Aucune
trêve n’est
respectée
dans la
bande de
Gaza Page B 1
◆ www.ledevoir.com
VO L . C V No 1 6 7 LE DEVOIR, LE LUNDI
L E « REQUIN M ESSINE » T OUR
DE COURONNÉ AU
Le coureur italien Vincenzo Nibali, dit le «requin de Messine», savourant sa victoire au Tour de France sur le podium dressé avenue des Champs Élysées, dimanche
à Paris. À ses côtés, les Français Jean-Christophe Péraud (à gauche) et Thibaut Pinot, arrivés deuxième et troisième.
Le Tour en petits morceaux
Premiers coups de dents, donc, dans une se-
conde étape anglaise au relief rappelant celui de
DAVID la classique ardennaise Liège-Bastogne-Liège.
DESJARDINS Avec deux kilomètres à faire pour entrer dans
Sheffield, le champion italien répétait le numéro
qu’il allait refaire à répétition pour imposer sa
domination sur ce Tour de France : partir pour
remporter l’étape. Il en gagnerait quatre avant
C’ est long, le Tour de France. Trois semaines,
21 étapes, 3657 kilomètres, dont on oublie
forcément des bouts qui se perdent dans l’orgie
d’entrer dans Paris.
Et si on retiendra son extravagante domination
en montagne, ses envolées spectaculaires vers
de statistiques, de classements pour les maillots les arrivées en altitude pour asseoir son statut de
jaune, vert, à pois, et blanc. grand patron de ce Tour, il faudra se souvenir
Par exemple, tandis que Vincenzo Nibali (As- que c’est aussi très tôt, dès la cinquième étape,
tana) célébrait son écrasante victoire sur les qu’il a remporté l’épreuve.
Champs Élysées dimanche, on avait presque éva- Sur les pavés empruntés au parcours de Paris-
cué le souvenir qu’avant même la première chute Roubaix, tandis que les équipes rivales tentaient de
de Christopher Froome (Team Sky), avant le retrait recoller les cassures survenues plus tôt, les équi-
d’Alberto Contador (Tinkoff-Saxo), le «requin de
Messine» distribuait déjà ses premières morsures.
piers de Nibali l’avaient parfaitement positionné en
tête, avec les spécialistes des classiques (Fabian
A UJOURD ’ HUI
A ZERBAÏDJAN
Un « Dubaï »
sur la Caspienne
Pris entre les géants russe et iranien, lassé
d’être hors des grands circuits internationaux,
l’Azerbaïdjan veut être « sur la mappe ». Le ré-
gime utilise le boom pétrolier pour attirer les
regards et les investissements du monde en-
tier. Le Devoir a séjour né dans le pays du
Caucase du Sud. Premier de deux textes.
Actualités › Le gouvernement
JEAN-FRÉDÉRIC LÉGARÉ-TREMBLAY
Harper a relégué aux oubliettes à Bakou, Azerbaïdjan
la féministe québécoise
A
près avoir survolé les plateformes pé-
Thérèse Casgrain. Page A 2 trolières de la mer Caspienne, on aper-
çoit des centaines de puits de pétrole
en roulant sur la route qui relie l’aéro-
Hôtellerie illégale: la petite ville port Heydar-Aliyev au centre-ville de
de Témiscaming, en Abitibi, est Bakou. Une fois arrivé dans la capitale, on discerne
encore quelques chevalets de pompage sur la cime
au cœur du débat. L’hébergement des petites collines qui la surplombent. L’Azerbaïd-
de travailleurs temporaires serait jan carbure au pétrole, qui l’a rendu riche.
en cause. Page A 3 Les pétrodollars (ou « pétromanats ») ont de
toute évidence rejailli sur la ville. Et de façon os-
tentatoire. Les boutiques Prada, Hermès, Chanel
Avis légaux.................. A 4
et autres, pratiquement désertes, se suivent le
Décès............................ B 6
long du boulevard de Bakou, récemment rénové.
Météo............................ B 5
Le soir, une tour de forage stylisée s’illumine au
Mots croisés............... B 5
Petites annonces ...... B 6
milieu de la longue promenade qui longe la mer,
Sudoku......................... B 4
VOIR PA GE A 8 : AZERBAÏDJAN
◆
28 JUILLET 2014
F RANCE
DE
JÉROME PRÉVOST ASSOCIATED PRESS
Cancellara, Lars Boom, etc). Et l’Italien, en excel-
lent pilote, a alors su profiter de l’expérience de ses
compagnons d’échappée sur les pavés. C’est la se-
conde image forte de ce Tour: Nibali suivant la
piste risquée de Sep Van Marke (Belkin) dans une
mare d’eau boueuse en bordure de la route, à plein
régime, dans un décor de fin du monde.
C’est simple: le Tour de France s’est gagné là.
La France et la dope
Les principaux rivaux évacués dès les Vosges
(avec la chute à haute vitesse d’Alberto Contador),
le Tour s’est transformé, dès sa seconde semaine,
en un concours pour les prix de consolation. Com-
pétition dont la France sort grande gagnante.
Il y a d’abord eu la victoire d’étape de Blel Kadri
(Ag2R-La Mondiale), puis le maillot jaune porté par
Tony Gallopin (Loto-Belisol) le 14 juillet. Mais sur-
VOIR PA GE A 8 : TOU R
GIUSEPPE CACACE AGENCE FRANCE-PRESSE
Deux des trois gratte-ciel du complexe résidentiel
des Flame Towers, construit près d’une mosquée
à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan.
Tim Clark
gagne l’Open
de golf du
Canada à
Montréal
Page B 4
1 , 1 3 S| + TA X E S = 1 , 3 0 S|
Un groupe
juif ultra-
nationaliste
s’établira à
Montréal
BAHADOR ZABIHIYAN
L a Ligue de défense juive, un groupuscule ul-
tra-nationaliste controversé et dont la sec-
tion américaine a déjà eu recours à la violence
aux États-Unis, va établir une succursale à
Montréal, a appris Le Devoir.
La Ligue de défense juive (LDJ) a été créée
par le rabbin extrémiste Meir Kahane, explique
le consul général israélien à Montréal, Joël Lion.
Après avoir mis en place la LDJ à New York,
M. Kahane a créé son propre parti politique en
Israël où il a été finalement élu député à une oc-
casion en 1984. « Le rabbin Kahane en Israël,
c’était l’extrême droite raciste, c’est pour ça que
son parti avait été interdit », explique M. Lion en
entrevue téléphonique avec Le Devoir.
Les parlementaires quittaient généralement
l’enceinte de la Knesset lorsque le rabbin Ka-
hane prenait la parole, afin de dénoncer ses
idées, se souvient M. Lion. Son parti a finale-
ment été interdit en Israël. Le rabbin a connu
une fin tragique et brutale : il a été assassiné
par un militant arabe à New York en 1990.
Ses partisans sont encore présents, en Israël,
en France ou au Canada. La Ligue de défense
juive du Canada a pignon sur rue à Toronto. La
LDJ canadienne organise régulièrement des
cours d’autodéfense destinés aux membres de
la communauté juive. Le groupuscule appelle
aussi ses membres à contre-manifester lors de
manifestations propalestiniennes. À Toronto,
samedi, plusieurs dizaines de membres de la
VOIR PA GE A 8 : GROUPE
P●INT CHAUD
Placer la culture
au cœur du
développement
des Québécois
MÉLANIE LOISEL
P endant que les festivals se succèdent au
Québec, l’ancien sous-ministre adjoint à la
Culture Gérald Grandmont croit qu’il est temps
de placer « la culture au cœur du développement
collectif pour assurer le bien-être des citoyens ».
La nouvelle politique culturelle projetée par le
gouvernement Couillard pour 2016 est l’occasion
de mener une grande réflexion sur la place de la
culture dans un Québec en pleine mutation, es-
time M. Grandmont. Et à l’écouter, il faudra inévi-
tablement faire place à un dialogue interculturel.
« On est dans une société qui est d’une certaine
manière coupée en deux, avec d’un côté la grande
région de Montréal où les accents pluralistes sont
très forts, et de l’autre un Québec pratiquement
exclusivement francophone de souche. Il va falloir
réussir à créer des passerelles ces prochaines an-
nées pour créer un dialogue, pour apprendre à vi-
vre collectivement ensemble et partager des va-
leurs communes », avance M. Grandmont, qui
est aussi professeur associé à HEC Montréal et
à la Chaire de recherche en gestion des arts.
Si la politique canadienne du multicultura-
lisme de Pierre Elliott Trudeau a permis d’ins-
taller les communautés culturelles d’une ma-
nière autonome ces dernières années, elle a
aussi entraîné la création de ghettos dans les
VOIR PA GE A 8 : CULTURE
A 2 L E D E V O I R , L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4

ACTUALITÉS
RELATION CANADA-RUSSIE

Une politique étrangère

« pour les Canadiens »
Le PM Stephen Harper signe une lettre
ouverte attaquant le régime Poutine
LAURA PELLETIER un journal, fait remarquer
M. Massie. Et il a choisi un

L a lettre ouverte du premier

ministre du Canada, Ste-
phen Harper, publiée dans le
Globe and Mail vendredi, se-
rait non seulement une at-
taque au régime du président
russe Vladimir Poutine, mais
surtout une « adresse à la na-
tion », estime Justin Massie, di-
recteur de recherche au Cen-
tre inter universitaire de re-
cherche sur les relations inter-
nationales du Canada et du
Québec.
Dans sa lettre intitulée Our
duty is to stand firm in the face
of Russian aggression, M. Har-
per accuse Moscou d’être res-
ponsable de l’insurrection me-
née par les séparatistes pro-
russes dans l’Est ukrainien et
de la destruction d’un avion de
ligne de Malaysia Airlines. Le
premier ministre affirme que
« En prenant position clairement
journal d’ici, pas un journal
russe. Il s’adresse aux Cana-
diens, notamment à ceux d’ori-
gine ukrainienne, et veut leur
donner l’impression que leur
premier ministre exerce un lea-
dership important sur la scène
internationale. Il veut définir
l’image internationale du Ca-
nada pour les Canadiens. »
Même si elle touche la poli-
tique intérieure, «cette lettre tra-
versera l’Europe », croit Domi-
nique Harel, titulaire de la
Chaire d’études ukrainiennes
de l’Université d’Ottawa.
Un leadership prudent
Le gouver nement Harper
mène son « leadership interna-
tional » avec pr udence, note
Justin Massie. « C’est un enjeu
de politique étrangère qui a très
peu de conséquences politiques
ou militaires pour le
Canada. Il peut donc
se permettre de prendre LA PRESSE CANADIENNE

pour un seul des partis, le ce qu’il appelle des Thérèse Casgrain a été notamment candidate aux élections fédérales pour le Parti social démocratique au cours des années 1950.
principes clairs, en dé-
gouvernement Harper ne favorise finissant qui représente
pas une résolution pacifique
du conflit »
le bien dans un conflit
et qui représente le
mal. » M. Massie rap-
pelle qu’à l’opposé, en
Thérèse Casgrain reléguée aux oubliettes
Libye, le Canada « est
l’attitude « militariste et expan- resté silencieux jusqu’au mo- Le symbole du féminisme du Québec a été retiré d’un honneur canadien
sionniste » de la Russie n’est ment où l’administration
pas seulement une menace Obama a dit qu’elle appuyait les DEAN BEEBY Deux membres de la Fonda-
pour l’Ukraine, mais pour l’en- frappes militaires ». à Ottawa tion Thérèse-Casgrain sié-
semble du continent euro- « Il faut distinguer le discours geaient au sein du comité de sé-
péen, en plus de por ter at- et la réalité, prévient Domi-
teinte aux « lois et valeurs régis- nique Arel. Le Canada peut
sant les nations occidentales ». bien dire qu’il met plus de pres-
L e gouvernement Harper a
dépensé des millions de
dollars pour commémorer la
lection pour les deux prix pré-
sentés chaque année, mais le
ministère des Ressources hu-
« Ce n’est pas rien d’identifier sion que les autres pays sur le Guerre de 1812 et d’autres épi- maines était responsable de tout
la Russie comme une menace régime de Vladimir Poutine, sodes de l’histoire du Canada le volet administratif. Presque
mondiale de façon aussi nette, en mais il a beaucoup moins d’in- mais au passage, il a effacé au tout le même groupe de fonc-
utilisant un langage aussi peu di- térêts économiques là-bas que moins un élément parmi les tionnaires gère maintenant le
plomatique, et de dire que le ré- l’Allemagne, par exemple. » plus inspirants. Prix du premier ministre.
gime de Vladimir Poutine est la M. Arel ajoute qu’en mai Le nom de Thérèse Casgrain, Le ministère a donné à la fa-
conséquence unique du conflit, dernier, l’agence Reuters a dé- une icône du féminisme et une mille Casgrain deux colis com-
estime Justin Massie. Ça dis- couvert que deux des officiers héroïne du Québec décédée en mémoratifs portant sur le prix
tingue le Canada des États-Unis, visés par les sanctions améri- 1981, a été retiré en catimini Thérèse-Casgrain et ses 31 lau-
de la France et de l’Allemagne, caines ne font pas l’objet de d’un honneur national, pour être réats, après sa disparition, in-
qui condamnent les actions de sanctions au Canada puisqu’ils remplacé par le premier minis- cluant un livre et une copie de la
Vladimir Poutine, mais qui ten- possèdent des entreprises qui tre lui-même. médaille.
tent quand même de laisser la ont des relations économiques Le prix Thérèse-Casgrain du
porte ouverte au règlement du avec des entreprises cana- bénévolat, créé en 1982 par le Dénomination contestée
conflit; à un accord entre Kiev et diennes telles que Bombar-
les rebelles. En prenant position dier. « Donc le Canada est-il
clairement pour un seul des par- vraiment plus strict envers la
tis, le gouvernement Harper ne Russie ? », demande-t-il.
favorise pas une résolution paci-
fique du conflit.»
Le fardeau de la preuve re-
pose entre les mains de
l’homme for t du Kremlin,
gouvernement libéral de Pierre
Elliott Trudeau, a honoré des
militants canadiens comme June
Callwood jusqu’à ce qu’il soit
aboli — sans que cela soit an-
noncé — par le gouvernement
Harper en 2010.
« Ce fut très difficile pour la famille
de voir cet honneur disparaître
soudainement. Ce fut une grande
Une étude d’un groupe té-
moin, commandée par le gou-
vernement fédéral vers la fin de
2010, avait par ailleurs fait res-
sortir beaucoup de résistance à
l’idée qu’un prix remis à des bé-
névoles soit nommé en l’hon-
Sanctions avance M. Harper vers la fin de
Le chef du gouver nement sa lettre. M. Poutine a le choix
conser vateur profite de la tri- entre réengager la Russie dans
bune du Globe and Mail pour une perspective de paix, de dé-
rappeler les gestes posés par mocratie et de respect du droit,
Ottawa dans cette af faire, y écrit-il, ou se voir imposer de
Une photo de Mme Casgrain
et de sa médaille éponyme sur
les billets de 50 $ a également
été retirée, en 2012, pour faire
place à l’image d’un briseur de
glace, dans le cadre d’une nou-
déception.
»
Michèle Nadeau, petite-fille de Thérèse Casgrain
neur du premier ministre. « Ils
[les participants] étaient mal à
l’aise avec la possibilité, à cause
de la référence au «premier mi-
nistre», que les prix soient perçus
comme étant politiques de par
compris les sanctions impo- nouvelles sanctions pour isoler velle série de billets. Une photo d’être nommée au Sénat par du prix. « Nous avons été infor- leur nature», précisait le rapport
sées contre les personnes, les davantage le pays par rapport d’un groupe de femmes sur- M. Trudeau en 1970. mées qu’une sorte de révision in- de Harris-Decima.
entreprises et les organisa- aux États démocratiques du nommé les « Célèbres cinq » a Selon un porte-parole d’Em- terne avait été effectuée par le mi- «Des organisations sans but lu-
tions responsables de la crise monde. aussi été enlevée de la même ploi et Développement social Ca- nistère des Ressources humaines, cratif étaient particulièrement
ukrainienne. « Il est rare qu’un coupure. « Ce fut très dif ficile nada, le ministère qui a succédé et il a décidé de [le] discontinuer. soucieuses par rappor t à cette
premier ministre canadien Avec La Presse canadienne pour la famille de voir cet hon- aux Ressources humaines, le Mais nous n’avons jamais été question. » Peu de participants
écrive une lettre ouver te dans Le Devoir neur disparaître soudainement, prix Thérèse-Casgrain a fait l’ob- consultées.» considéraient que les termes
a reconnu Michèle Nadeau, la jet d’une révision à la suite du « En résumé, nous avons été « premier ministre » ajoutaient
petite-fille de M me Casgrain, discours du Trône, à l’automne avisées qu’à un cer tain mo- une notion de prestige.
Loto-Québec s’entend Écrasement: la GRC dans une entrevue. Ce fut une
grande déception.»
2010, lors duquel un projet vi-
sant à créer un nouveau prix
ment donné, l’hommage serait
discontinué… Les membres de
Ces honneurs s’ajoutent à un
autre prix récompensant des bé-
avec ses croupiers est aux Pays-Bas En 2010, le ministère des Res-
sources humaines et du Déve-
pour les bénévoles avait été an-
noncé. « Des discussions ont eu
la famille, les petits-enfants, les
arrière-petits-enfants, étaient
névoles, le Prix du Gouverneur
général pour l’entraide, remis
Une entente de principe a été Toronto — Un officier de la loppement des compétences du lieu avec la Fondation Casgrain, plutôt choqués. » annuellement à des groupes et
conclue, samedi soir, entre Loto- Gendarmerie royale du Canada Canada, qui super visait l’hon- et il a été décidé que Ressources individus depuis 1995.
Québec et les syndicats repré- (GRC) a été dépêché aux Pays- neur immortalisant M me Cas- humaines et Développement des De Mulroney à Harper D’autres éléments de l’his-
sentant les quelque 1100 crou- Bas dans le cadre de l’enquête grain, a reçu la directive de compétences Canada mettent Inauguré en 2011, le Prix du toire du Canada n’ont pas été
piers des casinos de Montréal et sur l’écrasement d’un appareil créer un Prix du premier minis- fin[…] au programme, plutôt premier ministre du bénévolat célébrés au cours des der-
de Lac-Leamy. Les détails de de Malaysia Airlines dans l’est tre pour le bénévolat, devant que de le réorienter et de le relan- permet de récompenser 17 Ca- nières années, dont les 25e et
l’entente n’ont pas été dévoilés. de l’Ukraine, qui a fait 298 être décerné chaque année dans cer», a précisé Pierre Nolet dans nadiens de tous les coins du 30e anniversaires de la Charte
Le Syndicat canadien de la fonc- morts. Le Canada se dit prêt à le cadre d’une cérémonie prési- un courriel. pays, chaque année. En 2014, la des droits et liber tés, entéri-
tion publique (FTQ) a indiqué, assister les autorités néerlan- dée par Stephen Harper. « Il n’y a eu aucune annonce cérémonie a eu lieu le 27 février née en 1982 pendant le règne
dimanche, que des assemblées daises dans leur enquête, et publique de sa disparition. L’es- à Toronto, et M. Harper a lui- de Pierre Elliott Trudeau.
générales se tiendront «rapide- l’émissaire de la GRC tentera Droit de vote des femmes prit et les objectifs du prix Thé- même présenté une médaille et En 2012, M. Harper a laissé
ment» afin que les travailleurs de déterminer la nature de M me Casgrain s’est battue rèse-Casgrain du bénévolat ont un certificat à chacun des lau- sous-entendre que des « divi-
puissent se prononcer sur cette l’aide qui sera apportée. Le mi- pour le droit de vote des été maintenus dans deux catégo- réats, en plus de se faire photo- sions » entourant le rapatrie-
nouvelle convention collective. nistre canadien de la Défense femmes au Québec, qu’elles ont ries nationales du PPMB [Prix graphier avec eux. ment de la constitution expli-
D’ici là, tous les moyens de Rob Nicholson a eu un entre- finalement obtenu en 1940. Elle du premier ministre pour le bé- Le prix Casgrain avait été quaient pourquoi le gouverne-
pression des croupiers sont sus- tien samedi avec son homo- est aussi devenue la première névolat]», a ajouté M. Nolet. abandonné une première fois, ment n’a pas souligné le 30e an-
pendus. Les croupiers des casi- logue néerlandais. Les discus- femme à diriger un parti poli- Cependant, Mme Nadeau af- par le gouvernement progres- niversaire, faisant référence au
nos de Montréal et de Lac- sions ont notamment porté sur tique au Canada, alors qu’elle firme que sa famille et la Fonda- siste-conser vateur de Brian fait que la province de Québec
Leamy sont sans contrat de tra- les prochaines étapes concer- s’est retrouvée à la tête du Parti tion Thérèse-Casgrain, établie à Mulroney en 1990, avant d’être n’a pas paraphé l’entente.
vail depuis mars 2013. nant l’enquête mais aussi sur social-démocratique au Québec Montréal et qu’elle dirige, n’ont relancé en 2001 par les libéraux
Les points en litige portaient no- l’identification des victimes. Un (un ancêtre du NPD), avant pas été consultées sur l’avenir de Jean Chrétien. La Presse canadienne
tamment sur les horaires de tra- Canadien a péri dans la tragé-
vail des employés temporaires die, mais la majorité des vic-
et sur les salaires. times étaient néerlandaises. LIBRE-ÉCHANGE
La Presse canadienne La Presse canadienne

06 16 18 07
Résultats des tirages du : 2014-07-26
04 18 23 38
L’accord Canada-UE pourrait être rejeté par Berlin
lotoquebec.com/loteries

30 37 39 compl. 25 26 29 compl.
L’ Allemagne serait sur le aux entreprises. Des voix qui que si l’accord de libre-échange que l’accord de libre-échange
lotoquebec.com/loteries

Prochain gros lot (approx.) : 9 000 000 $
+ 1 LOT GARANTI DE 1 000 000 $
11869761-03
07 09 24 30 35 42 43
Prochain gros lot
En cas de disparité entre cette liste et la liste officielle de Loto-Québec, cette dernière a priorité.
point de rejeter l’accord de
1797925 libre-échange conclu entre le
Canada et l’Union européenne
Résultats des tirages du : 2014-07-25 (UE) l’an dernier, a révélé sa-
medi un quotidien allemand.
Selon le Sueddeutsche Zei-
COMPL. 36 tung, Berlin s’opposerait aux
1071868
(approx) : 10 000 000 $ clauses concernant la protec-
tion juridique qui serait offerte
s’élèvent contre cet accord
avancent que des investis-
seurs privés pour raient
contourner des lois qui sont
présentement en vigueur dans
les différentes juridictions.
Des diplomates allemands à
Bruxelles auraient également
affirmé au quotidien de Munich
avec le Canada était rejeté, celui
avec les États-Unis subirait vrai-
semblablement le même sort.
Des milliards
L’aval des dix provinces ca-
nadiennes et des 28 pays
membres de l’Union euro-
péenne est primordial pour
entre en vigueur.
Cet accord représenterait
des retombées économiques
de 2,2 milliards par année et la
création de 16 000 emplois au
Québec, selon le gouver ne-
ment québécois.
La Presse canadienne

