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RELIGION ET RÉALITÉ

PRÉFACE
J'ai noté dans ce petit livre sous une forme concrète quelques réflexions, fruit de
mes méditations. je ne suis ni un philosophe ni un théologien, mais un humble
serviteur du Seigneur qui prend plaisir à méditer sur l'amour de Dieu et sur les
merveilles de sa création. Il m'est impossible de décrire entièrement la réalité de
Dieu et de la création, telle du moins que mes sens intérieurs me permettent de la
saisir dans la prière et dans la méditation. Les paroles ne sauraient exprimer les
vérités profondes que l'âme ressent à ces heures solennelles. Mais les natures
réceptives comprennent sans peine ces vérités ineffables. D'ailleurs, les mots
engendrent plus souvent des malentendus qu'ils ne donnent une réelle
compréhension.
Je suis incapable, je le répète, d'exprimer la profondeur de mes sentiments et de
mes pensées, mais je ferai de mon mieux pour en noter au moins une partie. Si
cette tentative peut venir eu aide au lecteur, même dans une faible mesure,
j'essayerai plus tard d'exposer d'autres idées et des expériences que, pour diverses
raisons, j'hésite à présenter actuellement au public.
Je désire témoigner ici toute la reconnaissance que je dois au Dr A.J. Appasamy,
gradué des universités de Harward et d'Oxford, pour avoir collaboré à la traduction
de ce volume de l'ourdou en anglais, ainsi qu'au Rev. R. W. Pelly, de Bishop's
College, à Calcutta, qui a bien voulu relire mon manuscrit et me suggérer
d'importantes corrections.
Sundar Singh. Sabathu, Simla Hills, septembre 1923.
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INTRODUCTION
Qu'est devenu le Sâdhou ? Voilà, je présume, la question que se posent plusieurs
de ceux dont l'imagination fut enflammée, il y a quatre ans, par les paraboles, la
personnalité ou même la furtive apparition de la robe safran, du célèbre Indien, le
Sâdhou Sundar Singh.
Il quitta l'Angleterre au mois de mai 1920 pour présider une série de réunions qui
avaient été organisées à son intention, en Amérique, puis en Australie, d'où il
rentra aux Indes en septembre. Les chrétiens de Colombo et de Bombay, où il
aborda, avaient fait de grands préparatifs pour célébrer par une ovation publique «
sa conquête de l'Occident ». Cet accueil ne fut naturellement pas du goût du
Sâdhou et il désappointa beaucoup de gens qui lui gardèrent même rancune d'avoir
refusé de se laisser porter sur le pavois. Il fuyait les foules et partit tout de suite
pour le nord de l'Inde. L'été suivant, il se remit à l'oeuvre au Tibet sans avoir égard
aux privations et aux dangers qui l'attendaient. L'anecdote suivante reproduite en
abrégé d'un journal indien, donnera une idée de la vie qu'il menait.
Un jour, dans la solitude de la montagne, une troupe de brigands assaillit le
Sâdhou, le dépouilla de ses vêtements et allait évidemment le tuer. Cependant,
impressionnés par son maintien, ils hésitèrent. Profitant du délai, le Sâdhou leur
parla très simplement de Dieu. Toujours plus frappés, ils lui rendirent ses habits et
l'emmenèrent à leur caverne en lui témoignant le désir d'en entendre davantage. Au
bout d'un moment, ils apportèrent une nourriture grossière en l'invitant à en
prendre sa part. On lui passa un bol dans lequel on allait verser du lait ; avant de le
faire remplir, le Sâdhou commença à essuyer le bol qui était extrêmement sale.
Aussitôt le chef de la bande, plein de sollicitude, le lui ôta des mains et l'ayant
nettoyé à grands coups de langue, le lui rendit d'un geste poli ! Or, en matière de
vaisselle, les Indiens des castes supérieures sont plus délicats que les grandes
dames européennes ; chacun de la famille a sa propre coupe qui ne sert à personne
qu'à lui. Mais le Sâdhou, ne pensant qu'à l'intention courtoise, reçut le service dans
l'esprit qui l'avait dicté et il continua son discours et son repas.
En 1922, il se rendit à l'invitation plusieurs fois répétée de venir en Suisse et en
Suède, ce qui lui permit de réaliser le rêve de sa vie. En se rendant en Europe, il
put, en effet, visiter les lieux sacrés de la Palestine, en compagnie de Sir William
Wilcocks, bien connu comme l'instigateur du grand barrage d'Assouan. L'intérêt de
Sir William Wilcoks pour le Sâdhou s'était éveillé - qu'il me soit permis de le dire
en passant - à la lecture du volume « Le Sâdhou » que j'ai publié en collaboration
avec le Dr A. J. Appasamy. En quittant la Suisse, où il fut reçu avec beaucoup
d'enthousiasme, il prit le chemin de la Suède, et s'arrêta quinze jours en
Allemagne. A Upsal, il fut l'hôte de l'archevêque Soederblorn, qui le chargea d'une
sorte de campagne missionnaire, et publia ensuite une étude psychologique sur les
expériences mystiques de Sundar Singh. La personnalité du Sâdhou a d'ailleurs
donné naissance sur le continent à toute une littérature, en français, en allemand et
dans les langues scandinaves. Il passa quelques jours en Danemark et en Norvège,
si je ne fais erreur, et il visita aussi la Hollande. Puis il se rendit en Angleterre,
mais il était si épuisé par son travail qu'il fut forcé de se reposer. Cependant, il
réussit à prononcer une allocution à la Convention de Keswick et à présider une
réunion dans le pays de Galles avant de s'embarquer pour les Indes. L'été dernier,
un faux bruit d'assassinat au Tibet se répandit dans la presse anglaise et
continentale. Son père venait de mourir et la similitude des noms fut sans doute
cause de cette erreur.
Quant à l'origine du présent volume, je ne saurais mieux faire que de citer la lettre
que j'ai reçue à ce sujet du Dr Appasamy :
« Le Sâdhou m'écrivit de le rejoindre à Sabathu dans le but de travailler avec lui à
son nouveau livre. Sabathu est à environ deux ou trois heures de chemin de fer de
Simla. C'est une station militaire à douze ou quinze cents mètres d'altitude. Son
père avait insisté sur l'achat d'une maison où son fils pût se reposer, méditer ou
étudier tranquillement. Au lieu d'acquérir un « bungalow », comme son père le lui
proposait, le Sâdhou acheta une ancienne maison missionnaire pour le prix de cinq
cents roupies. Pour y arriver, il faut traverser la partie la plus peuplée et la plus sale
de la ville. Ses plus proches voisins appartiennent à la caste des balayeurs
(vidangeurs) qui se livrent parfois au milieu de la nuit à des querelles bruyantes ou
qui font une musique sauvage. Cependant, comme la maison est sur les confins de
la ville, on jouit de l'autre côté d'un magnifique coup d'oeil sur les collines qui
s'étendent à perte de vue. Cette maison me semble un symbole des deux mondes
avec lesquels le Sâdhou s'efforce de garder constamment le contact : le monde
agité des hommes, monde malpropre et sordide parfois, et le monde de la nature, si
beau et si calme.
La maison est occupée par un de ses amis, un médecin travaillant à l'asile des
lépreux de Sabathu. Le Sâdhou monte dans cette retraite quand il éprouve le besoin
de travailler dans la tranquillité, d'étudier ou de se reposer. Il a une chambre où il
conserve précieusement les photographies de ses amis ou d'autres personnes qu'il a
rencontrées dans le cours de ses voyages et où il garde aussi quelques livres, parmi
lesquels j'ai remarqué les deux tomes d'un Précis de la Science, récemment publié
par le professeur J. A. Thomson. Le Sâdhou a lu ces deux volumes attentivement.
Le médecin chez lequel habite le Sâdhou, lorsqu'il monte à Sabathu, est marié et
père de quatre enfants. J'ai souvent pris grand intérêt à observer le Sâdhou causant
ou jouant avec les enfants. L'on entend dire parfois que le Sâdhou devrait fonder
une sorte de monastère pour y former d'autres Sâdhou. je crois qu'il y serait très
malheureux dans un entourage semblable car, quoique ascète, il aime beaucoup la
vie de famille et jouit profondément d'un foyer.
Le Sâdhou avait achevé la composition de son ouvrage: « Réalité et Religion » en
ourdou. Il me raconta qu'il y avait travaillé environ douze heures par jour pendant
douze jours. Il gardait le manuscrit en main et me donnait la substance de chaque
paragraphe en anglais ; je transcrivais parfois mot à mot ce qu'il disait, d'autres fois
je notais le contenu de ses paragraphes, employant, partout où c'était possible, ses
expressions elles-mêmes
En lisant le manuscrit, Je fus frappé de la clarté de l'exposé. Les idées sur Dieu, sur
l'homme, sur la nature, que la plupart d'entre nous trouvent difficiles à expliquer
même à des gens accoutumés à un travail intellectuel, sont exprimées ici d'une
manière accessible aux esprits les plus simples. C'est ce qui m'assure que le livre
sera accueilli par un très grand cercle de lecteurs. Ici et là, certaines phrases
pourraient soulever des objections de la part des philosophes et des savants ; mais
le Sâdhou ne prétend être ni l'un ni l'autre, et le lecteur intelligent ne s'achoppera
pas aux détails;
il saura apprécier la valeur de l'intuition religieuse simple et directe qui anime tout
le volume. »
B. H. Streeter. Queen's College, 0xford, le 6 février 1924.
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Le but de la Création
La Parole était au commencement;
la Parole était avec Dieu et cette Parole était Dieu...
Toutes choses ont été faîtes par elle,
et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle.
Jean I : 1 -3.

Le Verbe éternel (la Parole, le Logos) existait avant le temps et avant la création de
l'univers. Par lui toutes choses, animées et inanimées, reçurent la vie. Il est
impossible que les choses privées de vie deviennent par elles-mêmes des êtres
animés ou produisent des créatures vivantes. puisque la vie seule produit la vie. La
source de toute vie est Dieu. Par sa puissance créatrice, Dieu a appelé toutes les
choses inanimées à une existence. Il leur a infusé la vie et à l'homme, la plus
élevée de toutes les créatures, « il souffla un souffle de vie, et l'homme devint une
âme vivante.» « Dieu créa l'homme à son image même et à sa ressemblance et lui
donna la domination sur toute la terre.»
1. Le but de Dieu en créant n'est pas de combler quelque lacune de son être, car il
est parfait en lui-même. Mais il crée parce qu'il est dans sa nature de créer. Il
donne la vie parce qu'impartir la vie est l'essence même de sa puissance, de sa vie
créatrice et de son activité. Rendre les hommes heureux par sa création, et leur
donner une joie véritable par sa présence qui est une source de vie, c'est là
l'essence même de son amour. Le bonheur que nous trouvons dans la création a ses
limites. Dieu seul peut répondre complètement aux besoins du coeur humain et le
satisfaire d'une manière parfaite. Si cette joie fait défaut aux hommes, c'est le
résultat de leur ignorance ou de leur désobéissance aux commandements de Dieu,
ainsi que de leur révolte contre lui.
2. Les êtres qui peuplent les mondes, soit visibles soit invisibles, sont
innombrables. Par ces êtres innombrables, Dieu révèle ses attributs sans nombre.
Chaque espèce, selon sa propre capacité, reflète quelque aspect de la nature de
Dieu. Son amour paternel se révèle même dans les êtres pécheurs, puisqu'il leur
donne l'occasion de se repentir et de jouir d'une vie éternelle de paix et de bonheur
en lui.
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L'incarnation
1. Un enfant peut lire le mot « Dieu » comme un nom tout ordinaire, sans avoir la
moindre idée de la vérité qu'il recouvre. Mais à mesure que son esprit mûrit, il
commence à penser et à comprendre au moins quelque chose du sens de ce terme.
De même, le novice dans la vie spirituelle, si savant soit-il, se figure le Christ, la
Parole faite chair, comme un grand homme ou un prophète, sans pouvoir dépasser
cette conception. Mais en croissant en expérience religieuse., et en se rendant
toujours mieux compte avec joie de la présence du Sauveur, il réalise
graduellement le fait que Christ, c'est Dieu venu en chair, et qu'en lui « habite
corporellement toute la plénitude de la divinité ». (Col. :2 : 9). « En lui était la vie
et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1 : 4).
2. Un homme ne peut pas par des paroles donner une expression parfaitement
adéquate de sa personnalité, quoiqu'il forge parfois des termes nouveaux pour
exprimer ses idées, et il ne peut pas non plus le faire par des symboles et par des
images. Le corps de même est incapable de manifester les qualités et les
puissances de l'âme qui constituent la personnalité. En d'autres termes, beaucoup
d'éléments de la personnalité humaine restent cachés aussi longtemps que l'homme
est dans ce monde, car cette personnalité ne se dévoile que partiellement. Un être
spirituel ne peut se développer pleinement que dans un monde spirituel dont toutes
les conditions, extérieures aussi bien qu'intérieures, répondront à ses besoins et
favoriseront ses progrès.
Ce qui est vrai d'une âme d'homme, l'est à bien plus forte raison du Verbe éternel;
il lui était impossible de révéler entièrement sa divinité par un simple corps mortel,
mais il s'est fait connaître lui-même autant que cela était nécessaire pour le salut de
l'homme. Sa gloire véritable ne sera manifestée dans sa plénitude que dans le ciel.
3. La question peut se poser : Comment pouvons-nous croire à une réalité dans son
essence sans la voir ni la connaître pleinement ? Je ferai remarquer ici qu'il n'est
pas indispensable que la réalité se présente à nous sous toutes ses faces pour nous
faire croire à cette réalité. Ainsi, il y a dans notre corps des organes dont la vie
dépend absolument et qui restent cependant cachés à nos yeux. Personne n'a jamais
vu ni son cerveau, ni son cœur, mais pourtant personne n'a jamais eu l'idée de nier
leur existence. Si nous sommes incapables de voir des organes aussi nécessaires à
notre vie que le cœur et le cerveau dont notre vie dépend pour une large part,
combien plus difficile ne sera-ce pas de voir le Créateur de notre cerveau et de
notre cœur, dont notre vie tout entière dépend !
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La prière
1. Il y a des plantes dont les feuilles et les fleurs se replient sur elles-mêmes quand
le soleil se couche et qui se déploient à nouveau le matin suivant, aussitôt qu'elles
sentent la douce caresse de ses rayons. De cette manière, elles absorbent la chaleur
et la vie du soleil, si nécessaires à leur croissance et à leur existence. De même
dans la prière, nos coeurs s'ouvrent au soleil de justice; en même temps, nous nous
mettons à l'abri des dangers de l'obscurité et nous pouvons croître jusqu'à la
mesure de la stature parfaite de Christ.
2. Par la prière, nous ne pouvons changer les plans de Dieu comme quelques-uns
semblent le croire, mais l'homme qui prie subit lui-même un changement. Notre
âme, dont les aptitudes sont imparfaites, dans une vie aussi imparfaite que la nôtre,
tend ainsi chaque jour à la perfection. L'oiseau couve ses oeufs, qui ne renferment
tout d'abord qu'une sorte de liquide où l'on ne saurait distinguer quelque forme que
ce soit. Mais dans la mesure où la mère continue à couver, cette matière
inconsistante prend peu à peu la forme de la mère. Le changement s'est opéré non
pas dans la mère, mais dans les oeufs. De même, quand nous prions, ce n'est pas
Dieu qui change, mais c'est nous qui sommes transformés à son image glorieuse et
à sa ressemblance.
3. La vapeur, produite par la chaleur du soleil, s'élève au-dessus de la terre.
Défiant, pour ainsi dire, la loi de la pesanteur, elle monte dans les airs pour en
retomber plus tard et donner à la terre sa fécondité. De même, nos prières sincères,
embrasées par le feu du Saint Esprit, s'élèvent à Dieu, après avoir remporté la
victoire sur le péché, et redescendent sur la terre chargées des bénédictions divines.
4. Les cténophores ou anémones de mer sont d'une délicatesse telle que l'écume
d'une vague les briserait en morceaux. Chaque fois qu'il y a le moindre indice de
l'approche d'une tempête., ils descendent dans les profondeurs de la mer, hors
d'atteinte de l'ouragan et à l'abri du remous des vagues. C'est ainsi qu'agit l'homme
de prière lors qu'il pressent les attaques de Satan et les coups de la tempête dans ce
monde de péché et de souffrance ; il plonge immédiatement dans l'océan de
l'amour de Dieu, où règnent une paix et un calme éternels.
5. Un philosophe s'en alla trouver un mystique. Ils restèrent assis en silence l'un à
côté de l'autre pendant un moment. Comme le philosophe se levait pour partir, le
mystique lui dit : « je ressens tout ce que vous pensez ». Mais le philosophe
répondit : « Pour moi, Je ne puis pas même penser tout ce que vous ressentez »,. Il
est évident que la sagesse terrestre est incapable de sentir et de comprendre les
choses invisibles dans leur réalité. Ceux-là seuls qui vivent en communion avec
Dieu par la prière peuvent vraiment le connaître dans sa réalité.
6. La paix merveilleuse qu'éprouve l'homme de prière, pendant qu'il prie, n'est pas
le produit de sa propre imagination ou de sa réflexion, mais elle est le fruit de la
présence de Dieu dans l'âme. La vapeur qui monte d'un étang ne peut pas former
de grands nuages et retomber en pluie. Pour produire des nuages gonflés de pluie
qui désaltèrent la terre desséchée et la fertilisent, il faut toute la puissance de
l'océan. Ce n'est pas de notre subconscient que nous vient la paix, mais de l'océan
sans bornes de l'amour de Dieu, avec lequel nous entrons en contact par la prière.
7. Le soleil brille toujours au zénith. L'alternance du jour et de la nuit et le
changement des saisons ne sont pas dûs au soleil, mais à la rotation de la terre. De
même le Soleil de justice est « le même hier et aujourd'hui, et le sera
éternellement». (Heb. 13 : 8). Que nous débordions de joie ou que nous soyons
plongés dans les ténèbres, cela dépend de notre position à son égard. Si nous
ouvrons nos coeurs à son action dans la méditation et la prière, les rayons du Soleil
de justice guériront les plaies de nos péchés et nous rendront une santé parfaite.
(Mal. 4 : 2).
8. Les lois de la nature sont les moyens choisis par Dieu pour agir sur l'homme et
sur les autres créatures en vue de leur progrès et de leur vrai bien. Les miracles ne
sont pas en contradiction avec les lois de la nature. Il y a des lois de la nature qui
sont si hautes qu'elles échappent ordinairement à notre entendement. Les miracles
dépendent de ces lois supérieures. Par la prière, nous arrivons progressivement à
savoir quelque chose de ces lois supérieures.
Le miracle des miracles c'est la paix et la joie qui font déborder nos âmes ; cette
paix peut nous paraître impossible dans un monde de douleur et de péché. Mais
l'impossible devient possible. Les pommiers ne prospèrent pas sous les tropiques,
ni les manguiers dans les contrées neigeuses. Si jamais ce phénomène se
produisait, nous le taxerions de miracle. Cependant, les plantes tropicales peuvent
croître dans les pays froids, si on les place dans des conditions appropriées.
9. Si tous les hommes avaient un esprit réceptif et une oreille attentive, et s'ils
pouvaient percevoir la voix de Dieu qui leur parle, il n'y aurait pas besoin
d'évangélistes ou de prophètes pour leur annoncer la volonté de Dieu. Mais tous ne
sont pas attentifs à sa voix, d'où la nécessité d'envoyer des messagers de la Parole.
Parfois, cependant, la prière est plus efficace que la prédication. Un homme priant
avec ferveur dans une caverne peut apporter un puissant secours à d'autres hommes
par sa prière. Il émane de lui des influences qui se répandent dans toutes les
directions, agissantes quoique silencieuses, tout comme les dépêches de la T. S. F.
qui sont transmises par des moyens invisibles, ou comme les paroles que nous
prononçons et qui frappent les oreilles des autres, grâce à de mystérieuses
vibrations de l'air.
10. Il arrive parfois qu'on trouve des arbres pleins de sève dans un terrain où il ne
pleut presque jamais. En les examinant de près, on découvre qu'ils sont couverts de
fraîche verdure et chargés de fruits, c'est que leurs racines plongent dans le sol
jusqu'à des nappes d'eau souterraines. Nous nous étonnons parfois de voir des
hommes de prière, remplis de paix, rayonnant de joie et portant des fruits
abondants au milieu d'un monde de misère et de péché. C'est que par la prière les
racines cachées de leur foi plongent jusqu'à la source d'eau vive et en tirent
l'énergie et la vie, portant du fruit jusque dans la vie éternelle. (Ps. I : 2 et 3).
11. L'extrémité des racines des arbres est si sensible que, comme par instinct, elles
se détournent des endroits où elles ne trouvent aucune nourriture et s'allongent du
côté où elles rencontrent de la sève et de la vie. Les hommes de prière possèdent
eux aussi ce sens de discernement. Par une intuition certaine, ils se détournent de
la fraude et de l'illusion et trouvent la réalité dont dépend la vie.
12. Les hommes qui ne connaissent pas le tête à tête avec Dieu dans la prière ne
sont pas dignes d'être appelés des hommes. Ils sont semblables à des bêtes bien
dressées qui font certaines choses, d'une certaine manière, à de certains moments.
Parfois ils sont même pires que des brutes, car ils ne réalisent ni leur propre néant,
ni le lien qui les rattache à Dieu, ni leurs devoirs envers Dieu et
envers leurs semblables. Mais les hommes de prière acquièrent le droit de devenir
enfants de Dieu ; ils sont façonnés par Dieu à son image et à sa ressemblance.
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La Méditation
Le cerveau est un instrument très délicat et très sensible, muni de beaucoup de sens
subtils, qui, dans la méditation, reçoivent des messages du monde invisible et
engendrent des pensées beaucoup plus élevées que celles qui préoccupent le commun
des mortels. Le cerveau ne produit pas ces idées de lui-même, mais il les reçoit du
monde spirituel et invisible, et les traduit dans un langage approprié à la nature et aux
circonstances ordinaires de l'homme.
Certaines personnes reçoivent des messages de ce genre en rêve, d'autres dans des
visions, d'autres encore pendant l'état de veille, à l'heure de la méditation. La prière
nous permet de distinguer l'utile de l'inutile parmi les messages reçus de cette manière,
car dans la prière véritable, la lumière jaillit du sein de Dieu et illumine ce qu'il y a
dans l'âme de plus secret et de plus intime:la conscience et le sens moral. Les couleurs
brillantes,une musique exquise,des visions et des sons merveilleux nous viennent du
monde invisible et sont saisis par les organes les plus sensibles du cerveau. Les poètes
et les peintres, sans pouvoir en déterminer l'origine réelle, essayent d'interpréter dans
leurs oeuvres ces réalités invisibles qui les frappent. Mais l'homme qui médite pénètre
pour ainsi dire jusqu'au coeur de ces réalités, qui le remplissent de joie ; entre son âme
et le monde spirituel d'où elles découlent il y a d'étroites affinités.
2. Parfois, en visitant des sites nouveaux, il nous semble y être déjà venus, à moins que
des liens mystérieux n'existent entre eux et nous. On petit donner trois explications de
ce fait. La première ,. c'est qu'une personne qui avait jadis visité ,.les lieux y a pensé
et, à notre insu, nous a communiqué ses idées par un moyen mystérieux. Ou bien nous
avons vu des endroits semblables et leur souvenir peut s'être présenté à notre esprit
,sous une forme nouvelle. Ou enfin un reflet du monde invisible peut avoir effleuré
notre pensée, car nos âmes sont en relation avec ce monde-là et souvent sans que nous
le sachions, nous en recevons des impressions. L'univers est une représentation du
monde invisible, en d'autres termes le monde matériel est une manifestation tangible
du royaume spirituel. La ressemblance qui existe entre ces deux mondes frappe
constamment notre pensée. Lorsque nous consacrons assez de temps à la méditation,
nous discernons toujours plus nettement le lien qui unit ces deux mondes.
3. C'est dans la méditation que se révèle la condition véritable de l'âme; pendant que
nous sommes dans cette attitude nous fournissons à Dieu en un certain sens l'occasion
de s'adresser à nous et de nous combler de ses plus riches bénédictions.
Quelle que soit notre idée sur ce point, aucune de nos pensées, aucune (le nos paroles,
aucune de nos actions ne s'efface jamais de notre âme, mais elle y reste gravée, en
d'autres termes, elle est écrite au « Livre de Vie ». La méditation nous met en état de
tout faire dans la crainte et l'amour de Dieu et de tenir à jour ce Livre de Vie duquel
dépend pour nous un avenir de bonheur ou de malheur.
4. Dieu est infini et nous sommes bornés. En effet, nous ne pouvons pleinement
comprendre le Dieu infini, mais il a mis en nous un sens, grâce auquel sa présence
devient une joie pour l'âme.
L'Océan est si vaste que nous ne pouvons concevoir son immensité, ni découvrir les
trésors qu'il recèle. Mais du bout de la langue nous sentons immédiatement qu'il est
salé ! Nous sommes bien loin de connaître tous les mystères de l'Océan, mais nous
avons découvert par le moyen du goût une particularité très importante de l'eau de
mer.
5. Lorsqu'ils sont en proie à la peur, à la colère ou à la folie, les hommes accomplissent
des choses extraordinaires, brisant même des chaînes de fer. Cette force est inhérente à
l'homme, apparemment, mais elle ne se manifeste que lorsque toute son énergie est
tendue vers un but unique.
De même, grâce à la méditation, la force d'un homme, décuplée par la puissance
divine, peut briser les chaînes du péché et accomplir les oeuvres les plus utiles.
Toutefois, cette énergie humaine, qui elle aussi est un don de Dieu, peut devenir
dangereuse si elle est employée dans un but coupable. Les bombes, les mitrailleuses,
les canons, quelle force ne possèdent-ils pas, et pourtant comme ils sont destructeurs et
dangereux !
6. Lorsque nous nous laissons absorber par nos pensées, quoique pleinement
conscients, nous ne remarquons ni le parfum des fleurs, ni le charme de la musique, ni
la beauté de la nature.Toutes ces choses semblent ne pas exister pour nous. Il en va de
même pour les gens absorbés par les choses de ce monde ; les réalités spirituelles ne
semblent pas exister pour eux. En voyant, ils ne voient pas et en entendant, ils
n'entendent pas.(Matth 13 : 13).
7. je vis un jour une fleur et me mis à réfléchir à son parfum et à sa beauté. En
méditant plus profondément, je découvris le Créateur derrière sa création, quoiqu'il fût
caché à mes yeux, et j'en fus rempli de joie. Mais ma joie fut plus grande encore
lorsque je le trouvai à l'oeuvre dans ma propre âme. J'en arrivai à m'écrier : « Oh !
combien tu es admirable ! Distinct de ta création et cependant la remplissant toujours
de ta présence glorieuse ! »
8. Christ n'a rien écrit lui-même. Il n'a pas non plus chargé ses disciples d'écrire ses
enseignements. C'est, tout d'abord, parce que ses paroles sont esprit et vie. Il sait que la
vie ne peut être communiquée qu'à ce qui vit et non pas aux pages d'un livre.
Secondement, d'autres fondateurs de religions ont laissé des livres après eux parce
qu'ils allaient être enlevés à leurs disciples et qu'ils voulaient leur venir en aide aux
heures de détresse, par le moyen des écrits qui prenaient la place de la voix humaine.
Notre Seigneur, au contraire, n'a jamais quitté ses disciples. Il est avec nous en tout
temps, sa voix vivifiante se fait entendre à nous et sa présence nous instruit chaque
jour. Après son ascension, son esprit qui continuait à demeurer en eux inspira aux
disciples la composition des évangiles.
9. Par la répétition fréquente de la même pensée, du même mot ou de la même action,
nous acquérons une habitude et l'habitude fait le caractère. Nous devons donc prendre
bien garde à nos pensées, à nos paroles et à nos actes et calculer soigneusement quelles
peuvent en être les conséquences bonnes ou mauvaises. Ne soyons pas indifférents
lorsqu'il s'agit de faire le bien, autrement nous courrons le danger de perdre la capacité
de le faire. Faire une chose bien est difficile; défaire ce qui a été mal fait et corriger le
défaut est plus difficile encore, mais rien n'est plus facile que d'abîmer un travail. Il
faut beaucoup de temps et de peine pour amener un arbre à sa croissance, mais c'est
bien facile de le couper. Quand il est sec et mort, c'est impossible de le ramener à la
vie.

La vie future
1. La croyance à la vie future a été constatée chez tous les peuples et à toutes les
époques. Le fait d'avoir un désir suppose la possibilité de sa réalisation. La soif
implique l'existence de l'eau et la faim celle de la nourriture. Le désir de la vie
éternelle est lui-même une preuve qu'elle sera donnée un jour.
2. De même, nous avons de hautes et nobles aspirations spirituelles qui ne peuvent
trouver leur réalisation en ce monde. Donc il doit y avoir un autre monde, un monde
spirituel dans lequel ces désirs trouveront leur satisfaction. Le monde matériel ne peut
en aucune manière répondre à nos besoins spirituels.
3. Dieu seul peut satisfaire les désirs profonds de l'âme, puisqu'il a créé l'âme et la soif
d'infini qui la tourmente. Puisque Dieu a créé l'homme à son image, il y a dans
l'homme quelque chose de la nature divine qui soupire après la communion avec
l'invisible. Les êtres semblables se recherchent, conformément aux lois de la nature. Et
lorsque nous serons enracinés dans l'Être éternel, non seulement nous serons satisfaits,
mais nous aurons aussi la vie éternelle en lui.
La nouvelle naissance

1. C'est un fait admis que les enfants héritent dans une large mesure le caractère de
leurs parents. Ils sont aussi influencés par leur entourage, c'est-à-dire par les habitudes
de leurs parents et d'autres personnes avec lesquelles ils sont fréquemment en contact.
Les enfants de mauvais parents, vivant dans un mauvais milieu, ne peuvent être que
mauvais. Toutes les conditions sont réunies pour qu'il leur soit impossible de devenir
bons. Si de pareils enfants tournent bien, ce sera un grand miracle. Nous savons que
des miracles de ce genre ont eu lieu un peu partout. Ces miracles prouvent l'existence
d'une puissance cachée qui brise les fers, délivre les hommes de l'esclavage du péché
et transforme les pécheurs en de nouvelles créatures. C'est la nouvelle naissance. Le
Saint Esprit, est la puissance secrète qui travaille au salut de ceux qui se repentent et
croient en Christ.
2. Il y a eu des criminels qui, en dépit des châtiments sévères qui leur avaient été
infligés par Les tribunaux,, n'ont pas changé. Ni l'amour de leurs bien-aimés, ni les
exhortations de leurs amis n'ont produit aucun changement en eux. Tous les moyens
possibles ont été employés pour les réformer, mais sans succès. Cependant, il arrive
parfois, s'ils sont conduits au Christ, qu'ils soient changés en un moment et deviennent
de nouvelles créatures. Alors ceux qui étaient égoïstes et qui vivaient dans le péché ont
vu leurs vies transformées et ont commencé à aider aux autres et à les servir. Jadis, ils
persécutaient et tuaient d'autres hommes ; maintenant, ils se déclarent prêts à être
persécutés eux-mêmes et à être tués pour d'autres. C'est ce qui s'appelle être né de
nouveau. N'est-ce pas une preuve suffisante que Christ est le Sauveur des hommes. Il
est le grand médecin qui donne un diagnostic exact des maladies des hommes, et qui
les guérit. Qui d'autre petit guérir le coeur brisé, sinon celui qui est le créateur du coeur
? Qui d'autre que lui peut transformer les pécheurs et en faire des saints ?

L'Amour

1. Dieu est la source de l'amour. La force de la gravitation qui maintient les mondes
suspendus dans l'espace est, pour ainsi dire, la manifestation dans l'univers sensible de
cette force de gravitation spirituelle qu'est l'amour, et dont Dieu est la source. Un
aimant attire l'acier, non pas parce que l'acier est un métal précieux, mais parce que
l'acier a la propriété de répondre à cette attraction. Il n'attire pas l'or. L'or peut être plus
précieux, mais il ne se laisse pas attirer. De la même manière Dieu attire les pécheurs,
si coupables qu'ils soient, s'ils se repentent et répondent à son appel; mais il n'exerce
aucune attraction sur ceux qui sont justes à leurs propres yeux et qui ne cèdent pas à la
puissance de son amour.
2. Un baiser est le témoignage visible de l'amour d'une mère pour son enfant. Si
l'enfant a une maladie contagieuse, la mère peut s'abstenir de lui donner ses baisers,
mais son amour pour l'enfant qui souffre n'en est pas moins grand, au contraire, car
l'enfant a besoin de plus de soins et de tendresse. De même, Dieu peut avoir
l'apparence d'oublier ceux qui sont devenus victimes de la contagion du péché, mais
son amour pour eux est infiniment plus grand que l'amour d'une mère pour son enfant
(Esaïe 49 : 15). Sa patience est infinie elle aussi, tout comme ses autres attributs. Les
hommes sont semblables à des vases de terre qui se mettent tout de suite à bouillir
quand on les approche du feu ; les hommes débordent d'indignation au moindre tort
qu'ils ont à souffrir. Il n'en est pas ainsi de Dieu. Si Dieu se courrouçait aussi
rapidement, il y a longtemps que le monde ne serait plus qu'un monceau de ruines.
3. Quand deux hommes aiment la même personne, ils deviennent rivaux et sont jaloux
l'un de l'autre. Mais ce n'est pas le cas de l'amour de l'homme pour Dieu. Un homme
qui aime Dieu n'est pas jaloux si d'autres l'aiment aussi. Il est affligé s'ils ne l'aiment
pas. La raison de cette différence entre l'amour de l'homme pour l'homme et l'amour
de l'homme pour Dieu, c'est que l'amour de Dieu est infini. Un homme ne peut pas
répondre avec une affection égale à tous ceux qui l'aiment, car sa capacité d'aimer est
limitée; mais Dieu a une capacité d'amour sans bornes et, par conséquent, suffisante
pour toutes ses créatures.
4. Quand nous aimerons Christ, il vivra en nous et toute notre vie deviendra semblable
à la sienne. Le sel, lorsqu'il est dissout dans l'eau, peut disparaître, mais il ne cesse pas
d'exister. Nous pouvons nous assurer de sa présence en goûtant l'eau. De même, Christ
demeurant en nous, quoique caché, sera rendu manifeste aux autres par la puissance
d'amour qu'il nous aura communiquée.

Les sens et la pensée

1. Les pensées ne sont pas seulement les impressions des choses extérieures sur nos
sens, mais aussi les réponses de notre esprit aux impressions qui nous parviennent par
nos sens. Ainsi la croissance et les progrès de l'esprit qui tend à réaliser la perfection
dépendent de conditions soit extérieures soit intérieures. Un arbre peut avoir de la vie
en lui-même, mais pour que ses feuilles se déploient, ses fleurs s'épanouissent et ses
fruits mûrissent., il lui faut de l'air, de la lumière et de la chaleur, ce qui revient à dire
que sa croissance et sa fécondité dépendent de certaines conditions extérieures aussi
bien que de sa propre vitalité.

2. Par les sens externes nous parvenons à la connaissance du monde sensible, tandis
que par les sens intérieurs nous entrons en contact avec le monde spirituel. La
naissance dans l'esprit d'une idée au sujet d'un objet quelconque, est une preuve non
seulement de la réalité de l'esprit qui pense mais aussi de cet objet lui-même. En
d'autres termes, nous pouvons dire que la pensée est un reflet du monde extérieur sur
notre esprit. Quelquefois il arrive que, sans en avoir l'intention, nous soyons amenés à
penser, ce qui prouve que quelque chose d'extérieur projette son image en nous. Où il
y a des parfums il doit y avoir des fleurs , la forme ou la couleur de ces fleurs peuvent
être cachées à nos yeux, mais le parfum à lui seul prouve que ces fleurs existent. De
même toute pensée implique une cause. L'esprit ressemble à un miroir ; des images
dans le miroir impliquent la présence d'objets réels devant le miroir. Que cela plaise au
miroir ou non, ces objets s'y réfléchissent. Par contre, le miroir n'a pas de vie propre.,
tandis que l'esprit en a une. Le miroir ne saurait créer des images, il ne peut que les
renvoyer, tandis que l'esprit a en outre des idées innées ; cependant l'esprit est
semblable au miroir dans ce sens que les objets extérieurs s'y réfléchissent sans que
l'esprit lui-même participe à cette réflexion. Les idées abstraites sont les étincelles qui
jaillissent du foyer de la réalité.
3. Les images dans notre esprit ne sont pas toujours le reflet exact de la réalité ; elles
diffèrent d'individu à individu, selon les capacités différentes des hommes.
L'idée que nous nous faisons de Dieu est imparfaite, mais en vivant constamment en sa
présence, nous atteindrons à une véritable compréhension de son être.

Les sens et la pensée

1. Les pensées ne sont pas seulement les impressions des choses extérieures sur nos
sens, mais aussi les réponses de notre esprit aux impressions qui nous parviennent par
nos sens. Ainsi la croissance et les progrès de l'esprit qui tend à réaliser la perfection
dépendent de conditions soit extérieures soit intérieures. Un arbre peut avoir de la vie
en lui-même, mais pour que ses feuilles se déploient, ses fleurs s'épanouissent et ses
fruits mûrissent., il lui faut de l'air, de la lumière et de la chaleur, ce qui revient à dire
que sa croissance et sa fécondité dépendent de certaines conditions extérieures aussi
bien que de sa propre vitalité.

2. Par les sens externes nous parvenons à la connaissance du monde sensible, tandis
que par les sens intérieurs nous entrons en contact avec le monde spirituel. La
naissance dans l'esprit d'une idée au sujet d'un objet quelconque, est une preuve non
seulement de la réalité de l'esprit qui pense mais aussi de cet objet lui-même. En
d'autres termes, nous pouvons dire que la pensée est un reflet du monde extérieur sur
notre esprit. Quelquefois il arrive que, sans en avoir l'intention, nous soyons amenés à
penser, ce qui prouve que quelque chose d'extérieur projette son image en nous. Où il
y a des parfums il doit y avoir des fleurs , la forme ou la couleur de ces fleurs peuvent
être cachées à nos yeux, mais le parfum à lui seul prouve que ces fleurs existent. De
même toute pensée implique une cause. L'esprit ressemble à un miroir ; des images
dans le miroir impliquent la présence d'objets réels devant le miroir. Que cela plaise au
miroir ou non, ces objets s'y réfléchissent. Par contre, le miroir n'a pas de vie propre.,
tandis que l'esprit en a une. Le miroir ne saurait créer des images, il ne peut que les
renvoyer, tandis que l'esprit a en outre des idées innées ; cependant l'esprit est
semblable au miroir dans ce sens que les objets extérieurs s'y réfléchissent sans que
l'esprit lui-même participe à cette réflexion. Les idées abstraites sont les étincelles qui
jaillissent du foyer de la réalité.
3. Les images dans notre esprit ne sont pas toujours le reflet exact de la réalité ; elles
diffèrent d'individu à individu, selon les capacités différentes des hommes.
L'idée que nous nous faisons de Dieu est imparfaite, mais en vivant constamment en sa
présence, nous atteindrons à une véritable compréhension de son être.

La perfection

1. D'après les lois de la nature, il faut que la croissance s'accomplisse graduellement et


pas à pas pour atteindre la perfection. C'est aussi la seule manière de nous préparer à
remplir complètement la destinée pour laquelle nous avons été créés. Des progrès
soudains ou fiévreux nous laissent faibles et imparfaits. l'avoine qui pousse en
quelques semaines en Laponie ne fournit pas la même quantité de nourriture que le
froment qui met six mois à mûrir. Le bambou grandit d'un mètre par jour et atteint une
hauteur de plus de soixante mètres, mais il reste creux à l'intérieur. Un progrès lent et
continu est donc indispensable à la perfection.
2. Il est vrai que la perfection ne pourra être réalisée que dans un monde qui sera
parfait lui-même. Mais avant d'entrer dans ce monde parfait, nous avons à traverser un
monde imparfait, où il nous faut lutter et faire sans cesse des efforts. Cette lutte nous
fortifie et nous prépare à vivre dans une sphère de pureté absolue, comme les efforts
que fait le ver à soie dans le cocon l'aident à en sortir sous forme de brillant papillon.
Lorsque nous serons dans l'état de perfection, nous verrons combien toutes les choses
qui nous paraissaient être des obstacles à nos progrès nous ont en réalité aidés,
quoique mystérieusement, à atteindre la perfection.
3. L'homme porte en lui-même des germes de qualités innombrables qui ne peuvent
pas se développer dans ce monde parce que les conditions d'ici-bas ne sont pas
favorables à leur croissance et à leur parfait développement. Dans le monde à venir, ils
trouveront les conditions favorables pour atteindre la perfection, mais la croissance
doit commencer dès ici-bas. Il est trop tôt pour chercher à exprimer ce que nous serons
quand nous arriverons à la perfection, mais nous serons parfaits, comme notre Père qui
est dans les cieux est parfait (Matth. 5 : 48).
4. Il n'y a pas ici-bas de paix véritable. La paix a été détruite dans ce monde par le
péché. C'est dans le « Prince de la paix » seul que nous pouvons trouver une paix
réelle et permanente. L'eau se précipite des sommets et jaillit des profondeurs de la
terre pour trouver son niveau et atteindre le calme. L'homme, de même, doit descendre
des hauteurs de son orgueil et remonter des abîmes de son péché pour pouvoir,
lorsqu'il a trouvé son niveau, se reposer enfin dans le calme et la paix.
5. Sur la montagne de la transfiguration, les disciples qui n'avaient cependant pas
encore atteint la perfection, goûtaient avec tant de ravissement la présence du Seigneur
avec Élie et Moise qu'ils proposèrent à Jésus d'y dresser trois tentes et d'y séjourner
(Matth. 17 : 3, 4). Combien notre joie ne sera-t-elle pas plus grande dans le ciel
lorsque nous serons parfaits et que nous serons toujours avec le Seigneur, ses saints et
ses anges !

Le Progrès véritable et le succès

1. Si tous les peuples adoptent les manières extérieures et les coutumes des nations
civilisées, sans accepter les principes qui sont à la base de leurs progrès, le résultat
sera désastreux.
Les gouvernements de ce monde ne sont que des copies du royaume des cieux dont
Dieu est le chef. C'est pourquoi les royaumes terrestres s'affaibliront et se corrompront
à moins que Dieu, qui est le point de départ de tout bien et de toute loi, ne règne dans
le coeur des citoyens et des magistrats, des gouvernants et des gouvernés.
Quelques-uns voudraient mener une vie pure sans Dieu, mais ils oublient que toute
morale d'où Dieu est absent est creuse et vouée à la mort.
2. Sans progrès spirituel, le progrès terrestre n'est qu'une illusion trompeuse, car le
progrès terrestre, mondain, ne se réalise qu'aux dépens d'autrui. Un grand nombre
d'hommes courent dans le stade, mais un seul remporte le prix en dépassant tous les
autres. Leur défaite constitue sa victoire. Un marchand fait fortune aux dépens des
autres. Le progrès spirituel, par contre est quelque chose d'absolu, puisque les progrès
d'un individu favorisent ceux de tous les autres et dépendent du succès de chacun
d'eux. L'expérience a prouvé que celui qui travaille pour le bien d'autrui en profite
lui-même, quoique souvent à son insu.

La croix

1. Que nous l'acceptions ou non, nous ne pouvons nous soustraire à la croix. Si nous
refusons de porter la croix (le Christ, c'est de celle du monde que nous devrons nous
charger. Au premier abord, la croix de Christ peut sembler lourde et celle du monde
légère ; mais l'expérience prouve que la croix du monde est pesante et que celui qui la
porte meurt de la mort de l'esclave, comme du temps de l'empire romain. Mais Christ a
changé sa croix en gloire. jadis, la croix était un symbole d'ignominie et de mort;
maintenant, elle est un symbole de victoire et de vie. Ceux qui portent la croix savent
par expérience qu'elle les porte et les conduit sûrement au but ; mais la croix de ce
monde nous entraîne toujours plus bas et nous précipite à la ruine. Laquelle de ces
deux croix avez-vous chargée sur vos épaules ? Arrêtez-vous et réfléchissez.
2. Tous n'ont pas la même croix à porter, c'est-à-dire qu'elle varie suivant les
personnes, suivant l'oeuvre qui les attend et suivant leur condition spirituelle. Au
dehors, elle paraît hérissée de clous, mais, en elle-même, elle est toute douceur et paix.
l'abeille est armée d'un aiguillon, mais elle donne du miel. La crainte de l'austérité
extérieure de la croix ne doit pas nous faire perdre ses immenses bénédictions
spirituelles.
3. Un voyageur à l'intelligence bornée, fatigué de traverser péniblement des contrées
montagneuses, serait tenté de penser que Dieu a fait avec toutes ces montagnes une
chose bien inutile et qu'il eût agi plus sagement en ne créant que des plaines. Ce
raisonnement prouverait que le voyageur ne comprend ni l'importance des montagnes,
ni celle des richesses considérables qu'elles renferment. Les montagnes assurent, par
exemple, la circulation perpétuelle de l'eau : or la circulation de l'eau sur la terre est
aussi indispensable que celle du sang dans notre organisme. De même, les hauts et les
bas de l'existence, l'obligation de nous charger chaque jour de la croix, maintiennent la
circulation dans notre vie spirituelle, la préservent de la stagnation et apportent à l'âme
des bénédictions incalculables.
4. Au cours de la grande guerre, des tranchées furent creusées dans des endroits
fertiles et les champs furent détruits. Plus tard, dans ces tranchées, de, belles fleurs
poussèrent et même des fruits y mûrirent. On s'aperçut alors que le sol était fertile et
que sous la première couche de terre arable, il y en avait de plus riches encore. De
même, quand nous portons la croix et que nous souffrons, les trésors cachés de notre
âme viennent à la lumière. Ne soyons donc pas désespérés si notre vie est parfois
ravagée par l'épreuve, car celle-ci met en oeuvre les puissances cachées et encore
inutilisées de l'âme.
5. En Suisse, un berger cassa une fois la jambe d'une de ses brebis. Comme on le
questionnait sur cet acte étrange, il répondit qu'elle avait la mauvaise habitude
d'entraîner les autres brebis sur des hauteurs dangereuses, le long des précipices. La
bête fut d'abord si furieuse qu'elle tâchait de mordre le berger quand il venait lui
donner à manger, mais peu à peu, elle s'apprivoisa et lui lécha même les mains. De
même, Dieu conduit par les épreuves et la souffrance ceux qui ont été désobéissants et
rebelles, sur le chemin de la sécurité et de la vie éternelle.
6. Tous les gaz, quand ils sont froids, absorbent les rayons lumineux ; quand ils sont
chauds, par contre, ils en émettent. Nous aussi quand nous sommes dans un état de
froideur spirituelle, nous vivons dans l'obscurité, quoique le soleil de justice luise
constamment autour de nous. Mais, quand le feu du Saint Esprit est allumé en nous par
les souffrances de la croix et que la chaleur gagne nos âmes, nous sommes tout d'abord
illuminés nous-mêmes par ses rayons et nous donnons de la lumière aux autres.
7. Les diamants ne jettent pas de feux si on ne les taille; mais lorsqu'ils l'ont été, les
rayons du soleil s'y réfractent et les font étinceler de couleurs merveilleuses. Ainsi,
lorsque la croix nous aura taillés suffisamment, nous brillerons comme des joyaux
dans le royaume de Dieu.
La libre volonté de l'homme

1. Nous avons la capacité de discerner le bien du mal et de choisir l'un ou l'autre. Cela
veut dire que nous sommes libres d'agir dans certaines limites données par notre
nature. Autrement, ce pouvoir dont nous jouissons de distinguer le bien du mal n'aurait
aucune signification. Le sens du goût nous dit ce qui est amer et ce qui est doux. Si
nous n'étions pas libres de manger ce que nous préférons, ce sens du goût ne servirait
de rien.
Nous sommes libres, non parce que nous aurions pu agir autrement, mais simplement
parce que nous agissons.
Si, par exemple, j'ai la force de porter un poids de cinquante kilos, je suis libre de les
porter tout à la fois ou en partie seulement. Si la charge dépasse cinquante kilos, elle
dépasse aussi mes forces et par conséquent ma responsabilité ; je suis, par là même,
libéré de la nécessité de porter le fardeau, parce que celui qui me l'a imposé ne
demandera pas de moi plus que je ne puis faire. Ainsi la liberté subsiste dans les deux
cas. Si je ne fais pas ce que je suis capable d'accomplir, il faut que je porte la punition
de mes déficits et de mon indifférence, car j'ai fait mauvais usage de la puissance qui
m'avait été confiée.
2. Ce n'est pas en punissant le criminel qu'on exterminera le mal et le crime. Si la
chose était possible, il n'aurait plus qu'à fermer les prisons. En dépit des châtiments
rigoureux appliqués aux malfaiteurs, nous ne voyons aucun progrès dans les moeurs. Il
n'est d'ailleurs pas possible de faire disparaître le mal de la face de la terre, à moins
que chaque homme ne prenne la résolution de le supprimer autant qu'il est en son
pouvoir. La contrainte de la part d'autrui ne produit aucun effet. Dieu n'arrête pas la
main du meurtrier et ne ferme pas non plus la bouche du menteur, parce qu'il
n'intervient pas dans la volonté de l'homme. Si Dieu s'interposait ainsi, l'homme ne
serait
plus qu'une machine, il ne connaîtrait pas le prix de la vérité et n'éprouverait aucune
joie à s'y conformer, car la joie ne peut découler que d'un acte de franche volonté.
3. Le monde qui est, dans un certain sens, rebelle a Dieu, soumet à l'esclavage ceux
qui suivent Christ. Mais lorsque, par la grâce de Dieu, ils sont affranchis de la
servitude et des chaînes par lesquelles le monde voudrait les réduire à l'obéissance et
sont entrés dans les lieux célestes, alors c'est le monde lui-même qui devient leur
esclave, parce que le monde reconnaît qu'ils sont devenus participants de la puissance
de vie qui l'a créé. Alors, au lieu de vaincre, c'est lui qui est vaincu. Dieu accorde à
jamais la liberté parfaite à ceux qui mettent à son service toute leur volonté et tout leur
amour.

