Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
RÉGLEMENTATION-NORME-DTU
NF EN 206‑1/CN
Synthèse thématique
NF EN 206‑1/CN
Les travaux de normalisation européens ont contribué à la publication, en 2004, d’une norme européenne relative au matériau béton, la norme EN 206-1, reprise en France
par la norme NF EN 206-1 [1] qui, outre le texte européen, incluait une annexe nationale précisant les conditions d’application de ce texte sur le territoire français. La
commission française (P18B AFNOR) a engagé dès 2009 des travaux de révision de cette annexe nationale afin d’anticiper le futur texte européen. Cette nouvelle annexe
nationale (qui s’appelle dorénavant complément national) a été publiée en décembre 2012 [2]. Dans cet article, sont passées en revue les évolutions principales de ce
nouveau texte en illustrant par l’exemple les nouvelles implications.
L'essentiel :
En remplacement de la norme française XP P 18-305, la norme NF EN 206-1 et son annexe nationale relatives au béton se sont imposées dans le paysage normatif comme
étant les documents de référence pour ce qui est de la spécification, des performances, de la production et de la conformité du matériau béton. Depuis sa mise en
application, les retours d’expérience ont mis en évidence le besoin de préciser ou de compléter certaines parties du texte. Les travaux européens en cours recensent et
synthétisent ces futures évolutions. La Commission française a souhaité se doter par anticipation d’une nouvelle annexe nationale NF EN 206-1/CN publiée en décembre
2012, qui devient le document de référence français pour le matériau béton. Les principaux points qui ont fait l’objet de modifications concernent :
l’harmonisation avec les nouveaux textes normatifs (bétons autoplaçants et granulats légers) ;
l’utilisation encadrée des granulats recyclés ;
l’utilisation élargie des additions (nouveaux ciments de référence dans le calcul du liant équivalent et introduction de nouvelles additions) ;
la clarification des classes d’exposition (cohérence avec l’Eurocode 2 et avec les fréquences de salage) ;
l’introduction des bétons d’ingénierie ;
le contrôle de production (tolérances de dosage des constituants) ;
l’information producteur/utilisateur (bon de livraison).
Ces essais à l’état frais sont définis par cinq normes européennes :
la mobilité en milieu non confiné (essai d’étalement au cône d’Abrams selon la norme NF EN 12350-8 [5]) ;
la mobilité en milieu confiné (essai d’écoulement à la boîte en L selon la norme NF EN 12350-10 [6]) ;
la stabilité (essai de résistance à la ségrégation selon la norme NF EN 12350-11 [7]).
Les essais d’écoulement à l’entonnoir en V [8] et d’écoulement à l’anneau [9] ne sont pas d’application courante En France. Pour ce qui est des essais couramment
pratiqués en France, on retiendra les classes définies dans les tableaux suivants (tab. 1, tab. 2 et tab.3).
SR1 ≤ 20
SR2 ≤ 15
Granulats
En ce qui concerne le choix des granulats, la nouvelle annexe nationale s’est enrichie d’un texte qui concerne les granulats légers [10]. Ainsi, deux normes européennes
sont référencées, complétées par une norme française (fig. 1).
les granulats peuvent présenter au maximum deux catégories classées D (au sens de la norme NF P 18-545 [12]) ;
dans le cas de bétons soumis à des environnements très agressifs (correspondant aux classes d’exposition XF3 et XA3), les granulats doivent
présenter une absorption d’eau indicée A (sauf justification particulière) et les autres caractéristiques doivent être au minimum indicées B ;
dans le cas de bétons pour lesquels la classe de résistance caractéristique en compression est supérieure ou égale à C35/45 (cas des
environnements de type XS3 ou XD3 par exemple), les granulats doivent présenter des caractéristiques indicées A ou B avec la possibilité d’avoir
deux caractéristiques indicées C ou D si une étude permet de le justifier ;
pour les bétons soumis à des environnements de type XF3 ou XF4 (attaque gel/dégel avec ou sans sel de déverglaçage), les granulats doivent être
non gélifs.
