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AVANT – PROPOS

La rhéologie est définie, dans le dictionnaire établi par le Groupe Français de


Rhéologie, comme « la science des déformations et écoulements de la matière, des
contraintes qui en résultent et des efforts qu’il faut lui appliquer pour les obtenir ».

Le présent cours donne, dans une première partie, les connaissances fondamentales de
rhéologie et traite de ses applications aux polymères à l’état solide ; dans une deuxième partie,
la rhéologie des polymères à l’état fondu est examinée.

Ce fascicule sert de support aux enseignements de rhéologie dans le cadre du diplôme


d’ingénieurs « Génie des matériaux », et du mastère « Matériaux et surfaces », dispensés à
l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax.

L’intérêt pratique de la rhéologie se situe d’une part, dans l’étude du domaine des
faibles déformations pour mieux connaître les corrélations entre la structure du matériau et ses
propriétés et, d’autres part, dans l’examen du domaine des grandes déformations, afin de
déterminer les lois de comportement nécessaires, en particulier pour appréhender les
meilleures conditions de mise en œuvre du matériau.

La rhéologie permet donc de réaliser le choix d’un matériau pour une application
donnée et d’optimiser ses procédés de transformation.

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NOTIONS FONDAMENTALES DE RHEOLOGIE.
MODELES ANALOGIQUES

A/ Définitions des principales grandeurs :


La rhéologie peut être définie comme la science qui s’intéresse aux lois de
comportement de la matière, notamment à l’étude des phénomènes de déformation de
l’écoulement des matériaux. Afin de d’exprimer ces lois, indépendamment des grandeurs
conventionnelles de la thermodynamique, on utilise les notions de contrainte, de déformation
et de module.

I – CONTRAINTES :

Si l’on considère dans un corps donné, un élément de volume, et si on le coupe par un


plan, on obtient une surface S. Si on considère un point M sur cette surface et un élément ds
de la surface l’entourant, il y a une infinité de forces s’appliquant en M, de part et d’autre du
plan S.
Si dF représente la résultante de ces forces, la contrainte en M peut être définie par la
relation (Fig. 1) :

 dF 
σ =  dS → 0
 dS 

Fig. 1

La contrainte est donc homogène à une pression. Elle s’exprime dans le système
international en Pascal (N/m2). On distingue :

- La contrainte propre (ou contrainte interne) : contrainte qui existe quand le corps n’est
soumis à aucune action extérieure.
- La contrainte de charge : elle se développe lorsque le corps est soumis à une sollicitation,
c'est-à-dire à un système de forces extérieures.

Un corps est dit neutre lorsqu’il n’a pas de contrainte propre en l’absence de
sollicitations.

Si l’on considère le point M, on peut faire passer, par ce point, une infinité de plans S
et on peut associer, à chacun d’eux, une contrainte σ. Le lieu de l’extrémité du vecteur, issu
de M ayant σ comme longueur et dF comme direction, est un ellipsoïde appelé ellipsoïde des
contraintes.

En pratique la rhéologie fait appel à deux types essentiels de contrainte :

- La contrainte de tractage ; la force F est appliquée perpendiculairement à la section droite de


l’éprouvette,
- La contrainte de cisaillement ; la force F est appliquée parallèlement à la section droite.

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II – DEFFORMATIONS :

Soient deux points voisins M et N du corps non déformé (au repos) et dS la surface qui
est perpendiculaire au segment MN et qui contient le point M supposé fixe. Après
déformation, les dimensions du corps changent, le point N vient en N’.

On définit la déformation (ou dilatation linaire unitaire) par la relation :

MN '− MN N ' N '1


ε= =
MN MN '1

(Le point N’1 est obtenue par l’intersection de MN’ avec un arc de cercle centré en M de
rayon MN).

La facette dS, liée la matière, peut légèrement tourner et vient en dS’. Soit MN‫ ״‬le vecteur
perpendiculaire à dS‫ ׳‬et ayant même longueur que MN.

N '1 N ' '


On appelle glissement de la facette dS, le rapport
MN '1

La déformation est donc homogène à un nombre sans dimension.

Dans certains cas, on définit la vitesse de déformation comme la dérivée par rapport au temps
de la déformation :


ε '= (homogène à l’inverse d’un temps)
dt

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II - MODULES MECANIQUES :

Le module M représente la résistance à la déformation sous un effort donné. C’est la


σ
constance de proportionnalité entre la contrainte σ et la déformation ε. On a M = .
ε
1 ε
L’inverse du module est appelé complaisance C. On a C = = .
M σ

Lors des expériences permettant d’appliquer des sollicitations diverses des matériaux, on
considère que les deux conditions fondamentales suivantes sont respectées, on suppose :

- Que les phénomènes se passent assez lentement pour que l’on puisse négliger les
effets d’inertie,
- Que les sollicitations extérieures sont suffisamment importantes afin de négliger le
rôle de pesanteur.

Les principales expériences effectuées sont les suivantes :

- Tractage (traction ou écrasement simple),


- Flexage (flexion),
- Tordage (torsion),
- Pressage (application d’une compression dans toutes les directions).

1. Expérience de tractage. Module d’élasticité E :

Elle se fait essentiellement sur des matériaux solides. Considérons un fil homogène
très long et appliquons une traction aux extrémités. Si l’on examine une région loin de ces
dernières, on constate que les contraintes et les déformations sont uniformes. Pour une section
perpendiculaire à l’axe du fil, la contrainte est :

F
σ=
S
où : F est la force appliquée au fil,
S sa section droite.

Pour une facette parallèle à l’axe du fil, la contrainte est nulle. On dit que le champ des
contraintes est uniaxial, car l’ellipsoïde des contraintes est réduit à un segment.

Si L0 est la distance initiale de deux points éloignés du fil, pendant le tractage, cette
distance devient L.

