JEUDI 1ER AVRIL 2021

SÉRIE LIMITÉE Etats-Unis Joe Biden veut taxer les entreprises

SPÉCIAL MODE HOMMES
pour financer les infrastructures // P. 8

Renault cherche
L’ultime à accélérer
son plan de départ
épreuve AUTOMOBILE Le constructeur
tricolore a proposé à ses organisa-
tions syndicales un avenant à
l’accord signé fin novembre, afin
de rendre son plan de rupture
conventionnelle collective (RCC)
l Emmanuel Macron demande plus attractif. Seuls 300 départs
volontaires ont été validés à ce
un « effort supplémentaire » jour, alors que le plan était ouvert à
aux Français pour enrayer 1.900 personnes. Renault a donc
amélioré les conditions finan-
la propagation du virus. cières et élargi les critères d’éligi-
bilté. Le groupe, qui avait annoncé
l Fermeture des écoles la semaine en mai 2020 son intention de sup-

prochaine et vacances anticipées. primer 4.600 postes dans l’Hexa-

gone, compte aussi sur les départs
l Les restrictions de déplacement naturels et en retraite pour éviter
les licenciements. La tension
étendues à tous les départements sociale actuelle est également ali-

mais sans mentée par plusieurs autres dos-

siers chauds. // PAGE 18
confinement L’usine Renault de
strict. Flins, dans les Yvelines.

l Nouveau
Photo Martin Bureau/AFP

coup dur pour

le commerce. Veolia-Suez : Le Point de vue de
Gérard Mestrallet
l La vaccina- l’heure de
tion accélérée conclure la paix
La seule issue de la bataille en
cours entre Veolia et Suez est
pour les plus de parvenir à un accord, écrit

de 60 ans
a sonné Gérard Mestrallet, ancien pré-
sident d’Engie et de Suez, dans

et les une tribune aux « Echos ». Les

enjeux économiques, sociaux
enseignants. et environnementaux portés
par ces deux groupes l’exigent.
// PAGES 2-3 On n’a pas le droit, selon lui, de
ET L’ÉDITORIAL gâcher une opération aussi im-
D’ÉTIENNE LEFEBVRE P 14 portante pour l’économie fran-
çaise et européenne. // PAGE 11

Immobilier : les prix

toujours en hausse
Ludovic Marin/AFP

sauf à Paris

Birmanie : les Capgemini vise Covid : la facture

grands groupes
français sous
pression après
le coup d’Etat
ENTREPRISES La pression des
RETROUVEZ ONG sur les entreprises françaises
SYNERGIE Page 19 implantées en Birmanie est de plus
en plus forte. Dans le secteur de
l’énergie, EDF a suspendu son pro-
jet de barrage après la répression
qui a suivi le coup d’Etat du
1er février. Voltalia, un petit spécia-
liste des énergies renouvelables, a
annoncé qu’il se retirait du pays.
Mais Total, qui exploite le gaz bir-
man, refuse pour l’instant de sus-
pendre ses versements de royalties
ISSN0153.4831 113e ANNÉE
NUMÉRO 23423 32 PAGES à l’Etat. Les ONG l’accusent de
Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,60 €. financer la junte. De son côté, Accor
Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80. n’entend pas quitter un pays où il
Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg opère depuis fin 2014, et y déve-
3,80 €. Maroc 35 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie
5,50 TND. Zone CFA 3100 CFA. loppe son réseau à grands pas
– 6 projets en cours. // PAGE 20
des profits
record dans
l’économie
post-Covid
INFORMATIQUE Le groupe fran-
çais de services informatiques s’est
fixé pour objectif d’enregistrer un
taux de profit opérationnel de 14 %
à l'horizon 2025. Déjà rodé à amé-
liorer sa rentabilité ces dernières
années, il compte sur l’engouement
des entreprises pour les technolo-
gies du cloud et de l’analyse de don-
nées qui ont prouvé leur utilité pen-
dant la crise. Alors que ses clients
ont tendance à réduire le nombre
de fournisseurs qu’ils sollicitent,
Capgemini se dit bien positionné
pour rester parmi leurs « parte-
naires stratégiques ». Le télétravail
devrait lui permettre d’optimiser le
déploiement de ses ingénieurs chez
les clients. // PAGE 22
enfle pour le
Lloyd’s, poids
lourd mondial
de l’assurance
RECORD Le Lloyd’s de Londres, le
plus grand et le plus ancien marché
de l’assurance et de la réassurance,
a revu à la hausse, mercredi, le coût
de la pandémie. La vénérable insti-
tution de la City s’attend désormais
à devoir verser en brut 6,2 milliards
de livres d’indemnités à ses clients
au titre de l’an dernier, là où elle pré-
voyait en septembre de devoir IMMOBILIER Alors que les prix contradiction spectaculaire est
débourser 5 milliards. C’est plus des logements anciens dans la temporaire ou durable – et pour
que les 4,7 milliards de dollars des capitale diminuent depuis huit le moment, les avis divergent. En
attentats du 11 -Septembre ou que mois, ceux de l’Ile-de-France attendant, il est possible de faire
les 4,8 milliards de dollars des oura- poursuivent leur hausse, de bonnes affaires dans certains
gans de 2017. « Ce qui explique ces aiguillonnés par les confine- quartiers parisiens, où les prix au
surcoûts, c’est que la pandémie a ments qui attisent les envies mètre carré se tassent et où la
duré », a expliqué aux « Echos » le d’espace et de verdure. Désor- demande se fait plus rare. A
président du Lloyd’s, Bruce Carne- mais, tous les experts du marché commencer par les 13 e , 6 e et
gie-Brown. // PAGE 26 immobilier se demandent si cette 19e arrondissements… // PAGE 16
FRANCE
Covid : Emmanuel Macron impose un no
de vis, mais sans confinement strict
l Face à une « nouvelle donne », les mesures restrictives concernant jusque-là 19 départements vont être étendues à l’ensem
l Les élèves basculeront en distanciel la semaine prochaine et deux semaines de vacances suivront pour tous.
l Se refusant à un confinement strict, Emmanuel Macron a dit faire le choix « de la confiance, de la responsabilité et de la
COVID-19
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
Le 1er mars, lors d’un déplacement
en Ile-de-France consacré à l’égalité
des chances , Emmanuel Macron
avait demandé aux Français de tenir
encore « quatre à six semaines » pour
commencer à voir le bout du tunnel
et la fin des restrictions liées à la
crise sanitaire. Il leur faudra patien-
ter quelques semaines de plus.
Lors d’une allocution télévisée
– la septième depuis le début de la
crise il y a un peu plus d’un an –, le
chef de l’Etat a annoncé mercredi
soir de nouvelles restrictions pour
tenter d’endiguer la troisième
vague de l’épidémie. Une « nouvelle
donne » a-t-il dit, alors que le Covid
a fait près de 100.000 morts en
France et le pic des réanimations
de la deuxième vague a été
dépassé. « Nous allons tenir, encore.
Si nous restons unis et solidaires, si
nous savons nous organiser au
cours des prochaines semaines,
alors nous verrons le bout du tun-
nel », a-t-il promis.
Il ne s’agit pas d’un confinement
au sens strict, véritable repoussoir
pour Emmanuel Macron, qui fait
tout pour ne pas répéter le scéna-
rio du printemps 2020. Mais les
« mesures de freinage » annoncées
il y a deux semaines et qui concer-
nent aujourd’hui 19 départements
– principalement en Ile-de-France
et dans les Hauts-de-France – vont
être étendues pour quatre semai-
nes à l’ensemble du territoire
métropolitain, à partir de samedi
soir. Les commerces non essen-
tiels seront fermés, le recours au
« Nous avons tenu,
nous avons appris
et nous nous
sommes à chaque
fois améliorés. »
EMMANUEL MACRON
Ecoles, déplacements, vacances, commerces : les nouvelles règles
Les mesures de freinage
renforcé déjà mises en
place dans 19 départements
sont étendues à l’ensemble
du territoire métropolitain
pour quatre semaines.
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
Emmanuel Macron a annoncé
mercredi soir l’extension à l’ensem-
ble du territoire métropolitain pour
quatre semaines – dès samedi soir –
des restrictions déjà mises en place
dans 19 départements, mais aussi la
fermeture – pour trois semaines –
des crèches, écoles, collèges et
lycées avec, pour tous les enfants,
une semaine de distanciel et deux
semaines de vacances.
•COLLÈGES,
CRÈCHES, ÉCOLES,
LYCÉES
Sur l’ensemble du territoire métro-
politain, les crèches, écoles mater-
nelles et élémentaires, les collèges
et les lycées seront fermés à comp-
télétravail systématisé et les
déplacements entre régions inter-
dits partout. Les Français pour-
ront continuer à sortir pour de
courts déplacements mais les
vacances de Pâques se déroule-
ront à la maison.
Pendant le week-end de Pâques,
qui débute vendredi, ceux qui vou-
dront aller s’isoler pourront aller le
faire. « Nous faisons le choix de la
confiance, de la responsabilité et, si je
puis dire, de la respiration », a-t-il
précisé. Les attestations pour les
déplacements du quotidien ne
seront pas nécessaires. Sur le plan
économique, les dispositifs en
cours en faveur des entreprises et
salariés sont maintenus.
Les écoles ne seront pas fermées
longtemps, un marqueur fort de la
gestion de la crise en France, mais
les élèves vont voir leur emploi du
temps bouleversé et ils n’iront plus
en cours les trois prochaines semai-
ter du mardi 4 avril – lendemain du
lundi de Pâques – pour trois semai-
nes. Mais les quatre jours de la
semaine prochaine doivent être
consacrés à l’enseignement à dis-
tance, avant deux semaines de
vacances pour tous les élèves. Les
trois zones se retrouvent donc uni-
fiées pour ces vacances de prin-
temps. Les élèves des écoles mater-
nelles et élémentaires doivent
ensuite retrouver le chemin de la
classe le 26 avril.
« L’éducation de nos enfants n’est
pas négociable », a martelé le chef de
l’Etat. Ceux des collèges et lycées
reprendront le 26 avril à distance
puis, physiquement, à partir du
3 mai, éventuellement en demi-jau-
ges. Comme lors du premier confi-
nement, les enfants des « premières
lignes » élargies – soignants, forces
de l’ordre – seront accueillis dans
quelques écoles, ainsi que les
enfants handicapés. « Freiner le
virus, tout en préservant l’éducation
de nos enfants », a insisté le chef de
l’Etat.
nes. « L’éducation de nos enfants n’est
pas négociable, l’école n’est pas négo-
ciable », a-t-il martelé. La semaine
prochaine, l’enseignement se fera
uniquement en distanciel. Puis sui-
vront deux semaines de vacances –
les mêmes pour toutes les zones – et
un retour le 26 avril pour les élèves
de maternelle et de primaire et le
3 mai pour les collégiens et lycéens.
Malgré les appels à la fermeture lon-
gue des écoles, Emmanuel Macron
fait, sur ce front-là, le choix d’une
troisième voie.
Pression forte
des médecins
Provenant des médecins et scienti-
fiques, la pression était de plus en
plus forte pour procéder à un confi-
nement strict, alors que la situation
dans les hôpitaux est de plus ten-
due. « Les réanimations sont pleines,
les chiffres ne sont pas bons et les pré-
visions sont catastrophiques », avait
• UNIVERSITÉS
Les étudiants et leur santé, c’est un
grand point d’inquiétude de l’exécu-
tif. Les règles restent inchangées
pour elles : elles vont pouvoir gar-
der, pour les étudiants volontaires,
une journée par semaine en présen-
tiel.
•FEUDÉPLACEMENTS, COUVRE-
ET ATTESTATIONS
Partout en France métropolitaine,
seules les sorties limitées à 10 kilo-
mètres autour de chez soi sont
autorisées sans limite de durée,
entre les bornes du couvre-feu, soit
de 6 heures à 19 heures. En cas de
contrôle, il n’est pas demandé
d’attestation mais un justificatif de
domicile. En revanche, une attesta-
tion sera nécessaire pour les dépla-
cements de plus de 10 kilomètres –
courses de première nécessité (30
kilomètres), rendez-vous médi-
cal etc. – ainsi que pour tous ceux
qui ont lieu pendant le couvre-feu
(motifs impérieux, travail, consul-
tation médicale…).
alerté mercredi sur Europe 1 Gilbert
Deray, professeur de médecine et
chef du service néphrologie à la
Pitié-Salpêtrière à Paris, qualifiant
la situation de « très grave ». En
réponse, Emmanuel Macron a
annoncé des moyens renforcés
pour les hôpitaux pour porter la
capacité des lits de réanimation à
plus de 10.000 lits.
Du côté des oppositions politi-
ques, les critiques se faisaient de
plus en plus dures au fil des jours
contre un président accusé de tout
décider seul et de faire des paris ris-
qués. La lenteur de la campagne de
vaccination et l’absence de « mea
culpa » – revendiqué – du chef de
l’Etat pour n’avoir pas confiné fin
janvier sont pointés. Emmanuel
Macron est un « roi thaumaturge »
pour le socialiste Olivier Faure,
n’ayant « aucune vision » pour
Marine le Pen et qui se « comporte de
manière totalement irresponsable »,
Les déplacements interrégio-
naux seront désormais interdits
pour tous, sauf motifs impérieux
pour les quatre semaines qui vien-
nent. Le chef de l’Etat a toutefois
indiqué qu’il y aurait une tolérance
ce week-end et jusqu’à lundi, afin de
permettre à ceux qui le veulent de
changer de région « pour s’isoler ».
Le télétravail sera
« systématisé », a dit
Emmanuel Macron.
Confiance, certes, mais les contrô-
les devraient être renforcés et les
rassemblements interdits – comme
la fête sauvage organisée sur les
quais de Saône à Lyon mardi soir –
seront particulièrement ciblés et
sanctionnés. « Les efforts de tous »
ne doivent pas être « ruinés » par
« l’irresponsabilité de quelques-
uns », a souligné Emmanuel
Macron qui a par ailleurs appelé à
limiter au maximum les contacts,
selon Jean-Luc Mélenchon. Mer-
credi soir, il a une nouvelle fois
assumé ses choix passés même s’il a
admis des erreurs. « Croire en la res-
ponsabilité des Français, ce n’est
jamais un pari », a-t-il dit.
Appel au civisme
Emmanuel Macron a fait un appel
au « civisme de chacun » plutôt
qu’au « confinement pour tous » en
demandant un « effort supplémen-
taire » aux Français en les appe-
lant à se « mobiliser ». Il espère pas-
ser ce cap grâce à l’extension
géographique des mesures res-
trictives, au renforcement des
moyens des hôpitaux et la montée
en puissance de la campagne de
vaccination. 8,3 millions de pre-
mière dose ont été injectées et
2,8 millions de personnes ont reçu
deux doses. Emmanuel Macron a
maintenu son objectif de vacciner
tous les adultes qui le souhaitent
et donc à éviter les réunions privées.
• COMMERCES
Sur l’ensemble du territoire métro-
politain, ce sont désormais tous les
commerces et les rayons de grande
surface qui ne rentrent pas dans la
liste de ceux « vendant des biens et
services de première nécessité » qui
vont devoir fermer leur porte dès ce
vendredi 19 heures. Une liste qui a
toutefois évolué depuis le confine-
ment de novembre puisque les
libraires, les disquaires, les coif-
feurs et les chocolatiers en font
désormais partie. Tous les centres
commerciaux de plus de 10.000
mètres carrés sont fermés partout.
Les cafés, restaurants et lieux cultu-
rels qui ont rideau baissé depuis le
confinement de l’automne demeu-
rent eux aussi fermés.
Mais le chef de l’Etat, avec l’accé-
lération prévue de la vaccination, a
tenté de donner un horizon pour
une réouverture de certains lieux
de culture et des terrasses. A partir
de la mi-mai, Emmanuel Macron a
Jeudi 1er avril 2021 Les Echos
Lors d’un
de nouve
d’ici la fin de l’été. Une nouvelle
fois, une « accélération » de la cam-
pagne de vaccination a été annon-
cée avec la mobilisation de
250.000 professionnels : les plus
de 60 ans pourront y avoir accès à
partir de la mi-avril, les plus de
50 ans mi-mai et les moins de 50
ans à partir de juin.
L’exécutif compte notamment
sur l’arrivée d’un quatrième vaccin,
celui de Johnson & Johnson. Huit
millions de doses de ce vaccin
seront livrées d’ici à fin juin, dont
500.000 doses en avril. « Vacciner,
vacciner, vacciner », a martelé
Emmanuel Macron, le seul che-
min pour sortir véritablement de la
crise. Il a promis une réouverture
du pays à partir de la mi-mai, à
commencer par les établissements
culturels et les terrasses.
( Lire l’éditorial d’Etienne
Lefebvre Page 14
promis de construire une stratégie
de réouverture pour les restau-
rants, cafés, le sport… D’ici là, tous
les dispositifs d’aides déjà mis en
place sont maintenus, a-t-il promis.
• TÉLÉTRAVAIL
Le télétravail, « sans doute la mesure
la plus efficace », sera « systématisé »
a assuré le chef de l’Etat. La ferme-
ture des crèches et des écoles
devrait, de fait, entraîner une
hausse du taux de télétravail. Pour
les parents qui ne peuvent télétra-
vailler et vont devoir garder leurs
enfants de moins de 12 ans, le chô-
mage partiel pourra être activé.
• FRONTIÈRES
Depuis fin janvier, la France a fermé
ses frontières aux pays extérieurs à
l’UE, sauf motifs impérieux. Un test
PCR négatif est en outre demandé
pour toute entrée en France en pro-
venance d’un pays de l’Union euro-
péenne, avec des exceptions pour
les travailleurs frontaliers. Ces
règles demeurent inchangées. ■
 Les Echos Jeudi 1er avril 2021
uveau tour
ble du territoire.
respiration ».
ne allocution télévisée, le chef de l’Etat a annoncé mercredi soir
elles restrictions.
Freiner-vacciner : le
nouveau pari du président
Des efforts en avril, une libération grâce au vaccin
à partir de la mi-mai. Freiner et vacciner, « c’est la
tenaille » de Macron contre la vague épidémique.
LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE
Cécile
Cornudet
A
nouvelle stratégie,
nouveau « couple ».
Le maire-préfet a eu
de belles heures l’année
dernière, le duo freiner-
vacciner constitue désormais
le cœur de la 4e voie tentée par
Emmanuel Macron face au
Covid. « C’est la tenaille qui va
nous permettre de contenir
progressivement le virus »,
dit-il. Des doses sonnantes
et trébuchantes, voilà qui
manquait jusqu’alors et qui
change aujourd’hui la donne.
Après des mois d’une
épidémie imprévisible,
le chef de l’Etat pense
pouvoir s’appuyer sur du
suffisamment tangible pour
revenir devant les Français,
serrer la vis et montrer le
« bout du tunnel ». Les deux
articulés. L’étau sera
desserré et les lieux
rouverts, à partir de la mi-
mai, en fonction du nombre
de Français vaccinés. La
sortie sera donc lente mais
indexée sur du concret, de
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
sorte que les contraintes
devraient paraître moins
insupportables.
« L’acceptabilité » des
mesures, toujours. « Un an
de peines et d’épreuves », a-t-
il intégré. Quant au non-
confinement décidé le
29 janvier, il a libéré une
parole pro liberté qui n’est
pas près de s’éteindre. D’où
L’épidémie dévore toute la France
L’indicateur de tension
hospitalière a passé
le cap de 100 % à l’échelle
nationale. Les régions
les moins touchées remobi-
lisent leurs soignants.
Solveig Godeluck
@Solwii
Petit à petit, la carte de France vire à
l’écarlate. L’épidémie de Covid
dévore à nouveau le pays, après avoir
couvé pendant trois mois sur la dia-
gonale reliant Lille à Marseille en
passant par Paris et Lyon. Près de
37.000 nouvelles contaminations
sont détectées chaque jour et, chez
les jeunes de 10 à 29 ans, l’incidence
est au-delà de 500 cas pour 100.000
habitants. Résultat, l’indicateur de
tension hospitalière dans les servi-
ces de soins critiques vient de dépas-
ser 100 % à l’échelle nationale. Il a
explosé en Ile-de-France (133 %) et
dans les Hauts-de-France (149 %).
Avec plus de 5.000 patients Covid en
réanimation, le pic de novembre a
été dépassé. Mercredi, avant
qu’Emmanuel Macron ne prenne la
Le chef de l’Etat se résout à fermer les écoles
pour une durée qu’il espère limitée
Les élèves de maternelle et
d’élémentaire ne repren-
Martin Bureau/AFP
dront le chemin de leur
école qu’à partir du 26 avril.
Pour les collégiens et les
lycéens, il faudra attendre
le 3 mai.
Marie-Christine Corbier
@mccorbier
« Fermer les écoles, collèges et
lycées », mais « préserver l’éducation
et l’apprentissage » : c’est le nouvel
équilibre promis par Emmanuel
Macron. « L’éducation de nos
enfants n’est pas négociable, l’école
n’est pas négociable », a déclaré le
chef de l’Etat, mercredi soir.
Pour freiner l’épidémie qui
ce nouveau pari du 31 mars : galope, tous les élèves, quel que soit
encore un effort, c’est leur niveau et leur zone, seront en
bientôt fini ; en avril ne distanciel après le week-end de
bougez pas d’un fil, en mai Pâques, autrement dit à partir du
vous recommencerez mardi 6 avril et jusqu’à la fin de la
(doucement) à faire ce qui semaine. Tous seront ensuite en
vous plaît. La stratégie vacances pour deux semaines. Les
impose que cette fois élèves de primaire reprendront en
livraisons et fiabilité des présentiel le 26 avril. Ceux du
vaccins ne fassent pas
défaut. L’exécutif a l’air sûr
de lui. Tellement sûr que
Macron s’autorise un tour
de vis qui lui ressemble, plus
Des restrictions supplémentaires qui mettent
light que ce que
demandaient les médecins.
Le mot « confinement » n’est
les entreprises sous tension
pas prononcé, les La mise sous cloche des
déplacements sont établissements scolaires et
autorisés le week-end de des crèches annoncée par
Pâques, pour les écoles Emmanuel Macron fait
distanciel et vacances se peser le risque de désorga-
combinent pour qu’il puisse niser les entreprises, même
marteler : « l’éducation de si la période limitée décidée
nos enfants n’est pas réduit pour le moment
négociable ». Les universités les dégâts potentiels.
restent ouvertes. Les
mesures des zones rouges Renaud Honoré
sont étendues, mais les @r_honore
attestations ne font pas leur
retour. Ne pas se déjuger. « Le scénario du pire ». Quand il inter-
Pour compléter l’équation, les rogeait ses adhérents ces dernières
contrôles sont accrus, des semaines, Jean-Eudes du Mesnil, le
mains sont mobilisées pour secrétaire général de la CPME (la
augmenter les lits de confédération des petites et moyen-
réanimation et les Français nes entreprises), entendait revenir la
sont appelés à la même injonction, « tout faire pour
responsabilité. Le tout dessine éviter la fermeture des écoles ».
une 4e voie patchwork, qui L’annonce par Emmanuel Macron,
prend le sujet dans sa mercredi soir, d’une mise sous clo-
complexité : sanitaire, mental, che des crèches, écoles, collèges et
économique. « Nous avons tout lycées pour ralentir la pandémie
fait », dit-il. A la patience qu’il promet donc de mettre un peu plus
demande aux Français, il les entreprises sous tension, même
ajoute l’indulgence. Le si la période annoncée pour le
Royaume-Uni et Israël moment par l’exécutif (trois semai-
commencent à récolter les nes pour les écoles, quatre pour les
fruits de ce bon vieux couple collèges et lycées) doit permettre de
« freiner-vacciner ». limiter les dégâts, d’autant qu’elle
ccornudet@lesechos.fr enjambe deux semaines de vacan-
parole, le conseil d’administration
de la Fédération hospitalière de
France a demandé « à l’unanimité au
gouvernement de prendre sans délai
une mesure de confinement strict ».
La FHF rappelle que les confine-
ments précédents ont mis respecti-
vement 23 et 17 jours pour inverser la
tendance à l’hôpital. Ce qui signifie
que les deux prochaines semaines
vont être dures, quoi qu’il arrive.
Les hôpitaux publics
réclament un
confinement strict
et sans délai.
Les annonces de mars et d’octobre
sont également intervenues lorsqu’il
n’y avait « que » 700 puis 3.147 mala-
des du Covid en réanimation. Mais
de nombreuses mesures freinent
aujourd’hui l’épidémie : couvre-feu à
19 heures, masques, télétravail et,
dans 19 départements, fermeture
des commerces non-essentiels et
réduction de la mobilité. Alors que
l’ouest du pays avait bénéficié d’un
secondaire (collèges et lycées)
feront une nouvelle semaine de dis-
tanciel avant de retrouver des cours
en présentiel, à partir du 3 mai, « le
cas échéant avec des jauges adap-
tées ». « Les étudiants pourront con-
tinuer à se rendre à l’université pour
une journée de cours par semaine »,
comme c’est déjà le cas.
« La première des priorités »
Avec ces annonces, l’exécutif
« continue dans [la] voie » de la prio-
rité à l’école qu’il n’a eu de cesse de
marteler. Pour éviter, comme insis-
tait encore Jean-Michel Blanquer,
au Sénat, mercredi après-midi, que
les jeunes ne soient « les premières
victimes » de la crise. « Nous déci-
dons dans l’intérêt des enfants, bien
entendu l’école est la première des
priorités », a-t-il répété.
Avec des écoles, collèges et lycées
sans élèves en avril, l’exécutif espère
néanmoins mettre un coup d’arrêt à
une épidémie galopante, indiquait
mercredi matin le généticien Axel
Kahn, sur France Info, en faisant
référence à certains lycées. Il récla-
ces. Un simple regard dans le rétro-
viseur donne une idée des difficultés
possibles pour le monde économi-
que. Le premier confinement du
printemps 2020 – durant lequel les
écoles avaient été fermées – avait
entraîné une chute de l’activité de
30 %, alors qu’en novembre le
deuxième confinement n’avait
entraîné une dégradation supplé-
mentaire que de –5 %, avec les éta-
blissements scolaires ouverts.
Pas de scénario identique
« Le scénario d’avril 2020 ne peut de
toute façon se renouveler à l’identi-
que, puisqu’à l’époque les chantiers
de BTP et certaines chaînes de pro-
duction avaient été mis à l’arrêt total
ce qui n’est plus envisageable désor-
mais. Les entreprises ont aussi
appris depuis à fonctionner diffé-
remment. Et à l’époque c’était une
bonne partie de la planète qui était
confinée, ce qui pesait sur l’activité »,
souligne Eric Heyer, économiste à
l’Observatoire français des con-
jonctures économiques (OFCE).
« Ce ne sera pas le décrochage de l’an
dernier, mais il faut s’attendre à une
perte de productivité », renchérit-on
au Medef. Pour Eric Heyer, la chute
de l’activité liée à la fermeture des
répit en début d’année, les hôpitaux
doivent remobiliser les troupes.
« Jusqu’à la semaine dernière, nous
étions relativement préservés, quoi-
que sur un plateau élevé. Mais depuis
ce week-end, les patients Covid ont
rempli 40 % de nos lits de réanima-
tion, contre 20 à 30 % auparavant »,
témoigne Yann Bubien, directeur du
CHU de Bordeaux. Mardi, la cellule
de crise de l’établissement a enclen-
ché le deuxième palier de mobilisa-
tion, afin de passer de 100 à 130 lits,
en annulant moins de 10 % des soins.
Sur la corde raide
Les établissements de santé vont
être sur la corde raide pour la troi-
sième fois en un an. Selon l’épidé-
miologiste Mircea Sofonea, qui tra-
vaille dans l’équipe de modélisation
ETE, à l’université de Montpellier, la
mise en place dès le 1er avril d’un con-
finement d’une efficacité compara-
ble à celui de novembre permettrait
de limiter le nombre de patients en
soins critiques à 4.500 au 1er mai, au
lieu de 6.000 sans freinage. Mais le
pic ne serait atteint qu’à la mi-avril,
avec 5.500 cas graves.
mait « d’augmenter un peu les vacan-
ces, pendant un mois plein, pour faire
rebaisser la tension », regrettant que
cela n’ait pas été fait en février.
Sur le terrain, depuis la mise en
La période de quatre
semaines qui s’ouvre
mixera vacances
et enseignement
à distance.
œuvre des nouvelles règles sanitai-
res qui prévoient la fermeture d’une
classe dès qu’un élève est positif au
Covid, la situation est devenue très
compliquée, avec des fermetures de
classes en cascade. « Les écoles doi-
vent être fermées parce que c’est une
d é s o rg a n i s a t i o n t rè s g ra n d e
aujourd’hui », avait déclaré mer-
credi matin la maire de Paris, Anne
Hidalgo, en faisant état d’environ
20.000 élèves et 850 classes fer-
mées, tous niveaux confondus.
Dans les rangs de l’exécutif, on
s’inquiétait surtout de la situation
écoles « pouvait être évaluée à –6 %
au printemps dernier ».
Pour les entreprises, le risque est
de se retrouver face à un casse-tête
organisationnel à court terme. « La
fermeture des écoles, c’est un choc
d’offre de travail », souligne Eric
Heyer. En mai dernier, l’OFCE avait
calculé que 7 millions de ménages
comptaient un enfant de moins de
15 ans, dont 20 % étaient des ména-
ges monoparentaux. Sur ce total,
environ 1,5 million de personnes
environ se trouvaient dans une
situation où elles n’étaient pas con-
cernées par la fermeture adminis-
trative de leur entreprise, ou bien
susceptibles de télétravailler.
« Plus l’entreprise est petite, plus ça
pose de problèmes », souligne Jean-
Eudes du Mesnil. « Pour le salarié
qui peut être en télétravail, c’est très
compliqué de concilier la vie profes-
sionnelle avec la présence des
enfants. Pour les employeurs, entre le
télétravail et les salariés en chômage
partiel, cela désorganise profondé-
ment les entreprises. Au final, on
aboutit à une baisse inévitable de la
productivité », explique-t-il.
La durée limitée finalement rete-
nue par l’exécutif réduit le choc
potentiel. « Il faut espérer que cela
FRANCE // 03
A première vue, cela semble géra-
ble, bien moins que le record de
7.200 réanimations Covid en
avril 2020. « Mais on resterait avec
plus de 5.000 patients en soins criti-
ques pendant plus d’un mois, le pro-
blème va être d’accommoder pendant
des semaines le flux de ces patients »,
pointe Mircea Sofonea. Les hôpi-
taux risquent d’être d’autant plus
engorgés que les nouveaux profils
arrivés en réanimation sont plus jeu-
nes. Or les quinquagénaires et sexa-
génaires restent en moyenne deux
fois plus longtemps en soins criti-
ques que les plus de 70 ans, car ils
survivent mieux à cette épreuve.
« Le pic n’est pas impressionnant,
mais la vague est lente et va perdurer.
On n’aura pas la lune de miel du
déconfinement de mai 2020 », ajoute
l’épidémiologiste, en regrettant que
cette décrue trop lente conduise des
régions, comme l’Ile-de-France ou
les Hauts-de-France, à « sacrifier
d’autres pathologies ». Selon la FHF,
en 2020, les hôpitaux ont enregistré
une baisse de 13 % des séjours hors
Covid, soit 2,3 millions de soins déca-
lés ou non avenus. n
des enfants de soignants dont les
classes sont fermées, et qui ne peu-
vent pas être accueillis dans leur
école dès lors qu’ils sont cas con-
tacts d’un autre élève. Ce qui a des
répercussions directes sur la pré-
sence des soignants dans les hôpi-
taux. Ils seront accueillis, ainsi que
ceux de « quelques autres profes-
sions » et les enfants en situation de
handicap la semaine prochaine.
Dans les collèges et lycées, les
proviseurs évoquaient, mercredi,
une multiplication « par deux ou
trois » du nombre de classes fer-
mées. « Les fermetures de classes, les
absences de personnels, les rotations
permanentes d’élèves positifs ou cas
contacts qui rentrent et qui sortent
désorganisent complètement les éta-
blissements, expliquait Philippe
Vincent, à la tête du principal syndi-
cat de chefs d’établissement
(SNPDEN), sur France Info. Il ne fau-
drait pas camper sur un dogme éco-
les, collèges ou lycées ouverts alors
que les établissements sont tellement
désorganisés qu’ils ne fonctionnent
vraiment plus. » n
suffira à assainir la situation sani-
taire, et que ce ne sera pas prolongé »,
soupire un acteur économique.
Pour le moment, les entreprises
devraient s’appuyer sur le chômage
partiel pour traverser l’orage. Avant
les annonces de mercredi, en cas de
classe fermée, il était déjà possible
d’obtenir la mise en chômage par-
tiel si aucun des deux parents ne
pouvait télétravailler, et ce disposi-
tif sera prolongé. « Avec ce nouveau
tour de vis, il y aura malgré tout un
impact économique, cela justifie la
prorogation des aides aux entrepri-
ses », souligne-t-on au Medef. n
SUR
RETROUVEZ NICOLAS BARRÉ
L’ÉCLAIRAGE ÉCO À 7H15
DANS LE 7H-9H DE MATTHIEU BELLIARD
04 // FRANCE
Loi climat : passe d’armes politique sur
le futur indicateur environnemental
l Défendue par les députés de gauche et du centre-droit, l’intégration de critères sociaux dans la future étiquette
d’affichage des performances environnementales a été rejetée de très peu.
l Le gouvernement et la majorité essuient leur première escarmouche sur le projet de loi climat.
ENVIRONNEMENT
Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux
C’est le premier sujet de confronta-
tion à survenir lors de l’examen du
projet de loi climat qui a débuté
lundi à l’Assemblée nationale.
Députés de gauche et du centre-
droit ont longuement croisé le fer
mardi avec Barbara Pompili, la
ministre de la Transition écologi-
que, sur le contenu à donner à l’affi-
chage des performances environ-
nementales des produits dont le
texte prévoit la généralisation, tou-
tes filières confondues.
Et il s’en est fallu de peu – une
seule voix – pour que la majorité,
alors que les débats se tenaient en
séance de nuit, ne soit mise en
minorité sur cette question. Les
députés de l’ensemble de la gauche
ainsi que ceux de l’UDI, au centre-
droit de l’hémicycle, se sont en effet
retrouvés sur la même ligne de
défense pour soutenir un sous-
amendement visant à faire entrer
des critères sociaux, en plus des cri-
tères environnementaux, dans le
futur Eco-score.
La mémoire du Rana Plaza
Un moment fort du débat déclen-
ché par l’examen d’un amende-
ment porté par Nathalie Sarles,
députée LREM de la Loire. Celui-ci
visait à ce que ce futur affichage
environnemental obligatoire
puisse s’appliquer « en priorité pour
le secteur du textile d’habillement ».
Avant l’adoption sans coup férir de
cet amendement, les députés de
gauche et de l’UDI ont multiplié les
plaidoyers en faveur d’un sous-
amendement porté par Dominique
Potier, député PS de Meurthe-et-
Moselle, pour que cette priorité au
secteur textile s’applique égale-
ment « en matière d’affichage d’une
information relative au respect de
critères sociaux ».
Tous ont notamment mis en
avant la spécificité de l’industrie de
la mode, « une des plus polluantes et
des plus asservissantes dans le
monde », a rappelé Dominique
Potier, au lendemain de cette escar-
mouche. « Troisième secteur
consommat eur d’eau dans le
monde, l’industrie textile est le lieu
de violations généralisées des droits
humains », martèle encore l’élu. Les
défenseurs de ce sous-amende-
Lancement du plan de modernisation de la formation professionnelle
FORMATION
La haut-commissaire
aux compétences,
Carine Seiler, a pré-
senté la mise en œuvre
de ce plan doté de
300 millions d’euros.
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX
DANS « L’ÉDITO ECO »
À 7H45
DU LUNDI AU VENDREDI
Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, en pleine discussion sur le projet de loi climat, mardi à l’Assemblée. Photo Jacques Witt/Sipa
« Veut-on ou non
tenir une
trajectoire
carbone ? Plus on
ajoute des critères,
plus on prend
le risque que ça
n’arrive jamais. »
AURORE BERGÉ
Députée LREM des Yvelines
ment ont également appelé à tirer
les leçons du Rana Plaza, un bâti-
ment industriel de Dacca, au Ban-
gladesh, dont l’effondrement a
causé la mort de 1. 127 ouvriers du
textile en avril 2013.
« Personne ne remet en cause la
sincérité de l’engagement des parle-
mentaires qui sont ici, mais veut-on
ou non tenir une trajectoire car-
bone ? Plus on ajoute des critères,
plus on prend le risque que ça
n’arrive jamais », a répliqué Aurore
Bergé, députée LREM des Yvelines
et rapporteur de cette partie du
projet de loi. « Evidemment qu’on
veut tous lutter contre ça », a lancé
Alain Ruello
@AlainRuello
Lever de rideau pour le chantier de
modernisation de la formation pro-
fessionnelle. Riche de 300 millions
d’euros dans le cadre du volet com-
pétences du plan de relance, le chan-
tier a donné lieu à plusieurs mois de
concertations, d’expérimentations,
SUR
Barbara Pompili, interpellée sur le
travail des enfants dans les pays en
développement – gros fournisseurs
de produits textiles –, « mais l’affi-
chage social, ça n’a jamais existé ».
« Une réalité tangible »
A la différence de celui-ci, l’affi-
chage environnemental corres-
pond à « une réalité tangible », selon
la ministre : celle fournie par l’ana-
lyse du cycle de vie (ACV) d’un pro-
duit, une méthodologie où sont,
notamment, pris en compte le CO2
émis et les ressources consom-
mées pour sa fabrication.
Fusionner critères sociaux et
environnementaux dans une
même étiquette pourrait « torpiller
l’affichage environnemental », a
estimé Barbara Pompili. Une incer-
titude que la plateforme RSE, un
organisme chargé de faire des
recommandations pour la respon-
sabilité sociétale des entreprises,
doit lever avant la fin de l’année, a-t-
elle rappelé.
4
À NOTER
Le débat sur la loi climat
à l’Assemblée, qui a démarré
lundi, devrait durer trois
semaines.
de séminaires, le tout conforté par
des sondages auprès de la profes-
sion. Place désormais au plan
d’actions présenté, mercredi, par la
haut-commissaire aux compéten-
ces, Carine Seiler, en charge du dos-
sier au sein du ministère du Travail.
La réunion doit être d’abord
l’occasion de dresser le constat de
départ qui justifie la nécessité
d’appuyer sur l’accélérateur : un
tiers des organismes de formation
de moins de 50 salariés – c’est-à-dire
le gros des troupes étant donné
l’atomicité du secteur – n’ont pas
évolué dans leurs démarches de
numérisation en un an. Le besoin et
l’envie de le faire sont bien là, mais
ils se heurtent très souvent à un
manque de moyens financiers, de
compétences ou de temps, quand
ce ne sont pas les modalités d’achat
qui ne sont pas adaptées. Lever ces
freins relève à la fois du sprint et de
la course de fond, résume Carine
S eiler, à savoir d’un mélange
Barbara Pompili va donner un coup
d’accélérateur sur les rénovations
La ministre de la Transi-
tion écologique, veut in-
terdire à la location, en
2034, les logements dont le
diagnostic de performance
énergétique figure en
catégorie E. Et avancer à
2025 la mise hors marché
des biens les plus énergi-
vores, ceux classés G.
Le gouvernement entend bien
mettre à profit le projet de loi cli-
mat, actuellement débattu en
première lecture à l’Assemblée
nationale, pour hâter la résorp-
tion des « passoires thermiques »,
ces logements mal isolés et rui-
neux à chauffer dont le parc se
chiffre à 4,8 millions d’unités.
La date d’interdiction à la loca-
tion d’une partie des biens les plus
énergivores, ceux dont le dia-
gnostic de performance énergéti-
que (DPE) porte l’étiquette G – la
plus mauvaise note –, devrait être
avancée en 2025 et non plus 2028,
comme initialement prévu. En
outre, les logements un peu
Un tiers des
organismes de
formation de moins
de 50 salariés n’ont
pas évolué dans
leurs démarches
de numérisation
en un an.
Ils se heurtent
à un manque de
moyens financiers,
de compétences
ou de temps.
moins mal classés, ceux dont le
DPE porte la lettre E, devraient
entrer dans la catégorie des biens
interdits à la location en 2034. « Si
nous y parvenons, nous passerons
de 1,8 million de logements concer-
nés par une obligation de rénova-
tion à 4 millions ! », indique Bar-
bara Pompili dans une interview
au « Parisien » publiée mercredi
où elle fait le point sur les avan-
cées qu’elle souhaite introduire
dans le projet de loi.
« Accompagnateur
rénovation »
Des aménagements dont la plu-
part figurent dans les amende-
ments déposés vendredi dernier
par les députés de la République
En marche et que la ministre va
soutenir. Tout comme elle entend
faire adopter la création d’une
mission d'« accompagnateur
rénovation » destinée à aider cer-
tains ménages réalisant des tra-
vaux d’isolation de leur logement.
Ce professionnel accompagnera
« les ménages pour déterminer
d’actions de court ou moyen
terme. Premier axe du plan, l’Etat va
favoriser l’amorçage d’un marché
de conseil en modernisation des
organismes de formation. Com-
ment ? Via la création d’un label de
qualité auquel pourront prétendre
les futurs consultants. Leurs presta-
tions seront prises en charge direc-
tement ou via les régions – cela fait
partie des points restant à trancher
par un groupe de travail ad hoc. Les
premières prestations visées
auront lieu à la fin de l’année.
Appels à projets
Le deuxième axe prendra la forme
d’appels à projets dotés de 100 mil-
lions d’euros, lancés début mai
pour la première vague, puis à une
fréquence trimestrielle. Le but ?
Financer des projets pédagogiques
innovants dans une logique de con-
sortium d’acteurs, pour les forma-
tions aux métiers de la mer par
exemple, ou transversale, comme
Jeudi 1er avril 2021 Les Echos
quels travaux sont nécessaires, à
quel coût et de quelles aides chacun
pourra bénéficier », indique Bar-
bara Pompili, ajoutant qu’il
pourra « orienter les ménages vers
les bons artisans et superviser les
travaux ».
« Cet accompagnement de A à Z,
c’est le maillon qui créera un big
bang des rénovations », affirme-t-
elle, en évaluant le coût moyen à
1.200 euros par logement,
« financés par l’Etat pour les plus
m o d e s t e s » . C e t t e i d é e d ’u n
accompagnateur destiné à suivre
les travaux de rénovation énergé-
tique émane du rapport Sichel,
présenté à la mi-mars. — J . C.
4
MILLIONS
Le nombre de logements
concernés par une obligation
de rénovation, selon le projet
de loi climat.
la capacité à mémoriser les con-
naissances. Une part non encore
déterminée des sommes disponi-
bles servira ensuite pour l’émer-
gence de tiers lieux partout en
France, qui constitueront de vérita-
bles plateaux de formation accessi-
bles, selon un modèle économique
à arrêter, aussi bien à des prestatai-
res qu’à des stagiaires.
Le dernier axe consistera à finan-
cer le développement de logiciels
innovants et à en ouvrir l’accès au
plus grand nombre. Un cabinet
d’avocat spécialisé doit baliser ce
qu’il est possible de faire dans le res-
pect du droit de propriété intellec-
tuelle et sans mettre à mal l’innova-
tion privée. Il s’agit de cibler une
quinzaine de formations menant à
des métiers prioritaires du plan de
relance, comme la rénovation éner-
gétique. Les points qui restent à cla-
rifier feront l’objet d’une « conférence
de consensus » au plus tard à
l’automne, précise Carine Seiler. n
Les Echos Jeudi 1er avril 2021 FRANCE // 05

Pour la secrétaire d’Etat à l’Economie solidaire, Olivia Grégoire, « l’Etat doit montrer l’exemple » en matière d’achats responsables. Photo Olrat/Shutterstock

Le gouvernement veut inciter entreprises

et collectivités à acheter « responsable »
Mais qu’est-ce qu’un acheteur res-
SOCIAL ponsable ? « C’est quelqu’un qui se
pose des questions avant d’agir, avant
Le label « achats de lancer un appel d’offres par exem-
responsables » va être ple. Les questions portent tant sur
élargi et comprendre l’impact social et sociétal des futures
des critères environne- décisions que sur leurs conséquences
mentaux et sociaux. en matière environnementale »,
répond Pierre Pelouzet, le Média-
La secrétaire d’Etat teur des entreprises, qui vient de
rendre un rapport à la secrétaire
à l’Economie solidaire,
d’Etat pour moderniser le label.
Olivia Grégoire, a pour
objectif que 80 % des
taux et sociaux, tels que l’emploi de
personnes handicapées. Pour inci-
ter les entreprises privées, les admi-
nistrations et les collectivités locales
à s’emparer de ce label, et simplifier
leurs démarches, un outil d’autodia-
gnostic sera mis en place, sur Inter-
net, dans les semaines à venir.
Mais l’Etat veut montrer l’exem-
ple. « L’idée est de créer une émula-
Les chiffres clés
tion entre les ministères et de les inci-
ter à obtenir ce label. L’Etat doit
montrer l’exemple et enclencher un
cercle vertueux auprès des collectivi-
tés locales et des entreprises », expli-
que Olivia Grégoire. « L’ambition
est que 80 % des achats publics
soient labellisés achats responsables
d’ici à la fin 2022 : l’exemplarité
créera un effet d’entraînement »,
poursuit-elle. L’objectif est ambi-
tieux mais il s’agit d’une étape.
D’abord, le projet de loi sur la
lutte contre le réchauffement cli-
matique, actuellement discuté à
l’Assemblée, prévoit que d’ici à cinq
ans, le critère environnemental
sera pris en compte de façon obliga-
toire dans l’attribution de tous les
marchés publics. Les achats
publics représentent tout de même
200 milliards d’euros chaque
année, soit 8 % du PIB. Ensuite, les
directives européennes prévoient
qu’à terme, les entreprises du Vieux
Continent seront obligées de
publier leurs performances en
matières sociales et environnemen-
tales. La France peut difficilement
être en retard sur ce front-là. n

100
Un outil d’autodiagnostic
achats publics soient
labellisés « responsa-
mis en place
Et pourquoi un label ? « Les entre-
Vendredi avec Les Echos
bles » d’ici à la fin 2022. prises qui seront vues comme étant
responsables sur le plan environne-
mental et social disposeront d’abord MILLIARDS D’EUROS
Guillaume de Calignon d’un avantage compétitif auprès de C’est ce que représentent,
@gcalignon leurs clients, leurs fournisseurs, leurs chaque année, les achats des

Les Echos Week-end,

actionnaires et même auprès des jeu- 51 entreprises et collectivités
Parier sur l’incitation et la labellisa- nes diplômés », juge Pierre Pelouzet. locales bénéficiant du label
tion plutôt que sur l’intervention et Ensuite, au-delà de l’image, « les « achats responsables ».
la contrainte. Voilà comment le entreprises préfèrent faire des affaires

gouvernement entend développer
la responsabilité sociale et environ-
nementale des entreprises, au
moins à court terme. Le label
« achats responsables », qui existe
depuis 2012, va connaître une nou-
velle jeunesse.
En neuf ans, il n’a séduit que
51 entreprises comme la SNCF,
Orange ou encore EDF, et quelques
collectivités locales telles que la
Tout le plaisir
45 %
avec celles qui partagent les mêmes
valeurs qu’elles », poursuit le Média-
teur des entreprises : « le but, c’est
qu’un écosystème de confiance
mutuelle se crée entre les entreprises
labellisées. C’est un peu ce qui s’est
DES DIRIGEANTS
DE PME ET ETI
d’être curieux.
passé dans le secteur de la défense. La ont réduit leurs émissions
Défense a été le premier ministère de carbone depuis
labellisé. Des fournisseurs impor- cinq ans, selon une étude
tants tels que Thales et Safran ont de bpifrance.
suivi. Et des PME ont embrayé. Le

région Centre et le département des
Hauts-de-Seine. « Aujourd’hui, le
label est sous-utilisé. Nous voulons le
transformer, valoriser au-delà des
seuls délais de paiement et y inclure
des éléments environnementaux et
sociaux », explique aux « Echos »
Olivia Grégoire, la secrétaire d’Etat
chargée de l’Economie sociale, soli-
daire et responsable.
label a essaimé toute la filière. »
Concrètement, les candidats sou-
haitant obtenir le label « achats res-
ponsables » seront audités, puis cer-
tifiés ou non par des sociétés
chargées de les évaluer. Le rapport
et le plan d’action des candidats
seront étudiés et la décision sera
prise en fonction du respect d’une
batterie de critères environnemen-
29 %
DES DIRIGEANTS DE PME
ET ETI
citent le peu de reconnais-
sance des clients comme
frein à la réduction des émis-
sions de CO2, selon bpifrance.

Ile-de-France : le
« geste » de Pécresse
pour les étudiants
COVID-19 La présidente d’Ile-de-
Fr a n c e M o b i l i t é s , Va l é r i e
Pécresse, a annoncé mercredi
qu’elle comptait « faire un geste de
dédommagement » envers les étu-
diants de la région, qui ont moins
utilisé les transports à cause de la
pandémie, en remboursant
85 euros sur leur abonnement. « A
la différence du passe Navigo
[l’abonnement en Ile-de-France], il
n’est pas possible de suspendre le
passe Imagine’R [pour les étu-
diants] », a-t-elle dit à « 20 Minu-
tes ». La mesure concerne « plus de
500.000 étudiants ».
Nucléaire : Fabien
Roussel acte un
désaccord à gauche
POLITIQUE Le secrétaire natio-
nal du PCF, Fabien Roussel, can-
didat à l’investiture de son parti
pour 2022, a ardemment défendu
l’énergie nucléaire mercredi,
actant un désaccord avec les
autres formations de gauche et
suggérant une « consultation des
Français » par référendum si la
gauche revenait au pouvoir en
2022. Avec l’hydraulique , le
nucléaire est « l’énergie la plus
décarbonée qui soit », a-t-il insisté
devant les journalistes. Jean-Luc
Mélenchon plaide pour une sor-
tie du nucléaire à l’horizon 2030.
en bref
Assurance-chômage :
la réforme
sur les rails
SOCIAL La réforme controversée
de l’assurance-chômage entrera
bien en vigueur à compter du
1er juillet dans une version amen-
dée face à la crise, mais les syndi-
cats y restent vivement opposés et
misent sur un recours au Conseil
d’Etat contre le décret paru mer-
credi. Le texte publié au « Journal
officiel » est conforme aux arbi-
trages dévoilés début mars par
l’exécutif pour « adapter » la
réforme suspendue depuis la
crise du Covid. Celle-ci avait été
décidée en juillet 2019 après
l’échec d’une négociation sociale.
MONDE Jeudi 1er avril 2021 Les Echos

La chute du commerce mondial

est moins importante que prévu
l Les nouvelles prévisions de l’OMC font état d’un recul de 5,3 % des échanges commerciaux en 2020.
l Le commerce international devrait rebondir de 8 % cette année grâce à la demande en provenance des Etats-Unis
et de l’Europe. Une demande dont profiteront les pays d’Asie, la Chine en particulier.

CONJONCTURE

Richard Hiault
@RHIAULT

Le pire a été évité. Si la crise pandé-

mique laissait craindre un recul à
deux chiffres du commerce mon-
dial – l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) avançait une
chute de 13 à 32 % au printemps
2020 –, il n’en a rien été. Selon le
gendarme du commerce mondial
qui a publié mercredi de nouvelles
prévisions, l’année 2020 se solde
par un recul de 5,3 %. « La reprise
du commerce mondiale s’est avérée
plus rapide que prévu », a souligné
la directrice générale de l’Organi-
sation, Ngozi Okonjo-Iweala, lors
d’une conférence de presse.
« Le commerce mondial a relati-
vement bien résisté » aux turbulen-
ces générées par la crise du
Covid-19, a commenté le chef éco-
nomiste de l’OMC, Robert Koop-
man. Et ce sont les règles en
vigueur élaborées par l’OMC qui
ont empêché la mise en place de
mesures contraignantes ou protec-
tionnistes, n’a pas manqué de rele-
ver sa directrice générale.