La libre volonté de l'homme

1. Nous avons la capacité de discerner le bien du mal et de choisir l'un ou l'autre. Cela
veut dire que nous sommes libres d'agir dans certaines limites données par notre
nature. Autrement, ce pouvoir dont nous jouissons de distinguer le bien du mal n'aurait
aucune signification. Le sens du goût nous dit ce qui est amer et ce qui est doux. Si
nous n'étions pas libres de manger ce que nous préférons, ce sens du goût ne servirait
de rien.
Nous sommes libres, non parce que nous aurions pu agir autrement, mais simplement
parce que nous agissons.
Si, par exemple, j'ai la force de porter un poids de cinquante kilos, je suis libre de les
porter tout à la fois ou en partie seulement. Si la charge dépasse cinquante kilos, elle
dépasse aussi mes forces et par conséquent ma responsabilité ; je suis, par là même,
libéré de la nécessité de porter le fardeau, parce que celui qui me l'a imposé ne
demandera pas de moi plus que je ne puis faire. Ainsi la liberté subsiste dans les deux
cas. Si je ne fais pas ce que je suis capable d'accomplir, il faut que je porte la punition
de mes déficits et de mon indifférence, car j'ai fait mauvais usage de la puissance qui
m'avait été confiée.
2. Ce n'est pas en punissant le criminel qu'on exterminera le mal et le crime. Si la
chose était possible, il n'aurait plus qu'à fermer les prisons. En dépit des châtiments
rigoureux appliqués aux malfaiteurs, nous ne voyons aucun progrès dans les moeurs. Il
n'est d'ailleurs pas possible de faire disparaître le mal de la face de la terre, à moins
que chaque homme ne prenne la résolution de le supprimer autant qu'il est en son
pouvoir. La contrainte de la part d'autrui ne produit aucun effet. Dieu n'arrête pas la
main du meurtrier et ne ferme pas non plus la bouche du menteur, parce qu'il
n'intervient pas dans la volonté de l'homme. Si Dieu s'interposait ainsi, l'homme ne
serait
plus qu'une machine, il ne connaîtrait pas le prix de la vérité et n'éprouverait aucune
joie à s'y conformer, car la joie ne peut découler que d'un acte de franche volonté.
3. Le monde qui est, dans un certain sens, rebelle a Dieu, soumet à l'esclavage ceux
qui suivent Christ. Mais lorsque, par la grâce de Dieu, ils sont affranchis de la
servitude et des chaînes par lesquelles le monde voudrait les réduire à l'obéissance et
sont entrés dans les lieux célestes, alors c'est le monde lui-même qui devient leur
esclave, parce que le monde reconnaît qu'ils sont devenus participants de la puissance
de vie qui l'a créé. Alors, au lieu de vaincre, c'est lui qui est vaincu. Dieu accorde à
jamais la liberté parfaite à ceux qui mettent à son service toute leur volonté et tout leur
amour.

La conscience

1. La conscience, c'est la loi morale, le sens du bien ou du mal qui habite en nous. Elle
n'est pas innée à l'homme, sinon en germe. Elle a besoin d'éducation, d'entraînement,
d'exercice et de pratique. Le milieu lui aussi exerce une grande influence sur son
développement.
De même que nous possédons une faculté esthétique qui nous permet de distinguer
entre le laid et le beau, nous avons la conscience qui nous aide à distinguer le bien du
mal.
2. La douleur dans une partie quelconque de notre corps est une voix qui donne
l'alarme en cas de danger. De même, la douleur et le trouble de l'âme sont la
conséquence du péché. Semblable au sens physique du toucher, la conscience nous
prévient de l'imminence du danger et de la ruine, et nous presse de prendre les mesures
nécessaires à notre salut.
3. Les vaisseaux qui naviguent le long des côtes savent où ils se trouvent en
apercevant les phares, les rocs, ou la silhouette du rivage. Mais ceux qui voguent bien
loin, au large, ne peuvent se guider que d'après les astres et la boussole. Il en est ainsi
du voyage de notre âme vers Dieu : la conscience et le Saint Esprit nous sont
indispensables pour atteindre le port sans nous perdre.

L'adoration du vrai Dieu


1. Vous ne trouverez guère d'hommes qui n'adorent pas Dieu ou quelque autre
puissance. Si les philosophes ou les savants athées, dont le regard ne dépasse pas le
monde matériel, n'adorent pas Dieu, ils ont souvent une tendance à rendre un culte aux
grands hommes, aux héros ou à un idéal quelconque dont ils se sont fait une divinité.
Bouddha n'a formulé aucune doctrine au sujet de Dieu ; aussi ses disciples le
prirent-ils lui-même peu à peu comme objet de leur adoration. En Chine, comme on
n'enseignait pas au peuple à adorer Dieu, il se mit à offrir un culte aux ancêtres. Même
les gens tout à fait illettrés adorent une puissance ou un esprit quels qu'ils soient. Bref,
les hommes ne peuvent supprimer en eux le besoin d'adoration. Or, ce besoin que
l'homme ne peut renier, a été mis en lui par Dieu afin qu'obéissant à ce désir, la
créature puisse communier avec son Créateur et jouir éternellement de sa présence.
2. Quant à ceux qui s'obstinent à ne pas croire en Dieu, même lorsqu'on leur présente
des arguments en faveur de son existence basés sur les principes de finalité et d'ordre,
ils ne croiraient pas en lui quand même ils le verraient. Et ceci pour deux raisons. Si
Dieu se révélait à eux en leur fournissant pour prouver sa divinité, des arguments
basés sur la logique divine, ils ne pourraient pas le comprendre parce que ces
arguments dépasseraient la portée de la logique et de la philosophie des hommes. Si,
par contre, il leur donnait des arguments tirés de la raison humaine, alors ces
incrédules le mépriseraient en disant : « A quoi bon ? Nous savons déjà tout cela. Dieu
n'est pas beaucoup meilleur que nous, car sa façon de raisonner ressemble fort à la
nôtre. Il peut avoir une certaine supériorité sur un être humain., mais c'est tout. »

3. L'homme est une partie de l'univers, il en est le miroir. C'est pourquoi la création,
tant visible qu'invisible, se reflète en lui. Dans ce monde il est le seul être qui puisse
interpréter la création. Il est pour ainsi dire le langage de la nature. La nature parle,
mais silencieusement. L'homme exprime par des paroles ces discours muets de la
nature.
4. L'homme est un être borné ; ses sens, soit extérieurs, soit intérieurs sont donc aussi
bornés. il s'ensuit qu'il ne peut percevoir tous les aspects de l'oeuvre de son créateur.
Pour les connaître tous, il lui faudrait des sens innombrables. Les quelques sens dont
nous sommes doués nous permettent de saisir certains aspects seulement de la création
et certains côtés de son caractère, et cela encore d'une manière approximative.
Toutefois, en dépit de cette insuffisance, notre coeur est capable d'avoir une perception
de la réalité qui est indépendante du raisonnement et dont l'exactitude ne peut être
contrôlée par l'intelligence. L'oeil humain quoique de dimensions réduites, embrasse
d'immenses distances et atteint des lieux où l'homme lui-même ne parviendra jamais.
Il contemple les astres éloignés de millions de lieues, il observe leur mouvement et
jouit de leur éclat. De même les yeux du coeur contemplent les mystères divins et cette
contemplation pousse l'homme à adorer Dieu, en qui seul les désirs de son coeur
trouvent leur réalisation parfaite et éternelle.

La recherche des réalités

1. Les mages d'Orient, venant d'un pays éloigné, furent conduits par l'étoile jusqu'au
soleil de justice. Ces hommes qui venaient de loin, purent satisfaire le désir de leur
coeur en contemplant et ,en adorant le Roi de justice, tandis que ceux de sa nation, les
juifs, le rejetèrent et le crucifièrent. Ils perdirent ainsi la bénédiction qui leur avait été
offerte. Les peuples viennent à lui de l'Orient et de l'Occident, cherchant les réalités » ;
quand ils l'ont trouvé, ils l'adorent de tout leur cœur et de toute leur âme et s'offrent
eux-mêmes en sacrifice à ses pieds. Par le moyen de ce sacrifice, ils héritent la vie
éternelle dans son royaume. Par contre, les chrétiens qui sont dans un sens son propre
peuple le renient par leurs paroles et. par leurs actions et subissent une perte
irréparable. Les mages d'Orient ne s'arrêtèrent pas assez longtemps auprès du Christ
pour voir ses miracles, sa crucifixion,, sa résurrection et son ascension; c'est pourquoi
ils n'eurent pas de message à proclamer dans leurs pays quand ils rentrèrent.
Exactement de même, certains hommes qui cherchent la réalité ne vivent pas en
communion bienheureuse avec le Seigneur, ils ne font pas l'expérience qu'il donne la
vie et qu'il a le pouvoir de sauver : ainsi ils n'ont aucun message à communiquer au
monde.
2. « On donnera à celui qui a et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas,
même ce qu'il a lui sera ôté » (Matth. 25 : 29). Si un homme n'a rien, comment peut-on
lui ôter quelque chose ? Il peut n'avoir pas de talents ou de responsabilités parce que
ceux-ci lui ont été ôtés à cause de sa négligence ; toutefois ce qu'il possède encore,
c'est la capacité de distinguer entre le vrai et le faux, entre ce qui est réel et ce qui ne
l'est pas. Mais même cette faculté de discernement lui est enlevée parce qu'il n'en fait
pas usage. Alors sa conscience s'engourdit et meurt. Il ne lui reste rien.
3. Il y a des hommes dont la faculté de discerner la vérité est tout à fait morte.
Lorsque, en dépit des instruments d'investigation les plus sensibles ils ne réussissent
pas à découvrir les origines de la vie sur le globe, au lieu de croire en Dieu comme en
la source de toute vie, ils préfèrent supposer que des germes vivants sont tombés des
météores - ce qui est une impossibilité ! Si la matière inerte dont le monde se compose
ne peut engendrer la vie, comment les météores faits de la même matière que l'Univers
pourraient-i1 le faire ? Si la substance des météores diffère de la substance terrestre,
comment les germes tombés des météores croîtraient-ils dans un monde absolument
différent du leur ? En réalité, c'est la présence de Dieu qui produit la vie. Dans l'eau,
qu'elle soit chaude ou glacée, il y a des êtres vivants. On trouve des êtres animés dans
les sources thermales. C'est partout le résultat de la puissance créatrice de Dieu. Il
produit la vie dans n'importe quelle condition.
4. La vérité ou la réalité se reconnaît à ses fruits. Celui qui agit conformément à la
réalité en recueille les heureuses conséquences dans le présent comme il recevra dans
l'avenir la récompense de sa fidélité. Les réalités seules peuvent apaiser la faim de
l'âme.
L'homme, si déchu et dégradé qu'il puisse être, aime et apprécie la vérité. Un menteur,
par exemple, peut bien mentir lui-même, mais il n'admet pas que d'autres disent des
mensonges. Tel autre, tout injuste qu'il est lui-même, se fâche si l'on pratique
l'injustice autour de lui. Ceci montre que, sans qu'il s'en rende compte, le désir de la
vérité et de la justice ainsi que la faculté de les discerner se trouvent naturellement en
l'homme ; en effet, c'est la vérité qui a créé l'homme de telle sorte qu'il éprouve un
véritable bonheur quand il vit dans la vérité et pour elle.
S'ils agissent contre la vérité, ils en souffriront, car ils font ainsi violence à leur propre
nature aussi bien qu'à la nature de la vérité qui les a créés.
5. La vérité a des aspects très divers. Chaque individu, suivant la capacité qui lui a été
donnée par Dieu, révèle ou exprime différents aspects de la vérité. Tel arbre attire tel
et tel homme par ses fruits, tel autre par ses belles fleurs. Les hommes s'efforceront
d'exprimer l'attrait spécial que ces arbres exercent sur eux. De même, le philosophe, le
savant, le poète, le peintre et le mystique, chacun selon son tempérament et ses
capacités, définiront et décriront les aspects des réalités qui les ont diversement
influencés. Il est impossible à un seul individu d'embrasser d'un coup d'oeil les réalités
et de décrire leurs multiples phases.
6. Pour nous assurer qu'une chose est vraie ou non, il nous faut la considérer de
plusieurs côtés. autrement nous risquons de commettre des erreurs. Si nous regardons,
par exemple, un bâton droit par un bout, en fermant un oeil, nous ne pouvons pas en
mesurer la longueur. Pour avoir une idée exacte du bâton, il nous faut le regarder de
différents côtés.
Celui qui cherche la réalité de tout son cœur et de toute son âme et qui la trouve, se
rend compte qu'avant qu'il se soit mis à sa poursuite, c'était la vérité elle-même qui le
cherchait pour l'amener à jouir d'une communion bénie avec elle. N'en va-t-il pas de
même lorsqu'un enfant retrouve sa mère ? Quand il peut s'asseoir de nouveau sur ses
genoux, il s'aperçoit que l'amour maternel l'avait cherché avant même qu'il pensât à
retourner vers sa mère.
La repentance et le salut

1. La repentance est nécessaire pour obtenir le salut, mais la repentance ne peut pas à
elle seule sauver les hommes à moins que leurs péchés ne soient aussi effacés par la
grâce de Dieu. Si je jette une pierre à un homme, que je le tue et que je m'en repente
ensuite, cette repentance peut m'empêcher de commettre de nouveau la même
criminelle folie, mais le mal que j'ai fait ne peut être réparé et l'homme ne peut être
ramené à la vie. Dieu seul peut me pardonner et fournir à celui que j'ai tué une
occasion de dépenser dans une autre vie, les forces perdues par cette mort subite. De
cette manière l'un et l'autre, meurtrier et victime, peuvent être sauvés.
2. C'est Dieu seul qui peut punir ou pardonner en parfaite connaissance de cause, car
seul il comprend les besoins intimes et l'état d'âme de l'homme ; il sait quelle sera la
conséquence de son pardon ou de son châtiment. Quand c'est l'homme qui punit, la
punition atteint rarement son but, parce qu'il ne connaît ni la misère intérieure ni les
dispositions du criminel. Dans certains cas, la punition fait plus de mal que de bien,
tandis que le pardon produit en lui une transformation presque miraculeuse. Pour
d'autres coupables, le pardon ne serait qu'une occasion nouvelle de commettre des
crimes ; le châtiment est nécessaire pour réformer ces hommes-là. Dieu seul connaît la
véritable nature de l'homme, et en y adaptant son action, il le délivre des occasions de
tomber dans le péché, aussi bien que des conséquences de ses fautes.
3. Le but que poursuit l'âme, c'est de posséder une joie réelle et permanente. Tous les
efforts faits pour atteindre ce but par des moyens coupables, ne tendent qu'à détruire
dans l'âme la capacité même de jouir de la félicité ; or, cette faculté de se réjouir de la
vérité périt d'elle-même si elle n'est pas cultivée et entretenue. Car Dieu qui dans son
amour a créé en nous cette puissance, cette capacité, cette faculté de jouir, veut que
dans la communion avec lui nous puissions savourer une joie éternelle. C'est en cela
que consiste le salut.
4. L'orgueil est un péché parce que l'orgueilleux a de lui-même une opinion
démesurée. De ce fait, il dédaigne la grâce de Dieu et tombant dans le péché, il livre sa
propre âme à la destruction. Le mensonge est un péché parce qu'il s'attaque à la vérité.
L'influence du mensonge réitéré sur le menteur est telle qu'il en arrive à se mentir à
lui-même. Il cesse de se fier au témoignage de ses sens intérieurs ou extérieurs,
doutant qu'ils lui disent la vérité. Finalement, il commence à mettre en doute même
l'amour et la grâce de Dieu ; il subit la perte de sa vie spirituelle et des plus riches
bénédictions divines. La convoitise est un péché parce que l'homme cupide cherche sa
satisfaction dans les choses créées en oubliant le Créateur. L'adultère est un péché
parce que l'homme adultère brise les liens de la famille; il détruit la pureté et la vie
même. Le vol est un péché parce que le voleur s'empare du salaire d'autrui. Il trouve
son bonheur dans leur ruine. Il est donc nécessaire que nous nous repentions de ces
péchés-là et de tous les autres et que nous obtenions le salut, pour que la volonté de
Dieu s'accomplisse dans nos vies terrestres, comme elle est faite dans le ciel parmi les
bienheureux et les anges.
5. Les savants et les philosophes partisans de l'évolution parlent de la survivance du
plus apte par le moyen de la sélection naturelle. Il y a cependant un autre fait capital,
et qui est prouvé par la vie transformée de millions d'êtres c'est que grâce à la sélection
divine, il y a une survivance des inaptes, c'est-à-dire des pécheurs. Des ivrognes, des
adultères, des meurtriers. des voleurs ont été tirés des abîmes du péché et de la misère,
et ont reçu la grâce d'une existence nouvelle faite de paix et de joie. Voilà le salut qui
nous a été obtenu par Jésus-Christ, qui est venu dans le monde pour sauver les
pécheurs (I Tim. -1, 15)

Le péché originel

1. Il arrive que les enfants héritent des maladies des parents, mais si ceux-ci perdent
par accident les mains, les pieds ou les yeux, les enfants ne naissent pas
nécessairement boiteux, manchots ou aveugles. Le cas est le même pour le péché
originel. Les enfants n'héritent pas toutes les qualités ni tous les défauts de leurs
parents ; le caractère des enfants résulte dans une large mesure de leurs actes délibérés.
S'ils héritaient tous les traits de caractère de leurs parents, ils ne pourraient pas être
rendus responsables de leurs propres actions. Les capacités et le tempérament ne sont
que partiellement héréditaires; leur développement et leur maturité dépendent
principalement d'un effort personnel.
2. Si un objet quelconque intercepte la lumière, il projette une ombre ou produit
l'obscurité. Une éclipse de lune est causée par la gravitation de la terre qui, à un
moment donné, se trouve entre le soleil et la lune quand l'ombre d'un objet éloigné
nous couvre, nous n'en sommes pas responsables puisque ce n'est pas nous mais cet
objet extérieur qui projette son ombre sur nous. Nous trouvant dans la portée de cette
ombre, nous en sommes affectés, mais nous n'en sommes pas responsables. Par contre,
nous sommes responsables des mauvaises pensées qui montent dans nos cœurs et nous
enveloppent d'ombre comme les nuages flottant dans le ciel produisent de l'obscurité.
3. Les péchés et leurs conséquences, quoique dangereux, ne sont pas éternels. Excepté
Dieu et ceux auxquels il a accordé la vie éternelle, rien n'est éternel. Si un autre que
Dieu pouvait exister par lui-même, distinct de Dieu, il faudrait qu'il possédât aussi les
attributs infinis qui sont inhérents à la divinité. Cela est impossible, car il ne peut y
avoir qu'un seul absolu.
L'existence de Dieu est la garantie d'un ordre de choses idéal, qui doit être à jamais à
l'abri de toute atteinte. Tout ce qui s'oppose à sa nature, c'est-à-dire le mal, ne pourra
exister pour toujours en sa présence. C'est pourquoi la création tout entière qui soupire
et est en travail parce qu'elle est assujettie au mal et à la vanité, sera délivrée à jamais
de l'esclavage de la corruption et amenée à la liberté glorieuse des enfants de Dieu.
(Rom. 8 : 20, 22).

Les Védas et le Panthéisme

1. Selon les Védas, Dieu (Brahma) seul est réel ; tout le reste n'est qu'illusion. L'âme
humaine est identique à Dieu, quoique, étant donnée notre ignorance, elle semble avoir
une existence distincte de lui. Si cela était vrai, cela voudrait dire que Dieu lui aussi est
soumis à l'illusion. Dans ce cas, il ne pourrait pas être Dieu. En réalité, Dieu est
affranchi de toute illusion et connaît toute chose. Les Védantistes prétendent aussi, que
plongé dans une contemplation profonde (samadhi) le dévot se dépouille de l'illusion
(maya) par le moyen d'une connaissance directe. La question se pose maintenant : si
tout est illusion, comment pouvons-nous être certains que le dévot absorbé dans le
samadhi et la connaissance qui découle de cet état ne sont pas aussi illusion ?
2. Si nous admettons l'autorité des Védas, nous serons obligés d'admettre - l'homme
étant identique a Dieu - que Dieu lui aussi est dans un état d'évolution, et que par le
moyen de l'illusion et de la transformation de la matière il cherche à atteindre la
perfection. Si la maya n'opère pas cette oeuvre pour Dieu, que les Védantistes nous
disent tout d'abord : 1° quelle est la cause première de la « maya »; 2° à la suite de
quels événements nous sommes enveloppés par la « maya » ; 3° quel est le but et
l'utilité dernière de la « maya ». Il est incontestable que Dieu est « en » toutes choses
et que toutes choses sont « en » Dieu. Mais Dieu « n'est » pas toutes choses, et toutes
choses ne sont pas Dieu. Ceux qui confondent le Créateur avec sa création sont
plongés dans l'ignorance.
Christ notre refuge

1. L'abeille vole de fleur en fleur pour recueillir du miel. Tandis qu'elle est absorbée
par ce travail délicieux, il se peut qu'elle soit piquée par une araignée. Cette piqûre
l'engourdit et l'abeille devient une proie facile pour son ennemie. De façon semblable,
Satan peut nous surprendre non seulement dans des lieux mauvais, mais aussi quand
nous sommes occupés à faire le bien ou engagés dans une oeuvre utile et agréable. Si
nous ne prions pas avec vigilance, nous courons le risque d'être surpris et vaincus par
Satan.
2. Le péché engourdit la conscience ; il affaiblit et désarme la volonté. L'homme réduit
à cet état-là, lorsqu'il se trouve face à face avec le danger et la mort, est tellement
impuissant que, tous ses efforts, il ne peut leur échapper. Un jour, en plein hiver, un
oiseau de proie s'était posé sur un cadavre qui s'en allait à la dérive vers les chutes du
Niagara et il était en train de. le dévorer. Quand l'oiseau fut tout près de la cataracte, il
voulut quitter le cadavre et s'envoler. Mais ses serres étaient gelées à tel point qu'il ne
put lâcher prise; il fut englouti par les eaux mugissantes et périt misérablement.
3. Pour être à l'abri de toute attaque et de tout danger de la part de l'ennemi, nous
devons, en vivant dans une communion permanente avec le Seigneur, devenir
semblables à lui. Dans les pays septentrionaux, la nature revêt de blanc les
quadrupèdes et les oiseaux de façon qu'ils ne se distinguent pas de la neige qui les
entoure et qu'ils sont à l'abri des attaques de leurs ennemis. Là où le milieu est
différent, les animaux sont vêtus différemment. Le caméléon et le turbot changent de
couleur en un instant ; en prenant la nuance de ce qui les entoure ils échappent eux
aussi à leurs ennemis. Les poissons aveugles, par contre, ne peuvent pas les imiter, car
ils ne discernent pas les couleurs autour d'eux. Il est donc capital d'avoir une vision
spirituelle bien nette afin qu'en regardant toujours à Christ et en le suivant nous
puissions devenir semblables à lui . alors, nous vivons en lui dans une sécurité
absolue, protégés contre toutes les embûches de l'ennemi..

Les ennemis, grands et petits


1. Les ennemis mortels de l'homme ne sont pas seulement les gros animaux comme les
tigres, les loups et les serpents. De petits germes qu'on ne voit qu'au microscope,
pénétrant dans notre corps avec la nourriture, l'eau ou l'air sont souvent plus dangereux
et entraînent des maladies fatales. De même, ce ne sont pas seulement les grands
péchés qui sont funestes à l'âme; les pensées cachées et coupables, germes de péchés
de toute espèce, sont souvent plus destructrices. Il nous faut nous efforcer dès le début
d'arracher de nos coeurs ces germes de mal afin que nous-mêmes et les autres
hommes, nous puissions être affranchis de leurs conséquences fatales.
2. Notre corps renferme des germes de santé, les phagocytes, aussi bien que des
germes de maladie, les bactéries. Si par Suite des circonstances, les germes nuisibles
s'accroissent et étouffent les germes de santé, l'homme tombe malade et s'il n'est pas
soumis à un traitement approprié, il succombe. Si au contraire les germes vitaux Sont
les plus forts, ils résistent et tuent les germes morbides, et l'homme jouit d'une santé
parfaite. De façon analogue, nos bonnes pensées triomphent des mauvaises et
favorisent en nous 1'épanouissement de la santé morale, à l'abri des ravages du mal.
Cette victoire ne peut être acquise sans le secours du Saint Esprit qui est la source de
toute bonté, de toute joie et d'une vie parfaite.
3. Les mauvaises pensées s'emparent de certains hommes avec tant de violence qu'ils
semblent perdre toute espérance et que dans leur désespoir ils se donnent la mort. Mais
au lieu de se tuer eux-mêmes, ils devraient plutôt, avec l'aide de Dieu, tuer ces pensées
qui détruisent leurs espoirs et leur capacité de vaincre. Au lieu d'employer du poison
où des armes mortelles pour mettre fin à nos vies, employons des armes spirituelles,
comme la prière, pour détruire le mal jusqu'à la racine. Alors, au lieu de nous détruire,
nous nous sauverons, et par là même nous aiderons d'autres à trouver aussi le salut.
4. L'égoïsme aussi est une espèce de suicide, car Dieu a fait don de certaines capacités
et de certaines qualités pour que nous les employions au service d'autrui. En aidant
notre prochain, nous découvrons une joie nouvelle, et nous nous faisons du bien à
nous-mêmes. C'est la loi de notre être intérieur. Si nous ne venons pas en aide aux
autres, nous perdons cette joie. Si nous n'aimons pas notre prochain comme
nous-mêmes, nous désobéissons à Dieu et cette désobéissance nous prive de la joie qui
est la nourriture par excellence de nos âmes. Or, la privation de cette nourriture, nous
fait mourir de faim. L'égoïste croit travailler à son propre bien-être, mais sans le savoir
il se fait beaucoup de mal à lui-même. Si seulement chacun individuellement pouvait
se décider à renoncer à l'égoïsme, toutes les querelles et toutes les luttes cesseraient
dans le monde et la terre deviendrait le ciel même, Tout péché a son origine dans
l'égoïsme. C'est pourquoi le Seigneur nous a commandé de renoncer à nous-mêmes et
de le suivre. (Luc 9 : 23).
5. Si nous sommes toujours occupés a critiquer et à blâmer notre prochain, nous nous
faisons beaucoup de mal, tant à lui qu'à nous. Mais si nous renonçons à notre propre
justice et que nous nous appliquons à nous critiquer nous-mêmes, cela nous rendra
meilleurs et nous apprendra à sympathiser avec les autres et à les aimer. De cette
manière, nous ferons du bien aux autres et à nous-mêmes, et nous hériterons la terre
promise qui est le royaume de l'amour véritable.

Étrangers et pèlerins sur la terre


1. Un certain philosophe fit une fois un voyage autour du monde pour découvrir un
lieu où régnassent le calme et le repos parfaits. Au lieu de cela, il trouva partout le
péché, la douleur, la souffrance et la mort. La connaissance et les expériences acquises
de cette façon l'amenèrent à la conclusion que ce monde-ci n'est pas destiné à être pour
nous une demeure permanente et véritable, mais que la vraie patrie, celle après
laquelle notre âme soupire est ailleurs. C'est là que l'âme trouvera un repos parfait.

2. Un oiseau fut capturé un jour près du golfe du Mexique et envoyé à huit cent
cinquante milles de distance. On l'enferma dans une cage et il ne connaissait pas le
chemin par lequel on l'avait fait passer. Mais lorsqu'il eut atteint toute sa croissance, il
retourna sans l'aide d'un guide à l'endroit d'où on l'avait emmené. Son instinct seul
l'avait conduit. De même, l'homme dont par la grâce de Dieu la conscience reste
éveillée, quitte ce monde transitoire et guidé, fortifié par le Saint Esprit il atteint le
ciel, la patrie éternelle pour laquelle il a été créé.
3. On raconte qu'un naturaliste emporta des oeufs de rossignol dans un pays froid,
espérant qu'une fois éclos, les oiselets s'y acclimateraient et l'adopteraient comme leur
patrie. Ils brisèrent leur coquille et y vécurent tout un été, mais l'automne venu ils
s'envolèrent dans leur pays d'origine et n'en revinrent jamais. Nous non plus, quoique
nés dans ce monde, nous ne sommes pas faits pour ce monde. Dès que le moment
viendra pour nous de quitter ce corps, nous nous envolerons vers la patrie céleste.
4. A l'instant de la mort, l'âme ne meurt pas, elle ne s'en va pas non plus dans un lieu
éloigné. Mais au travers de la mort, elle commence une existence nouvelle, elle entre
dans un nouvel état. Comme l'enfant qui vient de naître commence une existence
nouvelle en entrant dans un état nouveau, quoique le lieu dans lequel il continue à
vivre soit le même, ainsi l'esprit, après s'être détaché du corps entre dans un état
spirituel qui est beaucoup meilleur, quoique le monde dans lequel il vit soit le même
qu'auparavant. Le sein maternel pour l'enfant et le corps pour l'âme sont des lieux de
préparation pour l'avenir. Du corps., l'esprit passe devant la face de Dieu, où il réalise
sa destinée véritable et la perfection.
Foi et pureté

1. Sans la foi, aucune oeuvre, religieuse ou non, ne peut être menée à bonne fin. Si
nous n'avions pas confiance les uns dans les autres, la vie dans le monde serait
impossible. Puisque toutes choses ici-bas dépendent ainsi de la confiance mutuelle,
combien il est honteux de ne pas nous confier en celui qui a mis en nous la puissance
de croire ! Il est évident que si notre savoir était sans bornes, la foi serait inutile ; mais
puisque notre science équivaut à si peu de chose qu'elle dépasse à peine le néant, tant
que nous sommes dans ce monde, nous ne pourrons pas nous passer de la foi. Dans le
monde à venir, nous ne pourrons pas non plus nous en passer, car même alors notre
connaissance aura ses limites.
La foi, comme l'amour, peut être comparée à la .jeune tige de la vie qui s'attache à
Dieu; elle pousse ensuite des rameaux et des feuilles et produit en abondance du fruit
spirituel.
2. Par la foi, nous recevons le baptême de feu du Saint Esprit, sans lequel le baptême
d'eau est insuffisant pour purifier et pour sauver. Ni l'argent ni l'or ne peuvent être
purifiés par l'eau extérieure, puisqu'elle ne peut pénétrer au-dedans des métaux pour en
ôter les impuretés. Le feu est nécessaire pour les affiner. Le baptême de feu de l'Esprit
Saint est nécessaire pour purifier l'âme complètement.

Révélations de Jésus-Christ

1. Avant d'avoir reçu le Saint Esprit, nous ne pouvons comprendre la grandeur et la


divinité de Jésus-Christ, même si nous l'avons suivi toute notre vie. Ceci ressort
clairement des expériences des disciples. Christ appela les disciples qui avaient une
occupation très humble et leur confia une tâche plus noble et plus haute; du métier de
pêcheurs il les fit passer à celui de pêcheurs d'hommes. Ils vécurent avec lui trois
années pendant lesquelles ils accomplirent l'oeuvre la plus élevée, celle qui consiste à
prêcher aux hommes la bonne nouvelle du salut. Mais lorsque Christ fut crucifié et
enseveli, toutes leurs espérances descendirent avec lui dans la tombe. Les disciples
retournèrent à la besogne qui avait été jadis leur gagne-pain. Mais Christ qu'ils
croyaient mort, ressuscita d'entre les morts et leur apparut à diverses reprises. Un jour
qu'il se montra à ses disciples près de la mer de Galilée, Pierre le reconnut comme le
Seigneur, et fut si confus qu'il sauta à l'eau pour se cacher, et ceci pour deux raisons
très probables : l'une parce que c'était la première fois qu'il revoyait Jésus après son
reniement et qu'il avait honte en se disant : j'ai déclaré solennellement que je donnerais
ma vie même pour Christ et que je ne le renierais à aucun prix. Mais je l'ai renié quand
même. Comment puis-je maintenant me présenter devant lui ? La seconde raison était
très probablement celle-ci : qu'il était plein de confusion à l'idée que trois ans
auparavant à cet endroit même, lui et les autres disciples avaient été choisis pour
l'oeuvre magnifique d'appeler les hommes à Christ et qu'au bout de trois ans ils avaient
renoncé à cette noble vocation pour reprendre à la même place leur occupation
d'autrefois, tandis qu'ils auraient dû poursuivre le travail urgent pour lequel Christ les
avait mis à part. Lorsque Jésus ressuscita des morts, leurs espérances anéanties
revinrent aussi à la vie, et lorsqu'ils reçurent ensuite la plénitude du Saint Esprit, ils se
convainquirent à nouveau de la divinité de Jésus-Christ. En dépit de la persécution et
du martyre, ils prêchaient son nom et continuèrent jusqu'à la fin l'oeuvre à laquelle ils
avaient été appelés.
2. A l'heure actuelle, beaucoup de chrétiens se proclament disciples de Jésus-Christ
sans avoir toutefois l'expérience de sa grandeur et de sa divinité dans leur vie
personnelle. Ainsi ils s'égarent et se figurent que Christ était un homme supérieur et
parfait qui vécut et mourut il y a des siècles. Mais à ceux qui se repentent et qui
l'invoquent, il accorde une nouvelle révélation de lui-même et se montre à eux revêtu
de gloire et de puissance, comme à saint Paul. Ils renouvellent leur communion avec
lui et par le secours du Saint Esprit ils le servent fidèlement jusqu'à la fin de leur vie.

L'humilité

1. Si l'esprit de Christ n'habite pas en nous, nous ne pouvons être humbles et doux
comme celui qui, étant Dieu, prit la forme d'un serviteur. (Phil. 2 : 6, 7) . Ne
nourrissons pas un faux orgueil dans nos coeurs, oubliant ce que nous sommes en
réalité. L'orgueil nous éloignera de la vérité et nous nous perdrons nous-même. Quand
même nous serions plus avancés que d'autres hommes, nous ne devons pas oublier que
le diamant et le charbon sont faits de la même substance, c'est-à-dire de carbone.
Grâce à des conditions diverses, ils ont pris des formes différentes, mais le diamant,
tout en étant de grande valeur, se consume aussi complètement que le charbon.
2. Quand nous nous trouvons au bord d'un précipice et que nous regardons en bas,
nous sommes pris de vertige et remplis d'effroi, bien que la profondeur ne soit
peut-être que de quelques centaines de pieds. Mais nous n'avons jamais peur en
regardant les cieux, quoique notre regard atteigne à des hauteurs beaucoup plus
considérables. Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons tomber en haut ; tandis que nous
risquons de choir dans l'abîme et d'être brisés en morceaux. Quand nous regardons à
Dieu, nous nous sentons en sécurité en lui, et nous ne craignons aucun danger. Mais si
nous détournons notre visage de lui, nous sommes remplis de terreur à l'idée de tomber
loin des réalités et d'être mis en pièces.

Le temps et l'éternité

1. Le temps réel, c'est-à-dire le temps par rapport à Dieu, c'est l'éternité. Le temps tel
que nous le connaissons, n'est que l'ombre éphémère de ce temps réel. Pour Dieu, il n'y
a ni passé, ni futur, tout est présent. Sa connaissance étant illimitée, le passé et l'avenir
sont perpétuellement devant lui. Mais pour nous le présent n'existe pas, car il n'est
qu'un passage du futur dans le passé. Chaque instant émerge de l'avenir et glisse dans
le passé avec une rapidité inimaginable. Ni le passé, ni l'avenir n'existent pour nous,
car ils sont au-delà de nos prises. Le temps n'a donc aucune réalité pour nous.
Lorsque nous nous éveillons, il nous est presque impossible de dire combien de temps
s'est écoulé pendant notre sommeil. Même dans nos heures de veille le temps est si
irréel ! Dans la tristesse et la souffrance, un jour semble une année : dans la joie, une
année est comme un jour. Le temps n'a donc pas de réalité, car ce qui existe réellement
est vrai en toute circonstance : or nous n'avons pas le sentiment du temps qui fuit parce
que nous avons été créés pour la réalité qui est éternelle.
2. Une année, un mois., un jour, une heure, une minute, une seconde constituent ce que
nous appelons le temps par rapport aux incidents ou aux transformations qu'éprouvent
les corps dans l'espace. Prenez n'importe quel objet dans l'espace : les changements
qu'il subit créent le temps. Le moment où la transformation s'effectue, c'est le présent;
mais dès qu'elle est accomplie, c'est le passé ; si elle est encore à venir, c'est le futur.
Quand les objets se transforment, le temps aussi se transforme avec eux en futur ou en
passé. Par contre, les réalités ne subissent aucun changement, non plus que l'éternité
dans laquelle elles plongent.
3. Le temps peut changer et se perdre dans l'oubli ; mais rien de ce que nous avons fait
dans le temps ne s'effacera jamais; tout cela passera dans l'éternité. « Le monde passe
et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure à tout jamais. » (1.
Jean 2 : 17).

CHAPITRE PREMIER
La manifestation de la présence de Dieu,
PREMIÈRE PARTIE

Le disciple : O Seigneur, Fontaine de vie, pourquoi te caches-tu aux yeux de tes


serviteurs fidèles ? Pourquoi ne les réjouis-tu pas par la vue de ta personne ?
Le Seigneur : 1. Mon fils, le vrai bonheur ne dépend pas de la perception des choses
avec nos yeux : le bonheur dépend de notre perception spirituelle et de notre coeur.
Des milliers de gens me virent de leurs yeux en Palestine, mais tous n'en furent pas
plus heureux pour cela ; ils saisirent seulement les apparences passagères, celles qui
pouvaient être vues par les yeux de la chair. Le Dieu immortel et les esprits célestes ne
peuvent pas être discernés par les yeux de la chair. Par exemple, ne pouvant pas voir
votre âme, comment pourriez-vous voir son Créateur ? Lorsque les yeux de l'esprit
sont ouverts, alors, mais alors seulement vous pouvez voir Celui qui est Esprit (Jean 4
: 24). En ce moment-même, tu me vois, mais c'est uniquement grâce aux yeux de
l'esprit et non à ceux de la chair. Si tu dis que des milliers de gens me virent en
Palestine, penses-tu ,que leur perception spirituelle était éveillée ou que j'étais
moi-même devenu mortel ? Je suis né homme afin de m'offrir en rançon pour les
péchés du monde ; et lorsque l'oeuvre de la rédemption des pécheurs fut achevée (Jean
19 : 30), ce qui était corruptible en moi fut transformé en vie éternelle. C'est ainsi
qu'après ma résurrection ceux-là seuls qui avaient une perception spirituelle purent me
voir (Actes 10 : 40-41).
2. Dans le monde, il y a des hommes qui savent beaucoup de choses sur moi, mais qui
ne me connaissent pas, c'est-à-dire qui n'ont aucun rapport personnel avec moi ; ils
n'ont pas la vraie foi en moi et ne me prennent pas comme Seigneur et Sauveur. Il en
est d'eux comme d'un aveugle-né ; si vous lui parlez de certaines couleurs, du rouge,
du bleu ou du jaune, par exemple, et de leurs différences, il est incapable de se rendre
compte de leur beauté, de les apprécier à leur juste valeur. Il sait beaucoup de choses
se rapportant à elles, tous leurs noms, mais il ne pourra avoir une idée exacte de ce
qu'elles sont, que le jour où ses yeux s'ouvriront. Jusque-là, il leur est étranger. Ainsi,
quelque cultivé que soit un homme, ce n'est qu'à condition d'avoir une vision
spirituelle qu'il peut me connaître, voir ma gloire et comprendre que je suis le Dieu
incarné.
3. Il y a beaucoup de croyants qui sentent ma présence dans leurs coeurs et acquièrent
ainsi la vie et la paix intérieure ; mais quant à me voir directement, ils ne le peuvent
pas. Il en est d'eux comme de l'oeil, impuissant à voir ce qui l'entoure, quand un
remède, du collyre par exemple, y a été introduit. Alors même que l'oeil ne peut voir le
remède, il sent bien que ce remède agit intérieurement et améliore sa vue.
4. Mes serviteurs fidèles acquièrent la vraie paix par ma présence qu'ils ne peuvent
voir, mais ils n'en jouissent pas moins lorsqu'ils en sentent l'action en eux. De même,
ils ne peuvent voir le sentiment de leur coeur ni la voix de leur conscience, moyens par
lesquels ils arrivent à goûter la paix que donne ma présence.
La langue et les aliments sucrés nous fournissent un autre exemple. Ni la douceur des
mets, ni le sens exercé de la langue par lequel cette saveur est reconnue, ne sont choses
visibles. De même je donne à mes enfants la manne cachée (Apoc. 2 : 17 ) qui leur
procure vie et joie. Ceci est un secret que ni le monde ni les philosophes ne
connaissent.
5. Parfois, la maladie altère le sens du goût, Alors, quelque succulente qu'elle soit, la
nourriture répugne au malade. De même, la maladie du péché produit un changement
dans l'homme dont le coeur et l'esprit tombent malades. Tant qu'il se trouve dans cette
condition, ma parole, mon adoration et ma présence perdent leur charme pour lui.
Alors, au lieu d'en retirer la bénédiction, il critique et voit des défauts partout.
6. Ainsi que l'aveugle-né, beaucoup de croyants sont capables de voir en Jésus un
prophète et un fils d'homme, mais ils ne voient en lui le Christ et le Fils de Dieu que
lorsque mon pouvoir se fait sentir en eux une seconde fois (Jean 9 : 17 ; 35-38).
7. Une femme se cacha dans son jardin, au milieu d'arbres touffus, et son enfant la
chercha en pleurant. Il parcourut tout le jardin sans retrouver ses traces. Un serviteur
encouragea l'enfant à ne plus pleurer et à abandonner ses recherches ; il essaya de le
distraire en attirant son attention sur les fruits délicieux d'un manguier, sur d'autres
fruits encore, et sur les plus belles fleurs ; il lui offrit de lui en cueillir. Mais l'enfant
criait toujours plus fort : « Non ! non ! je veux ma mère. Sa présence est plus douce
que ces mangues et son amour meilleur que le parfum de ces fleurs ; d'ailleurs, le
jardin, avec tout ce que tu m'offres est à moi, car ce qui est à ma mère, m'appartient
aussi. Je veux ma mère ! » La mère entendait tout cela dans sa cachette ; elle en sortit
immédiatement, prit l'enfant dans ses bras, se mit à l'embrasser, et le jardin devint pour
l'enfant un véritable paradis. De même, mes enfants ne peuvent être satisfaits par
aucune des attractions ou des fruits que leur offre le jardin du monde ; il faut qu'ils me
trouvent moi-même. Et moi, Emmanuel, je suis toujours avec eux et je me révèle à eux
(Jean 14 : 20).
8. L'éponge est dans l'eau et l'eau est dans l'éponge. Ce sont deux choses différentes.
Ainsi, mes enfants demeurent en moi, et moi en eux. Ce n'est pas du panthéisme car le
Royaume de Dieu peut se trouver dans le coeur de quiconque demeure dans le monde
(Luc 17 : 21). Comme l'eau est dans l'éponge, ainsi je suis partout, dans chaque chose,
mais je ne suis pas les choses de ce monde.
9. Lavez un morceau de charbon de bois : sa noirceur ne s'en ira pas ; mais qu'il prenne
feu et sa noirceur disparaîtra. Ainsi le baptême de l'Esprit qui vient du Père et de moi
(car le Père et moi nous sommes un) lave le pécheur de la noirceur du péché et le
transforme en lumière du monde. (Matth. 3 : 11 et 5 : 1 4). Comme le feu est dans le
charbon et le charbon dans le feu, ainsi je demeure en mes enfants et eux en moi, et
par eux je me révèle à d'autres.
SECONDE PARTIE
Le disciple : Seigneur, si tu te montrais aux hommes d'une manière évidente, ceux-ci
n'auraient plus de doute au sujet de ta divinité et de l'existence du Père ; tous croiraient
et entreraient dans le vrai chemin.
Le Seigneur : 1. Mon enfant, je connais l'état d'âme des hommes et je me révèle à
chacun dans la mesure où il en a besoin. Pour conduire les hommes à la vraie vie, je ne
pouvais employer de meilleur moyen que de devenir homme comme eux. Ainsi, les
hommes purent comprendre que le Père n'est pas un être étrange et terrible, mais qu'il
est amour, et qu'il est comme eux, car ils furent créés à son
image et ils lui ressemblent.
C'est pour l'homme un désir naturel que de contempler celui en qui il croit, et qu'il
aime. Mais il est impossible de voir le Père, car sa nature dépasse l'intelligence
humaine, et celui qui désire voir l'insaisissable doit être insaisissable lui-même.
L'homme est limité, compréhensible et créé ; il ne peut voir Dieu.
Dieu qui est amour, a créé dans l'homme une nature faite pour aimer, identique à la
sienne ; il voulut se faire homme pour répondre au besoin d'amour du coeur humain.
Dieu s'incarna afin que son enfant, créature limitée, perceptible, et tous les anges,
puissent le contempler dans sa gloire céleste, et éprouver une grande joie.
Je suis l'image du Dieu invisible en qui habite corporellement toute la plénitude de la
divinité (Col. 1 : 15 ; 2 : 9).
Celui qui m'a vu a vu le Père (Jean 14 : 9). Ainsi, dans ma chair, je suis appelé le Fils,
mais en réalité je suis le Père éternel (Es. 9 : 6).
2. Le Père, l'Esprit et moi, nous sommes un. Ainsi, dans le soleil se trouvent réunies et
la chaleur et la lumière, bien que la lumière ne soit pas la chaleur, et qu'inversément la
chaleur ne soit pas la lumière ; toutes deux ne forment qu'une seule et même chose,
mais ces phénomènes, en dehors du soleil, se traduisent de manières différentes. Ainsi,
le Saint Esprit et moi, venant du Père, nous donnons lumière et chaleur au monde.
Comme le feu, le baptême du Saint Esprit consume toute espèce de péché et de mal
dans le coeur des disciples, les préparant pour le ciel, de par la purification et la
sanctification. Moi, qui suis la vraie lumière (Jean I : 9; 8 : 12 ), j'arrache les pécheurs
à l'abîme des ténèbres et les conduis à la vraie vie, leur apportant l'éternelle félicité du
ciel.
De même que la lumière et la chaleur ne sont pas séparées du soleil, nous ne formons
pas trois personnes, mais une seule.
3. Quels que soient les talents, les qualités, ou les dons que Dieu a déposés dans
l'homme, ils deviennent inutiles si l'homme ne les met pas en oeuvre. Il en est de
même de la foi au Dieu vivant ; si elle ne se maintient pas en santé, elle peut être
détruite par les attaques du péché et se changer en doute. Nous entendons dire souvent
: « Si mes doutes sur tel ou tel point étaient dissipés, je serais prêt à croire ». Ce
raisonnement est semblable à celui que tiendrait un homme qui, s'etant cassé un
membre dans un accident, demanderait au médecin de le soulager d'abord de sa
souffrance et de remettre ensuite le membre cassé. Un tel raisonnement est absurde, vu
que la douleur est due à la fracture des os. Il est donc nécessaire de remettre l'os en
premier lieu ; la douleur disparaîtra d'elle-même ensuite. Le péché
brise la communion entre Dieu et l'homme, et fait naître le doute qui est une maladie
spirituelle. Il est donc nécessaire de procurer en premier lieu la réconciliation avec
Dieu ; les doutes sur ma divinité, sur l'existence de Dieu ou d'autres points
disparaîtront d'eux-mêmes, et une paix dépassant toute intelligence, une paix que le
monde ne peut ni donner ni ôter, leur succédera dans le coeur de l'homme.
Je suis devenu homme pour réconcilier la créature avec le Père, afin qu'elle connût la
joie éternelle du ciel.
4. Dieu est amour. Dans tout être vivant et tout spécialement dans l'homme, Dieu a
déposé le germe de l'amour. Ainsi, il est nécessaire que le Dieu qui aime reçoive la
part d'amour qui lui est due, et que l'homme aime Celui qui créa le coeur, l'âme et
l'intelligence ; il est nécessaire que l'homme aime Dieu de tout son coeur, de toute son
âme et de toute sa pensée, ainsi que tout ce que Dieu a créé. Il aimera toute la création
pour l'amour de Dieu.
Si cet amour n'a pas comme but d'aimer Celui qui créa en l'homme le pouvoir d'aimer
de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa pensée, il est détourné de son
véritable but, et changé en égoïsme. L'amour devient ainsi son propre ennemi et
l'ennemi de la création. Tout homme égoïste commet un vrai suicide.
Je vous ai dit aussi : Aime ton prochain comme toi-même. Bien qu'en un sens tout
général l'humanité constitue notre prochain, ce commandement s'applique plus
spécialement à ceux qui vivent près de vous. Il est aisé d'être bon pour un étranger,
même s'il est votre ennemi, lorsqu'il n'est avec vous que deux ou trois jours seulement.
Mais arriver à supporter et à aimer comme soi-même un homme qui, vivant toujours
avec vous, vous occasionne ennuis et dérangements perpétuels, c'est une réelle
difficulté. Lorsque vous aurez remporté cette grande victoire, il vous sera aisé d'aimer
tout homme comme vous-même.
Lorsqu'un homme aime Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa pensée,
et son prochain comme lui-même, il n'y a plus de place pour le doute en son coeur. Le
Royaume de Dieu est au-dedans de lui et ce Royaume est éternel. Purifié par le feu de
l'amour, cet homme se transforme à l'image du Père qui est dans les cieux et qui le
créa jadis à sa propre image.
5. Je me révèle continuellement par mes paroles, c'est-à-dire par la Bible, à ceux qui
me cherchent d'un coeur pur. Tout comme je suis devenu homme pour sauver
l'humanité, de même ma parole, qui est esprit et vie (Jean 6 : 63), est écrite par des
hommes en un langage humain ; elle contient à la fois un élément humain et un
élément divin qui sont intimément unis en elle.
Quelques-uns ne peuvent pas me comprendre, mais ils ne peuvent pas non plus saisir
le sens de ma parole. Pour la comprendre, il n'est besoin ni d'hébreu, ni de grec, mais
de communion avec l'Esprit, car c'est inspirés par le Saint-Esprit que prophètes et
apôtres ont écrit.
L'Ecriture est divinement inspirée et ceux-là seuls qui sont nés de l'Esprit peuvent la
comprendre entièrement, quand bien même aux yeux du monde ils ne seraient que des
enfants ignorants. Ils comprennent le langage spirituel, car il est leur langue
maternelle. Les sages de ce monde ne peuvent le comprendre parce qu'ils ne sont pas
sous l'influence de l'Esprit.
6. Je désire me révéler dans le livre de la nature dont je suis l'auteur. La perception
spirituelle est essentielle pour me voir et me trouver dans ce livre ; sans cette vue
spirituelle, vous vous égarerez et ne me trouverez pas. Un aveugle peut lire en se
servant du bout de ses doigts à la place de ses yeux. Mais nous ne pouvons trouver la
vérité en usant d'une méthode analogue. Les sceptiques et les agnostiques nous l'ont
bien montré. Au lieu de la vraie compréhension, c'est la critique qui l'emporte chez
eux. Ils disent : « S'il y a un Dieu tout puissant, pourquoi y a-t-il des orages, des
tremblements de terre, la souffrance, le mal et la mort ? » Ceux qui raisonnent
ainsi montrent leur ignorance ; ils ressemblent à un sot qui commencerait à critiquer
un monument inachevé, ou les ébauches imparfaites d'un bon artiste. Quand il verra
son erreur, il sera honteux de ses premières critiques et entonnera des cantiques de
louange. Dieu ne créa pas, en un seul jour, le monde, tel que nous le voyons
maintenant ; de même, le monde n'atteindra pas la perfection en un jour non plus. Le
monde s'achemine vers la perfection. S'il était possible à l'homme de ce monde de voir
et de comprendre comme Dieu voit et comprend, il se rendrait compte de la perfection
des choses créées, il se prosternerait et déclarerait lui aussi que « tout cela est très bon.
» (Gen. I : 31).
7. L'âme, à l'intérieur du corps humain, est semblable à l'oiseau caché dans la coquille
de l'oeuf. Si, par un moyen quelconque, le petit poussin apprenait qu'à l'extérieur de sa
coquille se trouve un vaste monde rempli de fleurs de toutes sortes, de rivières et de
ravissantes collines ; si on lui disait que tout cela est très beau et que ses parents vivent
dans ce monde, et qu'il sera lui-même appelé à voir tout cela à peine sorti de sa prison,
il n'y comprendrait rien et ne croirait pas à ce qu'on lui raconterait. Si vous lui disiez
qu'il verra un jour tout cela de ses petits yeux, et qu'il volera de ses ailes encore
imparfaites, il n'en croirait rien non plus ; aucune preuve ne le convaincrait. Ainsi,
beaucoup de gens ne croient pas à la vie future et à l'existence de Dieu, parce qu'ils ne
peuvent les voir tant qu'ils sont dans leur enveloppe terrestre. Leur imagination,
semblable à des ailes trop faibles, ne peut s'envoler au-delà des limites de leur raison ;
ils ne peuvent voir avec leurs yeux de chair les choses éternelles et incorruptibles que
Dieu prépare pour ses bien-aimés (Es. 64 : 3 et 65 : 17).
La condition de l'âme dans le corps est encore semblable sur un autre point à celle du
poussin dans sa coquille : pour éclore à la vie éternelle, l'âme doit être réchauffée par
le Saint-Esprit comme le poussin est réchauffé par sa mère, et s'il n'en était pas ainsi,
l'âme courrait le danger d'être anéantie pour toujours.
L'homme, créature bornée, a besoin de la foi pour s'élever aux mystères du Dieu infini.
Il est impossible à l'intelligence limitée de la créature de pénétrer dans les profondeurs
des mystères de Dieu avec les faibles données qu'elle possède, de même qu'il est
impossible à une fourmi de pousser le verrou d'une porte de fer avec ses faibles pattes.
Bien des gens disent que si les choses ont eu un commencement elles doivent aussi
avoir une fin. Mais ce raisonnement n'est pas probant, car le Tout Puissant peut
parfaitement engendrer l'immortalité par la puissance de sa parole.
La vie est soumise ici-bas à la destruction et à la mort, parce qu'elle dépend de
circonstances où la mort et la destruction ont leur place ; mais, quand elle sera
débarrassée de tout ce qui change et périt, cette vie échappera à la mort ; au contact du
Dieu immortel, Fontaine de vie éternelle, cette vie devient elle-même éternelle.
« Je donne la vie éternelle à ceux qui croient en moi ; ils ne périront jamais et nul ne
les ravira de ma main. » (Jean 10 : 28).
« Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin, a dit le Seigneur, qui est, qui
était et qui vient, le Tout Puissant. » (Apoc. 1 : 8).

