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II- La nomenclature du budget et son exécution

A- Les principes budgétaires (déjà fait)


B- Le budget de l’Etat
Le budget de l’Etat est constitué de trois types de budget qui se distinguent par le mode de
fonctionnement et la nature des opérations exécutés. En effet, la loi de finance lorsqu’elle est
approuvée, les dépenses et les ressources accordées concernent le budget général, les Services
de l’Etat Gérés de Manière Autonome (SEGMA) et les Comptes Spéciaux du Trésor (CST).
Le budget général (cpte retraçant les dépenses et les recettes ne font l’objet d’une affectation
spéciale) se rapporte aux services centraux des ministères (départements ministériels ou
institution), y compris le Trésor public, la Bque centrale, la Caisse de dépôt et de gestion, la
cour des comptes et aux services extérieurs déconcentrés situés à l’échelon régional,
préfectoral, provincial et communal.
Les comptes spéciaux du Trésor contribuent à la mise en œuvre des orientations du
gouvernement relatives à la réalisation des programmes de développement économique et
social national et régional, la mise à niveau des infrastructures, la lutte contre la précarité et le
chômage et, l’intégration de toutes les composantes de la société au processus de
développement humain.
« SEGMA » (service de l’Etat gérés de manière autonome) sont des services non dotés de la
personnalité morale et dont certaines dépenses, non imputées sur les crédits du budget
général, sont couvertes par des ressources propres, ce sont des services dotés de budgets
autonomes. Cette catégorie de services concerne essentiellement certains services
administratifs qui relèvent selon leur objet d’un département ministériel particulier, comme
les cités universitaires, les centres hospitaliers, les centres de qualification professionnelle ou
les instituts de technologie ou aussi les CRI (centres régionaux d’investissement). Ils
constituent l’un des instruments privilégiés pour contribuer à la mise en oeuvre des
programmes de développement économique et social et des réformes sectorielles engagées
par le Gouvernement en particulier dans les domaines de la Formation, de la Santé, du
Transport et de la promotion de l’Investissement.
Les activités de préparation du budget : en général, les activités de préparation du budget
comprennent :
• les activités de cadrage macroéconomique et budgétaire ;
• la préparation de demandes budgétaires par les ministères sectoriels ;
• l’examen de ces demandes par le ministère des Finances, et quelquefois le ministère du Plan ;
• l’examen des orientations budgétaires par le Conseil des ministres ;
• la notification de plafonds de dépense par ministère, par le Premier ministre, ou par le ministre
des Finances ;
• la finalisation du budget après cette notification, et son adoption en Conseil des ministres ;
• la présentation du budget au Parlement.
Rapports et notes accompagnant le Projet de Loi de Finances :
• Note de présentation du projet de la Loi de Finances 2018
• Rapport économique et financier, (synthèse)
• Rapport sur les Etablissements et Entreprises Publics,(synthèse)
• Rapport sur les Services de l'Etat Gérés de Manière Autonome (SEGMA), (synthèse)
• Rapport sur les Comptes Spéciaux du Trésor, (synthèse)
• Rapport sur les dépenses fiscales
• Rapport sur la Dette Publique, (synthèse)
• Rapport sur le Budget axé sur les résultats tenant compte de l'aspect Genre, (synthèse)
• Rapport sur les Ressources Humaines, (synthèse)
• Rapport sur la Compensation, (synthèse)
• Note sur les dépenses relatives aux Charges Communes, (synthèse)
• Rapport sur le foncier public mobilisé pour l'investissement (synthèse)
• Note sur la répartition régionale de l'investissement (synthèse)
• Note d'Orientation du Chef du Gouvernement au sujet du Projet de Loi de Finances 2018
Les informations à inclure dans la documentation budgétaire :
C-La nomenclature budgétaire
La nomenclature des dépenses budgétaires utilisée dans la gestion budgétaire comprend
différents segments, ou classifications élémentaires, qui remplissent chacun des besoins
spécifiques pour l’analyse ou pour le contrôle.
Cette nomenclature des dépenses peut comprendre les classifications élémentaires suivantes :
• une classification administrative (par exemple, ministère, direction, service), qui sert à
la gestion courante et permet d’identifier les responsabilités dans la gestion budgétaire et
les services destinataires des crédits ;
• une classification par nature, en principe, économique (par exemple, dépenses de
personnel et consommation d’électricité), qui est utilisée pour les contrôles courants et
l’analyse économique du budget ;
• une classification par type de source de financement et de fonds (financement
intérieur, prêt-projet, don-projet, fonds spéciaux, etc.), qui sert à la gestion courante et à
l’analyse macroéconomique ;
• une classification sous forme de programme, qui sert à la formulation des politiques
budgétaires, au suivi de la performance et à la redevabilité ;
• toute autre classification jugée nécessaire pour l’analyse (par exemple, une classification
régionale).
Par exemple, les nomenclatures budgétaires traditionnelles comprennent souvent les niveaux
suivants :
• le titre, qui est le plus haut niveau de la classification par nature et correspond en principe à