La déformation peut donc s’écrire :

L − L0 L
ε= = −1
L0 L0

C’est une dilatation linéaire unitaire ou dilatation de CAUCHY.

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On peut définir une dilatation linéaire rationnelle ou dilatation de HENCKY :
L
εH = ln
L0
Pour les petites déformations, ces deux expressions sont équivalentes. En effet :

εH = ln(1 + ε ) ≈ ε

La vitesse de déformation ε‫ ׳‬prend la valeur :

1 dL 1 dL
ε '= ⋅ ou ε ' H = ⋅
L 0 dt L dt

Le module E défini par la relation σ = E ε est appelé module d’élasticité ou module


d’YOUNG. On peut également le déterminer à partir de d’expérience de flexion. La
complaisance élastique en traction, inverse du module de YOUNG, est notée, en général, par
la lettre D. En pratique, les expérimentations de tractage et de flexage sont effectuées sur des
éprouvettes de polymères dont la forme et les dimensions sont déterminées à partir de normes.

2. Expérience de cisaillement. Module de cisaillement G :

Le cisaillement se fait aussi bien sur des matériaux à l’état solide que sur des liquides.
Si l’on considère, par exemple, un viscosimètre de COUETTE, dans le quel le cisaillement est
obtenu entre deux cylindres coaxiaux, il n’y a pas de contraintes qui se développent
perpendiculairement au plan de feuille, la contrainte est tangentielle (Fig. 3).

Fig. 3

L’ellipsoïde des contraintes est réduit à un cercle et le champ de contraintes (appelé


cisaillement simple) donc biaxial.
Si le matériau est homogène, tous les points situés à la même distance de l’axe se
déplacent de la même quantité. Par suite, pour un segment NM perpendiculaire aux parois, la
déformation, qui est un glissement, peut s’exprimer par la relation :

MN ' ∆α
ε= =R
MN ∆R
dans laquelle :

R est le rayon moyen des cylindres


∆R est la différence des rayons ente la cuve extérieure et le cylindre intérieur
∆α est l’angle dont le cylindre a tourné par rapport à la cuve

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La vitesse de déformation (ou vitesse de glissement) est donnée par :

∆ω
ε '= R
∆R

Où ∆ω est la différence des vitesses angulaires des cylindres.

Le module G, obtenu à partir d’expériences de cisaillement, est appelé module de


cisaillement (ou module de COULOMB).

Il obéit à la relation σ = G ε. La complaisance de cisaillement est, en général, notée


par la lettre J.

3. Expérience de pressage .Module de compressibilité K :

Lorsque le matériau est soumis à une compression dans toutes les directions, on définit
le module de compressibilité K par l’expression :

∆V
Ρ=Κ
V
Dans laquelle :

P est la pression hydrostatique,


∆V la diminution de volume,
V le volume.

4. Relation de POISSON :

Les modules E, G, et K ne sont des constantes du matériau que dans le cas où les
contraintes et les déformations correspondantes sont faibles. Quand la contrainte devient
importante, la déformation n’augmente plus linéairement avec elle.

Par ailleurs, les trois modules ne sont pas indépendants, si l’on connaît deux d’entre
eux, on peut calculer le troisième, pour un matériau isotrope, à l’aide de la relation de
POISSON :

E + 2 (1+ ν) G = 3 K (1-2 ν)

Dans laquelle ν est le coefficient de POISSON.

La valeur de ν varie de 0,3 environ pour les polymères rigides, à 0,5 pour les caoutchoucs.

L’ordre de grandeur de G, pour un plastique rigide, est de 109-1010 Pa et de 106 Pa pour un


caoutchouc.

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B/ Comportement rhéologique :
Pour établir le comportement rhéologique des matériaux, il faut trouver une relation
entre σ, ε et le temps t. On peut opérer de deux façons :

Maintenir constant l’un des paramètres (σ ou ε) et suivre l’évolution de l’autre


grandeur en fonction du temps (essai mécanique en régime transitoire) :
- soit ε = f (t) à σ = constante (expérience de fluage)
- ou σ = f (t) à σ = constante (expérience de relaxation)
Imposer une loi, en fonction du temps à la contrainte ou à la déformation, cette loi
étant, en général sinusoïdale (essais mécaniques en régime dynamique).

I - ESSAI S MECANIQUES EN REGIME TRASITOIRE :

1. Expérience de fluage (ou de retard) :

Le polymère étant resté longtemps au repos, on lui applique à l’instant zéro, une
contrainte instantanée σ0 et l’on étudie la déformation ε en fonction de temps. On obtient la
fonction de fluage f(σ0 , t), appelée aussi complaisance de fluage , définie par la relation :

ε (t )
f (σ 0, t ) =
σ0

et dont la courbe est représentée sur la figure 4.

Fig. 4 - Fluage

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On voit que la déformation augmente jusqu’à la rupture. Si après un temps T
déterminé, on ramène la contrainte σ0 à une valeur nulle, le matériau subit une rétraction
instantanée et la déformation diminue au cours du temps, jusqu’à une valeur limite
(déformation permanente εp) ou nulle (le polymère revient à l’état initial). C’est la courbe de
recouvrance.

εp correspond à un certains écoulement du matériau. Si l’on considère plusieurs


expériences de fluage effectuées avec des contraintes initiales σ0 différentes, on détermine des
déformations permanentes εp différentes. Ces déformations vont varier également suivant le
temps T d’application de la contrainte σ0.

On pourra donc tracer en fonction du temps d’application pour divers σ0. On


obtiendra un diagramme d’écoulement du matériau qui permettra de connaître son
comportement mécanique. Par exemple, si on veut utiliser un matériau solide pour une
application donnée, de telle façon que εp = 0, le diagramme d’écoulement permettra de
connaître la contrainte maximum que l’on peut appliquer à cet objet, quelle que soit la valeur
du temps.