CHAPITRE II
Péché et Salut.
PREMIÈRE PARTIE

Le disciple: Seigneur, presque tous les hommes savent que c'est pécher que de
désobéir à Dieu et de négliger le culte qui lui est dû. Le résultat terrible de cette
impiété se manifeste clairement dans l'état actuel du monde. Mais ce qui me préoccupe
c'est de savoir ce qu'est réellement le péché. Comment un principe pareil a-t-il pu
apparaître dans la création, contrairement à la volonté du Dieu tout puissant, puisque
ce Dieu était là ?
Le Seigneur : Le péché, c'est le nom donné à l'action de rejeter la volonté de Dieu pour
suivre la sienne propre, de rejeter ce qui est bien et droit pour choisir ce qui est mal et
injuste. C'est encore satisfaire ses propres désirs, agir selon son bon plaisir ; et
pourtant, de cette manière, aucune vraie satisfaction, aucune joie réelle ne peut être
obtenue. Le péché n'a pas une existence propre, qui permette d'affirmer qu'il a été créé
; c'est plutôt un état. Pour donner la vie à toute la création, il n'y eut qu'un seul
Créateur, qui est un Dieu bon. Un bon créateur ne peut pas créer quelque chose de
mauvais ; ce serait contraire à sa nature. En dehors de ce créateur, Dieu bon, il n'en
existe aucun autre qui puisse avoir créé le mal.
Satan ne peut que corrompre ce qui fut créé bon. Il n'a lui-même aucun pouvoir
créateur. Par conséquent, le péché n'a pas été créé, n'a pas une existence propre. C'est
uniquement un état dans lequel l'homme égaré détruit. La lumière existe, mais non pas
l'obscurité, qui est simplement l'absence de lumière. De même, le mal et le péché n'ont
aucune existence propre, mais l'opposition au bien ou son absence, voilà le mal. Ce
sombre état de péché est des plus dangereux car, en raison même de cette obscurité,
bien des âmes sont détournées du droit chemin. Après avoir fait naufrage sur les récifs
de Satan, elles tombent dans le sombre gouffre de l'enfer et sont perdues. La raison
pour laquelle moi, qui suis la lumière du monde, je suis descendu ici-bas, c'est que je
veux délivrer de la puissance des ténèbres ceux qui se repentent et croient en moi. Je
les fais aborder en sécurité à leur port désiré, au ciel, où il n'y a plus trace d'obscurité.
(Ap. 21 : 23 ; 22 : 5)
2. Tu demandes comment fut amené ce triste état de péché, alors que le Dieu tout
puissant était là de toute éternité. C'est que Satan et l'homme ont accompli leurs
desseins mauvais de leur propre et libre volonté. Si maintenant tu demandes pourquoi
Dieu n'a pas mis en l'homme l'incapacité de tomber dans cet état, je répondrai que, si
l'homme avait été créé comme un simple instrument, une machine, ainsi que l'aurait
exigé cet état d'incapacité, il n'aurait jamais eu non plus le privilège de cette vraie joie
qui ne s'obtient que par le libre exercice d'une entière liberté, d'un libre arbitre. Adam
et Eve furent trompés par Satan parce que, dans leur état d'innocence, ils ignoraient la
fraude et le mensonge. Auparavant, Satan non plus ne connaissait pas l'orgueil, car ce
sentiment n'avait jamais existé encore bien que, ensuite, il ait rempli le coeur de Satan
comme celui de l'homme. Dès lors, la puissance de Dieu a aussi transformé et changé
ce sentiment pour sa gloire. Grâce à mon incarnation et à l'expiation de la croix,
l'amour sans bornes et si merveilleux de Dieu qui, sans cela serait demeuré inconnu, a
été manifesté. D'un autre côté, ceux qui sont sauvés apprécient plus profondément la
joie du paradis après avoir goûté l'amertume du péché, de même que la saveur
délicieuse du miel est plus agréable lorsqu'elle est en contraste avec des aliments
amers. Ainsi, ceux qui seront sauvés ne retourneront jamais à leur péché ; ils se
consacreront avec humilité, obéissance et amour à l'adoration de Dieu leur Père et
seront heureux en lui à jamais.
3. Les hommes aiment beaucoup à découvrir les taches du soleil, de la lune, ainsi que
les éclipses, mais ils ne se préoccupent nullement des taches, des éclipses produites
par le péché et dans lesquelles ils sont eux-mêmes entraînés. Ceci nous permet de
comprendre jusqu'à un certain point combien seront grandes les ténèbres si la lumière
qui est en l'homme devient ténèbres elle-même. Comme un corps atteint de la lèpre
s'engourdit et souvent devient insensible, de même le coeur et la conscience de
l'homme contaminé par la maladie du péché meurent en s'insensibilisant, tellement que
le malade ne se rend plus compte de ce que son état a d'affreux et de répugnant. Le
temps est proche où il comprendra en les réalisant les effets terribles de son péché, et
alors il y aura des pleurs et des grincements de dents.
4. Ceux qui sont plongés dans le péché ne se rendent pas compte du lourd fardeau
qu'ils portent, de même que ceux qui s'enfoncent dans la mer meurent asphyxiés sans
avoir rien senti du poids énorme qui pèse sur leurs têtes. Au contraire, l'homme qui,
sorti de l'eau, cherche à en emporter une quantité même très faible, en découvre
immédiatement le poids. A tous ceux qui, s'apercevant du poids de leur péché, se
repentent et viennent à moi, je donne le vrai repos, (Mat. 11 : 28 ) car c'est pour les
chercher et les sauver que je suis venu. (Luc 19 : 10).
5. Pour que la mort survienne, il n'est pas nécessaire que tous les membres soient
devenus faibles et inutiles. Non, mais il suffit que le coeur seul faiblisse ou que le
cerveau soit atteint. Un accident peut aussi mettre fin à la vie de tout le corps, bien que
ses membres soient en parfait état de santé. Un seul péché, qui empoisonne le coeur et
la pensée, suffit aussi à ruiner la vie spirituelle et même à détruire une famille entière,
une race, un pays, un monde, ainsi que le prouve abondamment les suites du péché
d'Adam. Mais une parole de mes lèvres suffit aussi pour donner la vie éternelle ou
pour ramener à la vie un mort comme Lazare.
6. Il est arrivé quelquefois qu'un animal ou un oiseau, qui retourne vers les siens après
avoir vécu dans la société et l'intimité des hommes, au lieu d'être bien accueilli par ses
anciens amis soit attaqué et tué par eux, tellement les habitudes et les manières des
animaux qui ont été les compagnons de l'homme leur paraissent étranges et différentes
des leurs. Si même des animaux ne peuvent plus supporter de vivre avec ceux de leurs
semblables qui ont été associés à la vie de l'homme, comment les saints et les anges
accueilleraient-ils dans le ciel des pécheurs qui ont vécu dans la société des méchants ?
Cela n'implique pas qu'ils n'aient aucun amour pour les pécheurs, mais la sainteté du
ciel paraîtra fort peu agréable à ceux-ci. Si, déjà dans ce monde, la compagnie des
hommes bons et justes est odieuse aux pécheurs, comment pourraient-ils, dans le ciel,
vivre éternellement en leur compagnie ? Un paradis tel que celui-là serait pour eux une
sévère punition, l'enfer lui-même. N'allez donc pas croire que Dieu expulsera les
pécheurs du ciel pour les jeter en enfer. Dieu, qui est amour, n'a jamais jeté personne
en enfer et ne le fera jamais. C'est sa propre vie de péché qui conduira le pécheur en
enfer.
Avant même que la vie d'ici-bas soit arrivée à son terme, avant d'aller au paradis ou en
enfer, dès cette vie présente, le paradis ou l'enfer existent dans le coeur de l'homme,
selon que ses actions sont bonnes ou mauvaises. En conséquence, celui qui veut
échapper à l'enfer éternel dans la vie future doit se repentir véritablement de son péché
et me donner son coeur afin que, par l'influence du Saint-Esprit qui habitera en lui, je
puisse en faire un fils du Royaume de Dieu pour toujours.
7. L'homme rebelle à son gouvernement et à son roi peut trouver un refuge dans un
pays étranger, mais celui qui se révolte contre Dieu, où pourra-t-il se cacher ? Où qu'il
aille, au ciel comme dans le sépulcre, il se trouvera en présence de Dieu. (Ps. 139 :
7-8). C'est pour son propre bonheur qu'il doit se repentir et se jeter aux pieds du
Seigneur.
8. Les feuilles du figuier ne suffirent pas à Adam et Eve pour se vêtir et se cacher ; il
leur fallut des vêtements de peaux de bêtes. Les bonnes oeuvres de l'homme sont
comme les feuilles de figuier ; elles ne lui suffisent pas pour échapper à ma colère à
venir. Il lui faut ma robe de justice.
9. Le papillon ne songe pas au pouvoir destructif de la flamme ; fasciné par la lumière,
il accourt et meurt. L'homme non plus ne songe jamais au pouvoir désastreux et
empoisonné du péché ; il se laisse attirer par ses plaisirs fictifs et court ainsi à sa ruine
et à sa destruction éternelle. Ma lumière seule petit sauver le pécheur de la mort pour
lui donner une vie et une joie éternelles, car l'homme a été créé pour jouir des bienfaits
de cette lumière véritable.
10. Le péché n'est pas une chose imaginaire ou illusoire. C'est un état d'obscurité
spirituelle produit par la volonté mauvaise de l'homme. Les germes du mal et le ver
rongeur du péché s'y sont développés et ont ruiné l'âme humaine pour toujours,
exactement comme, parfois, en très peu de temps, la petite vérole défigure pour
toujours les plus beaux visages. Dieu, qui n'a jamais créé la souffrance et la maladie,
n'a jamais non plus créé le mal et le péché. Ce sont là les conséquences de la
désobéissance de l'homme. La souffrance et la maladie ne sont pas davantage des
créations de l'imagination, mais bien la conséquence, la forme manifeste et extérieure
du péché, mal intérieur et invisible. La cause peut en être le propre péché de celui qui
souffre ou le péché des autres, à quelque famille ou corporation humaine qu'il
appartienne. Et quand tous les membres d'une famille humaine se repentent et
s'unissent en moi, mon sang vivifiant circule en eux, guérissant tous leurs maux,
intérieurs et extérieurs, pour leur accorder une santé parfaite à toujours. L'homme a été
créé pour cela. C'est ainsi qu'il sera heureux à perpétuité, auprès de son Créateur et
Maître.
SECONDE PARTIE
Le disciple: Seigneur, de nos jours certains savants considèrent comme sans valeur et
insoutenable la notion du salut obtenu par ton sang et ton sacrifice expiatoire. Ils
affirment que Christ n'est qu'un grand prédicateur, un exemple pour notre vie
spirituelle et disent que le salut et la joie éternelle dépendent de nos efforts et de nos
bonnes oeuvres.
Le Seigneur : 1. Rappelle-toi que les choses spirituelles et la religion ont plus à faire
avec le coeur qu'avec le cerveau. Le coeur est le temple de Dieu et quand ce coeur est
rempli de la présence de Dieu, le cerveau aussi en est illuminé. Le cerveau et les yeux
de l'intelligence sont aussi inutiles, sans la vraie lumière, que les yeux du corps ne le
sont sans la lumière du jour. Dans l'obscurité, on prend souvent un serpent pour une
corde ou une corde pour un serpent. C'est ainsi que les savants du monde égarent les
âmes simples par une interprétation perverse des réalités spirituelles. Pour séduire Eve,
Satan ne se servit pas d'une brebis ou d'une colombe, mais bien d'un serpent, le plus
subtil de tous les animaux. Il se servit de cette subtilité comme d'une arme affilée. En
ces temps-ci, Satan trouve dans l'esprit et la science des sages comme dans
l'intelligence des savants, des outils bien aiguisés pour séduire et ruiner les croyants.
Et il sait s'en servir. L'intelligence seule ne suffit pas ; il faut encore l'innocence de la
colombe. C'est pourquoi j'ai dit : « Soyez prudents comme des serpents et simples
comme des colombes ». (Mat. 10 : 16).
2. Ma croix et l'expiation ont le même effet pour ceux qui croient que le serpent
d'airain pour les Israélites malades de la morsure des serpents. Quiconque le regardait
avec foi était sauvé (NOM. 21 : 9. Jean III : 14-15). Les uns, qui ne le considéraient
que comme un morceau d'airain, au lieu de croire, se mettaient à argumenter, disant : «
Qu'y a-t-il donc dans ce morceau d'airain ? Le contempler est pure folie. Si Moïse
commençait par nous donner un antidote, un remède ou une médecine capable de nous
guérir de la morsure empoisonnée des serpents, alors il vaudrait la peine de croire.
Mais quel spécifique contre le poison pourrait-il bien y avoir dans cette perche ? »
Tous ceux qui raisonnèrent ainsi moururent. Les hommes qui, de nos jours, refusent de
croire aux moyens de salut offerts par Dieu, seront perdus et mourront empoisonnés
par leur propre péché.
3. Un jeune homme tomba dans un précipice et se blessa si grièvement que, ayant
perdu beaucoup de sang, il était en danger de mort. Son Frère le conduisit à un docteur
qui dit : « La vie est dans le sang. Ce jeune homme a perdu tellement de sang qu'il ne
vivra que si quelqu'un consent à donner son propre sang, sa propre vie pour lui. Faute
de quoi, il mourra d'ici à peu de temps ». Le père, dans son immense amour, s'offrit
immédiatement et le sang du père, infusé dans les veines du fils, lui rendit la vie. Ainsi
l'homme, tombé du roc de la sainteté, a été blessé par son propre péché et se trouve en
danger de mort, ayant perdu la vie intérieure de l'esprit. A ceux qui se repentent et
croient en moi, je donne mon propre sang, afin qu'échappant à la destruction, ils
obtiennent la vie éternelle. C'est dans ce but que je suis venu sur la terre, afin qu'ils
aient la vie, qu'ils l'aient avec abondance et puissent vivre a jamais. (Jean 10 : 10).
4. Autrefois, il était interdit de consommer le sang des animaux et de manger la chair
de certaines bêtes, pour échapper à diverses maladies, et afin que l'homme qui
commença par avoir un corps animal, ne développe pas ses instincts cruels et matériels
en mangeant cette viande et en buvant ce sang. Il fut ainsi préservé de bien des maux.
Mais maintenant « ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est véritablement
un breuvage, » (Jean 6 : 55) car une vie spirituelle inépuisable en découle, procurant la
santé parfaite, avec la paix et la joie éternelle.
5. Avoir obtenu le pardon de son péché n'est pas le salut complet. La plénitude du
salut, c'est l'entière délivrance du péché. Celui qui a obtenu le pardon de ses péchés
peut néanmoins mourir de son péché. Un homme, depuis longtemps malade, avait fini
par avoir le cerveau détraqué, si bien qu'un jour il attaqua et tua un de ses amis.
Condamné à être pendu, il fut grâcié à la requête de sa famille qui prouva au juge que
seule sa folie était la cause de ce meurtre. Et voilà que, avant que ses parents eussent
pu aller lui annoncer la bonne nouvelle du pardon, on vint leur dire qu'il était mort des
suites de sa maladie mentale, celle même qui l'avait rendu meurtrier. Demandez-vous
donc quel était maintenant l'avantage du pardon accordé à cet homme ? Sa seule
sécurité était dans la guérison de son
mal ; alors il attrait pu se réjouir pleinement du pardon reçu.
Je suis venu en chair précisément pour être le rédempteur de tous ceux qui se repentent
et croient, en les délivrant à la fois de la cause et de l'effet du péché, de la maladie, du
châtiment et de la mort. Ceux-là ne mourront pas dans leur péché, car je les en délivre
(Mat. I : 21). Ils surmontent la mort et héritent la vie éternelle.
6. La vie de beaucoup d'hommes est en danger comme celle de ce chasseur qui, se
trouvant dans la forêt, au bord d'une rivière, vit un rayon de miel dans un arbre et
monta aussitôt dans l'arbre pour manger le miel. Il ne se doutait pas qu'à ce moment sa
vie était menacée de trois côtés à la fois et qu'il était vraiment dans les griffes de la
mort. Sous l'arbre, dans la rivière, un alligator attendait, la gueule ouverte, le moment
de l'avaler ; derrière lui, des loups étaient aux aguets dans la forêt ; enfin, les racines
même de l'arbre étaient toutes rongées par les vers. Qu'arriva-til ? L'arbre déraciné
tomba dans la rivière et le chasseur devint la proie de l'alligator. De même, attaché à ce
corps mortel, l'esprit goûte pour un peu de temps la saveur trompeuse du péché. Il se
tient, indifférent et léger, dans cette dangereuse forêt du monde où Satan rôde,
cherchant à le faire périr. Il ne se doute pas que l'enfer attend le moment de l'engloutir,
ni que les vers invisibles et subtils du péché ont déjà rongé les racines de sa vie, si bien
que son âme y tombera et en sera la victime pour toujours. Au contraire, celui qui
vient à moi sera sauvé du péché, de Satan et de l'enfer. Je lui donnerai la vie éternelle
que nul ne pourra lui ravir. (Jean 10 : 28 et 29).
7. Par des paroles enjôleuses et des appâts trompeurs, Satan attire les hommes et les
engloutit, exactement comme un serpent, par son regard fascinateur, attire les oiseaux
qu'il convoite. Ceux qui croient en moi sont sauvés de la fascination de ce vieux
serpent et de l'attraction de ce monde. Comme l'oiseau, en dépit de la forte attraction
de la terre et malgré les lois de la gravitation, s'envole en liberté dans l'air pur, ainsi le
croyant, attiré par mon amour et s'envolant sur les ailes de la prière, arrive au port en
sûreté et y goûte l'éternelle félicité.
8. Aux yeux d'un homme atteint de la cataracte tout prend une teinte sombre ; ainsi un
génie lui-même apparaît sous un jour différent à l'ignorant ou au savant, selon le
développement de chacun d'eux. Ne trouvez pas cela extraordinaire puisque, allant
plus loin encore, ils me considèrent comme un simple pêcheur pareil à eux.
Ce que je veux, c'est donner aux hommes le salut, et ce salut ne dépend pas de
l'opinion du monde car la vie des croyants en démontre la constante réalité. Comme
Lévi qui, dès les reins d'Abraham a payé la dîme bien qu'il ne fût pas né, ainsi les
croyants de toutes les générations ont obtenu sur la croix l'expiation et la rémission de
leurs péchés, bien que n'étant pas nés à ce moment-là, car le salut est pour toutes les
races dans le monde entier. (Héb. 7 : 9-10).
9. Prétendre qu'un homme peut obtenir le salut par ses propres efforts et ses bonnes
oeuvres, c'est un non-sens. Ceux qui gouvernent le monde et les professeurs de morale
disent : « Devenez bons en faisant le bien. » Mais moi je vous dis : « Soyez bons
vous-mêmes avant de faire le bien, alors vous accomplirez spontanément de bonnes
oeuvres, parce que votre vie aura été renouvelée et sera devenue bonne. Seul un
insensé pourrait prétendre que les fruits amers d'un arbre sauvage deviendront bons
pourvu que cet arbre continue pendant assez longtemps à en produire. La vérité, c'est
qu'un arbre sauvage ne donnera de bons fruits qu'à la condition d'être greffé avec un
bon arbre ; ainsi, ce qu'il y a en lui d'amer mourra peu à peu, à mesure que la vie du
bon arbre pénétrera en lui et ses fruits prendront la saveur de ceux de l'autre arbre.
C'est ce que nous appelons une nouvelle création. De bonnes oeuvres sont alors le fruit
de cette vie nouvelle née du salut, et ce fruit demeure éternellement.
10. Beaucoup savent par leur propre expérience que la bonté naturelle de l'homme ne
peut ni procurer la vraie paix de l'âme ni donner l'assurance de la vie éternelle ou du
salut. Cela se voit dans le cas du jeune homme riche qui vint m'interroger sur cette
question là. Il me demandait ce qu'il faut faire pour devenir bon et avoir la vie
éternelle (Mat. 19 : 16-22). Tout d'abord, il n'avait aucune idée juste sur ce que j'étais,
de même qu'un grand nombre des hommes d'aujourd'hui, instruits selon le monde,
mais pas selon Dieu. Il pensait que j'étais un de ces docteurs dont la vie ressemblait à
un sépulcre blanchi et qui n'avaient pas un atôme de bonté vraie à leur crédit. Je lui dis
donc : « Pourquoi m'interroges-tu au sujet de ce qui est bon ? Il n'y a pas de bon que
Dieu seul. » Il ne sut pas reconnaître en moi le seul bon, celui qui donne la vie et,
lorsque je m'efforçai de le faire entrer dans ma communion, pour faire de lui un
homme vraiment bon et lui donner la vie, il s'en alla tout triste. Une chose ressort
clairement de son exemple, c'est que son obéissance aux commandements et ses
efforts pour devenir bon n'ont pas suffi à combler ses besoins ou à lui donner
l'assurance de la vie éternelle. Si ses bonnes oeuvres lui avaient procuré la paix, il ne
serait pas venu m'interroger ou, s'il était venu néanmoins, il ne serait pas parti tout
triste mais, après avoir
entendu mes paroles, il s'en serait allé plein de joie. Paul, au contraire, qui me comprit
parfaitement, atteignit aussitôt son but car, au lieu de devenir triste, il laissa tout et me
suivit (Phil. 3 : 6-13). C'est ainsi qu'à ceux qui renoncent à se confier en leur propre
justice pour me suivre, je donne la vraie joie et la vie qui demeure à jamais. .
CHAPITRE III
La Prière.
PREMIÈRE PARTIE

Le disciple : On entend souvent dire « Si Dieu a une entière connaissance de nos


besoins et s'il sait la meilleure manière d'y pourvoir, non seulement lorsqu'il s'agit du
bien, mais encore à l'égard du mal, quelle nécessité y a-t-il donc pour nous de lui
exposer ces besoins, spirituels ou matériels ? »
Pouvons-nous, par nos prières, changer quelque chose aux desseins de Dieu ?
Le Seigneur : Ceux qui posent de telles questions montrent par là même qu'ils ignorent
ce qu'est la prière. Sinon, ils sauraient que prier ce n'est pas simplement mendier
auprès de Dieu. La prière n'est pas un acte de mendicité pour les besoins de notre vie.
Prier, c'est obtenir Dieu Lui-même, Celui qui donne la vie. Lorsque vous posséderez
cette source de vie et serez ainsi unis à Lui, vous aurez la vie et, dès lors, il pourvoira
lui-même à tous vos besoins. Aux hommes vains, mauvais, Dieu, dans son amour,
accorde les choses de ce monde, celles-là seules : ils ne peuvent pas avoir de besoins
spirituels, puisqu'ils n'ont pas de vie spirituelle. Si même des bénédictions de cet ordre
leur étaient dispensées, ils ne les apprécieraient pas et les auraient bientôt perdues. A
ceux qui sont sauvés, Dieu accorde toutes sortes de dons, mais spécialement les dons
spirituels afin que, détournant leur coeur des choses visibles qui ne sont que pour un
temps, ils concentrent leurs aspirations sur celles qui sont invisibles et qui durent à
toujours. En priant, ils ne changent rien aux desseins de Dieu, mais ceux qui sont de
Dieu deviennent conscients de son dessein à leur égard. Quand ils sont en prière, Dieu
lui-même se manifeste à eux dans le sanctuaire de leur coeur et s'entretient avec eux.
Lorsque son but, qui est toujours de leur faire du bien et de les bénir, leur est ainsi
dévoilé, leurs doutes et leurs murmures sont éloignés pour toujours.
2. Prier, ce fut toujours et c'est encore respirer l'atmosphère divine. Dieu communique
son Esprit Saint à ceux qui prient dans cette vie, afin qu'ils deviennent des « âmes
vivantes . (Gen. 2. : 7 ; Jean 20 : 22). Ils ne mourront jamais, car l'Esprit de Dieu qui
pénètre dans leur être spirituel par le moyen de la prière leur donne vigueur, santé et
vie éternelle. Dieu, qui est amour, leur a libéralement dispensé tout ce qui est
indispensable à leur vie spirituelle et matérielle. C'est parce que, dans sa grâce, il
accorde ainsi gratuitement le salut et le Saint Esprit, que l'homme naturel n'apprécie
pas ces dons, que seule la prière lui apprend à estimer réellement. C'est comme pour la
chaleur, l'eau et l'air, sans lesquels il serait impossible à l'homme de vivre. Dieu les lui
ayant dispensés libéralement et gratuitement, il ne réfléchit même pas à la nécessité de
rendre grâce pour ces bienfaits. Bien au contraire, il estime l'or, l'argent, les bijoux,
toutes les choses qui coûtent cher, ne s'obtiennent que difficilement et qui, cependant,
n'apaisent ni la faim ni la soif et ne procurent aucune satisfaction, aucun repos d'esprit.
Et c'est ainsi que, dans le domaine spirituel, l'homme naturel se conduit en insensé ;
mais la sagesse et la vie sont données à l'homme de prière.
3. Ce monde ressemble à un vaste océan dans lequel beaucoup enfoncent et se noient.
Cependant, les poissons vivent même dans l'eau la plus profonde grâce à ce que,
remontant à la surface, ils absorbent une certaine quantité d'air qu'ils savent garder
intérieurement et qui leur permet de vivre au fond de la mer. Ainsi, ceux qui,
remontant à la surface de l'océan de la vie aspirent, au moyen de la prière solitaire,
l'atmosphère vivifiante de l'Esprit Saint, restent forts et bien vivants dans l'océan du
monde.
4. Bien que les poissons demeurent toute leur vie dans l'eau salée de l'océan, ils ne
deviennent jamais eux-mêmes du sel, parce qu'ils vivent. De même l'homme de prière
qui vit dans l'océan du monde imprégné de péché, demeure pur de toute souillure ; par
la prière, son être spirituel se renouvelle sans cesse dans la fontaine de vie
5. Lorsque le soleil darde ses chauds rayons sur l'eau salée de l'océan, les vapeurs qui
s'en dégagent s'élèvent bientôt et se forment en nuages. Alors, changées en eau douce
et rafraîchissante, elles retombent en averses bienfaisantes, car lorsque les vapeurs
s'élèvent, le sel et les impuretés contenues dans l'eau restent dans la mer. Ainsi, les
pensées et les désirs de l'homme de prière s'élancent vers le Ciel où les rayons du
Soleil de justice purifient sa prière de toute trace de péché. La prière devient alors un
vrai nuage qui répand du ciel sur la terre une pluie de bénédictions apportant ainsi à
beaucoup, un renouvellement de vie.
6. Toute leur vie, les oiseaux aquatiques nagent dans l'eau et pourtant, lorsqu'ils se
mettent à voler, leurs ailes sont parfaitement sèches. Ainsi lorsque, pour l'homme de
prière qui a vécu dans le monde, l'heure vient de s'envoler vers le ciel, il est
parfaitement nettoyé des taches et des souillures de cette terre de péché ; il arrive pur
et sans tache au lieu de l'éternel repos.
7. Pour un navire, c'est tout à fait normal d'être dans l'eau, mais il est en danger et bien
vite perdu si l'eau le pénètre et le remplit. Ainsi, pour un homme, c'est tout à fait
normal d'être dans le monde et d'aider son prochain à atteindre le vrai but de la vie,
mais si le monde entre en lui pour prendre possession de son coeur, c'est la ruine et la
perdition. L'homme de prière garde à jamais son coeur dans la soumission à Celui qui
l'a créé pour y bâtir son propre temple de sorte que, dans ce monde aussi bien que dans
le monde à venir, il demeure en paix et en sécurité.
8. Chacun sait qu'il est impossible de vivre sans eau. Chacun sait aussi que celui qui
est submergé par l'eau perd la vie : il meurt asphyxié. Il est donc nécessaire de se
servir d'eau et de boire de l'eau, mais il n'est pas nécessaire de mourir asphyxié dans
cette eau. Ainsi, il est nécessaire de se servir du monde et des choses du monde, car il
est difficile de vivre sans cela : Dieu a créé le monde pour que l'homme en use, mais il
n'est pas nécessaire de s'y noyer. Ceux qui abandonnent la prière, cette respiration de
l'âme, meurent asphyxiés.
9. Lorsque la vie spirituelle souffre à cause de l'abandon de la vie de prière, les choses
du monde, créées pour être utiles à l'homme, lui deviennent une cause de souffrance et
de mort. Le soleil, dont la lumière et la chaleur donnent la vie et l'accroissement à
toute végétation, peut aussi la flétrir et la dessécher. L'air, qui renouvelle la santé et la
vie de tous les animaux, peut aussi causer leur mort. « Veillez et priez ».
10. Votre vie doit être telle que, vivant dans le monde, vous ne soyez pourtant pas du
monde. Ainsi, ce qui est dans le monde, au lieu de vous faire du mal, vous deviendra
utile en vous aidant à progresser spirituellement, à la seule condition que, votre coeur
reste tourné vers le Soleil de justice. Dans beaucoup d'endroits sales et boueux, on voit
s'épanouir des fleurs dont le suave parfum fait disparaître
toutes les mauvaises odeurs. On y voit aussi des plantes qui, pour s'épanouir, se
tournent vers le soleil afin d'en recevoir chaleur et lumière. Ainsi, la pourriture du sol,
au lieu de leur nuire, agit comme un bon engrais qui aide à leur croissance. C'est ainsi
que l'homrne qui prie, en tournant toutes ses pensées vers moi, reçoit chaleur et
lumière. Il me glorifie par le témoignage de sa vie sainte et renouvelée qui dissipe les
effluves malsaines du monde et dont les fruits parfumés durent en vie éternelle.
SECONDE PARTIE
1. En insistant sur la prière, je ne veux pas dire que, sans elle, Dieu n'accordera aucun
bienfait, ni que les hommes doivent, lorsqu'ils prient, lui exposer tous leurs besoins. Le
grand avantage de la prière réside dans le fait que, par cette attitude, le coeur de
l'homme se place dans les dispositions les meilleures pour recevoir le Dispensateur de
toute grâce et pour obtenir de lui de précieuses bénédictions. Voilà la raison pour
laquelle l'effusion du Saint-Esprit fut accordée aux disciples non pas dès le premier
jour, mais au bout de dix jours de préparation spirituelle. Celui qui reçoit une
bénédiction sans s'y être préparé ne sait ni l'apprécier à sa valeur, ni la retenir d'une
façon permanente, Par exemple Saül, qui avait reçu et son royaume et le don du
Saint-Esprit sans les avoir recherchés, les perdit au bout de peu de temps. Il avait
quitté sa maison non pour obtenir le Saint-Esprit et un royaume, mais pour chercher
ses ânesses perdues (1 Sam. 9 : 3, 10, etc.).
2. L'homme de prière seul sait comment invoquer Dieu en esprit et en vérité. Bien des
hommes ressemblent à la sensitive : pendant qu'ils prient, ils sont sous l'influence du
Saint-Esprit et reçoivent ses enseignerments. Alors, pour un peu de temps, ils se
sentent humiliés et courbent la tête devant Dieu mais, dès qu'ils ont quitté le lieu où ils
étaient en prière, ils redeviennent exactement ce qu'ils étaient auparavant.
3. Si l'on néglige de soigner un arbre ou une plante qui produisent de belles fleurs et de
bons fruits, ils perdent bien vite leurs excellentes qualités pour redevenir des plantes
sauvages. De même, le croyant qui délaisse la prière, néglige sa vie spirituelle et cesse
de demeurer en moi, ne sera plus en état de recevoir des bénédictions, retombera dans
son ancienne vie de péché et sera perdu.
4. En regardant un héron qui se tient pensif sur le bord d'un lac ou d'un étang, nous
pourrions nous imaginer qu'il songe à l'excellence de cette eau qui purifie et désaltère,
ou encore, nous pourrions comparer son attitude à celle de quelqu'un en train de
méditer sur la puissance et la gloire de Dieu. Nous savons bien pourtant que ses
pensées sont tournées d'un côté tout différent et que, des heures durant, il veille pour
attraper une grenouille ou quelque petit poisson et les avaler. C'est exactement ainsi
qu'une masse de gens s'adonnent à la prière et à la méditation. Tout en se tenant au
bord de l'océan divin, ils n'accordent pas une pensée à la puissance et à l'amour de
Dieu, à son Esprit qui peut les nettoyer et les purifier du péché, non plus qu'à sa nature
divine qui seule peut satisfaire leur âme. Ils sont absorbés par l'unique préoccupation
de savoir comment obtenir la chose qu'ils désirent et qui peut les aider à jouir des
plaisirs passagers de ce monde. Ils détournent leurs regards de la source du vrai repos
pour les diriger vers les choses passagères de ce monde et périr avec elles.
5. L'eau et le pétrole qui sortent tous deux du sein de la terre se ressemblent à première
vue. Cependant leurs caractéristiques et leurs effets sont absolument différents ; c'est
ainsi que l'eau éteint le feu tandis que le pétrole l'anime. De même, le monde et ses
vanités, le coeur et sa soif des choses divines, sont les créations du même Dieu. Eh
bien ! le coeur qui s'efforce de trouver à se satisfaire dans la richesse, la pompe et la
gloire de ce monde arrive au même résultat que celui qui, pour éteindre un incendie y
jetterait du pétrole. Le coeur ne peut avoir de repos et ne peut être satisfait que par
Celui qui, après l'avoir créé, a mis en lui cette aspiration, cette soif des choses divines
(Ps. 42 : 1-2). C'est pourquoi, à quiconque viendra à moi je donnerai de l'eau de la vie,
afin qu'il n'aie plus soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source qui
jaillira jusqu'en vié éternelle. (Jean 4 : 14).
6. C'est en vain que les hommes s'efforcent de trouver la paix dans le monde et par les
choses du monde. L'expérience prouve qu'on n'y trouve ni paix véritable, ni
satisfaction. Ces gens-là ressemblent à un garçon qui se mit à peler un oignon,
enlevant couche après couche dans l'espoir de trouver au centre une amande, comme
en soulevant le couvercle d'une boîte on peut atteindre ce qui est à l'intérieur. De telles
espérances sont vaines et mensongères ; on ne trouve dans le monde que pelure sur
pelure comme pour l'oignon. Ce monde et tout ce qu'il contient ne sera finalement que
vanité des vanités (Ecelés. 12 : 10) pour l'homme, jusqu'à ce qu'il découvre la source
de toute vérité et de toute vie.
7. Le monde est semblable à un mirage que celui qui cherche la vérité s'efforce
d'atteindre, croyant y trouver l'eau de la vie pour son âme assoiffée. Il n'y trouve
finalement que désappointement et désespérance. L'eau de la vie ne se trouvera jamais
dans des citernes crevassées ou des étangs artificiels. Ceux-là seuls qui se tiennent en
ma présence dans un sincère esprit de prière la trouveront en abondance auprès de moi
qui suis la source de l'eau vive. Ils obtiendront satisfaction et vie éternelle (Es. 55 : 1 ;
Jer. 2 13 ; Ap. 21 : 7).
8. Une femme parcourait un jour la montagne en portant un petit enfant dans ses bras.
L'enfant aperçut une belle fleur au bord du chemin et, pour la saisir, il fit un bond tel
que, échappant aux bras de sa mère, il tomba sur une grosse pierre où il se brisa la tête
; il mourut sur le coup. Il est bien évident que l'enfant était en sûreté dans les bras et
tout près du coeur de sa mère qui l'aimait et le nourrissait. C'est l'attraction exercée sur
lui par les fleurs du bord du chemin qui lui fit perdre la vie. Il en est de même pour le
croyant dont la vie n'est pas ancrée dans la prière. S'il n'apprend pas à connaitre ma
sollicitude et mon amour, qui dépassent de beaucoup ceux d'une mère (Es. 49 : 15),
c'est qu'il ne l'aura pas voulu. S'il méprise le lait spirituel que je veux lui donner pour
sa nourriture jusqu'en vie éternelle et que, fasciné par les choses temporaires mais
visibles du monde, il s'arrache de mes bras et perd la vie, il en sera seul responsable.
9. Le lait de la mère ne jaillit dans la bouche de l'enfant que lorsque celui-ci se donne
la peine de le prendre. De la même manière, mes enfants n'obtiendront pas le lait
spirituel et la nourriture qui donne la vie tant qu'ils ne les saisiront pas au moyen de la
prière. Il n'est pas du tout nécessaire que l'enfant commence par comprendre ce qu'est
le lait de sa mère. Il sait bien, sans cela et tout naturellement, de lui-même, comment il
doit faire pour se nourrir de ce lait. Ainsi, ceux qui sont nés de l'esprit apprennent
d'eux-mêmes, grâce à leur
intelligence des choses spirituelles et sans avoir besoin d'une instruction spéciale ou de
la philosophie de ce monde, comment ils doivent prier, comment ils doivent recevoir
de moi le lait spirituel de la vie éternelle.
10. J'ai créé en l'homme aussi bien la faim et la soif du corps que celle de l'âme. C'est
afin qu'il n'aille pas s'imaginer, dans son insouciance, qu'il est Dieu. Il faut que, jour
après jour, il reconnaisse qu'il n'est qu'une créature aux besoins toujours renouvelés,
une créature qui dépend pour sa propre vie, de la vie et de l'existence d'un Autre, qui
l'a créée. Ainsi, conscient de ses propres déficits et de ses besoins, il peut demeurer en
moi et moi en lui. Cela se fait par la prière, la foi et la vie spirituelle, en sorte que mon
enfant soit à jamais heureux en moi.
TROISIÈME PARTIE
1. Prier, ce fut toujours et c'est encore entrer en conversation avec moi, vivre dans ma
communion et demeurer en moi, pour devenir semblable à moi. Il existe une sorte
d'insecte qui se nourrit d'herbe et de feuilles, vit dans la verdure et en prend la couleur.
L'ours polaire vit dans la neige et son pelage en a la blancheur. Le tigre du Bengale
adopte dans son aspect celui des roseaux et des hautes herbes qui couvrent les lieux
qu'il habite. Ceux aussi qui vivent dans une atmosphère de prière et de gràce
spirituelle, en communion avec moi, comme les anges et les saints, obtiennent une
nature pareille à la mienne.
2. Le jour où, pour un peu de temps, je révélai quelque chose de ma gloire à Pierre,
Jacques et Jean sur la montagne, Moïse et Elie, seuls de tous les saints leur apparurent
durant un court instant. Les apôtres furent néanmoins tellement émus par la radieuse
beauté de cet avant-goût béni du ciel, qu'ils se déclarèrent prêts à élever trois tentes
pour rester là (Mat. 17 : 1-5). Que sera-ce, lorsqu'ils entreront dans la pleine gloire de
la vie éternelle, avec la multitude des saints et des anges ? Quel bonheur merveilleux,
sans aucune crainte désormais de le voir s'évanouir ! (Jean 17 : 24 ; Luc 1 : 17). Les
hommes de prière ne sont jamais abandonnés à eux-mêmes, car je suis toujours avec
eux (Mat. 28 : 20).
3. Ce n'est pas une chose bien extraordinaire que d'être capable de s'asservir des bêtes
féroces ou de commander à la lumière, au tonnerre comme au vent, et aux autres
éléments. C'en est une infiniment plus grande et un devoir plus nécessaire d'asservir
Satan, aussi bien que sa propre nature et ses passions. A ceux qui vivent la vie de
prière, j'accorde la grâce de fouler aux pieds toute la puissance de l'ennemi (Luc 10 :
17-20). Même pendant qu'ils sont encore dans le monde ils demeurent en moi et vivent
en quelque sorte déjà dans les lieux célestes. (Eph. :2 : 6). Satan est dans les lieux
inférieurs ; s'ils sont dans les lieux célestes où il ne peut les atteindre, ils sont
parfaitement à l'abri, en moi. Les hommes qui commandent aux puissances de la
nature n'exercent leur action que dans l'air et sur la terre, alors que les hommes de
prière sont victorieux de Satan, du monde et d'eux-mêmes, car leur force est divine.
4. L'homme qui prie trouve joie et bénédiction dans les choses créées par Dieu, sans
les gâter en aucune manière, de même que l'abeille suce les fleurs et en recueille le suc
sans nuire à leur parfum et à leurs couleurs. Et comme le miel est composé du suc de
toute sorte de fleurs, que l'abeille butine dans toutes les directions pour l'apporter
ensuite à sa ruche, les sentiments et les pensées de l'homme de prière lui viennent de
toute la création. C'est ainsi que, en communionavec son Créateur, il amasse dans son
coeur le vrai miel de la grâce et vit avec-Lui dans une sécurité complète. Partout alors,
dans n'importe quelles circonstances, il trouve sa joie dans l'amour, ce miel si doux du
Seigneur.
5. C'est aujourd'hui qu'il faut amasser, au moyen de la prière, dans l'urne de votre
coeur, l'huile du Saint Esprit, comme le firent les cinq vierges sages (Mat. 25 : 13),
sinon il n'y aura que larmes et désespoir, comme pour les cinq vierges folles. C'est
aujourd'hui qu'il faut recueillir la manne pour le vrai sabbat, sans quoi il n'y aura que
douleurs et malédiction. (Ex. 16 : 15-27). Priez donc pour que « votre fuite n'arrive pas
en hiver » (Mat. 24 : 20 ) ce qui signifie dans un moment de grande détresse comme la
mort ou le dernier jour, et pour qu'elle n'arrive pas non plus « un jour de sabbat » car
l'occasion de saisir la grâce ne vous serait ainsi plus offerte.
6. Sous l'influence du climat, la forme, l'apparence, la couleur et le caractère même se
modifient. Ceux qui vivent dans l'atmosphère céleste, en communion avec moi, voient
leur forme, leur apparence, leurs dispositions spirituelles se transformer et leur nature
spirituelle devenir éternellement glorieuse, à ma ressemblance.
Du même doigt avec lequel je traçai le décret qui signifiait à Belschatzar son jugement
et sa condamnation, (Dan. 5 : 5-27) j'ai écrit sur la terre le péché secret de ces hommes
qui, pour faire condamner la femme adultère, l'accablaient de leurs accusations. Tous
aussitôt s'en allèrent, honteux et confondus, l'un après l'autre (Jean 8 : 6-10). Du même
doigt aujourd'hui, dans le secret, je montre à mes serviteurs leur péché et leurs
blessures et, s'ils se repentent sincèrement, je les touche de ce doigt et les guéris. Et
toujours de ce même doigt, comme un père dont l'enfant saisit la main pour qu'il lui
aide à marcher, je conduis mes enfants de ce monde à la demeure du repos éternel
(Jean 14 : 2 -3).
7. Beaucoup prient le Père en mon nom, mais sans demeurer en moi. Ils ont bien mon
nom dans la bouche et sur les lèvres, mais non dans leur coeur et leur vie. C'est pour
cela qu'ils ne reçoivent pas ce qu'ils demandent car, lorsqu'ils demeurent en moi et moi
en eux, je leur donne ce qu'ils ont demandé. C'est que, alors, conduits par le
Saint-Esprit, ils ne demandent que des choses qui peuvent être à la gloire du Père, pour
leur bien et celui de leurs semblables. Autrement, ils recevront du Père la réponse que
fit à certain mauvais fils un magistrat que le père du jeune homme avait servi avec
courage et fidélité. Le fils avait, en se recommandant du nom de son père, demandé au
magistrat d'être favorisé dans l'octroi d'un emploi. Le magistrat, qui était au courant de
sa mauvaise conduite et de ses méchantes actions, lui intima l'ordre de cesser de se
recommander du nom à son père, tout en lui conseillant de chercher plutôt à imiter
l'exemple de ce père afin de devenir semblable à lui ; d'imiter la noblesse de sa vie au
lieu d'avoir son nom sur les lèvres. Alors seulement, présentant sa requête en son
propre nom, il pourrait être écouté.
8. Il y a une immense différence entre ceux qui m'adorent et me louent des lèvres
seulement et ceux qui le font de tout leur coeur, de toute leur âme. Un de mes vrais
adorateurs priait fidèlement pour un homme qui n'était chrétien que de nom. Il
demandait que les yeux de son voisin fussent ouverts afin qu'il pût comprendre la
vérité. Pendant ce temps, l'autre formulait l'étrange prière que mon fidèle disciple
devînt aveugle. A la fin, la prière de celui qui demandait avec amour et conformément
à la volonté de Dieu fut exaucée et celui qui n'avait été mon serviteur que de nom
ouvrit les yeux aux clartés spirituelles. Il devint un vrai adorateur et, pour toujours
depuis lors, il fut un véritable frère pour mon serviteur.
9. La prière rend possible ce qui est impossible à l'homme. Celui-ci voit s'accomplir
dans sa propre vie des miracles que les philosophes de ce monde déclarent contraires
au bon sens et aux lois de la nature. Leur bon sens et leur connaissance de ces lois sont
tellement limités que c'est presque comme s'ils n'existaient pas. Ils ne comprennent pas
que celui qui a donné à chaque chose sa nature et sa loi ne peut pas être lui-même
enchaîné par ses propres restrictions. Ce parfait législateur a élaboré des lois
complexes et secrètes, dans le seul but d'assurer bénédiction et prospérité à toutes ses
créatures. L'homme, être infirme, est incapable de comprendre ces choses, car ce n'est
que spirituellement qu'on peut en juger. (1. Cor. 2 : 14 ).
Le plus grand des miracles, c'est la nouvelle naissance. Pour quiconque a fait
l'expérience de ce miracle dans sa propre vie, tous les autres miracles deviennent
possibles. Celui qui n'est pas né de nouveau voit partout des impossibilités. Dans les
pays froids, c'est une chose toute naturelle que de voir l'eau se congeler, si bien que la
rivière continue à couler sous une couche de glace assez épaisse pour qu'on puisse la
traverser sans courir aucun risque. Essayez de parler de ce pont, fait par l'eau
elle-même, à des habitants de pays très chauds où l'on transpire d'un bout de l'année à
l'autre, ils vous répliqueront que votre assertion est contraire au bon sens et aux lois de
la nature. Il en est ainsi de la différence entre ceux qui, nés de nouveau, vivent
spirituellement au moyen de la prière en considérant sans cesse l'oeuvre magnifique du
Seigneur et ceux qui ne vivent que pour le monde, parfaitement ignorants de toute vie
de l'esprit.
10. Quiconque désire, en réponse à ses prières, recevoir de Dieu vie et bénédiction,
doit croire et obéir sans demander pourquoi. L'homme à la main sèche qui vint un jour
à moi obéit immédiatement lorsque je lui ordonnai d'étendre la main et sa main sèche
devint aussi saine que l'autre. (Mat. 1.2 : 10-13). Supposez que, sans obéir et sans
croire, il eût commencé par discuter mon ordre en disant : « Comment pourrais-je
étendre ma main malade ? Si je le pouvais, serais-je venu à toi ? Guéris ma main et je
l'étendrai ensuite ! » , Cette argumentation aurait paru tout à fait raisonnable à ceux qui
nous entouraient, mais sa main sèche n'aurait pas été guérie.
Ainsi, celui qui prie doit être prêt à obéir en étendant vers moi ses mains, quelque
faibles et sèches qu'elles puissent être. A cette condition, je pourrai lui accorder vie et
bénédiction. Il les recevra dans la mesure de ses besoins (Mat. 21 : 22).

