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MINISTERE DE L’EQUIPEMENT
ECOLE HASSANIA DES TRAVAUX PUBLICS
DEPARTEMENT PONTS CHAUSSEES ET TRANSPORTS
COURS DE FONDATIONS
FONDATIONS SUPERFICIELLES
&
PROFONDES
2011
Sommaire -1-
SOMMAIRE
AVANT PROPOS
On distingue deux modes essentiels de transmission des charges des constructions aux sols
d’assise : par fondation superficielle et par fondation profonde.
On parle de fondations superficielles, lorsque celles-ci sont faiblement ancrées dans le sol, ou
reposant carrément à sa surface. Les contraintes qu’elles transmettent ne sollicitent que les
couches superficielles et peu profondes. Les fondations superficielles travaillent essentiellement
grâce à la résistance du sol sous la base.
Lorsque le sol en surface n’est pas mécaniquement performant pour supporter les charges par
l’intermédiaire de fondations superficielles, on fait appel à des fondations profondes. Les
fondations profondes sont donc celles qui permettent de reporter les charges dues à la
construction qu’elles supportent sur des couches situées en profondeur. Dans le calcul de la
capacité portante des fondations profondes, il y a donc lieu de considérer, en plus de la résistance
du sol sous la base, la résistance du sol le long du fût, c’est-à-dire le frottement sur les parois
latérales de la fondation.
1.1 Définitions
1.1.1 Types de fondations superficielles
On distingue (figure 1) :
- les semelles filantes, de longueur L importante devant la largeur B ( L/ B > 5) ;
- les semelles isolées, dont les dimensions en plan B et L sont toutes deux modestes ; entre
autres les semelles carrées (L/B = 1) et les semelles circulaires (de diamètre B) ;
- les radiers ou dallages, de dimensions B et L importantes.
Dans le cas d’une semelle filante, la contrainte de rupture sous charge verticale centrée est
obtenue par la relation générale suivante (méthode de superposition de Terzaghi, figures 3 et 4) :
γ1 B N γ (ϕ)
1
terme de surface ou de pesanteur,
2
c N c (ϕ) terme de cohésion,
Dans l’application pratique de cette méthode, on doit distinguer, selon la mécanique des sols
classique, le calcul à court terme en conditions non drainées (en contraintes totales) et le calcul à
long terme en conditions drainées (en contraintes effectives).
Lorsque le sol est un sol fin cohérent saturé, on doit faire un calcul à court terme, en
contraintes totales. Le sol est caractérisé par sa cohésion non drainée cu. On prend :
c = cu et ϕ = ϕu = 0 (paramètres apparents)
On démontre par un calcul de limites sur les expressions générales exposées plus loin que :
Nγ = 0 et Nq = 1, donc pour une semelle filante :
ql = cu N c (0 ) + q + γ 2 D (3)
avec Nc (0) = π + 2
γ2 est le poids volumique total du sol latéral. Il n’y a pas lieu de tenir compte de la poussée
d’Archimède en cas de présence d’une nappe. En d’autres termes, on ne déjauge pas la
fondation.
Le calcul à long terme pour les sols cohérents et le calcul dans les sols pulvérulents sont des
calculs en conditions drainées, en contraintes effectives. Les paramètres de résistance drainés
sont :
c = c’ et ϕ = ϕ’
Dans ce cas, et toujours pour une semelle filante :
ql =
1 '
2
( ) ( )( ) ( )
γ1 B N γ ϕ ' + c ' N c ϕ ' + q + γ '2 D N q ϕ ' (4)
Il y a lieu de déjauger les poids volumiques si les sols correspondants sont immergés (et on
tient compte de la poussée d’Archimède sur la fondation, c’est-à-dire que l’on déjauge également
le poids de la fondation).
