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COMPRENDRE ET PRATIQUER LE RECORDS MANAGEMENT

Analyse de la norme ISO 15489 au regard des pratiques archivistiques françaises

A.D.B.S. | « Documentaliste-Sciences de l'Information »

2005/2 Vol. 42 | pages 106 à 116


ISSN 0012-4508
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-documentaliste-sciences-de-l-
information-2005-2-page-106.htm
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ÉTUDE

Le records management est une fonction d’organisation et de par le Groupe métiers AAF-ADBS
« Records management »
gestion qui s’applique aux documents, données et informations, quels que soient leur
forme et leur support, produits ou reçus par tout organisme public ou privé dans
l’exercice de ses activités. Elle se situe au carrefour de la gestion des archives, de
la gestion documentaire et de celle de la qualité. Une norme internationale relative
à cette fonction a été élaborée par l’ISO et publiée fin 2001 ; elle a ensuite été
éditée en français par l’Afnor*. Cette étude présente les caractéristiques essentielles
du records management sous la forme d’une analyse de la norme ISO 15489
confrontée aux pratiques de l’archivistique française et illustrée d’exemples.

Comprendre et pratiquer
le records management
Analyse de la norme ISO 15489 au regard
des pratiques archivistiques françaises

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CE DOCUMENT A ETE REDIGE DANS LE


CADRE DU GROUPE METIER « Records manage-
ment », commun à l’Association des archivistes
français (AAF) et à l’Association des profession-
nels de l’information et de la documentation
(ADBS).
Il présente les caractéristiques essentielles du
records management sous une forme synthétisée et
illustrée de quelques exemples tirés du terrain
(paragraphes en italique).
Compte tenu de la proximité des métiers de
records management et de gestion des archives, et
* Cette norme est composée de de la difficulté du concept à trouver sa place en
deux documents, la norme
proprement dite : NF ISO 15489-1 - France auprès des professionnels en charge de la
Information et documentation - gestion des archives courantes et intermédiaires, le
« Records management » - Partie groupe de travail a souhaité analyser la norme ISO
1 : Principes directeurs (avril 2002), 15489 au regard des pratiques de l’archivistique
et un rapport technique : FD
ISO/TR 15489-2 - Information et française, afin d’éclaircir et de démythifier le
documentation - « Records concept de records management.
management » - Partie 2 : Guide La version actuelle de la norme ISO 15489 com-
pratique (mars 2002). porte en effet des manques et des ambiguïtés, dif-

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Ce document a été élaboré par Delphine Fournier Pierre Olczyk (Lifing), et l’approbation d’Henri Un échange avec Catherine Dhérent (BnF,
(CEA) et Elisabeth Morineau (Desybel), avec la Zuber, président de l’AAF. présidente de la CN11) et Rosine Cleyet-Michaud
participation de Laëtitia Christophe (MGEN), (Archives départementales du Nord) dans le
Stephane Droulier (CEA), Christelle Dubas (CEA), Françoise Cassuto (Agence de prévention et de cadre du travail de révision de la norme par la
Céline Jordan-Meille (Archives départementales surveillance des risques miniers), Albert commission de normalisation AFNOR CG
de l’Aube), Cassandre Jouot (Fédération CGT des Munschau (Banque de France) et Laëtitia Villain 46/CN11 « Gestion des archives courantes et
postes et télécommunications), Frédérick Lamare (Agence spatiale européenne) ont participé au intermédiaires » a conforté le groupe dans son
(CEA), Gilles Latournerie (Recall France), travail de relecture. travail.
Nathalie Morand-Khalifa (Ing Bank), Annie-

commentaires
ficultés manifestes pour un public fran- valeur informationnelle : il s’agit des - 1 - Dans le cadre du records management, le
çais dues en partie à la différence des documents essentiels ou utiles dans la document doit être compris comme étant un
pratiques anglo-saxonnes par rapport à conduite de ses activités2. ensemble composé d’un support et des
informations enregistrées sur ce support
celles des archivistes français, et en par- La norme précise de façon formelle (définition de la norme NF Z 42-013).
tie à la difficulté de transposer dans la que les archives définitives (documents Exemple : au même titre qu’un texte ou qu’une
langue française certains concepts de préservés in fine pour le citoyen après image fixe ou animée, un échantillon
l’anglais. qu’ils ont cessé d’être utiles pour l’or- minéralogique peut constituer un document
pour une entreprise de forage pétrolier.
Des interprétations ont été faites en ganisme) ne sont pas l’objet du records
s’appuyant sur les connaissances des management3. - 2 - Dans un organisme, le records management
auteurs (« commentaires » en colonne ne gère pas nécessairement tous les documents
de droite). Hormis la définition des res- produits ou reçus de façon exhaustive : la
ponsabilités du records manager, ces couverture du records management peut en effet

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3
être restreinte (cf. ci-après : Politique du records
interprétations ne contredisent pas la Objectifs du management).
norme dans sa version actuelle. Le records management ne gère que les
records documents définis comme « à archiver » mais il
connaît l’existence des autres documents, ne
management serait-ce que pour les exclure de son champ.
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1
Le records management prend en compte le
Champ du records document dans une version finie (non
Le records management a pour finalité modifiable, validée si besoin, signée si besoin).
management de permettre à l’organisme de disposer
- 3 - Au regard de la réglementation
à tout instant du document dont il a archivistique française qui oblige les organismes
Le records management est une fonc- besoin pour conduire ses activités, du secteur public à assurer une gestion correcte
tion d’organisation et de gestion de l’en- répondre aux exigences légales et régle- de leurs archives sur tout leur cycle de vie, les
semble des documents1, quels que mentaires, et se protéger en cas de documents appelés à terme à devenir des
soient leur forme ou leur support, pro- contentieux4. archives historiques sont nécessairement
couverts dès leur création par le records
duits ou reçus par toute personne phy- management, et ce quelle que soit leur valeur
sique ou morale dans l’exercice de ses Cet objectif se traduit par : garantir primaire. Ils en sortent ensuite en devenant des
activités ou de ses obligations légales. que le document existe, que l’on sait où archives historiques.
La personne physique ou morale est le trouver, qu’il est accessible, qu’il est Admettre l’inverse met la norme en
appelée ci-après « organisme ». traçable, qu’il est authentique, fiable, contradiction avec la loi française, risquant de la
rendre difficilement applicable dans le secteur
intègre et exploitable. public.
Ceci implique que l’organisme se
dote d’un « système de records manage- - 4 - Les objectifs du records management