de grande catégories économiques (dépenses de personnel, de transfert, d’investissement, etc.)
• la section, qui est le ministère ;
• le chapitre, qui est un croisement d’un groupe de services du ministère avec le titre (par
exemple, un chapitre peut être : « crédits de personnel de la direction des routes ») ;
• l’article et le paragraphe, qui détaillent la classification par nature ou, quelquefois, la
classification administrative.
Lorsqu’une approche orientée vers la performance est développée, la nomenclature budgétaire
comprend souvent une classification sous forme de programme.(Voir Annexe)
Les nouveautés introduites par la loi organique 130-13 touchent la nomenclature du budget et
le mode de son exécution. A cet effet, la programmation budgétaire devient triennale
actualisée annuellement afin d’accroître la visibilité des choix stratégiques et d'améliorer la
cohérence entre les stratégies sectorielles tout en préservant l'équilibre financier de l'Etat.
De même, cette restructuration autour de programmes consiste à présenter les dépenses du
budget de l’Etat en programmes subdivisés en régions et projets ou actions. Le programme est
défini comme étant un "ensemble cohérent de projets ou actions relevant d'un même
département ministériel ou d'une même institution et auquel sont associés des objectifs définis
en fonction des finalités d'intérêt général ainsi que des indicateurs chiffrés permettant de
mesurer les résultats escomptés"
Cette restructuration permet au Parlement d’apprécier la totalité des moyens déployés pour la
mise en oeuvre des politiques publiques. A cet effet, chaque département est amené à mettre
en place des programmes représentatifs de projets ou d’actions cohérents d’une politique
publique et à désigner un responsable de programme chargé de l’élaboration du programme
qui lui incombe, du suivi de sa mise en oeuvre, de la fixation des objectifs et des indicateurs
de performance correspondants ainsi que du suivi de la performance.
Cette démarche de performance, qui renforce la responsabilisation des gestionnaires, vise à
améliorer l’efficacité de la dépense publique en orientant la gestion publique, dans le cadre de
moyens prédéterminés, vers l’atteinte des résultats en termes:
• d’efficacité socio-économique: objectifs d’amélioration de la réalité économique, sociale,
environnementale, culturelle, sanitaire … dans laquelle vivent les citoyens ;
• d’efficience: objectifs d’optimisation des moyens employés, qui rapportent les produits
obtenus aux ressources consommées ;
• de qualité de service: objectifs d’amélioration de la qualité de service rendu à l’usager, de
l’aptitude du service à satisfaire son bénéficiaire, usager au sens strict ou large.
D- L’exécution du budget
Pour réaliser les opérations prévues dans la loi de finance, il faut des crédits. On définit un crédit
comme une somme inscrite au budget. Il permet à l’ordonnateur (ou sous-ordonnateur) de dépenser
jusqu’à concurrence de ce montant.
Lorsque les sous-ordonnateurs reçoivent les crédits nécessaires à la réalisation des opérations
programmées dans le plan d’action, ils procèdent aux opérations comptables suivantes:
• L’engagement, càd l’acte par lequel l’ordonnateur crée ou constate une obligation entraînant
une charge pour l’Etat. Exemple : la passation d’un marché avec une société est un
engagement de l’Etat vis-à-vis de la société.
• Liquidation c’est l’opération qui vérifie la réalité de la dette et arrête le montant de la
dépense. A titre d’exemple, on peut citer: la confrontation de la facture au bon de commande
• L’ordonnancement est l’acte administratif donnant l’ordre de payer de la dette de l’Etat. Il
s’exprime par l’établissement d’un bordereau d’émission, d’un mandat au profit du créancier.
• Le payement est l’acte par lequel l’Etat se libère de sa dette. Cette opération s’effectue par le
comptable (trésorier) et correspond au virement effectif du montant à son bénéficiaire (la
société).
On distingue les crédits de paiement et les crédits d’engagement. Les premiers constituent la limite
supérieure des dépenses pouvant être ordonnancées, mandatées ou payées pendant l’année pour la
couverture des engagements contractées dans le cadre des autorisations de programmes correspondant.
Autrement dit, il permet d’engager et de payer une dépense au cours de la même année budgétaire. Les
seconds sont ouverts uniquement au budget d’investissement et aux comptes spéciaux permettant
d’engager une dépense dont le règlement ne pourra intervenir qu’au cours d’un exercice ultérieur après
transformation de ces crédits en crédit de paiement.
Crédits délégués sont les crédits mis à la disposition des sous-ordonnateurs qui utilisent sous le
contrôle et la responsabilité des ordonnateurs (ministres) pour la réalisation des opérations prévues
dans la loi de finance. Les crédits reportés ce sont des crédits engagés l’année dernière et non
consommés.
Le budget de fonctionnement qui est destiné à faire face aux besoins courants d’une année budget, il
est composé uniquement de crédit de paiement. Alors que le budget d’investissement est destiné à
financer les grands projets prévus par le plan de développement, il est constitué de crédits de paiement
mais également de crédits d’engagement.
Schéma : Circuit simplifié de la dépense
CHAPITRE II Le cadre théorique des finances publiques

