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LES DIÈTES UNIVERSELLES ET PARTICULIÈRES

D’ISAAC ISRAËLI : TRADUCTION ET RÉCEPTION


DANS LE MONDE LATIN

Le Kitāb al-aghdhiya, connu en latin comme le Liber dietarum universa-


lium et particularium, est considéré comme l’un des textes majeurs de la
Materia medica du Moyen-âge, tant au Proche Orient qu’en Occident.
Cette œuvre d’Ish.āq ibn Sulaymān al-Isrāʾīlī constitue l’un des traités
arabes les plus complets sur ce sujet et se fonde – suivant les citations
du texte – sur Galien, Hippocrate, Rufus d’Éphèse, Yaʿqūb ibn Ish.āq
al-Kindī, Yah.ā ibn Māsawayh et, bien sûr, sur Dioscoride. D’autres
noms plus rares dans la littérature arabe, comme Mnesitheos ou Dia-
goras, sont aussi mentionnés 1.
L’auteur des Diètes, un médecin judéo-arabe appelé Isaac Israëli en
latin, est considéré comme l’un des représentants les plus impor-
tants de la médecine gréco-arabe qui s’est développée dans le monde
islamique depuis le v i i i e siècle 2. Il naquit au milieu du i x e siècle en
Égypte et c’est à al-Fust. āt. (le vieux Caire) qu’il débuta sa carrière
médicale comme ophtalmologue. Entre 905 (292 h.) et 909 (296 h.),
il fut appelé à la cour aghlabide de Kairouan (aujourd’hui en Tuni-
sie) 3 . Sous la dynastie des Aghlabides, Kairouan était devenu l’un
des centres intellectuels du monde islamique. Cette ville, fondée au
i x siècle comme camp militaire arabe, avait un caractère très interna-
e

tional : Perses et Byzantins y vivaient à côté des Arabes et des Berbères.

(1) F. Se zgi n (éd.), Ish.āq ibn Sulaymān al-Isrāʾīlī (d. ca. 935). Kitāb al-Aghdhiya /
Book on Dietetics, t. I-III (Series C, Facsimile Editions, 30), Frankfurt am Main,
Institute for the History of Arabic-Islamic Science, 1986, Introduction, p. [i], [i i] ;
M. Ul l m a n n , Die Medizin im Islam (Handbuch der Orientalistik. Erste Abteilung
[Der Nahe und der Mittlere Osten], Ergänzungsband VI), Leiden-Cologne, Brill,
1970, p. 200.
(2) D. Jacqua rt, F. M ich e au, La médecine arabe et l’Occident médiéval, Paris,
Maisonneuve et Larose, 1990, p. 107-118.
(3) Pour la biographie d’Isaac Israëli voir A. A lt m a n n , S. M. St e r n , Isaac
Israeli, a Neoplatonic philosopher of the early tenth century. His Works translated with com-
ments and an outline of his Philosophy, London, Oxford University Press, 1958 [rééd.
Chicago, University of Chicago Press, 2009], introduction p. x v i i -x x i i i ; un exa-
men des sources biographiques se trouve aussi dans R. Ve i t, Das Buch der Fieber
des Isaac Israeli und seine Bedeutung im lateinischen Westen. Ein Beitrag zur Rezeption
arabischer Wissenschaft im Abendland (Sudhoffs Archiv 51), Stuttgart, Franz Steiner
Verlag, 2003, p. 22-32.

Revue d’histoire des textes, n.s., t. X, 2015, 229-249 ©

DOI 10.1484/J.RHT.1.103259
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Juifs et Chrétiens résidaient parmi eux, sans être importunés, comme


minorités, selon le statut particulier qui leur était accordé par l’Islam 4.
Des savants arabes de tout l’Orient affluaient vers Kairouan ; toute-
fois, dans un premier temps, la médecine ne joua qu’un rôle mineur
jusqu’à ce que Ziyādat Allāh III appelle à sa cour deux médecins par
lesquels la médecine gréco-arabe, venant comme eux de Baghdad, se
répandit dans le monde islamique occidental. Il s’agissait d’Ish.āq ibn
ʿImrān, originaire de Baghdad, et d’Isaac Israëli. Ish.āq ibn ʿImrān
était plus âgé et plus expérimenté qu’Isaac Israëli, qui améliora ses
compétences médicales sous les directives de son aîné. La relation
enseignant-élève ne dura cependant pas longtemps, dans la mesure
où Ziyādat Allāh III fit rapidement emprisonner et tuer ibn ʿImrān.
Isaac Israëli prit alors sa place et devint ainsi le médecin de la cour
des Aghlabides 5.
En 909 (296 h.), les Aghlabides furent renversés par ‘Ubaid Allāh
al-Mahdī (910 [297 h.]-934 [322 h.]), fondateur de la dynastie fatimide.
Les Fatimides et leurs partisans se trouvent à l’origine d’un mouvement
secret chiite, l’Ismaélisme, qui fonda un contre-califat face aux califes
abbassides sunnites résidant à Bagdad 6 . L’intérêt des Fatimides pour les
sciences est bien connu et, après la prise de pouvoir fatimide, Isaac
Israëli entra au service du nouveau souverain 7.
Isaac est probablement décédé, sans avoir eu d’enfant, autour de
932 (320 h.) – à plus de cent ans selon les sources 8 . Il laissa une
œuvre très riche et variée à la postérité, comportant à la fois des
études philosophiques et médicales 9 . Bien que d’après Maimonide, sa
production soit plus importante dans le domaine de la médecine que

(4) L’histoire des Aghlabides est décrite par M. Ta l bi , L’émirat aghlabide, Paris,
Adrien-Maisonneuve, 1966.
(5) A lt m a n n , St e r n , op. cit. note 3, p. x x i i .
(6) H. H a l m , Das Reich des Mahdi. Der Aufstieg der Fatimiden (875-973), Munich,
Beck, 1991.
(7) Jacqua rt, M ich e au, op. cit. note 2, p. 112.
(8) A lt m a n n , St e r n , op. cit. note 3, p. x x i ; la date de sa mort est aussi discu-
tée par Ve i t, op. cit. note 3, p. 27-29.
(9) Une vue globale est offerte par C. Brock e l m a n n , Geschichte der arabischen
Literatur, t. I, Leiden, Brill, 19432 [rééd. Leiden et al., Brill, 2012], p. 271 ; F. Se z -
gi n , Geschichte des arabischen Schrifttums, t. III : Medizin-Pharmazie-Zoologie-Tierheil-
kunde, Leiden et al., Brill, 1970 [rééd. 1996], p. 295-297 ; Ul l m a n n , op. cit. note 1,
p. 137-138 ; voir aussi M. St e i nsch n e i de r , Die arabische Literatur der Juden, Fran-
kfurt am Main, Kauffmann, 1902 [rééd. Hildesheim, Gg Olms, 1965 et 1986],
p. 43-44 (les titres indiqués aux nos 13-15 ne sont pas encore identifiés et on ne
sait pas s’il ont existé).
les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 231
dans celui de la philosophie 10 , il n’en reste pas moins qu’il est consi-
déré comme le fondateur du néoplatonisme juif 11.
Son étude sur l’analyse des urines (Kitāb al-baul), sur les fièvres (Kitāb
al-h.ummayāt) et aussi sur la diététique (Kitāb al-aghdhiya) eut une grande
influence non seulement sur la médecine arabe mais aussi, à travers sa
traduction latine, sur la médecine occidentale 12.
L’ensemble de la littérature médicale d’Isaac Israëli fut traduit en
latin dans la deuxième moitié du x i e siècle par Constantin l’Africain.
Ce dernier naquit à Carthage et devint plus tard moine au Mont-Cas-
sin. Une grande partie de l’œuvre de traduction de Constantin est fon-
dée sur les auteurs de sa patrie du nord-ouest africain, à savoir, à côté