Granulats recyclés
L’introduction des granulats recyclés dans le complément national de la norme béton constitue un des points d’évolution principaux. En effet, l’aptitude à l’usage des
granulats repose sur leur norme de produit [11]. C’est dans cette norme qu’est définie la classification des constituants des granulats recyclés (tab. 4).
Tab. 4. Classification des constituants des granulats recyclés selon la norme NF EN 12620
Constituants Description
Ra Matériaux bitumineux
X Autres : matériaux cohérents (argile, sol), métaux (ferreux et non ferreux), bois, matière plastique et caoutchouc non flottants, plâtre
Rg Verre
En complément de cette classification, on trouve dans la norme NF EN 12620 [11] les diverses catégories de granulats recyclés, basées sur les proportions de ces différents
constituants (tab. 5).
Rc90
≥ 90
≥ 80 Rc80
≥ 70 Rc70
Rc
≥ 50 Rc50
< 50 RcDéclarée
Non requis RcNR
Rb10-
≤ 10
≤ 30 Rb30-
Rb ≤ 50 Rb50-
> 50 RbDéclarée
Non requis RbNR
≤1 Rb1-
Ra ≤5 Rb5-
≤ 10 Rb10-
≤ 0,5 XRg0,5-
X + Rg ≤1 XRg1-
≤2 XRg2-
≤ 0,2 FL0,2-
FL ≤2 FL2-
≤5 FL5-
En France, l’aptitude à l’emploi s’appuie aussi sur la norme française NF P 18-545. Dans cette norme figure la codification des granulats en termes de constituants
principaux et secondaires (tab. 6).
Tab. 6. Codification des granulats recyclés selon la norme NF P 18-545
La norme NF EN 206-1/CN définit trois types de granulats sur la base de la codification CRB, CRC et CRD :
En outre, la fréquence des contrôles sur les caractéristiques principales a été renforcée.
Les trois tableaux suivants (tab. 7, tab. 8 et tab. 9) résument, pour les gravillons et les sables, les caractéristiques (sulfates solubles dans l’eau par exemple), les
codifications et catégories selon la norme NF P 18-545 et les fréquences d’essai associées.
CRB A10
Influence sur le temps de début de prise 2 mois 1/2000
CRC, CRD A40
Exemple :
Pour la détermination des sulfates solubles, la norme NF EN 12620 donne une fréquence d’essais mensuelle alors que la norme NF EN 206-1/CN impose une fréquence
d’essais hebdomadaire ou toutes les 1 000 tonnes.
Enfin, l’aptitude à l’emploi des granulats recyclés est fonction de la classe d’exposition du béton. Les taux de substitution autorisés sont donnés dans le tableau 10.
Classe d’exposition
Type de granulat recyclé
X0 XC1, XC2 XC3, XC4, XF1, XD1, XS1 Autres classes d’exposition
(1)
Gravillon de type 1 60 30 20 0
(1) (1) (1)
Gravillon de type 2 40 15 0 0
Gravillon de type 3 30 5 0 0
Sable 30 0 0 0
1) Pour les bétons de chaussées, un taux de substitution de 20 % est autorisé pour les gravillons provenant de la déconstruction des couches de base et
de roulement des chaussées routières ou aéroportuaires et dont la traçabilité est assurée.
Les gravillons recyclés des types 2 et 3 et les sables recyclés ne peuvent être utilisés que pour des bétons de résistances inférieures ou égales à C25/30.
La figure 3 synthétise les relations entre les divers textes normatifs pour ce qui est de l’utilisation des granulats recyclés.
Le projet national Recybeton, démarré depuis environ un an, est un projet qui vise à améliorer les connaissances sur le recyclage complet du béton. Parmi les axes
identifiés, l’utilisation des granulats recyclés constitue l’une des pistes pour laquelle les résultats obtenus au terme du projet apporteront des précisions sur leur aptitude à
l’emploi. Il réunit tous les acteurs incontournables qui souhaitent positionner une filière qui, actuellement, valorise essentiellement en techniques routières.