2 Objet du records ment » ayant les fonctions principales rejoignent ceux d’une démarche Qualité
conforme aux normes ISO 9001 et ISO 14001.
suivantes :
management - veiller à ce que le document essentiel - 5 - La nécessité de capter les documents à la
à l’organisme existe ; source est la principale différence entre le
Le records management a pour objet - prendre en charge le document depuis records management et la gestion des archives,
l’ensemble des documents « à archi- sa création5 jusqu’à son sort final (des- bien que, depuis plusieurs décennies, les
archivistes se préoccupent d’assurer la gestion
ver », c’est-à-dire les documents que truction ou versement aux archives des documents de plus en plus en amont et non
l’organisme aura décidé de préserver à définitives) ; plus seulement au moment de leur passage au
titre de preuve ou en raison de leur - conserver le document dans son stade d’archives historiques.

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ÉTUDE COMPRENDRE ET PRATIQUER LE RECORDS MANAGEMENT

contexte6 ou en lien avec lui ; internationale (exemples : loi de ■ Exemple 1 : un organisme décide de
- garantir la conservation des docu- sécurité financière française, normes n’archiver que les documents à
ments et leur restitution dans des délais comptables internationales (IAS), loi contraintes légales ou assurant la
et sur des supports adaptés ; américaine Sarbanes-Oxley) ; traçabilité des comptes de l’entreprise,
- assurer la traçabilité du document ; - prescriptions extinctives (ou délais de et de laisser les documents à valeur
- communiquer le document selon les recours en justice) inscrites dans les d’information sous la responsabilité des
droits d’accès associés. codes juridiques français (exemples : services.
deux ans pour les déclarations de ■ Exemple 2 : le traitement des
sinistre à une compagnie d’assurance, courriers clients reçus par un service de
cinq ans pour les bulletins de salaire, traitement des réclamations.

4 Politique
du records
management
dix ans pour les documents comptables
et commerciaux, etc.) ;
- législation CNIL ;
- règles de bonnes pratiques d’un secteur
(exemple : Guide de bonne exécution des
L’organisme peut décider :
- soit de répondre à toutes les
réclamations, mais de ne garder aucune
trace des réclamations elles-mêmes, ni
des réponses. Aucun document n’est pris
analyses de biologie médicale) ; en compte dans le système de records
L’organisme définit la politique de - certification européenne de produits management ;
records management, c’est-à-dire les CE. - soit de comptabiliser les demandes par
grands principes et la ligne de conduite. profils types des demandeurs ; il a conçu
Cette politique doit être connue et mise Politique de sélection ou définition pour ce faire une grille qui sera remplie
en œuvre à tous les niveaux hiérar- du périmètre documentaire par la personne en charge de la réponse.
chiques de l’organisme. Elle doit tenir Appliquer la démarche de records Les courriers entrant et sortant ne sont
compte du contexte législatif et régle- management à la totalité des documents pas conservés, par contre les grilles
mentaire, de l’environnement écono- produits ou reçus par un organisme est, remplies seront prises en charge par le
mique et organisationnel (autorités de sauf cas particulier, inutile et mobilise- système de records management ;
tutelle ou de contrôle) de l’organisme, rait des moyens trop importants. Aussi - soit d’archiver l’ensemble des courriers
ainsi que des règles et contraintes l’organisme doit-il faire des choix et pour d’une part exploiter l’historique
internes. mettre en balance le coût d’une des échanges avec un client, d’autre part
Elle doit s’intégrer à la politique glo- démarche de records management et les analyser globalement les demandes et

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bale de l’organisme et être cohérente risques encourus s’il n’applique que leurs évolutions. Les courriers
avec ses autres politiques : politiques partiellement cette démarche. demandes et réponses sont pris en
de système d’information, de sécurité, En conséquence, il est de sa respon- compte dans le système de records
de gestion du risque, d’investissement, sabilité de décider quels sont les docu- management.
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d’équipement, de qualité, etc. ments qu’il considère comme devant


■ Exemple de l’impact de la politique de relever du records management7. • Prise en compte de tous les supports
sécurité sur la politique de gestion des ou non.
documents. • Prise en compte de toutes ■ Exemple : un organisme décide de
Un groupe international d’investis- les activités ou non. donner la priorité au support papier
sement dans l’immobilier a des clients ■ Exemples : pour les documents contractuels, parce
qui sont en concurrence sur un même Un organisme peut décider de que les exigences techniques liées à la
dossier (deux acquéreurs pour un même n’appliquer les principes de records validité de la signature électronique sont
bien, ou bien un acheteur et un vendeur management que sur les activités les trop lourdes à respecter.
sur le même bien). Il a de ce fait une plus sensibles, pour lesquelles les
politique de sécurité visant le risque contraintes de réglementation sont les • Prise en compte de toutes les
zéro, qui s’appuie sur une politique forte plus fortes. natures de documents ou non.
de records management : application Un organisme peut décider que ■ Exemple : un organisme considère la
des principes du records management à certaines de ses directions ont mis en messagerie électronique comme un outil
tous les documents, mise en œuvre de place un système d’archivage de communication personnelle qui
moyens importants. satisfaisant, comme par exemple la n’engage pas sa responsabilité, et décide
fonction comptable, et de ne pas faire de ne pas prendre les messages
évoluer ce système vers un système de électroniques en compte dans le système
Prise en compte de l’environnement records management. de records management.
légal et réglementaire
Ce sont les textes législatifs, régle- • Prise en compte de tous les docu- Politique de communication
mentaires et normatifs. ments ou non, selon leur valeur intrin- et d’accès aux documents
■ Exemples : sèque (preuve légale, témoignage d’un L’organisme peut être partagé entre
- contraintes de traçabilité des comptes savoir ou d’un savoir-faire, trace d’une deux tendances :
des entreprises liées à une activité ou d’une action, ou valeur d’in- - contrôler l’accès à l’information qu’il
réglementation nationale ou formation). détient pour protéger ses intérêts et