(10) J. L l a m a s (éd.), Is. h.asq Israeli. Tratado de las Fiebres, Madrid-Barcelona, Inst.
Arias Montano, 1945, introduction p. x i i ; voir aussi G. Vajda , Introduction à la
pensée juive du Moyen Âge, Paris, J. Vrin, 1947, p. 68-70.
(11) Isaac Israëli composa quatre traité philosophiques : le Kitāb al-h.udūd wa
l-rusūm (« Livre des définitions et des descriptions »), le Kitāb al-jawāhir (« Livre
des substances »), le Kitāb fī l-rūh wa l-nafs (« Livre de l’esprit et de l’âme ») et
le Kitāb al-ust. uqussāt (« Livre des éléments »). Un exposé détaillé est donné par
A. A lt m a n n , Isaac Judaeus/Israeli, in Encyclopaedia Judaica, t. IX, Jerusalem, 1971,
p. 1063-1065. Une grande partie de l’œuvre philosophique d’Isaac a été traduite
en anglais par A lt m a n n , St e r n , op. cit. note 3. Voir aussi S. P e ssi n , Jewish Neo-
platonism : Being above Being and Divine Emanation in Solomon Ibn Gabirol and Isaac
Israeli, in D. Fr a n k (éd.), The Cambridge Companion to Medieval Jewish Philosophy,
Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 91-110. Peut-être peut-on aussi
attribuer à Isaac Israëli un écrit sur l’éthique des médecins, conservé dans une
traduction en hébreu ; cette question n’est pas encore décidée, voir Ve i t, op. cit.
note 3, p. 31 (note 102).
(12) Une description de l’œuvre médicale d’Isaac Israëli est donnée par Jac -
qua rt, M ich e au , op. cit. note 2, p. 111. Pour les manuscrits arabes de ces textes
voir Se zgi n , op. cit. note 9, p. 296-297. Une édition moderne et critique n’existe
que pour le troisième livre du traité des fièvres : J. D. L at h a m , H. D. I sa ac s
(éds), Kitāb al-H . ummayāt li-Ish.āq ibn Sulaymān al-Isrāʾīlī (al-Maqāla al-thālitha : fī al-
sill) / Isaac Judaeus : On Fevers (The Third Discourse : On Consumption), Cambridge,
Cambridge Middle East Center, 1981. Une édition complète a été préparée (mais
n’a jamais été publiée) par H. D. Isaacs comme thèse de doctorat (Phd Thesis
no 5926 / 1969 [2 vol.], The John Rylands University Library of Manchester).
Pour les Diètes d’Isaac nous disposons d’une édition en fac-similé : Se zgi n , op. cit.
note 1. Les traductions latines des trois traités sont imprimées dans Omnia opera
ysaac, Lyon, Trot, 1515, pars 1, ff. 11r-145r (les Diètes avec le commentaire de
Petrus Hispanus), ff. 156r-203r (De urinis), ff. 203v-26v (De febribus), accessible en
ligne : http://daten.digitale-sammlungen.de/ ~ db/0001/bsb00011439/images. Il existe une
autre édition des Diètes par Johannes Post h i us (éd.), Isaaci Iudaei (…) De Diaetis
universalibus et particularibus libri II, Bâle, Henricpetri, 1570, en ligne : http://www.
mdz-nbn-resolving.de/urn/resolver.pl?urn=urn:nbn:de:bvb:12-bsb10191266-6. Pour le De uri-
nis voir aussi les éditions de J. P e i n e (éd.), Die Harnschrift des Isaac Judaeus, Borna-
Leipzig, Noske, 1919, et E. Fon ta na (éd.), Il libro delle urine de Isacco l’Ebreo tradotto
dall’ arabo in latino da Constantino Africano, Pisa, Giardini, 1966.
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d’Isaac Israëli, sur Ibn ʿImrān, dont Isaac Israëli était l’élève – ainsi
que sur le disciple de ce dernier, Ibn al-Jazzār, tous les trois actifs dans
le contexte de la cour de Kairouan 13 .
Cette contribution est centrée autours des questions de la traduction
et de la réception des Diètes d’Isaac Israëli dans monde latin. Dans
la mesure où il n’existe actuellement aucune édition moderne de ce
texte arabe, on a utilisé le fac-similé publié en 1986 par Fuat Sezgin.
Cette publication est fondée sur la seule copie complète, le manuscrit
Istanbul, Maktaba al-Süleymaniye, Fatih 3604-3607, daté 1308-1309
(708 et 709 h.) 14. Quant au texte latin, il n’en existe pas non plus d’édi-
tion moderne. L’examen s’appuiera donc sur l’ouvrage Omnia opera ysaac
(imprimé à Lyon en 1515), complété par trois manuscrits qui sont dis-
ponibles en ligne en bonne qualité 15. Ces restrictions font qu’on ne peut
ici donner qu’un examen préliminaire de ce texte peu étudié jusqu’ici.

C ompa r a ison de l’a r a be et du l at i n

Dans un premier temps, on comparera les textes arabe et latin. En


examinant la composition globale, on constate d’abord que l’œuvre
arabe se compose de quatre parties : la première correspond au Liber
dietarum universalium 16 ; les trois autres sont contenues dans le Liber dieta-
rum particularium 17. Dans le Liber dietarum universalium et particularium, il y
a donc une différence considérable par rapport à la version originale
en arabe : tandis que le texte latin se divise en deux domaines seule-

(13) Ch. B ou ya h i a , La vie littéraire en Ifriqiya sous les Zirides, Tunis, Presses de
la Soc. tunisienne des arts graph., 1972, p. 31-32 ; Jacqua rt, M ich e au, op. cit.
note 2, p. 107-118 ; Ve i t, op. cit. note 3, p. 25-26 ; Quellenkundliches zu Leben und
Werk von Constantinus Africanus, in Deutsches Archiv, 59, 2003, p. 121-152, ici p. 151-
152.
(14) Se zgi n , op. cit. note 1. D’autres manuscrits de ce texte sont donnés par
Se zgi n , op. cit. note 9, p. 296. Des résumés du traité sont proposés par A. Ch é -
r i f, Histoire de la médecine arabe en Tunisie, Bordeaux, Destout, 1908, p. 48-51 et par
A. Di et r ich , Medicinalia Arabica. Studien über arabische medizinische Handschriften in
türkischen und syrischen Bibliotheken, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1966,
p. 135-143 (no 58).
(15) Omnia opera, op. cit. note 12 ; pour les manuscrits voir l’Appendice, no 11
(Munich, BSB, Clm 13066), no 13* (Munich, BSB, Clm 13111), et no 20 (Philadel-
phia, The Schoenberg Collection, ljs 024).
(16) Se zgi n , op. cit. note 1, t. I ; Omnia opera, op. cit. note 12, pars 1, ff. 11r-103r ;
Appendice : no 11 (ff. 1r-42v), no 13*(ff. 46r-74r), no 20 (ff. 16r-51r).
(17) Se zgi n , op. cit. note 1, t. II et III ; Omnia opera, op. cit. note 12, pars 1,
ff. 103r-156r ; Appendice : no 11 (ff. 43r-82r), no 13* (ff. 74r-97r), no 20 (ff. 51v-
84v).
les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 233
ment (« universel » et « particulier »), la structure du texte arabe, elle,
comprend quatre grandes parties sémantiques.
D’autre part, le Liber dietarum particularium se divise en cinq parties :
la première partie est consacrée à la description des céréales et des
légumes secs 18 , la deuxième partie poursuit avec les fruits 19. Ces cha-
pitres de la première et de la deuxième partie du Liber dietarum particula-
rium correspondent au deuxième livre de la version arabe. Le troisième
livre du texte arabe constitue la troisième partie du Liber dietarum parti-
cularium qui offre les descriptions des légumes et des herbes 20 . Quant au
quatrième livre du manuscrit arabe, il est de nouveau divisé en deux
dans la version latine, où il est la base de la quatrième 21 et de la cin-
quième 22 partie, sur les viandes et les boissons.
Une comparaison de la répartition des chapitres particuliers et
des sections en arabe et en latin ne montre aucune différence dans
la composition de ces deux textes, ni dans la construction, ni dans
l’ordre des différentes sections ; mais la répartition en chapitres elle-
même varie beaucoup. De plus, le texte latin de 1515 contient plus de
subdivisions que l’œuvre arabe 23 . Ainsi peut-on trouver dans le Liber
dietarum universalium, en plus des chapitres, 55 lectiones – cette répartition
ne se retrouve pas de la même façon dans la copie arabe et ne se trouve
pas dans les trois manuscrits examinés.
Un premier coup d’œil montre d’emblée que l’ensemble de la traduc-
tion latine des Diètes d’Isaac Israëli est marqué par des coupures et des
omissions : certains mots, voire des passages entiers – allant de quelques
lignes à des chapitres entiers – ont été ignorés ou laissés de côté. Il
s’agit, dans ces passages, de formulations synonymiques, de répéti-
tions et de représentations dissolues des contextes théoriques, le plus
souvent. À titre d’exemple, on peut ici citer les développements rela-
tifs à la substance de la nourriture, contenus dans le premier chapitre