Additions
Conditions générales
Les conditions d’utilisation des additions dans les bétons, en particulier au travers du concept de liant équivalent Léq, ont été élargies. Ce concept de liant équivalent Léq est
basé sur le fait qu’il est possible, sous certaines conditions, de remplacer le ciment C par une addition A au travers d’un coefficient k, de telle sorte que : Léq = C + kA.
Le nouveau complément national a étendu la gamme de ciments pouvant être pris en compte. Au-delà des ciments CEM I, il est maintenant possible d’utiliser les ciments
CEM II/A.
Important :
Les ciments CEM II/A sont des ciments Portland composés pour lesquels la quantité de clinker est comprise entre 80 % et 94 % (sauf dans le cas des CEM II/A-M pour
lesquels elle est comprise entre 80 % et 88 %) ; les autres constituants principaux peuvent être des laitiers (CEM II/A-S), des fumées de silice (CEM II/A-D), des cendres
volantes (CEM II/A-V), etc.
Les tableaux NA.F.1 et NA.F.2 donnant les valeurs limites applicables à la composition et aux propriétés des bétons (classe de résistance à la compression, rapport Eef/Léq,
teneur minimale en liant équivalent Léq, ratio maximal d’addition A/A+C), ont été harmonisés pour ce qui est de l’utilisation des additions, que ce soit pour les additions déjà
reconnues ou pour les nouvelles.
Métakaolin [13]
C’est une nouvelle addition couverte par la norme NF EN 206-1/CN. Elle se présente sous forme d’une poudre de grande surface spécifique obtenue par calcination d’une
argile (la kaolinite). Elle est constituée principalement de particules de silicates d’alumine amorphes possédant des propriétés pouzzolaniques, et est à ce titre considérée
comme une addition de type II. La composition chimique doit être telle que la somme des teneurs en silice (SiO2) et alumine (Al2O3) soit d’au moins de 90 % en masse.
La norme NF P 18-513 définit les caractéristiques mécaniques, physiques et chimiques des métakaolins, permettant de les classer. En particulier, on différencie deux types
de métakaolins en fonction de leur activité :
Remarque :
L’activité est mesurée par l’indice d’activité à 28 jours (i28) et s’exprime comme le ratio des résistances à la compression de deux mortiers dont la partie liante est constituée
pour l’un de 85 % de ciment d’essai et de 15 % de métakaolin, et pour l’autre de 100 % de ciment d’essai.
Le tableau 11 donne les critères sur les indices d’activité permettant la classification des métakaolins.
Exigences minimales
Critère
Type A Type B
i28 100 % 90 %
La norme NF P 18-513 indique deux autres critères permettant de classer les métakaolins :
la finesse exprimée par le pourcentage massique de passant au tamis de 0,063 mm (tab. 12) ;
la demande en eau exprimée comme le rapport des quantités d’eau nécessaires à l’obtention de consistances normalisées de deux pâtes
constituées pour l’une de 85 % de ciment d’essai et de 15 % de métakaolin, et pour l’autre de 100 % de ciment, permet de définir deux
catégories (tab. 13).
Exigences minimales
Critère
FH FM
Remarque :
Exigences
Critère
WH WM
Ainsi la dénomination normalisée d’un métakaolin conforme à la norme NF P 18-513 se présente sous la forme de la figure 4.
Pour ce qui est du béton coulé en place, le tableau 14 résume les valeurs retenues pour toutes les classes d’exposition.
Remarque :
Les ciments de type CEM II/A-D (fumée de silice), CEM II/A-Q (pouzzolane) ou CEM II/A-M (composé) contenant des fumées de silice ou des pouzzolanes naturelles
calcinées ne peuvent être utilisés comme ciments de référence.
