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2007/2 n° 35 | pages 6 à 7
ISSN 1286-5559
ISBN 9782749207339
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INTRODUCTION
Jean-Yves Le Fourn
Ginette Francequin
L’enfant et l’animal
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L’enfant et l’animal
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LES ANIMAUX DANS LES PHOBIES D'ENFANT
Annie Birraux
2007/2 n° 35 | pages 8 à 14
ISSN 1286-5559
ISBN 9782749207339
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Annie Birraux est psychiatre, Toutes les cultures et toutes les civilisations ont eu
affaire avec la peur. Sans elle « l’homme n’aurait pas sur-
psychanalyste, professeur vécu » (Delumeau, 1978). C’est la peur qui a présidé aux
grands travaux de domestication de la nature ; c’est grâce
honoraire des Universités à elle que nous nous sommes protégés contre ses agres-
(Paris VII). sions et ses colères. La peur est peut-être l’émotion la
plus ordinaire de l’homme, la « passion », selon
Descartes, la plus « vulgaire », la plus triviale ; c’est
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peur » (Laplanche, 1980), c’est grâce au mécanisme psychique « Hans fait même un rêve
de la projection que l’enfant se débarrassera de ses « mauvaise- d’angoisse dont le contenu
tés internes ». Ceci a été très tôt repéré par Freud dans la phobie est le suivant : il perd sa
du petit Hans (Freud, 1909) et a contribué à la modélisation de la mère, ce qui fait qu’il ne
psychodynamique des phobies infantiles. peut plus faire câlin avec
elle. La tendresse de Hans
Mais pourquoi le persécuteur phobique de la petite enfance pour sa mère s’accroît
est-il souvent un animal ? immensément. »
« Hans ne peut dire de quoi
DE LA PHOBIE DU PETIT HANS il a peur mais il trahit, par
des paroles à son père, le
Hans a 3 ans quand, au moment de la naissance d’une petite
motif qu’il a d’être malade
sœur, il manifeste la peur de voir tomber les chevaux sur la rampe et le bénéfice de sa maladie.
de chargement de la gare de marchandises de Vienne. Cette inquié- Il veut rester près de sa
tude se complique de tentatives d’évitement des promenades qui mère, il veut faire câlin avec
pourraient l’amener dans ce secteur et d’une restriction de ses jeux elle ; le souvenir d’avoir été
dans le périmètre domestique. Il exprime fréquemment l’idée que séparé d’elle quand est
le cheval pourrait tomber ou qu’il aurait envie de faire tomber le arrivé l’autre enfant peut,
cheval. Dans le même temps, Hans déprime un peu. ainsi que pense le père,
contribuer à créer cette
La phobie succèdera à une crise d’angoisse morbide,
nostalgie. »
« angoisse et pas encore peur », qui le saisit peu de temps après, S. Freud, Cinq psychanalyses.
dans la rue. Chez cet enfant, au début, il n’y a ni phobie de la rue,
ni de la promenade, ni même des chevaux, mais un état d’an-
goisse diffuse auquel mettra fin l’apparition de la phobie. De
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DÉPLACEMENTS ŒDIPIENS
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BIBLIOGRAPHIE
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L'ENFANT ET LES ANIMAUX FAMILIERS
Un exemple de rencontre et de partage des compétences spécifiques et individuelles
Hubert Montagner
2007/2 n° 35 | pages 15 à 34
ISSN 1286-5559
ISBN 9782749207339
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Les rôles et fonctions des animaux familiers dans la vie Hubert Montagner est docteur
émotionnelle, affective, relationnelle, sociale et intellec-
tuelle des humains sont particulièrement clairs dès lors que ès sciences, professeur
l’on considère leurs interactions avec l’enfant. En effet, si
des universités et directeur
on examine celles-ci à la lumière des recherches expéri-
mentales, des études longitudinales et des « observations de recherche à l’ INSERM .
cliniques », elles apportent un éclairage incomparable sur
les mécanismes et processus qui façonnent le développe-
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Les chiens
Très attentifs à ce que fait et dit leur maître, en quête perma-
nente d’interactions affiliatives (voir plus loin), les chiens se mon-
trent capables de décoder un large éventail des comportements de
ce maître, de ses odeurs (Millot et coll., 1988, 1989 ; Filiatre et
coll., 1986, 1988 ; Montagner, 2002b), de ses vocalisations et ono-
matopées, et aussi de ses productions langagières. Ils peuvent ajus-
ter leurs réponses à ses attentes, ses intentions et ses projets, tout
en lui donnant l’impression (ou en renforçant sa certitude) qu’ils
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Les chats
Les chats ont, eux aussi, un éventail de comportements qui don-
nent à leur maître l’impression ou la certitude qu’ils partagent ses
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Les chevaux
Les chevaux sont également des partenaires auxquels les
humains attribuent la capacité de partager leurs émotions et leurs
affects. En outre, hors conditionnement, dressage ou autre forme
d’instrumentalisation, ils ont la capacité de s’ajuster en perma-
nence, et au « quart de tour », aux contacts manuels, pressions des
jambes, vocalisations, onomatopées et paroles de leur(s) cava-
lier(s) (voir plus loin). Ainsi se trouve généré, au cours du che-
vauchement, une sorte de « dialogue tonico-postural » (Wallon,
1959), c’est-à-dire d’accordage tonique, postural, émotionnel,
affectif et rythmique entre le cheval et le cavalier. Ceci, à partir
des informations qu’ils recueillent mutuellement sur leurs ajuste-
ments corporels grâce à leurs récepteurs somesthésiques (organes
tactiles, de pression et de sensibilité thermique de la peau), leurs
propriocepteurs (organes intramusculaires, intra-articulaires et
intratendineux sensibles à l’étirement des muscles, articulations
ou tendons) et leurs récepteurs vestibulaires (organes de l’équi-
libre situés dans l’oreille interne). Cavalier et cheval paraissent
alors « faire corps » et adhérer l’un à l’autre.
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Les dauphins
Même si cela peut paraître mythique, le dauphin nourrit, chez
les humains, l’idée ou la certitude qu’il comprend leurs signaux
et leurs attentes, qu’il établit des relations entre, d’une part, des
situations ou contextes bien définis et, d’autre part, les émissions
sonores ou ultrasonores de ses congénères, mais aussi celles que
produisent les personnes, puisqu’il s’organise en fonction de ce
qu’il décode. En outre, son apparence « rigolarde » et amicale,
son comportement dépourvu d’agressivité, sa sensibilité à la dou-
leur et au plaisir, et sa capacité réelle ou supposée d’accompa-
gnement, de « pilotage » et d’assistance des humains en difficulté
dans le milieu aquatique conduisent la plupart des personnes à
penser que cet animal a pour eux un véritable attachement et une
véritable amitié, voire de l’amour. Enfin, le répertoire de signaux
et de « phrases » acoustiques de certaines espèces de dauphins est
tellement diversifié, sophistiqué et approprié aux contextes et
situations qu’on leur prête souvent un langage comparable à celui
de l’homme.
Les perroquets
1. Les relations avec les
singes ne seront pas abor- Les perroquets peuvent être admis comme partenaires fami-
liers et familiaux quand ils sont capables de reproduire les bruits
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L’élan à l’interaction
On rassemble, sous ce terme, les manifestations de l’enfant
qui entraînent une réduction de la distance interpersonnelle avec
le partenaire, en particulier la mère, une proximité corporelle et
des contacts apaisés et apaisants (Montagner, 1993-2006).
L’animal familier a aussi des élans à l’interaction marqués, fré-
quents et durables qui stimulent et réactivent ceux des enfants.
Les chiens sont, à tout moment, à l’écoute des humains familiers,
réceptifs à leurs manifestations, prêts à mobiliser leurs élans à
l’interaction et disponibles pour les interactions proximales. Ils
déploient en permanence des comportements qui les rapprochent
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CONCLUSION
Les animaux familiers jouent un rôle non négligeable, parfois
essentiel, dans le déverrouillage du monde intérieur de l’enfant,
et ainsi dans la levée de ses blocages ou inhibitions. En inter-
action avec un partenaire animal qui ne juge pas, ne trahit pas et
ne renvoie pas aux difficultés personnelles ou familiales, et qui
déploie un registre de comportements interprétés comme des
signes d’adhésion, les enfants peuvent exprimer ce qu’ils ressen-
tent, perçoivent et pensent. Toutes proportions gardées, et évi-
demment sans confusion, l’animal familier remplit alors un rôle
qui s’apparente à celui d’un psychanalyste, sauf qu’il donne l’im-
pression ou la certitude de prendre délibérément parti pour les
êtres dont il partage au quotidien les activités. Par son attitude
d’écoute apparente, l’animal familier a le pouvoir d’apaiser et de
rassurer l’enfant qui lui parle et le regarde, de lui donner ou
redonner confiance, et de lui permettre de dépasser ou relativiser
ses peurs.
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La présence des animaux Les relations avec les animaux familiers permettent à l’enfant
familiers de libérer sans retenue toute la gamme de ses émotions (joie,
peut atténuer les peur, colère, tristesse, surprise, dégoût) et de ses autres états
souffrances et les peurs affectifs (amitié, jalousie…) Parallèlement, elles structurent les
Chez les enfants qui capacités de base (ou compétences-socles) de l’enfant qui sous-
relèvent de la psychiatrie tendent son développement, et jouent un rôle essentiel dans le
et les polyhandicapés, renforcement de son attachement initial, l’établissement de nou-
l’établissement d’une
veaux attachements, la régulation de ses comportements et de ses
relation avec un animal
conduites sociales, et ses processus de socialisation.
familier s’accompagne d’une
atténuation ou d’une non- Le contact avec des animaux familiers exerce également une
manifestation des signes fonction primordiale dans la structuration des processus cognitifs
habituels d’insécurité de l’enfant et dans le développement de ses ressources intellec-
affective. Parallèlement, tuelles. Lorsqu’ils sont des partenaires, les comportements des
on voit se développer des animaux familiers stimulent en effet le fonctionnement cérébral
signes de sécurité affective,
de l’enfant (traitement des informations du monde extérieur, rai-
c’est-à-dire l’orientation
sonnements structurés et organisation de la pensée). La curiosité,
du regard et du corps en
direction du partenaire
l’observation soutenue et sélective, la concentration intellectuelle
animal, l’acceptation et et l’imagination activent les processus déductifs et inductifs dans
l’initiation d’interactions une pensée en mouvement. En toute sécurité affective, les ani-
proximales et de contacts maux familiers donnent ainsi à l’enfant des clés essentielles du
corporels, le sourire et savoir et de la connaissance. Ils lui apprennent à apprendre.