CHAPITRE IV
Le service
PREMIÈRE PARTIE

Le disciple : Seigneur, quelle est la signification première du service ? Est-ce que nous
devons servir le Créateur et ensuite, à cause de lui, ses créatures ? Dieu peut-il, en
quelque manière, être aidé par le service de l'homme, ce vermisseau, à soulager la
grande famille des êtres créés ? Dieu attrait-il besoin de qui que ce soit pour lui aider à
garder, à soutenir ses créatures ?
Le Seigneur : 1. Servir, c'est l'oeuvre nécessaire de toute vie spirituelle et ce qu'appelle
immédiatement l'amour vrai. Dieu, qui est amour, est sans cesse occupé à travailler
dans sa propre création. Ce qu'il désire, c'est que ses créatures et tout spécialement
l'homme, qu'il a créé à sa propre image, ne soient jamais inoccupés. Dieu n'a besoin de
personne pour lui aider à soutenir et à encourager ses créatures. De même qu'il a
ordonné que toute chose créée dépendrait de son Créateur pour sa vie et sa
subsistance, de même, il prépare sans cesse tout ce qui est nécessaire et utile à la
satisfaction de ses besoins, car celui qui a créé est seul capable de satisfaire pleinement
les besoins de ses créatures et de combler les désirs de leurs coeurs. La grande valeur
du service c'est que, lorsqu'un homme se met au service de ses frères pour leur venir
en aide, il se rend, en réalité, service à lui-même. Un jour, au Thibet, un homme qui
risquait de mourir par l'intensité du froid en vit un autre étendu au bord du chemin et
sur le point de succomber ; il l'emporta sur ses épaules et tous deux furent sauvés. Ce
salut fut le résultat de l'effort accompli par le voyageur et du mouvement qui réchauffa
les deux corps transis. C'est de cette manière-là que l'on se sauve soi-même en sauvant
les autres. Et voilà la vraie signification du service.
Personne ne peut vivre par lui-même, sans l'aide de ses semblables. Celui qui, ayant
bénéficié de l'aide de son prochain, n'est pas prêt, en retour, à soutenir les autres et à
leur venir en aide du meilleur de ses forces, celui-là est un ingrat, qui n'a pas le droit
de recevoir quoi que ce soit des autres.
2. Dieu ne fera sa part que si l'homme fait la sienne. Dieu n'aidera à l'homme que dans
la mesure où celui-ci mettra au service de ce Dieu et des autres les forces et les
capacités qui lui ont été confiées. Par exemple, soulever la pierre qui couvrait le
tombeau de Lazare était la part de l'homme ; Dieu n'avait pas besoin de démontrer sa
puissance en la soulevant. Lorsque ceux qui se tenaient là eurent accompli leur part de
travail, alors Dieu, c'est-à-dire moi-même, fit ce qui était absolument impossible aux
hommes. Je rendis la vie à celui qui était mort. Après cela, le tour des hommes revint ;
ils eurent à débarrasser Lazare de ses liens et à le rendre à la liberté (Jean 11). C'est
ainsi que, pour ceux qui sont morts dans leur péché, le service de mes disciples
consiste à soulever les pierres, à écarter les obstacles et les difficultés qui ferment leur
tombeau. Après cela, ma part, c'est de leur donner la vie. La plupart, même après avoir
reçu
la vie, sont encore retenus dans les liens de leur vieille nature, de leurs mauvaises
habitudes. La tâche de mes enfants consiste alors à les libérer de ces entraves ; pour
pouvoir accomplir ce service, eux-mêmes doivent être prêts à toute heure, dans leur
coeur et dans leur âme.
3. Un roi, sentant venir la mort, dit à un serviteur dévoué : « Je t'envoie en avant, là où
je vais aller, pour y annoncer ma venue et tout préparer pour moi. Pars donc pour le
pays des morts ; va vers ceux qui y sont déjà et informe les de ma prochaine arrivée.
Tout d'abord, le serviteur fidèle ne comprit pas ce que son roi voulait de lui, mais
lorsque l'ordre lui eut été réitéré de précéder son maître et de l'attendre,
immédiatement et sans plus questionner, il plongea son épée dans son coeur,
rejoignant ainsi, avant son roi, la compagnie des morts. Ainsi, il est nécessaire que mes
enfants, à moi qui suis le Prince de la vie, et le Roi des rois, (Actes 3 : 15 ; Ap. 19 :
16) annoncent l'Evangile à ceux qui sont morts ou mourants dans leurs péchés et qu'ils
soient prêts à donner leur vie pour mon nom. Je suis celui qui est venu pour les sauver
et qui doit revenir. Alors, je leur donnerai la couronne de vie. (Ap. 2 : 10) .
4. Un jeune homme indiscipliné quitta la maison de son père pour se joindre à une
troupe de brigands et devint lui-même un brigand très cruel. Le père ordonna à ses
serviteurs d'aller à la recherche de son fils pour lui dire que, s'il voulait se repentir et
revenir à la maison lui, le père, était prêt à tout pardonner et à le recevoir. Tous les
serviteurs refusèrent, à cause des dangers de la forêt et par crainte de ces hommes
armés. Alors, le frère aîné, qui aimait le coupable d'un amour pareil à celui du père,
offrit d'aller lui-même porter le message du pardon. Dès qu'il eut quitté son père pour
entrer dans la forêt, les brigands se jetèrent sur lui et le blessèrent grièvement. Son
jeune frère était parmi eux. Lorsqu'il découvrit que le malheureux voyageur était son
frère aîné, il se frappa la poitrine et se lamenta à haute voix. Alors, le blessé délivra le
message de pardon dont le père l'avait chargé et ajouta : « C'est assez maintenant ; le
but de ma vie est réalisé et l'objet de mon amour est atteint. Ayant ainsi parlé, il expira.
L'impression produite sur l'enfant prodigue par le sacrifice de son frère fut si profonde
qu'il se repentit, retourna chez son père et changea entièrement de vie.
N'est-il pas juste aussi que mes enfants soient disposés à donner leur vie en sacrifice,
pour délivrer mon message de pardon et de vie à leurs freres qui vivent dans le péché,
de même que moi aussi j'ai donné ma vie pour leur salut ?
5. Mes enfants sont le sel de ce monde (Mat, 5 : 13). Pour que le sel puisse
communiquer sa saveur aux aliments, il faut qu'il fonde. De même aussi, il faut que
mes enfants se laissent pénétrer par le feu du Saint-Esprit et de l'amour de telle sorte
qu'ils s'offrent eux-mêmes en vivant sacrifice, avant qu'une seule âme puisse être
pénétrée par leur exemple et sauvée pour la vie éternelle et spirituelle. Sans cela, il n'y
aurait aucune différence entre eux et la femme de Lot, qui devint une statue de sel
(Gen. 19 : 26).
De même que, pour votre salut, je fus sacrifié en Gethsémané, (Luc 22 : 44) et donnai
ma vie sur la croix, afin de pouvoir sauver des vies, (car le prix de la vie c'est la vie),
de même le devoir pressant de mes enfants c'est de donner leur vie pour en attirer
d'autres et les sauver par l'exemple de leur vie divine.
6. Un meurtrier, condamné à mort, fut envoyé sur un champ de bataille au lieu d'être
pendu. Il y déploya une telle bravoure et tant de loyauté en combattant pour son roi et
son pays que, bien que gravement blessé dans le combat, il fut vainqueur de l'ennemi.
Lorsque, apres cette victoire, il reparut devant le tribunal, le roi vit sur son corps les
cicatrices des blessures reçues à son service ; alors, au lieu de le condamner, il lui fit
grâce, lui accordant en outre de grandes recompenses. A ceux aussi qui, dans la guerre
sainte, combattent
Satan en se mettant de mon côté avec courage et loyauté, afin de sauver leurs frères et
de vaincre l'ennemi, je donnerai le pardon de leurs péchés avec un trône et une
couronne à toujours, dans le Royaume de Dieu. (Ap. 3 :20).
7. La conduite qui est employée à diriger et conduire la source d'eau, étant toujours
plongée dans l'eau pure, reste pure également. Ceux qui sont employés par le
Saint-Esprit à communiquer à d'autres l'eau de la vie, demeurent eux-mêmes purs et
saints et héritent du Royaume de Dieu.
8. La meilleure des préparations et des instructions pour recevoir le Saint-Esprit et
pour servir, c'est que le croyant soit prêt à obéir et à s'engager immédiatement dans le
service, selon ses aptitudes spéciales. Pour apprendre à nager, il faut se jeter à l'eau ;
faute de quoi, les meilleures instructions et l'entraînement le plus complet seront
inutiles. Ce n'est qu'en nageant avec persévérance, premièrement près du bord puis en
pleine eau, qu'on devient un nageur habile. Pour apprendre comment on peut sauver
les âmes qui s'enfoncent dans l'océan du péché, la seule école divine, pratique et réelle,
c'est de demeurer en moi et de se mettre à l'oeuvre (Actes 4 : 13).
9. Beaucoup se laissent arrêter par la contemplation de leur propre faiblesse. Ils ne
savent pas que « Ma force s'accomplit dans la faiblesse , (2 Cor. 12 : 9), et ressemblent
à ces malades qui, même après avoir recouvré la santé et pris de la nourriture
fortifiante, restent faibles par manque d'exercice et de travail. C'est pourquoi ceux qui
se sentent faibles doivent se confier absolument en moi, puis aller et sauver les
pécheurs de la mort.
SECONDE PARTIE
1. L'amour est la seule pierre de touche qui permette de découvrir la réalité des réalités
; c'est par son seul moyen que les hommes pourront reconnaître que vous êtes mes
disciples (Jean 13 : 35).
Il m'arrive aussi de me servir de l'épée de la justice, ce qui en incite quelques-uns à
penser que, comme Salomon, je suis prêt à juger sans miséricorde. (1 Rois 3 : 16-18).
Au contraire, en agissant ainsi, mon but est précisément de rendre manifeste aux yeux
de tous que vous êtes les enfants de cet amour qui donna sa propre vie pour sauver vos
vies. Maintenant, vivant dans cet amour, vous devez être les serviteurs les uns des
autres et donner vos vies pour en sauver d'autres de la destruction, comme j'ai donné
ma vie pour vous. Alors, parce que je vis, vous vivrez aussi.. (jean 14 : 19).
2. Si vraiment vous êtes mes disciples, les fruits du service et de l'amour abonderont
dans votre vie (Jean 15 : 8). Si vous êtes persécutés et méprisés ; si même on vous
lapide avec les pierres du reproche et de l'injure, priez pour le salut de ceux qui vous
outragent et, au lieu de pierres, donnez-leur à goûter du fruit de votre amour. Les
méchants garçons, lorsqu'ils voient un arbre couvert de beaux fruits bien mûrs, lui
lancent des pierres et l'arbre, sans se plaindre, au lieu de pierres laisse tomber ses fruits
à leurs pieds ; il n'a pas de pierres pour se venger. Il donne, sans demander pourquoi,
les biens que Dieu lui a confiés. Ne vous découragez pas lorsque vous êtes maltraités,
car le fait même d'être couvert des pierres de la calomnie constitue la meilleure preuve
des fruits portés par votre vie. Ces actions même qui témoignent du dépit et de la
méchanceté des hommes, sont une manifestation de la gloire de votre Père qui est dans
les cieux.
Ne pensez jamais qu'il manque quelque chose la gloire de Dieu ou que l'homme doive
suppléer à une insuffisance quelconque de cette gloire. Son amour n'aspire qu'à relever
l'homme, créature indigne, de son état de chute pour l'élever à l'état glorieux de
créature divine. C'est comme si Dieu donnait la gloire non plus à lui-même, mais à
l'homme, après l'avoir purifié et sanctifié. C'est ainsi que sont manifestées la gloire et
la perfection de son amour.
3. A ceux qui, par l'effort de leur service et en renonçant à beaucoup de péchés sont
devenus saints en moi, je donnerai une gloire telle qu'ils brilleront au premier rang,
comme des étoiles puis comme le soleil, rendus parfaits dans le Royaume de mon
Père. Les étoiles se cachent et disparaissent lorsque se lève le soleil de justice, mais le
Père veut que ses enfants soient parfaits comme lui, dans une gloire éternelle (Mat. 5 :
48) afin que, rendus ainsi glorieux, ils puissent briller avec lui à jamais, heureux et se
réjouissant dans son amour immense et infini.
4. Plus d'une créature inférieure, comme le ver luisant avec sa lumière tremblotante, et
plus d'une plante infime illumine la sombre forêt, selon sa nature et ses capacités. Il
existe aussi de tout petits poissons qui, doués d'une certaine luminosité, en guident
d'autres dans les eaux profondes de l'océan, leur permettant d'échapper à leurs
ennemis. A combien plus forte raison mes enfants, qui sont la lumière
du monde (Mat. 5 : 14) devraient-ils, grâce à la divine clarté qui les illumine du ciel,
guider dans le droit chemin ceux qui, dans les ténèbres, deviennent la proie de Satan.
Et quel ne devrait pas être leur esprit de sacrifice s'ils veulent en sauver d'autres de la
mort !
5. S'ils n'emploient pas ces dons divins au service de Dieu et de ses créatures, ils
courent le risque de les perdre pour toujours. Voyez ce qui arrive à certains poissons
qui vivent dans des eaux très profondes et à certains ermites du Thibet qui passent leur
vie dans des retraites obscures : ils finissent par devenir aveugles. L'autruche aussi, qui
ne se sert pas de ses ailes, perd la faculté de voler. Ne négligez donc pas les dons et les
talents qui vous sont confiés mais employez-les avec zèle et alors, glorieusement, vous
entrerez dans la joie de votre Seigneur (Mat. 25 : 19-30)
6. Bien souvent, j'emploie pour mon service ceux qui, aux yeux du monde, sont petits
et méprisables, surtout lorsqu'il s'agit de grandes entreprises, grâce auxquelles
beaucoup doivent trouver salut et bénédiction. C'est que ces petits, au lieu de se
prévaloir de leurs aptitudes ou de se confier dans leur sagesse, ont pleine conscience
de leur faiblesse et de leur incapacité. Ils mettent en moi toute leur espérance et leur
foi, donnant, pour mon service et pour le service de leurs frères, tout ce dont ils
disposent, sans hésiter et sans rien demander. (1 Cor. 1 : 26-30).
Quand, par exemple, je nourris au désert cinq mille hommes plus les femmes et les
enfants, au moyen de cinq pains et deux poissons, rappelez-vous qu'à cette occasion je
ne reçus aucun secours de mes disciples. Ils étaient tout perplexes et ne songeaient
qu'à renvoyer au plus vite cette foule affamée. La bénédiction fut dispensée par le
moyen d'un jeune garçon qui souhaitait ardemment entendre ma parole (Jean 6 : 9).
Pour le lui rendre possible, sa mère, une pauvre femme, l'avait approvisionné de
quelques pains et poissons secs qui devaient le nourrir pendant trois à quatre jours.
Lorsque les apôtres firent la quête pour savoir qui avait des provisions, ce brave
enfant, dans son obéissance et sa fidélité, mit à leurs pieds tout ce qui lui restait : cinq
pains et deux poissons, alors que d'autres gens plus riches avaient avec eux de bien
meilleures choses, du pain de froment, par exemple, mais n'étaient pas disposés à
partager. Pour finir, les cinq pains d'orge et les deux poissons de ce garçon inconnu
devinrent, avec ma bénédiction, la meilleure des nourritures pour toute cette foule.
7. Il y a aussi bien des gens qui sont tellement ingrats que, quelque grande que soit la
bénédiction qu'ils ont reçue et quelle que soit la faveur que je leur ai témoignée, même
au moyen d'un miracle, ils oublient toutes ces bontés et restent ingrats. Ces gens-là ne
pourront jamais être utiles pour le service et le bien de leurs semblables. Ils
ressemblent à l'aveugle-né qui, après avoir été privé de la vue pendant si longtemps et
avoir été ensuite guéri par moi, ne savait ni se montrer reconnaissant ni croire en moi ;
il ignorait même mon nom. (Jean 9 : 12-36). Aucun secours ne peut être attendu de
gens pareils, mais seulement de ceux qui, comme la pauvre veuve, sont prêts à donner
tout ce qu'ils ont pour vivre. (Luc 21 : 2-4).
8 Soyez prêts constamment à donner même votre vie dans le service, à l'exemple de ce
fidèle soldat qui, malgré la neige qui tombait et le froid pénétrant resta debout à son
poste de sentinelle, Il resta, même alors que le reste de la garde allait se chauffer
auprès d'un feu, et il mourut gelé, mais à son poste, ferme comme une statue. Lorsque
le roi vint et qu'il vit ce corps sans vie resté debout fixe et rigide, il enleva sa couronne
et la posa pendant quelques instants sur le front du soldat mort, en disant : « Des
serviteurs fidèles comme celui-là sont la gloire de ma couronne et brillent comme des
étoiles. Si cet homme avait survécu je l'aurais placé à la tête de mon royaume. » Voilà
la fidélité que devraient montrer mes serviteurs dans les différents postes que je leur
confie. Qu'eux aussi travaillent bravement et fidèlement et je leur donnerai la
couronne, non pour quelques jours seulement, mais pour la vie éternelle.
9. Beaucoup, par leur négligence, perdent la récompense éternelle qui leur a été
promise ; ils ne mettent pas à profit le temps précieux qui leur est confié pour le
service. Maintenant encore, il est temps pour eux de se réveiller et de faire un meilleur
usage des jours qui leur restent. Ils sont comme ce chasseur qui, errant dans la forêt
près d'une rivière, trouva plusieurs pierres précieuses sans en connaître la valeur. Il se
mit à les jeter, avec sa fronde, aux oiseaux perchés sur les arbres voisins et toutes
tombèrent ainsi dans la rivière à l'exception d'une seule, qu'il garda et montra à un
joailler en traversant le marché, dans une ville voisine. Le joailler apprit alors à cet
insensé que sa pierre était en réalité un diamant de grand prix pour lequel il pourrait
demander des milliers de francs. Le chasseur, en entendant cela, se frappa la poitrine
et s'écria: « Hélas, qu'ai-je fait ! Pour chasser des oiseaux d'un arbre, j'ai perdu dans la
rivière tant de diamants précieux, faute d'en connaître la valeur. J'aurais pu devenir
millionnaire ! Enfin, j'en ai gardé au moins un. C'est toujours quelque chose
». Chacune de vos journées est aussi un diamant précieux et vous en avez perdu
beaucoup dans la rivière d'une existence vaine, en cherchant à atteindre les objets de
vos désirs vains. Emparez-vous de ce qui reste et faites-en un usage utile ; vous
gagnerez encore ainsi des richesses spirituelles. Au service de celui qui vous a donné
la vie et ses joyaux, vous pouvez en faire un bon usage en sauvant vos frères de
l'erreur et de la mort, vous préparant ainsi une récompense éternelle dans le ciel.

CHAPITRE V
Le mystère de la croix et de la souffrance.
PREMIÈRE PARTIE
Le disciple : Seigneur, que signifie la croix ? Pourquoi y a-t-il tant de souffrance et de
maux dans le monde ?
Le Seigneur : 1. La croix est la clef du ciel. Les cieux s'ouvrirent au moment où, par le
baptême et par amour pour les pécheurs, je pris sur moi la malédiction de la croix. Et
le ciel, fermé jusqu'alors à cause du péché, est resté ouvert pour les croyants, grâce aux
trente-trois ans et demi durant lesquels j'ai porté ma croix et grâce à ma mort sur le
Calvaire, Désormais, le croyant, qui prend sa croix et me suit, entre sans retard dans le
ciel, par moi (Jean 14 : 6). Il reçoit la grâce d'une joie sans fin, que le monde ne peut
concevoir, car le ciel est fermé pour les incrédules. Tout ce que peut espérer un
incrédule, c'est de voir la joie remplacer un jour la souffrance et encore
n'ose-t-il pas espérer une joie parfaite. Quant à moi, j'accorde à mes enfants la joie
dans la souffrance et, plus tard, une joie parfaite avec le repos éternel. La croix porte
ceux qui la portent et les conduit au ciel pour l'éternité.
2. La souffrance provient de l'état de désordre et de perversion dans lequel vit l'homme
naturel, de même que la chaleur fait du mal aux habitants des contrées froides, tandis
que le froid ne convient pas à ceux des pays chauds. Le froid et le chaud dépendent de
la position respective de la terre et du soleil, et l'homme, selon l'usage qu'il fait de sa
libre volonté, crée un état d'harmonie ou de désaccord avec Dieu. Les commandements
de Dieu ont en vue la santé spirituelle et le vrai bonheur de la créature. Se rebeller
contre eux, c'est rendre son âme malade, triste et languissante. Le Seigneur, plutôt que
de supprimer les causes de ce désaccord et de cette hostilité, a préféré les transformer
en quelque chose de meilleur. Il se sert des conditions pénibles de l'existence pour
faire sentir au coeur de l'homme qu'il n'a pas été créé seulement pour cette terre, qui
n'est qu'un pays étranger, (2 Cor. 5) mais qui le prépare à habiter la
demeure éternelle. L'homme est ainsi constamment gardé dans la vigilance par la
pression des afflictions de ce monde, de crainte que sa négligence et son coeur assoupi
ne lui fassent oublier les réalités éternelles et qu'il ne soit anéanti en même temps que
sa demeure terrestre. C'est encore afin que, dans la communion de son Créateur,
délivré des maux et des souffrances de cette courte vie, l'homme puisse entrer pour
toujours dans la joie et le bonheur parfaits du ciel.
3. La souffrance et l'affliction paraissent bien amères, souvent même empoisonnées ;
mais souvent aussi, pour guérir un malade d'un empoisonnement, il est nécessaire
d'employer du poison. C'est ainsi que, par la voie de la souffrance et par le moyen de
l'affliction qui semblent bien amères, je dispense la santé de l'âme et la force à mes
fidèles disciples. Dès qu'une santé parfaite a été ainsi obtenue, je mets fin à la
souffrance, car je ne prends pas plaisir à l'affliction. (Lam. 3 : 31-3) Mon seul but, c'est
le bonheur éternel de mes créatures.
4. L'ébranlement produit par un tremblement de terre fait parfois jaillir d'un sol
desséché des sources d'eau bienfaisante qui arrosent et fertilisent des terres jusqu'alors
arides et incultes. De même, l'ébranlement produit par une grande souffrance fait jaillir
en l'homme des fontaines d'eau vive. Dès lors, au lieu du murmure, c'est la joie et la
reconnaissance qui jaillissent de son coeur. (Ps. 119 : 67-79).
5. Pour que l'air, en pénétrant dans ses poumons les dilate et le fasse vivre, il est
indispensable que l'enfant nouveau né pleure et crie. S'il ne le fait pas spontanément, il
faut bien le frapper pour l'y obliger. Dans mon amour immense pour mes enfants, je
suis parfois obligé de les frapper par la souffrance et le trouble. Si je les force ainsi à
pleurer et à crier, c'est afin que leur être spirituel se dilatant, et la prière qui est la
respiration de l'âme devenant plus intense, ils obtiennent une vie nouvelle qui les fasse
vivre à jamais.
6. La noix est une image de la croix : son enveloppe extérieure est très amère, mais,
intérieurement, elle est remplie d'une amande savoureuse et fortifiante. La croix n'a ni
beauté ni douceur apparente, mais celui qui la porte fidèlement en découvre le
caractère véritable. Il y trouve un fruit de paix d'une saveur délicieuse.
7. En venant sous la forme d'un homme, j'endurai la croix pour le salut de l'humanité,
et cela non pas seulement pendant six heures au jour de ma mort ou pendant les trois
ans et demi de mon ministère, mais bien durant trente-trois ans et demi, et cela afin
que les hommes puissent être sauvés de la douleur et de l'amertume de la mort.
8. Pour un homme habitué à la propreté, il est dur d'être enfermé, même quelques
minutes, dans un lieu sale et empesté. Pour celui qui vit en communion intime avec
moi, il est difficile de rester au milieu des pécheurs impénitents. C'est pour cette raison
que certains hommes de prière, dégoûtés de leur environnement de péché, ont quitté le
monde pour aller vivre seuls dans des grottes, au désert. Prenez la peine de bien
considérer ce fait que, lorsqu'un homme a obtenu un plein salut, il commence à
ressentir l'amertume du péché d'une manière si poignante qu'il en arrive à trouver
difficile de vivre au milieu des autres hommes, même pour peu de temps. Il en est
même qui ne consentent plus jamais à vivre parmi la foule. Quelles ne doivent pas
avoir été pour moi, Saint et Source de toute justice, les difficultés et les amertumes de
la croix, durant les trente-trois années que je passai au milieu des pécheurs et dans leur
intimité constante l'esprit humain est trop borné pour comprendre et réaliser
exactement ces profondeurs dans lesquelles les anges mêmes désirent plonger leurs
regards (1 Pierre 1 : 12), car ils savent, mieux que toute autre créature, que Dieu est
amour. Une chose plus étonnante encore et plus belle c'est que l'amour de Dieu se soit
manifesté si extraordinaire et si merveilleux que, pour sauver les pécheurs, Il se soit
incarné lui-même, se chargeant de toute l'amertume de la Croix pour leur obtenir la vie
éternelle.
8. Maintenant, je porte et je partage la croix et les souffrances de tous ceux qui sont en
moi et demeurent en moi (Actes 9 : 4), bien qu'ils soient des créatures et moi le
Créateur. Bien que le corps et l'esprit soient deux entités très distinctes, ils sont
tellement unis entre eux qu'ils sont inséparables ; aussi, dès que le plus insignifiant des
membres du corps souffre, l'esprit en a conscience. Je suis la vie et l'âme de mes
enfants, qui sont mon corps et mes membres ; je ressens toutes leurs peines, toutes
leurs souffrances et je leur accorde secours et délivrance au temps convenable.
9. Ayant moi-même passé par le feu (Ex. 3 . 2-6) et porté ma croix, je puis protéger et
sauver ceux qui sont enveloppés des flammes de la tribulation. (Dan. 3 : 23-25 et 1
Pierre 4 : 12-13) Comme la salamandre qui ne meurt jamais quelle que soit la violence
du feu, ceux qui ont reçu le baptême brûlant du Saint-Esprit et sont nés de nouveau,
sont pour toujours en sécurité, même s'ils passent par le feu : ils sont en Moi.
SECONDE PARTIE
1. Lorsque le froid a fait tomber leurs feuilles, les arbres semblent avoir perdu toute
vigueur et toute vie ; mais, dès le retour du printemps, de nouvelles feuilles
apparaissent, bientôt suivies de fleurs charmantes qui font ensuite place à des fruits
délicieux. Ainsi en est-il de ma mort sur la croix suivie de ma résurrection, et de ce qui
se passe dès lors pour tous ceux qui, fidèlement, portent la croix (2 Cor. 4 : 8-11 ; 6 :
4-10). Ployés sous la croix, ils semblent morts et pourtant ils produisent une
magnifique floraison au pénétrant parfum puis, pour la vie éternelle, un fruit glorieux
qui durera à jamais.
En élaguant et greffant un arbre sauvage, on fait souffrir à la fois le bon arbre et le
sauvageon, pour que celui-ci arrive à donner un fruit agréable et nourrissant. Ainsi,
pour qu'une vie inutile et malfaisante puisse être greffée de telle sorte qu'elle devienne
une vie purifiée par l'Esprit de Dieu, il est nécessaire que mes disciples commencent
par endurer, à mon exemple, la souffrance de la croix, afin de devenir ensuite capables
de produire un fruit béni, démonstration de l'amour et de la gloire de Dieu.
3. Si le monde vous raille et vous persécute, n'en soyez ni surpris ni troublés ; ce n'est
pas ici, pour vous, un lieu de repos mais bien un champ de bataille. Je dirai plutôt : «
Malheur à vous lorsque le monde dira du bien de vous » ; ce sera la preuve que vous
avez adopté ses habitudes mauvaises et perverties. Il est, en effet, parfaitement
contraire à sa nature de louer et d'aider mes enfants ; il ne peut y avoir d'union entre la
lumière et les ténèbres. Et si même parfois les gens du monde vous jouent,
contrairement à leurs sentiments véritables, dans l'unique but d'en imposer, il y aura là
un grave danger pour vous. Votre croissance pourra être arrêtée et votre service
amoindri.
S'appuyer sur le monde et sur les gens du monde, c'est bâtir son fondement sur le sable
car, si aujourd'hui ils vous élèvent et vous portent en triomphe, demain ils vous
écraseront sur le sol, tellement qu'il ne reste aucune trace de vous. Ce qui est du monde
est toujours incertain et fugitif... Lors de mon entrée à Jérusalem pendant la fête, tous
criaient d'un seul accord : «i Hosanna, Hosanna, (Mat. 21 : 9 ) et, trois jours plus tard,
lorsqu'ils se furent aperçus que toutes mes paroles protestaient contre leur vie égoïste
et coupable, ils se tournèrent contre moi et commencèrent à crier : « Crucifie, crucifie
! » (Luc 23 : 2 1).
4. Si même des frères en la foi se mettent contre vous, faute de vous comprendre, et
vous causent ainsi de la peine, vous devez en être reconnaissants. Rappelez-vous que
Dieu lui-même, que tous les Esprits célestes, les anges et les Saints sont avec vous,
vous aidant à accomplir votre tâche dans la justice et la fidélité, en suivant l'inspiration
du Saint-Esprit.
Ne perdez pas courage ! Le temps est proche où toutes vos bonnes résolutions et vos
desseins d'amour pur et désintéressé seront rendus manifestes aux yeux de la création
tout entière, comme aussi la gloire éternelle que vous aurez méritée par votre labeur et
votre service d'amour. Moi aussi, pour sauver l'humanité, j'ai dû renoncer à tout, être
abandonné de tous, avant de remporter une complète victoire finale. Pourquoi vous
étonner si le monde vous abandonne ? N'a-t-il pas abandonné Dieu lui-même ? C'est
par de telles tribulations que vous deviendrez les enfants de votre Père qui est dans les
cieux.
5. N'allez pas vous imaginer que les gens qui vivent dans le luxe et réussissent, en
apparence, dans toutes les choses de cette vie soient de adorateurs de Dieu. En réalité,
il en est souvent tout le contraire. Il est très possible que ces brebis qui, pendant de
longues années trouvent de gras pâturages dans les lieux écartés, loin du bercail et du
berger, soient continuellement en danger d'être déchirées par
des bêtes sauvages, qui finiront un jour par les dévorer. Celles qui se tiennent près du
bercail et tout près du berger, même si elles sont d'apparence frêle et chacelante, sont à
l'abri du danger, tranquilles sous la garde du berger. Il en est souvent ainsi dans ce
monde, quant aux incroyants et aux fidèles.
6. Au premier abord, il peut paraître n'y avoir aucune différence sensible entre la vie
du croyant et celle de l'incrédule et cependant, il arrive un moment où une profonde
différence, un grand changement se font voir comme, par exemple, pour le serpent et
le ver à soie. Le serpent a beau changer de peau à mainte reprise, il reste jours un
serpent et sa nature ne se modifie pas. Le ver à soie, au contraire, dès qu'il se dépouille
de son informe cocon, devient un élégant papillion qui s'élance dans les airs. Ainsi le
croyant, dès qu'il se dépouille de son corps mortel, s'envole vers le ciel pour y
demeurer à toujours un avec corps glorieux, tandis que le pécheur, après sa mort, reste
et demeure un pécheur. (Ap. 22 : 11).
Voyez encore le ver à soie : enfermé dans son cocon, il doit lutter, faire de grands
efforts et, en quelque sorte, l'expérience de la croix ; mais ces luttes et ces souffrances
ont pour but de rendre ses ailes plus fortes et de le préparer à sa vie future, en
augmentant sa vigueur. Ainsi, mes enfants, dans leur lutte contre les convoitises de
leur corps mortel, dans leurs combats spirituels, soupirent après la rédemption (Rom. 8
: 23) mais c'est par cette discipline de la croix que je les rends forts et leur donne une
complète préparation à leur vie future.
7. Bien souvent, au milieu de ces expériences qui les crucifient et de ces luttes
spirituelles, j'accorde à ceux qui m'aiment une paix réelle et merveilleuse, afin qu'il ne
se lassent pas, l'âme découragée. Par exemple, un fidèle martyr après m'avoir rendu
témoignage tant par sa vie que par ses paroles, fut un jour saisi par ses ennemis et
suspendu par les pieds à un arbre élevé. Eh bien, son coeur était tellement rempli de
joie et de paix, qu'au lieu d'avoir conscience de ce qu'il souffrait ou de se sentir
humilié d'être dans une pareille position, il dit à ceux qui l'entouraient : « Je ne suis
absolument pas ébranlé ni surpris que vous me traitiez ainsi. Qu'y a-t-il à espérer de
mieux du monde et de ceux qui lui appartiennent ? Ce monde est à l'envers et toutes
ses oeuvres le sont aussi. Il ne peut pas supporter la vue des choses normales ; c'est
pourquoi, me voyant debout, vous m'avez, pour être d'accord avec vous-mêmes, placé
la tête en bas. Rappelez-vous bien, cependant, qu'en réalité je ne suis pas renversé, tel
que vous vous imaginez m'avoir placé. Aux yeux de Dieu, je suis debout. Lorsque,
dans une lanterne magique, le cliché est placé à l'envers, il se reflète sur l'écran
redressé et du bon côté. Ainsi moi qui, aux yeux du monde suis suspendu la tête en
bas, je suis debout pour toujours devant Dieu et devant les habitants du ciel. Grâce soit
à Dieu pour cette croix bénie »
8. Pour certains croyants, il est tout simple d'être persécuté, de passer par le martyr et
de mourir pour l'amour de mon nom. Mais j'ai besoin aussi de témoins qui sachent
vivre en mourant chaque jour et en sauvant leurs frères, grâce à leur esprit de sacrifice
et de renoncement à eux-mêmes. (1 Cor. 15 : 31).
Dans un sens, il est facile de mourir pour moi. Vivre pour moi est plus difficile, car il
s'agit alors non pas de mourir une fois pour toutes, mais de mourir chaque jour de
nouveau. Ceux qui sont prêts à mourir pour moi maintenant, vivront dans ma gloire à
jamais et leur joie sera parfaite.
9. Lorsque la douleur, la souffrance et la peine s'élèvent comme un brouillard dont les
nuages cachent à vos yeux, pour un temps, les rayons du Soleil de justice, n'en soyez
pas épouvantés. Ces nuées de souffrance finiront par répandre sur vous une abondante
pluie de joie infinie et de bénédiction. Alors le Soleil de justice brillera sur vous à
jamais. (Jean 16 : 20-22).
CHAPITRE VI
Le Ciel et l'Enfer.
PREMIÈRE PARTIE

Le disciple : Seigneur, où sont le Ciel et l'Enfer et que sont-ils ?


Le Seigneur : 1. Le ciel et l'enfer sont deux états différents dans le monde spirituel ;
états qui ont leur fondement dans le coeur de l'homme. C'est dans ce monde seulement
qu'ils ont leur origine. L'homme, qui ne peut pas voir son propre esprit, ne peut pas
voir non plus ces deux états de l'esprit. Il ne peut que constater leur présence au dedans
de lui, de même qu'il ressent immédiatement la souffrance causée par un coup violent
ou la douceur d'un aliment agréable. Ce n'est parfois qu'au bout d'un certain laps de
temps que la blessure causée par le coup s'enflamme, amenant une souffrance plus
grande, comme aussi ce n'est qu'après avoir été digéré que l'aliment donne des forces
nouvelles. Ainsi, la souffrance et la honte qui suivent le péché, tout comme la joie que
procure une vie d'obéissance, ne sont ressenties immédiatement que dans une faible
mesure ; mais la punition comme
la récompense seront intégralement réalisées plus tard, au seuil du monde spirituel.
2. L'homme, tant qu'il vit dans ce monde, n'est jamais pleinement satisfait de rien ;
sans cesse, il souhaite un changement, soit dans les saisons, soit dans les choses dont il
est entouré, ce qui prouve à l'évidence qu'aucune vraie satisfaction ne peut être trouvée
dans ce qui est périssable et sujet à variations. C'est pour cette raison même que
l'homme recherche ce qui ne change pas, un état dans lequel rien de ce qui est
contraire à sa nature ou à ses désirs ne puisse se produire. Lorsque, dans cette
recherche, il a trouvé ces réalités en moi, il n'à plus aucun désir de changement,
comme nul ne songe à se plaindre d'un ami qui lui procure une joie parfaite. Il ne
désire plus en changer, car cette amitié parfaite est précisément l'objet de toutes nos
aspirations. Obtenir une paix
véritable et bien réelle, c'est le but recherché par tout être humain.
Parfois, un homme éprouve soudainement une impression de tristesse ou de bien-être,
sans avoir rien fait pour cela. Cette impression vient d'une pénétration en lui du monde
spirituel, soit du ciel soit de l'enfer, dont l'ombre s'étend quelquefois sur le coeur
humain. Peu à peu, cet homme en arrive à être en contact permanent avec l'une ou
l'autre de ces deux influences puis, suivant que le pousseront ses habitudes bonnes ou
malsaines, il s'identifie avec l'un de ces états et y demeure à toujours. C'est ainsi que le
ciel ou l'enfer commence dans la vie d'un homme déjà dès ici bas, et pendant qu'il vit
encore dans ce monde. Après sa mort, ayant quitté ce corps de chair, il entre
pleinement dans l'état vers lequel il s'est laissé attirer.
3. Il en est qui prétendent que le désir est à la source de toute souffrance, de toute
peine et que, par conséquent, nous ne devons pas désirer la joie du ciel, la joie en
Dieu. Ils affirment que le salut consiste à tuer tout désir. N'est-ce pas tout aussi insensé
que de dire à un homme qui meurt de soif qu'il doit tuer la soif ? La soif, comme le
désir, est de ce monde. La tuer, la supprimer, plutôt que l'étancher, l'apaiser, c'est
détruire la vie. Ce n'est pas le salut, mais la mort. Par conséquent, de même que
l'homme altéré réclame de l'eau et que cette eau a été donnée pour apaiser la soif, de
même, dans le domaine de l'esprit, l'âme altérée réclame la vraie joie et la paix
véritable. Aussi, lorsque l'esprit trouve Celui qui a créé en lui ces aspirations, il reçoit
de Lui une joie et une satisfaction infiniment plus grandes que celles de l'homme altéré
qui découvre une source d'eau. Cette paix et cette joie en Dieu,
voilà ce que nous appelons le ciel.
4. Dans ce monde, beaucoup ressemblent à l'homme qui mourut de soif, bien
qu'entouré d'eau de toutes parts, de l'eau sans limites de l'océan. Cette eau salée ne
pouvait ni calmer sa soif ni sauver sa vie : il n'y trouva que la mort. C'est ainsi que
beaucoup d'hommes meurent de soif bien qu'entourés d'une mer sans limites de vérité,
de vie et d'amour ; la cause de cette mort, c'est leur péché. Mais, pour ceux qui se
repentent et se tournent vers moi, des sources d'eau vive jaillissent de mon amour
infini si bien que, inondés de cet amour sans bornes, ils trouvent en Celui qui les aime
ainsi, le vrai repos et la vie éternelle. C'est ce qu'ils appellent le ciel.
Bien des hommes aiment tellement le monde et lui sont si fortement attachés que,
malgré l'attirance vers les choses divines qu'ils ressentent lorsque, en contact avec mes
enfants, ils écoutent leur témoignage, ils retombent toujours, comme des pierres
attirées à la terre par une invincible force d'attraction. De chute en chute, ils finissent
par mourir en enfer. Quant à celui qui, se repentant de tout son coeur, s'attache
fortement à moi, je le purifierai par le moyen des épreuves que mon amour lui
dispensera et je ferai de son coeur un temple pour le Roi des rois. Et quant aux choses
du monde, à la gloire et aux royaumes, l'histoire nous montre que si, aujourd'hui, les
rois se glorifient de leur majesté, de leurs couronnes et de leurs trônes, demain, il n'y
aura plus ni trône, ni majesté, car tout cela n'est que poussière. La gloire, la grandeur,
le trône et la couronne de ceux qui deviennent les enfants du Royaume de Dieu sont
éternels. Cette royauté et cette joie célestes ne connaîtront pas de fin.
6. Pour combler leur ambition et augmenter leurs jouissances, les pécheurs volent tout
ce qu'ils peuvent des plaisirs des autres. C'est la raison pour laquelle, en sortant de leur
maison, ils la ferment à clef (1). Il sera nécessaire de tout fermer ainsi, aussi longtemps
que le coeur de l'homme restera fermé à l'amour de son Créateur. Lorsque le coeur
s'ouvre à Celui qui se tient à la porte et qui frappe, (Ap. 3 : 30) tous ses désirs et ses
aspirations sont comblés. Il n'y a plus aucune raison de fermer sa demeure, car alors,
plutôt que de se faire du tort mutuellement, les hommes se servent les uns les autres
avec amour. En effet, dès que les hommes obéissent à la volonté de leur Père céleste,
ils sont contraints par son amour à se dévouer au service de leurs frères et, dans ce
service pour l'amour du Père, ils trouvent un bonheur merveilleux en même temps
qu'une joie infinie. C'est le ciel même.
7. Le jour où, pour sauver de l'enfer les pécheurs, fils d'Adam, et leur ouvrir le ciel, je
donnai ma vie sur la croix, deux brigands étaient là avec moi, l'un à ma droite, l'autre à
ma gauche, En apparence, nous souffrions le même supplice ; nous étions crucifiés
tous les trois et cependant, au point de vue spirituel quelle différence ! L'un des deux
me ferma son coeur et, n'ayant pas voulu se repentir, il mourut dans son péché. L'autre
se repentit sincèrement ; il m'ouvrit son coeur à moi qui mourais à cause du péché ; il
obtint la vie nouvelle et, ce même jour, il entra dans le paradis. (Luc 23 : 39-42) Ce
paradis n'est pas seulement un état d'après la mort ; il commence dans le coeur de
l'homme dès ici-bas, bien que le monde ne puisse pas le voir (Luc 17 : 21). Un de mes
fidèles témoins, mis à mort
dans d'affreuses tortures, était tellement rempli de la joie du ciel qu'il disait à ceux qui
le martyrisaient : « Je voudrais être capable d'ouvrir mon coeur, pour vous y faire voir
cette paix véritable et magnifique que le monde ne peut ni donner ni ôter. Vous seriez
alors convaincus de sa réalité. Mais c'est la manne cachée, qui ne peut être vue ni
montrée.» Après qu'ils l'eurent fait mourir, ils ouvrirent son coeur pour voir s'ils y
trouveraient quelque chose d'extraordinaire, mais ne trouvérent qu'un simple coeur de
chair. Ceux-là seuls qui ont obtenu un coeur nouveau connaissent la réalité et la joie
du ciel.
8. Le sein de Marie, dans lequel je demeurai quelques mois sous une forme humaine,
fut béni moins richement que ne l'est le coeur de celui chez qui je fais ma demeure
pour jamais, le remplissant de la joie du ciel. (Luc 2 : 27 -28).
9. Il y a aussi beaucoup d'hommes qui, malgré leur ardent désir d'une vie Céleste ne
l'obtiennent jamais, par suite de leur négligence et de leur ignorance. Un pauvre
mendiant s'assit pendant vingt-et-un ans audessus de la cachette, inconnue de tous, où
l'on avait enfermé un trésor royal. Comme il désirait, espérait même devenir riche un
jour, il mendiait des sous de cuivre. Puis il mourut dans la pauvreté et un complet
dénuement, ignorant tout, jusqu'à la fin, des immenses richesses àu-dessus desquelles
il avait été assis pendant si longtemps. Les autorités, qui soupçonnaient ce mendiant
d'avoir enterré de l'argent à l'endroit où il se tenait habituellement, firent creuser à cette
même place ; on y découvrit un riche trésor qui fut versé dans la caisse royale.
Repentez-vous, car le Royaume des cieux est aussi tout près de vous. (Mat. 4 : 17).
10. Ceux qui n'ont aucune expérience de la vie de l'esprit déclarent que, dans ce triste
monde, il est impossible d'avoir la joie du ciel et la vraie paix. Au contraire, ceux qui
connaissent la vie nouvelle donnée par l'esprit savent que, dans ce monde froid et
troublé, les joies du ciel et des torrents de paix inondent le coeur des croyants, pareils à
ces sources chaudes qui parfois jaillissent du sol glacé des contrées les plus froides.
C'est le feu sacré de l'Esprit Saint qui brûle ainsi dans le coeur de mes enfants.
11. Dieu créa tous les hommes d'un seul sang, à son image et à sa ressemblance, mais
Il a donné à chacun une constitution, une nature et des qualités différentes. Si toutes
les fleurs, ici-bas, avaient la même couleur et le même parfum, la beauté disparaîtrait
de la face de la terre. La lumière du soleil, lorsqu'elle éclaire des verres de couleurs
différentes, ne change pas ces couleurs mais rend manifeste à nos yeux leur variété et
leur beauté. C'est ainsi que le Soleil de justice, brillant dans ce monde et dans le
monde à venir, rend manifeste l'amour ineffable et la gloire de Dieu dans la personne
de ses enfants. De cette manière, Moi en eux et eux en Moi, nous nous réjouirons à
toujours et à perpétuité.

SECONDE PARTIE

Le disciple : Seigneur, il en est qui assurent que le réconfort et la joie qu'éprouvent les
croyants ne sont que le résultat de leurs propres pensées. Est-ce vrai ?
Le Seigneur : 1. Le réconfort et la vraie joie ressentis par les croyants sont le résultat
de ma présence vivifiante et de l'abondance de vie dont les remplit le Saint-Esprit.
Ceux qui prétendent que cette joie spirituelle n'est que le résultat de leur imagination
sont des insensés, tout comme cet aveugle-né qui, assis dehors par un jour d'hiver, se
chauffait au soleil. On lui demanda ce qu'il pensait de la chaleur du soleil et il répondit
en niant jusqu'à l'existence même de ce soleil dont il sentait la bonne chaleur. Il disait :
« Cette chaleur provient de mon propre corps seulement, c'est maintenant que je la
réalise d'une manière extérieure et sensible. C'est un effet de mon imagination.
Lorsque les gens prétendent qu'il existe une chose pareille à une boule de feu,
suspendue dans les airs sans aucun support, et qu'ils l'appellent soleil, ils ne disent que
des non-sens ». « Veillez donc à ce que personne ne vous séduise par la philosophie ou
des illusions trompeuses, selon la tradition des hommes » (Col. 2 : 8 ).
2. Si la vraie joie dépendait de l'imagination d'un homme, tout le monde de la pensée
et de la philosophie en déborderait. Pourtant, à l'exception de mes fidèles, aucun des
philosophes ou des docteurs de ce monde ne possède la paix véritable. Ils n'ont rien
acquis, si ce n'est une sorte de confort fictif, en suivant des préceptes qu'ils ont
eux-mêmes établis.
J'ai, il est vrai, créé dans la nature humaine le besoin et la capacité de recevoir le feu et
le souffle de l'esprit, au moyen desquels l'homme peut obtenir la joie et la vie divines,
de même que la capacité existe, dans le charbon, d'absorber le feu et de brûler. Sans
oxygène, impossible d'avoir du feu ; sans le souffle de l'esprit dans le coeur de
l'homme, celui-ci resterait dans les ténèbres, sans jamais devenir capable de recevoir la
lumière ni d'obtenir la joie céleste
3. Le coeur et les pensées de l'homme doivent être préparés à vibrer sous l'action du
Saint-Esprit, exactement comme les cordes d'une cithare ou d'un violon qui,
lorsqu'elles ont été accordées, vibrent harmonieusement au moindre attouchement du
plectrum ou de l'archet. Si elles ne sont pas accordées, l'archet ne produira, au
contraire, que des sons discordants. Les sons harmonieux produits par l'accord de
toutes les cordes de l'instrument dépendent aussi de l'air environnant. Le mouvement
des cordes, en effet, se communique à l'air dont les
vibrations atteignent notre oreille et y produisent une impression délicieuse. De même
aussi, le souffle vivifiant de l'esprit est indispensable pour créer dans la volonté et
l'imagination de l'homme la céleste musique de l'union avec Dieu. A cette seule
condition, un accord parfait pourra être produit dans la vie de l'homme dès ici-bas, et
pour toujours au ciel, dans l'éternité.
Le disciple : Parfois, je fais l'expérience que toute ma joie et ma paix semblent
s'évanouir en un instant. Seigneur, est-ce la conséquence d'un péché caché que j'ai
commis, ou bien cet état a-t-il quelque autre cause dont je ne me rends pas compte ?
Le Seigneur : 4. Il arrive, certainement, que cet état soit dû à une désobéissance, mais
quelquefois aussi, bien que je semble laisser mes enfants abandonnés et sans paix, ce
n'est que pour un peu de temps. Je veux ainsi leur faire voir leur complète faiblesse,
afin qu'ils sachent que, sans moi, ils ne sont que des ossements desséchés. (Ez. 37 :
1-4). S'ils demeuraient longtemps dans une paix que rien ne viendrait troubler, ils
pourraient oublier leur ancien état de péché et, comme Satan, s'enfler d'orgueil en se
croyant des dieux. (1 Tim. 3 : 6 ; Jude 6 ; comparer Es. 14 : 12-17) Plus encore, c'est
une manière de les instruire. S'ils restent alors humblement et fidèlement attachés à
moi, leur Créateur, ils seront bénis dans le ciel au siècle des siècles.
5. Il arrive aussi que, lorsque je remplis le coeur de mes enfants de ma présence et de
la plénitude du Saint Esprit, leur âme en reçoit une joie et un bonheur divins. Le corps
terrestre est incapable de supporter cet état glorieux et béni ; il en est comme épuisé ou
bien il tombe dans une sorte d'inconscience, car la chair et le sang ne peuvent pas
hériter du Royaume de Dieu, ni ce qui est mortel prendre la place de l'immortel,
jusqu'à ce que l'homme mortel soit rendu glorieux, ayant échappé au pouvoir de la
vanité et de la mort. (1 Cor. 15 : 50-53 ; Rom. 8 : 19-22). Alors enfin, ma volonté sera
faite sur la terre par toute créature, comme elle l'est dans le ciel. Alors, le chagrin et la
tristesse, la mort et le deuil, les cris et la douleur, seront abolis à jamais et mes enfants
bien-aimés règneront pour toujours dans le royaume de mon Père, où tout est joie par
le Saint-Esprit. (Rom. 14 : 17 ; Ap. 21 : 4 ; 22)

Prière
Seigneur, mon coeur déborde de reconnaissance pour tes dons et
tes bénédictions de toute sorte. La reconnaissance du coeur et des
lèvres serait insuffisante si je ne mettais pas ma vie à ton service
pour te rendre témoignage par mes actions. A Toi la gratitude et la
louange, car Tu as sorti de son néant un être sans valeur tel que
moi, pour en faire ton élu, et tu m'as rendu heureux dans ton
amour et dans le sentiment de ta présence. Je ne te connais pas
parfaitement ; je ne connais même pas mes propres besoins mais
toi, ô Père, tu connais parfaitement tes créatures et leurs besoins.
Je suis incapable de m'aimer moi-même autant que tu m'aimes.
En réalité, m'aimer moi-même, c'est aimer de tout mon coeur, de
toute mon âme, l'amour sans bornes qui m'a créé et qui est
Toi-même. Tu m'as créé avec un seul coeur, afin qu'il soit à Un
seul, à Toi, qui m'as créé.