Hôtellerie illégale : Témiscaming au banc des accusés
ISABELLE POR TER
à Québec
L a petite ville de Témisca-
ming en Abitibi-Témisca-
mingue est au cœur du débat
actuel sur l’hôtellerie illé-
gale. L’an dernier seulement,
Tourisme Québec y a mené
21 inspections.
« C’est vraiment un fléau dans
la ville de Témiscaming, ex-
plique la présidente de l’Asso-
ciation touristique régionale,
Randa Napky. Pour les deux hô-
tels qui sont là, c’est un désastre.
Ils vont finir par fermer. »
Cette année, l’Abitibi-Témis-
camingue est l’une des ré-
gions où il y a eu le plus de dé-
nonciations pour hôtellerie il-
légale auprès de Tourisme
Québec. La plupar t venaient
de Témiscaming, une ville de
2700 habitants.
Le problème ne touche pas
les touristes d’agrément et
Airbnb comme ailleurs, mais
les travailleurs temporaires de
PROJET-PILOTE
Des contrevenants
à risque élevé sous
surveillance électronique
JIM BRONSKILL
à Ottawa
D es contrevenants à risque
élevé du Québec et de
l’Ontario devraient participer à
un projet-pilote du Service cor-
rectionnel du Canada (SCC)
visant à tester l’efficacité des
appareils de surveillance élec-
tronique.
Les données seront amas-
sées pendant deux ans, jusqu’à
ce qu’une décision soit prise
sur l’utilisation ultérieure de
ces appareils, qui seront por-
tés par des contrevenants qui
complètent leur peine dans la
communauté.
La Presse canadienne a ob-
tenu des notes de service por-
tant sur ce projet-pilote — qui
est en retard de plusieurs mois
— en vertu de la Loi sur l’accès
à l’information.
Le gouver nement fédéral
avait annoncé ce projet-pilote
l’an dernier, malgré l’opposition
du Nouveau Parti démocratique
(NPD), qui a soulevé des ques-
tions quant aux coûts du projet.
Dans un rappor t datant de
2012, une majorité de membres
du Comité permanent de la sé-
curité publique et nationale de
la Chambre des communes
avait recommandé que le Ser-
vice correctionnel envisage une
utilisation plus vaste de la sur-
veillance électronique, qui im-
plique généralement un brace-
let à la cheville pouvant être
suivi électroniquement à partir
d’une installation centrale.
Québec et Ontario
Une note de ser vice du
SCC, transmise en septem-
bre 2013 à des sous-commis-
saires régionaux, affirme que
seuls les détenus masculins à
risque moyen ou élevé libérés
d’of fice — pour le der nier
tiers de leur peine — seront
admissibles au projet-pilote.
Le Québec et l’Ontario ont été
choisis pour le projet-pilote
parce que ce sont les provinces
qui comptent le plus grand nom-
bre de contrevenants à risque
élevé libérés en vertu de condi-
tions spéciales, ajoute la note de
service.
Les contrevenants qui accep-
tent de participer au projet se-
Les bracelets électroniques peuvent envoyer des alertes.
L E
ACTUALITES
la papetière Tembec qui se fe-
raient héberger chez des parti-
culiers pour de cour tes pé-
riodes au lieu d’aller à l’hôtel.
Au Québec, il faut avoir
une attestation touristique et
payer la taxe d’hébergement
lorsqu’on héberge des visi-
teurs pour moins de 31 jours.
Taux d’occupation
faméliques
Tandis que les travailleurs
affluent par centaines dans le
village, les hôtels locaux di-
sent devoir composer avec des
taux d’occupation de moins de
40 %.
Propriétaire du motel au Ber-
cail, Nicole Cloutier dit avoir
recensé pas moins de 400 an-
nonces dans le village. Voilà
huit ans qu’elle interpelle les
élus et gens d’af faires pour
qu’ils sévissent contre le phé-
nomène. « J’ai envoyé des lettres,
j’ai fait des plaintes, j’ai crié au
secours. J’ai des taux d’occupa-
tion, des fois, de 20, 22 %. J’ai
ront répar tis au hasard dans
deux groupes: ceux qui auront
un appareil de surveillance élec-
tronique, et ceux qui n’en auront
pas.
Le Ser vice correctionnel a
testé ces appareils entre 2008
et 2011, mais n’a pas pu mesurer
« leur efficacité et leur rende-
ment», indique la note.
La législation adoptée par les
conservateurs donne au Service
correctionnel l’autorité de de-
mander qu’un détenu porte un
appareil de surveillance électro-
nique s’il a obtenu une permis-
sion de sortie, s’il quitte la pri-
son pour le travail, s’il est libéré
sous conditions, s’il est libéré
d’office ou s’il doit faire l’objet
d’une supervision à long terme.
Bracelets électroniques
Les bracelets électroniques
peuvent être programmés pour
envoyer une alerte si un contre-
venant transgresse les condi-
tions de sa libération qui lui in-
terdisent de se trouver à cer-
tains endroits. Les autorités
considèrent cet appareil comme
un moyen de surmonter les dif-
ficultés entourant la surveillance
de contrevenants qui doivent
respecter un couvre-feu ou évi-
ter de se trouver près des
écoles, dans des parcs, des bars
ou des lieux fréquentés par les
gangs criminels.
Les notes du Service correc-
tionnel, rédigées en novembre,
af firment que le projet-pilote
examinera le rapport coût-effica-
cité de la surveillance électro-
nique, les changements dans le
compor tement des contreve-
nants, l’expérience du personnel
avec les appareils et toutes les
conséquences «prévisibles et im-
prévisibles » de la sur veillance
électronique.
Une porte-parole du Service
correctionnel du Canada, Vé-
ronique Rioux, a indiqué que
le projet devait initialement
commencer au printemps,
mais qu’aucune proposition
soumise par les fournisseurs
de ser vices ne répondait aux
exigences établies. Elle a tou-
tefois précisé que les autorités
pénitentiaires restaient enga-
gées envers ce projet.
La Presse canadienne
DENIS CHARLET AGENCE FRANCE-PRESSE
D E V O I R , L E L U N D I
« C’est vraiment un fléau dans la ville
de Témiscaming. Pour les deux hôtels
finir par fermer.
Randa Napky
»
qui sont là, c’est un désastre. Ils vont
voulu démolir mon hôtel com-
plètement, dit-elle. Ils fournis-
saient des listes aux gens qui ve-
naient travailler. Ça s’est fait en
relation avec la Chambre de
commerce. »
En mai 2013, les inspecteurs
de Tourisme Québec se sont
rendus sur place pour rencon-
trer 21 exploitants après avoir
fait de fausses réser vations.
Quelques mois plus tôt, la di-
rectrice de l’hébergement tou-
ristique du ministère, Suzanne
Asselin, s’était aussi rendue
sur place pour « informer et
Les policiers de Montréal usent de moyens de pression, comme le port de casquettes rouges et de pantalons de camouflage, pour
dénoncer le projet de loi sur les régimes de retraite des employés municipaux.
Un geste « totalement irresponsable »
Le maire Coderre dénonce la journée de congé de maladie simultanée
prise par une centaine de policiers montréalais samedi
LAURA PELLETIER
L a Fraternité des policiers
et policières de Montréal
est restée muette dimanche,
au lendemain de la journée de
maladie qu’ont pris plus d’une
centaine de policiers.
Son por te-parole Éric Nor-
mandeau a affirmé au Devoir
avoir « eu la consigne d’atten-
dre la fin de la semaine pour
commenter les événements du
week-end ».
Cet absentéisme massif a été
vivement critiqué par le maire,
Denis Coderre, qui y a vu un
moyen de pression contre le
projet de loi sur les régimes de
retraite, ce que nie la Fraternité.
Ser vices essentiels
Le maire n’a pas caché sa
colère samedi. « Je trouve ça to-
talement irresponsable de dire
aux gens de ne pas rentrer au
travail », a-t-il lancé durant une
mêlée de presse, en faisant ré-
férence au mot d’ordre qui au-
rait été envoyé aux policiers,
leur demandant de ne pas se
présenter au travail samedi
matin. « Il y a une convention
collective qui est en vigueur. Il
n’y a aucune raison de faire ce
geste-là. C’est un manque fla-
grant de sens des responsabili-
tés », a martelé M. Coderre. Il
a ajouté qu’il trouvait « inaccep-
2 8 J U I L L E T 2 0 1 4
responsabiliser la ville en re-
gard de la loi ».
Inspecteurs aux aguets
Interrogée à ce propos, la pré-
sidente de la Chambre de com-
merce, Guylaine Létourneau, se
plaint d’être « harcelée » par
Mme Cloutier. Elle concède que,
dans le passé, les gens n’étaient
« peut-être » pas au courant des
contours de la loi, mais prétend
que la règle des 31 jours est dés-
ormais respectée. «Sur ma liste
à moi, je suis sûre qu’ils les louent
à 31 jours et plus.»
table qu’on puisse jouer avec la
sécurité des gens ».
Même si le syndicat des poli-
ciers a contesté les allégations
de la Ville de Montréal, le maire
est resté sceptique. « Ils sont
tous tombés malades en même
temps. Ce n’est pas pour rien que
la commission des services essen-
tiels nous a donné raison. Je
pense qu’il faut appeler un chat
un chat. Si on prend des déci-
sions, il faut qu’on les assume.»
Le maire a assuré que « ceux
qui ont utilisé leur journée de
maladie vont la perdre et les
heures supplémentaires que ça
va coûter, ce ne sont pas les ci-
toyens qui vont les payer ; c’est
le syndicat ».
La crise a éclaté vendredi
soir, alors que la V ille de
Pour avoir l’heure juste, un
employé du Devoir a fait des
téléphones dans la ville en se
faisant passer pour un nouvel
employé de Tembec. Lorsqu’il
a demandé à Mme Létourneau
de lui fournir une liste d’hé-
bergement, elle lui a offert la
liste pour 31 jours et plus et lui
a recommandé d’aller à l’hôtel
si c’était pour une plus courte
période. Elle a ensuite ajouté
qu’il y avait « des enquêteurs en
ville » et que les gens avaient
« bien peur ».
Par la suite, lorsqu’il a
contacté les gens sur la liste,
tous ont refusé de lui louer
une chambre pour moins de
31 jours, cer tains prenant
même la peine de lui expliquer
le contenu de la loi.
À la ville, la mairesse, Nicole
Rochon, se fait rassurante. «Ça
a déjà existé, mais nous avons
fait quand même beaucoup de
sensibilisation. […] Nous, on a
fait notre bout de chemin là-de-
dans. Nous avons avisé les gens
« Il n’y a aucune
raison de faire ce
geste-là. C’est un
manque flagrant
de sens des
responsabilités.
Denis Coderre » de personnel, des policiers qui
Montréal a été informée que
plusieurs policiers pourraient
contrevenir au Code du travail
et à leur convention collective
en tombant soudainement ma-
lades samedi matin. Des re-
présentants de la V ille de
Montréal ont alors contacté la
Commission des relations de
travail (CRT) pour obtenir une
séance de conciliation d’ur-
gence. La séance a eu lieu à
2 h dans la nuit de vendredi à
samedi.
Le jugement a ordonné « à
tous les salariés, membres de la
Fraternité des policiers, de four-
nir leur prestation régulière et
normale de travail […] » et or-
donné « à la Fraternité des po-
liciers, à ses dirigeants, repré-
sentants et mandataires de
A 3
des démarches à suivre afin
qu’ils soient légaux.»
Le problème serait-il donc
réglé ? Le président de l’asso-
ciation hôtelière de la région,
Jean-Pier Frigon, en doute.
« Ce n’est pas du tout réglé. Si
vous allez sur le terrain puis
vous dites que vous voulez une
chambre pour 3 jours pour
150 $, vous allez en avoir une,
c’est garanti. »
M. Frigon craint qu’à long
terme, les rares hôtels finis-
sent par fermer et qu’il n’y ait
plus d’endroit pour accueillir
les touristes. « Ça prend des
mesures coercitives. »
À l’Association touristique,
on souligne que le nouveau
Parc national Opémican doit
être inauguré en 2017 et qu’il
faudra alors avoir des hôtels
sur place pour accueillir les
touristes d’agrément.
Avec la collaboration
de Dave Noël
Le Devoir
MICHAËL MONNIER LE DEVOIR
prendre toutes les mesures né-
cessaires pour que ses membres
fournissent leur prestation ré-
gulière et normale de travail
[…]».
Escalade
Au matin, plus d’une cen-
taine de policiers ont pris un
congé de maladie malgré tout.
Pour compenser ce manque
ont travaillé dans la nuit de
vendredi à samedi sont restés
en poste.
Le maire a affirmé rester en
contact avec le directeur du
SPVM. À ses yeux, la prise de
congés samedi matin est une
étape de plus dans l’escalade
des moyens de pression des
agents du Service de police de
Montréal (SPVM) pour mon-
trer leur opposition au projet
de loi sur les régimes de re-
traite. Ce projet de loi prévoit
notamment augmenter la coti-
sation de chaque policier de
Montréal de 114 $ par semaine
et le par tage à par ts égales
des déficits par les employés
municipaux à compter du
1er janvier 2014. Quant aux re-
traités, ce projet autorise le mi-
nistre des Af faires munici-
pales à suspendre l’indexation
de leurs rentes.
Le Devoir
A 4 L E D E V O I R , L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4

ACTUALITÉS
L’épave du paquebot Costa Concordia
atteint sa destination finale
AMÉLIE HERENSTEIN venu inspecter l’épave et félici- aux préoccupations exprimées du navire a été signé entre le
à Gênes ter les équipes chargées de par la ministre de l’Environne- groupe Costa et le consortium
l’opération. « Je suis venu dire ment, Ségolène Royal. Saipem/San Giorgio del

L’ Italie a pu pousser di-

manche un grand soupir
collectif de soulagement avec
l’ar rivée sans encombre à
Gênes de l’épave du paquebot
Concordia, dont le naufrage en
janvier 2012 avait coûté la vie à
32 personnes et plongé le pays
dans le malaise.
La carcasse du grand na-
vire, redressée et renflouée à
grands frais ces der niers
mois, a lentement pénétré en
fin de matinée dans l’en-
ceinte du terminal Europe de
Voltri, en banlieue de Gênes
(nord-ouest), tirée par plu-
sieurs r emor queurs. Elle
s’est immobilisée devant un
quai où elle a été amarrée au
terme d’une longue manœu-
vr e. La sirène d’un por te-
conteneurs amarré en face lui
a souhaité la bienvenue.
« Tout s’est bien passé. Je suis
très content », a déclaré en met-
tant pied à terre le héros du
jour, le Sud-Africain Nick
Sloane, spécialiste mondial du
renflouement de navires et
stratège de l’opération. « Cela
a été un défi et une expérience
magnifiques. Un défi je crois
bien plus grand qu’aucun de
nous n’avait imaginé au début
en 2012. »
Le président du conseil,
Matteo Renzi, était auparavant
Le navire a lentement pénétré dimanche matin dans l’enceinte du terminal Europe de Voltri, en banlieue de Gênes.
ma gratitude pour qui a fait
quelque chose que tout le
monde qualifiait d’impossible »,
a-t-il lancé.
« Aujourd’hui ne peut cer-
tainement pas être qualifié de
jour heureux. Je ne crois pas
que quiconque puisse faire la
fête ou se réjouir car nous
tournons la page sur un événe-
ment qui a provoqué la mor t
de 33 personnes [32 au mo-
ment du naufrage et un plon-
geur espagnol plus tard] », a-
t-il affirmé.
Le Concordia avait quitté
mercredi l’île toscane du Gi-
glio, où il gisait depuis l’acci-
dent, sur venu dans la nuit du
13 janvier 2012, alors que 4200
personnes se trouvaient à son
bord.
Soulagement généralisé
Au soulagement général, il a
accompli sans accroc son der-
nier voyage jusqu’à Gênes, tiré
pendant quatre jours par deux
puissants remorqueurs de
haute mer sur un parcours de
quelque 280 km le long des
côtes italiennes.
La France craignait que
l’épave ne pollue les côtes
corses au moment de son pas-
sage à proximité. «Les Français
peuvent nous faire confiance», a
souligné M. Renzi en réponse
Menée par l’armateur Costa
(groupe Carnival) et effectuée
par le consortium américano-
italien Titan-Micoperi, la gi-
gantesque opération de sauve-
tage a vu successivement le
redressement du paquebot,
son renflouement, sa stabilisa-
tion puis son remorquage
jusqu’à Gênes, le tout pour
une facture de quelque 1,5 mil-
liard d’euros.
L’image de l’énorme navire,
resté des mois échoué sur les
rochers à quelques dizaines
de mètres de la côte, penché à
tribord et à moitié immergé,
avait fait le tour du monde. Le
naufrage avait embar rassé
l’Italie en raison du comporte-
ment jugé peu glorieux de son
commandant, Francesco
Schettino. Le marin est actuel-
lement jugé pour homicides
par imprudence, naufrage et
abandon de navire.
Une aubaine
Une nouvelle vie attend à
présent le Concordia, monstre
de 114 500 tonnes, dont une
grande partie de l’acier devrait
être cédée à des groupes sidé-
rurgiques pour être refondue
et recyclée.
Au moment même où
s’achevaient les manœuvres,
le contrat cédant la propriété
MARCO BER TORELLO AGENCE FRANCE-PRESSE
Porto.
Pour la ville de Gênes, patrie
de Christophe Colomb, an-
cienne hyperpuissance mari-
time, et qui a été préférée au
port toscan de Piombino, l’arri-
vée du bateau est une aubaine.
Elle devrait fournir du travail à
quelque 700 personnes pen-
dant un an et demi, a estimé le
président de la région de Ligu-
rie, Claudio Burlando.
Selon lui, cet événement
peut aussi constituer un point
de dépar t pour la relance
d’une « filière » démolition,
abandonnée il y a des dizaines
d’années au profit des pays
asiatiques comme le Bangla-
desh, qui opèrent dans des
conditions sociales et environ-
nementales « très discutables »,
selon lui.
M. Renzi est allé dans le
même sens, prenant le contre-
pied des nouvelles incer ti-
tudes entourant l’économie ita-
lienne : « nous ne nous rési-
gnons pas à la rhétorique du
déclin. Nous pensons que nos
villes sont à même d’attirer des
investissements industriels et de
suivre des politiques indus-
trielles dignes de ce nom. Le
port de Gênes va dans cette di-
rection », a-t-il dit.
Agence France-Presse
Lucile Rapin est spécialiste en sciences cognitives.
À la découverte de
la petite voix intérieure
Une chercheuse de l’UQAM s’intéresse
à la provenance de la parole qui se fait
entendre en nous
MÉLANIE LOISEL
O n a tous une petite voix
dans notre tête, une voix
qui nous parle. Les scienti-
fiques l’appellent la parole in-
térieure ou encore la parole si-
lencieuse et imagée. Mais d’où
vient-elle ? Quelle forme a-t-
elle ? Quel est son rôle ? Pour
la première fois, une équipe de
chercheurs, dont Lucile Rapin,
spécialiste en sciences cogni-
tives et postdoctorante à
l’UQAM, va tenter de caracté-
riser cette voix qui permet de
se parler à soi-même.
Les scientifiques savent déjà,
par contre, que la parole inté-
rieure peut prendre différentes
formes. En fait, il y a deux prin-
cipaux types de voix en nous
dont l’une est plus concrète et
l’autre plus abstraite. « Quand
on se dit, j’ai soif, j’ai envie d’al-
ler boire une bière ou encore, je
dois aller faire l’épicerie, il
me manque du pain dans mon
frigo, c’est une voix sur laquelle
on a un contrôle et elle est volon-
taire. Mais la voix qu’on entend
lorsqu’on a des pensées vaga-
bondes avant de s’endormir, celle-
là, on ne la contrôle pas », ex-
plique d’emblée Mme Rapin qui
a récemment publié un article
sur la question dans la revue Be-
havioural Brain Research.
Formes variées
PEDRO RUIZ LE DEVOIR
mais qu’il n’y a personne, il n’y
a rien d’alarmant. Il arrive à
tout le monde d’avoir des hal-
lucinations auditives sans né-
cessairement être atteint
d’une maladie mentale. « Les
gens sains d’esprit qui vont en-
tendre des voix autres que la
leur vont se dire “c’est dans ma
tête” et vont poursuivre leur
chemin, mais un schizophrène,
encore une fois, ne sera pas en
mesure de le faire », note
Mme Rapin.
Hallucinations auditives
Au cours des prochaines an-
nées, la recherche pour carac-
tériser la parole intérieure per-
mettra tout de même de mieux
expliquer notamment d’où
viennent ces hallucinations au-
ditives et ce qui se passe dans
notre cerveau quand on a l’im-
pression d’entendre une voix
et notre propre voix.
Avec ses confrères de l’Uni-
versité de Grenoble en France,
Mme Rapin effectuera des tests
d’imagerie par résonance ma-
gnétique fonctionnelle pour
mieux déterminer les régions
activées du cerveau et utilisera
un électroencéphalogramme
pour mieux analyser la dyna-
mique des réseaux cérébraux.
À l’aide d’études de connecti-
vité, les chercheurs pourront
alors obtenir une image com-
plète de la dynamique céré-

AVIS LÉGAUX ET APPELS D’OFFRES Quelle que soit la for me

APPEL D’OFFRES
DIRECTION DES TRAVAUX PUBLICS
Des soumissions sont demandées et devront
être reçues, avant 14 h à la date ci-dessous, à la
Direction du bureau d’arrondissement, 7380,
boulevard Maurice-Duplessis, bureau 102,
Montréal H1E 1M4, pour :
Appel d’offres : RP-14-PARC-49
Descriptif Parc Doris-Lussier /
Réaménagement des
sentiers et ajout de mobilier
et 32e et 34e Avenues /
Installation de clôture et
bancs
Date d’ouverture : Le mercredi 13 août 2014
Dépôt de garantie : 10 % de cautionnement
Renseignements : Dominique Baril,
architecte paysagiste,
dominique.baril@ville.montr
eal.qc.ca
Pour être considérée, toute soumission
devra être présentée sur les formulaires
spécialement préparés à cette fin.
DOCUMENTS Les documents relatifs à cet
appel d’offres seront disponibles à compter du
28 juillet 2014.
Les personnes et les entreprises intéressées par
ce contrat peuvent se procurer les documents de
soumission en s’adressant au Service
électronique d’appels d’offres (SEAO), en
communiquant avec un des représentants par
téléphone au 1 866 669-7326 ou au 514 856-6600,
ou en consultant le site Web www.seao.ca. Les
documents peuvent être obtenus au coût établi
par le SEAO.
Chaque soumission doit être placée dans une
enveloppe cachetée et portant l’identification
fournie en annexe du document d’appel d’offres.
OUVERTURE DES SOUMISSIONS
Les soumissions seront ouvertes publiquement
à 14 heures, le mercredi 13 août 2014 soit
immédiatement après l’expiration du délai pour
leur présentation, au bureau d’arrondissement
situé au 7380, boulevard Maurice-Duplessis,
bureau 102, Montréal, H1E 1M4. Le bureau
d’arrondissement est ouvert de 8 h 30 à 16 h 30,
du lundi au vendredi.
L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-
aux-Trembles ne s’engage à accepter ni la plus
basse, ni aucune des soumissions reçues et
n’assume aucune obligation de quelque nature
que ce soit envers le ou les soumissionnaires.
Donné à Montréal,
ce 28e jour du mois de juillet 2014
Martin Coutu
Directeur d’arrondissement adjoint - responsable
des grands projets et
Directeur - Direction de la culture des sports des
loisirs et du développement social
AVIS À TOUS NOS AVIS LÉGAUX &
ANNONCEURS APPELS D’OFFRES
Veuillez, s’il vous plaît, prendre HEURES DE TOMBÉE
connaissance de votre annonce et
Les réservations doivent être faites avant 16h00
nous signaler immédiatement toute pour publication deux (2) jours plus tard.
anomalie qui s’y serait glissée. Publications du lundi:
En cas d’er reur de l’éditeur, sa Réservations avant 12 h 00 le vendredi
responsabilité se limite au coût de la Publications du mardi:
Réservations avant 16 h 00 le vendredi
parution.
Tél.: 514-985-3344 Fax: 514-985-3340
Appel d’offres Sur Internet :
www.ledevoir.com/services-et-annonces/avis-publics
www.ledevoir.com/services-et-annonces/appels-d-offres
Courriel : avisdev@ledevoir.com
Service des infrastructures, du transport et
de l’environnement
Direction des infrastructures Avis public
Division ponts et tunnels
Des soumissions sont demandées et devront être
reçues, avant 14 h à la date ci-dessous, au Service
du greffe de la Ville de Montréal à l’attention du
greffier, 275, rue Notre-Dame Est, bureau R-134, ALIÉNATION DE BIENS
Montréal (Québec) H2Y 1C6 pour : AVIS est donné, en vertu de l’article 28 de la Loi
Catégorie : Travaux de construction, ouvrages sur les cités et villes (RLRQ, chapitre C-19), que
de génie civil la Ville de Montréal a autorisé l’aliénation de
Appel d’offres : 11191 biens au cours du mois de juin 2014 :
Descriptif : 11-19 Réfection du pont Vente à Manon Tousignant et Daniel Mongrain
d’étagement Rockland – Arrondissement d’un terrain constitué du lot 5 290 556 du
d’Outremont
Date d’ouverture : 25 août 2014
cadastre du Québec, d’une superficie de
516,8 m2, situé à l’arrière de la propriété sise au
Dépôt de garantie : 10% du montant de la 6779, avenue Charles-Goulet, dans
soumission (cautionnement) l’arrondissement d’Anjou, pour 44 480 $
Renseignements :
(CM14 0621)
info.soumission.ponts@ville.montreal.qc.ca Cession à la Commission scolaire Marguerite-
Documents : Les documents relatifs à cet appel Bourgeoys (CSMB) d’un emplacement constitué
d’offres seront disponibles à compter du 28 du lot 5 291 448 du cadastre du Québec, d’une
juillet 2014 superficie de 6 916,2 m2, situé à l’intersection
Les personnes et les entreprises intéressées par sud-ouest des boulevards René-Lévesque et de
ce contrat peuvent se procurer les documents de l’Île-des-Sœurs, dans l’arrondissement de
soumission en s’adressant au Service Verdun, pour 3 543 000 $, payable par une
électronique d’appels d’offres (SÉAO) en compensation de la CSMB en services au
communiquant avec un des représentants par
téléphone au 1 866 669-7326 ou au 514 856-6600,
bénéfice de la Ville et par la réalisation des
travaux en lieu et place de la Ville (CM14 0630)
ou en consultant le site Web www.seao.ca. Les Vente à Marie-France Paré et Jules Caron d’un
documents peuvent être obtenus au coût établi
par le SÉAO.
terrain constitué du lot 5 290 555 du cadastre du
Québec, d’une superficie de 243,1 m2, situé à
Chaque soumission doit être placée dans une l’arrière de la propriété sise au 6775, rue Charles-
enveloppe cachetée et portant l’identification Goulet, dans l’arrondissement d’Anjou, pour
fourni en annexe du document d’appel d’offres. 18 230 $ (CE14 1012)
Les soumissions reçues seront ouvertes Vente à Maria Teresa Caterina et Mario Ranallo
publiquement dans les locaux de la Service du d’un terrain constitué du lot 5 290 557 du
greffe à l’Hôtel de ville, immédiatement après cadastre du Québec, d’une superficie de
l’expiration du délai fixé pour leur réception. 181,8 m2, situé à l’arrière de la propriété sise au
La Ville de Montréal ne s’engage à accepter ni la 6781, avenue Charles-Goulet, dans
plus basse ni aucune des soumissions reçues et l’arrondissement d’Anjou, pour 13 635 $
n’assume aucune obligation de quelque nature (CE14 1013)
que ce soit envers le ou les soumissionnaires.
Montréal, le 28 juillet 2014 Le 28 juillet 2014
Le greffier de la Ville
Me Yves Saindon
Le greffier de la Ville,
Me Yves Saindon
qu’elle prend, cette parole in-
térieure est toujours la même,
avec le même ton de notre
voix, à moins qu’on décide
nous-mêmes de la changer.
« Le cerveau a priori est capable
de générer une autre voix que
la nôtre. La preuve, c’est qu’on
est capables de générer les voix
de nos proches, qui ne sont pas
la nôtre », souligne la cher-
cheuse qui a travaillé pendant
quelques années avec les schi-
zophrènes qui, eux, affirment
entendre des voix qui ne sont
pas la leur. « Nous, quand on se
parle à nous-mêmes et même
quand on a des pensées vaga-
bondes, on va être capable de se
dire, c’est notre voix. Le schizo-
phrène, lui, aura une altéra-
tion cérébrale qui fera en sorte
qu’il ne sera plus capable de
faire cette distinction. Il n’aura
plus le contrôle de sa propre
voix, il produira une voix qui
lui donnera l’impression qu’elle
est externe parce que son cer-
veau n’est plus capable de lui
dire que la voix qu’il entend,
c’est lui qui la produit. »
Mais rassurez-vous, s’il vous
arrive parfois d’entendre son-
ner votre téléphone sans que
ce soit le cas ou encore d’avoir
l’impression que quelqu’un
crie votre nom dans la r ue,
V E R D U N
Le futur pont sous
surveilance
Le maire de l’arrondissement
Verdun, à Montréal, Jean-Fran-
çois Parenteau, a décidé de
mettre sur pied un comité de
suivi sur le projet du nouveau
pont sur le Saint-Laurent.
M. Parenteau explique que l’an-
nonce de l’expropriation des ré-
sidences situées sur la rue
May, à Verdun, par les autorités
fédérales le mois dernier a dé-
montré toute l’importance
brale liée à la parole intérieure.
« On sait déjà que la parole in-
térieure active certaines régions
cérébrales qui sont similaires à
celles qu’on utilise quand on
parle, mais il y a aussi l’activa-
tion de cer taines régions du
cerveau qui permettent l’inhi-
bition et on pourra voir com-
ment tous ces réseaux interagis-
sent », indique-t-elle.
À plus ou moins long terme,
les chercheurs espèrent être en
mesure d’aider et de mieux trai-
ter les personnes atteintes de
problèmes cognitifs et de trou-
bles d’apprentissage. « On sait
que la parole intérieure aide à la
résolution de problèmes, au cal-
cul mental, à la mémorisation,
alors ça nous permettra de
mieux traiter les gens en travail-
lant sur leur parole intérieure »,
avance Mme Rapin.
D’ici là, il n’y a cependant pas
de méthode magique pour
mieux maîtriser notre parole in-
térieure qui peut parfois être fa-
tigante. La lecture, la relaxation,
le yoga peuvent toujours aider à
vous changer les idées, mais
cette parole est assez difficile à
faire taire. Comme le souligne
si bien Lucile Rapin: «C’est plus
facile de la contrôler que de l’em-
pêcher de se manifester.»
Le Devoir
d’avoir de meilleures communi-
cations avec les citoyens dans
le dossier du nouveau pont
Champlain. Des partenaires de
la communauté et des repré-
sentants des instances fédé-
rales et provinciales siégeront,
au besoin, sur ce comité. Une
première rencontre d’informa-
tion sera organisée d’ici
quelques semaines. Le maire
souligne qu’elle donnera l’occa-
sion aux citoyens de connaître
les différentes étapes du projet
et de partager auprès des inter-
venants leurs inquiétudes et
préoccupations.
La Presse canadienne