2. expérience de relaxation

La déformation nulle depuis très longtemps, est brusquement amenée à une valeur
constante ε0. On suit la variation de la contrainte σ en fonction du temps (Fig.5a). On obtient
la fonction de relaxation appelée aussi module de relaxation :

σ (t )
r (ε 0, t ) =
ε0

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Fig. 5b

Fig. 5- Relaxation

Comme il est difficile, d’un point de vue expérimental de ramener après un certains
temps T la déformation à zéro, on annule souvent la contrainte. On obtient alors deux
courbes : l’une des variations de σ (ε = ε0) pour les temps inférieurs à T, l’autre de ε en
fonction du temps (σ =0) pour les temps supérieurs à T (Fig. 5b). Dans le cas d’un liquide, la
vitesse de déformation ε' est constante pendant les temps inférieurs à T, on l'annule et l'on
regarde comment évolue la contrainte pour les temps supérieurs à T.

II - ESSAI S MECANIQUES EN REGIME DYNAMIQUE :

1. Courbe contrainte – déformation. Frottement interne :

Lorsqu’on déforme un matériau, on lui fournit une certaine quantité d’énergie. Celle-ci
peut être conservée ou dissipée totalement ou partiellement, sous forme de chaleur. Si
l’énergie est conservée, le matériau est purement élastique, dès que l’on relâche la contrainte,
il la restitue totalement et revient instantanément à sa position d’équilibre. Si l’énergie est
dissipée, le matériau est purement visqueux, il y a déformation permanente. Si l’énergie est
partiellement dissipée, il est à la fois visqueux et élastique (matériau viscoélastique ou
élastovisqueux).

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Pour étudier cette dissipation d’énergie, on peut faire subir, à l’éprouvette à tester une
contrainte sinusoïdale et observer la déformation. On trace alors la courbe contrainte –
déformation σ = f (ε). S’il y a dissipation d’énergie, en faisant décroître la contrainte, la
déformation ne prendra pas la même valeur qu’elle avait précédemment, lorsqu’on avait fait
croître la contrainte. Il y a hystérèse mécanique. Si le point courant de la courbe σ = f (ε)
décrit un cycle fermé, l’aire de ce cycle est égale à l’énergie dissipée par unité de volume du
polymère au cours du cycle. Dans le cas particulier où la contrainte est alternée symétrique
(sinusoïdale), la déformation l’est également sous certaines conditions et le cycle fixé est
centré sur l’origine. Dans ce cas, on définit un frottement interne ρ par la relation :

∆W
ρ=
W
où : ∆W est l’énergie dissipée dans l’aire du cycle
W est proportionnelle à l’énergie de la vibration (énergie potentielle au maximum
d’élongation).

Le frottement interne ρ peut donc s’exprimer par la relation :

Aire du cycle 1
ρ= avec W = σmεm
Aire du triangle 2

Le frottement interne ne peut pas dépasser 2Π lors d’une sollicitation sinusoïdale


(liquide newtonien). Il devient égal à 8 pour un type de frottement solide.

Il est à noter que le point courant, dans certains cas, ne décrit pas une courbe fermée :
on dit qu’il y a écrouissage, la structure du polymère évolue d’une manière irréversible au
cours de l’expérience.

Fig. 6

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2. Module complexe

Le module est défini comme le rapport de la contrainte à la déformation ; c’est donc


un nombre complexe dans le cas où il y a hystérèse mécanique. On a :

σ * = σm e jωt (contrainte sinusoïdale)

ω est la pulsation de la fréquence (ω = 2 Π N si N est la fréquence). La déformation est


également sinusoïdale de même fréquence et en retard d’un angle δ par rapport à la contrainte.

ε * = εm e ( jωt −δ )

Le module M* s’exprime donc par la relation :

σm jδ
M* = e = M '+ jM ' '
εm

σm σm
Avec : M '= cos δ et M ''= sin δ
εm εm

∆W 2
Le frottement interne peut s’écrire : ρ = σ dε = 2 π sin δ
σmεm ∫
=
W

L’angle δ s’appelle angle de perte mécanique et la capacité d’amortissement du


matériau se caractérise souvent par tgδ. On démontre les relations suivantes :

M ''
M * = M '2 +M ' '2 ; tgδ = ; M ' = M * cos δ ; M ' ' = M * sin δ
M'

M’ est le module de conservation,


M'' est le module de dissipation (ou perte).

Le module de conservation caractérise l’énergie emmagasinée et totalement restituée


au cours d’un cycle, le module de dissipation, l’énergie dissipée sous forme de chaleur du
cours de ce même cycle.

On retrouve ainsi le caractère élastique (module de conservation) et le caractère


visqueux (module d dissipation) des matériaux viscoélastiques.

Il est également possible de définir une complaisance complexe C*.

1 M' M ''
On a σ* = avec C* = C '− jC ' ' et C ' = , C' ' =
M* M ' +M ' '
2 2
M ' +M ' '2
2

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3. Représentation de Colo – Cole :

Il est utile, quelque fois, de représenter les résultats expérimentaux des corps
viscoélastiques en matérialisant la relation qui existe entre la partie réelle et la partie
imaginaire du module M* ou de la complaisance C*. Ceci revient à définir pour chaque
fréquence, les propriétés du corps par un point dans le plan complexe appelé aussi plan de
Cole-Cole (on trace M’’ en fonction de M’ ou C’’ en fonction de C’). Lorsque la fréquence
varie, le point représentatif se déplace en décrivant une courbe qui est caractéristique du type
de comportement rhéologique. Pour passer de la représentation M* à la représentation C* ou
inversement, il suffit d’effectuer une inversion de puissance unité, avec l’origine comme pôle.

4. Viscosité dynamique complexe :

On peut définir également une viscosité dynamique complexe à partir de la relation :

σ*
η* = de la forme η * = η' − j η''
dε *
dt

La partie réelle η' caractérise la composante visqueuse, et la partie imaginaire, la


composante élastique du matériau viscoélastique.