Seigneur, être assis à tes pieds est mille fois meilleur et plus
précieux que d'être assis devant n'importe quel trône terrestre ; c'est
vraiment être assis pour toujours dans le Royaume éternel. En ce
moment, je m'offre moi-même en holocauste, sur l'autel, à tes pieds
bénis. Accepte moi quand et comme tu le voudras. Use de moi
selon ton plaisir. Tu es à moi et je suis à Toi. Tu m'as créé à ton
image, d'un peu de poussière, et tu m'as accordé le droit de devenir
ton enfant. L'honneur, la gloire et la louange soient à Toi au siècle
des siècles.
Amen.

1) En Orient, il est d'un usage courant de ne pas fermer sa demeure lorsqu'on en sort.

Connaître Christ dans la souffrance.


Discours prononcé à Genève, à la Salle de la Réformation, le jeudi 9 mars 1922.
II Ep. à Timothée, 1, 12 : C'est à cause de cela que je souffre ces choses; je n'en ai point
honte, car je connais celui en qui j'ai cru..

Les deux manières de connaître Christ.


Saint-Paul dit : « je n'ai pas honte de souffrir pour Lui, car je connais celui en qui j'ai
cru ». Il n'écrit pas : « je sais beaucoup de choses de Lui », mais : « je Le connais, Lui,
personnellement. » Il y a une grande différence entre savoir quelque chose de Christ et
connaître Christ. Tant que saint Paul a connu Jésus-Christ par ouï dire, il l'a persécuté,
mais dès qu'il l'a connu personnellement, il a été lui-même persécuté pour Christ.
Il y a quelques années, j'étais un Hindou bigot, un ennemi du christianisme; j'entendais
parler de Jésus-Christ et je le haïssais, mais, dès que j'appris à le connaître intimement,
je l'aimai. Voilà la différence entre connaître Christ et savoir quelque chose de Lui.
Des amis hindous, aux Indes, m'ont questionné sur les pays dits chrétiens. Eh bien,
dans ces pays, on entend beaucoup parler de Jésus-Christ et quelques-uns le
connaissent, lui obéissent, l'aiment et le servent. Ceux qui savent quelque chose de
Lui, ne savent pas qui est Jésus-Christ. Nous ne pouvons pas lui obéir, l'aimer et le
servir, avant de Le connaître. Nous pouvons, au contraire, savoir beaucoup de choses
de Jésus-Christ sans Le connaître lui-même.
L'an dernier, voyageant dans les montagnes de l' Hymalaya, je vis une plante, un
tonique, appelé « solagi ». C'est un tonique des plus utiles et j'en avais beaucoup
entendu parler. J'avais vu cette plante bien souvent, sans la reconnaître. Désirant savoir
quelle plante c'était, je demandai à un homme : « Qu'est-ce que cette chose noire ? » «
C'est du solagi », me dit-il. Ainsi, je le connaissais de réputation, mais je ne pouvais
pas le reconnaître. Il y en a beaucoup qui rencontrent les fruits du christianisme sans
savoir les reconnaître. Ils en ont entendu parler, mais n'en connaissent pas les effets.
C'est très possible. Mais, si nous connaissons vraiment Christ, il ne sera pas nécessaire
qu'on nous dise de l'aimer; nous l'aimerons tout naturellement.
Aux Indes, il arrive que des étudiants disent : « Tel ou tel savant ne croyait pas en
Jésus-Christ, comment pourrais-je, moi, croire en Lui ? » je réponds : « Il est possible
d'être un savant sur certains sujets, sans avoir su apprécier l'action de Christ. »
A propos d'une peinture magnifique, on demanda à un savant : « Que pensez-vous de
ce tableau ? » il répondit : « C'est une bonne peinture. Elle vaut bien 5 roupies. » Les
gens se dirent « C'est un savant, son jugement doit être juste Le tableau ne vaut que 5
roupies ! » Alors, on demanda à un artiste : « Que Pensez-vous de cette peinture ? » et
il répondit : « Elle est magnifique, splendide; elle vaut mille roupies ! » Le savant était
très instruit dans certaines branches de la science, mais il était incapable d'apprécier les
choses de l'art et son Jugement n'avait aucune valeur. L'artiste lui, était un spécialiste.
Si nous voulons apprendre quelque chose de la religion, nous devons aller à ceux qui
sont des spécialistes en matière religieuse et ont fait des expériences. Nous ne pouvons
pas demander à un ingénieur de connaître la chirurgie, ni à un chirurgien de connaître
la mécanique. Qu'est-ce que les dogmaticiens et les philosophes savent de la divinité
de Jésus-Christ ? Allez auprès des « spécialistes » de la religion, les mystiques, les
prophètes, les hommes de prière, ceux-là savent ce qu'est la religion. Ma religion ne
dépend pas de l'opinion de ce savant-ci ou de celui-là, ma religion dépend de Christ
lui-même.

Le connaître par la prière.


Conversion du Sâdhou.

Pour connaître Jésus-Christ, nous devons vivre avec lui et c'est seulement par la prière
que nous pouvons vivre avec lui. Quand nous vivons avec lui, alors nous savons qui
est JésusChrist. Quelquefois, à cause du péché de notre nature pécheresse, nous ne
pouvons pas le reconnaître, à cause du péché l'atmosphère spirituelle est troublée. Il y
a deux ans, lorsque je me rendais en Australie, je fus témoin d'un fait remarquable.
Chaque matin, nous recevions un journal. Un jour, arrêt soudain, point de nouvelles !
je voulus savoir ce qui se passait : « Pourquoi n'y a-t-il point de nouvelles aujourd'hui
? » « Nous ne recevons pas de nouvelles à cause de la tempête. Il y a des perturbations
atmosphériques et les messages de la télégraphie sans fil ne peuvent pas être envoyés.
» C'était un trouble d'ordre physique qui nous privait de nouvelles. La tempête du
péché provoque aussi des perturbation; dans l'atmosphère spirituelle et nous ne
pouvons pas, alors, recevoir les messages de Dieu. Cette tempête doit être arrêtée et
c'est Jésus seul qui peut la calmer, il peut parler avec autorité au vent et à la mer et il y
aura un grand calme. Quand tout est calme, nous entendons sa voix, nous sentons sa
présence et nous savons qui est Jésus-Christ. Alors nous avons la Joie de sa présence
et sa présence même dans nos coeurs, c'est le Ciel sur la terre. Il est possible que nous
ne le voyions pas des yeux de la chair., mais nous sentirons sa présence. Nous pouvons
voir un fruit, nous pouvons aussi voir notre langue : ce sont deux choses visi mais la
douceur du fruit et le sens du goût dans notre langue, nous ne pouvons les voir. Nous
pouvons jouir de la douceur du fruit, mais nous ne pouvons dire quelle couleur elle a.
Nous pouvons voir la langue, mais nous ne pouvons voir le goût ni quelle couleur il a !
Ainsi nous pouvons voir notre corps et nous pouvons voir Dieu dans ses oeuvres.
L'oeuvre de ses mains est visible, mais Dieu lui même est invisible. Quand nous
passons du temps avec lui dans la prière, nous jouissons de sa présence et nous avons
la douceur de cette présence. Ceux qui réalisent cela peuvent être ses témoins et dire :
«Maintenant, je connais Celui en qui j'ai cru.» Il ne suffit pas d'avoir entendu parler de
lui ; cela ne nous aide en aucune façon ; c'est seulement quand nous le connaissons,
quand nous avons des rapports personnels avec Lui, qu'alors nous trouvons secours
spirituel, joie et puissance.
Certaines personnes essaient de trouver la vérité dans la science, dans la lecture
d'écrits philosophiques. J'ai rencontré de ces gens-là et leur ai demandé « Avezvous
trouvé quelque chose ? » «Non » Ces gens sont comme l'enfant qui tenait un oignon
dans sa main. Il commença à le peler et je lui demandai : « Que fais-tu ?» « J'enlève
les pelures pour trouver ce qu'il y a dedans. » Il enleva toutes les pelures une à une et,
lorsqu'il eut fini, il ne lui restait plus rien, car l'oignon est composé de pelures
successives : il n'y a rien à l'intérieur. La science et les livres sont dans ce monde
comme des oignons. Nous les pelons continuellement, sans rien trouver. je n'ai rien
trouvé dans la philosophie hindoue, mais seulement en Jésus-Christ, que je haïssais
autrefois. J'étais aveugle spirituellement, mais en lui j'ai trouvé ce que j'avais cherché
si longtemps. Je n'oublierai jamais ce jour du 16 décembre 1904 où j'avais brûlé la
Bible et où mon père me dit : « Pourquoi fais-tu une chose aussi stupide -? » je
répondis : « La religion d'Occident est fausse, nous devons la détruire. » Ainsi je
détruisais la Bible, pensant que j'avais fait mon devoir et trois jours après je vis la
puissance du Christ vivant. Ce jour-là, J'allais me suicider, parce qu'il n'y avait point
de paix dans mon coeur. Je m'éveillai de bonne heure le matin; c'était en hiver et je
pris un bain froid. Alors, je commençai à prier, mais non pas le Christ des chrétiens
car je haïssais les chrétiens. Je priais comme un athée, car j'avais perdu ma foi en
Dieu. je disais : « Si Dieu existe, qu'il me montre le chemin du salut et je Le servirai
toute ma vie; sinon, je me suiciderai. » De 3 à 4 heures et demie du matin, je priai sans
relâche. J'étais décidé à me suicider à 5 heures, au passage du train en plaçant ma tête
sur les rails, de sorte que je n'avais plus qu'une demi-heure. C'était ma dernière prière :
« Si Dieu existe, qu'il me montre le chemin du salut. » Alors arriva quelque chose que
je n'aurais jamais attendu... La chambre se remplit d'une merveilleuse, d'une glorieuse
lumière et je vis un homme resplendissant debout devant moi. Je crus que c'était
Bouddha, Krishna ou un autre des saints que j'adorais, et j'étais tout prêt à me
prosterner devant lui, lorsque, à ma profonde surprise, j'entendis ces mots : « Combien
de temps encore me persécuteras-tu ? je suis mort pour toi : pour toi j'ai donné ma vie.
» je ne pouvais pas comprendre, je ne pouvais pas dire un seul mot... alors, je vis les
cicatrices du Christ vivant, de ce Christ auquel je pensais comme à un grand homme
ayant vécu en Palestine et mort depuis longtemps... et je découvrais qu'il était vivant,
le Christ vivant et non pas un Christ mort et disparu ! je n'étais pas préparé à l'adorer;
je vis son visage rayonnant d'amour. Bien que j'eusse brûlé la Bible deux jours
auparavant, il n'était pas irrité. Je fus transformé: je connus là le Christ vivant, le
Sauveur du monde et mon coeur fut rempli d'une paix et d'une joie que je ne puis
décrire. Quand je me relevai, il avait disparu. J'allai tout dire à mon père qui ne put pas
le croire. « Avant-hier tu brûlais la Bible ! Comment se peut-il que tu sois maintenant
un chrétien ? » « Parce que j'ai vu Sa puissance. Il est le Christ vivant! »

Le Christ donne la paix.

Tandis que l'hindouisme et le bouddhisme ne m'avaient rien donné, Il m'a donné cette
paix que le monde ne peut ôter. S'il n'était pas le Christ vivant, je ne prêcherais pas
l'Evangile. Ce n'est pas en imagination que je l'ai vu puisque, auparavant, je le haïssais
et ne l'adorais pas. Si ç'avait été Bouddha, on pourrait dire que c'était un effet de mon
imagination, car j'avais coutume de l'adorer. Ce n'était pas un réve : quand on sort d'un
bain froid, on ne rêve pas ! C'était une réalité, le Christ vivant. Il peut changer un
ennemi de Christ en un prédicateur de l'Evangile. Il m'a donné sa paix, non pas
seulement pour quelques jours, mais pendant 16 ans, une paix merveilleuse, que je ne
puis pas décrire, mais dont je puis rendre témoignage. Lorsque je pense aux chrétiens
de nom, je suis triste. Ils savent tant de choses sur Jésus-Christ et ils ne Le connaissent
pas. S'ils Le connaissaient, ils l'aimeraient et Le suivraient. Il y en a beaucoup qui ne le
connaissent que par la théologie ou à un point de vue historique; ils n'ont pas de temps
à passer avec lui et ils ne Le connaissent pas. C'est pour cela qu'ils se mettent à nier sa
divinité. Il leur est impossible de voir la divinité du Christ en jésus. Demandez à ceux
qui ont vécu avec lui qui est Jésus-Christ. Le Christ vivant a changé leur vie d'une
façon si merveilleuse que sur la terre ils vivent déjà dans le Ciel. Il leur donne la paix,
la vraie paix, parce qu'il est le Prince de la paix. Les hommes ont essayé d'amener la
paix dans ce monde et de faire cesser la guerre. La Ligue des Nations aussi a fait de
grands efforts, mais la Ligue des Nations ne peut rien faire tant qu'il n'y a pas une
ligue des coeurs et cette ligue n'est possible que si les coeurs se sont donnés à Celui
qui est le Maître des coeurs. En Lui seul nous trouvons une paix véritable. La
difficulté, C'est que nous savons ce qui le concerne, mais nous ne Le connaissons pas.
Quand nous Le connaîtrons, Il se révélera à nous, nous vivrons en Lui et nous vivrons
pour les autres en son nom. Alors, nous verrons sa puissance, même dans les plus
grandes difficultés et nous aurons la paix. J'en ai fait moi-même l'expérience.

Le christ se révèle dans la souffrance.

Dans les montagnes de l'Himalaya, j'ai prêché l'évangile dans un endroit où aucun
missionnaire n'a la permission d'aller. Jétais sur le marché, lorsqu'un gendarme
m'arrêta et me conduisit devant le Rajah. Celui-ci, voyant un Sâdhou, dit au gendarme
de me laisser aller; mais, dès qu'il comprit que j'étais un Sâdhou chrétien, il dit : «
C'est bien, mettez-le en prison. Si vous aviez été un Sâdhou hindouiste, je vous aurais
donné un palais tout près d'ici. » je savais qu'un Sâdhoti hindouiste avait vécu dans ce
palais; mais il n'avait pas pu trouver la paix et s'était suicidé en se jetant dans la
rivière. je dis alors au Rajah : « Vous m'offririez un palais si j'étais un hindouiste ?
Mais l'hindouisme n'a rien pu faire pour moi, tandis que, depuis que je suis chrétien, le
christianisme a tout fait pour moi. » Et je compare ce palais avec la prison où je fus
conduit. Le Sâdhou hindouiste dans le palais, le Sâdhou chrétien dans la prison ... et je
rends grâce à Dieu pour cette prison. Je ne voudrais pas habiter un palais et n'avoir pas
la paix ... Jésus-Christ, le Christ vivant, a changé pour moi la prison en un Ciel sur la
terre. je n'ai pas honte de souffrir pour lui, parce que je connais Celui en qui j'ai cru.
Bien que mes mains et mes pieds fussent liés de chaînes, je possédais une paix si
merveilleuse que c'était vraiment le Ciel sur la terre. Christ était avec moi, selon sa
promesse : « je suis toujours avec vous ! » S'il n'avait été qu'un grand homme, il ne
pourrait pas être toujours avec nous, il ne pourrait pas m'avoir donné cette paix
magnifique ! Il est toujours avec nous et c'est notre faute si nous ne réalisons pas sa
présence. Nous ne savons pas passer du temps avec lui, dans la prière, et nous ne
comprenons pas qui est Jésus-Christ. Dieu veut nous accorder les bénédictions
spirituelles, mais il faut que nous les demandions. Il nous donne toute sorte de
bénédictions temporelles sans que nous les demandions, mais pas les grâces
spirituelles. Nous ne les obtiendrons qu'en priant.

Ces bénédiction s'obtiennent par la prière.

Dieu a donné à la mère du lait pour nourrir son enfant, mais le lait ne vient dans la
bouche de l'enfant que si celui-ci le prend. Ainsi Dieu, notre mère spirituelle, a pour
nous du lait spirituel qui ne nous sera accordé que si nous le demandons, si nous le
prenons, c'est-à-dire si nous prions. Quand nous prenons ce lait spirituel, alors nous
connaissons sa douceur, nous jouissons de la présence de Christ et, comme l'enfant,
nous devenons plus forts de jour en jour. Alors aussi, par la prière nous pouvons
surmonter la tentation et vaincre Satan. Tout ce que j'ai trouvé, je l'ai obtenu
uniquement par la prière nous négligeons la prière et c'est à cause de cela que nous ne
comprenons pas ce qu'est Jésus-Christ Si nous consacrons chaque jour du temps à la
prière, Il se révèlera à nous et nous saurons qui est Jésus-Christ nous l'aimerons et
nous nous aimerons les uns et les autres.
Aux Indes, on me dit souvent: « Vous appelez les pays d'Europe des pays chrétiens,
mais Christ a dit - « Aimez-vous les uns les autres » et ils se sont fait la guerre les uns
aux autres. Le christianisme a fait faillite en Europe ! » je réponds « je ne suis pas
d'accord avec vous. Le christianisme n'a pas fait faillite, mais beaucoup de gens en
Europe ont fait faillite quant à la compréhension du christianisme ! Ceux qui
connaissent Christ le comprennent et s'aiment les uns les autres. Cette guerre n'est
donc pas la faute de Dieu ! » Beaucoup de gens se nourrissent par le cerveau, alors que
leur âme meurt de faim. Ils essaient de trouver leur force dans des livres, alors que la
force se trouve en Christ seul.

Les biens de ce monde empêchent la prière.

Le monde est comme un océan. S'il est vrai que nous ne pouvons pas vivre sans eau, il
est tout aussi vrai que nous ne pouvons pas vivre si nous enfonçons dans l'eau, car,
dans l'eau, il y a la vie, mais, il y a aussi la mort. Si nous nous servons de l'eau, nous y
trouvons la vie, mais nous trouvons la mort si nous disparaissons dans l'eau.
Nous devons nous. servir des choses que Dieu nous donne, mais non pas nous y noyer.
Lorsque nous nous noyons, nous mourons par suffocation. Beaucoup de gens sont déjà
morts par suffocation, faute d'avoir eu la respiration de la prière; ils sont morts dans
leur matérialisme et n'ont pu saisir 1'Esprit du Christ. Je n'en suis pas surpris le moins
du monde, car ils se meurent d'étouffement. S'ils commencent à vivre, avec
Jésus-Christ, il se révèlera lui-même à eux alors, ils le connaîtront tel qu'il est, ils
seront ses témoins et lui rendront ce témoignage . « Maintenant, je connais celui en qui
j'ai cru ». Que Dieu nous aide à le connaître Lui-même; il ne suffit pas de savoir
quelque chose de Lui. En terminant, je vous remercie d'être venu et d'avoir écouté si
attentivement. C'est très aimable de votre part; mais il y a une requête que je voudrais
vous adresser: de même que vous m'avez écouté avec tant de bienveillance,
voulez-vous écouter la voix de Christ ? Vous avez écouté la mienne. Cela ne vous
servira pas à grand chose, à moins que vous ne l'écoutiez, Lui.
Prenez le temps de prier dans quelque lieu tranquille. Que le Seigneur vous aide à
passer du temps devant lui, afin que vous puissiez entendre Sa voix et jouir de Sa
présence.

Témoins de Jésus-Christ.
Discours du Sâdhou Sundar Singh, prononcé à Genève,
à la Salle centrale, le vendredi 10 mars 1922.
Actes 1, 8: « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et
jusqu'aux extrémités de la terre. »
Non pas des scribes, mais des témoins.
Vous serez mes témoins. Jésus ne dit pas seulement : « Vous serez mes prédicateurs »,
mais : « Vous serez mes témoins ». On peut très bien être un grand prédicateur, un
orateur éloquent, sans être un témoin de Christ. On peut aussi être un témoin vivant,
un grand témoin du Christ, sans, être prédicateur, ni orateur. Tous les vrais chrétiens
ne peuvent pas devenir des prédicateurs, mais chacun d'eux peut devenir un témoin du
Christ, un témoin non seulement par les lèvres, mais par toute sa vie.
Lorsque j'étais en Palestine, il y a un mois, bien des réflexions me sont venues à
l'esprit et cette pensée, entre autres, que notre Seigneur n'a jamais rien écrit. Quelle
grande chose cela aurait été si Jésus-Christ avait écrit l'Evangile lui-même ! Mais Il nia
pas écrit un seul mot et n'a pas non plus demandé à ses disciples d'écrire. Il ne leur a
pas dit : «Je vais dicter, prenez des notes ». Ceux qui ont écrit la Bible n'ont pas reçu
l'inspiration en prenant des notes, mais en vivant avec la Parole de Vie. C'est pour cela
que notre Seigneur ne demanda pas à ses disciples d'écrire quoi que ce soit.
Il a dit : « Mes paroles sont Esprit et Vie ». Il est facile d'écrire des mots pour en faire
un livre, mais il est difficile d'exprimer l'esprit par des mots. La vie et l'esprit du
Seigneur ne peuvent être transcrits que dans les coeurs des hommes et non dans des
livres; et Jésus-Christ savait que son action s'accomplirait dans les coeurs et non pas
dans les pages de son livre.
Nombre de docteurs ont laissé à leurs disciples leur enseignement par écrit, car ils
savaient qu'ils allaient les quitter; mais Christ, qui est Dieu, ne nous quittera pas : nous
avons sa promesse : « je suis toujours avec vous ». Plus tard, ses témoins vivants, qui
avaient vu tant d'évènements, écrivirent les Evangiles sous l'inspiration du
Saint-Esprit. Ils étaient témoins oculaires, ils avaient vécu avec Christ. Ce qui importe
le plus pour nous, c'est ceci : JésusChrist allait vivre dans les coeurs de ses disciples et
travailler par leur moyen; et non seulement par eux, mais aujourd'hui encore, il agit à
travers les coeurs de ceux qui lui appartiennent. Quel grand privilège que d'être son
témoin, le témoin du Christ vivant; c'est un privilège qui n'est pas donné aux anges,
parce qu'ils ne peuvent pas rendre témoignage à sa puissance de Sauveur. Ils n'ont
aucune expérience du salut, puisqu'ils n'ont jamais été pécheurs. Ceux-là, seuls, qui
ont été sauvés par Sa grâce peuvent rendre ce témoignage : « Maintenant, je suis sauvé
! » Comme l'aveugle le disait : « J'étais aveugle et maintenant je vois », ceux qui ont
été de grands pécheurs peuvent dire : « Nous étions aveugles et maintenant nous
voyons; nous sommes Ses témoins dans le monde ». Lorsque Jésus-Christ vit dans nos
coeurs, nous lui rendons témoignage par toute notre vie et non pas seulement par nos
lèvres.
Témoins en vivant de sa vie.
En voyageant dans les montagnes de l'Himalaya, je vis une fois un arbre couvert
d'insectes. Tout d'abord, je ne m' aperçus pas que c'étaient des insectes : ils étaient
posés sur les feuilles et je les pris eux-mêmes pour des feuilles, jusqu'à ce qu'ayant
regardé de plus près, je vis que ce n'étaient pas des feuilles, mais des insectes. Par leur
couleur, par leur forme, en tous points, ils étaient semblables aux feuilles de l'arbre.
J'étais surpris de constater qu'il n'y avait pas la moindre différence entre les feuilles et
les insectes. Un homme du village m'expliqua que ces insectes naissent sur l'arbre,
qu'ils se nourrissent de l'arbre et que l'arbre est tout pour eux. Cela me fit penser au fait
que ceux qui vivent avec Jésus-Christ deviennent semblables à Lui. Ils mangent sa
chair et boivent son sang; Il vit en eux et ils deviennent pareils à Lui. L'homme ne
devient pas Dieu, mais il devient semblable à Jésus-Christ lorsqu'il vit avec Lui. En
d'autres termes, les enfants de Dieu peuvent être appelés des portraits de Jésus-Christ,
qui est dans le ciel, et quand ils ressemblent ainsi à leur Sauveur, leur vie est un
témoignage pour d'autres. Nous sommes façonnés à son image. S'il vit en nous, nous
serons formés spirituellement à sa propre image, mais ce n'est possible que lorsqu'Il vit
en nous et que nous vivons dans le monde sans être de ce monde. Nous sommes dans
ce monde comme de petits bateaux.
Une barque est très utile pour aller sur l'eau. Comme les routes sont bonnes pour les
automobiles, tandis qu'elles ne valent rien pour les bateaux. Le bateau est très utile sur
l'eau, mais "si l'eau est dans le bateau, tout est perdu. Ainsi nous ne pouvons vivre que
dans le monde, mais il ne faut pas que le monde soit en nous.
Témoins en nous dégageant du monde.
Si le monde pénètre en nous, nous sommes noyés dans ce monde et nous ne pouvons
plus être des témoins, parce que nous sommes morts. Ainsi ce n'est pas ce monde,
mais Christ qui doit vivre en nous, et alors il sera possible de lui rendre témoignage
par nos lèvres et par nos vies... « Vous serez mes témoins ». Témoins de ce que la
tentation peut être vaincue, non par nos propres efforts, mais par Sa grâce et Son
secours. Nous connaissons la puissance du péché et Satan est très fort, mais notre
Sauveur est plus fort que Satan.
Un jour que j'étais assis sur un rocher, je vis au-dessous de moi un oiseau qui volait
lentement. J'observai ses mouvements et, au bout d'un moment, je vis un gros serpent
qui regardait l'oiseau et l'attirait par son pouvoir magnétique. Le pauvre petit oiseau
était attiré dans la gueule de la mort. Il ne savait pas où il allait, mais l'eût-il su qu'il
n'aurait pas eu la force de résister. J'essayai de jeter des pierres pour lui sauver la vie,
mais inutilement. Alors, j'assistai à une scène tragique : au moment où l'oiseau arriva à
la bouche du serpent, il fut englouti d'un coup. C'est exactement ainsi que Satan, le
serpent ancien, a beaucoup de choses intéressantes à montrer à tous, jeunes et vieux,
pour les attirer à Lui. Nul de nous n'a en lui-même le pouvoir de résister au mal et
nous allons au devant de la gueule de la mort, mais si nous regardons à Jésus-Christ, il
peut nous attirer à Lui et nous élever jusqu'au Ciel. Des pierres que l'on jette en l'air
retombent sur le sol, car par la loi de la pesanteur la terre attire tout à elle, mais,
lorsque Jésus-Christ monta au Ciel, il ne retomba pas sur le sol.
Le mois dernier, me trouvant sur le Mont des Oliviers, je me disais que, malgré la loi
de la pesanteur la terre n'a pu retenir le Sauveur. Il s'en alla, en dépit de cette loi; il
monta au ciel. Ainsi, il attire à lui ceux qui le prient, il les attire vers la patrie céleste.
Bien que nous vivions dans ce monde, Sa puissance d'amour travaillera en nous; nous
n'aurons aucune difficulté à résister au mal, aucune même à vaincre Satan; nous serons
rendus capables d'être les témoins de notre Sauveur. Il a fait tant de grandes choses
pour nous. Il nous a affranchis et un pécheur sauvé est en état de rendre témoignage de
sa propre existence. Nous vivons encore dans ce monde de péché, mais nous y vivons
avec lui, nous sommes rendus libres à l'égard du péché.
Témoins qui agissent sur le monde.
Si nous vivons avec Christ, même les choses qui font du mal à d'autres nous
deviennent utiles. Dans un de mes voyages dans l'Himalaya, j'arrivai un jour à
quelques cents mètres d'un village horriblement sale; la mauvaise odeur était si forte,
que j'en eus des nausées. Quelques jours plus tard, je repassais par là et vis un
changement merveilleux. La saleté était la même qu'auparavant, cela n'avait pas
changé, mais une fleur magnifique avait poussé au beau milieu de l'ordure et le suave
parfum de la fleur dominait la puanteur. La saleté avait agi comme une nourriture,
comme un engrais pour la fleur. L'ordure même pouvait l'aider à croître, et elle
tournait sa corolle vers le soleil. Les rayons du soleil tombaient sur la fleur, elle en
recevait la chaleur et là, au milieu de la saleté, éclatait la gloire de Dieu. Les vrais
chrétiens sont dans ce monde comme des fleurs. Ils ont beau vivre au milieu de la
boue du péché, si leurs faces et leurs coeurs sont tournés vers le Soleil de justice, sa
lumière brille dans leurs coeurs et ils peuvent rendre témoignage que le Christ vivant
est à l'oeuvre dans leur vie. Ces chrétiens-là sont comme un parfum suave dans ce
monde de douleur et beaucoup d'autres pécheurs sont sauvés par leur effort. Lorsqu'ils
en auront amené d'autres au salut, ils recevront leur récompense. Ainsi que le dit
Daniel : « Ils brilleront comme des étoiles ». Notre Seigneur a dit plus encore. Daniel
dit que, grâce à leurs efforts, ils brilleront comme des étoiles, mais le Sauveur a dit : «
Ils resplendiront comme le soleil dans le Royaume de Dieu » et ils recevront leur
récompense. Tout ce que nous aurons fait pour le Sauveur aura sa récompense.
Chacun de nous ne peut pas devenir missionnaire, mais chacun peut aider la mission
par la prière, et soutenir ainsi ceux qui sont partis comme missionnaires. Chacun peut
s'associer à l'oeuvre du Seigneur par ses prières et par ses dons, mais la chose
essentielle, clest la prière. Par la prière, nous pouvons travailler pour le Seigneur,
même si nous sommes pressés par notre travail journalier.
Par la prière, nous n'aidons pas seulement aux autres, nous sommes transformés
nous-mêmes et rendus semblables à notre Sauveur. De cette manière, même dans notre
bureau ou notre magasin nous pouvons être les témoins de Christ et confesser Son
nom. Que Dieu nous aide, afin que nous puissions vivre en Lui et Lui en nous, afin
que nous puissions rendre témoignage à notre Sauveur vivant.
J'aurais encore beaucoup à dire, mais je sais que quelques amis désirent poser des
questions. Je serai heureux d'y répondre.

Questions posées au Sâdhou à la Salle centrale.

Chrétiens en secret aux Indes.

« Pouvez-vous nous dire quelque chose des sociétés secrètes de chrétiens aux Indes ? »
Il y a, aux Indes, des disciples secrets de Christ. Beaucoup d'entre eux ne le confessent
pas ouvertement. Ils travaillent à leur manière. Sur bien des points, je ne suis pas
d'accord avec eux. Ils croient avoir été conduits à travailler dans le secret et lorsqu'on
leur demande pourquoi ils ne se déclarent pas, ils répondent : « Notre Seigneur nous a
appelés à être des pêcheurs. Quand un pêcheur veut prendre du poisson, il ne fait pas
de bruit, il s'assied bien tranquillement jusqu'à ce que son filet soit plein, car s'il faisait
du bruit, le poisson se sauverait. Nous travaillons donc dans le silence et, lorsque le
filet sera plein, le monde entier verra le résultat de notre travail... »
Il arrive que ceux qui travaillent pour le Seigneur se découragent en ne voyant aucun
fruit de leur effort, mais c'est qu'ils ne peuvent pas comprendre combien il est difficile,
aux Indes, de confesser Christ ouvertement, à cause de la question des castes. Il y a
plus de seize ans que je suis devenu chrétien et, en même temps, un hors caste aux
yeux de ma famille pour ma vie entière. je ne puis ni vivre avec eux, ni manger avec
eux. Ah ! ce n'est pas facile d'être chrétien ! Mais Dieu entend mes prières; mon père
est devenu chrétien et plusieurs de mes parents songent à le faire, mais ils ne peuvent
se déclarer ouvertement, à cause des difficultés de la caste. Le SaintEsprit travaille
d'une manière magnifique que nous ne pouvons comprendre; mais nous verrons les
fruits de notre travail, sinon bientôt, du moins en son temps à Lui.
Un converti m'a raconté son expérience : elle était merveilleuse. Il me disait : «
Lorsque j'ai éprouvé que Christ est le Sauveur, j'ai désiré le confesser publiquement,
mais j'avais peur d'être chassé de chez moi, lapidé, tué peut-être. Pourtant, j'ai essayé.
Au commencement, je tremblais, mais bientôt je sentis une puissance merveilleuse et
je vis se réaliser la promesse de Dieu : Ta force durera autant que tes jours. Je pouvais
rendre témoignage à mon Sauveur et je regrettai de ne pas l'avoir fait plus tôt; je ne
savais pas; si j'avais su quelles expériences bénies je ferais, je l'aurais confessé depuis
longtemps ». Moi-même je pensais que la persécution était impossible à supporter,
mais par elle j'ai fait, d'une façon merveilleuse, l'expérience de la présence du Sauveur,
de la communion avec ses souffrances, de sa vie et de son action dans nos coeurs. Une
fois, mes parents cherchèrent à se débarrasser de moi et mettant du poison dans ma
nourriture. J'en mangeai et le lendemain je fus aux portes de la mort. Le docteur
déclara qu'il n'y avait aucun espoir, et le missionnaire chez qui j'étais me croyait aussi
perdu. Pour moi, j'étais sûr que je me rétablirais, afin de rendre témoignage à mon
Sauveur. Le docteur refusait de me donner aucune médecine, car il était certain que
j'allais mourir et craignait que, s'il me donnait quelque chose, on l'accusât de m'avoir
lui même empoisonné. Quand j'eus repris connaissance, je dis au docteur de lire le
chapitre 16 de Marc. Il se mit à rire au récit de la résurrection, comme le font les
rationalistes d'aujourd'hui (ils ne comprennent pas les miracles, parce qu'ils n'en ont
pas fait l'expérience, mais ceux qui l'ont faite n'y trouvent aucune difficulté). Le matin
suivant, je me sentais rafraîchi et plein de vie nouvelle; je me levai pour me mettre au
soleil, devant la maison. je vis de loin le docteur qui venait faire les formalités pour
mon enterrement. Quand il me vit à distance, assis au soleil, il fut surpris et honteux; il
s'en alla sans dire un mot, sans même venir jusqu'à moi. le ne le revis pas de
longtemps, mais quelques années plus tard, en parcourant la Birmanie, je le rencontrai
dans une réunion. « Me reconnaissez vous ? » demandat-il. « Oui, la dernière fois que
je vous ai vu, c'était auprès de mon lit de mort. » Il me dit alors que ma guérison
miraculeuse avait produit une telle impression sur lui, qu'il s'était mis à lire la Bible et
était devenu chrétien : « Deux ans après ce miracle, j'ai été baptisé et maintenant je
suis un ministre de Christ ». N'y a-t-il pas là un grand miracle ? Cette conversion du
docteur et ma vie sauvée. Si des rationalistes ou des théologiens viennent me dire
qu'ils ne peuvent pas croire à la divinité de Christ, ils ne sauraient ébranler ma foi.
Je suis ici pour rendre mon témoignage. C'est par sa puissance que j'ai été sauvé,
physiquement et spirituellement, et maintenant c'est lui qui me guide dans les
différentes parties du monde que je. visite. Le souvenir d'avoir persécuté Christ et
déchiré la Bible est comme une écharde dans ma vie. Vous n'avez jamais fait cela,
mais vous courez le danger d'être séduits par des conducteurs intellectuels. Pour avoir
des directions spirituelles, ne vous adressez pas à des rationalistes ou à des théologiens
dépourvus de vie spirituelle, mais allez à la Parole de Dieu et vous trouverez la force
aux pieds du Maître. Dieu nous aide à Le connaître et à faire l'expérience de sa
puissance, afin que nous puissions en sauver d'autres après avoir été sauvés
nous-mêmes.

Au fond du puits au THIBET


« Nous donnerez-vous l'histoire du puits ? »
Le Sâdhou raconta son expérience dans le puits, au Thibet, avec les détails suivants
qu'il n'avait pas donnés auparavant.
Le puits était profond de quarante pieds et entouré d'un mur dans lequel était une
porte, de sorte qu'il y avait deux portes fermées à clef. Le bras gauche de Sundar Singh
avait été cassé avant qu'on le jetât dans le puits, pour l'empêcher de chercher à s'enfuir.
Il entendit qu'on ouvrait la porte et une corde fut descendue. L'homme qui l'avait
lancée lui dit de la saisir, mais il répondit qu'il ne pouvait pas se servir de son bras;
alors l'homme lui dit de mettre la corde sous ses jambes, et il le tira hors du puits. La
nuit était noire; il ne put reconnaître celui qui l'avait retiré, et le prit pour un soldat
thibétain, venu le chercher pour lui faire subir une nouvelle torture. Il lui demanda son
nom, mais n'obtint pas de réponse.
« Après avoir franchi les deux portes que l'homme avait ouvertes, j'attendis pour lui
demander quelle route je devais prendre. J'attendis cinq, dix, vingt, trente minutes,
mais personne ne vint.» Le lendemain matin, je prêchais de nouveau dans le village, et
je fus amené devant le lama. Il me demanda comment j'avais pu sortir du puits. je lui
racontai. On alla vérifier les serrures qui étaient en parfait état et fermées; on chercha
la clef - clef unique - et on la trouva à la ceinture du lama... Celui-ci commença à se
troubler. Enfin il me dit : « Montre ton bras ! » C'est à ce moment que je me souvins
qu'au sortir du puits l'homme avait touché mon bras... je le montrai, il était
parfaitement guéri. Alors le lama me dit: «Ton Dieu t'a protégé; nous ne te ferons
aucun mal, mais va-t-en de notre province, de peur que des malédictions ne nous
atteignent ».
» Ce ne sont pas les jours des miracles qui sont passés, mais les jours de la foi qui s'en
vont. Je m'attends à voir de plus grandes choses encore dans cette région, d'ici à
quelques années. Nous devons nous confier en Christ, croire en Lui, sans jamais
douter. Ne vous fiez pas trop à votre cerveau, écoutez votre coeur. Etendez la main en
croyant et vous recevrez la bénédiction.
» Un homme vint au Sauveur avec une main sèche. Christ savait qu'il désirait être
guéri et lui dit - « Etends ta main ». L'homme obéit et il fut guéri. S'il s'était mis à
raisonner, il n'aurait pas été guéri. Un théologien aurait dit : « Quelle absurdité ! si je
pouvais étendre mon bras, je n'aurais pas besoin de toi ». Mais lui, ne tenait pas aux
raisonnements, il voulait la guérison et il étendit la main. Etendons la main de notre
foi, même si elle est desséchée et nous serons guéris. Nous ne devons pas raisonner ou
douter, car ce serait porter atteinte à son honneur. Confions-nous, obéissons-lui; alors,
nous verrons sa puissance et nous serons ses témoins. je suis témoin que les grandes
choses qu'il a faites pour moi, Il peut les faire pour vous... »

L'expérience chrétienne
Discours du Sâdhou Sundar Singh, prononcé à Genève, Salle de la Réformation, le
dimanche 12 mars 1922, à 3 h. de l'après-midi.
I Jean -1et 2 : Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ceque
nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos
mainsonttouché, concernant la Parole de vie... nous l'avons vu et nous en
rendonstémoignage.
Faire l'expérience du salut en Christ, et non pas analyser le salut.
Saint Jean a vécu avec notre Seigneur pendant plus de trois ans, aussi ce qu'il a écrit
n'est pas une fiction, une nouvelle, mais ce sont des faits. C'est une inspiration qui a
poussé les apôtres à écrire, et cette inspiration ne les a point trompés. Ils n'ont pas été
avec le Seigneur pendant quelques jours ou quelques semaines, mais pendant trois ans
entiers. Si, durant ces trois ans, ils avaient constaté chez le Maître un défaut, un péché
quelconque, ils l'auraient dit. Ils vivaient tout le temps avec lui, jour et nuit. Ils
l'observaient sans cesse et ils ont pu dire : « Nous l'avons contemplé, nous l'avons vu,
nous l'avons entendu », puis : «Nous lui rendons témoignage et nous vous annonçons
la vie éternelle ».
Très souvent, je répète que je ne suis pas dans ce pays pour y prêcher, mais pour
rendre témoignage de ce que le Seigneur a fait pour moi, de ce qu'Il a fait, non pas
depuis quelques jours ou quelques mois, mais depuis seize ans. Il est la Parole de Vie,
Il est mon Sauveur, à moi personnellement; et le Sauveur du monde. Le salut ne
s'obtient pas par la science, mais par la foi, en écoutant et en acceptant la Parole de
Dieu.
Lorsqu'un homme a soif, qu'il soit savant ou ignorant, jeune ou vieux, ce qu'il
demande pour apaiser sa soif, ce n'est pas de la science, c'est de l'eau; et, avant de
boire cette eau, il n'a nul besoin de savoir qu'elle contient de l'oxygène et de
l'hydrogène. S'il attendait, pour boire son eau, de savoir ce que sont l'oxygène et
l'hydrogène, il pourrait bien mourir de soif. Depuis les temps les plus reculés, les
hommes ont étanché leur soif avec de l'eau, sans se soucier d'en connaître la
composition. Nous de même, nous n'avons pas besoin d'être très instruits de ce qui
concerne le dogme de la Trinité ou d'autres doctrines profondes pour recevoir l'eau
vive que Jésus-Christ veut nous donner et qui peut satisfaire notre âme.
Beaucoup de gens ont des doutes, des difficultés spirituelles; ils ne peuvent pas croire
tout simplement que Jésus-Christ, seul, est le Sauveur. J'appelle ces doutes spirituels la
souffrance de l'âme, A cause du péché et de l'attrait du péché, nos relations avec Dieu
sont rompues et nous souffrons. La chose essentielle, c'est d'être en règle avec Dieu;
alors toutes les souffrances s'enfuiront. Les rationalistes et les intellectualistes disent :
« Commencez par expliquer toutes les difficultés, alors nos doutes disparaîtront et
nous pourrons accepter votre enseignement... » Il y a cinq ans, je me trouvais avec un
docteur de mes amis, lorsque nous aperçûmes un pauvre homme, un simple villageois,
qui pleurait à chaudes larmes. Le docteur lui demanda: Qu'y a-t-il donc ? Pourquoi
pleures-tu ainsi ?» « Je suis tombé et me suis cassé le bras; cela me fait mal. » « Ne
crains rien, dit le docteur; dans une semaine tu seras guéri, et la douleur va disparaître
quand j'aurai remis l'os en place. » « Avant de le remettre dit l'homme, commence par
m'enlever la douleur; après, tu feras tout ce que tu voudras. » « Insensé, comment le
pourrais-je ? C'est l'os brisé qui cause la douleur. Quand il sera remis à sa place, tu
n'auras plus mal. » On trouve beaucoup d'insensés pareils à cet homme. Nos doutes
spirituels, la souffrance de notre âme sont causés par le péché; enlevez le péché, il n'y
aura plus de souffrance. Mettez-vous en règle avec Dieu par la repentance et la foi en
Lui, alors la souffrance et le doute, disparaîtront.
C'est l'expérience de beaucoup qui se sont repentis et ont trouvé la paix en Dieu. Et dès
que le doute a disparu de leurs cœurs, ils sont dans une plénitude de joie et de paix. J'ai
fait cette expérience. J'avais tant de doutes, j'étais misérable et sans repos, mais, dès
que j'allai à Jésus-Christ, tous mes doutes disparurent. Et je rends témoignage à Celui
qui a fait de si grandes choses pour moi.
Impuissance de la morale humaine.
Les prédicateurs de morale assurent qu'ils n'ont nul besoin d'un Sauveur. Ils disent : «
Faites de bonnes œuvres, vous serez bons ». Mais il se peut que nous soyons si
pécheurs et si faibles que nous ne puissions pas nous sauver nous-mêmes par nos
propres efforts. Le pécheur est comme un poisson dans un filet : Le poisson peut
regarder entre les mailles et se croire libre, mais sitôt qu'il commence à se débattre, il
réalise qu'il n'est pas libre du tout, qu'il lui est impossible de sortir, car il est pris dans
le filet. Les prêcheurs de morale peuvent voir assez loin par les yeux de leur idéal,
mais dès qu'ils commencent à lutter, ils s'aperçoivent qu'ils sont pris dans l'esclavage
de leur péché. Nous pouvons très bien prendre la résolution de ne plus pécher
désormais, mais cela ne nous sauve pas du filet. Sans doute, le filet n'est pas la mort,
mais il est l'instrument qui nous mène à la mort. La vie du poisson est dans l'eau;
quand il est dans le filet, il est séparé de l'eau. Le filet n'est pas lui-même la mort, mais
le filet sépare le poisson de l'eau et c'est cette séparation qui est sa mort. Quand nous
péchons, nous ne mourons pas tout de suite, mais le péché nous sépare de l'amour de
Dieu et ainsi nous mourons. Jésus-Christ est venu pour nous affranchir de l'esclavage
ou du filet, et quand nous sommes libérés, vivant dans l'océan de Son amour, nous
prenons conscience des bénédictions reçues et nous devenons ses témoins.
L'expérience du salut par la prière.
Beaucoup d'intellectuels n'arrivent pas à voir la beauté et la gloire du christianisme,
C'est-à-dire Christ lui-même. Nous ne pouvons pas comprendre ces choses spirituelles
si nous ne passons pas du temps dans la prière et la méditation. Il peut y avoir de
magnifiques oiseaux dans les airs et de brillantes étoiles au ciel, mais si vous voulez
des perles, vous devez plonger dans les profondeurs de l'océan pour les trouver. Il y a
beaucoup de belles choses dans le monde extérieur, mais les perles ne se trouvent
qu'au fond de la mer. Si nous voulons les perles de l'esprit, nous devons plonger,
c'est-à-dire nous devons prier et alors nous verrons les perles précieuses.
Mais les hommes sont trop occupés; ils n'ont pas de temps à donner à la prière !
L'heure approche où ils devront mourir; diront-ils aussi : « Nous n'avons pas le temps
de mourir » ? La mort n'attendra pas qu'ils aient terminé leur travail. Ne vaut-il pas
mieux prendre chaque jour le temps d'entrer dans l'intimité de Celui qui seul pourra
nous aider après la mort ? Il se révélera à nous dans la prière; nous connaîtrons sa
grâce et nous serons sauvés, car ainsi que quelqu'un l'a dit : « Dans le profond silence
de mon âme, je trouve mon Ciel et mon Dieu ». Dans la mesure où nous réaliserons
cette intimité, nous trouverons la paix, la joie et le Ciel sur la terre. Cela ne signifie
pourtant pas que nous puissions dire comme les panthéistes « Maintenant, je suis Dieu
». Voyez l'éponge plongée dans l'eau : elle est dans l'eau et l'eau est dans l'éponge.
Lorsque nous consacrons du temps à la prière, nous sommes en Dieu et Dieu est en
nous, mais cela ne veut pas dire que nous soyons Dieu ou que Dieu soit nous. Nous
nous rendons compte qu'il est notre Créateur et que nous sommes ses créatures, qu'il
est notre Père et que nous sommes ses enfants. Unis ainsi intimement à lui, nous
faisons l'expérience d'une joie impossible à décrire. Méditons et prions; ne nous
lassons pas de rester aux pieds du Sauveur.
La prière surmonte les doutes et adoucit la croix.
A vrai dire, nous trouvons dans la Bible bien des choses que nous ne pouvons pas
comprendre. Un jour que j'étais dans l'Himalaya, j'avais faim et soif, et rien à manger.
J'aperçus un arbre, sur lequel je grimpai aussitôt pour en cueillir le fruit. L'ayant goûté,
je lui trouvai une telle amertume que je le jetai loin de moi. En descendant de l'arbre,
je vis un homme qui me dit - « Pourquoi jettes-tu ce fruit ? Ne le connais-tu pas ? » «
Non, je sais seulement qu'il est affreusement amer. » «Il est très bon, au contraire, me
dit-il; c'est une noix. » J'avais peine à le croire, mais lorsque j'eus enlevé l'enveloppe
verte si amère, je trouvai une coque dure et, à l'intérieur, une amande délicieuse.
Lorsque les gens regardent le christianisme de l'extérieur, ils voient la croix, et c'est là
l'enveloppe amère : un chemin d'amertume qu'on n'aime pas à considérer de trop près.
Puis il y a la dure écorce des difficultés et des doutes, et l'on, rejette le tout loin de
soi... mais la prière rend tout facile : elle nous permet d'arriver jusqu'à l'amande, d'en
goûter la saveur et de constater que le fruit est une réalité. Mais ce n'est possible que
par la prière. Tous ceux qui ont fait cette expérience spirituelle rendent témoignage à
cette douceur. Notre négligence et notre indifférence nous empêchent de faire
l'expérience de la vérité du christianisme. Nous n'avons rien à dire à d'autres, aucune
expérience spirituelle à leur communiquer pour les aider. Mais si nous vivons près de
Christ, comme, Saint Jean a vécu pendant trois ans, alors nous Le connaîtrons tel qu'Il
est. La Parole de Vie, le Sauveur vivant.
Avant-hier, je parlais de mon entretien avec un homme très instruit, un psychologue,
qui m'assurait que la paix merveilleuse dont j'ai fait l'expérience est un effet de mon
imagination. Avant de lui répondre, je lui racontai l'histoire d'un aveugle-né qui
refusait de croire à l'existence du soleil. On le fit asseoir dehors, au grand soleil, par
une froide journée d'hiver et on lui demanda : « Comment te trouves-tu ? » Il dit : «
J'ai bien chaud. » « C'est le soleil qui te réchauffe, même si tu ne l'as pas vu, tu en as
éprouvé les effets ! » « Non, dit-il, c'est impossible. Cette chaleur vient de mon corps,
de la circulation de mon sang. Vous ne me ferez pas croire qu'il y a, dans le ciel, une
boule de feu suspendue sans une colonne pour la soutenir » - « Eh bien, demandai-je
au psychologue, que pensez-vous de cet aveugle ? » « c'était un fou, répondit-il. » « Et
vous, lui dis-je, vous êtes un fou instruit. Vous prétendez que ma paix est un effet de
mon imagination; mais moi j'en ai fait l'expérience. »
Pendant longtemps, je me suis livré à la méditation, mais cette méditation ne me
procura pas la paix. Par contre, quand j'ai commencé à prier, j'ai senti la présence de
Dieu et les rayons du Soleil de justice dont la chaleur détruit les germes du péché et
donne la vie.
L'expérience d'un martyr.
Nous ne comprenons pas Jésus-Christ, parce que nous n'avons jamais vécu avec Lui
par la prière. Voici le témoignage d'un homme qui m'a parlé de ses expériences
spirituelles : Pendant longtemps, il avait vécu dans une grotte, plongé dans la
méditation des choses spirituelles, sans avoir rien trouvé qui pût l'aider dans les saints
livres de l'hindouisme et du bouddhisme. « je cherchais la vie, disait-il, et je trouvais
beaucoup de choses bonnes, beaucoup de bons enseignements, mais point de vie. Et
c'est de vie que j'ai besoin ! » On lui donna l'Evangile de jean. Il le lut et, au bout de
quelques jours, il fit chercher le missionnaire. Il lui dit que, dans sa grotte, il n'avait
pas trouvé ce qu'il cherchait, mais que lorsqu'il était sorti de la grotte et avait lu
l'Evangile, il avait trouvé la vie. « J'ai lu deux fois l'Evangile, dit-il, en n'y trouvant
que de bons enseignements, des pensées admirables, mais la troisième fois Christ se
révéla Lui-même à moi, je ne le vis pas de mes yeux, mais je sentis Sa présence dans
mon coeur. » Cet homme voulut immédiatement rendre témoignage de ce qu'il avait
trouvé en Christ. Les gens déclarèrent qu'il était resté si longtemps dans la grotte qu'il
y avait perdu l'esprit, et le prêtre demanda ce qu'il fallait faire : « Il a renoncé au
bouddhisme et doit être lapidé, de peur que le peuple ne soit égaré et corrompu par lui
». On lui dit pourtant qu'il ne courrait aucun danger s'il voulait se taire. Il répondit : «
Pendant sept ans et demi, je me suis tu, parce que je n'avais rien trouvé, mais
maintenant que j'ai trouvé, comment pourrais-je me taire ? » On l'emmena à deux
milles du village, à l'endroit où le martyr Kartar Singh avait été tué et on commença à
le lapider. Tout d'abord, les pierres lui faisaient mal et il saignait, mais bientôt il put
dire : « je vous remercie pour ces pierres; elles me procurent tant de joie et de paix. Ce
ne sont, en réalité, pas des pierres, mais des fleurs que vous me jetez ». Bien que tout
son corps fut en sang, il ressentait une telle joie, une telle paix, que ses persécuteurs
n'y comprenaient rien. L'un d'eux, qui cherchait la vérité, dit : « Il prie pour nous,
qu'en pensez-vous ? », « Il est fou ! » répondit-on « Si la folie peut procurer une paix
pareille, alors je veux aussi devenir fou et je ne le désire pas pour moi seulement, mais
pour le monde entier ».
De nos jours, les hommes en tout lieu cherchent la paix, mais ils veulent la trouver en
dehors du Prince de la Paix, et ne l'obtiendront jamais. Nous vivons près du Royaume
de Dieu, mais nous sommes pourtant dehors; nous le désirons, mais à cause de notre
ignorance nous sommes encore loin du Royaume de Dieu.
La prière ouvre les trésors de Dieu.
Avant de terminer, je vais vous raconter encore une histoire. Un homme du Népal,
dans l'Himalaya, avait mendié pendant vingt et un ans. Il s'asseyait à une certaine
place et là, il mendiait afin de devenir riche. Il mourut pauvre, et les gens
S'imaginèrent qu'il avait peut-être caché son argent à l'endroit où il s'était installé pour
mendier, et ils creusèrent. Ils trouvèrent un trésor qui avait appartenu à un roi mort
depuis longtemps. Le mendiant, qui désirait être riche, ne savait pas qu'il était assis sur
de telles richesses. C'est ainsi que les chrétiens de nom désirent le Royaume de Dieu et
s'imaginent qu'en devenant riches ils seront satisfaits. Ils ne sont pas loin du Royaume,
ils sont très près, mais, à cause de leur insouciance et de leur ignorance, ils sont en
dehors. S'ils prient et creusent, ils trouveront de grandes richesses, le salut même. Il
n'y a aucun reproche à faire à Dieu; c'est notre propre faute; nous ne sondons jamais
les choses de l'esprit, nous ne savons pas prier. Les gens acquièrent une sorte
d'apaisement, mais ce n'est pas la paix. Les choses de ce monde ne peuvent pas la
remplacer... Que Dieu nous aide à passer du temps à prier; c'est la chose essentielle
dans notre vie. Puissions-nous réaliser que la porte du Royaume est ouverte par la clef
de la prière. Je ne suis pas le seul à avoir trouvé cette paix; il y en a des milliers
d'autres dans tous les pays. Saisissez cette occasion; allez à Lui en silence, à Celui qui
peut vous bénir, et vous trouverez le ciel sur la terre.