(18) Omnia opera, op. cit. note 12, pars 1, ff. 103r-113r ; Appendice : no 11
(ff. 43r-49r), no 13* (ff. 74r-78r), no 20 (ff. 51v-57v).
(19) Omnia opera, op. cit. note 12, pars 1, ff. 113r-124r ; Appendice : no 11 (ff. 49r-
60r), no 13* (ff. 78r [sans séparation nette avec la partie précedente]-84r), no 20
(ff. 57v [sans séparation nette avec la partie précedente]-65r).
(20) Omnia opera, op. cit. note 12, pars 1, ff. 124r-132v ; Appendice : no 11
(ff. 60r-66r), no 13* (ff. 84r-87v), no 20 (ff. 65r-70r).
(21) Omnia opera, op. cit. note 12, pars 1, ff. 132v-136r ; Appendice : no 11
(ff. 66r-68v), no 13* (ff. 87v-89r), no 20 (ff. 70r-72v).
(22) Omnia opera, op. cit. note 12, pars 1, ff. 136r-145r ; Appendice : no 11
(ff. 68v-82r), no 13* (ff. 89r-97r), no 20 (ff. 72v [sans séparation nette avec la partie
précedente]-84v).
(23) Une vue d’ensemble des contenus est donnée par Se zgi n , op. cit. note 1,
t. I, p. 7-14 et au début des Omnia opera, op. cit. note 12, pars 1 (Tabula sans folio-
tation).
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arabe des Diètes d’Isaac, mais totalement absents dans le texte latin 24.
Une illustration possible d’un contenu probablement considéré comme
« superflu » est le chapitre – omis en latin – consacré à la viande de
souris et de rat 25. Ces réductions s’expliquent par la volonté de rationa-
liser le texte arabe et de le réduire à son contenu essentiel. Il y a aussi
des formulations qui ont été résumées pour simplifier le texte, dans
des passages où le texte ne pouvait pas être facilement réduit par des
omissions, pour des raisons de sens. On peut aussi noter une tendance
à généraliser. Mais, pour l’omission d’un certain nombre d’autres pas-
sages, aucune raison évidente ne peut être déterminée. Soit Constantin
l’Africain a ici rencontré un problème de compréhension, soit il utili-
sait un modèle complètement différent comme base de travail, soit sa
traduction est faite de manière imprécise. Dans les recherches sur les
chapitres et les passages sélectionnés dans ce travail, on trouve à peine
quelques arabismes. Ce constat est tout à fait typique des traductions
de Constantin l’Africain, qui cherche en règle générale à dissimuler
l’origine arabe de ses traductions 26 . En somme, on peut affirmer que
Constantin l’Africain suit fidèlement sa présentation et qu’il est essen-
tiellement en accord avec elle. Son style se caractérise par la brièveté
et la concision 27.
Pour les chapitres des Diètes d’Isaac, on observe non seulement des
omissions mais aussi des ajouts mineurs d’un mot ou d’une phrase.
Ces compléments se divisent en deux catégories : d’une part, ceux qui
sont tout à fait indispensables au texte, et la seule explication satis-
faisante de leur présence serait un modèle arabe particulier ; d’autre
part, ceux qui servent à clarifier le texte et qui pourraient bien être
dus au traducteur lui-même (par exemple des ajouts rédactionnels
nécessités par la structure différente). Plus globalement, certains
changements peuvent être plus facilement expliqués par un manuscrit
arabe de ce texte utilisé comme modèle par Constantin l’Africain.

(24) Se zgi n , op. cit. note 1, t. I ( juzʾ 1), p. ٥-٦ ; Omnia opera, op. cit. note 12,
pars 1, f. 12r : …que complexionibus corporum sunt contraria. [passage sur la substance]
Cum enim… ; Appendice : no 11 (f. 1r), no 13* (f. 46r), no 20 (f. 16r).
(25) Se zgi n , op. cit. note 1, t. III ( juzʾ 4), p. ٣٦ ; Omnia opera, op. cit. note 12,
pars 1, f. 135v ; Appendice : no 11 (f. 68v), no 13* (f. 89r), no 20 (f. 72v).
(26) Jacqua rt, M ich e au, op. cit. note 2, p. 100-101 ; voir aussi Ve i t, op. cit.
note 3, p. 92-93.
(27) Pour des détails voir par exemple les textes du premier chapitre des Diètes
universelles, cf. Se zgi n , op. cit. note 1, t. I ( juzʾ 1), p. ٥-١٥ ; Omnia opera, op. cit.
note 12, pars 1, f. 12r, 14r-v, 17r, 18v ; Appendice : no 11 (ff. 1r-2r), no 13* (ff. 46r-
47r), no 20 (ff. 16r-17r).
les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 235
Des résultats comparables ont été obtenus par d’autres études sur
Constantin l’Africain, par exemple pour le Liber febrium Isaac 28 , le Liber
de oblivione d’Ibn al-Jazzār 29, le De coitu 30 ou le De Melancholia 31 : la struc-
ture globale est certes préservée, mais non les subdivisions. Il en va
de même si l’on examine les omissions 32 et aussi les ajouts 33 ou les
constructions grammaticales 34. Excepté quelques importantes modi-
fications et omissions dans l’Isagoge 35 , le fameux livre de H . unain ibn
Ish.āq, ou dans le Pantegni 36 , ces constatations peuvent être faites pour
toutes les traductions déjà étudiées.

(28) Ve i t, op. cit. note 3, p. 70-108 et 190.


(29) G. B os , Ibn al-Ǧazzār’s Risāla fī n-nisyān and Constantine’s Liber de obli-
vione, in Ch. Bu r n et t, D. Jacqua rt, Constantine the African and ʿAlī ibn al-ʿAbbās
al-Maǧūsī. The Pantegni and Related Texts, Leiden-New York-Cologne, Brill, 1994,
p. 203-232 (Annexe p. 224-232 : édition du texte latin établie par Charles Bur-
nett), p. 211-223.
(30) E. Mon t e ro C a rt e l l e , Sobre el autor árabe del Liber de coitu y el modo de
trabajar de Constantino Africano, in Medizinhistorisches Journal, 23, 1988, p. 213-223,
ici p. 219. Édition du texte latin (la question de l’origine arabe n’est pas claire) :
E. Mon t e ro C a rt e l l e (éd.), El tratado de andrología de Constantino el Africano,
Santiago de Compostella, Universidad de Santiago, 1983 ; traduction anglaise :
P. De l a n y, Constantinus Africanus’ De coitu : a translation, in The Chaucer Review :
A Journal of Medieval Studies and Literary Criticism, 4.1, 1969, p. 55-65.
(31) B. Be n Ya h i a , Les origines arabes du De melancholia de Constantin l’Africain,
in Revue d’histoire des sciences, 7, 1954, p. 156-162 ; Constantin l’Africain et l’école de
Salerne, in Les cahiers de Tunisie, 3, 1955, p. 48-59, ici p. 54 et 57-58. Édition arabo-
latine : K. Ga r be r s (éd.), Ish.āq ibn ʿImrān, Maqāla fī Mālīḫ ūliyā (Abhandlung über die
Melancholie) und Constantini Africani libri duo de melancholia, Hamburg, Buske, 1977.
(32) J. D. L at h a m , Isaac Israeli’s “Kitab al-Hummayat” and the Latin and Castilian
Texts, in Journal of Semitic Studies, 14, 1969, p. 80-95, ici p. 84-91 (synopse), et Ve i t,
op. cit. note 3, p. 141-145 et 190 ; B os , op. cit. note 29, p. 214-215 ; Mon t e ro C a r-
t e l l e , op. cit. note 33, p. 221.
(33) Ve i t, op. cit. note 3, p. 145-148 et 191 ainsi que B os , op. cit. note 29,
p. 215 ; la question des ajouts dans les traductions de Constantin l’Africain n’est
guère examinée.
(34) L at h a m , op. cit. note 32, p. 88-91, 94, et Ve i t, op. cit. note 3, p. 191-191 ;
B os , op. cit. note 29, p. 214-216.
(35) D. Jacqua rt, À l’aube de la renaissance médicale des x i e-x i i e siècles : l’ « Isagoge
Johannitii » et son traducteur, in Bibliothèque de l’École des Chartes, 144, 1986, p. 209-
240.
(36) D. Jacqua rt, Le sens donné par Constantin l’Africain à son œuvre : les chapitres
introductifs en arabe et en latin, in Bu r n et t, Jacqua rt, op. cit. note 29, p. 71-89. Sur
l’histoire complexe du texte du Pantegni voir aussi M. H. Gr e e n , The re-creation of
Pantegni, Practica, book VIII, in Bu r n et t, Jacqua rt, op. cit. note 29, p. 121-160 ;
M. Wack , ʿAlī ibn al-ʿAbbās al-Maǧūsī and Constantine on love, and the evolution of the
Practica Pantegni, in Bu r n et t, Jacqua rt, op. cit. note 29, p. 161-202 ; M. Fe r-
r e i r a , E. Mon t e ro C a rt e l l e , Le De elephancia de Constantin l’Africain et ses
rapports avec le Pantegni, in Bu r n et t, Jacqua rt, op. cit. note 29, p. 233-246, ainsi
236 r aphael a veit