( ) ( )
Pour les valeurs des facteurs de portance sans dimension N c ϕ ' et N q ϕ ' , on utilise la
solution classique de Prandtl :
( ) (
N q = exp π tan ϕ ' tan 2 π 4 + ϕ ' 2 ) (5)
(
N c = N q − 1 cotϕ ' ) (6)
( )
Pour le facteur de portance N γ ϕ ' , le projet d’Eurocode 7-1 préconise l’expression suivante :
(
N γ = 2 N q − 1 tanϕ ' ) (7)
La relation (2) est modifiée par l’introduction des coefficients correcteurs s γ , sc et s q pour
Conditions saturés et non drainées Conditions drainées ou non saturés non drainées
carrées ou
Fondations rectangulaires rectangulaires carrées ou
circulaires
circulaires (B/L = 1)
(B/L = 1)
sγ B 0,7
1 − 0,3
L
sc
1 + 0,2
B 1,2 B ' 1 + sinϕ ' N − 1
1 + sinϕ N q − 1 q
L L
N q −1 N q −1
sq 1 1 B
1+ sinϕ ' 1 + sinϕ '
L
Lorsque la charge appliquée à la fondation est inclinée par rapport à la verticale, il y a lieu de
corriger la relation initiale pour cette inclinaison :
(
iγ = 1 − δ ϕ ' )2
(10)
ic = iq = (1 − 2δ π)2 (11)
Figure 6 – Surface réduite dans le cas d’un excentrement dans les deux directions (modèle de
Meyerhof)
Dans le cas d’un bicouche, et pour se limiter à ce cas de figure seulement, On pourra
s’assurer de la portance d’une couche molle sous-jacente (située au-dessous de la couche
porteuse), en appliquant la méthode dite de la « semelle fictive » (figure 7). Cette méthode
consiste à vérifier la portance d’une fondation posée sur le toit de la couche molle et ayant pour
largeur celle qui est obtenue en supposant une diffusion avec la profondeur de la contrainte à 1
pour 2 ou avec un angle de 30°. Si la couche porteuse a une épaisseur H, la largeur de la semelle
fictive est alors B + H dans le cas de la diffusion à 1 pour 2.
1 − ν2
s=q BC f (14)
E
avec s tassement,
q contrainte appliquée sur la fondation (uniforme ou moyenne),
E et ν module d’Young et coefficient de Poisson du massif de sol,
B largeur ou diamètre de la fondation,
Cf coefficient dépendant de la forme de la fondation, de sa rigidité et
de la position du point considéré.
Le tableau 2 donne quelques valeurs de Cf pour les cas usuels tirées des tables de GIROUD.
L/B Circulaire 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 15 20
Fondation rigide 0,79 0,88 1,20 1,43 1,59 1,72 1,83 1,92 2,00 2,07 2,13 2,37 2,54
centre 1,00 1,12 1,53 1,78 1,96 2,10 2,22 2,32 2,40 2,48 2,54 2,80 2,99
Fondation
souple
Bord 0,64 0,56 0,76 0,89 0,98 1,05 1,11 1,16 1,20 1,24 1,27 1,40 1,49
Figure 8 – Accroissement de contrainte verticale ∆σz sous l’axe d’une fondation circulaire
uniformément chargée (par la contrainte q)
Figure 10 – Accroissement de
contrainte verticale ∆σz sous le
coin d’une fondation rectangulaire
uniformément chargée (par la
contrainte q)
Figure 11 – Méthode approchée pour le calcul de la répartition des contraintes au sein d’un
massif
À partir de la courbe de compressibilité déterminée par l’essai, on peut définir, dans le cas
des sols fins, l’indice de compression Cc (respectivement l’indice de gonflement Cs), lorsqu’on
linéarise la variation de l’indice des vides en fonction du logarithme décimal de la contrainte
effective (diagramme semi-logarithmique), dans le domaine normalement consolidé
(respectivement surconsolidé). Dans le cas de l’utilisation de l’indice de compression Cc, on
calcule le tassement de consolidation unidimensionnelle pour chaque couche homogène de la
manière suivante :
Cc σ 'v0 + ∆σ z
soed =H lg (16)
1 + e0 σ 'p
Dans le domaine surconsolidé (si σ 'v0 < σ 'p ), le calcul est le suivant :
Cs σ ' + ∆σ z
soed = H lg v0 (17)
1 + e0 σ 'v0
Les règles pratiques suivantes sont suffisantes pour la plupart des cas courants :
Le tassement immédiat si peut également être déterminé par le calcul élastique non drainé
indiqué plus haut (voir § 1.2.2.1.1).
1- Forage préalable
2- Descente d’une sonde flexible
3- Mise en charge latérale du sol par
gonflement à l’eau de la sonde
4- Mesure de la pression appliquée et de
la quantité de liquide introduit
pf : pression de fluage
pl : pression limite
Les valeurs de EM et pl déterminées sur un forage sont présentées sur un profil en fonction de
la profondeur z et de la cote NGM. Ce profil est appelé profil pressiométrique (figure 14).
En plus des caractéristiques pressiométriques, ce profil indique la nature des sols rencontrés
ainsi que le niveau éventuel de la nappe d’eau souterraine, ces informations étant obtenues lors
du forage préalable nécessaire à la mise en œuvre de la sonde. L’outil de foration utilisé est
également indiqué.