Exemple :
Pour un béton relevant de la classe d’exposition XF1 (Léq ≥ 280 kg/m 3), réalisé avec un ciment CEM I, la composition limite correspondrait à :
Les additions calcaires sont classées sur la base de trois critères : la teneur en carbonate de calcium CaCO3, la propreté et la finesse (tab. 15).
Catégories A B
La granularité exprimée sous divers pourcentages massiques est une caractéristique complémentaire des additions calcaires (tab. 16).
Catégories FM FH
Remarque :
Dans le cas des additions calcaires, l’indice d’activité est le ratio des résistances à la compression de deux mélanges dont la partie liante est constituée pour l’un de 75 % de
ciment d’essai et de 25 % d’addition calcaire, et pour l’autre de 100 % de ciment d’essai.
Ainsi la dénomination normalisée d’une addition calcaire conforme à la norme NF P 18-508 se présente sous la forme de la figure 5.
X0, XC, XD1, XF1 XS, XD2, XD3, XF4 XF2, XF3 XA
Exemple :
Pour un béton relevant de la classe d’exposition XC3 (Léq ≥ 280 kg/m 3), réalisé avec un ciment CEM I et une addition de type A, la composition limite correspondrait à :
Catégories FM FH
Remarque :
Dans le cas des additions siliceuses, l’indice d’activité est le ratio des résistances à la compression de deux mélanges dont la partie liante est constituée pour l’un de 75 %
de ciment d’essai et de 25 % d’addition siliceuse, et pour l’autre de 100 % de ciment d’essai.
Ainsi la dénomination normalisée d’une addition siliceuse conforme à la norme NF P 18-509 se présente sous la forme de la figure 6.
Pour ce qui est du béton coulé en place, le tableau 19 résume les valeurs retenues en fonction des classes d’exposition.
X0, XC, XD1, XF1 XS, XD2, XD3, XF4 XF2, XF3 XF4 XA
Rapport A/(A+C) maximal
Avec CEM/I Qz 0,25 0,15 0,20 0,05 0,00
Exemple :
Pour un béton relevant de la classe d’exposition XC4 (Léq ≥ 280 kg/m 3), réalisé avec un ciment CEM I et une addition de minéralogie Qz, la composition limite
correspondrait à :
Les laitiers conformes à leur norme de produit doivent avoir une surface massique supérieure à 275 m 2/kg, et un indice de basicité (CaO + MgO)/SiO2 supérieur à 1. En
outre, les indices d’activité à 7 jours (i7) et à 28 jours (i28) doivent vérifier :
Remarque :
Dans le cas des laitiers moulus, l’indice d’activité est le ratio des résistances à la compression de deux mélanges dont la partie liante est constituée pour l’un de 50 % de
ciment d’essai et de 50 % de laitier moulu, et pour l’autre de 100 % de ciment d’essai.
Conditions d’utilisation des laitiers moulus dans les bétons. Le nouveau complément national définit trois classes de laitiers en fonction de critères comme la finesse
Blaine, les valeurs de i7 et i28 (tab. 20).
De la même manière que pour les précédentes additions, les conditions d’utilisation dépendent de la classe d’exposition au travers du rapport maximal de substitution
A/A+C (tab. 21).
Tab. 21. Récapitulatif des taux de substitution des laitiers moulus pour le béton coulé en place
Exemple :
Pour un béton relevant de la classe d’exposition XD2 (Léq ≥ 330 kg/m 3), réalisé avec un ciment CEM I et un laitier moulu de classe A, la composition limite correspondrait à :
Le tableau 22 synthétise quelques exemples d’utilisation des diverses additions pour un béton relevant de la classe d’exposition XF1 (Léq = 280 kg/m 3).
