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L’habitat “indigène”
D’un point de vue stylistique également, l’ambiguïté persiste dans le fait que le
style “moderne”, pourtant inspiré d’un vernaculaire local ou méditerranéen, est
généralement réservé aux programmes “européens”, alors que les formes
“indigènes” se cantonnent dans le schéma simpliste plaqué de signes néo-
mauresques (skifa, cour intérieure, chambre), inspiré des écrits que les géographes
de l’Ecole d’Alger ont consacré à cet habitat, au début du siècle. C’est seulement
dans les années 1950, avec les architectes du Groupe Team X (des CIAM Maroc et
Algérie) que se renversent les valeurs associées à cette vision, pour faire de
l’habitat vernaculaire et même précaire (bidonvilles) des sources d’inspiration de la
fonctionnalité du logement moderne.
La justification coloniale de ces différences est véhiculée, par exemple, par Marcel
Lathuillière, concepteur de la “Cité indigène” du Clos Salembier (1936) et
architecte-conseil des Services du Gouvernement, dans un article intitulé : « un
grand problème du moment: l’habitat indigène » (Algeria, 1939 - ci-joint).
Architecte de grand talent, lié à la nouvelle génération du Mouvement moderne,
Lathuillière fait preuve d’une ingénuité certaine en reprenant les poncifs de
l’époque (nomadisme et atavisme indigènes, notamment), mais en décrivant
clairement les politiques du moment orientées vers une politique rurale, destinée à
limiter l’exode vers les villes, pour limiter la prolifération des bidonvilles urbains.
Les années 1950 sonnent le tournant de cette politique de l’autruche, pour mettre
en avant les programmes de l’“urgence” et les cités de “recasement”, comme
celles que réalisent les architectes Simounet et Daure et Béri au Climat de France,
face aux programmes plus pérennes de Fernand Pouillon et du Maire Chevallier.
Certaines de ces réalisations sont décrite par Vincent et Soraya du Chazaud, dans
l’article assez synthétique « Djenan-el-Hassan, Climat de France, Aéro-habitat,
trois architectures de logements sociaux à Alger dans les années 50 » (ci-joint
aussi). Ces trois cités sont toutes à caractère social, même si, évidemment, l’Aéro-
habitat est une commande d’une coopérative de travailleurs, alors que le Climat de
France est financé par la Mairie, à la différence de Djenan-el-Hassan qui n’est
destiné qu'à la résorption de bidonvilles (et qui sera finalement détruit vers 2003).
Les formats de rendus et dates sont à arrêter avec vos enseignant respectifs.
Bon courage