kit%&b al-ma23%&mi-.
55. En 762 d’Alexandre.
56. Il était déjà mort en 454 !
57. F. 43r-45r.
58. Douaihy conteste qu’Ibn al-Qil#$+%& soit l’auteur de cette version sur la vie de Jean Maron et
considère que cette tradition est très ancienne. VS 395, f. 37v.
59. F. 45r-48r.
2.1 Lettre contre les jacobites 265

61
O- Chapitre XII
62
Noé a déjà accusé Ibn al-Qil"#!$% d’être un arien ; alors celui-ci s’en défend
en disant qu’il est obéissant à l’Église de Rome, laquelle a condamné Arius et
Dioscore, « le maître de Noé ».
Ibn al-Qil"#!$% accuse à son tour Noé de se tromper et de mélanger les faits et
les événements, comme l’avait fait Mahomet qui a pris la Vierge Marie pour
63
Marie, fille d’Amram et sœur d’Aaron et de Moïse . Pour tout cela, l’auteur est
triste pour le sort des jacobites, car leur faute est grave, surtout pour les Libanais
d’entre eux et qui ont été induits en erreur par les malices des étrangers.
Ensuite, l’auteur présente une expérience personnelle du concile de
Florence (terminé en 1445) :
Si vous avez raison et si vous êtes savants pourquoi n’avez-vous pas déclaré votre foi et
64
vos sciences au concile de Florence qui s’est tenu à notre époque , des quatre coins du
monde, et où étaient présents les légats de votre peuple, [qui sont aussi] les vicaires de
votre patriarche ?

[Ces légats] vous ont apporté les décrets du concile et votre patriarche, quand il a pris
connaissance de cela, et par un geste diabolique, a jeté ses vicaires en prison ; ce sont les
musulmans qui ont payé des pots-de-vin et les ont sauvés de la mort ; après cela ils [les
65 66
vicaires] sont partis au « pays des chrétiens » , où ils ont vécu et ils sont morts .

Moi, j’ai mangé et bu avec eux et d’eux j’ai connu toute vérité.

60. Une partie de cette relation est produite en syriaque et non en garchouni.
61. F. 48r-54v.
62. Les monophysites avaient l’habitude d’accuser les chalcédoniens (les duophysites) d’être des
ariens.
63. Le Coran reprend un passage de l’Ancien Testament et l’applique à Marie, mère de Jésus.
On lit dans l’Ancien Testament : « Le nom de la femme d’Amram était Jokébed, fille de
Lévi, laquelle naquit à Lévi, en Égypte; elle enfanta à Amram: Aaron, Moïse, et Marie, leur
sœur. » (Nb 26, 59). Cette « Marie » est devenue dans le Coran « Marie, mère de Jésus » ; le
Coran dit : « Et Marie fille de Amram… » (Coran 66/12) pour désigner la mère de Jésus ;
dans le même ordre d’idées, il parle de la mère de Marie comme « la femme de Amram »
(Coran 3/35).
64. -Al%& ay%&min%&.
65. Bil%&d an-na+,%&r%&.
66. Le 30 septembre 1444, en la basilique du Latran, +Abdallah, évêque d’Édesse, représentant
de l’Église syrienne, embrassa l’union en acceptant et signant la bulle Multa et admirabilia.
MANSI, Sacrorum conciliorum, XXXI suppl. : 1752-1755 ; GILL 1962 : 268.
266 Les lettres

Pourquoi alors votre patriarche n’a-t-il pas répondu à ce qu’il a vu comme injuste dans
lesdits décrets et pourquoi n’a-t-il pas envoyé des savants pour discuter, afin qu’un
deuxième concile se convoque et vérifie ?

67
P- Chapitre XIII [omis]

68
Q- Chapitre XIV
C’est une autre dispute sur les deux natures du Christ. Noé essaie de
s’appuyer sur les chants de saint Éphrem, ce à quoi Ibn al-Qil"#!$% répond que ces
chants ne reflète en rien une opinion monophysite.
De plus, l’auteur met le destinataire en garde contre les falsifications et les
fraudes, car beaucoup d’entre les savants du diable ont interpolé « les livres des
69
syriaques » et y ont introduit « des chants selon les rythmes dits de saint
Jacques et de saint Éphrem ».
Ibn al-Qil"#!$% avance une preuve personnelle : « Moi, avant de devenir
70
religieux, j’ai prononcé des vers selon les rythmes ar,-)*9< F*< :&.)2$%mo et après
71
mon retour dans votre pays, je les ai trouvés écrits dans le 34)2,-m . »

72
R- Chapitre XV
On y trouve toujours une discussion sur les natures du Christ parmi
lesquelles, seule la nature humaine est apte aux sensations charnelles : faim,
soif, souffrance, sueur, plaies, etc.
À la fin, Ibn al-Qil"#!$% invite son destinataire à visiter « le pays des
chrétiens », afin qu’il expérimente et y trouve la vraie foi.

67. L’absence de ce chapitre peut s’expliquer par un oubli du copiste ou encore par une
manœuvre de l’auteur même, pour corriger la faute du doublon avec le chapitre VIII.
68. F. 54v-56v.
69. May%&mir wa baw%&-'*(1.
70. bàíyóÜì@b²Še : deux genres de chants syriaques utilisés dans la liturgie maronite.
71. Le livre des prières ou de l’office dans la liturgie maronite.
72. F. 56v-57v.
2.1 Lettre contre les jacobites 267

73
S- Chapitre XVI
Dans ce chapitre, l’auteur explique à son destinataire les notions de nature,
d’essence, d’espèce et de genre, ainsi que les différences et les relations entre
ces notions-là.
Il le blâme surtout en lui disant :
74 75 76
Tu parles dans l’ignorance et la bêtise avec Ibn al-/:ar%&57ah , Ibn /0asan , +Abdel Min+im
et autres, qui sont dans la morphologie et la grammaire syriaques aussi ignorants que toi ;
et tu ne viens pas parler avec nous, qui sommes philosophes, et [ainsi] tu fuis le danger.

77
T- Chapitre XVII
Également sur les diverses notions théologiques : « L’essence ne s’appelle
pas le genre ; la personne porte deux natures ; l’essence est une espèce
78
première. »

79
U- Chapitre XVIII
C’est une hérésie de dire que le Christ avait deux personnes, l’une humaine
et l’autre divine ; il fallait plutôt dire que la même personne a deux natures,
l’une divine et l’autre humaine.
Dire que le Christ avait deux personnes, c’est s’aligner sur l’opinion des
80
musulmans qui prétendent qu’avec lui, c’est l’humanité qui a été crucifiée et
81
non Dieu .

73. F. 57v-60v.
74. Cette personne doit être différente de celle qui est citée dans Contre ceux qui ont semé
l’ivraie parmi les maronites, car, à cet endroit, elle est considérée comme une personne
savante.
75. Personne non identifiée.
76. Le muqaddam.
77. F. 60v-62v.
78. Al-23awhar la yusamm%& naw-an; al-uqn!"m ya#$mil ()ab'*-atayn; al-23awhar h!" 23ins awal'* .
79. F. 62v-64v.
80. Al-#$unaf%$.
81. Dans la sourate An-Nisaa, nous lisons : « [Nous les avons maudits] pour avoir dit : ‘Nous
avons tué le Messie, Jésus fils de Marie, l’Apôtre d’Allah !’, alors qu’ils ne l’ont ni tué ni
crucifié, mais que son sosie a été substitué à leurs yeux. En vérité, ceux qui s’opposent, à
l’égard de (Jésus), sont certes dans un doute à son endroit. Ils n’ont nulle connaissance de
(Jésus) ; ils ne suivent que conjecture et n’ont pas tué (Jésus) en certitude. Tout au contraire,
268 Les lettres

82
V- Chapitre XIX
Noé a essayé d’innocenter Dioscore et d’accuser le concile de Chalcédoine
d’être la cause du schisme. Ibn al-Qil"!$% répond que Dioscore n’était pas
innocent et que les Pères de Chalcédoine n’étaient ni des adhérents du
nestorianisme ni contre les trois conciles qui précédèrent celui de Chalcédoine.
De plus, Ibn al-Qil"#!$% se demande pourquoi les syriaques sont
jusqu’aujourd’hui sous la domination des autres. Si Dieu était vraiment de leur
côté, la situation aurait dû changer depuis longtemps.
Quelle est alors la vraie Église ? C’est l’Église catholique et les preuves
83
sont légion. Ibn al-Qil"#!$% cite un exemple : la reconquête de Grenade et
d’autres villes espagnoles du vivant de l’auteur. La conclusion est claire : le
salut viendra par les soins des rois francs, non plus tard, mais déjà maintenant.

84
W- Chapitre XX
Ibn al-Qil"#!$% poursuit son offensive. Est-ce possible que Dioscore seul ait
raison contre 1200 Pères lors de Chalcédoine ? Il raconte alors à son destinataire
qu’il a envoyé un messager à Venise se procurer le Livre des conciles, afin de
lui prouver la vérité de ses paroles.
Noé considère qu’il n’y a pas de discorde entre les syriaques (jacobites), les
coptes et les Éthiopiens ; Ibn al-Qil"#!$% répond que le différend est considérable
entre ces trois confessions.
Les coptes circoncisent leurs enfants comme les juifs et excisent leur femme
comme les nestoriens ; ils respectent les degrés de l’affinité selon la tradition
musulmane ; ils continuent à présenter des sacrifices ; ils ne considèrent pas la
fornication comme péché ; ils portent des foulards pour la prière comme les
juifs ; ils ne mangent pas de porc.
Les Éthiopiens eux aussi pratiquent la circoncision, jeûnent les samedis et
appliquent la loi de Moïse.
Ainsi, se termine cette lettre sans paroles d’adieu ou de salutation.

Allah l’a élevé vers Lui. Allah est puissant et sage. » (Coran 4/157-158). Nous avons utilisé
pour ce paragraphe la traduction de BLACHÈRE 1980.
82. F. 64v-67r.
83. Grenade tomba aux mains des rois catholiques le 2 janvier 1492, chute mettant fin au règne
des Nasrides.
84. F. 67r-68v.
269

2.2 LETTRE À UN PRÊTRE MARONITE

1
Cette lettre est attestée seulement dans le ms. Bkerke 115 ; elle n’est pas
mentionnée par Graf ou Douaihy.
Ibn al-Qil"#!$% n’en est pas nommé explicitement comme l’auteur, mais la
sémantique lexicale et l’esprit de controverse conduisent directement à lui : on y
retrouve ses expressions, on y décèle sa logique, le même contexte historique et
le même lexique utilisé dans ses controverses avec les jacobites.
Cette lettre serait la réponse à une lettre écrite par un prêtre maronite,
2
habitant le &'ubbet B:>arr$% et soupçonné par Ibn al-Qil"#!$% d’être un pro-jacobite .
En fait, Ibn al-Qil"#!$% attaque le destinataire qui se dit, au même titre que son
groupe, obéissant au pape, mais se permet, en réalité, des pratiques jacobites.
Ainsi, Ibn al-Qil"#!$% met en garde son lecteur contre le danger de suivre les
jacobites, car le résultat serait désastreux. Il lui donne l’exemple de
3 4
Constantinople et d’autres villes de l’Europe centrale , tombées sous le joug
des Turcs, parce qu’elles avaient commis le péché de l’orgueil et n’avaient pas
5
suivi les exhortations de l’Église de Rome .

I- La structure de la lettre
Cette lettre devait contenir, originellement, quatre chapitres, mais le
manuscrit Bkerke 115, dans l’état actuel de conservation, n’en garde qu’une
partie du troisième chapitre, qui est acéphale, et la totalité du quatrième
chapitre.

1. F. 1r-10v.
2. Ibn al-Qil#$+%& adresse la parole à son destinataire : « Tu dis : tu me soupçonnes d’être l’un des
leurs. Je te réponds : je [te] soupçonne tout à fait et non seulement toi, mais tout ton Joubbeh
également. Sinon, pourquoi il ne se trouve de leurs [les jacobites] actes honteux que chez
vous ? » (f. 4r).
3. Ibn al-Qil#$+%& utilise l’expression f'* ayy%&min%$ (de nos jours) pour noter la capitulation
d’Istanbul (Constantinople, en mai 1453) aux mains des Turcs.
4. Voir l’énumération de ces mêmes villes dans la Lettre aux gens de Le#$fed.
5. Lors de la conquête turque de la « province de Constantinople », le nombre total des captifs
fut 142.000 et celui des tués 23.000. Ibn al-Qil#$+%& se demande si le nombre des maronites est
assez grand [comme celui des habitants de Constantinople] pour leur permettre de tomber
dans l’égoïsme et de s’éloigner de Dieu. Cela permet de considérer que le nombre total des
maronites à la fin du XVe siècle était moins de 165.000, toujours d’après les calculs d’Ibn al-
Qil#$+%&;!
270 Les lettres

6
II- Troisième chapitre
Dans le troisième chapitre, Ibn al-Qil"#!$% réfute certaines pratiques jacobites
concernant les sacrements ; la partie, qui nous est parvenue, porte sur
l’eucharistie : l’auteur s’y efforce de démontrer à l’encontre de ses adversaires
que l’hostie est vraiment faite d’une substance matérielle, en l’occurrence « du
7
pain de blé azyme et cuit dans un feu matériel » .

8
III- Quatrième chapitre
Dans le quatrième chapitre, Ibn al-Qil"#!$% réfute plusieurs opinions
décelables chez les jacobites et répétées par son destinataire :
– La conversion et la sainteté de Ponce Pilate. En fait, les jacobites
considèrent que Ponce Pilate s’est converti avec sa famille après la mort et la
résurrection du Christ. Ils s’appuient sur un passage d’un recueil intitulé Prière
9
à la Vierge où cet épisode est relaté. Ibn al-Qil"#!$% réfute cette prétention en
10
affirmant que le recueil en question est apocryphe ;

6. F. 1r-2v ; acéphale.
7. Dans sa synthèse, Ibn al-Qil#$+%& se réfère à Nicolas de Lyre (†!1340) et à Augustin.
8. F. 2v-10v.
9. C’est la L%&#$a Mary%&m (lamentation de Marie), une prière lue le Vendredi saint chez les
Éthiopiens. Cette prière retient un écho sur le martyre de Pilate. BEYLOT 1993 : 617.
10. L’histoire de Pilate est relatée dans plusieurs traditions. Voir GEERARD, CANT, n° 64-78 p.
49-56, pour les différents textes latins, syriaques et arabes. Deux mss arabes de la BnF (152
et 4874) conservent l’histoire du martyre de Pilate d’après la tradition copte. Voir
TROUPEAU, Catalogue, I : 122, II : 53. Dans le Martyrium Pilati, appartenant à la tradition
éthiopienne, Pilate se convertit à la fin de sa vie et est crucifié et décapité sur l’ordre de
l’empereur Tibère. Le récit du Martyrium Pilati raconte : « Tibère lui dit : ‘tu as fait ta
propre volonté, quand on l’a amené auprès de toi et tu ne t’es pas souvenu de ses prodiges et
de ses miracles […]’. Et quand l’empereur eut dit cela, les serviteurs l’entraînèrent pour lui
couper la tête. Mais l’empereur ordonna de le crucifier, avant de lui couper la tête. Et le
bienheureux Pilate demanda aux serviteurs de l’attendre un peu, jusqu’à ce qu’il eût prié. Il
se mit à genoux et pria […]. Et, après avoir dit cela, il tourna le visage et vit Saylabus, le
chef de ses serviteurs de bouche, et ses autres serviteurs qui pleuraient à cause de lui et il leur
dit : ‘Ne pleurez pas pour moi, sur ma mort, car mon Seigneur est mort pour nous. Et quand
ils m’auront coupé la tête, prenez mon corps, apportez-le à Jérusalem et faites mon tombeau
près du tombeau de Notre Seigneur Jésus, pour que sa miséricorde descende sur moi’. Et
après que Pilate eut dit cela, ils le crucifièrent aussitôt et lui coupèrent la tête, le 25 du mois
de Sanê, et portèrent son corps à Jérusalem. » BEYLOT 1993 : 671.
2.2 Lettre à un prêtre maronite 271

– la pierre verte qui se situe à côté du tombeau du Christ est elle-même le


11
tombeau de Ponce Pilate ;
– le parfum que Marie-Madeleine a utilisé est venu du ciel ;
– Joseph était veuf avant de connaître Marie et cela d’après le témoignage
12
de Luc dans son évangile ;
– Jésus avait des frères qui étaient les fils de Joseph.
La réponse d’Ibn al-Qil"#!$% est intransigeante : celui, qui se dit obéissant au
13
pape et suit pourtant les livres et l’enseignement des jacobites , est désobéissant
à la foi catholique. Celui qui transgresse et apostasie devrait être excommunié
par les trois types d’excommunication : celui des synodes, celui des lois et celui
des papes. De plus, toute personne qui transgresse la volonté du pape devrait
être exposée à trois types d’avanie : la famine, les épidémies et la guerre.
Ibn al-Qil"#!$% ajoute que la peur n’est pas toujours louable, car elle se
manifeste de sept manières ou selon sept degrés :
– la peur de perdre ce qui est déjà acquis ;
– la peur humaine devant la mort ou la souffrance comme l’était celle de
Pilate ;
– la peur naturelle devant des choses qui font peur à la nature humaine.
14
La suite de l’énumération est inconnue à cause de la mutilation des folios .

IV- Conclusion
La lettre se termine par une exhortation à la conversion et à la pénitence, car
tous les peuples qui se sont égarés et ne se sont pas repentis ont connu l’échec :
l’Égypte des Pharaons, Ninive dans la Mésopotamie et Istanbul
(Constantinople) du vivant de l’auteur.

Notons que les Éthiopiens fêtent l’anniversaire de Pilate le 25 juin ; les Grecs célèbrent la
fête de sa femme le 27 octobre. BUCKLEY 2002.
11. Le Martyrium Pilati ajoute à la suite du récit de la mort de Pilate : « Et ils trouvèrent sa
femme, aimant Dieu ; elle était morte aussitôt en ce jour, avec ses deux enfants. Et ils les
ensevelirent près du tombeau de Notre Seigneur Jésus, ensemble dans un seul tombeau. »
BEYLOT 1993 : 671.
12. En aucun endroit, l’évangile selon Luc ne désigne Joseph comme étant veuf.
13. « Ne suivez pas un marchand de cendres d’alcali (bayi- a+4n%&n), exilé (excommunié) de
l’Église, et ne soyez pas soumis à un peuple sans miséricorde. »
14. Il manque au moins un folio entre les folios actuels 3v et 4r.
272 Les lettres

Là, Ibn al-Qil"#!$% multiplie les exemples pour essayer de faire adhérer à son
opinion le destinataire de sa lettre ; il cite l’exemple des Lamentations de
Jérémie qui pleurait Israël quand, en 587, les armées chaldéennes ont pris
Jérusalem, incendié le Temple et déporté la population. Il cite également le livre
15
de Flavius Josèphe , qui raconte l’épisode de la destruction de Jérusalem sur
l’ordre de Titus en 70 après J.-C.
Le desinit de la lettre est aussi concluant :
Le papier est fatigué et je ne suis pas capable de détailler encore plus. Si vous en avez la
volonté, faites travailler celui qui est chômeur [pour répondre à ma lettre], si vous n’en
avez pas la volonté, mon écriture [ma lettre] me reviendra, afin de confirmer ce que j’ai
entendu ; et alors je pourrai prêcher dans la paix et la tranquillité.

Après le reproche [j’envoie et j’exprime] un salut, une vénération et de grands vœux et


16
souhaits à tous les fils de l’Église universelle, car je n’ai pas affaire à un hérétique .

15. C’est le livre de Bello judaico (Guerre des Juifs) dans lequel Flavius Josèphe (†!ca 101)
raconte en tant que témoin oculaire la guerre des Juifs contre les Romains et la destruction de
Jérusalem. Voir FLAVIUS JOSEPHE, Guerre des juifs.
16. La lettre se termine par une datation en syriaque : « Elle fut écrite en 1874 du Christ » ; une
main a corrigé l’expression « du Christ » par celle « des Grecs », ce qui donne la date de
1563 ap. J.-C. L’explication logique de cette confusion pourrait être la suivante : l’antigraphe
de cette lettre fut écrit en 1563 ap. J.-C.
273

2.3 LETTRE AUX GENS DE LE!!FED

1 2
Cette lettre est citée par Graf et Douaihy . H. Douaihy en fait l’analyse
3
d’après le ms. VA 641 .
Sa tradition manuscrite est conservée dans les deux manuscrits Kreim 62 et
VA 641, lesquels regroupent deux collections de sermons, l’une consacrée au
temps de Carême, l’autre à des occasions diverses.
4
Par ailleurs, cette lettre débute le VA 641 , alors qu’elle termine le
5
Kreim 62 sans pour autant affecter le contenu des manuscrits. Nous sommes
persuadé qu’elle figurait dans l’antigraphe utilisé par les copistes des VA 641 et
Kreim 62 et que chacun l’aurait placée dans un endroit différent.
Ibn al-Qil"#!$% adresse cette lettre à ses frères, « les gens de Le0/fed », peuple
de son village natal. Il admet volontiers sa propre appartenance à Le0/fed et au
district de Jbeil. Il est conscient que sa gloire est celle de ses proches et que la
gloire de ses proches est également la sienne. C’est pourquoi il leur adresse
cette lettre, afin que les choses soient claires et que leur lien reste sincère.
Les destinataires de cette lettre sont évoqués d’après leur statut et leur
situation dans la communauté rurale de Le0/fed et, par extension, cela pourrait
être appliqué à toute la communauté maronite du Mont-Liban :
– les prêtres : il ressort du contenu que la tradition était de saluer les prêtres
6
en se prosternant devant eux en signe d’hommage et de respect alors qu’on se
saluait les uns les autres par le baiser sur les joues ;
7 8
– les diacres et les sous-diacres ;

1. Graf, GCAL, III : 222.


2. Apologie/II : 255.
3. Douaihy 1993 : 92-93.
4. VA 641, f. 1r-16v.
5. Kreim 62, f. 350v-365r.
6. L’auteur utilise le mot m()%&n'*y%&t du syriaque me()%&ny!"to [inclination, révérence]. Jusqu’à
l’époque récente, les religieux appliquaient cette tradition de « prosternation » lors des visites
canoniques des supérieurs généraux aux monastères ou bien lors d’une rencontre avec
l’évêque ou le patriarche. Dans la tradition liturgique, jusqu’aujourd’hui, les religieux se
prosternent lors de l’office de nuit (;'*lyo) en chantant les psaumes.
7. On trouve le mot +4ad%&yiqat utilisé aujourd’hui pour désigner plutôt les sous-diacres.
8. On trouve le mot +4am%&misat utilisé aujourd’hui pour désigner plutôt les diacres.
274 Les lettres

9 10
– les nobles, en l’occurrence les chefs , les honorables et les grands du
11
pays ;
– tous les gens du village, grands et petits, hommes et femmes, garçons et
filles.

Cette lettre est divisée en cinq parties :

I- Prendre garde aux faux prophètes


En s’appuyant sur les différentes citations de la Bible, Ibn al-Qil"#!i met en
garde le peuple de son village contre les faux prophètes qui essayent de les
éloigner de l’Église universelle. L’auteur s’investit de cette mission, se sentant
proche de son peuple : « Je vous ai dit que nous sommes des frères [qui ayons]
un seul cœur et une seule âme dans le Christ ; ce qui vous est utile, me l’est
aussi et ce qui vous est nocif, me l’est également. »
En outre, il est persuadé que Dieu veut qu’on aide son prochain, parce que
celui qui n’aime pas son prochain ne peut pas aimer Dieu.

II- Qui doit-on aimer ?


Dans cette partie de la lettre, Ibn al-Qil"#!$% cherche à définir la notion de
l’ennemi qu’on doit aimer. L’auteur accepte volontiers que les commandements
obligent l’homme à aimer et à vénérer ses parents et que le Christ invite tout le
monde à aimer ses ennemis, mais il y trouve une nuance à signaler : si les
parents et l’ennemi sont des hérétiques induisant les autres en erreur, alors, dans
ce cas-là, on est dispensé de les aimer et il faut même s’en éloigner, car ceux-là
constituent un danger non seulement pour le corps, mais aussi et surtout pour
l’âme.
En s’appuyant sur cette conviction, Ibn al-Qil"#!$% attaque les habitants de
12
Le0/fed qui s’associent à l’évêque D"#w,-d , lequel œuvre à introduire les
jacobites dans le pays. S’ils ne renoncent pas à leur conduite, la colère de Dieu
s’abattra sur eux comme ce fut le cas d’Istanbul, de la Croatie, de l’Albanie et

9. Les rayseh.
10. Les me#$ti+4m'*n.
11. Les kb%&r al-bil%&d.
12. Voir Lettre à l’évêque David.
2.3 Lettre aux gens de Le#$fed 275

d’autres pays qui ont voulu « casser l’union avec l’Église de Rome » et qui, par
13
conséquent, « étaient tombés aux mains des Turcs » .
Ibn al-QiE"#!$% prévient ses compatriotes que le même sort frappera leur pays
s’ils ne mettent pas fin à toute discorde et ne conservent pas la foi des ancêtres.
Il ajoute qu’il reste « de la foi de Mar,-n une relique dans le pays de Jbeil et
[qu’ils veulent] étouffer sa mémoire », à cause de l’orgueil de deux moines de
14
Le0/fed, tombés dans l’hérésie jacobite et dont l’un s’appelle Samy"# .

III- De l’orgueil
Cette section est consacrée au développement de la notion d’orgueil. Il est
dit que les personnes orgueilleuses ne peuvent reconnaître Dieu, car elles se
surestiment et se considèrent les meilleures.
L’auteur finit le paragraphe en insistant sur le fait que seule l’obéissance à
l’Église de Rome est une garantie pour les croyants d’être de vrais chrétiens et
qu’aucune sainteté n’existe en dehors d’elle ; il rappelle à ses lecteurs que cette
obéissance à l’Église de Rome « est notre foi, celle de nos ancêtres et de notre
15
pays depuis l’époque de Pierre et Philippe qui ont fondé l’église de la Vierge à
Le0/fed ».

IV- Des désobéissants


Alors, Ibn al-Qil"#!$% conjure ses lecteurs de se détacher de la compagnie de
ceux qui ont désobéi à la foi de l’Église de Rome. Son ton devient plus
tranchant lorsqu’il déclare :
16
C’est mieux pour vous de vivre parmi les druzes et les chiites que de vivre avec eux [les
renégats], car en vivant parmi ceux-là, on ne risque pas de tomber sous les

13. Ibn al-Qil#$+%& utilise l’expression -al%& ayy%&min%& (de nos jours) ce qui signifie qu’il fut
contemporain de ces événements qui eurent lieu à partir de 1453, date de la chute de
Constantinople.
14. On trouve dans le VA 641 un saut de plusieurs lignes dû probablement à une erreur du
copiste.
15. Seul le VA 641, f. 11v, donne le nom de l’église comme étant celui de la Vierge.
16. Il utilise le mot arabe al-ruf<$%& .
276 Les lettres

excommunications [comme c’est le cas] avec les excommuniés quand on partage avec eux
17
le service de la liturgie .

Si, enfin, les habitants de son village ne retiennent pas cette exhortation et la
considèrent comme une parole partiale et injuste, alors Ibn al-Qil"#!$% se
retrouvera dans le même cas que Jérémie, pleurant son pays et poussant de
nouvelles Lamentations :
Ô Le'(fed, tu étais une dame, tu es devenue une esclave ;
tu étais un siège de sacerdoce, tu es devenue un siège de corruption ;
tu étais dans la prospérité, tu es tombée dans la misère…

Il ressort de ce paragraphe fort intéressant dans l’art de la lamentation que le


18
village de Le0/fed avait la dénomination de « Victorieuse ancienne » et que les
promoteurs de « l’hérésie jacobite » étaient des camarades d’enfance d’Ibn al-
Qil"#!$%.

V- Paroles d’attendrissement
La lettre se termine dans l’espoir que les désobéissants se convertissent et
que les fidèles préservent leur foi, celle de l’Église de Rome. Mais ceux qui
persisteront dans le péché, seront bannis ; Ibn al-Qil"#!$% lui-même « s’en lavera
les mains » et ils seront pour lui des étrangers et des impurs.
Après les salutations d’adieu, l’auteur se présente : « J’écris mon nom
&'ibr"#y$%l votre frère » ; il date sa lettre du 12 décembre 1493, à Beyrouth, et
19
l’adresse au "(idy&'q (diacre) Ya!q,-b Ibn al-Ba*+ram"#n$% à qui il demande une
réponse.

17. Littéralement le « service de la Théologie ».


18. Al-qa&hirah al--at'*qah. D’ailleurs Freyha 1996 : 158, fait remonter la racine du mot Le'(fed à
l’hébreu f#$d qui se rattache à la frayeur et à la stupeur.
19. Dans la terminologie d’Ibn al-Qil#$+%&, ce mot désigne plutôt le diacre et non le sous-diacre.
277

2.4 LETTRE AU PATRIARCHE "#IM$U%N AL-&'ADA"(#)

1
Cette lettre est citée par Graf . Douaihy la mentionne à plusieurs reprises
2 3
dans les Annales et dans son Apologie ; elle est conservée dans le ms.
4
Bkerke 113 , utilisé par le père Harfouche pour son édition dans la revue al-
5 6
Manara ; le père Lammens en a déjà publié un extrait en 1899 .
Les noms de l’auteur et du destinataire ainsi que la date, paraissent dans
l’en-tête de la lettre : « La lettre du prêtre Gabriel Ibn al-Qil"#!$% à son éminence
le patriarche ?@im!,-n al-23ada*4$% en 1494 ».

I- Le contexte immédiat
7
Le patriarche ?@im!,-n a déjà demandé au supérieur des franciscains à
Jérusalem d’envoyer le père Gabriel passer l’hiver au Mont-Liban pour aider le
patriarche dans les tâches que ce dernier pourrait lui confier.
Ibn al-Qil"#!$% est content de répondre à cette demande, mais il essaie,
d’emblée, d’en définir les tenants et les aboutissants : sa mission sera de
présenter au patriarche et aux maronites toutes les traditions que les maronites
continuent de pratiquer contre la foi de l’Église de Rome.
Le ton monte : Ibn al-Qil"#!$% a lui-même cherché à venir au Mont-Liban,
parce qu’il estime que le patriarche et le peuple maronites sont « distraits, sans

1. GRAF, GCAL, III : 323.


2. VS 215, f. 25r, 28v, 33v, 50v ; VA 683, f. 6r et 15r.
3. VS 396, f. 93v ; Apologie/II : 179.
4. P. 172-180 (le copiste omet dans sa numérotation la page 179). Ce manuscrit est un registre
de bulles et de lettres en rapport avec l’histoire des maronites. Le contenu fut recueilli par le
patriarche Étienne Douaihy et fut ensuite copié dans ce manuscrit par l’évêque Y)*suf al-
/0a-1r)*n%&, en 1675.
5. HARFOUCHE 1932. Cette édition, la seule connue jusqu’aujourd’hui, est lacunaire : nous
constatons l’omission de plusieurs paragraphes. Ajoutons à cela le critère apologétique de
l’éditeur qui ne cesse de critiquer Ibn al-Qil#$+%& chaque fois que ce dernier paraît attaquer les
coutumes liturgiques et sacramentelles des maronites.
6. LAMMENS 1899 : 99-100.
7. Le patriarche 89im+)*n al-/0ada56%& (1492-1524). Voir VS 215, f. 99r ; VA 683, f. 72r ;
Annales/Fahd : 367 ; Annales/Taoutel : 220 ; Histoire/Chartouni : 147, 155 ; GHABRIEL,
Histoire, II/1 : 296-309 ; DEBS 1987 : 164-168 ; Douaihy/Liste : 33-34 ; ANAISSI 1927 : 31-
33 ; FAHD, Patriarches, II : 93-109 ; DAGHER 1958 : 42-44 ; ASSEMANUS 1881 : 38.
278 Les lettres

fondement et sans consistance dans la foi des pères et des ancêtres qu’ils ont
reçue de l’Église de Dieu après tant de fatigue et de discussions ».
Il les met ainsi en garde : ceux qui s’égarent loin de la foi de l’Église de
Dieu tombent dans les anathèmes et seront exclus de la bénédiction de son
Vicaire, le pape de Rome ; leur nom devient schismatique et si les réprimandes
se répètent une deuxième et une troisième fois sans résultat, ils seront frappés
8
par les excommunications majeures .
Ce n’est pas la première fois qu’Ibn al-Qil"#!$% se trouve au Mont-Liban pour
enseigner au peuple et conseiller le patriarche, mais cette fois-ci il se considère
en mission officielle ; il a apporté avec lui quatorze bulles que les papes ont déjà
9
envoyées aux maronites et il les a déposées au monastère de Qannoubine .

II- Les relations entre les maronites et l’Église de Rome au Moyen Âge
Suit une énumération des lettres et des correspondances qui furent
échangées entre les maronites et les autorités romaines ou leurs légats et qui
confirmèrent et scellèrent la foi des maronites dans la foi de l’Église de Rome :

10
– Le patriarche Irmy"# al-!Am:>$%t$% est entré à Rome dans les habits de
11
mendiant ; le pape Alexandre l’a aimé, lui a offert des cadeaux, l’a nommé
administrateur du siège d’Antioche et lui a demandé d’appliquer les traditions
de l’Église de Rome. À son arrivée à Anfeh, tout le peuple l’a accueilli avec une

8. Ibn al-Qil#$+%& utilise le mot al-m+4ammlat qui dérive du mot syriaque bžï˙ ˙ ˙ Ýá“à et qui signifie@
« entier, parfait ».
9. Il dit que dans ces bulles se trouve « la foi de vos ancêtres depuis 282 ans et jusqu’à
présent ». Cela pourrait correspondre d’une manière approximative à la bulle adressée par le
pape Innocent III au patriarche Jérémie en 1215 (il y a en fait 279 ans entre 1215 et 1494),
ainsi qu’aux autres bulles inscrites par Ibn al-Qil#$+%& dans son œuvre Collection des bulles
adressées aux maronites. LAMMENS 1899 : 99, cite 15 bulles au lieu de 14, sans nous en
indiquer la source.
10. Voir Collection de bulles adressées aux maronites.
11. Alexandre IV (1254-1261). Là, il semble qu’Ibn al-Qil#$+%& ait confondu le patriarche Jérémie
de +Am-<it avec Jérémie de Dmal-1#$. Voir Collection de bulles adressées aux maronites. Sur le
personnage de ces deux patriarches et la confusion entre eux, voir DE GHANTUZ CUBBE 2006.
2.4 Lettre au patriarche ./im-!"n al-78ada(1'*! 279

joie débordante et tout le monde a confirmé sa foi dans la foi de l’Église de


12
Rome en présence des légats .

– À Jérusalem, les maronites ont juré d’être obéissants à la foi de Rome et


13
ont apposé leurs signatures sur cet acte .

14
– Avec la reine Constance qui a acheté en Terre sainte les églises de la
Résurrection, le tombeau de Marie, le mont des Oliviers et le sanctuaire de
15 16
Bethléem au prix de 80 mi.7qal (quatre-vingt-dix mille dinars) ; elle a offert
aux maronites la grotte de la Croix et plusieurs autels dans d’autres églises, leur

12. Cette information fut utilisée par Douaihy dans ses Annales pour l’année 1215 : VS 215,
f. 50v ; VA 683, f. 36r ; Annales/Fahd : 205-106 ; Annales/Taoutel : 103. Elle fut utilisée
également dans Apologie/II : 182-183.
En outre, Douaihy raconte qu’en 1198, le pape Innocent III a envoyé son légat Pierre auprès
du patriarche maronite Jérémie pour le confirmer dans son siège ainsi que ses évêques.
Apologie/II : 166-167. Il reproduit également la bulle de 1215. Apologie/II : 168-175.
13. Douaihy cite cet événement en l’année 1179 et il essaie d’en expliquer le contexte et les
causes. VA 683, f. 29r ; Annales/Taoutel : 81. Il reprend la même information dans son
Apologie/II : 153. Mais dans Apologie/II : 161-163, Douaihy situe l’événement en 1182.
14. Constance de Sicile fut l’épouse du roi Pierre III d’Aragon et, utlérieurement, roi de Sicile
(1276). Elle a vécu un siècle avant l’accord déjà mentionné.
15. Cette information fut utilisée par Douaihy dans ses Annales pour l’année 1112 : VS 215,
f. 28v ; Annales/Fahd : 104. Tout cet épisode nécessite une analyse minutieuse : ces
événements trouvent leur place au XIVe siècle dans le contexte de ce que les historiens
appellent « la libération pacifique des lieux saints ». Après maintes années de négociations
entre les rois de Naples et les sultans mamlouks d’Égypte, un accord fut signé en 1333 entre
Robert I, roi de Naples (de Sicile et de Jérusalem) et le sultan an-Naser qui permet aux
franciscains l’acquisition et l’utilisation de plusieurs sites en Terre sainte (la grotte de la
Nativité à Bethléem, le tombeau de la Vierge, le Saint-Sépulcre, le Cénacle).
Cet accord théorique fut ensuite réalisé mais dans des périodes successives tout au long du
e
XIV siècle. L’épouse de Robert I, la reine Sancha de Majorca, joua un grand rôle dans
l’acquisition des ces lieux saints. Une autre sicilienne, du nom de Margaret, contribua
également, tout au long des années trente et quarante, à acheter des lieux entourant ou
juxtaposant ces sites religieux.
Le prix de 80 Mi56q#$l, devenu chez Douaihy 80.000 dinars, n’a pas de fondement historique,
car ces lieux ne furent pas acquis d’un seul coup. Toutefois, un voyageur de 1427 relate que
le prix payé pour acquérir le Saint-Sépulcre fut 20.000 ducats, alors qu’un autre voyageur de
1483 estime que le prix total des quatre sanctuaires fut 32.000 ducats.
Pour tous les détails concernant ce sujet, voir SANDOLI 1990 et GOLUBOVICH 1923 : 1-73.
16. VS 215, f. 28v ; Annales/Fahd : 104 ; Apologie/II : 42.
280 Les lettres

permettant de célébrer la messe sur les autels des Francs avec leurs
17 18
ornements ; elle a également confirmé ses actes par un décret du pape Martin .
C’est à cette époque-là que les maronites ont commencé à utiliser les naqus en
cuivre au lieu du bois déjà utilisé pour appeler aux offices comme c’était la
19
coutume chez les R$%m (byzantins) .

– Avec le roi Godefroi [de Bouillon] qui a délivré Jérusalem des mains des
musulmans ; avec ses ambassadeurs, le patriarche Y,-suf al-&'ir()is$% a envoyé des
20
légats à Rome et a reçu une mitre et une crosse .

– Avec le cardinal Guillaume, le légat du pape auprès des maronites ; en sa


présence, tout le peuple s’est réuni à Tripoli avec le patriarche &5r$%(9,-ry,-s al-
23al"#t$% et là « ils ont apposé leurs signatures, les grands et les petits, et ont juré
21
d’être obéissants au pape de Rome et fermes dans leur foi » .

17. Douaihy ajoute à cette grotte celle d’Hélène ! Les documents historiques n’attribuent aux
maronites que le droit d’avoir des autels dans les sanctuaires mentionnés, mais non la
possession de tel ou tel site en particulier. VS 215, f. 28v ; Annales/Fahd : 104.
L’augustinien Giacomo da Verona écrivit, en 1335, à propos de l’église du Saint-Sépulcre :
« Et in illa die, omnes generaciones christianorum fecerunt solempniter officium in ecclesia
predicta, et missas suas decantaverunt, sicut nos primi veri christiani, qui vocamur Franci,
secundo Greci, tercio Nubiani, quarto Abessini, et sunt nigri sicut Nubiani, quinto
Nestoriani, sexto Maronite, septimo Iacobite, octavo Georgiani ; omnes isti christiani sunt et
diversum faciunt officum, etc. » GOLUBOVICH 1923 : 33.
18. Le pape Martin devait être Martin V (1417-1431) qui, en 9 juillet 1420, a confirmé la
possession franciscaine des quatre sanctuaires.
Douaihy cite le pape Pascal II (1099-1118) et situe l’événement vers 1112, ce qui éloigne
l’événement de son contexte historique.
19. Cette information est utilisée par Douaihy dans ses Annales pour l’année 1112 : VS 215,
f. 28v ; VA 683, f. 9v ; Annales/Fahd : 104 ; Annales/Taoutel : 22.
20. Cette information est utilisée par Douaihy dans ses Annales pour l’année 1100 : VS 215,
f. 25r ; VA 683, f. 6r ; Annales/Fahd : 91 ; Annales/Taoutel : 11. Elle est également
reproduite dans Apologie/II : 157-159.
21. Cette information est utilisée par Douaihy dans ses Annales pour l’année 1131 (VA 683,
f. 15r ; Annales/Taoutel : 38-39) ou 1134 (VS 215, f. 33v, Annales/Fahd : 129-130). Douaihy
ajoute que le pape était Innocent II (1130-1143). Cette information est également utilisée
dans Apologie/II : 160.
2.4 Lettre au patriarche ./im-!"n al-78ada(1'*! 281

22
– Avec Aimeric de l’ordre des Frères Prêcheurs .

– Avec le frère Jean, supérieur du monastère [franciscain] de Beyrouth et


délégué du patriarche Y,-0/ann"# al-&'"#()$% auprès du concile de Florence (à partir
23
de 1439) .

24
– Avec les frères [mineurs] Gryphon, Alexandre et Simon .

III- Les sacrements


Ibn al-Qil"#!$% continue sa lettre par un exposé sur les sacrements et la
manière dont l’Église maronite doit les administrer pour être vraiment en union
25
avec l’Église de Rome .

A- Le baptême
Le baptême est le fondement de la religion chrétienne et il se pratique
essentiellement et obligatoirement avec de l’eau. Quatre éléments essentiels
sont obligatoires pour la validité du sacrement : celui qui baptise doit lui-même
être baptisé, l’intention de baptiser, l’eau comme élément de baptême et les
26
paroles initiatiques nécessaires . Les paroles initiatiques, qu’Ibn al-Qil"#!$% veut
27
qu’on dise, sont celles utilisées par l’Église latine .
Les hommes laïcs peuvent administrer ce sacrement dans les moments
urgents et en l’absence du prêtre. Les femmes ne peuvent administrer ce
sacrement que dans le cas des gens mourants.

22. Nous ne disposons d’aucune information dans l’histoire de l’Église maronite concernant ce
personnage.
23. Voir VS 215, f. 93r ; VA 683, f. 38r ; Annales/Fahd : 348 ; Annales/Taoutel : 205-206.
24. Ce sont les frères Gryphon, Alexandre d’Arioste et Simon Emilia. Voir Biographie d’Ibn al-
Qil%&-'*.
25. La plupart des idées concernant les sacrements, soutenues dans cette lettre, seront
développées ensuite par Ibn al-Qil#$+%& dans ses divers œuvres et traités.
26. Ici, l’édition de Harfouche omet un paragraphe.
27. Ibn al-Qil#$+%& insiste sur le fait que les paroles institutionnelles doivent s’énoncer une seule
fois.
282 Les lettres

B- La confirmation
L’onction par le saint chrême sur le front de l’homme se pratique seulement
par l’évêque et non par le prêtre, lequel n’a que le pouvoir d’oindre l’enfant par
l’huile bénite sur son corps et non sur son front. Cette action était administrée
par les apôtres eux-mêmes et personne n’a le droit d’en modifier quoi que ce
soit.
En tout cas, si un enfant déjà baptisé par l’eau meurt avant de recevoir
l’onction par l’huile bénite et par le saint chrême, il est considéré comme ayant
reçu le baptême.
Les paroles initiatiques de ce sacrement sont celles employées par l’Église
latine.

C- L’eucharistie
Ce sacrement est constitué de quatre éléments essentiels : la matière, le
serviteur, les paroles et la manière.
L’hostie doit être issue de la farine de blé et faite de pain azyme ou
fermenté selon la tradition du pays. Ce pain doit être mélangé avec de l’eau
naturelle.
Le vin doit être fait d’un cépage de vigne mélangé avec de l’eau naturelle.
Le serviteur est un prêtre ordonné par un évêque, selon la tradition de
l’Église, et il doit remplir les conditions canoniques, afin que son ordination soit
valide.
Les paroles de la consécration sont celles utilisées par l’Église latine. Ainsi
Ibn al-Qil"#!$% essaie de reproduire en syriaque la traduction des paroles de
consécration qu’on trouve dans la liturgie latine. Il ajoute que les Francs et les
R$%m ont institué l’utilisation d’une seule version de la consécration pour
interdire toute possibilité de changer les paroles et de les corrompre ; c’est
pourquoi certaines excommunications touchent quiconque essaie d’administrer
autrement.

D- La confession
Trois éléments essentiels constituent le sacrement de la confession : l’aveu
clair, par la bouche, des péchés commis ; le repentir et la contrition ; la sanction
infligée par l’administrateur du sacrement.
2.4 Lettre au patriarche ./im-!"n al-78ada(1'*! 283

Le serviteur de ce sacrement doit être un prêtre ayant le pouvoir de


l’administrer, et la formule utilisée est celle de l’Église latine.

E- L’extrême-onction
Elle se pratique en appliquant de l’huile sainte sur divers endroits du corps
du mourant : les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, les mains, les pieds,
l’estomac et le bas du dos.
À chaque onction, le serviteur doit prononcer la même formule : « Par cette
huile sainte et par son infinie miséricorde, que Dieu vous pardonne tout ce que
vous avez péché par la vue ». Il la répète pour les autres sens.

F- Le sacerdoce
La vie religieuse et le sacerdoce sont deux hauts degrés, voués à un rapport
à ce qui est spirituel, et non aux choses de la terre. Les conditions et les
fonctions de ces degrés sont expliquées dans des livres spécifiques.

G- Le mariage
Le mariage fut normalisé par les lois de Moïse, afin de permettre la
procréation des hommes. Cette faculté reste très utile et bénéfique à la maîtrise
des passions humaines.
La formule qui sert à célébrer le sacrement du mariage doit être la suivante :
l’homme, par un acte totalement libre et responsable, prend la main de la femme
et lui dit : « Je t’accepte comme épouse » ; la femme fait la même chose en lui
28
disant : « Je t’accepte comme époux et rien ne nous sépare sauf la mort. »

IV- Divergence dans la pratique sacramentelle


Bien que les maronites aient accepté de pratiquer les sacrements selon la
tradition de l’Église, la réalité en est autre. Ainsi, Ibn al-Qil"#!$% se trouve-t-il
dans l’obligation de faire des reproches au patriarche et de lui rappeler que les
ennemis, surtout à Jérusalem et à Chypre, se moquent des maronites en leur

28. C’est la formule latine utilisée jusqu’aujourd’hui. Pour la formule syriaque maronite, voir
l’exemple utilisé au Moyen Âge dans BAISSARI 1994.
284 Les lettres

reprochant de prétendre être avec l’Église de Rome, alors qu’ils pratiquent les
sacrements différemment.
À ce titre, Ibn al-Qil"#!$% énumère toute une liste de détails sacramentels que
les maronites continuent de pratiquer et qui contredisent la coutume de l’Église
latine :
29
– la formule baptismale semble être invalide ;
30
– la confirmation n’est pas pratiquée ;
– la formule eucharistique est substantiellement modifiée ;
– on communie fréquemment sans confession ;
– l’extrême-onction n’est pas pratiquée dans certains endroits ;
– pour le sacerdoce, Ibn al-Qil"#!$% dit : « […] par la grâce de Dieu renoncez à
son danger [la pratique courante], car parmi les hommes mariés et les
chevriers vous faites des prêtres » ;
– il ajoute que le non respect des conditions nécessaires, les pots-de-vin, la
simonie et beaucoup d’autres irrégularités sont fréquents dans la coutume
31
concernant les candidats au sacerdoce ;
– les coutumes concernant le mariage sont aussi complexes et parfois
32
irrégulières surtout en ce qui concerne le mariage forcé , car ce type de
mariage est rejeté par l’Église et ne peut être considéré que comme du
concubinage.
Les enfants qui en sont issus sont, par conséquent, des bâtards sans droits de
filiation ni d’héritage.

29. Sur la théologie et l’usage du baptême dans les écrits d’Ibn al-Qil#$+%&, voir par exemple :
Compendium theologicae veritatis, livre VI ; Le livre de la Loi, les sacrements de l’Église,
Baptême ; La fleur de la Loi.
30. Le sacrement de la confirmation est presque toujours considéré comme absent chez les
maronites. Sur sa théologie et son usage dans les œuvres d’Ibn al-Qil#$+%&, voir surtout :
Compendium theologicae veritatis, livre VI, où l’auteur critique l’absence de ce sacrement
chez les maronites ; Le livre de la Loi, les sacrements de l’Église, Confirmation ; La fleur de
la Loi.
31. Ibn al-Qil#$+%& avoue toutefois qu’il n’a pas consulté le rituel de l’ordination sacerdotale pour
pouvoir juger les formules utilisées.
32. 9=a+,'*bat.
2.4 Lettre au patriarche ./im-!"n al-78ada(1'*! 285

V- La mission d’Ibn al-Qil!"#$%


Gêné par la pratique doctrinale et sacramentelle des maronites, Ibn al-Qil"#!$%
veut changer la situation.
Il ajoute que son consentement à la demande du patriarche a fait croire à
son supérieur à Jérusalem qu’il allait être désigné comme conseiller ; il lui a
demandé alors de bien examiner les pratiques du pays, afin que le résultat soit
inscrit dans un registre et décrété par le patriarche et les prêtres à tout le peuple
sous peine d’excommunication.
Si le patriarche n’agit pas de cette manière, alors « elle sera vraie
l’accusation de vos ennemis que vous n’êtes avec les Francs que dans
l’apparence ».
Après Pâques, son « révérendissime » [le supérieur de la custodie
franciscaine de Terre Sainte] arrivera au Mont-Liban et Ibn al-Qil"#!$% sera dans
l’obligation de lui rapporter la vérité sur sa mission, le travail accompli par le
patriarche, la situation du pays, les récalcitrants, etc., afin qu’il puisse
transmettre un rapport détaillé à « Sa Sainteté le pape ».
Ibn al-Qil"#!$% n’oublie pas de préciser que ce qu’il vient d’écrire n’est pas
quelque chose de nouveau, mais se trouvait bien jadis dans les livres mêmes des
33
maronites ; il fut ensuite interpolé à cause de la compagnie des hérétiques.
Le moment est alors propice pour que le patriarche envoie ses ordres à son
peuple : si quelqu’un restait récalcitrant, il devrait en rendre compte devant Ibn
al-Qil"#!$%, car la faute du désobéissant n’est pas contre la personne d’Ibn al-
Qil"#!$%, mais contre le salut de la personne en question et contre l’Église et ses
lois.
De toute façon, Ibn al-Qil"#!$% reprend la parole du Christ et l’adresse à toutes
les personnes qui y résistent avec opiniâtreté : « Si je n’étais pas venu et que je
34
ne leur aie point parlé, ils n’auraient pas de péché. »

VI- Salutations finales


À la fin de cette lettre, Ibn al-Qil"#!$% réitère sa demande au patriarche d’en
envoyer le contenu aux grands maîtres, afin qu’il sache leur réponse et puisse
lui-même en rendre compte à celui qui l’a envoyé.

33. Ta2>alla().
34. Jn 15, 22.
286 Les lettres

Mais, si le patriarche cache cette lettre comme il l’avait fait auparavant avec
d’autres lettres, alors Ibn al-Qil"#!$% constatera que celui-là ne veut plus de lui ni
de ses écrits.
Il réitère également ses salutations filiales et signe la lettre au siège même
du patriarche qui devrait être alors en visite pastorale ; elle est datée du 16
novembre 1494.
287

2.5 LETTRE À L’ÉVÊQUE DAVID


1 2
Cette lettre est citée par Graf , lequel utilise les mss VA 640 et
3
Cherfet 7/10.3. Breydy ajoute faussement le Borg Ar 136 .
4
D’après le copiste, Ibn al-Qil"#!$% adresse cette lettre à l’évêque D"#w,-d
5
(David), originaire de son village Le0/fed , et à « tous les entêtés [dans l’hérésie
jacobite] jusqu’à présent » ; elle est écrite à Beyrouth le 23 décembre 1495.
Ibn al-Qil"#!$%, loin de son village et rejeté par l’entourage de son destinataire,
écrit cette lettre pour exhorter ceux qui ont quitté la foi des ancêtres pour
embrasser la foi des hérétiques, acte considéré par Ibn al-Qil"#!$% comme un
« adultère spirituel », à revenir à la vraie foi.
Si un astrologue se trompe dans ses comptes, on peut lui pardonner sa faute,
mais qu’une personne pèche contre la vraie foi est une faute impardonnable et
mérite les excommunications.
En s’appuyant sur des exemples tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament,
l’auteur cherche à expliquer comment tous ceux qui ont transgressé la loi sont
châtiés.
Celui qui est le plus châtié est celui qui, en sa qualité de responsable civil
ou ecclésiastique, n’intervient pourtant pas pour expulser les hérétiques en
dehors de sa communauté. C’est pourquoi l’Église considère comme complice
quiconque ne dénonce pas les hérétiques.
Mais qui est l’hérétique ? C’est chaque personne qui s’éloigne de la foi de
Rome ou en transgresse les lois, même s’il est pape. En outre, l’hérésie se révèle
surtout dans l’expérience des sacrements et sa conformité avec la tradition et les
rituels de l’Église de Rome.

1. GRAF, GCAL, III : 324.


2. F. 194r-202v.
3. BREYDY 1985 : 189. Il cite Borg Ar 136, f. 5r-10v qui correspond plutôt à Miscellanea /
Dissertation sur la foi. D’ailleurs, Breydy se trompe dans sa foliotation du VA 640 en
écrivant f. 203r-215v.
4. Le copiste appelle l’auteur « saint Gabriel ».
5. Douaihy ignore ce personnage dans ses Annales. En revanche, il évoque à cette époque un
autre David originaire de /0ad-<%&t : D#$w)*d al-/0ad-<%&t%&, qui était déjà évêque en 1458. VS 215,
f. 95r ; VA 683, f. 69v ; Annales/Fahd : 355 ; Annales/Taoutel : 211.
288 Les lettres

Ainsi, les jacobites dont la tradition concernant les sacrements n’est pas
conforme à celle de l’Église de Rome sont considérés comme des hérétiques.
Toute personne s’alignant sur leur position sera, par conséquent, excommuniée.
À la fin, Ibn al-Qil"#!$% invite son destinataire à s’éloigner des hérétiques et à
ne pas les aider ni les défendre pour ne pas tomber dans leur piège.
289

2.6 LETTRE À GEORGES AR-R$*M#)


1 2 3
Cette lettre est citée par Graf et Breydy . Douaihy la cite dans ses Annales
4
et l’édite dans son Apologie/II .
Le texte ne cite ni l’auteur ni le destinataire de la lettre. C’est Douaihy qui
attribue le texte à Ibn al-Qil"#!$% et nomme al-qas ;<ir01is ar-R&'m,% (le prêtre
Georges ar-R"#m$%) comme destinataire. La lettre est signée au monastère de
Qannoubine le 5 août 1495. Notons que le contenu de la controverse, la
morphologie et la syntaxe sont ceux d’Ibn al-Qil"#!$%.
5
Ibn al-Qil"#!$% nomme le destinataire « frère » , en avouant toutefois qu’il
doute de la signification de cette désignation : « tu n’es pas resté avec moi dans
la foi ». Notons toutefois qu’Ibn al-Qil"#!$% a déjà envoyé une lettre sur la
6
pénitence à un moine de Qannoubine du nom de Georges . Peut-être sommes-
nous là devant la même personne.
D’abord, Ibn al-Qil"#!$% réprimande le destinataire pour son infidélité : il a
laissé Dieu pour suivre un homme. Il a rejeté la foi des maronites, celle de ses
ancêtres, il a nié son baptême et trahi son sacerdoce pour suivre les jacobites.
Ainsi, il est devenu sans baptême et sans sacerdoce, banni de l’orthodoxie,
semblable aux juifs, et même inférieur à eux, car, au moins, ces derniers
observent les commandements de leur loi.
Le ton va crescendo contre le prêtre récalcitrant : « Tu dis que tu es
maronite ; je te réponds que tu mens, car tu es un espion parmi les maronites, tu
es un apostat qui regagne sa communauté pour connaître son secret et pouvoir
lui nuire. » La menace s’amplifie contre les réfractaires : « Il est permis dans
notre loi de vous lapider et de vous brûler ; vous dites que vous êtes maronites
et vous ne l’êtes pas… »
Mais comment être maronite ? Ibn al-Qil"#!$% répond : « Il fallait croire en les
deux natures [du Christ] et aux quatre conciles7 ; il fallait fêter saint Léon le
Miraculeux [Léon le Grand, †!461] ; il fallait commémorer le roi miséricordieux

1. GRAF, GCAL, III : 324.


2. BREYDY 1985 : 190.
3. VS 215, f. 98v ; Annales/Fahd : 369.
4. VS 395, f. 128v-130r ; Apologie/II : 260-263 (arabe), 141-144 (latin).
5. Nous remarquons dans VS 395, f. 128v que l’original considère Georges comme le cousin
d’Ibn al-Qil#$+%&, mais que le copiste a raturé l’expression Ibn -ammih (son cousin).
6. Voir Miscellanea.
7. Nicée (325), Constantinople (381), Éphèse (431) et Chalcédoine (451).
290 Les lettres

Marcien [l’empereur, Marcien †!457] qui a endurci son cœur contre les
hérétiques et a été clément envers les fils de l’Église de Dieu. »
Ibn al-Qil"#!$% ne se contente pas de considérer les jacobites comme des
hérétiques et des avortons, mais il les défie : « Ô renards, n’osez-vous pas sortir
de vos tanières et proclamer devant moi votre foi déviée ? » Cela fait cinq mois
qu’il se trouve parmi ces gens et personne n’ose le défier ou le controverser.
8
D’ailleurs, il essaie à trois reprises de rencontrer « l’exilé » qui, à chaque fois,
s’enfuit vers Tripoli. Chaque fois qu’il essaie de traiter avec ces maronites
convertis au jacobitisme, les femmes et les enfants se mettent à le traiter de
9
menteur comme ils l’avaient déjà fait avec Ibn Dray! .
Ibn al-Qil"#!$% veut à tout prix discuter avec ces gens ; il se croit capable tout
seul de les battre, mais tout le monde refuse de discuter avec lui. Pis encore, il
craint de recevoir bientôt l’ordre de quitter le Liban, parce que cela permettrait à
ses adversaires de se moquer de lui. Il ajoute qu’il a déjà expédié 456 lettres10 et
n’a reçu aucune réponse. De même, et pour répondre à une lettre qu’il a reçue
de ses adversaires, il a dû envoyer la même réponse à six reprises et à chaque
fois la lettre fut soustraite. Une copie de cette réponse se trouve toujours chez
l’évêque Ibrahim11 où le destinataire peut toujours la consulter.
Enfin, il confirme encore une fois qu’il n’a jamais nié la création comme
ses adversaires l’en accusent ; il se défend d’être « une bête féroce qui dévore
les gens » et il invite au contraire son destinataire à venir le voir et à le consulter
pour lever tout désaccord ; sinon, le destinataire peut toujours consulter le père
12
Sim!an qui est près de chez lui.
Bref, Ibn al-Qil"#!$% donne une dernière chance au prêtre Georges : s’il ne
vient pas discuter avec lui, il sera son adversaire pour toujours et leur
« fraternité » deviendra une inimitié.

8. Al-manf'&. Dans son poème Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites, il
considère Ibn +A57-<ah comme étant un « exilé » !
9. Ibrah%&m Ibn Dray+, le professeur d’Ibn al-Qil#$+%& en syriaque. Il est évoqué également dans le
poème Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites.
10. Ce chiffre bien précis et écrit d’ailleurs en toutes lettres fut ensuite arrondi dans les Annales
(VS 215, f. 106r et VA 683, f. 78v). Là, Douaihy note qu’Ibn al-Qil#$+%& a expédié aux
maronites plus de cinq cents lettres. De son côté, BREYDY 1985 : 190, considère que le
nombre 456 doit signifier le mot syriaque Tno = íäò, qui n’est qu’une mauvaise transcription
de ðäò, lequel signifie « répéter ». Voir également BREYDY 1983 : 409 et 419, n° 9.
11. Pour Ibrah%&m Ibn /0ibli-1, voir Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites.
12. Il est également cité dans Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites.
291

2.7 LETTRE AU PEUPLE DE MARON

1 2 3
Elle est citée par Graf et Breydy et éditée par Mouawad ; elle se trouve
4
dans une copie unique, en l’occurrence le Borg Ar 136 . Elle est d’Ibn al-Qil!"#$%
comme l’atteste l’épilogue et elle est expédiée à l’ensemble du peuple maronite.
Suite à la demande d’un « frère », Ibn al-Qil!"#$% note qu’il y avait déjà
répondu brièvement, mais qu’il y répondra encore d’une manière plus détaillée
dans cette lettre.
La question que le frère se pose est la suivante : pourquoi le malheur a-t-il
frappé le Mont-Liban ? On croyait que jamais un étranger n’y dégainerait son
épée et qu’aucun ennemi n’y entrerait et n’en sortirait sauf, et cela à cause des
merveilles des églises, des miracles des saints et de la sainteté du pays. C’est
bien le contraire qui a eu lieu : l’étranger y a tiré son épée et y a fait couler le
sang ; l’ennemi est entré et en est sorti sans aucun danger pour lui-même. Ni
merveilles, ni miracles n’empêchent donc les désastres, la sainteté du lieu elle-
même n’a pu protéger ses habitants. Quel péché a-t-il été la cause de tout cela ?
La réponse d’Ibn al-Qil!"#$% s’énonce sans retard. Trois péchés sont à
l’origine de ce mal :
1- Le changement de la doctrine dans l’expression, l’action et la
participation.
2- L’acceptation de la corruption et de l’usure, ainsi que la fréquentation des
non-croyants.
3- La colocation des femmes et des hommes dans les monastères.
Ibn al-Qil!"#$% expose son point de vue en vingt titres :

I- Honneur et hommage aux pères honorables


5
Le mal ne vient pas de Dieu , mais du diable ou de l’homme qui veut
s’opposer à la vérité, d’où le rôle important des responsables ecclésiastiques, ces

1. GRAF, GCAL, III : 324.


2. BREYDY 1985 : 190.
3. Cette lettre est éditée dans JABRE-MOUAWAD 2001, présentation de la lettre : 99-100,
traduction française : 165-206, texte arabe : 224-284.
4. F. 225r-236v.
5. JABRE-MOUAWAD 2001 : 168, met comme sous-titre : « La cause du mal n’est pas Dieu. Mais
292 Les lettres

6
« médiateurs » qui doivent œuvrer à la neutralisation du mal et permettre à
l’homme de vivre dans la vérité. Mais si ces responsables se comportent à
l’encontre de leur mission, ils perdront la lumière et le statut : « ils
n’obtiendront plus de nous ni obéissance, ni siège, ni sacerdoce ».

II- Salut et accolade aux frères justes


Il y a deux types de salut ; le salut essentiel, celui du Christ à ses disciples et
le salut accidentel, celui de Judas au Christ. Le salut accidentel peut être
schématisé par trois exemples : la communion d’un croyant avec un non-
croyant, celle d’un catholique avec un hérétique dans l’habitat ou dans les
sacrements et celle des moines en colocation avec des femmes.

III- Bénédiction dans l’affection aux enfants obéissants


Les vrais fils de l’Église universelle sont ceux qui obéissent au pape et
appliquent les lois de l’Église. Les faux chrétiens sont ceux qui croient un
jacobite ignorant et l’imitent en faisant le signe de croix avec un seul doigt au
lieu d’obéir au pape de Rome qui les invite à croire en les deux natures du
Christ.

IV- Supplication et soumission aux chefs et aux vénérables


Les responsables ont le devoir de sanctionner les pécheurs. Une fois cette
lettre lue et approuvée par le Chef [le patriarche] et les Pères, Ibn al-Qil!"#$% leur
demande de réprimander toute personne égarée. Après deux admonitions sans
résultats, le pécheur sera congédié du pays, « même s’il était un patriarche ».
Pour renforcer sa thèse, Ibn al-Qil!"#$% ne manque pas de rappeler aux maronites
combien dans leur histoire récente, la colère de Dieu était forte chaque fois
qu’ils avaient commis un des trois grands péchés susmentionnés.

Dieu est la cause de tout ». Cette affirmation est tirée d’un passage qu’elle traduit « Il (Dieu)
n’est donc pas la cause de toute cause, n’étant pas la cause du mal ? » Nous proposons une
autre traduction du même passage : « Alors, il (Dieu) n’est pas la cause de toute cause, car il
n’est pas la cause du mal ». La phrase arabe est :
./0*- !"# &' ()* +1 .!"# $% !"# &' ()* +,% -.-
6. Was!"#! .
2.7 Lettre au peuple de Maron 293

V- Blâme spirituel envers les perdus


7
Ibn al-Qil!"#$% se considère comme un « réformateur » et il se permet ainsi
d’interdire aux moines de vivre en colocation avec des femmes. Il donne
l’exemple d’Antoine (†!356), Macaire († 391), Pacôme († 346), Hilarion
(† 371) et Bichoy (IVe siècle), lesquels ont habité le désert sans jamais vivre
avec les femmes ou les enfants. Le résultat est clair : tout moine, fréquentant les
femmes ou vivant en colocation avec elles, sera sanctionné et banni.

VI- Avertissement et mise en garde à ceux qui dorment


Avant de châtier les villes et les peuples pécheurs, Dieu avait l’habitude
d’envoyer des messagers et des prédicateurs pour qu’ils annoncent sa justice.
Les exemples sont légion : Ninive, Jérusalem, Thébaïde, Afqa, Constantinople
et Babylone. Auprès du Mont-Liban et de son peuple, Ibn al-Qil!"#$% se déclare le
messager de Dieu : « Il [Dieu] a envoyé vous avertir par la bouche de ma
misérable personne et par les signes qui se sont manifestés chez vous. » Alors
que tous prennent garde.

VII- Mise en garde prophétique aux ignorants


La fornication avec les prêtres et les moniales est un péché très grave et la
colère de Dieu est immense envers le pays où se pratiquent ces abominations.

VIII- Pleurs et lamentations sur les pécheurs


Plusieurs prétendent qu’un moine pourrait atteindre la sainteté même s’il vit
8
en colocation avec des femmes et donnent, à ce titre, l’exemple de saint Vitalis
qui a vécu avec les femmes et est devenu un grand saint. La réponse d’Ibn al-
Qil!"#$% est sévère : « Trouvez-moi dans le pays quelqu’un qui pourrait prétendre
vivre la sainteté de Vitalis ? » Il faut donc fuir les femmes pour pouvoir être
moine, car « on ne peut pas croire que quelqu’un habite dans le feu et ne se
9
brûle pas » .

7. Mu$%li&'.
8. Est-ce Vitalis de Gaza (†!625) ? Voir JABRE-MOUAWAD 2001 : 139.
9. JABRE-MOUAWAD 2001 : 68, met l’accent sur la misogynie d’Ibn al-Qil"#$%&.
294 Les lettres

IX- Peur et terreur aux arrogants


[manquant dans le contenu].

X- Colère sans miséricorde à ceux qui s’entêtent


La colocation avec les femmes a causé le malheur dans le pays :
Son bien s’est amoindri, son secret a été révélé, son ennemi l’a conquis, l’inimitié s’y est
instaurée et la division y a sévi, le doute a augmenté, la paix est perdue, les étrangers y ont
habité, les fléaux et les coups y ont augmenté, le sacerdoce y a été vendu [par la simonie].

XI- Malheur aux damnés


Le malheur qui frappe le pays est l’avatar de divers péchés : l’ivresse, le
blasphème, les gens qui souillent les monastères et les sacrements, la corruption
et l’usure. Ibn al-Qil!"#$% ajoute : « Tant que vous ne nettoyez pas les péchés
parmi vous, il [Dieu] ne vous répondra que par un malheur après un autre, et ne
déviera pas de sa justice comme vous le croyez. »

XII- Tourment éternel aux coupables d’errements


La justice de Dieu ne correspond pas à ce qu’on veut, mais à ce qu’on fait.
Ainsi, les pécheurs seront condamnés et non récompensés.

XIII- Couronnes et faveurs aux combattants


Les gens, qui accomplissent la volonté de Dieu et se convertissent en
demandant le pardon, auront les couronnes de la vie éternelle.

XIV- Joie et jubilation aux pénitents


Le moine qui laisse tout et suit le Seigneur, sera comme les anges après sa
mort et exaltera le Seigneur comme un fils béni.

XV- Bons fruits à ceux qui aident


Ceux qui, par la miséricorde et la charité, aident les pécheurs à se repentir,
sont bénis.
2.7 Lettre au peuple de Maron 295

XVI- Opprobre et honte à ceux qui corrompent


De nouveau, Ibn al-Qil!"#$% attaque les moines du Mont-Liban qui acceptent
de vivre en colocation avec des femmes. Ainsi il cite toute une liste de
10
qualificatifs, qui auraient été énoncés par saint Anselme , humiliant la femme
d’une manière outrageante.