Jusqu’à présent, aucune solution satisfaisante n’a pu être trouvée


pour expliquer les différences entre les traductions et leurs originaux
arabes respectifs 37. Des modifications volontaires de Constantin l’Afri-
cain sont surement repérables, par exemple dans le but d’ajustements
stylistiques, tandis que pour d’autres variations, comme les différences
limitées à un mot, l’explication la plus simple est un modèle arabe cor-
respondant. En fin de compte, les variations entre l’arabe et le texte
latin peuvent être dues à la combinaison de plusieurs facteurs : inter-
ventions du traducteur, utilisation de manuscrits et d’éditions arabes
différents de ceux que nous avons aujourd’hui, et problèmes de com-
préhension.

I mporta nce du t r a i té d ’I sa ac e n O cci de n t

La deuxième partie de cette contribution entend retracer l’impor-


tance de la diététique d’Isaac dans le monde occidental.
Les deux parties du Liber dietarum universalium et particularium circu-
laient surtout ensemble mais aussi de façon indépendante dans les
manuscrits 38 . Il est remarquable que nous ne possédons pas de manus-
crit avec le texte complet, quelle que soit son origine géographique,
avant la deuxième moitié du x i i e siècle. De fait, le manuscrit Paris,
Bibliothèque Nationale, lat. 7029 date du dernier quart du x i e siècle
(l’époque de Constantin l’Africain !) et contient des extraits du texte 39.
Au milieu du x i i e siècle, on retrouve des traces de ce traité à Hildesheim
(1161) 40 , Afflighem (deuxième moitié du x i i e siècle), et à Welbeck (fin
du x i i e siècle), de même que d’autres textes du milieu de Constantin

que R. Ve i t, Al-Maǧūsī’s Kitāb al-malakī and its Latin translation ascribed to Constan-
tine the African : The reconstruction of Pantegni, Practica, Liber III, in Arabic Sciences and
Philosophy, 16, 2006, p. 133-168.
(37) On a pensé, par exemple, que la suppression de l’origine arabe des trai-
tés aurait pu faciliter l’acceptation des traductions Constantines en Europe ( Jac -
qua rt, M ich e au , op. cit. note 2, p. 100-101 ; Ve i t, op. cit. note 3, p. 193-194).
Cependant, dans le cas du Pantegni nous trouvons des références à l’original arabe
(G. St roh m a i e r , Constantine’s pseudo-Classical terminolog y and its survival, in Bu r-
n et t, Jacqua rt, op. cit. note 29, p. 90-98, 97-98).
(38) Voir M. Nicou d, Les régimes de santé au Moyen Âge, t. I-II, Rome, 2007,
t. II, p. 989-1006 : « Inventaire 4. Manuscrits des Diètes universelles et particulières
d’Isaac Israëli et de leurs commentaires » ; cet inventaire de M. Nicoud est com-
plété ici par un Appendice, résultat des recherches de Monica Green (Arizona
State University) et de l’auteur.
(39) Voir Appendice, no 30*.
(40) K. Su dhof f, Die medizinischen Schriften, welche Bischof Bruno von Hildesheim
1161 in seiner Bibliothek bessaß, und die Bedeutung des Konstantin von Afrika im 12. Jahr­
les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 237
l’Africain 41. Cependant, il est tout à fait possible que les vingt-six titres
médicaux présents dans l’inventaire de Bruno de Hildesheim en 1161
ne soient rien d’autre que la collection de livres réunis par le médecin
monastique Northungus de Hildesheim ( fl. 1140) déjà une génération
avant que Bruno ait rédigé son inventaire 42. Le traité des Diètes avait
alors quitté l’Italie vers le milieu du x i i e siècle et était ainsi arrivé dans
des régions plus nordiques de l’Europe.
Cette information corrobore les résultats d’autres recherches menées
ces dernières années sur la diffusion de l’œuvre de Constantin l’Afri-
cain. Je voudrais simplement, à ce propos, mentionner sa traduction et
réécriture partielle du texte du Kitāb al-malakī d’al-Majūsī, plus connue
en Europe sous l’appellation Pantegni. Alors que l’on connaît des témoins
manuscrits dès les x i e et x i i e siècles pour les parties qui se réfèrent à
l’œuvre arabe originale de ce texte, il n’en va pas de même pour les
parties reconstituées 43 . Ce n’est ici ni le moment ni le lieu d’entrer dans
les détails, mais il est toutefois intéressant de signaler, pour la diffu-
sion des traductions de Constantin, que le manuscrit le plus ancien du
Pantegni comprenant des passages réécrits (il s’agit ici du Ms Munich,
Bayerische Staatsbibliothek, CLM 381) a dû être produit au début du
x i i i siècle dans le nord de la France ou dans des régions limitrophes
e

(éventuellement allemandes ?). C’est ce qu’indiquent des conclusions


paléographiques 44. Il s’agit ici d’une délimitation régionale assez gros-
sière, comprenant en tout cas Afflighem et peut-être aussi Hildesheim.
Nous disposons aujourd’hui d’environ une douzaine de témoins
manuscrits du Liber dietarum universalium et particularium, datant du
x i i siècle ainsi que du début du x i i i . Le premier commentaire du
e e 45

traité de diététique d’Isaac date également de cette époque, et est issu

hundert, in Archiv für Geschichte der Medizin (Sudhoffs Archiv), 9, 1916, p. 348-356, ici
p. 348-349.
(41) Je dois ces indications à Monica Green et son travail important sur ces
relations.
(42) Voir Wack , art. cit. note 36, p. 189-194 ; voir aussi le manuscrit no 29
(Bamberg, Staatsbibliothek, Msc. Med. 6) de l’Appendice qui, en plus des extraits
des Diètes particulières, offre l’œuvre du moine Northungus.
(43) Une liste des manuscrits du Pantegni est donnée dans : A Catalogue of
Renaissance Editions and Manuscripts of the Pantegni, in Bu r n et t, Jacqua rt, op. cit.
note 29, p. 316-351.
(44) Ve i t, art. cit. note 36, p. 146-147.
(45) Les numéros entre crochets se réfèrent à Nicou d, op. cit. note 38, t. II,
Inventaire 4 : Ms. Bruxelles, Bibliothèque Royale, 2419-31 [8], Ms. Cité du Vati-
can, Biblioteca Apostolica Vaticana, Pal. lat. 1304 [21], Ms. Madrid, Biblioteca
de la Universidad Complutense (Biblioteca Ildefonsina), 119 (antérieurement 116-
Z-31) [39], Ms. Paris, Bibliothèque nationale, lat. 7035 [63], Ms. Paris, BNF,
lat. 7039 [67]. Appendice : nos 2*, 3*, 4*, 7*, 14*, 15*, 29, 30*.
238 r aphael a veit

du milieu salernitain : l’auteur est un certain M. Matthaeus F., qui


peut-être identifié avec Matthaeus Ferrarius, maître à l’École de méde-
cine de Salerne au milieu du x i i e siècle 46 . Un peu plus tard seulement
et dans la même région, apparaissent deux autres œuvres, qui reposent
en grande partie sur les Diètes d’Isaac. Le premier ouvrage est le traité
Circa instans, qui présente plus de 200 médicaments simples 47. L’autre
œuvre, connue sous le nom de Flores dietarum, est souvent attribuée à
Jean de Saint-Paul (cardinal de Sabine, mort en 1214) ; il est plus pro-
bable, toutefois, que la genèse des Flores dietarum ait été due à plusieurs
compilateurs 48 . Ces données coïncident avec la tradition manuscrite
décrite ci-dessus.
Il est aussi intéressant de signaler que l’on trouve parmi les manuscrits
du x i i e et du début du x i i i e siècle, aux côtés de la diététique d’Isaac,
d’autres textes du milieu de l’école de médecine de Salerne, ainsi que
d’autres traductions de Constantin, mais non d’autres œuvres d’Isaac
Israëli 49. Ceci change complètement avec les manuscrits produits à par-
tir environ du premier quart du x i i i e siècle.
Une grande partie des témoins manuscrits des Diètes – plus d’une
trentaine – datent du x i i i e et du début x i ve siècle. Ces manuscrits
transmettent souvent les Diètes avec d’autres œuvres médicales d’Isaac
Israëli, comme ses livres sur les fièvres ou sur l’analyse d’urine 50 .
Parmi les traductions de Constantin l’Africain, figurent aussi des
textes qui font partie de la compilation nommée Articella. Le corpus
de textes connu comme Articella ne constitue pas seulement le pre-
mier manuel universitaire de médecine mais aussi, et surtout, le tout