Les écoles de pensée classique, keynésienne et néoclassiques développent des approches


différentes sur le rôle que l’État doit jouer sur le marché et dans les activités économiques.
Cette divergence d’approche engendre des attitudes opposées au niveau de la gestion des
finances publiques.
I-L’équilibre comptable : une exigence de la pensée économique libérale du
19ème siècle
Le rôle de l’Etat libéral c’est avant tout d’assurer la sécurité des citoyens, de garantir les
droits fondamentaux et protéger les libertés individuelles (droit de propriété, liberté
d’expression, liberté de culte, liberté de réunion, …). Par conséquent, son intervention se
limite aux fonctions dites « régaliennes », c'est-à-dire aux missions traditionnelles de la
puissance publique (diplomatie, police, justice, armée). C’est une vision minimaliste de l’Etat
considéré comme un « Etat Gendarme ».Par conséquent, l’Etat n’intervient pas dans la vie
économique et laisse les agents individuels agir librement sur le marché autorégulateur.
C’est la théorie libérale du « laissez-faire » d’A. Smith. La dépense publique est vue comme
moins productive que la dépense privée et entraine une réduction de la liberté d’action des
personnes privées, donc elle doit être strictement limitée.
Cependant, dans des conditions circonscrites, l’Etat doit intervenir dans l’économie pour
fournir des biens et services que le marché est incapable de fournir de manière efficiente.
De même, les libéraux du XIXème siècle supposent la neutralité des finances publiques. Les
finances publiques sont détachées de l’économie. L’utilisation des finances publiques à des
fins économiques est donc inutile. Il faut respecter une équivalence comptable entre les
dépenses et les recettes.
A - Les défaillances « microéconomiques » du marché pour les libéraux
L’intervention publique est justifiée économiquement dans trois cas principaux de
défaillances du marché : le monopole naturel, la présence d’externalités et la fourniture des
biens collectifs. Pour remplir ces missions, il peut utiliser le budget à des fins économiques.
Dans le cas du monopole naturel, qui correspond à la situation où l’entreprise a des coûts
fixes très élevés et des coûts variables quasi-nuls(activités de réseau, …), l’intervention de
l’Etat se justifie. Dans ce cas, le coût marginal est décroissant, c'est-à-dire que le coût moyen
diminue lorsque l’entreprise augmente sa production (économies d’échelle). Il est donc plus
efficace économiquement de laisser à une entreprise le monopole de cette activité pour
assurer l’amortissement des coûts fixes avec une production importante. Or, pour éviter une
tarification trop élevée du monopole pouvant exclure une partie des usagers, l’Etat doit
réguler son activité. Il peut contrôler son comportement, fournir lui-même le service en
créant un monopole public ou pratiquer une tarification administrée en subventionnant
l’entreprise publique sur le budget de l’Etat.
Ensuite, la situation des externalités (non pris en compte par le marché) générées par
certaines activités marchandes, qui engendrent des effets négatifs, comme la pollution,
l’Etat doit taxer sa production. Selon A. Pigou, la taxation des usines polluantes est un moyen
d’« internaliser » les externalités négatives qu’elles produisent, de les obliger à prendre en
compte non pas seulement le coût privé de leurs activités mais aussi leur coût social (plus
élevé que le coût privé). Lorsque l’externalité est positive pour la société (éducation, santé),
l’Etat doit subventionner sa production.
Enfin, pour les biens « collectifs » définis comme des biens non-rivaux (sa consommation par