XVII- La compagnie des anges aux solitaires


La vie monastique est la vie des anges. Rien ne peut l’émuler sauf la mort
d’un martyr, qui aurait déjà embrassé la vie monastique. La vie monastique, en
fait, est un martyre qui se vit chaque jour et, pour cela, la place des moines au
11
paradis est même plus grande que celle des anges .

XVIII- Preuve évidente dans les affaires de la religion


La fornication des moines dans le monastère est plus grave que tous les
autres péchés. Il est, devant Dieu, « plus immense que le péché d’un laïc qui
s’est débauché et a commis un meurtre à l’intérieur de l’église ».

XIX- Excommunications capitales envers les renégats


Quiconque s’obstine contre la foi, la loi, les coutumes du pays ou contre les
règles de la vie monastique doit être excommunié, expulsé et exilé hors du pays,
avant que « sa gale ne nous contamine et que son poison ne nous tue et que la
colère envoyée à cause de lui ne détruise notre pays ».

10. Nous n’avons pas réussi à identifier la source de cette liste.


11. JABRE-MOUAWAD 2001, texte français : 198, texte arabe : 273. Elle a lu le mot
kl!"l (couronne) et l’a compris ql!"l (peu) ce qui a donné un tout autre sens : « Car le martyr
pour un jour ou deux est un peu acceptable, mais le chaste et le moine qui supportent [les
épreuves] toute la journée sont rares… ». La traduction devait plutôt être : « Car le martyre
[enduré] pendant un ou deux jours mérite une couronne mais le chaste et le moine qui
supportent [les épreuves] méritent chaque jour une couronne… ». Le texte arabe dit :
.$)2% 3* 4,5 $% $678- !'-/*-9 :&7"*- ;<*9 =>)2% $"?@ ABC-9 D&)E FG,H0*- +1
296 Les lettres

XX- Celui qui se durcit [dans le péché] sera considéré parmi les
12
impies
Comme les grandes et extraordinaires villes ont été détruites à cause des
péchés et des impiétés, ainsi le Mont-Liban sera-t-il livré par la colère de Dieu à
la corruption et à la destruction si son peuple ne se convertit pas.
Le dernier appel d’Ibn al-Qil!"#$% à son pays est du même ordre que celui de
Jonas adressé aux habitants de Ninive ; il leur demande une dernière fois de
rejeter les trois péchés susmentionnés et d’expulser les perturbateurs, afin que la
paix revienne. Mais, ajoute Ibn al-Qil!"#$%, « si vous ne vous efforcez pas
rapidement d’abolir la cause [des péchés], ne doutez pas que le fléau sera
envoyé et vous l’endurerez et je suis innocent de votre sang ».

XXI- Conclusion
À la fin de cette lettre, Ibn al-Qil!"#$% note qu’il ne l’envoie pas
à quelqu’un en particulier, mais à tous les chefs du peuple de Maron, à ses savants, au
13
muqaddam de son pays, à son patriarche, à ses évêques, à ses prêtres, aux diacres et
sous-diacres du peuple, aux chefs laïcs [notables], et à tous ceux qui doivent être vigilants,
aux habitants des grottes, des monastères et des cavernes, ceux qui portent l’habit du
repentir et du monachisme, du bord de Nahr al-kalb jusqu’au pays du Drayb.

Ibn al-Qil!"#$% se nomme à la fin : « Et moi [je suis] un prêcheur innocent,


esclave et serviteur au faible [humble] nom de Gabriel, sous les pieds des
Pères. » Sa lettre est signée à Beyrouth, le 7 mai 1499.

12. JABRE-MOUAWAD 2001, texte français : 201, texte arabe : 277. Elle considère une note
introductive « dans l’accomplissement des vingt » comme le titre de ce chapitre.
13. JABRE-MOUAWAD 2001 : 206, écrit muqaddams au pluriel, alors que l’original garchouni est
au singulier.
297

2.8 LETTRE AUX HABITANTS DU MONT-LIBAN


1 2
Cette lettre est citée par Graf et éditée par Mouawad . Elle est attestée dans
3 4
un seul manuscrit, le VA 640 , dont H. Douaihy fait une description . Breydy
5
ajoute faussement le Borg Ar 136 .
Le destinataire de cette lettre n’est pas mentionné dans le contenu. C’est un
« lecteur » (f. 203r) et un « frère » (f. 203r), qui devient ensuite le « Mont-
Liban » personnifié (f. 205r), les « maronites » (f. 205v) ou encore les
« habitants du Mont-Liban » (f. 205v).
En s’appuyant sur la parole de l’Évangile, « c’est à leurs fruits que vous les
reconnaîtrez » (Mt 7, 16), Ibn al-Qil!"#$% incite son lecteur à se dresser contre les
hérétiques jacobites, parce que tous ceux qui sont en dehors de l’union avec
Rome vivent dans l’obscurité.
Ensuite, Ibn al-Qil!"#$% s’adresse au Mont-Liban comme s’il était une
personne humaine : « Fais attention et méfie-toi donc, ô Mont-Liban, et
reconnais les loups rapaces, qui ont gâté ta sainteté, depuis leur arrivée, par leur
6
fruit souillé. »
Ledit fruit a fait chanceler la foi du Mont-Liban et fut apporté par Al$%&'!"# al-
()ada*+$%, Ibn ,-a#b!"n de ()ard$%n et Samy!" de Le./fed. Le résultat en fut
catastrophique : les fléaux et les coups se sont renouvelés, la récolte et les fruits
ont manqué, le cœur des gouvernants s’est endurci, les corvées et les taxes se
sont renouvelées et les monastères se sont vidés.
Il rappelle aux maronites la recommandation du Seigneur quand un frère
pèche, celle de lui parler d’abord seul puis d’amener deux personnes et à la fin
d’exposer l’affaire à l’Église et, s’il s’obstine dans son entêtement, de le

1. GRAF, GCAL, III : 323.


2. Cette lettre est éditée dans JABRE-MOUAWAD 2001, texte français : 97-99, texte arabe : 153-
164.
3. F. 203r-205v.
4. DOUAIHY 1993 : 154-155. D’ailleurs, il se trompe de foliotation en citant f. 202r-205v.
5. BREYDY 1985 : 189. Il cite Borg Ar 136, f. 30r-49v qui correspond plutôt à une partie de
Miscellanea. D’ailleurs, Breydy se trompe également dans sa foliotation du VA 640 en
écrivant f. 203r-215v.
6. JABRE-MOUAWAD 2001, texte français : 161, texte arabe : 219. Elle lit : « par des enfants qui
sont tous à toi », au lieu de lire : « depuis leur arrivée ». L’original arabe dit :
.3KLB*- M'4,N- ;O P)* MQ&RG :9- ;O P7)#9ST +9SKU- ;VS*- 3WX,Y- Z,VG1- [/\-9 +,B"* $"] ,V +,% -G- /I^9 4,IJ-
298 Les lettres

7
considérer alors comme « un païen ou un publicain » . Ainsi fut le cas de
Dioscore, appelé par trois fois à comparaître devant le saint concile [de
8
Chalcédoine] .
D’où un cri strident et ferme : « Réveillez-vous, ô maronites, et maudissez
Jacques Baradée et ceux qui le suivent, car ils ont corrompu votre pays qui était
9
saint » . Mais si les maronites ne chassent pas définitivement les hérétiques, le
nom de Maron, qui désigne le « divin », sera décliné et les calamités
10
retomberont. Sur ce, Ibn al-Qil!"#$% termine son livre .
Signalons, à la fin, l’utilisation par Ibn al-Qil!"#$% de deux versions de la
Bible, la version grecque (latine ?) et la Peshitta syriaque. Ainsi, pour chaque
11
référence biblique, l’auteur indique l’emplacement dans le « grec » et le
« syriaque ».

7. Voir Mt 18, 15-17.


8. Voir dans Explication de la foi, l’épisode relaté par Ibn al-Qil"#$%&.
9. JABRE-MOUAWAD 2001, texte français : 162, texte arabe : 220.
10. ()atm al-kit*+b.
11. Est-ce la Septante ou simplement la Vulgate considérée comme la version grecque par Ibn
al-Qil"#$%& ?
299

2.9 TESTAMENT SPIRITUEL D’IBN AL- QIL!!""#

1 2
Cette lettre est citée par Graf et Breydy ; H. Douaihy en fait l’analyse
3 4
d’après les mss Borg Ar 136 et VA 644 .
L’auteur de cette lettre est bien Ibn al-Qil!"#$%, présenté par les copistes d’une
manière explicite : dans la table des matières et le titulum de la lettre, le copiste
du Borg Ar 136 présente Ibn al-Qil!"#$% comme étant « le théologien Paul le
5
Nouveau » . Quant au titulum du VA 644, il nous fournit le nom complet d’Ibn
al-Qil!"#$% « Gibr!"’$%l, fils de Bu*0rus al-Qil!"#$%, du village de Le./fed, de la famille
6
de ,-ei.1 Mas#23d » .
Le motif et les destinataires de cette lettre sont bien désignés dans les
incipit des deux manuscrits.
L’incipit du Borg Ar 136 dit :
À mes frères et amis : consolation et adieu avant la mort à l’étranger. Bienheureux celui
qui la lit [la lettre] avec un cœur attentif, parce qu’elle le lave de la rouille. Ô mes frères,
chassez loin de vous tout chagrin, toute lamentation et tous pleurs ; et, vous tous,
7
réjouissez-vous par des paroles de joie et d’exaltation.

Ce même énoncé apparaît dans l’incipit du VA 644 qui diffère à l’initiale :


Au nom du Dieu vivant, éternel, je me mets à écrire la lettre de l’humble serviteur à ses
8
frères, parents et amis, consolation et adieu avant la mort à l’étranger. Ô mes frères…

Le motif de cette lettre, bien compris dans l’incipit, est mieux défini dans un
paragraphe propre au VA 644 et qui sert d’introduction au Testament. Ibn al-
Qil!"#$% y déclare :
La pensée de la mort s’est présentée à moi ; j’ai renoncé à ma vie; et j’ai jeté loin de moi
la plume. Mon esprit m’a dit : Pourquoi es-tu distrait de la pénitence, et occupé à écrire ?
Tout ce que tu as écrit en grec, il n’y a pas d’espoir qu’il porte du fruit spirituel. J’ai

1. GRAF, GCAL, III : 324. Il cite les mss Borg Ar 136 et VA 644.
2. BREYDY 1985 : 190. Il reprend Graf.
3. Borg Ar 136, f. 148v-160r. DOUAIHY 1993 : 134.
4. VA 644, f. 182v-194v. DOUAIHY 1993 : 124-125.
5. Borg Ar 136, f. 4r, 148v.
6. F. 182v.
7. F. 148v.
8. F. 182v.
300 Les lettres

répondu à mon esprit : Pourquoi me troubles-tu ? Je n’ai pas encore écrit mon testament. Il
9
répliqua : Écris-le.
10
Ibn al-Qil!"#$% est loin de son pays, de ses parents et amis, il est à l’étranger ,
il se sent fatigué et est apparemment avancé en âge.
Dans son testament spirituel, Ibn al-Qil!"#$% demande à ses parents de ne pas
pleurer sa mort quand elle adviendra, mais plutôt sa perdition s’il mourait dans
le péché.
Il enchaîne toute la lettre encourageant ses destinataires à être toujours prêts
à recevoir le Christ et à accepter la mort. Il s’appuie sur la Bible pour démontrer
que celui qui consacre son temps à ce monde sera châtié, alors que celui qui
persévère dans la prière, le jeûne et la crainte de Dieu, sera récompensé dans le
Royaume des cieux. Il fait l’éloge de l’humilité et de la charité et insiste pour
qu’on rende à César et à Dieu ce qu’on leur doit.
En outre, il exhorte ses destinataires à s’interdire la fréquentation des
hérétiques, en l’occurrence les responsables parmi eux qui peuvent induire les
autres en erreur.
À la fin, Ibn al-Qil!"#$% conclut :
Ô mes frères, ce n’est pas de mes propres connaissances que je vous ai écrit cette lettre –
que j’ai appelée alliance ou testament, parce qu’elle contient les paroles de vie – mais [je
l’ai écrite] de l’enseignement de notre Seigneur et de ses apôtres, et de l’enseignement des
docteurs que j’ai appris. Si vous la lisez et la conservez, vous aurez la gloire éternelle.
11
Priez pour ma misère. Amen.

9. F. 182v.
10. Fi l-,-urba.
11. Borg Ar 136, f. 160r ; VA 644, f. 194v.
301

3- Les poèmes

3.1 Sur la vie de Marie et celle de Jésus


3.2 Sur Marie-Madeleine
3.3 Sur le dimanche des Rameaux
3.4 Sur Constantin et la Croix
3.5 Sur saint Alexis
3.6 Sur saint Lucius
3.7 Sur sainte Euphrosyne
3.8 Sur saint Syméon le Stylite
3.9 Sur les sphères
3.10 Sur la science
3.11 Sur le zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles
3.12 Sur la médecine et l’influence des astres
3.13 Sur les quatre conciles
3.14 Éloge funèbre de Jean, mort noyé
3.15 Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites
3.16 Sur le Mont-Liban
302
303

3.1 SUR LA VIE DE MARIE ET CELLE DE JÉSUS

1 2 3 4
Ce poème est cité par Douaihy, Graf et Breydy . Douaihy cite plusieurs
5
poèmes qui pourraient être inclus dans le présent poème .

La tradition manuscrite est attestée dans les manuscrits suivants :


6 7 8 9 10
Beyrouth 15 , Beyrouth 629 , Beyrouth 630 , Sbath 340 , Kreim 21 et
11
Alep 543 .
Nous supposons également que le même poème correspond au poème cité
12
par le ms. perdu VS 249/II-1 : De Christo domino, ejusque Matre .
13
Louis Cheikho a édité, dans la revue Machriq , quelques fragments de ce
poème. Sa notice permet de croire qu’il a utilisé l’actuel manuscrit
14
Beyrouth 630 .

1. Mad!"&'at.
2. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère aux deux manuscrits de Beyrouth cités dans CHEIKHO
1904 : 1088-1089.
3. BREYDY 1985 : 195. Il cite les mss Beyrouth 629, Beyrouth 630 et Kreim 21 ainsi que
l’édition de CHEIKHO 1904 : 1088-1089.
4. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237. Voir
également Histoire/Chartouni : 153.
5. .An &'ay*+t al-mas!"&' wa al*+mihi wa ummihi ta&'t a$%-$%al!"b [sur la vie du Christ, sa Passion et sa
mère au pied de la Croix], .An as-sit a#/-#/*+hira w*+lidat al-&0al*+$' [sur la Vierge, mère du Salut],
.An aq$%*+$% ar-rusul al-a#/h*+r [sur les histoires des apôtres bienheureux].
6. F. 54v-88r. Voir Beyrouth 16, f. 57r-87v qui est la copie arabe de ce manuscrit en garchouni.
7. F. 137r-185v. Nous attirons l’attention sur une remarque concernant le vers 601 qui apparaît
dans les mss Beyrouth 630, Alep 543 et Sbath 340, mais qui manque dans Beyrouth 15 et
Beyrouth 629 ; le ms. Kreim 21 étant mutilé à cet endroit, nous ignorons à quel groupe il
appartient.
8. F. 2r-47v. Plusieurs vers manquent dans ce manuscrit tels v. 35, 53b, 54a.
9. F. 4v-35v.
10. F. 54r-63v. Ce manuscrit est mutilé à partir du v. 223 et ne contient que les v. 1-222.
11. F. 170v-215v. Ce manuscrit est mutilé en plusieurs endroits : le folio 210rv (v. 602-619a), un
folio entre 211v-212r (v. 634-650b) ainsi que tous les folios qui originellement devaient
exister après le f. 215v (v. 713b-741).
12. Gabrielis Barclaii, II. Carmina Arabica, 1. De Christo domino, ejusque Matre. Ce manuscrit
appartenait jadis à la collection d’Abraham Ecchellensis : Codices Ecchellenses 18. Voir
ASSEMANI, BO, I : 577. GRAF, GCAL, III : 331, le considère comme étant un poème différent
de l’actuel.
13. CHEIKHO 1904 ; les fragments qui portent sur notre poème occupent les pages 1088-1089 ;
les vers édités sont : 1-3, 6-9, 16-27, 67-91, 101-103, 105 et 108 (49 vers). Le même auteur a
304 Les poèmes

C’est un long poème de 741 vers, composé chacun de deux hémistiches, de


12 syllabes chacun. Il est rimé en m!".
____12____a ____12____m!"

Gabriel Ibn al-Qil!"#$% se présente comme étant l’auteur à la fin du poème


(v. 739) ; il réside au couvent franciscain du Mont-Sion (v. 741) « avec des
15
frères francs » (v. 741). Il écrit le soir, à la lueur des bougies, pendant que les
autres dorment (v. 726).
Ce poème est adressé aux pèlerins en visite à Jérusalem (v. 4), Ibn al-Qil!"#$%
les invite à louer la Vierge Marie.
Quelles sont les sources d’Ibn al-Qil!"#$% ? Apparemment, il s’appuie
beaucoup sur les apocryphes et les légendes concernant les récits au sujet de
Jésus, Marie et des disciples.
16
La Légende dorée de Jacques de Voragine ne peut, à elle seule, être la
source directe d’Ibn al-Qil!"#$%, car elle est très concise et ne rapporte pas les
détails relatés par notre auteur et attestés par exemple dans le Protévangile de
17 18
Jacques , l’Évangile de l’enfance du Pseudo-Matthieu et dans le Livre de la
19
nativité de Marie .
Nous considérons, toutefois, qu’Ibn al-Qil!"#$% n’a pas puisé dans les sources
mêmes pour écrire son poème, mais plutôt dans les légendiers et les recueils des

déjà mentionné ce poème dans Machriq 7(1904) : 421.


Les vers 613-626 sont édités également dans CHEIKHO 1999 : 429, qui est une réédition d’un
article paru dans Machriq, 25(1927) : 269.
14. Cheikho déclare avoir trouvé le poème dans une copie conservée à la Bibliothèque
Orientale ; le manuscrit aurait été exécuté par le prêtre $Abdallah de Bseb$el en 1673. Il
ajoute que le poème contient plus de 500 vers. CHEIKHO 1904 : 1088.
15. Les « frères francs » sont les franciscains.
16. VORAGINE 1997 : 845-858, « Légende de la Nativité de Nostre Dame [légende 126] ».
VORAGINE 1998 : 493-502, « La nativité de la Bienheureuse Vierge Marie ».
17. Protév Jc (Voir la Bibliographie). Frey écrit à propos de cet apocryphe : « La diffusion du
Protévangile n’a guère été égalée dans la littérature apocryphe. On a découvert plus de cent
cinquante manuscrits en langue originale -le grec-, s’échelonnant du IVe au XVIe siècle ; en
outre, il existe des versions en de nombreuses langues anciennes : latin, syriaque, copte,
arménien, géorgien, éthiopien, arabe, vieil irlandais. » (Protév Jc : 74).
18. Pseudo-Mt (Voir la Bibliographie).
19. Nativ Marie (Voir la Bibliographie).
3.1 Sur la vie de Marie et celle de Jésus 305

vies de saints qui circulaient à son époque. Nous ne pouvons, en l’état actuel des
recherches, trouver lequel de ces légendiers ou recueils fut utilisé.

La structure du poème :
1 [v. 1-5] : Préambule.
L’auteur invite tous ceux qui aiment la Vierge Marie, surtout les visiteurs de
Jérusalem, à écouter ses paroles et déclare que ceux qui n’aiment pas la Vierge
iront dans le feu de l’enfer.

2 [6-66] : Les figures symboliques de Marie dans l’Ancien Testament.


Cette partie se consacre à démontrer que tous les symboles et les allégories
trouvés dans l’Ancien Testament trouvent leur explication dans la personne de
Marie. Ainsi, Ibn al-Qil!"#$% reprend toutes les images fournies par la patristique
sur Marie.
20
Elle est la vierge et la mère de l’Emmanuel dans Isaïe , le buisson ardent de
21 22 23
Moïse , la maison de Dieu d’après David , la rosée de Gédéon , la porte
24
fermée d’Ézéchiel et Salomon à son sujet fit des proverbes ; elle est l’escalier
25 26 27 28
de Jacob , l’arche de Noé , la vision d’Abraham , la victoire de Josué ,
l’affranchissement d’Adam de la mort ; c’est par son enfantement de Jésus
29
qu’est abolie l’onction des rois instaurée par Samuel ; elle est la fronde de
30 31
David et la prophétie de Nathan s’applique à elle ; elle est le tourbillon
32
d’Élie .

20. Is 7, 14.
21. Ex 3, 2.
22. 2 S 7, 29.
23. Jg 6, 37.
24. Ez 44, 2.
25. Gn 28, 12.
26 Gn. 6, 14.
27. Gn 15.
28. Jos 6, 20.
29. 1 S 16, 13.
30. 1 S 17, 49.
31. 2 S 12.
32. 2 R 2, 11.
306 Les poèmes

Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahoum, Habacuc, Sophonie,


Aggée, Zacharie, Malachie, Job,
les Pères et tous les Prophètes ont parlé de Marie et par la force de l’Esprit Saint, ils l’ont
vue ; ils l’ont proclamée même avant sa naissance et ont prophétisé qu’elle est la demeure
du ciel. (v. 65-66).

3 [67-114] : Les parents de Marie et l’annonce de sa naissance.


Ce paragraphe raconte l’histoire de Joachim et Anne, parents de Marie, et
comment ils l’ont conçue.
33
Joachim est de Nazareth et Anne de Bethléem ; ils ont tous les deux
34
quarante ans et n’ont pas de postérité.
Un samedi, Joachim va au temple présenter son offrande comme
35
d’habitude, mais est repoussé par son frère Ruben qui lui reproche sa stérilité
et lui rappelle qu’il est maudit d’après la Loi et n’a pas le droit de présenter son
offrande.
Joachim, attristé et tout confus, décide de ne plus retourner chez lui avant
que Dieu n’exauce ses prières. Il va séjourner avec des bergers non loin de
Jéricho. Là, il travaille et partage son gain en trois parties, à sa maison, aux
36
pauvres et aux visiteurs .
Anne, confuse de l’absence de son mari, prie Dieu et fait vœu que, si Dieu,
dans sa miséricorde, lui accordait un enfant, elle le vouerait au service divin.

33. Nativ Marie 1, 2 : « Son père s’appelait Joachim, sa mère Anne. La maison paternelle était
originaire de Galilée, de la ville de Nazareth ; la famille maternelle, de Bethléem. »
34. Pseudo-Mt 1, 2 : « À vingt ans, il prit pour femme Anne, fille d’Isachar, de la tribu et du
sang de David. Et, bien qu’ayant demeuré vingt ans avec elle, il n’en avait pas d’enfants. »
35. Protév Jc 1, 2 ; Pseudo-Mt 2, 1 ; Ruben n’est pas considéré comme le frère de Joachim, mais
comme un prêtre ou un scribe du temple. Dans Nativ Marie 2, 2 c’est le grand prêtre Isachar
qui chassa Joachim.
36. Pseudo-Mt 1, 1 cite cet exemple comme une habitude chez Joachim même avant sa fuite
dans le désert : « […] de tout ce qu’il possédait, il faisait trois parts. Il donnait la première
aux veuves, aux orphelins, aux pèlerins et aux pauvres, la deuxième à ceux qui se vouaient
au service de Dieu, la troisième lui revenait à lui et à sa maisonnée. » Cette affirmation est
reprise par Nativ Marie 1, 4.
3.1 Sur la vie de Marie et celle de Jésus 307

37
Après trois ans au bord du Jourdain, Joachim voit l’ange de Dieu lui
apparaître. L’ange lui annonce que ses prières sont entendues et qu’il va avoir
un enfant. L’ange demande à Joachim d’aller rencontrer sa femme Anne à
Jérusalem ; là, celle-ci lui explique que l’ange lui est apparu et que l’enfant sera
une fille du nom de Marie et qu’elle sera gardée au temple.

4 [115-144] : La naissance de Marie et son enfance.


Joachim et Anne retournent à Jérusalem, dans leur maison appelée a#$-
38 39 40
#$al!"%&'(ya ; Anne devient enceinte et, neuf mois plus tard , elle enfante Marie
dans la joie et la prière et non comme Ève « en travail et dans les douleurs » (v.
115).
41
À trois ans , Marie est présentée, par ses parents, au temple, avec des
offrandes. Là, Marie monte toute seule les marches qui conduisent à l’autel des
42
holocaustes comme si elle était déjà adulte ; tout le monde est stupéfait. Alors
le prêtre l’invite à rester vierge et à vivre dans le temple jusqu’au jour de son
43
mariage ; Marie répond qu’elle demeurera vierge toute sa vie . Ensuite, Anne et
Joachim retournent chez eux et Marie demeure au temple.

37. Protév Jc 1, 3 : il jeûne quarante jours et quarante nuits dans le désert ; aucun endroit précis
n’est cité. Pseudo-Mt 2.1 : il emmène ses troupeaux vers les lointaines montagnes pendants
cinq mois. Nativ Marie 3, 1 : un certain temps.
38. Selon la tradition, l’église Sainte-Anne à Jérusalem fut la maison d’Anne et de Joachim. Elle
est appelée également al-madrasa a$%-$%al*+&'!"ya, en mémoire de Saladin qui l’a transformée en
école de théologie islamique. Voir NATCHEH 2004.
39. Protév Jc 4, 2 pense plutôt à une grossesse miraculeuse avant le retour de Joachim. Pseudo-
Mt 3, 2 considère que la grossesse est de la « semence » de Joachim en dépit de son absence.
Nativ Marie 3, 4 l’exprime explicitement : « Aussi, lorsqu’il [Dieu] ferme un sein, il le fait
pour l’ouvrir plus miraculeusement ensuite et pour que l’on sache que ce qui naît n’est pas le
fruit de la concupiscence, mais un don divin. »
40. Protév Jc 5, 2 : sept mois ; Pseudo-Mt 4, 1 : neuf mois.
41. Protév Jc 7, 2 ; Pseudo-Mt 4, 1 ; Nativ Marie 6, 1.
42. Pseudo-Mt 4, 1 ; Nativ Marie 6, 2 : les marches étaient au nombre de quinze.
43. Gijsel dans l’introdution du Pseudo-Mt écrit : « La représentation monastique de la vie que
Marie mène au Temple procure un élément précieux pour situer l’Évangile du Pseudo-
Mathieu dans le temps […]. Considérant la fraîcheur avec laquelle la règle monastique est
décrite, on peut situer notre apocryphe dans les dernières décennies du VIe siècle ou les
premières du VIIe. » (Pseudo-Mt : 111). Ibn al-Qil"#$%& va encore plus loin, il recourt à des
images de son temps : le prêtre devient un évêque, la virginité devient la vie monastique et
pour y accéder il faut prendre l’habit monastique.
308 Les poèmes

Là, Marie apprend l’instruction et la prière et grandit dans l’obéissance et la


44
sainteté ; elle apprend à tisser la laine pour habiller les pauvres et les objets du
45
temple. Un ange vient lui apporter sa nourriture , lorsqu’elle se défait de sa part
quotidienne pour les démunis.

5 [145-185] : Le mariage de Marie.


46 47
Après dix ans de service au temple , le prêtre Zacharie vient chercher
Marie pour lui annoncer l’obligation de son mariage selon la loi. Marie répond
qu’elle a voué sa virginité à Dieu, mais qu’elle écouterait la voix du Seigneur
pour accomplir sa volonté. Une fois les prêtres réunis à son sujet, un ange se
dresse au milieu de la salle en demandant de faire venir au temple tous les vieux
48
et tous les non mariés de la maison de David pour que l’ange lui-même
choisisse l’époux de Marie.
Quand la réunion est au complet, l’ange de Dieu fait fleurir la baguette de
Joseph et demande au prêtre de lui confier Marie, afin qu’il soit son défenseur et
qu’elle soit pour lui comme une sœur et non comme une épouse. Joseph est
d’abord réticent, car il est pauvre, loin de son pays et son métier de charpentier
n’est pas facile ; de plus, il sera blâmé par ses voisins s’il cohabite avec une
femme sans aucune relation avec elle. Mais, sur l’insistance du prêtre et sur ses
recommandations, Joseph accepte malgré lui cette mission et conduit Marie
dans sa maison.
Marie lui explique alors qu’elle ne veut pas lui nuire. Elle sera nourrie et
protégée par l’ange de Dieu et ainsi, elle l’invite à reprendre son travail. Sur
cette parole, Joseph laisse Marie à Nazareth et repart vers son travail.

44. Pseudo-Mt 6, 1 : « Elle s’appliquait au travail de la laine. »


45. Pseudo-Mt 6, 2.
46. Elle a alors treize ans. Elle a d’ailleurs douze ans d’après Protév Jc 8, 2 et quatorze d’après
Pseudo-Mt 8, 1 et Nativ Marie 7, 3.
47. Il s’appelle Zacharie dans Protév Jc 8, 2 et Isachar dans Pseudo-Mt 8, 1.
48. Protév Jc 8, 2 : les veufs du peuple ; Joseph dans Pseudo-Mt 8, 4 déclare : « Je suis un
vieillard et j’ai des fils. » Nativ Marie 8, 1 rapporte que Joseph était « un homme de la
maison et de la famille de David, dont la femme était défunte et qui avait des enfants déjà
jeunes gens ». Quant à VORAGINE 1998 : 497, il rapporte la tendance du Moyen Âge à
considérer Joseph comme un homme non marié : « Tous les hommes nubiles et non mariés
de la maison de David devaient s’approcher de l’autel […]. Or il y avait là un homme de la
maison de David nommé Joseph, qui, seul, ne se présenta point devant le prêtre, estimant
inconvenant de prétendre, à son âge, devenir le mari d’une vierge de quatorze ans. »
3.1 Sur la vie de Marie et celle de Jésus 309

6 [186-199] : L’Annonciation.
49
Le récit de l’Annonciation correspond à la version donnée dans l’Évangile .
Ibn al-Qil!"#$% date cet événement le 25 mars (v. 186).

7 [200-226] : La révélation de l’ange à Joseph.


On trouve dans cette partie les détails concernant le retour de Joseph, son
50
doute, son songe. Cette version correspond également au texte évangélique .

8 [227- 252] : La naissance de Jésus.


51
La naissance de Jésus est relatée d’après la version de Luc ; mais Ibn al-
Qil!"#$% ajoute des détails qui coïncident avec le Pseudo-Matthieu, tel
l’enfantement dans une grotte qui se met à briller d’une grande clarté et où
viennent des anges pour entourer Marie pendant son accouchement et adorer
52
Jésus dès sa naissance . On y trouve également le détail du bœuf et de l’âne se
53
prosternant devant Jésus .

9 [253-262] : La visite des bergers.


L’épisode des anges et des bergers est présenté selon la version relatée dans
54
Luc .

10 [263-333] : La visite des mages.


Cette partie semble être un mélange de plusieurs légendes de tradition
orientale que le Moyen Âge occidental a utilisées.
55
La visite des mages racontée par le Protévangile de Jacques et le Pseudo-
56 57
Matthieu correspond plutôt à la version de l’Évangile , alors qu’Ibn al-Qil!"#$%
58
est plus prolixe dans son récit .

49. Lc 1, 26-38.
50. Mt 1, 19-25.
51. Lc 2, 1-7.
52. Pseudo-Mt 13, 2.
53. Pseudo-Mt 14, 1.
54. Lc 2, 8-21. Ibn al-Qil"#$%& ajoute qu’ils paissent leur troupeau dans la terre de 12*+.*+n (v. 253).
310 Les poèmes

Il faut, en fait, recourir à l’Évangile arménien de l’Enfance pour trouver les


59
détails concernant les rois mages .
60
Ibn al-Qil!"#$% raconte que douze rois se réunissent au bord de l’Euphrate
pour aller vénérer le nouveau-né ; mais, après consultation, ils choisissent trois
d’entre eux pour les représenter dans ce voyage. Ces mages sont des rois de
Perse dont les noms sont Gaspard, Melchior et Balthasar. Cette version trouve
un écho dans les Voyages de Marco Polo (†!1324), qui raconte avoir visité les
61
tombeaux de ces trois mages à Sava près de Hormuz, dans le golfe persique .
Lorsque les rois présentent leurs hommages et leurs cadeaux, le nouveau-né
62
les bénit et leur donne un linge où est gravé son visage . Il leur demande de ne
plus revenir auprès d’Hérode, mais d’emprunter un autre chemin pour leur
retour.

11 [334-351] : Le massacre des enfants innocents.


Après la visite des rois mages, Hérode est contraint de partir pour Rome,
afin de se défendre de l’accusation faite par ses propres fils, lesquels le
considèrent comme un tyran. Il gagne cause et revient à Jérusalem deux ans plus
63
tard .

55. Protév Jc 21, 1-3.


56. Pseudo-Mt 16, 1-2.
57. Mt 2, 1-12.
58. Dans VORAGINE 1998 : 73-76, « L’Épiphanie », l’histoire des rois mages est également
moins détaillée que dans le texte d’Ibn al-Qil"#$%&.
59. Selon cet évangile, les rois mages sont Melkon, roi de Perse (devenu ensuite Melchior dans
la tradition chrétienne occidentale), Gaspard de l’Inde et Balthasar de l’Arabie. Voir
MONTAGUE 1924 : 83.
60. Les plus anciennes traditions orientales citent douze mages au lieu de trois. Jacques d’Édesse
(†!708), dans une lettre adressée à Jean le Stylite, réfute les diverses versions sur le nombre
des mages et affirme qu’ils sont douze. Cette version est relayée ensuite par la plupart des
historiens syriaques. Voir BALICKA-WITAKOWSKA 1998 : 646-647.
61. POLO 1920, vol. I, chap. XIII.
62. Cela nous rappelle l’histoire d’Abgar, roi d’Édesse, relatée par Eusèbe dans son histoire
ecclésiastique (livre I.13) et dans le traité intitulé La doctrine d’Addaï. Voir EUSÈBE DE
CÉSARÉE, Histoire ecclésiastique ; DESREUMAUX 1993 ; HAYES 1930. Cette histoire a gagné
ensuite une réputation étendue tant en Orient qu’en Occident.
63. VORAGINE 1998 : 58, raconte dans l’histoire des « Saints Innocents » (légende X), que les fils
d’Hérode « se querellaient avec leur père au sujet de la succession au trône. Puis, comme
leur père, irrité contre eux, parlait de les déshériter, ils entreprirent de le faire tuer. Hérode,
prévenu, les chassa et les deux jeunes princes se rendirent à Rome, où ils portèrent plainte
3.1 Sur la vie de Marie et celle de Jésus 311

Là, cherchant les rois mages sans succès, Hérode se fâche et ordonne de
64
réunir tous les enfants de moins de deux ans , ainsi que les femmes enceintes
qui se trouvent à Bethléem. Le nombre des enfants concernés est de cent
65
quarante-quatre mille et tous passent au fil de l’épée .
Hérode croit ainsi atteindre Jésus parmi les enfants, mais l’ange de Dieu
apparaît à Joseph et lui ordonne de prendre l’enfant et sa mère et de s’enfuir en
Égypte. Après sept ans, Hérode meurt et son frère Archélaüs prend le pouvoir à
sa place ; alors l’ange apparaît à nouveau à Joseph pour lui ordonner de
66
retourner au pays ; Joseph et sa famille s’installent à Nazareth .

12 [352-368] : La prophétie des Sibylles.


Ibn al-Qil!"#$% raconte l’épisode du discours de l’empereur Octave avec une
67
Sibylle qui prophétise la naissance de Jésus .

68
13 [369-377] : Les noces de Cana . L’époux est Jean qui abandonne tout
69 70
pour suivre Jésus , son cousin .

contre leur père devant l’empereur », et il ajoute ensuite qu’Hérode est mandé à Rome pour
se défendre et là, il obtient la faveur impériale, ce qui le rend plus audacieux. Ainsi il
ordonne, une fois revenu, de tuer tous les enfants âgés de moins de deux ans.
En revanche, l’affirmation d’Ibn al-Qil"#$%& qui prétend que le séjour d’Hérode à Rome a duré
deux ans, n’est pas attestée par VORAGINE 1998 : 59, qui considère que le fait d’ordonner de
tuer tous les enfants âgés de moins de deux ans « s’explique fort bien si l’on songe que, le
voyage d’Hérode à Rome ayant duré un an, un espace de près de deux ans devait s’être
écoulé depuis le moment où l’étoile avait révélé aux mages la naissance de l’enfant royal ».
Il est probable que la source de VORAGINE 1998 : 57, concernant l’épisode d’Hérode soit
l’Histoire scholastique de Pierre le Mangeur (†!1178).
64. Mt 2, 16 ; Protév Jc 22, 1 ; Pseudo-Mt 17, 1.
65. “The Greek Liturgy asserts that Herod killed 14.000 boys (ton hagion id chiliadon Nepion),
the Syrians speak of 64.000, many medieval authors of 144.000, according to Ap. 14, 3.”
HOLWECK 1910.
66. Cet épisode correspond plutôt au récit de l’Évangile dans Mt 2, 13-15 ; 19-23.
67. Ibn al-Qil"#$%& a déjà présenté cette version de Sibylles dans Miscellanea.
68. Jn 2, 1-11.
69. L’Évangile ne révèle pas le nom de l’époux, mais c’est la tradition qui l’identifie comme
étant l’évangéliste Jean, lui-même. Voir Apocalypse selon saint Jean.
70. Le fils de la sœur de sa mère. En fait, VORAGINE 1998 : 494, relate, d’après « la tradition »,
que la mère de Marie, Anne, a eu successivement trois maris dont Joachim le père de Marie,
mère de Dieu, et Salomé le père d’une autre Marie qui épousa Zébédée et eut comme enfants
Jacques le Majeur et Jean l’Évangéliste.
312 Les poèmes

14 [378-404] : Le baptême de Jésus, le jeûne et la tentation dans le désert,


71
puis le début de la prédication et l’appel des Douze .

15 [405-419] : L’histoire de Judas d’Iscariote.


L’histoire de Judas, de la ville d’Iscariote, laquelle est ensuite détruite. Le
père de Judas est persuadé, à la suite d’une consultation astrologique, qu’il sera
tué par l’un de ses enfants ; alors il tue ses enfants l’un après l’autre. Quand
Judas naît, son père l’éventre et le jette ; mais l’enfant est sauvé et élevé par
quelqu’un.
Une fois devenu grand, il fréquente les sentinelles de Jérusalem et parvient
un jour à tuer son père. Puis, il demande sa propre mère en mariage et l’épouse.
Démasqué, il fuit son pays et se réfugie à Rome dans la maison de Pilate qui,
désigné gouverneur de Jérusalem, fait venir Judas avec lui. Là, Judas aspire au
72
repentir et suit Jésus .

16 [420-449] : Un précis sur l’ensemble de la prédication de Jésus et sur les


miracles qu’il fait.

73
17 [450-459] : Le récit de la Transfiguration .

71. Mt 3, 13-4, 22.


72. Jacques de Voragine, dans sa vie de saint Mathias (légende XLV) rapporte le même contexte
général sur la vie de Judas, mais avec des détails différents de ceux de la version fournie par
Ibn al-Qil"#$%&. Voragine puise dans une « certaine histoire, qui malheureusement est
apocryphe et ne mérite que peu de créance ». Il raconte que Ciborée, la femme de Ruben, eut
un songe lui révélant qu’elle mettrait au monde un fils monstrueux, qui devait causer la perte
de toute sa famille. Une fois l’enfant né, les parents le posèrent dans un petit panier, et les
flots le poussèrent jusqu’à une île nommée Iscarioth ; là, c’est la reine de l’île qui, n’ayant
pas d’enfants, le prit en charge et l’éleva avec un fils qu’elle eut ultérieurement. Judas était
de mauvais caractère ; il tua le vrai fils du roi et s’enfuit à Jérusalem où il trouva refuge
auprès du préfet Pilate. Un jour Pilate envia un champ appartenant à Ruben qui refusa de
céder son terrain au préfet, alors Judas tua Ruben et épousa sa veuve sans savoir qu’ils
étaient ses propres parents. Lorsque la vraie histoire fut connue, Judas alla trouver Jésus et le
suivit. VORAGINE 1998 : 161-162.
73. Mt 17, 1-9 ; Mc 9, 2-9 ; Lc 9, 28-36.
3.1 Sur la vie de Marie et celle de Jésus 313

74
18 [460-471] : Jésus fait ressusciter la fille de Jaïrus et le jeune homme de
75 76
Naïn ; il maudit un figuier sans fruit .

77
19 [472-486] : La résurrection de Lazare .

78
20 [487-499] : L’entrée de Jésus à Jérusalem .

21 [500-508] : Le repas chez Lazare à Béthanie d’après la version de


l’Évangile selon Jean, chapitre 12. Après le repas, Jésus annonce sa mort, et sa
mère, qui est présente, se met à sangloter, faisant pleurer tout le monde.

79
22 [509-525] : La dernière Cène .

80 81
23 [526-547] : La prière de Jésus à Gethsémani , son arrestation , le
82
reniement de Pierre .

83
24 [548-627] : Le jugement de Jésus, sa crucifixion et sa mort .
Le soldat qui perce le côté de Jésus avec une lance s’appelle Longin. Il
souffre d’un mal ophtalmique. Mais lorsque le sang qui coule le long de sa
lance touche ses yeux, ceux-ci sont guéris. Il devient alors croyant et achève sa
84
vie dans le martyre .
Trois détails ne figurent pas dans les évangiles :

74. Mt 9, 18-26 ; Mc 5, 21-43 ; Lc 8, 40-56.


75. Lc 7, 11-17.
76. Mt 21, 18-19 ; Mc 11, 12-14.
77. Jn 11, 1-44.
78. Mt 21, 1-11 ; Mc 11, 1-11 ; Lc 19, 28-40 ; Jn 12, 12-19.
79. Mt 26, 17-29 ; Mc 14, 12-25 ; Lc 22, 7-20.
80. Mt 26, 36-46 ; Mc 14, 32-42 ; Lc 22, 40-46.
81. Mt 26, 47-56 ; Mc 14, 43-52 ; Lc 22, 47-53 ; Jc 18, 2-11.
82. Mt 26, 69-75 ; Mc 14, 66-72 ; Lc 22, 56-62 ; Jn 18, 25-27.
83. Mt 27, 1-56 ; Mc 15, 1-41 ; Lc 23, 1-49 ; Jn 18, 28-19, 30.
84. Voir VORAGINE 1998 : 180, « Saint Longin » (légende XLVII).
314 Les poèmes

a- Sur le trajet qui mène à Golgotha, Marie, mère de Jésus, se jette sur lui en
pleurant ; alors les soldats commencent à les frapper, mais ils tombent tous deux
par terre et perdent conscience (v. 571-573).
b- Véronique, une vierge qui aime Jésus, s’approche de lui et essuie son
visage avec un linge. L’empreinte de son visage reste marquée à jamais sur le
85
linge , devenu une relique, d’un pouvoir miraculeux, pour beaucoup de
malades. Ce linge était conservé à Rome à l’époque d’Ibn al-Qil!"#$% (v. 579-
86
581) .
c- Pendant la préparation de la Croix, les soldats enferment Jésus dans une
grotte (v. 583).

87
25 [628-667] : La mise au tombeau de Jésus , sa Résurrection et son
88 89
apparition aux femmes , puis la venue de Pierre et Jean .
Signalons que, pour Ibn al-Qil!"#$%, les femmes qui se rendent au tombeau
90
sont Marie Salomé, Marie sa sœur et Marie de Magdala .

91 92
26 [668-684] : Les deux disciples d’Emmaüs . Ils s’appellent Cléophas et
93
Luc .

85. La version dans VORAGINE 1998 : 201, est différente ; c’est Véronique elle-même qui la
raconte : « Comme Jésus était toujours en route pour prêcher, et que sa présence me
manquait fort, je me rendis un jour chez un peintre pour qu’il me fît son portrait, sur une toile
que je lui portais. Or le Seigneur, m’ayant rencontrée, et ayant su où j’allais, appuya ma toile
contre sa face, et je vis que son image s’y était gravée. »
86. Une vieille légende contenue dans les apocryphes des Actes de Pilate (Mors Pilati) raconte
que Véronique est allée à Rome et a laissé le linge sacré au pape saint Clément. Voir DEGERT
1912. D’ailleurs, Ibn al-Qil"#$%& lui-même raconte qu’il a vu ce même linge dans l’église Saint-
Pierre à Rome (VA 644, f. 248v ; Borg Ar 136, f. 210v).
87. Mt 27, 57-61 ; Mc 15, 42-47 ; Lc 23, 50-56 ; Jn 19, 38-42.
88. Mt 28, 1-8 ; Mc 16, 1-8 ; Lc 24, 1-11 ; Jn 20, 1.
89. Jn 20, 2-10.
90. Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé (Mc 16, 1) ; Marie de Magdala et
l’autre Marie (Mt, 28, 1) ; Marie de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres
(Lc 24, 10) ; Marie de Magdala (Jn 20, 1).
91. Lc 24, 13-35.
92. Lc 24, 18.
93. VORAGINE 1998 : 588-590, « Saint Luc » (légende CLIV), considère que ce disciple n’est
autre que l’évangéliste Luc et cela d’après les témoignages de plusieurs auteurs, notamment
saint Grégoire.
3.1 Sur la vie de Marie et celle de Jésus 315

94
27 [685-692] : Jésus apparaît à Thomas .

95 96
28 [693-713] : Les récits de l’Ascension et de la Pentecôte .

97
29 [714-721] : La proclamation de l’Évangile par les disciples de Jésus :
98 99 100 101
Pierre et Paul à Rome. André crucifié . Jacques , Judas , Jacques le Mineur
102 103 104
et Matthieu , enterrés à Jérusalem. Barnabé à Chypre . Jean à Éphèse .
105 106 107 108
Matthias qui est martyr. Thomas et Barthélemy en Inde. Simon et
109 110 111 112
Thaddée en Perse . Marc martyrisé à Alexandrie . Philippe à Westia . Luc
113
mort en Bithynie .

94. Jn 20, 24-29.


95. Mc 16, 19-20 ; Lc 24, 50-53 ; Ac 1, 6-11.
96. Ac 2, 1-13.
97. Plusieurs informations concernant le champ d’action des apôtres et des disciples se trouvent
dans l’apocryphe Dormition de Marie. Voir MIMOUNI 1997.
98. D’après VORAGINE 1998 : 11 et 15, André est crucifié à Patras en Achaïe.
99. C’est Jacques, fils de Zébédée ou Jacques le Majeur. Voir VORAGINE 1998 : 352-354. Il est le
premier apôtre à subir le martyre (Ac 12, 2) et périt décapité sur ordre d’Hérode Agrippa I à
Jérusalem, vers 44.
100. Le mot arabe Yah3456*# signifie Judas ou Jude. Ibn al-Qil"#$%& fait de Jude et de Thaddée deux
personnes différentes. La personne désignée ici serait probablement Judas que conserve son
nom la légende de l’invention de la Sainte Croix, et qui, juif, se convertit au christianisme,
devint évêque de Jérusalem et fut mis à mort par Julien l’Apostat. Voir VORAGINE 1998 :
265-266.
101. Voir VORAGINE 1998 : 253. Une tradition rapporte qu’il fut précipité du haut du Temple de
Jérusalem, lapidé et peut-être scié par les juifs.
102. D’après VORAGINE 1998 : 530-533, il est tué à Nadabar en Éthiopie.
103. Voir VORAGINE 1998 : 288.
104. Voir VORAGINE 1998 : 45-55.
105. VORAGINE 1998 : 164-165, présente plusieurs traditions concernant la mort de Mathias,
parmi lesquelles son martyre en Judée. Matthias est désigné par le sort après l’Ascension (Ac
1,-15-26) pour remplacer Judas l’Iscariote. Une autre tradition raconte qu’il a évangélisé la
Cappadoce où il a été martyrisé.
106. Voir VORAGINE 1998 : 34.
107. Voir VORAGINE 1998 : 453. D’autres traditions penchent à le faire mourir écorché vif sur les
bords de la mer Caspienne.
108. C’est Simon, surnommé le zélote (Mt 10, 4 ; Mc 3, 18 ; Lc 6, 15).
109. Thaddée (Mc 3, 16-19 ; Mt 10, 3) est également appelé Jude, fils de Jacques (Lc 6, 16 ; Ac 1,
13).
110. Voir VORAGINE 1998 : 596-602.
111. Voir VORAGINE 1998 : 232-234.
316 Les poèmes

30 [722-741] : À la fin de son poème, Ibn al-Qil!"#$% invite tout le monde à


louer la Vierge Marie et à chanter ses mérites. Quant à lui, il vénère le sol que
son pied a foulé, un jour, et demande sa protection.

112. Ville non localisée. D’ailleurs, VORAGINE 1998 : 250, situe la mort de Philippe à Hiérapolis,
dans la province de Phrygie.
113. Voir VORAGINE 1998 : 589.
317

3.2 SUR MARIE-MADELEINE


1 2
Ce poème est cité par Graf et Breydy . La tradition manuscrite est
3 4 5
conservée dans Sbath 340 , VS 231 , et PKO or. oct. 1428 qui, mutilé, n’en
conserve que les quatre premiers vers.
Il est composé de 19 vers, composé chacun de deux hémistiches, de 12
syllabes chacun. Il est rimé en d'( :

____12____ ____12____ d'(

Le ms. Sbath 340 intitule le poème Poème sur la résurrection de Notre


6
Seigneur Jésus-Christ , alors que le ms. VS 231 l’intitule Poème sur Marie-
7
Madeleine . Le titre est absent dans le troisième manuscrit.
Ibn al-Qil!"#$% ne se présente pas comme l’auteur de ce poème, mais les deux
copistes des mss Sbath 340 et VS 231 le lui attribuent.

La structure du poème :
1 [v. 1-4] : L’auteur se met à la place de quelqu’un qui parle à Marie-
Madeleine et l’exhorte à se précipiter vers le tombeau du Christ pour croire en
sa résurrection et en témoigner à tout le monde.

2 [5-13] : Puisant dans la scène où Marie-Madeleine a confondu Jésus avec


8
le jardinier , Ibn al-Qil!"#$% l’invite à bien chercher dans le jardin et à crier le nom
de son maître, afin qu’il se manifeste, la bénisse et l’envoie proclamer la Bonne
Nouvelle aux apôtres.

1. GRAF, GCAL, III : 332. Il cite le ms. VS 231 et intitule le poème Sur Marie Madeleine .
2. BREYDY 1985 : 196. Il cite le ms. VS 231 et intitule le poème Maria Magdalena.
3. F. 103v-104r.
4. F. 20r-22r.
5. F. 38v-39r.
6. Mad!"&'a .al*+ qiy*+mat say!"din*+ y*+s34. al-mas!"&((f. 103v).
7. Qawl .al*+ Mariam al-ma,7dal!"yeh (f. 20r).
8. Jn 20, 14-17.
318 Les poèmes

3 [14-19] : À la fin, l’auteur implore la miséricorde de Dieu qui, lui seul,


peut sauver l’homme et l’accueillir dans son Royaume.
319

3.3 SUR LE DIMANCHE DES RAMEAUX


1 2
Ce poème est cité par Graf et Breydy . Il se trouve dans les manuscrits
3 4 5 6
Beyrouth 15 , Beyrouth 629 , Bkerke 141 et VS 231 .
7
Harfouche l’a édité dans la revue al-Manara , en s’appuyant sur le ms.
Bkerke 13, devenu actuellement le ms. Bkerke 141.
C’est un poème de cinquante-six vers, composé chacun de deux
hémistiches, chaque hémistiche de 12 syllabes. Il est rimé en m!"4:
____12____ ____12____m!"
Dans le ms. Beyrouth 15, ce poème est intitulé Poème sur la procession [du
8
dimanche] des Rameaux (f. 93v) ; le ms. Beyrouth 629 l’intitule Poème sur [les
9
rameaux] d’olivier (f. 5r), alors que le ms. Bkerke 141 propose le titre Poème
10
sur la fête des Rameaux (f. 7v). Le ms. VS 231 en retient seulement Poème sur
11
[le dimanche] des Rameaux (f. 22v).
12
Gabriel Ibn al-Qil!"#$% se présente comme l’auteur à la fin du poème (v. 53) .
Dans ce poème, l’auteur fait la louange du dimanche des Rameaux en
13
évoquant le récit évangélique racontant l’entrée de Jésus à Jérusalem et sa
14
réaction à l’égard des vendeurs du Temple .

1. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère au ms. VS 231, mais confond ce poème avec un autre
portant sur le même thème. Voir Œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil*+.!" : sur le
dimanche des Rameaux.
2. BREYDY 1985 : 197. Il cite les mss Bkerke 13, qu’il identifie faussement à l’actuel
Bkerke 101, et VS 231, ainsi que l’édition de la revue al-Manara.
3. F. 93v-96r.
4. F. 5r-9r.
5. F. 7v-10r.
6. F. 22v-27r.
7. HARFOUCHE, Rameaux.
8. Mad!"&'a .al*+ z!"y*+&' a$8-$8a.n!"neh.
9. Mad!"&'a .*9*+ az-zayt34n.
10. Mad!"&'a .al*+ .!"d a$8-$8a.n!"neh.
11. Mad!"&'a .al*+ a$8-$8a.n!"neh.
12. Les mss Beyrouth 629 et Bkerke 141 conservent le nom de Gabriel : « Le pauvre, qui
demande la prière, l’a dit [le poème], il s’appelle Gabriel, le serviteur de tout le monde. » En
revanche, le copiste du ms. Beyrouth 15 a remplacé le nom de Gabriel par son propre nom,
An)!oni*+s (f. 96r).
13. Mt 21, 1-11 ; Mc 11, 1-11 ; Lc 19, 28-40 ; Jn 12, 12-16.
14. Mt 21, 12-17 ; Mc 11, 15-19 ; Lc 19, 45-48 ; Jn 2, 13-16.
320 Les poèmes

Ibn al-Qil!"#$% rapporte (v. 23-27) que les chefs religieux ont cherché des
bâtons, les ont livrés aux enfants et ont ordonné que les grands parmi eux
frappent Jésus avec les bâtons et que les petits ramassent des pierres pour le
lapider ; quand les enfants rencontrèrent Jésus, les bâtons se transformèrent en
rameaux de palmier et d’olivier.
À la fin du poème, l’auteur invite ses auditeurs à prendre les buis bénits
pour en être tous bénis, enfants et adultes. Il fait descendre sur eux également
les bénédictions du pape et du patriarche.
321

3.4 SUR CONSTANTIN ET LA CROIX

1 2 3
Ce poème est cité par Douaihy , Graf et Breydy . Il est décelable dans onze
4 5 6 7
manuscrits : Beyrouth 15 , Beyrouth 16 , Beyrouth 629 , Beyrouth 630 ,
8 9 10 11 12
Beyrouth 1353bis , Bkerke 117 , Bkerke 141 , Bkerke 180 , CAN 761 ,
13 14 15
Kreim C et Kreim D . Harfouche l’a édité dans la revue al-Manara .

1. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237,(.An qus#/an#/!"n


wa-btid*+ an-na$%r*+n!"y*& [Sur Constantin et le début du christianisme]. Voir également
Histoire/Chartouni : 153, Qus#/an#/!"n al-kab!"r [Constantin le Grand].
2. GRAF, GCAL, III : 327-328, qui cite Bkerke 13, Beyrouth 629 et Beyrouth 630.
3. BREYDY 1985 : 194. Il cite les manuscrits Beyrouth 629, Beyrouth 630 et Bkerke 13(101). La
cote du jadis Bkerke 13 comporte actuellement les manuscrits Bkerke 141 et Bkerke 180, non
Bkerke 101 comme l’indique Breydy.
4. F. 27v-49v.
5. F. 30v-51v.
6. F. 17r-40v. acéphale ; il commence au v. 14. Les vers manquants : 28-92, 94-99, 122, 127-
128, 132b-133a, 148, 152, 188b-204a (f. 22v-23r amputés) ; un folio manquant (f. 31r)
devait contenir les v. 337-340 , 394b-396a, 404-414, 454b-456a, 465, 487, 498. Le v. 130 est
disposé après le 131. Les v. remaniés : le 93 change de premier hémistiche et garde le
second, 2 v. entre 99-100, 100b, 101, 108-109, 112b, 115b-117, 146, 159, 162, 167b, 170a-
180a, 307-308, 452-453 . Les expressions syriaques (v. 455 et 465) y manquent et seule la
version arabe y est conservée (v. 454 et 466).
7. F. 90r-119r. Dans l’ancienne foliotation, en chiffres indiens, le folio 226 manque (225 puis
227), alors que la foliotation récente, en chiffre arabe, ne remarque aucune amputation (113
puis 114). Cela permet de constater qu’il manque un folio entre les 113v-114r actuels. Les v.
manquants : 385-415, 439, 455, 465. Les expressions syriaques (v. 455 et 465) y manquent
et seule la version arabe est conservée (v. 454 et 466).
8. P. 67-103 : des considérations, en dialectal, rappelant l’empereur Constantin. Nous n’avons
pu consulter ce manuscrit dont la référence est donnée par KHALIFÉ 1963 : 15-16.
9. F. 17r-29r. Il contient les expressions syriaques (v. 455 et v. 465) au lieu de la traduction
arabe (v. 454 et 466). À la fin, le scribe omet les v. 472-474, 479, 482-500. Après le v. 481 le
copiste note : « Nous avons omis le reste. »
10. F. 80r-93v ; il est incomplet de la fin. Les v. manquants : 23b-73, 225b-249a, 390, 421
jusqu’à la fin.
11. F. 1r-4r. acéphale ; les v. manquants sont 1-420, 455. Les expressions syriaques (v. 455 et
465) y manquent et seule la version arabe est conservée (v. 454 et 466).
En considérant que les manuscrits actuels Bkerke 141 et Bkerke 180 formaient jadis une
partie du Bkerke 13, nous pouvons constater que ce poème commence dans Bkerke 141,
f. 80r-93v (les v. 1-420) et s’achève dans Bkerke 180, f. 1r-4r (v. 421-500).
12. P. 1-42.
13. P. 160-180.
322 Les poèmes

I- Le titre
Le titre de ce poème diffère selon les copistes :
Sur le début de l’édification des églises et comment la religion des chrétiens
16
fut édifiée (Beyrouth 15) .
17
Sur Constantin le roi (Beyrouth 630) .
Comment la religion des chrétiens a vaincu par la main de Constantin, le
18
roi croyant (Bkerke 117) .
Comment les chrétiens ont vaincu par la main de Constantin, le roi croyant
19
(Bkerke 141) .
L’édition de Harfouche dans al-Manara donne comme titre : Un poème sur
l’apparition de la religion chrétienne par la main du roi Constantin.

II- L’auteur et le type de composition


Ibn al-Qil!"#$% se nomme comme l’auteur de ce poème au v. 481 : « Moi, Ibn
20
al-Qil!"#$%, misérable de mon surnom. »
Ce poème contient 500 vers, composé chacun de deux hémistiches, de 12
syllabes chacun. Il est rimé en m!"):
____12____ ___12___m!"4

14. F. 26r-49r. C’est une recomposition à partir de plusieurs manuscrits tels Bkerke 13, Beyrouth
629, Beyrouth 630 et un manuscrit copié à ,-att*+n en 1900. Il semble que cette version fut le
brouillon de l’édition faite pour la revue al-Manara.
15. HARFOUCHE, Constantin.
Cette édition, la seule connue jusqu’à présent, est très défectueuse : dans l’énumération des
vers, cette édition omet le vers 212. De plus, on y trouve quelques fautes d’impression
concernant les numéros des vers : 60 est écrit 50 (60 : 50), 86 : 76, 147 : 247, 150 : 140,
151 : 51, 232 : 233, 352 : 353, 473 : 443, 489 : 487, 496 : 476, 499 : 599. Deux v. écrits en
syriaque sont réécrits ensuite en arabe (le v. syriaque 455 est copié en arabe dans le v. 454 ;
le v. syriaque 565 repris en arabe dans le 466). Trois vers (390, 487, 498) sont ajoutés sans
qu’on en trouve trace dans les différentes copies. Treize vers y sont omis, qui existent dans
les autres copies (un v. entre les v. actuels 123-124, 187-188, 230-231, 385-386, 388-389,
392-393, 417-418, 420-421, 421-422, 430-431, 480-481, 491-492 et 497-498).
16. Mad!"&'a .ala ibtid*+ l-kan*+yis wa kayfa rtaf*+. d!"nu n-na$%*+r*+.
17. Mad!"&'at Qo$%#/an#!"n l-malek.
18. Mad!"&'a kayfa nta$%ar d!"nu n-na$%*+r*+ .an yad Q34s#/an#/!"n l-malek l-m34min.
19. Mad!"&'a kayfa nta$%*+r n-na$%*+r*+ .ala yad Q34s#/an#/!"n l-malek l-m34min.
20. An*+ Ibn al-Qil*+.!" l-&'aq!"r bkanwit!".
3.4 Sur Constantin et la Croix 323

Le nombre de syllabes n’est pas le même pour tous les vers ; en fait,
l’auteur se permet d’agencer les syllabes pour garder le même pied (12 + 12),
mais sans toujours réussir. De même, il essaie d’arranger les mots de la
clausule, pour garder la même rime m!".

III- Les sources


Il semble que l’auteur rassemble dans ce poème plusieurs légendes circulant
à son époque :
21
– l’origine royale et anglaise d’Hélène, mère de Constantin ;
– la légende du baptême de l’empereur Constantin par le pape Sylvestre tiré
22
des Acta Sylvestri ;
23
– les donations de Constantin ;
– la découverte de la sainte Croix par Hélène relatée dans les Actes du juif
24
Cyriaque ;

21. Voir le paragraphe 3.


22. DUCHESNE 1877 : 165-173. Il existe plusieurs versions de la vie de Sylvestre dans la tradition
syriaque (BHO 1069, 1070, 1072) ou arabe (BHO 1071), mais il semble qu’Ibn al-Qil"#$%& se
soit inspiré de la version latine (la forme des noms, des lieux, l’ajout de quelques légendes
d’origine latine).
23. GUÉRIN, Les petits bollandistes, XII : 841, « 31 décembre : la vie de saint Sylvestre », écrit :
« La Donation de Constantin se présente comme une lettre adressée au pape par l’empereur.
Il commence par raconter sa conversion en suivant fidèlement la Vie de Silvestre, puis, en
reconnaissance, il accumule les faveurs : il confère au pape la primauté sur les autres évêques
et sur les quatre patriarches d’Antioche, d’Alexandrie, de Constantinople et de Jérusalem, il
s’engage à construire des basiliques au Latran et sur les tombeaux des apôtres Pierre et Paul,
il donne au pape son palais du Latran, le plus somptueux de tout l’Empire, y joint les
ornements impériaux, sauf la couronne, parce que le pape qui ne veut pas la porter sur sa
couronne cléricale préfère se contenter de la mitre, il prévoit que le pape aura la même
escorte que l’empereur, enfin, ‘pour que la dignité pontificale ne s’avilisse pas’, il livre au
pape Rome, l’Italie et les régions occidentales et transporte le siège de son empire à
Byzance, car il ne serait pas juste qu’un empereur terrestre exerce la puissance là où
l’empereur céleste a établi le chef de la religion chrétienne. » La rédaction de cette Donation
de Constantin est située au temps du pape Étienne II (752-757) qui vint en France demander
la protection du roi Pépin.
24. DUCHESNE 1877 : 173 : « Je dois leur [les actes du juif Cyriaque] donner une place tout
auprès des actes de Sylvestre. Il est remarquable que ces deux récits apocryphes ont toujours
fait route ensemble et qu’ils ont à peu près la même histoire. En Occident ils sont mentionnés
ensemble, l’un auprès de l’autre… » Pour une étude plus complète sur cette légende, voir
DRIJVERS 1992 : 165-180.
324 Les poèmes

– la fondation de l’islam par deux chrétiens et un juif, rejetés par leurs


confessions religieuses respectives.
L’histoire de l’empereur Constantin relatée dans ce poème est puisée dans
les Acta Silvestri, « un document apocryphe, répandu à Rome peu de temps
25
avant la fin du cinquième siècle » , d’après lequel Constantin persécutait les
chrétiens avant de se convertir et d’être baptisé par le pape Sylvestre († 335).
26
L’étude de Duchesne, signalée par Graf , explique qu’au lieu d’utiliser la
véritable histoire de Constantin, consignée dans les écrits d’Eusèbe de Césarée,
d’Ambroise, de Jérôme, etc., on peut se référer à plusieurs écrivains du Moyen
Âge qui ont puisé leurs informations dans cette même légende : le Liber
Pontificalis, Grégoire de Tours, Bède, etc., de telle façon « qu’elle s’imposa à la
27
croyance universelle pendant le Moyen Âge » .
C’est, en constatant que la plupart des indications topographiques
employées dans le poème n’étaient pas précises, que Duchesne a soupçonné
l’origine non romaine de cette légende. Il remarque, d’ailleurs, qu’elle « était
depuis bien longtemps connue et répandue en Orient lorsque au commencement
28
du sixième siècle on s’efforça de l’introduire à Rome » .
Les chroniqueurs byzantins du IXe siècle utilisaient une rédaction grecque,
différente, en certains points, du texte latin ; on trouve également une trace de
cette légende dans le discours de saint Jacques de Saroug († 521), intitulé :
29
Constantin et sa lèpre .
Duchesne penche à placer l’origine de cette légende en Arménie, du fait
qu’elle est incluse dans un texte arménien du Ve siècle, rédigé par Moïse de
30
Khorène , et à cause de sa ressemblance avec la conversion de Tiridate
31
l’arménien (IVe siècle) .
Quant au culte du pape Sylvestre, il semble qu’il fût très répandu en
Occident, mais aussi en Orient. Il figure au 31 décembre dans le martyrologe

25. DUCHESNE 1877 : 165. L’étude de cette légende en occupe les pages 165-173.
26. GRAF, GCAL, III : 327.
27. DUCHESNE 1877 : 166.
28. DUCHESNE 1877 : 168.
29. DUCHESNE 1877 : 168, renvoie à ASSEMANI, BO, I : 328 : De Constantino imperatore et de
leprae ejus mundatione, conservé dans deux manuscrits, toujours d’après la notice
d’Assemani, le Cod. Nitr. V [actuellement VS 117] (ASSEMANI, BO, I : 542) et le Cod. Arab.
Vat. LV [actuellement VS 199] (ASSEMANI, BO, I : 230).
30. DUCHESNE 1877 : 168-169.
31. DUCHESNE 1877 : 170-171.
3.4 Sur Constantin et la Croix 325

hiéronymien et il est repris ensuite par les autres martyrologes occidentaux. Il


appartient également aux fonds grégorien, grec, syriaque et arménien (le 2
janvier), toujours avec les mêmes légendes. Le calendrier de Naples (IXe siècle),
32
l’annonce aux deux dates : le 31 décembre et le 2 janvier .
Harfouche semble ne pas avoir connaissance de cette légende, aussi accuse-
t-il Ibn al-Qil!"#$% d’inventer cette version. D’après Harfouche, la valeur
historique de l’œuvre tombe complètement et il ne reste que le zèle de l’auteur
33
pour inciter son peuple à la piété .

34
IV- Résumé du poème
1- [v. 1-50] : L’essor du christianisme.
L’auteur propose aux lecteurs de leur raconter comment le christianisme
« progressait, vainquait et dominait les rois de la terre avec un gouvernement
juste ». Alors, il raconte la vie de Jésus, la mission des apôtres et la ferveur des
premiers chrétiens. Ce zèle incite la colère de Dioclétien, empereur de Rome, et
35
celle de Maximien, empereur de l’Orient , qui, tous les deux, déclenchent des
36
persécutions contre les chrétiens . Ceux-ci demandent l’aide de Dieu qui les
37
exauce : Dioclétien est détrôné et Maximien meurt .

2- [51-60] : Les persécutions.


Ensuite, règne l’empereur Philippe qui est baptisé et qui donne la liberté aux
38
chrétiens ; mais cela déplaît aux yeux des païens qui le tuent et proclament
39
empereur, Dèce , un homme sanguinaire qui exécute le pape Sixte et le sous-

32. GUÉRIN, Les petits bollandistes, XII : 843.


33. HARFOUCHE, Constantin : 662.
34. Nous avons maintenu la numérotation de Harfouche, bien qu’elle soit incomplète, et cela
pour permettre la comparaison avec le texte arabe publié.
35. La réalité historique est différente. En fait, c’est Dioclétien qui, en 286 ap. J.-C., désigne
Maximien comme Auguste de l’Occident, pour l’aider à gouverner l’Empire romain ;
Dioclétien en conserve alors le gouvernement de la partie orientale.
36. Ibn al-Qil"#$%& donne le chiffre de 170.000 martyrs pendant la persécution de Dioclétien.
37. Les faits historiques relatés par Ibn al-Qil"#$%& divergent et sont parfois inexacts, voire
anachroniques. Dans l’exemple actuel, notons qu’en 305, Dioclétien a abdiqué pour
permettre à Galère de devenir Auguste, selon le système de la Tétrarchie, instaurée par le
même Dioclétien en 293. Maximien sera plus tard exécuté par Constantin, en 310.
38. Philippe l’Arabe était empereur entre 244-249.
39. Dèce était empereur entre 249 et 251. Ibn al-Qil"#$%& l’écrit D*+si34s.
326 Les poèmes

40
diacre Laurent . Enfin, le Christ a pitié de son peuple et le délivre des
persécutions.