Les économies asiatiques

ont résisté
L’Asie est la seule région du monde
à terminer l’année 2020 avec une
hausse de 0,3 % de ses exportations.
La gestion de la pandémie a limité
l’ampleur de la récession économi-
que en Chine et dans d’autres éco-
nomies asiatiques, ce qui leur a
aussi permis de continuer à impor-
ter. Leurs importations ont seule-
ment reculé de 1,3 %, contre 7,6 %
pour l’Europe et 6,1 % pour l’Améri-
que du Nord.
« Un bon nombre d’entreprises
et de ménages se sont adaptés à l’évo-
lution des circonstances en trouvant
des moyens novateurs de soutenir
l’activité économique face aux
restrictions sanitaires touchant
la mobilité », souligne également
« Nous avons l’Organisation.
besoin d’une Pour l’année en cours, l’OMC
prédit dans le meilleur des cas une
meilleure hausse de 8 % des échanges de
distribution marchandises en volumes avant
et d’une plus un léger reflux l’année suivante. En
grande capacité 2022, l’OMC avance une hausse de
seulement 4 % des échanges com-
de production merciaux. Cette année, la
des vaccins. » demande de marchandises devrait
NGOZI OKONJO-IWEALA être dominée par l’Amérique du
Directrice générale Nord (11,4 % de hausse des impor-
de l’Organisation mondiale tations) et par l’Europe (+8,4 %)
du commerce grâce notamment aux fortes
mesures de relance budgétaire aux
États Unis. Les autres économies
devraient en profiter.
La partie n’est pas pour autant
gagnée. L’OMC craint un scénario
moins optimiste où certains pays
feraient face à une nouvelle vague
pandémique, les contraignant à
reconfiner tout ou partie de leur
population. Le Covid-19 continue
de représenter « la plus grave
menace pour les perspectives com-
merciales, car toute reprise espérée
pourrait être facilement compro-
mise par de nouvelles vagues d’infec-
tion », indique-t-elle.
Pas de relocalisations
L’avenir du commerce mondial
passe par la vaccination à grande
échelle. « Nous avons besoin d’une
meilleure distribution et d’une plus
grande capacité de production des
vaccins », a martelé Ngozi Okonjo-
Iweala alors que les pays membres
de l’OMC discutent d’une adapta-
tion à la situation de crise des règles
sur la propriété intellectuelle.
« La montée en charge de la pro-
duction de vaccins permettra aux
entreprises et aux écoles de rouvrir
plus rapidement et aidera les écono-
mies à se rétablir. Mais tant qu’un
grand nombre de personnes et de
pays sont exclus d’un accès suffisant
aux vaccins, la croissance sera inhi-
bée », pointe l’Organisation. Pour
Ngozi Okonjo-Iweala, « la mise en
œuvre rapide, mondiale et équitable
d’un vaccin est un préalable à la
relance forte et soutenue dans nous
avons tous besoin », a-t-elle ajouté.
Interrogé sur la physionomie
actuelle du commerce mondial,
Robert Koopman estime que les
statistiques ne traduisent pas de
relocalisation de la production
manufacturière au niveau mon-
dial. Tout au plus évoque-t-il un
détournement des certains échan-
ges commerciaux qui sont plus liés
aux conflits commerciaux en
cours qu’à la crise du Covid-19. Une
chose est sûre : le commerce mon-
dial ne retrouvera pas ses niveaux
d’avant crise dans les deux prochai-
nes années. n

Bruxelles charge AstraZeneca pour ses retards de livraison

EUROPE
Bruxelles juge que
le laboratoire anglo-
suédois est l’unique
responsable des
retards de vaccination.
Catherine Chatignoux
@chatignoux
En ces temps de forte suspicion, où
chacun cherche à se défausser sur
les retards de la campagne de vacci-
nation contre le Covid-19, la Com-
mission européenne résiste. Elle n’a
pas l’intention de servir de bouc
émissaire à tous ceux qui seraient
tentés de rejeter sur elle les délais,
manquements et autres maladres-
ses constatées dans l’organisation
de cette course au vaccin désormais
synonyme de sortie de crise. Après
s’être fait relativement discrets, se
retranchant derrière le secret des
contrats et le flou des volumes pro-
duits et exportés, ses émissaires
livrent chiffres et argumentaires.
Un haut responsable de la direc-
tion générale Santé à la Commis-
sion européenne impute au com-
portement du laboratoire
AstraZeneca l’essentiel des déboi-
res de la campagne de vaccination
en Europe. « Si ce laboratoire avait
rempli ses obligations contractuelles,
nous n’en serions pas là », explique
Pierre Delsaux en rappelant que le
contrat avec le laboratoire anglo-
suédois a été signé par l’Union euro-
péenne avant le Royaume-Uni, con-
trairement à ce qu’a prétendu son
PDG, Pascal Soriot. AstraZeneca
n’aura livré au premier trimestre
2021 que 30 millions de doses
quand il devait en fournir 120 mil-
lions. Ce qui fait qu’au 31 mars,
l’Union européenne se sera vue
livrer au total 100 millions de doses
au lieu de presque 200.
53 usines en Europe
Le rythme de production et de
l i v r a i s o n v a s’a c c é l é r e r. A u
deuxième trimestre, ce sont
360 millions de doses qui doivent
être fournies aux Européens, en
dépit, là encore, des nouveaux
retards importants d’AstraZeneca
qui ne va honorer qu’un peu plus
d’un tiers de la commande prévue.
Devant la commission des Affaires
économiques du Sénat, Thierry
Breton, le commissaire en charge
de la coordination sur les vaccins, a seuil de 70 % de la population adulte et de vaccins. L’Europe a été moquée l’Europe, elle, a respecté ses engage-
insisté sur le fait qu’il y aurait suffi- se rapprocher de l’immunité collec- et traitée de naïve parce qu’elle avait ments. » « Aucun pays de l’OCDE
samment de doses livrées d’ici à la tive », a-t-il expliqué avant d’ajouter exporté vers le reste du monde pres- n’exporte de vaccins, pas les Etats-
mi-juillet pour atteindre l’objectif en forme de défi : « Encore faut-il que que autant de doses de vaccins Unis, pas le Royaume-Uni, on est les
que s’est fixé Bruxelles : « L’Union les Etats membres s’organisent très (77 millions) qu’elle n’en a inoculées seuls. Sans l’Union européenne et
européenne est actuellement le plus vite pour augmenter très significative- à ses propres citoyens (88 millions). l’Inde, qui commence à les restrein-
grand producteur de vaccins au ment la capacité vaccinale. » « Ça, ça « D’abord, il faut remettre les choses dre, un grand nombre de pays
monde. On y compte 53 usines qui n’appartient pas à la Commission », dans leur contexte, a expliqué Pierre n’aurait pas la possibilité de vacciner
produisent 7 jours sur 7 et qui mon- a-t-il précisé, alors qu’aux Etats-Unis, Delsaux. Quand on s’est engagé sur leur population » ajoute le haut
tent actuellement en puissance. » la vaccination devrait être ouverte à ces exportations, AstraZeneca devait fonctionnaire européen.
« A la mi-juillet, c’est de l’ordre de 90 % des adultes d’ici au 19 avril. livrer 90 millions de doses, ce qu’elle
420 millions de doses qui seront L’autre mise au point de la Com- n’a pas fait… Si l’écart entre ces deux Un seul refus
livrées dans l’UE, de quoi atteindre le mission concerne les exportations chiffres est si faible, c’est parce que Aux pays qui accusent l’Europe de
protectionnisme vaccinal, Bruxel-
les rappelle qu’elle a exporté 21 mil-
L’Allemagne suspend les vaccins du laboratoire lions de doses vers le Royaume-Uni
contre « zéro dans l’autre
anglo-suédois pour les moins de 60 ans sens ». D’ailleurs, sur les 384
demandes d’exportations formu-
Prenant un virage à 180 degrés, l’Allemagne par des doses AstraZeneca devront être lées depuis la mise en place du
suspend l’inoculation du vaccin AstraZeneca analysés « individuellement », a commenté mécanisme de contrôle mis en
aux moins de 60 ans. Marquant une fois la Chancelière. « Quand ce sera mon tour, je place par Bruxelles, une seule a été
de plus sa volonté de reprendre en main me ferai vacciner, également par AstraZeneca », refusée. Simplement, après avoir
la direction de la lutte contre la pandémie, a-t-elle assuré. Néanmoins, les risques doivent perdu confiance dans AstraZeneca,
la chancelière Angela Merkel a annoncé être analysés car « la vaccination repose sur les Européens veulent s’assurer que
elle-même la décision prise avec les régions le principe de confiance ». Mercredi, l’agence les doses destinées à l’Europe ne
allemandes mardi soir. Parallèlement, européenne du médicament a redit qu’aucun sont pas acheminées ailleurs dans
une coopération en matière de vaccin a été lien causal n’est prouvé entre ce vaccin et le monde. Thierry Breton a répété
envisagée lors de la visioconférence, mardi, les thromboses. Il y a désormais suffisamment dimanche ce que la présidente de la
entre Vladimir Poutine, Angela Merkel et de doses AstraZeneca pour continuer Commission avait déjà assuré en fin
Emmanuel Macron. Les plans de vaccinations à immuniser les personnes les plus âgées, de semaine : « Rien ne sortira de
allemands devront être modifiés et les cas mais c’est un revers pour la campagne l’Union tant qu’AstraZeneca n’aura
de thromboses parmi les personnes vaccinées de vaccination en Allemagne. pas tenu ses engagements. » n
Les Echos Jeudi 1er avril 2021
Madrid et Lisbonne
veulent éviter de gonfler
encore la dette publique
l La pandémie a mis à mal les efforts de l’Espagne
et du Portugal pour assainir les comptes publics.
l Les deux Etats veulent éviter de laisser filer le déficit.
L’opposition critique un contrôle trop strict des dépenses.
EUROPE
Cécile Thibaud
@CecileThibaud
— Correspondante à Madrid
L’Espagne et le Portugal freinent les
dépenses excessives face à la pandé-
mie par crainte de creuser leur défi-
cit. Echaudés par les dures consé-
quences de la crise de 2008, les deux
voisins de la péninsule ibérique
essaient de faire un usage prudent
des finances publiques et d’éviter un
nouveau surcroît d’endettement.
Ces précautions valent aux gou-
vernements socialistes – de Pedro
Sanchez à Madrid et d’Antonio
Costa à Lisbonne – les reproches de
leurs oppositions de droite. Cel-
les-ci attaquent le contrôle trop
strict des dépenses et la résistance à
débloquer de nouvelles aides direc-
tes qui risqueraient d’accentuer le
déséquilibre des comptes de l’Etat.
53 % de dépenses en plus
En Espagne, la facture de la pandé-
mie a fortement plombé les comp-
tes publics et le déficit a atteint
10,09 % du PIB sur l’année 2020
selon les estimations présentées
lundi par la ministre des Finances,
Maria Jesus Montero. C’est un peu
mieux que la prévision de 11,3 % qui
avait été envoyée à Bruxelles, mais la
dette publique a bondi à 116 % du PIB
(contre 95,5 % en 2019). Les dépen-
ses ont augmenté de 53 milliards
d’euros l’an dernier, dont 40 mil-
liards destinés au chômage partiel et
au soutien aux entrepreneurs, pen-
dant que le PIB a chuté de 11 %.
Au Portugal où la première vague
de la pandémie, au printemps 2020,
a été moins douloureuse, le déficit a
plongé à 5,7 % l’an dernier, alors que
Les deux pays naviguent à vue
face à la pandémie
En Espagne, le gouverne-
ment appelle à la vigilance
durant le week-end
de Pâques, alors que la
remontée des contagions fait
craindre un redémarrage
de la pandémie. Au Portugal,
le reflux du virus se
confirme, mais le gouverne-
ment maintient un plan de
déconfinement prudent.
Eviter les débordements de Pâques
et contenir la nouvelle vague de
contagions qui pointe, jusqu’à ce
que la campagne de vaccination
monte enfin en charge en avril. C’est
l’objectif du gouvernement de
Pedro Sánchez pour espérer ouvrir
la saison touristique, cet été, avec
une situation sanitaire sous con-
trôle. Tout dépend du rythme de
livraison des vaccins. « Nous som-
mes à un point d’inflexion, il est
encore temps d’agir ». A Madrid, le
responsable du Centre d’alertes
sanitaires, Fernando Simón, tente
de convaincre la population espa-
gnole de rester vigilante. « Si nous
pouvons tenir quelques semaines,
avec le niveau de vaccination que
nous aurons, l’onde épidémique sera
moins forte. Chaque semaine qui
passe, nous vaccinons plus, c’est du
temps gagné », argumente-t-il.
Mais ses paroles tombent dans le
désert, en pleine semaine de Pâques,
avec une Semana Santa sans pro-
cessions ni rassemblements fami-
« Les deux pays
sont arrivés
dans cette crise
avec un niveau
d’endettement
déjà élevé, et il est
raisonnable
qu’ils essaient
de contrôler
les dépenses. »
JAVIER RIVAS
Economiste
le pays avait dégagé en 2019 le pre-
mier excédent budgétaire de son
histoire (+0,1 %). Le résultat est
moins dramatique que les 7,3 % de
déficit prévus par la Commission
européenne, et le gouvernement
espère pouvoir remonter la pente
grâce à une forte reprise au
deuxième semestre cette année,
mais la dette publique explose, à
plus de 133 % selon les dernières
estimations (contre 118 % en 2019).
« Les deux pays sont arrivés dans
cette crise avec un niveau d’endette-
ment déjà élevé, et il est raisonnable
qu’ils essaient de contrôler les dépen-
ses », estime l’économiste Javier
Rivas, professeur à l’école de gestion
EAE de Madrid. « La crise de 2008 a
laissé des traces et les deux gouverne-
ments ont une marge de manœuvre
réduite avec une faible capacité de
mobilisation de fonds. Ils ne peuvent
pas se permettre d’anticiper les fonds
du programme de relance européen
comme le font les voisins. »
A Madrid, la ministre de l’Econo-
mie, Nadia Calviño tente de garder
la situation sous contrôle, d’autant
que le pays était entré dans la pan-
liaux. La mobilité d’une région à
l’autre est officiellement interdite
mais la lassitude et l’exaspération
montent, alimentées par les images
des touristes internationaux débar-
quant aux Baléares ou aux Canaries,
et celle de jeunes Français qui font la
fête à Madrid tous les week-ends,
sans précautions. Même s’ils sont
peu nombreux, ils sont suffisam-
ment bruyants pour susciter la stu-
peur et l’indignation. A quoi bon
être prudent, si tout est permis pour
les autres ?
En Espagne,
la lassitude
et l’exaspération
montent, alimentées
par les images
des touristes
internationaux
débarquant
aux Baléares
ou aux Canaries.
Pour l’instant, le taux de conta-
gion est encore assez bas, avec
146 cas pour 100.000 habitants sur
14 jours, mais les chiffres sont en
train de redécoller et l’escalade à
Madrid inquiète particulièrement.
Dans la capitale et ses environs,
l’incidence est remontée à 257 cas
pour 100.000 personnes sur
MONDE // 07
démie avec les cicatrices de la crise
financière sans avoir fini d’assainir
ses comptes, avec un déficit de 2,8 %
en 2019. C’est pourquoi elle a tenté
d’éviter les aides directes aux entre-
prises en optant pour des exonéra-
tions fiscales et des crédits garantis
par l’Etat. La durée de la crise sani-
taire a fini par avoir raison de ses ter-
giversations et elle s’est résolue à
annoncer, le 12 mars, le déblocage
de 7 milliards d’euros de subven-
tions à fonds perdu pour les PME.
Mais pour l’opposition, ce dispositif
est insuffisant. Il arrive plus tard
que dans les pays voisins et avec une
couverture réduite, puisqu’il ne
s’adresse qu’aux secteurs les plus
affectés par la pandémie, comme le
tourisme.
Alliance entre la droite
et l’extrême gauche
A Lisbonne, la prudence du gouver-
nement d’Antonio Costa lui vaut les
mêmes critiques. Il a tenté en vain de
freiner les aides réclamées par les
partis d’opposition. Mais il s’est vu
dépassé par l’alliance imprévue des Les gouvernements de Pedro Sanchez (à gauche), en Espagne, et d’Antonio Costa, au Portugal,
formations de droite et d’extrême sont critiqués pour leur résistance à débloquer de nouvelles aides face à la pandémie.
gauche qui ont voté l’augmentation Photo Patricia de Melo Moreira/AFP
des programmes d’aides aux entre-
preneurs, au personnel sanitaire et
aux parents en télétravail. Le gou-
vernement comptait pouvoir rejeter
facilement ces trois décrets avec
l’argument que le Parlement a outre-
passé ses fonctions en votant des
dépenses budgétaires imprévues.
Mais la situation vient de se corser
THINK TANK
car le président de la République, le
conservateur Marcelo Rebelo de
Sousa, a décidé de promulguer les
ÉCONOMIE SANTÉ
décrets litigieux, considérant que la
préoccupation du gouvernement
pour le contrôle du déficit n’est pas
Présentation de la
en phase avec les besoins urgents recommandation annuelle
des familles ou des entreprises. n
Mardi 13 avril 2021
9h00 - 11h00
FORMAT 100% DIGITAL
14 jours, et les unités de soins inten-
Information et inscription
sifs sont déjà occupées à 34 %. lesechos-events.fr
Déconfinement prudent
Pendant ce temps, le Portugal voisin #thinktankeconomiesante
poursuit une opération de déconfi-
nement progressif. En janvier,
l’explosion de l’épidémie avait sub-
mergé les hôpitaux et obligé le gou-
vernement à faire appel à l’aide euro-
péenne pour renforcer les équipes
médicales et évacuer les patients.
Après un confinement strict, le NOS PARTENAIRES
taux de contagion est actuellement
au plus bas. Mais pas question pour
autant de baisser la garde durant les
congés de Pâques. L’incidence a
beau n’être que de 65 cas pour
100.000 habitants sur 14 jours, la
population continue d’être appelée
à restreindre ses mouvements au
minimum et les accès aux commer-
ces non essentiels demeurent limi-
tés, même si les librairies et les coif-
feurs ont rouvert.
Le gouvernement doit annoncer
jeudi les prochaines étapes. Les ter-
rasses de cafés et restaurants, les
petits commerces, les marchés
ainsi que les musées et monuments
pourraient rouvrir la semaine pro-
chaine. L’étape suivante, si la situa-
tion sanitaire le permet, devrait per-
mettre de rouvrir en grand les cafés,
restaurants et centres commer-
ciaux, ainsi que les théâtres, ciné-
mas et salles de spectacles, avec
extension des horaires entre la mi-
avril et le mois de mai. — C. T.
08 // MONDE Jeudi 1er avril 2021 Les Echos

Justice : Bruxelles
ouvre un nouveau
front contre
la Pologne
en retirant l’immunité à cer-
EUROPE tains juges s’étant opposés à
l’agenda judiciaire du gouver-
La Commission nement polonais.
européenne saisit Pour Didier Reynders, le
la Cour de justice commissaire européen à la Jus-
de l’UE contre tice, il y a désormais un « risque

Michael Barajas / Shutterstock.com

une loi polonaise, de dommages graves et irrépara-
entrée en vigueur bles quant à l’indépendance du
en février 2020. système judiciaire en Pologne et
à l’ordre juridique de l’Union »
car « les juges polonais sont des
Celle-ci permet juges européens ». En effet,
de sanctionner estime le commissaire belge,
les juges qui « la décision de lever l’immunité
remettent en cause d’un juge doit être prise par une
Le président des Etats-Unis propose une enveloppe d’environ 621 milliards de dollars pour moderniser notamment les routes. les réformes instance indépendante ». Or, « en
de la justice. Pologne, l’indépendance et
l’impartialité de la chambre dis-

Le plan de Joe Biden pour

ciplinaire de la Cour suprême ne
Gabriel Grésillon sont pas garanties ». Résultat :
@GGresillon l’indépendance des juges polo-
— Bureau de Bruxelles nais est désormais « soumise à

financer les infrastructures

l Le président américain veut consacrer 2.250 milliards de dollars
d’investissements publics aux infrastructures et à la transition énergétique.
l Joe Biden prévoit de relever le taux de l’impôt sur les sociétés
à 28 % et adopter un taux minimum de 21 % pour les multinationales.
ÉTATS-UNIS
Véronique Le Billon
@VLeBillon
— Bureau de New York
Un plan à huit ans pour remettre à
niveau l’Amérique. Attendu en fin
de journée à Pittsburgh (Pennsylva-
nie) mercredi, Joe Biden devait
dévoiler un nouveau « Plan pour
l’emploi américain » à 2.250 mil-
liards de dollars. Ce sera, selon
l’administration, le plus grand
effort d’investissement public
depuis la création des autoroutes
entre Etats et la course à l’espace
dans les années soixante. Et la Mai-
son-Blanche ne compte pas s’arrê-
ter là : un autre volet de dépenses
pour réduire les inégalités sociales
et scolaires sera présenté plus tard,
probablement en avril.
La campagne de vaccination aux
des rares grandes économies à avoir
vu les investissements publics, en
pourcentage du PIB, diminuer au
cours des vingt-cinq dernières
années. Nous voyons la Chine et
d’autres pays augmenter considéra-
blement leurs investissements », a
expliqué en amont de la présenta-
tion un représentant de l’adminis-
tration, rappelant que les Etats-Unis
n’occupent plus que le treizième
rang des pays les mieux dotés.
S’appuyer sur les recettes
Ce nouveau plan, qui représente
une enveloppe globale d’environ
10 % du PIB, propose quelque
621 milliards de dollars sur huit ans
pour moderniser plus de 30.000
kilomètres de routes, rénover les
ponts et les aéroports ou améliorer
le transport public. Il prévoit aussi
de remplacer les canalisations au
plomb pour améliorer la qualité de
l’eau, d’investir dans l’industrie
2 millions de logements (pour
213 milliards de dollars) et l’amélio-
ration de la prise en charge des
seniors (400 milliards de dollars).
Via des crédits d’impôts, il veut aussi
accélérer la transition énergétique,
avec l’objectif d’électrifier des flottes
de bus et de créer 500.000 bornes de
recharge électrique mais aussi
d’améliorer le réseau électrique et
d’investir dans le stockage.
Tandis que le plan de relance de
1.900 milliards de dollars sera
financé par l’emprunt, Joe Biden
affiche cette fois des recettes en face
des nouvelles dépenses. Selon le
projet présidentiel, qui devra être
adopté par le Congrès, le taux de
l’impôt sur les sociétés serait porté à
28 %, après avoir été réduit de 35 % à
21 % par l’administration Trump.
Face patronat qui exprime déjà des
critiques, l’administration rappelle
qu’un taux de 28 % serait le plus bas
connu aux Etats-Unis entre la
Une bataille de plus. La Com-
mission européenne, déjà sur
plusieurs fronts face à la Polo-
gne au sujet de l’Etat de droit, a
annoncé, mercredi, avoir de
nouveau saisi la Cour de justice
de l’Union européenne (CJUE)
au sujet des réformes judiciai-
res décidées par Varsovie.
C ’e s t u n e l o i e n t r é e e n
vigueur en février 2020 qui est
dans le collimateur de Bruxel-
les. Cette « loi muselière »,
comme l’ont surnommée les
aujourd’hui), traduisant la volonté opposants au gouvernement
« de mettre un terme à la course au conservateur polonais, permet
nivellement par le bas de l’impôt sur de sanctionner des juges coupa-
les sociétés ». Selon la Maison-Blan- bles de remettre en question les
che, la loi de 2017 a fait passer le taux réformes de la justice. Elle avait
d’imposition moyen des multinatio- déjà fait l’objet d’une procédure
nales américaines de 16 % à 8 % et « a d’infraction de la part de la
aggravé les incitations qui étaient déjà Commission européenne.
intégrées dans notre code fiscal pour
encourager la production et les béné- L’immunité retirée
fices à se déplacer à l’étranger ». à certains juges
Et en 2020, la Cour de justice de
l’UE a sommé Varsovie de « sus-
Deux millions de pendre immédiatement » la mise
logements seront en œuvre de ce texte. Mais la
façon dont les autorités polo-
construits ou rénovés. naises ont appliqué cette déci-
sion de justice européenne a été
Il faudra toutefois quinze années jugée insatisfaisante par la
pour que ces mesures financent les C o m m i s s i on . C a r l a C o u r
dépenses, qui s’étaleront, elles, sur suprême polonaise a continué à
huit ans. Le projet de loi fiscal ne user de ses nouveaux pouvoirs,
prévoit pas, à ce stade, d’augmenter
les impôts sur les gains du capital ni
ceux sur les plus hauts revenus. Il est
une érosion constante », avertit
Vera Jourova, la vice-prési-
dente de la Commission en
charge des Valeurs.
Mercredi, Varsovie
a balayé
les nouvelles
accusations
de Bruxelles.
En attendant le verdict de la
CJUE, Bruxelles demande à cel-
le-ci de prendre des « mesures
provisoires », notamment pour
suspendre les décisions de la
chambre disciplinaire de la
Cour suprême polonaise sur la
levée de l’immunité des juges.
Mercredi, Varsovie a balayé
les nouvelles accusations de
Bruxelles. Le porte-parole du
gouvernement, Piotr Mueller,
les a estimées « sans fondement
juridique ». « La réglementation
polonaise ne diffère pas des nor-
mes en vigueur dans l’UE », a-t-il
affirmé. Lundi, le Premier
ministre polonais, Mateusz
Morawiecki, avait demandé au
Tribunal constitutionnel de
son pays de statuer sur la supé-
riorité de la Constitution
polonaise sur la législation
communautaire. n

Etats-Unis a beau redonner du lus-
tre au modèle américain, le nou-
veau président n’est pas dupe des
paradoxes de la première écono-
mie mondiale : « Nous sommes l’une
(300 milliards) et d’étendre la cou-
verture Internet dans les régions
rurales (100 milliards de dollars).
Joe Biden inclut dans ce plan la
construction ou la rénovation de
Seconde Guerre mondiale et la loi
de 2017.
Les multinationales devraient
aussi acquitter d’un impôt mini-
mum mondial de 21 % (contre 10,5 %
en bref
probable qu’ils feront partie de
l’équation financière quand sera
présenté le prochain plan de la
Maison-Blanche pour réduire
les inégalités. n

Climat : l’Agence internationale de l’énergie

veut éviter un « avenir apocalyptique »
Joe Klamar/AFP

ENVIRONNEMENT
Réunis mercredi
en sommet, les hauts
responsables de
l’énergie dans le
monde ont appelé à
faire plus, et plus vite,
pour casser la reprise
des émissions après le
choc de la pandémie.
Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux
La pandémie n’est pas encore maî-
trisée, loin s’en faut, que les émis-
sions de CO2, un temps freinées par
les restrictions sanitaires, repartent
déjà à la hausse. Leur niveau de 2020
a déjà dépassé celui de 2019 et le pire
est peut-être à venir. « Je ne serais pas
surpris de voir un très fort rebond en
2021 », a estimé Fatih Birol, le direc-
teur exécutif de l’Agence internatio-
nale de l’énergie (AIE) à la veille du
« Sommet Net Zéro », qui a réuni
mercredi les représentants d’une
quarantaine de pays.
Mobilisation générale
Une sombre prévision liée au vent de
reprise qui commence à souffler sur
l’économie mondiale. Mais elle n’a
rien d’inéluctable. Si les Etats met-
tent rapidement en œuvre – sous dix
ans – des mesures en faveur des
énergies propres, la perspective d’un
« avenir apocalyptique », tel que men-
tionné mercredi par Alok Sharma, le
président de la COP26 prévue en
novembre, pourra être écartée.
En attendant, les principaux
émetteurs de la planète – Chine,
Etats-Unis, UE, Inde, Japon, Brésil
ou encore Indonésie – partagent le
même diagnostic. « Si on regarde la
courbe sur laquelle nous nous trou-
vons, nous nous dirigeons en réalité De retour dans l’Accord de Paris
vers plus de 4 degrés de réchauffe- sur le climat, Washington compte
ment, bien loin de la limite des 2 degrés dévoiler d’ici le 22 avril de nouveaux
que la communauté internationale engagements ambitieux. Il ne s’agira
s’est fixée », a souligné John Kerry, « pas juste de belles paroles », a insisté
l’envoyé spécial pour le climat du l’émissaire américain. « Ce ne sera L’Autriche sur le point de commander
président américain Joe Biden. pas le même plan pour tout le monde, un million de doses de Spoutnik V
mais faisons chacun ce que nous
« Nous nous avons à faire », a-t-il insisté. Plusieurs PANDÉMIE L’Autriche va probablement commander la
dizaines de pays, représentant 70 % semaine prochaine un million de doses du vaccin russe
dirigeons vers plus des émissions mondiales, ont pro- Spoutnik V contre le Covid-19, a déclaré, mercredi, le chancelier
de 4 degrés de mis d’œuvrer pour atteindre la neu- Sebastian Kurz. Le contrat, pour ce vaccin qui n’est pas encore
tralité carbone d’ici à 2050 (2060 autorisé en Europe, impliquerait la livraison de 300.000 doses
réchauffement, pour la Chine). en avril, 500.000 en mai et 200.000 début juin.
loin de la limite Mais à ce jour, seulement 80 pays,
des 2 degrés que dont ceux de l’UE et le Royaume-
la communauté Uni, ont présenté leurs plans natio- Zone euro : la hausse de l’inflation, en
internationale
naux de réduction des émissions de mars, reflète une reprise de l’activité
gaz à effet de serre (GES). Des plans
s’est fixée. » dont le niveau d’ambition, plus fort CONJONCTURE L’inflation dans la zone euro a augmenté en
JOHN KERRY que les précédents, doit inspirer les mars, à 1,3 % sur un an, après avoir atteint 0,9 % en janvier et
Envoyé spécial américain autres pays. Notamment la Russie, février, reflet d’une embellie économique après une année de
pour le climat qui manque à l’appel, mais aussi les crise sanitaire. Elle a été tirée vers le haut par les tarifs de l’éner-
pays du Golfe, qui ne siègent pas gie, qui ont bondi de 4,3 % sur un an. Très élevée en Allemagne
à l’AIE et sont à la traîne. n (+2 %), elle est restée proche de la moyenne (+1,4 %), en France.
Les Echos Jeudi 1er avril 2021 // 09

idées&débats
Création artistique : le
grand embouteillage
post-Covid
Martine Robert
@martiRD
Voilà une conséquence du Covid-19
d o n t o n n’a v a i t p a s m e s u r é
l’ampleur. « Dans la culture, les com-
mandes sont passées deux-trois ans à
l’avance. Il y a tant d’œuvres en
attente d’être jouées que les auteurs
ou compositeurs ne sont plus appe-
lés, les institutions ont des stocks
pour deux ans. On va entrer dans une
nouvelle phase de la crise », confiait
le patron de la Philharmonie de
Paris, Laurent Bayle, aux « Echos »
le 20 mars, faisant référence aux
commandes musicales, aux exposi-
tions d’art contemporain, aux pro-
ductions de théâtre ou de danse…
De son côté, la Fédération des
réseaux et associations d’artistes
plasticiens s’alarmait récemment de
la fermeture des lieux de création,
diffusion, résidence, qui maillent le
territoire, tels que Mix’Art Myrys
(Toulouse), Castel Coucou (For-
bach), Mains d’Œuvres (Saint-
Ouen), complémentaires des FRAC,
musées, foires et galeries d’art con-
temporain, aux portes closes égale-
ment. « Des créations n’existent pas
tant qu’elles ne sont pas montrées. Or
elles risquent de s’entasser quelque
temps, en raison d’une suroffre. Si le
sera sauvé ce qui peut l’être, au prix
de beaucoup de reports », avoue
Michel Orier, directeur de la musi-
que et de la création à Radio France.
« Il n’y a plus de flux, puisqu’il n’y a
L’ANALYSE plus de passage à la scène », renché-
DE LA RÉDACTION rit Jean-Philippe Thiellay, prési-
Dans le secteur du dent du Centre national de la musi-
que. Et si cela pénalise de grandes
spectacle vivant formations comme de petits grou-
comme de l’art pes de jazz dépossédés de leurs
clubs et restaurants, une étude du
contemporain, les CNM sur la création dans la musi-
lieux culturels publics que contemporaine, publiée ce
et privés, fermés, ne jeudi, montre que, de surcroît, le
virus accroît les inégalités.
passent plus de « D’un côté, une poignée de musi-
commandes. Ils ont ciens stars bénéficient de l’essentiel
des commandes prestigieuses, rési-
des stocks pour deux dences, festivals et prix internatio-
ans et certains n’envi- naux de dizaines de milliers d’euros.
sagent pas de retour à De l’autre, une situation financière
détériorée pour la majorité des créa-
la normale avant teurs, voire résolument inquiétante
2023. Une nouvelle pour les compositeurs de la jeune
génération », résume le document.
crise à venir pour la Et d’ajouter : « Les musiciens déjà
culture, déjà à l’arrêt médiatisés possèdent un carnet de
depuis un an. commandes rempli deux ou trois ans
en avance, tandis que ceux moins
connus, moins visibles, ont vu leurs
créations annulées ou reportées. »
Au-delà des salles fermées, les festi-
vals dédiés (Biennale internatio-

Boll pour « Les Echos »

secteur culturel repart au début de
l’été, c’est récupérable, une fois ces
créations largement absorbées par les
festivals. En septembre, on fera le
bilan. Mais il n’est pas exclu que des
créations ne soient jamais jouées »,
reconnaît Paul Rondin, le numéro
deux du Festival In d’Avignon,
la Mecque du théâtre public.
Que dire des 1.300 compagnies
du Off, le pôle privé du festival, con-
traintes de se produire dans de
petits théâtres dont la capacité va
être encore réduite par la distancia-
tion et la désinfection entre chaque
spectacle ? Si encore le Off peut se
tenir… C’est pourtant un marché où
s’achètent 20 % des spectacles de
l’année. « Il va y avoir un grand
embouteillage à la réouverture des
salles. 2021 et 2022 vont être des
années de solde de tout compte, où
D musiques d’aujourd’hui…) ont été
Les points à retenir
•deLes pertes du secteur
la création artistique
en 2020 ont été chiffrées
à plus de 7 milliards d’euros.
• Il y a tant d’œuvres
culturelles en attente d’être
jouées qu’il n’est pas exclu que
certaines ne le soient jamais.
• Une étude du CNM
montre que le virus accroît
les inégalités entre les artistes.
• Les moins connus sont aussi
ceux dont les œuvres sont le
plus souvent reportées ou
annulées.
nale des musiques exploratoires,
Musiques démesurées, Aspects des
annulés, pénalisant des structures
comme l’Ensemble orchestral
contemporain ou les Percussions
de Strasbourg.
Le ministère de la Culture chiffre à
plus de 7 milliards d’euros les pertes
en 2020 du secteur de la création
artistique (spectacle vivant et arts
visuels). Alors certes, la riposte
numérique s’est organisée. Des insti-
tutions telles la Comédie-Française
ou le Théâtre de la Ville ont très vite
fidélisé leur public sur la Toile, des
producteurs de musiques actuelles
ont testé des concerts en livestream,
des opéras en région se sont unis
pour monter un festival en ligne, les
foires et galeries d’art ont créé des
« viewing rooms », les musées des
expositions virtuelles… France Télé-
visions a même imaginé la chaîne
Culturebox tandis que Radio France
doublait son budget de commandes
– une soixantaine d’œuvres par an,
valorisées par son Festival Présen-
ces – et essayait d’entraîner des
cocommanditaires, y compris à
l’international.
Parce qu’« un compositeur vivant
non joué ne perçoit aucun droit », le
directeur de France Musique, Marc
Voinchet, vient de programmer une
semaine de la création contempo-
raine, avec concerts, opéras, pod-
casts, webradio, en complément de
la quarantaine de captations réali-
sées chaque saison par l’antenne
auprès de partenaires tels le Festival
d’automne, Musica, Royaumont. Le
CNM s’est mobilisé de son côté pour
dégager 15 millions afin de garantir
la rémunération des auteurs et com-
positeurs, ainsi que 2 millions pour
des bourses d’écriture donnant lieu
à enregistrements à partager sur
« What The France », la playlist de
musique française à l’étranger.
Autant d’initiatives à saluer. Mais
l’exception culturelle française
engendre un tel foisonnement créa-
tif que l’engorgement est en rap-
port. Le ministère identifie pas
moins de 11.600 lieux culturels
labellisés. Sans parler des 4.000 fes-
tivals en tous genres. « Souvent, il y
avait des commandes one shot, mon-
trées ici et maintenant, dont on
n’entendait plus parler, entraînant
une déperdition d’argent que l’on ne
peut plus se permettre. Alors cette
crise sera aussi l’occasion de dévelop-
per davantage les coproductions et les
aides à la reprise », veut se consoler
Jean-Philippe Thiellay. n

LE
COMMENTAIRE Pour une autre réforme d’EDF
de Jacques Delpla

E DF est, historiquement, la
quintessence des travers de
notre Etat actionnaire : sub-
ventions croisées, conflits d’intérêts
entre Etat actionnaire et Etat régu-
lateur, incapacité politique à diffé-
rencier efficacité économique et
redistribution (service public), réti-
cence à la concurrence et au mar-
ché unique européen.
Pourtant EDF ne mérite pas cela.
EDF est une très grande entreprise,
qui excelle dans le nucléaire et per-
met à la France d’être beaucoup
moins émettrice de carbone que ses
voisins. Il pourrait devenir un acteur
majeur et mondial de l’énergie
décarbonée. Une réforme d’EDF est
discutée actuellement (projet Her-
cule), qui le diviserait en trois : EDF
Bleu (centrales nucléaires et RTE),
EDF Azur (hydroélectrique), EDF
Vert (Enedis, ENR et services com-
merciaux). Mais Hercule ne fonc-
tionnera pas, car il reste au milieu du
gué, sans logique assumée. Il main-
tient des subventions croisées, alors
même que RTE et Enedis, monopo-
les naturels, devraient être séparés
de la production d’électricité. Her-
cule ne permet pas vraiment de
financer l’avenir du nucléaire. Une
meilleure solution est possible.
Premièrement, le capital. L’Etat
devrait renationaliser EDF et RTE à
100 %. Notons que l’Union euro-
péenne, depuis le traité de Rome de
1957, est neutre sur la nature de la
propriété (publique ou privée), tant
que cela ne distord pas la concur-
rence. La Commission européenne
n’aurait donc rien à redire à une
renationalisation de ce type. Pour
avoir le soutien des syndicats (indis-
pensable pour relancer le nucléaire),
cette opération devrait être incluse
dans une loi organique (difficile à
changer) ; les syndicats et salariés
d’EDF devraient aussi être intéressés
financièrement à la réforme.
L’Etat devrait séparer
EDF en entités toutes
détenues à 100 % par
lui-même, en faisant
disparaître le holding.
L’Etat devrait enfin séparer EDF
en entités (nucléaire, RTE, Enedis,
barrages, ENR) indépendantes et
sans subventions croisées. Cha-
cune serait détenue à 100 % directe-
ment par l’Etat (Trésor). Ceci ren-
drait inutile tout holding de tête
d’EDF. N’oublions pas que les hol-
dings de groupe sont toujours inef-
ficaces, car ils permettent des sub-
ventions croisées entre entités
performantes et non performantes.
Seul l’Etat actionnaire serait com-
mun. Pour renforcer le capital,
l’Etat s’engagerait à ne jamais per-
cevoir de dividendes.
Deuxièmement, la sécurité.
L’Autorité de sûreté nucléaire a jus-
qu’ici très bien rempli sa mission.
Mais pour convaincre l’ensemble du
public et de l’Europe, il faut répon-
dre à l’antique question : « Mais qui
garde les gardiens ? » (Juvénal). La
réponse est, en plus de l’ASN, de
créer une ASN européenne, sans les
soupçons de connivence « les X con-
trôlent les X », ainsi que des inspec-
tions de sécurité nucléaire par le
secteur privé (assureurs…).
Troisièmement, l’Europe. Sans
subventions croisées, sans contrô-
les de ses prix, EDF Nucléaire pour-
rait alors vendre l’intégralité de sa
production au prix de marché en
France et en Europe. Le Green Deal
européen est une occasion énorme
pour EDF de développer le
nucléaire (d’où le besoin d’une ASN
européenne). Ajoutons que EDF et
le gouvernement français devraient
porter plainte devant la Cour de jus-
tice européenne, au titre de viola-
tion du marché unique, contre
l’Allemagne et les autres pays qui
ont banni le nucléaire. Ces bannis-
sements sont une entrave mani-
feste au libre établissement et à la
libre concurrence. Sur l’Europe,
EDF, plutôt que de regimber, devrait
renverser la table : embrasser avec
enthousiasme le Marché unique
européen et l’utiliser à son profit.
Jacques Delpla est économiste,
directeur du think tank Asterion.
 10 // IDEES & DEBATS
opinions
Publiez vos contributions
sur le Cercle des Echos :
lecercle.lesechos.fr
LE LIVRE
DU JOUR
Chine - Etats-Unis :
l’impossible équilibre
L’INTÉRÊT C’est un plaidoyer en
faveur du multilatéralisme auquel
se livre l’auteur de cet ouvrage.
Convaincu depuis des décennies
de l’essor inexorable de la Chine,
il estime que toute tentative des
Etats-Unis d’en contenir son
développement par l’« indo-
pacifisme » est vaine. Beaucoup
de points opposent les deux géants,
en particulier les valeurs
politiques : l’Amérique est attachée
à la liberté – de la presse,
d’expression, de réunion,
religieuse – quand la Chine estime
que les besoins sociaux et
l’harmonie collective priment sur
les droits individuels dès lors qu’il
s’agit d’éviter le chaos. La différence
d’approche est totale : quand
l’Amérique valorise la fermeté
stratégique, la Chine prône la
patience. La société américaine est
devenue durablement inégalitaire
quand la Chine se mue en
méritocratie assumée. Pour éviter
un duel stérile, l’Europe peut jouer
le rôle de troisième puissance.
Alliée traditionnelle des Etats-Unis,
elle affirme vouloir travailler avec la
Chine. Aussi, et c’est la thèse du
président français Emmanuel
Macron, il serait hautement contre-
DANS LA PRESSE
ÉTRANGÈRE
Suez : Moscou promeut la voie nord pour le pétrole
•tankers
« Alors que des centaines de navires et de
étaient bloqués dans le canal de Suez,
la Russie a rappelé à l’Europe tous les bénéfi-
ces des pipelines nord et les perspectives à long
terme de la voie alternative vers l’Asie le long
de ses côtes de l’Arctique où ni la largeur ni le
tirant d’eau d’un navire n’est un problème »,
écrit le « Financial Times ».
Certes aujourd’hui le trafic maritime par
la voie nord est minime, mais, d’après le
ministère de l’Energie russe, il est néces-
saire d’explorer de nouvelles routes pour les
cargos et les tankers. Or, a-t-il ajouté, selon le
« FT », la voie nord a un « potentiel élevé »,
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
qui permet de réduire de façon significative
le temps de transport des marchandises
entre l’Asie et l’Europe. Certes il existe des
risques climatiques et la navigation toute
l’année ne sera possible qu’en 2025-2030,
mais Rosatom, l’entreprise chargée de la
route nord, s’attend à une hausse du trafic
après l’incident du canal de Suez.
D’après la compagnie de fret TransCon-
tainer, le trafic par la voie ferrée a déjà nette-
Les Echos est une publication du
PRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH)
PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL Pierre Louette
DIRECTRICE GÉNÉRALE PÔLE LES ECHOS Bérénice Lajouanie
DIRECTEUR DÉLÉGUÉ Bernard Villeneuve
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
& PRÉSIDENT DE LA SAS LES ECHOS Pierre Louette
Edité par Les Echos, SAS au capital de 794.240 euros RCS 582 071 437
10, boulevard de Grenelle, CS10817, 75738 Paris Cedex 15
Tél. : 01 87 39 70 00. www.lessechos.fr
SERVICE ABONNEMENTS LES ECHOS 45, av. du Général Leclerc, 60643 Chantilly Cedex. Tél. : 01 70 37 61 36 du lundi au vendredi de 9h à 18h. Abonnement France métropolitaine: 696 € TTC. IMPRESSION L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi-Libre (Montpellier). TIRAGE DU 31 MARS 2021 : 52.172 exemplaires. Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 56%.
Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : Ptot 0.01kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)
Le jour où la Chine
va gagner. La fin de la
suprématie américaine
De Kishore Mahbubani. Editions
Saint-Simon, 310 pages, 23 euros.
productif de se liguer massivement
contre la Chine. Cela la pousserait à
renforcer sa stratégie régionale et
à réduire sa coopération dans tous
les domaines prioritaires. Ce qui
serait dommageable pour tous.
LA CITATION « Le défi chinois sera
le principal sujet de discussion et
peut-être de discorde entre les
responsables politiques américains
et européens au cours des prochaines
décennies. » — Michel De Grandi
ment augmenté à travers la Russie et les
réservations pour le Transsibérien se sont
multipliées au cours des derniers jours.
D’après le « Financial Times », Moscou n’a
pas perdu de temps pour rappeler que la
Russie avait développé un réseau de trans-
port de pétrole et de gaz sans aucun obstacle
vers l’Europe, la Turquie ou encore la Chine
et à des coûts compétitifs. En tout cas, le blo-
cage du canal de Suez n’a pas eu de consé-
quence importante sur les exportations de
pétrole russe et pourrait même avoir un
effet positif à la hausse sur les cours du brut
de l’Oural et du gaz vers l’Europe. D’autant
plus que les exportations de GNL du Qatar
ont été momentanément bloquées. Reste
que, selon le « FT », 2,5 millions de barils de
pétrole russe vers l’Asie sont encore bloqués
à Suez. Il n’empêche que la Russie a un nou-
veau joker. —J. H.-R.
DIRECTEUR DES RÉDACTIONS
Nicolas Barré
DIRECTEUR DES DÉVELOPPEMENTS
ÉDITORIAUX DU PÔLE LES ECHOS
Henri Gibier
DIRECTEURS DÉLÉGUÉS
DE LA RÉDACTION
Dominique Seux et François Vidal
RÉDACTEURS EN CHEF
David Barroux (Entreprises)
Julie Chauveau (Entreprises)
La Chine, un bouc émissaire
commode pour les Américains
Quatre années de présidence Trump ont persuadé les Américains que
le principal problème du déficit commercial des Etats-Unis était la Chine.
C’est un raccourci trop facile, qui masque des problèmes structurels
de l’économie américaine où la Chine n’est pour rien.
LA
CHRONIQUE
de Stephen S.
Roach
S
’il faisait froid lorsque se sont
retrouvées, à Anchorage, les
délégations des Etats-Unis et de
la Chine, ce n’était pas seulement en rai-
son de la température extérieure. Les
deux pays étaient censés redéfinir leur
relation, après quatre années de ten-
sions croissantes ; malheureusement,
la rencontre a plus évoqué la guerre
froide qu’un nouveau départ. Cette
situation doit changer. Et vite. Avant
qu’il ne soit trop tard.
Emportée par la lame de fond biparti-
sane du sentiment antichinois qui balaie
la vie politique américaine, l’équipe du
président Joe Biden semble suivre le cap
tracé par la précédente administration,
même si elle rehausse le niveau du
conflit commercial et technologique
en soulevant la question des droits
humains, chose qu’ignorait le prédéces-
seur de Biden. Et la Chine, toute à son
désir de laver l’affront d’« un siècle
d’humiliations », complique le pro-
blème en y répondant par une attitude
défensive et par un excès de confiance.
Sous le regard des médias, les premiers
échanges furent une succession d’atta-
ques et de contre-attaques, sans que se
dessine aucun chemin d’apaisement.
Les deux parties feraient mieux d’en
revenir aux fondamentaux – les ques-
tions économiques et commerciales
auxquelles s’est longtemps arrimée la
relation sino-américaine. Cela ne signi-
fie pas qu’il faille renoncer à aborder les
questions qui fâchent. Cela signifie le
retour à un terrain d’entente et à la
confiance mutuelle avant de songer à
élargir l’agenda. C’est sur ce point que
l’administration Biden doit repenser sa
posture combative. En matière écono-
mique et commerciale, elle s’est pris les
pieds dans le tapis de l’accord commer-
cial dit de « phase 1 », négocié par les
« types d’avant », pour reprendre
l’expression par laquelle Biden se réfère
à l’administration précédente.
Certes, ce principe de la phase 1 jouit
des faveurs de l’opinion américaine. Une
récente enquête du Pew Research Cen-
Elsa Conesa (Finance et Marchés) DIRECTEUR DE CRÉATION
Daniel Fortin (Magazine, Opinions Fabien Laborde
et Innovation) DIRECTRICE ARTISTIQUE Marion Moulin
Muriel Jasor (Leadership et Management) EDITORIALISTES
Arnaud Le Gal (Les Echos Entrepreneurs
Cécile Cornudet
et opérations spéciales) Jacques Hubert-Rodier
Etienne Lefebvre (France et international) Eric Le Boucher
Clémence Lemaistre (Information digitale) Jean-Francis Pécresse
Lucie Robequain (France, International Jean-Marc Vittori
et Enquête) Sabine Delanglade
Marie-Christine Sonkin (Patrimoine) Laurent Flallo, Sylvie Ramadier (Le Crible)
ter, menée en février, fait état d’un large
soutien à la poursuite de la politique des
droits de douane élevés, une majorité de
personnes interrogées se montrant dési-
reuses d’un durcissement avec la Chine
sur les questions commerciales plutôt
que d’un renforcement des liens.
L’obsession nourrie ces quatre dernières
années envers la Chine, considérée
comme la source de tout ce qui affaiblis-
sait les Etats-Unis, est solidement ancrée
dans le sentiment populaire.
Cela ne signifie pas que la façon de voir
de l’opinion américaine soit juste.
L’accord de phase 1 était biaisé dès le
départ, parce qu’il apportait une solution
bilatérale à un déficit commercial multi-
latéral avec 96 pays en 2020. Ainsi
l’accord n’a-t-il jamais tenu ses promes-
ses. Il n’a pas réduit le déficit commercial
des Etats-Unis, et il a imposé de nou-
veaux coûts aux entreprises et aux
consommateurs américains.
Le déficit commercial
américain résulte en
réalité de la pénurie
d’épargne intérieure.
Il est temps, pour les
Etats-Unis, d’adopter
une stratégie plus
clairvoyante.
En réalité, le déficit commercial des
Etats-Unis résulte d’un problème pro-
fond : la pénurie d’épargne intérieure. Le
taux d’épargne national nette de l’Améri-
que – qui constitue la mesure la plus
générale de l’épargne des entreprises,
des ménages et du secteur public, corri-
gée de la dépréciation – est entré en « ter-
ritoire négatif » pour la première fois
depuis dix ans (et pour la seconde fois
seulement depuis qu’il est calculé). Selon
les dernières données disponibles, il
était en moyenne de −0,8 % du revenu
national au cours des deuxième et troi-
sième trimestres de 2020. Et à la lumière
des déficits surdimensionnés du budget
fédéral, on peut conjecturer que l’épar-
gne nationale chutera encore.
L’accord de phase 1 est une tentative
politique de microgestion d’un pro-
blème macroéconomique. Même s’il
parvenait à réduire le déficit commercial
bilatéral avec la Chine, la pénurie persis-
tante d’épargne intérieure a pour consé-
LES ECHOS WEEK-END ÉDITRICE
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Marie Van de Voorde-Leclerq
Henri Gibier ÉDITRICE ADJOINTE
RÉDACTEURS EN CHEF Laura Berny, Clémence Callies
Karl De Meyer et Mariana Reali DIRECTEUR DE LA DIFFUSION
DIRECTRICE ARTISTIQUE Cécile Texeraud ET DU MARKETING CLIENTS
Etienne Porteaux
SÉRIE LIMITÉE
DIRECTEUR STRATÉGIE
RÉDACTRICE EN CHEF Frédérique Dedet ET COMMUNICATION
DIRECTRICE ARTISTIQUE
Fabrice Février
Clarice Fensterseifer
Jeudi 1er avril 2021 Les Echos
Blondet Eliot/Abaca
quence logique que le solde négatif du
commerce extérieur se répartirait alors
sur d’autres pays – et c’est exactement ce
qui s’est passé. En outre, cette réaffecta-
tion commerciale s’est portée sur des
producteurs étrangers dont les coûts
sont supérieurs, ce qui équivaut à une
hausse d’impôts sur les entreprises et les
consommateurs américains.
Rien de cela ne signifie que l’adminis-
tration Biden doive capituler devant la
Chine. Mais elle doit déplacer son effort
et abandonner le cadre bilatéral dys-
fonctionnel de l’accord de phase 1 et des
droits de douane qui l’accompagnent.
Un programme structurel solide appa-
raît nécessaire, qui s’attaque aux problè-
mes autrement sérieux des droits de pro-
priété intellectuelle, de la politique
d’innovation, des transferts forcés de
technologie, de la cybersécurité et des
subventions aux entreprises publiques.
La meilleure façon d’y parvenir, et d’ana-
lyser la véracité des doléances structu-
relles, est un traité d’investissement bila-
téral. Activement négocié pendant dix
ans, avant 2017, ce traité sino-américain
fournirait un cadre de résolution aux
tensions structurelles, tout en favorisant
la croissance des deux économies par
une extension de l’accès aux marchés.
Ce ne sont pas là des arguments popu-
laires aux Etats-Unis, après quatre
années d’une rhétorique venimeuse qui
a convaincu de nombreux Américains
que la Chine représentait une menace.
Malheureusement, la politique améri-
caine consistant à rejeter la faute sur
autrui et à se présenter en victime a créé
un terrain fertile aux reproches de mal-
traitance adressés aux uns et aux autres.
Il est temps, pourtant, d’adopter une
stratégie plus clairvoyante. La Chine
constitue un défi lancé aux Etats-Unis,
mais aussi une chance. Biden se retrouve
malheureusement entraîné par son pré-
décesseur dans une situation dont il lui
sera difficile de s’extraire. Pour rompre
avec la politique inefficace des quatre
dernières années, il faudra faire montre
de courage, de sagesse et de créativité. La
relation entre les Etats-Unis et la Chine
est trop importante pour qu’on songe lui
accorder moins que cela.
Stephen S. Roach est économiste
et ancien président de Morgan
Stanley Asie.
Ce texte est publié en partenariat
avec Project Syndicate.
PUBLICITÉ
Les Echos Le Parisien Médias
Tél. : 01 87 39 78 00.
PRÉSIDENTE Corinne Mrejen
DIRECTEUR GÉNÉRAL
Philippe Pignol
DIRECTRICE PUBLICITÉ FINANCIÈRE
Céline Vandromme
DIRECTRICE PUBLICITÉ COMMERCIALE
Emmanuelle Denis
Les Echos Jeudi 1er avril 2021 IDEES & DEBATS // 11

