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décembre 2013

LE POINT DES CONNAISSANCES SUR... ED 5001


La Communauté européenne
a adopté deux directives
relatives aux atmosphères
explosibles (dites directives
ATEX). Ces deux textes
renforcent la protection contre
les explosions en rendant
obligatoires différentes mesures
techniques et organisationnelles.
Rappelons que les explosions
accidentelles peuvent avoir
pour origine des substances
inflammables sous forme de gaz,
de vapeurs, de brouillards
ou de poussières.
Une connaissance accrue de leur
déclenchement doit permettre
d’éviter que des accidents
occasionnels ne se transforment
en drame humain.
© Groupama – Daniel Laurent

Un exemple d’une explosion


dramatique, celui du silo de Blaye :
le 20 août 1997, sur les bords
de la Gironde, une explosion
détruisait un silo à céréales,
tuant onze personnes.

Explosion et lieu de travail


Qu’est-ce qu’une explosion ?  des poussières combustibles (farine de blé, La principale manifestation d’une explosion
sucre, bois, aluminium…) ; est l’augmentation brutale de pression qui
Les explosions peuvent être soit d’origine phy-  des composés particulièrement instables provoque un effet de souffle et une onde de
sique (par exemple, éclatement d’un récipient (hydrures, peroxydes organiques…). pression. La vitesse maximale de montée en
dont la pression intérieure est devenue trop pression est une des caractéristiques impor-
grande), soit d’origine chimique, ces dernières tantes de la violence des explosions.
résultant d’une réaction chimique. L’explosion
Une explosion d’origine chimique est une en milieu industriel, La surpression brutale a des effets dévasta-
réaction rapide de combustion ou de décom- un sujet préoccupant aux teurs sur les constructions, mais aussi sur
position entraînant une élévation de tempé- conséquences souvent l’homme :
rature et/ou de pression. dramatiques  à partir de 0,1 bar, bris de vitre et domma-
De nombreuses substances sont susceptibles, ges aux structures ;
dans certaines conditions, de provoquer ce Il se produit, en France, environ une explosion  à partir de 0,3 bar, rupture du tympan ;
type d’explosion. Pour la plupart, ce sont : par jour et il est souvent question de sinistres  à partir de 1 bar, lésions graves aux oreilles
 des gaz (hydrogène, propane, acétylène…) ; graves qui font des victimes et causent d’im- et aux poumons,
 des vapeurs (éthanol, acétone, essence…) ; portants dégâts matériels.  au-delà de 2 bars, risque de mort directe.
En cas de rupture non contrôlée du confine- – utilisation, si possible, de produits incom-
ment, une zone de flammes peut envahir un bustibles ou moins combustibles,
volume dix fois supérieur à celui de l’espace – augmentation de la granulométrie des
confiné appelé « espace d’atmosphère explo- poussières voire passage en granulés ou
sive initiale ». compactage,
– maintien des concentrations dans l’atmo-
Comment prévenir l’explosion sphère inférieures aux limites inférieures
d’explosivité,
et protéger les hommes ? – captage des émissions (vapeurs, gaz, pous-
La prévention du risque d’explosion vise sières) au plus près de la source,
d’abord à éviter la formation du phénomène – diminution de la teneur en oxygène (com-

© INERIS
et, s’il se produit, à en limiter les effets. burant) de l’air, au moyen de gaz inerte ;

Un évent (orifice obturé par lequel peuvent s’échap-


Supprimer les causes de déclenchement  aux sources d’inflammation :
per les produits de l’explosion) oriente et limite les
d’une explosion, c’est éviter la formation – interdiction des flammes et feux nus, effets d’une explosion lorsque les mesures de pré-
d’une atmosphère explosive et éviter son in- – encadrement des travaux par points vention ont échoué.
flammation. Cela correspond à prendre en chauds (démarche de permis de feu),
compte des mesures relatives : – interdiction de fumer,
– limitation de la température des surfaces
 aux produits : chaudes, – adéquation du matériel électrique et non
– tests préliminaires pour déterminer les ca- – suppression des sources d’étincelles d’ori- électrique à la zone à risque d’explosion ou
ractéristiques d’explosivité du combustible et gines mécanique, électrique et électrosta- sortie du matériel de la zone,
tout particulièrement pour les poussières, tique, – mise en place de matériels et d’installations