A 42 108 86 87
A 28 30 0 57
Classes d’exposition
La définition des classes d’exposition a été clarifiée. Les classes d’exposition relatives à la carbonatation (XC) ont été harmonisées avec celles définies dans la partie 1‑1 de
l’Eurocode 2 (NF EN 1992-1-1 et son annexe nationale NF EN 1992-1-1/NA). Ainsi, sauf dispositions particulières, on classe en :
XC1, les parties de bâtiments à l’abri de la pluie, à l’exception des parties classées en XC3 (1) ;
XC2, les parties de bâtiments au contact de l’eau à long terme (cas notamment des fondations en zone humide, des réservoirs, des bassins de
piscines, etc.) ;
XC3, les parties de bâtiments à l’abri de la pluie mais non closes, ou exposées à des condensations importantes à la fois par leur fréquence et leur
durée ;
XC4, les parties aériennes d’ouvrages d’art et les parties extérieures des bâtiments non protégées de la pluie, comme les façades, les pignons et les
parties saillantes à l’extérieur (2) , y compris les retours de ces parties concernés par les cheminements et/ou rejaillissements d’eau.
Pour les classes d’exposition relatives à la corrosion induite par les chlorures ayant une origine autre que marine (XD), les classes à retenir par défaut sont les suivantes :
XD1 : les surfaces modérément humides exposées à des chlorures transportés par voie aérienne ;
XD2 : les piscines ou les parties exposées aux eaux industrielles et contenant des chlorures ;
XD3 : les parties d’ouvrages soumises à des projections fréquentes et très fréquentes et contenant des chlorures, et sous réserve d’absence de
revêtement d’étanchéité assurant la protection du béton (cas des parties supérieures des dalles et rampes de parcs de stationnement de véhicules
ne comportant pas de revêtement pouvant assurer la protection du béton pendant la durée de vie du projet).
On retiendra surtout que les classes XF2 et XF4 couvrent les risques de corrosion liés aux chlorures véhiculés par les sels de déverglaçage, et qu’il n’est donc pas
nécessaire de leur combiner les classes XD pour s’en prémunir.
XS1 : les éléments de structures, non en contact avec l’eau de mer et non exposés aux embruns mais directement exposés à l’air salin (ce sont des
éléments situés à moins de 1 km de la côte) ;
XS2 : les éléments de structures marines immergés en permanence ;
XS3 : les éléments de structures marines en zone de marnage et/ou exposés aux embruns (ce sont en général ceux situés à moins de 100 m de la
côte).
Remarque :
Les distances précédentes peuvent être augmentées en fonction des conditions topographiques.
Enfin, les éléments en béton non armé situés en zone de marnage et/ou exposées aux embruns (ce sont en général ceux situés à moins de 100 m de la côte) sont à
classer en XA1 afin de prendre en compte l’agressivité chimique de l’eau de mer.
Pour les classes d’exposition relatives au gel/dégel avec ou sans sels de déverglaçage (XF), la nouveauté du complément national vient de la prise en compte des
fréquences de salage dans la détermination des classes XF2 et XF4. Cette fréquence est extraite du guide LCPC de décembre 2003 [17] (tab. 23).
Salage
Gel
Aucun Peu fréquent Fréquent Très fréquent
Ainsi, les classes d’exposition sont déterminées en fonction des cartes du fascicule de documentation FD P 18-326 [18] qui définit les zones de gel en France, et du
guide LCPC de 2003 (fig. 7).
Pour les classes d’exposition couvrant les attaques chimiques, le liant est choisi sur la base des dispositions du fascicule de documentation FD P 18-011 [19].
Bétons d’ingénierie
Les dispositions décrites dans les tableaux NA.F.1 et NA.F.2 correspondent à l’approche prescriptive des bétons : ces tableaux donnent les valeurs limites pour la
composition et les propriétés des bétons en fonction de la classe d’exposition. En complément de cette approche qui peut montrer ses limites pour certains types d’ouvrage,
la commission de normalisation a jugé pertinent de définir une classe particulière de bétons : les bétons d’ingénierie. Ils sont définis comme des « bétons destinés à un
ouvrage donné ou un ensemble d’ouvrages et dont la formulation résulte d’une étude préliminaire réalisée sous la responsabilité du prescripteur avant le début de
l’opération de construction considérée et acceptée par le producteur et l’utilisateur du béton ».