Les valeurs du facteur de portance kp sont données par le tableau 4. Ce facteur de portance
dépend :
- de la nature du sol (cf. tableau 5) ;
- des dimensions de la fondation. On remarque que, sauf pour les semelles posées en
surface (De/B= 0), la portance unitaire d’une fondation carrée ou circulaire est supérieure
à celle d’une semelle filante ;
- de l’encastrement de la fondation dans le terrain : il croît linéairement avec
l’encastrement relatif de la fondation De/B, où De est la hauteur d’encastrement
équivalente (§ 1.3.3.2) et B le diamètre ou la largeur de la fondation.
ql
Pl
Ces essais ont d’autre part l’avantage d’être réalisés sur le sol en place et de fournir une
courbe complète pression-déformation (étude des tassements).
B D
Argiles et limons B 0,8 1 + 0,35 0,6 + 0,4 e
L B
B D
Argiles C 0,8 1 + 0,5 0,6 + 0,4 e
L B
Sables A B De
1 + 0,35 0,6 + 0,4 L B
Sables et graves B B De
1 + 0,5 0,6 + 0,4 L B
Sables et graves C B De
1 + 0,8 0,6 + 0,4 L B
B D
Craies B et C 1,3 1 + 0,27 0,6 + 0,4 e
L B
α
sd =
2
9 EM
( )
q − σ v 0 .B0 . λ d .
B
B0
(23)
EM Modulé pressiométrique,
q contrainte verticale appliquée au sol par la fondation,
σ v0 contrainte verticale totale avant travaux, au niveau de la base de la future
fondation,
B largeur (ou diamètre) de la fondation,
B0 largeur de référence égale à 0,60 m,
α coefficient rhéologique, dépendant de la nature, de la structure du sol (ou
de la roche) et du temps, donné dans le tableau 6,
λc et λd coefficients de forme fonction de L/B, donnés dans le tableau 7.
Surconsolidé ou > 16 1 > 14 2/3 > 12 1/2 > 10 1/3 Très peu 2/3
très serré fracturé
L/ B cercle carré 2 3 5 20
Dans le cas d’une couche porteuse homogène, d’épaisseur au moins égale à 1,5 B au-dessous
de la base de la fondation (c’est-à-dire que le sol est de nature unique et les pressions limites Pl
sont dans un rapport de 1 à 2, au plus, dans la couche), on établit un profil linéaire de la pression
limite nette pl* = pl − p0 et l’on prend pour pression limite nette équivalente ple* la valeur à la
profondeur D + 2/3 B, comme indiqué sur la figure 16 :
ple* = p l* ( z e ) (24)
2
avec ze = D + B (25)
3
Figure 16 – Définition de la pression limite nette équivalente Ple* dans le cas d’une couche
porteuse homogène
Dans le cas de sols de fondation non homogènes, ayant toutefois des valeurs de pression
limite du même ordre de grandeur jusqu’à au moins 1,5 B au-dessous de la base de la fondation,
on retient pour ple* la moyenne géométrique sur la tranche de sol [D, D+1,5 B] :
Sensiblement équivalent à :
D +1,5B
( )
log ple* =
1
1,5 B ∫ log(p (z )) dz
*
l (27)
D
En joignant par des segments de droites sur une échelle logarithmique les différents pl* mesurés.
C’est un paramètre conventionnel de calcul destiné à tenir compte du fait que les
caractéristiques mécaniques des sols de couverture sont généralement plus faibles que celle du
sol porteur (figure 17).
D
De = * ∫ p*l ( z ) dz
1
(28)
ple d
4,0 1 1 1 1 1
= + + + + (30)
E d E1 0,85 E2 E3,5 2,5 E6 ,8 2,5 E 9,16
où Ei,j est la moyenne harmonique des modules mesurés dans les couches situées de la
B B
profondeur i à la profondeur j . On a ainsi, par exemple :
2 2
3,0 1 1 1
= + + (31)
E3,5 E3 E 4 E5
9B
Si les valeurs de à 8 B ne sont pas connues, mais sont supposées supérieures aux valeurs
2
sus-jacentes, on calcule Ed de la manière suivante :
3,6 1 1 1 1
= + + + (32)
E d E1 0,85 E 2 E3,5 2,5 E6 ,8
2.1 Généralités
2.1.1 Définition d’un pieu
C’est un élément structural mince fiché dans le sol, utilisé pour transmettre la descente des
charges en profondeur, lorsque l’utilisation de fondations superficielles est non économique ou
impossible.
et/ ou,
- autour du pieu : résistance mobilisée par friction
Qs = q s As (35)
La rupture peut être celle du sol ou du matériau constitutif de la fondation. On parle alors de
résistance intrinsèque et de résistance nominale. Et il faut considérer le minimum des deux pour
avoir la charge de service.