Hexagone : les six conditions à remplir Source


pour une explosion d'inflammation
Six conditions doivent être réunies simultanément pour qu’une explosion Produits
survienne : en suspension Domaine
– la présence d’un comburant (en général l’oxygène de l’air) ; (gaz, aérosols, d'explosivité
– la présence d’un combustible ;
poussières)
– la présence d’une source d’inflammation ;
– un combustible sous forme gazeuse, d’aérosol ou de poussières en Explosion
suspension ;
– l’obtention d’un domaine d’explosivité (domaine de concentrations Produits Oxygène
du combustible dans l’air comprises entre la LIE* et la LSE** à l’intérieur combustibles
duquel les explosions sont possibles) ;
– un confinement suffisant (en l’absence de confinement, on obtient
un phénomène de combustion rapide sans effet notable de pression,
type boule de feu).
Confinement
*LIE : Limite inférieure d’explosivité. **LSE : Limite supérieure d’explosivité.

Les statistiques de la CNAMTS


Ci-dessous sont présentées les statistiques de la direction des risques professionnels de la Caisse nationale de l’assurance maladie
des travailleurs salariés (CNAMTS) pour la période 2008-2011. Ces chiffres montrent que si les explosions représentent un faible nombre d’acci-
dents du travail, leur gravité est souvent supérieure à celle d’autres accidents du travail, pouvant aller jusqu’au décès de la personne accidentée.

Accidents graves Nombre de jours


Accidents (impliquant une incapacité d’incapacité
Année avec arrêt permanente) Décès temporaire

Nombre 2008 190 25 4 14 511


d’événements 2009 161 20 2 15 120
liés à une explosion 2010 120 35 3 25 032
2011 148 22 6 12 579
% par rapport 2008 0,03 0,06 0,70 0,04
à l’ensemble 2009 0,02 0,05 0,37 0,04
des accidents 2010 0,02 0,08 0,57 0,07
du travail
2011 0,02 0,05 1,10 0,03

2 Point des connaissances ED 5001


électriques conformes aux normes d’installa- Limiter les effets en protégeant les en-
tion (pour la basse tension, la NF C 15-100) ; ceintes et leur environnement contre les
effets d’explosions internes qui n’ont pu être
 à l’organisation du travail : prévenues, par différents moyens :
– sensibilisation de l’ensemble du per-  les évents d’explosion ;
sonnel au risque d’explosion,
 les éléments de découplage technique
– signalisation des emplacements où des
(arrête-flamme, écluses rotatives, vannes à
atmosphères explosives peuvent se former
(pictogramme ci-dessous), fermeture rapide…) ;
– établissement de procédures d’interven-  les extincteurs déclenchés ;
tion,  l’éloignement qu’il est souhaitable de mettre
– information et sensibilisation des interve- en place entre une installation dangereuse et
nants d’entreprises extérieures. les autres constructions. Explosion à l’air libre d’un nuage de poussières.

La réglementation et les textes de référence

ÉTABLISSEMENTS L’arrêté du 28 juillet 2003 fixe – 2230, Réception, stockage, traitement,


