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Selon cette loi, on a G/Y = f (Y/N), avec dG/dY > 0 et G représente le montant des dépenses
publiques, Y le revenu national et N le nombre d’habitants ; ou encore, l’élasticité des
dépenses publiques par rapport au revenu national est supérieure à l’unité.
Wagner explique cette tendance par :
• amélioration du niveau de vie de la population (dépenses d’éducation, de santé),
• développement économique (dépenses de recherche, d’infrastructures, services
collectifs),
• bureaucratisation (coûts d’adaptation des normes à une société industrialisée plus
complexe, dépenses de fonctionnement).
B- Redéfinition de la fonction du budget
La nouvelle conception du principe d’équilibre des finances publiques vise à faire adapter le
budget à la situation économique de telle sorte à avoir un impact positif sur cette situation.
L’équilibre keynésien n’est pas un équilibre arithmétique entre les dépenses et les recettes
de l’Etat, mais une situation budgétaire qui permet d’atteindre un équilibre économique.
C’est une variable d’ajustement qui permet à l’Etat de corriger les effets du cycle
économique sur l’activité économique. Les recettes et les dépenses sont utilisées par les
gouvernants pour orienter l’activité du pays. Les préoccupations économiques l’emportent
sur les considérations budgétaires. L’exigence de l’équilibre des grandes variables de
l’économie (chômage, inflation, balance commerciale, …) l’emporte sur l’obligation de
respecter l’équilibre arithmétique entre les recettes et les dépenses budgétaires de l’Etat.
La nouvelle fonction du budget s’accompagne d’un changement de nature de ses
composantes. Dès lors, d’autres sources de financement que les prélèvements obligatoires
sont légitimes si elles permettent de favoriser l’activité économique. Parmi ces nouvelles
formes de recettes « légitimées » par les keynésiens, on retrouve celles qui étaient qualifiées
d’«extraordinaires» par les classiques du XIXème siècle, comme l’emprunt ou les
manipulations monétaires. Ces instruments de politique budgétaire étaient déjà utilisés en
pratique par les libéraux de façon marginale, mais ils sont théorisés par les modernes
comme des voies de recours ordinaires et légitimes pour atteindre l’équilibre économique..
Le recouvrement fiscal évolue, également. L’évaluation du rendement de l’impôt selon la
conjoncture économique précède la fixation du niveau des prélèvements obligatoires, de
manière à respecter l’équilibre économique et financier. Ce qui dicte les décisions fiscales, ce
n’est plus le souci d’équilibrer les recettes et les dépenses de l’Etat mais de parvenir à une
situation macroéconomique optimale.
Les dépenses budgétaires ne se limitent pas au financement des activités traditionnelles de
l’Etat libéral, mais elles visent à agir sur la vie économique et sociale, soit en atténuant les
fluctuations de l’activité économique, et/ou en assurant une redistribution des revenus et
des patrimoines entre les individus.
Il faut, donc, systématiquement recourir au déséquilibre budgétaire pour garantir l’équilibre
économique. Dans la vision keynésienne de l’équilibre, il faut doser les dépenses pour éviter
une récession, mais aussi pour éviter l’inflation. De même, il faut trouver le taux de pression
fiscale qui ne baisse pas la productivité, ajuster les emprunts selon les conditions de
l’économie.
Ensuite, l’équilibre économique des keynésiens s’inscrit dans une perspective pluriannuelle.
Les finances publiques ne peuvent s’envisager que dans le cadre d’un cycle économique. Par
conséquent, le principe d’équilibre économique dépasse le cadre temporel de l’année et
s’insère dans le cycle économique. Dès lors, les déséquilibres budgétaires temporaires sont
admis pour atteindre l’équilibre économique, à condition que les déficits et les excédents
s’annulent sur la durée d’un cycle économique.
Les gouvernements ont massivement eu recours au déficit budgétaire pour financer leurs
politiques économiques, mais n’ont que faiblement comblé les déficits. Les différentes
mesures budgétaires ne parviennent plus à cacher l’échec des théories keynésiennes et les
dérives d’une vision purement économique de l’équilibre des finances publiques. L’Etat
interventionniste keynésien devient alors rapidement un Etat qui accumule les déficits et les
emprunts. Lorsque cet Etat est confronté au ralentissement de l’activité économique à partir
des années 1970, l’endettement public se creuse à un rythme élevé.