Vous êtes déjà 9 millions

à avoir téléchargé
art&culture
notre podcast d’actualité
« La Story »

LE POINT
DE VUE Veolia-Suez : le temps Tahar Rahim dans la peau
de Gérard Mestrallet
de l’apaisement du « Serpent »
est venu Laura Berny
@lb93
SÉRIE ANGLAISE
Le Serpent
de Richard Warlow et Toby
histoire qui se situe dans
une époque et une région
emblématiques de l’émer-
C’est une histoire oubliée Finlay, avec Tahar Rahim, g e n c e d ’u n e n o u v e l l e

J
’ai eu l’occasion de m’exprimer
deux fois à propos du dossier
Veolia-Suez, dans la presse, en
septembre 2020, et au Sénat, en janvier
dernier. Chaque fois en recommandant
des approches négociées. Comme diri-
geant de Suez, puis d’Engie, j’ai toujours
été passionné par les défis de la concur-
rence mondiale, les urgences sociales et
environnementales, la recherche scien-
tifique et la place de la France et de
l’Europe dans la bataille mondiale. Suez
et Veolia ont toujours été concurrents.
Pour autant, l’un et l’autre sont confron-
tés aux mêmes enjeux de la planète.
Depuis plusieurs mois, communi-
qués, procédures multiples et polémi-
ques médiatiques ont créé une très
grande confusion qui inquiète les sala-
riés et les clients des deux groupes ainsi
que les élus locaux tout en laissant le
champ libre à leurs redoutables concur-
rents étrangers. Ils donnent, en outre,
une mauvaise image de la place de
Paris. Il est temps de prendre du recul.
Le projet de rapprochement entre
Veolia et Suez est une opération de pre-
mière importance pour l’économie fran-
çaise et sans doute aussi euro-
péenne. D’abord, parce qu’il existe un
enjeu de concurrence sur le territoire
français et qu’il est nécessaire que sub-
sistent, à long terme, plusieurs opéra-
teurs sur le marché français de l’eau et
des déchets. Ensuite, parce que cette
opération concerne deux acteurs indus-
triels majeurs, grands employeurs,
L’enjeu est également politique et stra-
tégique au plein sens du terme. Il
concerne la vie de la cité, autant que la
souveraineté économique de notre pays.
La politique environnementale fran-
çaise doit avoir comme fers de lance, des
acteurs industriels aptes à promouvoir
notre vision, plutôt que celle de pays
moins soucieux de la protection de la
planète. De telles décisions doivent être
réfléchies pour les vingt ans à venir.
Il faut sortir du conflit
actuel en retrouvant le
chemin d’une solution
négociée, la seule option
permettant de relever
les véritables défis
de cette opération.
La résolution de ces enjeux ne saurait
se résoudre à une simple bataille bour-
sière. L’opération pourrait demeurer
hostile des deux côtés jusqu’au bout, elle
aura nécessairement une fin, mais la vic-
toire de l’un sur l’autre aura un goût
amer. Et les enjeux méritent un autre
niveau de réflexion et de vision. La seule
issue digne serait de parvenir à un
accord sur des bases saines et rationnel-
les. Il y a, d’une part, l’impérieuse néces-
sité d’une saine concurrence en France
et dans les deux domaines où sont pré-
sents Suez et Veolia, l’eau et les déchets.
transformation écologique, et dont
l’autre aurait les moyens de son dévelop-
pement autonome. J’en avais lancé le
principe et fixé les bases dès 2012 dans le
cadre d’une approche amicale. Elle n’a
pu aboutir. Trop tôt sans doute.
Cela suppose, aujourd’hui, de régler
toutes les questions qui se posent, de la
concurrence en France, aux garanties
sur l’emploi en passant par l’image de la
place financière de Paris. Cette solution
requiert aussi que les acteurs issus de
cette opération se respectent, aient un
ancrage français de long terme, soient
soucieux de servir l’intérêt général au-
delà des enjeux patrimoniaux et capa-
bles de s’engager dans la durée. Veolia et
Suez, représentent le prestige, l’excel-
lence française et un capitalisme res-
ponsable. Dans leur secteur des services,
le capital est humain plus que financier.
Chez Suez comme chez Véolia, la pre-
mière richesse ce sont des dizaines de
milliers de salariés bien formés, compé-
tents et à qui il faut offrir une perspective
apaisée, stabilisée et enthousiasmante.
Repartons de la situation objective
d’aujourd’hui plutôt que de voir ce dos-
sier comme inextricable et semé
d’embûches. Pour cela, il faut sortir du
conflit actuel, explicable par des réac-
tions immédiates, en retrouvant le che-
min d’une solution négociée, la seule
option permettant de relever les vérita-
bles défis de cette opération. Il ne faut pas
risquer d’avoir la tristesse des regrets et
se dire, demain, qu’aveuglés par le temps
qu’ont choisi de remettre en Jenna Coleman et Billy
lumière la BBC et Netflix. Howle, sur Netflix à partir
Celle d’un escroc d’origine du 2 avril 2021.
française (dont la mère était
vietnamienne et le père, indien) : Charles
Sobhraj, auteur de plus d’une dizaine de
meurtres dans l’Asie du Sud-Est des
années 1970, qui connut son heure de gloire
médiatique. Aussi manipulateur que terri-
fiant sous ses dehors charmants, il attirait ses
proies, la plupart des hippies, chez lui, à Ban-
gkok, pour les voler avant de les occire, avec
l’aide de sa complice et amante québécoise et
d’un ami devenu son tueur à gages…
Le serpent – c’était son surnom – se faisait
passer pour un négociant en pierres précieu-
ses et usurpait des identités pour voyager et
commettre ses crimes en toute impunité.
Jusqu’à ce qu’un jeune diplomate de l’ambas-
sade des Pays-Bas en Thaïlande, Herman
Knippenberg, s’intéresse au sort d’un couple
de Néerlandais retrouvés battus et brûlés en
décembre 1975. Ce sera le début d’une
incroyable traque pour cet enquêteur de for-
tune, alors que la police thaïlandaise, cor-
rompue, regarde ailleurs.
Finalement, Charles Sobhraj sera arrêté
en Inde, l’été suivant, après avoir drogué une
vingtaine de touristes français dans un hôtel
de New Delhi…Tout est étonnant dans cette
société, plus libre mais aussi
plus violente. C’est sans
doute ce qui a attiré les créa-
teurs de cette série, Richard
Warlow et Toby Finlay, ainsi que son acteur
principal, Tahar Rahim, qui avait lu, à qua-
torze ans, la biographie du meurtrier…
Froideur glaçante
En pleine ascension internationale, la star
d’« Un prophète » réalise une performance
remarquable dans ce rôle compliqué de psy-
chopathe manipulateur et charismatique.
Faute de le comprendre, il s’est efforcé de
l’imiter. « J’ai pensé à lui comme à un animal »,
a-t-il confié au « Guardian ». Aucun risque
cependant que l’on se laisse charmer par ce
serpent à la froideur glaçante !
D’ailleurs, les auteurs de la série ont pris
soin d’humaniser ses victimes en s’attardant
sur leur vie avant leur rencontre fatale. Pas
sûr pour autant que les spectateurs aient
envie de regarder les huit épisodes, le pre-
mier laissant à penser que ce monstre a
réussi à passer entre les mailles du filet… En
réalité, Charles Sobhraj n’a profité de sa
liberté que quelques années, à Paris, entre
ses vingt et un ans de prison en Inde et son
arrestation au Népal en 2003. A soixante-
seize ans, il y purge une peine à vie. n

Roland Neveu/Mammoth Screen/BBC/Netflix

moteurs l’un et l’autre du tissu économi-
que français. Enfin, parce que notre éco-
nomie a besoin de grands champions
industriels de dimension internationale,
capables de tenir leur rang face aux
concurrents asiatiques ou américains.
D’autre part, la clairvoyance nous oblige
à reconnaître la nécessité d’un accord
négocié, afin de construire deux acteurs
de classe internationale, dont l’un serait
le premier acteur mondial pour les
décennies à venir dans le domaine de la
présent, nous avons raté l’essentiel.
Le temps de la discussion doit s’ouvrir
maintenant.
Gérard Mestrallet est ancien
président d’Engie et de Suez.

LE POINT
DE VUE Et si l’Europe sortait
gagnante du Covid ?
Tahar Rahim interprète un psychopathe manipulateur et charismatique,
de Steven A. Altman au côté de Jenna Coleman, qui joue le rôle de sa complice et amante.
et Niccolò Pisani

Emily St. John Mandel,

D epuis des années, la part de
l’Europe dans l’économie mon-
diale ne cesse de diminuer, d’où
un sentiment de retard du Vieux Conti-
nent alors que l’Asie continue de se
développer et que les États-Unis domi-
nent les secteurs technologiques. Après
la pandémie, l’Europe devrait être
confrontée à une croissance plus lente
et à une montagne de nouvelles dettes.
Devant ces sombres perspectives,
quelles forces cachées les multinationa-
les européennes pourraient-elles bien
exploiter ? La résilience des flux mon-
diaux et la position unique de l’Europe
dans cette dynamique globale peuvent
aider ses entreprises à progresser. Le
DHL Global Connectedness Index 2020
montre que le commerce des biens a
déjà dépassé son niveau d’avant la pan-
démie, les flux de capitaux se rétablis-
sent et les flux numériques ont atteint
des sommets. Finalement, les flux qui
se sont vraiment effondrés sont ceux
des personnes.
Le même Index classe l’Europe
comme la région la plus connectée de la
planète. La moitié des pays du monde
entretient ainsi des échanges de biens, de
capitaux, d’informations et de person-
nes plus importants avec l’Union euro-
péenne qu’avec les Etats-Unis ou la
Chine. L’économie américaine reste
essentiellement tournée vers l’intérieur.
La Chine de son côté est toujours une
grande puissance exportatrice, mais ses
exportations, en proportion de son PIB,
ont diminué de moitié depuis 2006. L’un
des principaux handicaps que l’on relève
en Europe concerne sa fragmentation
territoriale. Mais cela pourrait finale-
ment se révéler un atout dans la nouvelle
mondialisation plus diversifié qui se pro-
file. L’Europe et ses dynamiques
commerciales variées constitueraient
ainsi un modèle avantageux.
La meilleure voie
à suivre consiste certai-
nement à multiplier
les connexions commer-
ciales internationales
entre les pays européens.
Si la diversité interne de l’Europe rend
plus difficile l’expansion rapide de ses
entreprises dans la région, elle constitue
en même temps une force. Car les firmes
européennes sont obligées de dévelop-
per des capacités d’adaptation trans-
nationales. Un aspect clé que leurs
concurrents ont du mal à maîtriser.
Quels autres atouts les multinationa-
les européennes peuvent-elles exploi-
ter ? Tout d’abord, elles peuvent orien-
ter leur reprise économique vers une
plus grande résilience de la chaîne
d’approvisionnement. La taille, la diver-
sité et les capacités internes de l’Europe
créent des possibilités de renforce-
ments efficaces, voire d’autonomisa-
tion, au sein des diverses chaînes
d’approvisionnement mondiales.
Deuxièmement, il convient d’adopter
un point de vue équilibré sur le Brexit.
S’il incite les entreprises européennes à
réexaminer l’implantation de certaines
activités au Royaume-Uni, elles peu-
vent toujours profiter des connexions
mondiales uniques de ce pays. Troisiè-
mement, il s’agit de défendre et de ren-
forcer la collaboration et la coordina-
tion internationale au sein de l’Europe.
La crise montre la nécessité d’une plus
grande coopération européenne.
Alors que l’Europe est confrontée à
une croissance lente et à une dette éle-
vée, la meilleure voie à suivre consiste
certainement à multiplier les
connexions commerciales internatio-
nales entre ses pays. Les multinationa-
les européennes devraient exploiter les
formidables atouts offerts par la dyna-
mique géographique et commerciale
dont elles bénéficient. Cela dans le but
d’accroître leur compétitivité au sein
d’un environnement commercial de
plus en plus diversifié mais toujours
fortement connecté.
Steven A. Altman est professeur
adjoint et directeur de la DHL
Initiative on Globalization au NYU
Stern Center for the Future
of management. Niccolò Pisani
est professeur de stratégie
et de commerce international à l’IMD
de Lausanne.
maîtresse des illusions
Isabelle Lesniak
@IsabelleLesniak
ROMAN CANADIEN
L’Hôtel de verre
d’Emily St. John Mandel,
dénouement, inéluctable et
tragique. L’une des proues-
ses de ce roman brillam-
Il suffit parfois de sept mots traduit de l’anglais (Canada) ment construit est de tenir
pour que le destin de mil- par Gérard de Chergé, coll. sur un compte à rebours
liers d’êtres humains et le Rivages Noir, chez Rivages, assumé d’entrée de jeu :
sort de toute une société 400 p., 22 euros. « commençons par la fin ».
basculent. « Et si vous avaliez La chute est connue et
du verre brisé ? » : l’apparition de cet énigma- certains événements sont annoncés sans
tique graffiti sur la surface de verre du qu’on soit en mesure de saisir leur portée à ce
Caiette, un hôtel de luxe perdu au nord de stade de la lecture. Enchevêtrement de des-
l’île de Vancouver, va faire remonter à la sur- tins, de personnages et d’époques : l’intrigue
face le cloaque de duperies, de mensonges se met en place par petites touches éclatées à
par omission, de compromissions et de la manière d’un puzzle savamment conçu
rancœurs sur lesquelles reposait l’existence par cette jeune auteure canadienne, auréo-
des héros de cet ouvrage. Jonathan Alkaitis, lée de gloire internationale depuis « Station
propriétaire de cet endroit paradisiaque lové Eleven » et décidément allergique à toute
sur une île de Colombie-Britannique, consti- linéarité.
tue le lien plus ou moins direct entre les pro- L’affaire pourrait encore se compliquer
tagonistes. avec l’apparition de fantômes qui viennent
hanter des personnages déjà torturés et les
Fantômes « contre-vies » qu’ils s’inventent pour échap-
Le milliardaire américain dirige un fonds de per à leur sentiment de culpabilité. Il n’en est
gestion florissant à Manhattan et fait, de rien tant Emily St. John Mandel maîtrise son
temps à autre, le voyage dans son havre de architecture et ses mots, d’une simplicité
paix et de volupté pour boire une Guinness redoutable. On ressort de cet éblouissant
avec des clients richissimes quand ses affai- exercice essoré par la tension croissante à
res le préoccupent trop. Il y fait notamment chaque chapitre, intrigué par les parallèles
la connaissance de Vincent, la barmaid « au avec l’affaire Madoff, outré par l’extrême
comble de son charme et de son éclat », qu’il précarisation des victimes de l’escroquerie
épouse. La nature de son business a de quoi et émerveillé par la beauté de la nature sau-
obnubiler Alkaitis : comme Bernard Madoff, vage qui contraste avec la vilenie des hom-
dont le personnage est librement inspiré, mes. Barack Obama a eu amplement raison
une partie de son activité est bâtie sur une d’intégrer cet ouvrage mémorable à son
pyramide de Ponzi dont il pressent le Top 17 littéraire de l’année 2020. n
 12 // IDEES & DEBATS Jeudi 1er avril 2021 Les Echos

leadership&management

o STRATÉGIE // Si des dissensions retardent bien des opérations, les OPA traînent, de toute façon,
mécaniquement en longueur entre l’annonce d’une transaction, sa signature puis sa clôture.
MATIÈRES À PENSER

Prix, shadow comex…

Des tremplins pour la
Fusions-acquisitions : pourquoi
carrière des 35-45 ans ? les opérations sont si longues
C hoiseul 100, Young Leaders, Next
Leaders Awards (trophées décernés par
« Les Echos »)… Diverses récompenses,
empreintes d’un certain prestige, résonnent
agréablement aux oreilles de jeunes cadres
L’ANALYSE

supérieurs, désireux de se distinguer dans de Muriel Jasor

un contexte de guerre des talents. Pour autant,
en dépit de leur indéniable aura, ces

distinctions professionnelles permettent-elle
(vraiment) de faire décoller les carrières ? « Je ne
dirai pas qu’il s’agit d’un tremplin stricto sensu
mais plutôt d’un facilitateur, ces distinctions
offrant davantage de visibilité », nuance
Alexandre Fretti, directeur de la plateforme
Malt, leader européen du consulting freelance,
et vainqueur du Grand Prix 2017 des Next
Leaders Awards. Un coup de projecteur qui,
s’il est par essence éphémère, peut permettre
néanmoins d’étendre plus durablement sa zone
d’influence, comme l’explique Meriem Riadi,
chief digital officer chez Suez et lauréate du prix
numérique Next Leaders Awards 2019. « Cette
nouvelle visibilité m’a permis, par exemple, d’être
approchée pour des mandats d’administrateurs
indépendants, toujours en lien avec mes
compétences digitales. »
Shadow comex et base de données
Dès lors, à travers ces exemples,
ces classements, prix, trophées et autres
distinctions peuvent également servir de
« bases de données » à des entreprises
soucieuses d’alimenter leurs viviers de talents.
Le groupe hôtelier Accor a instauré, depuis
2016, un « shadow comex ». Un comité de
l’ombre, où siègent la quinzaine de membres, de
moins de 40 ans, les plus prometteurs du
groupe, tous métiers confondus. Chez le
spécialiste de l’intérim Adecco, la démarche est
peu ou prou similaire au sein d’un « advisory
board ». « Les récompenses ou distinctions
individuelles peuvent vite s’avérer grisantes. Il
convient de garder à l’esprit que ces distinctions
mettent aussi, et surtout, en lumière une
entreprise et une équipe dans son ensemble »,
abonde Alexandre Fretti. Et d’ajouter : « Le bon
leader est celui qui éclaire plus qu’il n’éblouit. »
— Samir Hamladji
E
ssilorLuxottica vient enfin de
recevoir un feu vert de Bruxelles
pour le rachat de GrandVision.
Cela a pris du temps mais toutefois pas
autant que la fusion elle-même entre les
deux spécialistes français et italien de
l’optique et des verres, qui a nécessité
quasi deux ans pour se clôturer sur
fond de relations conflictuelles et jeux
de pouvoir. De son côté, le feuilleton à
rebondissements Suez- Veolia se pour-
suit. Suez a donné à Veolia jusqu’au
20 avril pour aboutir à un accord qui
désactiverait la fondation néerlandaise
qui rend incessible Suez Eau France.
Mais Antoine Frérot, le PDG de Veolia,
entend quand même lancer son offre
publique d’achat (OPA) dès l’obtention
du feu vert de l’antitrust.
L’année 2021, malgré le Covid, pour-
rait être celle de la relance des fusions-
acquisitions (M&A). Si des dissensions
retardent bien des opérations, les OPA
traînent, de toute façon, mécanique-
ment, en longueur. Il se passe beaucoup
de temps entre l’annonce d’une transac-
tion et sa signature, mais aussi entre la
signature et sa clôture. « Autorisations
réglementaires, clearance des instances Orchestrer une OPA est un jeu subtil de technicité, de savante conduite de négociations et d’identification
antitrust dans chaque zone géographique des points de blocage. Photo New Africa/Shutterstock
où sera actif le nouvel ensemble… La
signature d’une opération est fréquem- orientations stratégiques, des considéra- pour, par exemple, participer à la con- ce sont les ventes d’actifs par des socié-
ment assortie de conditions », éclaire Eric tions tactiques, une alternance de blitz et solidation d’un marché, la croissance tés privées, des fonds d’investissement
Meyer, directeur général de RBC Capital de périodes de moindre intensité, des organique ne suffisant plus. Autres rai- le plus souvent, qui sont les opérations
Markets. Et cette période, sans possibi- phases tantôt offensives tantôt défensi- sons : pour acquérir des compétences de M&A les plus nombreuses. Réunion
lité de mettre en œuvre le rapproche- ves », décode Eric Meyer. « Pour mener à et/ou technologies que l’on ne possède du conseil d’administration, définition
ment, accroît l’inquiétude des salariés et bien une telle opération, le CEO doit com- pas ou encore « tuer » un concurrent. du périmètre de vente, comptabilisa-
laisse le champ libre aux concurrents. biner vision stratégique, capacités Orchestrer une OPA est un jeu subtil tion consolidée et management de ce
manœuvrières et talents de persuasion. de technicité, de savante conduite de périmètre à vendre, élaboration d’une
Un moment de disruption Une acquisition transformante se doit négociations et d’identification des « equity story » pour le marketing de la

a Version longue sur

lesechos.fr/idees-debats/leadership-management/
Rappelons que 73 % des opérations de
M&A achoppent sur des désaccords de
valorisation, des contraintes antitrust
et des incertitudes politiques, selon
McKinsey & Company. Toute OPA est
un moment de disruption. Même une
opération amicale ne met pas à l’abri
LA TENDANCE d’un échec. Quant à la transaction non
recommandée, elle débouche souvent
sur une période d’hostilité consomma-
Ecouter ses salariés trice de temps, de frais d’avocats subs-
tantiels et de distraction quant à la mar-
pour doper che habituelle de l’entreprise. « Cela
peut ressembler à la guerre, avec des
leur engagement
d’être menée par un dirigeant lucide et
discipliné, épaulé par un conseil d’admi-
nistration qui sait tirer le meilleur parti
de sa propre diversité pour évaluer objec-
tivement et conseiller utilement.»
Bien comprendre ce qui
motive la partie en face
Il arrive aussi que des rumeurs, plus ou
moins organisées, torpillent les projets.
Ce qui peut, dès lors que les sociétés
sont cotées, reporter une opération de
quelques années. Or l’OPA est juste-
ment lancée pour gagner du temps :
points de blocage. Mais il n’y a pas que
cela, chacun doit comprendre ce qui
motive la partie en face - un dirigeant
vulnérable car arrogant, un Etat action-
naire interventionniste … - et agir avec
tactique et psychologie. Ensuite, une
fois la clôture de l’opération effectuée,
démarre une nouvelle étape : l’intégra-
tion. Une phase difficile, la priorité étant
allée aux logiques stratégiques et finan-
cières, au détriment des ressources
humaines et des aspects culturels.
Mais, obnubilés par les OPA et leur
côté spectaculaire, on en oublierait que
cession, approche d’acheteurs… « Le
processus de vente d’un actif est très
balisé et codifié. Une petite opération
prendra deux mois, tandis qu’une autre,
de taille importante en Europe, six mois,
voire plusieurs années. Sans compter que
le Covid complique bien entendu la donne
en biaisant nombre de résultats finan-
ciers », explique un professionnel d’une
prestigieuse banque d’affaires. Dans
tous les cas, une opération de «M&A»
est belle et bien plus ou moins longue.
@Mljr75112

S euls 18 % des salariés français pensent

que leur hiérarchie prend en
considération leurs avis et les
transforme en actions concrètes, nous apprend
la récente étude Qualtrics consacrée à
l’expérience collaborateur. Une enquête pour
laquelle plus de 11.800 salariés à temps plein,
dans 20 pays (dont 800 en France), ont été
interrogés.
Partager leur expérience
« La France est en retard lorsqu’il est question
d’engagement. Et, malgré la crise sanitaire, les
entreprises françaises ne semblent pas davantage
à l’écoute », relève Douglas Rosane, directeur
Solutions Expérience Collaborateurs chez
Qualtrics. « Moins de la moitié des salariés
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
Plus le pouvoir est solitaire, plus l’entreprise est fragile
LA
CHRONIQUE
d’ Eric Albert
Il arrive que la transmission du pouvoir
se déroule sans difficulté. Citons Saint-
Gobain, Bouygues ou L’Oréal. Mais on
voit aussi beaucoup d’entreprises où le
patron en place fait tout pour garder la
maîtrise de la situation et préserver son
dirigeants autoritaires, rien n’est pire
que les entreprises où les décisions ne
se prennent pas et où la recherche d’un
consensus mou paralyse tout.
Quels contre-pouvoirs ?
Le pouvoir et son usage sont au cœur de
l’efficacité des entreprises. Plus le pou-
voir est solitaire et sans contre-pou-
voirs, plus l’entreprise est fragile car
dépendante d’un individu. Rappelons-
nous l’état de l’Alliance lorsque, brutale-
ment, Carlos Ghosn ne peut en assurer
l’histoire glorifie souvent plus la préten-
due réussite d’un patron solitaire que
celle d’une équipe.
Le rapport au pouvoir d’un dirigeant
devrait être évalué par son conseil
d’administration. D’abord pour vérifier
que, dans son exercice opérationnel, il a
mis en place de vrais contre-pouvoirs.
Qui lui résiste ? Qui peut lui dire qu’il est
en désaccord et que l’orientation prise
n’est pas la bonne ? Qui challenge vrai-
ment ses choix sur les nominations ?
Pour autant, le boss reste décisionnaire
mais que celui-ci juge que son collabo-
rateur ne prend pas suffisamment ses
responsabilités, et donc les décisions
par lui-même. Ce partage du pouvoir
est la meilleure garantie de l’agilité
d’une organisation.
Enfin, le conseil doit contrôler que
l’émergence de ceux qui prendront la
relève se fait dans la préoccupation de
faire monter les meilleurs. Trop sou-
vent, le successeur répond d’abord aux
critères qui arrangent le prédécesseur
dans le partage du pouvoir, de la disso-

sondés ont pu partager leur expérience sur ce qui
a été une année pas comme les autres ! Cela nous
étonne que des organisations, en France, ne soient
pas intéressées par les feed-backs de leurs
salariés. Et lorsque c’est le cas, elles sont peu
nombreuses à utiliser les informations récoltées.
Pourtant, les entreprises qui placent leurs
collaborateurs au centre de leurs activités et se
mettent à leur écoute, créent des environnements
de travail plus engageants et plus productifs. »
pouvoir. Chez Danone toutefois,
Emmanuel Faber, après avoir résisté, a
dû, évincé, rendre les armes. De son
côté, Reed Hastings, le patron de Net-
flix, dit dans des interviews, à l’occasion
de la sortie de son livre «La règle ? Pas de
règles» (Buchet/Castel), qu’un boss est
là pour suggérer et pas pour imposer. Il
donne des exemples où, en imposant, il
s’est trompé. Ce à quoi, rétorqueront les
le leadership. Conflits, absence de ligne
directrice claire, fuite des talents, du
jour au lendemain, le constructeur
automobile donne l’impression d’être
un champ de ruines. D’ailleurs, les
patrons qui ont besoin de cette toute-
puissance révèlent soit une fragilité per-
sonnelle, soit une forte immaturité de
leur organisation. Ce qui ne signifie pas
qu’ils ne réussissent pas. D’ailleurs,
mais cela limite sa toute-puissance.
Réguler le pouvoir du CEO
Ensuite, le conseil doit s’assurer que le
patron fait mûrir son organisation dans
l’objectif de partager le pouvoir. Cette
maturité repose sur la capacité des
acteurs à prendre eux-mêmes les déci-
sions, comme le décrit Reed Hastings.
La peur n’est plus de déplaire à son chef,
ciation des rôles de président et direc-
teur général. Réguler le pouvoir du CEO
est une responsabilité des conseils
d’administration qui n’est pas suffisam-
ment assumée.
Eric Albert est associé gérant
d’Uside.
@EricAlbert_
Les Echos Jeudi 1er avril 2021
enquête
Valérie de Senneville
@VdeSenneville
Q
uand on lui demande de définir sa
mission, Laura Codruta Kövesi
sourit et lâche : « C’est un véritable
défi. » Le Bureau du procureur général
européen (EPPO) est sur sa rampe de lance-
ment. Mais c’est depuis octobre 2019 que la
procureure roumaine s’active à mettre en
place ce « monstre juridique », comme le
surnomment ses détracteurs. Il s’agit d’uni-
fier et de faire travailler en harmonie 22 sys-
tèmes judiciaires et 22 procédures pénales
différentes. Des nominations doivent
encore intervenir pour qu’il soit opération-
nel. « Nous allons devoir faire un travail de
pionniers car il n’y a pas de modèle, pas de
précédent. C’est la première fois qu’existe un
Parquet européen. Avec mes collègues, nous
allons devoir définir nos propres règles »,
admet Laura Kövesi.
Parcours exemplaire
Il ne fallait pas moins que cette juriste au
parcours exemplaire pour prendre la tête
de ce nouvel organisme. En Roumanie,
Laura Kövesi est devenue une égérie de la
lutte anticorruption. Droite dans ses bottes,
elle poursuit à l’EPPO une croisade contre la
corruption qu’elle mène depuis son début
de carrière – elle avait alors vingt-deux
ans ! « Mon père a été procureur pendant qua-
rante ans. Il m’a toujours dit que le parquet
n’était pas un endroit pour une femme. Mais
j’ai appris de lui la passion du métier. Tout ce
que je devais savoir pour être un bon procu-
reur, je l’ai appris de lui. La corruption était à
l’époque un phénomène massif en Rouma-
nie. Comme beaucoup de citoyens, j’aspirais à
vivre dans un pays “propre”. Je voulais agir
pour changer la donne », raconte-t-elle. C’est
ce qu’elle a fait pendant près de quinze ans.
Il ne faut pas se fier aux abords timides de
cette grande femme brune au visage pou-
pin, dont seul le regard noir trahit la
Laura Kövesi poursuit
à l’EPPO une croisade
contre la corruption
qu’elle mène depuis son
début de carrière – elle
avait alors vingt-deux ans.
volonté. Les cernes témoignent, eux, d’une
boulimie de travail. Championne euro-
péenne de basket, Laura Kövesi est une
compétitrice hors norme : « Ce sport m’a
appris le travail en équipe, l’équité et le fair-
play. Et plus important encore : pour avoir
des résultats, il faut travailler dur. »
Quand elle brigue la tête du Parquet euro-
péen, contre l’avis de son propre gouverne-
ment, Laura Kövesi se mesure à un grand
favori, le Français Jean-François Bohnert,
nommé depuis à la tête du Parquet national
financier (PNF). La compétition est
rude. « C’était une concurrence saine et une
contradictrice de tout premier ordre », se sou-
vient-il aujourd’hui. En sportive fair-play, la
toute nouvelle cheffe du Parquet européen
a d’ailleurs effectué sa première visite en
France. C’était en décembre 2019, au PNF, et
les magistrats français lui ont réservé une
standing ovation. Son aura est immense,
tant la magistrate de quarante-sept ans a
affronté de tempêtes. « En ce qui concerne les
pressions politiques, j’ai une certaine expé-
rience », glisse-t-elle, un sourire au coin des
lèvres. En Roumanie, elle a dirigé la presti-
gieuse Direction nationale anticorruption
(DNA). En trois ans, elle a inscrit à son
tableau de chasse près de 3.000 élus et fonc-
tionnaires, dont deux ex-Premiers minis-
tres du PSD (Parti social-démocrate).
Incorruptible
Ce qui lui vaut de fortes inimitiés d’une par-
tie de la classe politique roumaine. A peine
revenu au pouvoir, le SPD demande sa tête.
En février 2018, le ministre de la Justice
lance une procédure de destitution à son
encontre. Il lui reproche d’avoir enfreint la
constitution et d’avoir nuit à l’image de son
pays. Aussitôt des milliers de Roumains
descendent dans la rue pour soutenir
Laura Kövesi,
arme anticorruption
de l’Europe
PORTRAIT // Le nouveau Parquet européen est sur sa rampe de lancement.
A sa tête, une procureure de haut vol qui s’est déjà fait de nombreux ennemis
en combattant le crime organisé dans son propre pays, la Roumanie. Rencontre.
l’incorruptible procureure. Las, le pouvoir
la destitue de ses fonctions à la tête de la
DNA en juillet 2018 et va jusqu’à l’inculper
de corruption pour l’empêcher d’être nom-
mée à la tête du Parquet européen. « J’ai été
harcelée. J’ai subi plus de 40 procédures disci-
plinaires », raconte-t-elle aujourd’hui d’une
voix coupante.
A la tête du nouveau Parquet européen,
Laura Kövesi est persuadée que « le règle-
ment garantit notre indépendance. Nous
sommes tous, ici, entraînés à résister aux
pressions politiques. Notre indépendance est
la garantie que nous pourrons travailler et
enquêter sur tous, hommes et femmes politi-
ques, hommes et femmes de pouvoir. Nous
avons des collègues courageux et profession-
nels. » Pour la première fois, l’Europe se dote
d’un organisme collégial capable de faire
travailler ensemble, et sous son autorité,
des juges nationaux désignés dans les
22 pays signataires – la Hongrie, la Pologne,
la Suède, le Danemark et l’Irlande ayant
décidé de ne pas signer l’accord initial – afin
de défendre les intérêts financiers euro-
péens. Un challenge quand on connaît les
profondes disparités juridiques entre les
différents systèmes pénaux nationaux
européens.
Fraude à la TVA
L’EPPO a en charge la lutte contre la fraude,
la corruption, le blanchiment d’argent
concernant des fonds de l’Union euro-
péenne (UE) d’un montant supérieur à
10.000 euros et la fraude transfrontalière à
la TVA entraînant un préjudice supérieur à
10 millions d’euros. « Toutes les fraudes au
budget européen commises depuis 2017
entrent dans notre juridiction et seront enre-
gistrées auprès du Parquet européen », expli-
que Laura Kövesi. Chaque année, la fraude à
la TVA fait perdre au moins 50 milliards
d’euros de recettes à l’UE. Selon la Commis-
sion européenne, les autorités nationales
ont signalé des fraudes portant atteinte au
budget de l’Union pour un montant d’envi-
ron 1,2 milliard d’euros en 2018. Et les
750 milliards du plan de relance vont aigui-
ser l’appétit des fraudeurs : « plus il y a
d’argent, plus cela intéresse les criminels »,
résume la cheffe de l’EPPO. L’enjeu autour
de ces fraudes est énorme : seulement 11 %
des sommes sont récupérées aujourd’hui,
estime Europol, l’agence de coordination
des polices européennes.
Equipe forte
« Nous sommes une équipe forte qui affronte
de multiples obstacles législatifs. Nous tra-
vaillons depuis des mois pour trouver des
solutions », promet la procureure. Concrè-
tement, l’EPPO, logé à Luxembourg comme
la Cour de justice et le tribunal de l’Union
européenne, va fonctionner autour d’un
collège permanent de 22 procureurs – pour
la France il s’agit de Frédéric Baab, un
magistrat à la longue expérience de coopé-
ration européenne, ancien d’e l’Unité euro-
péenne de coopération judiciaire Euro-
just – sous la houlette de la cheffe du
parquet, Laura Kövesi. Ce collège travaillera
ensuite avec 140 procureurs européens
délégués dans chacun des Etats signataires
de l’accord. L’Allemagne en a désigné 11 et
l’Italie 20 par exemple. La France doit ren-
dre prochainement publics les noms de ses
cinq super procureurs européens indépen-
dants et rattachés directement à Luxem-
bourg. Ces derniers pourront ouvrir une
enquête avec des pouvoirs équivalents à
// 13
A la tête de la prestigieuse
Direction nationale anticor-
ruption, en Roumanie, de 2013
à 2018, Laura Kövesi a inculpé
près de 3.000 élus et fonction-
naires, dont deux ex-Premiers
ministres du PSD (Parti social-
démocrate).
Photo Vadim Ghirda/AP/SIPA
ceux des juges d’instruction. Ils auront le
pouvoir de mettre une personne en examen
et pourront, sous le contrôle du juge des
libertés et de la détention français, ordon-
ner une perquisition, demander un place-
ment en détention provisoire ou sous bra-
celet électronique. Une marge d’action qui
contraste avec la procédure pénale fran-
çaise. « C’est un vrai succès politique. Chaque
pays a l’impression de garder un lien national
fort », se réjouit Frédéric Baab. Ces nou-
veaux procureurs pourront mener des
enquêtes dans toute l’Europe sans avoir à
passer par les voies diplomatiques ou les
commissions rogatoires internationales.
« Durant l’enquête, toutes les étapes seront
supervisées par les membres du collège per-
manent, qui devront approuver les choix de
procédure », précise Laura Kövesi.
Démarrer les opérations
« La manière dont le Parquet européen est
organisé est aussi une garantie de son indé-
pendance : les affaires seront traitées par les
procureurs européens délégués, mais la super-
vision sera faite par les membres permanents
Quelque 3.000 dossiers
attendent le Parquet
européen. La procureure
prévoit ensuite
« 2.000 affaires chaque
année, en moyenne ».
du collège. Trois procureurs de trois différents
pays membres seront chargés de superviser le
cas et décideront des investigations. Nous
avons ainsi la garantie que personne n’interfé-
rera dans le travail des procureurs », assure la
magistrate. Sa priorité est de démarrer au
plus vite les opérations. « Nous devons encore
attendre que tous les pays désignent les procu-
reurs européens délégués. A ce stade, nous n’en
avons approuvé que 32, dans 7 Etats mem-
bres », regrette-t-elle. Il y a urgence, car le tra-
vail ne manque pas. Quelque 3.000 dossiers
attendent l’EPPO. Laura Kövesi prévoit
ensuite « 2.000 affaires chaque année, en
moyenne ». Un travail de titan. Le budget de
l’institution sera le nerf de cette guerre con-
tre la corruption : « L’indépendance de la jus-
tice, c’est vraiment la clef de la lutte anticorrup-
tion, et cette indépendance du Parquet
européen passe aussi par ses moyens budgé-
taires et par la liberté de les dépenser », analyse
Laura Kövesi.
Actifs confisqués
Le coût de fonctionnement de l’EPPO, initia-
lement évalué à 13 millions d’euros, a dû être
revu à 44 millions en 2021. « Nous espérions
avoir un budget de 55 millions d’euros, on
nous a proposé 44 mais ce n’est pas assez,
nous négocions encore. Nous avons besoin de
personnels supplémentaires pour renforcer
les équipes auprès des membres permanents
du collège », regrette la magistrate, qui liste
des besoins en assistants spécialisés, en
greffiers experts financiers, en « case ana-
lyst » pour collecter et analyser les don-
nées. « Il faut aussi augmenter le niveau des
actifs qui pourront être confisqués, l’un de nos
objectifs étant de renforcer le recouvrement
des dommages », explique Laura Kövesi.
Pour avancer, l’EPPO est en train de fina-
liser des accords avec l’Office européen de
lutte antifraude (Olaf) et Eurojust. « Nous
partagerons expériences et informations et
nous essayerons de travailler ensemble, parce
qu’à la fin nous avons le même objectif : proté-
ger le budget de la communauté européenne
et donc, in fine, les citoyens européens. Cha-
cun de ces organismes a des domaines
d’actions différents : l’Olaf s’occupe des
enquêtes administratives, Eurojust nous
aidera à mieux coopérer avec les Etats mem-
bres non participants à l’accord sur le Par-
quet européen et les autres pays. Les seuls à
pouvoir enquêter sont les membres du Par-
quet européen », explique la magistrate.
A la question de savoir quel héros, quelle
héroïne a marqué son début de carrière,
Laura Kövesi répond sans hésiter : « Toutes
les personnes qui luttent contre la corruption
sont pour moi des héros et des héroïnes. »
Tout un programme. n
 « Earth Hour », par Manon Bucciarelli pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Mort du grand Aide aux migrants : L’ex-président L’opposant Alexeï

L’ÉDITORIAL échalas des Charlots, relaxe définitive ivoirien acquitté Navalny a entamé
Gérard Filippelli pour Cédric Herrou une grève de la faim
'
DES « ÉCHOS » CÔTE D’IVOIRE – La Cour

' ' '

CULTURE – L’acteur Gérard JUSTICE – La Cour de cassa- pénale internationale (CPI) RUSSIE – L’opposant russe
L’économie française Filippelli, membre de la
bande Les Charlots, qui
tion a rejeté mercredi un
pourvoi du parquet général
a confirmé mercredi
l’acquittement, prononcé en 2019,
anti-corruption Alexeï
Navalny, condamné

à nouveau à l’épreuve a égayé le cinéma comique

des années 1970, est mort, mardi,
de Lyon et rendu définitive
la relaxe du militant Cédric
de Laurent Gbagbo, reconnu non
coupable de crimes contre l’huma-
à trente-deux mois de pénitentier,
à l’issue d’un procès dénoncé par
à 78 ans, a annoncé l’un de ses Herrou, poursuivi pour avoir nité. Cela ouvre la voie à un retour les ONG de défense des droits de
Le climat des affaires et le moral des ménages ont complices à l’écran, Jean Sarrus. convoyé des migrants et organisé de l’ex-président en Côte d’Ivoire l’homme et les capitales occiden-
affiché des scores étonnamment élevés en mars. Filippelli, le guitariste de ce groupe un camp d’accueil, en 2016, dans après une décennie d’absence. tales, a annoncé, mercredi, une
Des signes que l’économie française a bien résisté au musical et humoristique, a tourné les Alpes-Maritimes. Pour le pay- Laurent Gbagbo avait été grève de la faim. Il s’est plaint de
couvre-feu et aux nombreuses restrictions en vigueur. dans tous les films de la troupe. san de la vallée de la Roya, devenu poursuivi pour crimes contre torture par privation de sommeil
Et qu’elle profite d’une demande extérieure en Parmi ceux-ci, « Les Bidasses en symbole de l’aide aux migrants, l’humanité liés aux violences et risque d’être placé à l’isolement
progression constante. Les exportations avaient folie » sorti en 1971, qui a attiré cette décision marque l’aboutisse- post-électorales en 2010 et 2011, pour des infractions mineures.
quasiment retrouvé en fin d’année dernière leur 7 millions de spectateurs. ment d’une longue procédure et à l’issue desquelles il avait été Son cas a fait l’objet, mardi,
niveau d’avant-crise. L’industrie, hormis certains Les Charlots ont compté d’une saisine du Conseil constitu- renversé par les forces de son d’une intervention d’Angela
secteurs, affiche de solides performances. Mais après six membres principaux, dont tionnel, qui avait consacré opposant Alassane Ouattara, Merkel et d’Emmanuel Macron,
les annonces d’Emmanuel Macron, mercredi soir, Gérard Rinaldi, décédé en 2012. le « principe de fraternité ». soutenu par Paris. auprès de Vladimir Poutine
le coup est rude. L’économie française, déjà affaiblie
par un an de crise, va subir une nouvelle épreuve,
le secteur du commerce en particulier. Certes, un arrêt LA PHOTO DU JOUR
brutal comme au printemps 2020 n’est pas d’actualité
– les entreprises ont appris à vivre avec le Covid.
L’impact sur la croissance restera limité. La fermeture
des écoles et des crèches va néanmoins représenter
un handicap certain, même si elle reste cantonnée à
une courte période. Avec dans notre pays une
proportion élevée de couples
dont les deux parents
travaillent, les salariés en
présentiel comme en
télétravail seront pénalisés par
la garde des enfants à domicile,
qui va par ricochet
désorganiser administrations
Par Etienne et entreprises. La France se
Lefebvre retrouve freinée dans son élan
de reprise quand le reste du
La France monde accélère. C’est le cas
se retrouve depuis longtemps pour la
Chine. C’est de plus en plus net
freinée aux Etats-Unis, où
dans son les craintes portent déjà sur
élan quand les risques de surchauffe.
A la fin de l’année, le PIB aura
le reste redépassé son niveau d’avant
du monde crise outre-Atlantique. Le
accélère. méga-plan d’investissements
de Joe Biden, en complément
de son plan de relance à
1.900 milliards de dollars, contraste avec les lenteurs
de l’UE à débloquer les fonds de la relance. La vitesse
de la campagne de vaccination – l’essentiel de la
population américaine sera concernée dès le mois de
mai –, rend la comparaison plus cruelle pour le Vieux
Continent. Au sein même de l’Europe, la France va se
retrouver en décalage avec les Etats qui lèvent
progressivement les restrictions, tels que le Royaume-
Uni, le Portugal ou l’Irlande. Dans ce contexte, le défi
des entreprises françaises ne sera pas mince.
Répondre aux commandes en temps et en heure,
rester ambitieux sur les projets investissements que
les concurrents asiatiques et américains vont
multiplier, tenter de regagner le terrain perdu à
l’export. Sans oublier la pénalisation à court terme COMME UNE PARENTHÈSE ESTIVALE L’épidémie de Covid-19 se propage, mais au moins le soleil brille. Selon la Chaîne Météo, des records de chaleur ont été
de l’attractivité du site France, Covid oblige, battus dans plusieurs villes du pays, notamment à Paris avec 25,8 °C peu après 18 heures, du jamais vu depuis 1955. La température a tutoyé la barre des 30 °C dans
pour les investisseurs étrangers. Et la prolongation les Pyrénées-Atlantiques. Une aubaine pour ceux qui voulaient en profiter pour faire un peu de sport en plein air, comme à Nice, sur la plage de la promenade des
pour l’Etat d’un « quoi qu’il en coûte » qui était censé Anglais. Photo Eric Gaillard/Reuters
atterrir en douceur.