31 JUILLET 1914
Il y a 100 ans était assassiné le socialiste Jean Jaurès
STÉPHANE BAILLARGEON
L’ assassin de l’archiduc François-Ferdinand
d’Autriche, premier mort de la Première
Guer re mondiale le 28 juin 1914, s’appelait
Princip. Déjà tout un programme. Celui de Jean
Jaurès, deuxième de la longue série meur-
trière, se nommait Villain. Il n’y a décidément
rien de banal dans cette effroyable histoire.
Le 31 juillet au soir, ce Villain-là, prénommé
Raoul, trouve le leader socialiste au café du
Croissant, tout près de la permanence de L’Hu-
manité, à Paris, dans le quartier de la presse sur-
nommé la république du Croissant, entre Réau-
mur et l’Opéra. Le philosophe Jean Jaurès a
fondé le journal militant où il publie ses billets
pacifistes alors que l’Europe « est au bord du
gouffre », comme il vient de l’écrire dans l’édition
quotidienne. Il est 21 h 40 quand le jeune nationa-
liste exalté de 28 ans écarte le rideau de l’estami-
net et tire rapidement deux coups de feu.
Pourquoi a-t-il tué Jaurès ? Il pense que son
geste va sauver la France. Comme bien d’au-
tres jusqu’au-boutistes enragés, il reproche au
socialiste internationaliste de s’opposer au pro-
longement du service militaire, ce qui ferait le
jeu de l’Allemagne alors qu’un conflit se pré-
pare. Des médecins diagnostiquent l’aliénation.
Un philosophe humaniste
Tout semble plutôt dans le grand désordre
des choses. Le contexte historique fournit d’au-
tres clés de lecture du triste événement ratta-
ché à un minus habens.
Jean Jaurès, né en 1859, n’a rien de médiocre.
Intellectuel hors norme, reçu premier de l’École
normale supérieure en 1878, devant un certain
Henri Bergson, il est souvent décrit comme le
plus grand orateur de son temps, qui n’en man-
quait pourtant pas. Voici un extrait du discours
qu’il prononce le 10 janvier 1910 en soutien au
principe de laïcité et de la neutralité dans les
écoles publiques: «L’idée, dit-il, le principe de vie
qui est dans les sociétés modernes, qui se manifeste
dans toutes leurs institutions, c’est l’acte de foi dans
l’efficacité morale et sociale de la raison, dans la
valeur de la personne humaine raisonnable et édu-
cable. C’est ce principe, qui se confond avec la laï-
cité elle-même, c’est ce principe, qui se manifeste,
qui se traduit dans toutes les institutions du monde
moderne. C’est ce principe qui commande la sou-
veraineté politique elle-même.»
Jaurès se convertit au socialisme en suivant
la grande grève des mineurs de Carmaux de
1892. Il s’engage tardivement mais férocement
L E D E V O I R , L E L U N D I
ACTUALITÉS
31 juillet 1951. Une foule rend honneur à Jean Jaurès sur le lieu de son assassinat.
comme défenseur du capitaine Dreyfus. Au
tout début du siècle, il participe à la fondation
de la Section française de l’internationale socia-
liste (l’ancêtre du Parti socialiste) et à la créa-
tion de L’Humanité. Le nom du jour-
nal rappelle les positions humanistes
de Jaurès, qui sait tenir ensemble des
positions en apparence contraires : il
est laïc mais pieux, socialiste mais
respectueux de l’entreprise. Patriote,
il ne cesse pourtant de s’inquiéter des
tensions entre les grandes puis-
sances. « Un peu d’internationalisme
éloigne de sa patrie, dit-il, beaucoup
d’internationalisme y ramène. »
- sera ministre.
Il réussit à faire adopter une option
pacifiste à l’internationale ouvrière en
proposant de stopper le conflit prévisi-
ble par le déclenchement d’une grève générale
à l’échelle continentale. Il s’oppose aussi au ser-
vice militaire de trois ans et propose la création
d’une milice défensive pour remplacer « l’armée
de casernes ».
Vers l’Union sacrée
Ces positions stimulent les critiques inces-
santes et féroces des nationalistes comme
Charles Maurras ou Charles Péguy, mais aussi
de ses alliés naturels socialistes, à commencer
par Jules Guesde. Lui souhaite la guerre, « mère
2 8 J U I L L E T 2 0 1 4
AGENCE FRANCE-PRESSE
de révolutions ». Ce sera effectivement le cas,
mais en Russie, où le conflit enfantera le totalita-
risme bolchevique qui fera à lui seul plus de
morts que les tranchées de 1914-1918.
L’Autriche déclare la guerre à la
Serbie le 28 juillet et l’Allemagne dé-
fie la France le 3 août. Le lendemain,
le président de la République, Ray-
mond Poincaré, évoque l’Union sa-
crée de toutes les forces de la nation.
Les socialistes se rallient, comme les
grandes centrales syndicales. Guesde
Le 20 décembre 1911 déjà, Jean
Jaurès dénonçait le péril à venir et
mettait en garde contre les consé-
quences de la tragédie à venir : « Et
qu’on n’imagine pas une guerre courte,
se résolvant en quelques coups de foudre et
quelques jaillissements d’éclairs […]. Ce seront
des masses humaines qui fermenteront dans la
maladie, dans la détresse, dans la douleur, sous
les ravages des obus multipliés, de la fièvre s’em-
parant des malades. » Le fils de Jean, Louis Paul
Jaurès, né en 1898, meurt le 3 juin 1918 pen-
dant la seconde bataille de la Marne.
Villain, lui, passe les années de la guerre en
prison, en attendant son procès expédié en cinq
jours, fin mars 1919. Les douze jurés ne met-
tent qu’une demi-heure à l’acquitter, en se ren-
A 5
dant à l’argument de son avocat plaidant le
« crime passionnel » et le « moment d’égare-
ment », mais aussi la nécessité de réconcilier la
France meurtrie.
Le citoyen Raoul Villain retourne donc à ses
petites affaires. En 1932, il utilise un héritage
pour s’installer à Ibiza. La guerre civile espa-
gnole éclate. Il est lui-même abattu le 13 sep-
tembre 1936 par des républicains, peut-être
parce qu’il lisait une bible sur une plage de l’île.
Un saint laïc
Jaurès est déjà sanctifié, un autre paradoxe
de ce temps fou, qui les accumulent. Ses restes
sont transférés au Panthéon en 1924. L’héritage
du héros de la gauche pacifiste se trouve de-
puis évoqué de tout bord. Le président Nicolas
Sarkozy, de droite, le citait souvent.
Le président Hollande, de gauche, sera de la
cérémonie commémorative prévue ce jeudi
31 juillet au café devenu la taverne du Crois-
sant, rue Montmartre. On y attend aussi une
délégation du parti socialiste et des journalistes
de L’Humanité.
« Transformé en icône par ses héritiers, Jaurès
ne se retrouverait pas dans la gauche bobo-liber-
taire qu’est devenu le Parti socialiste, dit dans
une entrevue au Figaro Bernard Carayon, qui
vient de publier Comment la gauche a kidnappé
Jaurès (éditions Privat). Il n’était pas de cette
gauche creuse à la Yannick Noah. L’argent, pas
plus que les futilités, n’était pas son affaire. Il ap-
partient à cette génération d’hommes politiques
qui avait lu, qui savait écrire et parler. »
Le Devoir
Lire aussi › Gravilo Princip, l’homme qui annonça
la liberté. Une lettre de l’ambassadeur de la Ré-
publique de Serbie au Canada. Page A 7
En supplément
L’Institut national de l’audiovisuel (INA) de
France propose en ligne un dossier intitulé
Jean Jaurès, le génie pacifique
(http://www.ina.fr/contenus-editoriaux/arti-
cles-editoriaux/jean-jaures-le-genie-pacifiste).
On y retrouve une chaîne de documents, dont
une entrevue avec le dernier témoin vivant de
l’assassinat cinquante ans après le drame, et
quelques images des funérailles de Jean Jau-
rès tournées le 3 août 1914 à Clastres.
A 6 L E D E V O I R , L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4

EDITORIAL
POUR UNE STRATÉGIE NUMÉRIQUE

FONDÉ PAR HENRI BOURASSA LE 10 JANVIER 1910 › FAIS CE QUE DOIS !

Défi culturel urgent Directeur BERNARD DESCÔTEAUX

L’ère des médias de masse avait bien des défauts, mais
puisque rien n’est parfait, l’ère du numérique qui lui a succédé
n’en est pas dénuée non plus. Entre autres pour l’avenir des
petites cultures périphériques. Ainsi, il urge que soit déployée
et amplifiée la « stratégie culturelle numérique » annoncée par
Maka Kotto et poursuivie par le gouvernement Couillard.
Rédactrice en chef JOSÉE BOILEAU
Vice-présidente, développement CHRISTIANNE BENJAMIN
Vice-présidente, ventes publicitaires LISE MILLETTE
Directeur des finances STÉPHANE ROGER
Directrice de l’information MARIE-ANDRÉE CHOUINARD
Adjoints PAUL CAUCHON, LOUIS LAPIERRE, JEAN-FRANÇOIS NADEAU, DOMINIQUE RENY, LOUISE-MAUDE RIOUX SOUCY
Directeur artistique CHRISTIAN TIFFET
Directeur de la production CHRISTIAN GOULET

n le répétait sans trop y croire aux débuts de

O
l’Internet démocratique, il y a 20 ans : le numé-
rique, ou les « autoroutes de l’information » —
selon la métaphore douteuse en vogue alors —
, allait tout changer. C’est peut-être là une des
rares prédictions des futurologues à s’être vé-
ritablement avérée ! Aujourd’hui, de l’industrie
du taxi à la musique en passant par les médias,
la démocratie et la télévision généraliste, tous
les secteurs semblent être bouleversés par la
transition vers une société numérique.
Des possibilités infinies se sont ouvertes, on ne peut le nier et
on doit le célébrer : l’accès à l’information, notamment des docu-
ments et des archives ; interaction, instantanéité, nouvelles
formes de socialité, etc. Mais contrairement à ce que promet-
taient les futurologues prophètes d’une sorte de « nir vanet »,
cette ère n’est pas sans défauts.
Quelle était cette utopie populaire en 1995 ?
La fin de la domination des médias de masse
— où un diffuseur « arrosait » une population
sans rétroaction — ouvrait, disait-on, une ère
où chaque personne accéderait au savoir, pour-
rait s’exprimer et trouver son public, cocréer
ses œuvres. L’homme devenait un média pour
l’homme. Il y avait là un espoir de réciprocité,
ANTOINE d’égalité, de développement inédit de l’« intelli-
ROBITAILLE gence collective ».
Deux décennies plus tard, certains tentent
de dresser un bilan. Dans les entrevues qu’elle accorde (à pro-
pos de son essai The People’s Platform), la documentariste As-
tra Taylor fait l’hypothèse d’un renversement au moins partiel
de l’utopie de l’Internet des années 1990. Les hiérarchies mé-
diatiques ancestrales devaient être abolies, mais voilà que de
nouvelles se sont constituées, souligne-t-elle. Et bien des créa-
teurs et « fournisseurs de contenus » se trouvent, plus que ja-
mais, menacés d’indigence, voire de pauvreté. Les utopistes
d’Internet comme John Perry Barlow détestaient le droit d’au-
teur, vantaient la gratuité. Mais ce faisant, n’ont-ils pas sapé des REPRISE
possibilités de revenus pour nombre de créateurs ? Comme le
disait Beaumarchais, l’inventeur du droit d’auteur, « l’auteur, il L E T T R E S
doit manger tous les jours » !
L’ère actuelle comporte une part d’illusion, souligne Astra
Taylor : « La culture gratuite, comme la nourriture bon marché,
implique des coûts cachés. » Notamment une nouvelle sorte de Victoire facile aux graves poursuit. Au grand plaisir du principal inté-
ressé. Que ce spectacle incessant puisse
rir qu’un ego démesuré et qui nous fait
presque douter de sa capacité à accomplir
« féodalisme » : les masses créatives travaillent, se connectent,
échangent… et pendant ce temps, Google, Facebook et Ama- conséquences friser le ridicule de même que le pathé-
tique aux yeux de plusieurs citoyens, cela
dûment son mandat d’homme d’État.
Étienne Boudou-Laforce
zon ramassent l’argent (habile formule du New York Times du
Ce qui est regrettable, M. Harper, dans ne semble pas lui poser problème. Que sa Sherbrooke, le 23 juillet 2014
18 juillet). Autres gagnants : les gros phénomènes culturels de
votre appui inconditionnel aux agisse- fonction et ses responsabilités supposent
masse (Beyonce, Game of Thrones, Fifty Shades of Grey, etc.), ments de l’État d’Israël, c’est qu’elle contri- une certaine retenue et inspirent une pres-
qui ne sont pas entièrement nouveaux, mais qui deviennent,
plus rapidement, plus planétaires que jamais. En dessous
bue au maintien et au développement
d’agents terroristes au Moyen Orient et,
tance, il n’en a cure, semble-t-il.
Que le premier magistrat de la métro-
Un bond de géant
d’eux, il y a une « classe moyenne » de créateurs qui, dans le
bouleversement des anciens modes de production et de diffu-
par là, un peu partout dans le monde.
En effet, à l’impossibilité de faire avan-
pole québécoise ait décidé de répondre
aux questions des téléspectateurs à LCN
pour l’humanité
sion, perdent énormément au change, soutient encore Taylor : cer les pourparlers qui mèneraient à la ou d’apparaître dans un sketch d’humour, Par un dimanche soir pas comme les
romanciers, chanteurs, musiciens, scénaristes, journalistes création de l’État d’Israël, à l’empiétement là n’est pas le problème, des antécédents autres, celui du 20 juillet 1969, nous atten-
d’enquête, etc. continu de colonies juives sur le territoire existent. Tout est dans la manière de le dions dans le salon, fébriles et inquiets, la
Intéressantes, les thèses de Taylor semblent occulter d’autres palestinien et le contrôle qu’exerce l’État faire, d’occuper la sphère médiatique et de réalisation de l’engagement audacieux de
perdants dans ce nouveau monde : les artistes et créateurs issus d’Israël sur tout ce qui entre et sort des l’alimenter. Malheureusement, la plupart John F. Kennedy : l’homme marchera sur
des cultures périphériques nationales, comme ceux du Québec, ter res palestiniennes, voilà que vient du temps, Coderre fait l’amuseur public. Il la lune avant la fin de cette décennie.
qui sont trop souvent marginalisés en musique, en télévision et s’ajouter le massacre de ceux et celles qui préfère les bouf fonneries aux débats Un jalon historique de l’exploration spa-
en littérature. Alors qu’au contraire y est ultrafavorisée la cul- osent résister à cet état des choses, en d’idées, l’insignifiant populisme à l’audace tiale se déroulerait en par tie sous nos
ture anglo-américaine de masse, l’ancienne (car archivée et re- employant des moyens disproportionnés politique. Adorant se donner en spectacle, yeux, aboutissement d’une compétition
distribuée massivement) comme la nouvelle, devenue commune qui font fi de la vie des femmes, enfants et il incarne le parfait showman des temps avec l’URSS. Alunir et alunissage entre-
à l’ère numérique. autres civiles qui se trouvent dans les modernes. Il fait dans la « politique pop- raient dans notre vocabulaire. Images
Heureusement, le gouver nement Couillard a décidé de alentours. corn » comme maître Anne-France Gold- floues presque irréelles de Neil Arms-
conser ver la stratégie numérique annoncée peu avant les Appuyer sans réser ve ces façons de water s’adonne au « droit pop-corn ». Même trong. Et puis, sa phrase célèbre pronon-
élections par l’ancien ministre péquiste de la Culture, Maka faire c’est contribuer au maintien d’un le maire Labeaume est plus mesuré que cée comme un exploit, mais demeurant
Kotto. Dans le budget Leitao, on l’a dotée d’un budget de état de fait qui ne peut qu’être désastreux lui, c’est dire ! un idéal : un bond de géant pour l’huma-
110 millions de dollars. Lors de l’étude des crédits, la minis- pour l’ensemble du monde. S’il prétendra être à l’écoute de ses nité. Jamais je n’oublierai combien notre
tre Hélène David a promis de déposer un « plan de déploie- Gilles Marleau concitoyens et tendre vers la démocratie Terre, que photographièrent ces pion-
ment » à l’automne. Il ne faudrait pas trop tarder. Le terme a Orléans, Ontario, le 23 juillet 2014 participative à LCN — le choix n’est pas niers d’Apollo XI, sembla harmonieuse
peu été employé dans les documents jusqu’à maintenant, for tuit —, on peut craindre que ses fu- dans le néant de l’univers. Ces vagues en-
mais il s’agit d’une politique de « diversité culturelle », qui tures inter ventions ne continuent à ver- trelacées d’opale et de lapis-lazuli.
pourrait du reste se montrer plus ambitieuse et aborder la dé- Denis Coderre ou le désir ser dans le sensationnalisme et le calcul
politique.
Pourtant des guerres, des génocides,
l’holocauste, la barbarie y avaient eu
mocratie. Le Manifeste pour un Québec numérique libre et ou-
ver t, lancé pendant la dernière campagne, le disait à sa ma- d’attention permanent On dira bien sûr que c’est son trait de
caractère et son sens de l’humour qui
lieu ? Et aujourd’hui ? L’homme peine en-
core à s’humaniser en Syrie, Afghanis-
nière : « Ces transformations nous arrivent de l’extérieur plus Apparition-surprise en pape à l’occasion s’expriment, for t bien ! mais lorsque le tan, à Gaza, en Ukraine. Le bond de
souvent que de l’intérieur, et nos intérêts sont loin d’être pris en d’une pièce de théâtre, contribution impul- maire apparaît comme un éternel adoles- géant régresse souvent au stade du petit
compte. Il importe d’agir au niveau politique afin de nous assu- sive à son compte Twitter, deux « specta- cent en manque d’attention, on peut se pas écrasant.
rer d’exercer le plus grand degré de maîtrise des enjeux du nu- cles » télévisuels (à LCN et CTV) à venir, la questionner sérieusement sur l’intérêt de Carol Patch-Neveu,
mérique, aujourd’hui comme demain. » surexposition du maire de Montréal se la démarche qui, au final, ne semble nour- Montréal, le 22 juillet 2014

L I B R E O P I N I O N

Conflit israélo-palestinien : Monsieur Harper, reconsidérez votre politique

PIERRE JASMIN
Vice-président des Artistes pour la paix,
avec l’accord de la présidente Guylaine Maroist
et du conseil d’administration
Lettre à M. Stephen Harper.
statue d’une part qu’il est essentiel que les droits
de la personne soient protégés par un régime de
droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en
suprême recours, à la révolte contre la tyrannie
et l’oppression, il précise d’autre part qu’une ré-
volte justifiée ne doit pas inclure l’action armée
indiscriminée contre des civils, ce que fait le ter-
tage des compagnies faisant affaire avec les co-
lonies israéliennes.
De concert avec l’Église presbytérienne et
avec le tout récent appel d’Avaaz.org, les Ar-
tistes pour la paix dénoncent banques et entre-
prises qui investissent chez les fabricants
d’armes israéliens, par exemple Caterpillar et
Director, actuellement sous les bombes
(meca@mecaforpeace.org).
En conclusion, Monsieur le Premier Minis-
tre, comme les États-Unis et d’autres gouver-
nements occidentaux, vous cautionnez, en ne
mettant pas le poids politique du Canada der-
rière le respect des résolutions de l’ONU, l’in-

M onsieur le Premier Ministre, nous consi-

dérons l’appui de votre gouvernement et
celui des grandes banques et entreprises cana-
diennes à la politique agressive de M. Nétanya-
hou en contradiction totale avec l’appel à la ces-
sation des hostilités lancé par le secrétaire gé-
néral de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et donc, en
fin de compte, avec la paix au Moyen-Orient,
que les Artistes pour la paix souhaitent de tous
leurs vœux.
Malgré la vive compassion éprouvée, notre
Charte nous interdit de prendre fait et cause
pour un belligérant lors d’un conflit, qu’il soit mi-
norité alaouite en Syrie, russophone en Ukraine
ou Gazaoui écrasé par la répression brutale de
Tsahal. Nous avons refusé de participer aux ma-
nifestations appelées par les Palestiniens et al-
liés, parce que leurs organisateurs ne condam-
naient pas les salves de roquettes Qassam du
Hamas. Or, le préambule de la Déclaration uni-
verselle des droits de l’homme est formel : s’il
rorisme aveugle des Qassam. Les Artistes pour
la paix sont irréductiblement pour la paix, pas
seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour
les Israéliens !
Ces derniers souffrent surtout en raison de
l’insensibilité persistante, face à la réalité histo-
rique infamante des Palestiniens, de leurs gou-
vernements, à l’exception du regretté Itzakh
Rabin, assassiné par un zélote juif. En 2012, le
rapporteur spécial de l’ONU Richard Falk dé-
nonçait l’attaque frontale des gouvernements
de droite expansionnistes israéliens : « Toutes
les colonies de peuplement en Cisjordanie, no-
tamment à Jérusalem-Est, ont été établies en vio-
lation flagrante du droit international. Pour-
tant, aujourd’hui, elles contrôlent plus de 40 % de
la Cisjordanie, tandis qu’entre 500 000 et
600 000 colons vivent dans le territoire palesti-
nien occupé. Au cours des 12 derniers mois, leur
nombre s’est accru de plus de 15000 personnes. »
En conséquence, M. Falk préconisait le boycot-
Hewlett-Packard. Nous adhérons donc au mou-
vement (voir bdsmovement.net/stoparmingis-
rael) et en particulier à la lettre demandant que
l’ONU et les gouvernements imposent un em-
bargo militaire sur Israël (l’embargo envers le
Hamas étant en vigueur vu son inscription sur
une liste noire).
Lauréats de prix Nobel de la paix
Cette lettre est signée par six lauréats de
prix Nobel de la Paix, l’archevêque Desmond
Tutu, Adolfo Peres Esquivel, Jody Williams,
Mairead Maguire, Rigoberta Menchú et Betty
Williams, ainsi que par des signataires tels
que Noam Chomsky et Roger Waters (Pink
Floyd). Nous appelons les artistes fortunés à
imiter le geste magnifique de frater nité de
l’équipe de soccer algérienne, qui aurait versé
sa prime du Mondial à leurs frères et sœurs
de la bande de Gaza. On peut envoyer des
dons à la docteure Mona El-Farra, Gaza Project
justice, la confiscation des terres par l’érection
du Mur (voir le cas de Bil’In) et les expédi-
tions guerrières de Tsahal en 2006 au Liban,
puis en 2008-2009, et l’actuelle qui vient de
causer la mort d’une soixantaine d’enfants in-
nocents. Sans compter que votre militarisme
nourrit, hélas, par son intransigeance et son
exemple néfaste, l’extrémisme grandissant du
Hamas, de l’Armée islamiste (AIIL), qui met à
feu et à sang l’Irak et la Syrie, et celui des
Frères musulmans persécutés par l’armée
égyptienne (que vous encouragez par ail-
leurs). Ne croyant plus à la justice planétaire,
les extrémistes ne puisent-ils pas, dans une re-
ligiosité intégriste passéiste, le recours à leur
violence rigoriste désespérée ?
Nous vous prions donc de reconsidérer votre
politique à la lumière des derniers événements
et, votre patience aidant, à celle de notre der-
nier article inspiré par un appel de M. Jooned
Khan (voir artistespourlapaix.org/?p=5488).
 L E D E V O I R , L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4 A 7

IDEES
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE : LE POINT DE VUE SERBE

Gavrilo Princip, l’homme qui annonça la liberté

Qualifier de « terroriste » l’homme qui a tiré sur Ferdinand en juin 1914 est une forme de négationnisme
MIHAILO PAPAZOGLU parler de Dušan Donovic. Un volontaire de été effacés de la liste des vivants par l’état-ma- été apposée sur le lieu même où avait été tué
Ambassadeur de la République de Serbie au seize ans dans l’armée serbe, né à Crmnica, tué jor de l’armée serbe. Laissés-pour-compte le prince héritier Ferdinand : « Sur ce lieu
Canada à Belgrade par un coup de fusil tiré d’un vais- comme un dernier sacrifice. Il ne faut pas l’ou- historique, Gavrilo Princip annonça la liberté. »
seau de la flotte autrichienne du Danube, le blier. Demandez à un enfant quelconque en Or, le 20 avril 1941, Hitler l’a reçue en cadeau
arajevo, Bosnie, le 28 juin premier jour de la guerre. Il est la première Serbie aujourd’hui pour cet épisode de guerre (c’était son anniversaire), comme un trophée.

S
1914. Environ 400 ans sous
l’Empire ottoman et presque
40 ans sous l’occupation aus-
tro-hongroise. Un peuple
composé d’une douzaine de
nationalités différentes parta-
geant le même rêve de li-
ber té. Dont Gavrilo. Tirant
sur le prince héritier d’Au-
triche. Pour nombre de ses
compatriotes, il est combattant de la liberté. Il y
en a qui disent « terroriste » ? Conser vons le
point d’interrogation ici. Tout de même, ces
coups ont annoncé le début de la guer re…
Memento mori.
Belgrade, Serbie, le 28 juillet 1914. Seule-
ment un mois plus tard les premiers obus com-
mencent à tomber sur les rives citadines du
Danube et de la Sava et aux alentours, sous le
ciel lourd et brûlant d’été. Pour la Serbie, c’est
la fin du prélude diplomatique long d’un mois,
déclenché par les coups tirés par Gavrilo, suivi
par l’ultimatum écrit posé à la Serbie. L’Au-
triche-Hongrie, l’Empire de 52 millions d’habi-
tants, a posé l’ultimatum de 48 heures à une na-
tion de 5 millions d’habitants. Il n’y avait pas
d’abris. La déclaration de guerre fut envoyée
par télégraphe. Classé urgent. À l’époque, « le
blitzkrieg » n’était pas encore inventé, mais la
campagne militaire punitive dans les Balkans
était imminente. Waltzerkrieg ? Cela avait l’air
facile. Trop facile…
Vous n’avez probablement jamais entendu
victime de la Première Guerre mondiale. Il est
mort comme 1 250 000 autres Serbes. Nombre
des morts : 28 % de la population totale, soldats
et civiles confondus. Peut-être avez-vous
entendu parler de George Lawrence
Price ? Né à Falmouth, Nouvelle-
Écosse, vingt-six ans. A ser vi à la
compagnie A du 28e bataillon, Corps ex-
péditionnaire canadien en Belgique.
T ué par balle du sniper allemand à
10 h 58, le 11 novembre 1918. Il est mort
deux minutes avant le cessez-le-feu de
l’ar mistice mettant fin à la guer re,
entrant en vigueur à 11 heures. La der- Gavrilo
nière victime de la Première Guerre Princip
mondiale. Il est mort comme 61 000 au-
tres Canadiens. Comme 17 millions d’individus
en Europe et de par le monde entier.
Entre-temps, nous avons lutté. Pendant un an
sur notre sol. Sur nos frontières. La plupart du
temps seuls. La première victoire des Alliés a
eu lieu en Serbie, dans les monts de Cer.
Ensuite la deuxième à Kolubara. Presque
comme la bataille de la crête de Vimy. Le suc-
cès a appelé l’attention du monde entier sur la
Serbie et les Serbes ont gagné la sympathie des
pays alliés mais aussi des pays neutres, puisque
marquant la première victoire contre les puis-
sances centrales. L’année suivante, nous avons
eu notre part de défaites. Belgrade, la capitale,
fut le dernier combat pour plus de 2600 soldats
de l’ar mée serbe défendant Belgrade,
conscients du fait que leurs noms avaient déjà
— ils connaissent ! […] En trois ans d’exil,
nous avons perdu le pays — mais nous avons
sauvé l’État et la qualité d’État. La population a
été laissée aux occupants — mais nous avons
sauvé la nation. Nous n’avons jamais
perdu la foi. Et la devise — le dinar a
gardé sa valeur d’or durant la guerre !
Enfin, avec nos alliés en 1918, nous
étions libres.
Et que faisait Gavrilo pendant ce
temps-là ? Il était emprisonné dans le
donjon de la forteresse Theresienstadt
(Terezín dans la République tchèque
d’aujourd’hui) […]. La majorité a été
envoyée à la mort dans d’autres camps
d’extermination, tandis que 33 000 per-
sonnes y sont mor tes de famine ou de mala-
die. Ils ont partagé le sort de Gavrilo, qui offi-
ciellement est mort de la tuberculose, avec un
bras et une épaule amputée. Gavrilo, un jeune
combattant de la liberté autoproclamée n’a pas
réussi à voir l’Armistice en 1918 et la libéra-
tion pour laquelle il a donné sa vie. Il est mort
six mois avant et a été enterré en secret, pour
que son corps ne soit jamais retrouvé. […]
Pourquoi tout ceci est-il arrivé ? Tout simple-
ment parce qu’il a refusé de passer de l’Otto-
man turc à Kaiserlich und Königlich, sujets
coloniaux ; et du modèle d’apar theid du
Proche-Orient à celui de la Mitteleuropa.
Pourquoi j’ai choisi le titre — Gavrilo Prin-
cip, l’homme qui annonça la liberté ? Après la
Première Guerre, une plaque de marbre avait
Dès les premiers jours de l’occupation du
Royaume de Yougoslavie par les nazis, on
s’était fait un devoir de lui apporter. Elle sym-
bolisait selon lui « l’humiliation allemande
dans la Première Guerre mondiale ». […] 1914.
Gavrilo Princip avait un revolver […] mais la
scène était préparée depuis longtemps déjà et
l’hécatombe a commencé. Les empires colo-
niaux de l’époque touchaient à leur fin. Les
Serbes ont lutté contre plusieurs de ces em-
pires. Pour sur vivre. Pour le droit d’exister.
[…] Nous restons toujours debout. Fièrement.
Sans donner de leçons à qui que ce soit.
Notamment pas à l’histoire. Juste au respect
dû à la mémoire.
Alors, Gavrilo Princip, « terroriste » ? Néga-
tionnisme. Sinon, ce serait le condamner. Sans
cour, sans procès. Pour la seconde fois. Cent
ans après.
La Serbie et le Canada ont lutté du même
côté de l’histoire. Pour la bonne cause. L’après-
guerre mena le Canada à l’Indépendance pleine
et entière et la Serbie reprit confiance en elle-
même sur le théâtre international. La Serbie,
comme les autres, a payé le prix fort en vies
humaines durant la Première Guerre. Elle ne
s’en est jamais remise, disent cer tains. La
mémoire collective devient la pierre angulaire
de notre identité comme nation.
L’histoire a fait de la Serbie et du Canada des
alliés dans les deux guer res mondiales. Le
monde moderne et la globalisation nous ont faits
voisins. Faisons que le futur scelle ce partenariat.