M' ' M'


on a : M * = jω η * avec η' = et η '' =
ω ω

La viscosité dynamique complexe est surtout utilisée à l’état fondu.

C/ Classification des matériaux. Modèles analogiques :


On classe, en général, les matériaux en fonction de leur comportement rhéologique, en
trois groupes principaux :
- Les corps dits élastiques,
- Les corps dits visqueux,
- Les corps dits plastiques.
Le comportement de ces corps se rapproche du comportement d’un corps réel dans
certaines conditions expérimentales. Toutefois, un corps réel ne sera jamais un de ces corps
idéaux.

I - LES CORPS DITS ELASTIQUES :

1. Solide d’Euclide (indéformable) :

La déformation est nulle quelque soit la contrainte. En réalité, on ne le rencontre


jamais, mais les déformations peuvent être très petites (bloc d’acier, par exemple).

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2. Solide parfaitement élastique :

Tous les solides se déforment. Jusqu’à une valeur de la contrainte appelée limite
d’élasticité, il existe, pour un certain nombre d’entre eux, une relation entre la contrainte et la
déformation de la forme :

σ = M(ε ) (Fig. 7)

En d’autres termes, le temps n’intervient pas. Il n’y a pas d’hystérèse (aucune


dissipation d’énergie), pas de frottement interne, pas de fluage (fig. 8) ni de relaxation.

Fig. 7 – Courbe contrainte-déformation Fig. 8

Un cas particulier intéressant est celui pour lequel on note une élasticité linéaire :

Soit σ = M ε avec M : module

C’est le solide de HOOKE, la courbe contrainte – déformation a l’allure suivante :

Fig. 9

Le module mécanique est donné par la pente de la droite.

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On peut introduire la notion de modèle analogique ; le comportement de la matière est
comparé à celui d’un assemblage plus ou moins compliqué d’éléments mécaniques ou
électriques simples. Nous ne donnerons que quelques modèles analogiques mécaniques. Dans
ces derniers, la déformation du polymère est assimilée à la déformation du modèle, alors que
la contrainte est assimilée à la contrainte exercée sur le modèle.

Dans ces conditions, compte tenue de loi de HOOKE σ = M ε , où la déformation est


proportionnelle à la contrainte appliquée, le modèle de HOOKE sera représenté par un ressort
pour le quel on a F = K x.

Fig. 10- Solide de HOOKE

La constante d‘élasticité K est équivalente au module du matériau,


F est la force appliquée,
x l’allongement.

3. Solide à élasticité retardée ou différée :

La déformation est fonction, à la fois, du temps et de la contrainte mais, si la


contrainte est maintenue constante pendant très longtemps, la déformation tends vers une
limite. Après suppression de la contrainte, la déformation revient lentement au zéro ; il n’y a
pas de déformation permanente (Fig. 11).

Fig. 11- Fluage

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De même, si la déformation est constante très longtemps la contrainte tends vers une
limite (Fig. 12).

Fig. 12- Relaxation

Le solide le plus simple de ce type est celui de KELVIN-VOIGT, la contrainte est la


somme de deux termes : l’un proportionnel à la déformation ε, l’autre à la vitesse de
 dε 
déformation ε'  ε ' = .
 dt 

σ = Mε + ηε '

Où : M est le module,
η est la viscosité.

Si l’on effectue par exemple, une expérience de fluage (σ = σ0) on obtient, en intégrant
l’équation précédente, la valeur de ε (t) :

σ 0  
M
− t
ε (t ) = 1− e η 
M  

η /M est homogène à un temps de retardation τ.

Il vient donc :

σ0
ε (t ) =
M
(1 − e −t /τ
)
ou
ε (t ) 1
f (σ 0, t ) =
σ0 M
= (
1 − e− t / τ )

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Le modèle analogique est constitué par un ressort mis en parallèle avec un piston
(modèle analogique d’un corps purement visqueux, liquide de NEWTON, définie plus loin).

Fig. 14 – Solide de KELVIN-VOIGT

Dans la pratique, on rencontre souvent un polymère avec plusieurs temps de


retardation. On le représente par plusieurs éléments de KELVIN-VOIGT, placés en série.
C’est le solide de KELVIN-VOIGT généralisé.

Fig. 14 – Solide de KELVIN-VOIGT généralisé

Dans ce modèle, la déformation totale est la somme des déformations élémentaires


dont chacune, au cours d’un essai de fluage, s’établit avec un temps de retardation différent τi
(τi = ηi / Mi) caractéristique de chaque élément. La fonction de fluage sera la somme des
fonctions de fluage des différents éléments simples.

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II – LES CORPS DITS VISQUEUX :

1. Liquide de PASCAL ou parfaitement mobile :

C’est un corps qui se déforme sans effort. Avec des liquides comme l’éther, par
exemple, il semble en effet qu’il ait déformations sans contrainte.

2. Liquide visqueux :

Une mesure plus fine nous révèle que pour déformer les liquides avec une vitesse ε’, il
faut en réalité exercer une contrainte non nulle. Pour certains d’entre eux, il existe une relation
entre σ et ε' (Fig.15).

Le temps n’intervenant pas (Fig.16).

on a : σ = η ( ε ') .

Fig. 15 Fig. 16

Un cas particulier intéressant est le liquide parfaitement visqueux ou liquide de


NEWTON pour lequel : σ =η ε' ; η est la viscosité absolue.

Il est représenté par un amortisseur : c’est un piston perforé mobile sans frottement
solide, dans un cylindre contenant une huile newtonienne. L’ensemble n’a pas d’inertie.

Fig. 17

17
Un liquide non newtonien est dit anormal. Nous avons représenté sur un diagramme σ
= f (ε'), le liquide de NEWTON et deux types de liquides anormaux.