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ceux de ses partenaires ; ■ Exemple : Un organisme décide de commentaires
- diffuser l’information qu’il détient vers simplifier la politique de communication
l’extérieur pour collaborer efficacement des documents, et définit trois niveaux - 6 - La conservation du document dans son
contexte se rapproche du principe du respect des
avec ses partenaires et prestataires, pour d’accès : niveau 1 : accès protégé ; fonds, fondamental en gestion d’archives, qui
faire connaître son activité et ses pro- niveau 2 : accès restreint ; niveau 3 : consiste à ne pas disperser les documents
duits à ses clients, etc. ; diffuser l’infor- accès libre. produits ou reçus par une même personne ou
mation à l’intérieur pour se donner les Sont habilités au niveau 1 : les par une même entité, même si de par leur
contenu ils se rapprochent de documents
moyens de progresser en exploitant au décideurs et l’activité productrice du provenant d’autres sources.
mieux cette information. document ; sont habilités au niveau 2 :
Il est donc indispensable, dans le l’ensemble des salariés de l’entreprise et - 7 - Dans la norme, les documents sélectionnés
cadre de la mise en place d’un système les acteurs externes ayant participé à la sont dits « intégrés » dans le système de records
de records management, que la politique production du document. management.
de communication et d’accès aux docu- Pour ce qui concerne les documents : les - 8 - Les habilitations des utilisateurs à accéder
ments soit clairement définie. Cette documents contenant des informations aux documents sont liées à leur activité et ne
politique découle de nombreux autres nominatives sur les salariés ont l’indice durent que le temps de cette activité.
facteurs tels que la législation, la stra- de niveau 1, et les documents
- 9 - La prise en compte par la fonction records
tégie commerciale, une politique d’ex- d’organisation ont l’indice de niveau 2. management du rapport risque/coût de la
ternalisation nécessitant des échanges conservation peut l’amener à proposer des
d’informations sensibles avec des pres- • Les modalités d’évolution de la règles de conservation ne répondant pas
tataires, le système de management des confidentialité dans le temps. totalement aux exigences de la réglementation.
équipes (mise en concurrence interne ■ Exemple : dans une division Par exemple, certaines banques ne conservent
les chèques de faible montant que pendant
des équipes ou au contraire encourage- Recherche et développement, des règles quelques jours, soit une durée inférieure au
ment du travail collectif et de la mutua- de confidentialité limitent l’accès des délai de recours en justice.
lisation de l’information). documents qui accompagnent la
Pour cela l’organisme doit se doter conception d’un nouveau produit aux
d’outils réglementaires, procéduraux et seuls collaborateurs du projet concerné.
techniques : règles d’affectation des Pour appliquer les nouvelles
niveaux de sécurité aux documents et instructions de la Direction qui
niveaux d’habilitation des utilisateurs encouragent les services à mutualiser

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potentiels, règles de gestion de cette leurs savoirs et savoir-faire, le niveau de
confidentialité dans le temps, pare-feux confidentialité des documents évolue
visant à contrôler la réception ou l’en- après que le produit a été mis sur le
voi de documents électroniques, etc. marché, et qu’il n’y a plus lieu de
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Il doit veiller à la cohérence de cette réduire l’accès aux documents.


politique avec les pratiques de ses col-
laborateurs et se donner les moyens • Le niveau de visibilité des docu-
nécessaires pour éviter de donner nais- ments confidentiels : communication
sance à des pratiques individuelles ou non sur leur existence.
visant à détourner les règles et pour
faciliter la conduite des activités. Politique de conservation
■ Exemple : dans une direction de la Au regard des exigences légales9 et
Défense, les pare-feux empêchent de ses besoins, l’organisme définit les
pratiquement tout échange avec les grands principes de conservation qui
prestataires extérieurs. Pour éviter que seront ensuite appliqués et précisés par
les collaborateurs ne passent par type de document, dans le référentiel
l’intermédiaire de boîtes à lettres de classement et d’archivage.
personnelles, la Direction met en place ■ Exemples :
deux réseaux totalement séparés, l’un - n’archiver que les documents
ouvert sur Internet, et l’autre interne. originaux ; ne pas archiver les doublons ;
Plusieurs grands principes doivent - archiver les documents de synthèse ; ne
être définis. pas archiver les documents détaillés
source de la synthèse ;
• Les niveaux de sécurité et le champ - donner la priorité au support
de leur application : cartographie des électronique sur le support papier, ou
activités, à laquelle on relie la cartogra- vice versa ;
phie des documents, et la cartographie - définir pour chaque grande catégorie
des utilisateurs8 (personnel de l’orga- de documents ou dossiers : la durée de
nisme, entités et personnes externes à conservation, le sort final, le support
l’organisme). choisi pour la conservation.