Ils peuvent être :
des bétons d’ingénierie à propriétés spécifiées (BIPS) : dans ce cas, le producteur garantit les propriétés (résistance, consistance et durabilité) après
validation de la composition par l’essai initial ;
des bétons d’ingénierie à composition prescrite (BICP) : dans ce cas, le prescripteur garde la responsabilité de la composition.
Le complément national définit deux cas où le concept de béton d’ingénierie peut s’appliquer :
l’utilisation de laitiers moulus à des taux de substitution accrus (jusqu’à 50 % avec des ciments CEM I et 35 % pour des ciments CEM II/A) ; c’est ce
qui a conduit à la création de deux nouveaux tableaux NA.F.3 et NA.F.4 qui sont les équivalents des tableaux NA.F.1 et NA.F.2 pour les bétons
d’ingénierie ;
l’utilisation d’un mélange de deux ciments provenant du même fournisseur et dont l’un est un ciment CEM I, aucune addition n’étant autorisée pour le
calcul de la teneur en liant équivalent Léq.
Important :
Le deuxième cas correspond par exemple à la situation où l’on utilise un ciment CEM I et un ciment CEM III pour développer des propriétés de résistance au jeune âge
(ciment CEM I) et limiter les élévations de température (ciment CEM III).
Contrôle de production
Les tolérances de dosage des constituants ont été détaillées dans le nouveau complément national (tab. 24).
± 3 kg/m 3 si le dosage de l’addition est inférieur à ± 5 kg/m 3 si le dosage de l’addition est inférieur à
30 kg/m 3 30 kg/m 3
Addition utilisée en liant équivalent et/ou en ± 5 kg/m 3 si le dosage de l’addition est compris entre à ± 8 kg/m 3 si le dosage de l’addition est compris entre à
correcteur granulaire 30 kg/m 3et 100 kg/m 3 30 kg/m 3et 100 kg/m 3
± 5 kg/m 3 si le dosage de l’addition est supérieur à ± 8 kg/m 3 si le dosage de l’addition est supérieur à
100 kg/m 3 100 kg/m 3
la fourniture par le producteur, sur demande de l’utilisateur, du code des granulats (au sens de la norme NF P 18-545) et de leur nature ;
la fourniture par le producteur de la composition nominale et des bons de pesées lorsqu’un défaut de propriétés du béton devient récurrent
(consistance et résistances) ou lorsqu’un défaut sur le béton dans l’ouvrage est constaté, par exemple bullage trop important.
Remarque :
On entend par composition nominale le dosage, le type et la classe de résistance du ciment, le dosage et la nature des granulats, des adjuvants et des ajouts, et de l’eau
efficace.
Conclusions
Les travaux de révision de l’annexe nationale de la norme béton ont abouti à la publication, en décembre 2012, du nouveau texte de référence, la norme NF EN 206-1/CN.
Les nouveautés ont porté sur l’homogénéité et une meilleure prise en considération des constituants que sont les granulats (utilisation des granulats recyclés) et les
additions (ciment CEM II/A comme ciment de référence, nouvelles additions comme le métakaolin, harmonisation pour les additions existantes comme les additions
calcaires, siliceuse et les laitiers moulus).
Les bétons d’ingénierie sont venus élargir la palette des bétons couverts par cette norme. Ils permettent, dans des conditions précisément définies, d’utiliser un mélange de
deux ciments ou d’utiliser des laitiers à des taux de substitution plus importants que l’approche classique.
Des précisions relatives aux classes d’exposition ont amélioré de manière significative leurs définitions, en particulier par l’intégration des fréquences de salage pour les
classes d’exposition XF, et par l’introduction de la classe XD3 comme alternative à la classe XF2.
Les tolérances de dosage des constituants ont été affinées et ont inclus celles correspondant aux gravillons correcteurs et sables intermédiaires.