Fig. 18

On définit, dans le cas d’un liquide anormal, une viscosité apparente (ou consistance)
ηa comme étant le rapport de la contrainte à la vitesse de déformation :

σ
η∂ =
ε'

Si ηa augmente quand ε' croit, c’est un liquide dilatant ou rhéoépaissaissant. Si ηa


diminue quand ε' croit, c’est un liquide pseudoplastique ou rhéofluidifiant.

Il ne faut pas confondre un liquide pseudoplastique et système thixotrope, ni un liquide


dilatant et un système rhéopexe. La thixotropie et rhéopexie s’adressent en effet, non pas à des
substances homogènes, mais essentiellement aux dispersions (suspensions ou émulsions). De
plus, ce sont des phénomènes qui dépendent du temps. On qualifie de thixotrope un corps
restant constamment à l’état liquide, mais dont la viscosité apparente ηa est une fonction
décroissante de la vitesse de déformation et, ceci, avec un certain retard (Fig.19).

Si ce retard n’existe pas, c'est-à-dire si ηa prend instantanément la valeur limite que lui
confère la valeur de ε', il n’a pas de thixotropie : on a simplement un liquide pseudoplastique.

Fig. 20- Corps thixotrope

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La rhéoxipie est le phénomène inverse ; la viscosité apparente augmente quand la
vitesse de déformation croît et dépend du temps.

1) Liquide viscoélastique :

On un certain nombre de corps qui s’écoulent et pour lesquels il y a une certaines


élasticité. La courbe de fluage est représentée sur la figure 20 :

Fig. 20- Fluage d'un liquide viscoélastique

Contrairement au solide de KELVIN-VOIGT, la courbe de fluage ne tend pas vers un


palier horizontal (le corps continue de se déformer) et il subsiste, après avoir annuler la
contrainte, une déformation permanente εp.

Un cas particulier important est le liquide de MAXWELL, pour lequel la déformation


se compose de deux parties : l’une purement élastique, l’autre purement visqueuse.

dε η dσ
La contrainte s’écrit alors : σ =η − ⋅
dt M dt

Son modèle analogique est représenté par un amortisseur (viscosité η) en série avec un
ressort (module M) :

Fig. 21- Liquide de MAXWELL Fig. 22- Fluage du liquide de MAXWELL

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M
− t
La fonction de relaxation peut s’écrire (ε = εo) : σ (t ) = Mε ο e η

L’inverse de µ = M / η est l’homogène à un temps. C’est le temps de relaxation τ. Il


vient donc :
σ (t )
σ (t ) = Mεo e −t / τ ou encore r (εo, t ) = = M e − t /τ
εo
Dans la pratique, on utilise le plus souvent le corps de MAXWELL généralisé. Il
représente le comportement d’un matériau pour le quel il y a plusieurs temps de relaxation.
On définit (comme pour le solide de KELVIN-VOIGT généralisé) un spectre de temps de
relaxation (ou spectre de MAXWELL ) (avec τ = η / M ).

REMARQUE : Les systèmes que nous venons de décrire entrent dans le domaine de rhéologie linéaire.

Fig. 23- Liquide de MAXWELL généralisé

Le matériau obéit au principe de superposition de BOLTZMANN : si on lui applique


deux ou plusieurs contraintes, indépendamment l’une de l’autre, la déformation qui résulte est
la somme des déformations résultant de chacune des contraintes.

III - LES CORPS DITS PLASTIQUES :

Pour ces composés, l’équation rhéologique d’état n’est plus linéaire. Ils ne
commencent à se déformer que lorsque la contrainte atteint une certaine valeur σc appelée
seuil de contrainte.

Pour σ < σc ε=0

σ > σc σ = f (ε)

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Ils peuvent être classés en :

• Solide parfaitement plastique inélastique


• Solide parfaitement plasto-élastique
• Solide plastovisco-élastique dont un cas particulier est le solide de BINGHAM.

1. Solide parfaitement plastique inélastique :


(pâte à modeler, par exemple)

Lorsque la contrainte est inférieure à une contrainte limite σ’c , le corps ne se déforme
pratiquement pas. Quand on atteint la valeur σ'c on observe, sous l’action de cette contrainte,
un écoulement. Si l’on supprime la contrainte, le corps conserve la déformation qu’il a prise
(Fig. 24).

Fig. 24

Les contraintes à l’intérieur de ce corps n’augmentent pas, la déformation se poursuit


sans qu’on puisse dépasser σc (si la sollicitation est plus grande, on augmente simplement la
vitesse de déformation). C’est la caractéristique d’un frottement solide.

Si l’on assujettit la déformation à varier alternativement entre deux valeurs extrêmes ±


εm , le cycle décrit est rectangulaire (Fig. 25).

Fig. 25

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Le frottement interne ρ, qui est le rapport de l’aire du triangle OAB a donc pour valeur 8.

Le modèle analogique est le patin ou BARRE DE SAINT-VENANT (Fig. 26) ; cet


organe est le symbole du frottement solide.

Fig. 26

2. Solide parfaitement plasto-élastique :

En dessous de seuil σc , on a une contrainte parfaitement élastique (cas de certaines


pâtes).

Fig. 27

Sous l’action d’une déformation alternative, on obtient un cycle d’hystérèse qui est un
parallélogramme (Fig. 28).

Le frottement interne est donné par l’expression :

∆W  σc 
ρ= = 81 − 
W  εm M 

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Dans laquelle :
M est le module
εm est l’amplitude de déformation maximum
σc est le seuil de plasticité

Fig. 28

Le corps plasto-élastique correspond donc à un patin en série avec un ressort.


Lorsque l’élasticité n’est pas linéaire, on parle de solide plastoélastique général.

Fig. 29

3. Corps plastovisco-élastique :

Il intervient les notions de seuil et de temps.

23
Cas particulier solide de BINGHAM

σ < σc : parfaitement élastique

σ > σc : la contrainte comporte deux termes : frottement solide et écoulement newtonien.

Fig. 30 Fig. 31

La déformation s’accroît comme pour le liquide de MAXWELL proportionnellement


au temps.

