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Université Alger 1 Benyoucef Benkhedda - Département d’Architecture

Cours d’Histoire de l’Architecture HA 8, M1 - 2019/20


Mmes Achak-Youcef, Benmiloud, Marouf, M. Ouahes.

TD n° 5 - (proposé le 28 mai 2020 - à rendre vers le 30 juin 2020)

L’habitat “indigène”

La question de l’habitat “indigène” s’est exprimée de plus en plus fortement, dans


les décennies de l’entre-guerre, et à la veille de l’indépendance algérienne. Entre
1925 et 1931, une seule cité (Verdun) a été construite pour les “Musulmans”, dans
le cadre des opérations HBM, largement tournées vers le logement européen. A
partir de 1935, la nécessité de répondre à l’exigence d’un habitat “indigène”, face
à la montée de mouvements sociaux, devient impérieuse, même si la résistance
“pied-noir” reste forte. Même pendant la guerre de libération, après 1954, le Maire
Chevallier qui fait appel à Fernand Pouillon pour réaliser son programme d’habitat,
doit d’abord livrer Diar-es-Saada aux Européens avant de construire des cités en
partie ou totalement “musulmanes”.

D’un point de vue stylistique également, l’ambiguïté persiste dans le fait que le
style “moderne”, pourtant inspiré d’un vernaculaire local ou méditerranéen, est
généralement réservé aux programmes “européens”, alors que les formes
“indigènes” se cantonnent dans le schéma simpliste plaqué de signes néo-
mauresques (skifa, cour intérieure, chambre), inspiré des écrits que les géographes
de l’Ecole d’Alger ont consacré à cet habitat, au début du siècle. C’est seulement
dans les années 1950, avec les architectes du Groupe Team X (des CIAM Maroc et
Algérie) que se renversent les valeurs associées à cette vision, pour faire de
l’habitat vernaculaire et même précaire (bidonvilles) des sources d’inspiration de la
fonctionnalité du logement moderne.

Pour poursuivre ce TD dans la perspective des précédents, chaque étudiant(e)


devra identifier, dans la ville qu’il/elle a déjà étudié, les opérations d’habitat (au
moins deux) réalisées entre 1930 et 1962, destinées soit à la population
européenne, soit à la population indigène, pour en faire d’abord un état (descriptif
avec les documents disponibles, plans, vues, photos, cellules, quantités, etc…);
établir des comparatifs, aussi bien de contenu (différences de programmes/ plans
de cellules, espaces publics, etc.), que de styles (formes et décors, matériaux,
ouvertures, etc.), tout en se situant par rapport à un contexte qui évolue de l’entre-
guerres (années 1930) à l’après-guerre mondiale. Pour cela, on s’appuiera sur les
deux textes que je vous propose à la lecture, qui résument ces deux périodes.

La justification coloniale de ces différences est véhiculée, par exemple, par Marcel
Lathuillière, concepteur de la “Cité indigène” du Clos Salembier (1936) et
architecte-conseil des Services du Gouvernement, dans un article intitulé : « un
grand problème du moment: l’habitat indigène » (Algeria, 1939 - ci-joint).
Architecte de grand talent, lié à la nouvelle génération du Mouvement moderne,
Lathuillière fait preuve d’une ingénuité certaine en reprenant les poncifs de
l’époque (nomadisme et atavisme indigènes, notamment), mais en décrivant
clairement les politiques du moment orientées vers une politique rurale, destinée à
limiter l’exode vers les villes, pour limiter la prolifération des bidonvilles urbains.

Les années 1950 sonnent le tournant de cette politique de l’autruche, pour mettre
en avant les programmes de l’“urgence” et les cités de “recasement”, comme
celles que réalisent les architectes Simounet et Daure et Béri au Climat de France,
face aux programmes plus pérennes de Fernand Pouillon et du Maire Chevallier.
Certaines de ces réalisations sont décrite par Vincent et Soraya du Chazaud, dans
l’article assez synthétique « Djenan-el-Hassan, Climat de France, Aéro-habitat,
trois architectures de logements sociaux à Alger dans les années 50 » (ci-joint
aussi). Ces trois cités sont toutes à caractère social, même si, évidemment, l’Aéro-
habitat est une commande d’une coopérative de travailleurs, alors que le Climat de
France est financé par la Mairie, à la différence de Djenan-el-Hassan qui n’est
destiné qu'à la résorption de bidonvilles (et qui sera finalement détruit vers 2003).

La lecture des deux articles est fortement recommandée, et dans la fiche de


lecture finale qui est demandée, on notera particulièrement le basculement des
politiques qui s’opère entre les deux écrits et entre les politiques des années 1930
et celles des années 1950.

Les formats de rendus et dates sont à arrêter avec vos enseignant respectifs.

Bon courage

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