3- [61-83] : Le règne de Constance.


Là, l’auteur raconte comment les sénateurs de Rome décident de gouverner
les diverses provinces sans effusion de sang, alors Constance [Chlore] est
41
nommé chef de l’armée et on l’envoie à Bil!"d al-R*+m qu’il conquiert sans
42
effusion de sang, avant de se marier avec la fille du roi .
Ensuite, on détruit les remparts de Rome par respect pour Constance et on
l’accueille avec une grande joie avant de l’envoyer faire la guerre à la
43 44
Bretagne , où le roi d’Angleterre avait désobéi aux ordres romains.
Le roi d’Angleterre est tué et ses propriétés sont confisquées ; sa fille est
également enlevée par le commandant des armées de Constance qui, ayant peur
d’être dénoncé, confie la jeune princesse à un meunier.
Un jour, en se promenant, Constance remarque Hélène qui travaillait au
moulin, demande sa main au meunier en lui promettant beaucoup de richesses.
Hélène, une fois entrée dans la maison de Constance, lui révèle qu’elle était la
45
fille du roi assassiné .

40. Les martyres du pape Sixte II et du diacre Laurent ont eu lieu en 258, sous Valérien et non
sous Dèce. Cependant, ce paragraphe qui considère Philippe l’Arabe comme chrétien et qui
fait persécuter les deux martyrs par Dèce est relaté dans VORAGINE 1998 : 419-426 : « Saint
Laurent, martyr ».
41. Expression non exacte, car étant le préfet du Prétoire de Maximien puis son César,
Constance était responsable de la défense des provinces occidentales de l’Empire (Espagne,
Gaule, Italie, Bretagne).
42. Ibn al-Qil"#$%& dit que Constance maria son fils à la fille du roi des R34m, mais nous sommes
encore loin de l’ère de Constantin. En fait, Constance épousa Théodora, la fille aînée de
Maximien.
43. H)r!"t/a+nya+.
44. An,7lya.
45. VORAGINE 1998 : 263, écrit : « Cette Hélène, suivant les uns, aurait été d’abord fille
d’auberge, et le père de Constantin l’aurait épousée pour sa beauté. D’autres affirment
qu’elle était fille unique de Coèl, roi des Bretons, et que le père de Constantin l’avait épousée
lorsqu’il était venu en Bretagne, et que, ainsi, après la mort de Coèl, il était devenu le maître
de l’île. C’est aussi ce qu’affirment les Bretons, bien qu’une autre version veuille qu’Hélène
ait été de Trèves. »
3.4 Sur Constantin et la Croix 327

4- [84-98] : La fin de Constance.


Constance, étant toujours en Bretagne, est déclaré empereur. Il couronne
Hélène et la nomme impératrice, lui offre beaucoup de cadeaux, se marie avec
elle et ordonne à l’armée de lui jurer obéissance. Constantin, son fils aîné,
46 47
chasse Maxence de Rome, tue Licinius et règne. Son père reste en
48
Angleterre , alors que Constantin envoie sa mère en Orient, pour gouverner.
Arrivée à Jérusalem, elle embrasse le judaïsme.

5- [99-104] : La maladie de Constantin.


Constantin commence à persécuter les chrétiens, ce qui cause la fuite du
49
pape Sylvestre . À cause de cela, Dieu frappe Constantin de lèpre et
d’éléphantiasis.

6- [105-133] : La baignade.
Voyant que les médecins n’arrivent pas à le guérir, Constantin recourt aux
sages et aux philosophes qui lui conseillent de creuser une fosse et d’y prendre
un bain dans le sang d’enfants égorgés, pour se retrouver guéri. Sur cet avis, les
50
troupes rassemblent vingt-et-un mille enfants de toutes les contrées.
Constantin quitte son palais pour rejoindre la baignade, mais, ému par le long
cortège de mères qui pleurent leurs enfants et, ayant pris conscience de
l’énormité de son crime, il libère les femmes et les enfants en leur donnant de
quoi manger, des vêtements et de somptueux cadeaux.

46. Maxence, fils de l’empereur Maximien, est vaincu et tué par Constantin en 312.
47. Les divers copistes écrivent un mot barbare qa#/l*+s!"n34s qui devait être, à l’origine, composé
de deux mots distincts : qa#/l l!"s!"n34s (a tué Licinus). En fait, Constantin a fait périr son ancien
allié, Licinius, en 324 ; ce dernier gouvernait l’Orient depuis 313.
48. Constance Chlore mourut à York le 25 juillet 306.
49. DUCHESNE 1877 : 166 et 169, indique que les divers manuscrits de la légende citent l’endroit
où Sylvestre a cherché refuge comme étant une montagne appelée Syraptim ou Syraptis.
Ainsi, il considère que, dès le septième siècle, on a corrigé l’orthographe primitive et associé
au Soracte la montagne Syraptim de la légende (p. 170). Cette légende est également relatée
dans VORAGINE 1998 : 65-70 : « Saint Silvestre ».
50. GUÉRIN, Les petits bollandistes, XII : 837 : « 31 décembre : la vie de saint Sylvestre » ; cette
source estime à « plus de trois mille » le nombre des enfants. VORAGINE 1998 : 66, donne
également le chiffre de « trois mille enfants ».
328 Les poèmes

7- [134-140] : Le songe.
Le soir même, Pierre et Paul lui apparaissent en songe et lui disent que,
ayant était généreux et clément envers les enfants, il sera guéri de ses maladies
par le Christ, dans une fontaine, aux mains du pape Sylvestre.

8- [141-177] : La rencontre avec Sylvestre.


Réveillé, Constantin interroge ses conseillers et envoie quatre cents
chevaliers chercher Sylvestre qui, en les apercevant, croit d’abord que l’heure
du martyre est arrivée. Rassuré par le commandant des troupes, il se rend auprès
de Constantin, qui lui raconte son rêve. À son tour, Sylvestre rassure l’empereur
et lui explique que les envoyés étaient les apôtres Pierre et Paul et que
l’immersion signifie le baptême qui sauve l’âme et le corps si on croit en la
Trinité.
Ainsi Sylvestre explique la foi à l’empereur et celui-ci observe un jeûne de
huit jours. Ensuite, en lui présentant les icônes des saints Pierre et Paul, il
51
reconnaît les visiteurs de son songe et demande le baptême. Au moment de
l’immersion, l’endroit est empli de lumière et Constantin est guéri de ses
maladies. Cet acte est un moment d’immense joie pour les chrétiens et de
52
grande honte pour les païens .

9- [178-189] : Les donations.


Le lendemain Constantin déclare que quiconque blasphème le nom de Jésus
sera tué ; le troisième jour, il ordonne de confisquer les biens de ceux qui
faisaient tort aux chrétiens ; le quatrième jour, il octroie à l’Église de Rome le
gouvernement de toutes les autres Églises ; le cinquième jour, il institue le droit
d’asile dans les églises où un homme poursuivi peut se réfugier sans rien
craindre ; le sixième jour, il prescrit qu’aucune église ne soit édifiée sans
l’autorisation de l’évêque de la ville en communion avec le pape ; le septième
jour, il accorde la dîme des domaines impériaux pour la construction d’églises.
Enfin, le huitième jour, il se débarrasse de ses vêtements royaux et se rend à
la Confession de Saint-Pierre, y pleure ses péchés et demande le pardon. Cela

51. GUÉRIN, Les petits bollandistes, XII : 837, met le jeûne après la reconnaissance des icônes.
52. GUÉRIN, Les petits bollandistes, XII : 837, ajoute que l’empereur « dès qu’il eut revêtu les
vêtements blancs, ordonna que dans tout le monde romain le Christ soit adoré comme un
Dieu ».
3.4 Sur Constantin et la Croix 329

entraîne une grande joie parmi tous les chrétiens et incite beaucoup de païens à
demander le baptême.

10- [190-203] : Le baptistère.


Sur le conseil de Sylvestre, Constantin édifie une stèle au milieu du
53
baptistère (où il fut baptisé) et l’orne d’une lanterne en or, pesant 52 mi,-q!"l,
rempli de baume pendant les fêtes et d’huile toute l’année.
À côté du baptistère, on installe un agneau d’or jetant l’eau de sa gueule
dans le baptistère ; face à lui, on érige une statue de Jean-Baptiste portant
l’inscription : « Celui-ci est l’agneau de Dieu », tout cela orné d’or et de pierres
54
précieuses .

11- [204-212] : L’église Saints-Pierre-et-Paul.


Constantin veut ensuite construire une église. Il trouve un emplacement et
55
retire lui-même douze corbeilles de terre en l’honneur des douze apôtres.
Ainsi, l’église Saints-Pierre-et-Paul est construite.

12- [213-221] : Le gouvernement du pape.


Constantin enlève sa couronne et sa parure pour les donner au pape
Sylvestre, qui lui remet une autre couronne ; le pape prend le gouvernement de
cent quarante villes et Constantin quitte Rome et habite Byzance qu’il nomme
56
désormais Constantinople .

53. GUÉRIN, Les petits bollandistes, XII : 837, fait du palais de Latran l’endroit du baptême.
DUCHESNE 1877 : 171-172, considère que cela ne pouvait être le baptistère du Latran appelé
aussi baptistère de Constantin, car les Acta Sylvestri ne font aucune allusion au baptême de
l’Empereur [Si cela est vrai, où Ibn al-Qil"#$%& a-t-il pu puiser ses informations ?]. Duchesne
cite DÖLLINGER 1863 [sans indiquer la page] qui affirme que « c’est le baptistère [du Latran]
qui a donné lieu à inventer la légende de Sylvestre ».
54. Cette histoire manque dans GUÉRIN, Les petits bollandistes, XII : 837-838, et dans VORAGINE
1998 : 68.
55. GUÉRIN, Les petits bollandistes, XII : 837 : ce sont douze corbeilles de matériaux qui furent
transportées en l’honneur des apôtres.
56. Ce paragraphe manque dans GUÉRIN, Les petits bollandistes, XII : 837-838, et dans
VORAGINE 1998 : 68.
330 Les poèmes

13- [222-286] : Hélène et le judaïsme.


Hélène, mère de Constantin, envoie des félicitations à son fils pour sa
guérison et, argumentant contre le Christ et la Résurrection, l’incite à quitter la
mauvaise religion chrétienne pour la religion juive, seule véritable. Constantin
donne la lettre au pape Sylvestre qui demande à l’empereur de faire venir sa
mère avec une délégation juive pour le débat.
Hélène, intriguée par la réponse, demande à Issachar, le grand prêtre, de
chercher des controversistes compétents et des traducteurs. Trois jours après,
elle quitte Jaffa et se dirige vers Rome accompagnée de soixante-quinze juifs,
57
deux cent vingt rabbins compétents et douze traducteurs spécialistes en hébreu
58
et en r*+m'% (grec ou latin ?). Elle débarque à ./0*+/!" , puis se dirige vers Rome
où l’empereur et le pape Sylvestre, chacun avec son armée, l’accueillent avec de
grandes festivités.

14- [287-331] : Le triomphe de Sylvestre.


Suit la controverse attendue durant laquelle le pape Sylvestre, seul, réfute
59
tous les arguments des savants juifs. Alors Zambri , le magicien, furieux de la
réussite du pape Sylvestre, murmure dans l’oreille d’un taureau énorme qui
tombe mort ; les juifs se réjouissent, car c’est une belle vengeance, mais
Constantin demande au magicien de prouver sa force en ressuscitant le bœuf,
sinon il mourra, lui aussi.
Le magicien essaie de toutes ses forces de faire quelque chose, mais sans
résultat, alors le pape Sylvestre lance un défi à Hélène et aux juifs : si lui-même
arrive à ressusciter l’animal, tout le monde sera baptisé ; il prie et s’adresse à
l’animal en disant : « Au nom de Jésus, sois ressuscité », et le taureau retrouve
la vie, s’agite et commence à attaquer et à piétiner tous ceux qui n’étaient pas
chrétiens. À la demande d’Hélène, le pape ordonne à l’animal de gagner le
désert et d’épargner les gens.
À la suite de ces événements, Hélène se convertit, ainsi qu’un grand nombre
de gens.

57. VORAGINE 1998 donne leurs noms : Abiathar, Jonas, Godolias, Annas, Dœth, Chusi,
Benjamin, Arœl, Jubal, Thara, Siléon et Zambri.
58. Iconium ?
59. Zanbara par Ibn al-Qil"#$%&.
3.4 Sur Constantin et la Croix 331

15- [332-362] : Le dragon.


En même temps, on apprend que le dragon a surgi et qu’on a dû lui donner à
manger deux animaux, comme de coutume, chaque jour, sinon il menace
d’anéantir Rome par son souffle. Des vierges, qui demeuraient dans le temple
de Diane, alertent les gens et donnent à manger au dragon.
Quand le pape apprend cela, il ordonne de ne rien donner à manger au
dragon et exige trois jours de jeûne pour tout le peuple. Durant trois jours, le
dragon tue, mais, au soir du troisième jour, le pape, accompagné de deux
prêtres, descend l’escalier de cent cinquante marches qui mène à l’animal et là,
il le trouve endormi. Alors, il fait le signe de croix et l’attache avec quatre
grandes chaînes, afin qu’il soit prisonnier pour l’éternité.
La foule, qui croyait le pape mort, s’étonne de le voir sortir sain et sauf.
Suite à ce miracle, les grands prêtres et les vierges du temple de Diane
demandent le baptême et le temple est transformé en église dédiée à la Vierge
60
Marie. Ainsi, Rome se débarrasse du dragon et devient chrétienne .

16- [363-367] : La victoire de Constantin.


Constantin et Hélène construisent un palais à Rome pour y résider ; et on
édifie les églises dans toutes les contrées. Un jour, Constantin, qui se prépare à
la guerre contre Maximien, voit, dans son rêve, un ange lui indiquant que la
Croix sera le signe de sa victoire.
Constantin, qui ne connaît pas la Croix ni son symbole, fait ce que l’ange
lui a dit : il met le signe de la croix sur ses étendards et ainsi il vainc l’armée de
Maximien sur les rives du Danube.

17- [368-409] : La quête de la Croix.


En retournant à Rome, Constantin apprend que la Croix est le gibet sur
lequel Jésus-Christ a été mis à mort. Immédiatement, il envoie sa mère chercher
la Croix. Hélène, une fois arrivée à Jérusalem, convoque les grands rabbins et
leur demande où se trouve la Croix en question, mais personne ne la renseigne.
Alors, elle leur inflige la torture et parvient ainsi à arracher l’aveu de quelqu’un
qui s’appelle Juda, lequel la conduit vers une décharge.

60. Là, se termine l’histoire de « saint Silvestre », et commence celle de « l’invention de la


Sainte Croix ». VORAGINE 1998 : 259-266.
332 Les poèmes

Là, indignée, Hélène veut tuer les juifs présents, mais Juda la supplie de ne
rien en faire. Une odeur agréable sort de la décharge.
En effet, on trouve trois croix enfouies dans la terre, ainsi que l’inscription
de Pilate sur l’une d’entre elles. Hélène est sceptique, car elle ne connaît pas
l’Évangile ; mais le patriarche Macaire l’en rassure et deux miracles viennent
dissiper tous les doutes : une femme aveugle trouve la vue en s’approchant de la
Croix de Jésus et un mort revient à la vie.

18- [410-416] : Les reliques de la Croix.


Hélène, divise la Croix en deux parties. Elle pose la première à l’endroit où
elle bâtit l’église de la Résurrection et prend l’autre pour Byzance. Aussi, elle
transforme deux des clous trouvés avec la Croix l’un en une couronne pour
Constantin et l’autre en un mors pour son cheval.

19- [417-423] : Un éloge à Constantin et à Hélène.


Ibn al-Qil!"#$% enchaîne par un éloge dédié à Constantin et à sa mère Hélène.
Il y note qu’Hélène édifie à Jérusalem six cent soixante-six églises au nom de la
61
Vierge et rappelle à son lecteur que sa fête se célèbre le 18 août .

20- [424-446] : Les premiers conciles.


Après cela, Ibn al-Qil!"#$% relate l’histoire de l’Église durant les premiers
siècles ; il évoque le concile de Nicée (325), convoqué par Constantin et présidé
par le pape Sylvestre, lors duquel Arius a été condamné. Constantin meurt à
62
Nicomédie et on fixe sa fête le 22 mai .
63
À l’époque de son fils Constantin [le Jeune] , apparaît l’hérésie de
Mani († ca 277) contre laquelle se lèvent Ambroise († 397) et Augustin († 430).
Ibn al-Qil!"#$%4 rapporte également que Jérôme († 420) a réfuté les thèses
d’Origène († ca 254), qui fut un grand savant avant de tomber dans l’hérésie.

61. La fête d’Hélène diffère dans les diverses sources : 18 août (Beyrouth 15, Beyrouth 629,
Bkerke 117, Bkerke 180) ; le 12 août (Beyrouth 630) ; le 21 mai (l’édition de Harfouche).
62. La fête de Constantin diffère dans les diverses sources : le 22 mai (Beyrouth 15, Beyrouth
629, Bkerke 117, Bkerke 180) ; le 22 mars (Beyrouth 630 ; l’édition de Harfouche).
63. Constantin II, le Jeune, règne entre 337 et 340.
3.4 Sur Constantin et la Croix 333

Le concile de Constantinople (381) condamne Nestorius († ca 451) et celui


d’Éphèse (431) condamne Apollinaire († ca 392), Eutychès († après 454) et
64
Photine († 376) .
Le concile de Chalcédoine (451) condamne Dioscore († 454), « le chef des
hérétiques ». L’empereur Marcien († 457) attaque l’Orient qui a suivi Dioscore
dans ses errances.
Paul, le patriarche de Constantinople († 653), oblige les gens à agir contre
65
leur foi, ce qui amène le pape à l’excommunier et à l’exiler .

21- [447-472] : L’islam.


L’Église trouve alors la paix jusqu’à l’époque de Mahomet. En fait, ce sont
1!23'(# (Serge), le moine de Ba./$%ra, Jean l’antiochien et Maxime le juif, trois
hommes rejetés par leurs communautés, qui initient cette secte.
Ils se mettent d’accord pour écrire un livre et pour dire aux Arabes que ce
livre est descendu du ciel, que Mahomet est un prophète et qu’ils iront dans un
paradis où se trouvent des fleuves de lait, de miel, de vin, ainsi que de belles
femmes. Les Arabes, convoitant tout cela, attaquent et massacrent les chrétiens.
L’Église de Rome essaie de les faire revenir à la vraie foi, mais ils refusent.
Alors, elle les condamne et continue, avec les empereurs chrétiens, à garder la
66
vraie foi .

64. Ibn al-Qil"#$%& commet un anachronisme, car le concile de Constantinople condamne


Apollinaire et les photiniens, alors que le concile d’Éphèse condamne Nestorius. Quant à
Eutychès, il est condamné par le concile de Chalcédoine.
65. Vers 648, Paul persuade l’empereur Constant de promulguer un édit sur la foi, le Typos qui
impose un silence à toute discussion concernant l’activité ou la volonté dans le Christ, dans
l’intention de garder la paix dans l’Église et dans l’empire. Le Typos est condamné d’abord
par le pape Martin au concile du Latran (649), qui excommunie Paul. Le monothélisme est
ensuite condamné définitivement lors du concile de Constantinople (681). Voir MURPHY ET
SHERWOOD 1974 : 170-208.
66. Cette version fantaisiste sur l’origine de l’islam est un exemple des légendes qui circulaient
au Moyen Âge. Pour un survol historique de la vision des autres religions du début de
l’islam, voir HOYLAND 1997.
334 Les poèmes

22- [473-500] : Paroles d’adieu.


Enfin, Ibn al-Qil!"#$% salue son lecteur et lui confie son poème. Il est fier
d’être considéré parmi les gardiens de la foi de l’Église face à tous les
diffamateurs et aux hérétiques.
335

3.5 SUR SAINT ALEXIS (R!!""##)

1 2 3 4
Ce poème est cité par Douaihy , Graf et Breydy . La tradition manuscrite
5 6 7 8
se trouve dans les mss VS 214 , Beyrouth 630 , Alep 543 , Kreim C , PKO or.
9 10 11 12
oct. 1428 , Borg Syr 153 , CAN 761 et VS 249/II-11 .
13
Ce poème est édité par Cheikho , qui utilise trois manuscrits dont l’un date
14 15
de 1673 et les deux autres sont « plus récents » .
Il est écrit selon la mélodie dite « éphrémienne » et composé de 90
distiques ; chaque vers est formé de 2 hémistiches de 7 syllabes chacun. Il y a
16
au total 180 vers ; le poème est rimé en !"r. La structure du poème suit le
schéma suivant :
____7____a ____7____a
____7____a ____7____ !"r

1. Mad!"&'at.
2. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, .an m*+r R!"$8*+
ar-r34m*+n!". Voir également Histoire/Chartouni : 154, Al-qidd!"s R!"$8*+ al-R34m*+n!" [saint Alexis
de Rome].
3. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère aux mss VS 249/II-11, Beyrouth 630 et VS 214 pour
lequel il donne faussement la foliotation f. 28r-34v.
4. BREYDY 1985 : 196. Il cite les mss Beyrouth 630, VS 249/II-11 et VS 214 pour lequel il
reprend la même faute de foliotation commise par Graf.
5. F. 29r-34v.
6. F. f. 119v-127v ; il est incomplet à la fin et il lui manque les strophes 89 et 90.
7. F. 126r-134v ; acéphale, car il lui manque la première strophe et les deux premiers
hémistiches de la deuxième strophe.
8. P. 200-205.
9. F. 39r-48v.
10. F. 101r-104v ; acéphale et commence par la strophe 32.
11. P. 120-131.
12. Gabrielis Barclaii, II- Carmina arabica, 11- De S. Alexio Romano.
13. CHEIKHO 1905.
14. La comparaison permet de déduire que le manuscrit utilisé est le Beyrouth 630, exécuté en
1673 par M%&./"#’%&l de Bseb$el.
15. La présentation de l’édition suit le schéma suivant : §§ 1-11, 13-19, 28-31, 34, 36, 21-23, 25-
26, 37-40, 41-42, 45-52, 54, 55-57, 59-67, 69-70, 73-74, 77, 76, 68, 78, 82, 80, 83-84, 88. Il
lui manque les §§ 12, 24, 32-33, 35, 43-44, 53, 58, 71-72, 75, 79, 81, 85-87, 89-90. La
strophe 20 contient le premier vers de la § 20 et le second vers de la § 27. Ajout d’une
strophe entre 40-41 et entre 54-55.
16. La tradition latine conserve un poème métrique (Vita metrica) fait par un certain Marbodo.
Voir Acta Sanctorum, IV : 254-256 (17 julii).
336 Les poèmes

L’auteur est nommé explicitement dans un seul manuscrit, en l’occurrence


le ms. Alep 543 : « il s’appelle Ibn al-Qil!"#$% et il est originaire du village de
17
Le./fed » . Les manuscrits VS 214, Kreim C, Borg Syr 153 et CAN 761
mentionnent seulement qu’il est de Le./fed. Assemani dans sa description des
18 19
mss VS 214 et VS 249 attribue ce poème à notre Ibn al-Qil!"#$%.
Le prénom Alexis devient en arabe R$%&'!" (!"#$). C’est bien dans cette
graphie qu’il est utilisé par Ibn al-Qil!"#$%.
Le texte d’Ibn al-Qil!"#$% relate la version classique occidentale de la vie de
20
saint Alexis . Celui-ci est le fils du sénateur romain Euphémien ; sa naissance
et sa première ascèse sont placées à Rome, et elles sont ensuite localisées sur
l’Aventin. Lorsqu’il fuit Rome après son mariage, Alexis s’en rend par mer à
21
Laodicée, en Syrie, et de là, à Édesse . Notons ici que maintes traditions
22
désignent saint Alexis par « l’homme de Dieu » , sans le nommer. Notons
également que sa vie s’apparente au cycle moins célèbre de saint Jean le Pauvre
23
ou le Calybite, ainsi qu’à la vie syriaque de Jean Bar Malké .

La structure du poème :
1 [Distique ou §1] : Préambule.
Ibn al-Qil!"#$% commence le récit : « au nom de Dieu le Tout-puissant ».

17. Fol. 134v : Ibn al-Qil*+.!" h34 ismuh wa qaryat Le&'fed h!" baladuh.
18. ASSEMANI, BAV, III : 501, Gabrielis Barclaii Carmen Arabicum, de S. Alexio.
19. ASSEMANI, BAV, III : 535.
20. Acta Sanctorum, IV : 238-270 (17 julii) ; AMIAUD 1899 ; STŒREY 1987. Voir la présentation
la plus à jour dans PERUGI 2000, où toutes les versions sont présentées, ainsi que les relations
entre elles.
21. Dans la tradition éthiopienne, Alexis est le fils de l’empereur Théodose II, sa vie ascétique se
déroule à Constantinople à la porte du palais impérial et non à Rome dans la cour de la
maison de ses parents. Et, lors de sa fuite, c’est l’Arménie qu’il gagne et non la Syrie. Voir
CERULLI 1969.
À propos de l’histoire d’Alexis, DUVAL 1892 : 181-183, affirme que la légende dans sa
forme primitive et originale est écrite à Édesse où la vie de l’homme de Dieu s’est terminée.
« Elle devint ensuite l’histoire de saint Alexis dans une rédaction nouvelle, qui montre le
saint ressuscité de retour à Rome chez ses parents, où il vécut jusqu’à sa seconde mort au
milieu des esclaves. Ce n’est qu’après cette mort qu’il fut reconnu des siens. »
22. Sur le thème général de l’homme de Dieu, voir DRIJVERS 1982.
23. VAN ESBRŒCH 1998.
3.5 Sur saint Alexis (R!"$8*+) 337

2 [2-5] : Les parents d’Alexis.


24 25
Son père Euphémien est un fameux marchand de Rome et sa mère Aglaïs
26
est d’origine noble. Ils ont cent mille esclaves à leur service, mais ils n’ont pas
d’enfant ; alors ils décident de dresser tous les jours trois tables où tous les
pauvres et les démunis peuvent être bien reçus, servis et nourris.

3 [6-15] : Sa naissance et son enfance.


Après plusieurs années, Dieu leur donne un enfant qui devient la joie de ses
parents. Lorsqu’il est en âge d’étudier, on lui enseigne les sciences et les
mystères. Il apprend aussi le grec (latin ?), mais surtout il se forme à la vertu.
Son père pense alors à lui trouver une fiancée et on le marie avec une fille riche,
issue d’une famille impériale. Toute la noblesse de Rome assiste au mariage et
au festin splendide qui dure sept jours. Les pauvres et les démunis trouvent leur
part de fête et de nourriture pendant quatorze jours.

4 [16-20] : Sa fuite la nuit de son mariage.


Alexis entre dans la chambre de son épouse et, pleurant à chaudes larmes, il
lui confie son projet de fuir le monde et lui donne une bague. Ensuite, il prend
un calice plein d’or, et, accompagné de son témoin, il se dirige vers le port où
un vaisseau est prêt à gagner le large. Ainsi, Alexis quitte le pays, alors que les
réjouissances du festin continuent et que son épouse pleure son sort.

5 [21-26] : Ses périples.


Le vaisseau s’arrête à Laodicée et Alexis, devenu inquiet, croise deux
moines qui se dirigent vers Édesse. Il décide de les accompagner. Le voyage est
fatigant et Alexis, ayant soif et faim, prie Dieu de le fortifier. À Édesse, il
27
accompagne d’autres frères au couvent Notre-Dame , où il décide de rester.

24. La forme garchouni ou arabe est plutôt F*+my"#n*+s ( Kreim C), Fumn"#n*+s (PKO or. Oct.
1428) et Fum"#n*+s (Beyrouth 630).
25. Les manuscrits utilisés conservent la graphie 01l"#m"#d%&s (!"#$%&')
26. La tradition occidentale conserve le nombre de trois mille esclaves. GUÉRIN, Les petits
bollandistes, VIII : 399.
27. Dayr sit an-nisw*+n. Les autres versions de la vie d’Alexis ne mentionnent pas le nom du
monastère où il vivait à Édesse.
338 Les poèmes

6 [27-36] : La détresse de ses parents.


Quand Euphémien vient chercher son fils pour le présenter aux invités, il
trouve l’épouse en sanglots ; elle lui raconte ce qui s’est passé. Les parents
d’Alexis eux aussi éclatent en sanglots et commencent à pleurer leurs fils
comme s’il était mort.

7 [37-40] : À la recherche d’Alexis.


Des messagers sont envoyés dans tous les pays pour s’informer de ce qu’il
est devenu. À Édesse, Alexis reconnaît ceux qui viennent le chercher et leur
demande l’aumône ; eux, en revanche, ne le reconnaissent pas, parce que ses
abstinences et son allure débraillée l’ont rendu méconnaissable.

8 [41-45] : De retour à Rome.


Après maintes années, Alexis pense à se retirer et à s’éloigner d’Édesse, car
28
il est devenu très connu grâce aux miracles qu’il accomplit . Il quitte Édesse et
s’embarque en Syrie dans le dessein d’aller à Tarse où il espère continuer sa
29
retraite. Mais Alexis se retrouve à Rome et y voit son père rongeant son frein.

9 [46-53] : Alexis habite chez ses parents incognito.


Alexis implore le secours de son père qui ne le reconnaît pas. Celui-là lui
explique qu’il est un pauvre étranger et qu’il cherche un endroit pour s’abriter.
Mû par un sentiment de charité, Euphémien commande à l’un de ses
serviteurs de conduire l’étranger dans la maison et de prendre soin de lui. Alexis
30
jeûne toute la semaine, ne mangeant que deux onces de pain . Pendant ce
temps-là, il observe sa mère qui souffre à cause de son absence prétendue.

28. Ibn al-Qil"#$%& ne précise pas le nombre d’années au cours desquelles Alexis était resté à
Édesse, mais selon la tradition occidentale, il serait resté dix-sept ans sous le porche de
l’église Notre-Dame. GUÉRIN, Les petits bollandistes, VIII : 401.
29. Ibn al-Qil"#$%& raconte que le vaisseau est arrivé à Rome même, et qu’Alexis reconnaît la ville
d’après la citadelle !
30. La tradition occidentale raconte qu’il ne mange presque point et que sa boisson quotidienne
est de deux onces d’eau seulement. GUÉRIN, Les petits bollandistes, VIII : 402.
3.5 Sur saint Alexis (R!"$8*+) 339

10 [54-58] : Sa vie exemplaire.


31
Alexis reste ainsi dix-sept ans dans la prière et les abstinences, alors que
son père continue de nourrir les pauvres et les étrangers. Enfin, Dieu lui fait
signe que l’heure de sa mort approche, Alexis demande alors au serviteur de lui
apporter de quoi écrire et il met par écrit tous les détails de sa vie.

11 [59-65] : Sa mort.
32
Il meurt en tenant sa lettre dans la main. Pendant ce temps-là, le pape a
une vision qui lui révèle qu’un saint homme est mourant. On se met donc à la
recherche du défunt, mais on n’arrive pas à le trouver, ni à apprendre quoi que
ce soit à son sujet. La même voix déclare au pape que c’est dans la maison
d’Euphémien qu’il faut chercher le saint homme. Tout le monde se précipite
pour gagner la maison et voir ce qui s’y passe. Le serviteur qui s’occupe
d’Alexis leur répond que cela fait trois jours qu’il n’a pas vu le pauvre, et, se
33
rendant auprès de lui , il leur confirme sa mort et leur présente la lettre trouvée
dans sa main.

12 [66-77] : La découverte de son identité.


34
Un diacre lit publiquement la lettre. Euphémien se met à pleurer ; la mère
d’Alexis, qui n’est pas présente, apprend la mauvaise nouvelle et court se
lamenter sur le corps de son fils. L’épouse du saint homme, à son tour, vient
35
pleurer son bien-aimé et déclare qu’elle restera veuve toute sa vie .

31. Deux manuscrits, en l’occurrence Kreim C et Borg Syr 153 notent quatorze ans au lieu de
dix-sept.
32. La tradition occidentale nomme le pape Innocent I (401-417). GUÉRIN, Les petits
bollandistes, VIII : 403.
33. Dans la tradition occidentale, c’est Euphémien lui-même qui se rend auprès du saint homme
pour vérifier sa mort. GUÉRIN, Les petits bollandistes, VIII : 404.
34. Dans la tradition occidentale, c’est Aétius, chancelier de la Sainte Église, qui se charge de
l’affaire. GUÉRIN, Les petits bollandistes, VIII : 404.
35. L’allusion indirecte au Physiologos, l’opuscule gréco-chrétien bien connu, qui est traduit du
grec en éthiopien aux premiers temps du christianisme éthiopien. La veuve d’Alexis, en ce
passage, se compare à la tourterelle qui, ayant perdu son mâle, refuse tout autre compagnon.
Or, cet exemple de fidélité se trouve dans le Physiologos éthiopien, à peu près avec les
mêmes mots, mais attribué au corbeau ou à la corneille et non à la tourterelle.
340 Les poèmes

13 [78-82] : Son enterrement.


36
Son corps est exposé pendant sept jours avant d’être enterré . Pendant ce
temps-là, beaucoup de miracles sont accomplis par son intercession. Après sa
mort, son épouse se fait religieuse.

14 [83-87] : Exhortation d’Ibn al-Qil!"#$%5


Ibn al-Qil!"#$% fait l’éloge de ceux qui fuient le monde et se rendent dans le
désert pour vivre dans le jeûne et la prière. Tous les grands du monde qui
jouissent des plaisirs périront un jour.

15 [88-89] : Identité de l’auteur.


L’auteur termine son poème en se considérant pécheur et incompétent. Il
s’appelle Ibn al-Qil!"#$% et son village est Le./fed ; il implore la miséricorde de
Dieu.

16 [90] : Dernier souhait.


37
Ibn al-Qil!"#$% demande également à tous ceux qui lisent ces chants de prier
pour lui.

36. Ibn al-Qil"#$%& ne mentionne pas où Alexis est enterré, mais la tradition occidentale penche à
situer sa sépulture en l’église Saint-Boniface à Rome. GUÉRIN, Les petits bollandistes, VIII :
405. En fait, c’est à partir de 986 que saint Alexis devient le second patron de l’abbaye Saint-
Boniface. Ensuite, ses reliques sont transférées en 1023 à Mont-Cassin (information fournie
aimablement par le Professeur Alain Desreumeaux). Par ailleurs, deux manuscrits tardifs,
Kreim C et Borg Syr 153, ajoutent que sa commémoration se fait le 3 Ti$8r!"n (octobre ou
novembre ?).
En fait, la commémoration d’Alexis dans les traditions syriaque et maronite diffère selon les
sources ; elle se célèbre :
– le 17 mars : dans le martyrologe du Rabban 23l%&b"# (XIIIe siècle) ; c’est la commémoration
d’Alexius martyr inclitus (= b±dä@a†ü!@‘íï"ÙÜö). Voir PEETERS 1908 : 149 (texte syriaque),
178 (texte latin) ; DAHER 1962 : 74.
– le 3 avril : SAUGET 1978 : 231-232 et 236-237, R!"$8*+ c’est-à-dire Aleksy34s (ìû†@ b“îŠ
‘íï"ÙÜö).
– le 3 novembre : SAUGET 1967 : 237; CHEIKHO, Calendrier : 870. Le texte du calendrier est
traduit en français dans GRIVEAU 1915 : 349.
37. Al-alh'a+n.
341

3.6 SUR SAINT LUCIUS (N$$HR##)

1 2 3 4
Ce poème est cité par Douaihy , Graf et Breydy .
5
La tradition manuscrite est conservée dans les mss Beyrouth 629 , Kreim
6 7 8 9 10 11
20 , Kreim 21 , Bkerke 141 , Alep 543 , PKO or. oct. 1428 , VS 249/II-7 et
12
dans un manuscrit qui se trouvait chez Y23suf Sacre .
13
Il est écrit selon la mélodie dite « éphrémienne » et composé de 133
distiques ; chaque vers comporte 2 hémistiches et chaque hémistiche, 7 syllabes.
Le total est de 266 vers. Le poème est rimé en r!"#$

1. Mad!"&'at ou Qi$%$%at (Kreim 20, f. 8v).


2. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237,( .an m*+r
N34hr*+ a$%-$%amr*+n!&. Voir également Histoire/Chartouni : 153, al-qidd!"s N34hr*+ as-Simr*+n!"
[saint Lucius de Sm"#r Jbeil].
3. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère au manuscrit VS 249/II-7, et à GHABRIEL, Histoire, II/1 :
483ss (voir le ms. de Y*+suf Sacre).
4. BREYDY 1985 : 196. Il cite les mss Beyrouth 629, VS 249/II-7, Kreim 20, Kreim 21 et
Bkerke 13 pour lequel il se trompe en lui donnant comme cote actuelle le n° 101 au lieu de
Bkerke 141.
5. f. 45rv, 46v-47r, 48v-60v. La disposition du poème dans ce manuscrit est perturbée : f. 45rv :
v. 1-7/3 ; f. 46r : blanc ; f. 46v-47r : v. 7/4-15 ; f. 47v : blanc ; f. 48r : essai de plume et un
brouillon d’une lettre type adressée à un évêque ; f. 48v : v. 89/3-95/2 ; un folio manque
entre f. 48v et 49r et qui devait contenir les strophes 95/3-106 ; f. 49rv : v. 25-34/1 ; f. 50rv :
v. 16-24 ; f. 51r-56v : v. 34/2-89/2 ; f. 57r-60v : v. 107-133.
6. f. 8v-18v. Plusieurs strophes sont omises : 6, 11, 20, 23, 74, 77, 79, 82, 83, 85, 86, 107, 109,
113, 116, 117, 123, 128, 129 et 133. La strophe 112 du manuscrit contient le premier vers de
l’originale 112 en plus du premier et du quatrième hémistiche de l’originale 113.
7. f. 42r-53v : en comparant avec les autres manuscrits, on découvre que le copiste a inversé les
strophes 4 et 5.
8. f. 61v-68r : un folio manque entre f. 61v et 62r qui devait contenir les strophes 7/4-24. Les
folios 67 et 68 sont mutilés dans la partie inférieure ; ils devaient contenir les strophes 117/4-
119/1, 122/3-123/2, 126/4-128/1, 131/2-133/4.
9. f. 112r-124v : il est incomplet de la fin. Le folio 115 est déchiré en grande partie et devait
contenir les strophes 29/4-39/2. Il ne reste qu’un petit bout du folio 125, déchiré, qui devait
contenir les strophes 129-133. La strophe 97 est omise.
10. f. 54v-63v : en comparant avec les autres manuscrits, on découvre que le copiste a inversé les
strophes 4 et 5. Les strophes 85, 97, 100-120 et 128 sont omises.
11. Gabrielis Barclaii, II-Carmina arabica, 7- de S. Lucio Martyre.
12. GHABRIEL, Histoire, II/1 : 483-484. L’auteur raconte qu’il a trouvé chez le curé Y*+suf Sacre,
secrétaire du patriarche Ely"#s Hoyek, un manuscrit dont les pages non perdues sont au
nombre de 46 et contenant plusieurs poèmes : « 4- Poème sur saint N*+hr"# par Ibn al-Qil"#$%&(4.
13. Alep 543, f. 112r : bi-la&'n ifr*+m!".
342 Les poèmes

La structure du poème suit le schéma suivant :


____7____a ____7____a
____7____a ____7____ r!"$

L’auteur se présente au vers 130 : il est Ibn al-Qil!"#$% de Le./fed. Nous ne


connaissons pas les sources auxquelles l’auteur a puisé son histoire ; mais il en
ressort qu’il a fortement recouru aux traditions locales surtout pour l’histoire qui
14
concerne le séjour de N23hr!" à Batroun et son martyre à Sm!"r Jbeil .
D’après les informations données par Sauget, nous constatons que la
tradition maronite est singulière dans l’identification de N23hr!" avec Lucius.
15
Il est inconnu pour les traditions latines et syriaques . Quant à la tradition
16
byzantine, elle reconnaît dans le nom de N23hr!" la personne de Phocas .

La structure du poème :
1 [§ 1] : Préambule.
L’auteur évoque le nom de Jésus, fils de la Vierge, à qui il demande de lui
17
enseigner l’écriture et la lecture, afin qu’il puisse raconter la vie de saint
18
N23hr!" .

2 [2-7] : L’origine de N23hr!"5


19
Saint N23hr!" est originaire de Damanh23r du pays d’Alexandrie. Depuis son
enfance, il aime apprendre et apprécie surtout la philosophie. Il se demande
souvent qui gouverne le monde.

14. D’ailleurs, ce poème d’Ibn al-Qil"#$%& fut très populaire comme l’atteste le copiste du Beyrouth
57 qui l’utilise pour sa notice sur saint N*+hr"# et affirme : « ceci est un résumé du livre que
l’Église syro-maronite chante aux fêtes des saints et des chroniques du métropolite Gibrâ’îl
al-Qilâ’î, le célèbre historien ». MOUBARAC, Pentalogie, II/1 : 6.
15. GRAF, GCAL, I : 529, mentionne un ms. arabe : Gotha arabe 2878.
16. SAUGET 1969 : 303-305.
17. Textuellement « expliquer » (()*+)
18. Victor Sauma précise, à juste titre, la différence entre le N*+hr"# de notre poème, très célèbre
au Liban, et celui vénéré par les melkites et dont le nom dérive de Onoufrios
l’anachorète († ca 400). Voir SAUMA 1994, II : 146.
19. C’est Manhur ou Ctésiphon en Perse et non en Égypte. FIEY 1978 : 23.
3.6 Sur saint Lucius (N34hr*+) 343

3 [8-17] : Son désir de vérité.


Les dieux que les gens adorent semblent inefficaces et incapables de
gouverner ou de diriger la vie des hommes. N23hr!" se met à réfléchir et demande
à un chrétien son avis. Celui-ci le convie à venir à Alexandrie pour découvrir
l’hypocrisie du paganisme.

4 [18-31] : L’initiation chrétienne.


Encouragé par ses parents, N23hr!" part à Alexandrie. Là, il fait l’initiation
chrétienne, il apprend la logique et devient moine.
Jésus lui apparaît un jour et lui révèle que c’est lui qui est la science, la
sagesse, la miséricorde et la grâce et que c’est lui qui ressuscite les morts ; il lui
explique que l’homme qui veut suivre son chemin doit quitter le monde et sa
famille, porter sa croix et témoigner de sa foi.
N23hr!", ébloui par cette apparition, raconte à ses parents tout ce que lui est
arrivé.

5 [32-42] : Le départ d’Alexandrie.


Jésus lui apparaît une deuxième fois. Il lui demande de baptiser ses parents
et de proclamer sa foi en Égypte. Ceux qui le connaissent le croient fou ou le
prennent pour un ivrogne, mais N23hr!" persiste dans sa mission et proclame la
foi en Jésus-Christ.
20
Le gouverneur le prie alors de partir pour ne pas lui causer de problèmes,
surtout avec Rome. N23hr!" n’obtempère pas, alors le gouverneur l’oblige à
quitter Alexandrie à bord d’un vaisseau.

6 [43-46] : Le retour à Alexandrie.


Mille deux cents personnes partent avec lui et les quartiers de la ville se
retrouvent déserts. Le gouverneur, inquiet, est obligé de permettre à N23hr!" et à
ses compagnons de revenir au pays et de vivre leur foi sans être intimidés par
qui que ce soit.

20. Il est appelé &'ākim ou wāl!".


344 Les poèmes

7 [47-59] : La route vers Batroun.


Le gouverneur « maudit » de la ville de Batroun, du nom de Dovianus,
reçoit l’ordre de l’empereur Dioclétien de persécuter les chrétiens. N23hr!" décide
alors de se présenter devant lui pour défendre sa foi. En route, il passe par Gaza,
par Ascalon où il guérit les malades et baptise beaucoup de gens, par Ramleh où
les gens sont forts hostiles et par Acre où il prêche et guérit les malades. Puis il
se dirige vers Tyr où il baptise trois mille personnes et construit une église au
21
nom de la Vierge. Le gouverneur de Jbeil envoie des émissaires pour
l’accueillir et l’accompagner et, étant convaincu par ses paroles, il se fait
baptiser, ainsi que beaucoup de ses sujets.

8 [60-69] : À Batroun.
N23hr!" arrive à Batroun sans que le gouverneur ne le sache. Mais vite, on
rapporte à ce dernier l’activité de N23hr!" auprès de la population et son succès
dans la proclamation de sa foi. Furieux, Dovianus fait venir N23hr!" et l’interroge
sur son nom, son pays, son activité et sa destination. La réponse de N23hr!" est
simple et claire ; il vient proclamer la foi en Jésus-Christ à tous ceux qui ne
croient pas en lui.

9 [70-86] : La prédication de N23hr!".


N23hr!" fait un exposé sur le dogme chrétien en insistant sur la force de Dieu
face à l’incapacité des dieux païens. À la fin, il invite le gouverneur à se
convertir, afin qu’il soit sauvé.

10 [87-97] : N23hr!" détruit les idoles.


Cet exposé ne plaît pas à Dovianus qui accuse N23hr!" de venir perturber la
tranquillité du pays et de prêcher contre sa religion. Face à cette accusation,
N23hr!" accepte de se présenter devant les idoles ; alors, tout le monde se dirige
22
vers le village de Sm!"r Jbeil où se situe le temple païen. Une fois présent,
N23hr!" fait le signe de croix et toutes les idoles tombent à terre.

21. Textuellement malek Jbeil (le roi de Jbeil).


22. Notons que le culte de N*+hr"# est répandu surtout dans le caza de Batroun. Fouad Éphrem
Boustani raconte que la tradition veut qu’à chaque délégation d’un village voisin qui vient en
pèlerinage, les résidents de Sm"#r Jbeil s’y joignent en procession et chantent un hymne tel :
3.6 Sur saint Lucius (N34hr*+) 345

11 [98-107] : Premier épisode de supplices.


Le gouverneur, loin d’être content, ordonne de torturer N23hr!". On lui crève
les yeux et on le scie ensuite en deux morceaux ; puis, on le jette dans un puits.
L’ange de Dieu vient alors le « rassembler » et le ressusciter. N23hr!" se présente
alors devant le gouverneur, le réprimande et le menace de périr en enfer.

12 [108-120] : Deuxième épisode de supplices.


Le gouverneur devient fou de rage en constatant que N23hr!" est toujours
vivant. On le dépose alors sur une roue armée de pointes et de glaives et remplie
d’huile bouillante ; on fait tirer la roue par des bœufs de labour. Cette fois aussi
l’ange de Dieu garde son serviteur sain et sauf. Touchées par ce qui se passe,
huit mille personnes sont baptisées et un paraplégique croit et est guéri.

13 [121-129] : Le martyre de N23hr!".


Dovianus, très furieux, décide d’en finir avec N23hr!". Les habitants de
Batroun envoient à leur gouverneur une épée pour tuer N23hr!" qui les châtie en
23
les rendant aveugles. N23hr!" est décapité le 22 juillet et devient martyr .

14 [130-133] : Conclusion de l’auteur.


Ce panégyrique est écrit par Ibn al-Qil!"#$% de Le./fed qui avait eu des

Y*+ m*+r N34hr*+ &'5'*+r &'5'*+r [Ô saint N*+hr"#, présente-toi, présente-toi]


:;ayy*+k min :<34m*+ zuww*+r [Il vient de 01*+m"# (un village de Batroun) des visiteurs]. Voir
BOUSTANI 1980, III : 75-77.
23. Ibn al-Qil"#$%& explique que la commémoration de N*+hr"# coïncide avec « le 15 ti56r%&n (octobre
ou novembre) et le premier dimanche du carême » (v. 128). Il apprend aux lecteurs, à deux
reprises, qu’on lisait la vie des saints au jour de leur commémoration (v. 125, 128).
Dans les traditions syriaque et maronite, la commémoration de N*+hr"# coïncide avec :
le 13 octobre : CHEIKHO, Calendrier : 872. Le texte du calendrier est traduit en français dans
GRIVEAU 1915 : 349.
le 15 octobre : SAUGET 1978 : 234-235, M*+r N34hr*+ martyr (a†ü!@aŠûíä@ñ‹à) ; SAUGET 1967 :
233.
le 22 juillet (avec M"#r Fawq"#) : DAHER 1962 : 195-196. CHEIKHO, Calendrier : 874 dont la
traduction française se trouve dans GRIVEAU 1915 : 352.
Pour une étude comparative de ces sources, voir SAUGET 1969 : 302-305.
346 Les poèmes

24
troubles de vue et en fut guéri par l’intercession de saint N23hr!" . Il est un
25
religieux occidental et a rédigé cet écrit à Beyrouth où il habite. Il demande à
son lecteur de prier Dieu pour lui par l’intercession de saint N23hr!".

24. La tradition locale veut que les malades viennent au puits situé à côté de l’église Saint-N*+hr"#
à Sm"#r Jbeil pour se laver les yeux et demander la guérison. Voir MOUBARAC, Pentalogie,
II/1 : « 6. Moubarac utilise pour son récit le Beyrouth 57 ».
25. R*+heb fran,7!" : est une expression désignant les franciscains à cette époque.
347

3.7 SUR SAINTE EUPHROSYNE

1 2 3 4
Ce poème est cité par Douaihy , Graf et Breydy . La tradition manuscrite
5 6
se trouve dans les mss Beyrouth 629 et Sbath 340 .
Il est écrit selon la mélodie dite « éphrémienne » et composé de 120
distiques, chaque vers contient 2 hémistiches dont chacun est formé de 7
syllabes. Le total est 240 vers. Le poème est rimé en n!".
La structure du poème suit le schéma suivant :
____7____a ____7____a
____7____a ____7____ n!"

Dans la dernière strophe, Ibn al-Qil!"#$% se nomme en tant qu’auteur du


7
poème . Cette version d’Ibn al-Qil!"#$% sur Euphrosyne suit, en grandes lignes, la
8
version classique , avec toutefois quelques ajouts ou omissions, pour satisfaire
l’adaptation poétique.

1. Mad!"&'at.
2. VS 215, f. 106v, Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237,=.an Af>34s!"n*+
al-iskandr*+n!"yah. Voir également Histoire/Chartouni : 154, Fr34s!"n*+ al-iskandar!"yah
[Euphrosyne d’Alexandrie].
3. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère au ms. Sbath 340 d’après la notice publiée dans Échos
d’Orient 25 (1926) : 87.
4. BREYDY 1985 : 196. Il cite le ms. Beyrouth 629.
5. F. 85r-94v : acéphale, il commence au troisième hémistiche de la strophe 11.
6. F. 80v-88r.
7. Beyrouth 629, f. 94v ; Sbath 340, f. 88r.
8. La version classique de la vie d’Euphrosyne semble être celle de Syméon Métaphraste,
éditée par Migne dans P.G., CXIV : 305-322. Les Bollandistes l’éditent dans Acta
Sanctorum, Feb., II : 535-541. BEDJAN, Acta martyrum, V : 386-405 en donne une version
syriaque. SMITH LEWIS 1900 : 61-80 (d’après le BHO 288) édite également une autre version
syriaque.
Nous utilisons pour notre étude la version éditée par CHENEAU 1923, I : 297-307. STOREY
1977, se fondant sur un manuscrit du XIIIe siècle (Oxford MS Bodl. Canon, Misc. 74, f. 87r-
108v), reprend un poème sur Euphrosyne et étudie l’analogie entre sa vie et celle de saint
Alexis. Voir également BOUCHERIE 1883.
348 Les poèmes

La structure du poème :
1 [§ 1] : Préambule.
Ibn al-Qil!"#$% demande la sagesse auprès de Dieu pour pouvoir mieux louer
sainte Euphrosyne.

2 [2-17] : Les parents d’Euphrosyne.


9
Il y a à Alexandrie un riche citoyen du nom de Paphnuce , marié avec une
femme d’origine noble et ils sont, tous les deux, bien réputés dans la cité pour
leur conduite et leur amour pour l’Église.
Or, ce couple n’a pas d’enfant et cela perturbe sa vie et lui cause beaucoup
d’affliction. Les deux époux multiplient alors les aumônes et les actes de
charité. Un jour, ils décident d’aller confier leur peine au saint abbé d’un
monastère voisin réputé pour la sainteté de ses moines.

3 [18-27] : La naissance et l’enfance d’Euphrosyne.


10
La prière est exaucée et le couple a une fille qu’il appelle Euphrosyne et
qui est baptisée le huitième jour dans le susdit monastère. À l’âge de sept ans,
elle va à l’école.
À peine a-t-elle douze ans qu’Euphrosyne perd sa mère. Durant des années,
elle grandit en sagesse et en beauté, et elle est recherchée en mariage par
beaucoup de jeunes hommes.

4 [28-46] : La vocation d’Euphrosyne.


À dix-huit ans, son père la fiance avec un jeune homme, noble et riche. Peu
après, Euphrosyne est conduite par son père dans le monastère, afin que le
supérieur la bénisse. Pendant trois jours, elle peut admirer la vie religieuse et
avant de partir, elle s’agenouille aux pieds du supérieur, lui demandant sa
bénédiction et sa prière.

9. Ou Paphnutius. La leçon donnée par les deux manuscrits est Banphrosis.


10. Cheneau explique que le mot Euphrosyne en grec (Ευφροσυνη), signifie joie,
bonheur. CHENEAU 1923, I : 298.
3.7 Sur sainte Euphrosyne 349

Bientôt, la fête de la consécration de ce monastère arrive. Un frère est


envoyé pour inviter le père d’Euphrosyne. Il est reçu par la jeune fille. C’est
l’occasion pour elle de lui demander des détails concernant la vie des religieux
et comment ils reçoivent les candidats. Le frère répond à toutes ses questions et
11
ajoute qu’ils sont actuellement 152 frères .

5 [47-54] : La décision d’embrasser la vie monastique.


Euphrosyne déclare, alors qu’elle ne veut pas se marier, mais qu’elle préfère
se rendre dans un monastère pour se consacrer totalement à Dieu ; elle explique
au frère que son père sera très fâché contre elle, parce qu’il veut la marier à un
jeune homme riche et noble.
Alors, le frère lui suggère d’entrer dans un monastère [de vierges] pendant
l’absence de son père, lequel doit venir visiter le monastère et y rester pour la
fête au moins quatre jours.

6 [55-71] : La fuite de la maison et le début de la vie monastique.


Après le départ de son père, Euphrosyne envoie chercher un moine et lui
demande sa bénédiction et son conseil. Celui-là la bénit, lui coupe les cheveux
et lui suggère de prendre un habit d’homme ; Euphrosyne revêtue d’un costume
12
de son père, prend une poignée d’or et sort nuitamment de sa demeure.
Travestie, elle arrive le jour au monastère et rencontre l’abbé qui, la prenant
pour un jeune homme, lui demande qui elle est et d’où elle vient. Euphrosyne
13 14 15
répond qu’elle est un eunuque du palais du roi Théodose à Constantinople
et qu’elle désire se faire moine. Elle ajoute qu’elle a des biens assez
16
considérables et donne à l’abbé 300 écus d’or comme aumône pour les
pauvres.

11. Plutôt 352 selon la version classique. CHENEAU 1923, I : 299.


12. Cinq cents écus d’or. CHENEAU 1923, I : 301.
13. La strophe est tronquée et incompréhensible dans Sbath 340, f. 84r, une faute du copiste qui
s’est trompé en oubliant de transcrire cette information. La version classique se contente de
noter : « j’ai été eunuque du Palais et j’ai toujours ardemment désiré me faire moine ».
CHENEAU 1923, I : 301.
14. Théodose II dit le Jeune (408-430), empereur d’Orient.
15. Ibn al-Qil"#$%& utilise le mot Istanbul au lieu de Constantinople.
16. Cela n’est pas relaté dans la version classique.
350 Les poèmes

L’abbé, touché par les paroles de ce « jeune homme », lui demande son
17
nom. Euphrosyne répond : Égaré . Alors, l’abbé confie le jeune frère à un
18
moine en guise de maître spirituel, afin qu’il lui enseigne les principes de la
vie monastique.

19
7 [72-79] : Une vie exemplaire.
La conduite d’Euphrosyne est exemplaire, mais sa beauté risque de causer
des problèmes à ses confrères. L’abbé décide alors que le jeune candidat prenne
une cellule bien éloignée des autres où il doit vaquer à la prière, toujours sous
l’égide de son maître spirituel ; il lui ordonne aussi d’y prendre son repas et de
20
n’en sortir jamais . Euphrosyne s’adonne à la prière, jeûne tous les jours, fait
des veilles prolongées et vit en telle simplicité de cœur qu’elle devient l’objet de
l’admiration de tous ses confrères.

21
8 [80-91] : La désolation de son père.
À son retour, Paphnuce a cherché Euphrosyne, mais en vain ; sa chambre
est déserte et les serviteurs n’ont rien vu ni entendu ; ils ont cru qu’elle était
allée rejoindre son père ou que son fiancé était venu la chercher. On mande le
fiancé. Son arrivée avec celle de ses parents donne lieu à une scène de
désolation et de désespoir.
On dépêche alors des messagers pour enquêter, mais en vain, dans la cité,
dans le port d’Alexandrie et dans tous les villages voisins ; Paphnuce pleure
l’enlèvement de sa fille ; il se lamente sans cesse et sa douleur est terrible.
Paphnuce demande l’aide des moines qui prient à l’intention d’Euphrosyne,
mais sans aucune réponse ; ils offrent néanmoins leur soutien à Paphnuce et le

17. ?2*+y!". (égaré) est la version de Beyrouth 629, f. 90v, alors qu’il se nomme @2*+A!$ (obéissant ),
dans Sbath 340, f. 84v et 85r. Notons que la différence entre les deux manuscrits n’est qu’un
point diacritique, qui donne à la même graphie du mot Êîb , en garchouni, deux
significations différentes : sans point sous la première lettre, le mot signifie « obéissant »,
avec un point sous la première lettre, le sens devient « égaré ». 78 se nomme Smaragde dans
la version classique. CHENEAU 1923, I : 302.
18. Il s’appelle Agapit dans la version classique. CHENEAU 1923, I : 302.
19. Un folio manque dans Beyrouth 629, lequel devait contenir les strophes 72b-81.
20. Dans la version classique, il n’y a pas de tentation pour les autres frères et c’est à la demande
d’Euphrosyne qu’elle est placée dans une cellule éloignée. CHENEAU 1923, I : 302.
21. La strophe 88 manque dans Sbath 340.
3.7 Sur sainte Euphrosyne 351

consolent : puisque Dieu n’a rien daigné leur révéler sur le sort d’Euphrosyne,
alors ils sont persuadés qu’il ne lui est advenu aucun malheur et que Paphnuce
la reverra un jour en cette vie.

9 [92-101] : La consolation de Paphnuce auprès de l’ermite.


Un jour, Paphnuce vient au monastère chercher quelque adoucissement à sa
douleur ; là, l’abbé lui indique la présence d’un ermite qui était jadis au service
de l’empereur et qui peut le soulager et l’aider dans son chagrin. Sur cette
parole, un moine conduit le père auprès de l’ermite.
À la vue de son père, Euphrosyne ne peut maîtriser son émotion, les larmes
montent à ses yeux et elle fond en pleurs ; elle le console pourtant en lui
promettant qu’il reverra encore sa fille en ce monde. Paphnuce est tellement
ému par cet entretien que, voulant remercier l’abbé pour son geste, il lui révèle
22
qu’il est aussi content que s’il avait vu sa propre fille Euphrosyne .

10 [102-113] : La mort d’Euphrosyne.


Dix-huit ans s’écoulent et depuis quelque temps déjà, Euphrosyne est
malade et sait qu’elle va bientôt mourir. Paphnuce a connaissance de cela, il
revient au monastère et demande à voir l’ermite mourant. Une fois en sa
présence, Paphnuce demande au moribond où sont ses promesses ; il n’a pas
encore revu Euphrosyne et voilà que l’ermite, son ami, va mourir.
Le frère ermite le réconforte et le prie de demeurer au monastère trois jours
23
au terme desquels il retrouvera sa fille . Paphnuce est très content et, le
troisième jour, il revient auprès de l’ermite lui demander l’exaucement de ses
promesses. Euphrosyne récite les paroles de l’Évangile : « Celui qui aime son
24
père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. » Et, en adressant la
parole à Paphnuce, elle lui explique que sa fille a suivi la parole du Christ puis
tout simplement elle dit : « c’est moi qui suis ta fille ».

22. La dernière idée n’est pas attestée dans la version classique.


23. Selon la version classique, Euphrosyne demande à son père de rester près d’elle trois jours.
CHENEAU 1923, I : 306.
24. Mt 10, 37.
352 Les poèmes

Bouleversé, Paphnuce tombe inconscient par terre et quand il se réveille,


25
Euphrosyne est déjà morte .

11 [114-118] : La fin de Paphnuce.


Paphnuce cherche l’abbé qui accourt, inquiet, pour découvrir que le frère
ermite n’est autre qu’Euphrosyne, la fille de Paphnuce.
26
Euphrosyne est enterrée dans le cimetière des moines . Quant à Paphnuce,
il vend tout ce qu’il possède et le distribue aux pauvres et aux monastères ; il
vient ensuite s’enfermer pendant dix ans dans la cellule même d’Euphrosyne ;
là, il rend l’âme et est enseveli près de sa fille.
27
La fête d’Euphrosyne est fixée le premier jour de l’année .

12 [119-120] : Identité de l’auteur et dernier souhait.


L’auteur de ce poème est le misérable Gabriel qui demande à toute
personne lisant ses paroles de prier pour lui et de lui pardonner ses erreurs pour
l’amour d’Euphrosyne.

25. Selon la version classique, Euphrosyne demande à son père de garder son secret, de
l’ensevelir lui-même et elle meurt entre ses bras. CHENEAU 1923, I : 306.
26. Selon la version classique, « avant de la confier à la terre, l’abbé poussé par une inspiration
d’en-haut, approcha du cercueil un de ses religieux aveugle depuis longtemps. Celui-ci se
pencha sur la dépouille mortelle de la sainte et lui déposa un baiser sur le front ; à l’instant
même il recouvra complètement la vue ». CHENEAU 1923, I : 307.
27. Selon la version classique, Euphrosyne rend l’âme au soir des calendes de janvier. CHENEAU
1923, I : 306. Les Bollandistes citent le 11 février, l’Église latine le 16 janvier, l’Église
grecque le 25 septembre. Migne, dans sa patrologie, fixe la fête le premier janvier.
353

3.8 SUR SAINT SYMÉON LE STYLITE

1 2 3 4
Ce poème est cité par Douaihy , Graf et Breydy .
5
La tradition manuscrite se trouve dans les mss PKO or. oct. 1428 ,
6 7 8 9 10 11
Sbath 340 , Beyrouth 629 , Beyrouth 630 , Kreim B , Kreim C , Bkerke 141 et
12
VS 249/II-6 .
Ce poème est rimé en m!" et composé de 375 vers, de deux hémistiches
13
chacun . Le style est un mélange du registre littéraire et de langue vernaculaire.

I- Remarques préliminaires
14
Ibn al-Qil!"#$% se nomme au vers 368 en tant qu’auteur du poème ; il raconte
l’histoire de saint Syméon le Stylite, appelé également le Grand ou

1. Mad!"&'at.
2. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237,( .An m*+r
Sim.*+n al-:;bayli". Voir également Histoire/Chartouni : 154, Al-qidd!"s Sim.*+n al-:;bayl!" [Saint
Syméon de Jbeil].
3. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère aux manuscrits suivants : VS 249/II, 6, Beyrouth 630 ainsi
que Sbath 340 d’après la notice publiée dans Échos d’Orient 25(1926) : 87.
4. BREYDY 1985 : 196. Il cite les mss VS 249/II, 6, Beyrouth 630, Sbath 340 et Bkerke 13 pour
lequel il se trompe en lui donnant comme cote actuelle Bkerke 101 au lieu de Bkerke 141.
5. F. 4r-27v. Il manque dans ce manuscrit les vers 344-359.
6. F. 88v-103r. Il y manque les vers 223-225, 374-375.
7. F. 103r-121r : acéphale et incomplet de la fin. Il y manque les vers 1-26124b-128a, deux
folios manquent entre 110v et 111r (vers 178-211), 369-375.
8. F. 67r-89v. La reliure actuelle ne respecte pas la disposition logique des folios. On découvre
également qu’il manque un folio. La disposition initiale logique du poème devait couvrir les
folios de la manière suivante : 69rv [l’incipit figure], 74r-79v, 67r-68v, 80r-83v, 70r-72v, [un
folio manque : vers 253-268], 73rv, 84r-89v [le desinit figure].
9. P. 53-73. Une remarque, au début du poème, informe que le copiste, le P. Harfouche, a
utilisé Bkerke 13 [l’actuel Bkerke 141] pour sa copie, mais qu’il l’a collationnée sur plusieurs
manuscrits, en l’occurrence Beyrouth (Beyrouth 629 et Beyrouth 630) ainsi qu’une autre
copie trouvée à Bkerke, mais non encore identifiée.
10. P. 211-227.
11. F. 68r-80r. Il manque un folio entre les folios 74 et 75 contenant les vers 212-258 ; la partie
inférieure des folios 68-69 est mutilée.
12. Gabrielis Barclaii, II-Carmina arabica, 6- De Sancto Simeone Stylita.
13. La plupart des hémistiches comportent 12 syllabes sans que le rythme ne soit homogène pour
tous les vers.
14 . Il se présente comme étant religieux et prêtre.(
354 Les poèmes

15 16
l’Ancien († 459) . Mais nous remarquons qu’Ibn al-Qil!"#$% confond, en
plusieurs endroits, Syméon le Grand et Syméon le Jeune :
a- Il le nomme Syméon al-ba%&r'( (marin) (§ 2), or cette appellation ne
s’applique qu’à Syméon le Jeune : « Saint Syméon le Jeune dont le monastère
est situé dans l’Amanus est appelé Saint-Syméon du Mont-Admirable, Saint-
17
Syméon al-Ba%&r'( (de la mer), ou Saint-Syméon le Thaumaturge. »
b- La citation par Ibn al-Qil!"#$% de as-Suwayd'(yah (§ 14) comme l’endroit où
Syméon accoste pour gravir la montagne paraît ne pas être innocente ou
fortuite. Il semble que l’auteur ait cru que le port Saint-Siméon qui constitue le
port de as-Suwayd'(yah, tient son nom de saint Syméon le Grand, alors qu’il le
tire de la montagne voisine dite de Saint-Syméon, « vocable qu’il ne faut pas
18
confondre avec le Qal#at Sim#an » , mais qui indique plutôt le Mont-Admirable,
19
site de saint Syméon le Jeune .
c- Ibn al-Qil!"#$% parle d’un village appelé Tell Bass$%n dans le pays de
Qu&6eir (§17), où Syméon se réfugie après son séjour à côté de as-Suwayd$%yah,
et que l’auteur visite pour y vénérer la colonne de Syméon (§ 17). Là, on est
toujours autour du Mont-Admirable et de Syméon le Jeune.

15 . La tradition hagiographique conserve plusieurs stylites du nom de Syméon : l’Ancien ou le


Grand (†!459), le Jeune (VIe siècle), Syméon du monastère d’Erhab (VIe siècle), Syméon du
monastère près de Raqqa, etc. Voir une liste des stylites syriens dans PENA 1987 : 80-90.(
16. Sur la date de la mort de Syméon, voir l’analyse de DELEHAYE 1923 : 10-15. S’agissant du
rôle historique très important de Syméon, voir VÖÖBUS, Ascetism, II : 208-223.
17. NASRALLAH 1970 : 327. Dans le calendrier syriaque contenu dans le ms. VS 21 (XIe siècle),
au 24 mai, nous trouvons la commémoration de Syméon le Jeune sous l’expression Obitus S.
Simeonis thaumaturgi maris : bº†@aŠûò@‹É!@çíÉ9@ñ‹à@bï"y†@aózïä. ASSEMANI, BAV, II : 166.
La traduction latine du syriaque est donnée par P. Peeters : Obitus religiosi hominis sancti
Symeonis, qui prodigia in mari operatur, lequel d’ailleurs corrige le mot aŠûò, qui est au
singulier, et le met au pluriel agûò. PEETERS 1908 : 184, n° 2.
Également, dans le même martyrologe de Rabban 23l%&b"# (XIIIe siècle), au 21 mai, nous
trouvons la commémoration de Syméon le Jeune sous le vocable Symeon maritimus.
PEETERS 1908 : 184, qui correspond au syriaque 1Bem.34n Yammono (båáº@çíÉ9). PEETERS
1908 : 153.
18. DUSSAUD 1927 : 431.
19. Le mont Admirable, « montagne qui doit sa célébrité à la colonne du stylite, domine
Souaïdié, qui a remplacé l’antique Séleucie, à l’embouchure de l’Oronte. Le saint a donné
son nom au port voisin, Portus Sancti Symeonis, du temps des Croisades. Ce voisinage
explique le vocable de Symeon maritimus de certains calendriers ». DELEHAYE 1923 : 59.
3.8 Sur saint Syméon le Stylite 355

II- Les traditions locales


L’histoire de l’origine et de la jeunesse de Syméon touche un autre
problème : l’existence d’une source écrite qui prouve la version d’Ibn al-Qil!"#$%.
En fait, il semble que l’auteur utilise des traditions locales concernant la vie de
Syméon, ou bien est-ce lui-même qui, à partir de ces traditions locales, forge sa
version de la vie de Syméon.
Jbeil, jadis Byblos, contient depuis une longue date la colonne d’un stylite
que la tradition appelle Syméon et où une église très ancienne porte le nom de
20
Syméon le Stylite . Est-ce une tradition locale qui attribue cette colonne à
21
Syméon le Stylite ou bien est-ce Ibn al-Qil!"#$% lui-même qui le déduit en
considérant Jbeil comme étant la ville natale du stylite ? (§ 7).
La localité des Bw!"l$%#,4 dans la région de S!"qiet al-.1ay*0 (district de Jbeil),4
compte plusieurs grottes et vestiges médiévaux dont une église dédiée à saint
Syméon le Stylite. Il est probable qu’Ibn al-Qil!"#$% utilise l’existence de ces
vestiges pour y faire passer Syméon quelque mois dans son récit (§ 11).
Pourquoi Ibn al-Qil!"#$% localise-t-il l’école de Syméon dans le village de M!"r
Asy!", dans la région de Batroun ? Nous ne possédons pas de réponse (§ 7). Il est
toutefois probable qu’une école y ait existé à l’époque d’Ibn al-Qil!"#$% qui la
projette dans le temps. Ce procédé est clairement visible quand il raconte que le
gouverneur de Jbeil est un « Génois obéissant à Milan » (§ 5), un fait historique
qui remonte seulement au XIIe siècle.
Ajoutons à cela un mélange de l’extraordinaire et du miracle, du surnaturel
et du magnifique (surtout les §§ 8, 10, 12 et 13), phénomène qui régit la plupart
des écrits et des récits du Moyen Âge.