NOUVEAU PONT CHAMPLAIN

Le mirage
de l’« audace »
architecturale
La véritable originalité réside peut-être
dans le fait de refuser d’importer ici
une formule taillée sur mesure pour des
villes en manque d’attention
GUILLAUME ETHIER dévier le débat vers la ques-
Docteur en études urbaines, tion usée du caractère préten-
postdoctorant à l’école dument inféodé des Québé-
d’architecture de l’Université cois. Serait-on incapables, de-
d’Édimbourg mandent cer tains, de nous
montrer aussi spectaculaires
e dévoilement en sur le plan architectural que

L
juin des maquettes
du futur pont Cham-
plain a relancé le
débat quant à la
pertinence de doter
Montréal d’une nou-
velle signature architecturale.
En se basant sur la vague d’ar-
chitecture iconique qui déferle
à l’international depuis plus
d’une décennie, cer tains ont
plaidé pour que Montréal em-
boîte le pas en érigeant à son
tour un monument architectu-
ral présentant une signature vi-
suelle forte. Pour eux, le nou-
veau pont Champlain, par sa
modestie relative, constitue un
rendez-vous manqué. À leurs
opposants qui, pour divers mo-
tifs, trouvent le pont élégant, se
montrent pragmatiques (la
fonctionnalité avant la beauté)
ou préfèrent aux édifices
phares les micromanifestations
architecturales qui émaillent
les rues de la ville, les par ti-
sans de la stratégie « iconique »
(à laquelle je consacre mes re-
cherches) disent en substance
qu’ils manquent d’audace.
Or, cette « audace » de l’ar-
chitecture iconique est une as-
ser tion problématique pour
deux raisons. D’abord parce
qu’elle est infondée, mais
aussi parce que l’audace est
une qualité au cœur des repré-
sentations des Montréalais et
Montréalaises, qui aiment per-
cevoir leur ville comme étant
originale et créative. Lancer
cette accusation fait évidem-
ment réagir de tous côtés, et
fait presque instantanément
l’ont été der nièrement Chi-
cago, Toronto ou Denver ? À
moins que l’audace véritable,
diront les autres, réside dans
le fait de refuser d’importer ici
une formule taillée sur
mesure pour des villes en
manque d’attention ? La ques-
tion est intéressante, mais
sait-on vraiment à quel type de
programme architectural et
urbanistique on se réfère en
parlant des gestes audacieux
posés dans ces villes ? Avant
tout, il faut déboulonner cer-
tains mythes quant à ces nou-
velles signatures architectu-
rales qui ne sont audacieuses
qu’en surface.
Transformation identitaire
Avant toute chose, l’archi-
tecture iconique contempo-
raine a une mission de trans-
formation identitaire. En s’ins-
pirant des icônes ayant atteint
ce statut au terme d’un long
processus d’identification po-
pulaire à un édifice, les starchi-
tectes tentent aujourd’hui de
préméditer la trajectoire ico-
nique de leurs créations en
concevant des structures hors
normes. Pour marquer leur
dif férence, les édifices ico-
niques sont mis en récit par
leurs concepteurs et ritualisés
dans les médias dans une lo-
gique d’opposition à l’identité
de la ville, de manière à la
transformer en face de son dé-
clin. C’est une architecture, en
somme, qui apparaît au monde
en créant une déchirure dans
la ville (l’ef fet dit « wow ») et
L’ef fet dit « wow » de l’architecture est un procédé assez dommageable lorsqu’on ne dépasse pas le stade nécessaire de la confrontation
avec l’environnement urbain, comme c’est le cas pour le Musée royal de l’Ontario à Toronto, ici à gauche.
qui marque une distinction ex-
primant métaphoriquement le
désir de transformer la ville. Il
y a bien sûr des réussites,
comme le Guggenheim à Bil-
bao, mais lorsqu’on ne dé-
passe pas le stade nécessaire
de la confrontation avec l’envi-
ronnement urbain (le cas du
Musée royal de l’Ontario à To-
ronto), c’est un procédé assez
dommageable qui aliène des
édifices de premier plan dans
les représentations de la ville.
De plus, il est important de
comprendre que l’architecture
iconique est appar ue à une
époque où les institutions ne sa-
vent plus exactement comment
se représenter en ver tu de
l’éclectisme des idéaux qui tra-
versent la société. Face à cette
crise de représentation, deux
choix limites s’of frent aux
concepteurs d’édifice monu-
mentaux : ou bien on tente le
coup d’éclat iconique, un édifice
expressionniste qui maximise le
potentiel émergent des techno-
logies numériques ; ou bien on
se fait le plus transparent possi-
ble (dans le néo-modernisme)
et on laisse les utilisateurs dic-
ter le sens des lieux. Deux stra-
tégies qui se valent sur le plan
monumental, en somme. Mais
comprenons bien que l’option
iconique, si elle semble souvent
plus originale, n’en demeure
pas moins une approche archi-
tecturale purement stratégique,
et ne devrait pas être pensée
trop rapidement comme l’ex-
pression du caractère auda-
cieux d’une collectivité. L’au-
dace est à l’architecture ico-
nique ce que la paix intérieure
est à la méditation: un objectif,
certes, mais pas un état atteint
partout en tout temps.
Entre les deux approches, il
y a à peu près tout ce qui s’est
fait récemment à Montréal !
Des édifices semi-sobres, ou à
moitié flamboyants, faites vo-
tre choix ter minologique.
C’est peut-être là, justement,
que se trouve la « banalité »
que cer tains reprochent à
Montréal : dans les gestes mal
assumés et écrasés par la ré-
glementation du Quartier des
spectacles, par exemple. On a
essayé là, hormis quelques
réussites, de tout faire en
même temps en vertu de notre
positionnement ambigu par
rapport à « l’audace » architec-
turale. En témoignent avec
éloquence les diverses atté-
nuations apportées au 2-22 de-
puis le projet du starchitecte
Paul Andreu jusqu’à sa version
définitive, sise sans éclat parti-
culier au coin des rues Saint-
Laurent et Sainte-Catherine.
Le nouveau pont Champlain
se trouve lui aussi sur le ter-
rain des compromis, bien
qu’on pourrait soutenir qu’il
réussit l’exercice d’équilibre
avec brio. Les projections noc-
tur nes du pont indiquent
même qu’il s’agira d’une struc-
ture plus spectaculaire qu’on
ne l’a laissé entendre.
Plus généralement, peut-on
dire que Montréal manque
d’audace en laissant filer la
chance d’ériger un authentique
pont-sculpture ? La question
me semble mal posée. Veut-on
d’une structure iconique dont
l’objectif implicite consiste à
transformer l’identité de la
ville ? Cette question, si elle
BODYALIVE NJ
semble plus adaptée à la réalité
de l’architecture iconique mon-
diale, trace sur tout une nou-
velle ligne de par tage entre
ceux qui aiment la ville pour ce
qu’elle représente aujourd’hui
et ceux qui préféreraient voir
son évolution l’amener ailleurs.
Il est peut-être temps pour
Montréal de faire un choix et
de l’assumer plutôt que de
poursuivre sur la voie des
demi-mesures. S’il faut à tel en-
droit un geste spectaculaire,
for t bien. Mais je suis plutôt
d’avis qu’il faut reconnaître que
la métropole n’est pas Bilbao.
L’audace réside aussi dans le
fait de cette acceptation, qui
n’est pas une résignation. Et
puis, quand la situation nous
contraindra à faire des compro-
mis, aussi bien espérer que
cela soit bien fait, comme au
pont Jensen. On pourra tou-
jours rajouter des pots de géra-
niums au sommet de ses tours
si, un jour, on le juge insuf fi-
samment iconique, comme le
proposait Jacques Parizeau
quand est venu le temps de
compléter la tour du stade…

L’ÉQUIPE DU DEVOIR
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Claudette Béliveau (adjointe administrative), Claudine Chevrier, Florentina Draghici, Céline Furoy et Véronique Pagé.
A 8
GROUPE
SUITE DE LA PAGE 1
LDJ canadienne ont fait face à des manifestants
propalestiniens, sous l’œil des policiers. Le ras-
semblement n’a donné lieu à aucun incident.
«Nous voulons donner à nos communautés plus
de force pour faire face à ces organisations et indivi-
dus qui présentent une menace pour nos commu-
nautés », a expliqué le directeur de la LDJ cana-
dienne, Meir Weinstein, en entrevue téléphonique
avec Le Devoir, dimanche. Il indique qu’il viendra
à Montréal «la semaine prochaine» pour y établir
une toute nouvelle succursale de son organisation,
précisant que le climat actuel justifie l’expansion
de son groupe au Québec. «En fait, je reçois beau-
coup d’appels de Montréal, m’indiquant qu’il y a
une augmentation de l’antisémitisme », dit
M. Weinstein. Le groupuscule avait déjà une pré-
sence au Québec, il y a plusieurs années. M. Wein-
stein souhaite désormais formaliser la présence
de la LDJ canadienne. «C’est facile de trouver des
gens qui veulent être dans l’organisation, mais c’est
plus difficile de trouver du leadership, mais mainte-
nant, on a des gens qui peuvent prendre en main la
situation […] à Montréal, dit-il. Les gens doivent
pouvoir se défendre eux-mêmes lors des rassemble-
ments, où à n’importe quel autre endroit où les Juifs
peuvent être agressés», ajoute-t-il.
Dans la mire du FBI
La LDJ américaine a été qualifiée d’organisa-
tion « terroriste », « violente » et « extrémiste » par le
FBI en 2001, notamment après que deux de ses
membres eurent comploté en vue de perpétrer
un attentat contre une mosquée. Baruch Gold-
TOUR
SUITE DE LA PAGE 1
tout, on se souviendra de sa victoire à la 11e étape.
Un superbe truc, à la barbe de coureurs costauds.
Du beau, du bon. Mais ce qui aurait pu être le mo-
deste triomphe auquel sont habitués les Français
s’est transformé en guerre ouver te pour les
deuxième et troisième marches du podium, les
jeunes Romain Bardet (Ag2r-La Mondiale), Thi-
bault Pinot (FDJ.fr) et le vétéran Jean-Christophe
Péraud (Ag2r-La Mondiale) passant les derniers
jours de montagne, dans les Pyrénées, à tout es-
sayer pour larguer le leader de l’équipe Movistar
Alejandro Valverde. Ce qui aura finalement fonc-
tionné: Péraud et Pinot complétaient le triumvirat à
Paris, respectivement deuxième et troisième. Pinot,
lui, a pris le maillot blanc du meilleur jeune.
Dans les médias français, ça roucoulait de bon-
heur: il faut remonter à 1997 pour trouver le plus
récent Français à avoir foulé ce podium.
Enfin, déclarait-on, le cyclisme propre (lire sans
dopage) sort la tête de l’eau (claire?), et l’Hexagone
peut à nouveau briller sur le Tour. Puisqu’il en était
question, Nibali en a profité pour souligner sa pro-
pre posture farouchement antidopage (comme s’il
pouvait en être autrement…), tandis que le patron
de la Sky, Dave Brailsford, déplorait que les médias
ne harcèlent pas l’Italien sur la question comme on
l’avait fait avec les gagnants des deux derniers
Tours: Bradley Wiggins et Christopher Froome.
AZERBAÏDJAN
SUITE DE LA PAGE 1
histoire de rappeler ce qui est au centre de cette
nouvelle abondance et de ce qui alimente les am-
bitions du régime autoritaire du président Ilham
Aliev: faire de l’ancienne république soviétique un
second «Dubaï», cette fois sur la mer Caspienne.
«Le régime cherche clairement à mettre l’Azer-
baïdjan sur la mappe. Il mène un lobby énorme à
travers le monde pour rehausser le prestige du
pays», explique au Devoir Thomas de Waal, spé-
cialiste de ce pays du Caucase du Sud au Carnegie
Endowment for International Peace.
Le régime ne lésine pas sur les moyens pour atti-
rer les regards, en commençant par accueillir de
grands événements internationaux. Le pays s’est
largement fait connaître en 2012 en étant l’hôte du
très populaire concours de chanson Eurovision. Le
régime a construit pour l’occasion le somptueux et
moderniste Crystal Hall au prix de 200 millions de
dollars, à côté duquel flotte un drapeau national for-
mat géant accroché à un mât haut de 40 étages…
L’année prochaine, la «terre du feu» accueillera les
15000 athlètes qui participeront aux premiers Jeux
européens, organisés par le Comité olympique
d’Europe. Et, après deux échecs, le pays posera sa
candidature pour obtenir les Jeux olympiques de
2024. Enfin, toujours dans le monde du sport, le mi-
nistère du Tourisme débourse plusieurs millions
chaque année afin d’écrire en toutes lettres «Azer-
baijan, Land of Fire» sur les maillots des joueurs du
club de soccer Atlético de… Madrid.
Architecture et démesure
D’autres exemples? Le pays cherche aussi à atti-
rer les regards — littéralement — par l’architecture.
Avec un certain succès, d’ailleurs. Avec ses grandes
courbes oviformes et sa couleur coquille d’œuf, le
centre Heydar Aliyev, signé par l’architecte anglo-
irakienne de renom Zaha Hadid, vient de remporter
un prix de design décerné par le gratin mondial de
l’architecture. On ne peut manquer non plus les
trois Flame Towers, tout en verre, sur lesquelles des
flammes dansent lorsque la nuit tombe.
Les bureaux du Devoir sont situés
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L E D E V O I R ,
ACTUALITÉS
Des membres de la Ligue de défense juive ont pris part à une contre-manifestation samedi à Toronto.
stein, l’extrémiste juif qui a tué 29 Palestiniens
lors du massacre du tombeau des Patriarches en
1994 à Hébron, a été membre de la LDJ améri-
caine et un disciple de M. Kahane.
Pour la LDJ canadienne, le message du rabbin
d’extrême droite est mal compris par les princi-
pales organisations juives. «Les institutions juives
ont regardé le rabbin Kahane comme une menace
directe à leur autorité et ils ont prêché contre lui, di-
sant que traditionnellement, les Juifs ne portent pas
d’armes», lit-on sur le site de la LDJ canadienne. Le
groupuscule demande toutefois à tous ses mem-
bres de respecter les lois en vigueur au Canada.
David Ouellette, le porte-parole du Centre
consultatif des relations juives et israéliennes à
Montréal, qualifie la LDJ de mouvement « ultra-
nationaliste » et « marginal ». Il estime que les
idées de la LDJ sont rejetées par la grande ma-
jorité des Juifs québécois. M. Ouellette ex-
Pendant ce temps, un jeune Polonais de 24 ans
du nom de Rafal Majka (Tinfoff-Saxo) se faisait un
nom en privant l’Espagnol Roaquim Rodrigez (Ka-
tusha) du maillot à pois (du meilleur grimpeur) et
en sauvant les meubles pour l’équipe d’Alberto
Contador en remportant deux étapes, imité par
son coéquipier australien Michael Rogers.
L’Américain Andrew Talansky (Garmin-Sharp),
tenté par l’abandon, remontait sur son vélo, en
pleurs, pour terminer au courage ce qui serait l’étape
ultime d’un Tour de France pourri par les chutes.
Son coéquipier Jack Bauer, quelques jours plus tard,
se faisait voler la victoire à 50 mètres de l’arrivée au
terme d’une échappée aux proportions épiques,
mais il allait être vengé par Ramunas Navardauskas
à la veille du contre-la-montre, où les Ag2R-La Mon-
diale ont été ennuyés par les crevaisons. Assez pour
évacuer Bardet du top 5, mais pas suffisamment
pour priver Péraud de sa seconde place.
C’est le Tour de France 2014. Des images éparses,
de petits morceaux de course qui nous tournent en
tête avant de prendre, pour la plupart, le chemin de
l’oubli. On en retiendra quand même quelques-unes.
Comme celles plus haut, auxquelles s’ajoute le clin
d’œil de Majka tandis qu’il remonte parmi les
groupes de coureurs d’un peloton effiloché, bondis-
sant jusqu’à l’avant de la course pour remporter sa
deuxième étape et sécuriser son maillot à pois.
On continuera de se demander si la victoire de
Nibali est dévaluée par l’absence de Contador et
de Froome ; si les Français auraient été aussi do-
minants et auraient pu voler à ceux-là les places
restantes du podium ; si tout ce beau monde est
dopé, et à quoi. Les seules certitudes sont ces mo-
Mais le projet immobilier des îles Khazar est sans
conteste le plus audacieux. Et de loin. Simulacre des
mégadéveloppements de Dubaï, ses 55 îles artifi-
cielles en forme de homard baignées par la Cas-
pienne à quelques dizaines de kilomètres au sud de
la capitale doivent accueillir d’ici 2022 près d’un mil-
lion de résidants et touristes (l’agglomération de Ba-
kou compte 2 millions d’habitants). En plus des rési-
dences et de la vingtaine d’hôtels, le complexe com-
prendra la plus haute tour au monde (1km), une
piste de Formule 1 et un aéroport. Le tout pour la
somme respectable de 100 milliards de dollars, soit
30 milliards de plus que le PIB actuel du pays…
Déclin pétrolier
Lubie? «L’Azerbaïdjan a présentement les moyens
de se lancer dans de tels projets, juge Thomas de Waal.
Mais à long terme, rien n’est moins sûr. C’est là que la
comparaison avec Dubaï ne tient pas la route. Et c’est
là que se trouve le danger: les Émirats arabes unis ont
des réserves de pétrole et de gaz pour des décennies en-
core, tandis qu’il n’est pas impossible que l’Azerbaïdjan
n’en ait que pour une décennie seulement.»
Après des années de misère au début des an-
nées 1990, le petit pays du Caucase du Sud a vu sa
croissance caracoler à 10% dès la fin de la décen-
nie, pour finalement exploser à 26% en 2005 et à
Le rival arménien
Pour comprendre les motivations de Bakou à
rehausser son prestige sur la scène internatio-
nale, il faut notamment regarder du côté de
l’Arménie, estime Thomas de Waal, chercheur
au Carnegie International Endowment for In-
ternational Peace. «L’Azerbaïdjan perçoit la ri-
valité avec l’Arménie de façon très aiguë, même
s’il est aujourd’hui plus puissant que son voisin
sur les plans économique et militaire. Le régime
ressent une grande insécurité», dit-il. Après une
guerre sanglante entre 1988 et 1994, les deux
pays se disputent toujours la région du Haut-
Karabagh. Selon M. de Waal, le lobby armé-
nien, très actif à l’étranger, contribue à aiguiser
la rivalité du côté de Bakou.
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L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4
DARREN CALABRESE LA PRESSE CANADIENNE
plique toutefois que les activités du groupe res-
pectent les lois canadiennes à sa connaissance.
M. Weinstein indique d’ailleurs que son groupe
est en très bons termes avec les autorités cana-
diennes. Il affirme que la LDJ collabore étroite-
ment avec la police pour dénoncer les actes antisé-
mites. «Nous avons établi une ligne de communica-
tion sérieuse avec la police à tous les niveaux», dit-il.
Sur le plan politique, un des membres les plus
actifs de l’organisation, Julius Suraski, faisait partie
de la délégation de Stephen Harper lors de sa visite
en Israël en début d’année. Le groupe comprenait
notamment des hommes d’affaires, des rabbins et
des personnalités juives canadiennes. D’ailleurs
M. Weinstein ne tarit pas d’éloges au sujet de
M. Harper. «Le premier ministre Stephen Harper
est un individu extraordinairement juste», dit-il.
Le Devoir
ments magnifiques auxquels nous convie chaque
fois cette épreuve inhumaine. Ici, un clin d’œil. La
belle victoire d’un gamin.
Collaborateur
Le Devoir
Vos gagne l’épreuve féminine
L’épreuve féminine en marge de l’arrivée du
Tour de France sur les Champs Élysées s’est dé-
roulée bien sagement. Félicitations à RDS, qui a
eu la bonne idée de la diffuser, et de la commen-
ter. On vous avait parlé de Pauline Ferrand Pré-
vot et de sa coéquipière Marianne Vos, à ranger
parmi les favorites. La seconde s’est momenta-
nément envolée sur la fin de ce parcours en-
nuyeux (la boucle de 7km que font aussi les
coureurs du Tour), sans grand public, puis a
servi de rampe de lancement à Vos avant de
chuter dans les barrières de sécurité. La Néer-
landaise et multiple championne du monde a
pris cette victoire au sprint, devant Kirsten Wild.
Mais aussi la championne canadienne, Leah
Kirchmann, arrivée troisième. Reste maintenant
à voir si l’organisation du Tour répétera l’expé-
rience, ou si on offrira enfin aux femmes une
course de plusieurs jours. Le Tour d’Italie en
propose une, qui comporte dix étapes (rem-
porté par Vos cette année). Celui d’Espagne a
manifesté de l’intérêt lui aussi. Faudra mainte-
nant que l’argent et les télédiffuseurs suivent.
35% l’année suivante, le tout grâce à un boom pé-
trolier qui a porté la production de 200000 barils
par jour à 1 million en 2010. Le tout ou presque
embarque dans le pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan,
inauguré en 2005, en route vers la Méditerranée.
Mais la production est sur un lent déclin depuis
lors et la croissance oscille entre 0% et 5%.
Le gaz pourrait toutefois venir compenser le dé-
clin pétrolier, du moins en partie, avance M. de Waal.
La production a déjà été multipliée par trois depuis
2005 et le gouvernement mise sur le champ gazier
Shah Deniz, au milieu de la mer Caspienne, l’un des
plus imposants au monde. «Une nouvelle qui ne peut
qu’être bien reçue en Europe», estime le chercheur.
Les pays européens cherchent en effet des sources
d’approvisionnement en gaz ailleurs qu’en Russie,
avec qui les relations se détériorent de plus en plus.
Realpolitik
Bakou compte beaucoup d’alliés en Occident.
En fait, comme l’écrivait en 2013 le reporter Peter
Savodnik dans le New York Times, peu de gouver-
nements dans le monde savent manœuvrer aussi
habilement dans les méandres de la géopolitique
que celui de Bakou. Le régime parvient ainsi à
garder de bonnes relations avec le Kremlin tout
en résistant à sa domination. Bien peu d’anciennes
républiques soviétiques peuvent en dire autant.
Et, bien qu’il soit très majoritairement musulman,
il n’hésite pas à acheter des armes à Israël en
échange de pétrole — ce qui lui a toutefois valu les
remontrances de son voisin iranien qui, comme
lui, a une population principalement chiite.
Ce pragmatisme politique, le régime le met en
avant pour servir son ambition: attirer les regards
et les investissements du monde entier.
Collaborateur
Le Devoir
Notre collaborateur a séjourné en Azerbaïdjan
grâce à l’Alliance des civilisations de l’ONU.
Lire aussi › Une vidéo sur le projet
pharaonique des îles Khazar. LeDevoir.com
Mardi: un pays attaché au principe de laïcité
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CULTURE
SUITE DE LA PAGE 1
grandes villes comme Vancouver et Toronto.
En regardant ce qui s’est fait du côté du Ca-
nada anglais, Gérald Grandmont est convaincu
qu’il faut plutôt aller au Québec vers un dia-
logue interculturel qui préconise davantage un
apprivoisement des communautés pour permet-
tre l’enrichissement de notre culture. « Il faut fa-
voriser d’une cer taine manière une culture de
mixité sans perdre pour autant notre identité, dit-
il. Mais parler de ce que sont maintenant l’iden-
tité et la culture québécoise est un exercice délicat
où tous les points de vue devront être entendus. »
Après une année de tensions suscitées par la
charte des valeurs de l’ancien gouvernement pé-
quiste, M. Grandmont est conscient que le débat
risque d’être houleux, mais il persiste à dire qu’il
est impératif de replacer la culture comme étant
un élément important du développement collectif.
«La culture est un capital à préserver et à faire fruc-
tifier pour que les sociétés continuent de s’enrichir.
Cela veut dire qu’il faudra aller beaucoup plus loin
que le financement des arts pour promouvoir la cul-
ture: il faudra être en mesure de favoriser l’intégra-
tion culturelle, de réduire les inégalités sociales ou
encore de créer de nouveaux territoires pour y arri-
ver», dit-il, en faisant remarquer que de plus en
plus d’artistes travaillent étroitement avec les mi-
lieux communautaires dans les grandes villes.
Le français, valeur commune
Selon lui, les municipalités doivent d’ailleurs
être l’acteur majeur des nouvelles politiques cultu-
relles au Québec. « Ce sont les grandes villes qui
sont confrontées aux nouvelles réalités et aux pro-
blèmes d’intégration. Comme l’intégration culturelle
s’opère dans la vie quotidienne, on se doit d’encoura-
ger et de financer des actions de proximité pour favo-
riser le dialogue interculturel», souligne M. Grand-
mont en prenant bien soin de dire que la société
francophone ne doit pas pour autant disparaître.
«À mes yeux, le français doit demeurer la langue
commune dans nos institutions, ce qui ne veut pas
dire qu’on ne peut pas parler une autre langue,
mais on ne doit pas pour autant avoir un repli sur
soi pour mieux protéger notre langue», précise-t-il.
En fait, M. Grandmont soutient que le français
doit continuer d’être une valeur commune et le
reflet de la culture québécoise. « Il nous faut une
certaine dose d’assurance personnelle sur notre
propre identité. Si on est inquiet de notre propre
identité, on aura du mal à s’ouvrir à d’autres cul-
tures et à prendre notre place », affirme-t-il.
Même si le Québec n’est pas un joueur majeur à
l’échelle internationale, cet ancien haut fonction-
naire croit qu’il se doit tout de même, s’il veut conti-
nuer d’exister, d’être présent et actif pour conti-
nuer à faire rayonner sa culture. Dans le passé, le
Québec a démontré qu’il était capable de faire une
différence en jouant un rôle dans l’adoption de la
Convention pour la protection des expressions cul-
turelles de l’UNESCO. Il a aussi fait un grand pas
en adoptant l’Agenda 21 de la culture au Québec.
Ce cadre de référence, repris en France, considère
la culture comme une composante majeure en te-
nant compte du contexte social, économique et en-
vironnemental du développement durable.
M. Grandmont soutient que la réflexion qui
s’entamera ces prochaines semaines pour redé-
finir la politique culturelle au Québec devrait
donc s’en inspirer parce que « les arts et la cul-
ture portent une capacité de changement » dans
divers domaines aussi variés que l’aménage-
ment du territoire, la protection de la santé, la
prévention du décrochage scolaire, le tourisme
et l’intégration des communautés culturelles.
Le Devoir
Lire aussi › Des articles de Gérald Grandmont
sur l’état du développement culturel
au Québec. LeDevoir.com
PEDRO RUIZ LE DEVOIR
Le professeur Gérald Grandmont, ancien sous-
ministre québécois de la Culture.
Gérald Grandmont en cinq dates
1976 : Directeur de cabinet du ministre de la
Culture sous le gouvernement Lévesque
1984-1985: Étude des politiques culturelles
européennes au ministère de la Culture de
France
1987-1995: Directeur de la recherche et de
l’évaluation au Musée de la civilisation
2000-2008: Sous-ministre adjoint au minis-
tère de la Culture
2008-2014: Professeur associé à HEC Montréal
Abonnements (lundi à vendredi, 7 h 30 à 16 h 30)
Au téléphone 514 985-3355
Extérieur de Montréal (sans frais) 1 800 463-7559
Par courriel abonnements@ledevoir.com
Par télécopieur 514 985-5967
Agenda culturel
Par courriel agenda@ledevoir.com