( Lire nos informations

Pages 2-3
18 VENDREDI SAMEDI DIMANCHE LUNDI
8/11 4/10 4/10 2/10 4/6
21 7/15 6/18 10/18 13/20 16/20
23
19 23 5/12 9/16 1/11 3/9 1/10 5/12
22
10/19 3/12 4/10 2/12 3/7
24 24 9/15 8/16
22 VENDREDI 19/34 21/37 25/36 21/31 21/29
25 23 9/18
23 10/22 5/13 5/10 1/13 5/11
24 24/27 23/28 23/28 23/28 21/27
24 22 5/10 5/12 8/17 13/19 15/21
25 23 11/23 10/21
24 8/15 3/13 5/11 4/14 2/7
24 10/22 11/17 9/20 8/19 8/21
4/10 12/25 12/24 11/19 7/15 6/16
24 24
24 4/6 0/4 0/7 0/8 0/9
4/11 2/10
5/9 -1/4 0/12 8/14 5/15
24 23 SAMEDI
25 3/12 20/29 20/30 20/30 19/29 20/28
12/19 11/15 10/13 11/14 11/15
23 13/16 14/18 13/16 10/15 10/16
8/18 11/19
20 26/32 25/31 24/32 25/30 25/32
26 20 19 16/22 15/22 15/24 16/25 17/24
1/13 15/19 14/20 13/19 15/21 13/16
18 20 -2/1 -4/2 0/7 2/12 3/14
19 2/13 1/12
DIMANCHE 10/21 8/18 1/9 -1/11 2/15
19 2/14

4/17 9/15
 n n
CAC 40
6.067,23 points
-0,3418 %
DEVISES EUR/GBP 0,8515 EUR/JPY 129,8455 EUR/CHF 1,1061 GBP/USD 1,3786 USD/JPY 110,588 USD/CHF 0,942 TAUX EONIA -0,485 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,54 OAT 10 ANS -0,1331 T-BONDS 10 ANS 1,6934
Deliveroo débute
en Bourse par une
sortie de route
RESTAURATION
Clotilde Briard
@ClotildeBriard
et Enrique Moreira
@EnriqueMoreira
Will Shu, fondateur et PDG de Deliveroo, ne
doit pas être le seul déçu des mauvaises per-
formances enregistrées mercredi pour la
première journée de cotation de la plate-
forme de livraison de repas. Rishi Sunak, le
ministre des Finances d’outre-Manche, qui
s’était réjoui du choix de la Bourse de Lon-
dres et rêvait de montrer, après le Brexit,
l’attractivité de la place pour les sociétés à
forte croissance face à New York ou Amster-
dam, l’est sûrement tout autant.
Pour la plus grosse introduction à Lon-
dres depuis celle de Glencore en 2011, le
recul en un jour est en effet spectaculaire.
Alors même que l’entreprise fondée en 2013
avait opté finalement pour le bas de la four-
chette avec un prix par action à 3,90 livres,
équivalant alors à une valorisation de
7,6 milliards de livres (8,9 milliards
d’euros)… Deliveroo a dévissé de 15 % dès ses
premiers pas, la décote atteignant même en
cours de séance jusqu’à 30,5 %. Soit la pire
performance d’une IPO depuis une décen-
nie à Londres, selon Bloomberg. Au plus fort
de la baisse, 2,3 milliards de livres de valeur
se sont envolés. A la clôture, le titre affichait
une dégringolade de 26,3 %, à 2,87 livres.
Deliveroo met en Bourse 21,3 % de son
capital, une offre prévue au départ pour lui
permettre de récupérer 1,5 milliard de livres,
dont 1 milliard grâce à l’émission de nouvel-
les actions et 500 millions de vente par les
actionnaires. Les échanges sont réservés
aux investisseurs professionnels avant une
ouverture au grand public à partir du 7 avril.
Des premiers signaux négatifs avaient été
Sanofi renforce ses capacités
de production de vaccin
contre la grippe
Le lab oratoire français va investir
600 millions d’euros sur son site de
Toronto pour fabriquer son vac-
cin surdosé contre la grippe
destiné aux personnes âgées.
// P. 17
Huawei se replie
sur le marché chinois
pour résister
Ink Drop/Shutterstock
Le géant des télécoms a affiché
une hausse de son chiffre d’affaires
de 4 % en dépit des sanctions américai-
nes et de la pandémie. Mais en dehors de
Chine, ses activités accusent le coup.
// P. 23
= LES ENTREPRISES CITÉES
1Kubator 21 d’Alsace 21
Accor 20 Ebra 21
Airbus 19 EDF 20
Apple 18 Eiffage 20
BAE Systems 19 Geely 18
Baidu 18 Google 18, 23
Bouygues TP 20 Great Wall Motors 18
Capgemini 22, 32 Hitachi 22
Changan 18 Huawei 18, 23
Colas 20
Dernières Nouvelles
Ibis 20
Kirin 20
J J
DOW JONES EURO/DOLLAR
33.060,97 points 1,1742 $
-0,0181 % 0,1963 %
émis la semaine dernière par plusieurs
grandes sociétés de gestion d’actifs. Elles ont
boudé l’opération par scepticisme sur la via-
bilité du modèle économique de l’entreprise
mais aussi sur la structure de son capital. A
l’heure où la gouvernance est au centre des
préoccupations, l’adoption d’un système de
double classe d’actions « à l’américaine »
préservant le contrôle du capital par Will
Shu a été pointée du doigt par certains. Ce
dernier a d’ailleurs vu sa participation dans
Deliveroo perdre potentiellement 150 mil-
lions de livres de valeur en une séance.
Un « business model » en question
La volatilité du cours montre à quel point la
question de la rentabilité du secteur reste
posée. L’an dernier, l’excédent brut d’exploi-
tation sous-jacent (Ebitda) de Deliveroo s’est
rapproché de l’équilibre, en ne s’affichant
dans le rouge que de 9,6 millions de livres.
La perte nette, réduite de 29 %, était, elle,
encore de 223,7 millions. Autre interroga-
tion : quel sera le rythme de croissance de la
livraison de repas une fois la pandémie sous
contrôle ?
Dans le « business model » de l’entreprise
présente dans douze pays et dont la valeur
des commandes en 2020 a bondi de 64 %, à
4,7 milliards d’euros figure aussi le statut
des livreurs. Pour toutes les plateformes, de
nouvelles règles sociales sont en train
d’émerger dans des pays comme l’Espagne,
où vient d’être adoptée la « loi Riders » con-
sidérant les livreurs comme des salariés.
Tous ces points d’interrogation, en une
période gorgée d’incertitudes, ont pesé sur
ce premier jour de cotation et fait plonger le
titre. Pour rappel, la plateforme de VTC
Uber, le 10 mai 2019, n’avait perdu que 7,6 %
lors de son arrivée, décevante, à Wall Street.
( Lire également « Crible »
Page 32
Pour sa première journée de cotation à la Bourse de Londres, la plateforme
de livraison alimentaire Deliveroo a vu son cours clôturer en recul de 26,3 %.
l’essentiel
La numérisation des PME agite
le marché des télécoms d’entreprise
Aiguillonnées par la crise sanitaire, les PME
accélèrent leur transition numérique. Elles
font leur marché auprès des masto-
dontes, comme Orange, mais
aussi des 2.000 opérateurs
alternatifs qui proposent des
solutions spécifiques. // P. 24
Le regain d’intérêt des
Français pour l’assurance-
vie se confirme
Les sommes versées sur ce place-
ment ont atteint 1,6 milliard d’euros
net en février. L’an passé, les particuliers ont
massivement épargné, mais préféré garder
leur argent sur leur compte courant ou leur
Livret A, boudant l’assurance-vie. // P. 27
La Banque Postale 27 Tesla 18
La Poste 17 Vinci 20
MBDA 19 Volkswagen 32
MGallery 20 Voltalia 20
Michelin 18 Woodside Petroleum 20
Nexity 16 Xiaomi 18
Novotel 20
Posco 20 AVIS FINANCIERS
Pullman 20 Saint Jean Groupe 27
Renault 18, 32
Sanofi 17
Samse Groupe 17
Synergie 1 - 19
ONCE D’OR
1.691,05 $
0,4216 %
« Voltswagen », le poisson d’avril
de Volkswagen qui passe mal
AUTOMOBILE
Alexandre Rousset
@Alex_Rousset
Chez Volkswagen, on est manifestement
meilleur en voitures qu’en humour. Mardi,
le constructeur allemand a dû mettre fin à
la confusion qui régnait dans le secteur
après l’annonce de sa branche américaine
qui affirmait quelques heures plus tôt se
rebaptiser « Voltswagen » pour symboliser
son virage vers l’électrique. Ce n’était
qu’une blague. L’annonce semblait pour-
tant tout à fait officielle. Un communiqué
avait été publié sur le site américain du
constructeur tandis que son compte Twit-
ter s’est rebaptisé « Voltswagen ». Un porte-
parole de l’entreprise a même confirmé
aux médias la véracité de l’information.
La nouvelle a logiquement agité le sec-
teur automobile, y voyant un symbole fort
des ambitions de Volkswagen, qui sou-
haite devenir le leader de la voiture électri-
que aux Etats-Unis, jusqu’à présent chasse
gardée de Tesla. Mais devant l’emballe-
ment médiatique, le siège du constructeur
allemand, à Wolfsburg, a dû admettre en
fin de journée qu’il ne s’agissait que d’un
« poisson d’avril » publié un peu en avance.
« C’était une plaisanterie », a confirmé à la
n
PÉTROLE (BRENT)
63,89 $
-0,1094 %
Reuters/Phil Noble
presse un cadre du groupe, avant de
demander à ses collègues américains de
retirer le communiqué trompeur.
Et ce n’était pas par simple plaisir de
(tenter de) faire rire, mais aussi pour faire
un coup marketing, Volkswagen lançant
actuellement son SUV 100 % électrique, le
ID.4, aux Etats-Unis. Le terme « Voltswa-
gen » a d’ailleurs été conservé pour la cam-
pagne publicitaire outre-Atlantique.
Mais la plaisanterie n’a pas été du goût
de tout le monde. Beaucoup de médias ont
repris l’information du changement de
nom. Sur les réseaux sociaux, de nom-
breux journalistes ont fait part de leur
étonnement, voire de leur colère. Chez les
analystes non plus, la blague ne passe pas.
« Le virage vers l’électrique est l’un des plus
gros défis de l’histoire automobile. C’est un
sujet trop important pour en plaisanter », a
déploré Tom Morton, directeur de la stra-
tégie du cabinet de conseil R/GA.
Le secteur boursier pourrait aussi avoir
son mot à dire. A la Bourse de Francfort,
l’action VW avait bondi de près de 5 % lors
de l’annonce du changement de nom. Les
marchés américains ont aussi été affectés,
laissant penser que le gendarme boursier
américain pourrait se saisir du dossier.
( Lire également « Crible »
Page 32
Jeudi 1er avril 2021
www.lesechos.fr
Stellantis
va marier
hydrogène et
électrique pour
ses utilitaires
AUTOMOBILE
Lionel Steinmann
@lionelSteinmann
Après Renault, Stellantis se lance lui
aussi dans les véhicules utilitaires à
hydrogène. Le groupe né en début
d’année de la fusion de PSA et de Fiat
Chrysler a annoncé mercredi qu’il com-
mercialiserait d’ici à la fin 2021 des four-
gons Opel Vivaro dotés d’une double ali-
mentation : une pile à combustible et les
réservoirs à hydrogène pour l’alimenter,
mais également une batterie électrique
pouvant être rechargée de l’extérieur.
Frères jumeaux du Vivaro, les Citroën
Jumpy et Peugeot Expert proposeront la
même technologie.
Avec cette option, Stellantis assure
qu’il procurera au client le meilleur des
deux mondes : l’hydrogène doit fournir
une plus grande autonomie que l’électri-
que (400 kilomètres, selon le groupe) et
un réservoir qui se remplit en trois
minutes seulement. Les stations de
recharge hydrogène restant extrême-
ment rares en France (à peine une cen-
taine), la batterie rechargeable peut
prendre le relais sur une cinquantaine
de kilomètres. Les deux motorisations,
enfin, peuvent se conjuguer pour don-
ner plus de reprise au véhicule.
De l’expertise chez Opel
Les réflexions de Stellantis sur l’hydro-
gène ne datent pas d’hier. « C’est une tech-
nologie qui nous intéresse vraiment […]
Les premiers résultats sont très promet-
teurs », avait lancé le patron du groupe,
Carlos Tavares, lors du Salon automo-
bile de Francfort il y a deux ans. En
rachetant Opel à GM en 2017, PSA a mis
la main sur une marque qui a com-
mencé à se pencher sur le sujet dès 2000,
et a produit depuis plusieurs prototypes.
Mais le groupe n’avait jusqu’alors pas
fait preuve du même volontarisme com-
mercial que Renault. Le Losange pro-
pose depuis 2019 dans ses concessions
européennes des versions électriques du
Kangoo et du Master dotées d’un prolon-
gateur d’autonomie à hydrogène. Il doit
présenter d’ici à fin 2021 un Master
hydrogène, et vise 30 % du marché euro-
péen des utilitaires à l’horizon 2030.
Avec ses annonces, Stellantis montre
qu’il ne veut pas se laisser distancer.
Objectif zéro émission
Comme tous les constructeurs euro-
péens, le groupe doit drastiquement
réduire d’ici à la fin de la décennie les
émissions de CO2 de ses modèles neufs
pour respecter les réglementations de
Bruxelles. Cet impératif vaut aussi pour
les utilitaires, marché sur lequel Stellan-
tis dispose d’excellentes positions, avec
plus de 40 % du marché en France.
Or l’électrique ne semble pas la
meilleure option pour ramener les émis-
sions à zéro sur ce segment. Plus le véhi-
cule est lourd, plus la batterie l’est égale-
ment, ce qui fait grimper le coût à l’achat.
Si on veut limiter le poids, c’est l’autono-
mie qui s’en trouve réduite. De surcroît,
le temps de recharge d’une batterie élec-
trique peut être un frein pour les profes-
sionnels. Aussi, Stellantis comme
Renault ont ciblé leurs investissements
dans l’hydrogène sur ce segment, là où
Toyota joue les pionniers dans les voitu-
res particulières. Mais tous espèrent que
le réseau de recharge va enfin se muscler
dans les années à venir. n
ENTREPRISES
Immobilier : Paris baisse,
le reste de l’Ile-de-France grimpe
l Alors que les prix parisiens baissent depuis déjà huit mois, ceux du reste de l’Ile-de-France continuent d’augmenter.
l Mais la tendance va-t-elle se renverser ? La réponse avec l’indice des prix immobiliers Meilleurs Agents - « Les Echos ».
IMMOBILIER
Hélène Dupuy
@helenedupuycp
Avec le retour des beaux jours, la
banlieue parisienne continue
d’exercer son pouvoir d’attraction.
C’est ce que montre l’augmentation
continue des prix en petite et en
grande couronne parisienne. Ils ont
grimpé de respectivement 0,3 % et
0,4 % en un mois, au 1er avril, selon
les chiffres de l’indice des prix de
l’immobilier (IPI) Meilleurs Agents -
Les Echos. A l’inverse, les prix de
Paris intra-muros reculent pour le
huitième mois consécutif, de 0,5 %
en mars et 1,3 % depuis janvier.
Dans l’ensemble, les prix ont
grimpé dans tous les départements
franciliens ces derniers mois. Ceux
où la hausse est la plus forte sont
l’Essonne (+0,8 % depuis le 1er février,
+3,8 % depuis un an), le Val-d’Oise
(+0,9 %, +3,7 %), la Seine-Saint-De-
nis (+1 %, +3,6 %), la Seine-et-Marne
(+1,1 %, +3,4 %), et le Val-de-Marne
(+0,7 %, +3 %). Ceux dont les prix ont
le moins grimpé sont là où ils étaient
déjà les plus élevés. Dans les Yveli-
nes, les prix n’ont pris que 0,2 % en
deux mois et 1,4 % en un an, et dans
les Hauts-de-Seine, 0,4 % et 2,3 %.
Il y a deux raisons à cette inflation
continue des prix de la banlieue.
Une qui préexistait à la crise sani-
taire : avec la très forte augmenta-
tion des prix dans la capitale ces
cinq dernières années, bon nombre
d’acquéreurs n’ont tout simplement
pas la possibilité de devenir proprié-
taires à Paris et sont contraints de se
tourner vers la banlieue.
Besoins d’espace
et de verdure
Mais l’attractivité de la petite et de la
grande couronne francilienne a
également été décuplée depuis l’épi-
démie de Covid-19, un certain nom-
bre de Parisiens (mais aussi d’habi-
tants de banlieue) souhaitant
déménager pour avoir plus d’espace
et de verdure. « Sortir de Paris ou
déménager d’une banlieue à une
autre moins chère permet en effet de
gagner substantiellement en pouvoir
d’achat immobilier et s’offrir, à bud-
get identique, de quelques mètres car-
rés en plus à des surfaces doublées,
voire triplées », explique le directeur
scientifique de Meilleurs Agents,
Thomas Lefebvre.
Ces projets sont facilités par le
télétravail. « Portée notamment par
les perspectives du Grand Paris, l’Ile-
de-France est la grande gagnante de ce
début d’année, avec une forte aug-
mentation de la demande en banlieue
parisienne. En première couronne,
les appartements avec de grands bal-
cons ou des terrasses sont plébiscités,
tandis qu’en seconde couronne les
maisons avec jardin attirent les Fran-
ciliens », commente Yann Jéhanno,
président du groupe Laforêt.
Pour Thomas Lefebvre, cette
opposition entre Paris et sa banlieue
ne peut être que temporaire. Pour
l’expert, deux scénarios sont envisa-
geables. Le premier – le plus morose
pour l’immobilier –, serait celui où
« la fin des restrictions dues au Covid
laisserait place à des mesures de res-
trictions budgétaires, la fin des aides
aux entreprises, un taux de chômage
plus élevé etc. Dans ce cas, la crise tou-
chera l’ensemble du marché immobi-
lier, avec une demande et des prix en
baisse », anticipe-t-il.
Selon le directeur scientifique de
Meilleurs Agents, certains micro-
marchés ou types de biens qualita-
tifs résisteront mieux, parmi les-
quels les appartements avec
balcons, maisons avec jardin dans
des secteurs de la petite et grande
couronne les mieux connectés aux
réseaux de transport, aux centres
d’emplois et ayant une qualité de vie
agréable. Mais si crise économique
il y a, le marché immobilier n’y
échappera pas.
Effet domino
Concernant l’Ile-De-France, dans ce
cas, « il y a fort à parier que certaines
banlieues commencent aussi à voir
leurs prix baisser prochainement »,
ajoute-t-il. La hausse des prix à Paris
ces dernières années s’est propagée
petit à petit sur les proches et plus
lointaines banlieues. De même, la
récente baisse des prix dans la capi-
tale pourrait provoquer le même
effet domino, mais à la baisse. « Il y
aurait alors comme un effet escargot
de la baisse des prix », redoute
l’expert.
L’autre scénario, plus optimiste,
repose sur une sortie de crise portée
par un fort plan de relance, des
entreprises qui investissent, et un
regain de confiance des Français les
amenant à consommer leur épar-
gne. Auquel cas la dynamique de
hausse des prix à Paris pourrait bien
repartir et la baisse ne serait que
transitoire.
Pour le directeur
scientifique de
Meilleurs Agents,
Thomas Lefebvre,
cette opposition entre
Paris et sa banlieue
ne peut être que
temporaire.
Concernant les grandes villes de
province, le marché est marqué par
un regain d’activité. L’augmentation
des transactions traditionnelle-
ment enregistrée durant le prin-
temps se fait déjà sentir dans l’indice
de tension immobilière (ITI) de
Meilleurs Agents. Depuis le début
de l’année, toutes les principales
métropoles françaises ont vu leur
nombre d’acheteurs augmenter par
rapport à celui des vendeurs. A
l’exception de Strasbourg et Lille qui
avaient la proportion d’acheteurs
déjà la plus élevée. Ainsi, Toulouse,
Montpellier et Rennes comptent
aujourd’hui respectivement 12 %,
9 % et 7 % d’acquéreurs de plus que
de vendeurs, contre 7 %, 4 % et 0 % en
janvier dernier.
Un investissement solide
Ce léger rebond s’explique par
l’indéfectible confiance des Fran-
çais dans la pierre, alimentée par les
bonnes conditions de financement.
Ainsi 85 % d’entre eux voient tou-
jours l’immobilier comme un inves-
tissement solide et 70 % le considè-
rent comme le placement le plus
sûr. Conséquence de ce sursaut de
dynamisme : après un mois de
février dans le rouge, les prix dans
les cinquante plus grandes villes de
France (hors Paris) repartent légè-
rement à la hausse (+0,1 %). Même
les communes en difficulté le mois
dernier retrouvent des couleurs à
l’image de Montpellier (+0,4 %),
Toulouse (+0,4 %), Lyon (+0,3 %),
Nice (+0,2 %) ou encore Bordeaux
(+0,2 %).
Et pourtant… si le millésime 2021
commence sous de bons auspices,
le redémarrage de l’activité apparaît
au ralenti comparé aux printemps
antérieurs. Depuis le début de l’épi-
démie de Covid-19, le surplus de la
demande a été divisé par deux. n
Jeudi 1er avril 2021 Les Echos
Les arrondissements où on peut faire des affaires
A Paris, les prix de l’ancien 18e (+1,4 %) sont dans le vert sur cette du 6e (–4,4 %) et du 8e (–3,5 %). Seul ments sans défauts, quel que soit le
continuent de s’effriter sur période. Pour les autres en revan- le 12e échappe à la baisse dans la quartier : vis-à-vis réduit, travaux de
les trois premiers mois de che, le recul des prix au mètre carré période (+0,53 %). qualité, luminosité et bon emplace-
l’année. Certains arrondis- s’accélère. Le 13e (–4,6 %), le 6e (–4 %) Cette étude repose sur l’analyse ment. » Si ces critères ne sont pas
sements sont plus touchés et le 19e (–3,9 %) sont les trois arron- de 91.682 annonces publiées entre remplis, ils négocient les prix. Les
que d’autres. dissements où les prix s’affaissent le le 1er janvier et le 16 mars sur un marges de négociation pour les
plus. Les arrondissements les plus panel de portails immobiliers. Elle transactions parisiennes de Laforêt
Anne-Sophie Vion chers comme les arrondissements ne se fonde pas sur les prix signés ont ainsi augmenté, passant de
@AnnesophieVION plus abordables sont donc touchés chez le notaire. Autrement dit, mar- 3,10 % au dernier trimestre 2020 à
par le mouvement de correction. ges de négociation oblige, les prix 3,50 % au premier trimestre 2021.
L’immobilier résidentiel à Paris est définitifs actés dans les études nota- En parallèle, note Laforêt, ce sont
en perte de vitesse. Amorcé dès Petite correction riales seront probablement infé- les grands appartements qui bais-
l’automne dernier sous les effets de « Le premier trimestre 2021 confirme rieurs et le mouvement baissier un sent le plus.
la crise sanitaire, le retournement la dynamique de baisse enclenchée peu plus prononcé.
du marché parisien se confirme. Il sur le second semestre, commente D’autres réseaux immobiliers
est même en train de s’accentuer. Loeiz Bourdic, directeur de Price- attestent de l’effritement de la
« Il y a encore
C’est ce qu’affirme une récente Hubble France. A l’épreuve de la pierre parisienne. Alors que la deux ans, “tout”
étude de PriceHubble, start-up spé- crise, les vendeurs ont intégré la nou- demande reste nettement supé- se vendait au prix
cialisée dans l’intelligence artifi- velle donne et sont désormais moins rieure à l’offre et que les délais de
cielle. Ainsi, sur la base des prix “gourmands”. Les acheteurs bénéfi- vente s’allongent, Laforêt confirme
dans la capitale.
médians au mètre carré comparés cient d’un peu plus de marge de négo- pour l’ensemble de ses agences Aujourd’hui,
entre le premier trimestre 2021 ciation. Les offres au prix sont rares parisiennes une légère baisse des la recherche de
(données arrêtées au 16 mars) et sauf si le bien a été évalué de façon prix au premier trimestre (–0,5 %), la qualité prime. »
le quatrième trimestre 2020, cohérente ou s’il est exceptionnel. ce qui porte le mètre carré à
l’enquête montre que la quasi-tota- Tout ceci contribue à une petite cor- 10.535 euros en moyenne. LAFORÊT
lité des arrondissements de la rection du marché. » « Il y a encore deux ans, “tout” se
capitale « marquent une baisse A l’échelle de la capitale, les prix vendait au prix dans la capitale,
substantielle ». chutent de 2,2 % sur un an à mi- relève ce réseau. Aujourd’hui, la Les prix parisiens vont-ils conti-
Dans le détail, sur les 20 arron- mars. Le plus fort recul sur un an recherche de la qualité prime. Les nuer à reculer ? Naturellement, les
dissements, seuls le 8e (+0,7 %) et le est constaté dans le 11e (–4,5 %), suivi acquéreurs sont en quête de loge- professionnels de l’immobilier
temporisent. D’après leurs indica-
teurs avancés sur les avant-con-
Nexity va confier les commandes à Véronique Bédague trats, les notaires du Grand Paris
estiment que les prix parisiens
seraient en voie de stabilisation et
Véronique Bédague devrait bientôt pren- conserver que la présidence. Le décès bru- oscilleraient entre 10.630 euros et
dre la direction générale de Nexity, le pre- tal, fin avril 2020, de ce dernier, victime, à 10.650 euros le mètre carré en
mier promoteur immobilier français. Elle 51 ans, du Covid-19, avait contraint son mai 2021. Le désamour envers Paris
l’a elle-même annoncé sur Twitter, après la mentor à reprendre les commandes. Alain serait temporaire.
réunion, mardi, d’un conseil d’administra- Dinin, aujourd’hui âgé de 70 ans, devrait « Dans la capitale, la période est
tion du groupe. « C’est une marque de con- cependant demeurer à la présidence de plutôt suspendue et il y a fort à parier
fiance que je suis prête à honorer dès lors Nexity un peu plus longtemps que prévu que dès que la pandémie sera der-
que notre assemblée générale l’aura approu- afin d’assurer la transition. Lors de l’AG du rière nous, les métropoles, Paris en
vée » le 19 mai, a-t-elle indiqué. Véronique 19 mai, les actionnaires seront appelés à tête, retrouveront leur attractivité,
Bédague, énarque passée par Bercy et approuver l’extension à 75 ans au lieu de 72 pronostique ainsi Yann Jéhanno,
Matignon, occupait jusqu’à présent chez de l’âge statutaire applicable au président. président du réseau Laforêt.
Nexity la fonction de DG déléguée chargée D’autres changements attendent la gouver- Entre la perspective des Jeux Olym-
de l’immobilier d’entreprise. Elle sera nance de Nexity, puisque Julien Carmona, piques et la réouverture des frontiè-
nommée pour quatre ans. Elle succédera à actuel directeur général délégué chargé du res qui fera revenir les acheteurs
Alain Dinin qui conservera ses fonctions de « client interne », va quitter le groupe. internationaux, une baisse brutale
président du conseil d’administration. La nomination de deux nouveaux membres des prix dans la capitale ne semble
Le groupe revient en fait à l’organisation du conseil sera enfin proposée. Il s’agit de pas d’actualité. » Une fois (vraiment)
adoptée en mai 2019, lorsque le PDG, Alain l’ex-ministre du Travail, Myriam sorti de l’épidémie, l’envie de
Dinin, avait confié la direction générale de El Khomri, ainsi que de Véronique Béda- vivre à Paris pourrait reprendre de
Nexity à Jean-Philippe Ruggieri pour ne gue, « en complément de son mandat ». plus belle. n
Les Echos Jeudi 1er avril 2021
Sanofi renforce ses capacités de
production de vaccin contre la grippe
PHARMACIE
Le groupe va investir
600 millions d’euros
sur son site de Toronto
pour fabriquer son
vaccin surdosé contre
la grippe destiné aux
personnes âgées.
Catherine Ducruet
@CDucruet
Sanofi n’a pas – encore – de vaccin
contre le Covid mais il entend bien
rester un acteur majeur des vaccins
en général et le numéro un mondial
des vaccins contre la grippe en par-
ticulier. Et pour atteindre son objec-
tif, le laboratoire français annonce
un investissement de plus de
600 millions d’euros dans la cons-
truction, à Toronto, d’une nouvelle
unité de production qui sera opéra-
tionnelle en 2026. Elle sera spéciali-
sée dans la production de vaccins
contre la grippe à haute dose,
Fluzone High-Dose Quadrivalent,
pour le Canada, les Etats-Unis et
l’Europe.
Efluelda en Europe
Actuellement, ce vaccin est produit
sur le site de Swiftwater en Pennsyl-
vanie. Mais Sanofi veut en augmen-
ter la production afin de répondre à
la hausse de la demande de vaccins
contre la grippe générée par l’appa-
rition du Covid, sachant que le
Covid est sans doute appelé à per-
durer.
Le Fluzone est l’équivalent du
Vaxigrip européen, mais à la diffé-
La Poste : les propositions des
sénateurs pour limiter le déficit
SERVICES
Le service universel
postal, première
mission de service
public confiée à
La Poste, a subi l’an
dernier un déficit
évalué à 1,3 milliard
d’euros.
Un rapport propose
un double mécanisme
de compensation,
fiscal et budgétaire.
Denis Fainsilber
dfainsilber@lesechos.fr
La levée, le tri, le transport et la dis-
tribution du courrier, plus celle des
envois recommandés dans les
36.000 communes françaises : le
service universel postal (SUP) coûte
cher. En raison de la baisse structu-
relle des envois de plis, un facteur
lourdement aggravé depuis un an
par la crise sanitaire, qui a accéléré
ce déclin (–18 % l’an dernier). Au
total, depuis 2018, ce compte est
déficitaire, à hauteur de 1,3 milliard
d’euros en 2020, malgré la hausse
des activités de livraison de colis,
selon l’entreprise publique.
Accélérer la diversification
des missions
Pour éviter une diminution des ser-
vices rendus aux usagers, des séna-
teurs proposent dans un rap-
port une compensation de l’Etat dès
cette année, qui pourrait prendre
deux formes : « un abattement fiscal
jusqu’à 270 millions d’euros au titre
de la taxe sur les salaires dont
s’acquitte chaque année le groupe La
Poste, et une dotation budgétaire
annuelle permettant de compléter le
Le laboratoire français annonce l’ouverture d’une nouvelle unité de production à Toronto en 2026. Illustration Sanofi
rence de ce dernier, il en existe une
version surdosée, destinée aux per-
sonnes âgées dont le système
immunitaire a besoin d’être plus
fortement stimulé. Le vaccin contre
la grippe standard actuel n’est en
effet pas très efficace chez les per-
sonnes âgées qui en ont pourtant
plus besoin que les autres. L’Agence
européenne du médicament a
autorisé la version surdosée sur le
Vieux Continent, sous l’appellation
Efluelda, au printemps 2020. Il
pourra donc y être commercialisé à
partir de la prochaine campagne
(2021-2022).
montant de la compensation, jusqu’à
730 millions d’euros », selon le
document piloté par Sophie Pri-
mas, Patrick Chaize, Pierre Louault
et Rémi Cardon.
En l’absence d’un tel mécanisme
d’aide, le déficit de cette mission de
service public pourrait grimper jus-
qu’à 2,4 milliards d’euros en 2025.
L’an dernier, La Poste avait affiché
un bénéfice net consolidé de
2,1 milliards, mais uniquement dû à
l’apport des actifs de CNP Assuran-
ces : sans cette opération, elle aurait
affiché une perte record de 1,8 mil-
liard, rappelait récemment son
PDG, Philippe Wahl, qui appelait
l’Etat à un « juste financement des
déficits ».
Autre mission de service public
assignée au groupe : le transport et
la distribution de la presse, effec-
tuée à des tarifs préférentiels. « Mal-
gré le développement de la presse en
ligne, l’existence de ce service public
demeure justifiée, mais le méca-
nisme de compensation doit être
réformé dans la mesure où la hausse
des tarifs n’a pas permis d’en assurer
l’équilibre financier », plaident les
sénateurs. En 2020, cette mission
de service public « était compensée à
hauteur de 96 millions d’euros, pour
un coût net évalué à 296 millions »,
précisent-ils.
« Les facteurs
pourraient devenir
les “détecteurs”
à domicile
de la précarité
numérique. »
DES SÉNATEURS
Toronto abrite sur 22 hectares
l’un des principaux sites de produc-
tion de vaccins de Sanofi, qui y dis-
pose d’une réserve foncière et du
soutien actif de l’Etat canadien et de
la province de l’Ontario. « Nous
nous félicitons du partenariat en
cours avec les autorités canadiennes
et du soutien qu’elles nous ont
apporté pour concrétiser ce projet et
faire du Canada – un pays où la
recherche et développement de vac-
cins s’inscrit dans une longue tradi-
tion – l’un des principaux pôles de
notre réseau », a déclaré Paul Hud-
son, le directeur général du groupe.
Par ailleurs, les rapporteurs
approuvent non seulement la stra-
tégie de diversification des activi-
tés des facteurs déployée par le
g r o u p e (a i d e a u x p e r s o n n e s
âgées, etc.), mais veulent l’ampli-
fier. Alors que 13 millions de per-
sonnes dans l’Hexagone ne maîtri-
sent pas les outils numériques,
« les facteurs pourraient devenir les
“détecteurs” à domicile de la préca-
rité numérique ».
Il ne s’agit pas de faire des fac-
teurs des médiateurs numériques,
mais de leur permettre « d’interve-
nir en amont », selon les travaux du
groupe de travail sénatorial. Une
action à domicile qui compléterait
la politique de lutte contre l’exclu-
sion numérique, disposant d’un
budget de 250 millions d’euros dans
le cadre du plan de relance. Une
expérimentation en ce sens avec La
Poste a été montée par la commu-
nauté d’agglomération du Sicoval,
au sud-est de Toulouse.
Aider face la « galère
administrative »
Dans le même esprit, les rappor-
teurs proposent que les facteurs
deviennent des sondes de la
« galère administrative », alors que
près de trois Français sur cinq se
disent incapables de réaliser des
démarches administratives en
ligne, qui vont encore se multiplier.
Les postiers « pourraient devenir
de véritables “représentants à
domicile des maisons France Servi-
ces”, en identifiant les besoins des
usagers et en établissant le lien avec
les équipes compétentes ».
Enfin, l’entreprise publique met-
tant déjà l’accent sur la « silver eco-
nomy » et la santé à domicile, le rap-
port suggère que les postiers jouent
un rôle actif dans la détection de
perte d’autonomie des personnes
âgées, en faisant là encore référence
à une expérimentation en ce sens. n
ENTREPRISES // 17
à suivre
Nestlé finalise la
vente de ses eaux
américaines
BOISSONS Nestlé, numéro un
mondial de l’alimentation, a
finalisé la cession à One Rock
Capital Partners, en partena-
riat avec Metropoulos & Co, de
plusieurs de ses eaux en bou-
teilles en Amérique du Nord,
de son activité d’eau purifiée et
de Ready Refresh, son service
de livraison directe de bois-
sons pour 4,3 milliards de dol-
lars (3,6 milliards d’euros).
L’opération concerne des acti-
vités et des marques comme
Poland Spring, Deer Park,
Ozarka, Ice Mountain, Zephy-
rhills, que le groupe estime
moins rentables. Elles ont
totalisé un chiffre d’affaires de
plus de 3 milliards d’euros en
2019.
EDF : la centrale à
charbon du Havre
ferme
ÉNERGIE Environ 200 person-
nes se sont rassemblées, mer-
credi, devant la centrale à char-
En avril 2018, le laboratoire fran- types d’antigènes sont en effet le bon du Havre pour protester
çais y avait déjà lancé, pour 350 mil- plus souvent combinés dans un contre sa fermeture définitive
lions d’euros, la construction d’une vaccin unique. le jour même dans le cadre de la
nouvelle unité de production desti- Cet investissement à Toronto est lutte contre le réchauffement
née à être opérationnelle avant la le deuxième projet d’augmenta- climatique. « 300 emplois sup-
fin 2021. tion de capacité de production de primés, merci qui ? », « Ils nous
ses 12 sites industriels destinés aux ont pris nos métiers, mais pas
500 millions vaccins annoncé en moins d’un an. notre fierté ! » pouvait-on lire
à Neuville-sur-Saône Le groupe avait en effet dévoilé en sur des tracts. S elon EDF,
Elle doit produire les antigènes juin dernier, en présence d’Emma- 170 agents EDF et 72 salariés de
(principe actif) nécessaires à la nuel Macron, un investissement sous-traitants permanents
fabrication de vaccins contre la de 490 millions d’euros à Neuville- sont concernés. La CGT parle
coqueluche, mais aussi, dans un sur-Saône dans une nouvelle de 300 personnes concernées
second temps, des antigènes usine conçue p our pro duire dont 90 salariés de sous-trai-
inclus dans les vaccins contre la simultanément trois à quatre tants permanents et des agents
diphtérie et le tétanos. Ces trois vaccins. n portuaires.
AVIS FINANCIERS
RÉSULTATS ANNUELS 2020
Excellente performance opérationnelle et diminution de l’endettement financier.
retards de paiement ont fait l’objet d’une surveillance continue.
Résultats consolidés en M€ 2020 2019(*) Variation Les dépréciations nécessaires ont été comptabilisées dans
Chiffre d’affaires 1 511,6 1 499,1 0,8% les comptes consolidés au 31 décembre 2020 en fonction des
risques encourus estimés. A ce titre, le coût lié au risque client
Résultat Opérationnel Courant 70,6 60,0 17,6% augmente de 3 M€ au 31 décembre 2020 par rapport à 2019.
Les pertes relatives au recul du chiffre d’affaires engendré par le
Taux de marge
opérationnelle courante 4,7% 4,0% premier confinement ont été partiellement compensées par un
Résultat opérationnel 70,2 60,5 16,0%
recours au dispositif de chômage partiel.
Le résultat opérationnel s’élève à 70,2 M€. Il intègre des
autres produits et charges opérationnels qui comprennent
Résultat net des sociétés intégrées 49,8 43,0 15,9%
notamment des plus-values nettes immobilières de 2,4 M€ et des
Résultat net - part du Groupe 47,4 40,8 16,1% dépréciations immobilières pour 2,3 M€.
Capitaux propres 502,4 514,7 -2,4%
Fin décembre 2020, le Groupe a concrétisé une opération de
cession pour un portefeuille de 8 ensembles immobiliers avec la
Dette financière nette 223,1 263,1 -15,2% société foncière ATLAND VOISIN (SCPI). Le produit total de cette
Ratio d’endettement financier 44,4% 51,1%
cession s’est élevé à 28 M€, dégageant une plus-value brute de
7,0 M€ diminuée d’un retraitement de 4,6 M€ (droits d’utilisation
Ratio d’endettement financier conservés à l’actif selon IFRS 16).
hors IFRS 16 11,0% 24,3% Le résultat financier s’améliore de 0,3 M€ pour atteindre -2,2 M€
(*) Les comptes antérieurement publiés ont été retraités consécutivement à l’application rétrospective au 31 décembre 2020.
de la décision finale de l’IFRIC publiée en décembre 2019 relative à IFRS 16.
LE RÉSULTAT NET
ACTIVITÉ Avec une charge d’impôt qui augmente de 5,1 M€ et une quote-
Le chiffre d’affaires consolidé du Groupe s’élève à 1 512 M€ au part de résultat des sociétés mises en équivalence qui s’élève à
31 décembre 2020, en progression de 0,8% par rapport à 2019 5,9 M€, le résultat net part du Groupe ressort à 47,4 M€, en hausse
de 6,6 M€.
(-0,1% à périmètre comparable).
Du fait d’un rattrapage constant sur le second semestre de STRUCTURE FINANCIÈRE
l’exercice, le chiffre d’affaires consolidé de l’activité Négoce L’endettement financier net s’améliore sensiblement, passant de
s’établit à 1 161 M€, en retrait de 2,1% (-2,6% à périmètre 51,1% au 31 décembre 2019 à 44,4% au 31 décembre 2020. Hors
comparable). IFRS 16, le ratio s’élève à 11,0% au 31 décembre 2020 (24,3% à
Avec un chiffre d’affaires de 351 M€, l’activité Bricolage est fin 2019).
en nette progression sur l’exercice 2020 (+11,9% et +9,4% à
périmètre comparable). Elle a bénéficié d’une croissance très DIVIDENDE
significative depuis le début du mois de mai 2020, après la Le Conseil d’Administration proposera à l’Assemblée Générale du
période de confinement liée à la pandémie Covid-19. Le Bricolage 18 mai 2021 un dividende de 8,00 €. Ce dividende sera mis en
paiement à compter du 23 juin 2021.
confirme donc une très bonne performance commerciale sur
l’ensemble de l’année, supérieure à celle du marché (+4,8%
PERSPECTIVES
à fin décembre — Source : Banque de France, selon les indices
L’exercice 2020 se termine avec un bon niveau d’activité qui se
mensuels d’activité du Bricolage).
poursuit sur le début d’année. Le Groupe reste prudent pour ses
RÉSULTATS prévisions relatives à l’année 2021, compte tenu des incertitudes
Le Résultat Opérationnel Courant (ROC) du Groupe s’établit à pesant sur le contexte économique et sanitaire.
70,6 M€, en progression de 17,6%.
Le ROC de l’activité Négoce s’établit à 47,1 M€, en augmentation Créé en 1920 et basé à Grenoble, SAMSE est le second groupe français
de distribution de matériaux de construction pour le bâtiment et
de 6,6% par rapport à l’exercice 2019. Le ROC de l’activité
Bricolage s’élève à 23,5 M€ et progresse de 48,4% par rapport à l’habitat. Composé de 29 enseignes, il emploie 6 000 collaborateurs,
2019, fortement impacté par le dynamisme du second semestre.
dispose de 350 points de vente répartis sur 55 départements et a
réalisé un chiffre d’affaires de 1,5 Mds d’euros en 2020.
Malgré les incertitudes liées au contexte économique actuel, le
Euronext Paris – Compartiment B
Code ISIN [FR 0000060071]
Groupe ne remet pas en cause ses perspectives à long terme, Code Reuters : SAMS.PA
notamment dans le cadre des tests de dépréciation des écarts
d’acquisition (2,4 M€ de dépréciations en 2020 pour 1,5 M€ en
Code Bloomberg : SAMS:FP
2019) et des autres actifs non-courants. Prochain rendez-vous : 29 avril 2021 : Parution du
Le risque client a tout particulièrement été analysé et suivi et les chiffre d’affaires consolidé du 1er trimestre 2021.
Contacts : Olivier MALFAIT (Président Directeur Général)
Laurent CHAMEROY (Directeur Général Délégué et Financier) : laurent-chameroy@samse.fr Retrouvez ce communiqué sur :
Cédric Gerbier (Responsable Relations Investisseurs et Actionnaires) : groupe-samse.fr
cedric-gerbier@samse.fr
18 // ENTREPRISES Jeudi 1er avril 2021 Les Echos

Renault contraint d’améliorer

son plan de départs volontaires
l Le constructeur au losange a pro-
posé à ses organisations syndicales un
avenant à l’accord signé fin novembre,
pour rendre plus incitatif son plan
de rupture conventionnelle collective.
l Seuls 300 départs ont été validés
à ce jour, alors que le plan est ouvert
à 1.900 personnes.

L’annonce de la recherche d’un

AUTOMOBILE
Anne Feitz
@afeitz
Le plan de départs volontaires de
Renault ne rencontre pas l’accueil
escompté. Selon nos informations,
le constructeur tricolore a proposé
mardi à ses organisations syndicales
un avenant à l’accord signé fin
novembre dernier, afin de le rendre
plus attractif. Le plan de rupture
conventionnelle collective (RCC), en
particulier, n’a permis de valider que
300 départs à ce jour, alors qu’il était
ouvert à 1.900 salariés des fonctions
tertiaires et de l’ingénierie. Il permet-
tait aux volontaires de recevoir des
indemnités complémentaires aux
indemnités légales et de bénéficier
d’une priorité de réembauche.
« Compte tenu des perspectives actuel-
les sur le marché du travail, cela n’a
pas suffi », relève Franck Daoût, délé-
gué CFDT du Losange.
L’avenant présenté mardi après-
midi, et proposé à la signature d’ici à
mardi prochain, prévoit notam-
ment davantage d’indemnités en cas
de départ d’ici fin juillet (trois mois
de salaire avant le 30 juin, deux mois
entre le 1er et le 31 juillet), ainsi qu’une
prolongation de la clause de priorité
de réembauche. Il élargit aussi les
conditions d’éligibilité des salariés.
Principe du volontariat
« Cet avenant ne dénature pas
l’accord que nous avions signé, à par-
tir du moment où le principe du
volontariat est bien préservé », souli-
gne Mariette Rih, déléguée FO. Le
faible nombre de volontaires au
départ a pu inquiéter les salariés du
Losange dans l’Hexagone, malgré la
promesse de la direction de ne pas
procéder à des départs contraints.
Dans le cadre de son plan d’écono-
mies, le constructeur avait annoncé
fin mai son intention de supprimer
4.600 postes dans l’Hexagone, dont
2.500 dans les fonctions tertiaires et
l’ingénierie, et 2.100 dans les usines.
Outre le plan de RCC, il compte aussi
sur les départs naturels et les prére-
traites pour atteindre son objectif.
L’inquiétude liée au RCC n’est
que l’un des nombreux sujets de
tension actuels au sein du groupe.
repreneur pour la Fonderie de Bre-
tagne a été très mal vécue. « C’est
une trahison », estime Jean-Fran-
çois Pibouleau, délégué CGT, qui
annonce une mobilisation le 8 avril,
pour dénoncer l’absence de straté-
gie industrielle.
Dans l’ingénierie, la volonté de
transférer chez un prestataire une
trentaine de salariés, chargés de la
maintenance des bancs d’essais à
Lardy et Aubevoye, a aussi suscité
des mouvements sociaux. « Ces
salariés ne sont pas volontaires au
départ, cette façon de faire est inac-
ceptable », juge Guillaume Ribeyre,
délégué CFE-CGC.
La situation paraît moins tendue
à Choisy-le-Roi, le seul site du
groupe à fermer dans l’Hexagone,
où des négociations sur les proposi-
tions qui seront faites aux salariés
sont en cours d’achèvement. Des
annonces sont attendues la
semaine prochaine.
Le constructeur avait
annoncé fin mai
son intention
de supprimer
4.600 postes
dans l’Hexagone.
Plus généralement, les organisa-
tions syndicales aimeraient avoir
une meilleure vision sur le plan de
charge des usines tricolores à
moyen terme, alors que le directeur
général, Luca de Meo, vient de
conforter celui des sites espagnols.
« On n’a aucune visibilité, notam-
ment sur le pôle Douai-Maubeuge
qui doit accueillir les véhicules élec-
triques dans le nord de la France. Et
les investissements se font attendre »,
avance Franck Daoût.
La direction promet des annon-
ces dans les mois à venir. En atten-
dant, cette incertitude vient s’ajou-
ter aux nombreux arrêts de
production subis ici et là, en raison
de la pénurie de semi-conduc-
teurs… « On n’avait vraiment pas
besoin de ça en ce moment », soupi-
rent en chœur les syndicalistes. Sur
ce point, ils seront assurément
d’accord avec la direction. n
L’usine Renault de Flins, dans les Yvelines, est le plus important site de production du groupe en France. L’inquiétude liée au plan
de rupture conventionnelle collective n’est que l’un des nombreux sujets de tension actuels au sein du Losange. Photo Martin Bureau/AFP
Le constructeur lance son SUV coupé en Europe
Fabriqué en Corée du Sud,
l’Arkana sera le premier
véhicule du segment C de
la marque à être lancé sur
le Vieux Continent depuis
l’arrivée de Luca de Meo.
Renault démarre son offensive sur
le segment C des voitures familia-
les. Il ne s’agit certes pas encore du
vaste renouveau de la gamme mar-
qué par la patte du nouveau direc-
teur généra, Luca de Meo, et de son
designer en chef, Gilles Vidal.
Mais le SUV coupé Arkana, qui
débarquera dans les concessions
européennes en juin prochain,
constitue une première étape
importante. « C’est l’un des sept
véhicules du segment annoncés par
Luca de Meo lors de son plan straté-
gique, en janvier dernier », affirme
Fabrice Cambolive, directeur des
ventes de la marque Renault.
Avec l’Arkana, Renault espère
combler le déclin de ses ventes sur
ce créneau, regroupant les voitures
de taille moyenne (entre 4,20 et 4,70
mètres). La Megane et le Scenic
sont en perte de vitesse, et le SUV
Kadjar se vend deux fois moins que
son concurrent, le Peugeot 3008.
Fabriqué sur la même plate-
forme technique que le Captur ou la
Clio, l’Arkana est plus long (4,57 m)
et plus confortable que les citadines logistiques de la production de d’afficher des émissions de CO2
du Losange. cette voiture ? L’Arkana est en effet réduites (à respectivement 131 et
fabriquée très loin du Vieux Conti- 111 g/km), un « must » en Europe
Look plus fluide nent, en Corée du Sud, dans l’usine compte tenu des réglementations
Surtout, il mise sur sa silhouette de que Renault détient avec Samsung antipollution contraignantes.
SUV coupé, à michemin entre la Motors. Une précédente version
berline et le SUV, pour se différen- avait été lancée en Russie, en 2019, Segment lucratif
cier. Alors qu’aujourd’hui seules les sur la plateforme du Dacia Duster Renault espère ainsi relancer son
marques « premium » comme (18.000 ventes l’an dernier). Mais segment C, un créneau particuliè-
BMW, Audi, Mercedes ou Porsche c’est bien l’Arkana « made in » Corée rement lucratif mais où le Losange
comptent de telles silhouettes mix- qui sera importé en Europe. Il a été ne fait plus d’étincelles : entre 2010
tes dans leur gamme, Renault sera lancé au « Pays du Matin calme » au et 2019, il a représenté à peine 20 %
le seul généraliste à la proposer. printemps 2020, sous la marque de ses ventes (40 % pour l’ensemble
« Cela nous permet de répondre aux Samsung XM3, avec un certain du secteur). Luca de Meo en a fait
attentes d’une clientèle encore fidèle succès : il s’est vendu à 34.000 uni- l’un des grands axes de la sortie de
aux berlines, adepte d’un “look” plus tés l’an dernier. crise du constructeur. Objectif, par-
fluide, et à la demande très forte pour « Nous attendions pour le lancer venir à ce qu’il génère 40 % de la
les SUV, qui représentent 80 % des en Europe que les versions micro-hy- marge du groupe en 2025 (15 % en
ventes du segment », poursuit brides et hybrides soient disponi- 2019), avec 7 nouveaux modèles
Fabrice Cambolive. Sera-t-il suffi- bles », explique Fabrice Cambolive. lancés en cinq ans.
sant pour compenser les coûts Des versions qui lui permettront Luca de Meo veut accroître le
prix de vente moyen des modèles
de la marque, de 20.000 euros en
Michelin supprimera 530 postes 2019, à 27.000 euros en 2025. « Avec
un prix plancher de 29.000 euros,
en France cette année l’Arkana va y contribuer », souligne
Fabrice Cambolive. Même si Luca
Suite à l’annonce, en janvier, de 2.300 suppressions de de Meo a apporté quelques modifi-
postes sur trois ans en France, Michelin vient de termi- cations sur l’Arkana, il faudra toute-
ner les négociations sur l’accord-cadre qui définira les fois attendre la Megane électrique,
conditions de départ de ses salariés. Il en a aussi précisé au début de l’année prochaine, et
les modalités pour cette année : en 2021, 530 postes surtout 2023, pour voir arriver au
seront supprimés, et un plan de rupture conventionnelle sein du Losange de nouveaux véhi-
collective sera ouvert à 146 salariés. Le groupe créera en cules résolument frappés du sceau
parallèle 200 postes. Plus d’infos sur lesechos.fr de la nouvelle équipe. n