III- Les sources classiques


Mais, à partir du § 14, Ibn al-Qil!"#$% utilise des sources connues dans
l’histoire hagiographique.

20. Voir SADER 1989 : 21-27.


21. Cette tradition s’est perpétuée bien après Ibn al-Qil"#$%&. Dans une [auto]-biographie
d’Abraham Ecchellensis († 1664), écrite en 1659, il est écrit que Jbeil est la ville natale de
Syméon le Stylite. Archivo di Stato di Roma, Fondo Cartari-Febei, vol. 64, f. 71r.
356 Les poèmes

On compte habituellement quatre sources concernant la vie de Syméon


22
Stylite le Grand :
23
1- Une notice de Théodoret de Cyr écrite en 444 .
24
2- Une vie syriaque en deux recensions . Selon Canivet, cette version
« émanait des monastères de Télanissos (aujourd’hui Deir Sim#an) voisins de la
25
colonne, ou de Téléda » .
3- Une vie grecque relatée par Antoine qui se nomme disciple et témoin de
26
la vie de Syméon .
27
4- Une vie géorgienne se rattachant à la branche syriaque .
Ibn al-Qil!"#$% semble utiliser essentiellement la vie grecque relatée par
Antoine (§§ 14-21, 23-28) ; d’ailleurs, il cite cette version et la critique (§ 2).
Mais, en plusieurs endroits, des traces de la version syriaque (§§ 16 et 21) sont
décelables, ce qui mène à croire qu’Ibn al-Qil!"#$% connaît cette version au moins
d’une manière indirecte.

22. Pour des références générales sur saint Syméon le Stylite, voir DELEHAYE 1923 : 1-35 ;
PEETERS 1943 ; PEETERS 1950 ; NASRALLAH 1970 ; CANIVET 1977 et PENA 1987.
23. THÉODORET DE CYR, Histoire, XXVI, 1-28, I : 158-215. Analyse du texte dans LIETZMANN
1908 : 1-18 ; FESTUGIÈRE 1959 : 349-357 et traduction française : 387-401.
24. La première recension se trouve dans le manuscrit VS 160, f. 1-79, achevé le 7 avril 474.
Voir CANIVET 1977 : 109 n° 25, qui cite PEETERS 1950 : 113 n° 2. Cette recension est
également éditée dans ASSEMANI, Acta Sanctorum, II : 268-398, texte syriaque assorti d’une
traduction latine.
La seconde recension est conservée dans le manuscrit Add. 14.484 du British Library, qui
remonte au VIe siècle. Elle est éditée dans BEDJAN, Acta Martyrum, IV : 507-644, texte
syriaque ; traduction allemande dans LIETZMANN 1908 : 80-180 ; traduction anglaise dans
LENT 1915.
Voir l’analyse de la vie syriaque en général dans F ESTUGIÈRE 1959 : 357-370, et DORAN
1984. Une analyse de trois nouveaux manuscrits syriaques se trouve dans VÖÖBUS 1985.
25. THÉODORET DE CYR, Histoire : 21. Une analyse de cette appartenance se trouve dans
CANIVET 1977 : 110-112.
26. CANIVET 1977 : 109 n° 25, qui cite LIETZMANN 1908 : 64-66. Analyse du texte dans
LIETZMANN 1908 : 20-78 ; FESTUGIÈRE 1959 : 372-387 et traduction française : 493-506 ; DE
JERPHANION, Vita. Une recension arabe de la vie de Syméon, traduite du copte et dérivant de
la tradition grecque d’Antoine, se trouve dans le VA 80, f. 7r-46v. Voir MAI, VA : 178-185.
La version de Syméon Métaphraste se fonde également sur cette version. Voir P.G., CXIV :
329-392.
27. Cette œuvre se trouve dans le manuscrit géorgien 6 du monastère Sainte-Catherine au Sinaï,
fol. 12r-66v (XIe siècle). L’étude et l’édition du texte sont réalisées par GARITTE 1957.
3.8 Sur saint Syméon le Stylite 357

Notons finalement que ce poème n’a pas été totalement étranger au public
maronite. Le ms. Beyrouth 57 contient plusieurs notices sur les saints vénérés au
Liban ; parmi lesquels se trouve la vie de Syméon le Stylite, qui « était
28
originaire de Gbayl en Phénicie au Mont-Liban » . Le copiste fournit un
résumé de la vie de Syméon puisée dans le livre « du vénérable prélat et grand
29
docteur Gibrâ’îl al-Qilâ#i » .

IV- La structure du poème :


1 [v. 1-2] : Préambule.
Ibn al-Qil!"#$% veut faire le panégyrique de saint Syméon le Stylite.

2 [3-12] : Les sources douteuses.


L’auteur a consulté la biographie faite par Antoine, un disciple de Syméon
et qui appelle son maître al-ba%&r'%! sans en expliquer la raison, souligne-t-il, et
30

31
sans raconter ses origines ou son enfance , sans même dire pourquoi il est venu
à Antioche.
Tout cela porte à la confusion et laisse circuler des légendes et des versions
« apocryphes » [sic].

3 [13-16] : Le projet de l’auteur.


Alors, en se confiant à l’aide de la Sainte Vierge et à la providence de la
Trinité, il prend à son compte de raconter la vraie vie de saint Syméon.

4 [17-24] : Les sources certaines.


Ibn al-Qil!"#$% a consulté de « vieux livres » contenant la biographie de
32
Syméon, puis, il a effectué un pèlerinage à Montoue , en Italie, pour visiter son

28. MOUBARAC, Pentalogie, II/1 : 5.


29. Ibidem.
30. La note d’Ibn al-Qil"#$%& sur la version d’Antoine porte à la confusion, car ni Antoine ni les
autres sources n’appellent Syméon al-ba&'r!" (de la mer).
31. Antoine ne dit rien sur l’origine de Syméon. FESTUGIÈRE 1959 : 493.
32 . Mantw*+. Montova se situe au nord de l’Italie. Voir note 81.(
358 Les poèmes

tombeau. Là, il a lu l’histoire de Syméon, écrite dans deux vieux livres en


33
langue arménienne .

5 [25-28] : L’origine de saint Syméon.


34
L’histoire de Syméon commence à Jbeil , une ville fortifiée gouvernée par
35
un roi génois « obéissant » à Milan . Les villages des alentours viennent
36
participer aux fêtes au son des nacares . Le pays est riche et heureux, les écoles
sont prospères et la vie ascétique rayonne.

33. Nous n’avons pas pu trouver d’indices concernant une tradition arménienne sur la vie de
Syméon : n’aurait-on pas rapporté à Ibn al-Qil"#$%& la version géorgienne qu’il aurait prise pour
une tradition arménienne ?
34. Jbeil, ou Byblos, se trouve sur la côte libanaise. À l’est de la ville, sur une hauteur, on voit
toujours une vieille petite chapelle dédiée à saint Syméon et où se dresse un tronc de colonne
en marbre, de 5 m. de hauteur, et de 4 m 50 de circonférence ; cela mène à supposer la
présence d’un stylite, d’autant plus que la dédicace au nom de Syméon est déjà un indice. Un
monastère byzantin voisin existait encore au temps des croisades. Voir MATTERN 1933 : 85.
La présence d’une chapelle dédiée à saint Syméon et la tradition locale de la présence d’un
stylite à une époque lointaine ont probablement conduit Ibn al-Qil"#$%& à considérer la ville de
Byblos comme la ville natale de Syméon. Jusqu’aujourd’hui, le premier septembre, fête de
saint Syméon le Stylite, est l’occasion à laquelle les habitants de la région viennent en
pèlerinage vénérer la colonne.
35. « Le 26 juin 1109 Bertrand, fils de Raymond de Saint Gilles, par un acte solennel en
présence du roi de Jérusalem Baudouin I, et de plusieurs seigneurs, donnait à l’église Saint-
Laurent de Gênes, c’est-à-dire à la cathédrale de Gênes, par l’intermédiaire du Génois
Guglielmo Embriaco, toute la ville de Giblet, avec ses appartenances, le castrum
Constabularii (le Puy du Connétable) et le tiers de la ville de Tripoli. » DESCHAMPS 1973 :
205. Pour plus d’informations sur la famille Embriaco et son gouvernement à Jbeil, voir REY
1895. C’est ainsi qu’Ibn al-Qil"#$%& projette aux IVe-Ve siècles la situation politique du XIIe
siècle.
36. Ibn al-Qil"#$%& utilise à plusieurs reprises le mot na+qu4s (,-.$/) comme instrument de
rassemblement : on l’utilisait comme instrument pour rassembler les gens dans les grandes
fêtes (vers 26), pour rassembler les moines dans un monastère (vers 106, 170, 202), comme
on l’utilise pour informer les gens des villages de la mort de Syméon (vers 321).
Dans la chronique du Templier de Tyr (1230-1290), il est fait référence à l’utilisation des
« nacares », sortes de tambours, servant à rassembler les populations, ou comme instruments
de musique lors des fêtes ou des batailles. Voir RAYNAUD 1886. L’utilisation du mot nacare
ou na+qu4s semble être plus proche de la réalité que l’utilisation des mots « crécelle »,
« tambour », « gong », etc.
Signalons également un article en arabe qui fait l’analyse historique du mot na+qu4s d’une
manière très détaillée, surtout par rapport à toutes les traditions qui existaient au début de
l’islam. AZ-Z!Y & "T# 1938.
3.8 Sur saint Syméon le Stylite 359

6 [29-33] : Sa naissance.
Il y a à Jbeil un couple de gens riches appartenant à la noblesse du pays,
mais dont la femme est stérile. Sa prière d’enfanter ayant été exaucée, elle
37
nomme son premier-né Syméon .

7 [34-44] : Son enfance.


Quand Syméon a quatre ans et demi, il est envoyé à une école gratuite dans
38
la localité de M!"r Asy!" à laquelle appartiennent plusieurs domaines pour
assurer le besoin des élèves et de leur maître. Là, Syméon apprend à lire et à
écrire, ainsi que le catéchisme.

8 [45-50] : L’ascèse dès son enfance.


Les paroles impressionnantes du maître rendent Syméon pensif. Ainsi, il
passe les jours et les nuits en priant et en s’abstenant de manger. Le maître croit
que l’enfant mange à la maison et sa mère le contraire. À ce rythme, trois ans
sont passés.

9 [51-76] : La fuite de Syméon.


Enfin, sa mère, très inquiète, envoie une lettre au maître pour le remercier,
surtout pour les repas, et pour lui demander la permission de voir son enfant.
Le maître est stupéfait ; il n’arrive pas à comprendre de quoi elle le
remercie, alors qu’il croit que l’enfant retourne à la maison chaque jour. Il
cherche Syméon pour l’envoyer voir sa mère ; mais celui-ci, attristé, s’enfuit
loin de ses camarades et se réfugie auprès d’un rocher.

37. La naissance de Syméon est fixée à Sis, dans la région de Nicopolis (aujourd’hui Islahiye), et
cela dans le texte de THÉODORET DE CYR, Histoire, § 2, et la vie syriaque. FESTUGIÈRE 1959 :
358. Dans la vie grecque relatée par Antoine, sa patrie n’est pas nommée. FESTUGIÈRE 1959 :
370.
38. Jusqu’à nos jours, nous rencontrons dans le village d’Asy"# des vestiges considérés comme
ceux d’un ancien monastère dédié à M"#r Asy"# (saint Pantaléon ?). Voir SAUMA 1994, I : 102. (
360 Les poèmes

Trois jours plus tard, la mère se présente devant le maître pour lui demander
39
des explications, alors que celui-là croyait que l’enfant était déjà à la maison .
Tout le monde cherche l’enfant en vain.

10 [77-84] : Son enlèvement par le Saint-Esprit.


Un de ses camarades leur indique l’emplacement où se trouve Syméon.
Tout le monde vient le chercher, mais une fois trouvé, l’Esprit-Saint l’enlève
devant leurs yeux. La mère, pleine d’amertume, revient à Jbeil.

11 [85-93] : Syméon moine.


Trois mois s’écoulent après la disparition de Syméon. Puis, un jour, sa mère
40
apprend que dans la localité des Bw!"l$%# 4 se trouve un monastère entouré de
plusieurs ermitages et où un enfant est accepté parmi les moines.

12 [94-115] : Syméon se fâche contre sa mère.


La mère de Syméon, appuyée par une lettre de l’évêque de Jbeil et escortée
par la garde du gouverneur, se présente devant le monastère pour y chercher son
fils. Aussitôt, Syméon est transporté par l’Esprit-Saint dans une petite grotte
haut perchée. Appelé par le supérieur, Syméon se met à blâmer la présence de
sa mère et des troupes accompagnatrices ; sa mère et ses compagnons sont alors
enlevés par une force occulte et, enfin, on apprend que des pirates les détiennent
non loin du port de Jbeil.

13 [116-138] : Syméon recherche sa mère.


Furieux contre ce que Syméon a fait, le supérieur, avec son conseil, décide
que l’action de Syméon est indigne et que celui-ci doit corriger sa faute en allant
lui-même chercher sa mère et racheter sa liberté.

39. D’après Ibn al-Qil"#$%&, M"#r Asy"# est éloigné de Jbeil de 12 km (2 farsa&/), ce qui n’est pas
faux si on s’engage sur les chemins caravaniers.
40. W*+d!" el-Bw*+l!". se trouve sous S"#qiet al-,9ayt, un village sur la route entre $Am56%&t et Le.:fed
dans le caza de Jbeil. Là, on trouve « l’ermitage de Mar Sema’an dans le flanc d’une falaise
au fond d’une vallée étroite où se trouve, plus haut perché, un autre ermitage encore plus
impressionnant dédié à saint Antoine le Grand ». Voir SAUMA 1994, II : 250.
3.8 Sur saint Syméon le Stylite 361

Obéissant au supérieur, Syméon quitte son ermitage, et après avoir consulté


son vieux maître à M!"r Asy!", il gagne le large et commence sa quête. Ayant
41
appris par les pirates qu’un marchand a acheté sa mère et ses compagnons, il
lui envoie de l’argent, des lettres et des cadeaux pour les libérer.
Le navire qui transporte les libérés accoste alors à Jbeil. Entre-temps, et par
la force de l’Esprit, Syméon disparaît et tout le monde croit qu’il est emporté
par la mer déchaînée.

14 [139-175] : Le deuxième monastère.


42
La tempête calmée, la mer jette Syméon sur la côte de as-Suwa)d'(yah . Il
cherche alors un monastère pour y entrer et apprend l’existence d’un
43
monastère où mille moines résident dans mille cellules. Il se présente devant le
supérieur qui lui demande son nom et de quel pays il est originaire ; mais
Syméon donne seulement son prénom sans aucune indication sur ses origines ni
44
sur son pays .
45
Il entre au noviciat et deux ans après, il prononce ses vœux . Là, se
46
trouvent mille deux cent moines .

41. Le ms. Kreim C ajoute que ce marchand fut de Beyrouth.


42. As-Suwayd!"yah, prés d’Antioche, sur l’embouchure de l’Oronte. Voir supra pour l’emploi de
cette ville dans le récit d’Ibn al-Qil"#$%&.
43. C’est le monastère de Téléda d’après THÉODORET DE CYR, Histoire, § 5, et la vie syriaque.
FESTUGIÈRE 1959 : 358. Antoine ne dit rien. FESTUGIÈRE 1959 : 371. À propos de Téléda
(aujourd’hui Tell $;<de), Festugière note : «Deuxième couvent de Téléda, fondé par deux
disciples d’Eusèbe, Eusébônas et Abibion. Ils ont pour successeur Héliodore, que Théodoret
est souvent allé voir. Au temps d’Héliodore, le couvent compte environ quatre-vingts
moines. C’est là que Syméon, le futur stylite, évidemment attiré par la grande réputation de
ce monastère, vient faire un séjour de dix ans. » FESTUGIÈRE 1959 : 312. Ce couvent se
trouve dans la localité du mont Koryphé (0=abal 2>ay./ Barak"#t) dans la région de la Syrie du
Nord. Voir la notice historique et descriptive du couvent et du village dans TCHALENKO,
Villages antiques, I : 132-144, 154-155.
44. Cet épisode correspond à la vie grecque relatée par Antoine : « L’archimandrite lui dit : ‘Qui
es-tu et de quel pays ? Quel est ton nom ? D’où viens-tu ?’ Le bienheureux Syméon lui dit :
‘Je suis de famille libre, mon nom est Syméon. Comment je suis venu ici, de quels parents je
suis, ne me le demande pas, maître, je t’en supplie, mais rachète pour ton compte une âme
qui se perd. » FESTUGIÈRE 1959 : 494.
45. On voit de manière explicite comment Ibn al-Qil"#$%& mélange ce qui se faisait dans le temps
jadis et les coutumes de son époque. Dans sa description, il fait souvent de la projection ; il
attribue à l’époque de Syméon ce que les moines et les religieux de son époque exerçaient :
la tonsure, les trois vœux monastiques, l’habit, le noviciat, etc.
362 Les poèmes

15 [176-194] : Son ascèse.


La persévérance de Syméon dans la vie monastique s’accomplit par les
47
actes d’ascèse et de pénitence : il pratique le jeûne toute la semaine . Un jour, il
48
se ceignit les reins d’une corde trouvée sur le puits ; cette corde lui mange la
chair et sa couche est remplie de vers. Le supérieur le blâme et ordonne de lui
faire enlever son vêtement.
Le vêtement étant collé au corps en raison d’escarres, les moines essayent,
pendant trois jours, de tremper Syméon dans l’eau tiède mélangée d’huile, afin
de pouvoir le débarrasser du vêtement. Ayant réussi, ils découvrent la corde qui
l’enlace complètement, incrustée dans son corps ; alors, le supérieur fait appel à
49
un médecin, qui le soignera pendant cinquante jours .

16 [195-221] : Syméon devient indispensable.


Après sa guérison, Syméon, sur un ordre de son supérieur, quitte le
monastère et gagne le désert, où il trouve une citerne sans eau habitée par des
bêtes sauvages et y demeure sept jours.
Pendant ce temps-là, le supérieur a une vision : dans son rêve, un homme
vêtu de blanc le traite de pécheur à cause de sa conduite envers Syméon.
L’homme ajoute que si Syméon ne revient pas au monastère, tout le monde sera
tué. Effrayé, le supérieur envoie ses moines chercher Syméon dans toutes les
grottes des alentours pour le ramener au monastère.
Après plusieurs jours de recherche, ils le retrouvent et le ramènent malgré
lui. À sa vue, le supérieur lui demande pardon au nom de tous les frères et le
50
consacre supérieur à sa place .

46. Dans THÉODORET DE CYR, Histoire, § 5 : quatre-vingt compagnons. La vie syriaque note la
présence de cent vingt frères. FESTUGIÈRE 1959 : 359. Antoine n’en dit rien.
47. Antoine écrit : « Le saint Syméon ne mangeait que de dimanche en dimanche. » FESTUGIÈRE
1959 : 494.
48. Antoine écrit : « Il trouve au-dessus d’un puits un seau, grâce auquel on puisait de l’eau,
avec une corde ; il détache la corde et, s’étant rendu dans un lieu isolé, s’en lie comme d’un
bandage sur tout le corps. » FESTUGIÈRE 1959 : 494.
49. Cet épisode correspond à la version d’Antoine. FESTUGIÈRE 1959 : 494-495, à l’exception
près qu’Ibn al-Qil"#$%& évoque un médecin, alors qu’Antoine en évoque deux.
50. Cet épisode correspond à la version d’Antoine qui ne mentionne pas que Syméon est devenu
supérieur, mais qu’il est resté encore trois ans dans le même monastère avant de le quitter.
FESTUGIÈRE 1959 : 495-496. C’est la vie syriaque qui raconte que le supérieur, à sa mort,
confie le monastère aux mains de Syméon ; ce fait ne correspond pas à la réalité. FESTUGIÈRE
3.8 Sur saint Syméon le Stylite 363

17 [222-232] : Expérience du désert.


Après trois ans de gouvernement, Syméon présente sa démission et se retire
51
dans les montagnes. Arrivé à Tell-Bass$%n , dans le pays de Qu&6eir, il trouve une
52 53
grotte et une colonne à côté d’elle et décide d’y rester .

18 [233-247] : Le stylite.
54
Mais quatre ans plus tard , lassé des visiteurs, il reprend la route, à
nouveau, et arrive après trois mois dans la montagne de Tizin, appelée 78abal al-
A#l!"! , où il fixe sa demeure sur une nouvelle colonne de 30 coudées entourée
55 56

57 58
de deux mandrai que la foule construit pour lui . Tout le pays d’Antioche vient

1959 : 359, qui cite LIETZMANN 1908 : 216. DELEHAYE 1923 : 8, de son côté, note que ce fait
semble être « une de ces traditions nées parmi les disciples de Syméon, et tout à l’honneur du
maître ». De plus, alors que dans Théodoret et Antoine, cet épisode suit le renvoi de Téléda,
la vie syriaque le cite avant le renvoi. FESTUGIÈRE 1959 : 359.
51. Telb*+s!"n. Seul Kreim C écrit Tell Bass%&./ au lieu de Tell Bass%&n. Village non localisé, mais
qui probablement devait se situer aux alentours du mont Admirable, dans la région de
l’Antiochène, appelée Qu5'eir. Voir supra sur son utilisation dans le récit d’Ibn al-Qil"#$%&.
52. Antoine écrit : « Il s’en va et se rend en un lieu inhabité où se trouvaient plusieurs champs. Il
y avait au voisinage un lieu nommé Talanis, et Syméon se bâtit là un petit enclos de pierres
sèches. » FESTUGIÈRE 1959 : 496. La vie syriaque note un petit couvent dirigé, au temps où y
arrive Syméon, par Maris fils de Baraton. C’est là que l’on construit un oikiskos pour
Syméon, lequel prit ensuite des proportions considérables « en raison de l’afflux des
disciples attirés par le renom du stylite ». FESTUGIÈRE 1959 : 312-313. Talanis (Antoine) ou
Télanissos. THÉODORET DE CYR, Histoire, § 7, ou bien Tel-neshin. FESTUGIÈRE 1959 : 371,
vie syriaque, est appelé aujourd’hui Deir Sim$an. Il se trouve sur un plateau peu élevé dans la
plaine de Qa)!*+r"#. TCHALENKO, Villages antiques, I, 205-222.
53. Ibn al-Qil"#$%& visita cet endroit (vers 232) et se présente comme un témoin oculaire de sa
description.
54. Antoine raconte que Syméon « se tint là debout environ quatre ans sous la neige, la pluie, les
brûlures du soleil, et beaucoup venaient à lui ». FESTUGIÈRE 1959 : 496.
55. On trouve plusieurs villages de nom de Tizin dans la région de la Syrie de Nord :
a - Tiz%&n près de Hamah. DUSSAUD 1927 : 227.
b - Tiz%&n village sur le versant occidental du 0=abal Sim$"#n, en face de la vallée de $Afr%&n
(non loin de Téléda). TCHALENKO, Villages antiques, III : 126 ; DUSSAUD 1927 : 125-127.
( ?- ,9erbet Tiz%&n, village situé sur le versant septentrional du 0=abal Bar%&56"# (non loin du 0=abal
al-A$l"#). TCHALENKO, Villages antiques, III : 126.
Ibn al-Qil"#$%& semble confondre entre le b, non loin de Téléda, et le c, non loin de 0=abal al-
A$l"#. Mais la question reste toujours pertinente : pourquoi Ibn al-@%&8"#$%& se réfère-t-il à Tiz%&n
et non à Téléda ?
56. En arabe 56ir*+. (0+12).
57. « ‘Mandra’ est un mot grec qui signifiait primitivement ‘bergerie’, ‘parc de moutons’. Il prit
bientôt un sens figuratif. Dans les biographies des stylites, il désigne une sorte de cour
364 Les poèmes

demander sa bénédiction, surtout les malades et les possédés. Même les morts
sont ressuscités grâce à son intercession.

19 [248-268] : La mort de sa mère.


La mère de Syméon, apprenant où il est, décide de lui rendre visite et se
déguise en étrangère. Syméon lui interdit l’entrée de la mandra, mais accepte de
lui parler. Voulant arriver jusqu’à lui, elle grimpe sur une échelle, et, frappée
par une lumière éblouissante, elle tombe morte sous sa colonne. Sa mort a lieu
59
le 20 mars et elle est enterrée au pied de la colonne de son fils .

20 [269-272] : La morsure du diable.


Le diable se déguise en vipère et, pendant son sommeil, il le mord à la
cuisse. En se réveillant subitement, Syméon se coupe à l’endroit de la morsure,
60
mais un ulcère gangréneux lui cause beaucoup de mal .

Plusieurs miracles furent accomplis par l’intercession de Syméon :

61
21 [273-278] : Une lionne attaque les habitants du Liban . Ces derniers
demandent l’aide de saint Syméon, qui leur ordonne le jeûne tous les mercredis
62
et les vendredis ; il se coupe un bout de chair de la cuisse et le leur donne

entourée d’une barrière de pierres, ou une simple enceinte, au milieu de laquelle se dressait
la colonne. La ‘mandra’ servait à isoler la colonne, en la protégeant contre la vénération
excessive des fidèles. » PENA 1987 : 35.
Ibn al-Qil"#$%& utilise le mot arabe $%!"rat (345).
58. Antoine n’indique pas de changement de lieu, il ajoute seulement : « Après cela [quatre ans
debout à Talanis], il fit une colonne de quatre coudées où il se tint debout sept années, et sa
renommée se répandait partout. Ensuite, la foule construisit pour lui deux mandrai de pierres
sèches, et mit une porte à la mandra intérieure, et bâtit pour lui une colonne de trente
coudées, et il se tint là-dessus quinze ans accomplissant beaucoup de guérisons. »
FESTUGIÈRE 1959 : 497.
59. Cet épisode se trouve dans le récit d’Antoine. FESTUGIÈRE 1959 : 497-498, sans l’indication
de la date de sa mort.
60. Cet épisode est détaillé dans Antoine. FESTUGIÈRE 1959 : 499.
61. Ibn al-Qil"#$%& écrit : « notre pays ». Le P. Lammens attire l’attention sur le fait que le mot
« Liban » indiquait plusieurs localités aux Ve-VIe siècles, à savoir le Mont-Liban, le pays des
Alawites et le mont Hermon actuels. LAMMENS 1982, I : 116.
62. C’est la cuisse qui lui faisait mal à cause de la morsure d’une vipère (§ 20).
3.8 Sur saint Syméon le Stylite 365

comme signe de sa bénédiction. Ce morceau de chair, une fois mis sur la route
63 64
de Le./fed , oblige la lionne à s’enfuir pour toujours .

65
22 [279] : Bien que le fleuve de la Q!"d$%&'!" se soit desséché, par
l’intercession de saint Syémon, la pluie tombe de nouveau.

23 [280] : Une femme avale un serpent qui grandit dans son ventre ; par la
66
prière de saint Syméon, le serpent sort de son corps .

24 [281-288] : Un dragon qui perturbe tout le pays d’Antioche arrive sous la


67
colonne de saint Syméon et devient docile .

25 [289-299] : Un brigand qui fait frémir tout le monde se convertit sous la


68
colonne de saint Syméon ; et là, il rend son dernier souffle .

63. Trois manuscrits, Bkerke 141, Kreim B et Beyrouth 630 ne mentionnent pas « Le.:fed », mais
signalent seulement « sur la route de chaque côté ».
64. D’après la vie syriaque et la recension géorgienne, les habitants du Liban viennent demander
l’aide de saint Syméon pour éloigner les bêtes sauvages qui attaquent les hommes et les
maisons, et lui promettent de devenir chrétiens. Le stylite les bénit et leur demande d’ériger
quatre pierres sur les quatre côtés de chaque village et d’installer trois croix sur chacune de
ces pierres. En outre, il leur demande de veiller trois jours en priant, afin qu’ils soient
exaucés. BEDJAN, Acta Martyrum, IV : 589-591 ; ASSEMANI, Acta Sanctorum, II : 319 ;
GARITTE 1957 : 39. D’ailleurs, Assemani, dans sa Bibliotheca Orientalis, ajoute que lui-
même avait l’habitude de regarder ces quatre croix au Liban : horum unum vidi suprà
Hesron eiusdem Libani oppidum. Alterum apud Besciaram ; tertium supra Eden, et quartum
juxta Aitu. ASSEMANI, BO, I : 246 n. 1.
Antoine relate une autre histoire : « Une panthère était venue de quelque part résider dans
cette région et elle avait dévoré beaucoup d’hommes et d’animaux. On rapporta la chose au
saint, il ordonne que de l’eau mêlée de terre soit aspergée en ce lieu-là. J’y allai donc et
j’aspergeai le lieu entier. Le lendemain ils retournèrent et trouvèrent la panthère qui gisait
morte en ce lieu-là. L’ayant écorchée, ils rapportèrent sa peau. Le juste ordonna qu’on
remplisse de paille la peau de cette panthère et, une fois remplie, elle fut placée là un long
temps. Et tous ceux qui la voyaient, glorifiaient le Dieu du ciel. » FESTUGIÈRE 1959 : 501.
65. C’est le fameux fleuve de la Vallée sainte dans le nord du Liban. Cet épisode est propre à Ibn
al-Qil"#$%&.
66. Cet épisode est raconté en détail par Antoine. FESTUGIÈRE 1959 : 498.
67. Cet épisode est relaté par Antoine. FESTUGIÈRE 1959 : 499.
68. Cet épisode est relaté en détail par Antoine. FESTUGIÈRE 1959 : 500.
366 Les poèmes

69
26 [300-301] : Une source apparaît dans une montagne aride et sèche .

27 [302-315] : Sa mort.
70
Syméon demeure sur la colonne quarante-sept ans dans la prière et le
71
jeûne ; il ne mange que des lentilles et de l’herbe . Sachant sa mort trois jours à
72
l’avance, il se met à prier et ainsi il meurt .

28 [316-348] : La procession funèbre.


Tout le monde afflue pour lui rendre hommage et une procession, présidée
73 74
par le patriarche et le roi , l’accompagne jusqu’à Antioche où, sur la route, à
75 76
Marach un possédé est guéri .
À Antioche, on le met dans un cercueil et pendant trente jours, tout le
77
monde vient lui rendre hommage et demander son intercession .

69. Cet épisode est relaté en détail par Antoine. FESTUGIÈRE 1959 : 501.
70. Antoine mentionne que « le bienheureux se tint donc sur diverses colonnes durant quarante-
sept ans, et après toutes ces années-là, le Seigneur vint le chercher ». FESTUGIÈRE 1959 : 373.
71. Antoine raconte que « sa nourriture était des lentilles trempées, sa boisson, de l’eau ».
FESTUGIÈRE 1959 : 496.
72. Cela correspond à la version d’Antoine concernant la mort de Syméon. FESTUGIÈRE 1959 :
373-374.
73. D’après Antoine, c’est l’évêque d’Antioche, Martyrius. FESTUGIÈRE 1959 : 274.
74. D’après Antoine, c’est le gouverneur militaire (stratélate) Ardaburius. FESTUGIÈRE 1959 :
274.
75 . Mar.e$6. Cette ville joue un rôle important, pendant les Croisades, dans le comté d’Édesse,
puis dans l’Arménie de Cilicie. Elle se situe actuellement en Turquie.(
76. C’est le même épisode dans Antoine qui nomme la ville Méropé. FESTUGIÈRE 1959 : 505-
506. La ville est nommée dans la vie syriaque, Marwa (éd. Bedjan) ou Maro (éd. Assemani).
FESTUGIÈRE 1959 : 370. Cette ville n’est pas localisée. De toute façon, la nomination de
Mar$e56 (Germanicia) est évidemment fausse, car elle est trop loin au nord pour être sur la
route entre Telanissos et Antioche. Voir FESTUGIÈRE 1959 : 378-381, pour les éventuelles
routes reliant Antioche aux diverses localités.
77. Toute l’histoire des funérailles de Syméon est relatée en détail dans Antoine. FESTUGIÈRE
1959 : 374-375. On note simplement un changement de place de l’épisode où l’évêque
d’Antioche veut arracher un poil de la barbe pour avoir une relique et dont la main se
dessèche. Antoine le cite après l’arrivée à Antioche, alors qu’Ibn al-Qil"#$%& l’évoque avant de
décrire le cortège funèbre.
3.8 Sur saint Syméon le Stylite 367

29 [349-352] : Sa vénération.
Un an plus tard, il apparaît au patriarche pour lui réclamer une église qui
78
sera ultérieurement construite à Antioche, où son tombeau est vénéré .

30 [353-362] : Le transfert de ses reliques en Occident.


Après plusieurs années, l’Orient transgresse l’enseignement de Rome et
79
tombe dans l’hérésie de Macaire , qui prêche que le Christ a une seule volonté
80
et que sa nature divine a souffert .
À cause de l’excommunication infligée par le pape, l’Orient est soumis à un
roi arabe qui entre dans Antioche. Alors les Francs transportent plusieurs
reliques d’Antioche parmi lesquelles le corps de Syméon, qui est placé dans un
81
monastère bénédictin à l’extérieur de Montoue, où on lui bâtit une église .

31 [363-375] : Conclusion de l’auteur.


Ibn al-Qil!"#$%, qui a visité le tombeau de saint Syméon, se veut un témoin
véridique de tout ce qu’il écrit ; il demande l’intercession du saint et invite son
lecteur à prier pour lui. Il termine son panégyrique à Beyrouth, le vendredi, 20
août 1500.

V- La datation du poème
Pour la datation de ce poème, nous pouvons diviser les manuscrits en trois
groupes :

78. Antoine écrit : « Ensuite, en raison d’une révélation divine, fut bâtie la chapelle du saint et
pieux Syméon, et ainsi, en grande pompe et au chant des hymnes, on transporta sa sainte
dépouille dans cette chapelle. » FESTUGIÈRE 1959 : 375.
79. Macaire d’Antioche (évêque après 649, †681) est le chef du parti monothélite au concile de
Constantinople III (680), d’où la volonté d’Ibn al-Qil"#$%& de considérer que le péché
irréparable, causant la perte de l’Orient, est le monothélisme.
80. Les monothélites sont accusés d’être des théopaschites qui soumettent le Verbe lui-même à
la souffrance et à la mort.
81. La dépouille de Syméon arrive à Constantinople vers 467 ; il ne reste à Antioche que la tête
du saint que nous retrouvons également à Constantinople, au Xe siècle. Après 1204, la tête de
Syméon tombe aux mains des Occidentaux et devient la propriété des Camaldules de
Florence. Voir FLUSIN 1987.
368 Les poèmes

a- Trois manuscrits, Bkerke 141, Kreim B et Beyrouth 630, qui


appartiennent au même groupe, datent le poème du samedi, 10 juillet 1562.
b- Le ms. PKO or. oct. 1428 le date du samedi, 10 juillet 1502.
c- Le ms. Kreim C le date du vendredi, 20 août 1500.
Quant aux mss Sbath 340 et Beyrouth 629, ils sont mutilés à cet endroit.
La date dans le groupe (a) peut-être celle d’une copie et non de l’écriture du
poème, car Ibn al-Qil!"#$% est mort vers 1516. De plus, le 10 juillet 1562 est un
82
vendredi et non un samedi , mais dans la tradition orientale, surtout liturgique,
le jour suivant commence dès la veille : samedi commence dès le vendredi soir.
Cela mène à croire que la copie se serait terminée dans la nuit de vendredi, ce
qui signifie le samedi liturgique.
Le 10 juillet 1502 du groupe (b) correspond à un dimanche et on ne peut,
dans ce cas-là, lui appliquer la même règle liturgique sinon on aura un lundi au
lieu d’un samedi. Cela permet de croire que ce ms. se rattache à la tradition du
groupe (a), mais que son copiste, plus averti, a corrigé la date de 1562 en 1502
pour être mieux adapté à la vie d’Ibn al-Qil!"#$%.
Reste la tradition du groupe (c) qui semble plus ancienne et qui correspond
parfaitement à la règle liturgique : le 20 août 1500 est un jeudi qui peut devenir
un vendredi liturgique sans équivoque.

82. Voir COUDERC 2000 : 105-111.!


369

3.9 SUR LES SPHÈRES

1 2 3
Ce poème est cité par Douaihy , Graf et Breydy . Il se trouve actuellement
4 5 6 7 8
dans les manuscrits : Beyrouth 15 , Bkerke 180 , Alep 543 , Jbeil 116 , VS 217
9
et se trouvait probablement dans le manuscrit perdu VS 249 . Il est édité par
10
Gemayel .
Le poème est composé de 269 vers (12 + 12), rimés en d'%.
Ibn al-Qil!"#$% se présente comme l’auteur du poème dans deux vers (v. 163 et
11
267) . Les copistes en font autant, au début du poème.
Le titre donné à ce poème varie d’un manuscrit à un autre. Le poème est
12
intitulé Sur les sciences et le zodiaque par Beyrouth 15 et Bkerke 180 ;
Alep 543 l’intitule Sur les planètes et leur installation, sur le ciel et sur les
13 14
sphères ; Jbeil 116 l’intitule Sur la science des planètes , alors que VS 217 est

1. VS 215, f. 106v, Annales/Fahd : 396, VA 683, f. 78v, Annales/Taoutel : 237, .An ma.rifat al-
afl*+k wal-abr*+,7 wal-istiq*+s*+t. Voir également Histoire/Chartouni : 154.
2. GRAF, GCAL, III : 333. Il se réfère au ms. VS 217, f. 1r-15v [la foliotation est fausse] et place
ce poème parmi les poèmes anonymes qui se trouvent dans des collections appartenant à Ibn
al-Qil"#$%&.
3. BREYDY 1985 : 198. Il cite les mss Beyrouth 15 et VS 249/II-9 [plutôt 8]. Breydy se trompe
en citant le ms. VS 217, f. 1r-15v comme contenant seulement le poème Sur le zodiaque, les
planètes et les fêtes mobiles alors qu’il contient également Sur les sphères (f. 1r-11r).
4. F. 10v-22r.
5. F. 28v-40v. le manuscrit Kreim B, p. 1-18, reprend le même poème du Bkerke 180, lequel
faisait partie jadis du manuscrit Bkerke 13.
6. F. 42r-57v.
7. f. 253r-277r.
8. F. 1r-11r. L’emplacement des folios n’est pas correct ; pour disposer le poème d’une manière
logique, il faut aménager les folios selon l’ordre suivant : 1r-2v, 8r-10v, 7rv, 5r-6v, 3r-4v et
11r.
9. II : Gabrielis Barclaii, carmina arabica, de diversis ; 15- de Astrologia, et Stellis errantibus
et sixis, et de Elementis.
10. GEMAYEL 1982 : 149-162, .An al-34l34m wal-bur34,7 [Sur les sciences et le zodiaque]. Il omet le
vers 88.
11. Ibn al-Qil*+.!" al-lehfd!" (v. 163), Ibn Bu#/rus al-Qil*+.!" al-lehfd!" (v. 267).
12. .An al-.ul34m wal-bur34,7.
13. .An al-afl*+k wa tart!"buhum C*=.an al-sam*+ wal-aq*+n!"m.
14. .Al*+ .ilm al-afl*+k.
370 Les poèmes

plus prolixe dans son titre : Sur la science, les planètes et l’astrologie [c.à.d.]
15
sur les planètes mobiles et immobiles dans les quatre directions .
Ibn al-Qil!"#$% ne révèle pas la source de ses informations sur l’astrologie et
les mouvements des astres et des constellations. Il nous a fallu chercher dans les
manuels d’astrologie utilisés au Moyen Âge pour essayer de trouver quelques
indices concernant l’origine de ces informations.
Dans son livre, Penser au Moyen Age, Alain de Libera affirme que dans la
seconde moitié du XIIIe siècle, l’enseignement universitaire de l’astronomie se
réduisait à :
assister à un cours sur le Traité de la sphère de Jean de Hollywood et à des leçons sur le
livre VIII des Noces de Mercure et de Philologie de Martianus Capella, autrement dit à un
ensemble de séances portant sur la nature et le nombre des sphères célestes, ‘les cercles et
leurs tracés’ (le cercle Arctique, celui du solstice d’Été, l’Équinoxe, le solstice d’Hiver,
l’Antarctique, les deux Colonnes, le Zodiaque et l’Horizon), les signes du Zodiaque,
l’alternance des jours et des nuits, la division des climats, les cercles et les mouvements
16
des planètes et la cause des éclipses .

Partant de cet indice, il fut possible d’identifier la source à laquelle Ibn al-
Qil!"#$% a puisé ses informations. Il s’agit de l’œuvre de Jean de Sacro
17 18
Bosco († 1256) , intitulée Tractatus de Sphaera .
Or, Ibn al-Qil!"#$% ne traduit pas littéralement le traité de Sacro Bosco, il
utilise plutôt les idées principales trouvées dans ce traité pour composer son
poème et l’enseigner à son lecteur.

15. F!" .ilm al-falak wa f!" .ilm al-a$%#/r34l34,7i*+ .an al-afl*+k al-muta&'arrika wal-,-ayr muta&'arrika
min al-arba.at al-istiq*+s*+t. Une note latine au début du poème dit : Tractatus de Mathesi et
Astrologia.
16. DE LIBERA 1991 : 256.
17. Jean de Sacro Bosco ou Jean de Hollywood est un savant anglais du XIIIe siècle qui a travaillé
surtout à l’Université de Paris et est devenu célèbre pour ses études en mathématiques et en
astrologie. Son œuvre, qui a connu le plus grand succès au cours du Moyen Âge, est sans
doute son traité astrologique De Sphaera. Il a écrit également un traité sur le comput
(Computus), sur l’arithmétique (Algorithmus) et sur la pratique de la géométrie (De
Compositione quadrantis simplicis et compositi et utilitatibus utriusque). Voir MULLER 1910 ;
KNORR 1983 ; PEDERSON 1985 ; GINGERICH 1988.
18. Ce traité est écrit vers 1230 et est édité pour la première fois à Ferrare en 1472 ; il y a au
moins une trentaine d’éditions pour la seule seconde moitié du XVe siècle. Voir THORNDIKE
1949 ; JOHNSON 1953 ; BENETT and MELI 1994 :14-15, 32-44 et 65.
3.9 Sur les sphères 371

La structure du poème :
1 [v. 1-13] : Introduction.
Un prêtre demande à Ibn al-Qil!"#$% de lui expliquer dans un poème les
mystères de la philosophie et de l’astrologie, afin qu’il les apprenne par cœur et
qu’il devienne un maître dans ces sciences.
La réponse d’Ibn al-Qil!"#$% est simple : ne peut devenir maître que celui qui
passe des nuits à étudier et qui prend le livre comme son compagnon, voire
comme son lit.
L’auteur est prêt à faire son exposé au prêtre disposé à apprendre les
19
sciences, traduites du grec (latin ?) , et traitant de la philosophie et de
l’astrologie et, surtout, des fondements du monde (sphaira = sphère) et de son
système.

2 [14-37] : Les sept cercles du monde.


20
Le monde, explique-t-il, est une sphère composée de sept cercles dont le
21
centre est la terre qui est toujours immobile , alors que le feu, l’eau et l’air sont
22
toujours mobiles .
Ensuite, Ibn al-Qil!"#$% définit les cercles qui entourent la terre :
23
– le premier ciel avance de l’Est ;

19. Nous ne savons pas avec certitude si Ibn al-Qil"#$%& signifie par le mot « grec » les œuvres
grecques classiques traduites ensuite en latin, ou tout simplement l’œuvre que lui-même
essaie de traduire, à savoir le De Sphaera de Sacro Bosco. Dans ce cas, Ibn al-Qil"#$%& utilise le
mot « grec » pour signifier « latin », comme dans d’autres passages de ses œuvres.
20. Ce sont les cercles de l’emplacement des planètes, sinon leur nombre est de douze comme
Ibn al-Qil"#$%& lui-même l’affirme.
21. De immobilitate terrae. Nous utilisons pour notre étude l’édition de SACRO BOSCO 1478,
conservée à la Bibliothèque nationale de France.
22. Elementaris quidem alterationi continuae pervia existens in quattuor dividitur. Est enim
terra tamquam mundi centrum in medio omnium ista : circa quam acqua : circa acquam
era : circa aerem ignis illic purus et non turbidus orbem Lunae attin gens. SACRO BOSCO
1478, f. 2v.
23. Ultimi : qui est ab oriente per occidentem rediens iterum in orientem qui etiam dicitur motus
rationalis : ad similitudinem motus rationis qui est in microcosmo. Id est in homine scilicet
quando fit consideratio a creatore per creaturas in creatorem ibi sistendo. SACRO BOSCO
1478, f. 7v.
372 Les poèmes

– le deuxième ciel contient les étoiles et avance de l’Ouest vers l’Est selon
24
un cycle de 30 ans ;
– le troisième ciel contient Saturne qui reste 30 ans à l’Ouest ;
– le quatrième ciel contient Jupiter qui accomplit son cycle en 12 ans ;
– le cinquième ciel contient Mars qui a besoin de deux ans pour effectuer
son tour ;
– le sixième ciel contient le Soleil qui effectue son cycle en un an : 365
jours et 6 heures ;
– le septième ciel contient Vénus qui effectue son cycle comme le soleil ;
– le huitième ciel contient Mercure qui effectue son cycle comme le soleil ;
25
– le neuvième contient la Lune qui a un cycle de 27 jours et 8 heures .
Pour bien représenter les différents emplacements des planètes et des cieux,
26
Ibn al-Qil!"#$% reprend la même figure que celle que Sacro Bosco a dessinée ,
mais s’en distinguant dans la description de certains cercles :

Jean de Sacro Bosco Ibn al-Qil!"#$%


celum utimum sine primum [le premier ciel, c’est l’endroit du siège de la
mobile théologie : là est le corps de notre Seigneur qui
27
a pris notre nature par sa mère] .
[le deuxième ciel, scintillant de lumières [où
sont] les hiérarchies des anges, les chérubins et

24. Secundus motus firmamenti et planetarum contrarius huic ab occidente per orientem iterum
rediens in occidentem. Qui motus dicitur irrationalis sive sensualis : ad similitudinem motus
microcosmi. Qui est a corruptibilibus ad creatorem iterum rediens ad corruptibilia. SACRO
BOSCO 1478, f. 7v.
25. Hunc siquidem motum scundum dividit per medium Zodiacus : sub quo quilibet septem
planetarum sphaeram habet propriam in qua defertur motu proprio contra caeli ultimi
motum : et in diversis spatiis temporum ipsum metitur : ut Saturnus in 30 annis. Iupiter in
12. Mar in duobus. Sol in 365 diebus et fere 6 horis. Venus et Mercurius fere similiter. Luna
vero in 27 diebus et 8 horis. SACRO BOSCO 1478, f. 3v.
26. SACRO BOSCO 1478, f. 2r. Seuls les manuscrits Bkerke 180 et VS 217 reproduisent les figures
et les schémas utilisés par Ibn al-Qil"#$%& alors que les autres manuscrits se contentent
seulement du texte du poème. Pour cet exemple, voir Bkerke 180, f. 30v et VS 217, f. 2v.
27. Awal sam*+ mawdi. h34 minb*+r al-l*+h34t hun*+k h34 ,7asad say!"dn*+ al-muta&0i5' min #/ab.in*+ ma.
umih.
3.9 Sur les sphères 373

28
les séraphins] .
firmamentum sine celum [le troisième ciel contient les astres qui font un
29
sbellarum firmamentum. seul tour, tous les trente mille ans] .
spera Saturni [le quatrième ciel contient Saturne qui termine
30
le tour en 30 ans] .
spera Junis [le cinquième contient Jupiter qui termine son
31
tour en 12 ans] .
spera Martis [le sixième contient Mars qui termine son tour
32
en deux ans] .
spera Solis [le septième contient le soleil [qui fait son tour
33
en] 365 jours et 6 heures] .
spera Veneris [le huitième [contient] Vénus [qui fait son tour
34
en] une année comme le soleil] .
spera Mercurii [le neuvième [contient] Mercure [qui] en un an
35
finit son tour] .
spera Lune [le dixième [contient] la lune [qui fait son tour
36
en] 27 jours et 8 heures] .
37
ignis [les éléments] .
Aer
aqua
38
terra [la terre] .

28. T*+n!" sam*+ al-ball34r!" bihi al-anw*+r wa tu,-m*+t al-mal*+yika al-k*+r34b!"m wal-s*+r34f!"m.
29. T*+lit sam*+ bihi an-nu,734m f!" talt!"n alif sana yakmul dawra w*+&'ida.
30. D [r*+bi.] sam*+ bihi zu&'al yakmul bi tal*+t!"n san*+ yukmil dawra w*+&'ida.
31. H [&0*+mis] bihi al-mu$8tar!" ib [12] sanah yukmil sa.yahu.
32. W [s*+dis] bihi al-marr!"&0 bisanatayn yukmil sa.yahu.
33. Z [s*+bi.] bihi a$8-$8ams $8 s h [365] yawm wa w [6] s*+.*+t.
34. (D [t*+min] al-zahra bisanah mitil a$8-$8ams.
35. @2 [t*+si.] .u#/*+rid f!" sanah yukmil sa.yahu.
36. I [.*+$8ir] al-qamar kz [27] yawm &' [8] s*+.*+t.
37. IA [a&'ad .a$8ar] al-istiq*+s*+t.
38. al-Ar5'E
374 Les poèmes

3 [38-57] : Le périmètre de la Terre.


En s’appuyant sur l’autorité de plusieurs philosophes, l’auteur conclut que
39
le périmètre de la Terre est de 252.000 stades .
Mais combien mesure rééllement un stade attique ? Ibn al-Qil!"#$% en fait le
40 41
calcul : mettez assez de grain de blé pour faire l’épaisseur d’un doigt ; quatre
42 43 44
doigts font un palme ; quatre palmes font un pied , cinq pieds font un pas ;
45 46
125 pas font un stade ; 2 stades font un parasange ; 3 parasanges font un
47
mille ; il ajoute également que 1000 pas font un mille et 10 milles font un
48 49 50
bar'(d ; 2 bar'(d font un l*+k!" 4; 40243 l*+k!" est le périmètre de la terre .
51
Quant au diamètre de la terre, il mesure 80181 parasanges .

39. Totius autem terrae ambitus auctoritate Ambrosii Theodosii Macrobii et Euristenis
philosophorum 252000 stadia continere diffinitur. SACRO BOSCO 1478, f. 6v. En fait, c’est à
Ératosthène († 195 av. J.-C.) que revient le mérite de prouver que le périmètre de la terre
mesure 250.000 stades sachant que le stade équivalait à 600 pas grecs (le parcours à pied
d’un stadium grec). Le stade est égal à 157 mètres comme mesure moyenne ; d’après les
calculs d’Ératosthène, le périmètre de la terre est alors de 39, 250 kilomètres alors que la
mesure actuelle est de 40,070 kilomètres, ce qui donne une grande valeur scientifique aux
calculs d’Ératosthène. Sur la valeur de la méthode d’Ératosthène, voir LELGEMANN 2001.
40. L’unité de référence minimale au Moyen-Âge était la ligne. Cette unité équivaudrait, en fait,
au diamètre d’un grain d’orge, soit environ 2, 2 mm.
41. 12*+bi. [il est plus correct de dire u$%bi.]. Ancienne mesure de longueur, équivalent à la largeur
du doigt (2 cm).
42. Kaf. C’est une ancienne mesure correspondant à la largeur de la paume de la main (4 doigts).
43. Qadam. Ancienne unité de mesure de longueur valant 32, 48 cm.
44. ()u#/wat. Cela correspond plutôt à une toise, mesure de longueur valant six pieds (soit près de
deux mètres). Quand au « pas », il valait plutôt 62, 4 cm.
45. Iṣṭādī.
46. Farsa&0 . Selon Hinz, il mesurait, dans la tradition arabe, environ 6 km. Voir HINZ 1970 : 94.
47. M!"l. Ancienne mesure de longueur, de distance. Mille romain : mille pas (1 481, 5 m).
48. Le courrier. Cela correspond sensiblement à la distance que les chevaux de poste pourraient
parcourir au galop dans les meilleurs délais, sur les routes de l’époque, entre deux relais. Au
Moyen Âge, les relais étaient espacés d’environ 7 lieues (28 km) pour se réduire ensuite à 3
ou 4 lieues (12 à 16 km). Voir LEROY 1985 : 202.
49. Mesure de longueur non identifiée. Est-ce le kilomètre d’aujourd’hui ?
50. Regrettablement, les données fournies par Ibn al-Qil"#$%& sur les diverses mesures de longueur
ne sont pas exactes et sont même confuses.
51. Auser vigesimam secundam partem de circuitu terrae et ramnentis tertia pars hoc est 80181
stadia et semis et tertia unius stadii erit terreni orbis diameter sive spissitudo. SACRO BOSCO
1478, f. 7r.
3.9 Sur les sphères 375

4 [58-77] : Entre la théologie et l’astrologie.


Ibn al-Qil!"#$% entreprend une apologie pour confirmer que la théologie est
plus valable que l’astrologie et que ceux qui médisent de la foi se trompent et
seront bannis ; ainsi il réfute la théorie sphérique de la terre et en fait une
description plutôt plate.
Il réfute également le mythe concernant l’origine de la terre, selon lequel la
terre se tenait au début entre les cornes d’un bœuf qui, persuadé par le démon,
l’a lâchée.

5 [78-95] : L’équinoxe.
L’équinoxe, durant lequel le jour a une durée égale à celle de la nuit, est le
moment, où deux fois par an, le soleil passe par l’équateur d’un cercle polaire à
52
l’autre .
L’équinoxe du printemps se situe le 25 mars, sous le signe du Bélier, alors
que celui d’automne se situe le 25 septembre, sous le signe de la Balance.

6 [96-122] : Les signes du zodiaque.


Ibn al-Qil!"#$% reprend les mêmes idées que celles investies dans ses poèmes à
53
propos des signes du zodiaque : le Bélier (21 mars), le Taureau (23 mars), les
Gémeaux (23 mai), le Cancer (24 juin), le Lion (25 juillet), la Vierge (25 août),
la Balance (25 septembre), le Scorpion (25 octobre), le Sagittaire (25
novembre), le Capricorne (25 décembre), le Verseau (25 janvier) et les Poissons
(20 février).
Chaque signe est divisé en 30 degrés, dont chacun vaut 60 minutes, ce qui
signifie que le total des signes équivaut à 360 degrés. Pour chaque signe, nous
54
trouvons, par ailleurs, 30 degrés de longitude et 12 de latitude .

52. Est igitur aequinoctialis circulus quidam dividens sphaeram in duo aequalia secundum
quamlibet sui partem aequidistans ab utroque polo. Et dicitur aequinoctialis quoniam
quando Sol transit per illum. SACRO BOSCO 1478, f. 7r. Quant aux pôles, Ibn al-Qil"#$%& les
appelle art!"cum (Polus arcticus) et anta+ra+rt!"cum (Polus antarcticus).
53. De zodiaco circulo, SACRO BOSCO 1478, f. 8rv. Sur les noms des signes de zodiaque utilisés
par Ibn al-Qil"#$%&, ainsi que la correction des dates attribuées à chaque signe, voir Sur la
médecine et sur l’influence des astres.
54. Quodlibet autem signum dividitur in 30 gradus. Unde patet quod in toto zodiaco sunt 360
gradus. Secundum autem astronomos iterum quilibet gradus dividitur in 60 minuta:
376 Les poèmes

L’éclipse est une ligne divisant le zodiaque en 6 degrés de chaque côté ; le


55
soleil, quand il se trouve sur cette ligne, « disparaît » .
À la fin de ce paragraphe, Ibn al-Qil!"#$% essaie de traduire les informations
déjà énoncées dans un schéma où la terre est représentée par un cercle dans
lequel sont mentionnés les signes du zodiaque, les équinoxes, la ligne
56
méridienne reliant l’arctique et l’antarctique, etc.

7 [123-145] : Les cinq zones.


Il reprend le De Sphaera et cite Virgile († 19) dans sa théorie sur les cinq
zones : Unde Virgilius in Georgicis. Quinque tenent caelum zone : quarum una
corusco Sempor Sole rubens : et torrida semper ab igni. Distinguuntur etiam
57
totidem plagae in terra directe praedictis zonis supposite.
Il reprend de même la théorie d’Ovide († 17) : Unde Ovidius primo
Metamorphoseon. Totidemque plagae tellurae praemuntur in orbem : Quarum
quae media est : non est habitabilis aestu. Nix tenet alta duas : totidemque inter
58
utrasque locavit. Temperiem dedit mixta cum frigore flamma.

8 [146-171] : Éloge de la science.


C’est un éloge de la science et des gens qui ne cessent d’apprendre des
choses nouvelles ; car le sage n’est pas celui qui a la barbe blanchie, mais celui
qui a l’intelligence et qui continue d’apprendre.
L’auteur ajoute :
Moi, le misérable, j’étais paresseux dans ma jeunesse ;

Maintenant que je suis devenu vieux, j’annonce les dons du Seigneur ;

quodlibet secundum in 60 tertia. Et sic deinceps usque ad 10. Et sicut dividitur zodiacus ab
astronomo. Ita et quilibet circulus in sphaera si ve maior sive minor in partes consimiles
[…]. Signum enim habet 30 gradus in longitudine 12 vero in latitudine. SACRO BOSCO 1478,
f. 8v-9r.
55. « Linea autem dividens zodiacum in circuitu ita quod ex una parte sui relinquat sex gradus :
et ex alia parte alios sex dicitur linea ecliptica : quoniam quando Sol et Luna sunt linealiter
sub illa contingit eclipsis Soli saut Lunae. » SACRO BOSCO 1478, f. 9r.
56. Ce schéma n’est pas rapporté dans le De Sphaera. En outre, il est plus travaillé dans VS 217,
f. 9v, que dans Bkerke 180, f. 32v.
57. SACRO BOSCO 1478, f. 13r.
58. SACRO BOSCO 1478, f. 13r.
3.9 Sur les sphères 377

L’obscurité est déjà passée ; mon cœur s’est illuminé par les sciences ;

Moi qui suis Ibn al-Qil"#$%& al-li.:fid%&.

Ainsi invite-t-il le lecteur :


Celui qui veut me suivre et prendre mon conseil ;

Il ne doit rien posséder sur la terre ;

Que le livre et l’étude dans le champ du papier ;

Et il doit avoir l’espérance et la peur.

9 [172-236] : Les climats.


Ibn al-Qil!"#$% entreprend la description des climats dans le monde. Il puise
ses informations au chapitre du De Sphaera, intitulé De divisione climatum ;
ainsi, il décrit les sept climats mentionnés, les heures et les degrés qui les
situent, les axes qui les traversent, etc.
59
Les divisions de ce chapitre dans le De Sphaera sont :
Clima quid sit

Medium primi climatis: dicitur clima dia Merœs.

Medium secundi climatis: dicitur clima dia Syenes.

Medium tertii climatis: dicitur clima dia Alexandrias.

Medium quarti climatis: dicitur clima dia Rhodos.

Medium quinti climatis: dicitur clima dia Romes

Medium sexti climatis: dicitur clima dia Borysthenes.

Medium septimi climatis: dicitur clima dia Ripheos.

À la fin de ce paragraphe, Ibn al-Qil!"#$% reproduit un schéma du De Sphaera


60
représentant les sept climats .

59. SACRO BOSCO 1478, f. 23v-26r.


60. SACRO BOSCO 1478, f. 24r.
378 Les poèmes

10 [237-257] : Les éclipses.


Le paragraphe traite du phénomène de l’éclipse du soleil et de la lune. Pour
61
expliquer ce phénomène, Ibn al-Qil!"#$% recourt au De Sphaera et reproduit deux
62
schémas représentant les deux éclipses .

11 [258-266] : Denys, le disciple de Paul.


63
Toujours, en se fondant sur le De Sphaera , Ibn al-Qil!"#$% reproduit le
64
témoignage de Denys, le disciple de Paul sur l’éclipse du soleil lors de la
65
Passion du Christ .
66
Il ajoute un mot sur la vision que Denys a eue de la Vierge Marie .

12 [267-269] : Paroles d’adieu.


C’est la fin du poème, Ibn al-Qil!"#$% se présente comme l’auteur et souhaite à
quiconque lit le poème et l’apprend d’être converti dans la bonne voie ; alors il
met en garde tout le monde de ne pas dénaturer le sens de ses vers.

61. De causis eclipsium solis et lunae. SACRO BOSCO 1478, f. 26r-28r.


62. SACRO BOSCO 1478, f. 27v.
63. SACRO BOSCO 1478, f. 28r.
64. Sous ce vocable, nous trouvons en fait Denys l’Aréopagite ou le Pseudo-Denys, qui se
présente comme étant le disciple de saint Paul, converti par la prédication de l’apôtre à
l’Aréopage (Voir Ac 17, 16-34), mais qui, en fait, pourrait être situé vers la moitié du Ve
siècle. Ses œuvres les plus importantes sont De divinus nominibus, Caelestis hierarchia,
Ecclesiastica hierarchia et Theologia mystica. Pour la biographie de Denys, voir
l’introduction de René Roques dans DENYS L’ARÉOPAGITE 1970. Voir également STIGLMAYR
1909. Les œuvres de Denys l’Aréopagite sont éditées dans P.G., III.
65. Épître VII/2, édité dans P.G., III : 1081 A.
66. De divinus nominibus, III/2, édité dans P.G., III : 681 C.
379

3.10 Sur la science

Ce poème n’est pas cité par Graf. Douaihy cite un ensemble de poèmes sur
1 2
« Les sciences » , un titre qui pourrait s’appliquer à ce poème et à d’autres . Il se
3 4 5
trouve actuellement dans les manuscrits Bkerke 141 , Alep 543 et Kreim E .
Les copistes des mss Bkerke 141 et Alep 543 en donnent le titre Mad'(%&!" ,al!"
al-,ilm (poème sur la science). Celui du Kreim E l’intitule Ha-.!" wa/0f 12ibr!"yil
Ibn al-Qil!",'( ,an al-fa/0!"%&!" (la description de Gabriel Ibn al-Qil!"#$% sur la
rhétorique).
Ibn al-Qil!"#$% se nomme à la fin du poème : « Mon surnom est Ibn al-Qil!"#,
mon nom s’est élevé par la science, mon origine est sûre [bien connue], humble,
6
Gabriel de 7923ry!" est dit. »
Ce poème est écrit selon la mélodie dite « éphrémienne » et est composé de
179 distiques, chaque vers comporte 2 hémistiches dont chacun est formé de 7
syllabes. Le total est de 358 vers. Le poème est rimé en !"l.
La structure du poème suit le schéma suivant :
____7____a ____7____a
____7____a ____7____ !"l

1. :;umlat mada+yi&' .an al-.ul34m : VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ;
Annales/Taoutel : 237. Voir également Histoire/Chartouni : 154.
2. Voir les poèmes Sur la médecine et l’influence des astres et Sur le zodiaque, les planètes et
les fêtes mobiles.
3. F. 54r-61v. Un folio manque entre les f. 55v et 56r actuels et devait contenir les vers 35b-
57a. Un vers est ajouté entre les vers 32-33 actuels.
4. F. 66r-81v.
5. P. 1-13. Harfouche, copiste de ce manuscrit, a noté à la page de garde que ce poème est
extrait d’une copie conservée à 0=d%&t"# et qu’il est corrigé d’après le ms. Bkerke 13 [l’actuel
Bkerke 141]. Puis à la deuxième page de garde, il ajoute que la copie de 0=d%&t"# se trouve chez
,-ab%&b al-,9*+r%& al-,-ad56%&t%& qui l’a héritée de son grand-père le curé Ely"#s al-,-ad56%&t%&. La copie
de Harfouche a été achevée en octobre 1910. En outre, la version donnée par le manuscrit
Kreim E se présente comme un brouillon plein de ratures, de fautes de transcription et
d’omission.
6. An*+ kan34t!" Ibn al-Qil*+. w-ism!" bil-.ilm irtaf*+. w-a$%l!" #F*+bit bi-itti5'*+. :;ibr*+yil min :<ury*+ yuq*+l.
(v. 358).
380 Les poèmes

S’agissant du contenu, Ibn al-Qil!"#$% y fait l’éloge de la science en général,


vise d’une manière particulière les gens studieux qui luttent pour acquérir une
7
formation solide et attaque les paresseux ne voulant étudier ni apprendre .

1 [§ 1-4] : Introduction.
Ibn al-Qil!"#$% puise dans « ses trésors » pour parler de la voie qui mène à la
perfection. Il s’adresse à un ami pour lui expliquer que la science est « une mer
d’une grande profondeur » et pour lui indiquer comment y accéder.

2 [5-27] : Le portrait du paresseux.


Le paresseux mène une vie semblable à celle des animaux ; il n’est pas
logique dans son discours ni n’arrive à dialoguer avec les autres ; sa vie est sans
fruit et après sa mort, personne ne se souviendra de lui ; il passe son temps à
suivre le diable dans la distraction, la fornication et la passion de la possession ;
il ne réussit pas à monter l’échelle de la vie sociale, restant plutôt dans la
catégorie des bergers et des chameliers ; il ne croit pas au jugement de Dieu et,
par conséquent, n’applique point ses commandements ; il n’éduque pas ses
enfants et, quoique riche, il ne devient jamais noble.

3 [28-43] : Le portrait du studieux.


Le studieux prend la mer [de la science] avec courage ; il s’attaque aux
choses difficiles d’une manière logique et lucide ; il est intègre et juste ; il est
assidu dans sa recherche et n’accepte pas les combines ; sa persévérance dans
l’étude lui donne une grande renommée parmi ses pairs et ses amis ; il a la grâce
de Dieu et la bénédiction de ses parents ; sa vie a un sens et la richesse de sa
science se perpétue même après sa mort.

4 [44-76] : Comparaison entre le sort du studieux et celui du paresseux.


La vie est une vigne qu’on doit entretenir par la science : le studieux aura
une vendange abondante et boira du bon vin ; le paresseux se contente de se

7. Du point de vue morphologique et syntaxique, il ressort que la version donnée par


Bkerke 141 paraît plus moderne que celle qui est relatée par Alep 543.
3.10 Sur la science 381

reposer toute la journée, déployant son éventail et racontant histoires et


plaisanteries.
Pendant la nuit, le studieux travaille alors que le paresseux s’amuse.
Le studieux mange peu et étudie beaucoup, afin que Dieu lui donne la
sagesse. Le paresseux est un adepte de l’alchimie, de la sorcellerie et des
hérésies ; ainsi il est conduit par le diable et sera excommunié.
Le studieux est un homme intègre, humble et plein de justice. Le paresseux
est un homme de combines, de mensonge et d’injustice ; il est entaché de
simonie, il profère des blasphèmes et renie sa foi.
Le studieux évite les femmes et se consacre à l’étude. Le paresseux
fréquente les femmes et oublie ses devoirs.
Le studieux est comme un roi respecté par tout le monde. Le paresseux est
comme un roi déchu et délaissé par les siens.

5 [77-117] : Des recommandations aux étudiants.


Qui s’engage dans l’étude et l’apprentissage doit veiller la nuit, même « à la
lueur des étoiles et sous la pluie ». Peu importe que les denrées alimentaires
soient chères ou modiques, l’étudiant doit toujours manger peu ; il doit rester
humble même s’il accède aux plus hauts niveaux de la science ; il ne doit pas
être prolixe, prétentieux, grossier ou bagarreur ; il doit rester un homme intègre,
juste, fidèle et vertueux ; il doit éviter les femmes et se rapprocher de l’ascète.
Ainsi, il sera comme l’arbre qui donne de bons fruits, comme le chevalier
qui excelle dans le combat, comme le prince qui rayonne dans son fief et
comme le berger obéi de son bétail.