RELEVANT DU les conditions d’installation des matériels transformation etc. du lait ;
CODE DU TRAVAIL électriques dans les emplacements – 2250, Production par distillation
L’Union européenne a adopté deux où des atmosphères explosives peuvent d’alcools de bouche d’origine agricole ;
directives relatives aux atmosphères se présenter. – 2260, Broyage, concassage, criblage,
explosives (dites directives ATEX) dont déchiquetage, ensachage, pulvérisation,
LES PRINCIPALES OBLIGATIONS trituration, granulation, nettoyage,
l’entrée en vigueur a eu lieu au 1er juillet DE L’EMPLOYEUR
2003. tamisage, blutage, mélange, épluchage
Les principales obligations et décortication des substances végétales
Directive 94/9/CE du 23/03/94 de l’employeur qui résultent et de tous produits organiques naturels ;
de cette réglementation sont : – 2410, Travail du bois et matériaux
Elle concerne les appareils et systèmes – l’évaluation du risque d’explosion ; analogues.
de protection destinés à être utilisés – la délimitation des zones à risque
en atmosphères explosives. Cette (zonage ATEX) ; RECOMMANDATIONS
directive a été transposée en droit – l’adéquation du matériel électrique DE LA CNAMTS
français par le décret n° 96-1010 et non électrique à la zone à risque ; Des recommandations de la CNAMTS,
du 19/11/1996 modifié. – la prévention du phénomène « règles de l’art » définissant
par la mise en place de mesures tant et regroupant les bonnes pratiques
Directive 1999/92/CE du 16/12/99
techniques qu’organisationnelles ; de prévention des risques liés à un secteur
Elle concerne les prescriptions – l’établissement du document relatif
d’activités donné prennent en compte
minimales visant à améliorer à la protection contre les explosions
le risque d’explosion et donnent
la protection en matière de sécurité (DRPCE) regroupant l’ensemble
des éléments pour sa prévention.
et de santé des travailleurs susceptibles de ces informations, et annexé
En voici une liste non exhaustive :
d’être exposés aux risques associés au document unique.
– R 234, Manutention pneumatique
aux atmosphères explosives. Cette directive
INSTALLATIONS CLASSÉES de poussières inflammables ;
a été transposée en droit français
POUR LA PROTECTION – R 466, Prévention des risques liés
par les décrets n° 2002-1553 et 2002-1554
DE L’ENVIRONNEMENT (ICPE) aux batteries de traction et de servitude
du 24/12/02 modifiés et codifiée
au plomb/acide ;
aux articles R. 4216-31 et R. 4227-42 Lorsqu’un établissement est soumis
à la législation des installations classées – R 468, Recommandations
à R. 4227-54 du code du travail.
pour la protection de l’environnement, pour l’utilisation, l’aménagement
Arrêtés des 8 et 28 juillet 2003 il doit être conforme aux dispositions et la rénovation de fosses de visite
du titre premier du livre V du code pour véhicules et engins.
Les deux arrêtés du 8 juillet 2003
complètent les articles du code du travail de l’environnement. Certaines rubriques
NORMES
de la nomenclature ICPE (classant
et traitent notamment : De nombreuses normes européennes
les installations par substances et
– de la définition des emplacements par activités) contiennent des mesures ont été harmonisées au titre
où des atmosphères explosives peuvent de prévention des explosions, de la directive 94/9/CE. Parmi celles-ci,
se former ; notamment les rubriques : on peut retenir en particulier les normes
– des prescriptions visant à améliorer – 14xx, Substances inflammables ; suivantes :
la santé et la sécurité des travailleurs ; – 2160, Silos et installations de stockage – NF EN 1127-1, Atmosphères explosives.
– du panneau de signalisation de céréales, grains, produits alimentaires Prévention de l’explosion et protection
des emplacements dangereux. ou tout produit organique dégageant contre l’explosion. Partie 1 : Notions
des poussières inflammables ; fondamentales et méthodologie. Octobre
– 2225, Sucreries, raffineries de sucre, 2011 ;
– Série des NF EN 60079, Atmosphères
EX
Panneau servant à indiquer malteries ;
un emplacement où une – 2226, Amidonneries, féculeries, explosives. Parties 0 à 31 : Matériel,
atmosphère explosive peut
se présenter dextrineries ; exigences et modes de protection.