La voiture électrique, nouveau défi du géant chinois Xiaomi

chinois a ouvert une nouvelle page
AUTOMOBILE dans l’histoire de Xiaomi en se lan-
çant dans la fabrication de voitures
Le serial entrepreneur électriques intelligentes. « Cette ini-
chinois Lei Jun se tiative représente le dernier grand
lance dans la fabrica- projet entrepreneurial de ma vie, a
tion de voitures élec- indiqué Lei Jun, dont l’aura en Chine
triques intelligentes. n’est pas sans rappeler celle d’un cer-
tain Steve Job. Je suis prêt à mettre
toute ma réputation personnelle en
Frédéric Schaeffer jeu et à me battre pour l’avenir de
@fr_schaeffer notre véhicule électrique intelligent. »
— Correspondant à Pékin Signe de l’importance donnée à
cette nouvelle activité, Lei Jun pilo-
Plus de dix ans après avoir créé tera une nouvelle filiale dédiée aux
Xiaomi et porté la société basée à véhicules électriques, en plus de son
Pékin sur le podium des fabricants rôle de PDG de Xiaomi. Après un
mondiaux de smartphones, Lei Jun investissement initial de 10 milliards
se lance un nouveau défi. A l’issue de yuans (1,5 milliard de dollars),
d’une grande conférence présentant l’entreprise s’est engagée à investir
de nouveaux téléphones et bracelets au moins 10 milliards de dollars sur
connectés, le serial entrepreneur les dix ans à venir. Lei Jun est
aujourd’hui assis à la tête d’un
groupe solide, affichant un chiffre
d’affaires de 38 milliards d’euros l’an
dernier, pour 3 milliards de bénéfice
net.
Xiaomi n’est pas le premier géant
chinois de la tech à lorgner le mar-
ché des véhicules électriques. Baidu
(considéré comme le Google chi-
nois) a annoncé, en janvier, la créa-
tion d’une entité indépendante à cet
effet ainsi qu’un partenariat avec
Geely, le constructeur chinois qui
possède Volvo. En février, Reuters a
rapporté que Huawei était en pour-
parlers avec le constructeur public
Changan et d’autres sociétés pour
fabriquer des véhicules électriques.
Un fort essor en Chine
Aux Etats-Unis, Google et Apple tra-
vaillent également à une entrée sur
le marché des véhicules électriques.
Tous font le pari que les futures voi-
tures deviendront de plus en plus
autonomes et connectées. Les véhi-
cules à énergies nouvelles connais-
sent un fort essor en Chine, premier
marché au monde dans ce domaine,
et pourraient représenter un relais
de croissance important pour les
fabricants de smartphones et d’élec-
tronique grand public. Mais c’est
aussi un marché extrêmement
concurrentiel avec la forte présence
de Tesla, des start-up chinoises (Nio,
Li Auto, Xpeng) et de nombreux
acteurs traditionnels qui ont décidé
d’investir des milliards dans l’électri-
que en Chine au cours des prochai-
nes années. Xiaomi, qui vend toute
une gamme de produits allant des
trottinettes intelligentes aux auto-
cuiseurs en passant par les purifica-
teurs d’air et les brosses à dents, sou-
ligne qu’il possède de nombreuses
technologies qui peuvent être appli-
quées à l’automobile.
L’évidence d’un écosystème
« Se lancer dans cette activité est un
choix évident pour nous, alors que
nous développons notre écosystème
[d’objets] intelligents », a expliqué Lei
Jun. Autre argument, les « mi cars »
pourraient séduire une commu-
nauté de clients très attachés à la
marque. Xiaomi dispose en outre de
ressources financières importantes.
Fin 2020, le groupe détenait une tré-
sorerie de 108 milliards de yuans
(14 milliards d’euros). « Je suis pleine-
ment conscient des risques de l’indus-
trie automobile. Je suis également
conscient que le projet prendra au
moins trois à cinq ans avec des dizai-
nes de milliards d’investissements », a
déclaré le patron de Xiaomi lors d’un
événement à Pékin. Comme pour
ses autres produits électroniques, la
société sous-traitera la fabrication
de ses voitures électriques à des
fabricants. Annoncé comme parte-
naire supposé de Xiaomi, Great Wall
Motors a démenti l’information.
La montée en puissance de
Xiaomi en dix ans (l’entreprise fêtera
ses onze ans dans une semaine) et
ses projets dans la 5G, l’intelligence
artificielle et l’Internet des objets ont
fini par attirer l’attention des autori-
tés américaines. En janvier, la
société a été placée sur une liste
noire par le département américain
de la Défense. Mais contrairement à
Huawei, Xiaomi est parvenu à obte-
nir un arrêt de l’interdiction devant
un tribunal américain. n
Les Echos Jeudi 1er avril 2021
Eleveurs et céréaliers en colère
contre le gouvernement
AGRICULTURE
Après les éleveurs
de bovins la semaine
dernière en Auvergne,
les céréaliers sortent
les tracteurs cette
semaine et les laitiers
seront dans les super-
marchés ce jeudi.
La perspective de
nouvelles baisses de
revenu a mis le feu
aux poudres.
Marie-Josée Cougard
@CougardMarie
L’état de grâce de Julien Denorman-
die auprès des agriculteurs serait-il
terminé ? Apprécié depuis son arri-
vée rue de Varenne, le ministre de
l’Agriculture et de l’Alimentation
suscite désormais la colère de la
profession. A cela plusieurs rai-
sons, mais c’est la manière dont la
France entend mettre en œuvre la
réforme de la Politique agricole
commune (PAC) qui a mis le feu aux
poudres.
L’incompréhension atteint des
sommets chez les éleveurs de
bovins, chroniquement les plus
mal lotis en matière de revenu. Ils
estiment être doublement floués.
Non seulement il n’y a pas dans le
projet du ministre la « reconnais-
sance » du caractère écologique du
modèle herbager français (et le
coup de pouce qu’ils en atten-
daient), explique Bruno Dufayet,
président de la Fédération natio-
Missiles : MBDA face à
une concurrence nouvelle
DÉFENSE
Le missilier européen
doit imaginer les
moyens de retrouver
ou de garder une
supériorité aérienne
dans un environne-
ment de plus en plus
contesté.
Anne Bauer
@annebauerbrux
MBDA va devoir viser juste. Le mis-
silier européen détenu à 37,5 % par
Airbus, 37,5 % par BAE Systems et
25 % par Leonardo arrive à un tour-
nant stratégique, face à une concur-
rence qui ne cesse de se renforcer. Il
y a désormais 26 fabricants de mis-
siles dans le monde contre 16 il y a
dix ans, et le nombre de produits
proposés a presque triplé – passant
de 250 à 600 armes.
Avec l’arrivée de puissance émer-
gente sur le marché des missiles et
l’accélération technologique du
métier, MBDA doit investir lourde-
ment pour assurer aux pays euro-
péens le meilleur niveau mondial et
leur autonomie stratégique.
Exit le missile basique
Pour MBDA, il ne s’agit plus seule-
ment de mettre au point des missi-
les de plus en plus performants
mais de les insérer dans des systè-
mes d’armes complexes avec une
large gamme d’effecteurs intercon-
nectés, capables d’agir de concert
pour percer les défenses ennemies.
Ce qui implique d’investir dans de
nouveaux types d’effets, comme les
armes à énergie dirigée (des armes
sans projectiles) et dans l’intelli-
gence artificielle, la reconnaissance
de cibles, l’hypersonique ou encore
les actions « en essaim ».
Les agriculteurs (ici lors d’une manifestation à Lyon, le 25 mars dernier) refusent le projet de baisse des aides à la production en France.
nale bovine (FNB), mais en plus les
éleveurs voient les aides dites cou-
plées qui leur sont « vitales » rédui-
tes de 40 %. Une catastrophe pour
ceux qui font valoir que les aides
européennes leur tiennent lieu
d’unique ressource.
Menace sur le modèle
français ?
En 2020, leur revenu a tourné
autour de 700 euros par mois, alors
que la consommation de viande
était repartie à la hausse et les prix
MBDA est au cœur de multiples
programmes de recherche. En
France, le ministère des Armées
vient ainsi de commander un nou-
veau missile de combat pour l’héli-
coptère Tigre, soit un programme
de 700 millions d’euros. En Italie,
MBDA met au point un nouveau
missile anti-navire Teseo MK2/E ;
tandis que la marine allemande
demande un nouveau démonstra-
teur d’effecteur laser à haute éner-
gie. Au Royaume-Uni, le missilier
doit fournir les missiles de croisière
Spear, pour les F-35.
Mais les grands programmes se
font au niveau européen. La France
et l’Italie viennent de notifier à
MBDA la conception de la nouvelle
génération du SAMP/T, le seul sys-
tème de défense antimissile balisti-
que réalisé en Europe. Le groupe
doit faire évoluer les capacités de
défense sol-air. « C’est un pro-
gramme très important qui confirme
dix ans de coopération réussie avec
l’Italie », rappelle-t-on chez MBDA,
qui espère remporter cet été la com-
pétition pour la défense antiaé-
rienne de la Suisse, contre le sys-
tème de missile sol-air Patriot de
l’Américain Raytheon.
En attendant, le groupe a réalisé
un chiffre d’affaires de 3,6 milliards
d’euros en 2020 contre 3,7 milliards
un an plus tôt. Les prises de com-
mandes ont atteint 3,3 milliards
d ’e u r o s , g r â ce a u s o u ti e n d e
la France, de la Grande-Bretagne et
de l’Italie. L’exportation a fonc-
tionné au ralenti, malgré quelques
succès dans l’armement naval au
Sénégal et en Arabie saoudite. n
3,6
MILLIARDS D’EUROS
Le chiffre d’affaires 2020.
ENTREPRISES // 19
dénonçant la responsabilité des
entreprises et le trop grand nombre
d’intermédiaires dans une filière
frappée d’immobilisme.
Les producteurs de lait, eux, qui
ont dans un premier temps bénéfi-
cié de la loi Egalim, passent à
l’action ce jeudi dans un supermar-
ché près du Mans (Sarthe). Leur
objectif sera de « s’assurer que le prix
du lait, du yaourt et de l’emmental
râpé n’est pas abusivement bas ».
Cette opération est la première
d’une longue série programmée
par la Fédération nationale des pro-
ducteurs de lait (FNPL) sur l’ensem-
ble du mois d’avril.
Les céréaliers ne veulent
pas être « des jardiniers »
Colère aussi chez les céréaliers, qui
manifesteront dans le grand bassin
parisien vendredi. Là aussi, c’est la
déclinaison française de la PAC qui
Philippe Desmazes/AFP
est en cause et surtout son verdisse-
ment, qui se traduit par une ampu-
tation des aides à la production au
profit d’actions écologiques.
« On veut faire de nous des jardi-
niers du paysage et nous faire passer
d’une logique de production à une
logique de protection de la biodiver-
en rayon aussi. « Les éleveurs sont en amputera leurs aides de 250 mil- Egalim, dont c’était l’objet, n’a pas sité », s’agace Stéphane Sanchez à la
train de crever », ont-ils lancé à la lions d’euros par an. « Ce n’est pas suffi à enrayer la guerre des prix FNSEA. « Depuis huit ans, le revenu
tête du Premier ministre, Jean Cas- d’aides d’urgences dont nous avons entre distributeurs et industriels. moyen annuel des producteurs de
tex, et de Julien Denormandie, en besoin mais de décisions structurel- Le ministre de l’Agriculture en a grandes cultures est inférieur à
visite dans la Creuse au début du les courageuses », clame le président d’ailleurs lui-même convenu 6.000 euros », affirment les syndi-
mois. Le cadeau de 60 millions de la FNB. « Si la France veut conser- récemment et promis de nouvelles cats spécialisés. L’amputation des
d’euros fait à cette occasion a été ver son modèle d’élevage familial her- mesures. soutiens à la production pour
jugé bien maigre au regard des per- bager, elle doit le protéger et le rému- « Depuis la mise en œuvre de la loi mieux rémunérer « l’entretien du
tes de 200 millions d’euros qu’ils ont nérer sur une autre base que le cours Egalim en 2017, nous avons perdu un paysage » est très mal perçue. « Les
enregistrées en 2020. mondial », explique Bruno Dufayet. tiers de revenu. Les éleveurs sont res- aides européennes à la production
La tension est encore montée La promesse d’Emmanuel tés la variable d’ajustement. Les dis- sont vitales car nous sommes dépen-
quelques jours plus tard, lorsque les Macron d’« assurer un revenu tributeurs font de la marge sur la dants des cours mondiaux et exposés
éleveurs ont découvert que la mise décent » aux exploitants n’a pas été viande dont on ne voit pas la cou- aux aléas climatiques », tranche Sté-
en œuvre de la réforme de la PAC suivie des effets escomptés. La loi leur », dénonce Bruno Dufayet, phane Sanchez. n
COMMUNIQUÉ FINANCIER | 31 mars 2021 WWW.SYNERGIE.COM
Daniel AUGEREAU
Président du Directoire
2020 : DES RÉSULTATS TRÈS SIGNIFICATIFS
DANS UN CONTEXTE DE CRISE
Chiffre d’affaires : 2.190,3 M€ Résultat opérationnel courant : 89,5 M€
Ebitda : 112,7 M€ Résultat net : 41,3 M€
Le Directoire de SYNERGIE, sous la Présidence de M. Daniel AUGEREAU, Il en est de même du résultat opérationnel courant qui atteint 89,5M€
1er s’est réuni le 29 mars 2021 et a arrêté les comptes annuels au
31 décembre 2020. Les procédures d’audit de ces comptes ont été
dont 46,6M€ à l’International et 42,9M€ en France, confortant le
Groupe français Groupe dans la pertinence de ses choix et de ses investissements
indépendant de réalisées et le rapport correspondant est en cours d’émission. entrepris depuis plusieurs années dans la transformation digitale, le
services RH
recrutement de consultants experts et la formation des collaborateurs
Consolidés - en M€ 2020 2019 S2 2020 S1 2020 permanents et intérimaires.
5e Chiffre d'affaires 2.190,3 2.642,3 1.189,7 1.000,6
Réseau RÉSULTAT OPÉRATIONNEL
européen Ebitda 112,7 138,5 72,8 39,9
Le résultat opérationnel s’est établi à 77,6M€ compte tenu
Résultat opérationnel courant * 89,5 121,7 59,5 30,0 d’amortissements et de dépréciations de goodwill et autres incorporels
17 Résultat opérationnel 77,6 114,0 53,1 24,5 pour 11,9M€ dont 5,7M€ à titre exceptionnel.
Pays dans
le monde Résultat financier (3,2) (1,4) (1,3) (1,9) RÉSULTAT FINANCIER
Résultat avant impôts 74,4 112,6 51,8 22,6
750 Charge d’impôt (33,2) (49,3) (20,5) (12,6)
La charge financière de 3,2M€ se compose d’un coût d’endettement
financier net de même niveau qu’en 2019, et d’une perte de change
Agences
Résultat net 41,3 63,4 31,3 10,0 de 0,9M€.
4 200 Résultat part du Groupe 38,3 60,1 29,4 8,9 RÉSULTAT NET
Collaborateurs * Avant amortissement et dépréciation des incorporels Après prise en compte d’un impôt de 33,2M€ (dont CVAE13M€),
permanents
le bénéfice net consolidé s'établit à 41,3M€ (dont part du Groupe
CHIFFRE D’AFFAIRES DE 2.190M€ 38,3M€) contre 63,4M€ en 2019, l’effet de levier généré par la maîtrise
des coûts de structure et l’activité du second semestre, en hausse de
SYNERGIE, 5e groupe européen en Gestion des Ressources Humaines,
20% par rapport au premier, a permis, sur l’année, de quadrupler le
affiche un chiffre d’affaires de 2.190M€ sur l’année (-17,1% à périmètre
résultat net du 1er semestre.
et devises constants).
Après un début d’exercice fortement impacté par la pandémie Covid-19, UNE STRUCTURE FINANCIÈRE RENFORCÉE
la reprise s’est accélérée de mois en mois, avec une nette amélioration La structure financière du Groupe s’est ainsi renforcée, avec des
en France sur la deuxième partie de l’année (984,5M€). capitaux propres au 31 décembre s’élevant à 583,5M€, une variation du
A l’International, les filiales se sont particulièrement distinguées pour besoin en fonds roulement positive de l’ordre de 50M€ pour la seconde
atteindre un chiffre d’affaires de 1.206M€, représentant désormais année consécutive et une trésorerie nette de tout endettement de
55% de l’activité consolidée. 200M€ (y compris créances CICE mobilisables à hauteur de 87,3M€).
Cette performance, compte tenu de la crise sanitaire qui a PERSPECTIVES 2021
particulièrement affecté les acteurs du travail temporaire, a été
réalisée grâce à la mobilisation et à la réactivité des équipes, à une Plus que jamais, le recours à la flexibilité et à l’agilité des entreprises se
diversification des activités dans les secteurs de l’environnement, des confirment, comme en témoignent les deux premiers mois de l’exercice.
énergies renouvelables, du numérique, du médical, de la logistique et Le Groupe affirme ainsi sa confiance en l’avenir et poursuit activement,
PROCHAIN de l’agroalimentaire, afin de compenser le fort ralentissement de la grâce à sa structure financière très solide, l’étude de nouvelles
RENDEZ-VOUS construction automobile (-41% sur l’année) et de l’aéronautique (-53%) acquisitions pour accélérer sa croissance, avec pour objectif un chiffre
Publication où SYNERGIE est leader. d’affaires supérieur à 2,5 milliards d’euros sur l’exercice et une nette
du chiffre amélioration de sa rentabilité.
d’affaires du EBITDA ET RÉSULTAT OPÉRATIONNEL COURANT
1er trimestre 2021 DIVIDENDES
Ainsi, notre forte résistance et notre contribution significative dans
le mercredi
des secteurs à haute valeur ajoutée, conjuguées à des réductions de Lors de l’Assemblée Générale du 24 juin 2021, il sera proposé la mise
28 avril après
coûts engagées dès le début de la pandémie, ont permis d’obtenir un en paiement d’un dividende de 0,80€ par action, soit une distribution
Bourse.
Ebitda élevé : 112,7M€, soit 5,1% du chiffre d’affaires. globale de 19,5M€.
CAPITAL SOCIAL : 121 810 000 € - EURONEXT PARIS COMPARTIMENT B - ISIN FR0000032658 - MNÉMO : SDG - REUTERS : SDGI.PA - BLOOMBERG : SDG:FP
CONTACT : SYNERGIE Direction Financière - Yvon Drouet - Tél. +33(0)1 44 14 90 20 - yvon.drouet@synergie.fr
20 // ENTREPRISES
Birmanie : après le coup d’Etat,
EDF se retire, Total reste
l L’électricien français a suspendu son projet de barrage après le coup d’Etat militaire du 1er février.
l Total, qui exploite le gaz birman, n’a en revanche pas l’intention de se retirer pour l’instant.
ÉNERGIE
Vincent Collen
@VincentCollen
et Sharon Wajsbrot
@Sharonwaj
EDF quitte la Birmanie, mais Total y
reste. Les deux géants français de
l’énergie ont réagi en ordre dispersé
face au coup d’Etat militaire du
1er février, qui a fait, à ce jour, plus de
500 morts dans la république d’Asie
du Sud-Est. Une divergence qui
s’explique par des situations très
différentes sur le terrain.
En discussion avec l’Etat birman
depuis 2018 sur le développement
d’un barrage hydroélectrique d’une
capacité de 671 mégawatts dans le
nord du pays, en partenariat avec
des associés japonais et birman –
notamment le ministère de l’Ener-
gie – EDF a jeté l’éponge juste après
le coup d’Etat.
Aucun contrat signé
« Le projet a été suspendu, car l’envi-
ronnement politique n’est plus en
conformité avec notre politique
RSE », fait valoir le groupe, qui rap-
pelle toutefois que ce projet n’en
était encore qu’au stade du dévelop-
pement. « Aucun contrat n’a été
signé, on n’en était encore qu’aux dis-
cussions », précise l’électricien, qui
ne détaille pas, à ce stade, l’impact
financier de ce revers.
Pour Total, les enjeux sont beau-
coup plus gros et complexes. La
major française est présente en Bir-
manie depuis près de trente ans. Le
groupe opère des gisements gaziers
en mer au large du pays, qui alimen-
tent à la fois la Thaïlande voisine et
le marché intérieur birman. La
moitié de l’électricité distribuée
dans la capitale, Rangoon, est pro-
duite avec le gaz de Total, rappelle
l’entreprise. La production est en
déclin (– 23 % entre 2016 et 2019).
Elle représente une part minime du
chiffre d’affaires de Total, mais
Accor n’entend pas mettre un terme à ses projets de développement
Le champion français
de l’hôtellerie exploite
9 établissements, détenus
par des tiers, en Birmanie.
Il compte 6 projets en cours
et n’a pas l’intention
de quitter le pays.
Christophe Palierse
@cpalierse
Avec neuf hôtels en exploitation, la
Birmanie (Myanmar) fait figure de
petit marché pour Accor. Le cham-
pion français de l’hôtellerie,
La répression suivant le coup d’Etat militaire du 1er février a fait, à ce jour, plus de 500 victimes civiles. Photo AFP /Anonymous Source.
assure d’importants revenus à la
Birmanie. En 2019, la firme fran-
çaise a versé quelque 230 millions
de dollars à l’Etat et à la compagnie
pétrolière nationale MOGE, sous
forme de royalties et de taxes.
Pression des ONG
Quelques jours après le coup d’Etat,
Total s’est déclaré « préoccupé »,
appelant à « une solution pacifique ».
Le groupe a signé une déclaration
avec d’autres multinationales
comme L'Oréal, Nestlé ou Bolloré
Logistics. Les entreprises signatai-
res assurent qu’elles respectent « la
liberté d’expression » de leurs sala-
riés birmans et soutiennent « les
droits humains, la démocratie et les
libertés fondamentales ». Mais Total
n’a pas l’intention, pour l’instant, de
se retirer de Birmanie – où il est lié à
numéro six mondial de son secteur
par la taille de son parc, comptait en
effet, à la fin 2020, pas moins de
5.139 établissements sous enseigne
dans le monde. Mais si Accor s’est
récemment implanté dans ce pays,
aujourd’hui à feu et à sang, il y mène
un développement rapide. Son
expansion s’effectue sans engage-
ment immobilier, conformément à
sa stratégie.
Le groupe a ouvert sa première
unité birmane en novembre 2014,
un boutique-hôtel MGallery. Il dis-
pose désormais d’un petit réseau qui
MATTHIEU BELLIARD
EUROPE MATIN
7H - 9H
Du lundi au vendredi avec Sonia Mabrouk,
Nicolas Canteloup et toute la rédaction.
ses partenaires locaux par un
contrat qu’il est tenu de respecter – ni
de suspendre ses versements. Or la
pression des ONG internationales et
locales est forte, et elle est relayée par
certains politiques en France. « Vous
avez une immense responsabilité,
vous devez agir auprès de la junte
pour que cessent les tueries », a tweeté
la sénatrice LR Joëlle Garriaud-
Maylam, en s’adressant au PDG,
Patrick Pouyanné. « De fait, les paie-
ments de Total alimentent la junte »,
dénonce Sophie Brondel, coordina-
trice d’Info Birmanie. Le pétrolier
« finance la répression militaire en
Birmanie », abonde une autre asso-
ciation, Justice for Myanmar. Total
« est probablement la plus grosse
source de revenus de la junte », selon
elle. Sous un régime militaire, les
revenus collectés par l’Etat et la
fait la part belle à l’hôtellerie moyen
et haut de gamme, voire de luxe.
Autant d’établissements exploités
dans le cadre de contrats de mana-
« Accor n’a jamais
quitté un pays
quand le pays
souffre. »
SÉBASTIEN BAZIN
PDG d’Accor
compagnie nationale MO GE
« échapperont à l’examen basique
d’un processus budgétaire national »,
ajoute l’ONG.
Le pétrolier est
accusé de financer
la junte.
Plus de quatre cents organisa-
tions de la société civile birmane,
regroupées dans la Myanmar
Alliance for Transparency and
Accountability, demandent à Total
de suspendre ses paiements. « Si un
retrait du pays semble difficile, le
groupe pourrait au moins verser les
fonds sur un compte bloqué en atten-
dant la mise en place d’un gouverne-
ment légitime », défend Sophie Bron-
gement signés avec leurs propriétai-
res respectifs. Encore ouverts à
l’heure actuelle, ces hôtels, précise
Accor, « accueillent principalement
des ressortissants étrangers qui atten-
dent de finaliser les arrangements de
départ ou des employés de l’hôtel qui
ne se sentent pas en sécurité pour se
rendre au travail et en revenir. »
« Le tourisme est vital
pour le pays »
Au-delà du réseau existant, l’opéra-
teur a par ailleurs six projets en
cours avec des marques comme
Jeudi 1er avril 2021 Les Echos
del. C’est la voie suivie par le
sidérurgiste coréen Posco, qui
affirme avoir « suspendu tous les
paiements de dividendes » à son par-
tenaire birman.
Le brasseur japonais Kirin est allé
plus loin, annonçant la fin de sa
coentreprise avec un groupe birman
jugé trop proche de l’état-major. Et
l’australien Woodside Petroleum
assure qu’il a suspendu ses opéra-
tions de forage. Le français Voltalia,
spécialiste des énergies renouvela-
bles, se retire lui aussi. « Nous
comprenons qu’une telle décision
serait difficile pour Total, qui a déve-
loppé une présence dans le pays
depuis longtemps, reconnaît Pochoy
Labog, de l’association Business &
Human Rights Resource Centre.
Mais il est possible d’agir sans forcé-
ment quitter le pays. » n
Ibis, Novotel, Pullman et MGallery.
Alors que la révolte populaire
contre la junte militaire au pou-
voir est brutalement réprimée,
Accor n’entend pas se désengager
de Birmanie.
« Accor n’a jamais quitté un pays
quand le pays souffre. Jamais, jamais.
Et jamais on ne le fera », rappelait sur
les ondes de franceinfo son PDG,
Sébastien Bazin, le 24 mars dernier,
alors qu’il était interrogé sur la rela-
tion d’affaires controversée entre
Accor et le conglomérat local Max
Myanmar Group. Propriétaire d’un
Novotel à Rangoon (Yangon), ce par-
tenaire a été mis en cause par une
mission indépendante de l’ONU
pour avoir contribué aux persécu-
tions contre les Rohingyas. « Le tou-
risme est vital pour l’industrie bir-
mane, en tout cas pour le pays, pour
leur apporter des recettes », a ajouté
le PDG d’Accor, comme pour mieux
justifier sa ligne de conduite.
Mais Sébastien Bazin a rappelé
que le groupe est vigilant quant au
fait que ses partenaires ne soient pas
inscrits sur des « listes de sanctions
internationales », ce qui n’est pas le
cas, a souligné le PDG, de l’homme
d’affaires Zaw Zaw, le patron-fonda-
teur de Max Myanmar Group. Pré-
sumé proche de l’armée, ce dernier
l’est aussi d’Aung San Suu Kyi, la
dirigeante birmane renversée par
l’armée le 1er février. Sur franceinfo,
le PDG d’Accor a d’ailleurs souligné
que l’homme d’affaires birman
avait alors été interrogé trois fois par
le nouveau régime militaire. n
Vinci livre
le plus grand
viaduc en mer
de France
à la Réunion
INFRASTRUCTURE
Contesté, le projet
à près de 2 milliards
d’euros a pris un
retard important.
Bernard Grollier
@bgrollier
— Correspondant à la Réunion
La construction du plus long
viaduc en mer de France vient de
s’achever à la Réunion. Long de
5.400 mètres, il sera le principal
ouvrage d’art de la future nou-
velle route du Littoral (NRL) qui
reliera, sur 13 kilomètres, Saint-
Denis, le chef-lieu de l’île, à la
côte ouest et à son port. Le grou-
pement d’entreprises qui l’a réa-
lisé – Vinci, mandataire, Bou-
ygues TP, Dodin Campenon
Bernard, Demathieu Bard Cons-
truction – a mobilisé des moyens
techniques hors normes :
300.000 m3 de béton,
38.000 tonnes d’acier, une barge
grande comme un terrain de
football pour poser les 48 piles
du pont, une structure métalli-
que longue de 280 mètres pour
assembler les 1.400 éléments du
tablier…
« Deux fois plus long et deux
fois plus large que le pont de l’île de
Ré », indique le conseil régional,
maître d’ouvrage, le viaduc
domine la surface de l’océan
Indien de 30 mètres, en son plus
haut point. Il est conçu pour
résister aux cyclones les plus
violents et durer au moins un
siècle. Mais les automobilistes
réunionnais devront patienter
pour l’emprunter et échapper
aux chutes de pierres qui mena-
cent la route actuelle, en pied de
falaise.
La NRL est, en effet, loin d’être
terminée. Si, à ses deux extrémi-
tés, le viaduc est connecté à des
tronçons de digues quasiment
opérationnels et à un autre
ouvrage déjà livré par Eiffage,
2,5 kilomètres restent à cons-
truire, un peu plus loin vers
l’ouest. Le manque de maté-
riaux pour constituer le corps de
la digue, qui reposera sur un
haut-fond, demeure un pro-
blème majeur. Car les blocs
rocheux espérés devaient venir
d’une carrière qui ne verra peut-
être jamais le jour. Le projet,
contesté par des associations et
les communes riveraines, a été
retoqué par la justice en 2019.
Multiples recours
Depuis, le marché qui avait été
attribué à un groupement
d’entreprises – Colas et Vinci – a
été résilié. Un appel d’offres sera
relancé prochainement et deux
années de travaux supplémen-
taires seront nécessaires pour
finir la NRL, a confirmé mardi
Didier Robert, président (Divers
droite) de la région Réunion, en
dévoilant une plaque sur le via-
duc. Une solution provisoire à
20 millions a été trouvée. La
construction d’une bretelle de
connexion à la route actuelle
débutera dans quelques semai-
nes. Dans neuf mois, 8 kilomè-
t r e s d e l a n o u ve l l e r o u t e
devraient entrer en service.
La facture de la NRL était ini-
tialement annoncée à 1,66 mil-
liard d’euros. Le conseil régional
admet aujourd’hui que la note
pourrait approcher des 2 mil-
liards. Avec une incertitude de
taille : la conciliation est loin
d’être terminée entre le maître
d’ouvrage et Vinci. Ce dernier
estime avoir supporté de très
importants surcoûts par rap-
port à l’enveloppe de 716 mil-
lions prévue. Il a déposé de mul-
tiples recours pour demander
une rallonge de plusieurs cen-
taines de millions d’euros. n

Les Echos Jeudi 1er avril 2021
#MeToo : le capital-risque prend ses
distances avec l’appli de photos Dispo
FINANCE
Le fonds de capital-
risque Spark Capital
a annoncé couper les
liens avec l’application
Dispo, cofondée
par un youtubeur
mêlé à une affaire
d’agression sexuelle,
un mouvement qui
pourrait faire date.
Véronique Le Billon
@VLeBillon
— Bureau de New York
L’aller-retour aura été fulgurant.
Spark Capital a annoncé « couper
tous les liens » avec Dispo, une appli-
cation de photos qui se positionne
comme un anti-Instagram en
reproduisant l’effet des appareils
photo jetables (« disposable came-
ras »), et que le fonds de capital-
risque venait d’accepter de financer.
La raison : la révélation de l’agres-
sion sexuelle d’une jeune femme
par un proche du cofondateur
David Dobrik, lors du tournage
d’une vidéo en 2018.
Avant de cofonder Dispo l’an der-
nier, David Dobrik, vingt-quatre
ans, s’était construit une notoriété
sur YouTube (19 millions d’abon-
nés) en diffusant des vidéos dans
lesquelles il se mettait en scène
dans des sketchs semi-improvisés
avec sa bande du « Vlog Squad »,
autour de Los Angeles.
Face à la levée de boucliers sui-
vant les révélations et après le
retrait de plusieurs marques ayant
sponsorisé ces vidéos, ce sont donc
les investisseurs de Dispo qui ont
1Kubator accompagne
la transformation digitale
des quotidiens régionaux
PRESSE
L’accélérateur de
start-up installé au
siège des « Dernières
Nouvelles d’Alsace »
va bientôt lancer sa
première promotion.
Le but : créer des
synergies avec le titre
et un autre titre local,
« L’Alsace », pour les
aider dans leur déve-
loppement numérique.
Bénédicte Weiss
— Correspondante à Strasbourg
Créer des synergies entre des
start-up matures en quête de clients
sur un projet précis et les différents
métiers des deux quotidiens régio-
naux alsaciens, c’est le but de l’ins-
tallation par 1Kubator d’un accélé-
rateur dans les murs de l’un d’eux,
« Dernières Nouvelles d’Alsace »
(« DNA »), à Strasbourg (Bas-Rhin).
Le réseau d’innovation, créé en
2015, le gère avec le « pôle ADN »,
regroupement des « DNA » et du
journal « L’Alsace ». Tous deux
appartiennent au groupe de presse
régionale du Crédit Mutuel, Ebra.
Deux premières start-up ont déjà
été retenues, mais faute de conven-
tion signée à l’heure où nous écri-
sanctionné le jeune entrepreneur et
la start-up. « Nous nous sommes
retirés de notre poste au conseil
d’administration et nous sommes en
train de prendre des dispositions
pour nous assurer que nous ne tirons
pas profit de notre récent investisse-
ment dans Dispo », a indiqué Spark
Capital dimanche dernier.
Le fonds ne précise toutefois pas
clairement ce qu’il advient de son
investissement dans Dispo : en
février dernier, Spark avait conduit
un tour de table de 20 millions de
dollars pour la jeune application,
portant sa valorisation à 200 mil-
lions de dollars.
Unshackled Ventures et Seven
Seven Six, le fonds du créateur de
Reddit, Alexis Ohanian, ont aussi
indiqué qu’ils verseraient les éven-
tuels bénéfices de leur investisse-
En février dernier,
Spark avait conduit
un tour de table
de 20 millions
de dollars pour
la jeune application.
ment dans Dispo, plus ancien, à des
associations de protection des victi-
mes d’agression sexuelle.
La décision de Spark Capital est
d’autant plus rare que les accusa-
tions ne concernent pas des prati-
ques au sein de la start-up, mais
l’entourage et les activités passées
de l’un des cofondateurs. Pour ten-
ter d’éteindre l’incendie, David
Dobrik a d’ailleurs annoncé son
retrait de Dispo, dirigé par Daniel
Liss et Natalie Mariduena. L’initia-
tive pourrait marquer un change-
vons ces lignes, leurs noms ne
seront pas dévoilés. Il faut dire que
le processus est assez long. L’objec-
tif est de travailler avec des structu-
res « les plus locales possible », pré-
cise Benjamin Oberlé, référent de
l’accélérateur. Tous les services des
journaux seront potentiellement
concernés par les synergies : la
rédaction, mais aussi les volets
logistiques, publicitaires ou encore
commerciaux. « Tous les projets
candidats étaient transversaux.
C’est-à-dire qu’ils pouvaient tant
questionner le modèle économique
qu’enrichir l’expérience lecteur »,
indique le référent.
Durée de six mois
renouvelable
« Les start-up doivent renforcer
l’innovation à l’échelle du pôle ADN
et nous accompagner dans notre
transformation digitale, explique
Florian Bauduin, directeur des
ventes du pôle ADN. Il s’agira
d’améliorer l’expérience client de
nos abonnés comme des autres, qui
voudront s’abonner à l’avenir pour
bénéficier d’une plus-value. »
L’accompagnement des start-up
sera sur mesure, pour une durée de
six mois renouvelable si la preuve
de concept (POC) n’est pas totale-
ment déployée à échéance.
Ce n’est pas le premier accéléra-
teur créé par 1Kubator et le groupe
Ebra. Il en existe notamment à
Lyon. D’autres ont encore été mon-
tés avec les groupes Rossel (à « La
START-UP
ment de ton dans l’industrie du proches. Mais plutôt que de la Avec ses clichés
capital-risque, un univers très mas- publier sur son principal compte imparfaits, l’applica-
culin. Il y a quelques années, des YouTube, il l’a fait sur un compte tion Dispo reproduit
acteurs du capital-risque avaient secondaire, qui contient dix fois l’effet des anciens
surtout mis au point des règles pour moins de followers… n appareils photo
encadrer les relations entre les jetables.
investisseurs et les développeurs de Photo Shutterstock
projets, le pouvoir des premiers sur
les seconds pouvant conduire
à des abus. Mais ce cas con-
cerne un des récents
joyaux produits par la
Silicon Valley. Lors de
son dernier tour de
table, les plus gros
capital-risqueurs
(Andreessen
Horowitz, Sequoia
Capital, Benchmark et
d’autres) lui faisaient
encore la cour…
La chute de David
Dobrik
Dans la foulée, David Dobrik a
annoncé abandonner ses fonc-
tions au sein de la start-up. Depuis
quelques jours, une vague de
commentaires négatifs avait
inondé le service sur l’AppStore,
cassant l’élan de son hypercrois-
sance. Pour la star des réseaux
sociaux, qui avait démarré sa car-
rière sur Vine, cet épisode ressem-
ble au début d’une chute dont il est
difficile d’imaginer comment elle
pourra s’arrêter. HelloFresh,
Dollar Shave Club, ou EA Sports
(qui lui avait donné une Lambor-
ghini) sont les premiers sponsors à
le lâcher, et d’autres ont annoncé
évaluer leurs options.
Dans un exercice de contrition
typiquement américain, David
Dobrik s’est excusé auprès des per-
sonnes qui ont pu être blessées par
ses comportements, ou ceux de ses
Plongez au cœur du
chantier de la cathédrale
Notre-Dame de Paris
Voix du Nord ») et Sud-Ouest.
« L’idée est d’en avoir un propre aux
enjeux du pôle ADN. Les besoins sont
différents d’une région à l’autre »,
souligne Florian Bauduin.
En parallèle, 1Kubator a ins-
tallé en septembre 2020 à Stras-
bourg un incubateur généraliste.
Sa deuxième promotion a été lan-
cée en janvier 2021 et ses deux
start-up sont aujourd’hui aux éta-
pes du MVP (« minimum viable
product ») et de la V1. Ainsi,
MedBed 360 se positionne dans
les hôpitaux avec une plateforme
12€
de gestion des lits. Pour se déve-
lopper, l’incubateur bénéficiera
d’une levée de fonds de 6 millions
d’euros opérée en janvier 2021 à
l’échelle du réseau. n
116 pag
es
« Tous les projets
candidats étaient
transversaux.
C’est-à-dire qu’ils
pouvaient tant
questionner le 100 % DES BÉNÉFICES SERONT
REVERSÉS AU FINANCEMENT DES TRAVAUX
modèle Coédité par l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris et Connaissance des Arts.
économique
qu’enrichir Découvrez le premier numéro
l’expérience de la Fabrique de Notre-Dame
lecteur. »
BENJAMIN OBERLÉ
Référent de
sur boutique. .com
l’accélérateur
HIGH-TECH&MEDIAS Jeudi 1er avril 2021 Les Echos

Capgemini promet d’augmenter encore

ses marges dans les cinq ans à venir
NUMÉRIQUE
D’ici à 2025, Capgemini
anticipe une croissance
comprise entre 7 et 9 %
par an pour son chiffre
d’affaires.

Le groupe s’estime
bien positionné pour
profiter de l’engoue-
ment des entreprises
pour le cloud et
l’analyse de données.

Florian Dèbes
@FL_Debes

Sauf durant l’année 2020, marquée

par l’épidémie de Covid-19, la marge
opérationnelle de Capgemini n’a
fait que progresser ces cinq derniè-
res années. A en croire le directeur
général de l’entreprise française de
services numériques, cette envolée
n’est pas près de s’arrêter.
De 11,5 % en 2016 à 12,9 % en 2020,
le taux de marge opérationnelle
du numéro un français du secteur
doit être porté à 14 % en 2025,
d’après un communiqué publié
mercredi 31 mars. Rare dans le sec-
teur en Europe, la performance le
rapprocherait de celle de son rival
américain Accenture (15 % espérés
en 2021). A la Bourse de Paris, le titre
Capgemini finissait à 0,069 % dans
un CAC 40 en baisse de 0,34 %. Nommé à la tête de Capgemini en mai dernier, Aiman Ezzat a exposé sa stratégie dans une vidéo adressée aux analystes financiers. Photo Joël Saget/AFP
Nommé à la tête du groupe aux
15,8 milliards d’euros de chiffre innovantes, développées proactive- Les chiffres clés avaient parfois 40 fournisseurs, mies de coûts supplémentaires Cette augmentation de sa profita-
d’affaires en mai dernier, Aiman ment pour répondre aux besoins aujourd’hui ils n’ont plus que quatre (voyage, bureau) et surtout de bilité devrait s’accompagner, selon

Ezzat a exposé sa stratégie dans une
vidéo adressée aux analystes finan-
ciers, un an après l’acquisition
d’Altran, le champion mondial des
services d’ingénierie externalisée.
« Capgemini retrouve un vrai poten-
tiel de progression de sa rentabilité en
se lançant dans un plan où le levier
essentiel n’est plus l’offshore », en
retient Matthieu Lavillunière, ana-
des métiers de nos clients, nous sont
plus profitables », explique Aiman
Ezzat aux « Echos ».
Acheté pour 3,7 milliards d’euros,
Altran doit lui permettre de mieux
s’adresser aux industriels et de
générer 70 à 100 millions d’euros de
synergies de coûts en année pleine.
Fragilisé par la crise de l’aéronauti-
que en France, le secteur est déjà
14 %
ou cinq partenaires stratégiques et
Capgemini, de par sa taille mondiale,
est en bonne position pour répondre à
ce besoin », note le directeur général.
Par la même occasion, le groupe
LE TAUX DE MARGE signe de plus gros contrats. « Quand
OPÉRATIONNELLE une entreprise de services numéri-
de Capgemini ques devient partenaire de long terme
prévu pour 2025. de son client et lui fournit tout, du
conseil en management au conseil
déployer plus efficacement ses col-
laborateurs les plus spécialisés, par
exemple en faisant travailler pour
des clients basés en Espagne ou en
Allemagne un ingénieur désœuvré
ou particulièrement pointu installé
en France. Ou inversement. « Il ne
s’agit pas d’appliquer ce modèle flexi-
ble pour tout le monde chez Capge-
mini, mais si cela concerne 5 à 10 %
la direction, d’une croissance tou-
jours soutenue. En promettant des
progressions annuelles de son chif-
fre d’affaires comprises entre 7 et
9 % entre 2020 et 2025, Capgemini
s’engage à retrouver des niveaux de
performance régulièrement atteints
dans les cinq années précédentes.
« Le cloud et l’utilisation des don-
nées associée à l’intelligence artifi-

lyste chez Invest Securities.
Nouveaux investissements
De la même façon qu’il espère
retrouver ses marges d’avant crise
dès cette année, le groupe infor-
matique aux 270.000 collabora-
teurs compte sur une accélération
des investissements technologi-
ques chez ses clients dans tous
les secteurs. « Nos nouvelles offres
reparti de l’avant ailleurs dans le
monde. Dans les secteurs plus histo-
riques de Capgemini (la bancassu-
rance, la distribution, le public), la
transformation numérique s’est
encore accélérée après l’épidémie,
notamment pour améliorer la satis-
faction des clients en ligne.
Capgemini entend aussi bénéfi-
cier d’une forme de prime aux lea-
ders. « Auparavant, les grands clients
15,8
informatique en passant par le déve-
loppement et l’exploitation de solu-
tions technologiques, il y a moins de
discussions sur les prix », relève
Franck Nassah, analyste au cabinet
MILLIARDS D’EUROS Teknowlogy-PAC.
Le chiffre d’affaires
du groupe en mai dernier. Travail à distance
Par ailleurs, Capgemini parie que le
développement du travail à distance
lui permettra de générer des écono-
des ingénieurs en Europe, cela sera
déjà significatif », précise Aiman
Ezzat. « Capgemini entend réaliser
des économies de coûts grâce au télé-
travail et à une nouvelle organisation.
Cependant, l’ambition paraît relati-
vement modérée au vu de l’effet
attendu sur les marges de l’améliora-
tion du taux d’activité (moins de
1 point de progression d’ici à 2025) »,
nuance Matthieu Lavillunière.
cielle seront les deux piliers de notre
croissance, mais nous misons aussi
sur la cybersécurité et sur les techno-
logies de décarbonation », décrit
Aiman Ezzat qui, par ailleurs,
évoque des acquisitions de petites
sociétés spécialisées. Si le plan
se déroule sans accroc, Capge-
mini devrait dépasser en 2025
la barre des 20 milliards d’euros
de chiffre d’affaires. n

Hitachi dépense 10 milliards de dollars pour se développer

dans les services numériques
Yann Rousseau
NUMÉRIQUE @yannsan
— Correspondant à Tokyo
Le fabricant japonais
de trains et de matériel A Copenhague, le conglomérat japo-
médical veut rendre nais Hitachi vient de développer une
ses équipements solution pour désengorger le métro
plus « intelligents ». aux heures de pointe. Plutôt que de
s’appuyer sur l’expérience humaine
Découvrez notre marketplace
BtoB, Les Echos Solutions
annonces.lesechosleparisien.fr
01 87 39 70 08
de l’opérateur, il suit en direct une
multitude de capteurs dans les sta-
tions et analyse plusieurs données
extérieures pour organiser une cir-
culation plus flexible des trains.
« Jusqu’ici, vous attendiez votre
train en consultant des horaires pré-
déterminés », expliquait Toshiaki
Higashihara, le PDG du groupe
japonais, fin 2020, lors d’un forum
sur l’innovation. « Désormais, dès
que les datas montrent un afflux
de passagers, la fréquence des trains
s’accélère automatiquement »,
détaillait le patron qui pousse,
depuis 2016, son entreprise à pré-
cipiter la digitalisation de ses solu-
tions industrielles.
« Une sorte de réforme »
Pour porter cette mutation, le
fabricant de trains, de turbines ou
encore d’équipements pour les
hôpitaux a annoncé, mercredi, qu’il
allait dépenser 9,6 milliards de
dollars (8,2 milliards d’euros) dans
l’acquisition du développeur améri-
cain de logiciels GlobalLogic. « Cela
va être une sorte de réforme pour
l’ensemble de notre entreprise », a
prévenu Toshiaki Higashihara, lors
d’une conférence de presse. « Nous
allons doper notre activité IT à
l’échelle mondiale et apporter plus de
valeur à nos clients », a-t-il insisté. La
direction espère que l’acquisition
sera bouclée en juillet prochain.
Hitachi rachète
le développeur
de logiciels américain
GlobalLogic.
Jusqu’ici, GlobalLogic était
détenu par l’Office d’investissement
du régime de pensions du Canada
(OIRPC), le fonds suisse Partners
Group et des particuliers, dont cer-
tains cadres de l’entreprise fondée
en 2000. La société, qui compte plus
de 20.000 salariés répartis dans
14 pays, développe des logiciels et
des services numériques pour des
industriels, des distributeurs ou des
fabricants de puces. Elle a ainsi
conçu les applications pour smart-
phone de McDonald’s, un système
ultra-rapide de reconnaissance des
empreintes digitales pour Qual-
comm ou la plateforme d’échanges
avec les supporters de l’équipe de
foot de Los Angeles. Hitachi espère
profiter des compétences et du
réseau international de GlobalLogic
pour étendre l’empreinte de son
propre service de développement
de solutions digitales, baptisé
« Lumada », qui réalise encore 70 %
de son activité au Japon.
Achat au prix fort
Réputé plus agile que les autres
grands conglomérats nippons,
Hitachi a cédé, ces dernières années,
plusieurs divisions jugées moins
prometteuses – notamment dans la
chimie, la construction et les machi-
nes-outils – afin de réorienter ses
ressources vers le numérique et le
digital où il espère des valeurs ajou-
tées plus fortes. « Le fait qu’Hitachi
orchestre une réinvention si profonde
met à mal toutes les excuses habituel-
les qu’avancent les autres entreprises
pour ne pas changer », pointait à la
mi-mars Ulrike Schaede, une spé-
cialiste de l’économie japonaise à
l’université de San Diego.
Si les investisseurs ont soutenu
la transformation du conglomé-
rat, en faisant notamment dou-
bler la valeur de son action sur les
douze derniers mois, ils ont semblé
choqués, ce mercredi, par le prix
payé par Hitachi. La transaction
donne à GlobalLogic une valeur
quatre fois supérieure à celle
estimée en 2018 lorsque Partners
Group était entré à son capital.
Le titre d’Hitachi a ainsi fini la
journée en recul de 7,3 % sur la
place de Tokyo. n
Les Echos Jeudi 1er avril 2021
Huawei se replie sur le marché
chinois pour résister
TÉLÉPHONIE
Le géant des télécoms
a affiché une hausse
de son chiffre d’affaires
de 4 % en dépit des
sanctions américaines
et de la pandémie.
Mais en dehors de
Chine, ses activités
accusent le coup.
Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln
Heureusement que Huawei peut
compter sur son marché domesti-
que. Grâce à la performance de ses
activités en Chine, le géant des télé-
coms a présenté mercredi des résul-
tats annuels toujours en hausse
pour l’année 2020. Les revenus du
groupe de Shenzhen ont progressé
de 4 % sur l’année, pour atteindre
891 milliards de yuans (116 milliards
d’euros). « C’est en ligne avec nos
attentes », s’est réjoui Ken Hu, le pré-
sident tournant du groupe.
Certes, on est très loin des 19 % de
croissance qu’affichait Huawei
les deux dernières années. Encore
plus des insolents 32 % de hausse
de 2016. Mais dans la situation
actuelle – entre une pandémie mon-
diale qui a grippé toute l’économie
et, surtout, les sanctions sans équi-
valent infligées à Huawei par les
Etats-Unis qui ont pris leur pleine
mesure cette année –, la perfor-
mance est de taille.
Bénéfice record
Le groupe se paie même le luxe
d’afficher un bénéfice net record, de
65 milliards de yuans (8,4 milliards
d’euros). Ses coffres sont restés
pleins : l’entreprise a environ 47 mil-
liards d’euros de cash. Et elle conti-
nue d’investir en R&D pour conser-
ver son avance technologique :
142 milliards de yuans l’an passé,
soit 16 % de son chiffre d’affaires.
Le groupe reste l’un des cinq pre-
miers mondiaux en la matière.
Derrière cette apparente bonne
santé se cachent pourtant deux réa-
lités peu engageantes. La première
est que les sanctions américaines les
plus dures, privant de facto Huawei
des puces électroniques avancées
dont il a absolument besoin pour
ses smartphones et ses antennes,
n’ont pris effet qu’à l’automne der-
nier. Et sur les trois derniers mois
de 2020, les revenus du groupe ont
fondu de 11 % à l’échelle mondiale.
Ce n’est pas par hasard que Liang
Hua, le président de Huawei, pré-
vient dans le rapport annuel du
groupe que « le futur pourrait bien
être un défi encore plus grand, mais
nous sommes confiants dans nos
perspectives à long terme ».
Apple investit
dans une start-up
de distribution
de musique
LEVÉE DE FONDS Apple a acquis
une participation dans United-
Masters, une société américaine
de distribution de musique, qui a
levé 50 millions de dollars – ce qui
la valorise 350 millions. Une aug-
mentation de capital à laquelle
ont participé Alphabet et le fonds
Andreessen Horowitz. La société,
créée il y a quatre ans, est spéciali-
sée dans la musique indépendante
et distribue les artistes qui n’ont
pas de label traditionnel sur les
différentes plateformes de strea-
ming, en prenant une commission.
Le président tournant, Ken Hu, lors de la présentation des résultats annuels de Huawei, le 31 mars.
La seconde est que Huawei, qui
était un rare exemple d’entreprise
chinoise mondiale – réalisant jus-
qu’à 60 % de son activité à l’interna-
tional en 2015 – a été contraint de se
replier sur le marché chinois – qui
représente désormais deux tiers des
revenus. Partout ailleurs, Huawei a
perdu du terrain, parfois dans des
proportions énormes : –25 % en
un an sur la zone Amérique ou
encore –12 % sur la zone EMEA
(Europe, Afrique et Moyen-Orient),
qui était jusqu’alors son plus solide
point d’ancrage à l’international.
Huawei mise sur
la sortie imminente
de son système
d’exploitation maison
pour renverser
la situation.
D’une part, les pressions améri-
caines ont incité de nombreux pays
– y compris la France – à restreindre
voire interdire l’accès de Huawei à
leurs marchés 5G. La promesse du
groupe chinois de créer en Alsace sa
NRJ publie
un résultat
opérationnel 2020
en chute, mais positif
MÉDIAS NRJ a publié mercredi
un résultat opérationnel courant
de 3 millions d’euros, en recul de
90 % en 2020. Le groupe a limité
la casse au deuxième semestre,
avec un plan de réduction des
coûts de 31,8 millions en 2020,
soit plus de la moitié de la baisse
des revenus médias. Le résultat
net grimpe de 84 %, à 40 millions,
grâce à une plus-value sur la ces-
sion d’une participation dans
Euro-Information Telecom. Le
chiffre d’affaires du groupe a
reculé de 16 %, à 324,8 millions.
première usine internationale, avec
300 emplois à la clé, n’y a pas changé
grand-chose. Surtout, les contre-
performances de la division smart-
phone de Huawei hors de Chine ont
fait plonger les résultats dans le
rouge. Privé depuis deux ans des
services de Google (la version com-
plète d’Android, le magasin d’appli-
cation Play Store, Gmail, Maps…), le
géant de Shenzhen a bien du mal à
convaincre les consommateurs
européens de continuer à acheter
ses appareils haut de gamme.
L’inconnue des puces
Après avoir vendu sa marque de
smartphones Honor, le groupe
dément de toutes ses forces qu’il
pourrait complètement abandon-
ner le marché des téléphones.
Huawei mise sur la sortie immi-
nente de son système d’exploitation
maison, HarmonyOS, pour ren-
verser la situation. Une grosse
inconnue continue pourtant de
peser sur ce business, plus que sur
les autres : l’incapacité actuelle de
Huawei de faire fabriquer ses puces
haut de gamme Kirin ou d’acheter
les modèles de ses concurrents
américains comme Qualcomm.
en pixels
Un milliard
de dollars pour
tout fabricant
de puces en Inde
PUCES A son tour, l’Inde veut des
usines de puces électroniques sur
son sol. Pour garantir son auto-
suffisance en composants cru-
ciaux pour nombre d’industries,
le gouvernement de Narendra
Modi serait prêt à accorder 1 mil-
liard de dollars en cash à toute
entreprise qui installerait une
usine de semi-conducteurs dans
le pays, selon un haut fonction-
naire cité par Reuters. Le gouver-
nement s’engagerait aussi à deve-
nir client de l’usine et inciterait des
sociétés locales à l’être elles aussi.
HIGH-TECH & MEDIAS // 23
Motorola profite
de la 5G pour se
relancer en France
TÉLÉPHONIE
Après des années
de jachère, la mar-
que se donne
un an pour obtenir
10 % du marché.
Raphaël Balenieri
@RBalenieri
La 5G est en train de faire sortir
du cimetière toutes les ancien-
nes gloires du mobile. Après
BlackBerry en début d’année,
c’est au tour de Motorola de ten-
ter un nouveau come-back, pile
au moment où les consomma-
teurs renouvellent leurs smart-
phones afin de pouvoir utiliser
la nouvelle génération de télé-
phonie. La marque américaine,
reprise en 2014 par le chinois
Lenovo, s’est relancée mercredi
en France avec une nouvelle
équipe de douze personnes et,
dans sa besace, deux nouveaux
téléphones 5G très compétitifs.
Le fabricant se donne un an
pour détenir 10 % du marché
aussi bien dans l’Hexagone
qu’en Europe, contre environ…
1 % aujourd’hui, selon Strategy
Analytics. L’ambition est de
passer de la sixième place du
David Kirton/Reuters podium à la troisième. « C’est
un vrai challenge, reconnaît
Jean-Philipp e Illarine, le
directeur général de Motorola
France. Mais on ne part pas
de zéro. En Italie, nous avons
atteint 5 % du marché en seu-
Avant l’entrée en vigueur des der- lement dix-huit mois. »
nières sanctions américaines,
Huawei avait fait d’énormes réser- « Hello moto »
ves de composants – ce qui a pesé Véritable star du mobile dans
sur la rentabilité en 2020 – mais Ken les années 1990 avec son célé-
Hu s’est bien gardé de dire jusque brissime jingle « Hello moto »
quand ces stocks permettraient au et ses téléphones à clapet, Moto-
groupe de tenir. « C’est une situation rola avait loupé le virage de la
perdant-perdant », a plaidé le diri- 3G aux débuts des années 2000.
geant en pointant le manque à Depuis, la marque a changé
gagner que constituent les sanc- deux fois de propriétaire :
tions pour ses fournisseurs habi- Google entre 2011 et 2014, puis
tuels, y compris aux Etats-Unis. Lenovo, le numéro un mon-
Mais les résultats 2020 de Huawei dial du PC. Le constructeur est
montrent que le géant de Shenzhen alors victime de tergiversations
reste celui qui a le plus à perdre. Et qui nuisent à son développe-
au vu des prises de position de ment en Europe. Par exemple,
l’administration Biden, ce n’est Lenovo a un temps envisagé
qu’un début. n d’abandonner la marque Moto-
rola avant de faire coexister les
deux noms, pour finalement les
accoler dos à dos…
En 2017, le constructeur avait
déjà tenté un premier retour
en Europe et en France. Mais
dans les faits, les Etats-Unis,
un bastion historique, et l’Amé-
rique latine, restent les mar-
chés prioritaires. « En France,
nous étions complètement sortis
des boutiques des opérateurs »,
se souvient Jean-Philippe
Illarine. Ce n’est qu’en 2019
que l’Europe est redevenue
centrale, sous l’impulsion du
nouveau PDG, le brésilien
S e rg i o B u n i a c . M o t o r o l a
s’était alors relancé en Italie,
au Royaume-Uni et en Pologne.
Une marque « vintage »
pour les ados
Cette fois-ci, les conditions sont
meilleures. En 2021, grâce à la
5G, le marché mondial de la
téléphonie va connaître 5,1 % de
croissance, selon IDC. En plus
des fans nostalgiques , Moto-
rola compte bien séduire les
indécis qui hésiteront entre plu-
sieurs modèles 5G, au moment
de changer d’appareil. Le cons-
tructeur est agressif sur les
prix : à 249 euros, son Moto G50
est l’un des modèles 5G les
moins chers du marché.
Motorola peut aussi récupé-
rer une partie des ex-clients
de Huawei. De nombreux
consommateurs hésitent à
acheter les téléphones du géant
chinois depuis qu’ils n’embar-
quent plus d’office les applica-
tions de Google. « Le marché est
encombré, certes, mais il est aussi
en pleine effervescence, avec des
acteurs qui entrent et d’autres
qui sortent », résume Camille
Castinel, directrice du marke-
ting pour Motorola France.
Contrairement à des nou-
veaux entrants comme Oppo,
Motorola a une marque forte,
son principal atout. Problème :
elle est perçue comme vintage
par les ados et la génération Z.
Le groupe compte dépoussié-
rer tout ça avec une nouvelle
campagne de communication
qui se déclinera sur les réseaux
sociaux, notamment TikTok
et Snapchat. n
PME&REGIONS Jeudi 1er avril 2021 Les Echos