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ÉTUDE COMPRENDRE ET PRATIQUER LE RECORDS MANAGEMENT

Par exemple : un organisme décide de ■ Exemples : et de procédures, mise en place d’ou-


conserver les données relatives à la paie - chacun des dispositifs prévoit tils, de moyens techniques informa-
de ses salariés : l’enregistrement d’un certain nombre de tiques), et par le développement de
- pendant 5 ans sous forme électronique caractéristiques du document (titre, bonnes pratiques en documentant les
dans les applications de gestion ; date, émetteur, etc.) ; outils, en formant et informant les uti-
- pendant 5 ans supplémentaires sous - la gestion du courrier et le records lisateurs ;
forme électronique sur cédéroms et sous management enregistrent le document - garantir la cohérence de l’ensemble du
forme de microfiches COM ; dès sa réception ; système de records management global
- pendant 40 ans supplémentaires - la Qualité et le records management et des systèmes locaux. À ce titre, le
sous forme de microfiches COM définissent des durées de conservation ; records manager participe à la concep-
uniquement ; - la Qualité impose la conservation tion des systèmes locaux et a pouvoir
- au-delà de 40 ans, les données maîtrisée des enregistrements, le de décision si un système local inter-
relatives à la paye sont détruites ; records management impose la fère de façon négative sur le système
- l’organisme ne conserve pas conservation maîtrisée des documents global ;
d’exemplaire papier des bulletins de paie utiles à l’organisme ou records. - collaborer avec les autres fonctions
remis aux salariés. Si l’articulation entre les différents d’information de l’entreprise (commu-
systèmes n’est pas réfléchie, on assiste nication, informatique, qualité, etc.),
Politique de préservation physique à des incohérences globales et des dès lors qu’il y a interférence ou com-
Qu’il s’agisse de papier, d’électro- redondances, qui peuvent être décu- plémentarité, pour assurer la cohérence
nique ou de tout autre support10, l’ap- plées dans le cadre d’une sous-traitance, de l’ensemble vis à vis de
plication des normes de préservation entraînant pour l’organisme une perte l’utilisateur.
physique peut être très lourde. En fonc- importante de productivité, ainsi que ■ Exemple choisi dans le monde de la
tion de l’importance donnée à leur des coûts et des risques accrus. banque : la gestion des documents
conservation dans le temps, l’organisme « profils client ».
précise pour chaque grande famille de - Le service Référentiel-client saisit la
documents les moyens à mettre en demande d’ouverture de compte du
œuvre pour garantir leur préservation
physique sur le support choisi.
5 Responsabilités
du records
client sur un formulaire papier, support
légal et obligatoire. Il lui affecte un
identifiant unique, et le fait valider par

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Politique globale et politiques locales le service Qualité. Ce formulaire est
de records management management ensuite enregistré dans une application
La politique globale de records mana- métier, puis validé sous sa forme
gement peut être complétée par des Les responsabilités du records mana- électronique.
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politiques locales. Dans ce cas, la poli- gement sont définies et nominativement - Le service de records management
tique globale doit tenir compte des attribuées. Responsabilités et attribu- récupère alors le formulaire papier,
contextes locaux pour permettre à ces tions sont formalisées dans les docu- transfère de façon automatique le
dernières de s’inscrire dans le global. ments adéquats : circulaires, charte formulaire électronique dans le système
■ Exemple : la politique de records qualité, ordres de mission, fiches de de records management, après avoir
management d’un groupe multinational poste, organigrammes nominatifs, etc. vérifié que les deux documents livrés,
devra prendre en compte les contextes Tout l’organisme en est informé. papier et électronique, sont identiques
législatifs et réglementaires des régions et ont été validés.
et pays où sont implantées les filiales. Responsabilité globale du records - Les deux supports, papier et
management : la fonction de records électronique, sont conservés.
Politique de records management manager Légalement, seul le document papier
dans la politique globale des systèmes Au sein de l’organisme, la responsa- fait foi, mais la rigueur de la procédure
d’information de l’organisme bilité globale du records management est mise en œuvre a permis de faire
Au sein d’un organisme11, plusieurs attribuée à une fonction de records accepter à des auditeurs de faire leur
fonctions jouent un rôle dans la pro- manager. audit à partir des documents
duction, l’acquisition, la gestion et la Le records manager a pour rôle de : électroniques.
diffusion de l’information, ainsi que - concevoir et proposer la politique de Cet exemple montre la complexité que
dans la gestion et le traitement à valeur records management qui sera validée et peut rencontrer un records manager
ajoutée des contenus : le records mana- décidée par la direction, suivre cette sur le terrain, pour trouver une solution
gement, la démarche qualité, la gestion politique et en proposer des révisions pragmatique appliquant les principes
du courrier, la gestion des archives défi- régulières pour répondre à l’évolution du records management tout en
nitives, etc. des besoins ; respectant les applications existantes.
Ces différents systèmes ont des - déployer cette politique à tous les La solution s’appuie sur une
règles, des outils, et des traitements qui niveaux de la hiérarchie par la concep- collaboration des acteurs (le service
se recouvrent partiellement. tion et la mise en œuvre du système de producteur du document, la Qualité et
records management (rédaction de règles le records management) et garantit

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une cohérence pour l’utilisateur en Autorité archivistique commentaires
évitant une double saisie. La norme cite l’autorité archivis-
La fonction de records management tique13 et en précise les responsabilités - 10 - Le support est choisi en fonction de la
durée de vie du document, et les moyens de
est assurée par une ou plusieurs per- mais n’indique pas qui est en charge de préservation physique découlent du choix du
sonnes qui disposent d’une autorité12 cette fonction. support.
en mesure de : Partie prenante dans le records mana-
- faire respecter la démarche records gement, l’autorité archivistique est néan- - 11 - Une architecture cohérente du système
d’information global peut se concevoir sous deux
management de gestion des documents moins extérieure à la fonction records angles différents :
par le personnel conformément aux management. - le système de records management peut être
règles et procédures établies, et en par- Dans le secteur public en France, vu comme l’axe central du système d’information
ticulier d’imposer au personnel la créa- elle a en charge la conservation des global. Les autres systèmes sont clients du
tion de documents qui répondent aux archives définitives, c’est-à-dire des système de records management. Toute création
de document est contrôlée par le système de
besoins et aux procédures de l’orga- documents produits ou reçus par l’or- records management, ainsi que toute réception
nisme, et d’assurer que les processus de ganisme lorsqu’ils ne font plus partie de document ;
travail produisent des documents du champ du records management, et le - le système de records management accepte
constituant bien le support des activi- contrôle scientifique et technique des que d’autres dispositifs se substituent à lui, sur
tout ou partie du cycle de vie du document. Dans
tés, et sont bien porteurs de ce que l’on services d’archives publics14. ce cas, le système de records management
attend d’eux. Cette première mission À ce titre : impose aux autres systèmes les règles et outils
relève couramment de la fonction Qua- - elle impose au records management les associés au records management, et contrôle
lité ou de la fonction Audit, qui recou- règles qu’elle a définies en matière de leur application et leur usage.
vrent sur ce point la fonction records sélection des archives définitives ;
- 12 - Pour disposer d’une telle autorité, le
management ; - elle valide les tableaux de gestion éla- records manager est de préférence
- assurer la transparence des processus borés par la fonction records manage- hiérarchiquement rattaché au plus haut niveau
d’archivage et la validité du système de ment, et peut par conséquent imposer de l’organisme.
records management tout au long de la une modification des durées de conser- S’il n’en dispose pas lui-même entièrement, le
records manager doit être appuyé par un
vie active des documents, y compris vation ; membre de la direction, personne nommée et
pendant la phase où les documents sont - elle donne son visa à l’élimination des connue de tous.
fréquemment consultés et le cas archives non historiques, et peut par La fonction records management peut être
échéant lorsqu’ils sont conservés sous conséquent s’y opposer ; déployée à travers un réseau à plusieurs