(46) Sur Matthaeus F., voir R. Cr eu t z , Der Arzt Constantinus Africanus von Mon-
tekassino. Sein Leben, sein Werk und seine Bedeutung für die mittelalterliche medizinische
Wissenschaft, in Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktiner-Ordens und seiner
Zweige, 47, 1929, p. 1-44 ; R. Cr eu t z , Die Ehrenrettung Konstantins von Afrika, in Stu-
dien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktiner-Ordens und seiner Zweige, 49, 1931,
p. 25-44 (édition du prologue de ce commentaire aux p. 40-43) ; P. O. K r ist e l -
l e r , Bartholomaeus, Musandinus and Maurus of Salerno and other early commentators of
the Articella, in Italia Medioevale e Umanistica, 19, 1976, p. 57-87, ici p. 59 (trad. ital.
P. O. K r ist e l l e r , Studi sulla Scuola medica salernitana, Naploli, Istituto Italiano per
gli Studi Filosofici, 1986, p. 97-151) ; Nicou d, op. cit. note 38, t. I p. 5, 578, 639.
(47) Nicou d, op. cit. note 38, t. I, p. 446.
(48) Ibid., t. I, p. 40-45.
(49) Voir note 45.
(50) Les numéros entre crochets se réfèrent à Nicou d, op. cit. note 38, t. II,
Inventaire 4 : Ms. Bruges, Bibliothèque Publique, lat. 472 [7], Ms. Bruxelles,
Bibliothèque Royale, 14306-09 [9], Ms. Chantilly, Musée Condé, lat. 329 (619)
[15], Ms. Erfurt, Bibliotheca Amploniana, Q. 199 [34]. D’autres exemples dans
l’Appendice : nos 1, 10, 11, 12 (avec le Viaticum), 18 (avec la Theorica Pantegni), 23,
25, 27 (avec le Viaticum).
les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 239
premier manuel universitaire 51. Si l’on considère que le corpus de
l’Articella a été élaboré à Salerne, on ne sera pas surpris de trouver,
dans les premiers manuscrits de l’Articella, des textes issus de l’école
de médecine de Salerne et, par là même, du champ de compétence
de Constantin l’Africain. Il est fondamental de rappeler, pour com-
prendre la transmission de l’Articella, que ce corpus n’apparaît pas tou-
jours comme un tout fermé ; en fait, il est beaucoup plus fréquem-
ment accompagné d’un ensemble de textes utiles à l’enseignement de
la médecine dans les universités du Moyen-âge. Et parmi ces textes
figurent souvent les œuvres d’Isaac Israëli, dont les Diètes 52.
L’on peut tirer de ce rôle central qu’a joué l’Articella dans les univer-
sités du Moyen-âge des conclusions relatives à l’importance des textes
transmis avec ce corpus dans les manuscrits utilisés pour l’enseignement.
Le rapport entre les Diètes d’Isaac et l’Articella est ainsi d’une grande
importance. Il est frappant de constater que la plupart des manuscrits
contenant des textes de l’Articella et en même temps des textes d’Isaac
Israëli datent du x i i i e et du début du x i ve siècle. Ce constat est égale-
ment corroboré par nos informations sur l’évolution des contenus des
enseignements de la médecine.

(51) Les traités qui forment l’Articella sont les suivants : Iohannitius, Isagoge –
Hippocrates, Aphorismi – Idem, Liber prognosticorum – Idem, De regimine acutorum
morborum – Galenus, Liber tegni – Philaretos, Liber de pulsibus – Theophilos, Liber
de urinis. Pour l’Articella voir surtout P. O. K r ist e l l e r , The School of Salerno, its
development and its contribution to the history of learning, in Bulletin of the History of
Medicine, 17, 1945, p. 138-194, ici p. 157-158 [réimpression : P. O. K r ist e l l e r ,
Studies in Renaissance Thought and Letters, Rome, Ed. di Storia e di Letteratura,
1969, p. 495-551, ici p. 514-515] (trad. ital. P. O. K r ist e l l e r , op. cit. note 46,
p. 11-96) ; T. P e se n t i , Arti e Medicina : la formazione del curriculum medico, in L. Ga r-
ga n , O. L i mon e (éds), Luoghi e Metodi di insegnamento nell’Italia Medioevale (sec. x i i -
x i v ). Atti del Convegno Internazionale di Studi, Lecce-Otranto, 6-8 ott. 1986,
Galatina, Congedo, 1989, p. 153-177 ; Articella dagli incunabuli ai manoscritti : Origini
e vicende di un titulo, in M. Coch et t i (éd.), Mercurius in Trivio. Studi di Bibliografia
e di Biblioteconomia per Alfredo Serrai nel 60 compleanno (20 novembre 1992), Rome,
Bulzoni, 1993, p. 129-145 ; C. O’B oy l e , The art of medicine : Medical teaching at the
University of Paris 1250-1400, Leiden [et al.], Brill, 1998.
(52) Les numéros entre crochets se réfèrent à Nicou d, op. cit. note 38, t. II,
Inventaire 4 : Ms. Cambridge, St. John’s College, 99 (D. 24) [12], Ms. Erfurt,
Bibliotheca Amploniana, F. 238 [26], Ms. Erfurt, Bibliotheca Amploniana,
F. 286 [28], Ms. Erfurt, Bibliotheca Amploniana, Q. 182 [31]. Autres exemples
dans l’Appendice : nos 3*, 6, 13*, 20, 22, 26. Pour les cinq manuscrits de la BNF
de Paris voir M. Nicou d, Les marginalia dans les manuscrits latins des Diètes d’Isaac
Israëli conservés à Paris, in D. Jacqua rt, Ch. Bu r n et t (éd.), Scientia in Margine.
Études sur les marginalia dans les manuscrits scientifiques du Moyen Âge à la Renaissance,
Genève, Droz, 2005, p. 191-215, ici p. 193-194.
240 r aphael a veit

Les Diètes d’Isaac Israëli apparaissent dans les Statuts de l’ensei-


gnement médical de la Sorbonne de 1270-1274 : ainsi, les Dietae uni-
versales doivent-elles être entendues une fois ordinarie et deux fois cur-
sorie, les Dietae particulares quant à elles, une fois cursorie ou ordinarie.
En premier figurent les textes de l’Articella, ensuite, parmi d’autres
textes, les traités d’Isaac Israëli. Il est toutefois concevable que les
textes d’Isaac avaient déjà été étudiés dans l’université parisienne
bien avant les années 1270 car les statuts de ces années fixent un pro-
gramme déjà enseigné depuis plusieurs années 53 . De plus, une lettre
d’un étudiant anglais, Alexander Nequam, datant de l’année 1190,
fait déjà mention du texte sur la diététique comme élément constitutif
de l’enseignement universitaire 54 . Les écrits sur la diététique appa-
raissent officiellement pour la dernière fois dans les documents de
l’Université parisienne en 1350 55 . À l’école de médecine de Montpel-
lier, ce même traité des Diètes est mentionné dans les statuts en 1309
et 1340 ; il n’en est plus question dans les documents ultérieurs de
cette même école 56 .
Il faut retenir, aussi bien pour l’enseignement de la médecine à
Paris que pour celui de Montpellier, que les Diètes d’Isaac y ont eu
une importance moyenne dans les statuts les plus anciens, et que leur
influence diminua avec le temps. Les statuts parisiens de 1350 consti-
tuent la dernière référence au traité des Diètes dans les règlements uni-
versitaires officiels. Ledit traité n’est mentionné ni dans la liste de livres
de l’Université de Paris pour l’année 1395 57, ni dans les statuts entrés