UKRAINE
La carcasse
de l’avion MH17
inaccessible
Les combats empêchent
le déroulement de l’enquête
médico-légale sur le site
BULENT KILIC
à Grabove, Ukraine
OLGA NEDBAEVA
à Kiev
L es combats faisaient rage dimanche à proxi-
mité du site du crash de l’avion malaisien
dans l’est de l’Ukraine forçant les policiers
néerlandais et australiens à annuler leur dépla-
cement dans cette zone contrôlée par les sépa-
ratistes prorusses.
Des tirs d’artillerie étaient entendus à un ki-
lomètre du site et il y avait de la fumée noire,
rapporte un photographe de l’AFP qui a vu des
gens s’enfuir. Un check point rebelle à proxi-
mité a été abandonné.
Dix jours après le crash du Boeing 777 de
Malaysia Airlines qui assurait la liaison Amster-
dam-Kuala Lumpur avec 298 personnes à bord,
des fragments de corps et des débris sont tou-
jours éparpillés sur le site, auquel les inspec-
teurs n’ont eu qu’un accès limité.
Trente experts médicaux-légaux néerlandais
ainsi que des policiers non armés de ce pays et
de l’Australie s’apprêtaient à se rendre sur le
site dimanche matin, mais y ont renoncé pour
des raisons de sécurité.
Situation trop instable
« Les combats se poursuivent. Nous ne pouvons
pas prendre de risques », a déclaré Alexander
Hug, responsable de la mission de l’OSCE sur
place. « La situation en matière de sécurité sur la
route vers le site et sur le site même est inaccepta-
ble pour une mission d’observation non armée »,
a-t-il souligné en ajoutant qu’ils pourraient ten-
ter de s’y rendre lundi.
Le ministère néerlandais de la Justice a pour
sa par t souligné qu’il n’y
Des fragments avait pas d’« accès sûr » pour
les 30 experts en médecine
de corps légale néerlandais qui ne
vont pour l’instant bouger de
et des débris Donetsk, chef-lieu régional.
sont toujours «La situation est trop insta-
ble pour travailler sur le site»,
éparpillés souligne le ministère néerlan-
dais dans un communiqué.
sur le site, Peu avant ce regain de
tension, le gouver nement
auquel les malaisien a annoncé un ac-
inspecteurs cord avec les séparatistes
pror usses dans l’est de
n’ont eu l’Ukraine sur le déploiement
d’une mission policière inter-
qu’un accès nationale pour sécuriser le
site et y permettre une en-
limité quête indépendante.
Cette mission sera compo-
sée de 68 policiers malaisiens qui par tiront
mercredi de Kuala Lumpur pour le site ainsi
que des forces néerlandaises et australiennes,
deux pays qui ont payé un lourd tribut ayant
respectivement perdu dans le drame 193 et 28
de leurs ressortissants, a annoncé le gouverne-
ment malaisien dans un communiqué.
Les troupes néerlandaises et australiennes
sont depuis quelques jours en attente pour se
rendre en Ukraine.
Les Pays-Bas sont en charge du processus
d’identification des victimes et mènent l’en-
quête sur les causes du crash du Boeing 777 de
la Malaysia Airlines abattu par un missile.
Une série d’éléments ont conduit Kiev et les
Occidentaux à montrer du doigt les rebelles
prorusses et leurs protecteurs au Kremlin.
Une équipe médico-légale néerlandaise
s’était déjà rendue sur le site, mais pas la police
scientifique en charge de l’enquête, et ce pour
des raisons de sécurité.
De nombreux corps ont déjà été emmenés
aux Pays-Bas où une première victime a été
identifiée samedi, mais 71 manquent encore.
Sécurisation
Le travail est compliqué par des combats en-
tre les loyalistes et les séparatistes qui s’intensi-
fient dans la région malgré un cessez-le-feu fra-
gile aux abords directs du site.
Dans ce contexte, la sécurisation du site est
cruciale, mais la mission est délicate, les insur-
gés prorusses et la Russie étant plutôt réticents
quant à la présence d’étrangers armés dans la
zone de conflit. L’Australie a insisté dimanche
sur le caractère « non menaçant » de cette force.
Quant au déploiement d’une mission poli-
cière armée négociée entre Kiev, La Haye et
Canberra, son déploiement doit être entériné
par le Parlement ukrainien à huis clos lors
d’une session extraordinaire jeudi.
VOIR PA GE B 2 : UKRAINE
Les islamistes de l’EI Qu’est-ce qu’on a fait
gagnent du terrain en Syrie au Bon Dieu?, une comédie
Page B 2 aux couleurs unies Page B 8
LE MONDE
CAHIER B › L E D E V O I R , L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4
MAHMUD HAMS AGENCE FRANCE-PRESSE
À Gaza, des médecins palestiniens venaient en aide à un sur vivant, dimanche, après qu’un tir aérien des forces israéliennes eut frappé sa maison.
CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN
Pas de répit dans les hostilités
Malgré les annonces de trêve, les tirs de roquettes n’ont pas été interrompus
G
aza — Les hostilités ont continué di- À l’approche de la fin du ramadan, les belligé- Il a toutefois fortement condamné «les attaques
manche dans la bande de Gaza, malgré rants soufflent le chaud et le froid avec des an- du Hamas contre Israël via les tunnels et les tirs de
l’annonce d’une trêve par le Hamas, nonces successives en réponse à une demande roquettes » et réaffirmé le « droit d’Israël à se dé-
l’armée israélienne ripostant à des tirs de l’ONU de prolonger la « trêve humanitaire » fendre ». Le président a également exprimé le
de roquettes qui ne se sont pas interrompus. obser vée samedi. Le secrétaire général de soutien de son pays à l’initiative de l’Égypte.
Les deux camps se sont mutuellement rejeté l’ONU, Ban Ki-moon, a de nouveau ap- Benjamin Nétanyahou, qui était invité
la responsabilité de la poursuite des combats pelé dimanche soir « dans les termes les sur plusieurs grandes chaînes améri-
en dépit des espoirs de cessez-le-feu, à la veille plus fermes » à étendre la trêve pour caines dimanche, a indiqué en duplex de-
de la grande fête musulmane d’Aïd el-Fitr, qui 24 heures. puis Jérusalem que la seule initiative va-
marquera lundi la fin du ramadan. lable, aux yeux du gouvernement israé-
Aux yeux du premier ministre israélien, Ben- Un cessez-le-feu « immédiat » lien, pour parvenir à un arrêt durable des
jamin Netanyahu, les combattants du Hamas Le président des États-Unis, Barack hostilités était celle du gouvernement
« violent leur propre cessez-le-feu » en continuant Obama, a indiqué dimanche qu’un ces- égyptien, après le rejet de la proposition
à tirer des roquettes vers Israël. « Israël fera sez-le-feu immédiat et sans conditions à por tée par le secrétaire d’État John
tout ce qu’il doit faire pour défendre son peuple », Gaza était un « impératif stratégique », Benjamin Kerry, jugée trop favorable au Hamas.
a-t-il répété sur les ondes de CNN. « J’espère que lors d’une conversation téléphonique Nétanyahou « L’initiative égyptienne est la seule qui
nous réussirons à obtenir un calme durable pour avec le premier ministre israélien Ben- soit en jeu », a-t-il dit sur les ondes de
nous permettre de démilitariser Gaza », a-t-il jamin Nétanyahou. NBC, car elle est selon lui la seule à garantir les
ajouté en entrevue à CBS. « Le président a clairement exprimé l’impératif prérequis d’une « période durable de calme ».
« Nous attendons une réponse officielle de l’en- stratégique de mettre en place un cessez-le-feu hu- Le président américain a aussi souligné l’im-
nemi », a expliqué le porte-parole du Hamas à manitaire immédiat et sans conditions qui mette portance « d’assurer la sécurité d’Israël, la protec-
Gaza, Sami Abou Zouhri, laissant entendre que fin dès à présent aux affrontements et conduise à tion des civils, de répondre à la crise humanitaire
le mouvement islamiste continuerait à tirer tant un arrêt permanent des hostilités », a annoncé la à Gaza et de mettre en place un cessez-le-feu dura-
qu’Israël n’aurait pas cessé ses opérations. Maison-Blanche dans un communiqué. ble qui permette aux Palestiniens de Gaza de vi-
Selon l’armée israélienne, 22 roquettes de Lors de cet appel, M. Obama a par ailleurs vre une vie normale et de répondre aux besoins
Gaza ont atterri en Israël et cinq autres ont été souligné « l’inquiétude profonde et grandissante économiques et de développement [de l’enclave]
interceptées par la défense anti-aérienne depuis des États-Unis concernant le nombre croissant de tout en renforçant l’Autorité palestinienne ».
l’annonce en début d’après-midi d’une trêve par morts civils palestiniens et la perte de vies israé- Enfin, ajoute le communiqué de la
le Hamas, qui a lui-même revendiqué des tirs. liennes, ainsi que la dégradation de la situation
Elles n’ont pas fait de victime. humanitaire à Gaza ». VOIR PAGE B 2 : HOSTILITÉS
LIBYE
Les violences s’intensifient à Tripoli
Plusieurs pays demandent à leurs ressortissants de quitter le pays
IMED LAMLOUM faisaient toujours rage dimanche véhicules […]. Tout le personnel de À la suite de ces départs, le mi-
à Tripoli entre milices rivales autour de l’aé- l’ambassade est sain et sauf et per- nistère libyen de la Santé a mis en
ropor t et dans plusieurs autres sonne n’a été blessé », a déclaré à garde contre une pénurie en per-
C ombats meur triers inces-
sants impliquant des milices
armées, tirs contre un convoi di-
quartiers dans le sud de la capitale
où se concentrent les af fronte-
ments depuis le 13 juillet.
l’AFP Bob Phillipson, porte-parole
de l’ambassade.
Les États-Unis, dont l’ambas-
sonnel médical, notamment après
l’annonce des Philippines de l’éva-
cuation de leurs ressor tissants,
plomatique britannique, l’esca- Le por te-parole du ministère sade est située sur la route de dont 3000 médecins et infirmiers,
lade des violences en Libye a égyptien des Affaires étrangères, l’aéropor t où se déroulent les selon Tripoli.
poussé des capitales occidentales Badr Abdelatti, a indiqué di- combats, ont évacué leur per- En plus de l’insécurité, les res-
à appeler leurs ressor tissants à manche à l’AFP que 23 personnes, sonnel diplomatique samedi par sortissants étrangers et les habi-
quitter le pays plongé dans le dont des Égyptiens, ont été tuées voie terrestre, sous une couver- tants de Tripoli, font face à une dé-
chaos, au lendemain de l’évacua- dans la chute d’une roquette sur ture aérienne. gradation sans précédent des
tion du personnel diplomatique leur maison. « La situation est extrêmement conditions de vie, avec des cou-
américain. imprévisible et incertaine », a sou- pures fréquentes d’électricité et
Au moins 97 personnes ont été Instabilité ligné dimanche le ministère alle- d’eau courante, en plus d’une pé-
tuées et plus de 400 autres bles- Dans ce climat de violences, des mand des Af faires étrangères. nurie de carburant.
sées en deux semaines de combats pays européens dont le Royaume- Londres a aussi appelé les res- Les autorités libyennes n’arri-
entre milices rivales à Tripoli, se- Uni et l’Allemagne ont enjoint sor tissants britanniques à « par- vent pas à contrôler les dizaines de
lon un nouveau bilan du ministère leurs ressor tissants de quitter la tir maintenant par des moyens milices qui font la loi dans le pays
de la Santé diffusé dimanche. Libye où un convoi de l’ambassade privés », déconseillant tout depuis la chute du régime de
À Bengahzi, dans l’est du pays, britannique a été attaqué di- voyage en Libye. Mouammar Kadhafi en 2011.
au moins 38 personnes, des sol- manche sans faire de victime. D’autres pays comme la Les af frontements autour de
dats pour la plupart, ont été tuées « Tôt ce matin, un convoi de l’am- France, Pays-Bas, la Belgique, la l’aéropor t ont éclaté le 13 juillet
en 24 heures, dans des combats bassade britannique a fait l’objet T urquie, l’Espagne, l’Italie ou après une attaque menée par des
entre armée et groupes islamistes. d’une tentative de vol de voiture. Malte ont lancé le même appel à
Dans la capitale, des combats Des coups de feu ont été tirés sur nos leurs ressortissants. VOIR PAGE B 2 : TRIPOLI
B 2 L E D E V O I R , L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4

ÉCRASEMENT AU MALI
LE MONDE
Les boîtes noires L’EI avance dans le nord-est de la Syrie
Le groupe « n’a rien à voir avec la lutte contre le régime de Bachar al-Assad,
seront expédiées il veut juste prendre le contrôle » du territoire

en France B eyrouth — Des jihadistes

ont pris dimanche une po-
sition de l’ar mée syrienne
dans le nord-est du pays, un

L es deux boîtes noires de

l’avion d’Air Algérie qui
s’est écrasé au Mali ont été
transférées dimanche de Gao
(nord du pays) à Bamako, d’où
elles partiront pour la France,
un des trois pays ayant ouvert
des enquêtes judiciaires sur
l’accident.
La première boîte enregis-
treuse avait été récupérée ven-
dredi par l’armée française sur
le site du crash dans la zone
de Gossi, à environ 100 km de
Gao, la plus grande ville du
Nord malien. La seconde
l’avait été samedi par des ex-
perts de la mission de l’ONU
au Mali (Minusma).
Toutes deux avaient été
acheminées à Gao, où est basé
un centre de gestion des opé-
rations concernant le crash.
Elles ont été emmenées di-
manche à Bamako par une dé-
légation conduite sur place par
le ministre malien des Trans-
ports Mamadou Hachim Kou-
maré et son homologue algé-
rien Amar Ghoul, a indiqué le
ministre malien de l’Informa-
tion et de la Communication,
Mahamadou Camara.
« Elles vont être remises aux
autorités françaises » associées
à l’enquête sur l’accident, une
mission confiée à un respon-
sable de la gendarmerie ma-
lienne qui doit quitter Bamako
Des débris de l’avion d’Air Algérie, près de Gao
dimanche soir pour la France,
a ajouté M. Camara, sans plus
de détails.
L’avion d’Air Algérie, un
McDonnell Douglas MD-83
loué auprès de la société espa-
gnole SwiftAir, était par ti
d’Ouagadougou pour Alger
dans la nuit du 23 au 24 juillet.
Il s’est écrasé 50 minutes
après avoir décollé.
Aucune des 118 personnes à
son bord — 112 passagers (54
Français, 23 Burkinabés, huit
Libanais, six Algériens et des
ressortissants d’autres pays)
et les six membres, espagnols,
de l’équipage — n’a survécu.
En France, le parquet de
Paris a ouver t jeudi une en-
quête préliminaire pour « ho-
micides involontaires ». Di-
manche, le gouver nement
malien a assuré que le Mali
avait fait de même après l’an-
nonce de la découver te des
débris de l’avion.
Samedi, le Burkina Faso
avait annoncé l’ouverture par
le procureur d’Ouagadougou
d’une enquête judiciaire pour
rechercher les causes de la
catastrophe.
Selon plusieurs spécia-
listes, la cause de l’écrase-
ment serait les mauvaises
conditions météorologiques.
Agence France-Presse
SIA KAMBOU AGENCE FRANCE-PRESSE
jour après s’être emparée
d’une impor tante base mili-
taire dans le cadre de leur ré-
cente offensive contre les posi-
tions régime, selon une ONG.
« Les jihadistes de l’État is-
lamique (EI) ont pris le
contrôle du Régiment 121 de
l’armée », au sud de Hassaka
(600 km au nord-est de Da-
mas) après tr ois jours de
combats, a annoncé l’Obser-
vatoire syrien des droits de
l’Homme (OSDH).
L’EI avait déjà pris samedi le
contrôle de la Division-17 dans
la province de Raqa (nord),
tuant au moins 85 soldats en
48 heures de combats, selon
l’OSDH.
Appar u dans le conflit sy-
rien au printemps 2013,
l’État islamique a intensifié
ces deux dernières semaines
ses actions contre les posi-
tions de l’armée. Jihadistes AFP PHOTO/HO/WELAYAT RAQA
et militaires s’évitaient Une image dif fusée samedi par le média islamiste Welayat montre de prétendus membres de l’État
jusqu’à présent. islamique en train de piller des munitions dans une base de l’armée syrienne
Différents fronts toires, comme cela est déjà le quelque 8 km, position clef de ont donné le même bilan,
Les jihadistes sont en re- cas dans l’Irak voisin depuis l’ar mée, a-t-il ajouté. Cette mais af firmé qu’il s’agissait
vanche engagés depuis janvier le début d’une offensive lan- base aérienne est stratégique d’un attentat suicide à la voi-
dans une guer r e ouver te cée le 9 juin. car utilisée par le ré- ture piégée.
contre les rebelles, qui après Selon les rebelles, gime pour bombar- L’armée syrienne a par ail-
les avoir accueillis favorable- les armes saisies par L’État der aux barils d’ex- leurs enregistré une victoire
ment se sont retournés contre les jihadistes, lors de islamique plosifs des zones te- samedi en reprenant le champ
eux, les accusant d’exactions la débandade de l’ar- nues par les rebelles pétrolier d’Al-Chaer, dans la
et de volonté hégémonique. mée irakienne aux a intensifié dans les provinces province de Homs (centre),
Dimanche, l’EI a ainsi tué premiers jours de d’Hama et Idleb. conquis une semaine plus tôt
15 rebelles dans une embus- leur offensive, ont fa- ces deux Des militants ont par l’EI au prix de combats
cade dans la province vorisé leur retour en dif fusé sur Youtube meurtriers.
d’Alep, où les jihadistes cher- force dans certaines
dernières des vidéos montrant L’OSDH a enfin indiqué que
chent à avancer, selon le di- zones syriennes. semaines les armes prises par le bilan d’un attentat à la voi-
recteur de l’OSDH, Rami Ab- les rebelles, dont des ture piégée samedi à Atmeh,
del Rahmane. Gains rebelles ses actions roquettes, des muni- près de la frontière turque,
« L’EI est très ambitieux, il Sur un autre front tions et des mortiers. était monté à neuf mor ts,
veut s’emparer à la fois de du très complexe contre À Homs, dans le parmi lesquels un comman-
l’aéropor t de Kwayris tenu conflit syrien, les re- centre de la Syrie, 7 dant rebelle islamiste.
par le régime [dans la pro- belles ont pris dans
les positions personnes ont été Sept autres personnes ont
vince] et par la suite de la la nuit de samedi à de l’armée tuées et 20 blessées également été tuées samedi
ville d’Alep » dont cer taines dimanche les vil- dans un attentat à la dans un attentat à la voiture pié-
par ties sont tenues par les lages de Khattab et Rahbeh, voiture piégée dans un quar- gée à Azaz, près de la frontière
rebelles et d’autres par le ré- dans la province de Hama, tier alaouite — la confession turque, selon l’Organisation.
gime, explique M. Abdel s’emparant de deux dépôts du président Assad —, selon Plus de 170 000 personnes
Rahmane. d’ar mes de l’ar mée, a an- l’OSDH. Plusieurs roquettes ont perdu la vie depuis le dé-
« L’EI n’a rien à voir avec noncé le directeur de l’OSDH artisanales ont touché le sec- but du conflit syrien, en
la lutte contre le régime de Rami Abdel Rahmane. teur immédiatement après mars 2011.
Bachar al-Assad, il veut juste Ils « avancent vers l’aéro- l’explosion.
prendre le contrôle » de terri- por t militaire d’Hama », à Les médias officiels syriens Agence France-Presse

NIGERIA Deux Américains

Cinq morts dans un attentat contre une église
K ano, Nigeria — Cinq per-
sonnes ont péri dimanche
au Nigeria dans un attentat
contre une église chrétienne à
Kano, la grande ville du Nord
musulman, dont les autorités
religieuses ont annulé les festi-
vités de l’Aïd el-Fitr marquant
la fin du ramadan.
Une kamikaze s’est également
fait exploser près d’une univer-
sité de la ville, blessant cinq poli-
ciers, et un autre attentat a été
déjoué, selon les autorités.
Peu après la messe, « cinq
personnes sont mor tes et huit
autres ont été blessées » dans
l’explosion d’une bombe de-
vant l’église catholique Saint-
Charles, dans le quartier chré-
tien de Sabon Gari, a déclaré
Frank Mba, le porte-parole de
la police nigériane.
Il s’agissait « sans doute d’un
EEI » (engin explosif impro-
visé), a-t-il précisé. Idowu Ka-
zim, un mécanicien proche du
drame, dit avoir entendu une
énorme explosion vers 14 : 15.
Le quar tier avait déjà été
visé par des attentats du
groupe islamiste armé Boko
Haram. Le dernier avait fait au
moins un mort et huit blessés
dans une gare routière jeudi.
En mai, une voiture piégée
conduite par un kamikaze y
avait également tué quatre
personnes, dont une fillette.
La tuerie à l’église est surve-
nue peu après une tentative
d’attentat suicide contre l’uni-
versité du Nord-Ouest de
Kano, selon M. Mba.
« Une femme kamikaze a été
isolée » par des policiers, à
cause de son compor tement
inhabituel, « alors qu’elle mar-
chait en direction de l’entrée de
l’université », a-t-il rapporté.
Les deux attaques de di-
manche n’ont pas été revendi-
infectés par l’Ebola
au Liberia
quées mais les soupçons se femmes, notamment comme
portent comme d’habitude sur espionnes, mais l’AFP n’avait
Boko Haram, dont l’insurrec- jamais eu vent de l’utilisation
Sheikh Isyaku Rabiu. La po-
lice a été alertée par des habi-
tants […] Nos spécialistes en
Washington — Deux Améri-
cains, dont un médecin, ont
été contaminés au Liberia par
tion a fait plus de 10000 morts d’une femme comme kamikaze explosifs ont pu désactiver le virus Ebola, a annoncé l’or-
depuis 2009 (plus de par le groupe armé. l’EEI », a déclaré le porte-pa- ganisation humanitaire pour
2000 depuis le début Les deux Kano, deuxième r ole de la police de Kano, laquelle il travaille. Samari-
de l’année), d’abord plus grande ville du Musa Magaji Majia. tan’s Purse, une association
dans le nord-est du attaques n’ont Nigeria et grand car- caritative chrétienne, a indi-
Nigeria — son fief — refour commercial, Fête annulée qué que le médecin Kent
et dorénavant ailleurs pas été est fréquemment vi- Le climat général a poussé Brantly avait été placé en
dans le pays, jusque sée par des attaques, l’émir de Kano, Sanusi Lamido quarantaine à l’hôpital ELWA
d a n s l a c a p i t a l e , revendiquées, même quasi quoti- Sanusi, la principale autorité de Monrovia. En outre,
Abuja, et dans les mais diennement. La po- religieuse locale, à annuler les Nancy Writebol, qui travaille
pays voisins. lice de la ville a égale- festivités de l’Aïd el-Fitr mar- pour l’organisation caritative
Soutenus par une les soupçons ment annoncé di- quant la fin du ramadan. chrétienne SIM qui gère l’hô-
par tie de la popula- manche avoir déjoué « Au vu de la situation cri- pital, a, elle aussi, été conta-
tion majoritairement se portent sur un attentat à la voi- tique dans laquelle nous nous minée par le virus. Elle était
musulmane du Nord, ture piégée visant trouvons, sa majesté royale a dans un état stable dimanche,
pauvre et se sentant Boko Haram une mosquée et le annulé toutes les festivités […] a indiqué Samaritan’s Purse.
abandonnée par l’État domicile attenant de et les événements traditionnels « Ils reçoivent tous deux des
fédéral cor rompu, les isla- Sheikh Isyaku Rabiu, un digni- qui se tiennent en général du- soins intensifs, mais il s’agit
mistes ont multiplié les exac- taire musulman. rant la fête de l’Aïd », a déclaré bien sûr d’une situation dan-
tions cette année : massacres « Une bombe déclenchable à dimanche Aminu Ado Bayero, gereuse et effrayante », a pré-
de civils, attentats sanglants, distance a été placée hier [sa- un conseiller de l’émir. cisé à l’AFP une porte-parole
enlèvements. medi] dans une voiture aban- de l’organisme.
Ils font par fois appel à des donnée près de la mosquée Agence France-Presse Agence France-Presse

HOSTILITÉS avec les juifs, les chrétiens, les

SUITE DE LA PAGE B 1
Maison-Blanche, M. Obama a
rappelé « qu’au final, toute so-
lution de long terme au conflit
israélo-palestinien doit assurer
le désarmement de groupes ter-
roristes et la démilitarisation
de Gaza ».
Samedi soir, le Hamas avait
rejeté la trêve que le cabinet
de sécurité israélien acceptait,
exigeant un retrait des soldats
israéliens de la bande de Gaza,
où ils sont entrés le 17 juillet.
Le chef du Hamas en exil
Khaled Mechaal a assuré mener
le combat contre des « occu-
pants ». « Je suis prêt à coexister
Arabes et les non Arabes […]. Ce-
pendant, je ne coexiste pas avec
des occupants», a-t-il déclaré à la
chaîne américaine PBS.
Onze Palestiniens, dont une
chrétienne, ont péri dimanche
dans les frappes israéliennes,
selon un bilan des services de
secours locaux, sensiblement
moins élevé que les précé-
dents jours. Au total, 1031 Pa-
lestiniens, des civils pour les
trois-quarts selon l’ONU, sont
mor ts depuis le début de la
campagne militaire israélienne
le 8 juillet, un bilan revu à la
baisse après un examen appro-
fondi des parties de corps re-
trouvés dans les décombres.
Agence France-Presse
TRIPOLI
SUITE DE LA PAGE B 1
combattants islamistes et d’ex-
rebelles de la ville de Misrata
(200 km à l’est de Tripoli) qui
tentent de chasser de l’aéro-
port leurs anciens compagnons
d’armes venus de Zenten.
Considérés comme le bras
armé de la mouvance libérale,
les ex-rebelles de Zenten
(170 km au sud-ouest de Tri-
poli) contrôlent l’aéroport de
Tripoli ainsi que plusieurs au-
tres sites militaires et civils du
sud de la capitale.
Selon des exper ts libyens,
ces combats participent d’une
lutte d’influence entre cou-
rants politiques, après les lé-
gislatives du 25 juin.
Selon des élus et des obser-
vateurs, les libéraux auraient
rempor té plus de sièges que
les islamistes, qui tentent dés-
ormais de marquer des points
sur le plan militaire.
Le nouveau Parlement qui sié-
gera à Benghazi, doit entrer en
fonction le 4 août. Il aura pour
première tâche d’arrêter les vio-
lences qui entravent la transition
démocratique en Libye.
Mais des incer titudes pla-
nent déjà sur la capacité des
élus à se réunir au moment
où la ville de Benghazi est le
théâtre d’af frontements
quasi-quotidiens.
Agence France-Presse
UKRAINE
SUITE DE LA PAGE B 1
Selon les médias néerlandais,
les chefs des diplomaties néer-
landaises Frans Timmermans et
australienne Julie Bishop pour-
raient revenir lundi à Kiev afin
de pousser les autorités ukrai-
niennes à avancer ce vote,
Mme Bishop jugeant qu’il était
prévu «trop tard». «Tout ce que
nous voulons consiste à sécuriser
le site afin qu’il puisse être ins-
pecté en détail et ramener tous les
restes », a souligné Mme Bishop
auprès de la télévision Channel
Ten, depuis Amsterdam.
Les insurgés prorusses, cri-
tiqués avec virulence dans le
monde pour leur gestion du
site et le traitement réser vé
aux corps ont de leur côté dé-
claré qu’un wagon contenant
des effets personnels des vic-
times avait été transmis aux
autorités néerlandaises.
Le wagon a été placé sous
scellés et est prêt à être dirigé
hors du territoire de la Répu-
blique populaire autoprocla-
mée de Donetsk, a déclaré
Sergueï Kavtaradze, un res-
ponsable séparatiste.
Sur le terrain, l’armée ukrai-
nienne qui a repris cette se-
maine aux rebelles plusieurs
grandes villes avançait vers
Donetsk, chef-lieu régional et
place forte des séparatistes.
Agence France-Presse