On distingue :

- le corps de BIGHAM idéal - le corps de BIGHAM réel

Fig. 32 – Corps de BINGHAM idéal Fig. 33- Corps de BINGHAM réel (le point
anguleux est remplacé par une courbe)

24
Le modèle analogique du corps de BINGHAM est représenté sur la figure 34.

Fig. 34

IV - MODELES ANALOGIQUES RHEOLOGIQUES :

Ils sont formés de l’association de ressorts et d’amortisseurs linéaires, en particulier


sous la forme de regroupements en série et en parallèle.

Les modèles analogiques mécaniques les plus usuels sont représentés dans le tableau
ci-après. On trouvera le nom du modèle, son schéma, les expressions du module mécanique
complexe E* et de la tangente de l’angle de perte mécanique en fonction de la pulsation de la
fréquence ω, ainsi que l’allure des courbe des variations de tg δ en fonction de ω.

Les éléments constituant les modèles sont décrits par le module à fréquence nulle E0
(limite du module de conservation quand la fréquence tend vers zéro) ou infini E∞ (limite du
module de conservation quand la fréquence tend vers l’infini) ainsi que le temps de relaxation
τ.

25
26
TYPES D'ECOULEMENT.
ECOULEMENTS DE CISAILLEMENT SIMPLE

A) Types d'écoulement visqueux :


Les différents types d'écoulement visqueux sont rappelés sur les courbes de la figure 1.

Fig. 1- Types d'écoulement visqueux.

τ est la tension de cisaillement (contrainte de cisaillement),



γ est la vitesse de cisaillement.

Les polymères à l'état fondu se comportent, en première approximation, comme des


fluides pseudoplastiques (ou rhéofluidifiants).

On peut donc réduire considérablement la viscosité des polymères à l'état fondu en


appliquant des cisaillements élevés. Ceci est mis à profit dans les machines de transformation

(102 < γ < 106 ). Leur courbe d'écoulement (η – τ) a donc l'allure donnée sur la figure 2.

Leur courbe d'écoulement (η - γ ) a la même allure.

27
Fig. 2 - Courbe d'écoulement d'un polymère.

η0 est la viscosité limite. C'est la valeur que prend la viscosité lorsque le cisaillement

est faible. Leur courbe d'écoulement (τ - γ ) peut donc être affinée et l'on obtient l'allure
générale théorique sur la figure 3.

Fig. 3 - Courbe caractéristique d'écoulement d'un polymère à l'état fondu.


η0 est la viscosité limite lorsque γ → 0.

On définit également η∞ qui est la viscosité limite lorsque γ → ∞.

28
Expérimentalement, à l'état fondu, il apparaît aux vitesses de cisaillement élevées, des
défauts d'écoulement, une dissipation de chaleur visqueuse et une dégradation du matériau qui
ne permettent pas d'observer η∞. Lorsque le domaine de cisaillement exploré n'est pas très
large, le comportement pseudoplastique de la plupart des polymères fondus est assez bien
représenté par une loi de puissance que l'on peut écrire :
•n
τ =kγ

ou encore :
• n −1
η=kγ
τ Contrainte de cisaillement,

γ Vitesse de cisaillement,
η Viscosité,
k Indice de consistance,
n Indice d'écoulement.

Les courbes obtenues en représentation logarithmiques sont donc des droites.


L'ordonnée à l'origine, donne l'indice de consistance, la pente donne l'indice d'écoulement n à
partir de la première expression ou (n-1) à partir de la seconde (0 < n < 1). Pour un fluide
newtonien on a, évidemment n = 1.

Lorsque le domaine de cisaillement exploré est large, une simple loi de puissance ne
suffit plus pour représenter convenablement les résultats expérimentaux. En effet, les courbes
obtenues en coordonnées logarithmiques ne sont plus linéaires. On propose, alors, d'autres
relations plus complexes.

Une expression très utilisée est de la forme :


• • 2
 
log τ = a 0 + a1 log γ + a 2  log γ 
 

Dans ces conditions, l'indice d'écoulement qui est constant et ne dépend pas cisaillement
dans le cas d'une loi de puissance, dépend alors du cisaillement selon la relation :

d (log τ ) •
n= •
= a1 + 2 a 2 log γ
 
d  log γ 
 
a0, a1 et a2 sont les paramètres des équations.

Ces paramètres sont déterminés à partir des courbes expérimentales à l'aide d'une
régression polynomiale, par la méthode des moindres carrées.

Bien entendu, une deuxième expression rendant compte de la variation de la viscosité,


en fonction de la vitesse de cisaillement, peut être proposée. Elle est de la forme :

• • 2
 
logη = A0 + A1 log γ + A2  log γ 
 
Dans la quelle A0, A1 et A2 sont les coefficients de l'équation.

29
De nombreux autres modèles, qui rendent compte de la variation de la viscosité avec la
vitesse de cisaillement, ont été proposés. Ils obéissent à la forme générale:

D
 • c
η = A 1 +  B γ   avec D négatif
   

Ces modèles sont complexes (sous la forme générale, ils ont quatre paramètres
ajustables), mais ils permettent de bien rendre compte du comportement à l'écoulement d'un
polymère. Parmi ces derniers, on peut citer le modèle de CARREAU qui peut s'écrire :
m
η − η∞   •  
2

= 1 +  λ γ   avec m négatif
η 0 − η∞    


η0 est la viscosité limite pour γ → 0

η∞ est la viscosité limite pour γ → ∞
λ est un temps de relaxation.

Comme η∞ n’a jamais été observé sur polymère fondu, cette expression a été
modifiée ; les relations suivantes ont alors été proposées :

n −1

η    
• 2 2
= 1 +  λ γ   avec n < 1
η 0    
n −1

η   • 
2a 2
et = 1 +  λ γ  
η 0    

Le paramètre a est relié à la courbure au niveau du raccordement des courbes, lorsque


l'on passe du domaine des bas cisaillements (viscosité constante) au domaine des
cisaillements élevés.