La Parole a été faite chair.


Discours du Sâdhou Sundar Singh, prononcé à La Chaux-de-Fonds, sur la Place
Neuve, le mardi 14 mars (1).

Jean 1, 4: La parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de
vérité. Et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique, venu
du Père.
Dieu s'est fait homme. En d'autres termes, la Parole a été faite chair. Dieu est infini et
personne ne peut voir cet infini; et c'est ainsi que, pour sauver les êtres finis que nous
sommes, Il est descendu du Ciel, Il s'est incarné. Il n'est pas venu pour nous instruire,
mais Pour nous sauver du péché et du châtiment du péché. Il ne pouvait pas sauver les
pécheurs en les instruisant seulement, il devait donner sa propre vie.
Il y a eu un grand nombre de docteurs dans le monde, mais ils n'ont pas pu sauver les
pécheurs par leur enseignement. Ces prêcheurs de morale me font penser à un homme
qui, en voyant un autre tombé au fond d'un puits, lui montrait d'en haut une corde en
lui recommandant de sauter pour l'attraper et sortir ainsi du puits. Celui qui était au
fond répondit : « A quoi me sert-il de voir ta corde ? je ne puis l'attraper d'ici ; et si je
pouvais sauter jusqu'en haut pour la saisir, je n'en aurais plus besoin ! Fais-la donc
descendre ! » Jésus-Christ ne nous a pas montré une corde du haut du Ciel, en nous
disant , « Sois bon et fais le bien; sauve-toi par tes propres efforts, car voici les
enseignements du salut ! » Il est descendu Lui-même pour prendre par la main ceux
qui étaient tombés dans leur péché et les faire remonter jusqu'au Ciel. C'est son
merveilleux amour qui lui fit quitter les Cieux et nous ne l'avons pas compris ! Nous
l'avons insulté, nous n'avons vu en Lui, tout au plus qu'un homme extraordinaire ou un
prophète.
Quand vous tenez à la main un bâton bien droit et que vous le plongez dans l'eau, la
partie du bâton qui se trouve sous l’eau a l'air d'être brisée, mais si vous la sortez de
l'eau, le bâton redevient parfaitement droit. Ainsi, lorsque jésus descendit dans l'océan
de ce monde pour sauver les pécheurs en train de se noyer, les hommes le virent
comme « brisé », ils ne reconnurent pas sa vraie nature et le prirent pour un simple
homme, un pécheur comme eux, mais l'heure vient où nous le verrons comme il est en
réalité, comme Dieu.
Il fut un temps où je ne pouvais ni comprendre, ni accepter cette vérité. Je pensais que
le Christ était tout simplement un homme. Alors, je le haïssais ; j'avais entendu parler
de lui, je savais bien des choses sur lui, mais je ne le connaissais pas lui-même ! Il y a
une grande différence entre connaître sa vie et son oeuvre, et le connaître lui-même.
Nous apprenons beaucoup de choses sur Jésus-Christ en lisant des livres ou la Bible,
mais nous ne Le connaissons lui-même que par la prière. C'est ma propre expérience
dont je vous parle. je n'ai compris qu'Il est véritablement Dieu que lorsque, par la
prière, Il se révéla à moi. Je sus alors qu'Il est vraiment la Parole éternelle. Mais Dieu
est venu a nous si pauvre que sa gloire n'était pas visible aux yeux des hommes.
Il y a quelques années, au Thibet, on me raconta l’histoire d'un roi qui avait un
message à envoyer à son peuple. Il le remit à ses serviteurs en les chargeant de le
transmettre; mais ceux-ci ne surent pas le faire comme il l'aurait voulu. Le roi, qui
aimait son peuple, résolut d'aller lui-même porter ce message à ses sujets et de se
rendre compte par lui même de leurs difficultés. Il ne pouvait pas y aller comme roi,
car il désirait que ses sujets pussent, en toute liberté, lui raconter leurs peines et leurs
misères. Il se déguisa donc, se dépouilla de ses vêtements royaux et s’habilla comme
un pauvre homme. Puis il vint au milieu du peuple, il dit : « je suis envoyé par le roi
pour m'enquérir de vos difficultés. » Alors, les pauvres, les misérables eurent
confiance en lui et lui dirent leurs angoisses, et il apprit ainsi comment il pouvait leur
venir en aide. Mais il y avait là des hommes fiers qui ne purent croire qu'un si pauvre
homme fût le messager du roi; aussi ils l'insultèrent et le chassèrent.
Plus tard, le roi revint vers ses sujets à la tête de son armée, dans toute sa majesté
royale, et le peuple ne pouvait le reconnaître ni croire que ce fût le même. Alors c'était
un pauvre, et aujourd'hui le roi ! Les orgueilleux qui l'avaient insulté furent, punis et
jetés en prison, mais ceux qui l'avaient accueilli furent honorés et leurs difficultés
aplanies.
C'est ainsi que Dieu, la Parole de Vie, s'est fait homme, mais que son peuple n'a pas su
discerner sa gloire et l'a crucifié. Le temps vient où nous le verrons dans sa gloire et
les hommes reconnaîtront qu’Il est le même Jésus-Christ qui vécut sur la terre comme
un pauvre, pendant 33 ans. Dieu, lui aussi, avait envoyé bien des serviteurs, les
prophète pour porter aux hommes son message; mais il voulut ensuite l'apporter
lui-même et il envoya son Fils. Jésus dit « Celui qui m'a vu a vu Père ». Il ne dit pas «
je suis le Père ».
Les hommes de prière le reconnaissent dès ici bas et ils l'adorent. De nos jours déjà, il
se révèle dans différentes parties du monde et de diverses manières. Il montre sa
puissance; il en est parmi les hommes qui voient ses miracles et qui lui rendent
témoignage.
Je désire vous parler d'un vrai chrétien qui, lors qu'il comprit que jésus est le Sauveur,
lui consacra sa vie tout entière et commença à travailler pour lui. Au Thibet, où il alla
prêcher l'Evangile, il fut persécuté. On le conduisit sur le sommet d'une colline élevée
et on lui dit : « Tu vois ces gorges profondes : Tu vas renier le christianisme et
redevenir bouddhiste, sinon nous te précipitons en bas ! » Il répondit : « Cela m'est
impossible. Maintenant que je connais le Christ vivant, je ne puis l'abandonner. je
donnerai ma vie pour Celui qui a donné sa vie pour moi. » Alors, ces gens se mirent à
l’injurier et à lui lancer des pierres, puis, voyant qu'il restait inébranlable dans sa foi,
ils le précipitèrent dans l'abîme, jetèrent encore des pierres sur lui, et le laissèrent pour
mort. Il resta inconscient pendant une demi-heure. Lorsqu'il revint à lui, il ne pouvait
pas se remuer, mais seulement soulever la tête. Il vit que tout son corps était blessé et
couvert de sang et que ses os étaient brisés; il ne pouvait s'asseoir. Il regarda autour de
lui, afin de voir s'il n'y aurait pas quelqu'un pour lui venir en aide; il n'y avait
personne. Alors il pensa que son heure était venue et il se mit à prier : « Seigneur, je
remets mon esprit entre tes mains. » Mais soudain il entendit une voix : « Voici, je suis
toujours avec vous jusqu'à la fin du monde. » Il entendait la voix et ne voyait
personne; mais, au bout de quelques minutes, il vit un homme qui s'approchait de lui;
il ne put pas bien le distinguer d'abord; l'homme le souleva et le fit asseoir contre un
rocher. Le blessé avait une soif terrible et demanda : « Donne-moi un peu d'eau avant
que je meure, s'il te plaît. » Il n'y avait ni tasse, ni verre; l'homme prit de l'eau dans ses
mains pour la lui porter. Il revint ainsi une seconde puis une troisième fois et alors,
dans ces mains qui lui apportaient de l'eau, le blessé vit les marques des clous qui les
avaient percées. Il reconnut que le Christ lui-même, le Christ vivant était venu à son
secours: il se jeta à ses pieds et s'écria : « Mon Sauveur et mon Dieu. »
Le Christ disparut. Mais le blessé, soudain, se leva. Ses blessures étaient fermées, ses
os étaient guéris, la force lui était revenue. La paix et la joie l'inondaient. Il se leva. Il
rentra au village où il avait été persécuté et recommença à rendre témoignage à son
Sauveur. Les gens, au village, furent dans une grande surprise. « Comment donc, nous
l'avons tué, nous l'avons jeté en bas des rochers et le voici devant nous, vivant,
prêchant l'Évangile ? » Alors, il répondit : « Il est vrai que j'étais tout près de mourir,
mais mon Christ, mon Sauveur est vivant et c'est pourquoi, moi aussi, je suis vivant. »
La première fois que j'entendis cette histoire, je ne pus pas la croire. Ainsi est notre
nature humaine, nous avons de la peine à croire aux miracles. Alors, je me rendis
moi-même dans ce village. je vis l'homme en question et je lui demandai si l'on
m'avait dit vrai. Mais il me dit : « Avant que je te raconte moi-même quoi que ce soit,
va tout d'abord auprès de ces païens du village, eux qui m'ont précipité en bas les
rochers et demande-leur si cette histoire est vraie ou si elle ne l'est pas. Ensuite, je te
raconterai. » Et les hommes du village me répondirent : « Oui, c'est vrai. Nous l'avons
précipité des rochers et il était là tout près de mourir, les os brisés, tout couvert de
sang. Mais une heure après, nous l'avons vu revenir au village en parfaite santé. Nous
n'y comprenons rien, mais une chose est certaine : c'est que son Dieu doit être un Dieu
vivant qui l'a sauvé et ramené à la vie. »
Alors je revins vers le fidèle chrétien qui avait souffert ces choses. Il était rempli d'une
joie merveilleuse et il me montra les cicatrices des blessures qu'il avait eues. Les
blessures étaient guéries, les os brisés étaient solides de nouveau, mais les cicatrices
étaient toujours là et il me dit quelle était sa joie et sa reconnaissance d'avoir souffert
ces choses, parce qu'au milieu de ses souffrances il avait vu Sa gloire. Alors, je fus
convaincu. Il y avait tant de témoins qui n'étaient pas chrétiens. je constatai que c'était
là l’œuvre du Christ vivant qui peut sauver ses enfants. Il me dit : « Il y a tant de gens
qui prétendent que jésus n'est qu'un homme, peut-être un prophète, mais un homme
comme les autres. Je sais, moi, par mon expérience, qu'Il est véritablement Dieu, car
j'ai vu Sa présence et Sa gloire et si quelque intellectuel, un savant ou un rationaliste
voulait me prétendre le contraire, il ne pourrait ébranler ma foi, parce qu'elle est
fondée sur mon expérience personnelle. Je le connais Lui-même. » Cet homme est
encore en vie et aujourd'hui encore il rend témoignage que Christ est puissant pour se
révéler aux hommes, afin qu'ils puissent voir sa gloire.
Alors, je lui communiquai ma propre expérience. Je lui racontai, comme je l'ai raconté
ailleurs, et comme je vous le dis maintenant, que pour moi aussi le Christ a fait des
choses merveilleuses, alors que pendant trois jours et trois nuits j'ai été dans une
citerne et qu'il m'en a délivré. J'avais prêché l'Évangile et à cause de cela, on me saisit
et on me jeta dans cette citerne. Pendant trois jours et trois nuits, je fus sans manger et
sans boire; mon bras était brisé et me faisait souffrir cruellement. Mais au fond de
cette prison, je fis l'expérience d'une paix et d'une joie si merveilleuses que je compris
que c'était mon Christ qui était avec moi. Le troisième jour, un homme vint et me tira
du puits; cet homme toucha mon bras qui était brisé et à l'instant même je fus guéri. je
ne m'en rendis pas compte immédiatement, mais, lorsque l'homme eut disparu, alors je
réfléchis et je constatai que c'était le Christ vivant, que c'était Dieu qui m'avait sauvé,
comme il sauve ceux qui croient en Lui. Il est toujours avec nous.
C'est pourquoi je suis ici, au milieu de vous, dans ce pays soi-disant chrétien, non pas
pour vous prêcher l'Evangile : il peut être utile et nécessaire de prêcher l'Évangile dans
les pays qui ne savent rien de Jésus-Christ, mais, ici, vous le connaissez déjà. Je suis
ici pour rendre témoignage de ce que Jésus-Christ, le Christ vivant, accomplit dans les
pays païens, se révélant à ceux qui étaient les ennemis du christianisme pour les
transformer en serviteurs de Celui dont ils ont vu la puissance.
Dans les contrées chrétiennes, les hommes ne croient pas en Lui; ils le méprisent, ils le
négligent. Ils ne voient pas sa présence, parce que ce n'est pas Lui qu'ils cherchent,
mais ils se cherchent eux-mêmes. Ce n'est pas la vérité qu'ils cherchent, ce n'est pas
Christ; ce qu’ils cherchent, c'est leur propre confort. Et d'autre part, lorsqu'il n'y a ni
persécution ni souffrance, nous ne pouvons pas véritablement faire l'expérience de sa
présence. Mais s'ils consacrent du temps à la prière, alors Dieu pourra se révéler à eux,
alors ils connaîtront que le Christ qu’ils commençaient à oublier, le Christ est vivant et
leur Sauveur.
Les habitants des pays chrétiens ne se rendent pas compte que c’est par le
christianisme qu'ils ont reçu tous les biens de la civilisation, la liberté, l'instruction.
Allez dans les pays où le Christ est inconnu et vous constaterez que les hommes sont à
peine meilleurs que les animaux. On oublie que tous ces biens extérieurs sont venus
par le christianisme et qu'avant vous étiez, vous en Europe, des sauvages. Et parce que
les pays soi-disant chrétiens ont rejeté le Christ, il commence à se révéler lui-même
dans les pays païens où il est salué et adoré. C'est ainsi que « les premiers seront les
derniers et les derniers seront les premiers ». « J'ai donné tant de biens à ces gens, dira
le Christ, et maintenant ils ne me considèrent plus que comme un homme, alors que je
suis Dieu. Je me tournerai donc vers les païens. » J'ai souvent été surpris de constater
que les gens de l'Occident, qui ont reçu par le christianisme tant de bénédictions, les
perdent maintenant parce qu'ils mettent leur confiance dans les choses extérieures, le
confort, l'argent, le luxe et tout ce qui est de ce monde; c'est pourquoi au jour du
jugement, les païens seront punis moins sévèrement parce qu'ils n'ont pas entendu
parler de Christ ; mais les pays chrétiens seront punis plus sévèrement que tous les
autres, parce que, l'ayant connu, ils l'ont rejeté.
Mais, avant ce jour du jugement, Dieu nous donne encore une occasion pour nous
repentir et pour croire en Lui qui est véritablement le Dieu vivant. Si Jésus n'était pas
vivant, s'il n'était pas Dieu, je ne serais pas ici pour rendre témoignage à Celui que j’ai
persécuté il y a quelques années. Deux jours seulement après que j'avais jeté au feu la
Bible, il se révéla à moi. C'est à ce même Évangile que je brûlais autrefois,
qu'aujourd'hui je rends témoignage; c'est ce même Évangile que je prêche en pays
païens.
Si donc le Christ peut se révéler de façon si merveilleuse à des païens qui ne le
connaissaient pas, combien plus ne se révélera-t-il pas aux personnes qui le
connaissent depuis si longtemps. La seule chose importante, c'est que nous
consacrions du temps à la prière, afin qu'Il puisse se révéler à nous.
Et le temps est proche où le Christ reviendra avec ses anges et, s'adressant aux
soi-disant chrétiens, il leur dira : « je ne vous connais pas ; je connaissais votre nom, je
savais ce qui vous concerne ; et vous aussi vous connaissiez ma vie et mon œuvre,
mais vous n'avez pas voulu me connaître moi personnellement : je ne vous connais pas
». Alors, quand vous verrez sa gloire, vous souhaiterez de vous repentir de n'avoir pas
cru en lui comme en votre Dieu, mais il sera trop tard. Vous vous êtes laissé détourner
par les infidèles, par les rationalistes qui vous disaient de ne pas croire à sa divinité ; il
sera trop tard alors pour vous repentir ; mais, maintenant l'occasion vous en est
donnée. Peut-être en ce jour-là entendrez-vous dire : « Un homme est venu à vous des
contrées païennes; il a rendu témoignage de moi comme du Christ vivant, parce qu'il
avait fait l'expérience de ma puissance et de ma gloire, et cependant, vous n'avez pas
voulu croire. » Alors il sera trop tard. Mais aujourd'hui, il est temps encore et c'est
pourquoi je rends ce témoignage devant vous, non pas pour ma propre gloire, mais
pour sa gloire à Lui. Et les grandes choses qu'il a faites pour moi, elles ne le sont pas
pour moi seulement, elles sont pour vous aussi, si seulement vous voulez lui donner
votre cœur.
Que le Seigneur nous donne de reconnaître dès aujourd'hui sa puissance, en sorte que
nous puissions être sauvés; c'est maintenant, avant de quitter notre corps, qu'il faut
changer. Le serpent change de peau plusieurs fois dans sa vie, mais il reste un serpent
après comme avant, il ne devient pas une colombe. Le pécheur après avoir quitté ce
corps ne deviendra pas un saint ou un ange, il restera un pécheur : c'est maintenant
qu'il doit se repentir. Mais celui qui croit en Jésus-Christ est comparable bien plutôt à
une chenille : la chenille ressemble aussi en quelque sorte au serpent, mais, lorsque
s'ouvre la chrysalide, alors elle est transformée en un papillon merveilleux. Ainsi ceux
qui croient en Jésus-Christ et qui vivent avec Lui recevront un corps nouveau, un
corps glorifié quand le Seigneur apparaîtra dans sa gloire, et ils régneront avec Lui à
jamais.
Alors nous reconnaîtrons que la parole a été faite chair, que le Christ s'est fait homme
pour sauver les hommes.
C'est ici la première fois que je vous rencontre et c'est sans doute la dernière, mais
avant que cette première et dernière rencontre soit passée, je veux vous dire encore un
mot. Dès maintenant, rencontrez le Seigneur par la prière et alors nous pourrons nous
retrouver tous un jour à ses pieds, dans sa gloire. J'ai rendu mon témoignage. C'est
pour cela que Dieu m'a envoyé dans ce pays : pour rendre mon témoignage et rien
d'autre. Et maintenant je vous ai dit que les grandes choses qu'il a faites pour moi, il
peut aussi les faire pour vous. S'il m'a sauvé moi, le grand pécheur qui était l'ennemi
du Christ et du christianisme, il peut vous sauver aussi, vous les chrétiens de nom.
Vous ne vivrez pas toujours dans ce monde. D'ici peu de temps, vous devrez le quitter
et vous comparaîtrez tous devant le tribunal de Dieu. Avant d'y comparaître, pendant
que vous êtes encore dans ce monde, soyez réconciliés avec votre Sauveur.
Je ne veux pas prendre davantage de votre temps mon dernier mot sera celui-ci : je
vous en supplie prenez chaque jour le temps de prier et alors vous ferez sa
connaissance personnelle. Il se révélera à vous et vous serez sauvés. Que le Seigneur
vous donne, au jour de son avènement, de n'être pas couverts de honte, mais d'être de
ceux qu'il a sauvés et qui vivront pour toujours avec Lui.
- A la question suivante posée par un auditeur :
« Comment un Dieu d'amour peut-il songer à punir ? »
- Le Sâdhou répond :
« Ce n'est pas Dieu qui punit le pécheur, c'est son péché qui le punit. Ce n'est pas
Jésus-Christ qui a puni judas Iscariote, mais judas Iscariote a pris conscience de son
péché; il s'en est allé et il s'est pendu.»
1) D'après les notes de M. le pasteur Primault.

Questions posées au Sâdhou Sundar Singh,


à Berne, le lundi 27 mars 1922.

L'Inde a-t-elle encore besoin des missionnaires européens ou pensez-vous que les
chrétiens hindous puissent suffire au travail missionnaire ?
Chaque chrétien peut faire beaucoup, individuellement, mais en somme, les Hindous
ne peuvent pas accomplir le travail missionnaire, et cela pour des raisons spéciales au
pays.
Premièrement, la plupart des convertis appartiennent aux castes inférieures et ont
encore peu d'expérience chrétienne. Ils sont « en train » de devenir chrétiens.
Lorsqu'un Hindou d'une caste élevée devient chrétien, il est réellement quelqu'un,
parce qu'il a dû faire de grands sacrifices. Il a alors le désir de travailler pour amener
ses frères au salut, mais comment y arriver, puisqu'il ne possède plus rien, ayant été
chassé de sa famille ? Il est aussi pauvre que les Hindous des plus basses castes.
Il y a, aux Indes, cinq millions de chrétiens, mais tous ne sont pas vraiment chrétiens
et, même s'ils l'étaient, qu'est-ce que cela au milieu de 315 millions d'habitants ?
C'est pourquoi nous avons encore besoin que de vrais chrétiens viennent nous aider. je
suis reconnaissant aux serviteurs de Dieu qui sont venus à notre secours et je les
remercie au nom de mes coreligionnaires de l’Inde.
J'ajouterai une chose que je dis toujours. Nous n'avons besoin que de ceux qui peuvent
nous montrer Jésus-Christ. De bons enseignements, nous en avons assez ; ce que notre
peuple demande, c'est qu'on lui montre le Christ vivant. Mon expérience, c'est que
l'hindouisme et le bouddhisme ont creusé les canaux, mais qu'ils n'ont point d'eau à y
faire couler. Il nous faut des missionnaires qui puissent nous donner Jésus-Christ et
son eau vive, mais pas de ces gens qui n'ont que des discours et des dogmes. Ceux qui
nient la divinité de Christ apportent du poison au lieu de nourriture spirituelle. Ne nous
les envoyez pas; gardez-les chez vous ! Nous sommes fatigués de religion, nous
sommes fatigués d'enseignements, nous sommes fatigués de philosophie hindoue, de
philosophie bouddhiste. Il nous faut le Christ vivant. Nous serons toujours
reconnaissants si vous nous envoyez des chrétiens dont la vie montre que Christ habite
en eux.
Quelle sera la nature de notre joie dans le Ciel ?
Notre joie sera beaucoup plus douce que celle des anges. Cela ne veut pas dire que les
anges n'ont pas la vraie joie, mais, qu'ils possèdent la joie sans avoir passé par la
souffrance.
Notre joie, après nos luttes et nos souffrances d'ici-bas, aura une douceur tout autre.
Nous ne jouissons vraiment de la douceur d'un fruit qu'après avoir goûté quelque
chose d'amer ; de même, nous ne pouvons apprécier vraiment notre joie céleste
qu'après avoir souffert. Le conflit, la lutte qui se poursuit dans notre âme n'aboutit pas
seulement à nous donner la joie, mais aussi à nous rendre plus forts spirituellement. La
lutte intérieure est nécessaire, essentielle à notre vie spirituelle et à nos progrès.
Ma propre expérience, c'est que tant que j'essayai de surmonter ce conflit par mon
effort personnel, je n'y réussis pas, mais par la prière cela devint facile. L'homme
spirituel aura plus à lutter que l'homme ordinaire. Nous devons accepter ces choses-là,
mais nous les surmonterons.
L'hindouisme avait-il préparé le Sâdhou à recevoir le christianisme ?
J'ai déjà dit que l'hindouisme, comme le bouddhisme, ont creusé les canaux, mais
qu'ils n'ont point d'eau vive à y faire couler. Dans ce sens, j'étais préparé à recevoir
l'eau vivante par Jésus-Christ. Je fus très étonné en découvrant que je pouvais la
recevoir d'une manière aussi simple, par la prière, car j'avais passé tant d'heures dans
la méditation et la concentration sans avoir rien trouvé, Mais c'est que, alors, je ne
connaissais pas Jésus-Christ.
Que pensez-vous des différentes églises chrétiennes et d'une union possible entre
catholiques et protestants ?
Je ne crois guère à l'ecclésiasticisme, mais bien au christianisme. On me demande très
souvent « A quelle église appartenez-vous ? », et je réponds toujours . « A aucune.
J'appartiens à Christ. Il me suffit ». Dans le sens spirituel, j'appartiens à toute église
dans laquelle se trouvent de vrais chrétiens. Je ne crois pas que l'union des catholiques
et des protestants apporterait une grande amélioration. En combinant deux couleurs,
vous produisez une troisième couleur; ainsi, par l'union des catholiques et des
protestants, vous devez vous attendre à voir surgir une masse d'autres sectes et
dénominations.
Je ne crois pas aux unions conclues par des moyens artificiels. L'union extérieure n'est
d'aucune utilité. Ceux-là seuls qui sont unis en Christ, sont un en Lui et seront un dans
le Ciel. je me dis souvent, lorsque je vois des chrétiens qui ne peuvent pas vivre
ensemble en bonne harmonie, durant les courtes années de leur vie terrestre :
Comment donc passeront-ils toute l'Éternité ensemble dans le Ciel ?
Les vrais chrétiens doivent être unis en Esprit, quelles que puissent être les différences
dans leur manière d'adorer Dieu. Je ne crois pas à l'union extérieure, artificielle, mais
seulement à l’union intérieure des cœurs et des esprits.
Comment devons-nous prier ?
Je dis toujours que l'on ne fait pas la distinction entre prier et mendier. Dans l'Ancien
Testament, les gens mendient toujours, aussi ne reçoivent-ils guère de bénédictions
spirituelles. Nous le voyons à ce que leur nature n'est pas transformée. Ils recevaient
des biens matériels, mais pas le Dispensateur de ces biens. Leur prière était exaucée
dans le sens où elle était faite. C'est pourquoi les Israélites ne surent pas apprécier
l’œuvre de Moïse et commencèrent à murmurer contre lui et contre Dieu.
L'Ancien Testament parle de Celui qui doit venir ; le Nouveau Testament parle de
Celui qui est venu. Quand nous Le prions, c'est pour Le recevoir Lui-même et non pas
seulement les choses dont nous avons besoin.
Il y a des gens qui se demandent si, par la prière, nous pouvons changer le plan de
Dieu. Cette question m'a longtemps préoccupé. J'y ai trouvé une réponse dans ma
propre expérience. Nous ne pouvons pas changer le plan de Dieu, mais, en priant, nous
pouvons connaître son plan à notre égard. Quand nous prions dans un lieu tranquille,
Dieu parle à notre âme dans le langage du cœur. Son plan est pour notre bien et pour le
bien d'autrui ; quand nous le connaissons, nous ne nous plaignons plus. Nous nous
plaignons tant que nous ne comprenons pas pourquoi le trouble et la souffrance sont
notre partage, mais, par la prière, nous comprenons ; le plan de Dieu nous est révélé et
nous sommes satisfaits à la pensée que sa volonté s'accomplit.
Premièrement donc : Nous ne pouvons pas changer ses plans, mais, par la prière, nous
arrivons à les comprendre. Secondement : Nous ne pouvons pas changer ses plans,
mais nous pouvons les accomplir par notre vie. C'est cela qui est la vraie signification
de la prière, et non pas mendier toujours. L'enfant ne demande pas constamment
quelque chose à sa mère, mais bien souvent il est satisfait en restant assis sur ses
genoux; les vrais enfants de Dieu ne sont pas toujours à implorer ses dons, mais
désirent simplement se sentir à l'abri, dans Ses bras.
Prions pour recevoir le Dispensateur de tous biens, Celui qui donne la vie. Quand nous
aurons reçu Sa vie, toutes les autres choses nous seront données... Beaucoup de
chrétiens s'attendent à Dieu pour leur salut, mais ils ne s'attendent pas à Lui pour leur
pain de chaque jour. Ils ne comprennent pas que « prier », c'est vivre avec Lui, dans sa
communion permanente.

Veillez et priez.
Discours prononcé au Temple de Chailly,
le dimanche 5 mars 1922, à 10 h. du matin.

Mat. 26, 41. L'oubli de la prière, cause de chutes morales.

Veillez et priez. C'est la chose essentielle pour notre vie spirituelle. Beaucoup de
chrétiens n'arrivent pas à comprendre ce qu'est le Christianisme; ils négligent la prière.
Ils savent bien des choses au sujet du Christ, mais ils ne Le connaissent pas, Lui. Si
nous prions, nous saurons qui est Jésus-Christ. Beaucoup de chrétiens le connaissent
par la lecture de la Bible; ils savent qu'il est un grand homme, un grand conducteur
spirituel. Quelques uns pensent qu'il est un grand prophète, mais, parce qu'ils ne prient
pas, ils ne comprennent pas qu'il est le Christ vivant. Ils croient qu'il nous a laissé un
grand exemple à suivre, mais non pas qu'il est Dieu. 11 y a déjà eu bien des prophètes
dans le monde, en divers pays, mais aucun n'a pu satisfaire l'âme humaine. Après tant
de prophètes, il fallait au monde un Sauveur, Dieu incarné.
Il enseigna à ses disciples à prier. Notre vie spirituelle est en grand danger lorsque
nous ne prions pas. Ce danger ne consiste pas uniquement dans le fait de commettre le
péché, mais dans bien d'autres tentations d'ordre spirituel. Nous sommes tentés et nous
succombons à la tentation, parce que nous n'accomplissons pas la volonté de Dieu.
Lorsque Christ était en prière à Gethsémané, trois de ses disciples étaient avec lui. Il
leur recommanda de prier et, quand il les retrouva endormis, il leur dit,
particulièrement à Pierre : « Ainsi, vous n'avez pas pu veiller une seule heure avec moi
». Pierre perdit une grande bénédiction pour n'avoir pas pu prier, pendant une heure,
avec le Maître. Combien de fois, dans sa vie, n'a-t- il pas regretté d'avoir perdu cette
bénédiction, cette puissance ! S'il l'avait eue, jamais il n'aurait renié son Maître. Bien
qu'il ait beaucoup travaillé pour le Seigneur, afin d'en sauver d'autres, la pensée qu'il
avait renié le Christ doit être restée comme une écharde dans sa vie.
Lorsque j'entendis parler de Christ, je me mis a le persécuter dans ses enfants; je me
disais « Christ a été un grand homme, sans doute, mais nous autres, aux Indes, nous
avons aussi de grands prophètes ». J'avais besoin d'un Sauveur et ne pouvais pas
comprendre que Christ était ce Sauveur. De nos jours, les habitants des pays appelés
chrétiens savent beaucoup de choses au sujet de Christ, mais ils ne le connaissent pas,
Lui. Après avoir visité l'Angleterre et l'Amérique, je retournai aux Indes et, là, on me
demanda : « Que pensez-vous que le christianisme ait fait en Europe ? Christ a dit : «
Aimez-vous les uns les autres » et ils se sont fait la guerre. Le christianisme a fait
faillite, en Europe ! » je répondis : « Ce n'est pas le christianisme qui a fait faillite,
mais c'est l'Europe qui a fait faillite en ne comprenant pas le Christ ». Ils n'ont pas pu
comprendre son enseignement, parce qu'ils ne vivent pas avec Lui. Il y a quelques
hommes de prière qui connaissent Christ et vivent avec lui. Ceux-là nous envoient des
missionnaires, donnent de J'argent pour les missions et connaissent vraiment
Jésus-Christ; mais, à côté de ceuxlà, il y en a beaucoup qui voient en Jésus-Christ un
grand homme et non pas un Sauveur. Ils ne croient pas qu'il est le Sauveur, parce qu'ils
ne l'aiment pas vraiment et ne le prient pas. Ils sont très instruits dans la science, la
philosophie, mais ne comprennent rien aux choses spirituelles. Ils nourrissent leur
cerveau, et leur âme meurt de faim. Ce n'est pas le cerveau qui peut satisfaire le cœur,
mais Celui qui a créé ce cœur; aussi n'est-ce que quand ils prieront qu'ils seront
satisfaits en jésusChrist. C'est par la prière que nous connaissons la vraie valeur des
choses spirituelles.

L'oubli de la prière fait perdre Christ.

Beaucoup de chrétiens de nom sont comme cet homme qui possédait un diamant et
croyait que c'était seulement une belle pierre. Il n'en connaissait pas la valeur et le
vendit pour quelques francs. On lui dit ensuite que cette pierre valait cent mille francs
et il se lamentait ainsi : « je ne savais pas que ma pierre valait autant ! » Beaucoup de
gens, dans les pays chrétiens, considèrent Christ comme une pierre précieuse, mais,
n'en connaissant pas la vraie valeur, ne savent pas l'apprécier. Lorsqu'ils apprennent à
le connaître et à vivre avec lui, alors ils l'apprécient. L'homme qui vendit son diamant
pour quelques francs n'avait jamais vu de diamant et c'est pourquoi il n'en connaissait
pas la valeur. Beaucoup d'hommes, parce qu'ils ne connaissent pas vraiment jésus, ne
peuvent pas apprécier sa qualité de Sauveur. Ceux qui vivent dans les pays non
chrétiens, ceux qu'on appelle des païens, ne savent pas où chercher ce qui leur
manque.
Il y a une raison pour laquelle je suis heureux d'être né en pays païen, plutôt qu'en pays
chrétien : c'est que, lorsque les religions de là-bas ne m'ont plus satisfait, j'ai cherché
autre chose et l'ai ainsi trouvé, Lui, mon Sauveur. je considérais Christ seulement
comme un homme supérieur et je découvris qu'Il est mon Sauveur, tandis que, dans les
pays chrétiens, où on l'a toujours connu, on reste indifférent, et c'est la pire des
ignorances. Dans mon pays, les Hindous adorent des idoles : ils ne connaissent rien de
mieux. Et pourtant, ils arrivent à la connaissance de Christ, tandis que, dans ces
pays-ci, on entend parler de lui, mais on reste indifférent et on ne cherche pas à le
connaître, Lui. C'est pour cela que je dis que c'est la pire des ignorances... Au dernier
jour, au jour du jugement, ceux-là seront punis plus sévèrement que les païens.

Par la prière, nous sommes au-dessus du péché.

Saint Paul a dit : « Dieu nous fait asseoir avec Jésus-Christ dans les lieux célestes ». 11
ne dit pas « après la mort seulement », mais déjà dans cette vie nous pouvons vivre
dans les lieux célestes. Paul était un homme de prière. Pour que notre vie devienne une
vie de prière, nous devons vivre dans les lieux célestes dès cette terre, et alors, en
priant, nous serons délivrés des dangers et des tentations.
J'illustrerai cette pensée par un récit : Il y a quelques années, j'étais assis, un jour, sur
une montagne de l'Himalaya, haute de six mille mètres, lorsqu'un orage terrible éclata
tout à coup. je fus tout d'abord effrayé à la pensée que j'étais en danger d'être foudroyé,
mais bientôt je vis que l'orage se déchaînait au-dessous de moi. J'étais dans la calme
lueur du sommet, alors que, sous mes pieds, l'orage se déchaînait et les éclairs
sillonnaient la nue. Et cette parole du Christ traversa mon esprit: « je voyais Satan
tomber du ciel comme un éclair ». je me dis alors : « Il en est ainsi pour l'enfant de
Dieu : tant qu'il est sur la hauteur, tout près du Christ vivant, assis dans les lieux
célestes avec Christ, Satan ne peut rien contre lui. C'est seulement lorsqu'il descend et
s'éloigne de Christ que la tentation et le péché peuvent avoir prise sur lui ». Par la
prière, nous nous tenons éloignés du danger et les efforts du tentateur ne pourront rien
contre nous.

La connaissance de Christ par la prière est un fait d' expérience.


Je demande quelquefois à des chrétiens : « Pourquoi croyez-vous en Jésus-Christ ? »
On me répond « Parce qu'il est le Sauveur ». je demande alors « Quelle preuve
avez-vous qu'i1 soit le Sauveur ? » « Mais c'est dit dans la Bible ! » je dis alors : « Le
fait qu'il est parlé de Jésus- Christ dans un livre, même dans la Bible, n'est pas une
preuve suffisante; cette preuve doit se trouver dans votre coeur; c'est dans votre cœur
que vous devez Le connaître et vous réaliserez alors qu'Il est le Sauveur ».
C'est tout autre chose d'avoir entendu parler de Christ ou de Le connaître. Tant que
j'entendais seulement parler de Lui, je le haïssais, mais, lorsque je le connus vraiment,
alors je l'aimai. Si nous le connaissons de nom, nous n'en retirons aucun bien, nous ne
trouvons aucun secours spirituel, mais dès que nous le connaissons, Lui,
personnellement, personne ne nous demande plus si nous aimons notre Sauveur. Il y a
dans notre vie quelque chose qui le montre. Nous pouvons avoir des difficultés et des
tentations dans le monde, mais nous ne serons jamais vaincus si nous connaissons le
Christ vivant.
Un homme appartenant à une caste élevée du nord de l'Inde devint chrétien. Il fut
chassé de chez lui et souffrit beaucoup. Un jour, ses parents l'entourèrent et le battirent
cruellement. Ils le laissèrent tellement meurtri que son sang coulait et qu'il perdit
connaissance. En revenant à lui, il se releva et se mit à prier : « Oh ! Dieu, je te
rermercie pour ces souffrances; c'est un grand bonheur que de souffrir pour toi ». J'ai
vu à ce moment la puissance du Christ vivant, cette puissance que le monde ne peut
pas donner et qu'il ne peut pas
ôter... Cet homme se leva ensuite et alla dire à d'autres ce qu'il avait trouvé en
Jésus-Christ : « Si Jésus-Christ n'avait été qu'un grand homme, disait-il, il n'aurait pas
pu m'aider ainsi, mais Il est le Christ vivant qui s'est donné pour moi ». Les gens furent
très surpris de le revoir, car ils le croyaient mort après avoir perdu tant de sang, mais il
leur dit : « Christ m'avait donné ce sang et maintenant Il m'a donné une vie nouvelle,
afin que je lui rende témoignage ». « Comment avez-vous trouvé cette vie ? » lui
demanda-t-on. « En priant.
Par la prière, nous entrons en communion avec Jésus-Christ, il se révèle à nous et parle
à notre âme un langage merveilleux que le monde ne peut pas comprendre. Nous ne le
voyons pas avec nos yeux de chair, mais nous sentons sa présence et sa, présence dans
mon cœur, c'était le Ciel sur la terre ».
J'ai rencontré ce jeune homme et lui ai dit que mon expérience était semblable à la
sienne. je lui racontai que, lorsque j'ai été jeté en prison pour avoir prêché l'Evangile,
j'ai joui d'une paix telle que le monde ne peut se la représenter. Le monde peut penser
que ceux qui disent qu'ils ressentent cette paix-là sont des illuminés, mais c'est bien la
réalité. Le Christ vivant peut vous donner cette paix au sein des persécutions et des
difficultés. je n'aime pas à dire que j'ai été en prison, car en réalité j'étais au Ciel, mais
je suis obligé d'employer ce mot-là pour expliquer la chose. En réalité, c'était le Ciel.
Ceux qui disent qu'ils ne croient pas à la divinité du Christ, qu'Il n'est pas d'essence
divine, ne peuvent pas ébranler ma foi, parce que je Le connais, Lui.
Quand un homme a soif et qu'on lui donne de l'eau, il boit et il est satisfait. Qu'on
vienne alors lui dire : « Ce n'était pas de l'eau », il répondra : « Insensés, je sais que
c'était de l'eau, car j'avais soif, j'ai bu et je suis désaltéré ». C'est ainsi que je sais, par
ma propre expérience, qu'il est le Sauveur, l'eau vivante, l'eau qui donne la vie.

La safisfaction suprême est en Christ, et non pas dans les


nouveautés religieuses.

Il y a beaucoup de tentations d'ordre spirituel dans ce monde et nous avons besoin de


force pour y résister. Pour vaincre satan, nous avons besoin du secours de notre
Sauveur. Nous devons aller à lui et le prier, qu'il se révèle à nous et que nous le
connaissions. Quand je le prenais pour un grand prédicateur de morale je me trompais
, quand j'ai prié, j'ai réalisé qu'il est le vrai, le seul Sauveur
Chez moi, j'avais tout ce qui rend la vie facile, j'avais la richesse et les biens de ce
monde, mais cela ne satisfaisait pas mon âme, jésus seul, le Christ vivant, a pu me
satisfaire. Cela semble à beaucoup une folie. Le message de la croix est une folie pour
beaucoup et, pour moi aussi, c'en était une quand je croyais à l'hindouisme et que je
me disais : « Cet homme qui est mort sur la croix n'a pas pu se sauver lui-même ! »
Tant que j'essayai de le comprendre avec mon cerveau, je n'y arrivai pas, mais quand,
par la prière, je lui donnai mon coeur, alors je le compris et trouvai en lui le Ciel sur la
terre. je lui rends donc témoignage de ce que j'ai trouvé en lui, moi qui le haïssais...
Que Dieu nous aide à Le connaître !
De nos jours, s'il y a tant de nouveaux ismes, c'est que les hommes ne connaissent pas
Jésus-Christ, qui seul peut les satisfaire. Ils croient une chose et, lorsque cette chose ne
les satisfait plus, ils en acceptent une autre et ne sont pas encore satisfaits. Chers amis,
ce n'est pas une doctrine, même pas l'enseignement de la morale qui peut vous
satisfaire, mais le Christ vivant. Dans bien des pays, j'ai vu des hommes qui haïssaient
Christ et qui ont été transformés quand ils ont appris à le connaître. Ils ont trouvé en
Lui force et puissance.
Que le Seigneur nous aide, afin que notre vie devienne une vie de prière et afin que
nous puissions Le connaître et L'aimer dans ce monde !
Un jeune garçon à la multiplication des pains.
Allocution prononcée à l'Ecole du dimanche de Chailly, le 5 mars 1922.
Jean 6, 9.