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forme papier près de l’utilisateur. Il - elle donne son visa au retrait de niveaux, tel que les réseaux de chargés de
mission et/ou correspondants archives.
s’agit là d’un rôle de repérage, de docu- documents du contrôle ou de la pro-
mentation et de contrôle de tous les priété de l’organisme. - 13 - En France, l’autorité archivistique est de
systèmes de classement mis en place ; ■ Exemple : un établissement public est nature réglementaire et exercée par :
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- exiger les services nécessaires auprès scindé en deux établissements publics - la Direction des archives de France, le
ministère de la Défense et le ministère des
des fonctions d’appui, en particulier distincts. Pour fonctionner, le nouvel Affaires étrangères pour le secteur public :
l’informatique ; établissement a besoin des archives de directement ou par délégation ;
- défendre la fonction et les budgets l’établissement préexistant, issues des - un service ayant en charge les archives
auprès des instances de décision. activités qui lui ont été transférées. La définitives, interne ou externe à l’organisme,
Avec l’aide des Ressources humaines, le Direction des archives de France, pour le secteur privé. Cependant, ce service n’a
aucune autorité sur la fonction records
records manager bâtit un plan de for- signataire de la convention qui consacre management.
mation destiné à l’ensemble des acteurs le transfert des archives au nouvel
du records management. établissement, donne son accord à ce - 14 - En phase de définition de la politique de
transfert et contrôle que ce dernier sélection de conservation, la collaboration et la
concertation entre archiviste en charge des
Chaîne de responsabilité s’effectue dans des conditions correctes : archives historiques et records manager est
du records management un inventaire des archives transférées nécessaire.
Elle se déploie hiérarchiquement, est annexé à la convention, et des Il est recommandé en particulier que le records
comme pour toute autre fonction de garanties sont données à l’établissement manager et l’archiviste en charge des archives
l’organisme : préexistant pour qu’il puisse accéder en historiques s’entendent sur la politique à mettre
en place par le Service des archives historiques
- la Direction attribue les ressources ; cas de besoin aux archives transférées. pour collecter les documents ayant une valeur
- les responsables (responsables d’une historique reconnue mais qui ne sont pas gérés
entité ou responsables d’un processus dans le système de records management.
qui peut être transverse) s’assurent de la En France, l’obligation faite aux organismes du
secteur public d’évaluer et prendre en compte
bonne application de la politique de non seulement l’utilité (valeur primaire) des
records management et fournissent les documents mais aussi leur valeur secondaire
ressources nécessaires ; historique milite en faveur du fait que les
- le personnel crée, reçoit et gère les fonctions de records manager et d’archiviste ne
documents en accord avec les procé- soient pas dissociées. On constate d’ailleurs
qu’elles sont le plus souvent assurées par les
dures de records management. mêmes services.

Documentaliste - Sciences de l’information 2005, vol. 42, n° 2 • 111


ÉTUDE COMPRENDRE ET PRATIQUER LE RECORDS MANAGEMENT

- sa durée de conservation ; commentaires

6 Outils du records
management
La partie 1 de l’ISO 15489 ne déve-
- le sort à appliquer aux documents de
cette catégorie à l’issue de la durée de
conservation : destruction ou verse-
ment aux archives définitives.
- 15 - Le plan de classement peut correspondre à
une hiérarchie entre processus et sous-
processus au sens qualité ISO 9000.

- 16 - À la différence de nombreux plans de


loppe pas ce que doivent être les outils • Règles d’attribution classement élaborés par les services
du records management. Le rapport des identifiants producteurs, les entrées du plan de classement
des activités sont bien des activités (ou actions)
technique les cite, en donne les objec- Chaque document ou dossier doit et non des thèmes (ou objets).
tifs et des éléments de contenu sans en porter un identifiant unique18 qui per- À la différence de l’organigramme, les entrées
préciser la forme. mettra de le traiter de façon individua- du plan de classement des activités sont des
lisée tout au long de son cycle de vie. activités et non des noms de structures de
l’organisme (directions, sous-directions,
Outils de référence du records Cet identifiant est équivalent au départements, services, cellules, etc.).
management numéro de sécurité sociale pour un indi- La rigueur dans la formulation des activités est
vidu. indispensable : l’activité « définition des règles
• Plan de classement des activités Les règles de définition de l’identi- de gestion financières » génère un document de
Ce plan15 représente l’organisme à fiant records management sont com- procédure utilisé par l’activité « suivi des règles
de gestion financières ». Dans un cas il s’agit du
travers ses activités. Il en fait le recen- munes à l’ensemble de l’organisme, de document maître, dans l’autre d’une copie de
sement et les organise hiérarchique- façon à éviter les doublons. diffusion. Même s’ils sont tous deux intégrés
ment. Son degré de finesse peut varier ■ Exemple : lorsque l’identifiant est dans le système de records management, ils
selon les activités et selon les politiques attribué manuellement par différents n’auront pas les mêmes règles de conservation.
de records management décidées. secrétariats sans règles de structuration - 17 - Le référentiel de classement et d’archivage
Le premier niveau reflète habituelle- communes à l’organisme, il y a risque comporte toutes les caractéristiques des
ment la fonction. Le deuxième niveau de numéros doublons d’un secrétariat à tableaux de gestion établis par les archivistes.
est basé sur les activités constitutives l’autre. Le point de départ de la durée de conservation
de la fonction. Les niveaux inférieurs Cet identifiant records management doit impérativement être précisé (par défaut : la
date du document).
détaillent les activités ou ensemble d’ac- peut co-exister avec des identifiant Les catégories documentaires mentionnées dans
tions composant chaque activité16. locaux. Il est alors impératif que ces le référentiel de classement et d’archivage
■ Exemple de plan de classement des identifiants soient clairement distin- peuvent désigner soit des documents