(53) Pour les statuts de 1270-1274 et leur interprétation voir Jacqua rt,
M ich e au, op. cit. note 2, p. 172, et D. Jacqua rt, La médecine médiévale dans le cadre
parisien, x i v e-x v e s., Paris, Fayard, 1998, p. 134.
(54) Ch. H. H a sk i ns , Studies in the history of medieval science, Cambridge (MA),
Harvard historical Studies, 1924, p. 356-376 ; R. W. Hu n t, The Schools and the
Cloister : the Life and Writings of Alexander Nequam (1157-1217), Oxford, Clarendon
Press, 1984.
(55) J.-B. L. Chom e l , Essai historique sur la médecine en France, Paris, 1762,
p. 124-125. Le texte de ces statuts se trouve aussi dans le manuscrit de l’Articella :
Reims, Bibliothèque municipale, 1003 (folio C, addendum x i vex.-x v in. s.).
(56) Jacqua rt, M ich e au, op. cit. note 2, p. 181 (statuts de 1309) et 192 (sta-
tuts de 1340) ; plus de détails dans A. C. Ge r m a i n , Cartulaire de l’Université de
Montpellier 1181-1400, t. I-II, Montpellier, Impr. Ricard, Impr. Lauriol, 1890, t. I,
p. 219-221, et M. Fou r n i e r , Les statuts et privilèges des universités françaises depuis
leur fondation jusqu’en 1789, t. I-III, Paris, Larose et Forcel, 1890, t. I, p. 20-21, 69.
(57) H. De n i f l e , É. C h ât e l a i n , Chartularium Universitatis Parisiensis, t. I-IV,
Paris, Delalain, 1889-1897, t. I, p. 435-437.
les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 241
en vigueur à Bologne en 1405 58 ; il ne le sera d’ailleurs plus guère dans
aucune source universitaire officielle 59.
La tradition manuscrite latine des Diètes d’Isaac ref lète l’impor-
tance de ce texte dans les universités au Moyen-âge : on trouve tou-
jours des manuscrits contenant ce texte à partir du x ve siècle mais
moins dans le contexte d’autres traités de l’université. Ceci va de pair
avec le fait que ce texte fut de moins en moins lu dans les univer-
sités dès le début ou le milieu du x i ve siècle. Ces résultats sont en
harmonie avec les conclusions d’études faites pour les traductions
de Constantin l’Africain : eu égard, d’une part, aux importantes cri-
tiques faites relativement aux traductions de Constantin, et ce dès le
x i i siècle, et d’autre part, à l’existence de traductions plus récentes,
e

préparées en Espagne, des œuvres arabes, notamment celles des


encyclopédistes Avicenne et Rhazes, mais aussi celles de Galien, les
traductions de Constantin l’Africain furent de plus en plus délaissées
dans les universités au cours du x i ve siècle 60 .
Tout ceci ne signifie cependant pas que ces textes ne furent plus lus.
Leur existence dans les bibliothèques du Moyen-âge mais aussi celle de
commentaires ultérieurs prouvent le contraire : il existe par exemple un
imposant commentaire des Diètes d’Isaac par Petrus Hispanus, futur
pape Jean XXI (décédé à Viterbo en 1227) – ledit traité fut édité avec
ce commentaire en 1515 à Lyon 61. Gérard de Solo, maître montpellié-
rain, commenta les Diètes universelles d’Isaac Israëli en 1337 62. On peut
enfin citer en dernier exemple Erhard Knab, enseignant à la faculté
de médecine de Heidelberg et commentateur des Diètes d’Isaac dans la
seconde moitié du x ve siècle (environ 1420-1480) 63 .
L’importance des Diètes d’Isaac a finalement dépassé le cercle du
monde savant latin du Moyen-âge : pour compléter l’histoire de la
réception des Diètes d’Isaac, il faut aussi mentionner des traductions

(58) Jacqua rt, M ich e au, op. cit. note 2, p. 194-195.


(59) Ve i t, op. cit. note 3, p. 235-237.
(60) Jacqua rt, M ich e au, op. cit. note 2, p. 198-203.
(61) Omnia opera, op. cit. note 12, pars 1, ff. 11r-145r ; voir aussi Nicou d, op. cit.
note 38, t. I, p. 639-640 (avec la note 165).
(62) A.-S. Gu é nou n , Gérard de Solo, maître de l’université de médecine de Montpellier
et praticien du x i v e siècle, in Positions des thèses de l’École nationale des Chartes, Paris,
École des Chartes, 1982, p. 75-82 ; voir aussi Nicou d, op. cit. note 38, t. I, p. 6,
11, 21.
(63) C. Jeu dy, L. S ch u ba , Erhard Knab und die Heidelberger Universität im Spiegel
von Handschriften und Akteneinträgen, in Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven
und Bibliotheken, 61, 1981, p. 60-108 ; voir aussi Nicou d, op. cit. note 38, t. I, p. 21.
242 r aphael a veit

en langue vernaculaire, datant de la fin du Moyen-âge et du début


des temps modernes 64 .

C onclusion

L’objet de ce premier examen était un texte du Moyen-âge sur la


diététique, peu étudié jusqu’à présent mais dont l’inf luence fut vérita-
blement importante. Au total, nous connaissons une centaine témoins
du texte des Diètes d’Isaac ; il s’agit là d’un nombre considérable de
copies pour une œuvre médiévale 65. Ce traité ne fut pas seulement lu
et commenté, il constitua aussi une introduction pour d’autres traités
sur le même sujet et eut surtout une grande influence dans le domaine
de la diététique aux x i i e et x i i i e siècles. Si l’on compare le texte latin
à son modèle arabe, on y retrouve toutes les caractéristiques propres
aux traductions de Constantin l’Africain. Ce texte ne représente cer-
tainement pas l’une de ses premières traductions : la langue et le style
montrent que le moine du Mont-Cassin n’en était pas au début de ses
activités comme traducteur lorsqu’il s’attaqua à la transcription de ce
texte. Il reste encore beaucoup de questions quant aux Diètes d’Isaac,
tant en arabe qu’en latin, qui – de façon idéale – devraient être abor-
dées notamment dans le domaine des éditions critiques.
Raphaela Vei t
Thomas-Institut, Université de Cologne
raphaela.veit@uni-koeln.de

(64) Par exemple S. Näge l e (éd.), Valentin Schwendes « Buch von menicherhande
ge­schlechtte kornnes und menicherley fruchtte ». Der « Liber de diaetis particularibus » (« Kitāb
al-aġdiya ») des Isaak Judäus in oberschwäbischer Übersetzung des 15. Jahrhunderts, Würz-
burg, Königshausen und Neumann, 2001. Marilyn Nicoud offre un inventaire
général avec des « manuscrits comportant un texte diététique en langue vernacu-
laire », voir Nicou d, op. cit. note 38, t. II, p. 953-985.
(65) Nicou d, op. cit. note 38, t. II, p. 989-1006, Inventaire 4, énumère au total
82 manuscrits comprenant les Diètes d’Isaac Israëli ; on peut en ajouter 30 autres
(extraits inclus), voir l’Appendice.
les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 243
A ppe n dice
M a n uscr i ts des D ièt es un iv e r se l l es
pa rt icul iè r es d ’I sa ac I sr a ël i
1
et

Je souhaiterais exprimer mes remerciements les plus sincères à Monica


Green (Arizona State University) qui m’a aimablement signalé tous les
manuscrits marqués par « * » ainsi que les informations supplémentaires
marquées par « ** ».
(1) Cambrai, Bibliothèque municipale, lat. 914, s. x i i i ex.-x i v in.
Isaac Israëli, Dietae universales et particulares – Idem, De urinis – Idem,
De febribus.
Ministère de l’Instruction Publique (éd.), Catalogue général des manuscrits des Biblio­
thèques Publiques de France, t. II (Départements [Octavo Series], XVII), Paris,
Plon, 1891.

(2)* Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 5367 (pre-
mière partie), s. x i v (Italie)
Isaac Israëli, Dietae universales.
E. Pellegr in (et al.), Les manuscrits classiques latins de la Bibliothèque Vaticane,
t. III.2, Paris, CNRS Éditions, 2010, p. 543-544.
Catalogue en ligne : http://www.vaticanlibrary.va/home.php?pag=dipartimento_manoscritti

(3)* Cité du Vatican, BAV, Vat. lat. 6241 2, s. x i i (?)


[Articella : tous les textes ?] – Isaac Israëli, Dietae universales et particulares
(fragments) – Idem, De febribus.
P. Kibr e , Hippocrates latinus : Repertorium of Hippocratic writings in the Latin Middle
Ages, New York, Fordham Univ. Press, 1985, p. 7, 43, 67, 203.