6 [118-138] : La science fut le trésor des Anciens.


Depuis Adam jusqu’aux Apôtres, la science fut le trésor de tous les
patriarches et de tous les prophètes de l’Ancien Testament, ainsi que des
disciples du Christ dans le Nouveau Testament.
Dieu a donné la sagesse à tous ces gens, afin qu’ils proclament son nom et
œuvrent au salut de l’homme.
382 Les poèmes

7 [139-162] : La déception des paresseux.


Les paresseux seront déçus, car ils découvriront qu’ils n’étaient pas
appréciés par les autres ; ils seront abandonnés le jour du Jugement ; personne
ne priera pour eux, leurs enfants non plus, lesquels, à l’instar de leurs parents,
seront paresseux et ignorants.
À la mort du paresseux, personne ne sera perdant ; ses parents non plus.

8 [163-174] : La division des paresseux et des studieux en deux groupes.


Deux étaient amis, l’un jouait dans la rue, l’autre se perfectionnait dans la science…

L’un était bûcheur, l’autre bûcheron…

Deux frères jumeaux, l’un est devenu un homme de culture, l’autre un chamelier…

Deux frères jumeaux, l’un est devenu voleur, l’autre ermite…


8
Deux étaient jeunes, l’un a choisi le livre, l’autre chantait et jouait de la guitare.

9 [175-179] : Paroles d’adieu.


Ibn al-Qil!"#$% demande au lecteur de prier pour lui et espère qu’il se
souviendra de lui devant Dieu et les hommes.

8. Ibn al-Qil"#$%& utilise l’instrument musical oriental Reb*+b.


383

3.11 SUR LE ZODIAQUE, LES PLANÈTES ET LES FÊTES MOBILES

1 2
Ce poème est cité par Graf et Breydy . Douaihy cite un ensemble de
3
poèmes sur « Les sciences » , un titre qui pourrait s’appliquer à ce poème et à
4
d’autres .
5
Ce poème se trouve actuellement dans les manuscrits : Beyrouth 15 ,
6 7 8
Bkerke 180 , VS 217 . Il se trouvait probablement dans VS 249 . Il est édité par
9
Gemayel .
Le poème est composé de 122 vers (12 + 12), rimés en !"r.
Ibn al-Qil!"#$% ne se nomme pas explicitement comme l’auteur du poème,
mais le vocabulaire, le lexique, les informations sur l’astrologie qu’on y trouve
concordent tous avec d’autres informations trouvées dans les autres poèmes
10
d’Ibn al-Qil!"#$% .
11
L’auteur se dit du Bil!"d a/3-45!"m , du district de Tripoli (v. 2), ce qui
correspond bien aux origines d’Ibn al-Qil!"#$%.

La structure du poème :
1 [v. 1-7] : Introduction.
Ibn al-Qil!"#$% se présente à son lecteur ; il est un homme d’expérience,
quelqu’un qui a parcouru le monde, qui a appris le grec et le latin à l’étranger et

1. GRAF, GCAL, III : 333. Il se réfère au ms. VS 217, et le confond avec le poème Sur les
sphères.
2. BREYDY 1985 : 198. Il cite les mss VS 217, f. 1r-15v [il joint les deux poèmes 329 (f. 11v-
15v) et 330 (f. 1r-11r) en un seul], Beyrouth 15 et VS 249/II-15.
3. :;umlat mad*+yi&' .an al-.ul34m. Voir VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ;
Annales/Taoutel : 237. Voir également Histoire/Chartouni : 154.
4. Voir Sur la médecine et l’influence des astres et Sur la science.
5. F. 22r-27v.
6. F. 40v-43r et 45rv. La disposition des folios est arbitraire. Nous constatons aussi qu’il en
manque un ; l’état actuel du manuscrit contient : f. 40v (v. 1-11) : un folio y manque (v. 12-
36), f. 41rv (v. 37-63), f. 45rv (v. 64-88), f. 42r-43r (v. 89-122).
7. F. 11v-15v.
8. Gabrielis Barclaii, Carmina Arabica, de diversis. 8- De meteoris et constellationibus.
9. GEMAYEL 1982 : 163-172.
10. Voir Sur la médecine et l’influence des astres et Sur les sphères.
11. L’expression est courante au Moyen Âge pour désigner le Liban et la Syrie actuels.
384 Les poèmes

est imprégné par la formation occidentale, en l’occurrence par la philosophie, la


théologie et les mathématiques.

2 [8-14] : Comment faire les calculs.


L’auteur présente à son lecteur la meilleure façon pour apprendre le calcul
12 13
des astres et du zodiaque : il faut apprendre par cœur .
Si le lecteur arrive à mémoriser les informations qu’Ibn al-Qil!"#$% lui
fournira, il ne se trompera jamais en ce qui concerne la date des fêtes, du
carême, des Pâques, de l’Ascension, de la Pentecôte, des années bissextiles et de
l’éclipse du soleil, ainsi que ce qui est en relation avec le cycle lunaire et les
signes du zodiaque.

3 [15-24] : Les signes du zodiaque.


14
Il énumère les signes du zodiaque :
Le Bélier (21 mars), le Taureau (23 mars), les Gémeaux (23 mai), le Cancer
(24 juin), le Lion (25 juillet), la Vierge (25 août), la Balance (25 septembre), le
Scorpion (25 octobre), le Sagittaire (25 novembre), le Capricorne (25
décembre), le Verseau (25 janvier) et les Poissons (20 février).

4 [25-34] : Les années bissextiles.


Sont bissextiles les années dont le numéro d’ordre (millésime) est divisible
par quatre. Pour l’année bissextile, on double le vingt-quatrième jour de février
15
qui porte le nom de sixième avant les calendes de mars, 1er mars .

12. À cette époque, la science des astres forme un tout : sciencia motus est la science du
mouvement des astres (astronomie), sciencia judiciorum, la science des jugements
(astrologie).
13. N’oublions pas que l’astrologie faisait partie du Quadrivium lequel, au Moyen Âge,
rassemblait plusieurs disciplines enseignées dans les facultés.
14. Sur les noms des signes du zodiaque utilisés par Ibn al-Qil"#$%&, ainsi que sur la correction des
dates attribuées à chaque signe, voir Sur la médecine et l’influence des astres.
15. Dies VI Kal. Martias. C’est la norme dans le calendrier julien : « Le jour supplémentaire fut
attribué au mois de février, dernier mois de l’année chez les Romains, mois court de vingt-
huit jours, mois néfaste. Mais au lieu de lui donner vingt-neuf jours tous les quatre ans,
comme nous le faisons, César adopta une règle compliquée, pour ne pas choquer les
superstitions de ses concitoyens. Le mois, consacré aux dieux infernaux, conserva en
apparence un nombre pair de jours (vingt-huit), les nombres impairs étant tenus pour
favorables et consacrés aux dieux supérieurs. Mais on doubla le vingt-quatrième jour de
3.11 Sur le zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles 385

5 [35-49] : Sur les saisons.


L’hiver commence le 24 novembre, appelé le huitième avant les calendes
16
(kalendae) de décembre .
17
Le printemps commence le 22 février , appelé le huitième avant les
18
calendes de mars .
19
L’été commence le huitième jour avant les calendes de juin .
20
L’automne commence le 20 août , appelé le huitième avant les calendes de
21
septembre .
22
Le solstice d’hiver a lieu dix jours avant Noël ; le solstice d’été dix jours
23
avant la fête de saint Jean-Baptiste .
24
L’équinoxe de printemps a lieu le 15 mars , celui de l’été le jour de la fête
25
de la Croix .
Avril, juin, septembre et novembre ont 30 jours, les autres 31. Février en a
28, et 29 si l’année est bissextile.

6 [50-54] : Le calendrier.
26
Les mois de mars, mai, juillet et octobre ont les nones (nonae) , le
27
quatrième jour, les autres mois, le sixième ; les ides (idus) arrivent toujours 8
28
jours après les nones .

février, qui portait le nom, immérité, de sixième avant les calendes de mars, 1er mars. Le jour
supplémentaire fut donc dit : bis-sextus (ante) calendas martias. » COUDERC 2000 : 26-27.
16. L’hiver commence en fait le 22 décembre et le VIII Kal. Ianuarias est le 25.
17. Le printemps commence en fait le 21 mars.
18. C’est le VIII Kal. Martias.
19. Le VIII Kal. Iunias est le 25 mai ; mais l’été commence en fait le 21 ou 22 juin.
20. L’automne commence en fait le 22 ou 23 septembre.
21. Le VIII Kal. Septembres est en fait le 25 août.
22. C’est en fait le 21 ou 22 décembre.
23. La Nativité de saint Jean-Baptiste est le 24 juin, mais le solstice d’été est plutôt le 21 ou 22
juin.
24. C’est en fait le 21 mars.
25. La fête de l’Exaltation de la Croix est le 14 septembre, mais l’équinoxe d’été tombe en fait le
23 septembre.
26. « Les nones étaient le neuvième jour avant les ides (neuvième en y comprenant les ides et les
nones) en sorte que les nones étaient le 5 ou le 7 du mois selon que les ides étaient le 13 ou le
15. » COUDERC 2000 : 70.
386 Les poèmes

7 [55-59] : Les réguliers solaires.


Les réguliers solaires sont immuables et fixés à chacun des mois de
l’année : janvier 2, février 5, mars 5, avril 1, mai 3, juin 6, juillet 1, août 4,
29
septembre, octobre 2, novembre 5 et décembre 7 .

8 [60-70] : Le cycle solaire.


Le cycle solaire (circulus solis) est constitué d’une période de 28 ans. Pour
savoir en quelle année du cycle solaire se trouve une quelconque année, il suffit
d’ajouter 9 à cette dernière et de diviser le total par 28. Le reste de la division
fournit la réponse et donne l’indiction, c’est-à-dire la position de l’année par
30
rapport au cycle .
Suit le système de sept lettres A-G, appelées les lettres dominicales, lequel
a pour objet d’indiquer, pour un cycle de 7 années, quel jour coïncide avec le
31
premier dimanche de l’année .
Pour permettre au lecteur de bien apprendre les lettres dominicales qui
correspondent à tout le cycle solaire, Ibn al-Qil!"#$% attache un mot à chaque lettre
de la série pour avoir ainsi 28 mots à mémoriser.

9 [71-77] : La structure des mois.


Janvier : 16 heures la nuit et 8 le jour.
Février : 14 heures la nuit et 10 le jour.
Mars : 12 heures la nuit et 12 le jour.
Avril : 10 heures la nuit et 14 le jour.

27. « Les ides prétendaient marquer le milieu du mois, au voisinage de la Pleine Lune. Mais le
quatorzième jour étant tenu pour néfaste, les ides étaient fixées tantôt le 13, tantôt le 15 du
mois. » COUDERC 2000 : 70.
28. Pour plus de détails, voir GRUMEL 1958 : 175-176. Le calcul d’Ibn al-Qil"#$%& paraît faux : les
nones devaient être le 5 ou le 7 et non le 4 ni le 6. Est-ce une autre manière de calculer ou
une faute de raisonnement ?
29. Ibn al-Qil"#$%& donne, en fait, une série de nombres qui correspond partiellement à la donnée
des réguliers solaires connus : 1 1 3 6 1 4 7 2 5 20 6 et les met en relation avec une autre
série de nombres : 1 4 4 7 2 5 7 6 1 4.
30. Pour plus d’informations sur le cycle solaire et ses caractéristiques, voir GRUMEL 1958 : 182-
184.
31. GRUMEL 1958 : 182-184.
3.11 Sur le zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles 387

Mai : 8 heures la nuit et 16 le jour.


Juin : 6 heures la nuit et 18 le jour.
Juillet : 8 heures la nuit et 16 le jour.
Août : 10 heures la nuit et 14 le jour.
Septembre : 12 heures la nuit et le jour.
Octobre : 14 heures la nuit et 10 le jour.
Novembre : 16 heures la nuit et 8 le jour.
Décembre : 18 heures la nuit et 6 le jour.

10 [78-89] : Les réguliers lunaires.


Ce sont des nombres qui, ajoutés aux épactes, donnent le quantième de la
lune au début de chaque mois : 9 pour janvier et mars, 10 pour février et avril,
11 pour mai, 12 pour juin, 13 pour juillet, 14 pour août, 16 pour septembre et
octobre, 18 pour novembre et décembre.

11 [90-112] : Le nombre d’or et l’épacte


32
Ibn al-Qil!"#$% expose la méthode permettant de définir le nombre d’or :
diviser l’année à étudier par 19 et ajouter 1.
33
Quant à l’épacte , elle est calculée selon le système julien.

12 [113-122] : La clé des fêtes mobiles.


La clé des fêtes mobiles (clavis terminorum) permet de rappeler la date des
quatre grandes fêtes mobiles du calendrier liturgique qui sont sous la
34
dépendance immédiate de Pâques .

32. Da+rat al-qamar.


33. Mafa+t!"&' as-sanat.
34. Au Moyen Âge, on utilisait cette formule en affectant en théorie des dates fixes à ces fêtes et
en leur ajoutant le clavis terminorum, qui donne directement le quantième précédant le
dimanche où se célèbre cette fête.
388 Les poèmes

On attribue ainsi à la Septuagésime le 7 janvier, au premier dimanche du


Carême le 28 janvier, à Pâques le 11 mars, aux Rogations (de l’Ascension) le 15
35
avril, à la Pentecôte le 29 avril .
Ainsi se termine ce poème, sans aucune salutation finale ni signature de la
part de l’auteur.

35. Plusieurs fêtes liturgiques sont mentionnées dans ce poème : saint Matthieu l’évangéliste, le
24 février (v. 32) ; saint Clément [de Rome], le 24 novembre (v. 37) ; la Chaire de saint
Pierre est le 22 février (v. 39) ; Noël (v. 43), la Nativité de saint Jean-Baptiste (v. 44), la fête
de l’Exaltation de la Croix en septembre (v. 45), Pâques (v. 113), l’Ascension (v. 113), la
Pentecôte (v. 113), le dimanche de la Septuagésime (v. 115) et celui de la Quadragésime (v.
117).
389

3.12 SUR LA MÉDECINE ET SUR L’INFLUENCE DES ASTRES

1
Ce poème est cité par Breydy . Douaihy cite un ensemble de poèmes sur
2 3
« Les sciences » , titre qui pourrait s’appliquer à ce poème comme à d’autres .
4
Actuellement nous le retrouvons dans les manuscrits Beyrouth 15 ,
5 6 7 8
Beyrouth 629 , Bkerke 180 et Alep 543 . Il est édité par Gemayel .
Le copiste du Beyrouth 15 y donne pour titre Des vers sur la médecine
[prescrite] au bon moment, sur l’opposition des astres et leur bienfaisance, sur
9
le zodiaque et sur les mois de l’année . Le titre tronqué du Bkerke 180 est le
suivant : Des vers sur la médecine [prescrite] au bon moment, sur la
10
malfaisance des astres […] . Quant au copiste du ms. Alep 543, il intitule plus
11
simplement le poème par Des vers approuvés sur la médecine .
Ce poème est composé de 82 distiques, chaque vers se compose de 2
hémistiches dont chacun est formé de 7 syllabes, selon la mélodie dite
« éphrémienne ». Le total est de 164 vers. Le poème est rimé en am.
La structure du poème suit le schéma suivant :
____7____b ____7____b
____7____b ____7____am

1. BREYDY 1985 : 198. Il cite le ms. Beyrouth 15 et intitule faussement le poème Über das
Wissen und die Wissenschaft.
2. :;umlat madayi&' .an al-.ul34m. Voir VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ;
Annales/Taoutel : 237. Voir également Histoire/Chartouni : 154.
3. Voir Sur le zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles et Sur la science.
4. F. 49v-54v.
5. F. 41rv. Il est acéphale et ne comprend que quelques vers à la fin (v. 138-164).
6. F. 25v-28v. Il est acéphale (il commence par le vers 74) ; on ne possède qu’une partie du titre
rubriqué en rouge. Deux folios sont perdus entre f. 25v et 26r dont les pages devaient porter
les numéros 263-266, folio 1(263-264), 2(265-266).
7. F. 34r-41r.
8. GEMAYEL 1982 : 173-184.
9. Aby*+t .an al-&'ikmah f!" awq*+tih*+ wa .an mu5'*+ddat al-afl*+k wa man*+fi.ih*+ wa .an al-abr*+,7 al-
.ulw!"yah wa .an a$8-$8uh34r wa m*+ yu$8*+bih 56alik.
10. Aby*+t .an al-&'ikmah f!" awq*+tih*+ wa .an G*5'*+r*#=Hsic] al-afl*+k.
11. Aby*+t ma#Fb34t*+t .an al-&'ikmah.
390 Les poèmes

L’auteur se nomme à l’avant dernier vers (v. 163) : « Cela [ce poème] Ibn
12
al-Qil!"#$% l’a dit . »
Dans ce poème, Ibn al-Qil!"#$% cherche à transmettre à son lecteur la sagesse
des anciens à propos de la médecine et de son rapport aux planètes et aux signes
du zodiaque. En réalité, cette tradition n’était pas étrangère aux coutumes du
Moyen Âge. Le rôle que jouaient les astres dans la vie de l’homme était appelé
l’influentia planetarum et se traduisait par une action radiale : « Cela se
présentait comme une simple ‘projection de rayons’ concentrés en tel ou tel
13
point de la surface d’un corps disposé à les recevoir. »
De toute façon, un médecin de cette époque n’était vraiment considéré
comme tel que s’il était capable de déterminer les périodes propices aux
14
traitements (saignées , laxatifs), en fonction des positions de la lune, de Saturne
et de Mars. N’oublions pas non plus l’influence de diverses plantes, herbes et
15
drogues sur les « humeurs » et qui s’avéraient parfois efficaces .
16
En fait, suivant l’enseignement d’Hippocrate († ca 370 av. J.-C.) , de
Galien († 201) et d’autres classiques, les médecins du Moyen Âge soutenaient
17
que le corps contenait quatre « humeurs » :
Le sang : humeur plus ou moins chaude qui commande les passions.

12. ?I*+ Ibn al-Qil*+.!" q*+l34.


13. DE LIBERA 1991 : 266. Pour une synthèse sur la médecine médiévale, voir GRMEK 1995.
14. Elle consiste à provoquer l’évacuation d’une certaine quantité de sang. Elle se pratique de
deux manières : par l’ouverture d’une veine ou par l’application de sangsues sur le corps.
Voir D’HOUDAIN-DONIOL-VALCROZE 2001.
15. On utilise, par exemple, l’écorce de saule pour traiter la fièvre. Or, l’écorce de saule contient
un ingrédient que l’on connaît bien et qu’on utilise encore de nos jours : l’acide
acétylsalicylique, mieux connu sous le nom d’aspirine.
16. La théorie d’Hippocrate repose sur les quatre humeurs : « Le corps de l’homme a en lui sang,
pituite, bile jaune et noire ; c’est là ce qui en constitue la nature et ce qui y crée la maladie et
la santé. Il y a essentiellement santé quand ces principes sont dans un juste rapport de crase,
de force et de quantité, et que le mélange en est parfait ; il y a maladie quand un de ces
principes est soit en défaut soit en excès, ou, s’isolant dans le corps, n’est pas combiné avec
tout le reste. Nécessairement, en effet, quand un de ces principes s’isole et cesse de se
subordonner, non seulement le lieu qu’il a quitté s’affecte, mais celui où il s’épanche
s’engorge et cause douleur et travail. Si quelque humeur flue hors du corps plus que ne le
veut la surabondance, cette évacuation engendre la souffrance. Si, au contraire, c’est en
dedans que se font l’évacuation, la métastase, la séparation d’avec les autres humeurs, on a
fort à craindre, suivant ce qui a été dit, une double souffrance, à savoir au lieu quitté et au
lieu engorgé. » Hippocrate, De la nature de l’homme, § 38, cité par LANOTTE 1998 : 15.
17. Voir la thèse de Lanotte 1998, qui constitue une référence d’une grande richesse pour la
compréhension de la médecine au Moyen Âge.
3.12 Sur la médecine et sur l’influence des astres 391

Le phlegme ou pituite : liquide organique incolore comparable au plasma


sanguin.
L’atrabile ou bile noire : humeur noire de la rate à qui l’on attribue les accès
de tristesse.
La bile ou bile jaune : liquide sécrété par le foie. Humeur liée aux
manifestations de colère.
La santé de l’âme et du corps réside dans l’équilibre de ces « humeurs ».
S’agissant des informations concernant les planètes et les signes du
18
zodiaque, nous ignorons si Ibn al-Qil!"#$% a lu les traités de Ptolémée sur
l’astrologie ou s’il a puisé ses informations dans des cours donnés à l’université
19
ou bien dans une compilation de son temps . En tout cas, il est difficile de
20
considérer Raymond Lulle († 1316) comme la source directe de ce poème,
21
comme il l’est pour d’autres .

La structure du poème :
1 [v. 1-6] : Introduction.
Ibn al-Qil!"#$% introduit son poème, affirmant qu’il veut écrire sur le zodiaque
et les mois de l’année et débattre leur influence sur la maladie, sur les soins
médicaux et sur la vie courante de l’homme.

2 [7-18] : La mauvaise médecine.


Il met son lecteur en garde contre la médecine qui tue le malade au lieu de
le guérir et, cela, parce qu’elle ne prend pas en considération le cycle du
zodiaque, le cycle lunaire ou les différentes situations durant les mois de
l’année. Ce qui est bon pour une période peut devenir mortel dans une autre

18. La plus ancienne édition du traité de Ptolémée est : Liber quadripartiti Ptolemaei […] a
Platone Tiburno versus, Venise 1484. Pour la recherche actuelle, nous utilisons la traduction
fournie dans PTOLÉMÉE 1993.
19. À titre d’exemple, citons le « Traité d’hygiène », composé en 1286 par Thomas de Thonon,
en vers. L’auteur décrit en 800 vers les quatre éléments et la théorie des humeurs ; il traite
également les quatre saisons et le régime à suivre selon son âge, ainsi que la pratique de la
saignée. Voir COLLET 1991.
20. LULLE 1988.
21. Voir Sur les sphères.
392 Les poèmes

circonstance. Le prétendu médecin n’est donc qu’un ignare qui « tuait beaucoup
de chrétiens et allait au fond de l’enfer ».

3 [19-34] : Le vrai médecin.


La bonne solution est alors d’écouter Ibn al-Qil!"#$%, lequel connaît les livres
22
des Anciens et sait préparer les infusions et les tisanes. Il connaît également les
cycles lunaire et solaire et les signes du zodiaque et sait administrer le bon
médicament au moment propice.

4 [35-54] : Les caractères et les influences des planètes.


23
Il commence par exposer les caractères des planètes et leur influence sur le
comportement de l’homme et les soins médicaux.
24
Saturne est froid, sec et maléfique ; il cause la mort des malades et des
nouveaux-nés. Le soleil apaise sa colère et, si la lune se trouve proche de lui, il
devient moins dangereux et le malade a alors une chance de guérir.
25
Mercure est chaud et humide , mais son danger est relatif. Le malade bien
soigné peut guérir.
26
Mars est sec et chaud et il représente la guerre. Un malade peut guérir sans
recourir au médecin.
27
Le soleil est très chaud . Quelqu’un ayant des problèmes ophtalmiques et le
regardant longuement, perdrait la vue.
28
Jupiter est chaud et humide , il est plus brillant que les autres et très proche
du soleil. Sous son signe, la guérison est assurée.

22. Al-q34dama+ (v. 16), as-s*+d*+t (v. 24).


23. Les caractères sont au nombre de quatre : b*+rid (froid), y*+bis (sec), $%u&0un (chaud) et >3#/!J
(humide).
24. « Saturne refroidit davantage et dessèche aucunement aussi parce qu’il est, ce me semble, le
plus éloigné, tant de la chaleur du Soleil que des humides vapeurs. » PTOLÉMÉE 1993 : 19.
25. « Quant à Mercure, sa vertu se trouve presque égale tantôt à dessécher et boire les humidités,
parce qu’il ne s’éloigne jamais du Soleil, tantôt à humecter parce qu’il est voisin de la Lune
laquelle est fort proche de la Terre. » PTOLÉMÉE 1993 : 20.
26. « En Mars prédomine la vertu de dessécher, mais il brûle aussi, comme il convient à sa
couleur de feu. » PTOLÉMÉE 1993 : 19.
27. « Le Soleil a la vertu d’échauffer modérément et de dessécher. » PTOLÉMÉE 1993 : 18.
28. « Jupiter est d’une nature tempérée, à cause qu’il tient le milieu entre Saturne refroidissant et
3.12 Sur la médecine et sur l’influence des astres 393

29
Vénus est toujours proche du soleil et, ainsi, elle produit la guérison qui
doit être une raison pour louer Dieu.
30
La lune est dure à l’égard des hommes . Durant son cycle, il y a des
moments dangereux, voire mortels, pour les gens vulnérables, comme pour les
malades qui essaient de se soigner.

5 [55-78] : Les saisons et leurs caractéristiques.


Le printemps commence par être sec, puis devient humide. Il est idéal pour
la santé surtout pour l’affermissement des articulations et pour la bonne
31
circulation du sang .
L’été est sec et très chaud. Les maladies les plus répandues pendant cette
32
saison sont sawd!" (bile noire) et /0afr!" (bile jaune), difficles à soigner .
L’automne est sec et froid. Il fait découvrir la faiblesse de l’homme et cause
33
surtout les maladies qui frappent la bile et la rate .
L’hiver est froid et humide. C’est le moment où le paresseux découvre que
34
la farine lui manque. Pendant l’hiver, c’est surtout la grippe qui frappe les
35
gens .
36
Le printemps commence le 21 mars, l’été le 24 juin , l’automne le 25
37 38
septembre et l’hiver le 25 décembre .

Mars brûlant. Or il échauffe et humecte, à cause toutefois que la force d’échauffer excelle, il
émeut les vents qui produisent la fertilité. » PTOLÉMÉE 1993 : 19.
29. « Elle échauffe, comme voisine du Soleil. » PTOLÉMÉE 1993 : 19.
30. « La Lune excelle en humidité, parce qu’elle est plus proche de la Terre et plus voisine des
humides vapeurs. Aussi voit-on clairement qu’elle affecte les corps, leur donnant une
mollesse suivie le plus souvent d’une pourriture qu’elle a coutume d’engendrer. » PTOLÉMÉE
1993 : 19.
31. « Au printemps, l’humidité persiste et la chaleur arrive, c’est donc le sang qui abonde. »
D’HOUDAIN-DONIOL-VALCROZE 2001 : 23.
32. « Durant l’été, la chaleur s’accompagne de sécheresse, la bile jaune ou cholère est alors
prépondérante. » D’HOUDAIN-DONIOL-VALCROZE 2001 : 23.
33. « À l’automne, le froit sec provoque l’abondance de la bile noire ou mélancolie. »
D’HOUDAIN-DONIOL-VALCROZE 2001 : 23.
34. Al-bal,-a+m.
35. « On note pendant l’hiver, une prédominance du froid-humide, c’est-à-dire de phlegme. »
D’HOUDAIN-DONIOL-VALCROZE 2001 : 23.
36. L’été commence au solstice de juin (21 ou 22).
37. L’automne commence le 22/23 septembre.
38. L’hiver commence au solstice de décembre (le 22).
394 Les poèmes

39
6 [79-118] : Les signes du zodiaque .
40
Le Bélier (21 mars) : son influence est bonne. La pratique de la saignée est
bénéfique et la santé paraît être bonne surtout pour tout ce qui concerne la tête
41
et les oreilles .
42
Le Taureau (23 mars) : son influence est mauvaise. L’homme y souffre au
43 44
niveau du cou et du larynx et l’on suggère vivement le tu67,'(m (vaccin ?) .
45
Les Gémeaux (23 mai) : on doit éviter tout saignement, car cela risque de
dégénérer en hémorragies.
46
Le Cancer (24 juin) : la saignée est bénéfique pour tout le monde ; pendant
cette période on suggère le voyage, le changement de résidence pour la
villégiature et le port de nouveaux habits.
47
Le Lion (25 juillet) : c’est la saison où les rois et les sultans s’en vont en
guerre. Toute plaie causée y sera fatale.
48
La Vierge (25 août) : il est vivement conseillé de ne pas y contracter des
mariages ; en revanche, c’est la saison des achats, des ventes et des dons. Les
soins prodigués aux malades n’apportent pas de bons résultats.
49
La Balance (25 septembre) : c’est la saison des mariages. Néanmoins, les
malades y souffrent beaucoup.

39. Ibn al-Qil"#$%& donne l’appellation arabe suivante aux signes du zodiaque : an-na#/i&: (Bélier),
at-tawr (Taureau), al-,7awzeh (Gémeaux), as-sara#/*+n (Cancer), al-‘asad (Lion), as-sinbleh
(Vierge), al-miza+n (Balance), al-.aqrab (Scorpion), al-qaws (Sagittaire), al-,7ad!"
(Capricorne), ad-dal34 (Verseau) et al-&'34t (Poissons). Cette appellation ainsi que l’attribution
des dates sont données également dans Sur le zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles.
40. Al-fa$%a+d.
41. « Le Bélier gouverne la tête et la face, c’est-à-dire qu’il agit sur la tête et la face plus que sur
les autres parties du corps humain. » LULLE 1988 : 40.
42. C’est plutôt le 21 mars.
43. « Le Taureau gouverne le cou et la gorge de l’homme. » LULLE 1988 : 40.
44. Nous avons beaucoup hésité avant de traduire le mot arabe tu#/.!"m par vaccin car à l’époque
d’Ibn al-Qil"#$%&, on est encore loin de la découverte de divers vaccins. Quelle était alors cette
pratique suggérée par Ibn al-Qil"#$%&(? Sont-ce la sangsue, la succion ou autre moyen à base de
plantes ?
45. C’est plutôt le 21 mai.
46. C’est plutôt le 22 juin.
47. C’est plutôt le 23 juillet.
48. C’est plutôt le 23 août.
49. C’est plutôt le 23 septembre.
3.12 Sur la médecine et sur l’influence des astres 395

50
Le Scorpion (25 octobre) : Il fait tantôt froid, tantôt chaud ; la saignée est
bénéfique pour guérir les maladies.
51
Le Sagittaire (25 novembre) : c’est la saison pendant laquelle on peut
prendre soin de son corps ; les bains sont bénéfiques pour les maux de tête et
des épaules ; la saignée est également bénéfique.
52
Le Capricorne (25 décembre) : il est difficile de soigner le mal des genoux
53
(le rhumatisme ?) .
54 55
Le Verseau (25 janvier) : il est difficile de soigner le mal des pieds et on
56
observe une grande hausse dans le prix de la soie .
57
Les Poissons (20 février) : c’est la période des discordes et des zizanies. Il
est conseillé de ne pas pratiquer de saignée surtout pour les personnes frappées
58
de folie .
À la fin de cette partie, Ibn al-Qil!"#$% exhorte son lecteur à croire en sa parole
et blâme ceux qui ne veulent pas l’entendre.

7 [119-158] : Les mois de l’année.


59
Le mois de mars est celui du début de l’année et de l’éclosion des fleurs ;
c’est également au mois de mars qu’Adam fut créé, il commit le péché et fut
chassé du paradis ; le mois de mars est celui de l’Annonciation, mais également
de la crucifixion, de la mort et de la résurrection du Christ.
Le mois d’avril est appelé « le père de l’orphelin », car il est humide et
clément, c’est la période pendant laquelle l’herbe pousse et fait survivre ce qui
était privé de nourriture.

50. C’est plutôt le 23 octobre.


51. C’est plutôt le 22 novembre.
52. C’est plutôt le 21 décembre.
53. « Il gouverne les genoux de l’homme. » LULLE 1988 : 44.
54. C’est plutôt le 21 janvier.
55. « Il gouverne les jambes de l’homme jusqu’aux chevilles. » LULLE 1988 : 44.
56. Littéralement : le prix de la soie est incompréhensible.
57. C’est plutôt le 19 février.
58. ()b*+#/.
59. N’oublions pas que le mois de mars était le premier mois du calendrier romain primitif et il
été souvent compté comme tel au Moyen Âge.
396 Les poèmes

Le mois de mai est le mois du lait, des roses parfumées et de la gratuité de


l’invitation.
Avec le mois de juin commencent les premières chaleurs qui dessèchent la
terre et pourrissent les lentilles, les fèves et tout genre de céréales.
Le mois de juillet est celui de la bravoure où hommes et femmes, en dépit
de la chaleur, vont à la récolte.
Au mois d’août, les raisins commencent à prendre forme, mais la très
grande chaleur le rend insupportable.
Septembre est inconstant et teinté de jaune (le début de l’automne). C’est la
saison où les maladies commencent à apparaître.
Au mois d’octobre, commencent les vendanges et la cueillette des figues.
Les habitants des tentes plient bagages (fin de la villégiature).
La pluie caractérise le mois de novembre où le paysan fait sortir ses bêtes
pour défricher ses terres.
Le mois de décembre est celui de la pluie et du froid qui empêchent tout
travail.
Le mois de janvier est celui de la neige et du verglas ; les fleuves débordent
et les sources jaillissent, mais le pauvre n’en profite pas et reste miséreux.
Février est haï de tout le monde et le blé y fait défaut. Durant ce mois, les
riches sont très avares et n’aident plus les autres.
Enfin, Ibn al-Qil!"#$% s’adresse à celui qui se considère « médecin » pour
l’inviter à comprendre ce qui est écrit et à rester toujours digne, respectable et
clément envers les malades.
Il l’invite à donner à chaque malade le médicament qui lui convient, afin
qu’il mérite légalement son argent.

8 [159-164] : Paroles d’adieu.


C’est la fin du poème. Ibn al-Qil!"#$% demande à son lecteur de lui pardonner
ses fautes et de les pallier par sa sagesse : « Cela Ibn al-Qil!"#$% l’a dit, pour
l’ignorant comme lui. S’il s’affecte dans sa santé, il saura manier les
médicaments. »
397

3.13 SUR LES QUATRE CONCILES


Sous ce titre, plusieurs poèmes sont reliés par Ibn al-Qil!"#$% lui-même. En
1
fait, le copiste du manuscrit Borg Ar!175 intitule l’ensemble « Sur les
2
conciles » et le clôt à la fin du récit concernant les conciles (vers 74). C’est tel
3
qu’apparemment, il figurait dans le manuscrit perdu VS 250 .
4 5
Le manuscrit Alep 543 conserve le même titre , mais il englobe avec la
partie concernant les conciles, d’autres thèmes sur l’origine des maronites, sur
la Trinité, l’incarnation du Christ et la relation entre ses natures et ses volontés.
6 7
Graf ne connaît que le Borg Ar 175. Breydy , pour sa part, reprend les
8
mêmes données et cite l’édition faite par Gemayel qui se trompe également,
n’ayant connu que le texte du même Borg Ar 175. Louis Cheikho en édite
9
quelques fragments dans la revue Machriq .
10
La partie concernant les conciles est également citée par Douaihy . Mais,
en comparant le reste du poème avec quelques titres cités par Douaihy comme
étant des poèmes d’Ibn al-Qil!"#$%, nous pouvons suggérer l’attribution à ce même
poème ce que Douaihy appelle :
11 12
Sur Maron d’Antioche , repris par Graf , qui correspond aux vers 81-160.
13 14
Sur la Trinité , qui correspond aux vers 161-219. Graf attribue à ce titre
15 16
un autre poème puisé dans le Borg Ar 175 . Il est suivi par Gemayel et
17
Breydy .

1. F. 91r-92v. Le texte de ce manuscrit est incomplet ; il ne comporte que les vers 1-28 et 31-
74. GRAF, GCAL, III : 331, et BREYDY 1985 : 195, notent faussement f. 91r-93r.
2. Il écrit plutôt .Ala+ al-ma,7ma. (sur le concile).
3. I : Gabrielis Barclaii, Carmen Arabicum de Haeresibus et Conciliis.
4. F. 158r-170v.
5. .Ala+ al-ma,7a+mi. (sur les conciles).
6. GRAF, GCAL, III : 331. Il se réfère aux mss VS 250/I et Borg Ar 175. Il cite l’édition de al-
Manara 2(1931) : 805-813, 901-907, ainsi il se trompe et confond ce poème avec Contre
ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites.
7. BREYDY 1985 : 195. Il cite le ms. Borg Ar 175 et l’édition de Gemayel.
8. GEMAYEL 1982 : 139-146.
9. CHEIKHO 1999 : 429-430, édite les vers 81-88.
10. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, .An al-
ma,7a+mi. al-arba.a [sur les quatre conciles]. Voir également Histoire/Chartouni : 153.
11. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, Ma+r Ma+r34n
al-In#/a+k!" [saint Maron l’Antiochien]. Voir également Histoire/Chartouni : 153.
12. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère à Douaihy.
398 Les poèmes

18 19
Sur les deux natures et volontés du Christ , cité par Graf et repris par
20
Breydy ; cela correspond aux vers 220-286.
21 22
Sur l’émanation de l’Esprit-Saint , cité par Breydy ; cela ne correspond
pas à une partie distincte de ce poème, mais s’insère, sans doute, dans la partie
23
concernant « la Trinité » .
Nous pouvons également inclure dans ce poème ce que Douaihy appelle :
24
Sur l’incarnation divine .
Le poème est formé de 147 distiques (294 vers) et est composé selon le
25
rythme éphremien « la%&n ifr!"m'( » (7+7) ; il est rimé en !"r.
La structure du poème suit le schéma suivant :
____7____a ____7____a
____7____a ____7____ !"r
Ibn al-Qil!"#$% se déclare l’auteur de ce poème au vers 289 : « Il est composé
et chanté par Gabriel Ibn al-Qil!"#$% qui n’est pas un homme ». Par cette

13. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, .An sirr a#F-
#F*+l34#F al-aqdas [sur le mystère de la Trinité]. Voir également Histoire/Chartouni : 153.
14. GRAF, GCAL, III : 331.
15. F. 55r-58r (Graf cite faussement f. 43r-58r). C’est un autre poème ; qui n’appartient pas à Ibn
al-Qil"#$%&.
16. P. 131-138.
17. BREYDY 1985 : 195.
18. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, F!" #/ab!".atay
ar-rab wal-ma$8!"’atayn bi-uqn34m w*+&'id [sur les deux natures du Christ et ses deux volontés
dans la même personne]. Voir également Histoire/Chartouni : 153.
19. GRAF, GCAL, III : 331. Il se réfère à Douaihy.
20. BREYDY 1985 : 195. Il considère que cette référence ne concerne pas un poème, mais un
traité théologique figurant dans VA 640.
21. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, .An inbi#F*+q
r34&' al-qudus min al-*+b wal-ibin wa .ilm al-!"m*+n [du Folioque et de la Foi]. Voir également
Histoire/Chartouni : 153.
22. BREYDY 1985 : 195. Il considère que cette référence ne concerne pas un poème, mais un
traité théologique figurant dans VA 640.
23. Ce qui conduit à insérer tous ces titres dans le même poème est que Douaihy, dans son
énumération des œuvres d’Ibn al-Qil"#$%&, a essayé de présenter sa liste en citant d’abord les
thèmes théologiques avant d’énumérer les thèmes bibliques, hagiographiques ou profanes.
24. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, At-ta,7assud
al-il*+h!". Voir également Histoire/Chartouni : 153.
25. Alep 543, f. 158r.
3.13 Sur les quatre conciles 399

déclaration, il semble qu’Ibn al-Qil!"#$% se considère comme faible et pécheur et,


par conséquent, ne méritant pas d’être appelé un homme.
L’auteur note, au vers 138, qu’il écrivait en l’an 507 ; est-ce l’an 507 après
l’an mil ? Dans ce cas, le poème est daté de l’an 1507.
Le titre de ce poème est donné par les copistes : ,al!" al-ma89ma, [sur le
26 27
concile] , ,al!" al-ma89!"mi, [sur les conciles] ou ,al!" al-bida, wal-ma89!"mi, [sur
28
les hérésies et les conciles] .

La structure du poème :
1 [v. 1-5] : Introduction.
29
L’auteur entame son poème et le lit à ses amis , « au nom de Dieu, le Tout-
puissant ».

2 [6-18] : Sur le premier concile [Nicée, 325].


30
Dans ce concile, se réunissent 318 pères , 2040 notables et 300
31 32
bienheureux. Constantin est empereur, Sylvestre , pape.
Les Pères condamnent Arius († 336), confirment la foi et déclarent que le
baptême sauve l’homme. En outre, ils promulguent que le Fils est
consubstantiel au Père et légifèrent les quatre sièges patriarcaux.

3 [19-36] : Sur le deuxième concile [Constantinople I, 381].


33
Macédonius considérait que le Saint-Esprit a été créé. Alors un deuxième
34 35
concile est convoqué en 660 d’Alexandre , à l’époque du pape Camachoi et

26. Borg Ar 175, f. 91r.


27. Alep 543, f. 158r.
28. VS 250.
29. Ibn al-Qil"#$%& utilise le mot an$%*+r [partisans], qui convient plus à la rime du poème.
30. C’est la tradition qui conserve le nombre de 318. Voir, pour le jour de jeudi, la prière de midi
(sixte) dans le temps ordinaire de la liturgie maronite :
@ @æåïáÝ’@çìü܆@aòüie@‹"Èóåàòì@abà@óÜò†@aòíåºû†@bàíyóÜ
31. Constantin Ier le Grand (306-337).
32. Saint Sylvestre Ier (314-335).
33. Macédonius est le patriarche de Constantinople et est déposé en 360. Il est l’héritier de
l’arianisme, auquel il ajoute la négation de la divinité du Saint-Esprit et ses adeptes sont
appelés macédoniens ou pneumatomaques.
34. Il fallait écrire en 692 ou 693 d’Alexandre.
400 Les poèmes

36
de l’empereur Théodose ; les Pères du concile, au nombre de 150, condamnent
Macédonius et confirment la foi.

4 [37-46] : Sur le troisième concile [Éphèse, 431].


37
Ce concile a lieu contre Nestorius , lequel a nié que la Vierge Marie était la
38
mère de Dieu. Il est convoqué à Éphèse sous le règne de l’empereur Théodose
39
et du pape Célestin . Les pères conciliaires, au nombre de 200, condamnent
Nestorius et affirment que la Vierge Marie est Theothokos.

5 [47-74] : Sur le quatrième concile [Chalcédoine, 451].


Le quatrième concile est réuni à Chalcédoine, sous le règne de l’empereur
40 41 42
Marcien et du pape Léon , contre Eutychès qui prêche une seule nature dans
le Christ. Les pères conciliaires, au nombre de 636, condamnent Eutychès ; ils
43
l’excommunient et destituent son allié le patriarche Dioscore en le remplaçant
44
par F'(l'(by!"n*+s . En outre, le concile affirme que le Christ a deux natures et une
personne.

35. Est-ce une faute du copiste ou d’Ibn al-Qil"#$%& ? Le pape régnant à cette époque est saint
Damase Ier (366-83).
36. Théodose le Grand (378-395).
37. Nestorius (†ca 450) est le patriarche de Constantinople en 428 avant d’être destitué par ce
concile.
38. Théodose II (401-450).
39. Saint Célestin Ier (422-32).
40. Marcien (450-457). Ibn al-Qil"#$%& ne le nomme pas et se contente de l’appeler al-malek al-
man$%34r [le roi victorieux].
41. Saint Léon Ier le Grand (440-61).
42. Eutychès est l’archimandrite d’un monastère voisin de Constantinople et participe
activement au synode appelé le brigandage d’Éphèse (449) avant d’être condamné par le
concile de Chalcédoine et exilé en Égypte par l’empereur Marcien, où il meurt.
43. Dioscore († 454), devient, en 444, évêque d’Alexandrie. Il préside le brigandage d’Éphèse
(449) et excommunie Flavien de Constantinople et même le pape Léon. Mais le concile de
Chalcédoine le destitue et l’empereur Marcien l’exile à Gangra, où il meurt.
44. Personnage inconnu. C’est plutôt Proterius qui est désigné évêque d’Alexandrie après la
déposition de Dioscore. Ce même Proterius est assassiné en 457 et remplacé par un
patriarche monophysite, Timothée Aelure.
3.13 Sur les quatre conciles 401

45
Jacques Baradée « est un moine errant et c’est à travers la fenêtre de la
prison qu’il devient évêque ; il se dirige ensuite en Orient pour contrarier ce
46
concile et inventer les mensonges » .

6 [75-80] : Éloge des quatre premiers conciles.


Éloge des quatre conciles qui sont comme quatre fleuves arrosant les pays
47
et ayant quatre signes : le taureau, l’aigle, le lion et l’homme .

7 [81-160] : Sur Jean Maron et l’origine des maronites.


48
Maron, fils de Gaton , est un docteur et un évêque syriaque originaire
d’Antioche ; il vient à Tripoli où il rencontre le cardinal qui, surpris par sa
49
sagesse et son intelligence, l’emmène avec lui à Rome ; là, le pape le consacre
patriarche et lui donne le pallium en l’exhortant à éviter les melkites, les
50
jacobites et les coptes ; il lui donne le Mont-Liban comme paroisse ; ce
51
bienheureux meurt à Kfar./ay .
Son successeur est un second Maron, appelé Jean, docteur du « monastère
52
divin » ; celui-là vient à Yan23./ avec plusieurs évêques de sa patrie et tous
habitent le Mont-Liban.

45. Le surnom de Baradée, en syriaque « Burd$ono », lui vient de l’étoffe grossière de feutre
dont il se vêtit et dont on se sert communément pour faire des housses de cheval. L’histoire
de Jacques s’habillant de cette étoffe se trouve dans le manuscrit VS 424, f. 25rv.
46. Le ms. VS 424, f. 26rv, raconte que les évêques monophysites, étant emprisonnés et ayant
peur que le peuple ne soit privé de pasteurs, consacrent, de leur prison, Jacques comme
évêque et l’envoie prêcher en Orient. Voir également ASSEMANI, BO, II : 63-64.
47. Ce sont les signes attribués habituellement aux quatre évangélistes.
48. Douaihy relate les mêmes informations qu’il tire d’une Histoire ancienne trouvée dans un
manuscrit conservé à Damas. Apologie/I : 88.
49. Cette partie fut reproduite par Douaihy. Voir VS 397, f. 36r ; VS 395, f. 37v ; Apologie/I :
112.
50. Ibn al-Qil"#$%& utilise le mot arabe ra.!"ya qui pourrait désigner une paroisse, mais également
l’étendue d’une juridiction.
51. Douaihy reprend la même histoire et la développe dans son Apologie : « Après une grande
tristesse, ils portèrent sa dépouille dans les chants et les louanges, dans l’encens et les
cierges, puis la déposèrent avec dignité au susdit couvent comme témoigne son Histoire qui
dit : il mourut saint et fut enterré à Kfar.:ay. Dans son Poème sur les conciles, Ibn al-Qil$"#%&
écrivit la même chose : l’Élu mourut à Kfar.:ay. » Apologie/I : 127.
52. Ad-dayr ar-rabb*+n!".
402 Les poèmes

Ensuite, on élit un patriarche du village de Dmal&6!". Des évêques le


secondent et résident dans les villages de ()a&6&6!", B&'arr$%, Jbeil, ()!"l!"t, Dayr
53
R23ss$%, Le./fed et Mayfouq . Des moines habitent dans la localité des Bw!"l$%#, un
savant ermite au village de Mi&ri./ et un « docteur » à Tripoli. Le diacre du
patriarche est de H!"b$%l.
Tout le monde obéit à la vraie foi ; personne ne change la doctrine comme
« il se fait maintenant ».
Ibn al-Qil!"#$% dit ensuite qu’il y a à Le./fed un couvent de religieuses dont
l’abbesse s’appelle S!"rah. Un jour alors que le patriarche Jean expliquait la foi à
un cortège de cinq mille jeunes, ceux-ci longent le mur du couvent et quelques
jeunes osent le franchir. L’abbesse, furieuse, déclare que le patriarche est
désormais suspendu de ses fonctions et même destitué, parce qu’il a laissé des
gens ivres pénétrer dans le cloître du couvent et que cette affaire ne sera pas
terminée avant que tous les deux, elle et lui, ne soient entendus devant un
tribunal.
Le patriarche envoie un émissaire à Rome, lequel revient avec l’ordre de
convoquer un synode pour traiter l’affaire. Quatre-vingts évêques s’y rendent
présents et l’abbesse Sarah exige que le patriarche s’éloigne de Le./fed pendant
54
sept ans .
Alors le patriarche prend le couvent de H!"b$%l comme siège patriarcal et s’y
installe sans plus bouger ; quatre évêques sont donc chargés de visiter les
paroisses et de traiter leurs affaires.
Ibn al-Qil!"#$% rapporte aussi que lors d’une visite du patriarche Irmy!" à
Rome, les fidèles rassemblés pour la messe, et le pape lui-même, sont témoins
d’un miracle. Au moment où Irmy!" élève l’hostie pendant la consécration,
55
celle-ci reste suspendue au-dessus de lui, seule . Le pape bénit alors le
patriarche et lui donne une mitre.
C’est très solennellement que le patriarche est accueilli à Tripoli lors de son
retour, et l’on signe les documents qui confirment l’obéissance des maronites à
Rome ; ces documents sont ensuite déposés au sein de la forteresse de Tripoli
pour y être conservés.

53. C’est l’écho des informations trouvées dans la bulle adressée par le pape Innocent III au
patriarche maronite Jérémie en 1215. Voir Collection des bulles adressées aux maronites.
54. Toute cette histoire est relatée en prose dans Bkerke 115, f. 45r-48r. Voir Lettre contre les
jacobites.
55. Cette information est utilisée par Douaihy dans son Apologie/II : 185.
3.13 Sur les quatre conciles 403

En ce temps-là, un saint homme appelé Basile vit au village de #:;q23r!" ; le


78ubbet B&'arr$% fleurit et le peuple de Maron vit dans le « Mont élu » [le Mont-
56
Liban] entre le ,-23f et le #Akk!"r .
Mais le diable jalouse le bonheur des maronites et incite plusieurs d’entre
eux à désobéir à la foi de leurs ancêtres ; c’est pourquoi les Turcs [les
Mamelouks] conquièrent le pays.
Alors, Ibn al-Qil!"#$% met en garde ses concitoyens pour qu’ils n’embrassent
pas les hérésies et ne désobéissent pas à leur foi :
Notre foi est maronite et notre siège est antiochien ;

Nous prêchons pour le pape de Rome et pour les quatre conciles ;

Nous ne suivons pas les paroles des jacobites et des melkites ;

Et qui n’obéit à tout cela sera banni de l’Église.

8 [161-220] : Sur la Trinité.


Ibn al-Qil!"#$% chante la Trinité ; il s’appuie sur un paragraphe du bréviaire
57
maronite et nomme plusieurs Pères de l’Église qui, eux aussi, parlent de l’unité
dans la Trinité tels Grégoire [de Nazianze ?], Jean Chrysostome, Basile [de
Césarée], Cyrille [d’Alexandrie ?], Jacques [de Saroug ?] et Éphrem.
Les grands thèmes classiques trouvent une place dans ce poème : la
consubstantialité, le filioque, la filiation du Christ, les trois personnes en la
Trinité, les deux natures du Christ et ses deux volontés, etc.

9 [221-286] : Sur l’incarnation.


L’auteur fournit un résumé de l’histoire de l’incarnation du Christ : Les 24
prophètes parlent de la venue du Christ qui s’incarne pour sauver Adam. L’ange
Gabriel salue Marie et elle enfante le Christ qui a une nature humaine et une
nature divine et qui vit comme les hommes et parmi eux.

56. Min &'ad a$8-$834f li-bl*+d .akk*+r $8a.b m*+r34n bi-,7abal al-mu&0t*+r.
57. bå’‡Õà@bîóïÜòì@båïic@‡y@båïØ@‡y@bå#Üí’@‡y@þïy@‡y .
Cette prière ne se trouve pas dans la tradition liturgique actuelle des maronites. Le Père Abbé
Jean Tabet, grand spécialiste de liturgie maronite, nous a signalé la présence d’une prière
semblable, mais non identique, dans l’office de Tierce du dimanche (VS 316, f. 54r).
404 Les poèmes

Il est né à Bethléem, est circoncis le huitième jour, est baptisé par Jean dans
l’eau du Jourdain ; il tète et pleure, il se fatigue et s’endort, il a faim et soif, il
prie et jeûne et il s’attriste comme les hommes.
Il guérit les malades et ressuscite Lazare ; il donne l’eucharistie ; il est
convoqué chez Pilate et est crucifié, avec deux larrons ; le troisième jour, il est
ressuscité et les disciples le voient ; l’apôtre Thomas peut mettre le doigt dans
ses stigmates pour témoigner que le Christ est vivant.
Après ses apparitions aux disciples, le Christ monte aux cieux et envoie à
ceux-ci l’Esprit Saint, lors de la Pentecôte. Avant de partir, il les bénit et les
envoie proclamer la Bonne Nouvelle dans tous les pays.

10 [287-294] : Fin du poème.


Ibn al-Qil!"#$% termine son poème en déclarant que tout ce qu’il vient de dire
58
est « la croyance des maronites, syriaques, habitant au Mont-Liban » . C’est
donc sa propre croyance.

58. H*+56*+ i.tiq*+d maw*+rinat as-sury*+n as-s*+kin!"n bi-,7abal lubn*+n.


405

3.14 ÉLOGE FUNÈBRE DE JEAN, MORT NOYÉ

1 2 3
Ce poème est cité par Douaihy , Graf et Breydy .
4 5
La tradition manuscrite est conservée dans les mss Alep 721 et Bkerke 141 .
6 7
Les copistes considèrent ce poème comme un éloge funèbre ou une élégie .
8 9
Il est édité à plusieurs reprises par Manache , Cheikho et, enfin, par
10
Gemayel .
Ce poème est un za<=al élégiaque ; il est écrit selon la mélodie dite
11
« éphrémienne » . Il est composé de 21 quatrains, chaque vers étant composé
de 2 hémistiches et chaque hémistiche de 7 syllabes. Le total est 84 vers. Le
poème est rimé en !"r.

1. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, .An raf!"qihi
Fra Juan al-m*+r34n!". Voir également Histoire/Chartouni : 154, Kit*+b f!" a&0b*+r raf!"qihi Fra
Juan al-M*+r34n!" [un livre sur l’histoire de son ami Fra Juan le maronite]. D’ailleurs, quelques
vers furent également édités dans Apologie/II : 240.
2. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère au ms. Alep 712 [il devait écrire Alep 721].
3. BREYDY 1985 : 198. Il reprend Graf en citant faussement le ms. Alep 712 [au lieu de citer
Alep 721].
4. F. 110v-112r.
5. F. 10v-12v.
6. Alep 721, f. 110v : man*+&'at.
7. Bkerke 141, f. 10v : naw&:
8. MANACHE 1920 donne faussement le numéro 712 à notre manuscrit. Par conséqent, il induit
Graf et ensuite Breydy en erreur. Ajoutons à cela que l’éditeur admettait volontiers qu’il
avait cherché à corriger le texte, d’où plusieurs variations et modifications par rapport au
manuscrit.
9. Plusieurs vers de l’édition Manache sont reproduits dans CHEIKHO 1999 : 428-429, qui est
une réédition d’un article paru dans Machriq, 25(1927) : 268-269 (v. 5-8, 29-36).
10. GEMAYEL 1982 : 185-191. Il reprend les mêmes idées évoquées par MANACHE 1920. Il
considère que c’est le premier poème qu’Ibn al-Qil"#$%& aurait composé en 1493 et peut-être
également le premier poème que nous possédions en dialecte libanais (En fait, il y a plusieurs
poèmes qui précèdent ceux d’Ibn al-Qil"#$%&; voir par exemple le chapitre Les œuvres
« faussement » attribuées à Ibn al-Qil*+.!", 5.24 Poème sur la chute de Tripoli). Il corrige le
numéro du manuscrit donné par Manache ; il fait remarquer la discordance qui existe entre
l’édition de Manache et le manuscrit, mais il tombe dans le même piège en corrigeant les
expressions et la syntaxe.
11. Selon ABDEL-NOUR 1966 : 21, Ibn al-Qil"#$%& fait usage ici du genre qarr*+d!&. Mais peut-on
parler du genre qarr*+d!" au XVe siècle ? Ne s’agit-il pas plutôt de la mélodie « éphrémienne »
à laquelle les maronites du Mont-Liban étaient déjà bien habitués ?
406 Les poèmes

12
La structure du poème suit le schéma suivant :
____7____a ____7____b
____7____a ____7____b
____7____a ____7____b
____7____c ____7____ !"r
Le nom d’Ibn al-Qil!"#$% n’est pas attesté dans le texte, mais plusieurs
allusions concernant sa relation avec Jean permettent de le considérer comme
13
l’auteur .
Dans ce poème, Ibn al-Qil!"#$% déplore la mort de son ami, qui s’était noyé, et
14
lui rend hommage. Son nom est « Y23./ann!" » (v. 40, 53, 75) ou « Fra Juan »
(v. 69). Ibn al-Qil!"#$% l’appelle « mon ami » (v. 25, 46, 81), « mon frère » (v. 7,
31), « mon cher frère » (v. 3), « mon bien-aimé [mon très cher] » (v. 5, 9, 17,
45).
Sa mère s’appelait peut-être « 79an$%yeh » (v. 35). Ce nom pourrait être
également un adjectif, il signifierait « riche » ; comme il peut désigner son
prénom.
Jean est religieux franciscain (v. 15, 34, 55) et prêtre (v. 11, 33, 54, 68) ; il
est ordonné avec son ami Ibn al-Qil!"#$% en Italie (v. 68). Sa formation religieuse
et théologique semble s’être déroulée au couvent de La Madonna della
15
Incarnazione à Rome (v. 62). C’est un homme cultivé et habitué aux voyages
(v. 13-14). Il est également distingué par son comportement exemplaire et son
obéissance à ses supérieurs (v. 15, 34). Il est compétent dans les langues et
traduit facilement du syriaque, de l’arabe et du grec.
Il se noie lors d’un pèlerinage au Saint-Sépulcre (v. 27, 57) au cours duquel
il est responsable et guide de douze autres frères pèlerins (v. 58-59). Ibn al-
Qil!"#$% se souhaite une mort semblable pour le rejoindre et attendre ensemble la
résurrection des morts (v. 27).

12. Voir ABDEL-NOUR 1966 : 22.


13. Douaihy cite 8 vers du poème (vers 69-76) à propos des controverses entre Jean et ses
adversaires. Voir VS 395, f. 119rv ; Apologie/II : 240 (arabe), 126 (latin) ;
Histoire/Chartouni : 408-409. Notons toutefois que dans la version latine de l’Apologie/II :
126, le verbe arabe nur*+wis (s’entêter) est faussement lu andr*+wus (André).
14. Les références aux vers sont celles de l’édition de GEMAYEL 1982.
15. Um al-&'ul34l.
3.14 Éloge funèbre de Jean, mort noyé 407

Excellent apologiste, d’où son appellation « l’apologiste Y23./ann!" » (v. 40),


Jean défend avec Ibn al-Qil!"#$% leur nation maronite contre les attaques de leurs
camarades qui affirment que les maronites étaient autrefois hérétiques (v. 69-
77).
L’intelligence et la culture de ces deux frères incitent les responsables
ecclésiastiques à Rome, y compris le pape, à apprécier la qualité de ces
« religieux maronites » (v. 66) dont le succès est éminent (v. 68).
Dans son poème Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites, Ibn
al-Qil!"#$% cite parmi les évêques maronites qui assistent le patriarche ,-im#23n al-
16
()ada*+$%, l’évêque Y23./ann!" al-Ifran<=$% , religieux condisciple et ami d’Ibn al-
Qil!"#$%. Il mentionne également le muqaddam 78am!"l ad-D$%n Y23suf qui n’accède
17
au pouvoir qu’en 1495. La noyade eut lieu alors bien après 1495 .
En outre, nous savons que ,-im#23n al-()ada*+$% était lui-même évêque de
18
#:;q23r!" depuis 1480 avant son accession au siège patriarcal en 1492. C’est
après cette date que Jean aurait pu devenir le successeur du patriarche au siège
de #:;q23r!".
Douaihy, dans son Apologie, considère que Jean est le maître d’Ibn al-Qil!"#$%
et qu’ils auraient fait leurs études théologiques à Rome, dans le couvent San
19
Pietro in Vincoli .
D’après ce poème, nous constatons que Gabriel Ibn al-Qil!"#$% est hors du
Liban ; il demande aux voyageurs qui passent par le Liban de raconter au peuple
de Maron la mort de Jean (v. 37-40) et note que le Saint-Siège comptait
beaucoup sur Y23./ann!" après son retour du pèlerinage (v. 11-12).
Reste à noter qu’à l’époque de l’accident, la navigation pour la Palestine
paraissait s’effectuer dans des navires musulmans (v. 57).
20
Le patriarche Douaihy fournit deux versions sur frère Jean . La première
est relatée dans la version détaillée des Annales (VS 215), alors que l’autre suit
plutôt le plan de la version courte (VA 683).

16. «Y*+.:ann"# appelé ‘le Franc’ [évêque] de $;<q*+r"# » : VS 215, f. 100r ; Annales/Fahd : 370 ;
« Y*+.:ann"# appelé ‘le Franc’ » : VA 683, f. 72v ; Annales/Taoutel : 221.
17. VS 215, f. 100r ; VA 683, f. 72v ; Annales/Fahd : 371 ; Annales/Taoutel : 221.
18. VS 215, f. 98r ; Annales/Fahd : 363 ; VA 683, f. 71r ; Annales/Taoutel : 217.
19. Apologie/II : 240.
20. VS 215, f. 99r ; Annales/Fahd : 367 ; VA 683, f. 72r ; Annales/Taoutel : 220 ;
Histoire/Chartouni : 143.
408 Les poèmes

VS 215, f. 99r :
L’année 1493 des chrétiens, sont retournés des pays des chrétiens, le religieux ,-ann"# et le
religieux 0=ibr"#yil Ibn Bu)!r*+s Ibn 01ury"# connu sous le nom d’al-Qil"#$%& de Le.:fed. Tous les
deux étaient entrés dans le pays des chrétiens et avaient pris l’habit de saint François à
Rome. Après leur formation dans les sciences médicinales et théologiques, ils sont
retournés dans leur pays. Le père ,-ann"#, qui a atteint un grand degré dans les sciences, les
langues et la chasteté, fut ordonné prêtre et entra devant le patriarche pour lui prêter
obéissance ; le patriarche 2>im$*+n l’accueillit chaleureusement et lui promit le degré de
l’épiscopat. Peu après, il entama un pèlerinage à Jérusalem avec douze religieux
franciscains ; une tempête violente se leva et fit noyer la barque ; seul le prêtre ,-"#nn"# se
noya afin que Dieu le récompense pour son labeur ; le patriarche fut pris d’une grande
tristesse ainsi que toute la communauté et son disciple 0=ibr"#yil Ibn al-Qil"#$%& qui lui
21
composa une élégie dans laquelle il louait ses vertus, ses connaissances et sa sainteté.

VA 683, f. 72r :
En 1493 fut le retour du prêtre maronite ,-ann"# et de 0=ibr"#yil Ibn al-Qil"#$%& du pays des
chrétiens. Tous les deux avaient déjà pris l’habit de saint François et s’étaient formés dans
les sciences ; ils étaient également zélés et diligents pour maintenir la foi orthodoxe. Le
22
prêtre ,-ann"# a voulu visiter Jérusalem et s’est noyé dans la mer avant son arrivée, etc.

Cette version de Douaihy est reprise ensuite par la plupart des historiens,
chroniqueurs et biographes d’Ibn al-Qil!"#$% ; elle diffère cependant dans quelques
détails de la version donnée dans ce poème :
– Douaihy affirme que l’ordination sacerdotale est faite après le retour des
deux franciscains au Liban, alors que le poème la situe en Italie ;
– Douaihy fait de ()ann!" le maître d’Ibn al-Qil!"#$%, alors que le poème les
présente comme camarades ;
– le poème ne relate aucun contact personnel entre ()ann!" et le patriarche
maronite et, bien sûr, ne signale aucune promesse d’épiscopat.

21. Annales/Fahd : 367-368.


22. Annales/Taoutel : 220.
409

3.15 CONTRE CEUX QUI ONT SEMÉ L’IVRAIE PARMI LES MARONITES

1 2 3
Ce poème est cité par Douaihy , Graf et Breydy .
4
Nous trouvons ce poème dans le ms. Bkerke 180 qui formait jadis une
partie du ms. Bkerke 13 ; il devait figurer également dans le manuscrit perdu
5 6
VS 249 . Il est édité par Harfouche dans la revue al-Manara .

I- Composition du poème
Le poème est incomplet ; il lui manque 3 folios entre 11v et 12r dont les
pages portent les numéros en syriaque 227-232 : folio 1(227-228), 2(229-230) et
3(231-232).
Si la moyenne des vers dans la page est de 17 vers, cela permet de déduire
que le nombre des vers manquants est à peu près 104 (17 vers x 6 pages). 22
7 8
vers sont cités par Douaihy dans son Apologie/II ; ces vers appartiennent aux
folios qui manquent dans l’actuel Bkerke 180 et trouvent leur place entre les
vers 48 et 49.
Sachant que le nombre actuel des vers est 243, le total devrait remonter à
347 vers.
Ce poème est composé selon le type dit « éphrémien », comme le dit Ibn al-
9
Qil!"#$% lui-même . Les 243 vers qui restent forment 121 distiques, chaque vers se
composant de 2 hémistiches et chaque hémistiche de 7 syllabes. Le poème est
rimé en n'(.

1. .An al-la5'!"n arm34 az-zu’*+n bil-maw*+rina : VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396 ; .An al-
la5'!"n qa$%ad34 ram!" al-z34’*+n bayn al-maw*+rinah : VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237.
Voir également Histoire/Chartouni : 154, T*+r!"&0 al-la56!"n sa.aw f!" ’ilq*+’ az-zu’*+n bayn al-
maw*+rina [L’histoire de ceux qui ont cherché à semer l’ivraie parmi les maronites].
2. GRAF, GCAL, III : 331. Il le prend pour le poème Sur les quatre conciles et commet, par le
fait même, une erreur.
3. BREYDY 1985 : 195, qui se réfère à l’édition de al-Manara.
4. F. 10v-17v.
5. II.16 : de Veritate et mendacio, adversus Jacobitas et Nestorianos : deque erroribus, quos
Jacobitae in mont Libano disseminarunt. ASSEMANI, BAV, III : 535.
6. HARFOUCHE 1931.
7. Numérotés alphabétiquement (a-v).
8. VS 395, f. 124r-126r ; Apologie/II : 254-255.
9. Aby*+t ifr*+m!"ya (vers 3).
410 Les poèmes

La structure du poème suit le schéma suivant :


____7____a ____7____a
____7____a ____7____ :'($

Notons que dans ce poème, les hémistiches ne comportent pas toujours 7


syllabes ; alors, c’est au chanteur ou au conteur de s’accorder oralement au
rythme et au mode.
D’après le contexte du poème, nous pouvons situer sa datation après 1495,
date de l’accès au pouvoir du muqaddam Y23suf.

II- Identité de l’auteur


L’identité d’Ibn al-Qil!"#$%, comme étant l’auteur de ce poème, est attestée au
v. 238 : Had!" q!"lahu 12ibr!"yil (Cela, Gabriel l’a dit), mais il s’était déjà
présenté comme étant Ibn 1;uryah (vers 89). De plus, le copiste du Bkerke 180
le nomme explicitement au début du poème.

III- La désignation des diverses communautés religieuses


Les différentes communautés religieuses, qui vivaient au Mont-Liban à
l’époque d’Ibn al-Qil!"#$%, trouvent une désignation particulière de la part de
l’auteur.
10 11 12
Les jacobites sont désignés par Ya,qu+b (Jacques), bra"d,'(yeh ou bra"d,ah
13
(ceux qui appartiennent à Baradée), as-su+rya"n (les syriens ou syriaques).
Le mot su+rya"n pourrait désigner aussi la tradition syriaque des Pères de
14 15
l’Église , comme le mot yu+na"n'( désigne les Pères latins .
16 17
Les maronites sont appelés ma"ru+n (Maron) ou ma"ru+n'( (appartenant à
18 19 20
Maron). Ils forment une milleh (nation), bayt (maison), ou /3a,b (peuple).
21 22
Les byzantins sont les ru+m et le grec est le ru+m'( .

10. Vers j, o, r, 213.


11. Vers 72.
12. Vers 77.
13. Vers 53, 111.
14. Vers 172, 186.
15. Vers 185. Le mot « grec » désigne plutôt le « latin » chez Ibn al-Qil"#$%&.
3.15 Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites 411

IV- La structure du poème


Dans ce poème, Ibn al-Qil!"#$% raconte comment, étant revenu au Mont-
Liban, il a trouvé les jacobites en train de s’emparer du pays, secondés par le
23
muqaddam #Abdel Min#im († 1495) , et comment il a essayé de raffermir ses
24
coreligionnaires dans la foi orthodoxe, c’est-à-dire romaine .

1 [v. 1-4] : Introduction.


L’auteur cherche à exprimer sa foi à travers le poème. Sa parole est vraie,
elle fait l’éloge de l’homme honnête et condamne celui qui ment.

2 [5-26] : Contre l’usurpateur.