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activités : gués. individualisés, soit des dossiers (ensembles de
documents).
Management ■ Exemple : dans une caisse Le référentiel de classement et d’archivage peut
Définition de la stratégie d’assurance nationale, certaines contenir d’autres informations sur les
Élaboration du budget circulaires comportent deux documents, telles que service producteur,
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Pilotage de la production identifiants : l’identifiant records service(s) utilisateur(s), support, mode de


etc. management appliqué à tous les classement, quantité produite annuellement,
justification des règles de conservation retenues,
Conduite des travaux documents de l’organisme, et un etc.
Recherche de clients et de marchés identifiant propre aux circulaires de la
Contractualisation Direction de la réglementation pour - 18 - L’unicité et l’univocité de l’identifiant sont
Conduite des projets permettre aux agences locales de d’autant plus impératives dans les systèmes
acceptant documents physiques et documents
etc. reconstituer facilement la collection de électroniques.
Support fonctionnel ces circulaires. Pour des raisons de simplification de gestion et
Ressources humaines de réduction de coûts, cet identifiant peut, si
Comptabilité • Règles de localisation l’organisme le décide, n’être affecté qu’au dossier
etc. Chaque lieu de stockage et chaque auquel appartient le document, chaque
document du dossier portant alors le même
système de gestion documentaire fai- identifiant.
• Référentiel de classement sant partie du système de records mana-
et d’archivage des documents gement sont identifiés de façon uni-
Le référentiel de classement et voque.
d’archivage17 s’appuie sur le plan de Les règles de localisation sont com-
classement des activités [voir l’exemple munes à l’ensemble de l’organisme de
proposé dans le tableau ci-contre]. Ce façon à éviter les doublons.
référentiel indique pour chacune des ■ Exemple : lorsque l’adresse est
activités : attribuée indépendamment sur différents
- les catégories documentaires de l’acti- sites géographiques sans règles de
vité ; structuration communes à l’organisme,
et pour chaque catégorie documen- il y a risque de doublons d’un site à
taire : l’autre.
- si elle est à enregistrer dans le système
d’archivage ou non ;

112 • Documentaliste - Sciences de l’information 2005, vol. 42, n° 2


Exemple de référentiel de classement et d’archivage des documents 19
Fonction / catégorie documentaire A archiver Délai Traitement –
(enregistrer, décrire de conservation à l’issue
et conserver) du délai

Gestion financière
Gestion du budget
Préparation du budget
Dossiers préparatoires au budget oui 3 ans Détruire
Budget prévisionnel oui 3 ans Verser aux archives
définitives
Suivi de l’exécution du budget
Copie des pièces justificatives des dépenses non 1 an Détruire
Tableau de suivi du budget oui 3 ans Détruire
Gestion des achats
Gestion des commandes
Dossiers de commande oui 10 ans Détruire
Dossiers de réclamations oui 10 ans Détruire
Gestion des marchés
Dossiers de marchés de construction et gros travaux oui 10 ans après Verser aux archives
réception définitives
Dossiers de marchés de prestations intellectuelles oui 70 ans après Verser aux archives
remise du rapport définitives
Autres dossiers de marchés oui 10 ans après Détruire
clôture
Offres des entreprises non retenues oui 5 ans après Détruire
ratification du marché

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• Règles de description du document ■ Exemples : commentaires
La norme distingue la description du - liste des sous-dossiers et des pièces
- 19 - Pour le confort des services producteurs, il
contexte du document, la description obligatoires composant un dossier de est utile de prévoir une seconde présentation du
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de son contenu et la description de sa carrière ; référentiel de conservation en lui donnant un


structure20. Elle énumère à titre - définition type de document (DTD) accès transverse par service producteur. Dans
d’exemples un certain nombre de méta- d’une note technique. l’exemple ci-dessus, chaque service producteur
données. La réflexion sur les métadon- qui effectue des achats sur commande peut ainsi
retrouver l’activité Gestion des commandes dans
nées se poursuit avec l’élaboration de • Plan de sécurité son propre tableau.
la prochaine version de la norme. Le plan de sécurité précise les règles
- Règles de description du contexte. On et les procédures de protection du - 20 - Le records manager peut aussi s’inspirer
peut citer parmi les principaux travaux document, tout au long de son cycle de de la norme ISAD(G), relative à la description
des documents d’archives.
de référence les modèles OAIS, Dublin vie, notamment dans les cas suivants :
Core, MoReq, etc. - action sur le document par les ges-
- Règles de description du contenu. Il tionnaires ;
s’agit des guides méthodologiques d’in- - communication du document ;
dexation et des langages de description - événements physiques tels que trans-
des contenus : thésaurus, vocabulaires port, changement de localisation ou
contrôlés spécifiques à chaque orga- destruction.
nisme, ou règles adaptées à des catégo- Toutes les actions sur le document
ries particulières de documents, etc. sont tracées, y compris dans le cadre
■ Exemple : formulaire de description d’une sous-traitance.
d’un dossier de carrière. Ces règles concernent, pour les
- Règles de description de la structure. documents ou pour des catégories de
Description de la structure et/ou de la documents :
composition minimale de certaines - les personnes habilitées à les consul-
catégories de dossiers, ou règles de ter ;
structuration de certains documents - les modalités de consultation ;
électroniques. - les modalités de préservation phy-
sique ;