(4)* Cité du Vatican, BAV, Archivio di San Pietro, MS H 42 (deuxième


partie : ff. 26-121), s. x i i ex.-x i i i (Italie ?)
Isaac Israëli, Dietae particulares – Flores dietarum 3 – Pantegni, Practica, I (2-9),
IX (2-?) – De urina.
L. Av ita bile (et al.), Censimento dei codici dei secoli x -xii , in Studi medievali, 11.2,
1970, p. 1011-1033.

(5)* Durham, Cathedral Library, MS C.IV.13, s. x i i i in.


Isaac Israëli, Dietae universales et particulares – Idem, De urinis.
Th. Rud , Codicum manuscriptorum Ecclesiae Cathedralis Dunelmensis catalogus classicus,
Durham, F. Humble, 1825, p. 299.

(1) Complément à l’inventaire 4 de Nicou d, op. cit. note 38, t. II, p. 989-1006.
(2) Il faut ajouter ce manuscrits à l’inventaire de Ve i t, op. cit. note 3, p. 209.
(3) Voir supra, note 48.
244 r aphael a veit

R. A. B. Mynors , Durham Cathedral Manuscripts to the End of the Twelfth Century


Oxford, 1939.
A. J. Piper (et al.), Catalogue en ligne (en préparation).

(6) Jerusalem, The National Library of Israel, Ms. Fr. 93, s. x i i i (France
méridionale, Montpellier ?)
Articella [Iohannitius, Isagoge – Hippocrates, Aphorismi – Idem, Liber pro-
gnosticorum – Idem, De regimine acutorum morborum libri tres – Galenus, Liber
tegni – Philaretos, Liber de pulsibus – Theophilos, Liber de urinis] – Isaac
Israëli, De febribus – Idem, De urinis – Idem, Dietae universales et particulares.
H. Fr ieden wald , Manuscript copies of medical works of Isaac Israeli, in Annals of
Medical History, n. s., 1, 1929, p. 629-639 [réimpression : H. Friedenwald, The
Jews and Medicine – Essays, t. I, New York, KTAV Publishing House, 1967,
p. 185-193].
H. Fr ieden wald , Jewish Luminaries in Medical History and a Catalogue of Works
Bearing on the Subject of the Jews and Medicine from the Private Library of Harry
Friedenwald, Baltimore MD, Johns Hopkins Press, 1946, p. 39-40, 86.
Catalogue en ligne :
http://primo.nli.org.il/primo_library/libweb/action/dlDisplay.do?vid=NLI&docId=NNL_
ALEPH003414340

(7)* Leipzig, Universitätsbibliothek, MS 1212, s. x i i ex.-x i i i in. (?)**


De gradibus – Isaac Israëli, Dietae particulares – Gynecia Cleopatre – Viaticum.
(8)* London, British Library, MS Sloane 3282, pt 2, s. x i i 2 (France méri-
dionale)
Isaac Israëli, Dietae particulares (relié avec une copie plus tardive [s. x i i i 2]
des Dietae universales).
(9)* Lucca, Biblioteca Statale, 1452, s. xiii
3/4

Isaac Israëli, Dietae universales.


Quelques images en ligne :
http://codex.signum.sns.it/Isis/servlet/Isis?Conf=/usr/local/IsisGas/codexConf/codex_n.syst.
file&Obj=@codexd.pft&Opt=get&Type=Doc&Id=001341

(10) Munich, Bayerische Staatsbibliothek, CLM 3521, s. x i v 2 4 (Italie)


Isaac Israëli, De febribus – Idem, Dietae universales et particulares – Idem, De urinis.
J. A. Schmeller , Catalogus codicum latinorum Bibliothecae Regiae Monacensis,
t. III.2, Munich, Libraria Regia Palmiana, 1894 [réimpression : Wiesbaden,
Harrassowitz, 1968].
E. Rauner , Katalog der lateinischen Handschriften der Bayerischen Staatsbibliothek
München Clm 3501-3661: Lateinische Handschriften aus der Stadtbibliothek Augsburg,
Munich-Wiesbaden, Harrassowitz, 2007.

(4) Cette datation a été établie par Erik Kwakkel.


les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 245
(11) Munich, BSB, Clm 13066, s. x i i i
Isaac Israëli, Dietae universales et particulares – Idem, De febribus – Idem, De urinis.
K. Hal m (et al.), Catalogus codicum latinorum Bibliothecae Regiae Monacensis,
t.IV.2, Munich, Libraria Regia Palmiana, 1876 [réimpression : Wiesbaden,
Harrassowitz, 1968].
Information et reproductions en ligne :
http://daten.digitale-sammlungen.de/bsb00042780/image_1

(12) Munich, BSB, Clm 13086, s. x i v


Viaticum – Isaac Israëli, De febribus – Idem, Dietae universales et particulares –
Idem, De urinis.
K. Hal m (et al.), Catalogus codicum latinorum Bibliothecae Regiae Monacensis,
t. IV.2, Munich, Libraria Regia Palmiana, 1876 [réimpression : Wiesbaden,
Harrassowitz, 1968].

(13)* Munich, BSB, Clm 13111, s. (?)**


xiii
1

Articella [Iohannitius, Isagoge – Hippocrates, Aphorismi – Idem, Liber prognos-


ticorum – Theophilos, Liber de urinis – Philaretos, Liber de pulsibus – Gale-
nus, Liber tegni] – Isaac Israëli, Dietae universales et particulares – Hippo-
crates, Regimen acutorum.
Reproductions en ligne : http://daten.digitale-sammlungen.de/bsb00042786/image_1

(14)* Naples, Biblioteca Oratoriana dei Girolamini, MS CF 1.21 (olim


XVI.7), s. x i i ex.-x i i i (Mont Cassin ?)
Isaac Israëli, Dietae particulares.
(Un feuillet de parchemin a été inséré avec des extraits du De taxone et du
Liber medicinae de Sexto Placito).
G. Del Mastro (et al.), La traduzione del Liber diaetarum particularium di Ishaq
al Israili, il De taxone e il Liber medicinae di Sesto Placito in un manoscritto della
Biblioteca Oratoriana dei Girolamini di Napoli, in Scripta : An international journal of
codicolog y and palaeography, 4, 2011, p. 15-28, ici 15-17.

(15)* New York, collection privée, c/o H. P. Kraus (olim Helmingham


Hall 58 ; Philip Robertson 50), s. x i i ex.-x i i i (Bury St Edmunds)**
Isaac Israëli, Dietae universales – Sapientis artis medicine – Gariopontus, Pas-
sionarius (incomplet) – Chartres commentaire sur Iohannitius – Bartholo-
meus, commentaire sur les Aphorismes (incomplet) – fragments de commen-
taires sur Theophilus (De urinis) et Philaretus (De pulsibus).
[Une table de matière médiévale indique que ce manuscrit contenait aussi
Hippocrates, Aphorismi et Trotula].
(16)* Oxford, Corpus Christi College, MS 275, s. x i i i 1 (?) (Italie septen-
trionale)
Isaac Israëli, Dietae universales et particulares – Idem, De urinis.
R. M. Thomson , A Descriptive Catalogue of the Medieval Manuscripts of Corpus Christi
College, Oxford, Cambridge, D. S. Brewer, 2011.
246 r aphael a veit

(17)* Oxford, Merton College, MS 263 (C.2.14), s. x i i i 1 (Italie du Nord)**


Isaac Israëli, Dietae universales et particulares – Idem, De urinis.
R. M. Thomson , A Descriptive Catalogue of the Medieval Manuscripts of Merton College,
Oxford, Cambridge, D. S. Brewer, 2009.

(18) Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, lat. 750, s. x i v


Isaac Israëli, De urinis – Idem, De febribus – Idem, Dietae universales et parti-
culares – Idem, Liber elementorum – Idem, Liber definitionum – Liber graduum –
Pantegni, Theorica.
H. Martin , Bibliothèque de l’Arsenal, t. II, Paris, Ministère de l’Instruction
Publique, (Catalogue général des manuscrits des Bibliothèques Publiques de
France I), 1886.
A Catalogue of Renaissance editions and manuscripts of the Pantegni, cit. note 43,
p. 316-51, 327 (no 33).