Dans une première partie, Ibn al-Qil!"#$% attaque son adversaire en l’accusant
de corrompre les autres par sa mauvaise doctrine.
L’attaque est radicale, car l’adversaire est qualifié d’agent du diable et de
quelqu’un qui prêche sans autorisation de la hiérarchie [orthodoxe].
De plus, l’adversaire est perfide dit-il, car il enseigne le mensonge et
l’impiété ; pis encore, par son orgueil, il cherche la gloire, mais en vain, car sa
25
maison est bâtie sur le sable .

3 [27-49] : Éloge du fils de l’Église.


Dans un second volet, Ibn al-Qil!"#$% explique, en contrepartie, que « le fils de
l’Église » est quelqu’un d’obéissant qui essaie de se contenter de sa vie, sans
jamais chercher à haïr ni à mépriser les autres.

16. Vers q, 110, 114, 171, 216, 233.


17. Vers 213.
18. Vers 117.
19. Vers 171.
20. Vers 233.
21. Vers 174.
22. Vers 215.
23. VS 215, f. 100r ; VA 683, f. 72v ; Annales/Fahd : 371 ; Annales/Taoutel : 221.
24. Le contenu de ce poème est relaté dans les Annales de Douaihy. VS 215, f. 99v-100r ;
Annales/Fahd : 268-370, qui se trompe dans quelques dates et noms de personnes.
25. Mt 7, 26-27.
412 Les poèmes

Ce fils de l’Église demande toujours pardon avec une grande espérance. Ibn
al-Qil!"#$% s’identifie lui-même à cette image, et, étant quelqu’un d’instruit, il
pourra ainsi écrire et argumenter en matière de doctrine de la foi.

4 [a-v] : La rencontre d’Ibn al-Qil!"#$% avec le muqaddam.


Dans les extraits cités par Douaihy et qui manquent dans notre manuscrit,
Ibn al-Qil!"#$% raconte comment les jacobites sont venus au Mont-Liban avec Ibn
26
#A*0&6ah et comment ils ont fait tomber le muqaddam #Abdel Min#im dans leur
piège.
Secondés par ce dernier, ils sont devenus les maîtres du district de 78ubbet
[B&'arr$%] ; ils ont commencé à persécuter les maronites et à changer la doctrine et
les traditions.
C’est cela qui a amené Ibn al-Qil!"#$% à leur expédier des lettres pour
contrecarrer leurs projets. Une réponse du muqaddam lui a paru plus que
menaçante.

5 [50-54] : Le manuscrit jacobite.


La suite manque et le manuscrit reprend l’histoire au moment où Ibn al-
Qil!"#$%, après avoir été bien reçu chez le muqaddam, sort de chez lui sans avoir
pu feuilleter le manuscrit qui contient la doctrine jacobite.

6 [55-85] : La justification d’Ibn al-Qil!"#$%.


Ne pouvant pas réfuter un livre qu’il ignore, il compose un livre sur la vraie
doctrine comportant tout renseignement sur la foi. L’auteur justifie sa
composition d’un nouveau livre ; il voudrait réfuter les prétentions des
jacobites ; son livre est le fruit de la science et de la foi orthodoxe, celle de
l’Église de Rome ; c’est un recueil formé comme une corbeille de fleurs où les
paroles des Pères et la doctrine de l’Église peuvent être puisées.
Pour cela, le livre d’Ibn al-Qil!"#$% est un jugement contre tout hérétique et
tout menteur, fussent-ils de la même famille de l’auteur. Le ton monte : « Car il
est légal de tuer le menteur ; et ses livres seront brûlés. »

26. Il est présenté comme bayi. a$8na+n (un marchand de cendres d’alcali). HARFOUCHE 1931 :
808, explique que l’expression désigne le marchand d’une sorte de yaourt.
3.15 Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites 413

7 [86-170] : Le témoignage des docteurs de la communauté.


Pour examiner son œuvre, Ibn al-Qil!"#$% demande l’approbation de trois
27
témoins, comme cela est demandé dans l’Évangile du Christ . Il choisit alors
trois savants maronites, en l’occurrence le prêtre Ibr!"h$%m Dray#, son professeur
28 29 30
de syriaque , le prêtre M!"r23n de ()a&6r23n et Ibn al-(>ar$%*0ah de B!"n .
Il revient aux trois témoins de donner leur avis et leur témoignage et même
d’apposer leur signature. L’attestation des savants est vitale, parce que cela
touche à la doctrine et qu’on ne peut se permettre de faux propos.
Ibn al-Qil!"#$% s’est heurté à un refus face à ce qu’il dit et écrit, surtout en ce
qui concerne la doctrine de l’Église. Pour justifier ses propos, il a dû même
entamer toute une discussion sur les degrés sacerdotaux et leurs fonctions.
En dépit de cela, il se sent toujours en position d’accusé et demande justice.
Cette justice, l’auteur la sent hésitante. C’est pourquoi il a choisi les trois
docteurs signalés et il les exhorte encore une fois à être comme le sel et la
31
lumière, prêchés dans l’Évangile .

8 [171-187] : Le livre d’Ibn al-Qil!"#$%.


32
L’auteur expose ensuite la structure de son livre . Celui-ci est composé de
quatre chapitres ou piliers ; le premier est pris des livres des syriaques, le
deuxième relate l’histoire des siècles, le troisième renferme des réfutations
contre les jacobites et les r*+m (byzantins). Quant au quatrième, qui parle des
conciles ; Ibn al-Qil!"#$% précise qu’il a dû faire seulement des résumés pour
rendre la copie originale à son propriétaire.

27. « Ne reçois point d’accusation contre un ancien, si ce n’est sur la déposition de deux ou trois
témoins. » (1 Tim 5, 19) ; « Je vais chez vous pour la troisième fois. Toute affaire se réglera
sur la déclaration de deux ou de trois témoins. » (2 Cor 13, 1).
28. Déjà signalé. Voir chapitre II : La vie de Gabriel Ibn al-Qil*+.!".
29. Ibn al-Qil"#$%& le nomme « l’étoile du village de ,-a5'r*+n ».
30. Ibn al-Qil"#$%& dit que ce prêtre « mérite d’être appelé malf*+n (savant) ».
31. Mt 5, 13-16.
32. VS 395, f. 125r ; Apologie/II : 253 (en arabe) et 135 (en latin). Notons toutefois que Douaihy
s’est trompé en intitulant cette œuvre M*+r34n a#/-#/34b*+n!" (Le bienheureux Maron) et il se
trompe également en considérant que le livre est composé de trois parties. Le livre désigné
est l’œuvre connu sous le titre : Explication de la foi.
414 Les poèmes

Dans cet ouvrage, les témoignages et les extraits sont renvoyés à leurs
33
références tant grecques (ou latines ?) que syriaques.

9 [188-231] : Les destinataires.


Qui sont les destinataires du livre d’Ibn al-Qil!"#$% ? Ils sont les chefs
spirituels et civils du peuple maronite.

L’auteur les nomme explicitement :


34
– le patriarche Bu*0rus IV Ibn ()ass!"n ,
35
– l’évêque 78ir<=is ,
36
– le curé Sim#!"n ,
37
– le curé Ya#q23b ,
– le diacre Daniel,
– le diacre T23m!",
– le diacre F!"ris,
38
– le diacre Y23suf .
– Ces quatre derniers résident apparemment tous au monastère de
39
Qannoubine .

33. Plutôt latines.


34. Le patriarche désigné ici est plutôt le patriarche 2>im$*+n al-,-ada)A%& (1492-1524) et non Bu)!rus
al-,-ada)A%& (1458-1492). Ibn al-Qil"#$%& l’appelle Bu)!rus IV par le surnom dont on appelle tous
les patriarches maronites, comme le fait d’ailleurs Suriano dans sa lettre adressée au même
patriarche. Voir Bkerke 113, p. 180 ; VS 215, f. 99v ; Annales/Fahd : 368 ; FAHD,
Patriarches, II : 85-93.
35. 0=irBCis 23adaqn%& du village de ,-ada)A, était évêque en 1463. VS 215, f. 95r ; Annales/Fahd :
356. HARFOUCHE 1931 : 904, l’identifie comme étant 0=irBCis de 0="#BC.
36. Les Annales de Douaihy révèlent le nom d’un seul Sim$"#n à cette époque (1497) : le père
Sim$"#n Ibn al-.:aBC Y*+.:ann"# de Bnihr"#n. VS 215, f. 100v ; VA 683, f. 73r ; Annales/Fahd :
373 (lequel se trompe de date) ; Annales/Taoutel : 222. HARFOUCHE 1931 : 904, l’identifie
comme étant le curé Sim$"#n Ibn $Am%&d de ,-ada)A al-0=ubbet.
37. Les Annales de Douaihy révèlent le nom d’un seul Ya$q*+b à cette époque (1495) : le curé
Ya$q*+b de Barn"#s"#, devenu ermite à M"#r Mi./"#y%&l Q*z.:ay"#. VS 215, f. 100r ; Annales/Fahd :
371. HARFOUCHE 1931 : 904, l’identifie comme étant de ,-ada)A al-0=ubbet.
38. Aucune de ces personnes n’est identifiée.
39. Le monastère de Qannoubine est sous le patronage de la Vierge Umm al-Anw*+r (Mère des
Lumières) (vers 202).
3.15 Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites 415

Sont cités ensuite :


40
– l’évêque Ibr!"h$%m dont Ibn al-Qil!"#$% fut un élève,
41
– l’évêque Y23suf ,
42
– l’évêque Y23./ann!" al-Ifran<=$% , religieux condisciple et ami d’Ibn al-
Qil!"#$%,
43
– l’évêque D!"w23d ,
44
– ainsi que T!"dr23s évêque de Chypre qui réside à #Ayn Tawrayn .

Ceux-là sont les chefs spirituels du peuple maronite obéissant au pape


45
Alexandre .

46
Parmi les chefs civils, Ibn al-Qil!"#$% nomme Y23suf et son fils #Ass!"f.

40. Ibr"#h%&m Ibn ,-ibli5' d’Ehden, consacré évêque en 1488. Il a résidé pendant un certain temps
au couvent Saint-Jacques à Ehden, appelé le couvent des Éthiopiens. VS 215, f. 98v ;
Annales/Fahd : 365-366.
41. Y*+suf est consacré évêque de B56arr%& en 1489. VS 215, f. 98v ; VA 683, f. 72r ;
Annales/Fahd : 365-366 ; Annales/Taoutel : 219.
42. Est-ce le fameux frère Jean, condisciple d’Ibn al-Qil"#$%&, celui qui s’est noyé lors d’un
pèlerinage à Jérusalem ? Douaihy se contente de le citer en 1494 : «Y*+.:ann"# appelé ‘le
Franc’ [évêque] de $;<q*+r"# (VS 215, f. 100r ; Annales/Fahd : 370 ; « Y*+.:ann"# appelé ‘le
Franc’ » (VA 683, f. 72v ; Annales/Taoutel : 221. Voir Éloge funèbre de Jean noyé.
43. D"#w*+d al-,-ad56%&t%&, était déjà évêque en 1458. VS 215, f. 95r ; VA 683, f. 69v ; Annales/Fahd :
355 ; Annales/Taoutel : 211.
44. T"#drus de $Ayn D3awrayn est cité par Douaihy en l’année 1494. VS 215, f. 100r ; VA 683, f.
72v ; Annales/Fahd : 370 ; Annales/Taoutel : 221.
45. Alexandre VI (1492-1503). Douaihy nomme les mêmes évêques en considérant qu’Ibn al-
Qil"#$%& leur adresse son livre Mar34n a#/-#/34b*+n!" . VS 215, f. 99v-100r ; VA 683, f. 72v ;
Annales/Fahd : 368-370 ; Annales/Taoutel : 221.
46. C’est le muqaddam 0=am"#l ad-D%&n Y*+suf, fils du muqaddam $Abdel Min$im Ayy*+b ; il prit le
pouvoir en 1495. VS 215, f. 100r ; VA 683, f. 72v ; Annales/Fahd : 371 ; Annales/Taoutel :
221.
416 Les poèmes

10 [232-243] : Paroles d’adieu.


À la fin de son poème, Ibn al-Qil!"#$% confie sa prière à Dieu, afin que son
cœur soit rempli de joie par la foi du /3a,b (peuple) de Maron.
Il souhaite que tout lecteur se souvienne de l’auteur ; et que ceux qui
écoutent ce poème, grands et petits, intercèdent pour lui auprès de Dieu.
417

3.16 SUR LE MONT-LIBAN

Ce poème peut être considéré comme étant l’œuvre la plus connue d’Ibn al-
Qil!"#$%.
Douaihy le cite parmi les œuvres d’Ibn al-Qil!"#$% et l’intitule « L’histoire de
1 2
Kisrw!"n et des maronites » , « L’histoire de Kisrw!"n » , « Le poème sur
3 4 5 6 7
Kisrw!"n » . Il est cité par Graf et Breydy et édité par Carali et Gemayel .
8
Cheikho en édite également quelques fragments dans Machriq .
9
Ce poème se trouve actuellement dans les manuscrits Bkerke 117 ,
10 11 12 13 14
Beyrouth 15 , Beyrouth 630 , Faytroun 76 , Borg Ar 175 , BnF Syr. 275 ,
15 16 17 18
VS 210 , Alep 543 , Kreim D , Kreim A et il peut également avoir été cité
19
dans le manuscrit perdu VS 249 .

1. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396, Qissat Kisrw*+n wal-maw*+rneh.


2. VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237 ; VS 215, 68r ; Annales/Fahd : 269, Qissat Kisrw*+n.
3. VS 215, 50v (omis par Annales/Fahd : 206), Mid&'at Kisrw*+n.
4. GRAF, GCAL, III : 328-330. Il se réfère aux mss VS 210, Beyrouth 630, Borg Ar 175, VS
249/II-3 et Faytroun 63/2.
D’ailleurs, GRAF, GCAL, III : 331, cite une autre Collection de 12 poèmes sur les maronites,
tirée des mss Beyrouth 15 et Beyrouth 16. Cette collection correspond en fait à notre poème.
5. BREYDY 1985 : 194-195.
6. CARALI 1937.
7. GEMAYEL 1982 : 81-130.
8. CHEIKHO 1999 : 430-431, édite les strophes 225-230.
9. F. 2r-17r. Il est incomplet et se termine à la fin de la strophe 134.
10. F. 2r-10v. Il est acéphale et commence au deuxième vers de la strophe 148.
11. F. 48r-66v. Il est amputé en plusieurs endroits (entre f. 48v-49r, 49v-50r, 52v-53r, 58v-59r et
61v-62r), mutilé de la fin et se termine avec le premier vers de la strophe 198.
12. F. 174v-188v.
13. F. 66r-85v. Il lui manque plusieurs strophes (101, 127-134, 148-150), il est incomplet à la fin
et se termine avec la strophe 228.
14. F. 60r-87r. Il lui manque la strophe 17.
15. F. 34r-49v. Il lui manque la strophe 17.
16. F. 5r-34r. Il est acéphale et commence au deuxième vers de la strophe 24 ; il lui manque la
strophe 101.
17. F. 11r-24v. Il est acéphale et incomplet de la fin (il comporte les strophes 33-287).
18. F. 1r-34r.
19. ASSEMANI, BAV, III : 535, Gabrielis Barclaii, Carmina arbica, de diversis. 3- De monte
Libano et Maronitis.
418 Les poèmes

20
Il est nommé par les copistes : « Poème sur Kisrw!"n » , « Poème sur
21 22 23
l’apparition de l’islam » , « Sur les chrétiens » , « Du livre de l’histoire » .
Dans sa description du ms. Beyrouth 15, Cheikho l’intitule : « Sur l’origine de
24
la nation maronite » . Il est appelé par le copiste du manuscrit « Poème sur
25
Kisrwan » . Harfouche lui donne pour titre : « Les guerres des maronites et leur
26
histoire » .
Le copiste du Faytroun 76 présente une introduction dans laquelle il dit que,
à cause des péchés de fornication et d’ivrognerie, commis par les chrétiens,
Dieu a permis que l’islam domine et détruise leurs contrées jusqu’au Mont-
Liban.
Dès le début de l’historiographie maronite, ce poème est utilisé comme
étant une histoire vraie et crédible. Telle est l’utilisation du poème par
27 28
Douaihy , Naironus et beaucoup d’autres.
29
Au début du XIXe siècle , An*023ny23s Ab$% (>a*0*0!"r al-#Ayn*023r$%n$% compile un
30
livre d’histoire , dans lequel il essaie de fournir, en prose, un résumé de ce
31
poème qu’il intitutle : Un précis de l’histoire de 12ibr!"y'(l al-Qil!",'( al-Le%&fd'( .
Ce « précis » ajoute plusieurs informations concernant les personnes et les
événements, voulant rendre le texte d’Ibn al-Qil!"#$% plus compréhensible. Du
coup, il répète toutes les histoires non confirmées et les répand parmi un public
assoiffé de légendes et d’histoires héroïques.
S’agissant de la critique historique, ce poème est analysé d’une manière
32
sommaire dans l’édition de Qara#l$% avant d’être dépouillé dans les écrits de

20. Mad!"&'at Kisrw*+n : Beyrouth 15 et Faytroun 76 dans l’entête des folios ; Beyrouth 630.
21. .Al*+ K'uh34r al-isl*+m : Faytroun 76.
22. .Al*+ an-na$%*+r*+ : Borg Ar 175.
23. Min kit*+b at-taw*+r!"&0 : BnF Syr 275, VS 210.
24. CHEIKHO 1913 : 221.
25. Beyrouth 15, l’entête de folio 3r : Mad!"&'at Kisrw*+n.
26. (Dur34b al-Maw*+rina wa t*+r!"&0uhum : Kreim D.
27. Comme dans les Annales (VS 215, f. 50v, 69rv, 74v-75r, 100r ; Annales/Fahd : 205-206,
269-272, 286-287, 371) ; Apologie/I : 105-106 et Apologie/II : 178-195, 197, 203, 211, 243
et 256.
28. NAIRONUS 1679 : 51-52, 56-58, 60-61, 69-70, 82-86, 98-100, 102-103, 105-107.
29. En 1819 d’après l’introduction du livre.
30. Abi ,9a)!)!"#r 1953.
31. Mu&0ta$%ar t*+r!"&0 :;ibr*+y!"l al-Qil*+.!" al-l!"&'fd!&, ABI ,9A!!! " # 1953 : 86-96.
! R
32. CARALI 1937.
3.16 Sur le Mont-Liban 419

33 34
Salibi . Récemment, un article de Matar-Nehmé a essayé de reprendre
l’analyse historique du texte, mais cette tentative s’est contentée de reproduire
ce qui fut dit auparavant, en y ajoutant juste quelques grains d’esprit
philosophique voire poétique.
Ibn al-Qil!"#$% est bien l’auteur de ce poème bien qu’il ne s’y nomme pas
explicitement, il se considère comme étant « le fils de Le./fed » (v. 469) ; la
35
plupart des copistes le considèrent ainsi .
Le vocabulaire utilisé révèle son style propre ; les événements relatés, les
noms des personnages cités, la complexité des dates et surtout leur inexactitude,
sont tous des indices bien spécifiques du style d’Ibn al-Qil!"#$%.
36
Ce poème est composé selon la mélodie dite « éphrémienne » ; il est censé
37
être chanté ; il comporte 295 distiques. Chaque vers est composé de 2
hémistiches, chaque hémistiche de 7 syllabes. Il est rimé en !"n.
La structure du poème suit le schéma suivant :
____7____a ____7____a
____7____a ____7____ !"n

Ce poème est considéré comme l’un des jalons les plus importants dans la
38
formation de l’identité maronite au Mont-Liban . Nous n’allons pas en
proposer une analyse détaillée, car cela demanderait toute une étude de sources
39
qui n’est pas à notre portée et qui alourdirait le présent travail .

33. Surtout SALIBI 1991.


34. Matar-Nehmé 2003.
35. Bkerke 117, Faytroun 76, Borg Ar 175, Kreim A.
36. Faytroun 76, Kreim A.
37. « Nous louons avec le parfum des chants » (§ 1).
38. Signalons seulement que la plupart des livres, relatant l’histoire des villages libanais ou celle
des maronites, reprennent les informations relatées dans ce poème comme étant des faits
historiques. Signalons également que des bandes dessinées sont tout aussi composées à partir
de l’histoire fournie dans ce poème.
39. Kamal Salibi figure parmi les historiens ayant beaucoup travaillé sur le contenu de ce
poème : SALIBI 1957, SALIBI 1968, SALIBI 1991, SALIBI 1992. GRAF, GCAL, III : 328-330,
essaie également de l’analyser et il note qu’il est difficile de trancher entre les traditions
incertaines et la pure production imaginaire du poète (p. 329). Voir également RUGGIERO
1992.
420 Les poèmes

Nous nous contenterons donc de présenter ce poème dans ses traits


principaux, en signalant quelques détails nécessaires à la compréhension du
texte.

La structure du poème :
1 [§ 1-3] : Préambule.
C’est par l’énoncé « Au nom de Dieu le Miséricordieux », que l’auteur
entame son histoire. Il est étonné de voir comment passent les siècles et
combien sont nombreux les événements de la vie des hommes qui ne laisseront
de traces que celles inscrites « sur les lignes » [des livres].
40
C’est pourquoi ces livres d’histoire s’attachent à raconter ce qui s’est
passé chez les habitants du Mont-Liban.

2 [4-18] : La situation interne.


Les habitants du Mont-Liban ont leurs rois et héros qui défendent leur pays
et leurs villages.
Le Mont-Liban est nommé « la montagne de Dieu » et Dieu élit celui qui est
41
le plus humble pour gouverner les pays. Ce gouverneur a également le rôle
d’établir la sécurité et la justice dans le pays ; ainsi il juge selon les lois de
l’Église de Rome. Beaucoup de gens fuient leurs pays pour venir se convertir et
vivre au Mont-Liban.
Les gens du pays sont tous maronites : pas de schismatiques, pas de
musulmans et pas de juifs. Tous ont la même foi, propre et limpide ; le
patriarche et le gouverneur sont comme des frères.

3 [19-24] : Le noyau géographique.


Selon l’auteur les premières installations des maronites en tant que groupe
politique et religieux distinct est dans le district actuel du Metn. Il nomme

40. At-tawa+r!"h0. Douaihy raconte qu’il puise beaucoup d’informations relatant l’histoire des
maronites et de leurs rois dans un manuscrit copié en 1315. Douaihy appelle sa source
l’histoire ancienne. Voir Apologie/I : 88.
41. L’auteur utilise le mot mith0ammin dérivant du syriaque æđáØ!e qui signifie « cacher ». Est-ce
une allusion à l’hymne de Marie dans Luc : « Il a renversé les puissants de leurs trônes, et il
a élevé les humbles. » (Lc 1, 52) ?
3.16 Sur le Mont-Liban 421

plusieurs localités où sont édifiées des fortifications ou créées des institutions


sociales et installés les sièges des évêques.

4 [25-30] : La mort du « roi ».


Le « roi » s’installe dans le village de Baskint! d’où il envoie ses soldats
piller la vallée de la Beq!"# et tuer ses habitants. Après cette victoire, il s’établit à
Qub Ely!"s dans la Beq!"# jusqu’au jour où le sultan lui envoie une délégation
officiellement chargée de l’honorer et de le décorer.
L’envoyé du sultan offre un festin et lorsque tout le monde est ivre, il fait
tuer le roi, piller et brûler tout le village. Le roi est enterré à Qub Ely!"s et son
42
nom voué à l’oubli, car il est mort ivre .
À partir de ce moment, les musulmans règnent sur la Beq!"#.

5 [31-36] : La bravoure de Sim#!"n.


Sim#!"n, le neveu du roi, prend le commandement de l’armée et réussit à
43
vaincre les armées du sultan. La guerre dure trente ans , pendant lesquels la
bravoure des soldats maronites brille sur tous les fronts.
À cause des sièges et de la guerre qui se prolonge, les routes sont coupées et
les soldats maronites doivent battre en retraite à Antélias ; c’est alors que
Sim#!"n sait démontrer sa bravoure encore une fois : il fonce avec mille cinq
cents hommes et décime l’armée musulmane.

42. Douaihy nomme ce roi Y*+.:ann"# lequel, d’après un ancien manuscrit copié en 1315, a pu
pénétrer avec ses armées jusqu’à Jérusalem. Mais, une trêve conclue entre Justinien et $Abdel
Malik Ibn Marw"#n impliquait le retrait des troupes rebelles du Mont-Liban, Y*+.:ann"# a
refusé d’obéir et, ainsi, Justinien a dû envoyer des agents le tuer selon l’histoire déjà citée.
Voir Apologie/I : 99, 102, 105-106.
En fait, en 689, la paix fut conclue entre Justinien II et $Abdel Malik ; les Mardaïtes se
retirèrent alors de la Syrie. Parallèlement, Abdel-Malik fit aussi un autre traité avec les
0=ar"#BCima, mais peu après il complota contre eux et tua leur chef. Voir CHALHOUB 1999 :
138-141.
43. Seuls les manuscrits VS 210 et BnF Syr 275 mentionnent trois ans au lieu de trente.
422 Les poèmes

6 [37-45] : Le règne de Sim#!"n.


Après cette victoire, Sim#!"n est accueilli par le patriarche et, ensemble, ils
se rendent au palais du roi de Jbeil. Ce dernier prépare une réception
somptueuse pour fêter le grand succès réalisé.
44
Quarante évêques mandés par le patriarche se réunissent pour oindre et
investir Sim#!"n dans le gouvernement du Kisrwan.
Après de nombreuses années d’un gouvernement juste et prospère, Sim#!"n
meurt et il est inhumé à Baskinta.

45
7 [46-59] : Le règne de Kisr!" .
46
Kisr!" perpétue les gloires de son prédécesseur. Il entre à Constantinople
47
pour y jurer obéissance à l’empereur byzantin , lequel le consacre et l’investit
du gouvernement du pays. Son retour est célébré dans la joie par tous les
habitants de son fief qui, désormais, prend le nom de Kisrwan (en rapport avec
le nom Kisr!").
Le muqaddam K!"mel de Le./fed, qui s’illustre par l’audace de ses
entreprises contre la Beq!"#, épouse la fille de Kisr!"54

8 [60-82] : Le sac de Kisrwan.


Le diable qui est le père de toute tyrannie ;

A vu que le peuple de M"#r*+n était content ;

Il l’a envié et l’a accablé de malheur.

L’histoire commence avec deux moines qui prétendent que le Christ n’a pas
d’âme ni de nature qui souffre et éprouve des sentiments ou des sensations. Le
48
patriarche L23q!" de Bnihr!"n s’aligne sur leur position et refuse d’accueillir le

44. Ils dirigent le pays des maronites, qui s’étend entre Bil*+d ad-Drayb ($Akk"#r) et Bil*+d a$8-1B34f.
45. Douaihy relate l’histoire de Kisr*+ d’après l’ancien manuscrit copié en 1315. Apologie/I : 99.
46. Is#/anb34l.
47. Malek ar-R34m.
48. Douaihy traite le cas de L*+q"# dans le neuvième chapitre de son Apologie/II : 178-195. Il
réfute la thèse d’Ibn al-Qil"#$%& qui accuse ce patriarche d’avoir suivi l’apollinarisme. Il conclut
qu’Ibn al-Qil"#$%& « n’a pas voulu décrire l’histoire des maronites, mais plutôt prêcher le
muqaddam $Abdel Min$im et tous ceux qui ont laissé la foi de leurs pères et suivi les
jacobites ». Apologie/II : 182. Sur ce personnage, voir BAROUDI 1994 et BAROUDI 1998.
3.16 Sur le Mont-Liban 423

légat du pape. Cet entêtement entraîne la division parmi les maronites. Le pape
excommunie les rebelles, mais personne ne veut rien écouter.
Le sultan Barq23q profite de la situation et envoie ses armées conquérir le
49
pays. Ainsi le Kisrwan est dévasté et ses habitants exterminés :
Un pays fou et de l’herbe desséchée ;

Pendant sept ans, aucun animal n’y piétine ;

Celui qui cultive ou qui égrène les épis ;

N’arrive pas à atteler les bœufs de labour.

9 [83-104] : Le voyage du patriarche Irmy!" à Rome.


50
Le roi de Jbeil s’entend avec le patriarche Irmy!" al-#Am&'$%t$% , afin que ce
dernier se présente en personne devant le pape pour demander pardon au nom
de tout son peuple et pour solliciter son aide.
Le patriarche entre à Rome dans de pauvres habits de vagabond, ce qui
émeut le pape et ses collaborateurs. Le patriarche lui dit :
Je viens voir Votre Sainteté ;

Et prendre la bénédiction à vos pieds ;

Je me prosterne et me soumets à vous ;

Je meurs obéissant et je vis sous votre regard ;

Sans discuter par la raison des hommes ;

Mon peuple se soumet à vous ;

Et il est obéissant à vos pieds ;

Tout ce que vous ordonnez, il l’entend [l’exécute] ;

Pour la cause de la foi.

49. Douaihy situe ces événements en 1308. Apologie/II : 191-192. KATTAR 1998, analyse toutes
les sources qui ont signalé ce raid.
50. Déjà identifié dans Collection des bulles adressées aux maronites.
424 Les poèmes

Le pape est très content du patriarche et de son acte de foi ; il veut même
assister à sa messe. Au moment de l’élévation, l’hostie reste immobile et
suspendue seule. Tout le monde, y compris le pape, en est témoin.
Ainsi, après un séjour de cinq ans à Rome, le patriarche retourne au Mont-
51
Liban, accompagné par le cardinal Guillaume , délégué par le pape pour sceller
52
le testament de la foi des maronites .

10 [105-115] : L’acte de foi des maronites.


Le retour du patriarche Irmy!" au Mont-Liban a lieu en mars 1215. Il arrive à
53
Tripoli où son vicaire l’évêque T!"dr23s de Kfarf23 4 a déjà préparé pour eux un
accueil exceptionnel. Tout le monde écoute l’acte de foi du patriarche, prête
serment d’obéissance et appose sa signature au document.
Le testament scellé comporte l’acte de foi concernant les affirmations
suivantes : le Christ possède une nature divine qui est exempte des souffrances
et de la mort ; il possède une nature humaine qui est susceptible de mourir ; il
est divinement complet et humainement complet ; il possède une nature propre
pour le divin et une nature propre pour l’humain. Ces deux natures sont unies
dans la personne même du Christ.
54
270 personnes signent cet acte . Le patriarche Irmy!" meurt en 1230 et est
inhumé à Mayfouq.

11 [116-119] : La dissidence de 78ubbet al-Mnay*0ra.


Après la mort du roi de Jbeil, son fils lui succède. Mais étant encore tout
jeune, il est secondé par le muqaddam Ba.123s. Les gens de 78ubbet al-Mnay*0ra et
les habitants de Le./fed entrent en dissidence à cause de leurs différends avec le
nouveau roi. Ils élisent un muqaddam et un évêque.
Cet événement contraint le patriarche, qui est originaire du village de
55
,-!"m!"t , à quitter son siège et à séjourner près du village de Kf$%f!"n.

51. Voir Lettre au patriarche 1Bim.34n al-(Dada#F!".


52. La tradition maronite locale fait de ce patriarche un saint comme en témoigne le ms.
Beyrouth 57. Voir MOUBARAC, Pentalogie, II/1 : 6.
53. Ce personnage est déjà mentionné dans la bulle d’Innocent III (1215). Voir Collection des
bulles adressées aux maronites ; Lettre au patriarche 1Bim.34n al-(Dada#F!".
54. Ibn al-Qil"#$%& note que l’acte de foi des maronites était toujours conservé de son vivant.
3.16 Sur le Mont-Liban 425

12 [120-122] : Le sultan à Q!"d$%&'!".


Un sultan déchu se trouvant dans la vallée de la Q!"d$%&'!" est invité à dîner par
un moine de cette contrée-là. Il est tellement surpris de la vie que mènent les
moines que lorsqu’il remonte sur le trône, il envoie rebâtir le couvent de
Qannoubine et permet à tous les habitants de la vallée de bâtir leurs couvents et
56
leurs cellules avec l’argent du sultan .

13 [123-134] : La destruction du village de ()ada*+.


Cette situation conviviale permet à beaucoup d’étrangers de pénétrer dans le
Mont-Liban. Quarante musulmans déguisés en moines s’installent dans le
village de B!"n pour massacrer les habitants du pays.
Leur ruse est démasquée ; les chefs du village de ()ada*+ livrent bataille et les
chassent. Cet incident déclenche une guerre qui dure sept ans entre les gens du
village de ()ada*+ et les musulmans.
À la fin, un traître fait pénétrer les musulmans dans ()ada*+. Le village
57
comportait 1700 maisons toutes détruites et leurs habitants massacrés .

14 [135-143] : La réorganisation du pays maronite.


Les maronites procèdent à l’élection d’un muqaddam à B&'arr$% et le dotent
de pouvoirs exceptionnels. Il a le rôle de gouverner et de maintenir la sécurité
58
entre ()ard$%n et Qarn Ay*023 4 ; il a l’obligation de chasser tout musulman, tout
59
schismatique et tout étranger ; il est ordonné sous-diacre . Ce muqaddam est
60
ensuite nommé k!"/3if! .

55. Le patriarche Daniel de 2>am"#t. Apologie/II : 186 (1230).


56. L’historiographie mamlouke ne conserve aucune trace concernant cette histoire.
57. Sur la destruction du village de ,-ada)A al-0=ubbet, voir BAROUDI 1994.
58. C’est la délimitation de la 0=ubbet B56arr%&.
59. Douaihy explique que le sous-diaconat est donné aux muqaddams, afin que leur « dignité ne
soit pas diminuée chez les croyants et qu’ils ne soient pas trop considérés par les nations
étrangères ». Apologie/III : 276-277.
60. Le poste de k*+$8if fait partie de l’administration mamelouke qui, elle, nomme les k*+$8if dans
les nay*+b*+t. Voir KATTAR 1998 : 276-283.
426 Les poèmes

15 [144-149] : Le muqaddam S!"lim.


61
Son fils, le muqaddam S!"lim , est un homme cupide et cruel. Il permet à
beaucoup d’étrangers d’habiter le Mont-Liban, ce qui cause sa perte. Le peuple
se révolte et une bonne partie de son armée déserte. Le muqaddam est
excommunié.

16 [150-155] : Le sac de Tripoli.


Les musulmans, sachant le pays divisé, attaquent Tripoli et réussissent à la
62
prendre .

17 [156-175] : Les batailles glorieuses.


Le roi de Jbeil prend peur et, après avoir évacué les habitants de sa ville,
l’incendie pour empêcher les musulmans de la conquérir.
Ayant appris cette catastrophe, les muqaddams accourent avec une armée de
trente mille hommes et prennent positions contre les musulmans.
La suite n’est qu’une légende héroïque chantant la bravoure des
63
combattants maronites, qui finissent par exterminer toute l’armée musulmane .

18 [176-190] : Le k!"&'if Nq23l!".


Les muqaddams procèdent ensuite au partage du lourd butin qu’ils ont
confisqué. Toutefois, ils refusent de donner la moindre portion au muqaddam de
B&'arr$% considéré comme traître.
Ils veulent même le condamner et demandent au patriarche de désigner
quelqu’un d’autre à sa place. Le nouveau k!"&'if, Nq23l!", est désigné par le
patriarche après une inspiration divine révélée par la bouche d’un enfant.

19 [191-199] : L’ère de la prospérité.


Le règne de Nq23l!" est une période de réussite et de prospérité :

61. Personnage inconnu en dehors de ce poème.


62. La chute de Tripoli eut lieu en 1289. Voir les détails des massacres et du pillage dans
RONCAGLIA 1954 : 56 et 91.
63. Cet épisode est évoqué par Douaihy, qui le situe en 1293, dans son Apologie/II : 190-191.
3.16 Sur le Mont-Liban 427

Les musulmans ont eu peur ;

Les hérétiques sont partis ;

Les muqaddams excellaient par leur union ;

Et sécurisaient le Mont-Liban.

Pendant quarante ans, c’est l’abondance du bien et du bonheur surtout au


niveau de la vie érémitique qui s’épanouit dans la vallée de Qannoubine.

20 [200-204] : L’ermite Élisée.


Un certain ermite du nom d’:;l$%&'!"# (Élisée) s’enorgueillit de sa science et
commence à enseigner ce qui est contraire à la foi de ses ancêtres. Il sème un
grand trouble, mais un jour, il tombe du haut d’un lieu escarpé et « le démon
64
prend son âme » .

21 [205-217] : Le patriarche déchu.


Le trouble semé par Élisée se répand dans tout le pays et même le patriarche
« avale le poison ». Une scission éclate entre le 78ubbet (B&'arr$%) qui suit le
patriarche et le pays de Jbeil qui n’accepte pas le changement dans la foi.
Les musulmans recommencent à profiter de la situation : ils attaquent les
villages, pillent les récoltes et réussissent même à convertir un certain nombre
65
de chrétiens à cause de tous ces doutes concernant la foi .
Le résultat est néfaste et catastrophique : les musulmans conquièrent tout le
pays de la M!"r23ny!" (le pays des maronites).
66 67
Le patriarche renégat meurt déchu . Un prêtre du village de ()<=23l!" 4est élu
à sa place.4Les musulmans l’arrêtent, et, en s’appuyant sur les faux témoignages

64. Douaihy réfute cette version et défend la sainteté de l’ermite Élisée. Apologie/II : 197, 203-
204. Mais, dans son Apologie/III : 243-244, il admet la version d’Ibn al-Qil"#$%&.
65. Douaihy situe ces événements vers 1363. Apologie/II : 206-207.
66. Douaihy, qui nomme ce patriarche D"#w*+d, défend son orthodoxie et le loue en niant toute
possibilité de corruption ou d’hérésie. Apologie/II : 204-205. Mais dans son Apologie/III :
243-244, il admet la version d’Ibn al-Qil"#$%&.
67. Gabriel de ,-BC*+l"#.
428 Les poèmes

de quarante chrétiens, ils l’accusent d’apostasie et de fornication et le font


68
brûler vif .

22 [218-222] : La relance.
69
C’est Aiméric qui sauve la situation en calmant les esprits et en
intercédant auprès du pape pour les bénir de nouveau. Les maronites élisent un
nouveau patriarche qui réside à Notre-Dame de H!"b$%l (dans la région de Jbeil).
70
Après lui, c’est Y23./ann!" al-78!"<=$% qui est élu patriarche ; il envoie une lettre au
pape et reçoit de lui le pallium.

23 [223-231] : La crise jacobite.


Plusieurs phénomènes contribuent à l’éclatement de la crise jacobite : la
faiblesse du patriarche Ya#q23b al-()ada*+$% (1445-1458) face au muqaddam
71 72
#Abdel-Min#im († 1469) , devenu jacobite, et surtout le zèle d’Ibn ,-a#b!"n qui
73
attise l’hérésie à ()ard$%n avec l’évêque jacobite #?s!" .
L’auteur s’étend ensuite sur le comportement des jacobites qui corrompent
les gens du Mont-Liban : ils se signent avec un seul doigt, nient le quatrième
concile [celui de Chalcédoine] et s’insurgent contre le pape Léon et contre
l’empereur Marcien.

24 [232-241] : La déchéance de Le./fed.


L’auteur déplore le sort de Le./fed, son village natal. Deux religieux
originaires de ce village, devenus jacobites, conduisent beaucoup d’autres gens
vers cette hérésie.

68. Apologie/II : 208 (vers 1363) ; voir également MOUKARZEL 2006.


69. Ibn al-Qil"#$%& dit dans sa Lettre au patriarche 1Bim.34n al-(Dada#F!" que cet émissaire est un
religieux des frères prêcheurs et qu’il se rend chez les maronites avant le concile de Florence
(1439). Voir également Apologie/II : 195.
70. Voir Collection des bulles adressées aux maronites. Douaihy édite les strophes concernant
ce patriarche dans Apologie/II : 211.
71. Voir VS 215, f. 96r ; VA 683, f. 70v ; Annales/Fahd : 358 ; Annales/Taoutel : 213.
72. Il est du village de ,-ard%&n. Voir Lettre aux habitants du Mont-Liban.
73. C’est l’évêque $7Es"# Ibn(F3aw. Voir BCHEIRY 2003.
3.16 Sur le Mont-Liban 429

25 [242-272] : Réprimandes au Mont-Liban.


Ibn al-Qil!"#$% réprimande le Mont-Liban, métonymie de tous les maronites. Il
le met en garde contre tous les péchés commis chaque jour par ses habitants ; il
le menace du châtiment de Dieu qui, à la fin, fera justice.
Le Mont-Liban doit se convertir et revenir à la foi de ses ancêtres sinon les
ennemis le soumettront pour toujours.
Toutes les assertions selon lesquelles le Mont-Liban ne sera jamais attaqué
par les ennemis sont à présent une absurdité :
Ils disaient que jamais le Mont-Liban ;

Ne sera infiltré par les ennemis ;

Car les saints implorent pour lui ;

Ainsi que les prières des prêtres et des religieux ;

Ils n’ont pas compris que la barque est cassée ;

Et que le complot est intra muros ;

Les ennemis y entrent sans aucune loi.

26 [273-293] : Menaces contre le village de B&'arr$%.


Ibn al-Qil!"#$% essaie d’inciter le village de B&'arr$% à se lever contre les
hérétiques qui ont pénétré dans ses quartiers.
Il est clair qu’à cause des péchés commis par les habitants du village, Dieu a
permis que la situation se dégrade : les maisons sont brûlées, les privilèges sont
74
abolis et les manuscrits sont jetés, etc.
Pour que Dieu donne de nouveau sa bénédiction aux habitants, il faut
absolument que le village de B&'arr$% se distancie des jacobites et qu’il expulse
tous les étrangers.

27 [294-295] : La fin.
À la fin de ce poème, Ibn al-Qil!"#$%4promet de prier pour le village de B&'arr$%,
afin qu’il retrouve son éclat d’antan.

74. Ces informations sont utilisées par Douaihy dans son Apologie/II : 243 et 256.
430 Les poèmes

Ainsi, il termine son poème par cette strophe :


[Ces événements] sont écrits dans les larmes ;

Et sont tirés des [livres] de l’Histoire ;

[Ils couvrent] six cents ans ;

Qui correspondent à l’ère de M"#r*+n dans le Mont-Liban.


431

4- Les œuvres qui « probablement » appartiennent à Ibn


al-Qil!"#$%

4.1 Poème sur Abraham


4.2 Poème sur saint Chayna
4.3 Poème sur Joseph le beau
4.4 Poème sur saint Antoine le Grand
4.5 Poème sur sainte Barbe
4.6 Poème sur les sciences et les astres
4.7 Poème sur la Vierge debout sous la Croix
4.8 Poème sur la Trinité
432
433

4- LES ŒUVRES QUI « PROBABLEMENT » APPARTIENNENT À IBN AL-


QIL!!""#

Dans ce chapitre, nous comptons décrire quelques œuvres que divers


auteurs attribuaient à Ibn al-Qil!"#$%, mais qui ne comportent pas les indices
suffisants pour que nous les introduisions dans le corpus de notre auteur.

4.1 Poème sur Abraham


1 2 3
Ce poème est attribué à Ibn al-Qil!"#$% par Douaihy , Graf et Breydy . Il se
4
trouve actuellement dans le manuscrit Beyrouth 630 où il est intitulé Mad'(%&a
,al!" Ibr!"h'(m waqt dab%& ibnihi Is%&!"q wa ,al!" a/0-/0abr [Poème sur Abraham lors
du sacrifice de son fils Isaac et sur la patience].
Ce poème raconte l’histoire d’Abraham et de son fils Isaac selon la version
5
biblique relatée dans la Genèse ; il décrit comment Dieu a demandé à Abraham
de sacrifier son fils et comment Abraham se disposa à tuer son fils pour obéir à
Dieu, etc.
Il est écrit selon la mélodie « éphrémienne » et comporte dans son état
actuel 92 distiques, chaque vers comportant 2 hémistiches, de 7 syllabes chacun.
Le poème est rimé en b'%4:
____7____a ____7____a
____7____a ____7____ <'(

Ibn al-Qil!"#$% ne se présente pas comme l’auteur du texte ; c’est un certain


Mi.1!"@$%A qui se nomme et note à la fin du poème :
Je l’ai écrit moi le misérable ;

Dont le prénom est m, ./, a dans le mépris ;

1. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, Ibrah!"m al-
&0al!"l [Abraham, l’Ami de Dieu]. Voir également Histoire/Chartouni : 153.
2. GRAF, GCAL, III : 332. Il cite le ms. Beyrouth 630.
3. BREYDY 1985 : 196. Il reprend Graf en ajoutant faussement le ms. Bkerke 13(101).
4. F. 134r-143r. Des folios y manquent entre 135v-136r et 140v-141r.
5. Chapitre 22.
434 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

6
Et 10 [i] et 30 [l] est appelé ;

Et son esprit est étourdi dans les livres.

Le regroupement des lettres m, .1, a, avec les chiffres 10 (i) et 30 (l), permet
de déduire le nom M.1!"$%l (Michel).
7
Sachant que le copiste du ms. Beyrouth 630 s’appelle M.1!"y$%l de Bseb#el ,
nous nous demandons si le nom attesté dans le poème désigne l’auteur du
poème ou plutôt le copiste.
Dans l’état actuel de la recherche, et dans l’absence d’autres indices
manuscrits ou d’une analyse sémantique, nous ne pouvons décider si ce poème
appartient vraiment à Ibn al-Qil!"#$% ou à quelqu’un d’autre.

4.2 Poème sur saint Chayna (!"ayn#$)


8 9 10
Ce poème est attribué à Ibn al-Qil!"#$%4 par Douaihy , Graf et Breydy . Il se
11 12
trouve actuellement dans les mss Sbath 340 et Kreim 21 .
Il est constitué de 21 distiques selon Sbath 340, alors que Kreim 21 en
ajoute 3 à la fin. Chaque vers comporte 2 hémistiches, de 10 syllabes chacun.
Le poème est rimé en m'% :
____10____a ____10____a
____10____a ____10____ ='(

13
C’est l’histoire classique de saint Abraham le brigand, surnommé ,-ayn!" .
Ibn al-Qil!"#$% ne se présente pas comme étant l’auteur du poème. Le ms.

6. N’oublions pas que l’alphabet syriaque est utilisé également pour les nombres.
7. F. 74v, 89v.
8. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, M*+r 1Bayn*+ al-
&'ar*+m!" [Saint 2>ayn"# le brigand]. Voir également Histoire/Chartouni : 154.
9. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère à Histoire/Chartouni : 154, mais le nomme faussement
2>ayna de l’Arabie.
10. BREYDY 1985 : 197. Il cite le ms. Kreim 21 et également, mais sans raison, le ms.
Bkerke 13(101). En parlant de la vie de saint 2>ayn"#, Breydy se réfère à la revue al-Manara
4(1933) : 144, pour citer faussement le ms. de Ser$el au lieu du premier ms. de Qn"#t.
11. F. 106r-107v.
12. F. 7r-9v : il est acéphale et commence au deuxième vers de la strophe 10. Nasrallah, dans son
catalogue, ne le reconnaît pas et considère seulement qu’il s’adresse à un martyr.
NASRALLAH 1963 : 22.
4- Les œuvres qui « probablement » appartiennent à Ibn al-Qil"#$%& 435

Sbath 340 ne fournit aucune information, tandis que le ms. Kreim 21 révèle à la
fin que l’auteur est un certain BCaw de Le./fed.
La question qui se pose est de savoir si le prénom BCaw est celui de Gabriel
Ibn al-Qil!"#$% avant de devenir religieux, ou s’il désigne un auteur différent,
originaire du même village d’Ibn al-Qil!"#$%. Dans l’état actuel de la recherche, il
est impossible de se prononcer à ce sujet.

4.3 Poème sur Joseph le beau


14
Ce poème chante la vie de Joseph, fils de Jacob et de Rachel ; il se trouve
15 16 17 18 19
dans les mss Bkerke 117 , Sbath 340 , BnF Syr. 275 , VS 210 et Bkerke 180 .
20 21
Il est appelé poème ou légende , selon les différents manuscrits. C’est un
poème très long, composé de 564 distiques, chaque vers comportant 2
hémistiches, de 7 syllabes chacun. Le poème est écrit selon la mélodie
22
« éphrémienne » et il est rimé en !"r :
____7____a ____7____a
____7____a ____7____ !"r

Nous n’avons aucune mention de l’auteur du poème. Seul le manuscrit


VS 210 fait mention d’Ibn al-Qil!"#$% comme étant l’auteur de ce poème. En
23
analysant ce poème, Breydy considère que le titre Min qawl 12ibr!"yil al-
Qil!",'( [ex dictis Gabrielis Barclai], qui introduit le poème, est apparemment
l’invention de Y23suf Basl23q$%t$%, le scribe de l’ensemble du manuscrit.

13. SAUMA 1994, I : 34-35.


14. C’est l’histoire de Joseph telle qu’elle est relatée dans la Bible (Gn 30, 22-50, 26).
15. F. 29r-34r, incomplet de la fin.
16. F. 108r-148r.
17. F. 1r-60r.
18. F. 2r-32v. Breydy note faussement f. 1r-31v.
19. Nous ne possédons de ce poème qu’une seule page qui figure au f. 44v, le reste est mutilé.
20. Mad!"&'a : Bkerke 117, Sbath 340 et Bkerke 180.
21. Qi$%$%at : BnF Syr 275 et VS 210.
22. Le copiste du Bkerke 180, f. 44v, note : bila&'n m*+r Ifr*+m as-sury*+n!" (selon la mélodie de
saint Éphrem le Syriaque).
23. BREYDY 1985 : 193-194.
436 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

24 25
Douaihy attribue ce poème au patriarche M23s!" al-#Akk!"r$% († 1567) , mais
26
sans s’appuyer sur aucune preuve ; il est repris par Assemani .
Toutefois, nous avons plusieurs informations permettant de mettre en doute
l’attribution de ce poème au patriarche al-#Akk!"r$% et de le considérer comme
faisant partie du corpus d’Ibn al-Qil!"#$% :
L’avant dernière strophe du poème dit :
a : bi alf watm*+n m*+yih nq*+lit, [en 1800 est dite (la mad%&.:"#)]

b : mnil-qu$%$%ah ay5'an n$8*+lit, [de la légende aussi est prise]

c : bsab.a wsitt!"n nq*+lit, [en 67 (elle) est dite]

d : min sin!"n F!"l!"f34s al-Iskand*+r [des années de Philippe d’Alexandre].


27 28
Cette lecture a permis à Breydy et à un lecteur du VS 210 (probablement
Assemani ?) de conclure que ce poème est écrit en 1867 d’Alexandre, ce qui
équivaut à l’année 1556 de l’ère chrétienne.
Nous proposons une autre lecture pour les hémistiches a et c :
29
a : bi alf watm*+n m*+yih nq*+lit [en 1800 (elle) est dite].
30
c : bsab.a wsitt!"n nnaq*lit [en 67 (elle) est copiée].

Cette lecture conduit à dater la composition du poème en 1800 d’Alexandre


(1489) et sa copie en 1867 d’Alexandre (1556).
Si cette hypothèse se révèlait vraie, nous pourrions aisément attribuer ce
poème à Ibn al-Qil!"#$%, comme l’a déjà fait le scribe du VS 210.
Ajoutons que la composition métrique, la morphologie et la sémantique
utilisées sont très proches de celles de notre auteur.

24. VS 215, f. 115 ; Annales/Fahd, 429. La version courte des Annales ne contient pas cette
information (VA 683, f. 87v).
25. Sur la vie de ce patriarche, voir les Annales de Douaihy : VS 215, f. 115 ; Annales/Fahd,
429 ; FAHD 2001 : 35-59.
26. ASSEMANI, BO, I : 522.
27. Breydy 1985 : 194.
28. F. 32v : composita An. Alex 1867, Chr 1556.
29. Est dite : !"#$%&.
30. Est transcrite : !"#$'%&. Le copiste du BnF Syr 275 fait la différence en mettant sur la « n » un
signe diacritique pour la doubler.
4- Les œuvres qui « probablement » appartiennent à Ibn al-Qil"#$%& 437

Seule une étude exhaustive du lexique, de la composition grammaticale et


de la morphologie sémantique pourrait donner une réponse plus satisfaisante.

4.4 Poème sur saint Antoine le Grand


Ce poème est d’abord attribué à Ibn al-Qil!"#$% par Assemani dans sa
31 32 33
description du ms. perdu VS 249 . Il est repris par Graf et Breydy .
Nous le trouvons aujourd’hui dans deux manuscrits :
34
– Beyrouth 630 , mutilé, en plusieurs endroits, et incomplet de la fin ; il ne
signale aucun auteur.
35
– CAN 761 , complet ; il l’attribue à Y23./ann!" de #:;q23r!" qui l’écrit en 1555.
Ce poème comporte 250 distiques. Il est composé selon la mélodie
« éphrémienne » et est rimé en !"n :
_____7____a ____7_______a
_____7____a _____7______!"n

Dans ce poème, la vie de saint Antoine diffère de la version donnée par


saint Athanase, surtout en ce qui concerne son enfance. Les sources de l’auteur
restent inconnues et nous nous demandons s’il n’a pas confondu Antoine avec
d’autres solitaires d’Égypte, surtout en ce qui concerne la période de l’enfance.
Dans l’absence de toute indication directe qui attribue ce poème à Ibn al-
QiA!"#$%, il est impossible de trancher sur l’identité de l’auteur. Mais signalons,
toutefois, que la composition métrique, la morphologie et la sémantique
pourraient très facilement s’assimiler à celles de notre auteur.

31. Gabrielis Barclaii, II. Carmina Arabica, 12. De S. Antonio Abbate. Ce manuscrit appartenait
jadis à la collection d’Abraham Ecchellensis : Codices Ecchellenses 18. ASSEMANI, BO, I :
577.
32. GRAF, GCAL, III : 332. Il se réfère au ms. VS 249/II-12.
33. BREYDY 1985 : 196. Il cite le ms. VS 249/II-12.
34. F. 143v-155v.
35. P. 85-114.
438 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Par conséquent, le copiste du VS 249 pourrait avoir raison. Pour ce cas, Jean
de #Aqūrā, qui signe le poème dans le ms. CAN 761, ne serait que le copiste du
poème.

4.5 Poème sur sainte Barbe


36 37
C’est Douaihy qui attribue ce poème à Ibn al-Qil!"#$%, ce que reprend Graf
par la suite.
Douaihy ne mentionne aucun manuscrit et dans l’état actuel de la recherche,
trois manuscrits contiennent un poème dédié à Barbe selon trois versions
différentes.
38
Le premier poème se trouve dans le manuscrit Bkerke 141 ; il est anonyme
et date de 1616 ; le lexique y est soigné et sa composition métrique est
différente de celle utilisée par Ibn al-Qil!"#$% bien qu’elle soit faite selon la
mélodie dite « éphrémienne ».
39
Le deuxième poème se trouve dans le manuscrit Sbath 340 ; sa langue est
très soutenue ; il est composé selon la mélodie dite « Mariam qamar win-n*+r
minh!" l!"%& » [Marie est une lune et la lumière se dégage d’elle]. Ce genre de
mélodie n’est connu qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle.
40
Le troisième poème se trouve également dans le manuscrit Sbath 340 . Il
est composé selon la mélodie dite « éphrémienne » et comporte le même
lexique que celui utilisé par Ibn al-Qil!"#$% dans ses poèmes. Il est daté du 1504 et
41
signé de la main d’un certain Mo$%se .
Si Ibn al-Qil!"#$% était vraiment l’auteur d’un poème sur sainte Barbe, alors ce
serait lui qui aurait composé ce troisième poème, lequel possède les
caractéristiques de ses œuvres.
Ce poème est composé de 53 distiques et il est rimé en !"n :
____7____a ____7____a
____7____a ____7____!"n

36. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, Barb*+rah al-
B.albaq!"yah [Barbe de Baalbek]. Voir également Histoire/Chartouni : 154.
37. GRAF, GCAL, III : 332.
38. F. 15v-22r.
39. F. 185v-186v.
40. F. 62v-65v.
41. CHEIKHO 1898 : 1134, édite des extraits d’un poème que les habitants de la région de Damas
chantent pour louer la sainte martyre.
4- Les œuvres qui « probablement » appartiennent à Ibn al-Qil"#$%& 439

Dans ce poème, nous trouvons également le « contexte libanais » de la


légende, ce qui caractérise fortement les poèmes d’Ibn al-Qil!"#$% : la mention de
42
Baalbek comme la ville où Barbe serait née; le R!"m Mi/3mi/3 au Mont-Liban
(dans le district de Jbeil) comme l’endroit où elle se serait enfuie devant la
persécution de son père.
Dans cette hypothèse, la date de la composition du poème serait toujours
1504 ; Mo$%se serait alors un copiste qui aurait inséré son nom à la fin de
l’œuvre.
Ajoutons que l’auteur de la liste des « saints qui ont rayonné du Mont-Liban
sur les villes qui l’entourent », dans le manuscrit Beyrouth 57, attribue ce poème
43
à Ibn al-Qil!"#$% et y puise ses informations sur la vie de Barbe .

4.6 Poème sur les sciences et les astres


44
Ce poème se trouve dans le manuscrit Bkerke 180 et est ensuite copié dans
45
Kreim E . Son auteur reste anonyme même si nous pouvons déduire du texte
46
qu’il était un homme âgé et très cultivé.
Le poème est écrit en langue dialectale et il est composé de 143 vers. Il est
rimé en d'( :
_____12____ ___12____d'(

L’auteur parle des sciences des astres, des signes du zodiaque et des
saisons ; il fait également l’éloge des lettres de l’alphabet en réponse à un autre
47
éloge fait par un certain curé du nom de M.1!"y$%l .
L’alphabet est constitué de 30 lettres et de 6 autres ajoutées. Chaque lettre
permet à l’auteur de louer Dieu et ses œuvres.

42. Il existe toujours une petite église dédiée à sainte Barbe sur la colline appelée R"#m au village
de Mi56mi56.
43. MOUBARAC, Pentalogie, tome II/1 : 7 : « Sainte Barbara ».
44. F. 4r-9v.
45. P. 17-25.
46. F. 4v.
47. F. 4v.
440 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Nous y trouvons également des informations sur les équinoxes, sur la


composition de l’alphabet, sur les signes diacritiques, sur les différentes langues
dans le monde, etc.
Une esquisse, au f. 7v, montre un tableau entouré de l’énoncé « Dire la
48
vérité est la force du pouvoir », ainsi que les noms des anges : Gabriel, Michel,
Raphaël et Izraël.
La structure du poème et son lexique sont très proches du style d’Ibn al-
Qil!"#$%. Plusieurs informations citées dans le texte sont présentes dans d’autres
49
poèmes de notre auteur .
En somme, nous penchons à inclure ce poème dans le corpus d’Ibn al-
Qil!"#$%, mais sans pouvoir trancher, faute de preuves tangibles sur l’identité de
l’auteur.

4.7 Poème sur la Vierge debout sous la Croix


50
Ce poème est attribué à Ibn al-Qil!"#$% par Douaihy dans ses Annales et par
51 52 53
Assemani dans sa description des manuscrits VS 231 et VS 249 . Cette
54 55
information est reprise par Graf et ensuite par Breydy .
56
Harfouche édite ce poème dans al-Manara , d’après le manuscrit
57
Bkerke 13, qui correspond actuellement au ms. Bkerke 141 .
Ce poème se veut un cri de douleur sur les lèvres de la Vierge Marie au
moment de la crucifixion de son fils. Elle déplore sa mort et se demande
pourquoi l’innocent doit payer aussi cher son innocence.

48. Q34wwat al-&'aq q34wwat al-mulk.


49. Voir Sur les sphères ; Sur le zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles.
50. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, Ummuhu
ta&'ta a$%-$%al!"b [Sa Mère sous la Croix]. Voir également Histoire/Chartouni : 153
51. ASSEMANI, BAV, III : 516.
52. F. 41r-42r. Breydy écrit faussement f. 40r-42r.
53. II : Gabrielis Barclaii, Carmina Arabica, de diversis. N° 9 : « Plactus Virginis sub Cruce ».
54. GRAF, GCAL, III : 332.
55. BREYDY 1985 : 196. Il cite les mss VS 231 et VS 249/II, 9, ainsi qu’un ms. à Bkerke édité
dans la revue al-Manara 3(1931) : 262. [La référence dans al-Manara est fausse chez
Breydy, voir infra].
56. HARFOUCHE, Sous la Croix ; GRAF, GCAL, III : 332, écrit faussement p. 269 au lieu de 268.
BREYDY 1985 : 196, écrit faussement al-Manara 3(1931) : 262, au lieu de al-Manara
3(1932) : 268.
57. F. 10rv. Il lui manque les deux dernières strophes.
4- Les œuvres qui « probablement » appartiennent à Ibn al-Qil"#$%& 441

Le texte est écrit en langue dialectale ; il est composé de 10 distiques, selon


la mélodie dite éphrémienne. Il est rimé en !"r :
____7____a ____7____a
____7____a ____7____ !"r
Ce poème est anonyme. Les copistes n’y ajoutent rien qui pourrait éclairer
l’identité de l’auteur. Mais, vu la ressemblance avec le style d’Ibn al-Qil!"#$%,
celui-ci pourrait en être l’auteur.

4.8 Poème sur la Trinité


58
Dans ses Annales , Douaihy cite un poème d’Ibn al-Qil!"#$% sur la Trinité,
mais sans fournir aucune autre indication.
59
Graf identifie ce poème avec celui qui existe dans le manuscrit
60 61
Borg Ar 175 . Gemayel l’édite d’après ce manuscrit et il est ensuite repris par
62
Breydy .
Il est écrit selon la mélodie « éphrémienne » et comporte 92 distiques. Il est
rimé en em4:
____7____a ____7____a
____7____a ____7____ em

Ce poème, anonyme, chante la Trinité et les bienfaits de chaque personne


en elle. Il est composé dans une langue quelque peu recherchée qui pourrait être
située entre la tradition totalement dialectale et la poésie purement littéraire.
C’est, en fait, un mélange de dialectal et de littéraire.
Le texte original est-il celui d’Ibn al-Qil!"#$% ? Aurait-il été ensuite remanié
pour devenir plus littéraire ? Dans l’état actuel de la recherche, nous ne pouvons
ni confirmer, ni nier la paternité d’Ibn al-Qil!"#$%.

58. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, Sirr a#F-#F*+l34#F
al-aqdas [la Sainte Trinité]. Voir également Histoire/Chartouni : 153.
59. GRAF, GCAL, III : 331. Il donne une fausse foliotation 43r-58r.
60. F. 55r-58r.
61. GEMAYEL 1982 : 131-138.
62. BREYDY 1985 : 195.
442 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

En fait, pour suggérer l’attribution à Ibn al-Qil!"#$% d’un poème sur la Trinité,
il est bon d’indiquer le poème Sur les quatre conciles, qui révèle le style de
l’auteur d’une manière plus claire.
443

5- Les œuvres qui sont « faussement » attribuées à Ibn al-Qil!"#$%


5.1 Poème sur la Trinité
5.2 Poème sur le Trisagion
5.3 Poème sur Adam
5.4 Poème sur l’Ancien et le Nouveau Testament
5.5 Poème sur les miracles de Jésus en Égypte
5.6 Poème sur le dimanche des Rameaux
5.7 Poème sur l’Apocalypse de saint Jean
5.8 Poème sur la Vierge Marie
5.9 Poème sur la Vierge Marie
5.10 Poème sur saint Georges
5.11 Poème sur saint Jean Calybite
5.12 Poème sur saint Jacques l’Intercis
5.13 Poème sur la religion
5.14 Poème sur les hérésies
5.15 Poème sur les sciences
5.16 Poème sur l’éducation des enfants
5.17 Poème sur le savoir-vivre
5.18 Poème sur la vie monastique
5.19 Poème sur la pénitence
5.20 Poème sur la pénitence
5.21 Poème sur la pénitence
5.22 Poème sur la mort
5.23 Poème sur l’enfer
5.24 Poème sur la chute de Tripoli
5.25 Poème sur l’accueil du patriarche maronite
5.26 Poème sur le patriarche Gabriel de !"#$%&l'(
5.27 La médecine spirituelle
5.28 Le calendrier maronite
5.29 La liturgie attribuée à saint Jean Maron
444
445

5- LES ŒUVRES « FAUSSEMENT » ATTRIBUÉES À IBN AL-QIL!!""#

Dans ce chapitre, nous proposons de décrire quelques œuvres attribuées à


tort à Ibn al-Qil!"#$%. Nous indiquerons, pour ce faire, les remarques qui nous ont
empêché d’inclure ces œuvres dans le corpus de l’auteur.

5.1 Poème sur la Trinité


1
Dans son livre sur la langue arabe, Guadagnolus attribue à Ibn al-Qil!"#$% un
poème sur la Trinité, dont il ne signale pas la source manuscrite utilisée. Il est
2
repris par Graf .
Guadagnolus introduit le poème par la phrase suivante :
Sed ne Mahumetis sectator nostrum Carminibus fuis claudat Librum, expedit hic
subiungere aliquot Versus eruditissimi ac religiosissimi Viris, Natione Maronitae, nomine
Gabriel filius Chelai, qui sic de Sacrosancta, cecini Trinitate.

Ensuite, il reproduit le texte arabe et en donne cette traduction latine :


29 6=)A<( / :&;( ,<$= >"% ?;%)@ / !"34 )5 6(,7 8191 / !"-.%& /*0&1 20& / !"#$%& '& !()* +&,*&
/ P)QE%)* RSTJ 29 / :)"N 9;= O KLM-& ,7 / D#= 01 6"<I 6% )J / DE* .F)= G"H / B)C .5,7
^.5 01 ^.5 ;V / P)XY)Z%& G"[ \%)] / P&U* ,-&1 .V;W
Incipiam in Nomine summi Dei / Patris et Filii misericordis / Et Spiritus Sancti eius, o
intelligens / Trinitatis, non colimus praeter eam / Ipsi laus, qui est Dominus Potens,
Excelsus / Auditor, Videns, Inspector / Cui non est similis, nec aequalis / Qui est
absconditus in luce splendoris sui / Dominus Trinus in Personis / Substantia una quoad
essentiam / Creator omnium existentium / Ipse videt, et non videtur.

Ce spécimen reproduit par Guadognolus ne suffit pas à saisir le caractère du


texte ni son esprit poétique. De toute façon, le lexique utilisé, ainsi que la
morphologie et le style, ne semblent pas rappeler ceux d’Ibn al-Qil!"#$%, lequel
utilise dans ses poèmes la langue libanaise dialectale.

1. GUADAGNOLUS 1642 : 343-344.


2. GRAF, GCAL, III : 331.
446 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

5.2 Poème sur le Trisagion


3
Ce poème chante le Trisagion. Il est cité par Graf , qui doute de son
appartenance à Ibn al-Qil!"#$%.
En effet, outre la morphologie classique et le style bien soigné du texte, un
certain Y23./ann!" signe à la fin du poème au titre d’auteur. Notons la mention
dans le texte d’un certain évêque du nom de Bernard, qui n’est point attesté à
l’époque d’Ibn al-Qil!"#$%.
Pour toutes ces raisons, nous penchons à exclure ce poème du corpus d’Ibn
al-Qil!"#$%.

5.3 Poème sur Adam


4
Ce poème est cité par Breydy qui l’attribue à Ibn al-Qil!"#$%, en citant le
5 6 7
manuscrit Borg Ar 135 . En revanche, Graf l’attribue à un anonyme copte .
De toute façon, le style bien soigné et littéraire du poème, ainsi que son
registre classique et non vernaculaire se distinguent de l’ensemble linguistique
qui caractérise les poèmes d’Ibn al-Qil!"#$%.
D’ailleurs, Breydy considère que le poème est construit selon le type
Mashruqi, un type jamais utilisé par Ibn al-Qil!"#$%.

5.4 Poème sur l’Ancien et le Nouveau Testament


8
Ce poème est attribué à Ibn al-Qil!"#$% par Breydy , qui cite le manuscrit
9
Borg Ar 135 .
Celui-ci affirme également que le même texte, hormis le premier verset, se
trouve également dans le ms. Cherfet Ar 14/1, attribué dans le catalogue
10
d’Armalet à BDikr$% al-’AD7%B .

3. GRAF, GCAL, III : 331. Il se réfère au ms. VS 214, f. 44r-46v.


4. BREYDY 1985 : 196.
5. F. 59r-61v.
6. GRAF, GCAL, II : 469.
7. Il date le manuscrit de 1384.
8. BREYDY 1985 : 196.
9. F. 51r-59r. Breydy considère qu’il y a un folio manquant entre f. 56v et 57r.
10. ARMALEH 1936 : 466.
5. Les œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil"#$%&(==!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!447

Le texte ne contient aucun indice sur l’identité de son auteur ; en tout cas, le
style et le lexique appartiennent plutôt à l’arabe littéraire et sont différents de
ceux d’Ibn al-Qil!"#$%.

5.5 Poème sur les miracles de Jésus en Égypte


Ce poème évoque les miracles accomplis par l’enfant Jésus pendant sa fuite
avec sa famille en Égypte.
11
Il est cité par Graf , qui doute de son appartenance à Ibn al-Qil!"#$%.
En fait, à la fin du poème, un certain Y23suf se nomme au titre d’auteur. De
plus, la morphologie du texte et son style classique se distinguent des
caractéristiques des poèmes d’Ibn al-Qil!"#$%.