Vous connaissez ce miracle. Jésus nourrit cinq mille hommes. Chaque fois que j'y
pense, je me dis - « Christ a fait ce miracle pour une grande quantité de gens, car il y
avait cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants, de sorte qu'il dut bien y avoir
en tout dix mille personnes ». Ce ne sont pas les apôtres qui ont fait ce miracle.
Peut-être pensez-vous : « Nous sommes des enfants, nous ne pouvons pas faire grand
chose. Les grandes personnes seules peuvent travailler pour le Seigneur. Eh bien, ici,
nous lisons qu'une grande chose a été faite par un petit garçon, qui avait seulement
cinq pains et deux poissons. Il semble avoir été un très gentil garçon, et sa mère devait
être une très bonne mère. Elle avait vu que son fils avait bien envie d'aller entendre
jésus et elle le lui avait permis. Elle lui avait dit : « Tu suivras peut- être jésus pendant
plusieurs jours, prends quelques pains avec toi ». Elle lui donna donc les pains et les
poissons; son fils les prit et alla rejoindre jésus, avec lequel il resta trois jours ou
même davantage.
N'est-ce pas magnifique qu'il n'y eût pas là, avec jésus, seulement des personnes
instruites ou âgées, mais aussi ce petit garçon ? Beaucoup d'enfants auraient préféré
alIer jouer plutôt que d'écouter un prédicateur. Ce garçon, lui, ne resta pas à jouer avec
ses amis; ils s'en alla écouter jésus. Lorsque ce fut l'heure du repas, beaucoup des gens
qui étaient là n'avaient rien à manger. Ce garçon avait donc cinq pains et deux
poissons. Quand on lui demanda de les donner, il ne refusa pas en disant : « Cinq pains
ne seront pas suffisants pour tant de monde », non, il les donna tout de suite aux
apôtres, qui les donnèrent à jésus. Et Christ les bénit, et dix mille personnes eurent à
manger ! Ce grand miracle ne se fit pas par l'entremise des apôtres, mais par celle d'un
enfant. Ceci doit être une leçon pour vous : ce ne sont pas seulement les grandes
personnes qui peuvent faire de grandes choses, mais aussi des enfants comme vous. Si
vous n'avez que peu de chose à donner à Dieu, Lui peut en tirer une bénédiction pour
des milliers de gens. Seulement, il ne faut pas refuser, il ne faut pas vous dire : « Nous
ne pouvons rien faire ! » Dieu peut avoir besoin de vous pour un grand travail.
Nous devons être prêts à donner nos pains et tout ce que nous avons à notre Sauveur,
qui en tirera de grandes bénédictions pour d'autres. Christ était toujours heureux de
voir de petits enfants. Ceux qui ont vécu avec Lui ont dû le voir pleurer bien souvent;
ainsi, quand il se tenait devant la tombe de Lazare, il pleurait, mais ils ne l'ont jamais
vu rire. Si jamais il a ri ou souri, c'était sûrement quand il voyait de petits enfants, car
il est tout à fait naturel de penser que, lorsqu'il regardait les innocents visages de ces
petits, il leur souriait.
Bien que Jésus-Christ soit mort sur la croix, il ne nous a pas quittés. Il est avec nous,
maintenant, il vous aime tous. Priez-le et il vous bénira. En un sens, chacun de vous
est déjà béni, parce que vous vivez dans un pays chrétien. Vous avez tant d'occasions
d'entendre parler du Seigneur, soit par vos parents, soit à l'Ecole du dimanche. Lorsque
j'étais un enfant, je ne savais rien de Jésus-Christ, mais plus tard, à l'école de la
mission, j'entendis parler de lui. je vous trouve bien privilégiés, vous qui entendez
parler de Jésus-Christ dès votre enfance.
Il y a des enfants qui aimeraient beaucoup entendre parler de Jésus-Christ, mais qui
n'en ont pas l'occasion.. et vous, qui en avez souvent l'occasion, vous n'y tenez
peut-être pas. Il faut profiter de cette occasion-ci et demander à Dieu de vous bénir;
alors, il se servira de vous pour être en bénédiction à d'autres.
Avant-hier, j'ai raconté l'histoire d'une petite fille qui vivait au Thibet. Elle entendit
parler de Jésus-Christ et l'aima. Son maître, un prêtre boudhiste, se mit alors à la
détester, et une fois, cette petite fille de 13 ans fut enfermée dans une chambre pendant
trois jours, sans rien à boire, ni à manger. C'était bien dur pour cette enfant, mais elle
ne regrettait pas d'avoir appris à croire en Jésus-Christ et d'être enfermée à cause de
Lui. Elle priait sans cesse, elle était tout heureuse et ressentait une grande joie en
pensant à jésus.
Le prêtre boudhiste vint dans sa chambre, au bout de trois jours; il fut tout étonné de la
trouver si joyeuse. Cet homme était un personnage important et pourtant il lui dit : «
Bien que je sois un vieillard et un savant, tu me donnes une leçon, toi, une petite fille.
Tu as trouvé quelque chose que je n'ai pas ». Ce prêtre si instruit fut béni par le moyen
de cette enfant et, si les enfants des pays païens peuvent être ainsi en bénédiction, vous
le pouvez bien davantage, car vous avez beaucoup plus d'occasions. Si vous n'aimez
pas le Sauveur et ne travaillez pas pour Lui, vous le regretterez un jour. Quand nous
verrons et rencontrerons notre Sauveur, vous verrez aussi cette petite fille en sa
présence. Alors, le Seigneur vous dira peut-être : « Cette petite fille, qui vivait dans un
pays païen, a beaucoup fait pour moi, et toi, qu'as-tu fait ? Tu as entendu parler de moi
beaucoup plus souvent que cette petite fille, mais tu n'as pas fait attention ».
N'aurez-vous pas alors bien honte ? Ceci est une occasion de vous encourager à faire
quelque chose pour jésus. Si vous l'aimez dès maintenant, Jésus sera heureux de vous
voir au Ciel, où nous irons vivre pour toujours avec Lui, qui est descendu du Ciel pour
nous sauver.
Que Dieu vous bénisse, afin que vous puissiez le connaître, l'aimer et faire quelque
chose pour lui. je suis heureux de vous voir et j'aimerais pouvoir vous parler dans
votre langue. Le temps Viendra où nous nous rencontrerons en sa présence dans la
demeure éternelle, mais avant de nous retrouver dans cette demeure céleste, nous
devons travailler pour notre Sauveur. je ne vous reverrai peut-être jamais. Mon
message pour vous, c'est que ce ne sont pas seulement les gens instruits ou les grandes
personnes qui peuvent faire quelque chose pour Christ, mais aussi les enfants . Ce
garçon donna ses cinq pains et ses deux poissons au Seigneur, qui en tira bénédiction
pour un grand nombre de personnes: donnez, vous aussi, ce que vous avez à jésus et Il
le bénira.

Connaître Christ comme fils de Dieu


et comme Sauveur.
Discours prononcé à Lausanne, place de Montbenon,
le dimanche 5 mars 1922, à 3 heures.

Jean 14,21 : Celui qui a reçu mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime.
Et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai et je me ferai connaitre à lui.

Connaissance incomplète de Jésus-Christ.


Il ne se fait pas connaître à chacun, mais seulement à ceux qui y sont préparés et
cherchent la vérité de tout leur cœur. Il ne veut pas se révéler à nous dans l'impatience
et le tourbillon de la vie. Nous lisons dans Marc 8, 22 , qu'un jour où notre Sauveur se
trouvait dans la ville de Bethsaïda, entouré de la foule, il y avait là un aveugle venu
d'un village des environs, que ses amis amenèrent à jésus, afin qu'Il le guérit. Christ
alors, prenant l'aveugle par la main, le fit sortir du village.
Il ne voulait pas le guérir au milieu de la foule, qui aurait pu être une entrave à 1'œuvre
qu'il désirait accomplir. Le Seigneur fit alors une chose que, sans doute, vous
n'aimeriez pas du tout : Il mit de la salive sur les yeux de cet homme. Si certains
d'entre nous avaient été là, ils auraient perdu la foi. Nous n'aurions pas aimé cette
salive et nous aurions dit : «.Mais ne peut -il pas le guérir d'un mot, sans même
toucher le malade ? » Pourtant, il y avait une cause déterminée à cet acte. La salive ne
contenait aucune médecine, aucun remède, mais Christ désirait se rendre compte de la
foi de l'aveugle : « S'il ne fait pas d'objection, je le guérirai ». Cet aveugle avait de la
foi, certainement, mais il y avait encore quelque difficulté; sa foi n'était pas entière, il
y avait un déficit dans sa foi, aussi ne reçut-il qu'une demi-guérison. Christ lui
demande s'il voit quelque chose, et il répond : « je vois des hommes qui marchent et
qui sont comme des arbres... » Mais les hommes ne sont pas comme des arbres! Ses
yeux n'étaient qu'à demi-ouverts; il ne pouvait pas voir les choses clairement, aussi
Christ dut- il toucher ses yeux de nouveau. Au commencement, il n'avait pas assez de
foi pour que Christ pût le guérir et il ne reçut qu'une demi-vue, mais ensuite sa foi
augmenta, il crut entièrement et reçut alors une guérison complète.
Il y a, aux Indes, des gens qui ressemblent à cet aveugle. Leurs yeux sont ouverts, mais
ils n'ont reçu qu'une demi-vue, ils ne voient pas distinctement. De même que cet
aveugle vit des hommes qui étaient comme des arbres, de même beaucoup de
chrétiens, aux Indes, ne réalisent pas, ne voient pas Christ. Ils pensent qu'il n'a été
qu'un homme et ne voient pas qu'Il est Dieu.
L'agitation, le manque de prière et le péché empêchent de connaître Christ comme
Sauveur.
Pour pouvoir donner à cet aveugle une vue entière, Christ le fit sortir de la foule. Si
nous consacrons du temps à la prière, dans une retraite tranquille et solitaire, nous
recevrons une vue entière. Ici, en Europe, les gens sont tellement occupés qu'ils n'ont
pas le temps de voir leur Dieu. C'est très bien de travailler, mais il est nécessaire
d'avoir un peu de temps pour être seul avec Dieu, sinon nous ne pouvons pas voir
Dieu, nous ne pouvons pas comprendre les choses de l'ordre spirituel.
Cependant, il y en a aussi en Europe qui connaissent vraiment Christ comme le
Sauveur vivant et qui partent comme missionnaires. D'autres, qui ne peuvent pas partir
eux-mêmes, aident par leurs dons ceux qui s'en vont afin que les contrées qui n'ont pas
encore eu l'occasion de recevoir l'Evangile puissent à leur tour en entendre le message.
Mais nous ne pouvons rien faire pour les autres si nous n'avons pas premièrement
compris et réalisé nous-mêmes qui est Jésus-Christ. Beaucoup d'entre nous le
connaissent comme le Fils de l'homme, ainsi que c'était le cas pour l'aveugle-né. Cet
homme aurait dû être infiniment reconnaissant car, enfin, il était né aveugle et ses
yeux furent miraculeusement ouverts; mais, bien qu'il eût reçu la vue, il y avait une
chose des plus importantes qu'il ignorait encore. Sans doute, lorsque ses connaissances
l'interrogèrent, lui demandant comment il avait trouvé la guérison, il rendit ce
témoignage : « Jésus- Christ m'a guéri. » Mais, quand jésus, l'ayant rencontré de
nouveau, lui demanda : « Crois-tu au Fils de Dieu ? », il ne savait pas du tout de qui il
était question. Il connaissait le Fils de l'homme, mais il ne savait pas que jésus, le Fils
de l'homme, est aussi le Fils de Dieu, de sorte que, ayant reçu la vue de ses deux yeux,
il avait reçu jésus comme le Fils de l'homme; n'ayant pas reconnu que ce même jésus
est le Fils de Dieu, il n'avait pas reçu la vue de l'Esprit. Combien de chrétiens, dont les
yeux paraissent être ouverts, ne voient Christ que comme un grand homme, un homme
parfait, sans discerner en Lui le Christ vivant, Dieu incarné. La vue des yeux du corps
ne suffit pas; il faut posséder la vue spirituelle. Ce sont nos yeux spirituels qui doivent
s'ouvrir et alors nous voyons, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu Lui-même.
Beaucoup de chrétiens sont comme Marie, qui aimait Jésus-Christ et allait le voir dans
son tombeau lorsqu'Il ressuscita des morts. Elle aimait jésus de toute son âme et
pourtant, quand elle le vit sorti du tombeau elle ne le reconnut pas. Sa vue était
troublée par les larmes, il y avait devant ses yeux comme un brouillard qui l'empêchait
de le reconnaître; elle crut que c'était le jardinier. C'est ainsi pour beaucoup de
chrétiens, ils aiment jésus sans reconnaître en Lui le Sauveur qui se leva d'entre les
morts, le Christ vivant. Ils ne peuvent pas le reconnaître à cause du brouillard du péché
et de l'erreur; ils ont des larmes de tristesse plein les veux. Mais, quand ils ouvrent leur
cœur à Christ, alors ils le reconnaissent. Marie reconnut sa voix. Si nos cœurs sont
remplis de sa présence, nous le reconnaissons partout., dans le jardin, dans les lieux
solitaires, lui, jésus, le Sauveur du monde. Il s'est fait homme pour nous et, parce qu'il
a vécu comme un homme, nous ne pouvons pas croire qu'il est Dieu.
Parabole du propriétaire de moutons déguisé.
Il y a quelques années, dans les montagnes de I'Himalaya, je rencontrai un homme qui
possédait plusieurs centaines de moutons. Ayant perdu quelques- uns de ces animaux,
égarés ou malades dans la montagne, il demanda à ses serviteurs d'aller à leur
recherche; ils refusèrent, par crainte des bêtes féroces. Voyant que ses serviteurs
avaient peur, le maître décida d'aller lui-même à la recherche de son troupeau perdu,
pour le sauver. En réfléchissant à la chose, il se dit : « Si je vais tel que je suis, les
moutons ne me reconnaîtront pas. Ils connaissent mes serviteurs qui les ont conduits
au pâturage, mais moi ils ne me connaissent pas. Ils faut que je ressemble à un mouton
et ils me suivront ! » Cet homme fit alors une chose bien extraordinaire : Il se couvrit
d'une grande peau de brebis et sortit ainsi vêtu, en s'efforçant de marcher comme un
mouton. Les moutons ne s'effrayèrent pas du tout en voyant arriver cet être qui leur
ressemblait tellement, et il put ainsi les ramener au bercail. Tout heureux d'avoir sauvé
tous ses moutons égarés, le maître enleva la peau de brebis. Le troupeau dut alors être
très surpris, car il croyait avoir à faire à une brebis et voilà que c'était un homme. Il
était devenu pareil à une brebis, afin de sauver ses brebis perdues, par amour pour son
troupeau. Jésus-Christ, qui est Dieu, s'est fait homme par amour, afin de sauver ceux
qui étaient perdus. Les aveugles spirituels croient qu'il n'est qu'un homme, mais le
temps viendra où ils comprendront qu'il n'est pas un simple homme, qu'Il est le Fils de
Dieu, qui s'est fait homme pour sauver l'humanité perdue. Ceux qui mettent du temps à
part pour la prière ne sauront pas cela au dernier jour seulement, mais le comprendront
déjà dans ce monde. Ils sauront que, bien qu'il ait été semblable à nous et qu'il ait vécu
en Palestine comme un simple homme, il était Dieu. Cela, le monde ne peut pas le
reconnaître; les hommes de prière seuls arrivent à le réaliser. Il y a quelques années,
moi aussi je ne le connaissais pas tel qu'il est; je pensais qu'il n'était qu'un grand
homme.
Le Christ vivant est apparu à Sundar Singh lors de sa conversion.
J'aimerais redire ici comment je me suis converti, comment je suis devenu chrétien.
Beaucoup d'entre vous ne savent pas que j'étais un ennemi de Jésus-Christ. je déchirais
l'Evangile et je le jetais au feu; je pensais :« C'est une religion fausse; notre
hindouisme est la seule vraie religion ». Quand, tout jeune encore, je ne fus plus
satisfait par ma religion, je ne voulus pourtant pas croire à Jésus-Christ et je pensai à
me suicider.
Un matin, je me levai de très bonne heure, je pris un bain froid et me mis à prier,
demandant que, si Dieu existe, Il vînt me montrer le chemin du salut. A cinq heures du
matin, un train devait passer et j'avais décidé de me suicider en me mettant sur les
rails, si je n'avais pas auparavant trouvé la paix. je priais donc pour que Dieu se révélât
à moi, sinon j'irais me suicider, afin de le rencontrer dans l'autre monde. Au bout d'une
heure et demie de prière, je vis quelque chose de merveilleux que je ne compris pas
tout d'abord. Là, dans ma chambre, le Christ glorieux m'apparut et me dit d'une voix
pleine de douceur : « jusqu'à quand me persécuteras-tu ? je suis mort pour toi; je suis
le Sauveur du monde ». je ne m'y serais jamais attendu. C'était le 18 décembre 1904, et
trois jours auparavant j'avais brûlé la Bible ! Alors, la puissance du Christ vivant me
pénétra et je trouvai mon Sauveur, mon tout.
Lorsque je me relevai, Il avait disparu, mais la paix merveilleuse qui remplissait mon
coeur ne m'a pas quitté. Il faisait encore nuit quand j'allai réveiller mon père, qui
dormait dans une autre chambre, et lui racontai ce qui m'était arrivé. je lui dis : «
Maintenant, je suis chrétien ». Il ne pouvait pas le croire : « Comment ! Avant-hier tu
brûlais la Bible et aujourd'hui tu serais chrétien ! C'est impossible ! » je répondis : «
C'est vrai ! je connaissais Jésus-Christ par les livres, mais maintenant je Le connais,
Lui, le Christ vivant, parce que je l'ai vu et je sais qu'Il est Dieu. Je l'ai haï aussi
longtemps que j'ai cru qu'il n'était-qu'un homme, mais maintenant Il s'est révélé à moi,
je veux le servir ».
Si je n'avais pas vu le Christ vivant, je n'annoncerais pas l'Evangile que je brûlais il y a
quelques années. Cependant, je ne suis pas ici pour prêcher, mais pour rendre
témoignage de ce que Jésus-Christ peut faire. S'il peut se révéler d'une manière si
magnifique à un ennemi, combien plus peut-Il se révéler à vous, qui le connaissez
depuis votre enfance ? Il ne suffit pas d'avoir entendu parler de Jésus-Christ; il faut le
connaître lui-même, personnellement. je suis certain que, par la prière, il se révélera
aussi à vous; alors, vous le connaîtrez tel qu'll est, et non seulement il se révélera à
vous, mais il viendra lui-même vous donner la puissance, la joie, la paix, pour
surmonter les tentations. C'est ma propre expérience.
Nécessité de prier chaque matin et de rendre témoignage.
je ne vous dirai pas tout ce qu'il a fait pour moi, car vous ne pourriez pas le
comprendre. Les hommes ne croient pas à ces choses, parce qu'ils ne les comprennent
pas et ils ne les comprennent pas, parce qu'ils n'en ont pas fait l'expérience. Si vous
priez, si, chaque matin, vous savez réserver un moment de prière tranquille avec le
Seigneur, vous verrez des choses magnifiques, car tout est possible avec Dieu et vous
devez devenir ses témoins.
Il est probable que je ne vous reverrai jamais, mais je veux encore vous dire que, si
vous ne consacrez pas du temps à la prière et ne rendez pas témoignage au Christ
vivant, vous serez blâmés au jour du jugement. je vous ai donné mon témoignage, je
vous ai dit les choses merveilleuses que le Seigneur a faites pour moi; j'ai fait mon
devoir. A vous maintenant de faire le vôtre. Il ne suffit pas de s'appeler chrétien et
d'entendre parler de Christ, il faut apprendre à le connaître comme son Sauveur
personnel. Ce n'est que lorsque nous sommes en relation intime avec Lui que nous, le
connaissons et le servons; alors, nous ne pouvons plus nous taire; nous allons dire à
d'autres que Jésus-Christ est le Christ vivant.
Avant de quitter les Indes, je rencontrai un homme qui avait vu un enfant né avec deux
têtes. C'est une chose extraordinaire qu'un enfant avec deux têtes, et cet homme avait
besoin de raconter cela. Eh bien, celui qui a vu le Créateur luimême, comment
pourrait-il se taire ? Ceux qui se taisent, ceux qui ne savent pas ouvrir la bouche pour
parler de Christ, ne l'ont pas vu, car si nous l'avons vu, nous ne pouvons plus nous
taire, l'amour pour notre Sauveur nous contraint à parler; nous devons dire : « Venez et
voyez Celui qui est le Christ vivant ». Il veut faire de grandes choses pour vous aussi,
si vous lui en donnez l'occasion. Il vous demande de Lui consacrer quelques instants
chaque jour pour vous recueillir avec lui dans la prière, afin qu'il puisse se révéler
lui-même à vous, mais vous n'avez pas le temps, vous êtes trop occupés !
Si vous n'avez pas de temps pour la prière, vous ne le connaitrez jamais. C'est la prière
seule qui peut vous faire voir Jésus-Christ et alors il parlera à vos âmes. Que Dieu
nous aide à le connaître, et quand nous le connaîtrons, nous aurons la puissance d'être
ses témoins.
Hommage à la Mission.
Je désire ajouter quelque chose que j'ai oublié de vous dire. J'ai rendu mon
témoignage, mais je voudrais aussi rendre témoignage à ces serviteurs du Christ, qui
sont venus d'Europe aux Indes pour annoncer l'Evangile et dont j'ai vu le travail à
Calicut et ailleurs. Quelques-uns ont donné jusqu'à leur vie pour amener les païens à
Christ. Au dernier jour, Christ vous demandera : « Qu'as- tu fait pour moi ? » Il y a
peut-être parmi vous des égoïstes, qui ne s'inquiètent pas du salut des autres et ne
pensent qu'à leur propre salut. Si Christ avait pensé ainsi, il n'aurait jamais quitté le
Ciel pour descendre sur la terre, afin de nous sauver. C'est notre devoir d'aider aux
autres. Vous ne pouvez pas partir tous comme missionnaires, mais tous vous pouvez
aider en priant et en donnant de l'argent. Si vous aimez Jésus-Christ, c'est votre devoir
d'aider les serviteurs de Dieu dans leur travail missionnaire. Si vous ne faites rien pour
les autres, vous serez punis à cause de votre égoïsme. Le monde est une grande
famille. Nous devons nous aider les uns les autres. Nous devons être les témoins de
Christ et aider ceux qui s'en vont au loin porter leur témoignage; les aider de nos
prières et de notre argent.

Connaître Christ comme fils de Dieu


et comme Sauveur.
Discours prononcé à Lausanne, place de Montbenon,
le dimanche 5 mars 1922, à 3 heures.

Jean 14,21 : Celui qui a reçu mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime.
Et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai et je me ferai connaitre à lui.

Connaissance incomplète de Jésus-Christ.


Il ne se fait pas connaître à chacun, mais seulement à ceux qui y sont préparés et
cherchent la vérité de tout leur cœur. Il ne veut pas se révéler à nous dans l'impatience
et le tourbillon de la vie. Nous lisons dans Marc 8, 22 , qu'un jour où notre Sauveur se
trouvait dans la ville de Bethsaïda, entouré de la foule, il y avait là un aveugle venu
d'un village des environs, que ses amis amenèrent à jésus, afin qu'Il le guérit. Christ
alors, prenant l'aveugle par la main, le fit sortir du village.
Il ne voulait pas le guérir au milieu de la foule, qui aurait pu être une entrave à 1'œuvre
qu'il désirait accomplir. Le Seigneur fit alors une chose que, sans doute, vous
n'aimeriez pas du tout : Il mit de la salive sur les yeux de cet homme. Si certains
d'entre nous avaient été là, ils auraient perdu la foi. Nous n'aurions pas aimé cette
salive et nous aurions dit : «.Mais ne peut -il pas le guérir d'un mot, sans même
toucher le malade ? » Pourtant, il y avait une cause déterminée à cet acte. La salive ne
contenait aucune médecine, aucun remède, mais Christ désirait se rendre compte de la
foi de l'aveugle : « S'il ne fait pas d'objection, je le guérirai ». Cet aveugle avait de la
foi, certainement, mais il y avait encore quelque difficulté; sa foi n'était pas entière, il
y avait un déficit dans sa foi, aussi ne reçut-il qu'une demi-guérison. Christ lui
demande s'il voit quelque chose, et il répond : « je vois des hommes qui marchent et
qui sont comme des arbres... » Mais les hommes ne sont pas comme des arbres! Ses
yeux n'étaient qu'à demi-ouverts; il ne pouvait pas voir les choses clairement, aussi
Christ dut- il toucher ses yeux de nouveau. Au commencement, il n'avait pas assez de
foi pour que Christ pût le guérir et il ne reçut qu'une demi-vue, mais ensuite sa foi
augmenta, il crut entièrement et reçut alors une guérison complète.
Il y a, aux Indes, des gens qui ressemblent à cet aveugle. Leurs yeux sont ouverts, mais
ils n'ont reçu qu'une demi-vue, ils ne voient pas distinctement. De même que cet
aveugle vit des hommes qui étaient comme des arbres, de même beaucoup de
chrétiens, aux Indes, ne réalisent pas, ne voient pas Christ. Ils pensent qu'il n'a été
qu'un homme et ne voient pas qu'Il est Dieu.
L'agitation, le manque de prière et le péché empêchent de connaître Christ comme
Sauveur.
Pour pouvoir donner à cet aveugle une vue entière, Christ le fit sortir de la foule. Si
nous consacrons du temps à la prière, dans une retraite tranquille et solitaire, nous
recevrons une vue entière. Ici, en Europe, les gens sont tellement occupés qu'ils n'ont
pas le temps de voir leur Dieu. C'est très bien de travailler, mais il est nécessaire
d'avoir un peu de temps pour être seul avec Dieu, sinon nous ne pouvons pas voir
Dieu, nous ne pouvons pas comprendre les choses de l'ordre spirituel.
Cependant, il y en a aussi en Europe qui connaissent vraiment Christ comme le
Sauveur vivant et qui partent comme missionnaires. D'autres, qui ne peuvent pas partir
eux-mêmes, aident par leurs dons ceux qui s'en vont afin que les contrées qui n'ont pas
encore eu l'occasion de recevoir l'Evangile puissent à leur tour en entendre le message.
Mais nous ne pouvons rien faire pour les autres si nous n'avons pas premièrement
compris et réalisé nous-mêmes qui est Jésus-Christ. Beaucoup d'entre nous le
connaissent comme le Fils de l'homme, ainsi que c'était le cas pour l'aveugle-né. Cet
homme aurait dû être infiniment reconnaissant car, enfin, il était né aveugle et ses
yeux furent miraculeusement ouverts; mais, bien qu'il eût reçu la vue, il y avait une
chose des plus importantes qu'il ignorait encore. Sans doute, lorsque ses connaissances
l'interrogèrent, lui demandant comment il avait trouvé la guérison, il rendit ce
témoignage : « Jésus- Christ m'a guéri. » Mais, quand jésus, l'ayant rencontré de
nouveau, lui demanda : « Crois-tu au Fils de Dieu ? », il ne savait pas du tout de qui il
était question. Il connaissait le Fils de l'homme, mais il ne savait pas que jésus, le Fils
de l'homme, est aussi le Fils de Dieu, de sorte que, ayant reçu la vue de ses deux yeux,
il avait reçu jésus comme le Fils de l'homme; n'ayant pas reconnu que ce même jésus
est le Fils de Dieu, il n'avait pas reçu la vue de l'Esprit. Combien de chrétiens, dont les
yeux paraissent être ouverts, ne voient Christ que comme un grand homme, un homme
parfait, sans discerner en Lui le Christ vivant, Dieu incarné. La vue des yeux du corps
ne suffit pas; il faut posséder la vue spirituelle. Ce sont nos yeux spirituels qui doivent
s'ouvrir et alors nous voyons, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu Lui-même.
Beaucoup de chrétiens sont comme Marie, qui aimait Jésus-Christ et allait le voir dans
son tombeau lorsqu'Il ressuscita des morts. Elle aimait jésus de toute son âme et
pourtant, quand elle le vit sorti du tombeau elle ne le reconnut pas. Sa vue était
troublée par les larmes, il y avait devant ses yeux comme un brouillard qui l'empêchait
de le reconnaître; elle crut que c'était le jardinier. C'est ainsi pour beaucoup de
chrétiens, ils aiment jésus sans reconnaître en Lui le Sauveur qui se leva d'entre les
morts, le Christ vivant. Ils ne peuvent pas le reconnaître à cause du brouillard du péché
et de l'erreur; ils ont des larmes de tristesse plein les veux. Mais, quand ils ouvrent leur
cœur à Christ, alors ils le reconnaissent. Marie reconnut sa voix. Si nos cœurs sont
remplis de sa présence, nous le reconnaissons partout., dans le jardin, dans les lieux
solitaires, lui, jésus, le Sauveur du monde. Il s'est fait homme pour nous et, parce qu'il
a vécu comme un homme, nous ne pouvons pas croire qu'il est Dieu.
Parabole du propriétaire de moutons déguisé.
Il y a quelques années, dans les montagnes de I'Himalaya, je rencontrai un homme qui
possédait plusieurs centaines de moutons. Ayant perdu quelques- uns de ces animaux,
égarés ou malades dans la montagne, il demanda à ses serviteurs d'aller à leur
recherche; ils refusèrent, par crainte des bêtes féroces. Voyant que ses serviteurs
avaient peur, le maître décida d'aller lui-même à la recherche de son troupeau perdu,
pour le sauver. En réfléchissant à la chose, il se dit : « Si je vais tel que je suis, les
moutons ne me reconnaîtront pas. Ils connaissent mes serviteurs qui les ont conduits
au pâturage, mais moi ils ne me connaissent pas. Ils faut que je ressemble à un mouton
et ils me suivront ! » Cet homme fit alors une chose bien extraordinaire : Il se couvrit
d'une grande peau de brebis et sortit ainsi vêtu, en s'efforçant de marcher comme un
mouton. Les moutons ne s'effrayèrent pas du tout en voyant arriver cet être qui leur
ressemblait tellement, et il put ainsi les ramener au bercail. Tout heureux d'avoir sauvé
tous ses moutons égarés, le maître enleva la peau de brebis. Le troupeau dut alors être
très surpris, car il croyait avoir à faire à une brebis et voilà que c'était un homme. Il
était devenu pareil à une brebis, afin de sauver ses brebis perdues, par amour pour son
troupeau. Jésus-Christ, qui est Dieu, s'est fait homme par amour, afin de sauver ceux
qui étaient perdus. Les aveugles spirituels croient qu'il n'est qu'un homme, mais le
temps viendra où ils comprendront qu'il n'est pas un simple homme, qu'Il est le Fils de
Dieu, qui s'est fait homme pour sauver l'humanité perdue. Ceux qui mettent du temps à
part pour la prière ne sauront pas cela au dernier jour seulement, mais le comprendront
déjà dans ce monde. Ils sauront que, bien qu'il ait été semblable à nous et qu'il ait vécu
en Palestine comme un simple homme, il était Dieu. Cela, le monde ne peut pas le
reconnaître; les hommes de prière seuls arrivent à le réaliser. Il y a quelques années,
moi aussi je ne le connaissais pas tel qu'il est; je pensais qu'il n'était qu'un grand
homme.
Le Christ vivant est apparu à Sundar Singh lors de sa conversion.
J'aimerais redire ici comment je me suis converti, comment je suis devenu chrétien.
Beaucoup d'entre vous ne savent pas que j'étais un ennemi de Jésus-Christ. je déchirais
l'Evangile et je le jetais au feu; je pensais :« C'est une religion fausse; notre
hindouisme est la seule vraie religion ». Quand, tout jeune encore, je ne fus plus
satisfait par ma religion, je ne voulus pourtant pas croire à Jésus-Christ et je pensai à
me suicider.
Un matin, je me levai de très bonne heure, je pris un bain froid et me mis à prier,
demandant que, si Dieu existe, Il vînt me montrer le chemin du salut. A cinq heures du
matin, un train devait passer et j'avais décidé de me suicider en me mettant sur les
rails, si je n'avais pas auparavant trouvé la paix. je priais donc pour que Dieu se révélât
à moi, sinon j'irais me suicider, afin de le rencontrer dans l'autre monde. Au bout d'une
heure et demie de prière, je vis quelque chose de merveilleux que je ne compris pas
tout d'abord. Là, dans ma chambre, le Christ glorieux m'apparut et me dit d'une voix
pleine de douceur : « jusqu'à quand me persécuteras-tu ? je suis mort pour toi; je suis
le Sauveur du monde ». je ne m'y serais jamais attendu. C'était le 18 décembre 1904, et
trois jours auparavant j'avais brûlé la Bible ! Alors, la puissance du Christ vivant me
pénétra et je trouvai mon Sauveur, mon tout.
Lorsque je me relevai, Il avait disparu, mais la paix merveilleuse qui remplissait mon
coeur ne m'a pas quitté. Il faisait encore nuit quand j'allai réveiller mon père, qui
dormait dans une autre chambre, et lui racontai ce qui m'était arrivé. je lui dis : «
Maintenant, je suis chrétien ». Il ne pouvait pas le croire : « Comment ! Avant-hier tu
brûlais la Bible et aujourd'hui tu serais chrétien ! C'est impossible ! » je répondis : «
C'est vrai ! je connaissais Jésus-Christ par les livres, mais maintenant je Le connais,
Lui, le Christ vivant, parce que je l'ai vu et je sais qu'Il est Dieu. Je l'ai haï aussi
longtemps que j'ai cru qu'il n'était-qu'un homme, mais maintenant Il s'est révélé à moi,
je veux le servir ».
Si je n'avais pas vu le Christ vivant, je n'annoncerais pas l'Evangile que je brûlais il y a
quelques années. Cependant, je ne suis pas ici pour prêcher, mais pour rendre
témoignage de ce que Jésus-Christ peut faire. S'il peut se révéler d'une manière si
magnifique à un ennemi, combien plus peut-Il se révéler à vous, qui le connaissez
depuis votre enfance ? Il ne suffit pas d'avoir entendu parler de Jésus-Christ; il faut le
connaître lui-même, personnellement. je suis certain que, par la prière, il se révélera
aussi à vous; alors, vous le connaîtrez tel qu'll est, et non seulement il se révélera à
vous, mais il viendra lui-même vous donner la puissance, la joie, la paix, pour
surmonter les tentations. C'est ma propre expérience.
Nécessité de prier chaque matin et de rendre témoignage.
je ne vous dirai pas tout ce qu'il a fait pour moi, car vous ne pourriez pas le
comprendre. Les hommes ne croient pas à ces choses, parce qu'ils ne les comprennent
pas et ils ne les comprennent pas, parce qu'ils n'en ont pas fait l'expérience. Si vous
priez, si, chaque matin, vous savez réserver un moment de prière tranquille avec le
Seigneur, vous verrez des choses magnifiques, car tout est possible avec Dieu et vous
devez devenir ses témoins.
Il est probable que je ne vous reverrai jamais, mais je veux encore vous dire que, si
vous ne consacrez pas du temps à la prière et ne rendez pas témoignage au Christ
vivant, vous serez blâmés au jour du jugement. je vous ai donné mon témoignage, je
vous ai dit les choses merveilleuses que le Seigneur a faites pour moi; j'ai fait mon
devoir. A vous maintenant de faire le vôtre. Il ne suffit pas de s'appeler chrétien et
d'entendre parler de Christ, il faut apprendre à le connaître comme son Sauveur
personnel. Ce n'est que lorsque nous sommes en relation intime avec Lui que nous, le
connaissons et le servons; alors, nous ne pouvons plus nous taire; nous allons dire à
d'autres que Jésus-Christ est le Christ vivant.
Avant de quitter les Indes, je rencontrai un homme qui avait vu un enfant né avec deux
têtes. C'est une chose extraordinaire qu'un enfant avec deux têtes, et cet homme avait
besoin de raconter cela. Eh bien, celui qui a vu le Créateur luimême, comment
pourrait-il se taire ? Ceux qui se taisent, ceux qui ne savent pas ouvrir la bouche pour
parler de Christ, ne l'ont pas vu, car si nous l'avons vu, nous ne pouvons plus nous
taire, l'amour pour notre Sauveur nous contraint à parler; nous devons dire : « Venez et
voyez Celui qui est le Christ vivant ». Il veut faire de grandes choses pour vous aussi,
si vous lui en donnez l'occasion. Il vous demande de Lui consacrer quelques instants
chaque jour pour vous recueillir avec lui dans la prière, afin qu'il puisse se révéler
lui-même à vous, mais vous n'avez pas le temps, vous êtes trop occupés !
Si vous n'avez pas de temps pour la prière, vous ne le connaitrez jamais. C'est la prière
seule qui peut vous faire voir Jésus-Christ et alors il parlera à vos âmes. Que Dieu
nous aide à le connaître, et quand nous le connaîtrons, nous aurons la puissance d'être
ses témoins.
Hommage à la Mission.
Je désire ajouter quelque chose que j'ai oublié de vous dire. J'ai rendu mon
témoignage, mais je voudrais aussi rendre témoignage à ces serviteurs du Christ, qui
sont venus d'Europe aux Indes pour annoncer l'Evangile et dont j'ai vu le travail à
Calicut et ailleurs. Quelques-uns ont donné jusqu'à leur vie pour amener les païens à
Christ. Au dernier jour, Christ vous demandera : « Qu'as- tu fait pour moi ? » Il y a
peut-être parmi vous des égoïstes, qui ne s'inquiètent pas du salut des autres et ne
pensent qu'à leur propre salut. Si Christ avait pensé ainsi, il n'aurait jamais quitté le
Ciel pour descendre sur la terre, afin de nous sauver. C'est notre devoir d'aider aux
autres. Vous ne pouvez pas partir tous comme missionnaires, mais tous vous pouvez
aider en priant et en donnant de l'argent. Si vous aimez Jésus-Christ, c'est votre devoir
d'aider les serviteurs de Dieu dans leur travail missionnaire. Si vous ne faites rien pour
les autres, vous serez punis à cause de votre égoïsme. Le monde est une grande
famille. Nous devons nous aider les uns les autres. Nous devons être les témoins de
Christ et aider ceux qui s'en vont au loin porter leur témoignage; les aider de nos
prières et de notre argent.

Entendre le Sauveur lui-même.


Discours prononcé à Lausanne, à la salle de Tivoli,
le lundi 6 mars 1922, à 8 h. du soir.

Jean 4, 42: Nous ne croyons plus à cause de ce que tu nous as dit, car nous l'avons entendu
nous-mêmes et nous savons qu'Il est vraiment le Sauveur du monde.

Auprès du puits de Jacob.


Cette scène s'est passée près du Puits de Jacob. Il y a environ trois semaines, le 13
février, j'étais assis à côté de ce puits et je me disais que j'avais lu bien des fois
l'histoire de la femme samaritaine et de sa conversation avec Jésus, sans jamais avoir
pu me représenter ce paysage. Il y a des gens qui pensent que ce récit est un mythe,
une fiction; or, en voyant ces lieux, je sentais que, pour moi, il n'y avait là ni fiction, ni
mythe, mais une réalité. A 400 mètres à peine du Puits de Jacob, se trouve le village de
Sichar, qui porte encore le méme nom.
Donc Jésus, se rendant en Galilée, s'assit au bord du puits, pour se reposer un peu, et
entra en conversation avec la femme de Samarie. Il lui demande de l'eau, ce qui la
surprend beaucoup : « Il est juif, je suis Samaritaine, et il me demande de l'eau ! »
C'est que les juifs considéraient les Samaritains comme des hors-caste et elle ne
pensait pas qu'un juif voulût avoir quelque chose à faire avec elle. Mais Jésus ne se
disait pas : « je suis juif et elle est hors-caste ». Au contraire, il aimait l'âme de cette
femme et désirait la sauver. Il ne pensait pas non plus : « je suis Dieu et elle est une
pécheresse ! » il ne la haïssait pas comme les Hindous des hautes castes haïssent les
castes inférieures. Il ne haïssait pas comme ces blancs, par exemple, qui ont la haine
des noirs. Il n'avait pas de haine même pour les plus grands pécheurs; ce ne sont pas
les pécheurs qu'il haïssait, mais leurs péchés. Voilà pourquoi il descendit du Ciel pour
les sauver du péché. Lorsque Jésus entra en conversation avec la Samaritaine, auprès
du puits, elle ne reconnut pas qui était celui qui lui parlait. Même après qu'il lui eut dit
tout ce qui la concernait, tout ce qu'elle avait fait, elle n'arrivait pas à comprendre que
c'était le Christ. Elle dit . « Nous attendons le Christ; quand il viendra, il nous
expliquera toutes choses ». Et il répondit : « je le suis, moi qui te parle ».
Quand la Samaritaine eut réalisé qu'Il était le Christ, elle n'attend pas longtemps, mais,
laissant là sa cruche, elle courut le dire à d'autres. Beaucoup de chrétiens connaissent
Jésus par les Evangiles, sans réaliser qu'il est Christ, le Christ vivant. Ils ne le
connaissent pas véritablement. Comme cette femme, ils ne voient en lui qu'un
propbète, mais à ceux qui vivent avec lui par la prière, il se révèle lui-mêrne.

Croire en Jésus pour l'avoir vu lui-même.

Beaucoup de gens disent qu'ils n'ont pas de temps pour la prière. Le temps viendra où
ils devront mourir, et alors diront-ils encore : « Nous n'avons pas le ternps de mourir »
? La mort ne dira pas - « Très bien ! je vais m'en aller et attendre que vous ayez
terminé votre travail ! » Vous serez appelés soudainement et devrez bien laisser votre
travail. Personne ne vous tiendra compagnie dans la vallée de l'ombre de la mort. Vous
devrez laisser vos bien-aimés. Christ est le seul qui pourra vous servir de compagnon à
ce moment-là, à la condition que vous l'ayez pris pour votre arni auparavant. Quand
nous parlons avec lui, par la prière, nous le connaissons, son amour agit dans nos
cœurs, et quand nous le connaissons vrairnent, alors, cornme cette femme qui laissa là
sa cruche, nous nous hâtons d'aller pour en parler à d'autres. Elle était si fortement
influencée par la présence de Jésus, qu'elle oublia d'emporter son eau au village, oublia
jusqu'à ses enfants qui l'attendaient sans doute. Plus tard, les gens du village, qui
vnrent trouver Jésus auprès du Puits de Jacob, rendirent ce témoignage : « Maintenant,
nous croyons en lui, non plus à cause de ce que tu as dis, mais parce que nous l'avons
vu nous-mêmes ».
Tel est aussi mon témoignage : je crois en Jésus-Christ non pas à cause de ce que j'ai
lu dans la Bible à son sujet, ni parce que quelques docteurs m'ont parlé de lui, m'ont
engagé à me convertir, mais parce que je l'ai vu, Lui, le seul Sauveur du monde. Il l'a
dit : « Ceux qui boiront de cette eau auront encore soif, mais celui qui boira de l'eau
vive que je Iui donnerai n'aura plus jamais soif ». C'est vrai. J'ai bu de l'eau du Puits de
Jacob et le même soir j'avais soif de nouveau, mais il y a plus de seize ans que Christ
m'a donné Son eau vive et je n'ai plus jamais eu soif.
Quand nous saisissons le Christ, il se révèle à nous et non seulement il se révèle
lui-même à nos cœurs, mais il satisfait tous les besoins de notre âme. Nous ne pouvons
pas être satisfaits si nous ne le connaissons que de nom. Les apôtres, qui avaient vécu
trois ans avec lui, ne le reconnurent pas quand il se releva d'entre les morts. Le jour où
il apparut aux onze disciples réunis, ils crurent que c'était un esprit. Si ses disciples,
qui avaient vécu trois ans avec lui, ne le reconnurent pas, comment le pourrions-nous ?
Ils ne purent pas le reconnaître, parce qu'ils ne le voyaient plus revêtu du corps auquel
ils étaient habitués, mais du corps glorieux d'après sa résurrection. C'est ainsi que, si
nous ne l'acceptons que comme homme ou comme esprit, nous ne pouvons pas le
reconnaître. Ce n'est que par la prière que les yeux de notre âme seront ouverts et que
nous le reconnaîtrons comme le Christ vivant.
Le mois dernier, traversant Emmaüs, village situé à onze kilomètres de Jérusalem, je
me rappelais ces deux disciples qui s'entretenaient de Jésus, alors que Jésus lui- même
marchait à côté d'eux sans qu'ils le reconnussent. Après, lorsqu'il eut disparu, ils se
dirent : « C'était lui ! » C'est à l'aide d'une merveilleuse expérience qu'ils réalisèrent la
présence de leur Maître auprès d'eux, car ils dirent : « Nos cœurs ne brûlaient-ils pas
au-dedans de nous quand il marchait à nos côtés ? » Ce cœur brûlant était le résultat de
sa présence. Leurs yeux ne pouvaient pas le reconnaître, mais leur cœur le reconnut.
Ce n'est que par la prière que nous sentirons Sa présence dans nos cœurs et que nos
cœurs brûleront au-dedans de nous. Ce feu du Saint-Esprit ne peut pas être éteint par
l'eau de ce monde. Quand nous avons trouvé Christ, nous ne pouvons pas rester muets,
nous devons parler de Jésus- Christ, il nous devient impossible de nous taire.

Jésus lui-même réconforta le martyr Kartar Singh.


Quelques-uns d'entre vous ont entendu parler de Kartar Singh, le martyr du Thibet.
Lorsqu'il partit pour prêcher l'Evangile, on lui disait : « Tais toi, nous n'aimons pas
entendre parler de Christ ». il était le fils d'un homme très riche et il laissa tout pour
aller annoncer l'Evangile au Thibet. Il avait fait l'expérience que les biens de ce monde
ne peuvent pas donner la paix, ni satisfaire l'âme, mais que Christ seul peut nous
contenter. On m'a raconté, au Thibet, comment cet homme fut mis à mort. On le mena
sur une colline et là il fut cousu dans une peau de bête encore humide et laissé exposé
au grand soleil pendant trois jours. je fus frappé par l'air joyeux de l'homme qui me
racontait cela, et je lui dis avec surprise - « Vous me parlez de quelque chose de bien
triste et vous paraissez heureux ! » « Ce n'est pas triste; je vous raconte une mort, mais
ce n'était pas la mort, c'était la vie, une vie merveilleuse. » On le laissa trois jours dans
cette peau, mourant de faim et de soif, et, lorsqu'on lui demandait : « Comment vous
sentez-vous maintenant ? », il répondait : « je remercie Dieu pour ce grand privilège
de pouvoir souffrir pour lui ». Mais il ne souffrait pas. Il était dans une joie si intense
que je voudrais que beaucoup puissent la réaliser, et alors ils seraient d'accord avec
moi pour dire que vivre avec Jésus-Christ, c'est le ciel sur la terre. Comme Kartar
Singh n'était pas encore mort, on lui enfonça des pointes de fer dans le corps. Son sang
coulait à flots, mais il avait toujours cette même joie merveilleuse, une joie qui ne peut
pas s'exprimer. Chacun l'avait abandonné et il disait : « Les hommes m'ont abandonné,
mais non pas mon Sauveur; Il est avec moi et même au dedans de moi. Dans cette
peau de bête, je suis en réalité dans le Ciel. je bénis Dieu pour ce privilège ».
Si Jésus-Christ peut donner une telle joie au milieu de la souffrance, quelle joie plus
grande n'aurons- nous pas dans le Ciel où il n'y aura plus de persécutions. Mais
prenons-y garde, si nous ne réalisons pas cette joie maintenant, il nous sera impossible
de la réaliser après la mort.

Dieu en nous : comparaison de la pierre et du charbon.