les autres comportements
L’analyse comportementale des relations entre les enfants et leur
affiliatifs. Il faut donc
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PENSER LE DAUPHIN ET SON MONDE
Entre croyances anthropocentriques et démarche scientifique
Fabienne Delfour
2007/2 n° 35 | pages 35 à 45
ISSN 1286-5559
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L’homme utilise les dauphins, sauvages et captifs, Fabienne Delfour est docteur
pour se soigner ou pour se procurer un mieux-être au
cours de séances de delphinothérapie, de programmes de ès éthologie cognitive, spécialisée
développement personnel ou de sessions récréatives inter-
en cétologie. Elle dirige une
actives. Dans notre culture occidentale, certaines
croyances, empreintes de romantisme ou de mysticisme, formation appliquée à l’éthologie
désignent cet animal comme un messager, un télépathe ou
un guide spirituel. Elles lui attribuent des qualités posi- et poursuit des recherches dans
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Les dauphins sont des La littérature scientifique est riche de travaux examinant les
mammifères marins, capacités cognitives des dauphins. Il a ainsi été démontré que ces
placentaires, qui cétacés maîtrisent l’imitation vocale et motrice, la compréhen-
appartiennent à l’ordre des
sion référentielle (pointage et regard), les processus conceptuels,
cétacés et descendent de
mammifères terrestres, il y a
la représentation mentale, l’apprentissage par observation et la
environ 55 millions multimodalité sensorielle (apprentissage de tâches complexes
d’années. En conséquence, sollicitant plusieurs canaux sensoriels). Ils possèdent des capaci-
ces animaux homéothermes tés sémantiques étendues et les prérequis nécessaires à la
possèdent deux poumons et construction d’une conscience de soi (Delfour et Marten, 2001 ;
respirent grâce à un évent Delfour et Carlier, 2004). En référence à leurs aptitudes cogni-
situé au sommet de leur tives, ils sont souvent comparés à certains primates non-humains
crâne. Au terme d’une comme les grands singes.
gestation d’environ 12 mois,
les femelles allaitent leur Tout ceci aide à entrevoir le monde du dauphin et à mieux
progéniture. Les dauphins comprendre les manipulations cognitives que cet animal est en
se nourrissent de poissons, mesure de réaliser sur les informations sensori-motrices qu’il col-
de mollusques et de lecte dans son environnement. Il s’agit de son monde, subjectif et
crustacés. Ils sont grégaires
construit, encore nommé Umwelt par le biologiste et philosophe
et vivent en groupe
organisé et hiérarchisé.
allemand Jakob von Uexküll (1864-1944). En prenant connais-
Ces animaux possèdent un sance de son environnement au travers de ses expériences corpo-
corps fuselé et une relles, le dauphin construit un monde qui lui est propre.
musculature puissante : leur
nageoire caudale leur sert LA DELPHINOTHÉRAPIE
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fère, sont peu étudiés. Des pistes de réflexion peuvent être trou-
vées dans un article récent de Véronique Servais où elle amorce
une objectivation des éléments de communication mis en jeu lors
de la rencontre avec cet animal (Servais, 2005). La construction
de l’esprit du dauphin est empreinte d’une dimension culturelle,
d’une vision anthropocentrique et d’une interprétation émotion-
nelle et spirituelle de perceptions et d’évènements survenant lors
de la rencontre. Elle conduit, dans bien des cas, à une humanisa-
tion ou à une divinisation de l’animal. Ce processus est issu d’un
mélange de faits réels, de croyances et de spiritualité tel que « le
dauphin soigne avec son sonar » ou « le dauphin est capable de
nous sauver. » S’il est vrai que cet animal possède un sonar, cela
ne signifie pas que l’émission de ses ultrasons soigne l’homme.
De même, le fait qu’il soit empathique ne veut pas dire qu’il va
sauver une personne en détresse. J’ai vu des personnes souffrir de
crampes (criant, pleurant et paniquant – ce n’est pas très rassurant
de se retrouver seul, loin de la plage, tétanisé par une douleur
aiguë) alors qu’elles essayaient de suivre un groupe de dauphins
progressant à vive allure, mais je n’ai jamais assisté à leur sauve-
tage par un dauphin. Comme j’ai vu des dauphins disparaître à
l’arrivée d’un requin-tigre, abandonnant sur place des nageurs
incrédules et apeurés ou encore des nageurs suivant des dauphins,
qui eux-mêmes étaient suivis par un requin.
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BIBLIOGRAPHIE
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SERVAIS, V.1999. « Enquête sur le “pouvoir thérapeutique” des dauphins. Ethnographie
d’une recherche », Gradhiva, 25, 93-105.
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RÉSUMÉ
Mots-clés :
Le dauphin fascine. Son « sourire » et sa « liberté » attirent et intriguent.
Dauphin,
Selon certaines croyances humaines issues de notre culture occidentale,
delphinothérapie,
cet animal merveilleux est un messager, un télépathe ou un guide spiri-
croyances, approche
tuel, révélant à un petit nombre d’élus les clés d’un mieux-être pour l’es-
cognitive située.
pèce humaine. Depuis déjà une vingtaine d’années, il est aussi médiateur
dans des thérapies traitant des enfants souffrant de handicaps moteurs ou
psychologiques et dans des programmes de développement personnel
destinés à des adultes malmenés par le stress de la vie. Le monde sensori-
moteur et cognitif du dauphin, les fondements de ces croyances et les
arguments (pseudo) scientifiques justifiant le pouvoir du dauphin, mais
aussi les conséquences de certains comportements humains sur la survie
de l’animal sauvage, méritent d’être examinés attentivement.
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LA RELATION HOMME-ANIMAL
La relation à l'animal peut-elle devenir significative, donc thérapeutique, dans le
traitement des maladies psychiques ?
Véronique Servais
2007/2 n° 35 | pages 46 à 57
ISSN 1286-5559
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Véronique Servais est maître Dans bien des endroits du monde, la distinction entre
les humains et les animaux n’est pas conçue de la même
de conférences en théories de la manière que chez nous. En Amérique du Sud par
exemple, il est commun de doter certaines espèces ani-
communication à l’université
males de propriétés sociales ou mentales que nous réser-
de Liège (Belgique) et étudie vons à l’espèce humaine. Là-bas, se demander si la
relation à l’animal « peut être » significative apparaîtrait
les systèmes de communication tout à fait incongru : les animaux sont des partenaires
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La relation homme-animal
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Le contact
L’un des éléments de cette communication multicanale est le
toucher. Dans les cliniques vétérinaires, le psychiatre Aaron
Katcher a observé une forme de toucher particulière, un jeu dis-
trait de la main (idle play) dans la fourrure de l’animal qui
consiste à gratter, chatouiller, jouer dans les poils. Demaret l’a
rapproché du grooming (épouillage ou toilettage social) des pri-
mates à fourrure, conduite instinctive réciproque qui a notam-
ment pour fonction de créer des liens et d’apaiser les tensions
dans un groupe de singes. Quand un animal en épouille un autre
(à la recherche de parasites), il se détend, tout comme son parte-
naire. S’il doit par exemple accéder à des zones cachées, le groo-
meur soulève les membres du groomé sans entraîner aucune
résistance de sa part. Quand les conflits sont fréquents dans un
groupe de primates, notamment en cas de changements dans la
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La relation homme-animal
Le regard
Le regard joue un rôle très considérable dans la régulation de
l’interaction sociale. C’est un régulateur des tours de parole, mais
c’est aussi le signal le plus puissant de tout notre répertoire de
communication non verbale. Si un regard à lui seul peut déclen-
cher une bagarre dans un bar, c’est aussi un des signaux les plus
importants de la cour amoureuse. Le regard mutuel mais aussi le
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La relation homme-animal
Le lien, l’attachement
Nous avons parlé jusqu’à présent d’interaction, de regard, de
contact, d’émotion et de communication. Il nous faut revenir à la
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La relation homme-animal
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La relation homme-animal
BIBLIOGRAPHIE
BECK, A.M. ; KATCHER, A.H. 1984. « A new look at pet-facilitated therapy », J. Am. Vet.
Med. Ass., 184, p. 414-421.
BEKOFF, A. 2007. The emotional life of animals, Novato (Cal.), New World Library.
55
00 Enf&Psy n°35 30/05/07 11:16 Page 56
Mots-clés : RÉSUMÉ
Animal, langage, Nous sommes des êtres de relation et de communication. S’il ne peut
communication, lien, s’inscrire dans des relations sociales significatives, l’enfant souffre de
attachement, graves troubles du développement. Chez l’homme, la communication est
effet thérapeutique. d’abord multicanal et permanente, et le langage ne vient s’y insérer que
secondairement. C’est pourquoi, bien qu’il ne soit pas un être de langage,
l’animal a sa place dans une relation avec l’homme. Les interactions
homme-animal se font d’abord par le toucher et le regard, ce qui place
très vite la relation dans le registre de l’intime. La présence d’un animal
peut aussi faciliter la communication sociale. Mais, pour l’auteur, les
modalités particulières de la communication homme-animal, et notam-
ment le fait qu’elle est non verbale et relationnelle, vont donner à la rela-
tion homme-animal un potentiel thérapeutique qui peut être développé et
utilisé, selon les besoins des patients et la sensibilité des thérapeutes, à
plusieurs niveaux.
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La relation homme-animal
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LA PLACE DE L'ANIMAL DANS LA PSYCHOTHÉRAPIE DE L'ENFANT
Karin Tassin
2007/2 n° 35 | pages 58 à 68
ISSN 1286-5559
ISBN 9782749207339
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2007-2-page-58.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
L’ANIMAL UTILISÉ
EN THÉRAPIE
Karin Tassin
La place de l’animal
dans la psychothérapie
de l’enfant
Karin Tassin est psychologue- Chez l’enfant, l’animal occupe une place importance
tant dans la vie réelle que dans la vie fantasmatique.
psychanalyste et membre affilié L’animal n’est pas doué de parole et cette caractéristique
le rend à la fois proche des premières années de l’enfance
à la Société de psychanalyse
et plus facilement malléable que l’être humain. Il peut
de Paris ( SPP ). Après avoir été alors devenir, pour l’enfant, un support d’identification et
un support de projection de ses fantasmes et de ses pul-
analyste pendant dix ans à sions. Ce sont telles ou telles caractéristiques physiques
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LE PETIT HANS
Dans la cure du petit Hans, Freud est le premier à avoir parlé
des animaux phobogènes. Il nous montre la façon dont les ani-
maux ont servi à Hans de lieu de déplacement et de projection de
ses désirs et de ses craintes. Le cheval occupe une place prépon-
dérante dans ses phobies, mais il est aussi question de la girafe.
La cigogne sera aussi présente mais uniquement parce qu’elle est
liée à la représentation de la naissance chez cet enfant et n’est,
dans ce cas, qu’une reprise du récit des adultes.
Hans va construire sa phobie à partir de l’observation de ce
qui se passe dans un hangar à chevaux en face de chez lui. Il va
utiliser ce qui est mis à sa disposition visuelle et auditive pour
projeter sur ces animaux à la fois ses désirs, qui se transforment
par retournement en angoisse, et également pour en faire, par
déplacement, des supports identificatoires des imagos parentales.
Il va donner au cheval et à la girafe une polysémie de sens :
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LE CAS Carine
Carine est une petite fille de 4 ans qui a fait un long traitement
psychanalytique avec J. Simon. Dès la sixième séance, elle dit :
« Je vais te raconter mes mauvais rêves ; cette nuit, j’ai eu peur.
J’ai vu un loup, il voulait me griffer et me manger », et elle passe
du récit au jeu en essayant de griffer et mordre l’analyste. Mais,
un peu plus tard dans le jeu, elle explique : « Une autre fois, le
loup n’était pas trop méchant, mais j’avais peur que sa grande
queue me fasse guili-guili sur la figure et sur les fesses. » Là
aussi, on peut voir que le loup a plusieurs fonctions : imago pater-
nelle qui fait peur, mais aussi imago paternelle plus sexuelle qui
fait guili-guili.
À propos du loup, les auteurs font le commentaire suivant :
« Le symbole du loup se retrouve fréquemment en psychanalyse
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LA PROBLÉMATIQUE ACTUELLE
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Le crocodile
Très souvent présent dans les représentations des enfants
« états limites » et des enfants phobiques, c’est l’animal carnas-
sier prédateur par excellence, investi uniquement pour ses dents.