Documentaliste - Sciences de l’information 2005, vol. 42, n° 2 • 113


ÉTUDE COMPRENDRE ET PRATIQUER LE RECORDS MANAGEMENT

- les modalités de traçage des accès et PROCESSUS DE GESTION DES DOCUMENTS


des manipulations.
Les règles d’accès précisent soit
nominativement la personne, soit la
fonction. Une correspondance fonc- Étapes du processus Outils utilisés
tion/personne assurant cette fonction
doit être établie et gérée dans le temps
et, au final, l’accès au document à un Documents entrant
instant t est bien nominatif. dans le système de
records management
• Charte du records management
La charte est un document de réfé-
rence destiné aux utilisateurs, aux pro- Analyse et classement Plan de classement des activités
fessionnels du records management et à des documents Référentiel de classement et d’archivage
la Direction21. Elle décrit :
- les objectifs du records management et
les politiques mises en œuvre pour Registre
Capture et enregistrement Règles d’attribution des identifiants
atteindre ces objectifs. Ces politiques
peuvent être complétées par la descrip- Règles de localisation
tion des politiques locales ;
- les responsabilités et les personnes en Affectation des règles de conservation Référentiel de classement
charge de ces responsabilités, pour (durées de conservation et sort final) et d’archivage
chaque étape du records management.
Elle intègre les règles et les outils.
Toutes les décisions inscrites dans la Analyse et ajout de métadonnées Langages de description (thésaurus,
charte du records management sont (description des documents, lexiques,plans de classement
documentées et conservées. de leur contexte, de leur contenu, thématiques,normes, etc.)
de leur structure) DTD
Outils complémentaires etc.

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Ce sont les outils qui permettent la
description du contenu et du contexte Stockage sécurisé
des documents.
■ Exemples :
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- une analyse du cadre légal,


réglementaire et normatif ; Prise en compte des évolutions
- une analyse des risques (économiques, des documents
juridiques, etc.) ;
- un référentiel des délégations de
pouvoir et de signature ; Communication, mise à Plan de sécurité
- un registre du personnel et des disposition, accès + « outils non spécifiques »
habilitations.

Référentiel de classement et d’archivage


Application du sort final Bordereau d’élimination

7 Processus du Bordereau de transfert

records Documents sortant


du système de
management records management

Les processus de records management


comprennent trois catégories : le pro-
cessus de conception et de mise en
œuvre du système, le processus de ges-
tion des documents « records », et le
processus d’audit et de contrôle du sys-
tème.

114 • Documentaliste - Sciences de l’information 2005, vol. 42, n° 2


Processus de conception • Analyse et classement du docu- commentaires
et de mise en œuvre du système ment produit ou reçu (obligatoire)
La démarche de conception d’un sys- Le document entrant dans le records - 21 - Dans certains organismes, il peut
préexister une charte qualité, ou une charte
tème de records management suit la management est fini et porteur d’un d’archivage. Dans ce cas, il est nécessaire de
démarche classique de conception d’un niveau de sécurité. fondre les documents en une seule charte, ou de
système d’information. L’analyse du document permet : conserver des chartes distinctes en veillant à ce
Les étapes principales sont les sui- - l’identification de la rubrique de clas- qu’elles soient complémentaires, sans
redondance ni contradiction.
vantes : sement dans le plan de classement des
- la constitution d’un groupe de per- activités ; - 22 - La norme appelle « intégration » la
sonnes représentatives de la direction, - l’identification de la catégorie du sélection des documents qui doivent être
des entités et des utilisateurs, pour document. enregistrés et gérés suivant les principes du
suivre le projet et prendre les décisions ; Ce classement détermine automatique- records management.
- les études préliminaires : étude de l’or- ment : - 23 - La norme n’est pas cohérente sur les
ganisme (missions et objectifs, struc- - si le document sera ou non enregistré notions d’intégration et d’enregistrement : elle
ture, etc.), étude du projet (les enjeux dans le système d’archivage22, les présente tantôt comme équivalentes, tantôt
pour l’organisme), étude de son - et, dans l’affirmative, quelles en sont comme englobées l’une dans l’autre, tantôt
comme deux étapes d’un même processus.
contexte (systèmes d’information exis- les règles de conservation : niveau de La norme admet qu’il peut exister des systèmes
tants, environnement réglementaire, gestion (dossier ou document), délai de de records management qui n’utilisent pas la
etc.), étude des contraintes (financières, conservation, traitement à l’issue du procédure d’enregistrement (en particulier des
techniques, organisationnelles, en res- délai, etc. systèmes papier, cf. partie 2, § 4.3.3.). Cette
sources humaines, etc.), étude des position n’est pas reprise ici.
Le document capturé et enregistré est compris
besoins et des pratiques des utilisa- • Capture et enregistrement du docu- ici comme étant identifié dans un système
teurs ; ment dans le système de records manuel ou informatique qui respecte les
- l’identification et l’analyse des fonc- management (obligatoire) principes du records management. Dans ce
tions et des activités de l’organisme ; La capture désigne l’ensemble des système, il est repéré au minimum par un
identifiant, et il est localisé.
- le recensement des catégories de opérations d’enregistrement d’un docu- Au-delà, le document peut être décrit plus ou
documents, l’identification des exi- ment23, de rattachement de ce docu- moins précisément, son contenu et sa forme
gences de conservation en matière de ment à un plan de classement, d’ajout peuvent être intégralement enregistrés dans le
preuve et en matière d’information, et de métadonnées complémentaires et de système.