(19)* Paris, Bibliothèque Nationale de France, lat. 15113 (partie 7 sur 7),
s. x i i i 2**
Isaac Israëli, Dietae particulares.
Reproduction en ligne (de médiocre qualité) :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9067110v.r=.langDE

(20) Philadelphia, The Schoenberg Collection, ljs024 5, s. x i i i med. (Paris)


Iohannitius, Isagoge – Philaretos, Liber de pulsibus – Aegidius Corboliensis,
De pulsu – Isaac Israëli, Dietae universales et particulares – Idem, De febribus –
Idem, Liber elementorum – Idem, De urinis.
Reproduction en ligne :
http://sceti.library.upenn.edu/sceti/ljs/PageLevel/index.cfm?option=view&ManID=ljs024

(21) Reims, Bibliothèque municipale, 1006, s. x i i i


Isaac Israëli, De febribus – Idem, De urinis – Idem, Dietae universales et parti-
culares – Viaticum cum commento – Antidotarium Nicolai – Aegidius Corbolien-
sis, Versus de urinis cum commento – [Tabula de Dietis particularibus (s. x i v)].
Ministère de l’Instruction Publique, Catalogue général des manuscrits des Bibliothèques
Publiques de France II (Départements [Octavo Series], XXXIX-1), Paris, Plon,
1904.

(22) Saint-Omer, Bibliothèque municipale, 617, s. x i i i (France ?)


Articella [Iohannitius, Isagoge – Hippocrates, Aphorismi – Idem, Liber prognos-
ticorum – Theophilos, Liber de urinis – Galenus, Liber tegni] – Isaac Israëli,
De urinis – Idem, Dietae universales et particulares – Hippocrates, De regimine
acutorum morborum.

(5) Il faut ajouter ce manuscrits à l’inventaire de Ve i t, op. cit. note 3, p. 208.


les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 247
[Saint-Omer, Bibliothèque municipale, 618 (suite du n° 617)]
Isaac Israëli, De febribus – Rogerus Salernitanus, Chirurgia.
Ministère de l’Instruction Publique, Catalogue général des manuscrits des Bibliothèques
Publiques des Départements, t. III (Quarto Series), Paris, Plon, 1861.

(23) Strasbourg, Bibliothèque municipale, 13, s. x i i i ex.-x i v in.


Isaac Israëli, De febribus – Idem, De urinis – Idem, Dietae particulares (la fin
manque) et universales (le début manque) – Quedam de medicinis attractivis, et
primo utrum fiat attractio per simile vel a contrario.
Ministère de l’Instruction Publique, Catalogue général des manuscrits des Bibliothèques
Publiques de France, t. II [Départements (Octavo Series), XLVIII], Paris, Plon,
1923.

(24) Vienna, Österreichische Nationalbibliothek, lat. 2325, s. x i i i


Isaac Israëli, Liber dietarum (libri II ?) – Idem, De febribus – Idem, De urinis –
Idem, Liber definitionum – Idem, Liber elementorum – Galenus, Anatomia –
Botanica medica, seu aliquot morbi cum medicamentis botanicis eorum – Ps.-Mesue,
De simplicibus medicinis (De medicinis laxativis).
Academia caesarea vindobonensis, Tabulae codicum manu scriptorum praeter graecos et
orientales in bibliotheca palatina vindobonensi asservatorum, t. II, Vienna, Gerold, 1868.

(25) Volterra, Biblioteca Guarnacci, LVI.7.9 (6221), s. x i v


Isaac Israëli, Dietae universales (le début manque) et particulares (mutilé) –
Idem, De urinis – Idem, De febribus.
D. Fr ioli , G. C. Gar fagnini [et al.], Catalogo di manoscritti filosofici nelle biblioteche
italiane t. II, Florence, Olschki, 1981.

(26) Worcester, Cathedral (Chapter Library), F. 85, s. x i i i (?)


Articella [Iohannitius, Isagoge – Hippocrates, Aphorismi (avec le commen-
taire de Galien) – Idem, Liber prognosticorum – Theophilos, Liber de urinis –
Philaretos, Liber de pulsibus – Galen, Liber tegni] – Isaac Israëli, Dietae
universales 6 – Idem, De febribus – Idem, De urinis – Aegidius Corboliensis,
Versus de urinis – Idem, Versus de pulsibus.
J. K. F. S. A. Floyer , S. G. Hamilton , Catalogue of Manuscripts preserved in the
Chapter Library of Worcester Cathedral, Worcestershire, Historical Soc., 1906.

(27) Worcester, Cathedral (Chapter Library), Q. 41, s. x i i i (mains diverses)


Viaticum – Isaac Israëli, De urinis – Idem, Dietae universales et particulares –
Idem, De febribus.

(6) Selon le catalogue nous avons ici le Liber de dieta et de quattuor complexioni-
bus et de generibus cibariorum, etc. (Galeni). Inc. Quod imprimis coegit antiquos disputare.
Cependant cet incipit est celui des Diètes universelles d’Isaac Israëli et n’appartient
pas à un traité de Galien.
248 r aphael a veit

J J. K. F. S. A. Floyer , S. G. Hamilton , Catalogue of Manuscripts preserved in the


Chapter Library of Worcester Cathedral, Worcestershire, Historical Soc., 1906.

(28) [Ville ?], [Bibliothèque ?], ancienne collection privée Harry Frie-
denwald, s. x i v
Isaac Israëli, Dietae universales et particulares.
H. Fr ieden wald , Manuscript copies of medical works of Isaac Israeli, in Annals of
Medical History, n. s., 1, 1929, p. 629-639 [réimpression : H. Fr ieden wald ,
The Jews and Medicine – Essays, t. I, New York, KTAV Publishing House, 1967,
p. 185-193, ici p. 191] : « The next ms. is a 14th century copy of the Diet which
I obtained from Davis and Orioli of London […]. »

Extraits :
(29) Bamberg, Staatsbibliothek, Msc. Med. 6, s. x i i 4 (?) (Bamberg ?)
Pantegni, Practica I-II – quelques références à d’autres traités de Constantin
l’Africain – Northungus, Glossaire de plantes – extraits des Diètes particulières
d’Isaac Israëli : Tractatus de natura aquae (V.26), De nivea aqua (V.27 : pre-
mière partie), De salsa (V.27 : deuxième partie), De vini natura (V.28), un
chapitre sans titre (V.29 : De distinctione vini), De diversitate vini propter saporem
(V.30 : la deuxième partie manque) – Northungus, Antidotarium – d’autres
traités de Northungus ou de ses étudiants – Bamberger Blutsegen – dessin
d’un homme de maladie.
Wack , art. cit. note 36, p. 197-199 (Appendix II).
A Catalogue of Renaissance editions and manuscripts of the Pantegni, cit. note 43,
p. 316-351, 329 (n° 47).
Reproduction en ligne : http://nbn-resolving.de/urn:nbn:de:bvb:22-dtl-0000003840

(30)* Paris, BNF, lat. 7029, s. x i 4/4** 7 (parties 1 et 3, de la même main,


Italie), s. x i i i in. (?) (partie 2) [Articella].
Partie 1 : Galenus, Tegni – Hippocrates, Regimen acutorum – commentaire
sur Hippocrate, Aphorismi.
Partie 2 : Iohannitius, Isagoge – Hippocrates, Liber prognosticorum – Idem,
Aphorismi.
Partie 3 : Theophilos, Liber de urinis – Philaretos, Liber de pulsibus – De pas-
sionibus mulierum B – extraits du Viaticum IV – extraits des Diètes universelles
d’Isaac Israëli 8 :** Liber de natura animalium (Lectio 33), Liber de natura arbo-
rum (Lectio 27), Liber de natura herbarum (Lectio 32) – extraits du Liber graduum
(De natura saporum).
P. Kibr e , Hippocrates latinus : Repertorium of Hippocratic writings in the Latin Middle
Ages, New York, Fordham Univ. Press, 1985, p. i x , 203.

(7) Cette datation a été établie par Francis Newton et Erik Kwakkel.
(8) Identification des ces extraits par Anna Dysert.
les diètes universelles et particulières d ’ isa ac isr aëli 249
F. Av r il , Y. Załusk a , Manuscrits enluminés d’origine italienne (vi e-xii e siècles), t. I
Paris, 1980, p. 77 (avec figure LI).
M. Gr een , The De genecia Attributed to Constantine the African, in Speculum, 62,
1987, p. 299-323, ici p. 301.
M. Gr een , A. E. Hanson , Soranus of Ephesus : Methodicorum princeps, in
W. Ha ase , H. Tempor ini (ed.), Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, Teilband
II (Band 37.2), Berlin-New York, 1994, p. 968-1075, ici p. 1074.

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