Support des pulsions sadiques orales et de l’avidité, il est très
recherché comme prédateur de tous les rivaux avec l’attaque du
sein, de la scène primitive orale et des bébés qui en découlent. En
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Le requin
Cet animal est plus œdipien que le crocodile ; il est souvent
entouré d’une multitude de petits poissons et il est fréquent qu’il
y ait un trésor gisant au fond de la mer. Le requin représente soit
un animal prédateur voulant attaquer le ventre maternel et tout ce
qu’il contient, soit, en tant qu’imago paternelle, le gardien d’un
trésor qu’un plongeur veut récupérer. On retrouve très souvent
des requins dans les cures d’enfants phobiques qui sont plus œdi-
piens que les enfants « états limites ».
Les dinosaures
Les dinosaures sont liés à la préhistoire. Au fil du temps et des
cures que j’ai conduites ou qui m’ont été communiquées en tant
que superviseur, il m’a semblé que l’on pouvait faire référence à
deux types de préhistoire : soit, tout d’abord, à une préhistoire
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toire. Dessinés d’abord au feutre noir sans être coloriés, ses ani-
maux représentaient soit des félins, soit des dinosaures. Les dino-
saures étaient gentils et n’avaient pas de dents apparentes. Dans
la vie réelle, il connaissait en détail tout ce qui concernait les
dinosaures et les grands animaux sauvages, avec une prédilection
pour les félins qui vivent isolés dans le froid ou les montagnes. Il
lisait fréquemment des livres à ce sujet. Ces animaux solitaires
semblaient être une représentation de lui-même. Au fil du temps,
les dinosaures qui revenaient de façon récurrente avaient des
griffes et des dents de plus en plus importantes. L’agressivité
orale dans ses dessins contrastait avec son comportement à mon
égard qui restait partiellement phobique. Mes interprétations aux
deux niveaux de sa préhistoire, transgénérationnelle et person-
nelle, ont alors amené un changement dans ses dessins et dans
son comportement. J’ai tour à tour évoqué les imagos parentales
et grand-parentales et les mécanismes d’identification projective
où, ces animaux dangereux attaquant les imagos, il risquait d’être
attaqué par elles en retour. Les dessins se firent plus colorés et les
attributs (les griffes et les dents) de plus en plus terrifiants : un
jour, Hugo a même dessiné un énorme dragon qui crachait du feu.
Ce dragon était rempli de couleurs vives laissant apparaître ainsi
une émergence pulsionnelle vraisemblablement dirigée contre
moi dans le transfert, mais aucun ennemi n’apparaissait sur le
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Les monstres
Ils sont, eux aussi, porteurs d’une agressivité d’origine pré-
génitale et d’une toute-puissance entretenue par les jouets et les
jeux de cartes, le plus souvent d’origine japonaise. Soit ils fasci-
nent (le plus souvent les enfants « états limites » ou psycho-
tiques), soit ils apparaissent dans les cauchemars chez les enfants
névrosés. Chez ces derniers, le monstre me semble avoir le même
rôle que le loup. C’est un animal polysémique porteur d’an-
goisse, et son choix est motivé par les supports culturels du
moment. Il a une fonction différente chez l’enfant psychotique ou
« état limite » chez qui, comme je l’ai déjà dit pour le crocodile,
il est essentiellement porteur de la toute-puissance archaïque de
l’enfant. Plus l’enfant aura des fixations archaïques et plus les
monstres seront présents dans le traitement.
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BIBLIOGRAPHIE
DIATKINE, R. ; SIMON, J. 1972. La psychanalyse précoce, Paris, PUF, coll. « Le fil rouge »,
p. 37-38.
FREUD, S. 1909. « Analyse d’une phobie chez un petit garçon de cinq ans (le petit
Hans) », dans Les cinq psychanalyses, Paris, PUF.
FREUD, S. 1915. « Extrait de l’histoire d’une névrose infantile (l’homme aux loups) »,
dans Les cinq psychanalyses, Paris, PUF, p. 342-343.
RIGAUD, C. 1998. L’animal d’angoisse : aux origines de la phobie infantile, Toulouse,
érès, coll. « Actualité de la psychanalyse ».
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LE CHIEN, PARTENAIRE DANS UN ÉTABLISSEMENT SPÉCIALISÉ POUR
ENFANTS DÉFICIENTS VISUELS
Agnès Le Van
2007/2 n° 35 | pages 69 à 75
ISSN 1286-5559
ISBN 9782749207339
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2007-2-page-69.htm
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Uztail est un chien golden retriever de 3 ans. Il a de Agnès Le Van est éducatrice
longs poils dorés, est joueur et possède bien d’autres qua-
lités encore. Il succède à Ninon, une autre chienne golden de jeunes enfants :
retriever qui a dû cesser son activité pour des raisons de
elle intervient à l’ IDES 1,
santé. Lorsqu’un visiteur pénètre à l’IDES, il ne s’étonne
pas de croiser un enfant accompagné d’un chien. Et pour- un institut spécialisé
tant ce n’est pas un chien guide d’aveugle.
pour déficients visuels
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Elle devient autonome et s’intéresse aux autres. Elle débute Les activités associant
l’apprentissage du braille cette année. Le chien fait toujours l’animal
partie de son quotidien. Elle aime le caresser mais elle préfère Conçues pour atteindre des
jouer avec ses camarades. Il reste le soutien durant les séances de objectifs éducatifs et
thérapeutiques, elles sont
rééducation. Il sera certainement encore d’un grand soutien affec-
basées sur quatre modalités
tif lorsque Marion devra quitter le groupe des petits. de fonctionnement.
1. Au quotidien
Caroline (socialisation) : le chien est
présent sur le groupe du
Caroline a aujourd’hui 5 ans. Elle a été admise à l’IDES en mai
jardin d’enfants toute la
2006. Elle souffre d’une maladie neurologique associée à un han-
semaine et partage la vie
dicap visuel profond et présente des difficultés de langage impor- des enfants. Des instants
tantes. L’articulation est pénible et lente. Caroline a de gros privilégiés sont également
troubles de l’équilibre. La marche est lente et difficile. Les chutes possibles selon les besoins
sont nombreuses et souvent dangereuses. Les gestes des membres des enfants.
supérieurs sont très saccadés et la préhension fine est pratique- 2. Un atelier hebdomadaire
ment impossible sans efforts démesurés. en groupe (pédagogie) : il
s’adresse aux enfants des
Caroline développe une énergie considérable pour se tenir classes primaires CP et CE1.
debout, parler, saisir un objet, effectuer des gestes de la vie quo- Outre l’objectif
tidienne, jouer. Elle a une grande volonté pour faire seule mais pédagogique, cette activité
elle s’épuise face à l’inefficacité de ses efforts. Elle trouve des permet aux enfants de
stratégies compensatoires et refuse l’aide de l’adulte. maintenir un lien avec le
chien une heure par
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BIBLIOGRAPHIE
BONDUELLE, P. ; JOUBLIN, H. 1995. L’animal de compagnie : le point des connaissances
actuelles, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? ».
MAUPAY, C. 2004. Forban, chien d’exception, Paris, ANECAH.
MONTAGNER, H. 2002. L’enfant et l’animal, Paris, Odile Jacob.
SAUSSE, S. 1996. Le miroir brisé, Paris, Calmann-Lévy.
VERNAY, D. (sous la direction de). 2003. Le chien, partenaire de vies, Toulouse, érès.
VUILLEMENOT, J.-L. 2004. « L’enfant et l’animal, une relation pas bête », Le journal
des professionnels de l’enfance, 26.
RÉSUMÉ Mots-clés :
L’auteur, une éducatrice spécialisée de jeunes enfants, participe, depuis Thérapie facilitée par
plusieurs années, au projet Activités associant l’animal (AAA), au sein de l’animal, éveil, relation,
l’IDES (l’Institut d’éducation sensorielle), qui accueille des jeunes de 3 à communication,
20 ans atteints de cécité et dont les deux tiers souffrent de troubles psy- handicap
chologiques ou psychiatriques. Des chiens, sélectionnés par l’association
Handi’chiens (ex ANECAH) partagent la vie quotidienne des enfants : des
progrès notables sont constatés dans le comportement des enfants. Grâce
à deux exemples précis, on constate que le chien est un « outil » dans les
apprentissages et l’éveil : il remplit parfaitement son rôle de chien d’as-
sistance.
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NOUVEAU-NÉ ET ANIMAL DE COMPAGNIE : CHACUN A SA PLACE
Sophie Durand
2007/2 n° 35 | pages 76 à 83
ISSN 1286-5559
ISBN 9782749207339
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2007-2-page-76.htm
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L’ANIMAL DANS
LA FAMILLE
Sophie Durand
Nouveau-né
et animal de compagnie :
chacun a sa place
Sophie Durand est sage-femme en Les animaux de compagnie font désormais partie
intégrante de la société occidentale : aujourd’hui, plus
Moselle. Elle a soutenu, en 2006, d’un foyer français sur deux en possède un, et ce généra-
lement dans une grande promiscuité. La France est ainsi
un mémoire de fin d’études
au premier rang européen pour la possession des ani-
sur ce sujet. maux de compagnie : elle n’en compte pas moins de 65
millions.
Certains considèrent l’animal de compagnie, notam-
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BIBLIOGRAPHIE
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« L’enfant, l’animal et la famille », Les dossiers ACPS, 3.
BONDUELLE, P. ; JOUBLIN, H. 1995. L’animal de compagnie, Paris, PUF, coll. « Que sais-
je ? »
DIGARD, J.P. 1999. Les Français et leurs animaux, Paris, Fayard.
ELOIT, M. ; BENET, J.J. ; BOURDEAU, P. 1995. « Animaux de compagnie et risques de
zoonose infectieuse ou parasitaire », Journal de pédiatrie et de puériculture, 5,
p. 293-304.
FINGE, T. ; LAMBERT, J. 1997. « Conduite à tenir devant morsures, griffures par animaux
domestiques et envenimations vipérines », Urgence pratique, 27, p. 31-34.
LAVAUD, J. ; VAQUEZ, M.P. ; BORDAS, V.C. ; DUVAL, C. 2005. « Animaux domestiques et
accidents chez l’enfant », Archives de pédiatrie, 12, p. 228-233.
MONTAGNER, H. 2004. « L’animal, partenaire de la famille », Le journal des
professionnels de l’enfance, 26, p. 67-69.
ROSSANT, L. ; VILLEMIN, V. 1996. L’enfant et les animaux, Paris, Ellipses.
VALLET, B. ; MITTLER, B. ; FLUSIN, J.L. 1996. « Conduite à tenir devant morsures, griffures
et envenimation en urgence », Encyclopédie médicale et chirurgicale, Paris, Elsevier.
RÉSUMÉ
Mots-clés :
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SUMMARY
Key words :
Cohabitation between pets and humans is an important characteristic of
Pet, infant, mother,
the western civilization: more than one family out of two has a pet. But
danger, zoological
sometimes a pet may cause traumas and can be considered as a vector of
disease, trauma.
zoological diseases or allergen agents: for infants such risks are increa-
sed because of their immune immaturity and their incapability to fight
diseases. Integration of the environmental features is necessary to secure
the global and adequate caring of the pregnant mother and her child.
The birth of a new child will be facilitated and secured through a sound
awareness of the hazards related to the presence of an animal, the know-
ledge of the means to avoid them and also the defining of the pet’s posi-
tion in the family.
