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La recharge des nappes par les eaux usées

Définition
D’après Todd (1959), la recharge artificielle est « l’augmentation de la quantité d’eau
bénéficiant aux réservoirs d’eau souterraine via des dispositifs artificiels ». Flint et al.
(2002) la définissent comme étant « l’introduction d’eaux extérieures dans une
formation aquifère par leur transit dans la zone non-saturée à travers des bassins
d’infiltration, puits, aménagement des cours d’eau, etc. ». 
La recharge artificielle des nappes est une pratique qui vise à augmenter les volumes
d’eau souterraine disponibles en favorisant, par des moyens artificiels,
l’infiltration d’eaux extérieures (ex. rivière) jusqu’à l’aquifère. C’est une des mesures qui
peut être mise en œuvre pour sécuriser l’approvisionnement en eau, compenser certains
effets du changement climatique et, plus généralement, aménager la pression
quantitative et qualitative sur les masses d’eau souterraine.

Objectifs
Les objectifs recherchés par la recharge artificielle sont multiples dont les plus
importants sont l’amélioration de la ressource en eau tant sur les plans quantitatif que
qualitatif, la sauvegarde des nappes côtières sous l’effet de l’intrusion du biseau salé en
créant une sorte de barrière hydraulique ainsi que la conservation de l’intégrité de
l’environnement (Bouwer, 2002).
En France, les objectifs de la mise en place d’une recharge artificielle sont les suivants :
 Restauration d’une nappe surexploitée par excès de pompage et dont le
rabattement est préjudiciable : c’est le but premier de la recharge artificielle

 Amélioration de la qualité des nappes : baisse des concentrations en certains


éléments chimiques (par exemple nitrate, pesticides), soit par dilution, soit en
utilisant le pouvoir d’autoépuration du sol. Ceci permet notamment la mise en œuvre
de traitements de potabilisation finaux plus simples et plus économiques, mais
également d’améliorer la protection de l’environnement

 Protection des aquifères côtiers contre l’intrusion d’eau salée

 Stockage des eaux pour une utilisation différée


Techniques

Les principales techniques de recharge artificielle sont :


 Les bassins d’infiltration

 Les méthodes d’injection directe

 La recharge artificielle indirecte

Les méthodes d’infiltration consistent à faciliter l’infiltration de l’eau jusqu’à la nappe à


partir de bassins spécialement aménagés, souvent en profitant des capacités géo-
épuratrices du sol et de la zone non saturée de l’aquifère pour assurer un complément de
traitement des eaux infiltrées et améliorer la qualité générale de la ressource. Elles
sont généralement utilisées pour réalimenter les nappes libres ou dans certains cas pour
mettre en place des barrières hydrauliques. 
Les méthodes d’injection directe via des forages sont les méthodes les plus utilisées à
travers le monde. Elles permettent de recharger des nappes captives afin d’en accroître
le potentiel, ou encore de créer des barrières hydrauliques afin de contenir, maitriser
ou dévier des pollutions ou neutraliser un biseau salé, afin de préserver au mieux la
ressource en eau exploitée. Elle nécessite un contrôle rigoureux de la qualité de l’eau
utilisée. 
La « recharge artificielle indirecte », plus souvent appelée « la réalimentation
artificielle induite » ou « réalimentions induite » consiste à augmenter le transfert d’eau
entre un cours d’eau et une nappe alluviale en mettant en place des sites de pompage
souterrains à proximité des berges. Lors de ce transfert, l’eau du cours d’eau est
souvent partiellement filtrée grâce au pouvoir épurateur des berges. Cette technique
est connue de longue date, ce qui a souvent conduit nos anciens exploitants des
ressources en eau à placer des batteries de forages au droit des fleuves et rivières.
Schéma présentant quelques modes de recharge artificielle dans différents
environnements hydrogéologiques (d’après Gale et al., 2002, Pettenati, 2007)