un individu ne réduit pas la quantité disponible pour les autres individus) et non-exclusifs
(accès libre à tous les individus sans payer), l’Etat doit se substituer au marché pour les
produire, car ils sont mal fournis par le marché. Aucune entreprise privée n’est incitée à
produire ce type de biens pourtant nécessaire à la collectivité (défense, transports collectifs)
L’Etat doit donc prendre en charge leur fourniture ou subventionner une entreprise privée
pour le produire. qui sont définis
B- La neutralité des finances publiques
Les libéraux du XIXème siècle admettent que la dépense publique n’a aucun effet sur la vie
économique et sociale et risque même de perturber l’équilibre économique résultant des
initiatives privées sur le marché. Le budget de l’Etat ne sert qu’à financer les dépenses de
fonctionnement, en aucun cas à agir sur l’économie ou à corriger les inégalités sociales. De
même, elles ne peuvent être influencées par l’économie, c’est à dire qu’elles sont insensibles
aux fluctuations de la vie économique. La conjoncture économique n’a aucun effet sur le
budget. Ainsi, il ne faut pas ajuster les dépenses et les recettes selon la conjoncture
économique.
Dans le système libéral, les finances publiques se réduisent aux finances de l’Etat et sont
utilisées uniquement pour le fonctionnement de la machine étatique au sens strict du terme.
(…) Au XIXème siècle, le poids de l’administration est largement plus faible qu’à l’époque
moderne. Le budget de l’Etat a un volume réduit puisqu’il ne représente que 10% de la
richesse nationale.
La règle classique de l’équilibre comptable proscrit (interdit) aussi bien le déficit que
l’excédent budgétaire. Les gouvernements doivent rechercher une égalité arithmétique, une
similitude comptable entre les recettes et les dépenses. Les dépenses égalisent les recettes.
Le déficit budgétaire est interdit par les financiers classiques. Les dépenses de l’Etat se
limitent au financement des services publics indispensables à la population. Les recettes ne
proviennent que de l’impôt, considéré par les libéraux comme le seul mode légitime de
couverture des dépenses publiques. Tout en considérant qu’ une fiscalité trop lourde n’est
plus acceptable.
Les libéraux acceptent pourtant une exception au principe d’équilibre comptable. Dans
certaines situations exceptionnelles, l’Etat peut recourir à l’emprunt. La doctrine libérale
accepte le recours à des recettes « extraordinaires » (emprunt, création monétaire) pour
financer des dépenses « extraordinaires ». Ces situations exceptionnelles sont souvent des
conflits militaires, fréquents au XIXème siècle ; ou le financement d’investissements
productifs bénéfiques pour les générations futures.
Bien que ce principe d’équilibre est vu comme une constante de la pensée « classique » des
finances publiques, mais, il est davantage un « idéal à atteindre » que comme une exigence
pratique. D’une part, aucune règle juridique ne contraint les gouvernements à respecter le
principe d’équilibre comptable. D’autre part, ils multiplient les manipulations budgétaires
pour masquer l’existence et l’ampleur des déséquilibres en pratique..
Ce principe va perdre en pratique sa crédibilité théorique, en conséquence une nouvelle
approche des finances publiques se développera.
II-Une nouvelle approche : le principe de l’équilibre économique et financier
Au XXème siècle, l’intervention économique et sociale par l’intermédiaire des finances
publiques prennent progressivement de la légitimité.
Une nouvelle conception de l’équilibre, sous l’influence du keynésianisme, se diffuse en
rupture avec la vision purement comptable des classiques. C’est l’équilibre économique et