83
LE CHIEN DANS L'ÉDUCATION FAMILIALE : ORDRES ET DÉSORDRES
Nathalie Simon
2007/2 n° 35 | pages 84 à 89
ISSN 1286-5559
ISBN 9782749207339
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2007-2-page-84.htm
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L’ANIMAL DANS
LA FAMILLE
Nathalie Simon
Le chien
dans l’éducation familiale :
ordres et désordres
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BIBLIOGRAPHIE
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DEHASSE, J. 2000. Mon chien est-il dominant ?, Montréal, Éditions du Jour.
DE VINEY, E. ; DICKERT, J. et LOCKOOD, R. 1983. « The care of pets within child abusing
families », International Journal for Study of Animal Problems, 4, p. 321-329.
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SUMMARY
The pet dog has become a member of the family. Family education takes Key words :
into account its presence and its participation in various activities, in Dog, education, family,
particular with the children. To obtain the control and the obedience of ill-treatment, obedience,
the dog is a concern of the family, a need, even a stake. However, the dif- training, authority,
ficulties are numerous in everyday life. While wanting to educate her predominance, tender,
dog, the family implements various principles resulting from the educa- punishment, master,
tional models intended for the dog, her own practices and generally from chief.
an amalgam carried out starting from hidden meanings of the current
words. The consequences are serious because many ambiguities and
confused applications are registered between predominance and punish-
ment and may evolve towards ill-treatment.
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L'ENFANT, L'ANIMAL, LE CONTE : VOIES ROYALES DE L'INFANTILE
Claude de la Genardière
L’ANIMAL ET L’IMAGINAIRE
DES ENFANTS
Claude de la Genardière
L’enfant, l’animal, le conte :
voies royales de l’infantile
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BIBLIOGRAPHIE
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BETTELHEIM, B. 1976. Psychanalyse des contes de fées, Paris, Hachette pluriel.
DE LA GENARDIÈRE, C. 1996. Encore un conte ? Le Petit Chaperon rouge à l’usage des
adultes, Paris, réédition L’Harmattan, collection « Écriture et transmission ».
DE LA GENARDIÈRE, C. 2000. Sept familles à abattre. Essai sur le jeu des sept familles,
Paris, Le Seuil.
DE LA GENARDIÈRE, C. 2003. Parentés à la renverse, Paris, PUF.
DE LA GENARDIÈRE, C. 2005. Faire-part d’enfances, Paris, Le Seuil.
DELARUE, P. ; TENÈZE, M.L., 1976. Le conte populaire français, Paris, Maisonneuve et
Larose.
FLEUTIAUX, P. 1984. Les métamorphoses de la reine, Paris, Folio, Gallimard.
FREUD, S. 1909. Névrose, psychose et perversion, traduction française, Paris, PUF.
FREUD, S. 1919. L’inquiétante étrangeté et autres essais, traduction française, Paris,
Folio, Gallimard.
100
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SUMMARY
Key words :
According to the unconscious, it is necessary to take transmission into Animal, cannibalism,
account in order to question the child’s relationship with the animal element. fairy-tale, unconscious,
Child world is passing from one generation to another with animal fantasies child world, fantasmatic
and emotional child marks received from real animals. Fantasmatic and and mythical material.
mythical material is thus overloaded with animal metaphors wich touch
both adults and children. Besides, from the wolf to slug, everyone can find
a vast range of preoccupations and founding questions about the limits of
the human element and its civilizing capacity, to share between generations.
101
COMMENT ILLUSTRATRICE ET POÈTE TRAVAILLENT ENSEMBLE POUR
LES ENFANTS
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
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l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
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L’ANIMAL ET L’IMAGINAIRE
DES ENFANTS
Françoise Armengaud
Martine Bourre
Comment illustratrice
et poète travaillent ensemble
pour les enfants 1
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RÉFÉRENCES
ARMENGAUD, F. 2005. Bêtes de longue mémoire, III, Paris, Éditions du Rocher.
BOURRE, M. 1993. Le Palefroi, Paris, Éditions du Père Castor.
BOURRE, M. 1998. Un grand cerf, Paris, Didier Jeunesse.
BOURRE, M. 1999. Le loup et la mésange, texte de Muriel Bloch, Paris, Didier Jeunesse.
BOURRE, M. 2006. La licorne, Paris, École des Loisirs.
BOURRE, M. 2006. Ours qui lit, texte de E. Pintus, Paris, Didier Jeunesse.
BURGAT, F. 1996. Animal mon prochain, Paris, Odile Jacob.
BURGAT, F. 2001. « Animaux des contes, animaux de l’histoire », dans B. Lechevalier,
G. Poulouin et H. Sybertz (sous la direction de), Les contes et la psychanalyse, Paris, In
Press, p. 57-69.
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Mots-clés : RÉSUMÉ
Attitude envers Martine Bourre, l’illustratrice, et Françoise Armengaud, l’auteur des
les animaux, poèmes des Bêtes de longue mémoire, s’entretiennent au sujet de leur
animaux en poésie, collaboration pour cet album destiné aux enfants à partir de 8 ans. Elles
relation enfant/animal, abordent, notamment, les questions des techniques du dessin et du col-
relation texte/image, lage, du rapport entre texte et image, des relations entre les enfants et les
illustrations animaux, de l’attitude des sociétés à l’égard des animaux, ainsi que du
pour les enfants, lien entre émotion d’enfance et création.
livres pour les enfants.
114
LA MUSIQUE, L'ANIMAL ET L'ENFANT
L’ANIMAL
ET L’IMAGINAIRE DES ENFANTS
Pierre-Marie Bonafos
Alexandra Bruet
La musique, l’animal
et l’enfant
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pulent pour sentir leur forme. Puis, ils écoutent les sons : « le très
grave, le très aigu » et s’exclament aussitôt : « C’est le gros, c’est
le tout minus ! » Ils vont même jusqu’à mettre leur tête dans le
pavillon du saxophone basse. Tous aiment ce qui n’est pas ordi-
naire ils sont sensibles aux extrêmes.
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Alexandra Bruet
Beaucoup de jeux corporels peuvent être abordés dans le but
de montrer aux enfants les différents « tempi » qui existent, en les
faisant évoluer par exemple sur les thèmes variés des différents
tableaux du Carnaval des animaux. C’est d’ailleurs ce que je réa-
lise, depuis de nombreuses années, avec des enfants en bas âge
(entre 4 et 6 ans) dans des classes d’éveil musical. Lorsqu’un
enfant rencontre des difficultés d’intégration dans un groupe, en
début d’année scolaire, le travail musical avec les animaux faci-
lite les contacts (aussi bien dans la relation enfant-enfant que
dans la relation enfant-professeur). En effet, un enfant restant
« dans les jambes du professeur » s’épanouit dès l’arrivée des
« animaux » dans le cours.
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5 ans, que j’ai découvert que des jeux basés sur des histoires ou
des musiques comportant des animaux étaient parfaits pour leur
expliquer, de façon simple, un ressenti musical. Par exemple, un
enfant peut apprendre à faire des « croches » en imitant le cheval
qui trotte ; un autre rythme sera abordé à travers le même cheval
qui galope, et ainsi de suite, aussi bien pour des musiques dites
« binaires » (mouvements de balancement) que « ternaires »
(mouvements qui « tournent »). Les enfants étant souvent dans un
monde imaginaire qui leur est propre, il est facile de rentrer dans
leur univers par le biais des animaux.
J’ai donc écrit des petites histoires que j’ai mises en scène
sous diverses formes musicales (rythmes parlés ou chantés, per-
cussions…), en utilisant des chansons travaillées tout au long de
l’année. Il s’agissait, en l’occurrence, de l’histoire d’une perdrix,
d’une grenouille, d’une vache, d’un chien, d’un chat ; la création
de cette histoire facilitait l’approche des instruments de percus-
sions qui ponctuaient, à certains moments, le récit (la pluie, le
vent, certains animaux…) Les enfants devenus acteurs, chan-
teurs et musiciens de ce mini-spectacle s’identifiaient plus faci-
lement (en fonction de leur tempérament et de leur caractère) à
tel ou tel animal et donc à un instrument de musique spécifique.
Leur réponse à la simple question que je leur posais régulière-
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DISCOGRAPHIE
CENDRARS, B. Possible-Impossible. Musique, Bernard Chèze ; conteurs, Abbi Patrix,
Bernard Chèze ; musiciens, Jean-François Vrod, Pierre-Marie Bonafos. La compagnie
du cercle, collection « zéro de conduite », label « Auvidis ».
DE BRUNHOFF, J. L’histoire de Babar. Musique, Francis Poulenc ; arrangement pour
sextuor de saxophone, Pierre-Marie Bonafos (pas d’enregistrement CD).
FDIDA, J.-J. Omonbo Robunga. Musique, Jean-Marie Machado ; saxophone, direction
de chœurs et d’orchestre, Pierre-Marie Bonafos (pas d’enregistrement CD).
KIPLING, R. Le chat qui s’en va tout seul. Musique, Pierre-Marie Bonafos. Collection
« Éveil musical et petite enfance », Éditions Enfance et Musique.
RÉSUMÉ
Mots-clés :
Deux jeunes musiciens expliquent comment ils initient des enfants – par-
Instruments de musique,
fois très jeunes ou même handicapés (malvoyants par exemple) – à
conte, fable, enfant
l’écoute des sons et à la musique au sein de conservatoires de musique,
malvoyant,
en région parisienne. Dans leur approche, ils utilisent fréquemment des
enseignement musical.
histoires d’animaux : Babar, Kipling, les fables de La Fontaine, le
Carnaval des animaux de Saint-Saëns, des contes africains… Tout leur
sert pour faire découvrir aux enfants la joie de la musique et du rythme.
SUMMARY
Key words :
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UN LOUP À LA MATERNELLE
Guy Chamoux
L’ANIMAL
ET L’IMAGINAIRE DES ENFANTS
Guy Chamoux
Un loup à la maternelle
Peindre, c’est aussi raconter. Ce postulat m’a conduit Guy Chamoux est devenu
à proposer des contes et des histoires comme support à
l’expression picturale des enfants dans ma pratique d’en- instituteur en école maternelle
seignant de maternelle. Dans le traitement du sujet
(animal, personnage, paysage), bien au-delà de l’illustra- après une maîtrise de lettres.
tion littérale, se développe un moyen de dire son senti- Il partage aujourd’hui son temps
ment, sa vision, sa conception, ses refus (de l’animal, du
personnage, du paysage). En conséquence, la peinture entre la peinture 1 et l’école.
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PEINDRE UN LOUP
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Un loup à la maternelle
je veux avoir peur ! ». Alors, pour ceux-là, encore une petite, toute
petite touche, comme un point final, une serrure qu’on referme.
COULEURS ET OUTILS
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Mots-clés : RÉSUMÉ
Représentation picturale, En classe maternelle, peindre des animaux conduit les enfants à se racon-
autoportrait, répulsion, ter. Le sujet peint (le loup) révèle leurs répulsions ou leur engagement en
engagement, gestes, fonction de leur sensibilité ou du regard qu’ils portent sur eux-mêmes.
parole. Leurs gestes et leurs comportements dans l’action soulignent ces diffé-
rences tant techniques que conceptuelles du traitement du motif, dans le
cadre d’échanges verbaux entre enfants ou avec l’enseignant.