Si l’ancrage contient une couche compressible, il faut prévoir la possibilité d’une friction
négative, dans la couche compressible et toutes les couches sus-jacentes, et l’ajouter à la charge
de service.
Bois, acier, béton, composite…. Au Maroc surtout le béton ; des cas rares de composite tels
que palplanches LARSON jumelées et remplies de bétons peuvent être rencontrés.
Les figures 20, 21, 22 et 23 illustrent quelques modes d’exécution des pieux :
- pieu battu moulé ;
- pieu foré à la boue ;
- pieu foré tubé ;
- pieu Starsol de Solétanche.
Au Maroc, on exécute surtout des pieux forés. Les cas rares de pieux battus sont limités
surtout aux micro-pieux.
On distingue alors :
- Les pieux flottants, travaillant principalement à la friction : cas des pieux foncés dans les
sols cohérents par exemple ;
- Les pieux de pointe, travaillant principalement à la base : cas des pieux reposant sur un
substratum ;
- Les pieux travaillant en friction et en pointe : cas général.
Qs = P ∫ q s ( z ) dz
h
(37)
0
Dans cette expression, P désigne le périmètre du pieu et qs(z) le frottement latéral unitaire
limite à la cote z. Ces termes sont explicités ci-après.
La hauteur h est celle où s’exerce effectivement le frottement latéral. C’est la hauteur de pieu
dans le sol, diminuée ;
- de la hauteur où le pieu comporte un double chemisage ;
- de la hauteur où s’exerce le frottement négatif (§ 2.3).
Le frottement latéral unitaire limite est donné en fonction de la pression limite nette pl* (qui
exprime la compacité ou le serrage du sol) par les courbes de la figure 24.
Le choix de la courbe à utiliser en fonction :
- de la nature du sol ;
- du type de pieu.
est indiqué au tableau 9.
Pour certains types de pieux forés, deux courbes sont proposées, l’une d’elles correspondant à
des conditions particulières explicitées dans les renvois (1), (2) et (3) du tableau 9.
2.2.2.2 Périmètre P
Pour tous les pieux à périmètre convexe, le périmètre de calcul est le périmètre réel du pieu.
C’est une pression moyenne autour de la base du pieu. Elle est déterminée de la manière
suivante (figure 25) :
D + 3a
∫ p (z ) dz
1
p = * *
(40)
3a+b
le l
D- b
avec a = B/2 si B > 1 m,
a = 0,5 m si B < 1 m,
b = min {a, h} où h est la hauteur de l’élément de fondation dans la couche
porteuse.
Ce calcul n’est cependant valable que dans le cas d’une formation porteuse homogène, c’est
à-dire une couche pour laquelle les valeurs maximales de pl n’excèdent pas 2 fois les valeurs
minimales de pl.
∫
G sf = P K tan δ . σ 'v dz
-H
(43)
5m 10 m +20 m
Prendre le frottement négatif sur la partie de l’appui dans le remblai (ou le sol).
2 à 10 cm Valeur maximum déduite de la formule ci-dessus sur :
Plus de 10 cm Prendre le frottement négatif sur la partie de l’appui dans le remblai (ou le sol).
Valeur maximum déduite de la formule ci-dessus sur :
Les longueurs données ci-dessus s’entendent pour la partie de pieu soumise à ce frottement
négatif.
δ:
Valeurs de K tanδ
L’effet de groupe ne semble jouer que pour les pieux flottants, pour lesquels la résistance en
frottement est prépondérante vis-à-vis de celle en pointe. Pour des pieux de pointe, il ne semble
pas y avoir d’interaction entre les pieux, et l’efficacité est donc prise égale à l’unité.
2 arctan B S 1 1
Ce = 1 − 2 − − (45)
π m n
avec B diamètre d’un pieu,
S entre-axes,
m et n nombre de lignes et de colonnes du groupe.
Dans un sol pulvérulent, il y a moins d’interaction entre les pieux d’un groupe. En prenant
une efficacité de 1, on se retrouve généralement du coté de la sécurité :
Q l (groupe ) = N × Q l (unité )
Figure 29 – Calcul du tassement d’un groupe de pieux flottants par la méthode de TERZAGHI