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l’évaluation du risque à ne pas conser- stockage dans le système d’archivage*.
- 24 - Plusieurs intervenants pouvant être actifs
ver ou ne pas produire les documents ; L’enregistrement consiste à affecter dans le même processus, cette étape permet
- l’analyse des systèmes d’archivage et des métadonnées d’identification mini- d’identifier le document maître (original et/ou
des systèmes d’information existants males : document le plus complet).
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afin d’évaluer s’ils répondent aux exi- - identifiant ; En décrivant les documents, les archivistes ont
également la préoccupation de les rendre
gences de conservation ; - données minimum de description du repérables dans le cadre de recherches
- l’identification des stratégies qui document (titre, etc.) ; d’informations de nature patrimoniales.
répondent aux exigences de conserva- - adresse du document ;
tion et le choix d’une solution, sur la - etc.
base de scénarios précisant notamment
l’impact sur les utilisateurs ; • Analyse et ajout de métadonnées
- la formalisation d’un cahier des (description du document, de son
charges pour la conception détaillée du contexte, de son contenu, de sa
système de records management, des structure)
règles et des outils, de l’organisation ; La description du contexte du docu-
- la réalisation conformément au cahier ment est obligatoire car le document ne
des charges, et mise en œuvre : test, prend souvent tout son sens et sa valeur
mise en application sur un site pilote, que replacé dans son contexte. Elle
formation, déploiement. consiste à affecter des métadonnées
décrivant :
Processus de gestion des documents - le producteur du document et le pro-
« records » cessus de production du document24 :
Le schéma ci-contre indique les
étapes du processus. Les actions qui
visent à assurer la traçabilité sont trans- * Cf. MoReq, Model requirements for the
verses à toutes ces étapes. management of electronics records
[Recommandations pour l’archivage électronique].
Commission européenne, 2002. Voir
www.cornwell.co.uk/moreq.html. La traduction
française est disponible entre autres sur les sites
www.aaf.fr et www.adbs.fr.

Documentaliste - Sciences de l’information 2005, vol. 42, n° 2 • 115


ÉTUDE COMPRENDRE ET PRATIQUER LE RECORDS MANAGEMENT

dossier ou affaire de rattachement, date • Communication, mise à disposition, Processus d’audit et de contrôle
et heure de l’action, auteur de l’action ; accès du records management
- le contexte d’exploitation du docu- Traçage des actions (communica-
ment : relations avec d’autres docu- tion, réintégration), des localisations, • Principaux objectifs d’un audit
ments du même dossier, d’autres docu- des utilisateurs et des motifs d’utilisa- - Prouver l’authenticité et la fiabilité du
ments extérieurs au dossier, d’autres tion du document. document. Le rôle premier de l’audit
dossiers ; d’un système de records management est
- le contexte technique de création et • Migrations, ou changement de de permettre à l’organisme de prouver
d’exploitation, en particulier pour les support que l’ensemble des moyens et outils
documents électroniques. et/ou de format qu’il a mis en œuvre garantissent l’au-
La description du contenu du docu- Traçage des migrations et des proto- thenticité et la fiabilité du document
ment en vue de la recherche est utile coles de migration utilisés. produit, devant une cour de justice,
pour certains types de documents. Elle mais également devant tout tiers, y
consiste à affecter des métadonnées • Application du sort final compris les utilisateurs internes qui
complémentaires par indexation du (destruction ou transfert de la exploitent des documents produits par
contenu : responsabilité ou de la propriété) eux-mêmes ou des collègues. Des pro-
- métadonnées thématiques ou des- Repérage des dossiers et documents grammes systématiques de contrôle
cripteurs ; qui ont atteint la date ou l’événement sont conçus et développés dans le res-
- métadonnées désignant des lieux, des mentionnés dans le référentiel de clas- pect de la réglementation existante, et
organismes, des personnes physiques ; - sement et d’archivage, et décision de sont confiés à des personnes qualifiées
résumé documentaire ; conserver le document, de le transférer et externes à l’entreprise.
- sommaire ; aux archives définitives ou de le - Justifier l’existence du système, mesu-
- etc. détruire. Ces actions sur le document rer sa performance et le faire évoluer.
La description de la structure est uti- sont tracées dans le système d’archi- Le rôle second de l’audit est de per-
lisée surtout pour les documents élec- vage. mettre de faire le bilan du système, d’en
troniques, pour lesquels on peut citer Le système de records management mesurer la performance et les acquis,
par exemple la norme de structuration doit pouvoir conserver les métadonnées d’en corriger les dysfonctionnements et
à laquelle ils sont conformes. des documents transférés ou détruits. de le faire progresser. Ces opérations de
contrôle, qu’il est recommandé de faire

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• Stockage sécurisé à intervalles réguliers, doivent être ins-
Le système de stockage sécurisé est crites en tant que telles dans la poli-
maîtrisé, surveillé et maintenu. Il assure tique de records management et se
le traçage des localisations tout au long renouveler régulièrement. Ces opéra-
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du cycle de vie du document. tions pourraient être conduites par le


records manager, ou par une fonction
• Prise en compte des évolutions qualité.
du document ■ Exemple : pour estimer s’il y a moyen
Les événements ayant un impact sur d’éviter une extension des magasins de
le document, son indice de sécurité ou stockage des documents papier,
sa conservation sont notamment : réclamée par la fonction records
- la création d’une nouvelle version : un management, un organisme décide de
lien peut être établi entre les deux ver- lancer un audit de la fonction et du
sions ; système en place. L’audit doit vérifier en
- la modification du statut du docu- particulier que le support papier ne peut
ment : l’ancien statut et la date de chan- pas être dans certains cas remplacé par
gement de statut peuvent être mémori- d’autres supports moins coûteux en
sés ; stockage.
- la modification du niveau de sécurité
du document : l’ancien niveau et la date • Contenu de l’audit
de changement de niveau peuvent être Contrôler :
mémorisés ; - d’une part que les politiques, règles et
- la modification de la durée de conser- processus définis par l’organisme per-
vation : l’ancienne durée et la date de mettent de répondre aux exigences et
changement de durée de conservation contraintes externes et internes ;
peuvent être mémorisées. - d’autre part que le système mis en
œuvre est conforme à ces politiques,
règles et processus.
AVRIL 2005

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