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« Sur le plancher une araignée se tricotait des bottes, dans un flacon un limaçon enfilait sa culotte,
j’ai vu dans le ciel une mouche à miel pincer sa guitare, un rat tout confus sonnait l’angélus au
son de la fanfare ! »
C’est la fête de fin d’année, les enfants de la maternelle chantent à tue-tête ; ils savent bien cette
chanson, tout aussi bien que celle de la souris verte. Ils s’enivrent aussi de la chanson du touchant
Francis Cabrel
Messieurs et Mesdames, notre spectacle va commencer !
« Un rhinocéros tente de faire un truc atroce, encore plus balèze, ce soir au trapèze, une bande
de jeunes fous se rattrapent par les dents et ne mangent que les parents, ce sont les loups !
Et le dromadaire sur un fil en l’air !
Et les quatre gazelles dressées par un lion pas trop méchant…
Et le clown hippopotame déguisé en dame a peur des rats sur son fil
Si c’est vraiment super, tapez du pied par terre,
Si c’est réussi, on fait youpi,
Si on est content on fait tout en même temps ! »
Les petits de 5 ans sont heureux. Leurs parents gardent en mémoire les Bouglione, Amar, Gruss,
Pinder. Ils sont là pour la fête même si, aujourd’hui, ils aiment le Cirque du soleil. Non le cirque
n’est pas mort et les enfants l’adorent ! Une maman se rappelle avoir bien ri au Carré de Sylvia
Montfort quand l’éléphante volait le sac à main de la dame et qu’Alexis le clown lui parlait gen-
timent : « Tofi, tu rends le sac à Madame ! », et ça marchait.
Les montreurs d’ours, la représentation de l’éléphant Fritz… La maîtresse d’école et les parents
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sur la terre ; il fuit ordinairement lorsqu’on le chasse, mais si l’on vient à le blesser, il s’irrite, et se
retournant avec fureur, se lance contre les barques, les saisit avec les dents, en enlève souvent des
pièces et quelquefois les submerge. »
Un papa dit calmement : « C’est un texte de Buffon, je me souviens l’avoir fait en dictée à votre
âge. »
Bravo, bravo ! Et « Voilà ce qui arriva ! » dit la directrice de l’école maternelle Louise-Michel qui
avait la même réponse sur une feuille : « Monsieur Papa, vous avez gagné un livre de contes afri-
cains, que l’éditeur Albin Michel a offert à la coopérative ! Ce sont les Sagesses et malices de
M’Bolo, le lièvre d’Afrique. »
Sous les applaudissements, le père ouvre le livre à la page 125 et lit à son fils :
« Un jour, M’Bolo, qui se reposait près du marigot se laissa surprendre par Pô, le caïman, qui voulut
le manger.
Le lièvre lui dit en se moquant :
Je n’ai pas peur de toi, ta bouche est trop petite pour m’avaler d’un coup.
Pour lui prouver le contraire, Pô ouvrit grand la bouche et le lièvre en profita pour y caler un
bâton l’empêchant de refermer sa mâchoire. Et M’Bolo put prendre ses pattes à son cou. »
« Les contes africains parlent d’animaux ! Oui et M’Bolo fanfaronne, il a beaucoup d’humour et
de dérision, typiquement africains ! » explique Mariama, la maman de Kalou, la petite Malienne.
Elle ajoute : « Vous, en France, vos contes commencent toujours par “Il était une fois”, nous ils
commencent par “Voilà ce qui arriva !”. On nomme le lieu, et on met des mots comme “confor-
mément”, ou “précisément” puis on fait une introduction, des petits épisodes souvent au nombre
de trois, une conclusion. Les contes sont faits pour développer la curiosité, la réflexion, le sens
esthétique, l’imagination, la créativité et surtout ils permettent de mieux connaître notre culture,
le milieu, la nature, l’alimentation, nos vêtements, comment on aime, on console, on vit et on
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LA FERME D'OSCARE
Une association pour mieux vivre ensemble
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ENTRETIEN
Entretien avec
Christine Halley
et Stéphanie Letourdu
La Ferme d’OSCARE
Une association pour mieux vivre
ensemble
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ENTRETIEN
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ENTRETIEN
Notre association participe égale- d’autres activités : travail avec les
ment à un projet éducatif avec un chevaux, soutien scolaire, cuisine
centre de loisirs pour que les enfants traditionnelle, atelier de couture…
aient moins peur des chiens, sous La capacité d’accueil a été étendue :
réserve d’apprendre à créer un lien dix places dans trois habitations et
amical avec l’animal. une dépendance, et le personnel a
augmenté. Nous constatons, chez les
En 2002, nous changeons de lieu
enfants et les jeunes accueillis, des
pour accueillir, à Saint-Jean-des-
résultats intéressants sur les plans de
Essartiers, dix-sept enfants présen-
la communication, de la socialisa-
tant des troubles du comportement.
tion, de la concentration, de la valo-
Nous décidons de mettre à disposi-
risation des capacités de chacun, de
tion des enfants souffrant de troubles
la tolérance et du respect des autres.
comportementaux des activités asso-
Le chien permet d’évacuer les
ciant l’animal, pendant des séances
angoisses, et surtout de s’ouvrir aux
qui durent l h à l h 30. Nous offrons
autres et de respecter des règles élé- 2. L’association devient
une activité pédagogique et un service membre actif de l’ALVA
mentaires du bien-vivre ensemble.
de compétences éducatives et admi- 14 du Calvados et partici-
nistratives liées à la prise en charge L’association a été sollicitée par pe aux diverses rencontres
des déficits des enfants. les institutions et le conseil général du entre les lieux de vie et
Calvados pour accueillir des jeunes différents partenaires so-
C’est Christine qui dirige et anime
qui pourraient bénéficier d’un accueil ciaux : madame Isabelle
le lieu de vie canin comme les séjours
familial et éducatif avec hébergement. Des, la présidente, est
de vacances ; elle a été soutenue par
Une validation, en tant que « famille chargée de toute la com-
l’AFIRAC (Association française d’in-
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ENTRETIEN
semaine et 2 séances par semaine À la Conférence internationale de
pendant les vacances scolaires). Glasgow (Écosse) sur l’interactivité
homme-animal, les méthodes de
Durant l’année 2005, des filles et
l’association OSCARE sont recon-
des garçons âgés de 8 à 18 ans ont
nues. De même, la « capacité des pro-
été accueillis 3 avec leurs troubles
fessionnels de l’animalerie » a été
(psychose infantile, handicap men-
tal, troubles sociaux ou familiaux) : délivrée par le lycée agricole d’Alen-
44 % d’entre eux ont entre 13 et çon à Christine. Enfin, les chiens de
16 ans, le même taux concerne les l’association eux, ont droit au label
16-18 ans alors que les 18-21 ans « chiens d’accompagnement social ».
sont moins nombreux (13 %). Origi- Enfancses&PSY : Que dire des
naires du Calvados, mais aussi des effets de la méthode ?
départements limitrophes (Manche,
Eure, Seine-Maritime), ils viennent Les jeunes sont souvent démobi-
de manière très limitée, mais en net- lisés scolairement (on peut d’ailleurs
…/… parler de décrochage) ; le but est
Hoareau, formateur édu-
te croissance cette année, de la
région parisienne. Le projet du jeune donc de les resocialiser, de leur
cateur canin. Prochaine- redonner de l’intérêt pour l’appren-
ment, un suivi de cette est important pour son admission : il
s’agit soit d’un séjour « de rupture » tissage scolaire et de les motiver
équipe se fera sur le mode
avec le quotidien familial ou pour leur projet professionnel. L’ins-
« analyse de pratiques »
l’environnement institutionnel ou titutrice établit le programme de
avec un ou une psycho-
logue. Un suivi médical professionnel, soit d’un « séjour sé- l’année que doit suivre le jeune et le
des jeunes est assuré par quentiel » un week-end, des petites soutient individuellement ; l’orienta-
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ENTRETIEN
chiens : terre-neuve, labrador, gol- selon les premiers mots dits au chien,
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ENTRETIEN
Enfances&PSY : En quoi consis- jeune est volontaire, dans le sens où
te le travail enfant-animal ? il accepte le livret d’accueil et le
règlement intérieur : soit il reste, soit
Il s’agit d’accorder leurs tempé-
il ne reste pas après la période d’es-
raments et leurs caractères : le jeune
sai, qui comporte une journée de dé-
choisit son animal et l’animal choisit
couverte, deux jours de réflexion et
l’adolescent. Dix jours sont néces-
un mois d’essai. S’il reste, droits et
saires pour affirmer ce choix : tout le
devoirs sont alors engagés et le cadre
travail se fera avec ce chien-là et ils
est posé.
évolueront ensemble, mais tout le
monde s’occupe de tous les animaux Comme le disent deux spécia-
pour l’entretien du local. Le jeune est listes réputés, Boris Cyrulnik, étho-
responsable des soins donnés au logue et pédopsychiatre, et Hubert
chien (nourriture, santé, propreté du Montagner, directeur de recherches à
local, visite chez le vétérinaire, jeux) l’INSERM : « L’animal familier possè-
et cette coéducation, chien et jeune, de des vertus incomparables pour
est excellente pour canaliser l’éner- aider les jeunes en difficulté à retrou-
gie d’un jeune qui se sent très ver des repères affectifs et le sens de
concerné par son animal. Comme le l’utilité sociale. »
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DIRE NON, UN ENJEU DÉCISIF DANS L'ÉDUCATION CONTEMPORAINE
Daniel Marcelli
À PROPOS
Daniel Marcelli
Dire non, un enjeu décisif
dans l’éducation
contemporaine
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À PROPOS
différenciation et identification ? En à la phase dite d’opposition, quand le
réalité, ces deux « non » ne survien- jeune enfant commence à acquérir les
nent pas tout à fait dans les mêmes premiers rudiments du langage, vers
conditions. Quand l’enfant dit 16-18 mois, ce qui se prolonge volon-
« non » en s’identifiant à l’agresseur, tiers jusqu’à 3 ans et demi-4 ans. Cet-
pour reprendre les termes de te phase a été identifiée comme une
R.A. Spitz, c’est-à-dire à celui qui étape importante du développement :
refuse, l’interdicteur 1, il est le plus celle où le jeune enfant prend
souvent seul, jouant à un jeu (un per- conscience qu’il est différent des
sonnage imaginaire refuse de faire ce autres, y compris de ses parents, et
qu’un autre personnage demande) ou qu’il prend conscience que par la ma-
s’interdisant à lui-même ce qu’on gie de ce « non » il peut affirmer sa
vient de lui interdire. différence et que, par cette affirmation
négative, il commence à exister,
Maxime, 24 mois environ, s’ap-
c’est-à-dire ex sistere étymologique-
proche d’un bibelot que sa mère
ment – sortir de sa place. Il n’est plus
quelques minutes auparavant lui a
un infans, celui qui ne parle pas, il de-
assez vivement interdit de toucher. À
vient un être parlant et, pour parodier
ce moment précis, sa mère bavarde
Lacan, ce parlêtre s’incarne dans la
avec des amis et ne s’occupe plus de
possibilité de dire « non ». Assuré-
lui. Il tend prudemment la main vers
ment, il y a là un pouvoir fascinant,
l’objet puis dit doucement « non » en
source d’une jouissance inépui-
retirant la main…
sable… Il n’y a pas de raison que
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À PROPOS
Deux fonctions du « non » bien dif- bien de cela qu’il s’agit, connaît un
férentes, tout aussi importantes pour préalable. La simplicité et l’apparen-
la construction du sentiment d’iden- te banalité de cette situation ne sont
tité, pour un développement harmo- pas des raisons suffisantes pour en
nieux de la personnalité. Mais si ces disqualifier sa valeur exemplaire.