#CHRONIQUEFD
MOOC
sur la plage
FABIEN
DEGLISE
e lien de cause à effet était aussi prévisi-
L ble qu’un coup de soleil douloureux sur
le dos d’un Blanc, 12 heures à peine
après son arrivée sur une plage. En faisant tom-
ber les barrières de l’espace et du temps, les
technologies n’ont pas seulement fragilisé la
frontière entre le travail et la vie de famille, en-
tre la vie privée et la vie publique, entre les mo-
ments d’intimité et la socialisation en groupe,
par l’entremise du texto ou du réseau (social
numérique). Elles sont aussi en train de porter
atteinte au concept même de vacances en y fai-
sant entrer l’enseignement et l’éducation en
passant par la porte des MOOC.
Les quoi? Les MOOC, ces cours en ligne à l’ac-
cès libre — que les Anglos nomment « Massive
Online Open Courses» — qui, depuis le début de
l’été, se multiplient un peu partout dans les uni-
vers numériques, comme pour mieux mettre une
nouvelle mutation dans la face du présent. Plu-
sieurs grandes universités du monde en propo-
sent d’ailleurs, sur des sujets très techniques,
mais également très humains, et ce, afin de per-
mettre à ceux qui le voudraient de revenir de va-
cances avec des bagages différents de ceux avec
lesquels ils sont partis. Une idée folle qui peut
trouver son carburant à plusieurs endroits sur
ces nouveaux chemins de la connaissance d’ail-
leurs, dont voici ici quelques balises.
La caméra ne ment jamais. C’est l’Université
de Londres qui est derrière ce MOOC de six
semaines, dif fusé par Coursera, qui propose
une incursion dans la construction sociale de la
réalité par l’image au XXe siècle. Il va y être ques-
tion de photojournalisme, de preuves histo-
riques, d’authenticité et de manipulation des
images à des fins de propagande. Emmett Sulli-
van, un spécialiste britannique de l’image dans
une perspective historique, est aux commandes.
(https://www.coursera.org/course/lyingcamera)
Une brève histoire de l’humanité. Sur Cour-
sera — encore — ce cours de 20 semaines en
ligne a été mis sur pied par l’Université hé-
braïque de Jérusalem. Il propose un plan-sé-
quence, en 17 cours, de l’humanité, de l’Homo
sapiens à la révolution industrielle, en passant
par l’avènement de l’agriculture, la construc-
tion de la justice, des religions ou encore de
l’ignorance. L’objet éducatif, mené par Yuval
Noah Harari, obser ve l’humain sous l’angle
d’un animal pensant dont les faits et gestes ont
des conséquences importantes sur la planète et
qui parfois se transforme en « tueur en série de
l’écologie ». Entre autres. (https ://www.cour-
sera.org/course/humankind)
L’ère de la mondialisation. Explorer toutes les
facettes de la mondialisation, pour continuer à
la craindre ou se mettre à l’apprécier un peu
plus. Voilà en substance le projet derrière ce
cours de 15 semaines que l’Université d’Austin,
au Texas, propose en ligne. Ce MOOC, comme
on dit là-bas, pose la mondialisation en termes
de système de concurrence et de réseaux qui
seraient en train d’induire des mutations pro-
fondes dans plusieurs strates de l’activité hu-
maine. Crimes transnationaux, identités natio-
nales remises en question, diversité des
langues en péril, changements climatiques…
ce cours se veut un survol de ces transforma-
tions, avec quelques clefs pour tenter de mieux
l e s c o m p r e n d r e e t l e s a n a l y s e r.
(http://bit.ly/1p2BUhn)
Introduction à l’art numérique. C’est jeune,
connecté et bien de son temps. Sous la houlette
de Margaret Anne Schedel, prof à l’Université
d’État de New York, ce cours en ligne à l’accès
libre cherche à scruter les nouveaux courants
artistiques et les possibilités en art induits par
la technologie. En 17 semaines, avec un travail
pratique à la fin. De l’art par la programmation
à l’art par l’image pixelisée et le son, le voyage
dans ce monde qui fait de la poésie dans le
code binaire fait un tour de la question en liant
théorie, exemples et pratique. Et le programme
chargé, exposé sur Coursera, indique aussi que
ce MOOC a été pensé sur un sujet en appa-
rence ludique, pour des élèves sérieux et moti-
vés. (https ://www.coursera.org/course/cdt208)
Alcool, drogues et baby-boomers : êtes-vous
prêt ? Qui l’aurait cr u ? L’Université Johns
Hopkins prétend dans ce cours en ligne que
le vieillissement de la population, massive-
ment mené par la génération des baby-boo-
mers, est en train de faire de la consommation
de l’alcool et de drogues un enjeu important
en matière de santé publique, chez les vieux,
dans nos sociétés. En cinq semaines, Chris-
tine L. Savage propose d’en faire la démons-
tration, tout en apportant aux élèves des qua-
tre coins du globe — le MOOC n’ayant pas de
frontières — des pistes de solution pour pré-
venir ou enrayer ce nouveau fléau.
(https ://www.coursera.org/course/babyboo-
mersanddrugs)
La musique des Beatles. Étudier en été, oui.
Mais il est possible aussi de le faire en se di-
vertissant avec ce cours en ligne de l’Univer-
sité de Rochester, qui a décidé de décortiquer
l’univers musical des Fab Four, des origines à
Abbey Road, mais également de passer au cri-
ble l’influence que ce groupe mythique a eue
sur d’autres artistes. À suivre avec des écou-
teurs, bien sûr. Sur la plage ? Pourquoi pas ?
(https ://www.coursera.org/course/beatles)
Sur Twitter : @FabienDeglise
L E D E V O I R , L E L U N D I
SOCIETE
Luc Fortin, contrôleur aérien de son métier, fait la navette entre Dor val et son lopin de terre de Laval chaque jour depuis plus de trois ans.
Les houblonniers reprennent le champ
En sillonnant les routes du Québec cet été,
vous pourriez croiser, entre deux champs de
maïs, de drôles de lopins de terre d’où émer-
gent des poteaux de trois mètres autour des-
quels grimpent d’étranges vignes. Détrompez-
vous, elles ne sont pas destinées à la fabrica-
tion du vin, mais bien… de la bière !
AMÉLIE DAOUST-BOISVER T
L a première bière issue du houblon qui pousse
dans son champ de Sainte-Dorothée a laissé
un souvenir impérissable sur les papilles de Luc
Fortin. « C’était incroyable ! », raconte-t-il en ver-
sant une de ces cervoises pour les besoins de l’ob-
jectif du photographe du Devoir. «Il y avait 3000
heures de travail dans cette bière-là. C’est assez diffi-
cile à décrire… Disons qu’elle a passé vite!»
Luc Fortin, contrôleur aérien de son métier,
fait la navette entre Dorval et son lopin de terre
de Laval chaque jour depuis plus de trois ans.
Comme une quarantaine d’autres producteurs
à l’échelle de la province, il a eu la piqûre pour
Humulus lupulus, de son nom latin. Le houblon
est de la famille des cannabinacées, c’est-à-dire
un cousin… du cannabis. Mais ces huiles
essentielles ne sont nullement hallucinogènes,
ce qui a probablement provoqué la déception
des adolescents qui sont déjà venus piquer
quelques cocottes dans le champ de M. Fortin.
La culture du houblon, qui avait pratiquement
disparu du paysage agricole québécois depuis
des décennies, est de retour. Revenu peupler nos
champs autour de 2007, le houblon occupe main-
tenant une superficie de près de 75 acres, indique
l’agronome Julien Venne, auteur d’un guide des-
tiné aux agriculteurs tentés par l’aventure.
La passion des produits locaux
À la recherche d’un défi qui occupera ses pas
si vieux jours quand la retraite viendra, dans
une quinzaine d’années, Luc Fortin s’est porté
acquéreur d’une terre abandonnée qui n’avait
pas vu une machine agricole depuis 60 ans au
CONSOMMATION
Quelle sera la prochaine eau de coco ?
La science virale des tendances alimentaires d’après The Tastemakers
ÉMILIE FOLIE-BOIVIN
U n beau jour, tu te réveilles et tout le monde se
met à manger du yogourt grec. Les micro-
brasseries se mettent à brasser des blondes sans
gluten, l’eau de coco prend soudain la place du thé
glacé au dépanneur, Subway se met à faire tout un
plat avec son six pouces à la sauce Sriracha et tu
n’arrives plus à trouver ce bon vieux grilled-
cheese autrement que dans sa version artisanale à
8$ avec cheddar vieilli et pain au levain.
Et tu ne sais pas d’où tout ça est parti.
C’est ce que le journaliste spécialisé dans les
affaires et dans la gastronomie David Sax a dé-
cidé d’investiguer dans The Tastemakers : Why
We’re Crazy for Cupcakes but Fed Up With
Fondue, un livre explorant l’univers des ten-
dances alimentaires et comment un monde d’in-
fluence, d’activisme et d’affaires parvient à trans-
former en profondeur nos habitudes de vie.
Les tendances alimentaires ne sont pas nou-
velles, mais de la création à leur passage sur les
tablettes des magasins spécialisés à l’adoption par
les masses, les journalistes, blogueurs et Insta-
gram de ce monde sont des joueurs qui ont accé-
léré la cadence ces dernières années, remarque
l’auteur de Toronto tout au long du livre. La folie
des cupcakes, par exemple, associée à New York
et à un minuscule extrait d’à peine 20 secondes
où les filles de Sex and the City mordent dans
l’épais crémage au beurre. «En matière de timing,
les cupcakes ont émergé sur la scène nationale
alors que les médias gastronomiques se transfor-
maient d’une industrie s’adressant aux femmes et à
l’élite des gourmets en un omnivore titan mondial,
digital», écrit l’auteur torontois.
Et en moins de dix minutes aujourd’hui, un plat
au restaurant peut faire le tour du monde grâce
aux influenceurs «épicurieux» armés de leur cel-
2 8 J U I L L E T 2 0 1 4
moins. Véritable havre de tranquillité, le lopin
est pourtant à quelques centaines de mètres
d’un boulevard achalandé.
« Je brassais à la maison de manière très ama-
teur», explique-t-il. Il se rend compte que la quasi-
totalité des bières québécoises sont brassées avec
du houblon américain ou allemand. «On a acheté
la terre, labouré et souché en catastrophe, puis
planté… » Aujourd’hui, il possède 1200 plants et
une bière brassée par Brasseurs illimités, de
Saint-Eustache. Fabriquée avec du grain de Saint-
Joseph-du-Lac, elle a moins de 20 km dans le
corps du champ à la tablette. Une fierté pour Luc
Fortin. « Quand on va avoir assez de volume, on
pourra commencer à brasser une bière à l’année
avec du houblon du Québec ! », rêve-t-il. Un vrai
produit local!
Des microbrasseurs sont aussi venus cueillir
à même le champ assez de cocottes pour bras-
ser une bière vendue ensuite dans leur bar,
comme l’Espace public, à Montréal. La récolte
a lieu début septembre. « Tu ne peux pas avoir
plus frais que ça ! », dit M. Fortin.
Pour l’instant, son passe-temps n’est pas ren-
table. « Je travaille pour faire boire les autres », ri-
gole-t-il. Le houblon québécois se vend plus
cher que le houblon impor té. Mais, selon
M. For tin, sa qualité le justifie. Sa teneur en
huiles essentielles étant plus élevée, la quantité
requise pour fabriquer la bière est moindre.
Loisir ou culture commerciale rentable ?
Le houblon nécessitant deux à quatre ans
avant d’arriver à maturité sous nos cieux un
peu frais, plusieurs houblonnières n’ont pas en-
core atteint leur plein potentiel, indique l’agro-
nome Julien Venne.
L’intérêt pour cette culture a été suscité par
une pénurie mondiale de houblon. « On voulait
réintroduire cette culture pour protéger les bras-
seurs locaux de ces pénuries cycliques », explique
M. Venne, qui travaille pour le Centre de re-
cherche et de développement de l’Outaouais.
L’intérêt pour la plante a été un peu exagéré,
juge-t-il, et la pénurie est terminée. Les prix
sont revenus à la normale. Il y aurait une qua-
lulaire ainsi qu’au tourbillon médiatique. Le cronut
est un bon témoin. En 24 heures, en mai 2013, ce
croisement entre un beigne et un croissant créé
par Dominique Ansel dans sa pâtisserie new-yor-
kaise devenait la saveur du moment, et des hy-
brides sont apparus quelques jours plus tard, de
Singapour à Montréal. Car il y a des sous à faire
avec les tendances et vaut mieux battre le fer pen-
dant qu’il est très chaud. Une pâtisserie torontoise
l’a d’ailleurs appris à ses dépens en voulant spinner
son Cronut Burger de 7000 calories, un coup
promo qui s’est terminé avec une intoxication ali-
mentaire affectant 200 personnes (le coupable
n’était pas le cronut, ni la viande, mais sa très
trendy confiture érable-bacon).
La firme de recherche Technomic rapportait
que les items alimentaires contenant du bacon —
un aliment devenu littéralement un mode de vie —
avaient augmenté de 25% entre 2006 et 2012 aux
États-Unis et que 87% des consommateurs allonge-
raient volontiers 0,50 $ de plus pour en ajouter une
tranche dans leur burger ou leur sandwich.
Quatre origines
Dans The Tastemakers, David Sax relève qua-
tre tendances alimentaires : elles sont d’origine
culturelle, comme les cocktails Cosmopolitain ;
issues de l’agriculture (les tomates cœur de
bœuf), des chefs (miniburgers, foie gras dans
tous les plats) et liées au domaine de la santé (les
superaliments tels les graines de chia et les
pommes grenades).
Cette dernière tendance est à la fois convain-
cante («parce qu’elle promet de vivre une vie plus
longue et en santé en s’alimentant bien») et la plus
confuse. La différence magistrale entre notre
santé et celle des bergers grecs, des pêcheurs ja-
ponais, des tribus amazoniennes et des coureurs
mexicains « a davantage à voir avec le fait que
B 3
JACQUES NADEAU LE DEVOIR
rantaine de producteurs, de l’ar tisan qui
compte surtout sur le circuit agrotouristique au
grand producteur aux visées commerciales.
Ce qui n’empêche pas l’agronome de croire
qu’une culture commerciale rentable est possi-
ble. « Ça va rester marginal, ça ne deviendra ja-
mais une grande culture, qu’on verrait défiler
sur l’autoroute 10. Mais j’évalue que, d’ici deux
ans, nous allons répondre à la demande locale
provenant des microbrasseries désireuses d’offrir
un produit local. »
Au début du XXe siècle, d’immenses champs
québécois four nissaient les Molson de ce
monde. Puis la concurrence des Allemands,
des Américains ou des Tchèques s’est faite trop
forte. Dans les années 30 et 40, le houblon a
disparu de nos campagnes.
« Mais on se rend compte que nous sommes vrai-
ment capables de produire un houblon de qualité,
même que les rendements sont plus intéressants
que ce qu’on aurait imaginé », dit M. Venne.
Francis Gagné fait partie de ces agriculteurs
qui font le pari d’une culture commerciale. Le
Beauceron a planté neuf acres de la plante grim-
pante, qui pousse presque à vue d’œil ce prin-
temps sur sa terre de Saint-Bernard. Il veut se
rendre à 30 acres. Le producteur souhaite ainsi
diversifier sa ferme, spécialisée dans la volaille.
« J’ai repris des terres que j’avais louées à des
producteurs de maïs et de soya. Le potentiel com-
mercial, j’y crois. Avec du volume, on peut attein-
dre la rentabilité », estime-t-il.
Dans cinq à dix ans, il caresse le rêve d’ad-
joindre une microbrasserie à ses activités, voire
de cultiver de l’orge brassicole pour boucler la
boucle. « On sent vraiment un engouement pour
les produits du Québec et les bières de microbras-
serie », obser ve-t-il, confiant de sa possibilité
d’occuper ce marché.
«Les gens savent que le vin vient du raisin, mais
on dirait qu’ils oublient que la bière vient aussi de
l’agriculture », dit Julien Venne. Avec cette cul-
ture maintenant en pleine effervescence, parions
que la mémoire collective sera rafraîchie.
Le Devoir
nous conduisons des voitures, passons la journée
assis à l’ordinateur et avons accès à des boissons
gazeuses extralarges qu’avec le fait qu’ils se nour-
rissent de yogourt, de saumon, de baies d’açaï et de
graines de chia», écrit l’auteur de Save the Deli.
Les tendances les plus réussies sont un miroir
de ce qu’il se passe dans la société actuelle, illustre
aussi David Sax. La tendance des cupcakes, propul-
sée en 2001 alors que l’Amérique post-9/11 cher-
chait le réconfort, trouvait un nouvel élan pendant
la crise économique de 2008, une douceur indivi-
duelle que les consommateurs pouvaient s’offrir
en ces temps difficiles. Tandis que la fondue a
connu son apogée à partir des années 1960 alors
que les émeutes violentes secouaient les centres
urbains et que les gens migraient vers les sécuri-
santes banlieues, «où la vie sociale se passait à l’in-
térieur» et où le fromage fondu et le vin permet-
taient de tisser des liens avec le voisinage.
Il y a toutefois une différence à faire entre la
tendance et l’engouement, puisque la tendance
change profondément nos habitudes alimen-
taires, mentionne-t-il. « On réalise rarement que
les tendances alimentaires sont un important mo-
teur de changement», souligne Sax dans son cha-
pitre sur la nourriture de rue. «Les tendances ont
le pouvoir de changer les lois et les comportements
par leur simple popularité, façonnant les politiques
économiques et sociales».
Le grand bruit autour des camions de nourri-
ture de rue à Montréal est un exemple probant
du pouvoir de l’assiette. Et à plus petite échelle,
y a qu’à regarder le pain multigrain que l’on
prend au déjeuner, les brocolis qu’on a appris à
faire griller et pas seulement bouillir pour leur
donner plus de saveur. Qui sait où nous mènera
la prochaine eau de coco.
Le Devoir
B 4 L E D E V O I R , L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4

GOLF
LES SPORTS
Tim Clark remporte l’Omnium canadien par un seul coup
ALEXANDRE GEOFFRION-MCINNIS ter la prolongation et j’ai fait le nécessaire
pour l’emporter. »

JfinaleimpiedsdeFurdel’Omnium
yk est passé à un coup roulé de 12
provoquer la prolongation en ronde
canadien, à Montréal. Il l’a
toutefois raté et c’est finalement le Sud-Africain
Tim Clark qui l’a emporté en jouant une ronde
de 65 pour un score cumulatif de 263 (moins-
17) sur le parcours Bleu du club de golf Royal
Montréal à l’Île-Bizard.
Il s’agit de la première victoire de Clark depuis
sa conquête du Championnat du circuit de la PGA
en 2010. Il a donc empoché la bourse d’un million
$ US, tirée d’une cagnotte totale de 5,7 millions $,
remise au vainqueur de l’Omnium canadien.
« Chaque victoire est spéciale. Par ticulière-
ment depuis cette victoire-là. Beaucoup de choses
se sont produites. J’ai été opéré à un coude et j’ai
eu deux enfants. Donc ma vie a beaucoup changé
depuis ce temps, a admis Clark, qui est marié à
une Torontoise. Après l’année de misère que je
viens de connaître — il a été tenu à l’écart pen-
dant près d’un an à cause de sa blessure —, ça si-
gnifie beaucoup pour moi. »
Furyk, meneur à l’issue des deuxième et troi-
sième rondes, n’a retranché qu’un seul coup à
la normale pour signer une carte de 69, ce qui
l’a relégué à 264.
« Je lève mon chapeau à Tim, a dit Furyk, le
10e joueur mondial. Il a joué 30 sur le neuf de re-
tour, pour une ronde de 65. Je ne pouvais donc
absolument rien faire contre ça. Si j’avais joué
30 sur le neuf de retour, je l’aurais empor té.
Mais ça n’a pas été le cas. »
Tout s’est joué au 18e, une normale-4 de
466 verges.
Après un coup de dépar t de 256 verges,
l’Américain a expédié son coup d’approche à
12 pieds de la coupe, mettant la table pour un
Le grand gagnant du tournoi, Tim Clark, au club de golf Royal Montréal, à l’Île-Bizard dimanche.
oiselet qui aurait créé l’égalité.
De son côté, Clark a frappé la balle à 236
verges du tertre de départ, et il a enchaîné en
claquant son coup d’approche à 44 pieds du fa-
nion. Son coup roulé s’est immobilisé à sept
pieds et, après la tentative ratée de Fur yk,
Clark a fait disparaître la balle au fond de la
SAM GREENWOOD AGENCE FRANCE-PRESSE
coupe pour la normale — et la victoire.
« Lorsque j’ai vu Jim frapper son coup d’ap-
pr oche à pr oximité du fanion, j’ai su que
j’avais deux coups roulés, au maximum, pour
provoquer la prolongation, a relaté Clark,
153 e au classement mondial. Puis, lorsqu’il a
raté son coup roulé, je voulais absolument évi-
L’Américain Justin Hicks a enregistré une
carte finale de 64 pour se hisser seul en troi-
sième position à 267.
Matt Kuchar a réalisé une deuxième ronde
de 65 cette semaine pour se retrouver en qua-
trième position, à 269 au total des 72 trous. Il
était à égalité avec Michael Putnam, le meneur
à l’issue de la première ronde, et l’Espagnol
Gonzalo Fernandez-Castano.
Dickie Pride a égalé le record de parcours
(63), tout comme l’avaient fait Fur yk et Gra-
ham DeLaet en deuxième ronde, pour se hisser
à moins-10 en compagnie du Canadien. Pride
avait réalisé le record de parcours en jouant 64
lors du dernier passage de la PGA au club de
golf Royal Montréal, en 2001, mais il avait été
amélioré d’un coup dès le lendemain par Scott
Verplank et David Morland.
« Je devais reprendre mon record du parcours,
a blagué Pride, qui a réussi des oiselets aux
17e et 18e verts pour accomplir l’exploit. Je suis
assez heureux d’avoir pu l’égaler de nouveau. »
La tendance à crouler sous la pression se
poursuit donc pour Fur yk, qui a maintenant
perdu ses sept derniers tournois après s’être
hissé en tête après 54 trous. L’Américain, âgé
de 44 ans, tentait de rejoindre un groupe très
sélect des golfeurs ayant remporté l’Omnium
canadien à trois reprises, en compagnie de
Tommy Armour, Lee Trevino et Sam Snead. Il
avait déjà gagné ce tournoi en 2006 et 2007.
Une interruption de 27 minutes provoquée
par une forte averse en milieu d’après-midi a
mis la table pour un duel spectaculaire de trois
trous entre Furyk et Clark.
La Presse canadienne

F1 JEUX DU COMMONWEALTH

Ricciardo triomphe au Trois médailles d’or de plus pour le Canada

Grand Prix de Hongrie grâce à Patricia Bezzoubenko
PABLO GORONDI pas de raison pour quoi il
à Budapest obéirait à ces consignes, vu

D aniel Ricciardo, de Red

Bull, a remporté le Grand
Prix de Hongrie, devançant
tardivement la Ferrari de Fer-
nando Alonso pour ajouter à
son triomphe du mois dernier,
au Grand Prix du Canada.
Les 10 der niers tours ont
été particulièrement passion-
nants, avec Ricciardo prenant
les commandes avec seule-
ment trois tours à compléter.
Lewis Hamilton de Mer-
cedes a réussi à finir troi-
sième, lui qui partait des puits,
22e sur 22, après que son mo-
teur a pris feu en qualifica-
tions. Il rééditait ce qu’il a ac-
compli le week-end dernier, au
Grand Prix d’Allemagne.
Son coéquipier Nico Ros-
berg, qui partait de la pole, a
fini au quatrième rang mais a
conser vé son avance au clas-
sement des pilotes avec 202
points, 11 de plus qu’Hamil-
ton. Ricciardo est troisième
avec 131 points.
L’équipe Mercedes a dit à
Hamilton de laisser passer
Rosber g en fin de course,
mais le Britannique ne voyait
Sudoku
7 2
6 9
4 5
2 chrono de sept minutes et
3 4
8 1
sa bonne position à ce
moment-là.
« J’étais extrêmement surpris
qu’on me demande ça, a confié
Hamilton. Nico s’était approché
assez pour dépasser, mais je
n’allais pas perdre du terrain
au profit de Fernando ou Da-
niel pour lui permettre de faire
une bonne course. C’était un
peu étrange. »
L’Australien Ricciardo a fait
trois arrêts aux puits, compa-
rativement à deux pour Alonso
et Hamilton, et la stratégie a
rapporté en fin d’épreuve.
« Nous avions les pneus les
plus neufs, mais je savais que
ça serait une fin de course exci-
tante, a dit Ricciardo. Les der-
niers tours étaient grisants. Je
vais assurément faire la fête
pendant quelques jours, et en-
suite je vais prendre quelques
jours de repos. »
Ricciardo est le seul à avoir
troublé l’hégémonie des Mer-
cedes cette saison, en 11
courses jusqu’ici. Hamilton a
prévalu cinq fois, une de plus
que Rosberg.
Associated Press
par Fabien Savary
5 9 6 nin. La Montréalaise Saman-
7 rio, et Emily Overholt, de
8 9
3 4 6
G lasgow, Écosse — L’Onta-
rienne Patricia Bezzou-
benko a récolté trois mé-
dailles d’or de plus aux Jeux
du Commonwealth, passant
bien près d’un balayage des
premières places.
La gymnaste r ythmique de
17 ans a prévalu au cerceau,
au ballon et à la massue, por-
tant son total de médailles d’or
à cinq. Elle a fini troisième au
r uban. « Personne n’est par-
fait… je suis fière de ce que
j’ai accompli, a dit Bezzou-
benko. C’est une sensation
formidable de prendre par t à
ces Jeux pour la première fois.
Je suis heureuse pour mon
pays et mes entraîneurs. »
Bezzoubenko, qui est née à
Vancouver, mais qui a grandi à
Moscou, en Russie, et qui a
Thornhill, en Ontario, comme
lieu de résidence of ficiel, a
remporté le concours général
individuel vendredi, au lende-
main de sa contribution à la vic-
toire canadienne par équipe.
Lors des Jeux du Common-
wealth de 2006 à Melbourne,
la Canadienne Alexandra Or-
lando a obtenu les six mé-
dailles d’or de la discipline.
Par ailleurs, le Canada a
remporté l’argent à la piscine
au relais 4x200 mètres fémi-
tha Chever ton, Brittany Ma-
clean, de Toronto, Alyson Ack-
man, de Pembroke, en Onta-
West Vancouver, ont signé un
51,67 secondes.
Le duo composé de Des
Vamplew, de Toronto, et Jim
POR TLAND 3, MONTRÉAL 2
KIRSTY WIGGLESWOR TH ASSOCIATED PRESS
Patricia Bezzoubenko avec ses médailles
Paton, de White Rock, en Co-
lombie-Britannique, a remporté
l’argent à la carabine à gros cali-
bre par équipes. L’Angleterre a
mérité l’or, tandis que l’Écosse
a obtenu le bronze.
Ana Laura Portuondo-Isasi,
de La Prairie, au Québec, a
par tagé la troisième marche
du podium avec Hor tense
Mballa Atangana, du Came-
roun, chez les 78 kg501,45 m
en judo féminin. La Galloise
Natalie Powell a défait l’An-
glaise Gemma Gibbons en fi-
nale et a gagné les grands
honneurs.
L’équipe canadienne de
Kirsten Sweetland, Matt
Sharpe, Sarah-Anne Brault,
de Lévis, et Andrew Yorke a
terminé au quatrième rang
au relais mixte par équipe de
triathlon avec un temps
d’une heure 14 minutes et 17
secondes. Les Canadiens ont
raté le podium par seulement
trois secondes.
Marathon
Au marathon, l’Australien
Michael Shelley l’a empor té
en faisant encore mieux qu’il
y a quatre ans. L’athlète de
30 ans, deuxième à New
Delhi en 2010, a établi une
marque personnelle de deux
heures, 11 minutes et 15 se-
condes sous une pluie te-
nace, après avoir distancé
ses rivaux avec quatre kilo-
mètres à disputer.
Il est devenu le troisième de
son pays à triompher au mara-
thon à ces Jeux, après Rob de
Castella, vainqueur en 1982
et 1986, et Steve Moneghetti,
le gagnant en 1994.
Stephen Chemlany du Ke-
nya a obtenu l’argent
(2 h 11,58), devant Abraham
Kiplimo de l’Ouganda
(2 h 12,23). Il y a eu un dou-
blé du Kenya chez les dames.
Flomena Daniel a rempor té
la course en 2 h 26,45, fran-
chissant l’ar rivée 25 se-
condes avant Caroline Kilel.
Daniel est resté parmi les
meneuses avant de distancer
le groupe avec sept kilomètres
à compléter.
C’est l’Australienne Jess
T renglove, qui a mérité le
bronze, tandis que la qua-
trième place est allée à l’Onta-
rienne Lanni Marchant.
Le parcours à deux tours
commençait et se terminait au
Glasgow Green, un parc da-
tant du XVe siècle.
Le marathon donnait le coup
d’envoi des compétitions
d’athlétisme, où l’on verra no-
tamment le sprinter jamaïcain
Usain Bolt, au relais 4 x 100 m.
Une blessure au pied l’a empê-
ché de se qualifier pour le 100
et le 200 m.
En haltérophile, Jean-Marc
Béland de Greenfield Park a
dominé le groupe B des moins
de 77 kg, se classant premier
en levant un total de 295 kg.
À l’arraché, son meilleur ré-
sultat est sur venu à son troi-
sième essai, alors qu’il s’est ac-
quitté d’une barre de 138 kg.
Il a ensuite levé 157 kg à sa pre-
mière tentative à l’épaulé-jeté.
La Presse canadienne et
Associated Press

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6 5
2745
Une maladresse en fin de match coule l’Impact
MARC TOUGAS en l’absence de Frank Klopas, nique montréalais dans la zone rentes occasions. C’est sa pre-
suspendu à la suite d’un car- de réparation. mière défaite à domicile.
7
8
5
6
1
9
4
3
8
5
2
7
3
2
6
1
9
4 L e calvaire de l’Impact s’est
prolongé, dimanche, alors
que le onze montréalais a en-
ton rouge décerné jeudi à Salt
Lake, s’est ainsi incliné 3-2 de-
vant les Timbers de Portland.
Après une première demie
échevelée, les deux équipes ont
mis davantage l’accent sur la dé-
À son troisième départ d’af-
filée devant le filet, Evan Bush
a été tantôt bon, tantôt mala-
4 3 2 6 9 1 7 8 5
3 7 8 9 2 6 5 4 1 core été victime d’une mala- Le match a été disputé devant fense lors des 45 dernières mi- droit, mais la responsabilité de
6 9 4 1 3 5 8 7 2 dresse en défensive en fin de une foule annoncée de 14 175 nutes. Danso, qui affrontait son la défaite ne peut lui être impu-
1 2 5 8 7 4 6 9 3
match qui a coûté des points spectateurs au stade Saputo. ancienne équipe, s’est retrouvé tée. Il est toujours en quête
2 1 6 5 4 8 9 3 7
au classement. Andres Romero a inscrit son au centre d’une séquence en ap- d’un premier gain en cinq
5 8 3 7 1 9 4 2 6
À son premier dépar t avec cinquième but de la saison à la parence anodine qui a mal tourné matchs dans la MLS.
9 4 7 2 6 3 1 5 8
l’Impact, le défenseur Mama- 13e minute de jeu et Maxim Tis- pour l’Impact. Encore une fois. La défaite du onze montréa-
dou Danso n’a pas trouvé le sot, son premier, à la 44e, pour Biello a maintenant une lais accroît à cinq la pire série
2744
moyen d’amortir un ballon bon- l’Impact. Max Urruti (34e) et Will fiche de 1-2-3 quand il rem- de défaites de son histoire en
dissant lors d’un centre adverse Johnson (40e), sur penalty, ont ins- place un entraîneur-chef de MLS, et fait en sorte qu’il n’a
et Diego Valeri en a profité pour crit les autres filets des Timbers. l’Impact qui a été suspendu. Il toujours signé aucune victoire
inscrire le filet qui a fait la diffé- Le penalty a été accordé aux avait fait la même chose à cinq contre un club de l’Ouest cette
rence à la 82e minute de jeu. visiteurs quand Hassoun Ca- reprises l’an dernier, quand saison (0-6-1).
Le onze montréalais, qui mara a fait trébucher un adver- Marco Schällibaum avait été
était dirigé par Mauro Biello saire lors d’un moment de pa- sanctionné par la MLS à diffé- La Presse canadienne
 L E D E V O I R , L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4 B 5

AUTOMOBILE

JAGUAR LAND ROVER

Le Range Rover Sport se différencie du Range Rover par ses dimensions réduites et, conséquemment, son poids inférieur. Il possède aussi des réglages de suspension plus fermes et des pneus plus larges.