Un modèle, selon une loi en tangente hyperbolique a été proposé; il est utilisé, en
particulier, dans certains logiciels de simulation des procédés de mise en œuvre, notamment
en injection. Il obéit à la relation:

m
•
γ
η = A − B th  
k
 

Il a l'avantage de rendre compte de l'existante de la viscosité limite à bas cisaillement


et de s'appliquer également dans le domaine des cisaillements élevés.

30
B) Ecoulement de cisaillement simple :
I - ECOULEMENT DE POISEUILLE :

On réalise un flux laminaire dans un tube de faible section (tube capillaire) (Fig. 4).
Les hypothèses de calcul sont les suivantes :

Ecoulement stationnaire et isotherme,


Vitesse d'écoulement axial,
Vitesse nulle à la paroi,
Effets d'extrémités négligeables,
Polymère fondu incompressible et indépendant du temps.

Fig. 4- Ecoulement capillaire

1. Tension de cisaillement :

La force visqueuse résistant au mouvement d'une colonne de fluide (centrée sur l'axe
capillaire) est égale à la force appliquée pour déplacer la colonne dans la direction de
l'écoulement. On a donc :
r ∆P
τ=
2L
Dans laquelle :

r et L sont le rayon et la longueur de la colonne de fluide,


∆P la perte de la pression dans le capillaire.

La tension de cisaillement est nulle au centre du capillaire et maximum à la paroi. La tension


de cisaillement τP à la paroi est donnée par l'expression :

R ∆Ρ
τP =
2L

Où R est le rayon du capillaire et L sa longueur.

31
2. Vitesse de cisaillement :

La vitesse de cisaillement varie depuis zéro à l'axe du capillaire jusqu'à la valeur


maximum à la paroi.

On appelle f (τ) la relation entre la vitesse et la tension de cisaillement γ = f (τ ) .

a) Fluide newtonien :

• τ
On a : γ = f (τ ) =
η

• 4Q τP
Ce qui entraîne : γ P = =
π R3 η

R ∆Ρ
Comme τ P = , on retrouve l'équation de poiseuille :
2L
π R 4 ∆Ρ
Q=
8η L
Q est le débit volumique.

b) Fluide non newtonien. Vitesse réelle de cisaillement à la paroi


(correction de RABINOWITSCH) :

• 4Q
Si le fluide était newtonien, on aurait : γ Pa =
π R3

γ Pa est la vitesse de cisaillement apparente à la paroi.

Pour un fluide non newtonien, on montre que la vitesse de cisaillement réelle à


la paroi est donnée par la relation :


• 3• 1 • d log γ Pa
γ P = γ Pa + γ Pa
4 4 d log τ P

d log τ P
Comme n= •
, n est l'indice d'écoulement.
d log γ P
Il vient :

• 3n + 1 •
γP = γ Pa
4n

3n + 1
La quantité est la correction de RABINOWITSCH.
4n

32
Pour un fluide newtonien, on a évidement n = 1, la correction de RABINOWITSCH
est égale à 1. On applique donc les formules démontrées pour un fluide newtonien et on
effectue des corrections pour tenir compte du caractère non newtonien du polymère fondu.

3. Tension réelle de cisaillement à la paroi τP :

La méthode de correction est due à BAGLEY. Elle tient compte des effets d'entrée du
capillaire qui peuvent être considérées comme équivalents à un accroissement de la longueur
de filière.

L/R est le rapport de la longueur L du capillaire à son rayon R. On fait varier la


longueur, le rayon restant constant. Dans la représentation de BAGLEY (Fig. 5),
l'accroissement effectif de la longueur est exprimé en terme de rayons de filière. La longueur
effective du capillaire est alors : L + e R où e est le facteur multiplicatif.

Fig. 5- Droite de BAGLEY.

La tension de cisaillement réelle à la paroi est donnée par l'expression :

R ∆Ρ
τ =
réel 2 (L + e R )

ou
∆Ρ
τ =
réel L 
2  + e
R 

Dans laquelle :

e est la correction limite pour une vitesse de cisaillement donnée,


P est la pression d'extrusion.

33
On relève la pression requise pour une vitesse de cisaillement donnée avec les
différentes filières et on construit :

∆P = f (L/R)

L 
∆Ρ = 2 τ + e
réel  R
Puisque

L
Pour ∆P = 0 on a : e = −
R

La valeur de la correction e est donc lue à l'intersection de la droite avec l'axe des
abscisses.

La correction limite augmente lorsque la vitesse de cisaillement augmente. Les



graphes montrent, en général, une inflexion aux valeurs élevées de γ qui correspond à
L
l'apparition de défauts d'écoulement. Pour les filières suffisamment longues ( 〉 80 ), la
R
correction de BAGLEY peut être négligée.

II - ECOULEMENT DE COUETTE :

Le cisaillement est effectué entre deux cylindres coaxiaux. Les hypothèses de calcul
sont les suivantes :

La vitesse d'écoulement est une


seule fonction du rayon,

Il n'y a pas de glissement


aux parois des cylindres,

Le polymère fondu est incompressible


et indépendant du temps,

Le mouvement du fluide entre les


cylindres est stationnaire et laminaire.

Fig. 6- Ecoulement de couette

Re est le rayon du cylindre extérieur,


Ri est le rayon du cylindre intérieur,
h est la profondeur d'immersion du cylindre intérieur,
M est le moment du couple développé,
Ω est la vitesse angulaire du cylindre extérieur rotatif.