deux fonctions du « non » sont aussi Cet exemple nous le connaissons
importantes l’une et l’autre pour la tous, et ceux qui ont des enfants l’ont
psychologie individuelle et la psy- vécu. Voici un enfant de 13-15 mois ;
chologie du développement de l’en- il marche depuis quelques semaines
fant, en revanche, d’un point de vue et commence à prendre de l’assuran-
culturel, les valeurs que la société ce. Ce jour-là, l’un des parents l’a
leur attribue sont fondamentalement emmené au parc voisin pour jouer
différentes. Le « non » de l’interdit dehors. Craintif au début devant ce
renvoie assurément à l’autorité dans grand espace ouvert, voilà qu’il s’en-
une composante hiérarchique, asy- hardit, fait quelques pas et s’éloigne
métrique et fondamentalement in- de son parent. Il y a d’ailleurs à
égalitaire : l’un doit se soumettre à proximité un spectacle intéressant :
l’autre, l’un doit accepter la « domi- le tourniquet, un autre enfant jouant
nation » d’un autre. Cette hiérarchi- avec un objet fascinant, un petit
sation asymétrique et cette inégalité chien, etc. L’enfant s’approche du
sont contraires aux valeurs cultu- spectacle intéressant et bien sûr
relles ambiantes. Le « non » de diffé- dans le même mouvement il s’éloigne
renciation renvoie au contraire à une du parent. Mais arrivé à proximité
de l’objectif, alors qu’il se trouve à
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À PROPOS
action dont la banalité nous fait ou- ce regard sera recherché par l’enfant
blier l’aspect très exceptionnel. Je ne comme un code d’exploration du
m’étendrai pas ici sur le fait que nous monde : « En regardant l’adulte qui
sommes les seuls animaux sur terre à m’accompagne, j’obtiens une clef de
faire ce genre de chose : se regarder compréhension du monde. » On ne
dans les yeux comme indicateur d’un comprend rien à l’autorité si l’on ne
comportement 2. Centrons-nous sur la pose pas comme principe premier que
problématique de l’autorité. Cet l’autorité autorise avant d’interdire :
exemple semble illustrer précisément c’est en encourageant l’enfant dans
l’autorité telle que la définit son mouvement de curiosité et de dé-
H. Arendt 3, un rapport d’antériorité et couverte du monde que secondaire-
de hiérarchie, puisque le parent est ment, et si nécessaire, le froncement
antérieur à l’enfant, et qu’ici il com- de sourcil avec la parole d’interdit qui
mande la relation. À cela je répon- l’accompagne prendront pour l’enfant
drais volontiers : oui ! Mais en une valeur positive et pas simplement
2. Problématique longue- apparence et en surface seulement. À une fonction d’entrave. S’il est sou-
ment développée dans condition aussi de ne retenir dans cieux de veiller à la vulnérabilité de
mon dernier ouvrage : Les cette séquence que l’acte ultime avec l’enfant et de le protéger, l’adulte
yeux dans les yeux, sa chute finale : l’obéissance de l’en- consent d’abord à ce que cet enfant
l’énigme du regard, Paris, fant, l’infans précisément, à la parole s’éloigne parce qu’il reconnaît dans
Albin Michel, 2006. de l’adulte. Si on remonte légèrement ce mouvement un potentiel enrichis-
3. H. Arendt a donné de en amont, les choses sont moins évi- sant de curiosité : autorité provient de
l’autorité la définition dentes. Qui le premier initie l’interac- la racine indo-européenne « AUG »
asymptotique suivante : tion et formule une demande ? C’est qui signifie « augmenter ». L’autorité
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À PROPOS
enfant s’installer dans une attitude cation, le défi du regard est perma-
systématique d’opposition afin de pé- nent, c’est même le symptôme princi-
renniser son sentiment de toute-puis- pal. Chez les enfants tyranniques,
sance. Cependant, pour assurer cette ceux dont les parents déclarent qu’ils
pérennité, l’enfant a besoin de véri- n’arrivent pas à se faire obéir, ces
fier régulièrement qu’il a autorité sur derniers font presque toujours cette
la relation, ce qu’il fait quand il dit double constatation sur leur enfant :
« non » en plantant ses yeux dans « il suffit de lui dire “non” pour qu’il
ceux du parent. En réalité, si ce le fasse », « il ne cesse de nous défier
« non » soutient l’affirmation indivi- du regard, on a l’impression qu’il le
duelle, le partage de regard garantit le fait exprès 4… » Le regard autoritaire
lien social. Dans cette séquence, on a habite désormais les yeux des enfants
trop mis en évidence la valeur du tyrans et les parents sont parfois obli-
« non », pas assez l’importance du gés de baisser les yeux pour ne pas
partage de regard ! Pour l’enfant il est déclencher la colère du tyran. Pas
très important que le parent recon- plus que le parent, l’enfant ne doit …/…
naisse ce désir de différenciation et ments. La relation d’auto-
avoir l’exclusive jouissance du re-
de temps à autre le valide. Mais il est rité entre celui qui com-
gard de commandement. Pour rester
tout aussi important que, du côté du mande et celui qui obéit
un opérateur efficace et enrichissant
parent, il n’y ait pas acquiescement ne repose ni sur une raison
pour chacun, parent et enfant, l’auto- commune ni sur le pou-
systématique. À l’ego tout-puissant, à
rité ne peut appartenir qu’au principe voir de celui qui com-
l’affirmation jouissive de son désir, la
régulateur de la relation, à cette idée mande : ce qu’ils ont en
rencontre de l’autre impose une iné-
tournée du côté de l’advenir. En ce commun, c’est la hiérar-
luctable limite : il est de l’intérêt de
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À PROPOS
L’ENFANT ROI nouissement de sa personnalité, le
développement de son potentiel ?
En quelques décennies, les
L’obliger à manger cette dernière
conditions d’éducation des petits en-
cuillère, c’est contraindre son appétit
fants ont été radicalement boulever-
naturel et risquer d’altérer son futur
sées. Dans les premiers mois de la
rapport à l’alimentation ; lui interdi-
vie, jusqu’à l’accession à une marche
re de grimper sur les fauteuils du sa-
correcte, c’est-à-dire jusqu’à 14-16
lon, n’est-ce pas prendre le risque
mois environ, et assez souvent bien
d’une future maladresse motrice voi-
au-delà, dans la très grande majorité
re d’une véritable dyspraxie, et s’il
des cas, l’enfant est encouragé, ex-
est doué pour l’escalade (des fau-
horté à faire ceci ou cela plus qu’il
teuils), n’est-ce pas l’entraver dans
n’est entravé par un quelconque in-
son potentiel de futur alpiniste ? Fi-
terdit ; il est entouré d’adultes prêts à
nalement il y a tout à craindre d’une
le servir, à répondre au moindre de
contrainte ou d’un interdit, tout à es-
5. Voir Daniel Marcelli ses besoins, il vit dans un monde
pérer du respect et d’une autorisa-
« L’autorité de l’infantile : merveilleux qui semble se soumettre
tion. Malheureusement, pendant les
pour une nouvelle gou- à ses demandes, voire à ses exi-
trois ou quatre premiers semestres de
vernance familiale », La gences. En outre, afin de ne pas le
la vie du bébé, cela se transforme vi-
lettre de la psychiatrie, mettre en danger ni avoir à lui refu-
te en une soumission durable du ou
2006, 2, 3, p. 104-109. ser quoi que ce soit, les parents ont
des parent(s) à son égard… L’enfant
souvent pris la précaution d’aména-
est donc habitué dans les premiers
ger le monde de l’enfant (sa
temps de sa vie à avoir un monde
chambre, le salon…) de sorte qu’il
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À PROPOS
premier combat éducatif ? Faut-il lui est symbolique du concept d’éga-
d’ailleurs qu’il y ait un gagnant ? Et lité entre individus et, par extension,
d’abord, quels sont les arguments symbole de la démocratie. La démo-
dont dispose chaque protagoniste ? cratie advient par un double mouve-
ment, de reconnaissance d’égalité
Du côté de l’enfant, il y a en pre-
entre les individus, et de refus d’un
mier ce « potentiel », véritable pro-
ordre et d’une hiérarchie imposés an-
messe de futur qu’il ne faut surtout
térieurement.
pas altérer. Nous en avons parlé, in-
utile d’y revenir. Il y a aussi ses ca- Du côté des parents, quels sont
pacités de séduction : les enfants, dès les arguments dont ils disposent pour
le plus jeune âge, ont appris les trucs étayer leur « non » ? Il y a un siècle,
et les ficelles qui font craquer l’adul- ces arguments abondaient : le poids
te : petit sourire en coin, mimique de de la tradition (le fameux : « c’est
désespoir, ébauche de pleur plus ou comme ça ! ») ; la valeur positive de
moins théâtral, grimace adéquate… la transmission (restituer à ses en-
La panoplie des expressions utilisées fants ce que soi-même en tant que
par un bambin doué est redoutable parent on a reçu des siens) ; la valo-
d’efficacité. Plus fondamentalement risation sociale de l’autorité comme
et plus sérieusement, l’enfant a aussi système de préservation des acquis ;
la loi pour lui : la puissance paternel- la connaissance/reconnaissance du
le a disparu (en 1970), qui imposait à poids du passé, sa valeur d’exemple
l’enfant (et à sa mère) le commande- conduisant à donner aux anciens une
ment du père (système simple, hié- position hiérarchique « naturelle »
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À PROPOS
menaçant de pousser de façon erra- partient à la figure du Père. Concep-
tique si on ne coupait pas les mau- tualiser un principe d’autorité
vais rameaux abondaient dans le « asexué », neutre en quelque sorte,
discours éducatif) ; la défiance géné- reste un chantier théorique à entre-
ralisée envers les émotions, les af- prendre ! Par ailleurs, chaque indivi-
fects et les sentiments, compris du est aujourd’hui libre de ses
comme la part la plus archaïque de émotions et de ses engagements af-
l’être humain symbolisée par la fectifs (le mariage « arrangé » est le
sexualité, qui portait précisément ce prototype de l’injustice), les couples
danger d’anarchie. Les parents, dans se forment, se déforment et se refor-
cette ambiance, se sentaient autori- ment au gré de ces émotions (dont
sés à dire « non », à interdire sans une des caractéristiques est leur rela-
trop craindre l’excès (« s’il n’est pas tive labilité !). Dans ce contexte, tous
content aujourd’hui, il me dira merci les sociologues ne cessent de le répé-
plus tard… »). La fameuse phrase ter, ce qui fonde la famille, ce n’est
« c’est pour ton bien » était un vé- plus le couple, c’est l’arrivée de l’en-
ritable sésame éducatif absolvant fant : c’est lui qui est devenu le pivot
8. L’injuste et excessive
par anticipation bien des abus pa- de la famille, c’est quasiment dans
disqualification de l’auto-
rité pendant toute la rentaux 8. Que reste-t-il de tout cela ? son intérêt exclusif que celle-ci se
seconde moitié du XXe Rien ou pas grand-chose me semble- constitue. L’indissolubilité est passée
siècle a commencé par t-il ! En tout état de cause, rien qui du lien conjugal au lien de filiation :
une dénonciation tout à aujourd’hui ne conserve une valeur désormais les adultes comptent sur
fait justifiée et salutaire sociale franchement positive. Que le l’indissolubilité de ce lien de filiation
lecteur me permette ici une incise :
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À PROPOS
clarant volontiers : « Il a de la per- citoyenne : l’individu existe par l’af-
sonnalité ! Il ne se laissera pas mar- firmation de sa différence, le « non »
cher sur les pieds… ») et les d’opposition est son sésame. Entre
dissuade d’utiliser le « non » ou l’in- 18 mois-deux ans et trois ans et de-
terdit, vite taxé d’ abus de pouvoir, mi-quatre ans, ces deux mouvements
ou d’ autoritarisme d’un autre âge, se rencontrent et se renforcent : l’af-
les exposant à la perte d’amour. La frontement est souvent douloureux,
conséquence ? Si les modèles éduca- aussi bien pour les parents que pour
tifs antérieurs provoquaient souvent l’enfant, car plus de trente ans
inhibition et névrose, les modèles ac- d’exercice de la pédopsychiatrie
tuels sont propices au développe- m’ont régulièrement démontré com-
ment de l’affirmation de soi, qui bien les enfants avaient aussi besoin
devient vite opposition systématique, de limites : ils s’y sentent protégés
propices au développement de l’ex- tant des autres que de leur propre
ploration curieuse, qui devient vite pulsionnalité. Aider les parents à
instabilité motrice, allant jusqu’au trouver un subtil équilibre entre ce
« trouble déficitaire de l’attention qu’ils autorisent et ce qu’ils désap-
avec hyperactivité » accompagné du prouvent est devenu un enjeu de la
« trouble oppositionnel » comorbide. parentalité contemporaine ; les pa-
Pour conclure, tout dans le mon- rents doivent y mettre beaucoup
de moderne suit la même pente : il d’énergie car le jeune enfant, de son
est de plus en plus facile pour un en- côté, n’a nullement l’intention de re-
fant de dire « non » ; il est de plus en noncer à son trône.