ED 5001 Point des connaissances 3


Les différentes zones atex
Parmi les responsabilités de l’employeur consistant en un mélange avec l’air de combustibles est présente dans l’air en
figure l’obligation d’établir un zonage substances inflammables sous forme de permanence, pendant de longues périodes
ATEX de tout bâtiment, local, poste de gaz, de vapeur ou de brouillard est suscep-
ou fréquemment.
travail où une atmosphère explosive est tible de se présenter occasionnellement
susceptible de se former. en fonctionnement normal. Zone 21
Voici la définition des différentes zones
Zone 2 Emplacement où une atmosphère explosive
telle qu’elle figure dans la réglementation.
Emplacement où une atmosphère explo- sous forme de nuage de poussières combus-
sive consistant en un mélange avec l’air tibles est susceptible de se présenter occa-
Pour les gaz et vapeurs
de substances inflammables sous forme
sionnellement en fonctionnement normal.
Zone 0 de gaz, de vapeur ou de brouillard n’est
Emplacement où une atmosphère explo- pas susceptible de se présenter en fonc- Zone 22
sive consistant en un mélange avec l’air tionnement normal, ou, si elle se présente
Emplacement où une atmosphère explo-
de substances inflammables sous forme néanmoins, elle n’est que de courte durée.
de gaz, de vapeur ou de brouillard est pré- sive sous forme de nuage de poussières
sente en permanence, pendant de lon- Pour les poussières combustibles n’est pas susceptible de se
gues périodes ou fréquemment. présenter en fonctionnement normal, ou, si
Zone 20
Zone 1 Emplacement où une atmosphère explo- elle se présente néanmoins, elle n’est que de
Emplacement où une atmosphère explosive sive sous forme de nuage de poussières courte durée.

ATEX présente… Zone gaz/vapeurs Zone poussières


En permanence en fonctionnement normal 0 20
Occasionnellement en fonctionnement normal 1 21
En cas de dysfonctionnement 2 22

Remarque : Les couches, dépôts et tas de poussières combustibles doivent être traités comme toute autre source susceptible
de former une atmosphère explosive, notamment lors de leur mise en suspension.

Les publications INRS L’adéquation du matériel à la zone


La réglementation définit, en plus des différents types de zone, la catégorie
Toutes les références sont accessibles sur www.inrs.fr,
du matériel (électrique et non électrique) devant être utilisé en zone à risque
sauf les articles en référence ND qui sont téléchargeables
d’explosion et le marquage réglementaire associé.
sur www.hst.fr.
 Les mélanges explosifs. 1. Gaz et vapeurs, ED 911. Zone Catégorie du matériel Exemple de marquage
 Les mélanges explosifs. 2. Poussières combustibles, réglementaire
ED 944.
0 Catégorie 1 CE II 1 G
 Mise en œuvre de la réglementation relative
aux atmosphères explosives. Guide méthodologique, 20 Catégorie 1 CE II 1 D
ED 945.
1 Catégorie 2 (ou 1) CE II 2 G (ou 1 G)
 Incendie et explosion dans l’industrie du bois,
ED 6021. 21 Catégorie 2 (ou 1) CE II 2 D (ou 1 D)
 Évaluation de la vitesse d’évaporation 2 Catégorie 3 (ou 2 ou 1) CE II 3 G (ou 2 G ou 1 G)
et de la concentration d’un composé organique volatil
dans l’atmosphère d’un local de travail, ED 6058. 22 Catégorie 3 (ou 2 ou 1) CE II 3 D (ou 2 D ou 1 D)
 Incendies et explosions lors du travail des alliages
G pour Gaz, D pour Dust (poussières).
d’aluminium et des alliages de métaux facilement
oxydables, ND 1785.
 Base de données CARATEX : informations sur
l’inflammabilité et l’explosivité des substances
(gaz, vapeurs et poussières).
Voir aussi les pages éditoriales concernant le thème
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6
« Incendie/Explosion » sur www.inrs.fr 8dciVXihZ"bV^a/[adg^Vc#bVgX5^cgh#[g
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Point des connaissances ED 5001 3e‚Y^i^dc™Y‚XZbWgZ'%&(™*%%%Zm#™G‚Va^hVi^dc/6iZa^Zg;g‚Y‚g^X8VjhhZ

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