La numérisation des PME agite

le marché des télécoms d’entreprise
l Aiguillonnées par la crise sanitaire, les PME accélèrent leur transition numérique.
l Elles font leur marché auprès des mastodontes, comme Orange, mais aussi des 2.000 opérateurs alternatifs
qui proposent des solutions et expertises spécifiques.
TÉLÉCOMS

Claire Garnier
— Correspondante à Rouen

Avec sa box Internet fibre optique

pour les professionnels, Free a
annoncé le 23 mars vouloir « révo-
lutionner » un secteur dominé par
Orange (60 % du marché des télé-
coms d’entreprise) et SFR (20 %).
C’est un nouveau pavé dans ce mar-
ché de la fibre professionnelle que
l’Arcep, l’Autorité de régulation du
secteur, avait déjà tenté de secouer
en 2016 en favorisant la création à
Paris d’un opérateur de gros, Kosc.
Racheté en 2020 par le normand
Altitude Infra, Kosc (80 salariés et
60 recrutements annoncés pour
2021) promet « au meilleur tarif »
des lignes très haut débit aux opéra-
teurs de services aux entreprises.
Sur ce deuxième étage du marché
des télécoms, celui des services, la
concurrence est déjà très installée
mais elle accélère avec la numérisa-
tion à marche forcée des entrepri-
ses. Ils sont en effet 2.000 opéra-
teurs, de toutes tailles, à proposer
des solutions et expertises spécifi-
ques : téléphonie fixe et mobile,
cloud, raccordement multisite
d’enseignes et de collectivités
(comme Linkt, filiale d’Altitude),
outils collaboratifs (comme le fran-
cilien Foliateam). Ou encore des ser-
vices hébergés, comme le nancéien
Adista (110 millions d’euros de chif-
fre d’affaires) qui, en février dernier, Orange domine le secteur avec 60 % du marché des télécoms d’entreprises. Photo Nicolas Gouhier
a fait l’acquisition de son concurrent
parisien Waycom (40 millions
d’euros de chiffre d’affaires). « Les entreprises
numérisation des entreprises, avec
l’essor du travail à distance, le
tion » (tels que Teams, Zoom, etc.).
Avant le Covid, les PME avaient aussi Foliateam porté
s’arment
par le boom
besoin de protection contre les pris le pli « d’acheter des services en
Google et Amazon cyberattaques, en forte hausse, ou ligne pour être plus performantes et
« Le secteur est en pleine consolida-
aussi en vue encore le « click & collect » dans les rechercher de nouveaux clients »,
tion », observe Laurent Silvestri. Le
président du Club des dirigeants
réseaux et télécoms (220 membres)
de la reprise. »
SÉBASTIEN MORIN
Président d’Hexatel
commerces. « Nos ventes de solu-
tions packagées de sites Internet –
création du site, maintenance et réfé-
ajoute Laurent Silvestri. Et de s’adap-
ter « à la transformation de la relation
client qui est désormais omnicanale
de la visioconférence
dirige surtout Open IP, un spécia- rencement – ont été multipliées par 4 (avec les mails et les réseaux sociaux)
liste des communications sécuri- en un an », indique Pierre Jacobs, et plus seulement vocale ». L’opérateur, basé dans le 40 % du capital aux côtés des fon-
sées dans le cloud installé à Clichy directeur Orange Grand Ouest, qui Mais les PME viennent de loin. Val-de-Marne, propose dateurs (20 %), de BPI France, de
près de Paris, qui dégage 20 mil- compte 200 conseillers PME. « Il y a un paradoxe français », pointe aux entreprises un service Société Générale Capital Parte-
lions d’euros de chiffre d’affaires. Paul Le Dantec, directeur général clés en main pour le naires et d’Etoile Capital (Crédit
Deux ans après avoir été racheté Paradoxe français de Kosc. « Le déploiement de la fibre télétravail, dont des outils du Nord). Ils ont levé 40 millions
par le groupe belge Destiny, il a, lui- Google et Amazon, aux groupes « Les entreprises s’arment aussi en optique a été favorisé pour le résiden- collaboratifs de visiocon- d’euros avec l’objectif de « devenir
même, annoncé en mars le rachat comme Atos et, bien sûr, à Orange, vue de la reprise », observe Sébastien tiel où nous sommes parmi les pre- férence. Rachetée par 24 le champion de la collaboration
de son confrère parisien Alliantel qui revendique être « le seul à être Morin, président d’Hexatel, opéra- miers en Europe, mais nous restons de ses salariés en octobre, dans le cloud en France ».
(9 millions de chiffre d’affaires). sur tous les métiers d’opérateur teur réseaux installé à Rennes en retard sur la numérisation des cette PME vise un Car l’activité de Foliateam ne
Ces opérateurs dits « alternatifs » réseau, de fournisseur de services (300 salariés dans 31 agences de entreprises, 16e sur 28. » Un rattra- doublement de son chiffre s’arrête pas à l’équipement de sal-
doivent en effet jouer des coudes digitaux, de cybersécurité et d’héber- l’Ouest). « Elles investissent dans page qui va nourrir ce secteur des d’affaires d’ici à 2026. les de visioconférence. L’opérateur
face aux acteurs de la tech améri- gement ». La période est porteuse l’accès fibre optique, les équipements télécoms d’entreprise en pleine qui a conservé son métier d’origine
caine (8X8, RingCentral, Zoom), à car la crise sanitaire accélère la de réseau et les outils de collabora- effervescence. n Pas de retour en arrière à l’hori- – intégrateur télécom – tout en
zon sur l’utilisation des outils de misant sur le cloud, propose à ses
visioconférence tels que Micro- clients un « service clés en main

Le fournisseur Internet FullSave intègre le groupe soft Teams ou Zoom. L’opérateur

télécom Foliateam de Saint-
pour le télétravail ». Il installe dans
les entreprises les équipements

néerlandais Eurofiber
L’opérateur de télécoms
toulousain est racheté par
le groupe néerlandais
Eurofiber, qui lui donnera
les moyens de déployer la
fibre optique et des centres
d’hébergement de proxi-
mité dans le sud de la
France.
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
Un an après avoir levé 4 millions
d’euros auprès du fonds régional
Irdi Soridec Gestion, l’opérateur de
télécommunications toulousain
FullSave change d’actionnaire.
Le groupe néerlandais Eurofiber
a pris la majorité du capital, au côté
d’Irdi Soridec et des trois associés
de la société qui restent actionnai-
res. « Le rachat ne change pas la
direction opérationnelle de FullSave,
affirme son président Laurent
Bacca. Nous nous sommes adossés à
Eurofiber car il y a une course à
l’armement dans les télécoms.
Comme c’est un secteur qui
consomme beaucoup d’argent, nous
étions limités dans nos ambitions. »
L’opérateur et hébergeur toulou-
sain bénéficie d’une ligne de crédit
d’Eurofiber pour étendre ses infras-
tructures « dans la moitié sud de la
France, sous une ligne entre Bor-
deaux et Lyon ».
Villes moyennes visées
FullSave possède son réseau de
600 kilomètres de fibre optique à
Toulouse, Montauban (Tarn-et-Ga-
ronne), Saint-Gaudens (Haute-Ga-
ronne) et depuis un an à Bordeaux.
Il va maintenant se déployer dans
les villes moyennes d’Occitanie et
d’Aquitaine. Il possède une ferme
de données à Toulouse depuis 2012
et en construira d’autres. « Nous
devrons ouvrir des data centers de
proximité dans les villes moyennes
car la 5G va générer un tel volume de
données qu’il faudra les trier sur
place au lieu de centraliser le traite-
ment », explique Laurent Bacca.
Pour se déployer dans le Sud,
FullSave rachètera des entreprises
et nouera des partenariats avec des
acteurs de proximité, comme à Bor-
deaux où son réseau est commer-
cialisé par des opérateurs locaux. Il
renforcera aussi ses effectifs (60
salariés) en embauchant 20 person-
nes par an.
Jusqu’à 650 clients
En un an et demi, FullSave est passé
de 500 à 650 clients, essentielle-
ment des entreprises et quelques
collectivités. « Les petits opérateurs
de télécoms proposent plus de servi-
ces aux entreprises et leur donnent
une liberté de choix », affirme Lau-
rent Bacca. Son activité a continué
de croître pendant la crise sanitaire
avec la numérisation des entrepri-
ses. Son chiffre d’affaires a aug-
menté de 15 % à 8,5 millions d’euros
en juin 2020 et devrait atteindre
9,5 millions en juin 2021. La moitié
provient des télécoms, l’autre moi-
tié des services de cloud et d’héber-
gement.
De son côté, le groupe néerlan-
dais Eurofiber veut se déployer en
France où il a déjà racheté les opé-
rateurs Eurafibre, ATE et Eura DC
à Lille fin 2019 et Lumos à Nantes
en novembre 2020. Il souhaite
s’implanter dans 25 villes d’ici à
2 0 2 5 e t p o s s è d e d e s m oye n s
importants. Détenu majoritaire-
ment par le fonds français Antin
Infrastructure Partners, il a fait
entrer à son capital le fonds de pen-
sion néerlandais PGGM en sep-
tembre 2020 et possède un réseau
de fibre optique de 38.000 km aux
Pays-Bas, en Belgique, en Allema-
gne et en France. n
Maur-des Fossés (Val-de-Marne)
spécialiste de « la collaboration
dans le cloud » et certifié Micro-
soft, le vérifie tous les jours. « Nous
recevons beaucoup de demandes
d’entreprises qui veulent équiper
toutes leurs salles de réunion pour
pouvoir faire de la visioconférence,
dans l’optique du retour au
bureau », explique Bruno David,
président de cette entreprise de
50 millions d’euros de chiffre
d’affaires – avec 320 salariés, sur
dix sites en France – équipée
d’une ferme de données à Paris.
L’intérêt de ces outils, qui per-
mettent le travail en équipe et les
échanges à distance, va bien au-
delà de la crise sanitaire, selon lui.
« Ils ont démontré que l’on pouvait
travailler autrement, vendre à dis-
tance, gagner en efficacité sur les
projets en réduisant les temps de
déplacements », analyse le diri-
geant, qui table sur un doublement
du chiffre d’affaires d’ici à 2026.
En octobre 2020, il a repris
Foliateam avec 23 autres collabo-
rateurs. Ils détiennent désormais
situés derrière le routeur d’accès,
appareil qui raccorde le site de
l’entreprise au réseau Internet.
Contrats avec
des hôpitaux
Il fournit ensuite les services
d’accès Internet et de téléphonie
fixe intégrés aux solutions de visio-
conférence, proposant également
un accès sécurisé aux applica-
tions, ce qui implique notamment
le paramétrage des outils de colla-
boration par visioconférence pour
les salariés « autorisés ». Le service
« clés en main » comprend aussi la
formation de ces derniers à l’utili-
sation de ces outils, plusieurs
dizaines, dans Microsoft Teams.
Foliateam a aussi un pied dans
la santé. Il a noué des contrats
avec quelque 780 hôpitaux, clini-
ques ou maisons de retraite pour
des prestations d’Internet, de télé-
phonie et de traçabilité des
appels. L’entreprise gère aussi les
boutons d’appel qui se trouvent à
côté du lit des personnes hospita-
lisées. n
Les Echos Jeudi 1er avril 2021
Le suisse Glas Trösch va investir
100 millions d’euros en Alsace
GRAND EST
Le site Euroglas du
groupe suisse, dans le
Haut-Rhin, bénéficiera
d’ici à 2023 d’une
extension de 45.000
mètres carrés
et d’un nouveau four
pour la fabrication de
verre plat.
Bénédicte Weiss
— Correspondante à Strasbourg
Il est des nouvelles particulière-
ment réjouissantes pour les com-
munes qui accueillent des entrepri-
ses. C’est le cas à Hombourg, dans le
Haut-Rhin, à la limite des « trois
frontières » avec la Suisse et l’Alle-
magne. Début mars, à l’occasion
d’un déplacement du président de
la région Grand Est, Jean Rottner, le
groupe suisse Glas Trösch a officia-
lisé la volonté d’investir une cen-
taine de millions d’euros sur son site
Euroglas. Une extension et un nou-
veau four de fabrication de verre
plat sont prévus. C’est pour le maire
de Hombourg, Thierry Engasser,
l’assurance de la présence de
l’entreprise sur son territoire pour
les quinze ans à venir et la perspec-
tive d’importantes plus-values envi-
ronnementales.
Quinze ans, car il s’agit de la
durée de vie d’un four. L’actuel a été
construit en 2008. Les travaux pour
le remplacer dureront environ qua-
Greenkub profite de la vogue
des studios au fond du jardin
OCCITANIE
Spécialisée dans les
studios de jardin en
bois pour les jardins
de maisons individuel-
les, Greenkub prévoit
de doubler son activité
en 2021.
Hubert Vialatte
— Correspondant à Montpellier
Vague de confinements oblige, les
particuliers investissent dans l’amé-
lioration de leur habitat. Greenkub,
PME basée à côté de Montpellier qui
conçoit, fabrique et installe des stu-
dios de jardin en bois, profite de
Addiplast acquiert une unité
de coloration de Toyo Ink
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
Le spécialiste des
polymères techniques
pour l’industrie du
plastique, basé en
Haute-Loire, reprend
l’activité du japonais
Toyo Ink Europe
Speciality Chemicals,
située dans l’Oise.
Denis Meynard
— Correspondant à Saint-Etienne
Le spécialiste européen de la for-
mulation et de la fabrication de
polymères techniques pour l’indus-
trie du plastique Addiplast Group
reprend, au 1er avril, la société Toyo
Ink Europe Speciality Chemicals,
de Villers-Saint-Paul (Oise). Il s’agit
Les travaux pour remplacer l’actuel four dureront trois mois.
Photo L’Alsace/MAXPPP
tre mois et représenteront, à eux
seuls, près de 50 millions d’euros.
Face à la lourdeur que représente
cet investissement, « le fait qu’Euro-
glas engage les travaux se traduit par
cette tendance. L’activité a ainsi
connu un pic en 2020, avec 550 stu-
dios installés, pour un chiffre d’affai-
res de 6 millions d’euros, en crois-
sance de 80 % par rapport à 2019. La
société qui emploie 54 salariés et
enregistre une soixantaine de ven-
tes par mois, prévoit de doubler
l’activité en 2021. Les usages de ces
habitats de 11 à 50 m2, implantés
dans les jardins, sont multiples :
chambres d’amis, pool house,
bureau, studio à louer, salle de sport
et loisirs, cabinet et local profession-
nel… 50 % des habitats sont utilisés
pour héberger des amis, 30 % sont
destinés à la location et 20 % à un
usage professionnel. La nouvelle
offre senior, pour l’accueil de per-
sonnes âgées, avec des aménage-
ments spécifiques en alternative
d’une unité de colorants pour
matières plastiques, créée en 2008
par le groupe coté japonais Toyo
Ink, qui produit par ailleurs des pig-
ments haute performance pour
écrans LCD et machines industriel-
les en Seine-Maritime.
L’opération apporte 33 salariés et
12 millions d’euros de chiffre d’affai-
res supplémentaire à la PME fami-
liale auvergnate, qui a réalisé
33 millions sur son dernier exercice
(clos fin mars 2020) et dont l’effectif
dépasse les 140 personnes. Elle vise
les 50 millions d’euros d’ici à 2023.
Marchés nouveaux
Ce site des Hauts-de-France, rebap-
tisé «Addicolor», s’ajoute à ceux
déjà exploités à Saint-Pal-de-Mons
et Sainte-Sigolène, en Haute-Loire
et à son centre de recherche d’une
dizaine d’ingénieurs et techniciens
coloristes. Il porte sa capacité à
40.000 tonnes et lui apporte un
la pérennité des emplois et des sous-
traitants », insiste Thierry Engasser.
Par ailleurs, la chaleur fatale
dégagée par cet outil de production
en constante activité pourrait être
aux maisons de retraite ou aux
Ehpad, rencontre un vif succès.
« Nous allons continuer à étoffer cette
offre en 2021 », précise Alexandre
Gioffredy, président et fondateur.
Bois des forêts françaises
L e b u d g e t m o y e n s ’é l è v e à
35.000 euros pour un studio tout
équipé. Les ventes sont principale-
ment réalisées en Occitanie et en
Nouvelle-Aquitaine, où il y a une
grande appétence pour la construc-
tion en bois, et en Île-de-France.
« Notre produit intéresse les pro-
priétaires qui cherchent à exploiter
le moindre mètre carré habitable »,
explique le dirigeant.
Le procédé constructif de Green-
kub utilise des panneaux de contre-
plaqués, venant encapsuler une
savoir-faire dans la formulation des
additifs couleurs. Denis Chante-
graille, président d’Addiplast
Group, explique que l’opération
renforce sa position de leader euro-
péen des composés techniques de
spécialité et lui permet de se posi-
tionner sur des marchés nouveaux,
tels que le film technique de protec-
tion de surface et le packaging ali-
mentaire en PET.
Spécialiste de la formulation,
fabrication, ignifugation et colora-
33
MILLIONS D’EUROS
Le chiffre d’affaires d’Addiplast
lors de l’exercice clos fin mars
2020 avec un effectif de 140
personnes. L’entreprise vise les
50 millions d’euros d’ici à 2023.
acheminée vers l’un des trois
réseaux de chaleur de l’aggloméra-
tion mulhousienne (M2A). Celui
qui est ciblé fonctionne actuelle-
ment par cogénération du gaz et du
bois. La puissance de chaleur de
l’agglomération pourrait ainsi aug-
menter de 30 à 40 %, selon le maire,
qui siège aussi à la M2A. L’Ademe
doit se prononcer sur un possible
accompagnement d’ici à la fin de
l’année.
Extension de 45.000 m2
Autre pan d’investissement et
autres atouts environnementaux :
la construction d’une extension de
45.000 mètres carrés. Des pan-
neaux photovoltaïques prendront
place sur sa toiture. Une partie de
l’activité (métallisation) d’un autre
site haut-rhinois, à Burnhaupt-le-
Haut, y sera transférée d’ici à la mi-
2023. Soit 80 salariés en plus des 152
DR
qui travaillent aujourd’hui à Hom-
bourg. De quoi éviter des navettes
en camion entre les deux sites, et
par conséquent des émissions de
gaz à effet de serre et de la pollution.
La vente d’un terrain de 14 hecta-
res, pour la somme de 3,2 millions
d’euros, a d’ores et déjà été actée en
février 2021 par son propriétaire, le
syndicat mixte ouvert pour la ges-
tion des ports du Sud Alsace. Préa-
lable aux travaux, une déviation
sera créée sur une route départe-
mentale adjacente. L’entreprise, qui
a publié un chiffre d’affaires 2019 de
63,7 millions d’euros, espère un
permis de construire pour l’exten-
sion d’ici à la fin de l’année. n
épaisseur de polystyrène extrudé.
Les essences utilisées sont des rési-
neux issus de forêts françaises (pins
et Douglas). Alors que les approvi-
sionnements se tendent sur le mar-
ché du bois, les prix d’achat de
matières premières ont augmenté
d’environ 8 % en un an.
Environ 35 recrutements sont pré-
vus cette année. Particularité, les
commerciaux sont des architectes
diplômés, « il est plus facile de trans-
former des architectes en commer-
ciaux que l’inverse, sourit Alexan-
dre Gioffredy. La fabrication des
studios a lieu en Vendée et en Espa-
gne. Greenkub gère également les
procédures administratives –
déclaration de travaux au-dessous
de 20 mètres carrés, permis de
construire au-delà. n
tion des composés de polypropy-
lène, polycarbonate et polyamide
utilisés dans l’injection plastique
sous forme de granules, il s’adresse
aux marchés automobile, électro-
technique, électronique, cosméti-
que de luxe, santé et chimie. En
fourniture de produits ou en presta-
tion de services.
Matière recyclée
ou biosourcée
« Ces dernières années, nous mettons
au point, notamment à la demande
de nos clients de l’automobile et de la
cosmétique, des ingrédients à base de
matière recyclée, à empreinte car-
bone limitée ou biosourcée, à partir
de fibre de bois, de miscanthus ou
d’huile de ricin », ajoute le dirigeant
d’Addiplast Group, qui est par
ailleurs en train de racheter les 14 %
du capital de l’entreprise détenus
depuis 2015 par bpifrance et Sofi-
mac Partners. n
PME & REGIONS // 25
innovateurs
LE PROJET SPACE CARGO UNLIMITED
Le goût d’un château
Petrus après quatorze
mois dans l’espace
Date de création : 2014
Président : Nicolas Gaume
Effectif : 18 personnes
Secteur : recherche
Frank Niedercorn
@FNiedercorn
Quel goût pouvait bien avoir un
château Petrus millésime 2000
après quatorze mois passés
dans l’espace ? C’était la ques-
tion qui se posait à l’issue de la
mission Wise, qui a envoyé une
douzaine de bouteilles de ce
grand vin de Pomerol à bord de
la Station spatiale internatio-
nale (ISS). Ce vin, parmi les plus
chers de bordeaux, vendu en
moyenne à 5.000 euros la bou-
teille pour le millésime 2000,
est parti dans l’espace en
novembre 2019 et revenu sur
Terre le 14 janvier dernier, à
bord d’une capsule Dragon de
SpaceX. Les douze bouteilles
sont ensuite revenues à Bor-
deaux pour faire l’objet d’analy-
ses très poussées.
Ce projet de recherche est
organisé par la société Space
Cargo Unlimited, cofondée par
Nicolas Gaume. Entrepreneur
bien connu à Bordeaux, il est
aussi le fondateur de Kalisto,
entreprise phare du jeu vidéo des
années 1990, qui s’est depuis
2014 passionné pour l’espace.
L’entreprise se définit comme un
« armateur spatial », avec l’objec-
tif futuriste de fabriquer des pro-
duits dans l’espace pour profiter
de l’absence de gravité. Avec le
projet Wise, il s’agit d’appliquer
l’idée aux systèmes biologiques,
notamment la vigne, pour trou-
ver des solutions au réchauffe-
ment climatique.
Couleur plus tuilée
« Le pari est que dans l’espace, la
vigne soumise au stress en raison
de l’absence de gravité trouve des
solutions pour s’adapter et
devienne plus résiliente et, une
fois de retour sur Terre, résiste
mieux », résume Nicolas
Gaume. Ainsi, 320 sarments de
vigne ont aussi séjourné dans la
station spatiale. De retour sur
Terre, ils ont immédiatement
été replantés à l’Institut des
sciences de la vigne et du vin
Onze des douze dégustateurs ont noté des différences,
avec une couleur plus tuilée et un goût ayant évolué
pour le « vin de l’espace ». Photo Space Cargo Unlimited
(ISVV) de Bordeaux et chez le
pépiniériste Mercier, parte-
naire de l’opération. « Le constat
est très clair. Les plantes reve-
nues de l’espace poussent beau-
coup plus vite, et au microscope
leur structure apparaît diffé-
rente. Mais nous ne sommes
qu’au début du travail et il faut
désormais continuer les recher-
ches », insiste Nicolas Gaume.
Quant au vin, il a été dégusté
par un groupe de douze dégus-
tateurs présidé par Philippe
Darriet, professeur d’œnologie
à l’ISVV. La dégustation s’est
effectuée à l’aveugle. L’une des
douze bouteilles revenues de
l’espace a été ouverte et compa-
rée avec une autre du même
millésime, mais restée sur
Terre. « De manière unanime, les
deux vins ont été considérés
comme de très grands vins, ce qui
signifie que malgré le séjour,
d’une période de quatorze mois,
sur la station spatiale internatio-
nale, le “vin de l’espace” a été très
bien évalué sensoriellement »,
ont noté les dégustateurs.
Onze d’entre eux ont toute-
fois noté des différences, avec
une couleur plus tuilée et un
goût ayant évolué pour le « vin
de l’espace ». « L’espace a eu un
effet et le vin est différent », a
admis Philippe Darriet à l’issue
de la dégustation. Pour Cargo
Space Unlimited et Nicolas
Gaume, qui entend se placer
dans les traces de « Louis Pas-
teur, qui a travaillé huit ans sur le
vin et a fait des découvertes
importantes dans le domaine des
sciences de la vie », la route est
encore longue. Une nouvelle
expérience est en préparation à
l’occasion d’un lancement qui
pourrait avoir lieu l’an pro-
chain.
Clones de sarments
L’entreprise, qui cumule les par-
tenariats avec le CNES, Thales
Alenia Space, l’université Frie-
drich-Alexander d’Erlangen-
Nuremberg, celle de Turin et
l’ISVV à Bordeaux, reste, en
revanche, très discrète sur ses
financements apportés par des
« investisseurs privés et des entre-
preneurs passionnés par
l’espace ». Quant au modèle éco-
nomique, il reste flou même si
Space Cargo Unlimited affiche
sa volonté d’un retour sur inves-
tissement grâce à son partena-
riat avec le pépiniériste Groupe
Mercier pour, à terme, revendre
des clones de sarments partis
dans l’espace. Les deux entrepri-
ses s’étant donné « l’objectif de
représenter 10 % des ventes mon-
diales de cabernet sauvignon
et merlot, soit environ 2 millions
de plants de vignes par an ». n
FINANCE&MARCHES
Le Lloyd’s de Londres revoit à la hausse
la facture de la pandémie
Les comptes du célèbre marché sont passés dans le rouge l’an dernier, à 887 millions de livres de pertes contre un bénéfice de 2,5 milliards en 2019. Photo Simon Dawson/Reuters
ASSURANCE
Le célèbre marché
de l’assurance et
de la réassurance
s’attend désormais à
devoir verser, au titre
de 2020, 6,2 milliards
de livres d’indemnités
liées au Covid.
Alexandre Counis
@alexandrecounis
— Correspondant à Londres
Ce sera plus cher que prévu. Le
Lloyd’s de Londres, le plus grand et le
plus ancien marché de l’assurance et
de la réassurance, a revu à la hausse,
en présentant mercredi ses résultats
annuels, le coût de l’actuelle pandé-
mie de coronavirus. La vénérable
institution de la City s’attend désor-
mais à devoir verser en brut quelque
6,2 milliards de livres d’indemnités à
ses clients au titre de l’an dernier, là
où elle prévoyait encore en septem-
bre de devoir débourser 5 milliards.
« Ce qui explique ces surcoûts, c’est
que la pandémie a duré », a expliqué
aux « Echos » le président du Lloyd’s,
Bruce Carnegie-Brown.
C’est plus que les 4,7 milliards de
dollars des attentats du 11 septem-
bre ou que les 4,8 milliards de dol-
lars des ouragans de 2017. De quoi
précipiter les comptes du célèbre
Christine Lagarde réaffirme la détermination de la BCE
BANQUE CENTRALE
Dans une interview
à Bloomberg, la prési-
dente de la BCE a envoyé
un message clair.
Elle est prête à utiliser
tous les outils dont elle
dispose pour contrer
une hausse des taux.
Guillaume Benoit
@gb_eco
La formule est nette, sans appel, et
n’est pas dénuée de provocation.
« Les marchés peuvent nous tester
autant qu’ils le souhaitent », a
affirmé mercredi Christine
Lagarde dans un entretien à Bloom-
berg mercredi. Une nouvelle mar-
que de détermination, alors que la
marché dans le rouge, à 887 mil-
lions de livres de pertes, contre un
bénéfice de 2,5 milliards en 2019.
Plus cher qu’Harvey
et Irma réunis
Une fois tenu compte de la charge
supportée par les réassureurs, le
coût net de la pandémie devrait
ainsi atteindre 3,4 milliards de
livres. Ce qui a alourdi de 13,3 points
le ratio combiné (l’indicateur clé
qui rapporte les indemnisations et
les dépenses supportées aux pri-
mes perçues), le portant à 110,3 sur
l’année écoulée. Soit la pire perfor-
mance depuis 2017, quand le Lloyd’s
avait pris de plein fouet le coût de la
tempête tropicale Harvey et celui de
l’ouragan Irma (4,5 milliards de dol-
lars de pertes nettes à eux deux).
« Il va continuer d’y avoir des
demandes d’indemnisation liées au
virus en 2021, mais elles seront à un
niveau bien moindre », tempère
Bruce Carnegie-Brown. « A court
terme, il y a eu celles liées aux annula-
tions d’événements et de voyages. A
plus long terme, il y aura encore celles
mettant en cause les entreprises sur
leur gestion de la pandémie ou encore
les médecins sur la prise en charge de
leurs patients. »
L’industrie de l’assurance a
adapté sa politique commerciale
– le tournoi de tennis de Wimble-
don, assuré contre les annulations
en 2020, a ainsi été indemnisé à
100 %… mais n’a pas réussi à se cou-
tension sur les taux souverains ne
faiblit pas. La nuit précédente, le
rendement des obligations d’Etat
américaines à 10 ans avait frôlé
1,77 %, son plus haut niveau depuis
janvier 2020. Une nouvelle étape
dans un mouvement global de
hausse des taux qui a commencé au
début de 2021.
L’amélioration des perspectives
économiques aux Etats-Unis expli-
que en grande partie cette remon-
tée des coûts de financement. Mais
elle touche par ricochet le Vieux-
Continent où la reprise est loin
d’être aussi solidement ancrée. Cer-
tains signes sont encourageants.
L’inflation en zone euro s’est ainsi
établie à 1,3 % sur un an en mars,
contre 0,9 % en janvier et février.
Elle a même atteint les 2 % en Alle-
magne. Mais cette hausse des prix à
la consommation est principale-
ment liée à l’augmentation des
coûts de l’énergie.
vrir pour 2021. Elle juge néanmoins
le coût de ce type d’événements
impossible à supporter à elle seule,
tant il est à la fois démesuré et diffi-
cile à modéliser.
D’où une question : comment
peut-elle en partager le fardeau
avec l’Etat ? « On pourrait créer un
fonds, mais les gouvernements
n’aiment pas ça », explique Bruce
Carnegie-Brown. « On pourrait
aussi s’inspirer de ce qui se fait en
France ou au Royaume-Uni pour
protéger les grands immeubles con-
tre le risque terrorisme : en vertu d’un
partenariat avec le monde de l’assu-
rance, c’est l’Etat qui paie en cas de
sinistre trop important, mais il faut
pour cela que vous vous couvriez à
l’avance contre ce type de risque.
Vous restez libre de le faire ou non, et
l’Etat limite de son côté sa prise de ris-
que. Il reçoit en contrepartie une
prime, comme pour une police
d’assurance. »
Catastrophes naturelles
et Canal de Suez
Un malheur n’arrivant jamais seul,
cette année déjà compliquée par la
pandémie a été assombrie par de
nombreuses catastrophes naturel-
les. Incendies en Californie et en
Australie, tempêtes à répétition aux
Etats-Unis… L’année 2020 s’est clas-
sée au cinquième rang des pires
qu’ait connues l’industrie, avec pas
moins de 18 catastrophes à plus
d’un milliard de dollars à déplorer.
Pas question donc pour la BCE de
laisser une hausse injustifiée des
taux d’Etat porter atteinte à ce fra-
gile redémarrage de l’économie
européenne. D’autant qu’elle est
déjà bien à la peine, entre la lenteur
des campagnes de vaccination et le
renforcement des restrictions de
circulation. Conformément à
l’engagement pris lors de sa der-
nière réunion de politique moné-
« Les marchés
peuvent
nous tester
autant qu’ils
le souhaitent. »
CHRISTINE LAGARDE
Présidente de la BCE
Il a dit
« Il va continuer
d’y avoir
des demandes
d’indemnisation
liées au virus
en 2021, mais elles
seront à un niveau
bien moindre. »
BRUCE CARNEGIE-BROWN
Président du Lloyd’s
Photo DR
L’année 2021 commence elle
aussi plutôt mal, avec les inonda-
tions en Australie, et la tempête de
glace au Texas, qui pourrait coûter
au secteur 10 à 20 milliards de dol-
lars de sinistres. Sans compter le
récent blocage du Canal de Suez par
le cargo « Ever Given ». « Il est trop
tôt pour donner des chiffres, tout
dépendra contre qui les demandes
d’indemnisation sont déposées », dit
Bruce Carnegie-Brown. Mais les
estimations devraient s’affiner d’ici
taire, la banque centrale a intensifié
au cours des deux dernières semai-
nes ses achats d’actifs. Elle a consa-
cré un montant hebdomadaire de
20 milliards d’euros à son pro-
gramme d’urgence (PEPP).
Pas de « taper tantrum »
Et elle est prête à faire plus, comme
le laisse entendre Christine
Lagarde. « Nous devons faire face à
des circonstances exceptionnelles,
mais nous nous avons des outils
exceptionnels à utiliser. Une pleine
batterie », a-t-elle déclaré. Elle a sou-
ligné que la BCE était prête à utiliser
entièrement la flexibilité du PEPP,
quitte à en augmenter encore
l’enveloppe de 1.850 milliards
d’euros, et en ajustant en fonction
des besoins. Le programme pour-
rait même être prolongé au-delà de
son échéance fixée à mars 2022. « Ce
n’est pas comme s’il était gravé dans
le marbre », a confirmé la Française.
Jeudi 1er avril 2021 Les Echos
à fin avril. « On devrait parler de plu-
sieurs centaines de millions de livres
à supporter pour l’ensemble du
monde de l’assurance, ce qui est
beaucoup mais s’inscrit dans le cadre
de l’activité ordinaire. Rien à voir
avec la pandémie. » Le Lloyd’s
devrait à lui seul supporter 5 % à
10 % des coûts.
« Nous interviendrons en tant que
réassureur, en prenant en charge les
indemnités au-delà d’un certain
niveau », précise-t-il. « Ce sont les Pro-
tection & Indemnity Clubs qui sont en
première ligne, comme c’est l’usage en
matière de risque maritime. »
Les cyber-risques se sont aussi
accrus l’an dernier, en particulier
sur les « ransomwares », ces logi-
ciels malveillants qui prennent en
otage des données pour obtenir une
rançon, où les dommages enregis-
trés l’an dernier ont triplé par rap-
port à 2019. « Plus de 85 % des couver-
t u re s s o n t s o u s c r i t e s p a r d e s
entreprises américaines, ce qui mon-
tre que ce type de risque est encore
sous-estimé en Europe et en Asie »,
regrette Bruce Carnegie-Brown.
« Mais c’est un peu comme les gens
qui demandent à être indemnisés
d’un vol, en matière d’assurance
habitation, après avoir laissé ouverte
la porte de leur appartement. Il va fal-
loir que les entreprises montrent
qu’elles prennent des mesures pour
se protéger contre ces cyber-risques,
sinon les primes d’assurance vont
devenir inabordables. » n
Quoi qu’il en soit, lorsque la ban-
que centrale estimera que les con-
ditions d’un ralentissement de son
action seront réunies, elle prévien-
dra les marchés bien en avance.
Elle veut ainsi éviter un « taper
tantrum », un mouvement de peur
panique sur les marchés qui avait
suivi l’annonce d’une possible fin
des achats d’actifs par la Réserve
fédérale en 2013. Mais également
envoyer un message à ceux qui
seraient tentés de deviner, en fonc-
tion de l’évolution du contexte
économique, les futures décisions
de la BCE.
Interrogée sur le blocage, par la
Cour constitutionnelle allemande,
de l’adoption du plan de relance
européen, Christine Lagarde a sou-
haité que la décision des juges soit
prise rapidement, pour lever les
incertitudes. Elle espère que le plan
de 750 milliards d’euros pourra être
mis en œuvre au second semestre. n
La livre
turque dans
la spirale
infernale de
la stagflation
DEVISE
Un ralentissement
économique couplé
à une inflation
élevée risque de
pénaliser la devise
turque, déjà fragili-
sée par la reprise en
main de sa banque
centrale par Ankara.
Nessim Aït-Kacimi
@NessimAitKacimi
La livre turque ne parvient pas à
rebondir près d’une semaine
après le limogeage du gouver-
neur de la banque centrale et,
lundi, de son adjoint. Le dollar
s’établit à 8,32 livres et l’euro à
9,75 livres. Depuis le début de
l’année, le billet vert a gagné
12,5 % contre la monnaie turque
et la devise européenne 8,7 %.
Pour rassurer les marchés, le
nouveau gouverneur de la ban-
que centrale Sahap Kavcioglu a
rappelé que l’objectif de rame-
ner l’inflation à 5 % était main-
tenu. La hausse des prix évolue
actuellement à un r ythme
annuel trois fois supérieur.
Les prochaines statistiques
publiées début avril pourraient
voir ce chiffre grimper encore et
avoisiner les 17 % notamment du
fait de la baisse de la livre qui
accroît l’inflation. Elle s’accom-
pagnerait d’une baisse de l’acti-
vité du fait des taux d’intérêt éle-
vés en Turquie – actuellement à
19 %, au plus haut des pays émer-
gents – et de la crise sanitaire
mondiale persistante. Ce scéna-
rio de « stagflation » (ralentisse-
ment économique et inflation)
pèse sur la monnaie turque.
Perte
de crédibilité
La dernière hausse des taux
d’intérêt du 18 mars aurait été
prise par Naci Ağbal, sans con-
sulter ni avertir auparavant le
président Erdogan, ce qui a con-
duit à son limogeage brutal.
Cette décision a porté un coup
« à la crédibilité des institu-
tions. Naci Ağbal avait obtenu
des résultats (indépendance de la
politique monétaire, arrêt de la
dollarisation du pays, remontée
de la livre, retour des étrangers
sur les marchés turcs…) que ses
prédécesseurs avaient échoué à
obtenir », estime Phoenix
Kalen, stratège sur les émer-
gents chez SGCIB. Le poids des
étrangers dans la dette locale
turque est encore bas, autour de
5,9 %, et pourrait chuter à son
niveau de septembre (3,3 %) du
fait des ventes d’obligations par
les non-résidents.
Selon la stratège, le nouveau
gouverneur Sahap Kavcioglu
pourrait décider de baisser les
taux de 200 points de base le
15 avril et annuler ainsi la déci-
sion de son prédécesseur. Un tel
assouplissement serait mal
perçu par les marchés. Ils y ver-
raient une concession au prési-
dent Erdogan qui milite pour
des taux plus bas. « Les marchés
ne devraient pas tenir pour
acquis que la banque centrale
baissera ses taux d’intérêt dès le
mois d’avril », a toutefois
déclaré le nouveau gouverneur
à l’agence Bloomberg.
L’envolée des taux d’intérêt
depuis novembre pour tenter
de stabiliser la livre et lutter
contre l’inflation va provoquer
un ralentissement économi-
que, voire une contraction de
l’activité. n
Les Echos Jeudi 1er avril 2021
Le regain d’intérêt des Français
pour l’assurance-vie se confirme
l Les sommes versées sur ce placement ont atteint 1,6 milliard d’euros net en février.
l L’an dernier, les particuliers ont massivement épargné, mais préféré garder leur argent
sur leur compte courant ou leur Livret A, boudant l’assurance-vie d’habitude très prisée.
ÉPARGNE
Solenn Poullennec
@SolennMorgan
L’année 2021 a plutôt bien com-
mencé pour les assureurs vie. En
février et pour le troisième mois
consécutif, les sommes placées par
les épargnants sur un contrat
d’assurance-vie ont excédé les pres-
tations versées par les assureurs au
titre de ces contrats. La « collecte
nette » de ce placement tradition-
nellement très prisé des Français
pour sa sécurité et ses avantages fis-
caux s’est ainsi établie à 1,6 milliard
d’euros, selon les chiffres publiés
par la Fédération française de
l’assurance (FFA) ce mercredi.
« L’assurance-vie connaît une
dynamique de reprise depuis plu-
sieurs mois, souligne Franck Le Val-
lois, le directeur général de la FFA, ce
n’est pas un à-coup. » La collecte nette
est certes inférieure à celle du mois
précédent (2 milliards), mais elle
dépasse celle enregistrée au mois de
février 2020, avant le premier confi-
nement (1,3 milliard). Ces chiffres
donnent du grain à moudre aux pro-
Il a dit
« L’assurance-vie
connaît
une dynamique
de reprise depuis
plusieurs mois,
ce n’est pas
un à-coup. »
FRANCK LE VALLOIS
Directeur général
de la FFA
Photo Xavier Popy/RÉA
Les PEL continuent d’empoisonner
la vie des banques
UFC-Que Choisir a assigné
en justice La Banque
Postale, qu’elle accuse de
contraindre ses clients
détenteurs d’un PEL
d’ouvrir un compte courant.
Romain Gueugneau
@romaingueugneau
L’abondance d’épargne dans les
foyers français n’est pas sans poser
des problèmes aux banques. Avec la
crise sanitaire, les ménages n’ont pas
hésité à mettre de l’argent de côté,
notamment sur des produits liqui-
des comme le Livret A, mais aussi les
plans d’épargne logement (PEL). Le
magot est tel qu’il peut représenter
un coût pour les établissements, et
devenir une source de frictions avec
les clients.
En témoigne l’action en justice
intentée mercredi par UFC-Que
Choisir contre La Banque Postale,
accusée de contraindre illégalement
ses clients détenteurs d’un PEL à
ouvrir un compte courant dans la
banque. « Au prétexte d’exigences
réglementaires, l’établissement ban-
caire oblige l’ouverture d’un compte
courant auprès d’elle, au prix de
13,20 euros minimum par an et pou-
vant être facturé près de 100 euros »,
dénonce l’association. Qui assure
que « le PEL est un produit gratuit et
aucune disposition légale n’impose à
fessionnels qui soutiennent que ce
marché pesant près de 1.800 mil-
liards d’euros va de nouveau se déve-
lopper après une année fortement
perturbée par la crise du Covid.
Si la crise a poussé les particuliers
à mettre massivement de l’argent de
côté, ils ont préféré garder leurs
économies à portée de main en les
laissant sur leur compte courant ou
les plaçant sur un livret bancaire.
Résultat : même si les assureurs vie
n’ont pas fait face à des vagues de
retraits, la collecte nette a connu un
plongeon l’an dernier pour s’établir
à -6,5 milliards d’euros, alors qu’elle
était de près de 22 milliards en 2019.
Les assureurs
misent aussi sur
le développement
des plans d’épargne
retraite.
Pour expliquer ce recul, les assu-
reurs font valoir que non seulement
les Français ont été attentistes, mais
aussi que les restrictions sanitaires
ont perturbé les réseaux de distribu-
tion. La collecte s’est cependant pro-
gressivement redressée au fil des
mois avant de retourner dans le vert
en décembre 2020. « Au fur et à
mesure que nous allons avancer vers
la sortie de cette crise, l’attentisme
diminuera, les Français auront de
nouveau des projets et l’assurance-vie
sera là pour répondre à leurs besoins
tout au long du cycle de vie », veut
croire Franck Le Vallois. Et ce, alors
que la situation sanitaire de nou-
veau dramatique pourrait justifier
de nouvelles restrictions et que les
Français ont encore plébiscité le
Livret A en février.
Dans le détail, les cotisations du
mois de février ont atteint 12,1 mil-
liards d’euros (+8 % sur un an), tandis
que les prestations se sont élevées à
10,5 milliards d’euros. Sans surprise,
la part des cotisations placées sur
des unités de compte, c’est-à-dire des
supports dénués de garantie en capi-
tal, était élevée. Elles ont représenté
son détenteur d’ouvrir également un
compte courant dans la banque
concernée ». Les clients qui ont
refusé la demande d’ouverture de
compte auraient vu leurs PEL clôtu-
rés, selon UFC Que Choisir.
A La Banque Postale, on assure
simplement vouloir respecter « la
réglementation du PEL, qui impose
notamment de réaliser des verse-
ments réguliers » sur ce produit (au
moins deux par an, d’un montant
Fin 2019, les encours
de PEL s’élevaient à
282,5 milliards d’euros.
total de 540 euros). Pour mieux tra-
cer l’argent et vérifier la régularité
des versements, le groupe aurait
besoin que les transactions se fas-
sent depuis un compte postal.
La Banque Postale a demandé
aux clients concernés – à peine
quelques milliers, selon nos infor-
mations – « de régulariser leur situa-
tion en leur laissant un délai de deux
mois ». Si la filiale de La Poste invo-
que un contexte strictement régle-
mentaire, contraindre les déten-
teurs d’un PEL à détenir un compte
courant à la banque, et donc à payer
un service, permet aussi de com-
penser le coût que représente
aujourd’hui ce produit.
38 % des cotisations. Confrontés aux
AVIS FINANCIERS
taux d’intérêt bas qui rendent l’assu-
rance-vie traditionnelle moins ren-
table, les assureurs encouragent les
épargnants à se tourner davantage
vers ces supports.
Les assureurs misent aussi sur le
développement des plans d’épar-
gne retraite. En février, ils ont
recruté 68.000 assurés supplémen-
taires sous cette forme (dont 17.000
étaient issus de contrats transférés),
pour 879 millions d’euros versés
(dont 557 millions d’euros issus de
transferts). n
Pensé pour faciliter un achat
immobilier car ouvrant droit à un
crédit avec un taux fixé à l’avance, il
est progressivement devenu un pla-
cement à part entière, particulière-
ment bien rémunéré. Fin 2019, les
encours de PEL s’élevaient à
282,5 milliards d’euros, selon la Ban-
que de France (soit autant que le
Livret A, alors qu’il est beaucoup
moins liquide), pour un taux moyen
de 2,65 %. La facture annuelle pour
les banques – et le gain pour les épar-
gnants – atteint 7,5 milliards d’euros.
Environ un tiers des encours de
PEL sont liés à des contrats anciens,
signés avant 2011 et le durcissement
des règles de détention, et offrent
encore une rémunération supé-
rieure à 4 % par an. De quoi inquiéter
la Banque de France, qui regrette
que ces ressources ne soient pas uti-
lisées pour financer l’économie.
« Ces produits sont clairement
devenus des centres de coûts pour les
banques, qui ne les mettent plus du
tout en avant auprès de leurs clients »,
constate Philippe Crevel, directeur
du Cercle de l’Epargne. La collecte
nette sur les PEL est devenue néga-
tive depuis trois ans, et leur nombre
diminue d’année en année. Mais
même avec un taux d’intérêt pla-
fonné à 1 %, le produit conserve toute
son attractivité dans un univers de
taux bas, au grand dam de certains
établissements. n
FINANCE & MARCHES // 27
en bref
Feu vert à
la fusion Unicaja-
Liberbank
BANQUE Les actionnaires
d’Unicaja et Liberbank ont
voté mercredi en faveur de la
fusion des deux banques
espagnoles qui doit donner
naissance au cinquième éta-
blissement bancaire du pays,
en termes d’actifs. Le nouvel
ensemble comptera près de
4,5 millions de clients. L’opé-
ration, annoncée en octobre,
doit encore obtenir l’autorisa-
tion des autorités de régula-
tion. Le secteur bancaire
espagnol a connu une accélé-
ration de sa consolidation en
2020, après l’annonce en
octobre d’une union entre
CaixaBank et Bankia. L’union
entre BBVA et Banco Sabadell
a cependant échoué.
CNP Assurances
concrétise des
affaires au Brésil
ASSURANCE L’assureur CNP
assurances, filiale de La Ban-
que Postale, a annoncé mer-
credi avoir finalisé son nouvel
accord de distribution exclu-
sif de long terme (sur vingt
ans) au Brésil avec la banque
Caixa Econômica Federal et
sa filiale d’assurance, Caixa
Seguridade. Cet accord qui a
supposé la création d’une
nouvelle société commune
porte sur un produit spécifi-
que au Brésil, le consórcio. Il
permet à des personnes de se
regrouper au sein d’une asso-
ciation et d’y placer leur
argent dans le but d’acquérir
un bien, souvent immobilier.
RESULTATS ANNUELS 2020
Progression du chiffre d’affaires de 9,51 %
Le Conseil d’Administration de SAINT JEAN GROUPE, La trésorerie de SAINT JEAN GROUPE au 31 mars 2021 est
réuni le 31 mars 2021, a arrêté les comptes de l’exercice sensiblement équivalente à celle du 31 décembre 2020. Le
2020. Le chiffre d’affaires consolidé ressort à 89,3 M€, groupe n’a pas fait appel à un prêt garanti par l’Etat.
en hausse de 9,51 % par rapport à l’année 2019,
principalement due à l’intégration au 1er avril 2020 du Covid-19 :
chiffre d’affaires réalisé par la société DEROUX FRERES.
La crise sanitaire a eu un impact défavorable sur le niveau
A périmètre constant, la hausse du chiffre d’affaires est de
d’activité et la rentabilité du groupe en 2020, particulièrement
2,16 %. Le bénéfice net, après impôt, s’établit à 1 243 K€
au second trimestre 2020. L’ensemble des équipes reste
et à 1 199 K€ à périmètre constant.
mobilisé pour faire face à cette crise.
Les marques, SAINT JEAN pour le grand public, et
Le Conseil d’Administration a décidé, compte tenu de la
COMPTOIR DU PASTIER pour les surfaces spécialisées
crise actuelle de la Covid-19, de ne pas verser de dividende
en Bio, ont progressé respectivement de 6 % et de 53,4 %.
au titre de l’exercice 2020.
A contrario, la marque ROYANS, dédiée principalement
aux professionnels de la restauration, a vu ses ventes
affectées par la fermeture des restaurants durant la crise de Perspectives 2021 :
la Covid-19 et décroître de 11,8 %. Globalement, ces trois
marques nationales représentent 60,1 % du chiffre d’affaires La société SAINT-JEAN :
2020 de SAINT JEAN.
• poursuivra la réalisation du programme d’extension de
l’usine de Romans, dont le montant global d’investissement
a été porté à 70 M€,
Comptes 31.12.2020 31.12.2020
31.12.2019 • investira dans le développement de la marque SAINT JEAN
consolidés Y compris Périmètre en maintenant les investissements publicitaires télévisuels
IFRS
audités DEROUX constant
(en milliers d’euros) FRERES (1)
et sur le net,
• renouvellera et développera sa gamme de ravioles à
poêler avec un lancement prévu en avril 2021,
Chiffre
89 278 83 291 81 527 • répondra au plus près des attentes de la clientèle
d’affaires
restauration dans cette période difficile.
Résultat
opérationnel
1 491 1 439 (2)
4 871 Plus généralement, la société recherchera des acquisitions
dans le secteur agroalimentaire.
Coût de
l’endettement (141) (129) 143 La CIE AGRICOLE DE LA CRAU poursuivra, dans la
mesure du possible, ses démarches en vue de la cession
financier net
du solde des terrains du domaine de la Peronne.
Charge
(107) (111) (1 193) Les comptes seront, au plus tard le 30 avril 2021, publiés
d’impôts
en intégralité sur le site internet : www.saint-jean-groupe.fr.
Résultat net
1 243 1 199 3 867
part du groupe L’assemblée générale sera convoquée le 23 juin 2021 à 10 h 30 ;
les documents préparatoires seront disponibles à compter du
Capitaux 2 juin 2021 sur le site internet : www.saint-jean-groupe.fr.
propres 70 915 70 870 69 606
du groupe
A propos de SAINT JEAN GROUPE :
Trésorerie 45 340 44 949 47 036
Les filiales de SAINT-JEAN GROUPE opèrent principalement
Emprunts dans le domaine agro-alimentaire. SAINT JEAN, Pastier
et dettes Français depuis 1935, est spécialisée dans la fabrication
33 564 33 058 27 585 des ravioles, quenelles, pâtes fraîches et produits traiteurs
financières
sous les marques Saint Jean, Royans, Comptoir du Pastier,
à long terme
Ravioles de Romans et La Royale et dans le secteur des
œufs par l’intermédiaire de DEROUX FRERES.
(1)
lntégrée à compter du 1er avril 2020
Contact : Marie-Christine FAURE
(2)
Comprend notamment la plus-value sur la cession par la Tél : 04.72.52.22.00 - mcfaure@sabeton.fr
CIE AGRICOLE DE LA CRAU d’actifs immobiliers pour un montant Euronext Paris - compartiment C - N° Isin : FR0000060121
de 2,9 M€. SAINT JEAN GROUPE est éligible au PEA PME
.
 28 // FINANCE & MARCHES
Comment la faillite de Greensill a coûté
500 millions à plusieurs villes allemandes
l Une cinquantaine de villes allemandes, neuf Länder et plusieurs chaînes de télé
régionales avaient placé quelque 500 millions d’euros auprès de Greensill Bank.
l Ils risquent de tout perdre.
BANQUE
Thibaut Madelin
@ThibautMadelin
et Ninon Renaud (à Berlin)
Jusqu’à récemment, les habitants
de Garbsen étaient surtout préoc-
cupés par la pandémie et ses consé-
quences sur leurs vies personnelles.
Markus Hibbeler/Bloomberg
Mais depuis le 16 mars, jour de la
faillite de Greensill Bank, la banque
allemande détenue par la fintech
britannique tombée en déconfiture,
ils s’inquiètent pour l’avenir de leur
commune… et leurs impôts locaux.
La petite ville, située dans la ban-
Les communes allemandes ne sont pas couvertes par le fonds lieue de Hanovre, avait placé
de garantie des dépôts des banques privées allemandes. 8,5 millions d’euros sur un compte
LE PLUS GRAND ÉVÉNEMENT EUROPÉEN DÉDIÉ À LA
TECH & AUX STARTUPS
RECONNECTONS
NOUS EN JUIN
POUR METTRE L’INNOVATION AU SERVICE DES
GRANDS ENJEUX DE NOTRE SOCIÉTÉ
PLATEFORME DIGITALE EXCLUSIVE - NOUVEAU FORMAT
EN PRÉSENTIEL - MULTIPLEXES SUR 3 CONTINENTS
RENDEZ-VOUS SUR WWW.VIVATECHNOLOGY.COM
ÉCONOMISEZ PLUS DE 20% SUR L’ACHAT DE VOTRE TICKET
(OFFRE SPÉCIALE JUSQU’AU 30 AVRIL 2021)
ORGANISATEURS PARTENAIRES FONDATEURS
rémunéré entre 0,2 et 0,4 % à la
Greensill Bank. Une décision com-
préhensible : si elle avait déposé cet
argent dans une Caisse d’épargne,
elle aurait dû la rémunérer à un
taux de 0,5 %, les Sparkassen réper-
cutant à leurs gros clients les taux
négatifs de la Banque centrale euro-
péenne (BCE).
« Pour 10 millions d’euros, ça
représente 50.000 euros par an »,
explique son maire, Christian
Grahl. Une somme rondelette pour
la commune de 63.000 habitants,
qui se retrouve, avec une cinquan-
taine d’autres villes allemandes,
neuf Länder et plusieurs chaînes de
télévision publiques régionales,
prise au piège de Lex Greensill, le
financier australien à l’origine du
scandale. Au total, ils risquent de
voir plus de 500 millions d’euros
d’économies partir en fumée.
Le risque semblait limité
Au cœur de l’affaire, Greensill Capi-
tal prêtait de l’argent à des indus-
triels, et surtout le magnat de l’acier
Sanjeev Gupta, pour des opérations
de financement de factures (affactu-
rage inversé). La fintech elle-même
se finançait avec les fonds déposés
auprès de sa banque allemande par
les communes, mais aussi des épar-
gnants ou via des gestionnaires
d’actifs, dont Credit Suisse ou GAM.
Pour les communes, le risque
semblait limité : racheté en 2014 par
Greensill Capital, la petite banque
basée à Brême était supervisée par
le gendarme financier allemand
(BaFin), jusqu’ici un gage de
confiance. « Greensill Bank était noté
‘A-‘ », ajoute le maire de Garbsen.
« Les attestations des commissaires
aux comptes étaient régulièrement
accordées sans problème ».
Ce château de cartes s’est effondré
mi-mars, lorsque Credit Suisse et
GAM ont soudainement fermé le
Les acteurs de
l’affacturage inversé
sur la défensive
Le secteur craint que
l’affaire Greensill ne pousse
les autorités à durcir la
réglementation de ce mode
de financement.
Gabriel Nedelec
@GabrielNedelec
L’effondrement de Greensill Capital
a jeté un froid sur le secteur de
l’affacturage inversé. « Il ne faudrait
pas que cette affaire jette l’opprobre
s u r l ’ e n s e m b l e d e s a c t e u rs » ,
s’inquiète un professionnel. Ce der-
nier, comme d’autres, craint que
l’étau réglementaire ne se resserre.
L’affacturage inversé est une
méthode de financement par
laquelle un donneur d’ordre se
tourne vers un acteur financier
pour qu’il règle les factures de ses
fournisseurs, contre des frais, pour
obtenir une plus grande flexibilité
de trésorerie.
Ce métier se développe à grande
vitesse, mais pour le moment, il ne
représente que 6 % environ des
219,4 milliards d’euros d’encours
total de l’affacturage classique.
Cependant, l’affaire Greensill a mis
en lumière les trois principaux
écueils de cette pratique. A savoir le
risque de concentration de l’exposi-
tion (en l’occurrence, sur le groupe
GFG Alliance du milliardaire San-
jeev Gupta) ; la pratique de certai-
nes entreprises qui étendent les
délais de remboursement au-delà
du raisonnable.
Autre problème, les dettes
contractées dans ce cadre peuvent
conserver le statut de dette fournis-
seur, alors qu’elles devraient être
requalifiées en dette financière dès
60 jours et faire l’objet de provisions
appropriées.
Plusieurs scandales
Déjà sous l’œil des autorités
– notamment aux Etats-Unis, les
régulateurs doivent en débattre
cette année –, l’affacturage inversé
pourrait faire l’objet de nouvelles
règles comptables en Europe,
alerte Fitch Ratings dans une note
récente. Après plusieurs scandales
(Carillion, Abengoa), Fitch a décidé
d’appliquer ses propres règles en
Jeudi 1er avril 2021 Les Echos
robinet à Greensill, après la décision
de plusieurs assureurs-crédit de ne
plus couvrir les opérations d’affactu-
rage inversé de la fintech. En l’espace
de quelques jours, sa banque alle-
mande était au tapis et faisait l’objet
d’un moratoire par la BaFin.
Les particuliers qui avaient placé
leurs économies dans la filiale ban-
caire allemande devraient retrou-
ver leur argent, garanti par le fonds
de garantie des dépôts des banques
privées allemandes. Mais les com-
munes, exclues de ce filet de sauve-
tage depuis une décision de 2017,
qui les considérait comme des
investisseurs professionnels, ris-
quent de tout perdre.
Alors que le trou dans les caisses
vire au règlement de comptes au
sein de son conseil municipal,
Christian Grahl se veut combatif.
« Nous luttons maintenant pour
récupérer notre part dans la masse
de la faillite et essayons de sauver ce
qui peut être sauvé », déclare le
maire de Garbsen, qui envisage
d’attaquer en justice les autorités,
l’agence de notation Scope et ses
conseillers financiers. n
requalifiant d’office en dette finan-
cière toute extension de paiement
affichée dans ses comptes par une
entreprise ayant recours à cette
technique.
Le contexte est propice au déra-
page, reconnaît un banquier. « Avec
l’abondance des liquidités sur le
marché et la faible rentabilité que les
investisseurs trouvent sur les actifs
sans risque, on sent bien qu’il y a un
appétit plus fort pour prendre du ris-
que sur les clients corporate. »
Avantage aux banques
Pour les acteurs français, il serait
cependant dommage que les entre-
prises se privent de ce type de finan-
cement, alors que d’ici quelques
mois, le soutien de l’Etat à l’écono-
mie pourrait ralentir. En outre, le
cas Greensill ne pourrait pas exister
en France, assure le secteur.
« Les modes de fonctionnement de
Greensill ne se retrouvent pas en
France, a défendu le mois dernier
Patrick de Villepin, le président de
la commission affacturage de
l’Association des Société Financière
(ASF) et président de BNP Paribas
Factor lors d’une conférence. Le
marché se compose principalement
d’acteurs bancaires qui doivent
répondre à des exigences prudentiel-
les en fonds propres. »
« En tant que banque, notre
connaissance intime des clients et
notre expertise en matière de gestion
du risque sous toutes ses formes sont
des atouts précieux pour proposer de
l’affacturage, inversé ou non, dans les
meilleures conditions », corrobore
Alexandre Maymat, le Directeur de
Global Transaction and Payment
Services chez Société Générale.
Autre avantage des banques sur
les acteurs spécialisés comme
Greensill : elles disposent d’immen-
ses réserves de liquidité sous la
forme des dépôts de leurs clients,
alors que les acteurs spécialisés
doivent notamment se tourner vers
les marchés pour en disposer. Des
sources de financement alternati-
ves qui peuvent s’assécher rapide-
ment lorsque la confiance des
i nve s t i s s e u r s s’e f f r i t e . C’e s t
d’ailleurs l’une des causes de la
chute de Greensill. n
Les Echos Jeudi 1er avril 2021
Le groupe Vale tourne
la page du nickel en
Nouvelle-Calédonie
MATIÈRES
PREMIÈRES
La vente de l’usine de
Goro, dans le sud de
l’archipel, a été validée
et finalisée mercredi.
Le dossier a donné lieu
à des tensions. Les
indépendantistes ont
dénoncé la présence
d’un négociant en
matières premières.
Etienne Goetz
@etiennegoetz
Après des mois de négociations et de
tensions en Nouvelle-Calédonie, la
cession de l’usine de nickel du géant
brésilien Vale a été bouclée mer-
credi. Le site, situé dans le sud de
l’archipel et qui est adossé au gise-
ment de Goro, est définitivement
transféré à son nouveau proprié-
taire, Prony Resources. Il s’agit d’un
consortium représentant les inté-
rêts calédoniens (collectivités, popu-
lations et salariés) à hauteur de
51 %. Le négociant suisse en matières
premières Trafigura est présent à
hauteur de 19 %. Les 30 % res-
L’administrateur référent :
un contre-pouvoir face au PDG
GOUVERNANCE
Eramet vient
de nommer un
administrateur
référent pour apaiser
le différend entre
ses deux grands
actionnaires, l’Etat
et la famille Duval.
Dans le SBF 120,
ils sont une
quarantaine
à occuper
cette fonction.
Laurence Boisseau
@boisseaul
Eramet vient de désigner un admi-
nistrateur référent pour apaiser les
relations entre l’Etat et la famille
Duval, qui détient 36 % du capital du
groupe. Début mars, avant
qu’Emmanuel Faber ne soit évincé
de la direction du groupe, Danone
avait nommé Jean-Michel Seve-
rino, ancien président de l’Agence
française de développement et pro-
che du PDG, à ce poste. Un choix
extrêmement controversé. Quel-
ques mois plus tôt, le conseil
– Emmanuel Faber compris – avait
en effet prévu de confier ces respon-
sabilités à Gilles Schnepp (devenu
depuis président de Danone),
ancien patron de Legrand. « C’est
bien la preuve qu’un administrateur
référent occupe un poste de confiance
et d’influence », explique un expert
en gouvernance.
Inspiré du Lead Independent
Director, en vogue chez les Anglo-
Saxons, l’administrateur référent a
fait son apparition dans les conseils
fin 2009 – chez Renault et Veolia –,
et en 2010 chez Vinci. Depuis, il s’y
est imposé. Au sein du SBF 120,
aujourd’hui, ils sont 42 à occuper
cette fonction, et 72 si l’on inclut les
vice-présidents qui parfois jouent
un rôle identique.
tant reviennent au management de
Prony Resources et au fonds néo-
zélandais Agio Global.
L’Etat se félicite de cette solution
qui « permettra de garantir la péren-
nité de l’entreprise, centrale pour
l’économie calédonienne avec ses plus
de 1.200 salariés et près de 1.300
emplois en sous-traitance ». La puis-
sance publique apporte un soutien
financier de 500 millions d’euros
essentiellement sous forme de prêt
et de garanties.
Achever le « projet Lucy »
Après avoir perdu des milliards de
dollars, Vale voulait quitter l’archi-
pel, mais de la manière la plus res-
ponsable possible pour l’économie
et ses collaborateurs. « Cet accord le
permet », se félicite le groupe dans
son communiqué. Vale laisse dans
les caisses 550 millions de dollars et
les repreneurs apporteront 100 mil-
lions. Ces sommes visent à achever
le projet Lucy pour le traitement à
sec des résidus miniers afin de limi-
ter l’impact sur l’environnement.
Fin 2020, les négociations sur la
vente ont déclenché des tensions
politiques et des violences à travers
l’archipel opposant les indépendan-
tistes aux loyalistes du Sud. Les indé-
pendantistes et le collectif « usine du
sud = usine pays » ont dénoncé la
présence du négociant Trafigura et
Plus de la moitié des sociétés diri-
gée par un PDG du SBF 120 (Orange,
Capgemini, Legrand, ArcelorMit-
tal, Atos, etc.) en ont un. Un tel rôle
pouvant faire doublon avec celui du
président non-exécutif, on ne le
retrouve que dans à peine un quart
des sociétés où les fonctions de pré-
sident et de directeur général sont
dissociées.
R i e n n’o b l i g e u n c o n s e i l à
accueillir un administrateur réfé-
rent. Le Code de gouvernement
d’entreprise Afep-Medef précise
seulement que le conseil peut dési-
gner un administrateur référent
parmi les indépendants, notam-
ment quand il a été décidé de l’uni-
cité des fonctions de direction, et
que ce dernier peut être en charge
des relations des actionnaires.
Une moyenne d’âge
de 63 ans
Concrètement, dans la plupart des
sociétés, l’administrateur référent
est censé être le garant des bonnes
pratiques de gouvernance et doit
prévenir les conflits d’intérêts. Il est
donc chargé d’évaluer chaque
année la performance du président
du conseil d’administration, d’orga-
niser régulièrement des réunions
avec les administrateurs indépen-
dants et d’écouter les actionnaires
non représentés au conseil. Il est
souvent désigné pour faire contre-
poids au PDG qui concentre tous les
pouvoirs.
« Ce sont des administrateurs
seniors, légèrement plus anciens
au conseil. Leur moyenne d’âge est de
63 ans, un peu supérieure à celle de
l’ensemble des administrateurs. La
grande majorité d’entre eux (69 %)
sont en retraite et donc plus disponi-
bles pour accomplir leurs missions.
Compte tenu de leurs expériences de
présidents, PDG ou DG pour deux
tiers d’entre eux, ils sont encore en
majorité des hommes, très majori-
tairement français, bien que le rôle se
soit fortement féminisé ces dernières
années » explique Spencer Stuart, le
cabinet de chasseurs de têtes, dans
son rapport annuel sur les conseils
le contrôle des ressources du Caillou
par une multinationale, éclaboussée
par des scandales de corruption.
Un compromis a toutefois été
trouvé, en baissant la participation
de Trafigura – elle était de 25 % au
départ – et en révisant la gestion des
droits miniers. La collectivité de la
province Sud reprend possession
des titres miniers qu’elle va désor-
mais louer au consortium exploi-
tant, alors qu’avant les concessions
étaient effectuées à titre gratuit.
En décembre dernier, des indivi-
dus se sont introduits sur le site, obli-
geant les forces de l’ordre à interve-
nir. Depuis l’usine a été mise à l’arrêt.
Son redémarrage doit se faire le
« plus tôt possible » explique-t-on au
ministère des Outre-Mer, peut-être
même « dès la fin avril ».
Partenariat avec Tesla
L’usine de Vale a été repositionnée
pour produire de l’Hydroxide Nickel
Cake, un ingrédient essentiel pour
les batteries de voitures électriques.
Le géant américain Tesla a d’ailleurs
signé un partenariat technique et
commercial avec le site, donnant de
la crédibilité et assurant la rentabi-
lité de la production. Le construc-
teur cherche à sécuriser son appro-
visionnement en nickel produit
dans conditions environnementales
correctes. n
d’administration des groupes
français.
Parmi eux, Jean-Dominique
Senard (président du conseil de
Renault) est administrateur réfé-
rent chez Saint-Gobain, Michel
Landel (ex-DG de Sodexo) chez
Legrand, Nicolas Sarkozy chez
Accor. Jean-Pierre Clamadieu (pré-
sident du conseil d’Engie) joue ce
rôle chez AXA ; Jean-Paul Agon
(PDG de L’Oréal), chez Air Liquide.
Début 2019, Pernod Ricard a créé
cette fonction et l’a confié à Patricia
Barbizet (ex-directrice générale
d’Artémis, holding de la famille
Pinault). La moitié des administra-
teurs référents sont également pré-
sidents du comité des nomina-
tions/rémunérations.
L’administrateur
référent est censé
être le garant des
bonnes pratiques
de gouvernance
et doit prévenir les
conflits d’intérêts.
Dans de plus rares cas, ils sont
présidents des comités d’audit, de la
stratégie ou encore d’un autre
comité.
Signe d’une bonne évolution de la
gouvernance d’entreprise, pour la
première année, les administra-
teurs référents étaient tous
des indépendants en 2020. Quand
ils ont fait leur apparition en France
il y a dix ans, ce n’était pas du tout le
cas. Jean-François Roverato, Yves-
Thibault de Silguy, Louis Schweit-
zer, ont été désignés référents dans
des sociétés qu’ils avaient dirigées
ou dont ils avaient été présidents.
Parfois, aussi, ils représentaient
un des actionnaires. Ce fut le cas
chez Imerys. Aimery Langlois-
Meurinne, administrateur direc-
teur général de Pargesa – hol-
ding d’Albert Frère détenant plus de
la moitié de la société – y était admi-
nistrateur référent. n
Située au sud de la Nouvelle-Calédonie, l’usine de Vale a été repositionnée pour produire
de l’Hydroxide Nickel Cake, un élément essentiel pour les batteries de voitures électriques.
BMW, Volvo, Google et Samsung SDI disent non aux
minerais extraits au fond des océans… pour le moment
Les quatre groupes se sont engagés à ne
pas acheter de minerais issus des fonds
marins et à ne pas financer ce type de pro-
jets. Dans une lettre publiée par l’ONG
WWF, ils affirment qu’« avant toute exploi-
tation minière des fonds marins, il doit être
démontré clairement que cette activité peut
être conduite d’une manière qui assure la
protection de l’environnement marin ». Les
minerais sous-marins sont considérés
ANNLEGALECH
annonces judiciaires & légales
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté - Égalité - Fraternité
PRÉFET DES HAUTS-DE-SEINE
Direction de la coordination des politiques publiques
et de l’appui territorial
_________
RAPPEL - AVIS D’OUVERTURE
D’ENQUÊTE PUBLIQUE
relative à la demande d’autorisations d’exploitation de
gîte géothermique et d’ouverture de travaux miniers
sur la commune de Rueil-Malmaison
présentées par la société Engie Énergie Services
Le public est informé qu’en application de l’arrêté préfectoral
n°2021 – 28 du 15 mars 2021, il sera procédé, du 1er avril
au 3 mai 2021 inclus, soit pendant une durée de 33 jours
consécutifs, à une enquête publique consécutive à la demande
de permis d’exploitation de gîte géothermique et d’autorisation
d’ouverture de travaux miniers présentée par la société Engie
Énergie Services, sur la commune de Rueil-Malmaison.
Le siège de l’enquête publique est fixé en mairie de Rueil-
Malmaison, 13 boulevard Foch.
Monsieur Maurice Floquet, désigné par le président du
tribunal administratif de Cergy-Pontoise, exercera les fonctions
de commissaire-enquêteur.
Il se tiendra à la disposition du public au cours des
permanences suivantes :
- Hôtel de ville de Rueil-Malmaison, 13 boulevard Foch, 1er
étage, salle de réunion de la Direction de l’Urbanisme et de
l’Aménagement :
• le jeudi 1er avril 2021, de 9h à 12h;
• le samedi 10 avril 2021, de 9h à 12h;
• le vendredi 16 avril 2021, de 14h à 17h;
• le lundi 3 mai 2021, de 14h à 17h.
De plus, le commissaire-enquêteur se tiendra à la disposition du
public lors de permanences téléphoniques de quinze minutes
chacune, à réserver par le biais du site dédié à l’enquête
publique : http://geothermie-dogger-rueil.enquetepublique.
net, dans les créneaux indiqués ci-dessous :
• le jeudi 22 avril 2021, de 17h à 20h ;
• le mercredi 28 avril 2021, de 9h à 12h.
Pendant toute la durée de l’enquête, un exemplaire du
dossier qui contient notamment une étude d’impact , ainsi
qu’un registre d’enquête coté et paraphé par le commissaire-
enquêteur et ouvert par lui, seront déposés à la mairie de
Rueil-Malmaison.
Chacun pourra prendre connaissance du dossier et
consigner ses observations et propositions éventuelles sur le
registre ouvert à cet effet aux jours, lieux et horaires suivants :
- Hôtel de ville de Rueil-Malmaison, 13 boulevard Foch, 1er
étage, salle de réunion de la Direction de l’Urbanisme et de
l’Aménagement, du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h
à 17h30.
Le public pourra envoyer ses observations et propositions
par voie postale à l’attention du commissaire-enquêteur, à
l’adresse susmentionnée.
Pendant toute la durée de l’enquête, le dossier sera
également consultable sur un poste informatique situé dans
les locaux de la mairie de Rueil-Malmaison, aux jours et
heures d’ouverture habituelle des services.
Pendant toute la durée de l’enquête, le public pourra
également porter ses observations et propositions
sur le registre dématérialisé à l’adresse suivante :
geothermie-dogger-rueil@enquetepublique.net
La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.
LES ECHOS SOCIÉTÉS - LE PUBLICATEUR LÉGAL - LA VIE JUDICIAIRE
FINANCE & MARCHES // 29
Fred Payet/AFP
comme un nouvel eldorado. Selon l’Auto-
rité internationale des fonds marins, l’est
du Pacifique renfermerait plus de nickel,
de manganèse et de cobalt que la totalité
des ressources terrestres. L’AIFM, sous
l’égide de l’ONU, ne délivre pour l’instant
que des permis d’exploration, mais elle
planche sur une régulation d’extraction
sous-marine qui pourrait entrer en
vigueur cette année et lancer la pratique.
ainsi que sur l’adresse mail de la préfecture :
pref-enquetes-publiques-dre@hauts-de-seine.gouv.fr
Dans les mêmes conditions de durée, les pièces du dossier
seront également mises à disposition du public sur le site dédié :
http://geothermie-dogger-rueil.enquetepublique.net
Le dossier sera également consultable sur le site internet
de la préfecture : https://www.hauts-de-seine.gouv.
fr/Publications/Annonces-avis/Enquetes-publiques/
Enquetes-publiques-2021-projets/RUEIL-MALMAISON
Et sur la plateforme dédiée créée par le ministère de la
transition écologique : https://www.projets-environnement.
gouv.fr
Le dossier sera en outre consultable sur un poste
informatique situé dans les locaux de la mairie de Rueil-
Malmaison. A l’expiration du délai d’enquête publique, les
registres seront mis à disposition du commissaire-enquêteur
et clos par lui.
Le commissaire-enquêteur entendra toute personne qu’il lui
paraîtra utile de consulter puis établira un rapport qui relatera
le déroulement de l’enquête et qui examinera les observations
recueillies. Le commissaire-enquêteur consignera, dans
une présentation séparée, ses conclusions motivées, en
précisant si elles sont favorables, favorables avec réserve
ou défavorables sur chacune des demandes soumises à
l’enquête publique.
Il transmettra ensuite au préfet des Hauts-de-Seine le
dossier d’enquête avec son rapport et ses conclusions
motivées dans le délai de 30 jours à compter de la date de
clôture de l’enquête. Le commissaire-enquêteur transmettra
simultanément une copie de son rapport et de ses conclusions
au président du tribunal administratif de Cergy-Pontoise.
Dès réception en préfecture des Hauts-de-Seine, le
rapport et les conclusions du commissaire-enquêteur seront
transmis à la mairie de Rueil-Malmaison pour y être tenus à la
disposition du public pendant un an à compter de la date de
clôture de l’enquête. Ces documents le seront aussi au bureau
de l’environnement de la préfecture et seront également
consultables sur le site internet de la préfecture des Hauts-de-
Seine (http///www.hauts-de-seine.gouv.fr) pendant un an.
Le présent avis d’enquête publique sera publié, par les soins
du préfet des Hauts-de-Seine et en caractères apparents,
quinze jours au moins avant le début de l’enquête et rappelé
dans les huit premiers jours de celle-ci, dans deux journaux
locaux ou régionaux diffusés dans le département des Hauts-
de-Seine.
Dans les mêmes conditions, cet avis sera publié sur le site
internet de la préfecture des Hauts-de-Seine.
Le même avis sera publié par voie d’affichage sur la
commune de Rueil-Malmaison, quinze jours au moins avant
l’ouverture de l’enquête et pendant toute sa durée. Dans les
mêmes conditions, le demandeur procède à l’affichage du
même avis sur les lieux prévus pour la réalisation des travaux.
Les demandes déposées donneront lieu à une décision
d’autorisation assortie du respect de prescriptions ou de refus,
prises par arrêté du préfet des Hauts-de-Seine.
Des informations peuvent être demandées au responsable
du projet :
Thomas Guéant
Engie Énergie Services
1 place Samuel de Champlain
Faubourg de L’Arche - Tour T1
92 030 PARIS LA DEFENSE CEDEX FRANCE
01 44 61 57 97
EP 21-031 contact@publilegal.fr
30 // FINANCE & MARCHES Jeudi 1er avril 2021 Les Echos