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AICHHORN, UN AUTRE REGARD SUR LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE
Paulo Queiroz
PASSÉ PRÉSENT
Paulo Queiroz
Aichhorn, un autre regard
sur la délinquance juvénile
Paulo Queiroz est Très peu connu en France, Au- déjà à imposer les désirs primitifs de
gust Aichhorn (Vienne, 1878-1949) sa vie pulsionnelle et la satisfaction
psychanalyste fut directeur de deux internats qui immédiate des besoins.
accueillaient des jeunes orphelins,
à l’Espace cas sociaux et délinquants, dans la
Le travail d’August Aichhorn fut
en grande partie influencé par les dé-
analytique à Paris. Vienne des années 1920. La délin- couvertes de Freud sur la sexualité
quance juvénile suscitait déjà en cet- infantile. Les trois essais sur la théo-
te période d’après-guerre l’attention rie sexuelle écrits en 1905 ouvrirent
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PASSÉ PRÉSENT
maintes reprises par Freud lui-mê- satisfait ou exagérément assouvi
me) et le véritable intérêt pour les chez ces jeunes. En tant qu’éduca-
adolescents dont il avait la charge, teur analyste, il cherche à établir un
August Aichhorn nous met sur la lien de complicité et de confiance
voie d’un nombre important de pro- avec le délinquant pour provoquer un
blèmes qui demeurent d’actualité. transfert positif. Une fois le transfert
établi, le jeune peut laisser tomber le
Grâce à ce témoignage, nous
masque pour faire émerger de la ten-
voyons à l’œuvre l’application des
dresse, cachée auparavant par le
concepts psychanalytiques au do-
comportement asocial. Il en donnera
maine de l’éducation et sa tentative
des multiples exemples extraits de sa
de trouver du sens à une pratique
pratique. Ces jeunes en souffrance
éducative auprès de jeunes difficiles.
avaient connu des traumatismes pré-
Bien évidemment, il ne s’agit pas de
coces importants, parfois de la mal-
recourir avec ces adolescents en déri-
traitance dans un milieu familial
ve à une analyse dite classique, mais
souvent instable rendant difficile les
de se nourrir des postulats de la psy-
processus identificatoires. Pour que
chanalyse freudienne dans l’appré-
le travail auprès d’adolescents en dif-
hension des processus psychiques et
ficulté trouve son efficacité, la ques-
son application dans le traitement
tion du sens de nos interventions doit
des passages à l’acte délinquants.
se poser régulièrement. Notre espace
August Aichhorn s’appuie sur des
professionnel n’est-il pas envahi de
concepts opératoires tels que trans-
plus en plus par le « réel social » ?
fert, pulsion, refoulement, identifica-
Que faire alors pour aider ces adoles-
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PASSÉ PRÉSENT
est sans cesse montrée en spectacle. quance ? Les apports de la psychana-
La question de l’insécurité associée à lyse nous aident dans la lecture de
la délinquance des mineurs occupe nos actes dans la lutte contre les vio-
malheureusement une place impor- lences urbaines, même si des tra-
tante dans les médias, notamment en vailleurs sociaux très compétents ont
période électorale. Les banlieues en exercé et exercent toujours sans faire
crise, les jeunes des cités en manque appel à la psychanalyse.
de repères et de valeur, la déliques- Éduquer est certes un art, l’appré-
cence des liens sociaux, l’histoire co- hension intuitive un don, toutefois,
loniale française et l’immigration, comme le souligne August Aichhorn,
les conséquences du chômage ainsi « la connaissance des règles du dé-
que l’évolution de la parentalité ser- roulement des événements psy-
vent toujours de thème aux candidats chiques augmentera l’efficacité du
à la présidentielle. Face à ces adoles- praticien ». Une lecture attentive de
cents délinquants en souffrance, Jeunesse à l’abandon devrait faire
confrontés à des problèmes psy- ressortir toute l’originalité de la pen-
chiques très complexes qui les pous- sée d’August Aichhorn et nous ap-
sent à des passages à l’acte violents, porter quelques lumières pour mieux
on réclame plus de sécurité, plus de répondre à ces jeunes qui, loin d’être
répression. La violence surgit quand des racailles ou des délinquants, sont
la parole fait défaut, l’acte devient avant tout en état d’abandon parce
ainsi le symptôme d’un malaise. que exclus et privés de perspective.
Mais en montrant le symptôme, la Dans le contexte socio-économique
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SURVENIR ADOLESCENT DANS L'ENTRE-DEUX CULTUREL : L'EXEMPLE
DES BANGAS DE MAYOTTE
Régis Airault
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VU D ’AILLEURS
Régis Airault
Survenir adolescent
dans l’entre-deux culturel :
l’exemple des bangas
de Mayotte 1
« La vie sans amour c’est comme de sillonner cette île par ailleurs cer- Régis Airault est
un slipe sans lastic. » née d’une barrière de corail qui
(Inscription dans un banga constitue l’un des plus grands lagons psychiatre, chef de
à Hamjago, Mayotte, mai 2003)
du monde, où viennent mettre bas tor-
service du premier
tues et baleines.
Il n’y a pas que les individus qui Je suis arrivé à Mayotte en sep- secteur de santé
soient agités par des crises d’iden- tembre 2001 pour initier le premier
tité : les sociétés le sont également, secteur de santé mentale sur ce terri-
mentale de
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VU D’AILLEURS
Les adolescents représentent 75 % ainsi à la suspicion de l’inceste, et à
de la population de l’île de Mayotte, la promiscuité dans le logement fa-
chiffrée à 150 000 habitants, aux- milial traditionnellement constitué
quels il faut rajouter 50 000 sans-pa- de deux pièces. Il ne coupe pas le
piers, immigrés des îles voisines cordon, même si les bangas sont
d’Anjouan ou de Grande Comore construits en dehors de l’enclos fa-
qu’attire cet Eldorado où l’on peut milial, le shandza 5, mais à une dis-
gagner en quelques jours ce qu’un tance raisonnable afin de permettre
ministre gagne officiellement là-bas au jeune de pouvoir facilement venir
en un mois ! prendre ses repas ou faire sa toilette.
Comme tous les adolescents, les L’adolescent acquiert ainsi une auto-
jeunes Mahorais 3 sont ambivalents : nomie valorisante tout en restant
ils sont à la fois heureux que ça bou- sous contrôle maternel.
ge, mais veulent rester dans l’atem- Le banga est un habitat par es-
poralité de l’enfance. Ils sont tiraillés sence éphémère, traditionnellement
entre le confort d’habitudes commu- construit en pisé. Il faut d’abord aller
nautaires ritualisées depuis toujours dans la forêt couper des bambous,
dans cet espace clos « amniotique » pour faire la charpente – l’ossature –,
que représente l’île, et un modèle de puis la remplir avec un torchis fait
développement économique importé avec un mélange de terre et de paille
de France via la Réunion. de riz ou de feuilles de bananiers sé-
Heureusement, une partie d’entre chées : le banco.
eux, les garçons, peut se réfugier
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VU D’AILLEURS
de la sœur. Il tapisse les murs de pho- dont les membres sont solidaires,
tos, du monde moderne occidental, avec un chef qui les représente au ni-
mais aussi du monde traditionnel (de veau du village. Ces quartiers ma-
la Mecque par exemple), sans oublier bangas sont baptisés avec fantaisie :
Bob Marley. Leur accumulation dres- Tsiscabar (« pas de discussion »),
se le catalogue de tous les possibles, par exemple à Ouangani, ou encore
de tous les exotismes, et incite à la rê- Beyrout, Irak, glanant dans l’actualité
verie sur l’au-delà de l’île, l’au-delà les noms de lieux en ébullition, com-
de l’eau. L’inévitable valise dans un me ils le sont eux-même, malgré
coin de la pièce témoigne que ce mo- leurs apparences cool.
ment est un voyage, un passage, une Construire puis vivre dans sa ca-
pause entre l’enfance et l’âge adulte. bane est le rêve de tous les enfants, et
Cette valise accompagne les allers et à Mayotte les garçons le réalisent.
retours chez la mère, mais aussi té- C’est un espace potentiel matérialisé
moigne du fait que le jeune est prêt à au sens de Winnicott, qui aide à avoir
partir pour vivre chez la fille qu’il envie de grandir sans rien rater de
aura « attrapée » dans ce banga. l’enfance. Les petits Muzungus (les
Ce moment d’entre-deux s’appa- Blancs) regardent cela avec convoiti-
rente à un rite initiatique qui n’est pas se, partagés entre l’envie de confort
limité dans le temps (de l’âge de 8-12 et le désir de liberté. Ils sont cepen-
ans à celui de 20-25 ans). C’est un dant ambivalents : fascinés mais aus-
moment de légèreté, d’insouciance, si inquiets car ils sentent que c’est la
de bonheur entre l’enfance et l’âge fin de quelque chose qui ne sera plus
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VU D’AILLEURS
LE VOYAGE INITIATIQUE DU BANGA Son père, gardien dans l’agricul-
ture, veille sur lui, silencieux. Visi-
Nous avons remarqué que les ado-
blement inquiet, il semble n’avoir
lescents qui montraient des troubles
pas dormi depuis plusieurs jours.
psychotiques aigus 12 n’avaient sou-
C’est un bon musulman qui ne com-
vent pas eu leur période banga-banga.
prend pas l’extrémisme de son fils.
Ainsi, Ali, 21 ans, jeune institu- Tout a commencé après son séjour à
teur du centre de l’île, présentait un la Réunion deux ans plus tôt. À cette
délire mélancoliforme, écrasé par le époque, il avait fait une bouffée déli-
poids des responsabilités familiales rante ayant nécessité son hospitalisa-
depuis le décès de son père, trois tion en milieu spécialisé à la
ans auparavant. Il nous demandait Réunion 14 (c’est ce que demande le
de l’hospitaliser en psychiatrie à la médecin du dispensaire de son villa-
Réunion ou en métropole, car à ge qui nous l’adresse).