5.6 Poème sur le dimanche des Rameaux


12 13
Graf attribue ce poème à Ibn al-Qil!"#$%, en citant le manuscrit VS 214 .
14
Breydy reprend la même information en ajoutant que ce poème a été
15 16
introduit dans le rituel maronite ; il fut ensuite traduit en latin puis en
17
italien .
Harfouche, qui l’attribue également à Ibn al-Qil!"#$%, l’édite dans la revue al-
18
Manara .
19
Nous le trouvons également dans le manuscrit Sbath 340 .

11. GRAF, GCAL, III : 331. Il se réfère au ms. VS 214, f. 46v-58r.


12. GRAF, GCAL, III : 332.
13. F. 35r-36r. Graf écrit faussement f. 34r-36r et Breydy f. 34r-35v.
14. BREYDY 1985 : 197.
15. Breydy cite deux manuscrits du rituel qui contiennent ce poème : VS 312, f. 141rv et VS 415,
f. 18rv.
16. Il reprend Assemani qui, dans son Catalogue, note : Hoc Canticum Latine conversum, typis
Romae prodiit, & in Dominica Palmarum cnitur inter Missarum Solemnia in Collegii
Maronitarum de Urbe Ecclesia. ASSEMANI, BAV, III : 501.
17. Esposizione della messa che nella domenica delle palme si canta secondo il rito della
patriarcale chiesa antiochena della Nazione De’ Maroniti, della Benedizione della palme,
Roma 1797.
18. HARFOUCHE, Rameaux.
19. F. 148v-151r.
448 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Le texte ne fournit aucune information à propos de l’auteur et les copistes


dans les deux manuscrits sont muets. Pourquoi Graf et les autres l’ont-ils
attribué à Ibn al-Qil!"#$% ? Nous sommes dans l’impossibilité d’y répondre.
En tout cas, le lexique et le style du poème paraissent différents de ceux
d’Ibn al-Qil!"#$%.

5.7 Poème sur l’Apocalypse selon saint Jean


20 21
C’est Assemani qui, dans sa description du manuscrit VS 217 , attribue ce
22 23
poème à Ibn al-Qil!"#$%. Il est suivi par Graf et repris par Breydy .
Le poème traduit en vers la vision citée dans l’Apocalypse selon saint Jean
(Ap 12) :
12.1 : Un grand signe parut dans le ciel: une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses
pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête.

12.2 : Elle était enceinte, et elle criait, étant en travail et dans les douleurs de
l’enfantement.

12.5 : Elle enfanta un fils.

12.6 : Et la femme s’enfuit dans le désert, où elle avait un lieu préparé par Dieu, afin
qu’elle y fût nourrie pendant mille deux cent soixante jours.

Nous ne trouvons aucune mention d’auteur dans le texte qui, en revanche,


fait allusion à « Qannoubine, où se réunissent les maîtres, qui est le siège de
24
Beit Maron et qui est dédié à la Vierge ».
Le style du poème est dialectal, mais il se distingue du style d’Ibn al-Qil!"#$%.
Ainsi, faute d’une preuve tangible, nous ne pouvons nous prononcer sur
l’identité de l’auteur qui a écrit ce poème, ni en l’occurrence sur la paternité
d’Ibn al-Qil!"#$%.

20. ASSEMANI, BAV, III : 504.


21. F. 94r-98r.
22. GRAF, GCAL, III : 332. Il intitule le poème Erklärungen zur Apk des Johannes nach
lateinischen Vorlagen.
23. BREYDY 1985 : 196. Il intitule le poème Hymne zur Vision der Jungfrau mit der Sonne in der
Apokalypsis des Johannes.
24. Une expression qui signifie « la communauté des maronites ».
5. Les œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil"#$%&(==!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!449

5.8 Poème sur la Vierge Marie


Ce poème est composé selon l’ordre alphabétique ; il loue la Vierge Marie.
25
Il est cité par Graf , qui le considère comme anonyme, bien qu’ayant été
trouvé dans une collection appartenant à Ibn al-Qil!"#$%.
La morphologie, la syntaxe et le lexique semblent être plus récents et ne
sont pas ceux d’Ibn al-Qil!"#$%. De plus, la mention d’un certain évêque du nom
de Bernard, associe ce poème à celui qui le précède et, par conséquent, le
rapproche de l’auteur nommé Y23./ann!".

5.9 Poème sur la Vierge Marie


26
Ce poème, qui loue la Vierge Marie, est cité par Graf , qui le considère
anonyme. Il figure néanmoins dans une collection appartenant à Ibn al-Qil!"#$%.
27 28
Breydy reprend Graf, mais confond ce poème et un autre .
C’est un D!"w23d qui, à la fin, signe le poème. Notons, de même, la
différence dans la morphologie et le lexique entre ce poème et l’œuvre d’Ibn al-
Qil!"#$%.

5.10 Poème sur saint Georges


29 30 31
Ce poème est attribué à Ibn al-Qil!"#$% par Douaihy , Graf et Breydy .
Le poème sur saint Georges figure dans les manuscrits suivants :
32 33 34 35 36
PKO Or. Oct. 1428 , Kreim C , Alep 543 , Bkerke 141 , Kreim 20 ,
37 38 39
Sbath 340 , Beyrouth 629 et CAN 761 .

25. GRAF, GCAL, III : 333. Il se réfère au ms. VS 214, f. 39v-44r.


26. GRAF, GCAL, III : 333. Il se réfère au ms. VS 214, f. 36v-39v.
27. BREYDY 1985 : 195.
28. Il cite le ms. VS 214, ainsi que les mss Beyrouth 629 et Beyrouth 630 qui concernent plutôt le
poème Sur la vie de Marie et celle de Jésus.
29. VS 215, f. 106v ; Annales/Fahd : 396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237, Al-qidd!"s
:;ir,7is al-ladd*+w!" [Saint Georges de Lydda]. Voir également Histoire/Chartouni : 154.
30. GRAF, GCAL, III : 332, qui se réfère à Histoire/Chartouni : 78, 153.
31. BREYDY 1985 : 197, qui cite Beyrouth 629, Bkerke 13(101) et Kreim 20.
32. F. 48v-54v.
33. P. 180-196.
34. F. 87r-112r.
35. F. 25v-40r.
450 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

D’après le ms. Beyrouth 629, le copiste de ce poème est Sark$%s (Serge), qui
l’a exécuté à l’ermitage du monastère de Quz./ay!", pendant le carême de 1607, à
40 41
l’époque du pape Paul et du patriarche Joseph, son frère . Le copiste serait
42
alors Serge Rizzi .
Cette donnée est confirmée par Alep 543 qui, dans le titre, attribue le poème
à l’ermite Sark!"s ibn al-Riz. Il reprend le même desinit.
Le ms. Kreim C indique que l’auteur est l’évêque Sark!"s al-Rizz!%. Il reprend
le même desinit en omettant l’indication que le patriarche Joseph est le frère de
l’auteur. Le ms. CAN 761 attribue le poème également au même évêque.
Plusieurs fragments de ce poème sont édités à plusieurs reprises par Louis
43 44
Cheikho en 1903 et en 1907 .
L’auteur y fait le panégyrique de saint Georges, qui est son patron depuis
l’enfance, et qui a toujours exaucé ses vœux pendant ses voyages. Le nom de
l’auteur ne figure pas dans le poème ; on sait seulement que l’auteur a déjà
45
visité l’église Saint-Georges à Rome .
Le poème note l’existence d’une église Saint-Georges à Beyrouth, ce qui
implique son écriture avant 1661, date de la transformation de cette église en
46
une mosquée .
L’indice qui permet de constater que ce poème n’est pas d’Ibn al-Qil!"#$% se
trouve dans les vers 13-14, où l’auteur explique qu’il utilisera la version de
Lippomanus pour relater le témoignage de Pasicrate, le compagnon de Georges
et le témoin oculaire de son martyre.

36. F. 19r-38r.
37. F. 66r-80r.
38. F. 186v-195r.
39. P. 42-72.
40. Paul V (1605-1621).
41. Y*+suf ar-Rizz%& de Bq*+f"#, patriarche maronite (1596-1608).
42. Il est nommé évêque par son frère en 1600, mais continue de vivre à l’ermitage de Quz.:ay"#
jusqu’en 1607, date à laquelle il est envoyé à Rome. Il meurt en 1638. Voir GRAF, GCAL,
III : 337-338 ; GEMAYEL 1984, I : 98.
43. CHEIKHO, Martyr saint Georges ; il est réédité par WUHAYBEH AL-,9!Z# IN 1982 : 82-87.
44. Voir CHEIKHO, Saint Georges.
45. L’église Saint-Georges In Velabro à Rome
46. DU MESNIL DU BUISSON 1927 : 264, informe, d’après l’analyse d’une inscription, qu’en 1661
l’église Saint-Georges est transformée en mosquée par $Ali Pacha el-Daftardar, gouverneur
ou vizir de Sidon.
5. Les œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil"#$%&(==!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!451

47 48
Lippomanus n’est que l’auteur d’un légendier célèbre du XVIe siècle , ce
qui exclut toute possibilité d’attribuer ce poème à Ibn al-Qil!"#$%.
Ces informations permettent de déduire alors que ce poème n’est pas de la
main d’Ibn al-Qil!"#$%, car il est écrit après l’édition de Lippomanus ; il est fort
probable qu’il soit le travail de Serge Rizzi lui-même.

5.11 Poème sur saint Jean Calybite


49 50
Ce poème se trouve dans les mss Beyrouth 629 , Beyrouth 630 ,
51 52 53 54
Kreim 21 , Kreim C , CAN 761 et PKO Or. Oct. 1428 . Aucun indice ne
conduit à considérer Ibn al-Qil!"#$% comme l’auteur de ce poème. C’est Julius
Assfalg qui, dans son catalogue de manuscrits syriaques conservés en
55
Allemagne , lui attribue ce poème :
56
Marburg, ms. or. oct. 1428

2 Gabriel ibn al-Qul*+.!"

Mad!"&'a auf J34&'ann*+ ar-R34m*+n!" (Gedenktag : 15. Januar) (karš34n!").

5.12 Poème sur saint Jacques l’Intercis


Assemani attribue ce poème à Ibn al-Qil!"#$% dans sa description du manuscrit
57
VS 231 , où il place sous la plume de celui-ci une série de poèmes dont l’auteur
58
est parfois connu .

47. Voir LIPPOMANUS, Sanctorum.


48. Selon DUBOIS 1993 : 41-42, ce recueil était peu critique, mais il fut utilisé fréquemment par
les compilateurs postérieurs.
49. F. 95r-102v ; acéphale et incomplet de la fin ; deux folios y manquent entre 100v et 101r.
50. F. 128r-134r ; acéphale et incomplet de la fin ; un folio y manque entre 127v et 128r.
51. F. 9v-18r.
52. P. 206-211.
53. P. 142-169.
54. F. 28r-35v.
55. ASSFALG 1963 : 149-151.
56. C’est l’actuel manuscrit PKO Or. Oct. 1428, déjà cité, qui se trouve à la Bibliothèque
nationale de Berlin (Staatsbibliothek zu Berlin).
57. ASSEMANI, BAV, III : 516.
58. Tel Sulaym"#n al-A56l*+.:%& qui compose un poème sur la chute de Tripoli. Voir dans ce chapitre
Poème sur la chute de Tripoli.
452 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

59
Graf place ce poème parmi les poèmes anonymes, se trouvant néanmoins
60
parmi les collections appartenant à Ibn al-Qil!"#$%. Breydy l’attribue également
au même auteur.
61 62
En effet, les manuscrits Bkerke 141 , Kreim C et celui appartenant à
63
Y23suf Sacre attribuent ce poème à Na<=im de D23m!", dans le Mont-Liban.
64 65
Quant aux manuscrits Kreim 21 et VS 231 , ils ne mentionnent pas l’auteur.
Nous ignorons si Na<=im est vraiment l’auteur ou simplement le copiste d’un
antigraphe utilisé ensuite par plusieurs autres copistes. Quoi qu’il en soit, aucun
indice ne conduit à Ibn al-Qil!"#$%.

5.13 Poème sur la religion


66
Ce poème se trouve dans un seul manuscrit, en l’occurrence Sony 369 ,
conservé au patriarcat syrien catholique à Cherfet (Liban).
Le titre du poème dit : Poème dit par Qil#$%!". L’explicit du poème rapporte :
« Priez pour celui qui a dit ces paroles du nom de Gabriel ».
Le copiste déduit-il de la seule mention du prénom que le poème appartient
à Gabriel Ibn al-Qil!"#$% ?
Il est impossible de trancher la question de l’authenticité de cette
attribution. Cependant, le style du poème, son lexique et sa morphologie se
distinguent de ceux d’Ibn al-Qil!"#$%.

5.14 Poème sur les hérésies


C’est Assemani qui attribue ce poème à Ibn al-Qil!"#$% dans sa description du
67
manuscrit VS 250 . Le cardinal Mai reprend la même information dans ses
68
remarques sur la description du VS 408 .

59. GRAF, GCAL, III : 333. Il se réfère au ms. VS 231.


60. BREYDY 1985 : 197. Il cite les mss VS 231 et Kreim 21.
61. F. 40r-43v.
62. P. 196-199.
63. GHABRIEL, Histoire, II/1 : 483-484.
64. F. 21r-28v.
65. F. 2r-5v ; il est acéphale.
66. SONY 1993 : 131. Ce manuscrit n’est pas folioté ou paginé.
5. Les œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil"#$%&(==!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!453

En revanche, Douaihy se contente de dire que ce poème a été composé par


les anciens des maronites et qu’il a été transcrit par Ibn al-Qil!"#$% sur un
69 70
parchemin à Beyrouth en 1498 . Breydy reprend d’abord l’information de
71
Douaihy avant de considérer Ibn al-Qil!"#$% comme étant l’auteur du poème .
Ce poème est écrit en syriaque selon la mélodie Lat&'()mo dhaymon()to,
utilisée dans la liturgie maronite.
72 73 74
Douaihy édite le texte et est repris par Ghabriel . Chebli le signale
également dans un manuscrit appartenant à Douaihy.
Faute de preuves, nous ne pouvons pas inclure ce poème dans le corpus
d’Ibn al-Qil!"#$%.

5.15 Poème sur les sciences


75
Ce poème se trouve dans le manuscrit Kreim E où le copiste, lui-même,
76
l’attribue à Ibn S!"lim puis à Ibn al-Qil!"#$%.
La morphologie et le lexique du poème sont très distincts du style de notre
auteur. De toute façon, l’incipit, seul, suffit à exclure toute attribution à Ibn al-
77
Qil!"#$% : « Ibn S!"lim dit, en tant qu’invité, de belles paroles à celui qui
l’entend ».

5.16 Poème sur l’éducation des enfants


78
Ce poème se trouve dans le manuscrit Kreim E .

67. ASSEMANI, BAV, III, 536 : II- Gabrielis Barclaii, canticum syriacum, in quo praecipuae
haereses anathematizantur, inscriptum, demonstratio Fidei Maronitarum adversus
haereticos.
68. F. 407r. MAI, VS : 60. D’ailleurs, Mai se trompe en renvoyant au manuscrit VS 251 au lieu de
VS 250.
69. Apologie/III : 36.
70. BREYDY 1985 : 195, qui cite VS 408 et Bkerke 19.
71. BREYDY 1988, I : 43.
72. Apologie/III : 36.
73. GHABRIEL, Histoire, I : 690-692 avec une traduction arabe.
74. CHEBLI 1899 : 643. Le manuscrit décrit par Chebli correspond actuellement à Bkerke 19.
75. P. 16.
76. Sur cette personne, voir NASRALLAH, Histoire, IV/1 : 232.
77. Notons toutefois que le père d’Ibn al-Qil"#$%& s’appelle Boutros et non S"#lim.
78. P. 13-14.
454 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Le copiste, anonyme, l’attribue à Ibn al-Qil!"#$% quoique son lexique et son


style appartiennent à l’arabe littéraire et soient différents de ceux de notre
auteur.

5.17 Poème sur le savoir-vivre


Ce poème voulait présenter au lecteur une série de conseils pour lui
enseigner le savoir-vivre dans la société. C’est plutôt une série de proverbes
populaires remodelés en vers pour en faciliter l’apprentissage.
Aucun indice dans le texte ne peut conduire à en identifier l’auteur. C’est
79
Assemani qui, dans sa description du manuscrit VS 231 , attribue une série de
80
poèmes à Ibn al-Qil!"#$%, parmi lesquels se trouve ce poème , portant le titre
« Quelques vers [en guise de] conseils ».
81
Graf cite le même manuscrit, mais il considère ce poème comme étant
anonyme, bien qu’il soit inséré dans une collection appartenant à Ibn al-Qil!"#$%.
82
Le copiste du manuscrit Kreim E reprend les mêmes informations données par
Assemani et attribue tout autant le poème à Ibn al-Qil!"#$%.
De toute façon, le style de ce poème est très différent de celui de notre
auteur et son contexte n’est attesté dans aucune de ses œuvres.

5.18 Poème sur la vie monastique


C’est un poème qui chante la vie monastique et décrit l’état de celui qui
aspire à vivre entièrement pour le Christ.
83
C’est le copiste du manuscrit VS 231 qui attribue ce poème à Ibn al-
84
QiA!"#$% , bien que le texte, lui-même, ne fournisse aucun indice sur l’identité de
85
l’auteur. Cette attribution a conduit Assemani à placer ce poème parmi la

79. ASSEMANI, BAV, III : 516.


80. VS 231, f. 39v-41r.
81. GRAF, GCAL, III : 333.
82. P. 15-16.
83. F. 10r-17v.
84. « Au nom de Dieu, nous écrivons un poème (mad!"&'a) sur la vie monastique, des paroles
d’Ibn al-Qil"#$%& ».
85. ASSEMANI, BAV, III : 516.
5. Les œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil"#$%&(==!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!455

86
collection d’Ibn al-Qil!"#$%. Graf reprend la même information d’Assemani et est
87
suivi par Breydy .
Le texte de ce poème est très littéraire, ce qui se distingue du style qui
caractérise les poèmes d’Ibn al-Qil!"#$%.

5.19 Poème sur la pénitence


88 89
Ce poème figure dans plusieurs manuscrits . Il est intitulé Sur la
90 91 92
pénitence , Sur le dernier jugement et Sur la Croix .
93
C’est Assemani qui, dans sa description du manuscrit VS 231, l’attribue à
94
Ibn al-Qil!"#$%. Graf cite ce poème parmi les anonymes se trouvant dans la
95
collection d’Ibn al-Qil!"#$%. Breydy l’attribue tout simplement à Ibn al-Qil!"#$%.
Ce poème débute par l’expression « a&6-&6al$%b$% dit ». Pour essayer de saisir
l’identité de la personne portant ce nom, Breydy reprend l’analyse de
96
Nasrallah , lequel considère qu’il y avait au XVIIe siècle deux poètes melkites
dont l’un était Ibn a&6-,Cal$%b$% et l’autre Ibn a&6-,C!l$%b. Mais, en dépit de ces indices
conduisant à une personne bien réelle du nom d’Ibn a&6-,C!l$%b$%, Breydy avance
97
que ce nom adjectivé peut facilement être attribué à Ibn al-Qil!"#$% : Die
98
Bezeichnung a*+-,-alibi passt aber auch den Franziskaner Ibn al-Qila’y ! .

86. GRAF, GCAL, III : 332.


87. BREYDY 1985 : 197.
88. Mad!"&'a.
89. VS 231, f. 33r-34v ; Kreim 40, p. 243-244 ; Borg Ar 175, f. 92v-93r ; Sbath 340, f. 105v-106r
et Bkerke 180 (il n’en figure que le titre seulement ; le reste est mutilé).
90. VS 231 et Sbath 340.
91. Bkerke 180.
92. Borg Ar 175.
93. ASSEMANI, BAV, III : 516.
94. GRAF, GCAL, III : 333. Il se réfère au ms. VS 231, f. 33r-39r et ainsi il considère deux
poèmes comme étant un seul.
95. BREYDY 1985 : 197-198. Il fait la même erreur que Graf et ajoute à la liste le ms. VS 249/II,
qui signale deux poèmes sur la pénitence : De Pœnitentia Carmina duo, sans toutefois
fournir l’incipit permettant la comparaison avec l’actuel poème.
96. NASRALLAH, Histoire, IV/1 : 232.
97. A$%-$%al!"b!" pourrait désigner, en fait, « le croisé », « le latin », « le franc » ou tout simplement
quelqu’un de la famille a$%-$%al!"b!& !
98. BREYDY 1985 : 198.
456 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Or, malgré ces assertions d’Assemani et de Breydy, nous considérons que ni


le lexique ni la morphologie du poème ne sont assez proches du style d’Ibn al-
Qil!"#$% pour nous permettre de lui attribuer le poème en question.

5.20 Poème sur la pénitence


99 100
Assemani , dans sa description du manuscrit VS 231 , attribue ce poème à
Ibn al-Qil!"#$%, sans que le copiste du manuscrit ne le signale nulle part. Il est cité
101
par Graf qui le place parmi les poèmes anonymes figurant dans les collections
dues à Ibn al-Qil!"#$%.
À la fin, un certain BCaw de Le./fed signe le poème.

5.21 Poème sur la pénitence


102
Un autre poème sur la pénitence est cité par Breydy , qui regroupe sous le
103
même titre plusieurs poèmes différents . Seul le manuscrit Borg Ar 135
104
contient le poème visé par Breydy qui en reproduit l’incipit .
C’est toujours a&6-,Cal$%b$% qui signe ce poème.

5.22 Poème sur la mort


105
Ce poème est cité par Breydy , qui l’attribue à Ibn al-Qil!"#$%, sans en
fournir aucune preuve. Il est anonyme et comprend des caractéristiques de
morphologie et de lexique bien différents du style d’Ibn al-Qil!"#$%.

99. ASSEMANI, BAV, III, 516.


100. F. 34v-37r, 38v-39r.
101. GRAF, GCAL, III : 333. Il se réfère au ms. VS 231, f. 33r-39r et confond ainsi deux poèmes
différents.
102. BREYDY 1985 : 197.
103. Beyrouth 629 (f. 9r-13v) et Kreim 20 (f. 1rv).
104. Breydy note faussement f. 48rv, alors que la bonne foliotation est f. 48r-51r.
105. BREYDY 1985 : 198, qui cite Bkerke 13(101) [C’est l’actuel Bkerke 141, f. 5rv] et
Beyrouth 629 [f. 13v-15r].
5. Les œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil"#$%&(==!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!457

5.23 Poème sur l’enfer


106 107
Graf cite un poème qui se trouve dans Beyrouth 622 , mais doute de son
appartenance à Ibn al-Qil!"#$%. Le lexique et le contexte de ce poème sont, en fait,
bien différents de ceux de notre auteur.

5.24 Poème sur la chute de Tripoli


Ce poème décrit le sac et la prise de Tripoli (Liban), le 27 avril 1289, par le
108 109
sultan mamelouk Qalaw23n . Il est écrit par Sulaym!"n al-A&'l23./$% comme
110
l’atteste l’auteur lui-même à la fin du poème .
111 112
Assemani , dans sa description du VS 231 , attribue ce poème à Ibn al-
113 114
Qil!"#$%. Guidi le traduit en français et réitère la même erreur .
115 116
Graf l’attribue bien à Sulaym!"n, ainsi que Harfouche qui l’édite d’après
117
le manuscrit Kreim C .

5.25 Poème sur l’accueil du patriarche maronite


C’est un mimro écrit pour accueillir le patriarche maronite dans un village
du Mont-Liban. Il est fait d’un mélange du syriaque et de garchouni.
118
Il est cité par Graf qui l’attribue à Ibn al-Qil!"#$%, alors que l’auteur se
119 120
nomme à la fin du poème : il s’agit du curé Bu*0rus de #:;q23r!" , et le

106. GRAF, GCAL, III : 331.


107. P. 192-200.
108. GROUSSET, Histoire des Croisades, III : 743-745.
109. Sur cet auteur, voir GRAF, GCAL, II : 86, et NASRALLAH, Histoire, III/2 : 95. Tous deux le
considèrent comme melkite.
110. [L’a dit le poète dont A56l*+.: est son village, [il est] connu parmi les hommes et son prénom
[est] Sulaym"#n].
111. ASSEMANI, BAV, III : 516.
112. F. 5v-10r.
113. GUIDI 1884.
114. NASRALLAH, Histoire, III/2 : 95, fait erreur en considérant que le manuscrit utilisé par Guidi
fut le VS 196.
115. GRAF, GCAL, III : 330. Il se réfère au ms. VS 231.
116. HARFOUCHE, Tripoli.
117. P. 157-159.
118. GRAF, GCAL, III : 331. Il se réfère au ms. Borg. Ar. 175, et cite seulement le folio 66r, alors
que le poème occupe les f. 65r-66r.
119. Il est écrit en syriaque : ‘ì‹!Ð.
458 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

patriarche en question est l’un des prélats maronites qui ont régné pendant la
121
seconde moitié du XVIe siècle .

5.26 Poème sur Gabriel de !"#$%&l'(


122 123
Ce poème est cité par Graf et Breydy qui se réfèrent, tous deux, au
manuscrit perdu VS 249.
124
Nous lisons dans la description de ce manuscrit faite par Assemani :
II : Gabrielis Barclaii, Carmina arabica, de diversis

17- de Gabriele Hagiulensi Patriarcha Maronitarum, qui ob Catholicam fidem a


Mahometanis Tripoli interfectus est, anno Chr. 1367.

Nous avons pu trouver une autre copie de ce texte, conservée dans le


125
manuscrit Borg Syr 153 .
Dans ce poème, le patriarche Gabriel de ()<=23l!" adresse à ses parents ses
126
dernières paroles avant d’être brûlé par les musulmans . Il se désigne à la
première personne et son style pathétique suscite la sympathie et la compassion.
Le texte est composé selon l’ordre alphabétique arabe (a – i) ; il est
acéphale et commence à la moitié de la lettre « t » (la troisième lettre de
l’alphabet). Ce poème se compose de 27 distiques et d’une finale dans laquelle
l’auteur demande la pitié pour le patriarche martyr.
Le registre utilisé dans ce poème est l’arabe littéraire. Il est ainsi loin
d’appartenir à Ibn al-Qil!"#$%. Même la mélodie est différente de celles utilisées
par notre auteur.

120. C’est Bu)!rus, fils du curé S"#b"# de la famille ,-al%&b du village de $Aq*+r"#, qui devient curé et
après la mort de sa femme il est élu évêque en 1601 et meurt en 1606. Son fils Y*+suf devient
patriarche (1644-1648). Voir FAHD, Patriarches, III : 107.
121. M*+s"# al-$Akk"#r%& (1524-1567), M./"#y%&l al-Rizz%& (1567-1581), Sark%&s al-Rizz%& (1581-1596) et
Y*+suf al-Rizz%& (1596-1608).
122. GRAF, GCAL, III : 332.
123. BREYDY 1985 : 197.
124. ASSEMANI, BAV, III : 535.
125. F. 91r-93v ; nous l’avons ensuite édité. Voir MOUKARZEL 2005.
126. Ce patriarche est brûlé par les mamelouks près d’une mosquée à Tripoli. Voir BREYDY
1985 : 197 ; DEBS 1987 : 228-230, 239-240 ; MOUKARZEL 2005.
5. Les œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil"#$%&(==!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!459

Ajoutons à cela que l’utilisation de l’alphabet arabe pour la numérotation


est bien récente dans la tradition maronite, laquelle avait l’habitude d’utiliser
l’alphabet syriaque pour écrire et pour numéroter ou dater.
Un dernier témoignage qui contredit l’appartenance de ce poème à Ibn al-
Qil!"#$% est celui de Douaihy qui attribue ce poème au neveu du patriarche
127
martyr .

5.27 La médecine spirituelle


128 129
Hector Douaihy , dans son analyse du manuscrit Borg Ar 137 , attribue à
Ibn al-Qil!"#$% une collection qui occupe le début du manuscrit, en l’intitulant :
Canons des Pères.
En fait, cette collection qui, dans le manuscrit même, porte le titre de Kit#$b
a./-./ib, est une œuvre très connue au Moyen Âge en Orient, dont la première
130
partie est faite par Michel d’Atr$%b, l’évêque copte de Mal$%<= (XIIIe siècle) , et la
seconde partie est considérée comme étant tantôt une collection copte, tantôt
131
une collection melkite .
Son titre original est : At-./ib al-ru&'#$n!" fi %il#$01 al-d#$’ al-nafs#$n!" [La médecine
spirituelle pour guérir les maladies de l’âme].
La première partie constitue un compendium de théologie morale et
pastorale à caractère pénitentiel, alors que la seconde partie contient des textes
de Clément d’Alexandrie, des Constitutions Apostoliques, de Basile,
132
d’Épiphane de Chypre, de Théodore Studite et des conciles .
Étienne Douaihy le considère comme étant « un livre ancien et approuvé
133
par la plupart des chrétiens d’Orient » . Il ajoute qu’il fait partie des livres
134
discrédités par Jean-Baptiste Eliano .

127. Apologie/II : 204.


128. Douaihy 1993 : 27.
129. Borg Ar 137, f. 6r-95v.
130. Voir GRAF, GCAL, II : 421-422 et IV : 157.
131. NASRALLAH, Histoire, III/2 : 184-186, essaie d’analyser toutes ces hypothèses en concluant
que l’auteur était melkite.
132. Plusieurs manuscrits contiennent cette œuvre. Voir NASRALLAH, Histoire, III/2 : 184-186.
133. VS 396, f. 3v ; Apologie/III : 12. Une traduction française de ce texte se trouve dans KURI
1989 : 388-393, et dans RABBATH, Documents, I : 632-636.
134. Sur la mission d’Eliano auprès des maronites, voir KURI 1989.
460 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

5.28 Le calendrier maronite


Le patriarche Douaihy cite parmi les œuvres d’Ibn al-Qil!"#$% la traduction
135
arabe du synaxaire romain .
136
Cheikho édite en 1905 un calendrier maronite et bien qu’il avoue que son
auteur n’y est point mentionné, il l’attribue à Ibn al-Qil!"#$%, parce qu’il se trouve
137
dans un manuscrit contenant des poèmes de ce dernier .
138
Cette édition de Cheikho est reprise ensuite par Griveau , qui ne s’attache
139
pas d’ailleurs à la paternité d’Ibn al-Qil!"#$% .
Graf, qui cite cette œuvre, note que les informations données par Cheikho
ne suffisent pas à confirmer l’autorité d’Ibn al-Qil!"#$% et préfère le considérer
140 141
comme anonyme . Breydy reprend les mêmes conclusions que Graf, avant
142
de nier définitivement toute appartenance de ce calendrier à Ibn al-Qil!"#$% .
En éditant ce texte, Cheikho a essayé de fournir une des versions les plus
anciennes du calendrier maronite. Beaucoup de liturgistes, après lui, continuent
de le considérer ainsi même si les opinions ne sont pas toujours unanimes sur la
paternité d’Ibn al-Qil!"#$%.

135. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396. Cette notion ne se trouve pas dans la version abrégée
des Annales : VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237.
136. CHEIKHO, Calendrier.
137. Cheikho dit que ce traité occupe sept pages situées à la fin d’un manuscrit conservé à la
Bibliothèque Orientale et daté du 1673. Cela correspond au ms. Beyrouth 630 qui ne contient
dans son état actuel aucune trace de ce calendrier. Frère Toni Saliba, responsable du
département des manuscrits à la susdite bibliothèque, nous a confirmé que le fonds ne
contient aujourd’hui aucune trace d’un calendrier semblable à celui qui est édité par
Cheikho.
138. GRIVEAU 1915.
139. « Le P. Cheikho l’a édité et annoté et c’est la transcription du savant jésuite que nous
reproduisons ici. Il en attribue provisoirement la composition à Ibn al-Qola’ï, à cause de son
voisinage, dans le manuscrit, avec les œuvres de cet écrivain. Nous n’ignorons pas, nous
autres Européens, combien les savants de langue arabe se sont attachés de tout temps à
rechercher la paternité de toute innovation grande ou petite. Pour nous, qu’Ibn al-Qola’ï soit
l’auteur de cette liste, il nous importe peu : elle n’a pas de caractère personnel, et peut rester
anonyme. » GRIVEAU 1915 : 348.
140. GRAF, GCAL, III : 326.
141. BREYDY 1985 : 191-192.
142. BREYDY 1986 : 376.
5. Les œuvres « faussement » attribuées à Ibn al-Qil"#$%&(==!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!461

143
Sauget l’utilise comme l’élément de base dans son travail et le considère
144
comme étant « le plus ancien en date » ; il reprend les informations de
145 146
Cheikho sans commentaires . Fiey en fait de même .
Quant à Matar, il accepte la paternité d’Ibn al-Qil!"#$% vu le « caractère
147
archaïque » du calendrier .
N’entrons pas dans les détails liturgiques et hagiographiques pour
démontrer la non-appartenance du calendrier au corpus d’Ibn al-Qil!"#$% ; il suffit
de signaler que cette paternité n’est dès le début qu’une hypothèse, que Douaihy
ne fournit aucune information sur ce synaxaire romain traduit par Ibn al-Qil!"#$%.
Notons, enfin, que le calendrier édité par Cheikho comporte beaucoup de fêtes
orientales.

5.29 La liturgie attribuée à saint Jean Maron


148
En réfutant l’attribution d’une liturgie à saint Jean Maron , Jean-Baptiste
Chabot considère qu’elle est l’œuvre d’Ibn al-Qil!"#$%.
En effet, Chabot avance plusieurs arguments pour nier l’attribution de cette
liturgie à Jean Maron. En revanche, il avance que seul Ibn al-Qil!"#$% pourrait en
être l’auteur :
L’origine libaniote paraît exclue du fait que le pape n’est pas nommé avec et avant le
patriarche, qu’on ne trouve aucune allusion à la soi-disant perpétuelle orthodoxie des
maronites, et que la formule de l’épiclèse n’a pas été modifiée. Les plus anciens

143. SAUGET 1967.


144. SAUGET 1978.
145. « Le document considéré le plus ancien en date est le calendrier attribué à 0=ibr"#’%&l ibn al-
Qul"#$%& (Gabriel Barqlaï) édité déjà comme tel au début du siècle par L. Cheikho, et republié
par R. Griveau avec une traduction française quelques années plus tard. » Dans une note, il
ajoute : « Le seul témoin manuscrit connu de ce calendrier se trouve dans un recueil
d’œuvres de cet écrivain et théologien maronite, mort évêque de Chypre en 1515. » SAUGET
1978 : 220.
146. FIEY 1978.
147. MATAR 1987 : 40 ; MATAR 1998 : 147.
148. CHABOT 1965. Jean Maron est considéré par les maronites comme le premier patriarche de
leur Église. Son existence, sa vie et ses œuvres ont fait couler beaucoup d’encre. Toute
approche concernant ce personnage ne peut être que polémique. Les maronites soutiennent
son existence, sa constitution du patriarcat maronite, sa production littéraire et théologique
ainsi que sa sainteté. Tout cela est contesté par beaucoup d’orientalistes et d’écrivains non
maronites. Voir ROUHANA 1998.
462 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

149
manuscrits connus ayant été copiés dans l’île de Chypre , il est probable que la Liturgie
a été composée en ce pays, au début du XVIe siècle. Son auteur ne peut guère être que le
trop fameux Gabriel Barclai, évêque de Nicosie, à qui on attribuera facilement le premier
rang parmi les faussaires maronites si on se rappelle qu’outre les nombreux récits
imaginaires disséminés dans ses ouvrages, il fabriqua une vie fabuleuse de Jean Maron, et
forma un recueil de cinq cents lettres adressées aux patriarches maronites par les papes
150
depuis Innocent III jusqu’à Léon X.

Si nous acceptons la réfutation de Chabot du fait que cette liturgie n’est pas
l’œuvre de Jean-Maron, nous ne pouvons pas, néanmoins, accepter son
attribution à Ibn al-Qil!"#$%. Aucun indice interne ni externe ne permet de valider
une telle hypothèse.

149. En l’occurrence le manuscrit le plus ancien, le VS 29, copié pour son propre usage par le
prêtre Yamm%&n fils de S"#lim, originaire de ,-"#qel au Liban ; il le copie dans le village de
Ganbilin (Gambili) dans l’île de Chypre, au mois de février 1536. Voir ASSEMANI, BAV, II :
225-231.
150. CHABOT 1965 : 7-8.
463

6- Les œuvres attribuées à Ibn al-Qil!"#$%, mais non retrouvées

6.1 Œuvres citées dans le manuscrit VS 249


6.2 Œuvres citées par le patriarche Étienne Douaihy
6.3 Le manuscrit Ashqut 9
6.4 Une œuvre de Jean Damascène
6.5 Un poème sur le Saint-Siège
6.6 Un poème sur les hérésies
6.7 Miscellanea
6.8 Un traité sur le sacerdoce
464
465

6- LES ŒUVRES ATTRIBUÉES À IBN AL-QIL!!""#, MAIS NON


RETROUVÉES

Plusieurs œuvres attribuées à Ibn al-Qil!"#$% par les copistes de manuscrits, ou


par les divers auteurs et historiens, demeurent introuvables.

1
6.1 Œuvres citées dans le manuscrit VS 249
Le ms. VS 249, perdu actuellement, attribue à Ibn al-Qil!"#$% plusieurs œuvres
non trouvées dans l’état actuel de la recherche :
II : Gabrielis Barclaii, carmina Arabica, de diversis.
II-2 : De Ecclesia et fide orthodoxa.
II-4 : Paraenesis.
II-5 : De morte.
II-10 : Paraenesis.
II-13 et 14 : Paraenesis duae.
II-18 : De S. Mose Aethiope, qui ex latrone Monachus factus est (cité par
2 3
Graf et Breydy ).
II-19 et 20 : De pœnitentia carmina duo.
II-21 et 22 : Paraeneses duae.

4
6.2 Œuvres citées par le patriarche Étienne Douaihy
Le patriarche Douaihy attribue à Ibn al-Qil#!"$% plusieurs poèmes non
retrouvés :
5
Sur la moniale défroquée (repris par Graf ).
Sur les sciences.

1. ASSEMANI, BAV, III : 535.


2. GRAF, GCAL, III : 332.
3. BREYDY 1985 : 196.
4. VS 215, f. 106r ; Annales/Fahd : 396-396 ; VA 683, f. 78v ; Annales/Taoutel : 237 ;
Histoire/Chartouni : 153-154.
5. GRAF, GCAL, III : 332.
466 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Sur la pénitence.
Sur la mort.
Sur l’âme.
Sur les formes du mariage.

6
6.3 Le manuscrit Ashqut 9
Chebli cite, dans un article, qu’il a trouvé dans le ms. Ashqut 9, un long
poème historique d’Ibn al-Qil!"#$% dans ce manuscrit. Serait-ce le célèbre poème
Sur le Mont-Liban ?

6.4 Une œuvre de Jean Damascène


7
Douaihy cite une œuvre de Jean Damascène écrite par Ibn al-Qil!"#$% en
8
1488. Breydy considère que la date devait être plutôt 1498.

6.5 Un poème sur le Saint-Siège


9
Douaihy note qu’Ibn al-Qil!"#$% a composé un traité sur la dévotion maronite
pour le Saint-Siège ; il l’a commencé à Beyrouth en 1504, mais sans réussir à
10
l’achever. Douaihy en édite quelques strophes dans son Apologie .

6.6 Un poème sur les hérésies


11
Douaihy note dans son Apologie qu’Ibn al-Qil!"#$% a composé un poème sur
les hérésies et il en édite trois strophes. Son incipit est : F!" al-awwal sal#$m
uqr!"h [au début je présente mes salutations].
12
Dans ses Annales , Douaihy édite trois autres strophes portant sur la mort
du maqaddam #Abdel Min#im. Nous ne saurions s’il faut les considérer comme

6. CHEBLI, $Achqut : 751. Il fut repris par GRAF, GCAL, III : 332.
7. Douaihy le mentionne seulement dans la version longue de ses Annales : VS 215, f. 97v ;
Annales/Fahd : 365.
8. BREYDY 1985 : 191.
9. Histoire/Chartouni : 397 ; repris par GRAF, GCAL, III : 331.
10. Apologie/II : 223-224.
11. Apologie/II : 142.
6. Les œuvres attribuées à Ibn al-Qil"#$%&, mais non retrouvées 467

faisant partie de ce poème perdu ou bien comme appartenant à un autre poème


non encore identifié.

13
6.7 Miscellanea
En 1522, le patriarche maronite ,-im#23n al-()ada*+$% († 1524) envoie une
délégation à Rome pour féliciter le pape Adrien VI (1522-1523) et lui jurer
obéissance au nom du patriarche et de l’Église maronite. Les légats donnent au
pape, en guise de cadeau, cinq manuscrits dont l’un est « un livre écrit par
14
l’évêque Gabriel Ibn al-Qil!"#$%, sur diverses choses » .

6.8 Un traité sur le sacerdoce


15
Abraham Ecchellensis évoque, dans son livre De origine nominis papae ,
que Gabriel Ibn al-Qil!"#$% a déjà donné une définition de l’origine du mot
« pape », dans son traité sur le sacerdoce :

Huic sententiae subscribit etiam Gabriel Klahi Maronita Ledrensis Archiepiscopus, […]
in libro de Sacerdotio cap. 3 de sacris Ordinibus, et Ecclesiasticis Dignitatibus in haec
verba :

@lýe@le@ñe@bie@le@æîó#ÑÝÜö@æîòaû@æà@kØ‹à@ìûì@ðäbî‹&Üö@çb&ÝÜö@æà@×ó“à@â(e@ìüÐ@bibjÜö@bàbÐ
@üäý@EûcbØ@üÜ@Šacì@üïàìŠ@kyac@ðÜö@‡Éi@bà@À@ÞÔóäbÐ@üÑÔb(ýe@Êïá§@bàbÈ@bº‡Ô@çbØ@N‡§ö@?Éî
Nbiýe@Êï»@leì@‘ì‹#i@EüÑïÝØ
At verò, Papa, est nomen derivatum à lingua Syriaca, et est compositum ex hisce duabus
dictionibus, Ab Aba, et significat Patrem Patris, hoc est Auum. Olim autem commune erat
omnibus Episcopis, posteà verò ad Romanum translatum Pontificem, et illi proprium
16
factum est, quia ipse est Successor Petri, et Pater omnium Patrum.

Nous pouvons ajouter à cette liste les œuvres que contiennent les manuscrits
du patriarcat syriaque catholique à Cherfet (Liban) et qui sembleraient contenir
des œuvres d’Ibn al-Qil!"#$%. Comme nous l’avons noté dans le premier chapitre,

12. VS 215, f. 100r ; Annales/Fahd : 371. La version des Annales copiée dans VA 683 ne
conserve pas ces strophes.
13. TABET 1988 : 10.
14. Kit*+b *+&0ar min &0a#/ al-usquf :;ubr*+yil Ibn al-Qil*+.!", a&0b*+r .an kul $8ay’.
15. ECCHELLENSIS 1660.
16. ECCHELLENSIS 1660 : 101-102.
468 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

l’accès à la consultation de ces manuscrits nous était interdit ; par conséquent, et


d’après les notices fournies par les catalogues imprimés, nous ne pouvons que
supposer l’existence d’œuvres d’Ibn al-Qil!"#$% dans ces manuscrits sans pouvoir
trancher sur le contenu.
469

CONCLUSION

L’héritage culturel qu’Ibn al-Qil!"#$% a légué semble d’importance majeure.


Cet auteur est l’un des premiers maronites, et même des premiers Libanais, à
avoir acquis la formation intellectuelle occidentale ; il est l’un des pionniers
dans la transmission du savoir chrétien médiéval et occidental en Orient ; il est
l’un des précurseurs d’une renaissance qui ne prendra son essor qu’au moins
deux siècles plus tard.
Il est homme d’Église, historien, théologien, moraliste, liturgiste, pasteur et
poète. Il écrit ou traduit des traités de théologie, de droit canonique, de morale,
de philosophie, d’astrologie ; il compose ou traduit des recueils de sermons et
des manuels pour la pratique religieuse ; il est poète et ses poèmes chantent la
vie de Jésus, de Marie, des Apôtres, etc., et louent les mérites des saints et des
martyrs. Par ses poèmes, Ibn al-Qil!"#$% instruit son peuple de l’histoire de
l’Église et de sa communauté maronite, du catéchisme, de la science, de la
médecine et de l’astrologie.
C’est le corpus complexe d’une personnalité complexe. Un maronite qui
devient franciscain ; un libanais qui se forme en Italie, un syriaque qui va prôner
la liturgie romaine ; un oriental qui va enseigner la théologie occidentale et
enfin un religieux latin qui devient évêque maronite.
Pour mieux saisir le poids de l’héritage d’Ibn al-Qil!"#$% et pour comprendre
son rôle dans le parcours des événements dont il est témoin, et, par le fait même,
la valeur de son travail, nous allons jeter la lumière sur quelques aspects de sa
personnalité en analysant le fond de son travail selon les axes de l’histoire, de la
théologie, de la pastorale, de la poésie et d’autres.

1- L’historien de l’Église maronite


Ibn al-Qil!"#$% ne laisse pas de traités sur l’histoire des maronites, mais
beaucoup de ses œuvres permettent de le considérer comme le premier auteur
ayant fourni une vue globale de l’histoire des maronites au Moyen Âge.
Notons d’abord que, pour Ibn al-Qil!"#$%, l’appellation maronite dérive du mot
1
syriaque qui signifie « ceux qui appartiennent à Dieu » . Il ne fait aucune

1. Voir Sur la foi. Ibn al-Qil"#$%& n’utilise jamais le mot syriaque « bïäìhà », mais plutôt sa
traduction arabe « !"#$%& » ; voir également Explication de la foi ; Lettre aux habitants du
Mont-Liban.
470 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

mention de leur origine syrienne ou de leur appartenance patronymique à


2
Maron, dont la vie est relatée par Théodoret de Cyr .
Si Ibn al-Qil!"#$% ne connaît pas l’histoire de Maron l’anachorète, il a,
toutefois, sa version sur l’origine des maronites. En effet, il fait remonter
l’Église maronite à un certain Maron sans d’ailleurs fixer le temps de sa vie ni
la date de la naissance de son Église. De plus, Ibn al-Qil!"#$% fait l’écho, dans ses
œuvres, de plusieurs traditions circulant à son époque et concernant le même
personnage.
Dans la Lettre contre les jacobites, Maron est présenté comme originaire
d’Antioche ; il est séduit par l’erreur des monophysites avant de se convertir
grâce à l’intervention du légat du pape ; il devient patriarche d’Antioche et
fonde l’Église maronite avant de mourir à Kfar./ay. Dans son poème Sur les
quatre conciles, Ibn al-Qil!"#$% reprend la même histoire, mais en omettant toute
hérésie de Maron ; ce dernier est apprécié par la cour du pape pour sa science et
ses vertus et devient le patriarche d’Antioche qui a « le Mont-Liban comme
3
paroisse » . Dans son œuvre Explication de la foi, c’est une troisième version
4
sur l’identité de Maron qui est présentée .
Ibn al-Qil!"#$% est au courant également de la tradition qui fait de Maron un
moine avant d’être devenu le chef des maronites, mais il la récuse. Il refuse
5
également l’origine jacobite des maronites . En outre, sa version des origines est
teintée de traditions locales sur l’installation au Mont-Liban, sur les « rois » des
maronites, sur leurs exploits, sur les noms des patriarches, sur la bravoure des
muqaddams, etc.
Ces traditions semblent antérieures à Ibn al-Qil!"#$%, lequel se contente de les
répéter en les sauvant de l’oubli.
Ce Maron devient alors la synthèse de plusieurs « couches » constituant la
stratification des traditions locales propres aux maronites. Il semble parfois
même être le « méta-visage » de différents « mythes des origines » que les
maronites ont élaborés au moment de prendre conscience de leur différence par
rapport à leur milieu religieux, géographique ou culturel.

2. L’attachement des maronites à Maron l’anachorète ne s’est produit qu’à la fin du XVIe siècle,
probablement avec le cardinal César Baronius. Voir ROUHANA 1998. Cette vision devient la
version officielle de l’historiographie maronite depuis le XVIIe siècle.
3. Voir Explication de la foi ; Sur les quatre conciles.
4. Ce n’est qu’avec le patriarche Douaihy que cette identité fluctuante de Maron va être
formalisée et officialisée sous le nom de Jean Maron. Voir ROUHANA 1998.
5. Voir Explication de la foi.
Conclusion 471

6
Ainsi, pour Ibn al-Qil!"#$%, les maronites sont « un peuple élu » , ils sont le
7 8 9
« peuple de Maron » , la « nation de Maron » , la « communauté de Maron » et
10
ils sont même nommés parfois par le seul nom de Maron . Leur honneur réside
dans le fait qu’ils sont restés toujours en union avec l’Église de Rome.
En effet, l’union des maronites avec Rome s’est scellée à plusieurs reprises
surtout à partir de 1215 et pendant tout le Moyen Âge. Elle n’était pas alors un
acte subi et isolé, mais plutôt un processus chronologique progressif, rythmé par
les interventions romaines pour seconder le peuple maronite. Dans son œuvre
Explication de la foi, Ibn al-Qil!"#$% essaie de résumer cette évolution :
– les « ancêtres » [des maronites] ont accepté les dogmes du concile de
Chalcédoine (451), qui a eu lieu au temps du saint pape Léon et du grand roi
Marcien ;
– sous le règne du pape Alexandre II et grâce au patriarche Irmy!" [al-
#Am&'$%t$%], ils [les maronites] ont prêté serment et accepté de croire avec Rome
que le Christ avait deux natures et deux volontés ;
– sous le règne du pape Eugène et grâce au patriarche Y23./ann!" al-78!"<=$%, ils
ont prêté serment et accepté de croire que l’Esprit Saint procédait du Père et du
Fils ;
– grâce au Père Gryphon et au patriarche Bu*0rus al-()ada*+$%, ils ont prêté
serment et professé que le pape était le Chef des chefs, le Vicaire du Christ et le
successeur de Pierre et c’est à lui qu’ils ont prêté obéissance et en son nom ils
ont proclamé la foi ;
– ils ont adopté les formules sacramentelles romaines dans le baptême, la
confession, l’eucharistie, le mariage, le sacerdoce, la confirmation et l’extrême-
onction.
Alors, la relation entre les maronites et Rome s’est affermie à plusieurs
reprises, et Ibn al-Qil!"#$% raconte, dans ses lettres et surtout dans son poème Sur
le Mont-Liban, combien les maronites ont « trébuché » lors de leur démarche et
comment la « clémence » du Saint-Siège est intervenue pour les aider.

6. Voir Explication de la foi ; Miscellanea.


7. Voir Explication de la confession sacrée ; Éloge funèbre de Jean, noyé en mer ; Explication
de la foi ; Miscellanea.
8. Voir Explication de la foi.
9. Voir Explication de la foi.
10. Ainsi, nous trouvons « les prêtres de Maron », voir Traité sur la messe et ses rubriques.
472 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Cette insistance sur le fait que les maronites sont depuis toujours en union
avec l’Église de Rome se transforma avec le temps pour devenir la théorie de la
« perpétuelle orthodoxie », surtout avec les historiens maronites qui la
présentent ensuite comme un fait fondateur, originel et invariable.
En somme, cette théorie de la « perpétuelle orthodoxie » qu’on attribue
généralement à Ibn al-Qil!"#$% lui-même, n’est, apparemment pour lui, qu’un
« processus historique » indéterminé dans ses débuts et qui se développe ensuite
pendant le Moyen Âge. Par ailleurs, Ibn al-Qil!"#$% traduit, pour la première fois,
du latin en dialectal libanais, une collection de bulles papales adressées aux
patriarches maronites dont la première est celle du pape Innocent III, envoyée
11
au patriarche Irmy!" al-#Am&'$%t$%, en 1215 .
S’agissant de la « crise » jacobite qui secoue le Mont-Liban au XVe siècle, il
semble qu’Ibn al-Qil!"#$% en relate les événements en témoin oculaire. Il connaît
les personnages clés, les endroits et l’évolution des événements.
12
Ibn al-Qil!"#$% est également l’historien de l’institution des muqaddams
(chefs locaux) et de leur relation avec la hiérarchie maronite. Jusqu’au XVe
siècle, l’autorité patriarcale englobait le civil et le religieux. Mais, à partir de la
seconde moitié du XVe siècle, le muqaddam, désigné désormais probablement
par les mamelouks, commence à rivaliser avec l’autorité civile du patriarche au
sein de la communauté.
Même quand Ibn al-Qil!"#$% chante les vertus de saint Lucius, de saint
Syméon le Stylite, etc., il peint son tableau avec les traditions libanaises
locales : Syméon est originaire de Byblos, il fait ses études à Asy!"4; Lucius
meurt à Sm!"r Jbeil, etc.
En somme, Ibn al-Qil!"#$% reprend à son compte toutes les histoires des
maronites qui circulaient à son époque. Il relate les gloires de sa communauté,
mais également ses échecs, son zèle pour la foi, mais aussi ses péchés ; il
raconte la bravoure de ses chefs, de même que leur dissidence ; il peint le
portrait de ses patriarches dans leur sainteté, mais également dans leur
déchéance. C’est l’histoire maronite qui se fait dans un mouvement sinueux et
qui est à chaque fois rachetée et raffermie dans la foi de l’Église de Rome ; la
« perpétuelle orthodoxie » est donc un aboutissement, mieux, un cheminement.

11. Voir Collection de bulles adressées aux maronites.


12. Le muqaddam est l’équivalent du « principe » dans la tradition occidentale (voir
Compendium theologicae veritatis) ; il est oint au bras avec le Saint Chrême, en signe de
pouvoir, comme les rois et les empereurs (voir Livre de la Loi).
Conclusion 473

À partir du XVIIe siècle, les apologistes maronites transformeront cette


« perpétuelle orthodoxie » en un fondement idéologique, et gommeront, par
conséquent, tous les « points faibles » de l’histoire maronite, afin que seul le
mouvement rectiligne persiste et afin que rayonne une appartenance dogmatique
immémoriale à l’Église de Rome.
Regrettablement, dans une pareille perspective, la version historique d’Ibn
al-Qil!"#$% ne devient, à travers ces apologistes et autres historiens, qu’une vision
13
légendaire, une supercherie, ou mieux, une invention à « but pédagogique » .

2- Le docteur et le missionnaire de l’Église romaine


Ibn al-Qil!"#$% se présente comme étant un religieux franciscain et un homme
d’Église. Sa formation religieuse et sacerdotale romaine prévaut sur toute autre
appartenance orientale et maronite.
C’est un homme en mission. Il veut présenter la théologie occidentale à ses
compatriotes libanais. Il veut leur enseigner la philosophie, la logique,
l’astrologie et les autres disciplines de son temps. Dans sa démarche, il est tout
de même vigilant et barre la route aux prétentieux ; il déclare que « seul celui
qui a reçu une formation solide en philosophie et en théologie peut aborder les
14
questions de la foi et expliquer les secrets de la vie » .
Dans la plupart des cas, Ibn al-Qil!"#$% n’est pas l’auteur de ses traités
théologiques et philosophiques. Il se contente de traduire en arabe les grands
traités classiques de son temps. Ce sont, peut-être, les sources utilisées par ses
15
maîtres lors de sa formation à Venise et à Rome .
Sur le plan théologique, Ibn al-Qil!"#$% traduit une grande partie du
Compendium theologicae veritatis du dominicain Hugues Ripelin de
16
Strasbourg, qui est l’un des manuels les plus répandus au Moyen Âge . Il
17
traduit également des œuvres de Duns Scot .
Face aux sources utilisées par les jacobites dans leur propagande
« hérétique », Ibn al-Qil!"#$% fait appel aux diverses collections patristiques et
conciliaires pour contredire ses adversaires. D’un manuscrit syriaque « vieux de

13. Harfouche, Constantin ; Derian 1912 : 1-3.


14. Voir Compendium theologicae veritatis.
15. Augustin, Grégoire le Grand, Benoît, Cassiodore, etc., faisaient partie de l’enseignement du
novice franciscain. ROEST 2000 : 249.
16. Voir Compendium theologicae veritatis.
17. Voir Explication de la foi.
474 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

huit cents ans », il reproduit des traités de Sévérien, évêque de Gabala, de


18
Cyrille d’Alexandrie, de Jacques de Saroug, d’Éphrem, du pape Léon . Dans un
autre traité, il traduit un ensemble d’exposés et de lettres concernant les conciles
d’Éphèse et de Chalcédoine. Dans d’autres traités, paraissent les noms de
beaucoup de Pères et de Docteurs, ainsi que les grandes figures du Moyen Âge :
Basile, Athanase d’Alexandrie, Jean Damascène, Augustin, Ambroise, Jérôme,
Bonaventure, Anselme, Bernardin de Sienne, etc.
Et, puisque la controverse à l’égard des jacobites porte essentiellement sur
la personne du Christ, Ibn al-Qil!"#$% n’hésite pas à réaffirmer, par divers traités,
19
que le Christ a deux natures et deux volontés .
Il traduit également une partie du « libre arbitre » d’Anselme, la lettre de
20
Jérôme à Eustochie, les prophéties des Sibylles sur le Christ, etc.
Pour relater l’histoire de l’Église, des conciles, des papes et des empereurs,
l’auteur utilise la Chronique de Martin de Troppau, une source utilisée par un
21
grand nombre d’écrivains au Moyen Âge .
Pour guider les confesseurs, il traduit la Summa de casibus conscientiae
22
d’Astesanus qui traite également de divers sacrements . Il traduit également des
traités sur la confession, attribués à Antonin de Florence, Bernardin de Sienne,
23
et autres . Dans son Traité sur la messe et ses rubriques, il expose, d’une
manière détaillée, tous les gestes et les réactions que doit avoir un prêtre lors de
la célébration eucharistique.
Dans un traité sur le jugement dernier, Ibn al-Qil!"#$% affirme la vérité de la
24
résurrection, du jugement et des sanctions .
Ibn al-Qil!"#$% privilégie Raymond Lulle dont il traduit L’Art bref, un traité
sur la signification des lettres de l’alphabet et de plusieurs figures ; il traduit
aussi La dispute des cinq sages, un traité apologétique catholique contre les
nestoriens, les jacobites et les musulmans.
En plus de ces traités théologiques et philosophiques, Ibn al-Qil!"#i insiste
sur la formation fondamentale de chaque chrétien : le symbole de la foi, le

18. Voir Explication de la foi.


19. Voir Sur la foi.
20. Voir Miscellanea.
21. Voir Explication de la foi.
22. Voir Livre de la Loi.
23. Voir Explication de la confession sacrée.
24. Voir Explication de la foi.
Conclusion 475

Pater, l’Ave Maria, les dix commandements, les dons de l’Esprit Saint, la liste
25
des livres canoniques, la liste des livres interdits ou apocryphes .
Ibn al-Qil!"#$% traduit le livre de l’Apocalypse du latin en dialectal libanais et
laisse également un commentaire philosophique et théologique sur le Prologue
de l’évangile de Jean.
En ce qui concerne les sacrements, Ibn al-Qil!"#$% s’aligne sur la tradition
26 27
romaine et fournit, à plusieurs reprises, des traités traduits du latin ou
développés par ses propres soins. Il critique le mariage des prêtres et accuse les
maronites d’ordonner prêtres « des chevriers et des illettrés ». Il veut unifier les
28
paroles de la consécration selon l’usage romain ; il critique quelques usages
29
liturgiques concernant la messe et la conservation des hosties ; il exige le
consentement dans le sacrement du mariage selon le rite romain ; il utilise la
formule romaine pour le baptême. Il remarque que le degré de l’acolytat ne se
trouve pas chez les maronites et que le sacrement de l’extrême-onction n’est
30
plus pratiqué . Il déplore également que le sacrement de la confirmation fasse
défaut et prône que seuls les évêques aient le droit de l’administrer. Ignore-t-il
que la confirmation est administrée chez les maronites avec le baptême ? ou
bien veut-il simplement appliquer la tradition romaine ?
Face à la pratique sacramentelle maronite, il se trouve obligé d’expliquer
l’administration des sacrements selon le rite romain, ainsi que les divers degrés
31
du sacerdoce .
Bref, dans tous ses écrits, Ibn al-Qil!"#$% cherche un comportement maronite
empathique à l’égard de tout ce qui est romain et latin. Ainsi, la doctrine des
maronites devient « celle de l’Église de Rome », et la Loi des maronites doit
32
être « résumée de la Loi de Rome » , etc. Même un détail comme le temps de
33 34
Carême , ou le signe de croix , est exposé selon le rite romain. Cette tonalité a

25. Voir La fleur de la Loi.


26. Voir Lettre au patriarche 1Bim.34n al-(Dada#F!".
27. Voir Livre de la Loi.
28. Voir Traité sur la messe et ses rubriques.
29. Voir Traité sur la messe et ses rubriques.
30. Voir Livre de la Loi.
31. Voir Explication de la foi ; Livre de la Loi.
32. Voir Livre de la Loi.
33. Voir Le livre des sermons.
34. Voir Miscellanea.
476 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

permis à plusieurs historiens ultérieurs de considérer Ibn al-Qil!"#$% comme étant


35
le précurseur de la « latinisation » de l’Église maronite .

3- Le détracteur des hérétiques


Au cours de sa jeunesse, Ibn al-Qil!"#$% fut témoin oculaire d’un incident
durant lequel le patriarche maronite a failli être lapidé par une population en
36
rage qui l’accusait d’hérésie . Quelques années plus tard, nous le trouvons avec
son confrère franciscain Jean se tenant sur la défensive contre les attaques de
37
leurs collègues et maîtres qui accusaient la communauté maronite d’hérésie .
Mais, dès son retour au pays, l’auteur est choqué par « l’ampleur de la crise
jacobite », dont l’infiltration a même touché son village natal et ses proches.
Habité du zèle des missionnaires, Ibn al-Qil!"#$% se charge de combattre la
38
présence jacobite au Mont-Liban, ainsi que « l’ignorance » qui rend les
maronites fragiles devant les intrigues des hérétiques et les idées fausses des
39
agitateurs .
En plus de son zèle d’homme d’Église, Ibn al-Qil!"#$% s’est investi d’une
mission officielle, celle d’enquêter sur les accusations portées contre les
maronites à propos de leur adhésion à la foi de l’Église romaine et de leur
40
pratique liturgique .
Conscient du rôle de « l’écrit » dans la promulgation de la foi, Ibn al-Qil!"#$%
examine les livres des « hérétiques » et réfute leurs arguments en confirmant
que la foi de l’Église de Rome est la seule voie du salut.

35. « Ibn al-Qela$î fut le premier maronite qui lut les ouvrages latins concernant les origines
religieuses de sa nation. Il en défendit avec vigueur la perpétuelle orthodoxie et son exemple
fut suivi par les écrivains postérieurs. Il exerça une action profonde sur la vie de l’Église
maronite. On le compte, à juste titre, parmi les principaux précurseurs de la latinisation
effective de la liturgie et de la discipline. » DIB 1962, I : 103.
36. Voir Lettre au peuple de Maron.
37. Voir Éloge funèbre de Jean, noyé en mer.
38. Voir Livre de la Loi. HEYBERGER 1994 : 139 écrit à propos de cette notion : « L’ignorance, la
négligence et les ‘abus’ sont les termes utilisés par les missionnaires, les voyageurs et
certains Orientaux, pour juger des connaissances, des croyances et des pratiques religieuses
des chrétiens locaux. »
39. Dans le Compendium theologicae veritatis, il affirme : « Ce qui est un blasphème pour
l’agitateur, est une louange pour nous. »
40. Voir la lettre envoyée par Fra Suriano au patriarche maronite dans le chapitre concernant la
vie d’Ibn al-Qil"#$%&.
Conclusion 477

Nanti de son pouvoir et son intelligence, Ibn al-Qil!"#$% écrira les traités, les
lettres et même des poèmes pour exhorter les maronites à conforter leur foi et
41
les mettre en garde contre les jacobites et les autres « hérétiques » . Son apport
est doctrinal ; les diables, les juifs, les idolâtres et les hérétiques sont les
42
« quatre portes de l’enfer » , et l’Église exige que les croyants les combattent.
Outre ce constat doctrinal, Ibn al-Qil!"#$% cherche également les preuves factuelles
de l’erreur.
Pour mieux atteindre son but, il essaie de mettre à la portée de son lecteur
les instruments nécessaires pour combattre les hérésies. En plus des traités de
théologie, de droit canonique, de morale et de pastorale, Ibn al-Qil!"#$% fournit à
son lecteur quelques traités spécifiques sur l’hérésie et les hérétiques : il traduit
43
une partie du Directorium inquisitorum du dominicain Nicolau Eymerich , où
se trouve une liste des hérésies à travers l’histoire ; il reproduit un traité sur les
44 45
patarins en Bosnie ; il traduit un édit papal contre les R()m (melkites) ; il
attaque les nestoriens, les Arméniens, les Éthiopiens, les coptes, etc. Il n’hésite
46
pas non plus à donner plusieurs versions de l’origine de l’islam .
Mais ce sont les jacobites qui subissent, le plus, le poids des diatribes d’Ibn
47
al-Qil!"#$%. Le Mont-Liban était « la montagne de Dieu » , où aucun étranger ne
48
pouvait s’introduire . Mais, de son temps, les jacobites « étrangers » se sont
infiltrés dans tout le pays et ont semé leur ivraie parmi les habitants. À cause
des jacobites, les habitants du Mont-Liban sont tombés sous les fléaux, les
coups de l’excommunication et la misère. La colère de Dieu s’est abattue sur
eux, parce qu’ils se sont égarés et lui ont préféré l’illusion de l’hérésie.
Au XVIIe siècle, le patriarche Douaihy essaie d’expliquer cette
« infiltration » : la langue et la liturgie communes aux maronites et aux jacobites
étaient parmi les facteurs déterminants qui facilitèrent l’infiltration de

41. C’est la même logique qui va continuer à orienter les missionnaires durant les siècles
suivants. Ce discours est utilisé, par exemple, au XVIIe siècle, par les missionnaires à l’égard
du clergé oriental. Il « s’accompagne chez eux de la certitude que l’hérésie et le schisme ne
tiennent qu’au manque de science, auquel la lumière qu’ils diffusent ne tarderont pas à porter
remède ». HEYBERGER 1994 : 140.
42. Voir Explication de la foi.
43. Voir Explication de la foi.
44. Voir Livre de la Loi.
45. Voir Excommunication contre les melkites où est énoncée une série d’anathèmes et de
malédictions très sévères.
46. Voir Explication de la foi ; Sur Constantin et la Croix ; Lettre contre les jacobites.
47. Voir Lettre au Mont-Liban.
48. Voir Le livre des sermons.
478 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

« l’hérésie » jacobite au Mont-Liban. Pour Ibn al-Qil!"#$%, le facteur essentiel


49
était plutôt « l’ignorance », vice qui conduit à l’hérésie .
Mais qui est l’hérétique ? Pour Ibn al-Qil!"#$%, c’est la personne qui s’éloigne
50
de la foi de Rome ou transgresse ses lois, fût-elle un pape . En outre, l’hérésie
se révèle surtout dans l’expérience des sacraments et sa conformité avec la
tradition et les rituels de l’Église de Rome. Il ajoute que toute personne
transgressant la loi de Rome doit être châtiée, surtout celle qui, en sa qualité de
responsable civil ou ecclésiastique, n’intervient pas pour expulser les hérétiques
de sa communauté. C’est pourquoi celui qui ne dénonce pas les hérétiques est
51
considéré par l’Église comme étant leur complice .
Ainsi, le fait d’embrasser la foi des hérétiques, est un acte considéré par Ibn
52
al-Qil!"#$% comme un « adultère spirituel » . Ces hérétiques ne sont plus en
53
communion avec l’Église et leurs sacrements deviennent invalides .
Ibn al-Qil!"#$% hausse le ton :
L’Église de Dieu nous interdit de fréquenter les hérétiques, mais elle ne nous interdit pas
de fréquenter les musulmans et les autres religions ; la cause en est que les hérétiques sont
excommuniés, parce qu’ils ont transgressé [la loi de l’Église] et l’ont quittée, alors que les
musulmans et les juifs n’ont jamais été dedans ni acceptés par elle ; ainsi il résulte que les
musulmans et les juifs sont mieux que les hérétiques ; même les idolâtres sont mieux que
54
les hérétiques.