Origines des eaux

Un critère fondamental concernant la faisabilité d’un projet de recharge artificielle est


la disponibilité d’e eau de recharge à proximité du site d’injection, nécessaire pour
pouvoir assurer un apport régulier et limiter les coûts économiques liés aux transports.
On distingue en général deux types d’eau utilisés pour la recharge : les eaux de surface
issues de cours d’eau et les eaux usées traitées (actuellement interdit en France). 
En raison de leur disponibilité, les eaux de surface issues de cours d’eau sont
généralement utilisées si l’objectif de la recharge artificielle est principalement
quantitatif. Il est toutefois souvent difficile d’utiliser ce type d’eau en période
déficitaire sans courir le risque de dégrader le débit du réseau hydrographique, sauf
dans les cas où s’il s’agit de grands fleuves ou de rivières importantes (ex. Seine, Oise,
…). 
Un examen rapide des différents dispositifs de recharge artificielle actuellement en
activité en France montre que la quasi-totalité de ces dispositifs utilisent des eaux de
surface en provenance de cours d’eau importants, notamment en raison de la
disponibilité de cette ressource.
Mise en œuvre
Quatre volets indissociables sont à considérer dans un projet de gestion active de
nappe :
 Le volet technique Un projet de gestion active des ressources en eau demande
des techniques spécifiques et adaptées à chaque cas. Néanmoins, quelques principes
sont incontournables : le premier est de disposer de la connaissance nécessaire et
de données fiables, pérennes, suffisantes et représentatives pour décrire le
fonctionnement naturel et modifié de l’hydro-système. La modélisation du dispositif
paraît également souvent indispensable pour d’abord dimensionner, anticiper les
situations de stress, évaluer et contrôler les impacts, et ensuite mettre en place le
cas échéant les systèmes d’alerte et de contrôle appropriés, voire des mesures
préventives et correctives adaptées. .

 Le volet juridique et politique La partie réglementaire est souvent en lien avec la


modification des équilibres naturels et des impacts qui en résultent. De plus les
services de l’État surveillent particulièrement la protection des aquifères contre la
sur-exploitation ou leur dégradation. Enfin, l’aspect politique est souvent
déterminant pour la mise en place effective d’une gestion active des ressources en
eaux, et ne peut pas être négligé.

 Le volet économique La première démarche d’un projet de gestion active


d’un aquifère ou d’un système aquifère consiste à évaluer sa faisabilité économique
et ensuite sa rentabilité économique par rapport à d’autres solutions possibles. A ce
titre des analyses « coûts-efficacité » et « coûts-bénéfices » sont souvent
nécessaires. Par ailleurs, l’investissement dans les projets de gestion active
concerne souvent des infrastructures permanentes pour une utilisation qui peut
parfois n’être qu’intermittente ; en effet, le recours au dispositif installé ne sera
pas forcément nécessaire chaque année dans certains cas, ou pas opportune en
saison humide dans d’autres cas. Ces aspect doivent être pris en considération.

 Le volet social Dans certains cas, une opposition des riverains ou de structures
associatives peut se mettre en place contre le projet aux motifs qu’il risque de trop
fortement impacter l’environnement et les écosystèmes existants, et de mettre en
péril la qualité de la ressource. Cet aspect, loin des moindre, est à considérer avec
la plus grande prudence et il convient d’assurer une parfaite transparence et
communication dès l’amont autour du projet.
Avenir de la gestion active des ressources en eau
A l’avenir, la gestion active des ressources en eau en France est appelée à se développer
avec l’intensification des pressions à prévoir sur les ressources liées notamment au
changement climatique, voire au changement global en cours. Dans le bassin Seine-
Normandie, on prévoit en effet que la recharge de nappes diminuera et que les niveaux
piézométriques baisseront. Il faudra donc s’adapter et trouver des moyens pour
optimiser ces ressources. En plus des solutions classiques restant à mettre en œuvre
(lutte contre les gaspillages, amélioration des rendements des réseaux, etc.),
une hydrogéologie « innovatrice » avec une action directe ou indirecte sur les hydro-
systèmes fera assurément partie des réponses à apporter.

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