financier.
A- justification du rôle économique de l’Etat
Cette rupture est d’abord liée aux évolutions historiques marquant le premier XXème siècle,
illustrés par deux événements: la Guerre Mondiale et la crise économique de 1929. Ces deux
événements vont contribuer à l’essor de nouvelles théories économiques en rupture avec le
système libéral.
Le marché est défaillant, ne permet pas d’atteindre un équilibre économique optimal. L’Etat
doit intervenir en utilisant l’instrument budgétaire. Cette rupture théorique va engendrer un
changement de paradigme traduit par la redéfinition du rôle de l’Etat et des finances
publiques.
Ainsi, l’Etat incarne un nouveau rôle en lui associant la fonction économique, qui est une
fonction de régulation des fluctuations économiques (sous-production ou surproduction). De
se fait, il ne doit pas limiter son intervention aux fonctions régaliennes. La politique
budgétaire est devenue un instrument de stabilisation des variations économiques.
Déjà, au XIXe siècle, l’économiste Adolf Wagner a avancé la théorie que plus une nation
s’enrichit, plus la demande de biens et de services publics augmente («loi de Wagner»).
Selon Wagner, le développement économique de l’Etat engendre une croissance naturelle des
dépenses publiques, plus rapide que la production nationale. Alors, la part des dépenses
publiques dans le PIB tend à s’accroître sur une longue durée. C’est la loi de Wagner, appelée
aussi « loi de croissance continue des dépenses » ou « loi d’extension croissante des besoins
financiers ».
Selon cette loi, on a G/Y = f (Y/N), avec dG/dY > 0 et G représente le montant des dépenses
publiques, Y le revenu national et N le nombre d’habitants ; ou encore, l’élasticité des
dépenses publiques par rapport au revenu national est supérieure à l’unité.
Wagner explique cette tendance par:
• amélioration du niveau de vie de la population (dépenses d’éducation, de santé),
• développement économique (dépenses de recherche, d’infrastructures, services
collectifs),
• bureaucratisation (coûts d’adaptation des normes à une société industrialisée plus
complexe, dépenses de fonctionnement).
A- justification du rôle économique de l’Etat
Cette rupture est d’abord liée aux évolutions historiques marquant le premier XXème siècle,
illustrés par deux événements : la Guerre Mondiale et la crise économique de 1929. Ces deux
événements vont contribuer à l’essor de nouvelles théories économiques en rupture avec le
système libéral.
Le marché est défaillant, ne permet pas d’atteindre un équilibre économique optimal. L’Etat
doit intervenir en utilisant l’instrument budgétaire. Cette rupture théorique va engendrer un
changement de paradigme traduit par la redéfinition du rôle de l’Etat et des finances
publiques.
Ainsi, l’Etat incarne un nouveau rôle en lui associant la fonction économique, qui est une
fonction de régulation des fluctuations économiques (sous-production ou surproduction). De
ce fait, il ne doit pas limiter son intervention aux fonctions régaliennes. La politique
budgétaire est devenue un instrument de stabilisation des variations économiques.
Déjà, au XIXe siècle, l’économiste Adolf Wagner a avancé la théorie que plus une nation
s’enrichit, plus la demande de biens et de services publics augmente («loi de Wagner»).
Selon Wagner, le développement économique de l’Etat engendre une croissance naturelle des
dépenses publiques, plus rapide que la production nationale. Alors, la part des dépenses
publiques dans le PIB tend à s’accroître sur une longue durée. C’est la loi de Wagner, appelée
aussi « loi de croissance continue des dépenses » ou « loi d’extension croissante des besoins
financiers ».