34
1. Tension de cisaillement à la paroi :

Le moment du couple à la distance r est : M = Fr = τ 2 π r h r = 2 π r 2 h τ

M
Il vient : τ =
2 π r2 h

La tension de cisaillement à la paroi du cylindre extérieur rotatif est donc :

M
τe =
2 π Re2 h

La tension de cisaillement à la paroi du cylindre intérieur vaut :

M
τi =
2 π Ri2 h
On a donc :

τi R2
= e2 = s 2
τ e Ri

Le rapport des tensions est inversement proportionnel au rapport des carrés des
rayons. Si l'entrefer est petit, on peut admettre que la tension de cisaillement est pratiquement
constante dans l'entrefer, soit :
τi +τe
τ=
2

M  1 1 
τ= +
4 π h  Ri2 Re2 
d'où

M Ri2 + Re2
τ =
4 π h Ri2 Re2

2. Vitesse de cisaillement :

On démontre la relation pour un fluide non newtonien :


( )
γ i = f τi =
Ω  (m ln s )
2
(m ln s )
4

1 + m ln s + − + ⋅ ⋅ ⋅ ⋅ ⋅
ln s  3 45 

d ln Ω
avec m=
d ln τ i

35
L'entrefer des viscosimètres est très petit et on s'arrête, en général, au troisième terme.
En pratique, on obtient des mesures de couple M en fonction de la vitesse angulaire Ω. La
tension de cisaillement τi est calculée au moyen de :

M
τi =
2π Ri2 h
On trace ensuite le graphe ln Ω = f ln τ i ( )
Si le graphe est une droite, l'équation de l'écoulement est une simple loi de puissance ;
m est alors constant. Si le graphe est une courbe, une différentiation graphique en divers
points donne la pente :

d ln Ω
m=
d ln τ i
Ainsi, on peut calculer la vitesse de cisaillement à la paroi du cylindre intérieur, en utilisant
les différentes valeurs de m. Pour un fluide newtonien m = 1, la relation précédente se
simplifie et devient, pour un petit entrefer :

•  Re 
γ = Ω 
 Re − R 
 i 

3. Effets d’extrémités :

On mesure la vitesse angulaire Ω et le couple M pour plusieurs valeurs de la profondeur


d'immersion h. On porte M/Ω en fonction de h et on extrapole à M/Ω = 0.

Fig. 7- Effets d'extrémités

36
On applique alors :

M
τi =
2π Ri (h + h0 )
2

M
τe =
2 π Re ( h + h0 )
2

M Ri2 + Re2
τ =
4 π (h + h0 ) Ri2 Re2

III - ECOULEMENT DE WEIENBERG

1. Système à plateaux parallèles

L'écoulement est du au cisaillement entre deux plateaux : l'un rotatif, l'autre fixe. La
contrainte tangentielle s'accompagne d'une contrainte normale pour un matériau
viscoélastique.

Cette force normale tend à séparer les plateaux. C'est l'effet de tensions normales ou
effet WEISSENBERG (exploitation dans divers systèmes d'extrusion et de plastification).

On appelle écoulement de WEISSENBERG le flux laminaire de cisaillement simple


obtenu par torsion entre deux disques parallèles.

Ce type d'écoulement est mis en évidence dans les rhéogoniomètres de


WEISSENBERG ou rhéogoniomètres à plateaux parallèles.

On mesure ainsi le couple de torsion M qu'il faut appliquer au plateau rotatif pour le
faire tourner à la vitesse angulaire Ω.

La vitesse de cisaillement à la distance r de l'axe est donnée par :

• du Ωr
γr = =
dy L

Soit à la périphérie des plateaux :

• ΩR
γR =
L

37
Fig. 8- Ecoulement de WEISSENBERG

Pour maintenir constante la vitesse angulaire Ω, on doit appliquer un couple de torsion


M pour un élément d'épaisseur dr, l'équilibre des forces permet d'écrire :

dM = 2π r dr τ r = 2π r τ r 2 dr

π η Ω R4 π R3 τ R
d'où M = =
2L 2

2M
Soit τR =
π R3

A partir des valeurs du couple de torsion mesuré M pour différentes vitesses de rotation Ω, on
peut calculer les valeurs de la tension de cisaillement. En prenant les valeurs de la vitesse de

cisaillement γ R à la périphérie des plateaux, on peut tracer les courbes d'écoulement.

2. Système à cône et plateau :

L'angle entre la génératrice du cône et l'horizontale du plateau est très faible (inférieur
à 4°).

Le cône est entraîné à la vitesse de rotation Ω et on mesure simultanément le couple


M. C'est le rhéogonimètre à cône et plateau appelé aussi viscosimètre à cône et plateau.

Le fluide cisaillé dans l'entrefer oppose une résistance visqueuse au mouvement rotatif
du cône, ce qui se répercute sur la valeur du couple de torsion M.

Pour un élément d'épaisseur dr situé à une distance r de l'axe de rotation, on peut écrire
:

dM = 2 π r dr τ r = 2 π τ r 2 dr

38
Fig. 9- Système à cône et plateau

Le couple M qui doit être appliqué pour conserver la vitesse angulaire constante est
donc donner par :

R
R3
M = 2 π ∫ r 2 τ dr = 2 π τ
0
3

3M
Soit τ=
2 π R3

Pour une vitesse de rotation Ω constante, la vitesse linéaire à la distance r de l'axe est
une fonction de r. En outre, l'espace entre le cône et le plateau est aussi une fonction de r (et
de l'angle). Le gradient de vitesse de cisaillement est donc donné par :

• Ωr Ω
γ = =
r tgα tgα

Comme α est très petit

• Ω
γ =
α


Comme τ = f  γ 
 

3M • Ω
On a donc τ= f γ  = f  
2π R   α 
3

39
a) Fluide newtonien :


On a : τ = ηγ

τ
Soit : η= •
γ

3M α
D'où : η=
2 π R3 Ω

b) Fluide non newtonien :

3M
On calcule τ à partir de τ = au moyen des valeurs mesurées du couple M
2 π R3
pour différentes vitesses angulaire Ω. Puisque la vitesse de cisaillement est donnée par :

• Ω
γ =
α

On peut tracer le rhéogramme du fluide considéré.

40

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