Range Rover Sport : tout sauf utilitaire

tude et la température), ses
souliers de course ne sont pas
PHILIPPE faits pour le trekking.
LAGUË Si le confort est votre prio-
rité, optez plutôt pour un Range
Rover « classique » car le Sport
« por te plus dur », comme on
sche 911 non plus. Même si sa
garde au sol est abaissée, même
s’il est chaussé pour la piste, ça
reste un VUS, et un gros.
Je dois cependant admettre
que le compor tement de ces
gros machins est impression-
pas, là : il n’y en a pas dans
l’énorme Range Rover, mais on
en a mis une dans le Sport…
L’explication de Land Rover est
un peu bancale : le Sport serait
plus souvent l’unique véhicule
de la famille que le Range Ro-
ment, tout comme la chaîne
audio haut de gamme…
Même la peinture métallique Fiche technique
(1800 $) est en option ! À ce
prix, c’est franchement scan- RANGE ROVER SPORT
daleux. Les Allemands ne sont
pas mieux, mais est-ce néces- Moteur: V6 3 litres à

Q u’obtient-on si on
croise un Range Ro-
ver et un Evoque ?
Un Range Rover Spor t.
dit en bon québécois. La faute à
des réglages de suspension
plus fermes et des pneus plus
larges (encore eux).
nant au regard de leurs dimen-
sions. Mais si vous voulez une
tenue de route de voiture
spor t ET une traction inté-
ver. N’importe quoi.
L’assemblage est aussi soi-
gné que dans les autres véhi-
cules de la marque, la finition
saire de singer leurs mau-
vaises habitudes ?
Conclusion
compresseur
Puissance: 340 ch
Couple: 332 lb-pi
Consommation moyenne:
L’énoncé est un peu réducteur, grale, achetez-vous plutôt une aussi. Il y a du cuir à profusion En toute franchise, j’ai goûté 16,5 l/100 km
mais pas complètement faux Amenez-en, des Porsche Audi S ou RS. C’est le même et la noblesse requise est là. La chaque minute passée au Prix de départ: 78 990 $
non plus : dans la gamme Land Cayenne ! prix, c’est aussi spacieux et ça déco intérieure ne gagnera pas volant du Range Rover Sport. Prix du véhicule d’essai:
Rover, le Range Rover Spor t Côté moteurs, le menu est le consomme moins. de prix mais elle n’est pas terne Ça, c’est le passionné d’auto 89 910 $
se positionne entre l’Evoque et même que celui du Range Ro- non plus. Autre bon point : les qui parle. Mais quand le ra-
le Range Rover « tout court ». ver : un V6 de 3 litres et un V8 Noblesse intacte commandes et l’interface multi- tionnel embarque, mon en-
Small, médium et large. de 5 litres, tous deux suralimen- Avec tout ça, je ne vous ai média sont relativement sim- thousiasme se refroidit. Pas la marque. Et toujours sur une
Un œil profane pourra faci- tés par un compresseur. Et tous pas parlé de l’habitacle. Même ples. Rien à voir avec le délire tant à cause du prix, inhérent note rationnelle, je n’arrive pas
lement les confondre, mais deux gentiment prêtés par Ja- si le Sport est moins long que technologique des Allemands aux objets de luxe, qu’à cause à comprendre l’utilité d’un
ceux qui ont un intérêt plus guar. Il y a des cadeaux, comme le Range Rover, l’empattement ou de Cadillac avec CUE, le de la consommation délirante, VUS incapable de s’aventurer
marqué pour la chose automo- ça, qui ne se refusent pas! est le même et on ne perd pas « système-qui-rend-fou ». anachronique en cette époque hors route.
bile auront tôt fait de remar- Le premier génère 340 che- d’espace — ou si peu. Un Land Ce qui est moins bon, ce de conscientisation environne-
quer que le Spor t ressemble vaux et il est moins à la peine Rover ne serait pas un Land sont les nombreuses options : mentale ; et de la fiabilité, qui Collaborateur
davantage à l’Evoque qu’au ti- que dans l’éléphantesque Rover s’il n’y avait pas au il y en avait pour 10 000 $ sur demeure le talon d’Achille de Le Devoir
tanesque Range Rover. En ce Range Rover. La différence de moins une incongruité et dans notre véhicule d’essai. Avec un
qui me concer ne, c’est un poids entre les deux, même si le cas qui nous préoccupe, prix de dépar t flir tant les
compliment ; de toute façon, je elle n’est pas énorme, se fait c’est la présence d’une troi- 80 000 $, il me semble que le
tiens les Land Rover pour les sentir. Avec ses 510 chevaux, sième rangée de sièges. toit ouvrant panoramique ne
plus beaux VUS de l’industrie. le V8 n’a peur de personne : Attendez, je ne comprends devrait pas exiger de supplé-
Il convient de préciser ici que amenez-en, des Porsche
je ne raf fole pas de ce genre Cayenne et des Mercedes
de véhicule ; l’appréciation AMG !
(subjective, au demeurant) est Le Sport n’est peut-être pas
donc purement esthétique. le plus doué de la famille pour
les excursions mais sur le bi-
Un VUS pour l’asphalte tume, c’est un TGV. Sa tenue de
Le Sport se différencie donc cap donne d’ailleurs l’impres-
du Range Rover par ses dimen- sion que le véhicule est sur des
sions réduites et, conséquem- rails mais attention, ses larges
ment, son poids inférieur. Dire pneus à profil bas n’aiment pas
qu’il est moins lourd les or nières et peu-
(plutôt que plus lé- vent occasionner de
ger) serait cependant L’impact de br usques change-
approprié, la bête ac- ments de trajectoire.
cusant tout de même la diminution Idéal pour vous rappe-
2144 kilos sur la ba- de poids se ler qu’il faut garder les
lance. Comme son deux mains sur le vo-
gros frère, le Spor t a ressent aussi lant en tout temps…
s u i v i u n e diète à Seul bémol : la
l’aluminium, qui lui a dès les consommation du V8
fait le plus grand est directement pro-
bien. premiers portionnelle à sa puis-
La dif férence ma- tours de roue sance. Pour ceux qui
jeure vient de la plate- ont les moyens d’en
forme : le modèle pré- avoir un, c’est un dé-
cédent reposait sur un châssis tail, mais pour l’infortuné chro-
de camion, en échelle, em- niqueur auto, dont le salaire est
prunté au LR4. Pour jouer dans inversement proportionnel, ça
la neige et la boue, c’est bien fait mal. Très mal. Avec le V6,
mais c’est un handicap si on c’est un peu mieux — ou plutôt,
veut menacer les Porsche «moins pire»: 16,5 litres au 100
Cayenne, BMW X5 et autres kilomètres, si vous conduisez
4X4 aux prétentions sportives. comme un curé.
(Oui, je sais, c’est un oxymo-
ron, mais bon…) Restons calmes
Avec son nouveau châssis L’impact de la diminution de
monocoque en aluminium, le poids se ressent aussi dès les
Sport a désormais les moyens premiers tours de roue. Les
de ses ambitions. Comme ses accélérations sont plus instan-
rivaux allemands, il sera plus à tanées et dans les virages,
l’aise sur l’asphalte que dans c’est le jour et la nuit si on
une tempête de sable ou de compare avec le gros Range
neige, en quel cas ses gros Rover. Pour les avoir conduits
pneus à profil bas imposeront l’un après l’autre, j’ai vu la dif-
rapidement leurs limites. férence tout de suite.
Même si le Sport dispose de L’éléphant ne s’est pas encore
tout l’attirail hors route de transformé en gazelle mais il n’a
Land Rover (suspension Adap- rien à envier à ses rivaux
tive Dynamic et mode Terrain allemands. Cela dit, restons
Response capable d’analyser calmes : ce n’est pas une Fer-
les conditions routières, l’alti- rari, une Corvette ou une Por-
B 6
CIGARETTE ÉLECTRONIQUE
Un « moindre mal » ou
un risque de retour au tabagisme ?
JEAN-CLAUDE
LECLERC
a cigarette électro-
L nique, qui compte déjà
près de deux millions
d’adeptes, sera-t-elle la réponse
au tabagisme, cette plaie qui
fait encore, selon l’Organisa-
tion mondiale de la santé, six
millions de morts chaque an-
née ? Nombre de médecins de
toutes spécialités le croient et
s’étonnent que l’OMS s’y mon-
tre réticente, mais d’autres
scientifiques craignent que ce
substitut ne soit illusoire, sinon
dangereux. L’enjeu humani-
taire et socioéconomique est
énorme. Et l’éthique médicale
et scientifique affronte là un sé-
rieux dilemme.
On en débat en Europe, où
les pays de la Communauté ne
s’entendent pas sur la nature
du produit et sur la voie à sui-
vre. Aux États-Unis, la Food
and Drug Administration a dû,
les tribunaux s’opposant à une
interdiction, s’en remettre à
des chercheurs de l’Université
de Yale, dont les conclusions
ne seront pas connues avant
2018. Quant au Canada, on y
consomme déjà le produit,
bien que la loi l’interdise en-
core s’il contient de la nico-
tine. Mais partout, l’entreprise
privée entend bien imposer
cette innovation.
Ainsi, la Victor y Electronic
Cigarettes se présente comme
la plus grande compagnie
dans ce marché, grâce à une
politique d’acquisitions et
d’ententes avec des chaînes de
distribution. Son président,
Brent Willis, diplômé de l’Uni-
versité de Chicago et de West
Point, en fait une campagne
personnelle. Son père, attaché
à trois paquets par jour, est
mor t prématurément. Il
entend inciter les fumeurs,
encore 1,3 milliard à travers le
monde, à se défaire de la ciga-
rette. Une œuvre sociale et
une bonne affaire à la fois !
Les experts, il est vrai, s’en-
tendent sur les méfaits de la ci-
garette classique. Elle contient
du goudron et d’autres ingré-
dients qui causent des maladies
cardiaques, divers cancers et
des problèmes respiratoires.
Mais la cigarette électronique,
qui ne contient pas ces élé-
ments, peut cependant renfer-
mer de la nicotine, dont les dan-
gers sont reconnus, et d’autres
sous-produits dont les effets ne
sont pas encore connus. D’au-
cuns redoutent aussi qu’on en
banalise la consommation (sur-
tout chez les jeunes, ce qui
n’est pas prouvé).
Mais la cigarette classique
est tellement entrée dans les
mœurs que tout changement à
la situation qui prévalait
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L E
ÉTHIQUE ET RELIGIONS
La médecine préventive voit dans la cigarette électronique, dont le succès gagne plusieurs pays,
un moyen ef ficace de sauver la vie de millions de fumeurs.
jusqu’ici (et qui prévaut en-
core parmi les fumeurs « en-
durcis ») met en aler te non
seulement l’industrie du tabac,
encore forte sur les marchés,
mais aussi les institutions
vouées à la lutte sociale contre
le tabagisme et dont les acquis
sont récents et fragiles. Par
contre, la médecine préventive
voit dans la cigarette électro-
nique un « moindre mal » et un
moyen ef ficace de sauver la
vie de millions de fumeurs.
La cigarette électronique
sans nicotine passe plus facile-
ment la rampe des autorités
politiques et médicales. Mais
même la nicotine, un produit
toxique, est déjà utilisée dans
plusieurs substituts de sevrage
aujourd’hui acceptés et répan-
dus. Comme pour maints médi-
caments, on en fait un adjuvant
chimique, qui a peut-être cer-
tains effets indésirables, mais
qui permet d’éviter les consom-
mations aux coûts humains et
aux conséquences financières
autrement plus dramatiques.
La cigarette électronique est
récente, et son succès gagne
déjà plusieurs pays. Il aurait
sans doute été préférable qu’on
en fasse une expérimentation
poussée mais limitée avant d’en
permettre la consommation de
masse. La cigarette classique,
en effet, aura dominé les socié-
tés, riches ou pauvres, avant
que ses ravages n’éveillent les
autorités sanitaires et poli-
LES PETITES ANNONCES
160
APPARTEMENTS ET
LOGEMENTS À LOUER
DISCRIMINATION
INTERDITE
La Commission des droits de la
personne du Québec rappelle que
lorsqu'un logement est offert en lo-
cation (ou sous-location), toute per-
sonne disposée à payer le loyer et
à respecter le bail doit être traitée
en pleine égalité, sans distinction,
exclusion ou préférence fondée sur
la race, la couleur, le sexe, la gros-
sesse, l'orientation sexuelle, l'état
civil, l'âge du locataire ou de et à
ses enfants, la religion, les convic-
tions politiques, la langue, l'origine
ethnique ou nationale, la condition
sociale, le handicap ou l'utilisation
d'un moyen pour pallier ce handi-
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tiques. Faut-il encore une
consommation de masse du
nouveau produit pour revenir,
en cas de problèmes sérieux, à
des politiques restrictives?
Deux aspects de la lutte
contre le tabagisme sont évi-
dents. D’un côté, les mesures
d’éducation et de répression
ont eu un effet positif considé-
rable, d’abord sur les jeunes,
qui ont moins cédé à cette
consommation, et puis sur les
fumeurs sociaux ou « lu-
diques » qui auront en grand
nombre « décroché » du tabac.
D’un autre côté, les fumeurs
pour qui la cigarette était deve-
nue un stimulant indispensa-
ble seront restés, pour la plu-
par t, rébarbatifs, malgré la
pression sociale à leur endroit.
Le recul du tabagisme aura
été une victoire sur les mala-
dies graves qu’il entraînait,
mais pas nécessairement sur
les maladies insidieuses que la
cigarette aidait à surmonter
chez les personnes anxieuses,
dépressives ou autrement vul-
nérables. D’ex-fumeurs com-
battent maintenant leurs ma-
laises existentiels en prenant
plus d’alcool et d’autres pro-
duits « réconfortants ». La ciga-
rette électronique va certaine-
ment sauver des vies, mais
elle ne saurait tenir lieu de po-
litique de santé mentale.
Les médecins qui y voient un
moyen d’aider les fumeurs ac-
tuels et les autres gens qui sont
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tentés par le plaisir du tabac ont
sans doute raison d’appuyer le
« traitement » préventif que
constitue la cigarette électro-
nique. Mais ils constatent que
le personnel médical lui-même,
autant que la classe politique,
résiste à ce changement des
compor tements. N’a-t-on pas
résisté autrefois aux vaccins ?
Ne résiste-t-on pas encore au-
jourd’hui, en milieu politique,
mais aussi médical, au traite-
ment palliatif des toxicomanes?
Mais, sous cette résistance
qui s’explique aussi par la peur
ou l’ignorance se cachent des
intérêts d’ordre économique et,
ne le cachons pas, financiers.
Le « principe de précaution »
devrait s’appliquer, plaident des
médecins français aux fumeurs
qu’on peut sauver autant
qu’aux fumeurs éventuels
qu’on risquerait d’inciter indi-
rectement au tabagisme. Ils
pensent à leurs malades. Et les
gouvernements pensent à leurs
électeurs. Qui donc tranchera ?
En dernière analyse, toute-
fois, la cigarette aura été et
risque de demeurer aussi,
quelle qu’en soit la forme, un
faux remède à de vraies mala-
dies, celles-là tenant aux socié-
tés actuelles et à leurs modes
de vie.
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une jeune femme condamnée
réunissant des chrétiens et
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du Nil-Bleu et du Kordofan-
à mort pour apostasie : selon le Sud — des régions en proie
chef du Conseil des églises aux violences.
soudanaises, la minorité chré- Selon M. Kuku, les agents
tienne du pays fait face à un sont inter venus peu après le
harcèlement croissant de la début de l’atelier marqué par
part des autorités islamistes. des lectures de passages
Kori Elramla Kori Kuku, se- d e l a B i b l e e t d u C o r a n .
crétaire général du Conseil « Personne n’a été forcé » à lire
des églises soudanaises, es- où à écouter, s’exclame-t-il,
time que sa communauté a été « je ne vois pas ce qu’il y a de
fragilisée par l’indépendance mal à lire la Bible ».
du Soudan du Sud en 2011 et Selon Christian Solidarity
le départ des chrétiens vers ce Worldwide, une ONG basée
nouveau pays où les chrétiens e n G r a n d e - B r e t a g n e q u i
et animistes sont majoritaires. défend la liberté religieuse, les
La condamnation à mor t expulsions, confiscations,
pour apostasie prononcée en destructions de propriétés de
mai contre une Soudanaise l’Eglise et autres actes antich-
chrétienne, Meriam Yahia rétiens ont augmenté depuis
Ibrahim Ishag, a mis en lu- décembre 2012.
mière les entraves à « Nous avons le
la liber té religieuse sentiment que nos
dans le pays tenu de- Selon Christian droits ne sont pas res-
puis 25 ans par un ré- pectés », même si la
gime islamiste. La Solidarity Constitution garantit
jeune mère de fa- la liber té de culte,
mille, qui avait trouvé Worldwide, explique M. Kuku au
refuge à l’ambassade les expulsions, siège du Conseil des
américaine après l’an- églises, un petit bâti-
nulation de sa peine confiscations, ment qui ne se dis-
par une cour d’appel, tingue que pas une
a été accueillie jeudi destructions petite croix dans la
en Italie. fer ronnerie au-des-
En trois ans, « les de propriétés sus de la porte.
choses ont complète- de l’Église Le chef du Conseil
ment changé, nous reconnaît que les cé-
sommes privés de la et autres actes rémonies religieuses
liber té dont nous continuent de se dé-
jouissions », a assuré antichrétiens rouler sans entraves,
M. Kuku dans un en- mais en présence
tretien cette semaine ont augmenté d’agents de sécurité
à l’AFP. depuis chargés de sur veil-
L’instance qu’il di- ler les offices.
rige inclut plus d’une décembre 2012 Bien qu’il n’y ait
dizaine de confes- pas de données pré-
sions, dont des catho- cises sur le nombre
liques et des coptes, et pour de chrétiens restés au Sou-
tous, la situation est « très dan, M. Ebaid, membre du
mauvaise », explique-t-il. parti du Congrès national du
Il cite ainsi un ar ticle de président Omar el-Béchir, as-
presse affirmant que le minis- sure que ces derniers ont « un
tère des Af faires religieuses poids économique, un poids
n’autoriserait plus la construc- intellectuel » et que « leurs
t i o n d e n o u v e l l e s é g l i s e s opinions sont respectées ». Ils
compte tenu du dépar t de ne sont « pas à la marge » de la
la plupar t des chrétiens vers s o c i é t é , i n s i s t e c e h a u t
le sud. responsable.
Un haut responsable du M. Béchir a de son côté
parti au pouvoir, Rabbie Abde- récemment assuré que son
latti Ebaid, a cependant assuré p a y s é t a i t u n « m o d è l e d e
ne pas avoir eu connaissance stimulation de la tolérance
d’une telle décision. religieuse », selon les médias
Dans les faits, M. Kuku as- officiels. « Je suis conscient que
sure que les églises sont déjà nous sommes une minorité.
dans le viseur des autorités. Mais nous avons le droit, en
Selon lui, une église du nord tant que citoyens soudanais, de
de la capitale a été détruite par p r a t i q u e r n o t r e f o i , d e
des bulldozers au motif qu’elle construire des églises et d’exer-
ne disposait pas de titres de cer notre liber té religieuse »,
pr opriété. Et un bâtiment revendique M. Kuku.
hébergeant une autre église « Nous n’entravons pas leurs
dans le centre de Khartoum a prières à Dieu. Pourquoi entra-
été saisi par les autorités. veraient-ils les nôtres »,
Des agents de la sécurité remarque-t-il.
ont aussi inter rompu, selon
lui, un groupe de discussions Agence France-Presse
Courriel :
petitesannonces@ledevoir.com
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 L E D E V O I R , L E L U N D I 2 8 J U I L L E T 2 0 1 4 B 7

CULTURE
FESTIVAL DE LANAUDIÈRE

Prêcher dans
le vide…
BEATRICE RANA : VERS LE FIRMAMENT
Bach : Partita n° 1, BWV 825. Chopin : Sonate
pour piano n° 2 « Funèbre ». Prokofiev : Sonate
pour piano n° 6. Amphithéâtre Fernand-Lindsay,
vendredi 25 juillet.

CHRISTOPHE HUSS

S euls les très gros noms remplissent l’amphi-

théâtre de Lanaudière pour des récitals de
piano. Beatrice Rana aura, on l’espère, un jour une
telle renommée, mais ce n’est pas encore le cas, et
voir les gradins remplis par quelque 350 ou 400 per-
sonnes — auditoire enrichi de quelques centaines
d’auditeurs assis sur la pelouse — faisait un pince-
ment au cœur. On ne s’attendait guère à mieux, sur-
tout un vendredi en pleines vacances de la
construction, mais on espère toujours un miracle…
La pianiste italienne de 21 ans n’a pas paru
trop désemparée et a livré le meilleur d’elle-
même dans un programme qui rappelle ceux
de Pogorelich, autour de 1981-1982, juste après
le Concours Chopin qui l’avait rendu célèbre.
La Partita de Bach décontenance de prime
abord tant elle a l’air de sonner dans le vide,
perdue dans l’immensité du lieu. Les magni-
fiques sotto voce dans la Courante, sans la moin-
dre perte de flux, font dresser l’oreille. Beatrice
Rana rallie les auditeurs dans la Sarabande, très
romantique et lente, dont elle fait le centre de
l’œuvre, les autres mouvements semblant gra-
viter autour. Dans cette interprétation qui
cherche à faire chanter Bach, le moment mira-
LE PETIT RUSSE culeux est l’attaque du 1er Menuet, très doux,
Le groupe Le Trouble, qui jouera à Osheaga, ne cherche pas la gloire... mais seulement à s’amuser en faisant de la musique. qui s’inscrit dans la résonance de la Sarabande.
La Sonate funèbre de Chopin, aussi, mise davan-
tage sur le chant et le liant que sur agitation et les
crépitements. La Marche funèbre semble une ex-
LE TROUBLE À OSHEAGA tension naturelle du thème sostenuto du premier
volet et du motif piu lento du second, deux pas-

Pour se faire danser eux-mêmes sages lents qui, sous les doigts de Beatrice Rana,
beaucoup de poids et d’intensité. La pianiste perce
certains mystères de l’énigmatique 4e mouvement,
en le jouant très sotto voce (à mi-voix, c’est ce que
demande Chopin) et en l’irisant de fines nuances.
La 6e Sonate de Prokofiev, un monument, fait par-