Mayotte il n’y a pas de structure
Samir refuse de me serrer la main
adaptée, et ceci afin d’avoir « sa
et de me parler car je suis pour lui
12. La folie dans le sens bulle » à lui à l’écart de ses proches.
« un infidèle : la Guerre Sainte est
propre du terme : masera, Il a commencé à aller mieux dès que
déclarée »… Il est halluciné : des
une folie non contrôlée. la famille, devant son état, et sur les
voix lui disent qu’il est « l’allié de
Selon les croyances à conseils du fundi 13, l’a installé dans
Ben Laden ». Il est cependant tran-
Mayotte, ces troubles son banga.
quille et accepte non sans réticence
seraient dus au shetwane
Autre exemple, celui de Samir, quelques jours d’hospitalisation dans
(Satan en arabe), avec
alias Ben Laden, qui s’est réfugié l’une des deux chambres d’isolement
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core avec sa sœur chez ses parents. Je lui fais remarquer qu’il peut
La maison est vide. Nous nous as- facilement être manipulé par des ter-
seyons au milieu des poules et des roristes et lui parle des années 1970
chèvres, avec en toile de fond le la- en métropole, époque de ma propre
gon. Le chant du muezzin nous tire adolescence et de ma propre révolte
vers l’ailleurs. contre le système. Je me reconnais
Il arrive une heure plus tard, au dans ses interrogations. Je lui en fais
moment où, tenaillés par la faim, part ; je sens que mon propos réson-
nous avions décidé de partir. Au bout ne et que je touche la corde sensible.
du petit chemin de latérite qui monte Je sais bien (et ce n’est pas mon but)
vers sa maison, nous l’apercevons que je ne peux pas le faire changer
précédé de sa mère. Il est tout de d’avis, mais je lui précise que, même
blanc vêtu et porte un turban palesti- à la mosquée avec ses frères musul-
nien sur la tête. Il nous voit et sourit, mans, s’il va mal sur le plan psy-
content et surtout rassuré par le fait chique, on le mettra à l’écart. Il
que j’ai moi aussi tenu parole. Tran- accepte cette fois avec plaisir de ve-
quille, il nous offre un verre d’eau. Il nir me consulter un mois plus tard.
a un peu de duvet au menton : son Je le reverrai, deux ou trois fois,
statut de djaula 16 l’y oblige, et il pa- seul puis avec un jeune de son âge.
raît plus jeune ici qu’aux urgences de J’apprendrai qu’il a été victime d’un
Mamoudzou : il me fait penser à un abus sexuel par un oncle dans l’en-
poussin tombé du nid… fance, mais il ne veut pas porter
plainte.
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VU D’AILLEURS
Il y a aussi ceux qui vont à La temps ni dans l’espace. Il n’y a pas
Mecque sur les traces de leurs pa- d’insuffisance rénale et l’urémie,
rents hadjés (ayant fait le pèlerinage) dont l’élévation peut entraîner ce
et qui décompensent là-bas, équiva- type de troubles, est normale.
lent pour les musulmans du syndro-
La thématique principale du déli-
me de Jérusalem. Comme quoi
re est de tonalité persécutive : il pen-
chaque culture désigne à ses
se qu’on l’a mis à la prison de
membres une destination où il est
Majikavo (venu d’Anjouan, l’île voi-
plus facile de vaciller qu’ailleurs.
sine, en kwassa-kwassa 20, il est en
Florence, Jérusalem et l’Inde pour
situation irrégulière). Il faut dire que
les Occidentaux 18 ; Paris pour les Ja-
la cellule d’isolement est bien « sé-
ponais ; la France métropolitaine et
curisée 21 », comme on dit à Mayot-
La Mecque pour les jeunes Mahorais.
te : avec des barreaux aux fenêtres,
Dans tous les cas, ceux parmi ces elle a des allures de geôle. Il est hal-
derniers qui ont déjà fait le voyage luciné et cherche sous le lit, sous les
initiatique du banga en ressortent draps, l’origine de ces bruits (des
mieux armés pour affronter le monde voix ?) auxquels il répond par des
et ses contraintes. grognements. Il n’a jamais été agres-
sif, mais son état d’agitation perma-
« LE MAKI » nent a mobilisé et épuisé l’équipe
d’infirmières pendant la durée de
18. Pour plus d’infor- C’est à peu près à la même
l’hospitalisation.
mations sur la psycho- époque que j’ai rencontré Moussa,
que j’ai appelé « le Maki », du nom Au cours de cet épisode, la famille
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hommes, mais surtout chez les Crises dues à l’exil, à la
femmes. Cependant, les possessions confrontation avec un autre monde,
par les djini, contrairement aux ta- en situation irrégulière clandestine
bleaux aux allures de bouffée déli- et « coupable » sur l’île, comme « le
rante aiguë, sont limitées dans le Maki », qui semble avoir été rassuré
temps (quelques heures, voire par le fait que je lui dise que,
quelques jours). Ce sont des mo- confronté à la mort (diabète insulino-
ments de délire « contrôlés » en dépendant non soigné sur son île
quelque sorte, bien tolérés par les d’Anjouan), il n’avait pas d’autre
proches, qui savent que leurs parents choix que de « venir risquer sa vie »
sont « agités » par des esprits qui les à Mayotte.
prennent comme monture 22 et que la
crise va passer à condition de faire Notre rôle dans le paysage théra-
alliance avec le djinn. peutique que nous propose cette île
(fundi, médecins, religieux et enfin
Comme nous l’avons vu au cours psychiatres) est certes modeste, mais
de ces quelques vignettes cliniques, semble indispensable pour permettre
notre écoute de Muzungu peut avoir d’intégrer la réalité parfois rude et
une efficacité thérapeutique sur de cruelle d’une modernité dont nous
jeunes patients mahorais, à la char- sommes en quelque sorte à la fois les
nière de deux cultures : traditionnel- victimes et les acteurs – modernité
le, rurale et musulmane d’un côté, que nous avons pu cependant « digé-
« moderne », citadine et rationaliste rer » en quelques générations, alors
de l’autre. Leur « crise » est sympto- qu’ici tout s’accélère en quelques an-
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de la forêt primaire. Un peu plus c’est château la chance » (à Bandré-
loin, un creux de torrent sert de salle lé) ; « Chérie je t’aime », « Je suis un
de bains à ces adolescents qui bra- mercenaire de l’amour sans pitié » ;
vent les esprits et essaient d’attirer « La vie célibataire est une vie su-
les filles. Musique à fond : ici, ils ne perbe » (Sada) ; « Venez vivre dans
gênent pas les voisins, ils regardent le tropique » (M’tsangadoua) ;
tranquillement pousser les bananes « Bienvenue au château Maziki »
et passer les années de leur adoles- (chez Dinou Malidi à M’Tsamou-
cence. dou) ; « T’aimé c’est facile te le dire
c’est difficile ».
Le banga de Stanley est le dernier
avant la rivière. Une petite barrière en
MAYOTTE-PARIS, PARIS-MAYOTTE
bois délimite un jardin en friche : sur
la façade de latérite est inscrit à la La case pour adolescent, le
peinture noire « Ministère des af- banga, est une projection maté-
faires impossibles ». La musique est rielle de l’espace potentiel 23, de cet
forte, MC Solar repasse en boucle. entre-deux qui, dans la plupart des
Stanley bricole un système électrique cultures, n’a pas de matérialité
et démêle depuis des heures une pe- propre. À Mayotte, ce qui est surpre-
lote de fil de cuivre de récupération nant, c’est que non seulement il est
qui envahit son bureau où s’entassent construit en dur, mais que la durée de
ses livres de cours. Il est en 1re S au ce passage initiatique, qui le plus sou-
lycée de Sada et profite de la vie, de vent en Afrique se déroule sur
sa vie dans cet espace de liberté qu’il quelques jours ou quelques semaines,
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trouvons projeté sur les murs des la société mahoraise, et d’accéder au
bangas. C’était soi-disant à l’époque confort moderne.
l’avant-garde artistique. En fait, on
Mais c’est aussi comme dans le
n’avait rien inventé : ça existait de-
film de Spielberg, Capitaine Hook :
puis longtemps à Mayotte. Mais
les adultes oublient vite l’âge d’or où
c’est quand même une performance
ils se prenaient pour Peter Pan 24.
de construire sa cabane (gratuite) en
plein Paris, avec vue non pas sur le CONCLUSION
lagon mais sur la Seine. Tout ça,
c’est une autre histoire, mais je vous En créant « La maison du jouir »,
donne quand même quelques noms Gauguin ne fait rien d’autre que
de cette cinquantaine de lieux qui ont construire son banga. Peut-être n’a-
fleuri dans la capitale, (noms souvent t-il pas eu cet espace à l’adolescence.
empruntés à la rue où se situaient les Les Ministère de l’impossible, châ-
bâtiments chargés d’histoire indus- teau-pièges, château-plaisir, ces
trielle et promis à la démolition) : maisons du jouir que l’on rencontre à
Pelleport, Pothin, le Couvent des Ré- la périphérie des villages mahorais
collets, Rue de l’Est, Clavel, Passage l’auraient enchanté. Car cela rend
du Bail, L’œil du Cyclone, etc.. vraiment heureux tous ces bangas,
cela vous transporte dans une autre
BANGAS THÉRAPEUTIQUES temporalité !
J’ai essayé, en arrivant à Mayot- Il va sans dire que cette richesse
te, de lancer le concept de bangas traditionnelle ne doit pas disparaître,
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publicité pour les portables dans la- Patrosi : pérennité et changements »,
quelle un jeune appelle sa copine de- mémoire de maîtrise, université
puis son banga en pisé perdu dans la Paris X-Nanterre.
BOUFFART-KLEIN, S. 2003. « Les
forêt, et sur la façade duquel vient “Madjinni” à Mayotte », Études océan
s’inscrire SFR en dessous de « Para- Indien n° 33-34, revue de l’INALCO, Paris,
dis d’amour ». p. 221-241.
CASSAGNAUD, J. 2003. « Le banga,
Et nous avons confiance, car par- expression d’un rite de passage », Études
tout dans Mayotte, au coin de chaque océan Indien n° 33-34, revue de l’INALCO,
village, de chaque rue, il y aura tou- Paris, p. 197-213.
jours un adolescent penché à sa fe- CHANIDET, C. 2003. « Le banga, forme
nêtre, la radio à fond, qui sera fier de emblématique de la culture mahoraise »,
vous accueillir dans son « Château Études océan Indien n° 33-34, Revue de
l’INALCO, Paris, p. 213-220.
banga » à lui.
CATTELAIN-LE DÛA, A.-M. 2003.
Si vous le rencontrez, n’hésitez « Mayotte, les noces du lagon », Grand
pas, allez jusqu’au seuil de sa porte reportage, n° 256, p. 22-35.
FREUD, S. 1929. Malaise dans la
et prononcez la formule magique :
civilisation, Paris, PUF, 1983.
Hodi 27 (« je peux ? »). Une voix ac- HORY, J.-F. ; ABAD, L. 1997. Des maisons
cueillante vous répondra alors : Cari- et des hommes, Les Éditions mahoraises.
bou (« bienvenue ») ! LAMBECK, M., 1993. Knowledge and
Practice in Mayotte : Local Discourses of
Islam, Sorcery and Spirit Possession,
Toronto University Press.
MEAD, M. 1963. Mœurs et sexualité en
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