L’information producteur/utilisateur au travers des nouveautés du bon de livraison a été rendue plus transparente.
Références
[2] NF EN 206-1/CN (décembre 2012 – indice de classement : P 18-325-1/CN) : Béton – Partie 1 : Spécification, performance, production et conformité – Complément
national à la norme NF EN 206-1.
[3] NF EN 206-9 (juin 2010 – indice de classement : P 18-325-9) : Béton – Partie 9 : Règles complémentaires pour le béton autoplaçant.
[4] Recommandations pour l’emploi des bétons autoplaçants (janvier 2008) – AFGC.
[5] NF EN 12350-8 (novembre 2010 – indice de classement : P 18-431-8) : Essai pour béton frais – Partie 8 : Béton autoplaçant – Essai d’étalement au cône d’Abrams.
[6] NF EN 12350-10 (novembre 2010 – indice de classement : P 18-431-10) : Essai pour béton frais – Partie 10 : Béton autoplaçant – Essai à la boîte en L.
[7] NF EN 12350-11 (novembre 2010 – indice de classement : P 18-431-11) : Essai pour béton frais – Partie 11 : Béton autoplaçant – Essai de stabilité au tamis.
[8] NF EN 12350-9 (novembre 2010 – indice de classement : P 18-431-9) : Essai pour béton frais – Partie 9 : Béton autoplaçant – Essai d’écoulement à l’entonnoir en V.
[9] NF EN 12350-12 (novembre 2010 – indice de classement : P 18-431-12) : Essai pour béton frais – Partie 12 : Béton autoplaçant – Essai d’étalement à l’anneau.
[10] NF EN 13055-1 (décembre 2002 – indice de classement : P 18-603-1) : Granulats légers – Partie 1 : Granulats légers pour bétons et mortiers.
[11] NF EN 12620 + A1 (juin 2008 – indice de classement : P 18-601) : Granulats pour béton.
[12] NF P 18-545 (septembre 2011 – indice de classement : P 18-545) : Granulats – Éléments de définition, conformité et codification.
[13] NF P 18-513 (août 2012 – indice de classement : P 18-513) : Additions pour béton hydraulique – Métakaolin : Spécifications et critères de conformité.
[14] NF P 18-508 (janvier 2012 – indice de classement : P 18-508) : Additions pour béton hydraulique – Additions calcaires : Spécifications et critères de conformité.
[15] NF P 18-509 (septembre 2012 – indice de classement : P 18-509) : Additions pour béton hydraulique – Additions siliceuses : Spécifications et critères de conformité
[16] NF EN 15167-1 (septembre 2006 – indice de classement : P 18-512-1) : Laitier granulé de haut-fourneau moulu pour utilisation dans le béton, mortier et coulis –
Partie 1 : définitions, exigences et critères de conformité.
[17] Recommandations pour la durabilité des bétons durcis soumis au gel (décembre 2003) – Guide technique LCPC.
[18] FD P 18-326 (novembre 2004 – indice de classement : P 18-326) : Béton – Zones de gel en France.
[19] FD P 18-011 (décembre 2009 – indice de classement : P 18-011) : Béton – Définition et classification des environnements chimiquement agressifs : recommandations
pour la formulation des bétons – 2e tirage mars 2010.
Wilfried Pillard
Docteur ingénieur, Wilfried Pillard est directeur technique de l’Union de la maçonnerie et du gros œuvre de la Fédération française du bâtiment (UMGO-
FFB). Il intervient dans les diverses commissions de normalisation relatives au béton. Il est aussi l’animateur du GEF 8, groupe d’experts français sur les
normes d’essais du béton.
1) C’est le cas notamment de certaines parties d’ouvrages industriels, de buanderies, de papeteries, de locaux de piscines.
2) Une peinture ou un simple enduit ne constitue pas une protection suffisante. Seuls peuvent être pris en compte les revêtements adhérents justifiés vis-à-vis de la
pénétration des agents agressifs pendant la durée d’utilisation de projet.