Entr e les sessions d’enr egistr ement de
ritournelles publicitaires, les spectacles et
les festivals s’ajoutent depuis quelque
temps à l’horaire de Maxime Veilleux et
Bao-Khanh Nguyen, guitaristes de la
for mation montréalaise Le Trouble.
Le groupe, qui sera de la programmation
du festival Osheaga vendredi, vit son
ascension avec une candeur et un flegme
rafraîchissants.
SOPHIE CHAR TIER
L e Trouble a vu le jour il y a environ trois
ans, lors de la rencontre entre Maxime
Veilleux et Micheal Mooney, chanteur d’ori-
gine australienne. Avec Bao-Khanh, ils com-
mencent à se rassembler et jouer de la mu-
sique pour passer du temps entre amis. « Au
début, c’était un moyen de se voir, ça faisait
partie de notre petite routine, se rappelle Bao-
Khanh Nguyen. Comme d’autres vont jouer
au billard, nous, on jouait de la musique. »
Puis, se joignent au groupe leurs amis Gar-
rett Dougherty et Jesse Gnaedinger et Le Trou-
ble fut créé. Les cinq comparses enregistrent
par eux-mêmes un court, appelé Reality Strikes,
composé de six chansons aux lignes de gui-
tares efficaces et aux refrains accrocheurs. Les
pièces rock, puisant for tement dans la pop,
sont illuminées par la voix claire du chanteur,
Michael Mooney. Bref, ce minialbum, sorti il y
a près de deux ans, est le genre d’écoute à pro-
poser pour d’interminables et bien arrosées
soirées d’été.
Mais les membres du Trouble ne sont pas
«
Comme d’autres vont
jouer au billard, nous,
»
on jouait de la musique
Bao-Khanh Nguyen
« de vrais musiciens », rassurent-ils. « Ça peut pa-
raître surprenant, mais on ne sait pas lire les
notes, explique Maxime Veilleux. On fait ce
qu’on peut ! »
Parmi les grands
Candides, Veilleux et Nguyen ne cachent pas
leur excitation à l’idée de jouer auprès de
grands artistes internationaux pendant la fin de
semaine d’Osheaga, festival qui attire un
énorme public de l’extérieur. « Ces grands ras-
semblements-là, ça nous permet de voir plein
d’ar tistes intéressants, dit Bao-Khanh. Et on
pourra aussi jouer devant des gens qui ne nous
connaissent pas et que l’on n’aurait jamais eu la
chance d’atteindre, autrement. »
Leur prestation étant prévue le premier jour,
à la toute première case horaire, Le Trouble
pourra amplement profiter du festival. « On est
un peu groupies, on va sûrement se faire des sel-
fies avec des vedettes », blague Maxime, ajoutant
que le groupe aura la chance d’introduire les
mythiques Flaming Lips plus tard en août, dans
le cadre d’Expo Cité, à Québec. « Nous sommes
de grands admirateurs de ce groupe, ajoute le
guitariste. C’est un honneur ».
Les deux membres du groupe semblent en
fait accorder plus d’importance à l’idée de vivre
une expérience enrichissante qu’à celle de colli-
ger les hordes de fans. « On avait sorti l’album
comme ça, on s’est dit : “cool, on a sor ti un
disque !”. Puis on a laissé passer tout ça, se di-
sant que l’accomplissement était là », commente
Maxime Veilleux. « On n’est pas très business-
men », ajoute Nguyen.
Difficile autopromotion
Mais des gens ont su voir le potentiel des
membres du groupe et les ont poussés à pour-
suivre leurs efforts. Aujourd’hui, Le Trouble
fait partie de l’écurie Lava Records, étiquette
new-yorkaise qui représente aussi des artistes
comme Lorde et Jessie J. « C’est bien tout ça,
c’est stimulant, mais le travail a surtout été fait
ici, explique Bao-Khahn. Lava nous a ouvert des
portes, oui, mais c’est surtout au Québec qu’est
notre public. »
Pour les gars du Trouble, passer son été à
parcourir le Québec pour se faire connaître est
un beau hasard, une histoire drôle à raconter,
une façon de plus de s’amuser.
« Si les gens dansent sur nos chansons, on est
bien contents. Cer tains nous suivent dans
presque tous nos spectacles locaux, ça fait plaisir,
ajoute Maxime Veilleux. Mais le but premier du
Trouble était de nous faire danser nous-mêmes.
On ne cherche pas vraiment la gloire, on veut
juste s’amuser. »
Voilà qui est dif férent… et franchement
rock’n’roll !
Le Devoir
LE TROUBLE
Vendredi 1er août à Osheaga, 13 h
Scène des Arbres Galaxie
Parc Jean-Drapeau
tie des sonates dites «de guerre». Mais elle est bien
davantage un bijou formel et harmonique, dont l’es-
sence foncière est la danse. Le rapport des mouve-
ments II et IV avec l’univers des ballets de Proko-
fiev est patent. Beatrice Rana le fait bien ressortir,
mais elle loupe le coche en ralentissant trop le 3e vo-
let, dont le tempo de valse se dilue. Sur ce point,
Sviatoslav Richter avait tout compris, et l’écoute de
son témoignage serait enrichissante pour cette
jeune pianiste bourrée de talent et de bravoure.
Un dernier mot pour souligner le travail plus
que remarquable de l’équipe qui assure la re-
transmission vidéo sur les grands écrans.
Le Devoir
Le Prix du récit
à Joanne Morency
Délicat récit d’un deuil qui creuse lentement son
sillage, Tes lunettes sans ton regard vaut à son au-
teure, Joanne Morency, le Prix du récit Radio-Ca-
nada. Le texte en fragments, très personnel, a ravi
le jury composé de la romancière Kim Thúy, de la
cinéaste et écrivaine Anaïs Barbeau-Lavalette et
du nouvelliste et essayiste Samuel Archibald qui
saluent une «plume très affirmée, confiante de sa
voix et de son originalité». Originaire de Sher-
brooke, Joanne Morency vit en Gaspésie depuis
25 ans. Elle a déjà publié quatre livres de poésie
aux Éditions Triptyque dont Miettes de moi (2009)
qui a reçu à Paris le Prix du premier recueil de la
Fondation L-A Finances. Du côté anglophone,
c’est Patti Kay-Hamilton, de Fort Smith dans les
Territoires du Nord-Ouest, qui a remporté le CBC
Short Story Prize pour The Hunter and the Swan.
Le Devoir

À LA TÉLÉ
CANAUX 18h00 18h30 19h00 19h30 20h00 20h30 21h00 21h30 22h00 22h30 23h00 23h30 minuit
Le Téléjournal 18 h Des squelettes Les Parent / Les chefs! La revanche / Martin Pénélope McQuade Le Téléjournal 22h45 Cap sur l'été 23h45 Dre Grey, leçons /
SRC , Ève Landry. Anaïs Picard L'heure de la rébellion
TVA nouvelles Sucré salé LOL :-) Tranches de Juste pour rire / Juste pour On connaît la chanson / ADO / TVA nouvelles 22h35 Sucré 23h05 CONTE AU COEUR DE L'ARCTIQUE
TVA vie Laval / Dominic et Martin Sophie Pelletier salé (2007)
Kaboum Subito texto Légitime À l'affiche / Planète science GAZ BAR BLUES (2003) avec Gilles Renaud, Sébastien Delorme, 23h05 125, Marie-Anne
TQ dépense Louis Bélanger Serge Thériault.
V
Atomes
crochus
Un souper
presque parfait
Et si? Ça va brasser! CSI: NY / Flag on the Play Le mentaliste / La Vie en rose Brassard en
direct
Un gars le soir Opération
Séduction
L'Instant Gagnant Nos choix ce soir
RDI Le National RDI économie 24/60 1000 jours pour la planète Le Téléjournal Le National RDI économie 24/60 1000 jours
TV5 17h50 Champi.. Journal FR On passe à l'histoire Secrets d'histoire / Cardinal de Richelieu: Le ciel peut attendre 22h05 Mystères maritimes TV5 le journal 23h40 Chérif / Reine d'un jour
D Contact animal Billy Billy Déconstruire la ville Aux frontières de la science Enchères Enchères Au pays des Cajuns Scènes crime LA GRIFFE BALENCIAGA
VIE Propriétaire Été Joël ByeMaison Garde-robe On efface et on recommence Idées grandeur Pro du patio Décore ta vie Maison, argent Flipping à Boston Propriétaire Même s’il commence à dater, ce documentaire
MP Top musique Buzz Mon. Christo Punk'd: Stars Top Modèle Maîtres tatoueurs Cliptoman Kardashian Décompte M+ offre une appréciable plongée dans l’univers du
MX Millionnaire$ à tout prix La fièvre de la danse Les dessous d'Hollywood Benezra reçoit / Michel Fugain Millionnaire$ à tout prix 2000 créateur de mode Cristóbal Balenciaga. Cet Es-
VRAK.TV Jessie Jessie L'appart du 5e VRAK la vie H2O H2O Big Bang Arrange-toi ça Dans le trouble Les testeurs Les mal élevés Dance Acad. Hors d'ondes
TTF Les Simpson RegularShow Finn et Jake Johnny Test Colis Planète X Têtes-Claques Les Simpson Family Guy American Dad South Park Les Simpson Dans l'canyon American Dad
pagnol obsédé par le sur-mesure et les coupes
RDS Le magazine Blitz La science du sport LMB Baseball / Athletics d'Oakland c. Astros de Houston (D) Sports 30 Sports 30 Boxe sculpturales a brillé, à partir de la Deuxième
HISTORIA Restauration Pawn Stars Cash Cowboys / Sport national Les a$ de la brocante Les enquêtes du NCIS Extraterrestres Partie 2 de 2 Profession: brocanteur Espions d'états Guerre mondiale, sur la scène parisienne
ARTV Cormoran Visite libre Riverdance à Pékin Gnosis La galère Les prisonniers Au coeur du country Lumière sur... hautement sélective de la haute couture.
EXPLORA Gorilles de montagne Découverte Terre: Aventure vie Himalaya 911 L'empire du système solaire Cerveau Méd ailleurs Pêche risque Balenciaga, itinéraire d’un visionnaire, Planète, 19 h
SÉRIES+ Blue Bloods Castle Aidan Black / Flashbacks Rizzoli & Isles Perception Bones / Invisible Agent libre
ZTÉLÉ L'manège Les Nerdz Remorquage Chasseurs Grimm / Le marchand de sable Baiser fatal / La lune de sang Nikita / Piège à Bombay Étranges Étranges Les stupéfiants
C. SAVOIR Sur le Saint-Laurent Déficit zéro L'Eldorado Droit de savoir Faire une tête Festival REGARD Cafés scientifiques des IRSC Objectif Nord Prix mots
UNE SANTÉ D’HORLOGE
ÉVASION Dans tes yeux Prêt à partir Devine où je vais? / Portneuf Orignal & Bagages Hotel impossible Sand Masters Sand Masters Survivor: Héros vs. méchants Devine où? Depuis que l’humain court à longueur de jour-
TFO MiniTFO/Zoubi Caillou/Barbap. Son altesse Motel Monstre Parent un jour La portée LES HISTOIRES N'EXISTENT QUE LORSQUE ... CinéTFO/La vie Arrière-scène Amalgame BRBR née, le sommeil en a pris un coup. Et la santé
Cinépop 17h45 LE BAL DE L'HORREUR 19h15 ROCKY III: L'OEIL DU TIGRE (1982) Sylvester Stallone. COLORADO (1967) Lee Van Cleef. 58 MINUTES POUR VIVRE (1990) Bruce Willis. avec : cette carence est associée à des maladies
SÉcran 17h45 40 ANS: MODE D'EMPLOI (2012) Paul Rudd. LE CONSEILLER (2013) Michael Fassbender. DJANGO DÉCHAÎNÉ (2012) avec Christoph Waltz, Jamie Foxx. comme la dépression et le diabète. Qu’à cela ne
Planète Pourquoi l'homme marche Balenciaga Cavaliers Terre de Fêtes Oiseaux Paradis req. Grand Raid / Le prix de l'effort D.C.P. bouée Hakahetau Enquêtes
MATV Jeudredi GROStitres.tv Accro moto Le guide de l'auto À 4 épingles Cours toujours Libre-service Montréalité Guide de l'auto
tienne, constatent les spécialistes de Chronobio-
CBC 17h00 News Coronation St. Rick Mercer JFL: Gags Murdoch Mysteries Secrets and Lies CBC News: The National CBCNews George S. 2014 CG logie : l’homme et ses rythmes : il faut soigner en
CTV (Mont.) CTV News eTalk The Big Bang Masterchef / Top 12 Compete The Listener / Family Secrets Criminal Minds / Rabid CTV National CTV News 0h05 Daily Sh. s’ajustant à cette nouvelle horloge.
GBL Evening News Global National E.T. Canada Ent. Tonight Running Wild / Zac Efron Hotel Hell / Monticello Hotel Under the Dome News Final E.T. Canada The Test Planète science, Télé-Québec, 20 h
ABC ABC 22 News World News ABC 22 News Inside Edition The Bachelorette The Bachelorette ABC 22 News 23h35 Jimmy Kimmel Live
CBS Channel 3 News at 6 p.m. Evening News Ent. Tonight 2 Broke Girls Mom Mike & Molly Two and Half Under the Dome Ch 3 News 23h35 David Letterman LES DANGERS DU VIRTUEL
NBC Newschannel 5 NBC News Jeopardy! Wheel Fortune Running Wild / Zac Efron American Ninja Warrior / Miami Finals Newschannel 5 23h35 Jimmy Fallon
FOX Two and Half Two and Half The Big Bang The Big Bang Masterchef / Top 12 Compete Hotel Hell / Monticello Hotel FOX 44 News News at 10:30 The Simpsons Family Guy American Dad
Diffusé en première mondiale sur HBO, le
PBS (33) PBS NewsHour Queen's Diamond / The 1970s Antiques Roadshow Antiques Roadshow Death in Paradise Business Charlie Rose documentaire Love Child aborde une question
PBS (57) News America Business PBS NewsHour Antiques Roadshow Antiques Rd Antiques Rd Antiques Roadshow BBC News Charlie Rose délicate propre au XXIe siècle : la dépendance
TSN SportsCentre That's Hockey Interruption 30 for 30 / Requiem for the Big East SportsCentre Off the Record Poker aux jeux en ligne et ses dommages collatéraux.
HBO 18h15 STILL MINE (2012) avec Ronan Rees, James Cromwell. Silicon Valley Sensitive Skin Love Child 23h25 The Leftovers / Gladys L’élément déclencheur : la mort d’un bébé sud-
Showtime Cinéma THE LAST EXORCISM PART II (2013) Ray Donovan / Gem and Loan Masters of Sex / Fight Ray Donovan / Gem and Loan Masters of Sex / Fight Cinéma
AMC 17h30 X-MEN (2000) avec Famke Janssen, Hugh Jackman. ERAGON (2006) avec Rachel Weisz, Jeremy Irons, John Malkovich. AVP: ALIEN VS. PREDATOR (2004) Sanaa Lathan.
coréen, en 2010, ses parents ayant négligé de
AddikTV Esprits criminels Les recrues de la 15e Psych: Enquêteur malgré lui Maîtres arnaqueurs Mensonges Alphas / Dieux et démons L'instant fatal le nourrir pour élever un enfant virtuel.
TVA Sports Le TVA sports Culture vélo LMB Baseball / Blue Jays de Toronto c. Red Sox de Boston (D) Le TVA sports Le TVA sports 60 minutes sports Red Bull Love Child, HBO, 21 h
CityTV Murdoch Mysteries Modern Family Modern Family The Bachelorette The Bachelorette EP Daily Reviews Jimmy Kimmel
07/28 18h00 18h30 19h00 19h30 20h00 20h30 21h00 21h30 22h00 22h30 23h00 23h30 minuit Geneviève Tremblay
B 8
Gilbert Rozon, président fondateur de Juste pour rire
Le Festival Juste
pour rire, «créateur
de richesse»
BAHADOR ZABIHIYAN
L es organisateurs du Festi-
val Juste pour rire ont le
sourire, avec plus de 220 000
personnes qui sont allées voir
les spectacles en salle et envi-
ron 1 million de spectateurs
qui se sont présentés lors des
événements extérieurs. Mais
le fondateur du festival, Gilbert
Rozon, espère que celui-ci ne
fera pas les frais de la politique
d’austérité budgétaire du gou-
vernement, à long terme.
« Je comprends en ce mo-
ment, dans l’état des finances
du Québec, que tout le monde
doit faire sa part. Je ne suis pas
heureux de tout ça, car on est
des créateurs de richesse », ex-
plique au Devoir Gilber t Ro-
zon, le président et fondateur
de Juste pour rire.
Il espère que le succès de
l’événement cette année
pourra contribuer à changer
l’opinion des gens, qui souvent
estiment que la culture est
trop subventionnée au Qué-
bec. « Le problème, c’est que
dans la vision du public, t’as
l’impression que tu reçois de
l’argent de même. Mais ce n’est
pas du tout le cas, ce sont des
contributions qui sont des ris-
tournes des taxes que l’on verse,
explique M. Rozon. Il ne faut
pas qu’ils nous coupent, parce
que ce serait couper dans ce qui
crée de la richesse », rajoute-t-il.
M. Rozon explique que le festi-
val reçoit certes de l’argent pu-
blic, mais il est retourné aux
FESTIVAL ORFORD
Blackshaw-Mozart : douleur et grâce
BLACKSHAW, LE PLUS
GRAND MOZARTIEN
Mozart : Sonates pour piano K.
330, 533/494, 570 et 457.
Christian Blackshaw (piano).
Salle Gilles-Lefebvre, samedi
26 juillet 2014.
CHRISTOPHE HUSS
T ous ceux qui font de la pho-
tographie se souviennent
de ces temps de la photo argen-
tique où, lorsqu’il s’agissait de
photographier à très faible lu-
minosité, on poussait la sensibi-
lité d’une pellicule de 400 ISO à
1600 ISO pour, au final, avoir
des images à gros grains et peu
définies. Aujourd’hui, certains
capteurs numériques sont si
sensibles que même à 6400
ISO, la photo ne pose aucun
problème. Résultat pratique vi-
sible, même par les béotiens :
ces appareils performants sem-
blent littéralement «inventer de
la lumière » et aller chercher
dans les images des choses dé-
passant ce que l’œil humain
«normal» peut y déceler.
C’est cette analogie qui m’est
venue à l’esprit en écoutant
Christian Blackshaw jouer qua-
tre sonates de Mozart, samedi
à Or ford. Réponse à la ques-
tion numéro 1 : oui, Christian
Blackshaw, « en vrai » (et pas
seulement au disque) est un ar-
tiste hors normes. C’est aussi
un pianiste très solide, sur le
plan technique. Question nu-
méro 2 : en quoi est-il si spé-
cial ? C’est là qu’intervient l’ana-
L E
PEDRO RUIZ LE DEVOIR
caisses de l’État. « Nous ne re-
cevons pas une cent en subven-
tion. Nous ne recevons qu’un
septième de ce que l’on rapporte
en taxes », explique-t-il.
Plus de 220 000 personnes
ont assisté aux spectacles en
salle de Juste pour rire, du 12
au 26 juillet, indiquent les or-
ganisateurs du festival. Envi-
ron 1 million de spectateurs se
sont présentés aux spectacles
extérieurs. Ces chif fres sont
supérieurs à ceux de l’année
dernière, ont expliqué les or-
ganisateurs dimanche lors
d’une conférence de presse
destinée à faire le point sur les
résultats du festival, qui a pris
fin. « Il ne faut pas que ça
me monte à la tête, autant de
succès », lance à la blague
M. Rozon.
Une autre bonne nouvelle
pour le festival concerne les
ventes de billets pour les spec-
tacles en salle. Entre 87 % et
88 % de ceux-ci ont été vendus,
selon M. Rozon. « On prévoit
normalement, dans nos chif-
fres, 65 %. On va faire un léger
surplus, qu’on va ajouter à no-
tre déficit accumulé, parce que
dans les circonstances actuelles,
depuis 2008, ça a été dur de
vendre des billets », explique
M. Rozon.
Le festival va continuer de
vendre des billets, puisque les
spectacles Cyrano de Bergerac
et Sister Act vont être prolon-
gés jusqu’à la fin du mois.
Le Devoir
Le pianiste Christian Blackshaw va littéralement « chercher la
musique » dans le moindre recoin.
logie avec la photographie.
Comme ces capteurs qui réin-
ventent la lumière, Blackshaw
va littéralement « chercher la
musique » dans le moindre re-
coin, dans tel trille, tel croise-
ment de voix, telle ornementa-
tion, tel allègement du son et,
surtout, en creusant les modu-
lations (changements de tona-
lité) comme un archéologue re-
découvre une cité perdue.
C’est là que la chose devient
éminente, car elle aboutit à
une révélation : les sonates
pour piano sont le laboratoire
intime de Mozart. C’est là qu’il
fait sourdre sa douleur, mais
c’est là aussi qu’il expéri-
D E V O I R , L E L U N D I
CULTURE
Signer une comédie toutes couleurs unies
Le réalisateur Philippe de Chauveron raconte l’esprit qui a guidé son dernier film,
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?
ANDRÉ LAVOIE
L ors du passage de Philippe
de Chauveron à Montréal
au printemps dernier, Qu’est-ce
qu’on a fait au Bon Dieu ? était
sur les écrans français depuis
quelques semaines à peine.
Comme on dit là-bas, cette co-
médie « cartonnait », accumu-
lant plus de 3 millions d’en-
trées, un succès devenu un
phénomène sociologique et un
prétexte à débats politiques.
Depuis notre rencontre, les
mésaventures de ce couple
vieille France consterné de voir
leurs quatre filles épouser des
hommes bien de leur per-
sonne, mais tous issus de l’im-
migration, n’en finissent plus
de faire courir les foules : au
compteur, 11 millions d’en-
trées. Dif ficile d’imaginer ce
qui se passe aujourd’hui dans
la tête de Philippe de Chauve-
ron, mais il y a for t à parier
qu’il cultive le même opti-
misme… mesuré. Car le ci-
néaste n’a guère le profil du
nouveau venu, ou celui à qui
tout réussit. « J’ai fait des films
qui ont connu du succès [Neuilly
sa mère !, L’élève Ducobu], mais
pas à ce point-là. J’ai aussi
connu de gros échecs [Les para-
sites], et c’est très violent. C’est
d’ailleurs plus facile d’expliquer
un échec qu’un succès. »
Voilà pourquoi depuis le
début de sa tournée de promo-
tion à travers le monde,
il échafaude avec peine
quelques explications sur cet
engouement pour cette aven-
ture mettant en vedette Chris-
tian Clavier et Chantal Lauby
entourés de stars en devenir.
« Le film marche autant dans
les endroits chics que dans les
banlieues, souligne-t-il avec
fierté. Les spectateurs rient au
même endroit, et ça leur plaît
de voir que les personnages sont
traités à égalité, avec leurs lâ-
chetés, leurs travers, leurs côtés
racistes. » Sur cette question,
délicate, il se fait sociologue.
« En France, deux tendances
s’af frontent : les tenants de
Jean-Marie Le Pen et les bien-
pensants antiracistes pour qui
le moindre commentaire prend
des propor tions gigantesques.
Les gens en ont marre… »
Cette France Benetton qu’il
célèbre à l’écran, est-ce vrai-
ment celle qu’il connaît ? Avec
son nom à particule, difficile de
croire qu’il est né dans une ban-
lieue HLM. «En effet», admet-il
avec un sourire. « Je viens d’un
HERBIE KNOTT
mente. Pour moi, l’immense
choc de ce concert fut le mou-
vement lent de la Sonate K.
533, dont les modulations,
sous ces doigts et illuminées
par cet esprit, anticipent carré-
ment l’univers des der niers
quatuors de Beethoven. Qui
l’eût cru ?
Dans le grand passage en
mineur de l’Andante cantabile
de la Sonate K. 330, Black-
shaw dévoile une plaie béante,
une blessure profonde. S’y po-
sera, en fur tive guérison, un
mouvement final allègre,
d’une grâce infinie.
En jouant dans une quasi-pé-
nombre, Blackshaw force la
2 8 J U I L L E T 2 0 1 4
Le réalisateur Philippe de Chauveron a peine à expliquer le succès de sa dernière création.
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? raconte l’histoire d’un couple
dont les quatre filles ont des prétendants issus de l’immigration.
milieu catholique mais mes pa-
rents étaient cool [c’est son ex-
pression!] et tolérants. Dans ma
jeunesse, j’étais bon au foot, et
c’est là que j’ai commencé à cô-
toyer des gens différents. On pas-
sait son temps à s’envoyer des
blagues entre Blancs, Noirs et
Arabes : tant que c’était drôle et
bienveillant, ça passait.»
Dès les premières ébauches
du scénario, la répar tition
équitable des défauts, des qua-
lités et des vacheries ne prove-
nait pas seulement d’une né-
cessité sociologique. « C’est
concentration du spectateur et
tout l’édifice musical se tient
comme un cérémonial. Le pia-
niste use très peu de pédale,
mais quand il le fait, notam-
ment dans la Sonate K. 457,
c’est pour lancer de rares
rayons de lumière. Il a poussé
le Yamaha du Centre d’arts au-
delà de ses der niers retran-
chements. On imagine ce
qu’aurait été ce récital sur le
Steinway Hambourg de la Mai-
son symphonique…
C’était un concert ardu, de-
mandant une immense atten-
tion de la par t d’un public
exemplaire, qui s’est montré
digne de recevoir ce message
et ces confidences, par fois
désespérées, d’un Mozart aux
antipodes de l’image de quasi-
crétin libidineux et rigolard
dépeint dans le film Amadeus.
Deux derniers mots. L’un sur
la fausse bonne idée de faire pré-
céder les concerts par une pres-
tation d’un étudiant. Écouter un
altiste jouer du Henri Vieux-
temps avant la Grand’ Messe a
obéré le capital de concentration
des auditeurs, rendant trop
longue une 1re partie déjà fort ar-
due. L’autre sur la dérive incon-
trôlée vers l’hyperbole dans les
titres des concer ts : Timothy
Chooi: le miracle, jeudi (Lanau-
dière), Beatrice Rana: vers le fir-
mament, vendredi (Lanaudière),
Blackshaw, le plus grand mozar-
tien, samedi (Or ford). C’est
trop, c’est ridicule.
Le Devoir
PEDRO RUIZ LE DEVOIR
lument à droite. Considérant
les accointances du célèbre ac-
teur issu de la non moins célè-
bre troupe du Splendid, faut-il
y voir là un quelconque sous-
texte ? Philippe de Chauveron
se rebiffe un peu, étonné par
la question. « Christian Clavier,
on l’a étiqueté à droite parce
qu’il est un ami de Nicolas Sar-
kozy, et il l’est toujours d’ail-
leurs même s’il ne l’a jamais
soutenu officiellement. Les jour-
nalistes lui ont reproché cette
amitié, mais il a bien le droit
de fréquenter qui il veut. Jean-
Marie Le Pen, je comprendrais,
mais là… D’ailleurs, vous
savez que dans sa jeunesse à
Sciences Po, il a fondé un syndi-
cat étudiant très à gauche
UGG DISTRIBUTION avec… François Hollande ! »
Devant la perplexité de son
interlocuteur, Philippe de
Chauveron insiste : « Je ne vous
aussi un tr uc d’écriture. À raconte pas de blagues ! De
partir du moment où vous avez toute manière, ses opinions
plus d’un personnage impor- politiques ne me regardent pas.
tant, il faut qu’ils aient des C’est un grand acteur, et c’était
choses à dire, des trucs à faire, génial de tourner avec lui. »
sinon tout le monde va gueuler ! L’ami de Sarkozy ne se fera
Les gendres, je les voulais beaux sans doute pas prier pour un
gosses, sympathiques, défendus second tour avec ce nouveau
par des acteurs pas encore très roi de la comédie française.
connus. Évidemment, les pro- Qu’est-ce qu’on a fait au Bon
ducteurs n’étaient pas convain- Dieu ? prendra l’af fiche dans
cus, mais aujourd’hui… » plusieurs salles au Québec le
Là où tous s’entendent, c’est vendredi 1er août.
sur le choix judicieux de
Christian Clavier en paternel Collaborateur
provincial, catholique, et réso- Le Devoir
CARLO BERGONZI (1924-2014)
La mort
du gentleman ténor
CHRISTOPHE HUSS musicale plutôt rare chez les
ténors de son temps.
L e chanteur italien Carlo Cet ar tiste éminent, plus
Bergonzi est mort à Milan, «juste» que spectaculaire, avait
vendredi, peu après son 90e an- commencé en 1948, comme ba-
niversaire. Il restera comme ryton. C’est en remplaçant Tito
l’un des plus grands ténors Gobbi dans Rigoletto qu’il réa-
verdiens de l’après-guerre. lisa que ce registre n’était pas sa
La car rière et le legs de vraie voix. La voix de ténor de
Carlo Bergonzi peuvent se ré- Carlo Bergonzi éclata à partir
sumer en deux mots : Verdi et de 1951 sur les scènes d’Italie et
distinction. Ce qui ca- du monde, couvrant le
ractérise le chant de Cet artiste répertoire verdien des
cet artiste, partenaire rôles légers (Fenton
de Callas, Tebaldi et éminent avait dans Falstaf f), aux
des plus grandes can- rôles les plus lourds,
tatrices des années commencé comme Radames dans
50 et 60, c’est avant Aïda, à l’exception
tout la grande classe. sa carrière notable d’Otello.
Alors que, parmi les en 1948, De Bergonzi, qui
ténors d’avant la géné- s’est retiré en 1994,
ration de Domingo et comme un cof fret d’airs
Pavarotti, Mario Del de Verdi réalisé en-
M o n a c o , F r a n c o baryton tre 1972 et 1974 pour
Corelli ou Giuseppe Philips demeurera un
Di Stefano étaient avant tout des mètre étalon. Decca s’apprête à
charmeurs ou jouaient de l’effet ressortir mi-août ses grandes
— avec toutefois plus de raffine- intégrales enregistrées sous la
ment pour ce dernier —, Ber- direction de Karajan et Solti.
gonzi restera dans l’histoire des La dernière venue de Carlo
ténors du XXe siècle comme un Bergonzi au Québec date de
grand styliste, doté d’une maî- 2005. Il faisait alors partie du
trise exceptionnelle du souffle, jur y du Concours musical
lui permettant de jouer avec international de Montréal.
beaucoup de précision sur les
nuances. Il en allait de même Le Devoir
avec le contrôle des registres
vocaux, ce qui lui conférait une Voir et entendre › Une
grande palette et latitude dans vidéo dans laquelle Carlo
la coloration de sa voix. On ajou- Bergonzi chante Celeste Aida.
tera à ces qualités une précision ledevoir.com/musique