Selon cette loi, on a G/Y = f (Y/N), avec dG/dY > 0 et G représente le montant des dépenses
publiques, Y le revenu national et N le nombre d’habitants ; ou encore, l’élasticité des
dépenses publiques par rapport au revenu national est supérieure à l’unité.
Wagner explique cette tendance par :
• amélioration du niveau de vie de la population (dépenses d’éducation, de santé),
• développement économique (dépenses de recherche, d’infrastructures, services
collectifs),
• bureaucratisation (coûts d’adaptation des normes à une société industrialisée plus
complexe, dépenses de fonctionnement).
B- Redéfinition de la fonction du budget
La nouvelle conception du principe d’équilibre des finances publiques vise à faire adapter le
budget à la situation économique de telle sorte à avoir un impact positif sur cette situation.
L’équilibre keynésien n’est pas un équilibre arithmétique entre les dépenses et les recettes
de l’Etat, mais une situation budgétaire qui permet d’atteindre un équilibre économique.
C’est une variable d’ajustement qui permet à l’Etat de corriger les effets du cycle
économique sur l’activité économique. Les recettes et les dépenses sont utilisées par les
gouvernants pour orienter l’activité du pays. Les préoccupations économiques l’emportent
sur les considérations budgétaires. L’exigence de l’équilibre des grandes variables de
l’économie (chômage, inflation, balance commerciale, …) l’emporte sur l’obligation de
respecter l’équilibre arithmétique entre les recettes et les dépenses budgétaires de l’Etat.
La nouvelle fonction du budget s’accompagne d’un changement de nature de ses
composantes. Dès lors, d’autres sources de financement que les prélèvements obligatoires
sont légitimes si elles permettent de favoriser l’activité économique. Parmi ces nouvelles
formes de recettes « légitimées » par les keynésiens, on retrouve celles qui étaient qualifiées
d’«extraordinaires» par les classiques du XIXème siècle, comme l’emprunt ou les
manipulations monétaires. Ces instruments de politique budgétaire étaient déjà utilisés en
pratique par les libéraux de façon marginale, mais ils sont théorisés par les modernes
comme des voies de recours ordinaires et légitimes pour atteindre l’équilibre économique..
Le recouvrement fiscal évolue, également. L’évaluation du rendement de l’impôt selon la
conjoncture économique précède la fixation du niveau des prélèvements obligatoires, de
manière à respecter l’équilibre économique et financier. Ce qui dicte les décisions fiscales, ce
n’est plus le souci d’équilibrer les recettes et les dépenses de l’Etat mais de parvenir à une
situation macroéconomique optimale.
Les dépenses budgétaires ne se limitent pas au financement des activités traditionnelles de
l’Etat libéral, mais elles visent à agir sur la vie économique et sociale, soit en atténuant les
fluctuations de l’activité économique, et/ou en assurant une redistribution des revenus et
des patrimoines entre les individus.
Il faut, donc, systématiquement recourir au déséquilibre budgétaire pour garantir l’équilibre
économique. Dans la vision keynésienne de l’équilibre, il faut doser les dépenses pour éviter
une récession, mais aussi pour éviter l’inflation. De même, il faut trouver le taux de pression
fiscale qui ne baisse pas la productivité, ajuster les emprunts selon les conditions de
l’économie.
Ensuite, l’équilibre économique des keynésiens s’inscrit dans une perspective pluriannuelle.
Les finances publiques ne peuvent s’envisager que dans le cadre d’un cycle économique. Par
conséquent, le principe d’équilibre économique dépasse le cadre temporel de l’année et
s’insère dans le cycle économique. Dès lors, les déséquilibres budgétaires temporaires sont
admis pour atteindre l’équilibre économique, à condition que les déficits et les excédents
s’annulent sur la durée d’un cycle économique.
Les gouvernements ont massivement eu recours au déficit budgétaire pour financer leurs
politiques économiques, mais n’ont que faiblement comblé les déficits. Les différentes
mesures budgétaires ne parviennent plus à cacher l’échec des théories keynésiennes et les
dérives d’une vision purement économique de l’équilibre des finances publiques. L’Etat
interventionniste keynésien devient alors rapidement un Etat qui accumule les déficits et les
emprunts. Lorsque cet Etat est confronté au ralentissement de l’activité économique à partir
des années 1970, l’endettement public se creuse à un rythme élevé.