euronext
SÉANCE DU 31 - 03 - 2021 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année
CAC 40 : 6067,23 (-0,34 %) NEXT 20 : 12314,81 (-0,31 %) civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
CAC LARGE 60 : 6682,76 (-0,34 %) supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
CAC ALL-TRADABLE : 4689,53 (-0,30 %) à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
DATE DE PROROGATION : 27 AVRIL CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
AIR LIQUIDE (AI) R A 139,05 139,3 + 0,18 + 3,76 MICHELIN (ML) R A 129 127,65 - 1,24 + 21,63 GENFIT (GNFT) G B 4,01 4,01 + 0,2 + 0,45 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 159,4 157,5 - 1,25 + 3,41
1014111 140,6 +11,71 140,6 531316 129,75 + 6,6 129,75 194695 4,03 - 6,22 6,235 58569 160,1 - 0,32 167,7
FR0000120073 11/05/20 2,7 473.697.022 138,9 + 19,42 124,25 1,94 FR0000121261 01/07/20 2 178.340.086 127,65 + 57,48 103,3 1,57 FR0004163111 44.584.000 3,996 - 70,3 3,996 FR0000130395 28/07/20 1 50.503.106 157,5 + 58,05 140,4 0,64
AIRBUS GROUP (AIR) R A 97,07 96,54 - 1,19 + 7,53 3,4 ORANGE (ORA) R A 10,485 10,505 - 0,52 + 7,92 GENSIGHT (SIGHT) g B 7,09 7,05 + 0,28 - 1,12 REXEL (RXL) G A 16,625 16,9 + 1,72 + 31,06
1827776 98,01 + 0,66 103,98 28,44 7730291 10,555 +10,02 10,68 223212 7,13 -18,12 9,69 1475993 17,07 + 8,61 17,07
NL0000235190 15/04/19 1,4 786.020.816 96,33 + 62,69 81,84 FR0000133308 07/12/20 0,4 2.660.056.599 10,475 - 5,66 9,458 3,81 FR0013183985 41.313.465 6,93 +283,15 6,51 FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 16,625 +149,26 12,1
ALSTOM (ALO) R A 42,73 42,52 - 0,45 - 8,77 PERNOD-RICARD (RI) R A 161,2 160,05 - 0,74 + 2,07 GETLINK (GET) LR A 13,19 13,08 - 1,13 - 7,76 ROBERTET (RBT) G B 925 925 - 0,54 + 2,21
1290764 43,04 + 2,85 49,7 424182 161,85 + 1,72 166,45 2001409 13,3 - 3,61 14,68 205 934 - 3,34 990
FR0010220475 15/07/19 5,5 371.189.205 42,46 + 20,23 39,67 FR0000120693 09/12/20 1,48 261.876.560 159,9 + 23,64 150,9 0,93 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 13,04 + 19,02 12,39 FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 915 + 19,66 880 0,54
ARCELORMITTAL (MT) R A 24,55 24,63 + 0,88 + 30,46 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 53,16 52,04 - 2,14 + 27,67 GL EVENTS (GLO) g B 14,4 14,14 - 1,94 + 40,84
6879724 25,2 +27,23 25,2 821457 53,22 + 7,21 53,68 ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 31,05 30,8 - 1,12 + 18,92
LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 24,465 +184,38 17,042 FR0000130577 07/09/20 1,15 247.748.484 52,04 + 99,23 40,44 2,21 39081 14,42 +31,41 14,64 23247 31,3 + 3,88 31,45
FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 13,94 + 5,05 7,73 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 30,55 + 66,49 25,9
ATOS SE (ATO) R A 66,02 66,52 + 0,79 - 11,05 RENAULT (RNO) R A 37,635 36,93 - 1,9 + 3,27
605028 67,2 + 2,94 77,94 1472610 38,185 - 0,53 41,42 GRAINES VOLTZ (GRVO) C 116 114 - 1,72 + 8,57 RUBIS (RUI) G A 40,98 40,4 - 1,22 + 6,37
FR0000051732 03/05/19 1,7 109.993.166 65,98 + 7,74 61,26 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 36,88 +108,55 32,64 458 116 + 5,56 130 DIV 2 28/07/17 219764 41,2 + 6,43 41,82
FR0000065971 24/03/20 7 1.295.197 114 + 71,43 99 FR0013269123 17/06/20 1,75 103.625.489 40,32 + 6,15 36,74 4,33
AXA (CS) R A 23,09 22,885 - 1,15 + 17,29 SAFRAN (SAF) R A 116,3 116,05 - 0,43 + 0,09
6871119 23,25 +10,02 23,25 965963 116,85 + 2,47 127,45 GROUPE CRIT (CEN) g B 72,2 70 - 3,45 + 12 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 345 351,2 + 1,92 + 20,6
FR0000120628 07/07/20 0,73 2.418.389.408 22,875 + 44,95 18,21 3,19 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 114,95 + 44,81 102,55 1386 72,2 +17,06 73,6 DIV 6 10/05/16 78179 356 - 2,98 420,6
BNP PARIBAS (BNP) R A 52,35 51,88 - 1,41 + 20,36 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 51,4 50,32 - 1,99 + 34,19 FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 69,7 + 47,99 57,2 FR0013154002 29/03/21 0,68 92.180.190 344,6 + 91,91 285,4 0,19
3197427 52,65 + 5,29 53,66 1510215 51,42 +13,28 51,42 GROUPE GORGÉ (GOE) g B 16,38 16,24 - 0,86 + 28,28 SAVENCIA (BH) B 72,4 72,8 + 0,83 + 20,53
FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 51,82 + 88,59 39,71 FR0000125007 10/06/19 1,33 532.684.042 50,32 +127,02 37,79 9608 16,56 + 1,12 17,1 7045 72,8 +18,18 74,4
BOUYGUES (EN) R A 34,36 34,19 - 0,73 + 1,6 SANOFI (SAN) R A 83,93 84,25 + 0,47 + 7,05 FR0000062671 01/07/20 0,32 17.424.747 16,1 + 27,47 12,54 1,97 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 71,8 + 50,72 58,4
833523 34,85 + 1,88 36,05 2328142 84,69 +11,15 84,69 GTT (GTT) G A 67,95 68 - 14,14 SCOR (SCR) LR A 29,7 29,1 - 2,09 + 10,14
FR0000120503 09/09/20 1,7 380.759.842 34,18 + 27,96 31,91 4,97 FR0000120578 04/05/20 3,15 1.258.971.738 83,72 + 5,13 74,92 3,74 155947 68,25 - 2,3 90,65 425196 29,8 + 5,9 30,6
CAP-GEMINI (CAP) R A 146,05 145,1 + 0,07 + 14,43 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 128 130,25 + 1,56 + 10,1 FR0011726835 03/11/20 2,5 37.078.357 67,5 + 1,49 65,15 3,68 FR0010411983 30/04/19 1,75 186.730.076 29,1 + 44,92 24,4
531997 148 + 8,97 149,05 1411494 130,5 + 6,02 130,7 GUERBET (GBT) g B 33,85 33,15 - 1,05 + 0,91 SEB (SK) G A 150,9 150,4 - 0,33 + 11,03
FR0000125338 03/06/20 1,35 168.784.837 145,1 + 88,44 116,1 0,93 FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 127,85 + 65,75 119,1 1,96 9284 33,85 +13,53 35,65 63112 152,9 +11,26 153,455
CARREFOUR (CA) R A 15,32 15,445 + 0,65 + 10,09 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 22,35 22,315 - 1,11 + 31,1 FR0000032526 30/06/20 0,7 12.596.161 33,1 + 17,76 28,8 2,11 FR0000121709 22/05/20 1,43 55.337.770 150,4 + 45,76 134,091 0,95
2550364 15,61 + 6,92 18,1 3439892 22,615 + 8,67 23,01 GUILLEMOT (GUI) g C 15,6 15,1 - 2,58 + 76,4
FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 15,29 + 7,15 13,925 1,49 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 22,265 + 45,39 15,18 SERGEFERRARI GROUP (SEFER) g C 6,98 6,92 - 0,86 + 16,5
28361 15,9 +16,15 18,55 7125 6,98 + 0,29 7,58
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 12,415 12,345 - 1,08 + 19,62 STELLANTIS NV (STLA) A 15,15 15,08 - 0,15 + 24,61 FR0000066722 08/07/19 0,13 15.287.480 15 +633,01 8,34 FR0011950682 28/09/20 0,12 12.299.259 6,84 + 75,63 6 1,73
4744185 12,52 + 6,28 12,65 4759269 15,274 +19,2 15,4
FR0000045072 24/05/19 0,69 2.916.688.640 12,34 + 84,53 9,228 NL00150001Q9 15/03/21 0,1 3.119.934.695 15,008 +129,14 10,901 0,64 HAULOTTE GROUP (PIG) g B 6,35 6,06 - 4,57 - 0,16 SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 41,3 41,1 - 0,48 + 10,93
71013 6,43 - 7,9 7,34 2642 41,4 + 7,87 45,75
DANONE (BN) R A 58,6 58,5 - 0,51 + 8,82 STMICROELETRONICS (STM) R A 31,92 32,49 + 1,82 + 7,3 0,23 FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 6,06 + 46,55 5,6 3,63
1664226 59,06 + 3,61 61,5 2124341 32,65 + 1,63 35,91 142,97 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 41 + 89,4 35,05
FR0000120644 14/07/20 2,1 686.629.600 58,42 - 0,24 52,14 3,59 NL0000226223 22/03/21 0,04 911.204.420 31,85 + 63,47 28,42 0,13 HIGH CO (HCO) g C 5,74 5,68 - 1,05 + 18,58 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g B 3,01 2,98 - 1,65 + 4,2
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 181,05 182,4 + 0,86 + 9,78 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 309,9 310,8 + 0,58 + 14,56 10265 5,74 + 5,19 5,8 459573 3,075 - 1,97 3,85
256518 183,2 + 6,11 190,7 112246 314,2 + 6,04 315,2 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 5,64 + 61,82 4,78 FR0013006558 117.947.268 2,935 +789,15 2,52
FR0000130650 28/05/20 0,7 265.136.237 181 + 35,11 159,6 0,38 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.737.600 309,5 + 63,75 263,4 0,77 ICADE (ICAD) G A 63,8 62,35 - 1,81 - 0,87 SOITEC (SOI) G A 171 174,3 + 2,05 + 9,42
ENGIE (ENGI) R A 12,075 12,105 + 0,58 - 3,31 1,21 THALES (HO) R A 84,88 84,72 - 0,56 + 13,11 73730 64 + 1,88 65,5 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 60027 175,3 - 0,51 191,3
6816989 12,125 + 0,17 13,865 10,04 399244 85,68 + 8,01 85,74 FR0000035081 03/03/21 2,01 74.535.741 62,35 - 13,58 55,45 FR0013227113 33.278.901 170,5 +164,89 154,3
FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 12,02 + 28,61 11,315 FR0000121329 01/12/20 0,4 213.365.958 84,72 + 10,92 72,22 0,47 ID LOGISTIC (IDL) g A 236 228 - 3,59 + 0,88 SOLOCAL GROUP (PAJ) B 2,89 2,879 + 0,51 + 8,23
ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 138 138,85 + 0,62 + 8,86 TOTAL (FP) R A 40,03 39,775 - 1,18 + 12,68 4892 236 + 8,31 252 337011 2,95 - 7,58 3,684
626779 139,15 + 2,85 142,8 7612860 40,185 + 3,65 42,19 FR0010929125 5.652.372 228 + 59,44 210,5 FR00140006O9 129.505.837 2,858 - 75,68 2,53
FR0000121667 23/12/20 1,15 439.000.648 138 + 41,28 116,4 0,83 FR0000120271 25/03/21 0,66 2.629.839.616 39,54 + 12,39 33,91 1,66 IMERYS (NK) G A 41,86 41,52 + 0,05 + 7,4 SODEXO (SW) LR A 82,3 81,78 - 0,95 + 18,15
HERMES INTL (RMS) R A 946,8 944 - 0,36 + 7,32 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 69,1 68,34 - 1,27 + 5,82 82982 42,16 - 2,85 45,48 497357 83,34 + 3,23 88,04
41750 948,4 + 2,25 1018 570968 69,98 +12,36 75,2 FR0000120859 15/05/20 1,72 84.940.955 41,4 + 81,15 37,84 4,14 FR0000121220 30/01/20 2,9 147.454.887 81,78 + 32,67 67,94
FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 940,2 + 50,13 839,4 0,16 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.496.375 68,34 + 32,54 53,86 INNATE PHARMA (IPH) g B 3,69 3,728 + 1,25 + 7,68
KERING (KER) R A 591 588,6 - 0,31 - 0,98 VEOLIA ENV. (VIE) R A 21,56 21,86 + 1,39 + 9,25 SOLUTIONS 30 (ALS30) A 10,5 10,84 + 2,85 + 3,04
236187 3,782 + 0,22 4,294 1180083 11,03 +11,75 13,8
160690 593,9 +12,14 610 1933372 22,13 - 2,19 23,94 FR0010331421 78.980.640 3,678 - 37,13 3,45
FR0000121485 19/01/21 2,5 125.017.916 584,3 + 23,68 513,3 0,43 FR0000124141 12/05/20 0,5 578.611.362 21,56 + 12,25 19,85 2,29 FR0013379484 107.127.984 10,45 + 56,08 8,92
INTERPARFUMS (ITP) g A 51 51,4 + 0,98 + 19,67 SOMFY (SO) A 144 142,6 - 0,14 + 2,89
L.V.M.H. (MC) R A 573,5 568,1 - 0,94 + 11,2 VINCI (DG) R A 88,08 87,36 - 1,18 + 7,37 18244 52,1 + 7,19 52,9
440619 573,5 + 8,21 573,5 1160755 89,18 + 1,53 92,38 4611 144 + 3,33 157
FR0004024222 02/05/19 0,71 51.988.409 50,9 + 84,77 39,7 FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 142 + 85,19 134,6 0,88
FR0000121014 01/12/20 2 504.757.339 564,6 + 67,85 489,05 0,35 FR0000125486 23/06/20 1,25 591.520.241 86,94 + 15,86 75,38 1,43
IPSEN (IPN) G A 70 73,15 + 4,5 + 7,73 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 143,7 142,5 - 1,18 + 7,79
LEGRAND (LR) R A 79,04 79,32 + 0,41 + 8,66 VIVENDI (VIV) R A 27,95 28 + 0,32 + 6,14 345631 75,05 + 3,54 78,1
569298 79,8 +10,29 81,48 3014076 28,13 -2 32,35 40138 146,7 + 5,79 146,7
FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 78,8 + 35,64 71,02 1,69 FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.995.621 27,85 + 43,41 25,31 2,14 FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 70 + 55,04 65,9 1,37 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 142,5 + 42,57 128,9
L'ORÉAL (OR) R A 327,9 326,8 - 0,31 + 5,15 WORLDLINE (WLN) G A 71,1 71,44 + 0,96 - 9,68 IPSOS (IPS) G A 32,55 32,2 - 1,68 + 16,67 SMCP (SMCP) g B 6,305 6,135 - 2,93 + 23,34
384508 329,1 + 7,93 329,1 676277 72,28 - 3,2 81,44 97484 32,8 + 0,47 33,45 180582 6,41 +18,67 6,83
FR0000120321 03/07/20 3,85 559.861.576 325,9 + 36,79 290,1 1,18 FR0011981968 279.526.388 71,1 + 33,04 68,06 FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 32,1 + 69,47 25,2 1,4 FR0013214145 74.718.139 6,105 + 58,53 3,94
JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 20,2 19,82 - 2,37 + 42,59 SPIE (SPIE) G A 20,76 20,42 - 1,35 + 14,65
42861 20,45 +16,59 20,75 326661 20,92 + 9,67 21,5
FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 19,54 +132,36 13,44 1,01 FR0012757854 24/09/19 0,17 160.139.776 20,26 +123,05 17,12
JCDECAUX (DEC) G A 21,2 21,5 + 1,51 + 15,41
219043 21,7 + 9,64 21,92 SQLI (SQI) g C 22,4 22,2 - 0,89 + 12,69
1079 22,4 +12,12 22,7
SRD VALEURS FRANÇAISES FR0000077919
KAUFMAN & BROAD (KOF) g
21/05/19 0,58 212.902.810
B 36,65
21,2
36,85
+ 30,3 14,74
+ 1,38 + 0,68
FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 22,2 + 48,99 17,7
49090 37,65 + 0,55 39,8 STEF (STF) g B 89,5 89,6 + 0,11 + 23,08
FR0004007813 08/06/20 1,75 21.713.023 36,45 + 30,58 34 4,75 1024 90,2 +11,44 92
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA FR0000064271 17/11/20 1,5 13.000.000 89,2 + 41,1 72,9 1,67
KLEPIERRE (LI) LR A 20,17 19,885 - 2 + 8,13
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 1527344 20,44 + 1,71 22,22 SUEZ (SEV) LR A 18 18,06 + 0,33 + 11,34
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT 983215 18,215 + 4,7 18,545
FR0000121964 07/07/20 1,1 294.848.054 19,885 + 13,18 16,075
AB SCIENCE (AB) g B 14,98 14,94 - 0,8 - 24,01 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 515,5 517 + 0,29 + 13,73 FR0010613471 18/05/20 0,45 639.339.224 17,99 + 94,7 16,225 2,49
KORIAN (KORI) G A 29,66 29,62 - 5,49
61976 15,06 - 4,96 20,1 EX D OP 08/06/17 7148 518,5 +12,29 519 115561 29,94 + 2,85 33,46 SWORD GROUP (SWP) g B 38,5 38,3 - 1,42 + 22,17
FR0010557264 46.274.093 14,8 +115,27 14,14 FR0000130403 01/12/20 2 180.507.516 513,5 + 58,39 427,6 0,39 FR0010386334 11/06/19 0,6 105.038.158 29,52 + 12,42 28,36 14498 38,7 +16,77 40
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 7,35 7,25 - 1,63 - 0,14 CIBOX INTERACTIVE (CIB) g C 0,214 0,216 + 2,86 + 3,85 FR0004180578 10/09/20 2,04 9.544.965 38,1 + 54,12 30,65 6,27
LAGARDÈRE (MMB) G A 22,5 22,42 - 0,71 + 9,47
100304 7,38 - 2,55 8,15 661454 0,219 - 5,68 0,334 75532 22,68 + 0,63 24,28 SYNERGIE (SDG) g B 31,4 32,4 + 4,52 + 1,25
FR0004040608 08/12/20 0,1 58.512.053 7,25 + 16,94 7,13 1,38 FR0000054322 10/08/98 112.764.933 0,21 +140,27 0,197 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 22,36 + 94,96 18,7 4076 32,4 + 8,72 33
ABIVAX (ABVX) g B 17,88 18 + 0,67 - 47,67 CNP ASSURANCES (CNP) G A 16,47 16,21 - 1,64 + 22,99 FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 31 +111,76 28
LATECOERE (LAT) g C 1,892 1,87 - 1,16 - 7,65
44945 18,1 -39,19 36,85 493694 16,62 + 8,72 16,89 25638 1,898 - 4,1 2,225 TARKETT (TKTT) G B 13,25 13,61 + 3,11 - 5,49
FR0012333284 14.346.222 17,72 + 5,63 17,62 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 16,21 + 81,73 12,39 FR0000032278 29/06/07 0,75 94.818.518 1,87 - 10,74 1,86 253182 13,85 + 8,02 16,38
ACCOR (AC) LR A 32,48 32,16 - 1,23 + 8,65 COFACE (COFA) G A 9,49 9,44 - 0,94 + 14,98 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 13,25 + 58,35 12,09
LDC (LOUP) A 98,6 98,8 + 0,2 - 0,4
695829 32,86 - 6,94 35,74 211044 9,59 + 4,31 9,59 561 98,8 + 0,82 105 TECHNICOLOR (TCH) B 2,649 2,811 + 8,08 + 54,51
FR0000120404 10/05/19 1,05 261.382.728 32,15 + 28,64 27,09 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 9,43 + 61,37 7,63 FR0013204336 25/08/20 1,2 17.134.471 98,2 + 10,02 95,8 1,22 975128 2,9 +44,2 2,9
ADOCIA (ADOC) g B 10 9,95 - 0,5 + 19,88 COLAS (RE) A 119,5 119,5 + 0,42 - 3,24 FR0013505062 235.795.483 2,619 - 31,98 1,72
LNA SANTÉ (LNA) g B 46,45 45,8 - 0,87 - 7,01
8911 10,16 - 7,01 12,36 370 120 + 0,84 129 4478 46,65 + 1,89 50,9 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 309,9 310,8 + 0,58 + 14,56
FR0011184241 7.020.629 9,95 + 22,69 8,25 FR0000121634 08/09/20 6,4 32.654.499 118,5 + 9,63 115 5,36 FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 45,8 + 20,05 44,2 0,98 112246 314,2 + 6,04 315,2
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 102,1 101,9 - 0,1 - 3,96 COVIVIO (COV) G A 72,85 73 - 0,14 - 3,12 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.737.600 309,5 + 63,75 263,4 0,77
LECTRA (LSS) g B 27,6 28,2 + 2,55 + 12,8
178521 103,6 - 3,14 113 168557 73,85 + 4,81 78,05 22815 28,55 - 0,18 33,4 TF1 (TFI) G A 7,855 7,77 - 1,33 + 17,91
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 101,3 + 16,52 90,3 FR0000064578 27/04/20 4,8 94.579.481 72,75 + 42,16 62,8 FR0000065484 06/05/20 0,4 32.511.651 27,6 + 95,29 23,15 1,42 339252 7,9 + 7,54 7,965
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 5,204 5,096 - 2 - 0,47 COVIVIO HOTELS (COVH) A 17,45 17,65 + 1,44 - 1,12 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.392.991 7,755 + 55,96 6,425
LISI (FII) g A 24,7 24,85 + 0,81 + 23,33
3050999 5,22 - 8,64 5,96 4076 17,75 + 4,13 18,8 11349 25,1 +21,81 25,1 TFF GROUP (TFF) B 30,9 30,1 - 2,59 + 12,73
FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 5,082 - 0,04 4,45 FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 17,3 - 1,94 14,3 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 24,6 + 48,45 18,2 1948 30,9 + 6,74 30,9
AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 23,55 22,25 - 5,52 - 13,59 CREDIT AGR. PARIS IDF (CAF) B 79,8 79,9 + 0,13 + 6,52 FR0013295789 06/11/20 0,35 21.680.000 30,1 + 35,59 24,5 1,16
LUMIBIRD (LBIRD) g C 17,4 17,42 - 0,57 + 24,07
130053 23,9 -12,06 29,6 692 79,9 +10,21 81,9 12865 17,64 + 7,13 17,64 THERMADOR GROUPE (THEP) B 84 77,4 - 6,97 + 20,94
FR0004180537 28/06/19 0,49 22.321.189 22,1 - 1,11 20,8 FR0000045528 30/04/20 3,7 8.479.810 79,8 - 15,95 66,75 4,63 FR0000038242 22.466.882 17,1 +124,5 13,6 10708 85,8 + 2,38 85,8
AKWEL (AKW) g B 29,75 29,9 + 0,34 + 30,57 DASSAULT AV. (AM) G A 945 949 + 0,69 + 5,8 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 77,4 + 74,72 64,8 2,33
LYSOGENE (LYS) g C 2,88 2,79 + 5,28
20293 30,45 + 2,22 32 6975 953 + 6,27 971 39362 2,88 -14,42 4,47 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 25,4 25,3 - 0,39 - 1,56
FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 29,65 +179,44 20 0,65 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 936,5 + 26,7 846 FR0013233475 16.455.145 2,77 - 5,1 2,24 EX D S 03/07/17 9744 25,5 + 4,12 25,6
ALBIOMA (ABIO) Gg A 40,65 41,8 + 2,58 - 11,06 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 9,005 8,95 - 0,72 +106,41 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 18,3 18,22 + 37,41 FR0013230612 22/05/20 0,5 136.309.504 25,3 + 18,22 22,2 1,98
148055 42,35 + 3,47 50,7 180045 9,085 + 1,53 13,69 285789 18,68 +10,02 19,76 TRANSGÈNE (TNG) g C 2,68 2,69 + 7,6 + 63,23
FR0000060402 11/06/20 0,35 31.641.910 40,65 + 54,53 38,65 0,84 FR0010417345 54.927.187 8,9 + 18,23 4,294 FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 18,22 + 78,28 12,8 324496 2,75 +12,08 2,875
ALD (ALD) G A 12,64 12,48 - 1,11 + 8,52 DELTA PLUS GROUP (DLTA) g B 75,8 77,4 + 1,84 + 9,32 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 19,04 18,88 - 0,74 + 26,29 FR0005175080 83.841.334 2,63 +124,92 1,646
101291 12,74 + 2,97 12,94 3637 77,4 + 1,04 85 167427 19,6 +26,2 20,26 TRIGANO (TRI) G A 157,7 159,4 + 0,95 + 10,08
FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 12,48 + 56 11,22 5,05 FR0013283108 23/06/20 0,7 7.358.708 75,4 +106,95 68,4 0,9 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 18,83 +158,45 14,12 23405 162,6 + 2,51 172
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 22,1 21,9 - 1,35 + 14,9 DERICHEBOURG (DBG) g B 6,885 6,975 + 0,65 + 18,62 MANITOU (MTU) g B 28,5 28,6 + 0,35 + 19,67 FR0005691656 12/01/21 2,2 19.336.269 157,7 +174,35 137,9 1,38
9488 22,25 + 3,3 22,75 362729 7,05 + 6,08 7,34 23930 29,2 + 7,32 29,45 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 64,3 64,88 + 1,41 - 17,71
FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 21,7 + 39,31 17,3 3,2 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 6,885 +181,7 5,395 FR0000038606 23/12/20 0,5 39.668.399 28,15 +107,85 23,6 1,75 452518 65,54 -4 88,16
ALTAREA (ALTA) A 155,8 155 - 0,13 + 8,09 DEVOTEAM (DVT) g C 106 106,4 + 14,29 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,572 1,604 + 2,17 + 21,88 FR0000054470 123.484.213 64,2 - 3,42 62,18
4782 156,4 + 9,31 157,8 162 107,4 + 4,72 107,8 32595 1,61 - 3,49 1,92 VALEO (FR) LR A 29,38 28,97 - 1,3 - 10,25
FR0000033219 06/07/20 4,5 17.275.839 154 + 37,17 134,2 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 106 + 80,95 94 FR0010609263 30.558.480 1,564 + 72,47 1,318 767439 29,74 - 0,92 33,66
ALTEN (ATE) G A 98,1 100,1 + 1,99 + 8,04 DMS (DGM) g C 1,79 1,785 - 1,65 + 1,42 MCPHY ENERGY (MCPHY) g B 30,8 32,6 + 6,19 - 5,09 FR0013176526 29/06/20 0,2 241.717.403 28,89 + 89,97 27,62 0,69
52427 100,9 + 9,34 102,3 6680 1,815 - 4,55 2,06 280942 32,9 +17,27 41,7 VALLOUREC REG (VK) G B 30,2 29 - 4,02 + 8,43
FR0000071946 20/06/19 1 34.258.567 98 + 52,94 84,9 FR0012202497 16.120.556 1,785 + 81,03 1,485 FR0011742329 27.856.540 30,8 +604,1 25,5 91900 30,5 -28,44 42,085
AMPLITUDE SURGICAL (AMPLI) g C 2,28 2,25 + 4,17 + 4,17 EDENRED (EDEN) LR A 44,59 44,54 - 0,2 - 4,03 MEDINCELL (MEDCL) B 11,65 11,7 + 1,3 + 14,71 FR0013506730 11.449.694 29 - 29,71 21,8
4748 2,29 + 7,14 2,84 348611 44,81 - 2,94 48,73 19831 11,75 + 0,86 16,75 VALNEVA (VLA) G B 10,24 10,6 + 3,31 + 36,77
FR0012789667 47.804.841 2,21 + 90,68 2 FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 44,47 + 16,93 43,6 1,57 FR0004065605 24.602.468 11,45 + 96,31 10,4 607978 10,74 - 4,33 15,6
AMUNDI (AMUN) G A 70,25 68,2 - 2,92 + 2,1 EDF (EDF) LR A 11,325 11,44 + 0,93 - 11,28 MERCIALYS (MERY) G B 9,45 9,395 - 0,9 + 30,12 FR0004056851 91.743.248 10,02 +271,93 7,22
EX-DS 15/03/17 171220 70,25 + 8,25 70,75 EX-DS 7/03/17 2213632 11,49 +15,46 13,575 291031 9,54 + 4,22 9,62 VERALLIA (VRLA) g A 30,9 30,75 - 0,16 + 5,85
FR0004125920 24/05/19 2,9 202.585.953 68,1 + 26,65 60,1 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.099.923.579 11,29 + 59,2 9,632 FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 9,355 + 41,92 6,71 43427 31,4 + 0,99 32,3
ARGAN (ARG) A 80 80,4 + 0,75 - 3,83 EIFFAGE (FGR) LR A 86,9 85,36 - 1,82 + 8 MERSEN (MRN) g B 30,2 29,7 - 1 + 20 FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 30,75 + 36,67 26,65 2,76
5635 80,6 - 6,94 91,6 364795 87,58 + 0,23 91,76 62457 30,75 + 4,39 30,75 VERIMATRIX (VMX) g B 2,46 2,47 - 0,4 - 12,1
FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 79,2 + 18,93 79,2 FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 85,16 + 32,34 72,66 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.857.055 29,7 + 77,84 23,25 94663 2,48 -18,75 3,365
ARKEMA (AKE) LR A 103,65 103,35 - 0,58 + 10,53 EKINOPS (EKI) g B 6,39 6,35 - 0,47 - 6,75 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 5,52 5,32 - 2,56 +123,53 FR0010291245 85.520.147 2,43 + 73,7 2,33
133106 104,45 +12,95 105,35 17981 6,39 - 3,5 7,59 342400 5,56 +58,81 6,54 VICAT (VCT) g A 40,4 41,4 + 2,73 + 20,52
FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 103,35 + 64,05 87,64 2,13 FR0011466069 25.564.227 6,31 + 29,99 5,88 FR0004177046 29.998.460 5,12 +311,13 2,4 62051 41,75 + 3,89 41,75
ARTMARKET.COM (PRC) g C 6,7 6,64 - 0,6 - 9,54 ELIOR (ELIOR) G B 6,41 6,33 - 1,17 + 14,67 NACON (NACON) B 7,31 7,31 + 0,83 - 8,28 FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 40,4 + 79,22 34,05 3,62
2092 6,7 + 0,3 7,28 645108 6,475 - 6,08 7,705 28734 7,35 - 5,06 8,5 VILMORIN & CIE (RIN) g A 62,6 60,6 - 3,35 + 22,92
FR0000074783 6.651.515 6,56 + 32,53 6,08 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.147.823 6,33 + 5,32 4,92 FR0013482791 84.908.919 7,2 + 65,01 6,7 8933 62,6 +14,12 63,5
ASSYSTEM (ASY) B 25,6 25,7 + 1,38 + 4,47 ELIS (ELIS) G A 14,22 13,92 - 2,11 + 2,13 NANOBIOTIX (NANO) g B 13,26 13,5 + 1,2 - 2,17 FR0000052516 14/12/20 1 22.917.292 60 + 68,8 48,65 1,65
OPA 24/11/17 353 25,7 + 2,39 29,2 329534 14,37 - 2,93 15,4 62389 13,76 - 2,17 17,34 VIRBAC (VIRP) G A 220 219,5 - 0,9 - 7,77
FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 25,6 + 42,78 24,5 3,89 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.819.430 13,9 + 61,11 11,89 FR0011341205 13/05/19 34.432.122 13,2 +112,77 12,84 8340 223,5 + 8,4 252
ATARI (ATA) g C 0,798 0,816 + 3,16 +129,54 EOS IMAGING (EOSI) g C 2,42 2,435 + 0,21 + 4,96 NATIXIS (KN) G A 4,036 4,082 + 0,74 + 46,36 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 218 + 35,49 200,5
21346638 0,839 +136,87 0,839 130764 2,445 + 2,31 2,46 8360303 4,088 + 1,14 4,166 WAVESTONE (WAVE) g B 35,1 34,4 - 1,71 + 15,82
FR0010478248 298.152.729 0,732 +224,32 0,34 FR0011191766 26.656.946 2,42 + 6,8 2,3 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.157.903.032 4,036 + 37,58 2,725 7269 35,35 + 2,53 37
AUBAY (AUB) g C 42,2 43,1 + 2,13 + 25,47 ERAMET (ERA) G B 56,76 60,54 + 7,04 + 41,05 NEOEN (NEOEN) G A 40 42,75 + 7,28 - 26,17 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 34,4 +101,41 28,5
11059 43,35 +14,48 44,75 264281 61,24 - 1,34 66,68 493767 42,95 - 4,36 65,013 WENDEL (MF) G A 105,7 105,9 - 0,09 + 8,12
FR0000063737 06/11/20 0,33 13.221.796 41,75 +114,43 33,95 0,77 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.005 56,6 +107,9 41,06 FR0011675362 85.574.712 39,6 + 61,58 37,05 76964 107,5 +11,83 107,5
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 26,8 26,9 - 0,37 - 0,37 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 5,99 6,04 + 1,34 - 15,05 NEXANS (NEX) G A 72,35 75,5 + 2,93 + 27,43 FR0000121204 07/07/20 2,8 44.719.119 105,6 + 45,47 91,75 2,64
1647 27,1 - 5,61 29,5 70672 6,1 -16,69 10,44 114555 76,35 +17,33 76,35 WORLDLINE (WLN) G A 71,1 71,44 + 0,96 - 9,68
FR0011040500 02/07/19 0,4 21.351.066 26,8 + 73,55 23,2 FR0011471135 21.186.416 5,98 + 6,9 5,82 FR0000044448 17/05/19 0,3 43.755.627 72,35 +179,42 59,4 676277 72,28 - 3,2 81,44
BAINS MER MONACO (BAIN) B 64,2 63,4 - 1,25 - 8,12 ESI GROUP (ESI) g C 48,9 48,1 - 0,41 + 5,02 NEXITY (NXI) G A 42,96 42,08 - 2,5 + 18,67 FR0011981968 279.526.388 71,1 + 33,04 68,06
280 64,2 + 1,28 68 647 48,9 50,2 84332 43,1 +4 43,74 XPO LOGISTICS (XPO) A 284 300 + 5,63 + 7,14
MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 63,4 + 13,21 60,2 FR0004110310 6.032.492 48,1 + 70,57 41,5 FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 42,04 + 50,18 35,26 4,75 32 300 + 8,7 300
BÉNÉTEAU (BEN) g B 12 11,96 + 0,5 + 26,36 EURAZEO (RF) G A 65,35 64,9 - 0,69 + 16,94 NICOX (COX) g B 4,21 4,26 + 1,31 - 2,07 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 284 + 13,64 266
113474 12,15 - 3,16 13,12 128963 66,2 + 5,79 67,75 69736 4,26 - 4,7 5,19
FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 11,9 + 96,55 9,32 1,92 FR0000121121 08/05/19 1,25 79.015.524 64,9 + 57,83 55,7 FR0013018124 37.103.985 4,21 + 19,66 4,135
BIC (BB) G A 49,58 49,92 + 0,2 + 7,91 EUROFINS SCIENT. (ERF) LR A 80,82 81,51 + 0,44 + 18,77 NRJ GROUP (NRG) B 6,48 6,52 + 1,88 + 7,24 AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
80221 50,05 + 7,35 52,7 380960 82,52 +10,69 83,2 9429 6,52 + 1,88 6,8
FR0000120966 01/06/20 2,45 45.395.857 49,3 - 1,83 44 4,91 FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 80,74 + 80,73 69,38 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 6,4 + 26,85 6,1 EURONEXT (ENX) G A 85,75 85,9 + 0,35 - 4,71
BIGBEN INT. (BIG) g C 19,72 19,74 - 0,3 + 5,9 EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g C 0,276 0,275 + 0,81 - 34,91 OENEO (SBT) g B 11,14 11,1 - 0,18 + 2,21 104130 85,9 - 3,7 96,75
40148 19,92 + 0,82 22,7 11341340 0,282 - 0,58 0,59 4955 11,14 + 2,21 11,56 NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 85,05 + 26,7 79,95 1,85
FR0000074072 24/07/19 0,2 19.969.658 19,64 + 88 18 FR0012789949 21/05/19 0,26 4.463.919.674 0,272 - 66,27 0,25 FR0000052680 31/07/19 0,15 65.052.474 10,76 + 0,91 10,5 NOKIA (NOKIA) R A 3,411 3,436 + 0,16 + 9,39 0,3
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 106,6 108,5 + 1,78 - 5,98 EUTELSAT COM. (ETL) G A 10,475 10,38 - 1,14 + 12,1 ORAPI (ORAP) g C 8,9 8,9 - 14,83 419179 3,446 + 3,56 5,04 11,60
150556 109 + 3,14 132,1 616795 10,565 + 3,92 10,875 23459 9,1 - 1,77 11,55 FI0009000681 29/07/19 0,02 5.675.461.159 3,404 + 20,33 3,117
FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 106,6 + 5,75 102,5 0,18 FR0010221234 20/11/20 0,89 230.544.995 10,38 + 8,96 9,29 8,57 FR0000075392 29/04/15 0,13 6.598.219 8,86 - 0,89 8,04 SES (SESG) LR 6,82 6,774 - 0,56 - 12,21
BOIRON (BOI) g A 37,2 35,8 - 3,76 - 13,42 EXEL INDUSTRIES (EXE) B 65,6 67 + 2,45 + 10,2 ORPÉA (ORP) LR A 99,64 98,8 - 0,74 - 8,14 1481230 6,918 + 2,39 8,09
4701 37,2 + 4,53 44,05 443 67,4 + 2,13 70 188200 100,35 - 0,68 119,8 LU0088087324 21/04/20 0,34 376.915.302 6,774 + 26,66 6,32 5,91
FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 35,8 + 27,4 33,7 2,93 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 65,4 + 91,43 59,4 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.631.325 97,94 + 3,73 95,14 X-FAB SILICON (XFAB) g A 7,01 7,35 + 5,15 + 49,39
BOLLORÉ (BOL) G A 4,08 4,118 + 0,93 + 21,76 FAURECIA (EO) LR A 44,84 45,43 + 1,2 + 8,4 OSE IMMUNO (OSE) g C 12,5 12,5 + 73,61 260929 7,35 + 3,38 8,16
1626204 4,17 + 3,83 4,288 1072158 45,99 + 6,12 50,7 41573 12,95 - 8,76 15,8 BE0974310428 130.781.669 6,95 +263,86 4,855
FR0000039299 02/09/20 0,02 2.946.208.874 4,08 + 64,06 3,33 0,49 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 44,54 + 66,41 37,69 FR0012127173 17.983.038 12,5 +276,51 7,2
BONDUELLE (BON) g B 21,8 21,4 - 2,51 + 2,88 FDJ (FDJ) G A 38,95 38,77 - 0,49 + 3,64 PHARMAGEST INT. (PHA) g A 96,7 95,3 - 1,45 - 14,45
18232 21,85 + 8,52 22,05 209864 39,19 + 3,69 40,51 9920 97,2 - 2,76 124,2 VALEURS ZONE INTERNATIONALE
FR0000063935 05/01/21 0,4 32.538.340 21,35 + 13,83 18,94 1,87 FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 38,77 + 70,79 35,2 1,16 FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 95,2 + 84,69 91 0,94
BUREAU VERITAS (BVI) LR A 24,13 24,27 + 0,33 + 11,53 FERMENTALG (FALG) g C 2,98 3,02 + 1,34 +108,85 PIERRE & VACANCES (VAC) g C 11,8 11,65 - 0,43 - 20,75 GENERAL ELECTRIC (GNE) 11,35 11,234 - 0,41 + 28,36 1,29
755544 24,41 + 8,4 24,48 103151 3,03 +1 4,845 10764 11,8 - 2,92 14,75 2132 11,42 + 6,56 12,2
FR0006174348 20/05/19 0,56 452.225.092 24,1 + 40,21 21,27 FR0011271600 28.353.199 2,955 +219,92 1,456 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.893.463 11,55 + 0,43 9,84 US3696041033 USD 05/03/21 0,01 8.784.651.293 11,234 + 54,55 8,478
BURELLE SA (BUR) A 900 904 + 0,44 + 13,57 FFP (FFP) g A 113,4 111,2 - 1,77 + 17,55 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 31,76 31,24 - 1,82 + 10,7 LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 50,52 50,34 - 0,36 + 12,74 4
80 904 - 3,83 964 13833 113,4 +17,92 113,4 109666 32,06 + 5,11 34,66 29790 50,86 + 9,82 50,86
FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 890 + 96,52 782 1,66 FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 111 + 95,43 88,8 1,93 FR0000124570 29/04/20 0,49 147.122.153 31,16 +143,78 27,44 1,57 CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 50,16 + 52,68 43,91
CARMILA (CARM) g C 12,98 12,9 - 1,07 + 9,51 FIGEAC AERO (FGA) g C 5,4 5,31 - 0,56 + 21,09 PLASTIVALOIRE (PVL) g C 8,15 8,08 - 0,49 + 10,23 SCHLUMBERGER (SLB) A 23,3 23,1 - 1,28 + 31,62 3,45
83984 13,28 + 2,87 14,62 5387 5,4 + 3,31 5,67 DIV 8 02/05/17 8342 8,15 - 2,18 8,87 22836 23,5 + 3,59 25,5
FR0010828137 03/07/20 1 142.357.425 12,86 - 0,46 10,24 FR0011665280 31.839.473 5,31 + 20,68 4,07 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 8,03 +121,07 6,6 AN8068571086 USD 16/02/21 0,13 1.385.122.304 23 + 83,33 17,6
CASINO (CO) G A 28,15 28,44 + 0,6 + 12,9 FIN. ODET (ODET) A 998 992 + 0,41 + 26,21 PROLOGUE (PROL) g C 0,407 0,407 + 0,49 + 16,95
258640 28,61 +7 29,9 160 1000 + 5,98 1015 54413 0,416 - 1,45 0,489
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 28,11 - 19 24,89 FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 990 + 85,07 774 0,1 FR0010380626 46.585.630 0,406 + 90,19 0,336
CATANA GROUP (CATG) g C 3,43 3,44 - 0,72 - 0,15 FNAC DARTY (FNAC) G A 52,3 52,35 - 0,66 QUADIENT (QDT) g B 20,82 20,5 - 2,2 + 30,32
37635 3,495 + 1,47 3,84 69360 53,1 + 4,18 58,6 229854 21,28 + 8,35 23,7
FR0010193052 30.514.178 3,405 + 78,61 2,945 FR0011476928 26.608.571 52,25 +121,26 43,64 FR0000120560 07/09/20 0,35 34.562.912 20,18 + 28,13 15,57 1,71
CGG (CGG) G B 1,055 1,026 - 2,1 + 26,6 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 62 62 - 4,02 RALLYE (RAL) A 7,34 7,28 - 0,27 + 25,95
7856576 1,065 + 5,87 1,315 375 62,8 - 2,52 68 59514 7,36 +4 7,56
FR0013181864 711.393.503 1,023 + 22,81 0,814 FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 62 - 7,46 60,6 FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 7,16 + 12,87 5,61
CHARGEURS (CRI) g C 22,95 23,1 + 0,87 + 31,25 GECINA (GFC) LR A 117,6 117,4 - 0,34 - 7,05 RAMSAY GDS (GDS) A 17,9 17,95
63347 23,45 + 3,13 24,5 131684 119,1 + 2,35 129,5 1374 17,95 + 1,99 18,3
FR0000130692 16/09/20 0,28 24.224.232 22,85 +150 17,22 1,21 FR0010040865 03/03/21 2,65 76.526.604 116,3 - 2,73 111,1 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 17,55 + 2,57 16,9
Les Echos Jeudi 1er avril 2021 FINANCE & MARCHES // 31