Dans la Lettre à Georges ar-R#$m!", la menace d’Ibn al-Qil!"#$% s’amplifie


comme s’il jouait le rôle d’un inquisiteur :

49. Heyberger souligne que l’un des principaux motifs pour la production du livre et sa diffusion
à partir du XVIe siècle est la lutte théologique : « Le développement des éditions orientales en
Occident s’inscrit dans la compétition entre protestants et catholiques. » HEYBERGER 1999 :
211. Il ajoute : « Les catholiques qui, aux XVIe et XVIIe siècles, partent gagnants dans cette
course, appliquent par ailleurs aux chrétientés orientales leur propre conception de l’histoire
de l’Église et du monde : c’est l’ignorance qui a introduit des abus dans la vraie foi et dans la
vraie liturgie. Il faut donc les expurger, en prenant le catholicisme rénové du Concile de
Trente (1545-1563) comme référence. D’où un autre aspect de la politique éditoriale
catholique : contrôler l’impression du livre pour contrôler le contenu de la foi. Éliminer
l’usage des manuscrits « corrompus », et empêcher l’arrivée sur le marché d’ouvrages
protestants, ou profanes. » HEYBERGER 1999 : 211.
50. Dans Explication de la foi, Ibn al-Qil"#$%& explique que l’Église de Rome peut, parfois, être
ébranlée par les hérésies, mais jamais elle ne s’éloigne de la foi de l’apôtre Pierre.
51. Voir Lettre à l’évêque David.
52. Voir Lettre à l’évêque David.
53. Voir L’Art bref.
54. Voir L’Art bref.
Conclusion 479

Il est permis dans notre loi de vous lapider et de vous brûler ; vous dites que vous êtes
maronites et vous ne l’êtes pas. C’est à cause de vous que la colère de Dieu s’est
enflammée contre notre pays et a brûlé le vert et le sec.

Dans son poème Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites, il
affirme : « Il est permis de tuer le menteur, et ses livres doivent être brûlés. »
À la suite de ces menaces, il n’hésite pas à considérer les jacobites comme
des renards : « Ô renards, n’osez-vous pas sortir de vos tanières et proclamer
55
devant moi votre foi déviée ? »

4- Le pasteur, l’instructeur et le poète


Ibn al-Qil!"#$%, missionnaire et religieux zélé contre les hérétiques, est
également pasteur, instructeur et poète.
À plusieurs reprises, Ibn al-Qil!"#$% met son lecteur en garde et lui explique
que son traité est difficile pour celui qui n’a pas fait de philosophie et de
théologie. Il ne veut pas choquer son lecteur et insiste pour qu’un « maître »
reprenne le texte pour l’expliquer aux autres.
Dans ses œuvres, Ibn al-Qil!"#$% rend hommage à celui qui est studieux et
56
attaque les paresseux . Le studieux a la grâce de Dieu, alors que le paresseux
est un disciple du diable. Le studieux qui consacre tout son temps à apprendre, à
étudier, à lire et à progresser est comme un arbre qui donne de bons fruits,
comme un chevalier qui excelle dans le combat et comme le prince qui rayonne
dans son fief. C’est à cet homme studieux que notre auteur offre ses traités et
ses recueils poétiques.
Dans Le livre des sermons, il propose une série type de sermons pour le
temps de Carême. Il y ajoute divers sermons sur la mort, le jugement, l’usure et
le gain, le paradis, la confession, l’eucharistie, etc. Le livre en question est suivi
d’un autre traité regroupant des mimrés (discours), écrits pour être lus durant la
57
Semaine sainte .
Dans Miscellanea, Ibn al-Qil!"#$% écrit plusieurs sermons, adressés en grande
partie à des moines du Mont-Liban ; il y expose sa vision des idéaux auxquels

55. Voir Lettre à Georges ar-R*+m!". Le patriarche Douaihy considère les jacobites comme « des
serpents qui rampent dans le jardin de Dieu [le Mont-Liban], et qui corrompent par leur
esprit destructeur les cœurs modestes ». VS 215, f. 94v ; Annales/Fahd : 355.
56. Voir Sur la science.
57. Voir Discours sur le saint sacrement.
480 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

doit aspirer la vie monastique. Ainsi, il leur envoie plusieurs sermons sur la
pénitence, sur la mort, sur le jugement dernier, sur la patience, sur les douze
remèdes pour celui d’entre eux qui est spirituellement malade, sur le dédain du
rire, sur le courage des martyrs, sur l’Antéchrist, etc.
Par ailleurs, Ibn al-Qil!"#$% s’investit pour vulgariser à ses lecteurs les arts de
l’astrologie, des calculs et de la médecine. Dans le Traité sur le calendrier
attribué à Eusèbe de Césarée, il expose les différents éléments qui constituent
le calendrier selon l’usage syriaque (ère grecque ou d’Alexandre), ainsi que les
méthodes mnémotechniques facilitant l’apprentissage. Dans son poème Sur le
zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles, l’auteur enseigne à son lecteur, en
vers, comment faire les calculs pour les années bissextiles, les saisons, le cycle
solaire, les réguliers, le nombre d’or, les fêtes mobiles, etc., ainsi que les signes
du zodiaque. Il transmet également maints détails sur la pratique de la médecine
au Moyen Âge, ainsi que sur la connaissance du corps humain et sur l’influence
58
des astres sur la vie . Il traduit également le Tractatus de sphaera de Jean de
59
Sacro Bosco .
Mais ce qui a rendu Ibn al-Qil!"#$% célèbre dans l’esprit de beaucoup de gens,
c’est le fait qu’il a composé des poèmes. En effet, les poèmes populaires, les
dictons et les proverbes transmis d’une génération à une autre, semblent être le
meilleur moyen pour connaître les mécanismes d’une société tout au long de
l’histoire. Cela dit, l’auteur devient le peintre de l’histoire de sa communauté et
60
de ses traditions .
Ces poèmes sont pour la plupart calqués sur le rythme des chants
liturgiques, ce qui facilite leur apprentissage. Ils sont écrits dans une langue
61
dialectale qu’est la langue libanaise du XVe siècle ; d’où l’importance que
62
revêtent ces textes reflètant la mentalité de l’époque, son style et son discours .

58. Voir Sur la médecine et sur l’influence des astres.


59. Voir Sur les sphères.
60. HEYBERGER 1994 : 154, définit le rôle de la poésie : « Si une partie de cette poésie s’est
conservée écrite, elle était avant tout destinée à être apprise par cœur, à être récitée ou
chantée. Elle pouvait appartenir au capital des connaissances d’un illettré. »
61. L’un des premiers traités, qui tentèrent de décrire les accents à observer dans la lecture de
l’arabe, est la « grammaire arabe » éditée par Gabriel Sionita et Jean Hesronita, en 1616.
TROUPEAU 1996 : 194, note : « Nous avons ici une description de l’accent tel que le plaçaient
les maronites du Liban au XVIe siècle, ce qui fait de ce chapitre la plus ancienne notation
connue de l’accentuation en arabe littéral. »
62. La plupart de ces poèmes ne sont pas assez riches en figures de style, en lexique et en
tournures stylistiques. Parfois les mêmes mots rimés, à la fin de chaque vers ou chaque
Conclusion 481

Dans ses traités et poèmes, Ibn al-Qil!"#$% veut être pasteur et instructeur : il
reproduit des scènes de la vie du Christ (Joachim et Anne, la vie de Marie,
Joseph le charpentier, le dimanche des Rameaux, Marie-Madeleine, Véronique,
les apôtres) ; il relate l’histoire du début du christianisme (Constantin, Hélène,
le pape Sylvestre, les conciles), et de quelques saints vénérés au Liban (Syméon
le Stylite, Lucius, Euphrosyne, Alexis).
Dans le cadre de ce travail de vulgarisation, Ibn al-Qil!"#$% n’hésite pas à
utiliser les légendes et les traditions locales qui circulent à son époque ; son
travail devient alors le conservatoire de ces histoires et traditions. Il critique les
amulettes superstitieuses comme la prière de la Vierge et celle de saint
63
Cyprien ; il critique la croyance populaire selon laquelle les arbres
s’agenouillent lors de la bénédiction de l’eau pendant la messe de minuit,
célébrée pour la fête du Baptême du Christ ; ou celle qui fait de la nuit de la
Nativité la plus longue de l’année ; ou encore celle qui confirme que le Soleil
64
danse à la fête de la Sain-Jean .
Parfois, apparaît une expression propre à Ibn al-Qil!"#$% comme dans sa
65
description des basiliques de Rome et dans son éloge funèbre de son confrère
66
Jean, qui s’est noyé .
Mais le caractère personnel de l’auteur apparaît surtout dans ses lettres où la
tonalité peut varier brusquement de l’amitié à l’antipathie, de la compassion à la
dureté, de l’affection à la froideur. Tout dépend de la position de l’auteur envers
son destinataire ou plutôt du sentiment du destinataire éprouvé par Ibn al-Qil!"#$%.
Dans tout cela, l’auteur ne ménage pas ses énoncés, toujours directs.

5- L’influence et l’héritage culturel


Après plusieurs combats, il s’avère qu’Ibn al-Qil!"#$% sent qu’il est attaqué par
les responsables maronites : a-t-il exagéré son autorité ? Les traditions de Rome

strophe, se répètent dans plusieurs poèmes et pour plusieurs thèmes.


63. Voir Explication de la confession sacrée.
64. Voir Explication de la confession sacrée. HEYBERGER 1994 : 155, définit la religion
« populaire » comme étant « l’espace de croyances et pratiques magiques souvent plus
proches du paganisme que du christianisme formel. L’insécurité, la dépendance envers les
phénomènes climatiques, l’impuissance face à la maladie et à tous les accidents naturels,
rendaient nécessaires des rituels de protection plus au moins encadrés par le clergé ».
65. Voir Miscellanea.
66. Voir Éloge funèbre de Jean, mort noyé.
482 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

qu’il a voulu introduire sont-elles mal acceptées ? Son caractère et sa


personnalité sont-ils antipathiques ?
Nous n’avons pas assez de détails pour pouvoir donner une réponse. Mais,
ce qui est sûr, c’est que l’auteur dérange par ses provocations. Ainsi, à la limite,
il devient lui-même un accusé.
Dans son poème Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites, Ibn
al-Qil!"#$% est perturbé, agité et cherche à se justifier. Il réclame un jugement de la
part des « docteurs » de la communauté maronite, lequel devrait être un soutien
et un acquittement.
Nous pouvons postuler même qu’à cause de cette opposition aux traditions
maronites, le patriarche, reconnaissant son érudition, mais offensé par ses
propos, se trouve obligé de le consacrer évêque de Chypre, loin du pays.
Plusieurs questions sur la vie d’Ibn al-Qil!"#$%, sur son rôle et sur son
influence restent sans réponse. Mais, ce qui est clair et même révélateur c’est
qu’il occupe, jusqu’à présent, une place éminente dans le débat que soulève la
question de l’histoire des maronites.
À vrai dire, Ibn al-Qil!"#$% est un historien malgré lui, car il n’a jamais essayé
de présenter une histoire « structurée » des maronites. Malgré cela, la plupart
des historiens ne l’ont connu que sous cette casquette. Jusqu’à présent, le nom
d’Ibn al-Qil!"#$% est associé, pour plusieurs, à l’histoire de Maron l’antiochien et à
67
la notion de « perpétuelle orthodoxie » des maronites .
En revanche, ce qui est quasiment occulté, c’est qu’Ibn al-Qil!"#$% est avant
tout un homme cultivé, qui a essayé de transmettre la culture de l’Occident à
l’Orient. Par ce fait, il est un précurseur de la Renaissance qui va prendre tout
68
son élan à partir du XVIIe siècle. Il est même un pionnier dans ce domaine , car
il reste, jusqu’aujourd’hui, le seul à avoir essayé de traduire en arabe les œuvres

67. Voir GRAF, GCAL, III, p. 309-310.


68. Voir les différents articles de Kallas.
Conclusion 483

de Duns Scot, d’Astesanus, de Raymond Lulle, de Bernardin de Sienne,


69
d’Antonin de Florence, etc.
Son corpus constitue également une source abondante pour l’histoire
philologique et lexicologique de la langue libanaise dialectale au XVe siècle. Ce
volet-là constitue un chantier toujours non exploré.
Ibn al-Qil!"#$% demeure un auteur inconnu pour la plupart de ses œuvres qui
ne sont conservées qu’à l’état manuscrit. Apparemment, il n’a pas fondé d’école
ou de mouvement et il n’a pas eu d’élèves. La génération qui le suit le
70
méconnaît et son corpus n’a pas fasciné beaucoup de copistes . Son style
reflétait-il le climat polémique qui régnait à cette époque-là ?
En tout cas, c’est la réforme tridentine qui marquera le discours catholique à
partir de la seconde moitié du XVIe siècle et qui sera officialisée avec les
légations des jésuites Jean-Baptiste Eliano (1578-1580) et Jérôme Dandini
(1594). Elle sera institutionnalisée avec la fondation du Collège maronite à
Rome (1584).
Ce qui demeure cependant évident, c’est que le travail intellectuel d’Ibn al-
Qil!"#$% reste sans lendemain, et que les vieilles traditions maronites réfutées par
71
lui continuent à résister .

72
6- Le « schisme » de 1574 : influence posthume ?
Mgr D!"w23d, auxiliaire du patriarche Y23suf ar-Rizz$%, ordonne, à l’insu du
patriarche, trois autres évêques. Le patriarche Douaihy, qui rapporte ces
incidents, précise que Mgr D!"w23d agit de la sorte, « pour contrer le

69. Graf considère qu’Ibn al-Qil"#$%& est le premier auteur a avoir apporté en Orient chrétien la
théologie occidentale avec son contenu, sa méthode et sa terminologie. GRAF, GCAL, III :
309. Il lui semble également qu’Ibn al-Qil"#$%& n’utilise que des sources occidentales
spécialement en latin et que ses références sur les Pères syriaques (Éphrem, Jacques de
Saroug, Isaac de Ninive) proviennent également des traditions romaines. Il ajoute qu’il est
fort probable qu’Ibn al-Qil"#$%& n’ait pas connu les auteurs chrétiens d’expression arabe ou
plutôt qu’il les négligeât à cause des erreurs que leurs œuvres pouvaient contenir. GRAF,
GCAL, III : 311-312.
70. La plupart des manuscrits conservent surtout les poèmes.
71. Voir par exemple les lettres de Jean-Baptiste Eliano dans KURI 1989, ainsi que les
observations de Jérôme Dandini et les remarques de Richard Simon dans DANDINI 2005.
72. Voir KURI 1989 : 73-75 et 101.
484 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

73
patriarche » . Sami Kuri, dans son analyse, divise l’Église maronite durant cette
période en deux camps :
Celui des Rizz%& comprend surtout, semble-t-il, les clercs originaires de la région de la
Vallée Sainte (en l’occurrence le patriarche et son frère Sarkis, tous les deux originaires de
Kfarhaura, Mgr Gerges de Basluqit, Mgr Yuhanna Obeid de Ehden, Mgr Qlimos de
Ehden, Mgr Yusuf de Basluqit) ; l’autre groupe plutôt des clercs originaires des villages
des régions de Jbeil et de Batrun (En font partie, Mgr Dawud de Aqura, Mgr Musa, Mgr
Yusuf évêque de Beyrouth, Mgr Yusuf de Chypre, Mgr Gerges d’Alep, ainsi que les trois
74
évêques intrus Mgr Yaqub de Aqura, Mgr Yunan et Mgr Yusuf son frère de Smar Jbeil).

Mgr D!"w23d et les trois évêques intrus prennent le couvent de Quz./ay!"


comme siège de leur mouvement. Il semble, d’après la correspondance des
visiteurs apostoliques, Eliano et Bruno, qu’ils eussent de grandes qualités
intellectuelles, spirituelles et sacerdotales. Ils ont même essayé d’ouvrir un
séminaire « en vue de former des prêtres instruits dont a un grand besoin la
75
communauté maronite » .
Durant cette période, le couvent de Quz./ay!" devient un Scriptorium d’une
grande activité, dont l’un des principaux copistes est Sark$%s de Sm!"r Jbeil, le
frère des deux évêques intrus Y23n!"n et Y23suf. La grande spécialité du copiste
76
Sark$%s semble être la reproduction des œuvres d’Ibn al-Qil!"#$% ! Pourquoi cet
engouement pour un auteur mort il y a déjà plus d’un demi-siècle ?
Une hypothèse même risquée peut être un essai de réponse : face à la
résistance intellectuelle et liturgique que manifeste le clan du patriarche contre
les réformes apportées par les légats romains, il semble que le groupe « intrus »
ait trouvé dans les écrits d’Ibn al-Qil!"#$% une stratégie de contre-attaque et une
77
réponse « progressiste » face au « traditionalisme » officiel .
Mais, cette démarche semble être, elle aussi, sans lendemain. En novembre
1578, Eliano est de nouveau à Qannoubine, il a plusieurs projets dont « la

73. Annales/Fahd : 442-443 ; Annales/Taoutel : 274-276. Douaihy situe ces événements en


1577.
74. KURI 1989 : 73.
75. KURI 1989 : 73.
76. Il est le copiste de Borg Ar 136, Cherfet 7/10, VA 639, VA 642 et probablement le copiste de
VA 644, BnF Syr 12 et BnF Syr 85.
77. En avril 1581, Eliano consulte la bibliothèque du couvent de Quz.:ay"# où il y avait de « bons
livres traduits dans leur langue ». Sont-ce des livres d’Ibn al-Qil"#$%& ? Voir KURI, 1989 : 94*,
102*. De son côté, Ecchellensis révèle que les œuvres d’Ibn al-Qil"#$%& dans leur majorité
étaient, de son temps, encore conservées au couvent de Quz.:ay"#. ECCHELLENSIS 1660, index,
n° 31.
Conclusion 485

traduction de certaines parties du pontifical, les œuvres de Louis de Grenade, la


composition d’un traité sur la confession et la communion et d’un autre pour
78
réfuter les erreurs rencontrées » . Alors, pourquoi ne pas faire appel aux œuvres
d’Ibn al-Qil!"#$% ? Est-ce la tradition jésuite contre la tradition franciscaine ? Est-
ce l’esprit post-tridentin contre le post-florentin ?

7- Saint ou faussaire ?
Les opinions suscitées à l’égard de la personnalité d’Ibn al-Qil!"#$%4 ne
peuvent être que contrastées.
79
Le patriarche Douaihy le salue, parce qu’il a « soulevé par ses bras » la
cause de sa communauté maronite contre les accusations qui l’attaquaient. Le
copiste Sarkis de Sm!"r Jbeil le nomme « le docteur du peuple de Maron », « le
80
nouveau Paul » ou même « la cithare du Saint-Esprit » . Golubovitch l’appelle
81
tout simplement S. Girolamo dei Maroniti! .
En revanche, Rajji l’appelle « le champion de cette latinisation à
82
outrance » et Chabot n’hésite pas à lui attribuer « facilement le premier rang
83
parmi les faussaires maronites » .

En somme, Ibn al-Qil!"#$% semble être à l’image de sa communauté maronite :


tantôt loué, tantôt attaqué, il demeure toutefois présent dans les polémiques
jalonnant l’histoire médiévale du Liban.
Après avoir consulté une centaine de manuscrits et feuilleté des milliers de
84
folios et de pages ; après avoir tant lu « à la lueur des bougies » , nous pouvons
conclure simplement que le corpus d’Ibn al-Qil!"#$% demeure jusqu’à présent un
chantier à explorer et à étudier. Nous avons, dans cette étude, commenté les
sources manuscrites de ce corpus et éclairé les contextes biographique,
historique et culturel de l’auteur et de son œuvre. À présent, des projets
d’édition critique pourront, sans doute, aboutir à des résultats plus probants.

78. KURI 1989, p. 83.


79. VS 215, f. 107r ; VA 683, f. 78v ; Annales/Fahd : 395 ; Annales/Taoutel : 237.
80. Voir Miscellanea.
81. SURIANO 1900 : 71, n° 14.
82. RAJJI 1951 : 76.
83. CHABOT 1965 : 7.
84. Voir Sur la vie de Marie et celle de Jésus.
486 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Cela dit, ce sont l’histoire des maronites et leur héritage théologique,


liturgique et culturel qui, outre tous les articles, les monographies et les études
qui y sont consacrés, demeurent un chantier à « revisiter » à partir des sources
manuscrites.
À l’instar du corpus d’Ibn al-Qil!"#$% que nous avons essayé de définir et
d’élaborer, l’établissement d’un Corpus Maronitarum devient alors un projet
primordial et urgent. Il pourrait fournir les éléments nécessaires pour entamer
des éditions fiables et permettrait de mieux comprendre l’héritage historique et
culturel des maronites.
En l’absence d’une telle institution, nous craignons que l’esprit de la
controverse et de l’apologie, qui utilise les mêmes sources et références depuis
le XVIIe siècle et jusqu’à présent, ne continue d’animer le débat sur
l’historiographie maronite.
487

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bid%a wa kah#$na [Livre de la brève explication de l’origine des
maronites, de leur constance dans la foi et de leur préservation de
toute hérésie et de toute suspicion], édité et annoté par Pierre
Fahd, 1974. Le manuscrit édité est le VS 397 bien que l’éditeur
indique par erreur VS 395.
Apologie/II (latin). Étienne Douaihy, Liber brevis explicationis de Maronitarum
origine eorumque perpetua orthodoxia et salute ab omni haeresi
et supestitione, vol. II, édité par Pierre Fahd, 1974. C’est la
traduction latine de l’Apologie/II faite par Petrus Benedetti et qui
est conservée dans le manuscrit VL 7411.
Apologie/II. Étienne Douaihy, Rad 01aw#$b %al#$ at-tuhm#$t al-b#$./ita al-lat!" a*+&'#$b
at-taw#$r!"&3 .:alab() bih#$ al-Maw#$rina [Réfutation des fausses
accusations par lesquelles les historiens ont attaqué les
maronites], édité et annoté par Pierre Fahd, 1974. L’éditeur
reprend pour la couverture le même titre de l’Apologie/I et utilise
le manuscrit VS 395.
Apologie/III. Étienne Douaihy, I&'ti01#$01 %an al-milla al-M#$r()n!"ya bisabab ar-
raz#$y#$ wal-bida% al-lat!" idda%#$ bih#$ %alayhim T()m#$ al-karmal!"./!"
wa 09ayrihi min al-mu*+annif!"n [Apologie de la Nation maronite à
cause des erreurs et des hérésies dont elle fut accusée par Thomas
le Carmélite et par d’autres auteurs], édité et annoté par Philippe
Samrani, Jounieh, 1944. C’est un tiré à part de plusieurs articles
parus dans la revue al-Manara entre 1937 et 1944. L’éditeur
donne un autre titre pour sa couverture : Kit#$b al-i&'ti01#$01 %an al-
milla al-mar()n!"ya [Livre de l’apologie de la nation maronite] et
utilise le manuscrit VS 396.
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écrits fondateurs et textes à l’appui. I/1 : Les Maronites entre
l’Orient syrien et l’Occident latin ; I/2 : Le Liban entre l’Islam, la
France et l’Arabité . II : Livre de traditions et de légendes. II/1 :
Hommes et institutions, us et coutumes, proverbes et dictons,
recettes et chansons . II/2 : Répertoire du Liban. III : Livre
d’heures et de mélodies. IV : Livre du pain et du vin, de l’eau, de
l’huile et du baume. V : Livre d’images : sites, monuments,
icônes, figures et symboles de l’identité maronite. Beyrouth :
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Les localités libanaises citées par Ibn al-Qil!"#$%&au XVe siècle

‫رة‬#$%‫ا‬
520
Index 521

INDEX

#&

#:;q23r!" : 27, 50, 56, 403, 407, 415, 437, 457


#Abdallah (évêque jacobite d’Édesse) : 55, 265
#Abdallah de Bi<=darfel4: 334
#Abdallah de Bseb#el : 304
#Abdel Malik Ibn Marw!"n : 421
#Abdel Min#im Ayy23b : 45, 60, 95, 267, 411, 412, 415, 423, 428, 466
#Abd23 Mfarri<= 214
#Afr$%n : 3634
#Akk!"r4: 38, 403, 422 4
#Ali Pacha el-Daftardar : 450
#Alm!" : 129
#Ass!"f : 415
#Ayn Kf!"#4: 454
#?Is!" Ibn BCaw : 428

:;l$%&'!"# : 125, 427


Abgar : 310
Abiathar : 330
Abibion : 361
Abraham (neveu de saint Éphrem) : 24, 241
Abraham : 68, 257, 305, 431, 433, 434
Abraham Ecchellensis : 303, 355, 437, 467
Abraham le brigand : voir Šayna
Acre : 344
Adam : 77, 102, 170, 243, 256, 257, 258, 261, 305, 381, 395, 403, 443, 446
Adrien VI : 467
Aétius : 339
Afqa : 293
Agapit : 350
Aglaïs : 337
Aimeric : 281
Albanie : 274
522 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Albert le Grand : 76, 183


Albert : 42
Alep : 26, 37, 75, 130, 484
Alexandre (pape) : 157
Alexandre d’Arioste : 39, 44, 50, 281
Alexandre de Hales : 76, 104
Alexandre II : 96, 471
Alexandre III : 101
Alexandre IV : 101, 250, 251, 252, 278
Alexandre VI : 100, 101, 251, 415
Alexandrie : 68, 97, 125, 139, 151, 153, 154, 155, 159, 256, 263, 315, 323, 342,
343, 347, 348, 350, 400, 403, 474
Alexis : 47, 68, 301, 335-340, 347, 481
Alexis Studites : 239
Al-79!"yl$% : 125
Al$%&'!"# al-()ada*+$% : 297
Allemagne : 7, 33, 451
Amanus : 354
Ambroise : 105, 132, 152, 153, 179, 242, 258, 324, 332, 474
Amphiloque : 152
Anatole de Laodicée : 235
Andr!"wus : 26
André (archevêque de Nicosie) : 42
André de Escobar : 210, 211
Anfeh : 278
Angleterre : 326, 327
Annas : 330
Anne : 306, 307, 311, 481
Anselme : 120, 164, 183, 295, 474
An*023ny23s Ab$% (>a*0*0!"r : 20, 418
Antéchrist : 142, 150, 480
Antélias : 421
Antioche : 42, 68, 97, 103, 106, 139, 154, 246, 263, 264, 278, 323, 357, 361,
363, 365, 366, 367, 397, 401, 470
Antoine (disciple de Syméon le Grand) : 356, 357, 359, 361ss
Antoine de Troïa : 42
Antoine le Grand : 39, 148, 164, 293, 360, 431, 437
Antonin de Florence : 209, 213, 214, 239, 474, 483
Antonio : 50
Apollinaire : 152, 156, 159, 228, 246, 333
Index 523

Archélaüs : 311
Ardaburius : 366
Arius : 159, 221, 228, 246, 263, 265, 332, 399
Arménien : 39, 41, 106, 230, 304, 310, 324, 325, 358, 477
Aroel : 330
Ascalon : 344
As-Suwayd$%yah : 354, 361
Astesanus : 111, 112, 115, 117, 119, 125, 127, 128, 129, 130, 183, 195
Asti : 115
Athanase d’Alexandrie : 153, 159, 246, 437, 474
Athanase : 155
Atticus de Constantinople : 152
Augustin Arce : 42, 55, 56
Augustin : 105, 119, 120, 132, 159, 162, 164, 179, 183, 221, 242, 257, 258, 270
Aureolus : 76

B!"n : 16, 21, 413, 425


Baalbek : 68, 438, 439
Babai : 98
Babylone : 148, 293
Ba./$%ra : 333
Balthasar : 310
Barbe : 68, 431, 438, 439
Barq23q : 423
Basile de #:;q23r!" : 403
Basile de Césarée : 132, 152, 246, 403, 459, 474
Basile de Séleucie : 256
Baskinta : 421, 422
M!*0./!" : 314
Batroun : 342, 344, 345, 355, 484
Bède : 324
Benjamin : 330
Benoît IX : 239
Benoît : 473
Beq!"# : 421, 422
Berlin : 33, 451
Bernard (évêque) : 446, 449
524 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Bernard (saint) : 164, 183


Bernardin de Sienne : 164, 165, 175, 177, 215, 216, 239, 242, 474, 483
Bertrand : 358
Bethléem : 58, 311
Beyrouth : 10, 11, 18, 37, 41, 42, 51, 56, 57, 58, 59, 71, 97, 101, 229, 259, 276,
281, 287, 296, 346, 367, 450, 453, 466, 484
B./annis : 97
B./ur&6!"f : 97
Bibliothèque nationale de France : 9, 32, 211, 214, 371
Bibliothèque orientale : 18, 304, 460
Bibliothèque vaticane : 9, 15, 26, 29, 30, 69, 75
Bichoy : 293
Bi<=darfel : 33
Bithynie : 315
Bkerke : 16, 353, 440
Bonaventure : 52, 76, 105, 117, 164, 179, 183, 184, 185, 474
Bosnie : 41, 115, 477
Boulos Carali : 69
Bq23f!" : 45, 46, 52, 125, 450
Bretagne : 326, 327
Breton : 326
M&'arr$% : 41, 402, 415, 425, 426, 4294
B&'i#leh : 28
Bseb#el : 19, 304, 335, 434
Bu*0r23s al-Qil!"#$% : 46, 47, 93, 142, 299, 369
Bu*0rus al-()ada*+$% : 38, 40, 43, 96, 252, 414, 471
Bu*0rus de #:;q23r!" : 457
Bw!"l$%# : 355, 360, 402
Byblos : voir Jbeil

Calixte II : 157
Calixte III : 42, 252
Cappadoce : 315
Cassiodore : 217, 473
Célestin Ier : 400
Célestin V : 231
Cénacle : 51, 279
Index 525

César Baronius : 470


Chaldéen : 41, 272
Chayna (saint) : 68, 431, 434
Cherfet : 15, 23, 452, 467
Chusi : 330
Chypre : 7, 11, 38, 43, 46, 52, 56, 57, 59, 61, 62, 63, 64, 65, 283, 315, 415, 459,
461, 462, 482, 484
Cicéron : 101
Cilicie : 45, 366
Clédonios : 152
Clément d’Alexandrie : 459
Cléophas : 314
Codolias : 330
Coèl : 326
Conciles
Ancyre : 109
Brigandage d’Ephèse : 151, 400
Chalcédoine : 95, 109, 151, 155, 156, 246, 260, 262, 263, 264, 268, 289,
298, 333, 428, 471, 474
Constance : 101, 210
Constantinople I : 109, 289, 333, 399
Constantinople II : 109, 264
Constantinople III : 101, 109, 124, 264, 333, 367
Constantinople IV : 101
Éphèse : 109, 151, 154, 158, 220, 263, 289, 315, 333, 400, 474
Florence : 39, 41, 55, 210, 214, 265, 281, 428
Latran : 239, 333
Latran I : 101, 157
Latran II : 101
Latran III : 101
Lyon I : 109
Lyon II : 101
Nicée : 108, 109, 131, 133, 152, 154, 158, 263, 289, 331, 399
Vienne : 101
Constance Chlore : 326, 327
Constance de Sicile : 279
Constantin II : 332
Constantin IV : 101
Constantin : 19, 23, 47, 68, 69, 247, 301, 321-332, 399, 477, 481
Constantinople : 97, 124, 125, 133, 139, 151, 152, 156, 158, 239, 246, 256, 269,
271, 275, 293, 323, 329, 333, 336, 349, 367, 400, 422
526 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Constitutions Apostoliques : 459


Copte : 31, 32, 102, 106, 268, 401, 446, 459, 477,
Coran : 103, 177, 265, 268
Corfu : 56
Couvents
#Ayn Warqa : 15, 254
Al-Za#far!"n : 45
Beaulieu à Nicosie : 63
Dayr as-Sury!"n : 45
Dayr Kuway.1!"t : 45
Dayr Sitt an-nisw!"n à Édesse : 337
Harhrayya : 15
La Madonna della Incarnazione : 406
M!"r 78ir<=is ()ad&'$%t : 45
M!"r Mi.1!"y$%l Q23z./ay!" : 414
N!"r M23s!" dans le Nebek : 45, 524
M!"r Ya#q23b d’Ehden : 45, 49
N!"r Ya#q23b de ,Cal!"./ : 454
N!#23n!"t : 154
Mar ,-all$%*0!" Miqbis : 163
Notre-Dame à Édesse : 337
Notre-Dame d’Aracœli : 55, 162, 170
Notre-Dame de H!"b$%l : 428
Notre-Dame de Qannoubine : 38, 39, 71, 142, 143, 146, 289, 425
Notre-Dame-des-Champs : 63
Saint-Antoine à Rome : 64
Sainte-Croix à Nicosie : 62, 63
Saint-François à Famagouste : 43
Saint-François-de-la-Vigne : 53
Saint-Georges Talo : 63
Saint-Jean à Kuzbandu : 64, 65
Saint-Jean de Montfort : 63
Saint-Jean-Chrysostome à Koutsovendis : 64
Saint-Marc à Florence : 214
Saint-Pierre in Montorio : 55
Saint-Sauveur à Beyrouth : 57, 58
Saint-Sauveur à Kreim : 20
Saints-Lucius-et-Antoine à Nicosie : 63
San Pietro in Vincoli à Rome : 55, 407
FC!"m$%&' : 154
Index 527

Crète : 56
Croatie : 274
Ctésiphon : 342
Cyprien de Carthage : 153, 213, 481
Cyriaque : 323
Cyrille d’Alexandrie : 97, 99, 154, 155, 158, 403, 474
Cyrille de Jérusalem : 259, 260
Cyrus : 264

'(&

BDikr$% al-O:G$%b : 446


BDimm$%41439
4
4
')&
4
BCaw de Le./fed : 435, 456

D!"w23d (auteur) : 449


B!"P23d (patriarche)4144274
D!"w23d al-()ada*+$% : 112
D!"w23d al-()ad&'$%t$% : 287, 415
D!"w23d de #:;q23r!" : 483, 484
D!"w23d de Le./fed : 58, 71, 245, 253, 274, 287, 478
Damas : 37, 401, 438
Damase Ier : 400
Daniel de ,-!"m!"t : 425
Daniel : 414
Danube : 331
B!@Q4R23ss$% : 4024
Dèce : 325, 326
Denys d’Alexandrie : 263
Denys l’Aréopagite : 107, 378
Diane (temple à Rome) : 331
Didyme l’Aveugle : 159
528 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Dioclétien : 325, 333, 344, 400


Dioscore d’Alexandrie : 125, 151, 155, 156, 159, 228, 246, 263, 264, 265, 268,
298, 400
Dioscore Ibn BC!P4: 52
Dmal&6!" : 278, 402
Doeth : 330
Dominique : 164
Dovianus : 344, 345
Drayb : 37, 38, 296, 422
Duns Scot : 104, 105, 164, 179, 183, 185, 473, 483

Ébionite : 221
Édesse : 55, 265, 310, 336, 337, 338, 366
Églises
Croix-de-Jérusalem à Rome : 161
Notre-Dame de Talo : 57, 64
Saint-Boniface à Rome : 340
Sainte-Anne à Jérusalem : 307
Sainte-Marie-Majeure à Rome : 161
Saint-Georges à Beyrouth : 450
Saint-Georges in Velabro à Rome : 450
Saint-Jean de Latran : 55, 161, 247, 265, 323, 329
Saint-Laurent à Rome : 161
Saint-Laurent de Gênes : 358
Saint-N23hr!" à Sm!"r Jbeil : 346
Saint-Paul-hors-les-murs : 161
Saint-Pierre du Vatican : 161
Saints-Fabien-et-Sébastien à Rome : 161
Saints-Pierre-et-Paul à Rome : 329
Égypte : 7, 34, 45, 102, 179, 265, 271, 279, 311, 342, 343, 400, 437, 443, 447
Ehden : 20, 24, 26, 27, 29, 33, 40, 45, 49, 114, 415, 484
Elie Kallas : 70
Ely!"s : 29
SA@!"s al-()ad&'$%t$% : 3794
Ely!"s al-()23r$% : 22
Ely!"s d’Ehden : 24, 33, 114
Ely!"s de Le./fed : 70
Index 529

Ely!"s évêque d’Ehden : 26, 27


Ely!"s Hoyek : 341
Emmaüs : 314
Éphrem (saint) : 24, 48, 98, 99, 142, 147, 159, 164, 179, 241, 247, 256, 266,
344, 403, 435, 474, 483
Éphrémien : 98, 133, 335, 341, 347, 379, 389, 405, 409, 419, 433, 435, 437,
438, 441
Épictète : 153
Épiphane de Chypre : 256, 459
Ératosthène : 374
Espagne : 103, 326
Étienne Douaihy : 11, 28, 29, 35, 36, 37, 43-47, 49, 51, 52, 55, 56, 60, 62-65,
67, 68, 69, 75, 91, 93, 94, 99, 103, 111, 131, 135, 163, 179, 209, 221, 229,
233, 235, 241, 242, 249, 250, 251, 255, 264, 269, 273, 277, 279, 280, 287,
289, 290, 303, 321, 335, 341, 347, 353, 369, 379, 383, 389, 397, 398, 401,
405, 406, 407, 409, 411-415, 417, 418, 420, 421, 422, 423, 425-429, 433,
434, 436, 438, 440, 441, 449, 453, 459, 460, 461, 465, 466, 470, 477, 479,
483, 484, 485
Étienne II : 323
Eugène IV : 96, 251, 252, 471
Eugène Roger : 384
Euloge : 97
Euphémien : 336-339
Euphrosyne d’Alexandrie : 68, 301, 347-352, 481
Eusèbe de Césarée : 73, 235, 257, 310, 324, 361, 480
Eusèbe de Dorylée : 155
Eusébônas : 361
Eustochie : 160, 474
Eutychès d’Alexandrie : 98, 151, 156, 246, 256, 264, 333, 400

F!"ris : 414
FaG/lallah : 261
Fauste Nairon : 11, 418
Fawq!" (saint) : 3454
Félix : 153
Flavien d’Alexandrie : 97, 132, 151
Flavien de Constantinople : 400
530 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Flavius Josèphe : 272


Florence : 32, 214, 223, 367
Fouad El-Hage : 69, 125
Franc(s) : 25, 47, 49, 59, 99, 102, 138, 140, 219, 229, 243, 248, 255, 259, 268,
280, 282, 285, 304, 367, 407, 415, 455
France : 7, 102, 103, 323
Francesco da Vicenza : 41
Francesco Suriano : 36, 42, 43, 44, 50, 53, 55, 56, 57, 58, 60, 61, 63, 65, 71,
260, 261, 414, 476
Francis Harold : 36, 55
Franciscain : 7, 11, 36, 38, 41-44, 47, 50-55, 57, 58, 59, 63, 104, 115, 117, 215,
277, 279, 280, 281, 285, 304, 346, 406, 408, 469, 473, 476, 485
François (confrère de Gabriel) : 50
François d’Assise : 49, 50, 164, 408
François de Barcelone : 42
François de Mayronis : 183, 185
Fulgence : 132

*+

79alb23n : 22, 25
79r$%<E23ry23s : 31
79r$%<E23ry23s al-()al!"t$%4: 280
7923m!" : 345
7923ry!" : 47, 93, 3794
7923s*0!" : 33

*,

78abal al-A#l!" : 363


78abal Bar$%&'!" : 3634
78abal ,-ay.1 Barak!"t : voir mont Koryphé4
78abal Sim#!"n : 363
78am!"l ad-D$%n Y23suf : 407, 415
78d$%t!" : 379
78ir<=is al-B!"n$% : 16, 21
78ir<=is ar-R!"m$% : 57, 60, 71, 125, 142, 146, 253, 289, 478, 479
78ir<=is d’Alep : 484
Index 531

78ir<=is de Basl23q$%t : 484


78ir<=is de 78a<= : 4144
78ir<=is Ibn B&'!"r!"41: 2554
78ir<=is ,Cadaqn$% : 414
78ubbet al-Mnay*0ra : 424
78ubbet B&'arr$% : 40, 46, 269, 403, 412, 425, 427

Gabriel Sionite : 480


Galère : 325
Galien : 390
Gambili : 462
Gandolphe de Sicile : 42
Garchouni : 7, 10, 13, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31,
32, 33, 34, 47, 75, 95, 98, 133, 154, 210, 219, 220, 225, 235, 241, 246,
250, 251, 252, 265
Gaspard: 310
Gaton: 401
Gaule : 157, 326
Gaza : 293, 344
Gênes : 358
Georg Graf : 68, 69, 75, 93, 97, 100, 111, 131, 135, 141, 145, 146, 147, 150,
160-163, 175, 177, 179, 183, 219, 221, 229, 233, 235, 252, 255, 269, 273,
277, 287, 289, 291, 297, 299, 303, 317, 319, 321, 324, 335, 341, 347, 353,
369, 379, 383, 397, 398, 405, 409, 417, 433, 434, 437, 438, 440, 441,
445-449, 452, 454-458, 460, 465
Georges (saint) : 68, 443, 449, 450
Georges Manache : 69
Géorgien : 304, 358, 365
Germain de Constantinople : 256
Giacomo da Verona : 280
Girolamo Golubovich : 36, 48, 50.
Godefroi de Bouillon : 280
Golgotha : 314
Grande Bretagne : 7
Grec (langue) : 41, 54, 95, 151, 153, 220, 229, 239, 142, 151, 210, 257, 298, 299,
304, 324, 330, 337, 339, 348, 356, 359, 361, 363, 371, 383, 406, 410, 414
Grec, R23m, Melkite : 10, 16, 17, 24, 40, 41, 64, 71, 73, 95, 106, 122, 129, 131,
164, 186, 190, 201, 229, 236, 239, 240, 257, 272, 280, 282, 325, 326, 342,
532 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

352, 374, 401, 403, 410, 413, 422, 455, 455, 457, 459, 477, 480
Grégoire de Nazianze : 120, 132, 152, 164, 242, 243, 246, 314, 403
Grégoire de Nysse : 152
Grégoire de Tours : 324
Grégoire le Grand : 473
Grégoire le thaumaturege : 263
Grégoire XIII : 100
7QTU!GT41: 2684
Gryphon : 36, 42, 43, 44, 50, 51, 53, 56, 61, 96, 281, 471
Guglielmo Embriaco : 358
Guillaume, cardinal : 280, 424

-.

()!"l!"t41: 4024
()ab$%b al-(>23r$% : 3794
()ada*+ : 95, 414, 425
()ad&'$%t : 45
()ard$%n : 125, 297, 425, 4274
()a&6r23n : 413
()a&6&6!" : 402

-/

(>erbet Tiz$%n : 363


4
4
-&
4
H!"b$%l : 402, 428
Hamah, Émèse : 37, 71, 259, 363
Hébron : 59, 257, 258
Hector Douaihy : 69, 76, 77, 111, 131, 141, 163, 164, 183, 273, 297, 299, 459
Hélène : 280, 323, 326, 327, 330, 331, 332, 481
Héliodore : 361
Hérode Agrippa I : 315
Hérode : 310, 311
Hiérapolis : 316
Index 533

Hilarion : 293
Hippocrate : 390
Hugues de Saint-Cher : 76
Hugues Ripelin de Strasbourg : 76, 473

Ibn al-#Ass!"l : 21
Ibn al-(>ar$%*0ah : 267, 413
Ibn a&6-,Cal$%b : 455
Ibn a&6-,Cal$%b$% : 455
Ibn ()asan : 267
?VU4,-a#b!"n : 125, 297, 4284
Ibn S!"lim : 453
?VQ!"h$%m Ibn Dray# : 49, 2904
?VQ!"h$%m Ibn ()ibli&6 : 49, 290, 4154
Ibrahim Harfouche : 22, 23, 68, 111, 277, 319, 321, 322, 325, 353, 379, 409,
412, 414, 418, 440, 447, 457
Ihmi<= : 25
Innocent I : 339
Innocent II : 101, 280
Innocent III : 247, 250, 251, 252, 278, 279, 402, 424, 462, 472
Innocent IV : 41, 55
Innocent VIII : 71, 100, 255, 260
Irmy!" al-#Am&'$%t$% : 96, 278, 423, 424, 471, 472
Isaac le Syrien : 24, 98, 241, 246
Isaac Sciadrensis : 25, 31
Ischyrion : 155
Isidore de Séville : 158, 170
Iskandar S#!"dah : 20
Islahiye : 359
Islam : 103, 324, 333, 418, 477
Issachar : 330
Istanbul : 7, 11, 32, 54, 55, 59, 62, 125, 139, 246, 260, 269, 271, 274, 323, 326,
349, 357, 406, 408, 447, 469,
Italie : 7, 11, 32, 54, 55, 59, 62, 323, 326, 357, 406, 408, 447, 469

Jacobite : 10, 16, 39, 40, 41, 44, 45, 46, 52, 55, 59, 60, 71, 99, 100, 102, 106,
534 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

129, 229, 230, 253, 255, 256, 258-263, 265, 268-271, 274, 275, 276, 287-
290, 292, 297, 401, 403, 410-413, 428, 429, 470, 472-479
Jacomo di Garzoni : 260
Jacques (saint) : 124, 185, 219, 311, 314, 315
Jacques Baradée : 62, 228, 261, 298, 401, 410
Jacques d’Édesse : 310
Jacques de Saroug : 98, 164, 266, 324, 403, 474, 483
Jacques de Voragine : 304, 312
Jacques l’Intercis : 443, 451
Jaffa : 56, 330
Jbeil : 11, 25, 37, 48, 49, 64, 68, 273, 275, 344, 355, 358, 359, 360, 361, 402,
422, 423, 424, 426, 427, 428, 439, 472, 484
Jean (confrère de Gabriel) : 50, 51, 55, 59, 63, 68, 69, 71, 129, 301, 405-408,
415, 476, 481
Jean (diacre d’Antioche) : 103, 333
Jean (fransicain) : 39, 41, 281
Jean (pape) : 100
Jean Bar Malké : 336
Jean Calybite : 336, 443, 451
Jean Chrysostome : 183, 256, 403
Jean d’Antioche : 97, 154
Jean Damascène : 105, 164, 463, 466, 474
Jean de #:;q23r!" : 437
Jean de Sacro Bosco : 370, 372, 480
Jean Hesronita : 480
Jean le Stylite : 310
Jean Maron : 16, 24, 106, 131, 241, 242, 264, 401, 402, 443, 461, 462, 470
Jean Tabet : 403
Jean VIII : 101
Jean-Albert Widmanstad : 219
Jean-Baptiste Chabot : 461
Jean-Baptiste Eliano : 459, 483
Jeanne (papesse) : 161
Jérôme Dandini : 483
Jérôme : 101, 160, 164, 219, 220, 257, 324, 332, 474
Jérusalem : 11, 24, 38, 42, 49, 50-53, 56, 57, 59, 102, 108, 139, 155, 176, 179,
183, 242, 243, 258, 259, 260, 263, 270, 272, 277, 279, 280, 283, 285, 293,
303, 305, 307, 309, 311, 312, 313, 315, 319, 323, 327, 331, 332, 358, 408,
415, 421
Jésuite : 41, 460, 483, 485
Index 535

Joachim : 306, 307, 481


Jonas : 330
Joseph Assemani : 11, 16, 29, 30, 36, 75, 336, 356, 436, 437, 440, 448, 451,
452, 454-458
Joseph le beau : 149, 257, 431, 435
Joseph le charpentier : 175, 257, 481
Joseph Stephan : 11
Jounieh : 20
Jourdain : 307, 404
Jubal : 330
Judas d’Iscariote : 198, 292, 312
Juif : 103, 108, 148, 161, 173, 181, 228, 231, 257, 268, 289, 323, 324, 330, 332,
333, 420, 477, 478
Jules (pape) : 155
Jules Assfalg : 451
Julien de Cos : 156
Julien l’Apostat : 315
Justinien : 421

K!"mel de Le./fed : 422


Karak : 37
Kaslik : 219
KfarG/iby!"n : 18
Kfar./ay : 401, 470
WX$%f!"n : 4244
KisQ!" : 4224
Kisrwan : 38, 68, 418, 422, 423
Koutsovendis : 64
Kurdes : 44
L

Lactantus : 161
Laodicée : 235, 336, 337
Latin (Église et tradition) : 7, 39, 43, 47, 62, 64, 65, 102, 109, 129, 164, 185,
190, 191, 229, 230, 261, 281, 282, 283, 284, 342, 352, 410, 455, 469, 475,
476, 485
Latin (langue) : 7, 13, 33, 48, 50, 54, 57, 76, 77, 95, 96, 115, 117, 142, 151,
536 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

183, 185, 209, 210, 219, 230, 239, 249, 257, 298, 304, 323, 324, 330, 335,
337, 354, 356, 370, 371, 383, 410, 414, 445, 447, 472, 475, 476, 483
Latran (université) : 69
Laurent (saint) : 326
Le Caire : 34
Le./fed : 11, 20, 46, 47, 48, 49, 58, 59, 71, 93, 142, 178, 229, 253, 273, 274,
275, 276, 287, 297, 299, 336, 340, 342, 345, 365, 402, 408, 419, 422, 424,
428, 435, 455
Léon (pape) : 100
Léon le Grand : 97, 132, 151, 156, 289, 400, 428, 471, 474
Léon X : 44, 64, 249, 250, 252, 462
Levant : 37
Liban : 7, 11, 16, 18, 20, 23, 24, 25, 37, 40, 42, 50, 57, 59, 62, 71, 264, 290,
357, 364, 407, 408, 452, 457, 481, 485
Licinius : 327
Longin : 313
Lorenzo da Orte : 41
Louaizeh : 111
Louis Cheikho : 303, 304, 335, 397, 405, 417, 418, 438, 450, 460, 461
Louis de Grenade : 485
Louis IX : 102
L23q!" de Bnihr!"n : 422
Lucas Wadding : 36, 42, 50, 53, 55, 63
Lucius (saint) : voir N23hr!"
Ludovico de Revere : 44, 50

M!"r Asy!" : 355, 359, 361


M!"r23n de ()a&6r23n : 413
Macaire d’Antioche : 159, 228, 264, 332, 367,
Macaire : 164, 293
Macédonius : 399, 400
Machriq (revue) : 68
Mahomet : 35, 42, 103, 161, 265, 333
Mamelouk : 37, 38, 39, 44, 403, 425, 457, 472
Manara (revue) : 68
Mani : 221, 228, 246, 332
Man&623r al-()kay$%m : 33
Index 537

Marach : 366
Marcien : 95, 263, 290, 333, 400, 471
Marcion : 159
Mardin : 44, 219
Margaret : 279
Marie de Magdala : 314
Marie Salomé : 314
Marie-Madeleine : 271, 301, 317, 481
Maro : 366
Maron : 48, 67, 68, 71, 93, 94, 95, 99, 114, 115, 118, 138, 142, 145, 156, 210,
241, 246, 247, 253, 264, 291, 296, 298, 397, 401, 403, 407, 410, 413, 416,
448, 470, 471, 482, 485
Marq23s al-Qil!"#$%4: 474
Martin de Troppau : 100-103, 474
Martin V : 280, 333
Martyrius d’Antioche : 366
Marwa : 366
Mashruqi : 446
N!**!" al-Qil!"#$% : 47
Maxence : 327
Maxime d’Alexandrie : 153
Maxime : 132, 228, 333
Maximien : 325, 326, 327, 331
Mayfouq : 38
Melchior : 310
Melkon : 310
Mer Caspienne : 315
Méropé : 366
Mésopotamie : 44, 45, 371
Metn : 38, 98, 420
M.1!"y$%l al-Rizz$% : 458
M.1!"y$%l Ibn al-Le./fd$% : 70
M.1!"yil Ibn al-Qil!"#$% : 64
N.!UU!" de Ba*0./!" : 314
M$%.1!"’$%l de Bseb#el : 434
Michel Breydy : 69, 75, 93, 97, 98, 105, 111, 131, 141, 150, 163, 183, 223, 242,
246, 250, 287, 289, 291, 297, 299, 303, 317, 319, 321, 335, 341, 347, 353,
369, 383, 389, 397, 398, 405, 409, 417, 433-438, 441, 446-449, 452, 453,
455, 456, 458, 460, 465, 466
Michel évêque d’A*0r$%b : 459
538 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Mi.1!"yil : 439
Mi.1!"yil d’Ehden : 20
Mi.1!"yil de 79alb23n : 25
Milan : 355, 358
Mi&6ri./ : 402
Modone : 56
Moïse Bar Cepha : 256
Moïse de Khorène : 324
Moïse de Mardine : 219
Mongols : 44
Monothélite : 106, 228
Mont des Oliviers : 279
Mont Hermon : 364
Mont Koryphe : 361
Mont-Admirable : 59, 354, 363
Mont-Cassin : 340
Mont-Liban : 12, 13, 20, 22, 23, 37, 39, 42, 44, 45, 46, 48, 50, 52, 60, 61, 95,
114, 132, 149, , 173, 247, 253, 264, 273, 277, 278, 285, 291, 293, 295,
296, 297, 301, 357, 401, 403, 404, 410, 411, 412, 417-420, 424-430, 439,
452, 457, 466, 470, 471, 472, 476-479
Montoue : 357
Mont-Sion : 42, 51, 53, 56, 58, 59
Mopsueste : 45, 264
Mosquée du Sérail (Beyrouth) : 58
Mossul : 44
N23s!" al-#Akk!"r$%4: 436
M23s!" al-#Anays$% : 27
M23s!" Ibn #A*0&'ah : 95, 102, 290
M23s!" : 484
Muqaddam : 38, 45, 60, 69, 94, 95, 122, 267, 296, 407, 410, 411, 412, 422, 424-
428, 470, 472
Musulman : 35, 37, 102, 159, 177, 228, 229, 230, 231, 258, 265, 267, 268, 280,
407, 420, 421, 425, 426, 427, 458, 474, 478

Nadabar : 315
Na<=im de D23m!"4: 452
Nahr al-kalb : 38, 296
Index 539

Naples : 229, 231, 279, 325


Nasrides : 368
Nazareth : 257, 306, 308, 311
Nestorien : 39, 229, 230, 258, 268, 474, 477
Nestorius : 98, 151, 153-156, 158, 159, 228, 246, 263, 264, 333, 400
Ni#mtallah Na&6&6!"r : 23
Nicolas Ausimo : 117
Nicolas de Lyre : 101, 179, 231, 270
Nicolas V : 251, 252
Nicolas : 228
Nicolau Eymerich : 106, 477
Nicomédie : 332
Nicopolis : 359
Nicosie : 42, 62, 63, 75, 462
Ninive : 62, 271, 293, 296, 483
Noé : 45, 52, 60, 71, 255, 256, 258-266, 268
Nq23l!" : 426
N23hr!"", Lucius (saint) : 49, 63, 301, 341-346, 472, 481

Octave César Auguste : 102, 311


Octavien : 162
Origène : 168, 179, 228, 246, 258, 332
Ovide : 376

Pacôme : 293
Pantaléon (saint) : 359
Paphnuce : 348, 350, 351, 352
Paris : 104, 229, 340
Pascal II : 280
Pasicrate : 450
Patarins : 24, 106, 115, 477
Patras : 315
Paul d’Antioche : 246
Paul de Constantinople : 124, 125, 228, 246, 333
540 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Paul II : 42, 43, 252


Paul V : 450
Peshitta : 92, 148, 255, 298
Petrus Benedetti : 94
Phénicie : 259, 357
Philippe II : 103
Philippe l’Arabe : 325, 326
Philippes : 152
Phocas : 342
Photine : 333
Phrygie : 316
Pie V : 27, 100, 113
Piémont : 115
Pierre (prêtre alexandrine) : 151, 154
Pierre de Ferrare : 42
Pierre de Napoli : 44
Pierre de Tarantasia : 76
Pierre Gemayel : 69, 369, 383, 389, 397, 405, 417, 441
Pierre III d’Aragon : 279
Pierre le Mangeur : 311
Pierre le martyr : 153
Platon : 101
Ponce Pilate : 270, 271
Prosdocius : 153
Proterius d’Alexandrie : 400
Ptolémée : 391

Y!"d$%&'!"4: 39, 365, 4254


Qal#at Sim#an : 354
Qalaw23n : 457
Y!QU4:@*0234: 4254
Ql$%mus d’Ehden : 484
Qub Ely!"s : 421
Qu&6eir : 354, 363
Quz./ay!" : 22, 24, 101, 219, 414, 450, 484
Index 541

R!"m Mi&'mi&' : 439


Rabban ,Cl$%b!" : 340, 354
Ramleh : 344
Ray Jabre-Mouawad : 51, 70, 291, 297
Raymond Lulle : 32, 73, 223, 224, 225, 227, 229, 230, 232, 391, 474, 483
Reine de Séba : 94
Rhodes : 56
R$%&'!" : 335, 336
Ricardus de Saint-Victor : 104, 164, 183, 184, 185
Richard Simon : 483
Robert I : 279
Rodolphe II : 103

0)

,Cal!"./ : 45

01

,-!"m!"t : 4244
,-im#23n al-()ada*+$% : 35, 38, 44, 56, 57, 60, 71, 94, 250, 252, 253, 277, 407, 408,
414, 467
,-23f : 38, 403, 422

S!"lim : 426
S!"qiet al-.1ay*0 : 355
S!"rah : 402
Sabellius : 159
Sadad : 44
Safad : 37
Saint-Sépulcre : 58, 256, 261, 279, 280, 406
Saint-Siège : 41, 42, 61, 63, 100, 124, 127, 407, 463, 466, 471
Salomé : 311, 314
542 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Salomon de Bassora : 256


Salomon : 94, 101, 305
Samy!" : 275, 295
Sancha de Majorca : 279
Sark$%s al-Rizz$% : 30, 450, 451, 458
Sark$%s de Sm!"r Jbeil : 23, 27, 28, 30, 48, 135, 219, 484
Sark$%s : 32, 33
Sénèque : 101, 164
Serge : 103, 333
Sergius de Constantinople : 228, 246, 264
Sévérien de Gabala : 97, 474
Sibylle : 161, 162, 311, 474
Sidon : 37, 450
Siléon : 330
Sim#!"n (chef maronite) : 421, 422
Sim#!"n (copiste) : 31
Sim#!"n al-()ada*+$% : 414
Sim#!"n de Bnihr!"n : 414
Sim#!"n de Chypre : 64
Sim#!"n de ()ad&'$%t : 31
Simon Emilia : 44, 281
Simon le magicien : 228
Sis : 359
Sixte II : 325, 326
Sixte IV : 44
Slaym!"n : 97
,Z!"r Jbeil : 49, 342, 344, 346, 4724
Smaragde : 350
Socrate : 164
Sophronios : 155
Sulaym!"n al-A&'l23./$% : 451, 457
Sunnite : 40
Sury!"n (maronites) : 404
Suzanne : 148
Sylvestre : 40, 136, 161, 246, 323, 324, 327-332, 481
Syméon le Jeune : 59, 354
Syméon Métaphraste : 347, 356
Syriaque (langue) : 9, 13, 16, 18, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 40,
41, 43, 49, 54, 69, 92, 95, 96, 97, 98, 99, 109, 115, 123, 133, 138, 141,
148, 151, 154, 159, 182, 183, 219, 235, 236, 237, 241, 265, 266, 267, 270,
Index 543

272, 273, 278, 282, 283, 290, 298, 304, 321, 322, 336, 340, 347, 354, 356,
359, 361, 362, 363, 365, 366, 401, 406, 409, 413, 414, 419, 433, 451, 453,
457, 459, 469, 473, 480
Syriaque, Sury!"n, Syriens (Église ou tradition) : 25, 40, 44, 45, 52, 97, 102,
164, 243, 249, 261, 266, 268, 310, 323, 325, 340, 342, 345, 401, 404, 410,
413, 435, 467, 469, 483
Syrie : 7, 26, 44, 45, 46, 51, 52, 326, 338, 361, 363, 383, 421

2)

FC!"n$%s Ya#q23b : 21
FCann23s az-Z#inn$% : 20

T!"drus de #Ayn FCawrayn : 415


T!"drus de Kfarf23 : 424
Talanis : 363, 364
Talo : 57, 64
Tarse : 338
Télanissos : 356, 363
Téléda, Tell #:;de : 356, 361, 363
Tell Bass$%n : 354, 363
Tel-neshin : 363
Terre sainte : 36, 39, 41, 42, 50, 56, 58, 59, 60, 64, 102, 279, 285
Thara : 330
Thébaïde : 293
Théodora : 326
Théodore (diacre d’Alexandrie) : 155
Théodore de Mopsueste : 264
Théodore studite : 459
Théodoret de Cyr : 264, 356, 470
Théodose II : 336, 349, 400
Théodose le Grand : 400
Théophile d’Alexandrie : 154
Théophylacte : 256
Thomas d’Aquin : 76, 164, 179, 183
Thomas de Kfartab : 24, 241
544 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Thomas de Thonon : 391


Thomas Sutton : 76
Thomas, saint : 143, 404
Timothée Aelure : 400
Tiridate l’arménien : 324
Titus : 272
Tizin : 363
Tobie Anaissi : 69
Toni Saliba : 460
Transjordanie : 37
Trèves : 326
Tripoli : 37, 38, 39, 41, 56, 280, 290, 358, 383, 401, 402, 424, 426, 443, 457,
458
T23m!" : 414
Tur Abdin : 44, 45
Turcomane : 44
Turcs : 269, 275, 403
Tyr : 37, 344, 358

Urbain : 40

Valérien : 326
Véronique : 314, 481
Virgile : 376
Vitalis (saint) : 293

Westia : 315

Ya#q23b al-()ada*+$% : 38, 42, 45, 251, 252, 428


Index 545

[!#q23b de #:;q23r!" : 484


Ya#q23b de Barn!"s!" : 414
Ya#q23b de ()a&6r23n : 32
Ya#q23b Ibn al-Ba*0ram!"n$% : 276
Yamm$%n fils de S!"lim : 462
Y23./!"nn!" de #:;q23r!"4: 437
Y23./ann!" (chef maronite) : 421
Y23./ann!" (disciple d’Ibn al-Qil!"#$%) : 70
Y23./ann!" #Ubayd d’Ehden : 484
Y23./ann!" al-78!"<$= % : 38, 39, 41, 96, 251, 281, 428, 471
Y23./ann!" al-Ifran<=$% : 129, 407, 415
Y23./ann!" a&'-,-adr!"w$% : 26
Y23./ann!" d’Ehden : 29
Y23./ann!"" (auteur) : 446, 449
[23n!"n de Sm!"r Jbeil : 4844
Y23suf (auteur) : 447
Y23suf (copiste) : 19
Y23suf (diacre) : 414
Y23suf al-78ir<=is$% : 280
Y23suf al-()ada*+$% : 19
Y23suf al-()a&6r23n$% : 249, 277
Y23suf al-Rizz$% : 450, 458, 483
Y23suf Am$%mah al-Karmsadd!"n$% : 21, 114, 163
[23suf Basl23q$%t$% : 435, 4844
Y23suf de Beyrouth : 484
Y23suf de B&'arr$% : 415
Y23suf de Chypre : 484
Y23suf de Kasaphani : 63
[23suf de Sm!"r Jbeil : 4844
Y23suf ()abq23q : 28
Y23suf Halib : 458
Y23&2X Sacre : 341, 452
Y23suf Sark$%s : 25
Y23suf, (muqaddam) : 94, 410, 415

Zacharie : 308
Zambri : 330
546 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Zante : 56
Zara Yaqob : 102
Zébédée : 311, 315
547

TABLE DES MATIÈRES

Préface .......................................................................................................... 7
Sigles et abréviations ................................................................................... 9
Translittération ........................................................................................... 10
Introduction ................................................................................................. 11
Chapitre premier : Les manuscrits contenant le corpus d’Ibn al-Qil!"#$% 15
Chapitre II : La vie de Gabriel Ibn al-Qil!"#$% ............................................. 35
Chapitre III : Le corpus de Gabriel Ibn al-Qil!"#$% ..................................... 67

1- Les œuvres en prose


1.1 Compendium theologicae veritatis ..................................... 75
1.2 Explication de la foi ........................................................... 93
1.3 Le livre de la Loi ................................................................ 111
1.4 Sur la foi ............................................................................. 131
1.5 La fleur de la Loi ............................................................... 135
1.6 Miscellanea ........................................................................ 141
1.7 Le livre des sermons .......................................................... 163
1.8 Discours sur le saint sacrement ......................................... 179
1.9 Traité sur la messe et ses rubriques ................................... 183
1.10 Explication de la confession sacrée .................................... 209
1.11 Apocalypse de saint Jean .................................................... 219
1.12 Commentaire du Prologue de saint Jean ............................ 221
1.13 L’Art bref de Raymond Lulle .............................................. 223
1.14 Le livre des cinq sages de Raymond Lulle ......................... 229
1.15 De la philosophie, de l’astrologie et d’autres sujets .......... 233
1.16 Traité sur le calendrier attribué à Eusèbe de Césarée ....... 235
548 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

1.17 Excommunication contre les melkites ................................. 239


1.18 La foi des maronites ............................................................ 241
1.19 Collection de bulles adressées aux maronites .................... 249

2- Les lettres
2.1 Lettre contre les jacobites ................................................... 255
2.2 Lettre à un prêtre maronite ................................................. 269
2.3 Lettre aux gens de Le&'fed .................................................. 273
2.4 Lettre au patriarche ,?im%()n al-=>ada.:!"AA .............................. A 277
2.5 Lettre à l’évêque David ...................................................... 287
2.6 Lettre à Georges al-R#$m!%44................................................... 4 289
2.7 Lettre au peuple de Maron .................................................. 291
2.8 Lettre aux habitants du Mont-Liban ................................... 297
2.9 Testament spirituel .............................................................. 299

3- Les poèmes
3.1 Sur la vie de Marie et celle de Jésus ................................... 303
3.2 Sur Marie-Madeleine .......................................................... 317
3.3 Sur le dimanche des Rameaux ............................................ 319
3.4 Sur Constantin et la Croix .................................................. 321
3.5 Sur saint Alexis ................................................................... 335
3.6 Sur saint Lucius .................................................................. 341
3.7 Sur sainte Euphrosyne ........................................................ 347
3.8 Sur saint Syméon le Stylite .................................................. 353
3.9 Sur les sphères .................................................................... 369
3.10 Sur la science ...................................................................... 379
3.11 Sur le zodiaque, les planètes et les fêtes mobiles ................ 383
3.12 Sur la médecine et l’influence des astres ............................ 389
Table des matières 549

3.13 Sur les quatre conciles ........................................................ 397


3.14 Éloge funèbre de Jean, mort noyé ...................................... 405
3.15 Contre ceux qui ont semé l’ivraie parmi les maronites ....... 409
3.16 Sur le Mont-Liban ............................................................... 417

4- Les œuvres qui « probablement » appartiennent à Ibn al-Qil!"#$%


4.1 Poème sur Abraham ............................................................ 433
4.2 Poème sur saint Chayna ..................................................... 434
4.3 Poème sur Joseph le beau ................................................... 435
4.4 Poème sur saint Antoine le Grand ...................................... 437
4.5 Poème sur sainte Barbe ...................................................... 438
4.6 Poème sur les sciences et les astres .................................... 439
4.7 Poème sur la Vierge debout sous la Croix ......................... 440
4.8 Poème sur la Trinité ........................................................... 441

5- Les œuvres qui sont « faussement » attribuées à Ibn al-Qil!"#$%


5.1 Poème sur la Trinité ........................................................... 445
5.2 Poème sur le Trisagion ...................................................... 446
5.3 Poème sur Adam ................................................................. 446
5.4 Poème sur l’Ancien et le Nouveau Testament .................... 446
5.5 Poème sur les miracles de Jésus en Égypte ........................ 447
5.6 Poème sur le dimanche des Rameaux ................................. 447
5.7 Poème sur l’Apocalypse de saint Jean ............................... 448
5.8 Poème sur la Vierge Marie ................................................. 449
5.9 Poème sur la Vierge Marie ................................................. 449
5.10 Poème sur saint Georges .................................................... 449
5.11 Poème sur saint Jean Calybite ........................................... 451
5.12 Poème sur saint Jacques l’Intercis .................................... 451
550 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

5.13 Poème sur la religion .......................................................... 452


5.14 Poème sur les hérésies ........................................................ 452
5.15 Poème sur les sciences ........................................................ 453
5.16 Poème sur l’éducation des enfants ..................................... 453
5.17 Poème sur le savoir-vivre ................................................... 454
5.18 Poème sur la vie monastique .............................................. 454
5.19 Poème sur la pénitence ....................................................... 455
5.20 Poème sur la pénitence ...................................................... 456
5.21 Poème sur la pénitence ....................................................... 456
5.22 Poème sur la mort ............................................................... 456
5.23 Poème sur l’enfer ................................................................ 457
5.24 Poème sur la chute de Tripoli ............................................. 457
5.25 Poème sur l’accueil du patriarche maronite ..................... 457
5.26 Poème sur le patriarche Gabriel de =>01()l#$ ........................ 458
5.27 La médecine spirituelle ....................................................... 459
5.28 Le calendrier maronite ....................................................... 460
5.29 La liturgie attribuée à saint Jean Maron ............................ 461

6- Les œuvres attribuées à Ibn al-Qil!"#$%, mais non retrouvées


6.1 Œuvres citées dans le manuscrit VS 249 ............................ 465
6.2 Œuvres citées par le patriarche Étienne Douaihy .............. 465
6.3 Le manuscrit Ashqut 9 ........................................................ 466
6.4 Une œuvre de Jean Damascène .......................................... 466
6.5 Un poème sur le Saint-Siège ............................................... 466
6.6 Un poème sur les hérésies .................................................. 466
6.7 Miscellanea ......................................................................... 467
6.8 Un traité sur le sacerdoce ................................................... 467
Table des matières 551

Conclusion ................................................................................................. 469


Bibliographie ............................................................................................. 487
Les localités libanaises citées par Ibn al-Qil!"#$%&au XVe siècle ................. 519
Index .......................................................................................................... 521
Table des matières .................................................................................... 547
552 Gabriel Ibn al-Qil"#$%&

Achevé d’imprimer
à l’Imprimerie Saint-Paul
Jounieh, Liban
le 14 décembre 2007

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