III- Le retour à la discipline budgétaire


Après les chocs pétroliers des années 1970, le ralentissement de l’activité économique
provoque une augmentation du chômage, tandis qu’au même moment l’inflation atteint des
niveaux élevés. C’est la situation de « stagflation1 », qui traduit la conjonction d’un fort taux
de chômage et d’un niveau d’inflation élevé. Dès lors, la doctrine keynésienne enregistre un
double échec, des déficits publics massifs, avec le déséquilibre de l’économie.
Confronté à ces critiques, l’approche keynésienne se voie abandonnée au profit d’un nouveau
paradigme des finances publiques. Ce paradigme se réclame du néolibéralisme dominant à
partir des années 1980. Dans ce contexte, une nouvelle approche de l’équilibre apparaît, c’est
une conception néolibérale de l’équilibre budgétaire. Cette conception, qui prône la discipline
budgétaire, défend une nouvelle approche du principe d’équilibre des finances publiques.
A- Les justifications économiques de la discipline budgétaire
Pour les néoclassiques, l’utilisation du budget comme instrument de politique économique est
inefficace. Ils défendent donc un retour des finances publiques dans leur domaine naturel,
hors de la vie économique car leur utilisation à des fins économiques est nocive.
Trois théories sont avancées par les néolibéraux pour démontrer les excès de
l’interventionnisme budgétaire keynésien : l’effet d’éviction, l’équivalence ricardienne et la
rigidité de l’offre.
a- L’effet d’éviction des politiques budgétaires
L’efficacité de la dépense budgétaire comme outil de relance économique est réduite par un
effet d’éviction. Cet effet d’éviction budgétaire a deux origines : une hausse des taux d’intérêt
(effet d’éviction interne) et l’augmentation des importations (effet d’éviction externe).
Même si l’augmentation de la dépense publique permet une augmentation de la demande,
cette augmentation est moins importante que prévue. Cependant, dans les deux cas, il génère
une contraction de la consommation des ménages et des entreprises pour les produits
nationaux.
Exemple: Lorsque le gouvernement engage des dépenses publiques sous forme d’achat ou
d’investissement cela engendre plusieurs effets.
a) « Effet multiplicateur » peut générer une variation de la demande globale supérieure à la
dépense engagée.
Pour le mettre en évidence, on va se situer dans un cadre simplifié d’une économie où la
production Y suit la demande globale Z. Elle est composée de deux éléments, la
consommation C et l’investissement I, soit Z = C+I . Puisque par hypothèse Y = Z, on a en
conséquence Y = C+I et en terme de variation : dY= dC+ dI ; les prix étant supposés fixes

Définition : Le multiplicateur d’investissement (k) est le rapport de l’accroissement du niveau


de production ou de revenu ( dY) à l’accroissement initial de l’investissement (dI) ; k=dY/dI
1 Le phénomène de « stagflation » contredit les analyses théoriques de la courbe de Phillips, influencées par le
modèle keynésien, qui posait une relation inverse entre le taux de chômage et le niveau d’inflation
4
Or, dI= dY-dC ; d’où k= dY/(dY-dC), si on divise par Y , k= 1/(1-dC/dY) ; et comme dC/dY=
a, pmc 0<a<1 ; k=1/(1-a)
Puisque l’épargne est la part du revenu qui n’est pas consommée, soit S = Y – C, on a
également : dS= dY - dC soit : dS/dY= dY/dY - dC/dY ; dS/dY= 1-a
La propension marginale à épargner, notée s =dS/dY, s=1-a , la nouvelle expression du
multiplicateur k, k=1/s avec s = dS/dY. Comme 0 < s < 1, on a, k > 1 d’où la dénomination
de multiplicateur.

a=1/2 s=1/2 k=2

a=4/5 s=1/5 k=5

a=9/10 s=1/10 k=10

Un investissement supplémentaire de 1 million de dirhams engendre donc un supplément de


production et d’activité de k millions de dirhams (dy=kdI ).
b) « Effet d’éviction » peut générer une variation de la demande globale inférieure à la
dépense engagée.
La commande du gouvernement ↑ les revenus des agents économiques grâce au
multiplicateur. Les ménages vont ↑ leur consommation et par conséquent, ils veulent détenir
davantage d’argent liquide. Sur le marché de l’argent, on observe un déplacement parallèle
(vers la droite) de la demande de monnaie. Or, comme l’offre de monnaie est inchangée, il
faut que le taux d’intérêt ↑ afin de restaurer l’équilibre entre l’offre et la demande de monnaie.
Cette hausse du taux d’intérêt réduit la demande globale de biens et de services car le coût
d’un emprunt ↑ pour les ménages et les entreprises (investissements↓).
Les dépenses d’investissement sont en quelque sorte évincées. Cela provoque un déplacement
de la demande globale vers la gauche (de AD1 à AD3), ce qui compense partiellement
l’impact positif de l’accroissement des dépenses publiques sur la production.
Ensuite, dans une économie ouverte, les ménages et les entreprises peuvent utiliser leur
supplément de revenu pour consommer des produits importés fabriqués à l’étranger. Une
5
partie des bénéfices de la relance budgétaire ne revient donc pas à l’économie nationale.
C’est l’effet d’éviction externe.

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