ACTIONS ACTIONS ACTIONS

EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES CHANGES COURS AU COMPTANT
VAR. VAR.
31-03-2021 COURS VEILLE ANNÉE
ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %
FR00133417812CRSI g C 4,98 5 4,94 4,97 - 0,2 10870 FR0000120669 ESSO g C 11,95 11,95 11,65 11,7 - 0,43 2650 FR0010298620MEMSCAP g C 1,675 1,695 1,65 1,65 - 1,49 10655 DOLLAR US 1,1742 0,20 -4,06
FR0014000T90 2MX ORGANIC B 9,99 10,05 9,9 9,986 - 0,04 2717 FR0000054678EURO RESSOURCES C 3,17 3,19 3,12 3,19 + 1,92 2640 FR0000077570 MICROPOLE g C 1,17 1,18 1,16 1,16 - 0,43 20264 LIVRE STERLING 0,8515 -0,18 -4,89
FR0000076887A.S.T. GROUPE g C 6,26 6,28 6,16 6,18 - 1,28 6777 FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 17,8 18,4 17,7 18 + 1,12 12039 FR0013482791NACON SAS B 7,31 7,35 7,2 7,31 + 0,83 28734 FRANC SUISSE 1,1061 0,18 2,26
COURONNE DANOISE 7,4379 0,01 -0,07
FR0013185857 ABEO g C 12,45 12,55 12,4 12,4 - 0,4 3706 FR0010490920EUROPACORP g C 0,795 0,811 0,795 0,809 + 1,25 14957 FR0013018041 NAVYA g B 2,71 2,78 2,69 2,7 + 0,37 538553
COURONNE NORV. 10,0196 -0,06 -4,36
FR0012616852ABIONYX PHARMA g B 1,058 1,058 1,002 1,026 - 1,35 244070 FR0000035784 EVERGREEN C 4,24 4,24 4,24 4,24 2340 FR0004050250NEURONES B 28,6 28,7 27,7 28,5 + 0,71 11063 KUNA CROATE 7,5747 0,08 0,31
FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,409 0,409 0,409 0,409 1488 FR0000038184F.I.P.P. C 0,206 0,208 0,204 0,208 2998 FR0000052680 OENEO g B 11,14 11,14 10,76 11,1 - 0,18 4955 COURONNE SUEDOISE 10,2378 -0,09 1,89
FR0000076655ACTIA GROUP g C 3,095 3,17 3,04 3,1 56521 FR0011271600 FERMENTALG g C 2,98 3,03 2,955 3,02 + 1,34 103151 FR0010428771OL GROUPE g C 2,37 2,38 2,35 2,35 + 0,43 15313 DOLLAR CANADIEN 1,4763 -0,25 -5,29
YEN JAPONAIS 129,8455 0,42 2,79
FR0000062978 ADL PARTNER g C 16,65 16,9 16,35 16,9 + 1,5 11509 FR0004076891FLO (GROUPE) g C 0,179 0,18 0,171 0,18 + 1,12 65551 FR0000075392 ORAPI g C 8,9 9,1 8,86 8,9 23459
DOLLAR AUSTRALIEN 1,5423 -0,01 -2,72
FR0012821890ADUX g C 2,05 2,05 1,99 2 - 2,44 19101 FR0011277391 FONC. PARIS NORD g C 0,033 0,034 0,033 0,033 + 1,54 88345 FR0010609206OREGE C 1,535 1,535 1,5 1,52 - 1,62 11206 ROUBLE RUSSE 88,7002 -0,28 -1,89
FR0013296746 ADVICENNE g C 12,2 12,4 12 12,1 - 0,82 18995 FR0013030152FRANCAISE ENERGIE g C 22,2 22,5 21,8 22,4 - 0,44 8605 FR0012127173 OSE IMMUNO g C 12,5 12,95 12,5 12,5 41573 ROUPIE INDIENNE 85,9136 -0,10 -3,72
FR0013421286ALPHA MOS C 3,76 3,9 3,46 3,88 + 2,65 14948 FR0000053035 GEA g C 98 107 98 105 + 7,14 479 FR0013318813PARAGON ID g C 23 24,2 23 24 + 4,35 453 DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,6805 0,13 -1,08
COURONNE TCHEQUE 26,1065 -0,19 -0,58
FR0000053837 ALTAMIR B 23,5 23,67 23,45 23,6 + 0,43 5021 FR0010501692GENERIX g B 7,88 7,9 7,82 7,82 - 0,76 3715 FR0004038263 PARROT B 6,2 6,36 6,2 6,28 + 3,63 15438
FORINT HONGROIS 362,14 -0,37 -0,16
FR0012789667AMPLITUDE g C 2,28 2,29 2,21 2,25 + 4,17 4748 FR0013399474 GENKYOTEX g C 2,8 2,84 2,8 2,8 - 0,36 699 FR0000038465PASSAT g C 7,9 8,1 7,9 8,1 + 0,62 2117 ZLOTY POLONAIS 4,6342 -0,48 1,65
FR0011992700 ATEME g B 15,38 15,44 15,2 15,3 + 0,92 22796 FR0011799907GENOMIC VISION g C 0,685 0,69 0,681 0,682 - 0,44 207965 FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 14,7 14,75 14,6 14,65 - 0,68 551 LEV BULGARE 1,9583 0,07 0,13
FR0000039232AUREA g C 6,26 6,26 6,22 6,24 - 0,32 1638 FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 116 116 114 114 - 1,72 458 FR0012432516POXEL g C 6,65 6,72 6,63 6,63 - 0,3 36249 DOLLAR HONG-KONG 9,1293 0,21 -3,79
FR0013183589 AURES TECHNO g C 24,1 24,6 24 24,2 - 1,63 1330 FR0004050300GROUPE OPEN g C 15 15,18 14,8 14,8 989 FR0004052561 PROACTIS C 0,145 0,145 0,142 0,142 + 0,71 1911 WON SUD COREEN 1323,7862 -0,35 -0,17
PESO MEXICAIN 24,0034 -0,45 -1,24
FR0013529815AVENIR TELECOM C 0,274 0,292 0,27 0,27 - 4,11 814122 FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE B 23,6 23,7 23,6 23,6 - 0,42 2636 FR0012613610PRODWAYS GROUP g C 2,92 2,94 2,86 2,86 - 1,04 15529
REAL 6,6455 -1,77 4,75
FR0013258399 BALYO g C 2,1 2,215 2,1 2,12 + 0,95 227722 FR0010214064GROUPE PIZZORNO C 22,2 22,2 22 22,2 + 0,91 891 FR0000060329 PSB INDUSTRIES g B 30 30 29,7 29,8 - 0,67 12888 DOLLAR SINGAPOUR 1,5784 -0,07 -2,42
FR0000035370BASTIDE CONF.MED. g C 48,6 49,4 48 48,95 + 1,35 7379 FR0004155000 GROUPE SFPI g C 1,685 1,7 1,67 1,695+ 0,59 48617 FR0013344173ROCHE BOBOIS SA B 22,4 23 22 22,5 + 0,9 2575 RAND SUD-AFRICAIN 17,3251 -0,81 -3,58
FR0011814938 BOOSTHEAT C 2,26 2,39 2,16 2,28 + 1,33 72297 FR0000066722GUILLEMOT g C 15,6 15,9 15 15,1 - 2,58 28361 FR0000054199 S.T. DUPONT C 0,084 0,086 0,084 0,086 - 0,7 12238 LIVRE TURQUE 9,697 -0,81 6,72
RENMIBI YUAN 7,6938 -0,09 -3,49
FR0000074254BOURSE DIRECT C 3,42 3,5 3,36 3,42 - 0,58 8352 FR0004159473 HEXAOM g B 42,9 43,8 42,4 43,8 + 1,39 3752 FR0000060071SAMSE B 166 174 166 174 + 5,46 776
RUPIAH 17053,0773 0,51 -0,81
FR0010151589 CAFOM C 10,4 10,4 10,2 10,4 1123 FR0000038531HF COMPANY C 6,42 6,48 6,34 6,48 + 1,25 4502 FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 51,3 52,5 51 51,1 - 0,97 2870 PESO PHILIPPIN 56,9946 -0,06 -2,83
FR0012969095CAPELLI g C 29,7 29,9 29,5 29,9 + 0,34 860 FR0012821916 HIPAY GROUP g C 12,85 13,05 12,75 13 9494 FR0011950682SERGEFERRARI GP g C 6,98 6,98 6,84 6,92 - 0,86 7125 RINGGIT MALAIS 4,8677 0,09 -1,45
FR0000064446 CATERING INTL SCESg B 11,9 12,4 11,85 12 + 4,8 23817 FR0000065278HOPSCOTCH GROUPE g C 7,76 8 7,76 8 + 3,09 9798 FR0000074122 SII g C 25,4 25,6 25,3 25,4 + 0,79 3004 BATH THALANDAIS 36,7074 0,09 0,18
FR0010193979CBO TERRITORIA C 3,82 3,82 3,75 3,81 + 0,26 35923 FR0000033243 IMMO. DASSAULT B 58,6 59,6 58,6 59,6 + 1,71 1423 FR0004016699SMTPC g B 18,3 18,4 17,65 17,65 - 3,55 4522
FR0000053506 CEGEDIM B 24,6 24,6 24 24 - 2,04 7398 FR0000071797INFOTEL g C 47,2 48 47 47,7 + 1,27 4849 FR0000038804 SOFIBUS PATRIMOINE B 313,71 313,71 313,71 313,71 858 TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES
FR0000054322CIBOX INTERACTIVE g C 0,214 0,219 0,21 0,216 + 2,86 661454 FR0013233012 INVENTIVA g B 11,9 12,36 11,88 12,26 + 3,2 109309 FR0000065864SOGECLAIR g C 20 20 19,65 19,65 - 0,25 1182 MARCHÉS MONÉTAIRES
31-03-2021 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN
FR0013426004 CLARANOVA g B 6,89 7,02 6,8 6,99 + 1,75 269302 FR0004026151ITESOFT g C 3,8 3,8 3,72 3,8 1508 FR00140006O9 SOLOCAL GROUP B 2,89 2,95 2,858 2,879+ 0,51 337011 ZONE EURO -0,43/-0,73 -0,40/-0,70 -0,34/-0,64 -0,37/-0,67 -0,37/-0,67
FR0000053399CNIM GROUP C 23,7 25 22,5 23,3 + 1,3 7342 FR0012872141 JACQUES BOGART g C 9,44 9,72 9,44 9,72 + 1,89 1999 FR0010526814SUPERSONICS g 1,485 1,49 1,485 1,49 + 0,34 16496
ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE
FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 22,93 23,28 22,88 22,88 - 0,22 4968 FR0000066607LACROIX GROUP g C 36,1 36,6 35,8 36,1 + 0,84 1381 FR0000033003 TOUAX g C 10 10 9,62 9,82 - 1,6 12816 31-03-2021 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR0010461053CRCAM LANGUED CCI C 62,51 64,5 62,51 64,5 + 3,2 464 FR0000032278 LATECOERE g C 1,892 1,898 1,87 1,87 - 1,16 25638 FR0000036816TOUR EIFFEL g B 29,7 29,9 29,5 29,5 - 0,67 1308 ALLEMAGNE 100,26 -0,71 -0,65 -0,52 -0,35
FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 22,505 22,9 22,5 22,9 + 1,78 4466 FR0006864484LAURENT-PERRIER B 78,2 79,4 77,8 79,4 + 1,54 461 FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 19,7 20,1 19,55 19,8 + 0,51 1847 PORTUGAL 0 0,15 0,31 0,41 0,59
FR0000045528CRCAM PARIS IDF B 79,8 79,9 79,8 79,9 + 0,13 692 FR0004156297 LINEDATA SERVICES g B 35 35 34,7 35 + 0,87 894 FR0000074197UNION TECH.INFOR. g C 0,6 0,6 0,585 0,59 9310 FRANCE 0,07 0,07 0,09 0,05 0,22
ESPAGNE -0,05 0,22 0,38 0,54 0,71
FR0007317813 CS GROUP g C 4,36 4,4 4,36 4,36 16475 FR0013233475LYSOGENE g C 2,88 2,88 2,77 2,79 39362 FR0000062465 VERNEUIL FIN. C 5,2 5,2 5,2 5,2 - 0,95 25495
ITALIE -0,02 0,30 -0,02 0,76 0,91
FR0013283108DELTA PLUS g B 75,8 77,4 75,4 77,4 + 1,84 3637 FR0000060196 M.R.M. C 0,88 0,88 0,87 0,87 - 1,14 1001 FR0004186856VETOQUINOL B 98,2 98,6 96,6 98,6 3719
FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,79 1,815 1,785 1,785 - 1,65 6680 FR0000051070MAUREL ET PROM g B 2,03 2,04 2 2,01 - 0,74 125918 FR0000050049 VIEL ET CIE C 5,9 5,96 5,9 5,9 3216
FR0000072373EGIDE g C 1,345 1,38 1,235 1,275 + 8,05 783700 FR0000060873 MBWS g C 1,354 1,37 1,31 1,366+ 3,49 30996 FR0004183960VOLUNTIS g C 4,8 4,8 4,44 4,485 - 6,56 66124 CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10
FR0012650166 ENGIE EPS g C 17,1 18,2 16,85 18,2 + 8,98 54659 FR0011742329MCPHY ENERGY g B 30,8 32,9 30,8 32,6 + 6,19 280942 FR0000062796 VRANKEN - POMMERY C 17,8 18 17,8 17,9 + 0,56 898 INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 140,6 0,50
FR0011191766EOS IMAGING g C 2,42 2,445 2,42 2,435 + 0,21 130764 FR0004065605 MEDINCELL B 11,65 11,75 11,45 11,7 + 1,3 19831 FR0004034072XILAM ANIMATION g C 48,2 48,2 47,3 47,45 - 1,56 894 INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 107,86 0,17

SICAV/FCP
VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER
CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION
DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET
CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**
MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE

Banque Cantonale
de Genève (France) SA
Mirabaud Asset Management Tél. 04 72 07 31 50
Tél. 058 200 60 01
www.mirabaud.com bcgef.fr/fonds
marketing@mirabaud-am.com
SYNCHRONY (LU)
A la recherche d’une LU2004923152 SWISS ALL CAPS (EUR) 124,9 30/03
LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 235,93 30/03 LU0705071701 RAM (L) SF L/S EUROPEAN EQ 137,68 30/03
gestion active de conviction ? LU1626130063 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF) 132,4 30/03
LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ 521,77 30/03 LU0375630729 RAM (L) SF US SUST EQ 377,34 30/03 LU1626130816 SILK ROAD ZONE STOCKS (USD) 113,75 30/03
LU0851564038 BALANCED (EUR) 134,35 30/03
Tous les details de nos LU0705072691 RAM (L) SF GB EQ SUST ALP 109,87 30/03 LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET 154,27 30/03
LU0851564384 DYNAMIC (EUR) 160,42 30/03
solutions d’investissements LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ 146,48 30/03 LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET 155,58 30/03 LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR) 103,53 30/03
à disposition ici www.mirabaud-am.com LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 191,46 30/03

@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.
Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-
geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

carnet
PORTRAIT ENTREPRISES BPCE en qualité de directrice l’ESCP Europe, est président
générale chargée des ressources d’Indivior France et vice-prési-
par Julie Le Bolzer GROUPE BPCE humaines, de la communica- dent de la région Europe Nord-
@JulieLeBolzer Béatrice Lafaurie tion interne du groupe et du Ouest du groupe. Il a notam-
Catherine Halberstadt secrétariat général de BPCE SA. ment officié dans la vente et le
sont nommées respectivement marketing chez Schering-

François Gay- directrice générale, chargée

des ressources humaines et
UNIGRAINS
Pascal Bridier
Plough France avant d’assumer
des fonctions de leadership chez

Bellile, de la bouteille directrice générale chargée

du pôle solutions et expertises
est nommé directeur
de participations.
Servier et AbbVie.

chez Coca-Cola financières. Béatrice Lafaurie

sera membre du comité Pascal Bridier, 53 ans, diplômé +
de direction générale. de l’Edhec, a notamment tra- Ils sont nés
E. Legouhy

vaillé au sein de Clinvest, de Cré-

Pour François Gay-Bellile, nouveau PDG de Coca-Cola Béatrice Lafaurie, 53 ans, diplô- dit Agricole CIB et de Natixis. En un 1er avril
European Partners France, le mois d’avril s’annonce plus mée de l’IEP de Paris, titulaire 2011, il avait intégré la Société
pétillant qu’à l’accoutumée. Désormais à la tête de cette d’un DESS de gestion des res- Générale pour y être directeur
filiale qui produit, commercialise et distribue les mar-
ques du groupe d’Atlanta dans l’Hexagone, le dirigeant
management (dont ceux d’Erin Meyer) aborde un autre
pan de l’activité du leader des sodas, celui d’embou-
sources humaines de Paris Dau-
phine-PSL, fut directrice des
fusions et acquisitions mid cap,
dédié aux secteurs des biens de
•informatique,
Jacob Appelbaum, chercheur
38 ans.
de 53 ans s’apprête à concrétiser plusieurs opérations
stratégiques. Avec le lancement, sur le territoire français,
teilleur, c’est-à-dire fabricant-distributeur. « Contraire-
ment aux idées reçues, les produits n’arrivent pas par con-
ressources humaines du Crédit
Foncier jusqu’en 2007. Elle a
consommation et de l’agroali-
mentaire.
•restaurateur,
Frédéric Bau, chocolatier,
56 ans.
de Topo Chico, son objectif est de ravir des parts de mar-
ché sur le segment, plein de peps, des « hard seltzers » ou
tainers mais sont fabriqués localement à 90 % », précise le
patron de la filiale française qui réalise 1,8 milliard
ensuite rejoint la SNCF où elle a
occupé les postes de directrice SPIE
•Financière
Vincent Bolloré, PDG de la
de l’Odet, actionnaire
boissons gazeuses alcoolisées. d’euros de chiffre d’affaires et emploie 2.500 collabora- du recrutement, directrice des Olivier Paulus-Lemoine de Bolloré SA, 69 ans.
Mais ce n’est pas tout. Il dit aussi vouloir accélérer vers
la neutralité carbone, souhaitée par la firme à l’horizon
teurs sur six sites, dont cinq usines.
Vantant la capacité d’un employeur – dont la marque
ressources humaines de région,
directrice des ressources
est promu directeur du
développement commercial
•deAlain Bravo, co-fondateur
SFR, 76 ans.
2040, et éminemment à propos, à l’heure où le géant est née en 1886 – à « s’adapter au changement », il entend humaines de la branche grande et de la stratégie de SPIE ICS. • Claude
Jimmy Cliff, chanteur, 73 ans.
américain vient d’être épinglé parmi les plus importants
pollueurs plastique. « Je suis un farouche partisan de l’éco-
impulser une transformation managériale « avec moins
de process et davantage de management par projet, notam-
vitesse et enfin directrice du
développ em ent res so u rces Olivier Paulus-Lemoine, 50 ans,
•physicien, Cohen-Tannoudji,
prix Nobel, 88 ans.
nomie circulaire : mon objectif est de tendre vers des bou-
teilles composées à 100 % de PET recyclé, comme en Nor-
ment pour répondre aux aspirations des nouvelles généra-
tions ». Lui-même a fait preuve d’adaptabilité. Adoles-
humaines du groupe. Depuis
2015, elle était directrice des res-
diplômé de l’Epita, a démarré sa
carrière au sein d’ESN. Entré
•médaillier
Alain Connes, mathématicien,
Fields, 74 ans.
vège et au Pays-Bas, où un système de collecte facilite la
démarche », explique-t-il. Autant de défis qui ne sont pas
cent, il se rêvait sportif professionnel. « Suivant
l’injonction de mes parents, j’ai d’abord passé mon bac et
sources humaines de SNCF
Mobilités. Elle est également
chez SPIE ICS comme ingénieur
technico-commercial en 2000, il
•rectrice
Cécile Duflot, ex-ministre, di-
générale d’Oxfam, 46 ans.
pour déplaire à ce sportif, « biberonné à l’esprit de compé-
tition ». « Le caractère tenace et combatif dont il faisait
bien m’en a pris car je n’avais pas le niveau pour passer bas-
ketteur pro », convient ce fils d’une mère au foyer et d’un
devenue directrice des ressour-
ces humaines de SNCF Voya-
a ensuite occupé des postes de
management commercial et de
•cardiologue,
Hasnat Khan, chirurgien
63 ans.
preuve quand il était jeune espoir de basket ne l’a pas
quitté », assure Richard Dacoury, basketteur multititré
directeur financier, qui s’oriente ensuite vers une licence
de mathématiques appliquées aux sciences sociales.
geurs, au sein du comité exécu-
tif, à sa création en 2020.
direction des opérations de SPIE
ICS dans le Sud-Ouest. Depuis
•92Milan
ans.
Kundera, écrivain,

rencontré, il y a trente-cinq ans, au centre de formation

du Limoges CSP.
Pour parfaire son anglais, il part vivre au Royaume-
Uni, y multiplie stages et petits boulots dans l’industrie, la Catherine Halberstadt, 62 ans,
2015, toujours chez SPIE ICS, il
était directeur des activités
•escrimeuse,
Charlotte Lembach,
33 ans.
Depuis, François Gay-Bellile a troqué le ballon contre
un club de golf et s’est rodé à « l’écosystème Coca-Cola ».
publicité et la restauration – il fut notamment barman
dans une chaîne tex-mex. Avant de reprendre ses études
diplômée d’école supérieure de
commerce, titulaire du diplôme
Grand-Atlantique. •ex-président
Gérard Mestrallet,
directeur général
« J’ai rejoint le groupe en 1996 pour travailler sur le marke- à NEOMA Reims, et de se lancer chez Pernod Ricard d’expertise comptable et d’une d’Engie, 72 ans.
ting sportif, ravi de conjuguer passion et business », précise
celui qui a opéré au siège d’Atlanta, mais aussi au Japon,
dans le cadre d’un volontariat international en entre-
prise outre-Rhin. Malgré sa carrière internationale, il
licence en droit, a également
étudié dans le cadre d’un MBA à
CERCLE •deAlain Mikli, créateur
lunettes, 66 ans.
en Chine et en Suisse. Des expériences dont cet insatiable
curieux conserve « des souvenirs extraordinaires ». De
concède « un travers très français » consistant à dire
« c’est pas mal » ou « peut mieux faire ». Un niveau d’exi-
l’université du Kansas. Dans le
groupe BPCE, elle fut directrice
CRIP
Bassel Amer
•directeur
Nonce Paolini, ex-président-
général de TF1, 72 ans.
retour en France en 2017, le père de trois garçons devient gence dont ses collaborateurs ne semblent pas lui tenir g é n é r a l e d e Na t i x i s Fa c t o r est élu président du Cercle • Logan Paul, youtubeur, 26 ans.
président de Coca-Cola France, entité chargée de la stra-
tégie, dont il diversifie le portefeuille dans les thés glacés,
rigueur. « Sa vision est claire, il prône la co-construction et
il est toujours à l’écoute », jauge Cécile Silvestre, senior
(devenu BPCE Factor) en 2008,
directrice générale de la Banque
de réflexion de l’industrie
pharmaceutique.
•général
Richard Teyssier, directeur
de Puma, 53 ans.
jus de fruit et autres boissons énergisantes. Trois ans plus manager des ventes de CCEP dans le sud de la France, Populaire du Massif Central en
tard, en prenant les rênes de Coca-Cola European Par-
tners France, cet avide lecteur d’ouvrages consacrés au
soulignant son « optimisme à toute épreuve qui rejaillit
sur les équipes ». n
2010. Six ans plus tard, elle a
intégré le directoire du groupe
Bassel Amer, 47 ans, docteur en
médecine, titulaire d’un MBA à , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr
32 // Jeudi 1er avril 2021Les Echos

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat et PSR 2021 : 448,8 milliards d’euros (prévisions PLF 2021) // PIB 2020 : 2.223 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2021 // SMIC horaire : 10,25 euros à partir du 01-01-2021
// Capitalisation boursière de Paris : 1.800,76 milliards d’euros (au 06-01-2021)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104,94 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 9 % au 3e trimestre 2020
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.674,4 milliards d’euros au 3e trimestre 2020

crible
La pyramide de Joe
Le service de la dette aux Etats-Unis reste la meilleure boussole de sa soutenabilité. La tournée ratée
Du haut de ce pont, Deliveroo n’a pas livré à la place
35.000 milliards de dollars de Londres le pilote espéré.
de dette vous contemplent ?
Il est trop tôt pour imaginer
quelles traces laisseront les
« Bidenomics ». Mais ce niveau de
35 trilliards que devrait atteindre
l’endettement fédéral en 2023,
selon les calculs d’UBS, continuera
de nourrir les interrogations
sur la soutenabilité des déficits
américains. Pour éclairer ce débat
sans fin, la banque suisse propose
de s’appuyer sur le poids
du service de la dette dans
la richesse nationale, attendu
à 3,4 % en 2023, loin du pic
historique de 4,7 % en 1991.
Il s’agit d’une meilleure boussole
que le ratio des emprunts
rapportés au PIB car corrélée au
taux d’intérêt nominal à dix ans. Si
ce dernier, actuellement autour de
1,7 %, approchait les 3,5 %, le débat
pourrait néanmoins se faire
plus pressant sur les marchés,
sans non plus constituer un point
absolu de bascule, estime UBS.

Mauvais génies
Le canular de Volkswagen
sur son changement de nom
est une magnifique occasion manquée. La livraison fut express comme promis, sauf que c’est un flop
et non un top que la Bourse de Londres a dû se mettre sous la dent.
Au pays de Kant et de Goethe, où saisir le « Zeitgeist » constituait une philo- La dégringolade de l’action Deliveroo lors de son premier jour
sophie, rater l’esprit du temps apparaît autant comme une faute de goût de cotation (–26 %) vaut donc à l’introduction en Bourse du champion
que d’en manquer tout court. Volkswagen a fait les deux d’un seul coup avec de la livraison de repas le surnom de « flopperoo », même si l’entreprise
un poisson d’avril raté sur le changement de nom de sa filiale américaine a fait rentrer 1 milliard de livres dans ses caisses et un demi-milliard
en « Voltswagen », qui se voulait une amorce du lancement de son nouveau dans celle de ses anciens actionnaires. La City aurait bien le droit
modèle électrique ID.4. Accroché avec trois jours d’avance sur les unes des de rire sous cape de voir la fine fleur des banques américaines chargées
télévisions et des médias, de CNBC à « Barron’s », il conduit son auteur, du placement (Goldman Sachs et JP Morgan, épaulés entre autres
cinq ans et demi après le « dieselgate », à publier de nouvelles plates excuses. par Bank of America et Citi) avoir raté leur soufflé du prix d’offre.
Le certificat de dépôt à Wall Street servant de courroie d’entraînement à Comme elle espérait faire désormais référence pour l’innovation
l’action VW à Francfort, le sujet est sérieux pour les autorités boursières. A et la croissance, la City devra néanmoins prendre cette tournée
une époque où les annonces officielles de Tesla passent par les tweets d’Elon pilote ratée très au sérieux. Car elle veut être aussi un port d’attache
Musk, les canulars par vrais-faux communiqués ont en outre un air de vieux pour la finance responsable. Or les grands investisseurs institutionnels
moteur à deux temps. Après la leçon « ruiner un concept par le mensonge », qui font sa force n’y voient pas de simples gadgets, vu la pression
VW écrit d’un trait deux chapitres des erreurs de management : « saper de leurs clients. Aberdeen Standard Life, Aviva, Legal & General
sa propre campagne promotionnelle sans l’aide de quiconque », et surtout Investment Management et M&G ont boudé l’opération, peut-être
« comment gâcher une bonne idée par une mauvaise ». Au lieu d’énoncer à cause du prix jugé élevé pour le secteur et certainement en raison
les voyelles et consonnes comme le Monsieur Jourdain des batteries, « Volts- des droits de vote privilégiés du fondateur, Will Shu, et du statut
wagen » aurait pu servir de nom de baptême à un modèle signant le renou- précaire des livreurs. Dans la Trinité de la gestion « ESG »,
veau de la marque outre-Atlantique. On ne doit pas rire à « Golfsburg »… le S n’a pas renoncé à se faire une place au soleil, entre le E et le G.

La Bourse de Paris cède du terrain

EN VUE

•credi
Le CAC 40 a marqué le pas mer-
après cinq séances consécuti-
ves de hausse. L’indice phare de
la Bourse de Paris a reculé de 0,34 %
à 6.067,23 points.
La prudence a dominé dans
l’attente des annonces d’Emmanuel
Macron sur de nouvelles mesures
de lutte contre l’épidémie. De l’autre
côté de l’Atlantique, les investis-
seurs attendaient la présentation
par Joe Biden de son ambitieux
plan d’investissement dans les
infrastructures.
Ailleurs en Europe, le DAX alle-
mand a terminé la séance quasi-
ment à l’équilibre, en baisse de
0,27 point seulement. Le FTSE lon-
Du côté des valeurs, les craintes
sur le front sanitaire ont notam-
ment pesé sur les valeurs automobi-
les, avec Stellantis (–0,15 %) et
Renault (–1,90 %) dans le rouge. Les
valeurs bancaires ont également
cédé du terrain, qu’il s’agisse de BNP
Paribas (–1,41 %), Société Générale
(–1,11 %) ou Crédit Agricole (–1,08 %).
Le fabricant de semi-conduc-
teurs STMicroelectronics a ter-
miné en tête de l’indice parisien,
avec un bond de 1,82 %.
Capgemini n’a pas enthou-
siasmé les investisseurs avec la
présentation de ses nouveaux
objectifs financiers à moyen terme
et a terminé la séance sur une
Jean-Michel Blanquer
L ’été dernier, le ministre de l’Edu-
cation confiait à « L’Express » son
amour pour Bernard Palissy.
Quel élève ne se souvient pas de cette
figure historique, inventeur d’un pro-
cédé de céramique, qui mit tout dans sa
passion, allant jusqu’à brûler tous ses
meubles, image indélébile qui fixa le
nom de Palissy dans toutes les mémoi-
res collégiennes des siècles qui suivi-
rent ? A l’heure où la contamination
menace les écoles, ce sont leurs vais-
seaux qu’en les fermant durablement,
le duo formé par Emmanuel Macron
et Jean-Michel Blanquer auraient
l’impression de brûler, tant leur fierté
unique au milieu du fiasco vaccinal est
d’avoir contre vents et marées réussi à
maintenir à flot le paquebot scolaire.
L’ex-patron de l’Essec demande plus de
« culture de l’évaluation » pour l’école.
Lui comme le chef de l’Etat savent que
leur politique scolaire durant la pan-
démie comptera pour beaucoup dans
celle que les électeurs feront de leur
mandat le moment venu. On peut en
effet leur en savoir gré tant le décrochage
scolaire est une calamité sociale, celle
d’où découlent presque tous les maux.
Le ministre de l’Education nationale le
martèle : « Maintenir les écoles ouvertes
est un objectif humain fondamental ».
Réduire le « distanciel » au minimum
reste son cap. Jean-Michel Blanquer a
bien fait de ne pas aller se confronter aux
prochaines régionales à la tenante du
titre Valérie Pécresse. D’autant que cel-
le-là, à la différence des « yaka » de la
Mairie de Paris et d’ailleurs, a émis une
des rares propositions concrètes que l’on
ait entendues de la part de l’opposition
en évoquant l’avancée des vacances sco-
laires. Elle pourra ainsi se targuer d’avoir
inspiré les dernières mesures prises par
Emmanuel Macron. C’est toujours ça.
( Lire nos informations
Pages 2-3

donien, lui, abandonnait 0,86 %. hausse de 0,07 %.