En quelque sorte, nous vivons en Dieu, mais Dieu ne vit pas en nous, c'est-à-dire que
nous vivons en Lui parce qu'il est partout, comme l'air, mais Il n'est pas en nous, parce
que nous ne réalisons pas sa présence dans nos cœurs. Un jour que, dans les
montagnes de l'Himalaya, j'étais assis au bord d'un torrent, je tirai de l'eau une belle
pierre, ronde et dure, et je la brisai. L'intérieur en était parfaitement sec. Cette pierre
avait séjourné longtemps dans l'eau, mais l'eau n'avait pas pénétré dans la pierre.
Beaucoup de chrétiens ressemblent à cette pierre : ils sont dans l'Eglise, mais Dieu
n'est pas en eux. Ce n'était pas la faute de l'eau, mais celle de la pierre trop dure; ce
n'est pas la faute de Dieu, mais de nos cœurs trop durs. Car nos cœurs sont durs; ils
sont comme cette pierre, si durs que rien ne peut les pénétrer, que tout effort reste
inutile. Nous posséderons la joie vraie si Christ est en nous et nous en Lui, non plus
comme la pierre dans l'eau, mais comme l'éponge. L'éponge est dans l'eau et l'eau est
dans l'éponge, ce sont deux choses qui sont et qui restent différentes, mais qui n'en
forment plus qu'une.
Ce n'est pas que nous soyons Dieu ou que Dieu soit nous-mêmes,(1) mais Dieu est en
nous et nous en Lui. Si Dieu vit en nous, la noirceur du péché disparaÎtra, cette
noirceur que nous ne pouvons pas faire disparaître par nos propres efforts. Il n'est pas
possible d'enlever au charbon sa noirceur, meme en y ernployant des kilos de savon,
mais qu'on mette le charbon dans le feu, sa noirceur disparait. C'est ainsi que la
noirceur de notre péché ne peut pas être enlevée par nos propres efforts, mais, dès que
nous recevons le baptême du feu par le Saint-Esprit, nous réalisons que le Royaume de
Dieu est au-dedans de nous. On croit souvent que le Royaume de Dieu est au-dessus
de nous, au Ciel ou ailleurs. Christ a dit : « Le Royaume de Dieu est au dedans de
vous. » Autrefois, je ne pouvais pas comprendre cette parole, mais depuis que j'en ai
fait l'expérience, j'ai compris comment le Royaume de Dieu peut être au dedans de
nous.
Double miracle en faveur de Sundar Singh.
J'ai déjà raconté l'autre jour une expérience que je fis au Thibet, dans un village où
j'annonçais l'Evangile. On me dit : « Nous t'avons déjà dit si souvent de ne pas revenir
chez nous et te voilà de nouveau ! Cette fois, nous allons te tuer. » Un lama s'écria
alors : « Cela ne servira à rien de le tuer; la mort de Kartar Singh a fait une très grande
impression sur le peuple. Abandonnez-le dans la forêt. » Ils me conduisirent dans la
forét, où je fus attaché à un arbre par une grosse chaîne de fer. je n'avais avec moi
qu'une couverture et une Bible; on me les prit. La chaîne fut bouclée avec une clef, de
façon à ce que je ne pusse pas me délier. La nuit était bien froide, c'était une dure
épreuve. je n'avais point d'ami auprès de moi, personne pour m'aider, mais mon
Sauveur était là et me suffisait. Le froid m'empêcha absolument de dormir pendant la
nuit et, le matin, j'étais tellement gelé que je me dis que mon heure était venue et que
bientôt je serais mort. A ce moment-là, je sentis une telle paix, une joie si
rnerveilleuse, que c'était comme le Ciel sur la terre. Si Christ n'est pas le Christ vivant,
s'il est vrai qu'il n'est pas Dieu, mais seulement un grand homme, Il n'aurait pas pu me
donner cette paix et cette joie au milieu de la souffrance. Lorsque je ressentis cette
paix, ce feu du Saint Esprit, j'oubliai mes souffrances, j'oubliai le froid et je
m'endormis. Au bout de quelques minutes, j'entendis du bruit et me relevai. Il y avait
des fruits mûrs sur l'arbre auquel j'étais lié et l'un de ces fruits m'avait réveillé en
tombant. Et voici : le cadenas était ouvert, j'étais libre ! je n'aperçus personne. je
trouvai du fruit, du fruit délicieux. Après avoir mangé, je retournai dans le méme
village pour annoncer l'Evangile. Les gens furent confondus de surprise. Ils me
croyaient mort et voilà que j'étais vivant. Ils allèrent examiner le cadenas, croyant le
trouver brisé, mais non, il était bien entier. Il n'en existait qu'une clef et le Lama avait
cette clef. N'y avait- il pas eu là deux miracles : la paix merveilleuse que j'avais
ressentie au sein de la persécution et ma libération ? La puissance du Christ vivant
s'était ainsi manifestée. Il peut secourir les siens; Il est toujours avec eux.
Je suis ici pour rendre témoignage à ce Christ vivant. Il y a quelque temps, je
rencontrai un critique qui me dit : « Christ fut un grand homme, sans aucun doute, un
grand conducteur spirituel, un homme parfait, mais je ne puis pas croire à sa divinité.
Il n'est pas Dieu ». «J'ai dit cela, moi aussi, ai-je répondu, mais maintenant que j'ai ma
propre expérience, que j'ai vu les miracles qu'il a faits pour moi, comment pourrais-je
ne pas croire qu'il est Dieu. Il fut un temps où j'étais l'ennemi du christianisme et un
ennemi ne peut pas être transformé sans avoir fait une expérience. » Tous ceux qui
cherchent la vérité, tant à l'Orient qu'à l'Occident, auront la révélation du Christ vivant
et verront Sa merveilleuse puissance.
Un autre martyr secouru par Jésus-Christ.
je voudrais vous parler d'un autre de mes amis. Les gens qu'il cherchait à évangéliser
le conduisirent sur une haute montagne et lui dirent : « Si tu veux te sauver, renonce à
ta foi, sinon nous te jetons là en bas, dans la vallée ». Il répondit : « je n'ai rien fait de
mal, pourquoi me punir ? je vous ai seulement parlé de mon Sauveur ». Ces gens
virent qu'il ne renoncerait pas à confesser Christ et lui répétèrent : « Tu vas être mis à
mort ». Debout sur cette montagne, avec la vallée tout au fond au dessous de lui, cet
homme aurait dû avoir peur, mais il éleva ses yeux vers le Ciel et s'écria : « Mon Dieu,
je remets mon esprit entre tes mains ». Alors ils le jetèrent en bas et le lapidèrent... et
un grand miracle se produisit : Cet homme, dangereusement blessé et qui avait perdu
connaissance, resta vivant ! Au bout d'une demi-heure, il souleva sa tête endolorie. Il
était couvert de sang, sans force pour se mettre debout, et il se disait : « Tout le monde
m'a abandonné; il n'y a personne pour me venir en aide. » Une voix bien douce
répondit : « Tout le monde t'a abandonné, mais je suis toujours avec toi ». Il crut que
quelque brave homme était venu à son secours et, regardant autour de lui, il vit en effet
un homme qui, s'approchant de lui, le plaça contre le rocher et alla lui chercher de
l'eau. Le blessé dit : « je te remercie; tu es venu pour me secourir avant ma mort ». Il
sentait la présence de Dieu, mais ne comprenait pas qui était cet homme. Il n'y avait là
ni vase, ni verre pour apporter l'eau, mais l'homme fit boire le malade dans ses deux
mains réunies. Il le fit boire ainsi à deux reprises puis, la troisième fois, le blessé vit
des trous dans les mains. Alors, saisi de surprise et reconnaissant Celui qui était venu à
son se cours, il s'écria : « Mon Sauveur et mon Dieu » et tomba à ses pieds. « je
croyais que tu m'avais abandonné, mais tu es avec moi. » L'homme disparut bientôt et
le blessé était guéri. C'était un miracle éclatant : cet homme, au seuil de la mort, avait
été ramené à la vie. Il remonta au village où les gens furent tout étonnés en le voyant :
« Nous le croyions mort et il est vivant ! » Il leur dit : « J'étais presque mort, en effet,
mais mon Sauveur est vivant et je vis aussi ».
La première fois que j'entendis ce récit, je ne pouvais pas le croire. je me rendis dans
le village où cet homme vivait et j'interrogeai des chrétiens sur cet événement
miraculeux. Ils m'assurèrent que c'était tout à fait vrai. je vis ensuite l'homme
lui-même et lui demandai : « Quelle est ton expérience ? » « Jésus-Christ, dit-il, m'a
donné une vie nouvelle. » Nous voyons bien là que Christ n'est pas seulement un
homme, mais qu'il est Dieu. Il s'est fait homme pour sauver les hommes.

Les pays christianisés ont perdu ces grâces par leur faute.
Vous me demanderez peut-être pourquoi des choses si magnifiques, des miracles,
arrivent dans ces contrées lointaines et pas ici. Il y a une raison à cela. Christ a fait
beaucoup de miracles, mais aucun dans son propre pays. Il est écrit dans la Parole de
Dieu que les siens ne purent pas le comprendre et le rejetèrent. Il en est de même
aujourd'hui dans les pays soi-disant chrétiens. Ils sont bien son peuple et ils croient en
Lui jusqu'à un certain point, mais ils sont surtout des chrétiens de nom.
Eux qui ont reçu tant de bénédictions par le christianisme, ils oublient Christ et Il ne
peut pas leur montrer sa puissance. Dieu montre sa merveilleuse puissance à ceux qui
chercbent la vérité. « Il est venu chez les siens et les siens ne l'ont pas reçu. » Son
peuple, ceux qui se disent chrétiens, ne lui ouvrent pas en réalité leurs cœurs et ils le
rejettent.. Il pourrait peut-être leur dire : « J'ai une place dans vos églises, mais je n'en
ai point dans vos cœurs: vous m'adressez un culte, mais vous ne me connaissez pas,
parce que vous n'avez jamais vécu avec moi! »
Comment pouvons-nous vivre avec Lui ? Par la prière, par le simple moyen de la
prière. Par la prière, nous réalisons sa présence et nous connaissons Jésus-Christ tel
qu'il est. Le temps viendra où l'on verra les premiers devenus les derniers, tandis que
les derniers seront les prerniers. Dans les pays chrétiens, ceux qui ont reçu tant de
bénédictions spirituelles par le christianisme ont perdu ces bénédictions pour acquérir
des biens matériels, mais ceux qui étaient perdus dans le paganisme commencent à
recevoir de grandes bénédictions a leur tour. Nous n'avons pas eu autant d'occasions
que vous d'entendre parler de Jésus-Christ. Il y a des siècles que vous en entendez
parler, mais, dans mon pays, il n'y a que 70 ans que l'Evangile est annoncé. Durant ces
70 ans, beaucoup ont commencé à réaliser sa puissance. Quelle tristesse de voir la
puissance spirituelle se perdre !
Dieu travaille d'une manière splendide ! Le temps viendra où l'Orient connaîtra le
Sauveur et enverra beaucoup d'apôtres dans les différentes parties du monde. Alors,
vrairnent, les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers. Que Dieu
vous aide à ne pas être les derniers, mais à être parmi les premiers. Vous ne le serez
que par Jésus-Christ, si vous le connaissez et l'aimez. Dieu est amour. Il ne force
personne à croire en lui. Quand un menteur ouvre la bouche, Dieu ne la lui ferme pas,
Il bénit ceux qui le cherchent de toute la force de leur volonté. Ceux qui cherchent
trouvent. Les peuples d'Occident ont cherché la science, la philosophie, et les ont
trouvé. Ils savent se servir de l'électricité, voler dans les airs. Ceux de l'Orient ont
cherché la vérité. Lorsque les trois mages se rendirent en Palestine pour y voir Jésus,
pas un d'entre eux ne venait d'Occident.
Je sais que les choses que je dis là ne vous plairont pas, mais je dois obéir à ma
conscience, je dois délivrer le message que j'ai reçu de Dieu. La science et la
philosophie sont de grandes bénédictions que le christianisme vous a procurées, mais
vous oubliez Christ. Dans les pays païens, sans l'Evangile, les gens vivent comme des
animaux, mais avec l'Evangile ils réalisent les bénédictions spirituelles du
christianisme. En Occident aussi, avant que Christ fût préché, les hommes vivaient
comme des sauvages. Christ seul peut faire de celui qui vit comme un sauvage un
homme véritable et ensuite, de cet homme, un ange. Dieu, qui a accordé à tous les
biens matériels, veut aussi donner les biens spirituels à tous les hommes et non pas
seulement à quelques-uns.
Soyons des chrétiens qui connaissent Christ par expérience et lui rendent
témoignage.
Il en est qui, ayant reçu ces biens spirituels, se sentent pressés d'envoyer des
missionnaires au loin pour annoncer l'Evangile, car, lorsque nous avons vu Christ,
nous ne pouvons pas nous taire, nous devons aller auprès de nos frères et lui rendre
témoignage. Notre témoignage sera celui de ces gens qui disaient à la Samaritaine . «
Maintenant, nous croyons, non plus à cause de ce que tu nous as dit, mais parce que
nous l'avons entendu nous- mêmes et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du
monde ».
Que Dieu nous aide à le voir Iui-même, sans nous contenter de lire la Bible ou
d'entendre parler de Iui. Qu'il nous aide à rendre témoignage des progrès magnifiques
qui se produiront dans notre vie spirituelle. Nous verrons alors sa puissance et nous
vivrons au Ciel avec lui aux siècles des siècles.
En terminant, je vous remercie tous de rn'avoir écouté si attentivement, mais ma voix
seule ne vous sera pas d'une grande utilité. Rentrez chez vous et que là Dieu vous aide
à entendre Sa voix. Vous avez écouté la mienne avec beaucoup d'attention. Ecoutez la
sienne, qui est si douce, et vous serez sauvés. Que le Seigneur vous aide à L'entendre
et à Le voir tout le temps que vous passerez dans ce monde.

1) Notion du panthéisme hindou.

Près du Royaume de Dieu.


Cathédrale de Lausanne, le mardi 7 mars 1922.
Marc 12, 34. Jésus, voyant qu'il avait répondu avec intelligence, lui dit : Tu n'es pas
loin du Royaume de Dieu.
Etre Près du Royaume de Dieu ou être dedans.
Un scribe se rendit auprès du Seigneur et Iui demanda : «Maître, quel est le premier de
tous les commandements? », et le Seigneur répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton
Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée; cela vaut mieux que
beaucoup d'offrandes et de sacrifices ».
Cet homme n'avait, semble-t-il, aucune objection à faire à ce que le Sauveur lui dit,
mais sa réponse ne sortait pas de son cœur et c'est pourquoi Christ lui répondit : « Tu
n'es pas loin du Rovaume de Dieu ». Ce scribe était un homme très instruit et il doit
avoir été ravi d'entendre un si grand prophète lui dire, devant une telle foule : « Tu n'es
pas loin du Royaume de Dieu ». Jésus-Christ, qui réprimandait souvent ses
interlocuteurs au sujet de leurs péchés, ne réprimande pas ce scribe. Il lui dit
simplement : « Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu... » Il semble donc qu'il ait été
meilleur que tant d'autres scribes et pharisiens.
Et pourtant, cet homme aurait dû être bien attristé en s'entendant dire qu'il n'était pas
dans le Royaume de Dieu: qu'il en était près, mais pas dedans car cela fait une
immense différence. Ce scribe. en effet, avait la religion de la tête et non pas celle du
cceur. Très souvent, les choses qui sont dans notre tête ne descendent pas plus bas que
la gorge et ne touchent pas le cœur. Si la réponse était venue du cœur, Christ aurait dit
: « Heureux es-tu, car tu es dans le Royaume de Dieu ». Pour être sauvé, il ne suffit
pas d'être près, il faut être dans le Royaume; ceux qui sont loin mourront dans le péché
tout comme ceux qui sont près.
Être près ne sauvera pas les pécheurs : la seule chose qui compte, c'est d'être dans le
Royaume, c'est-à-dire d'avoir le Royaume de Dieu au dedans de soi.
Trois exemples.
Pensez aux dix vierges dont le Seigneur a raconté l'histoire. Cinq d'entre elles
attendaient hors de la maison des noces et les cinq autres étaient dans la maison. Si
quelqu'un leur avait dit de l'intérieur : « Vous êtes bénies, car vous n'êtes point loin de
la maison des noces », elles auraient répondu : « A quoi cela nous sert-il de n'être pas
loin ? Nous ne sommes pas dans la maison, nous ne pouvons pas chanter avec vous ».
Elles doivent s'être frappé la poitrine de désespoir, car il ne suffit pas d'être près de la
porte, il faut être entré par cette porte pour se trouver dans la maison. De même être
près du Royaume de Dieu ne sert pas à grand chose, si l'on n'entre pas dans ce
Royaume.
Il y a quelques années, dans mes voyages d'évangélisation, je racontais souvent une
histoire que je vais vous dire aussi. Un chasseur partait pour la chasse dans une contrée
où il savait que les animaux féroces abondaient. Il tenait à la main son fusil et se
croyait à l'abri de tout danger. Apercevant un lion, il le visa, tira et le manqua ! Le lion
se mit aussitôt à poursuivre le chasseur qui se rappela que, par bonheur, il y avait, dans
le voisinage, une petite maison destinée précisément à servir de refuge aux voyageurs
et aux chasseurs. Sentant sa vie en danger, il se mit à courir de toutes ses forces du
côté de cet abri et, tout en courant, il fouillait dans ses poches pour chercher la clef du
refuge, mais... il ne la trouva pas ! Elle était restée chez lui, il avait oublié de la
prendre ! Il aurait mietix valu qu'il eût pensé à cette clef avant de sortir de sa maison,
car, comme il était devant la porte, cherchant un moyen d'entrer, le lion sauta sur lui et
le tua.
Si ce chasseur avait été dans la maison, il aurait été sauvé, mais il était dehors et, bien
que tout près de la porte de la maison, il perdit la vie. Entre le salut et lui, il y avait peu
de chose : juste l'épaisseur de la porte; cela suffit pour le perdre. Satan, comme, un
lion rugissant, est toujours après nous, cherchant à nous tuer, à détruire notre vie, si
nous ne sommes pas dans le Royaume de Dieu.
Beaucoup de chrétiens, comme ce scribe, admirent Christ. Ils disent : « C'est
admirable, c'est une splendide vérité », mais l'admiration qui vient de la tête ne suffit
pas; l'admiration doit venir du cœur. Nous ne sommes pas sauvés si nous ne sommes
pas entrés dans le Royaume de Dieu.
Au temps de Noé, les gens ne croyaient pas à la possibilité d'un déluge. Noé leur
prechait la repentance et ils disaient « Il est fou. Il est si vieux qu'il a perdu la raison »
Il y eut encore une autre chose très étonnante à ce moment-là. C'est que même les
charpentiers occupés à la construction de l'arche ne croyaient pas aux prédictions de
Noé. Ils étaient sans doute nombreux, ces ouvriers, car Noé avait assez à faire à les
diriger et bien sûr que les gens venaient leur dire : « Pourquoi travaillez-vous à la
construction de cette arche ? Vous ne croyez pas qu'il y aura un déluge ! » Ils
répondaient sans doute : « Nous travaillons pour gagner ! » Ils ne croyaient pas à la
parole de Noé, mais, quand ils virent l'eau monter toujours, ils furent effrayés comme
tous les autres. Ils grimpèrent sur les plus hautes montagnes pour sauver leur vie; ils se
mirent à nager aussi, mais tout fut inutile.
Ceux qui savaient nager et qui voyaient l'arche flotter, durent se diriger de ce côté; ils
auront heurté à la porte en criant : « Ouvrez-nous! » Sans doute que Noé avait pitié
d'eux et aurait voulu leur ouvrir la porte, mais ce n'était pas lui qui l'avait fermée;
c'était Dieu. « Et l'Eternel ferma la porte de l'arche » (Gen. 7, 16). Peut- être que l'un
ou l'autre des charpentiers qui avaient travaillé avec Noé cria : « J'ai aidé à bâtir
l'arche; j'ai bien le droit d'y entrer; ouvre la porte ! » Et Noé a dû répondre : « Quand
vous m'aidiez à bâtir, vous n'avez point eu de foi, vous n'avez pas voulu me croire;
maintenant, je ne puis pas vous ouvrir la porte ! » La distance entre eux et l'intérieur de
l'arche n'était pas grande : juste l'épaisseur de la porte. Si Noé leur avait crié : « N'ayez
pas peur ! Vous n'étes pas loin, vous êtes tout près de l'arche », ils auraient répondu «
A quoi cela nous sert-il d'être près, tant que nous ne sommes pas dedans ? »
Le scribe doit avoir été bien triste s'il a compris la signification de ce que Jésus lui
disait : « Tu n'es pas loin ». Il doit avoir pensé - « je suis en danger ! » De nos jours, en
pays chrétiens, il y a beaucoup de personnes dans les églises qui admirent Christ et son
enseignement. Elles ont le privilège d'être tout près du Royaume de Dieu, mais elles se
frapperont la poitrine un jour, comme les cinq vierges folles, car elles sont tout près,
mais non pas dans le Royaume de Dieu. C'est maintenant qu'il faut prendre garde;
aujourd'hui est le jour favorable pour entrer dans le Royaume. Ne vous contentez plus
d'étre près.
Comment entrer dans le Royaume ?
« Comment entrer dans le Royaume ? », direz-vous. Il n'y a qu'un moyen et c'est la
prière. La prière est la clef du Ciel; par la prière, le Ciel s'ouvrira devant nous; par la
prière, nous serons en Christ, à l'abri de tout danger. Alors aussi nous verrons et
réaliserons sa présence dans nos vies, car nous serons en Lui et Lui sera en nous.
Avec nos yeux, nous pouvons voir tant de choses ! Nous voyons aussi la médecine qui
guérit les yeux; elle est dans une bouteille. Quand elle est dans les yeux, elle éclaircit
la vue et pourtant les yeux ne peuvent plus la voir. Ils sentent que la médecine leur a
fait du bien, mais ils ne la voient plus. On peut dire : « J'ai de la médecine dans mes
yeux et je ne la vois pas ! » Quand Christ était en Palestine, dans un corps de chair,
beaucoup de gens l'ont vu, mais aujourd'hui qu'il vit dans nos cœurs, nous ne le
voyons pas. Comme une médecine, il purifie notre vue spirituelle de toute espèce de
péché. Bien que nous ne puissions Pas le voir, nous somrnes sauvés; nous le savons,
car nous sentons la présence de Dieu dans nos vies. je ne veux pas dire que nous «
sentons » d'une sensation physique; cette sensation n'est pas un sentiment, une
émotion; par «sentir », je veux dire que nous réalisons la présence du Christ vivant,
que nous sommes rendus capables d'être ses témoins et de dire : « maintenant, nous
sornmes dans le Royaume de Dieu et le Royaume de Dieu est au dedans de nous... »
Alors, nous trouvons le Ciel sur la terre et il n'est plus nécessaire de nous dire : « Tu
n'es pas loin », car le Royaume est au dedans de nous. Dans ces conditions, nous
n'espérons pas seulement entrer dans le Royaume de Dieu après la mort, mais nous
pouvons dire : « je suis au Ciel dès cette vie, parce que je suis en Christ ».
La paix du cœur, preuve que nous sommes dans le Royaume.
Exemples : un martyr, le brigand repentant.
Les hommes s'efforcent de toutes manières de trouver la paix, mais ils ne la trouvent
qu'en donnant leur cœur à Dieu. Ils sont alors dans le Royaume de Dieu et jouissent de
cette paix que le monde ne peut pas donner et qu'il ne petit enlever. Ceux qui
possèdent cette paix profonde ne peuvent plus se taire; ils doivent rendre ce
térnoignage : « Nous avons trouvé Christ et le Royaume de Dieu est en Lui ».
Un de mes amis était allé au Thibet pour y rendre témoignage et annoncer l'Evangile.
Les uns se mirent à lui dire qu'il devait être fou pour précher ainsi, car le prêtre
boudhiste ne le supporterait pas longtemps. « Taisez-vous » lui dit-on. « Impossible,
répondit-il, je ne puis pas me taire. Il faut que je raconte ce que j'ai trouvé en
Jésus-Christ. » Alors, ils l'insultèrent et le frappèrent; puis, trouvant que cela ne
suffisait pas, ils lui lièrent les jambes avec une corde et le suspendirent à un arbre par
les pieds. Ce devait être terrible d'être ainsi suspendu la tête en bas, et cependant,
quand on lui demandait : « Comment te trouves-tu, maintenant ? ». il répondait : « je
remercie Dieu de me trouver au Ciel sur la terre ». « N'as-tu pas honte d'être ainsi
pendu les pieds en l'air ? » « Il n'y a point là de honte; je souffre pour mon Sauveur. je
ne suis pas surpris que vous me traitiez de la sorte. vous montrez quelle est votre
nature. Ce monde est sens dessus dessous et ses actions sont comme lui. Ce monde,
qui est sens dessus dessou, ne peut rien voir du bon côté. Il voit tout à l'envers. Par
votre action, vous avez témoigné de ce qui est au dedans de vous. Vous ne voyez les
choses qu'à l'envers, vous ne pouvez pas supporter de les voir redressées. Le monde
est à l'envers, votre nature aussi, et vous m'avez pendu de la même manière. Mais, en
réalité, je n'ai pas la tête en bas. je suis debout dans la lumière. Dans la lanterne
magique, on doit placer les verres le haut en bas, mais, sur l'écran, ils se reflètent
redressés. S'ils étaient placés droits dans la lanterne, ils se reflèteraient à l'envers sur
l'écran. De même, suivant les conceptions de ce monde, je suis placé la tête en bas,
mais, dans le Ciel, je me reflète debout. je remercie Dieu de ne pas être debout aux
yeux du monde. Le monde me hait, mais je suis debout aux côtés de Dieu ».
Nous avons là une preuve du Royaume de Dieu. Cet homme était dans le royaume :
au sein de la persécution, il jouissait d'une paix et d'une joie parfaites. Pour
comprendre la vraie signification du christianisme, nous devons entrer dans le
Royaume de Dieu. Sinon, nous ne pouvons pas comprendre ce qu'est en réalité le
christianisme. Une société, une église n'est pas le christianisme; le christianisme, c'est
Christ Lui-même. Ceux qui vivent avec Jésus-Christ savent bien qu'Il est Lui-même
tout le christianisme. Ceux-là ont déjà cornmencé à vivre dans le Ciel et rendent
témoignage du Ciel; ils sont dans le Royaume de Dieu; ils sont sauvés. Ceux qui sont
près du royaume sont en danger. Ils ressemblent au brigand qui fut crucifié avec notre
Sauveur. A Golgotha, nous voyons trois croix et trois hommes sur ces croix. Tous les
trois mourant de la même mort : la mort par crucifixion; mais au point de vue spirituel,
il y avait une très grande différence entre ces trois morts. Au milieu était le Sauveur et,
de chaque côté de lui, un brigand. Entre les deux brigands, se trouvait le Sauveur qui
mourait pour le péché; à sa gauche, se trouvait le brigand qui mourait dans le péché,
et, à sa droite, le brigand qui mourait au péché... Pour le péché. Dans le péché, au
péché. Christ mourut pour le péché afin de sauver les hommes; le brigand qui était à
gauche était tout près du cœur et du côté percé du Sauveur, près du sang et de l'eau qui
coulèrent. Il était près et cependant il mourut dans le péché, car il ne s'était pas repenti.
Le brigand de droite se dit : « Cet homme n'a pas péché; Il est saint ! » Il crut et mourut
au péché pour commencer a vivre en Christ; aussi Christ lui dit : « Aujourd'hui, tu
seras avec moi dans le paradis ». Aujourd'hui, non pas dans des jours ou des années,
mais aujourd'hui, parce qu'il mourut au péché et commença à vivre dans la justice.
Beaucoup d'hommes sont comrne le brigand qui mourut dans son péché. Ils disent : «
Il est venu pour sauver les autres et il n'a pas pu se sauver Iui-même ! » D'autres, par
contre, ressemblent au brigand qui se repentit et auquel Christ promit qu'il serait avec
Lui au paradis.

Nous devons savoir si nous sommes près du Royaume de Dieu ou si nous sommes
dans ce Royaume. Si nous sommes dans ce Royaume, nous en trouvons une preuve
dans nos vies, car nous ressentons une paix profonde qui nous montre bien que nous
sommes dans le Royaume de Dieu. Si cette paix nous manque, c'est la preuve que nous
sommes encore hors du Royaume et que nous devons nous repentir et prier bien, afin
d'entrer dans le Royaume.
Témoignage personnel du Sundar Singh.
Pour terminer, je désire rendre témoignage. L'hindouisme m'avait enseigné qu'il y
aurait un Ciel et je faisais de mon mieux pour être rendu libre du péché et agir en
toutes choses selon la volonté de Dieu. J'essayais de sauver ma vie par mes bonnes
œuvres, ce qui était insensé et ne pouvait me sauver. Malheureusement, je ne croyais
pas en Jésus-Christ. J'étais très fier de la religion et de la philosophie hindoues, mais la
philosophie ne peut pas sauver les pécheurs. J'étais désespéré et suppliai Dieu de me
montrer le chemin du salut. En réponse à mes prières, je vis mon Sauveur. Il se montra
Lui-même à moi. je ne me serais jamais attendu à voir une chose pareille. je vis sa
gloire, et je sus que Christ est le Christ vivant. Il disparut ensuite, mais la paix qu'il
m'avait apportée ne disparut plus jamais. je le dis tout de suite à mes parents : «
Maintenant, j'ai trouvé cette paix que je cherchais depuis des années ». je réalisai dès
lors que nous ne trouvons cette paix qu'en Jésus-Christ, et cela, c'est le Royaume de
Dieu sur la terre. Nous ne pouvons pas le trouver ailleurs qu'en Christ.
Après ma conversion, je passai trois ou quatre jours à l'écart, en prières. je priais pour
que Dieu me pardonnât, car, trois jours auparavant, je brùlais la Bible et j'étais
l'ennemi de Christ. je criais : «Mon Dieu, pardonne-moi ! J'étais aveugle
spirituellement, je ne pouvais pas comprendre ta parole; c'est pourquoi j'ai brûlé la
Bible ». Cette assurance me fut donnée : « Tu étais aveugle spirituellement, mais
maintenant j'ai ouvert tes yeux. Va donc et rends-moi témoignage ».
Mes parents étaient très étonnés et disaient :
« L'autre jour, tu brûlais la Bible, tu jetais des pierres aux missionnaires et,
maintenant, tu prêches l'Evangile ! Nous n'y comprenons rien ! » je fus heureux de
rendre mon témoignage et de dire : « J'ai eu de bons enseignements dans ma vie, mais
le Christ vivant a changé ma religion. je suis sauvé par sa grâce. je l'ai persécuté, mais
maintenant j'ai vu sa puissance merveilleuse et ses miracles ». Parfois encore, je risque
de m'enorgueillir, mais alors je revois les années où j'ai persécuté Christ et je redeviens
humble.
Appel au témoignage et à la décision.
Laissez-moi comparer ma vie à la vôtre : Vous avez été bénis dès votre jeune âge,
vous n'avez jamais persécuté Christ. je ne connaissais rien de lui dans mon enfance,
tandis que vous, vous avez entendu parler de lui, mais vous l'avez aussi persécuté par
votre vie, par vos mauvaises actions. Ceux qui aiment Dieu réalisent sa présence. Il y a
très peu de vrais chrétiens. Si tous les habitants des pays dits chrétiens avaient été de
vrais enfants de Dieu, l'Evangile aurait été répandu partout en quelques mois et le
monde entier serait devenu chrétien. Quand nous sommes sauvés, notre devoir et notre
responsabilité sont de faire tout notre possible pour sauver les autres. Pour
commencer, nous devons entrer dans le Royaume de Dieu et le Royaume de Dieu doit
être en nous. je ne puis pas expliquer ce mystère, mais il s'explique quand nous en
avons fait l'expérience. Nous ne sommes plus alors comme le scribe qui n'était pas loin
du Royaume, nous sommes dans le Rovaume de Dieu.
Que Dieu vous aide à faire de votre vie une vie de prière. Passez chaque jour un
moment en prière et vous verrez des choses magnifiques dans vos vies. Par la prière,
nous entrons dans le Royaume de Dieu, pour vivre et règner avec Christ au siècle des
siècles.
C'est là mon témoignage. Au dernier jour, Christ vous dira : « Vous avez eu l'occasion
d'apprendre à me connaître. Ceux qui vivaient dans les pays païens ont cherché la
vérité et m'ont trouvé. Et vous ? »
Dieu nous aide, afin que nous ne soyons pas couverts de honte au dernier jour, afin
que nous n'ayons pas seulement une petite part du Royaume de Dieu, mais nous
soyons les enfants du Royaume, pour règner à toujours.
Que le Seigneur nous aide à entrer dans le Royaume. Amen.

Question et réponses.
Séance pour pasteurs et collaborateurs dans I'œuvre de l'Eglise, à Lausanne,
Chapelle de Martheray, le soir du mercredi 8 Mars 1922.

M. le pasteur H. Secretan : Vous étes pour nous un frère de près, comme vous l'avez été
de loin. Vous nous avez été très utile par votre paix, votre joie rayonnante. Quelle est
la place que, à votre sens, la Bible doit occuper dans la vie intérieure du fidèle ?
Est-elle 1'unique fondement de la certitude chrétienne ?
Peut-on aller à Christ en dehors de la Bible ? Notre foi est-elle liée indissolublement
aux faits évangéliques ?
Le Sâdhou : Le monde est une grande famille. Aucun pays n'est parfait en lui-même.
Nous apprenons tous les uns des autres. Chaque pays doit apporter sa contribution à
I'œuvre générale et non seulement chaque pays, mais chacun de nous
individuellement. Si chacun fait ainsi son devoir, nous arriverons à la perfection.
Nous, peuples de 1'0rient, nous avons reçu beaucoup de l'Occident, grâce aux
chrétiens fidèles qui nous ont annoncé l'Evangile et, par dessus tout, le « fait vivant »,
Christ lui-même.
Il faut connaitre la Bible, ne serait-ce qu'au point de vue de l'histoire des faits
évangéliques. J'aime la Bible; c'est elle qui m'a introduit auprès du Sauveur, de ce
Sauveur qui n'appartient pas à l'histoire, car l'histoire nous parle du temps, tandis que
Christ nous parle de l'éternité. En le trouvant, nous trouvons tout en lui, avec la Vie
éternelle. Au point de vue de l'histoire, il est utile de connaître la Bible, mais si même
la Bible disparaissait, nul ne pourrait me ravir ma joie : je garderais mon Christ ! La
Bible m'a appris bien des choses au sujet de Jésus-Christ. Le grand fait historique, c'est
Christ lui-même. La théologie et l'étude seules, sont impuissantes à satisfaire l'âme. Je
ne suis pas sûr d'avoir bien compris la question; la langue est entre nous une grande
difficulté.
M. le missionnaire A. Grandjean : Il y a 12 ans, j'assistai à la conférence missionnaire
d'Edimbourg. Plusieurs chrétiens venus des Indes s'y trouvaient, entre autres un
évêque hindou qui disait : « Le corps de Christ ne sera complet sur la terre que
lorsqu'il aura été assimilé par toutes les nations. » L'Inde nous apporte un
enrichissement, mais il a fallu le concours de l'Occident, étant donné le
développement des Missions.
Quelle est, pensez-vous, la place actuelle des missionnaires aux Indes ? Autrement dit
: quelle est la part réciproque des missionnaires de l'Occident et des missionnaires
indigènes pour gagner l'Inde à Christ ?
Le Sâdhou : Aux Indes, nous sommes très reconnaissants aux vrais chrétiens qui sont
venus nous apporter l'Evangile et qui ont travaillé de tout leur cœur, mais j'ai le regret
de dire que, si nous avons eu des missionnaires qui étaient de vrais hommes de Dieu et
nous ont fait beaucoup de bien, d'autres nous ont apporté des théories et des doctrines
qui étaient du poison pour nous. Je parle de ceux qui ne croient pas à la divinité de
Christ.
Mon but, en venant chez vous, a été : de rendre témoignage à Christ et à sa puissance;
de remercier le peuple de Dieu de ce pays de ce qu'il a fait pour ma patrie ; de vous
dire que nous avons encore besoin de vos missionnaires, mais qu'il vaut mieux garder
les infidèles chez vous. Vous avez de l'argent et vos missionnaires ont donné leur vie
pour nous, mais les infidèles qui sont venus ensuite ont gâté leur œuvre(1). Mieux vaut
nous envoyer un seul missionnaire fidèle, prêchant le Christ vivant, que des centaines
d'autres. Pour ceux-là, comme pour vos prières, nous vous serons toujous
reconnaissants.
Un mot encore, pour exprimer ce que je ressens ici. Je suis en quelque sorte perdu au
milieu d'un pays étranger, mais, lorsque je rencontre de vrais chrétiens, je me sens
partout « at home » avec eux, tandis que, même aux Indes, lorsque je rencontre de ces
gens qui ne croient pas au Christ vivant, je me sens étranger. En Orient comme en
Occident, ceux qui vont à Christ sont satisfaits. Il est la seule espérance de ce monde ;
il peut satisfaire tous les besoins de nos âmes. C'est son amour qui contraignit les
chrétiens de ce pays-ci à nous envoyer des missionnaires et nous les en remercions,
mais nous n'avons pas besoin de philosophie et de doctrines ; nous en sommes fatigués
; ce qu'il nous faut aux Indes, c'est la vie, la vie, la vie, cette vie que Christ seul peut
donner. Envoyez-nous seulernent ceux qui peuvent nous montrer Jésus-Christ.
M. le prof. Chavan : Nous cherchons la communion avec Jésus dans nos études ; mon
cœur est souvent ému dans cette recherche; je voudrais vous demander ce que
vous pensez des mystiques chrétiens, comme St-François d'Assise, Thomas a
Kempis, l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ, dont je sais que vous avez lu les
ouvrages.
Le Sâdhou : Mon expérience c'est que la vérité n'est pas l'apanage spécial d'un peuple.
La vérité n'appartient ni à l'Orient, ni à l'Occident ; elle appartient à l'humanité et vous
verrez partout que les hommes sont satisfaits lorsqu'ils l'ont trouvée. Elle peut se
manifester par des expressions, par des mots différents ; elle reste la même. Lorsque je
lis St-François d'Assise ou Thomas A Kempis, ils sont pour moi comme des frères
aînés, ayant eu la même foi. Il n'y a alors aucune question d'Orient ou d'Occident !
nous appartenons à la même famille ! J'ai beaucoup appris à leur contact, aussi bien
qu'à celui des saints de l'Orient, car ils disent les mêmes choses, chacun à leur manière
; ils ont tous trouvé la vérité en Christ.
Les saints d'aujourd'hui me sont précieux aussi et j'apprends beaucoup en les
fréquentant. La vérité ne souffre pas des atteintes du temps, ni de celles de
personnalités diverses ; ce qui était vrai autrefois reste vrai de nos jours, parce que
Dieu se révèle de la même manière à ses enfants en tous temps. Nul ne peut dire : «
J'en sais assez. Je n'ai plus rien à apprendre des autres. » Nous apprenons tous les
jours, et, comme j'apprends sans cesse de ceux que je rencontre en Orient, j'apprends
aussi de mes frères d'Occident.
Je dois peut-être ajouter un mot pour expliquer ce que j'ai voulu dire ausujet des écoles
de théologie, afin qu'il n'y ait pas de malentendu(2). je n'ai pas parlé hâtivemnt. J'ai vu
des jeunes gens qui, au moment de quitter l'école et d'aller travailler pour Christ,
avaient perdu leur enthousiasme. « Que s'est-il donc passé ? » leur ai-je demandé. Et
1'un d'eux me répondit au nom de tous : « Les insectes de la critique et de l'infidélité
ont mangé nos âmes.» C'est à cause de cela que je dois parler; mon amour pour mon
Sauveur m'y contraint. Moi-même, j'ai désiré étudier, mais la question des études est
un problème difficile, car, lorsque la vraie vie est tuée, il ne reste rien. Au séminaire,
j'ai appris des choses bonnes pour la vie de ce monde, mais les leçons de la vie
spirituelle je les ai reçues aux pieds du Maitre. Ce n'est pas que je sois opposé à tout
enseignement, mais l'enseignement sans la vie est certainement dangereux. Ce n'est
que dans un travail harmonieux de la tête et du cœur que nous verrons de grands
résultats pour la gloire de Dieu.
M. Chavan : La souffrance a-t-elle joué un rôle dans votre vie chrétienne ? La
souffrance est-elle voulue de Dieu ?
Le Sâdhou : J'ai dit souvent déjà que pour pouvoir expliquer ce qui m'est arrivé, je suis
obligé d'employer les mots : prison, souffrance, persécution, afin d'être compris, mais,
en réalité, il n'y a eu là pour moi aucune souffrance. Si ç'avait été de la souffrance,
j'aurais abandonné la partie et n'aurais pas continué à aller annoncer l'Evangile. Il n'y
avait pas de comité pour me pousser en avant et m'obliger à aller ici plutôt que là ! La
réalité, c'est que chaque fois que j'ai eu à souffrir pour mon Sauveur, j'ai trouvé le Ciel
sur la terre, c'est-à-dire une joie merveilleuse que je ne trouve qu'alors. Dans ces
occasions-là, j'ai toujours réalisé la présence de Christ d'une manière si évidente
qu'aucun doute ne pouvait subsister en moi. Cette présence était aussi lumineuse que
le soleil en plein midi : Ceux qui consentent à vivre en sa présence ne peuvent plus le
nier. La souffrance était souffrance dans le temps ou je n'étais pas chrétien et où je ne
possédais pas la paix de l'âme. Je lisais souvent les écrits hindous jusqu'au milieu de la
nuit, si bien que mon père disait : « Tu perds la tête, mon garçon. Tu vas t'abîmer les
yeux ! Tu n'es qu'un enfant ; pourquoi te tracasser ainsi de ces questions de vie
spirituelle ? » je répondais « Il me faut la paix à tout prix, Les choses de ce monde ne
peuvent pas satisfaire mon âme. Même la religion ne me satisfait pas. Je ne peux plus
vivre dans ce monde, je veux me suicider. » C'était la vraie souffrance : je me sentais
en enfer. Mais, depuis ma conversion, je n'ai plus connu la souffrance. J'ai été en
prison : ce nétait pas une prison pour moi, mais le Ciel sur la terre. J'ai ressenti plus de
joie au sein de la persécution que lorsque je n'étais pas persécuté ; plus de joie en ayant
faim que lorsque j'avais la nourriture la plus fine. La source de cette joie, de ce Ciel
sur la terre, c'est la présence de Christ; personne ne peut m'enlever cette joie.
J'ai déjà parlé des martyrs du Thibet et, justement aujourd'hui, j'ai reçu la nouvelle que
le Dr Sheldon, avec lequel j'ai fait des voyages d'évangélisation dans ce pays, vient d'y
être massacré. J'y retourne chaque année et peut-être que l'année prochaine vous
apprendrez que j'y ai perdu la vie à mon tour. Alors, ne pensez pas « Il est mort >,
mais dites-vous : « Il est allé vivre au Ciel, avec Christ, d'une vie plus complète. »
Vous avez entendu parler de Kartar Singh, qui mourut aussi au Thibet. J'ai vu son
Nouveau Testament et les passages qu'll y a écrits avant de mourir. Les gens croient
que Kartar est mort, mais en réalité il est vivant en Christ. La mort elle-même mourra ;
Christ, jamais ! Si nous vivons avec lui déjà dès cette vie, nous vivrons avec lui pour
toujours après la mort.
M. Bugnion : Comment pouvons-nous discerner la volonté de Dieu ?
Le Sâdhou : je n'ai aucune doctrine nouvelle à vous apporter. je suis simplement un
témoin de ce que Dieu a fait pour moi. C'est toujours ce même chemin de salut que la
plupart des hommes appellent folie. Si nous vivons avec Dieu, il ne nous est pas
difficile de connaître sa volonté ; nous arrivons aisément à comprendre ses intentions à
notre égard. Ceux-là seuls qui ne vivent pas en communion avec Dieu éprouvent de la
diffictilté à reconnaître sa volonté et ce qu'il leur demande. Cela devient très facile à la
condition de se tenir constamment près de lui.
M. le pasteur G. Bugnion : Quel conseil donneriez-vous à celui qui, ne connaissant pas
Dieu, a soif de communion avec lui ?
Le Sâdhou : Tant que j'ai pratiqué l'hindouisme, je passais journellement des heures à
méditer, mais cela ne m'a servi à rien. En Christ, je trouvai un moyen bien simple : la
prière. Je n'apporte rien de nouveau ; c'est le chemin de toujours et le plus simple :
prier. Par la prière nous apprenons à connaître Dieu.
M. Bugnion: Y a-t-il un affranchissement du péché ?

Le Sâdhou : Il n'y a là aucune difficulté. Tous ceux qui vivent avec Dieu savent qu'en
restant en communion avec lui ils sont hors de l'atteinte du péché. Le salut n'est pas
seulement dans le pardon du péché, mais dans l'affranchissement du péché.
M. le pasteur G. Secretan : Vous avez insisté sur la joie qui se trouve dans la souffrance
pour Christ ou dans le martyr, comme les premiers chrétiens. Ne pensez-vous pas qu'il
existe d'autres sources de joie, en particulier dans le soin des pauvres ? N'y a-t-il pas
là une autre voie ouverte dans laquelle nous sommes appelés à mourir sans cesse à
nous mêmes ?
Le Sâdhou : Il est, en effet, plus facile de mourir une fois pour Christ que de vivre pour
lui, car en vivant pour lui il faut mourir chaque jour à soi-nême. Je suis tout à fait
d'accord à cet égard avec le frère qui vient de parler. Saint Paul a dit : « On nous met à
mort chaque jour. » (Rom. 8, 36.) J'ai toujours vu que ceux qui savent comment
mourir chaque jour, savent comment vivre chaque jour ; c'est un secret qu'eux seuls
connaissent. Il est bon qu'il y ait des martyrs pour Christ. je n'éprouve aucune crainte à
la pensée de mourir un jour au Thibet et, si ce jour vient, je l'accueillerai avec joie ;
cependant, je préfère vivre pour lui, afin de pouvoir Lui rendre témoignage en mourant
chaque jour. Christ a besoin partout dans les églises comme ailleurs, de ces témoins
qui savent vivre pour lui parce que, en vivant pour lui, ils meurent chaque jour.

1). Le Sâdhou vise ici, de toute évidence, certaines sociétés libérales dites unitaires que l'on trouve
plutôt en Amérique, mais son avertissement est bon à être entendu chez nous.
2) Le Sâdhou, dans le discours qui précéda ces questions déclara que les vraies études de théologie
se font aux pieds de Jésus-Christ.

La paix de l'âme.
BIENNE, à l’Eglise française, le 28 février 1922.

Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés,


et je vous donnerai du repos. Matthieu 11, 28-30:

Ce monde ne donne pas la paix.


…Quand je suis arrivé, hier, dans votre pays, la beauté de ses paysages a provoqué
mon admiration, mais les choses belles et les pays magnifiques ne peuvent satisfaire
nos âmes ; elles peuvent satisfaire nos yeux jusqu'à un certain point, mais pas nos
cœurs. Sans doute, c'est la création de Dieu, et à travers la création, nous pouvons voir
quelque chose du Créateur, mais l'homme et le cœur de l'homme ne peuvent être
satisfaits que par le Créateur lui-même.
Les hommes cherchent toute espèce de moyens pour trouver le repos et la paix de leur
cœur, mais l'expérience prouve que les choses de ce monde ne peuvent les donner.
Notre faim et notre soif peuvent être apaisées, mais non pas nos âmes. J'ai vu des
millionnaires et leur ai demandé : " Sans doute, vous êtes contents de votre sort ; votre
richesse vous satisfait ? " Ils ont répondu : " Non, absolument pas ! " J'ai rencontré des
personnages haut placés, des rajahs et des rois, et je leur ai demandé : " Etes-vous
satisfaits ? " Ils m'ont répondu : " Non ". Ils m'ont fait cette confession : " Nous avons
des besoins, mais nous ne trouvons rien qui satisfasse notre âme. " Beaucoup se sont
efforcés de trouver ce repos de leur âme, mais ils se sont peu à peu lassés de cette
recherche et ils sont tombés dans le désespoir.
Sundar Singh a fait l'expérience que Christ donne la paix.
C'est aussi mon expérience personnelle : J’ai essayé, dans la maison de mon père, de
satisfaire mon âme par les jouissances du luxe et du confort. Rien n'a pu satisfaire mon
âme. Puis j'ai essayé de chercher le repos par les moyens qu'offrent les religions de
l'Inde : Hindouisme, Boudhisme, Mahométisme... Là non plus, je n'ai rien trouvé. je
pris l'habitude de passer des heures dans la prière et la méditation, mais cela non plus
ne m’a servi à rien. Il n'y avait pas de secours dans ces religions-là. Puis j'ai lu dans
l'Evangile : " Venez, et je vous donnerai le repos de vos âmes ". je n'ai pas pu le croire
; je me suis écrié : " Comment, notre religion, l'hindouisme, qui est la plus belle
religion du monde, ne me donne pas la paix ! et une autre religion pourrait me la
donner ! " Et cependant, le Christ seul peut prononcer ces paroles ; aucun autre ne peut
dire : " Venez à moi, et je vous donnerai le, repos... "
Dans ce temps-là, je haïssais les chrétiens. Quand je voyais la Bible, je me disais " Il
est possible qu'il y ait de très bonnes choses dans ce livre-là, mais il est contre notre
religion ". C'est pourquoi je le déchirais. Quand je voyais les missionnaires venir
prêcher l'Evangile, je me disais : " Ces gens-là font du mal, ils sont venus tout gâter
chez nous ". Et quand ils passaient dans mon village, je prenais des pierres pour les
leur jeter et ordonnais à nos serviteurs de leur en jeter aussi. je disais : " Le Christ n'a
pas pu se sauver lui-même, comment pourrait-il sauver les autres ? " J'étais aveuglé. je
ne pouvais pas voir sa gloire.
Je me rappelle le jour - le 16 décembre 1904 - où j'ai jeté au feu une Bible arrosée de
pétrole, et l'ai brûlée. je pensais faire mon devoir en obéissant à ma religion
hindouiste, mais cela ne me fit aucun bien à moi-même. Finalement je devins
tellement angoissé et tourmenté que je résolus de mettre fin à ma vie ; cependant,
avant de commettre le suicide que je méditais, je voulus passer un moment en prière.
Après une heure et demie de prière, tout à coup m'apparut quelque chose de
merveilleux. C'était le 18 décembre ; il y avait deux jours que j'avais brûlé la Bible. je
vis apparaître la face glorieuse du Christ vivant. Il me dit : " jusqu'à quand
continueras-tu a me persécuter ? Je suis mort pour toi, je suis le Sauveur du monde ".
je restai stupéfait. J'avais l'habitude de penser qu'il était mort, et voici, il était devant
moi, c'était sa voix, et je le sentais me pénétrant de part en part comme un courant
divin. Et je lui consacrai ma vie.

C'est là que se trouve la paix, la joie vivante.


Quand j'allai vers mon père, il était encore nuit ; c'était de grand matin. je lui déclarai
que j'étais chrétien. Il me dit : " Ce n'est pas possible, avant hier tu brûlais la Bible ".
Je lui répondis : " J'ai vu le Christ ; il est vivant. Il m'a donné cette paix que nul autre
n'a pu me donner ". Mes parents et mes amis vinrent me trouver et me posèrent la
même question. " je persécutais le Christ, dis-je, parce que je ne le connaissais pas.
Maintenant je le connais ; je ne vous prêche pas quelqu'un qui me soit étranger. " je
leur disais encore : " Autrefois j’avais entendu parler de lui, mais je ne Le connaissais
pas Lui-même ".
pour avoir la paix il faut connaître Christ personnellement.
Beaucoup de chrétiens sont dans le même cas. Ils ne connaissent pas jésus lui-même.
Et voici la différence qu'il y a entre " savoir quelque chose de Jésus-Christ " et " Le
connaître lui-même " : Quand je connaissais quelque chose de lui, je le haïssais, mais
maintenant, je Le connais, lui, et je l'aime. Beaucoup d'hommes prétendent être
chrétiens et vivre une vie chrétienne, mais ils n'ont pas la paix, le repos, et ils
cherchent la paix ailleurs, même dans le péché. C'est parce qu'ils ne connaissent pas
Jésus-Christ. Connaître les choses qui concernent Jésus-Christ, cela ne sert de rien, il
faut le connaître lui-même. Nous pouvons comprendre ce qu'on dit de Lui en lisant des
livres, mais Lui, nous ne pouvons le connaître que par la prière. je connaissais les
choses qui concernent Jésus-Christ. Cela ne me servait de rien. Quand j'ai commencé à
prier, alors il s'est révélé à moi, et dès lors j'ai pu dire aux autres : " Connaissez-le, et il
vivra en vous, et vous donnera véritablement le repos de vos âmes ".

La paix de Christ subsiste dans les Jours Mauvais.


Cette paix, nous ne l'avons pas seulement lorsque tout va bien, mais c'est au milieu de
la persécution, des souffrances qu'elle nous inonde.
Au Thibet, je fus jeté une fois dans une citerne où je restai trois jours sans nourriture et
sans rien à boire. La porte était scellée et il faisait complètement nuit ; il y avait à côté
de moi des cadavres. J'eus l'impression que j'étais en enfer ! Alors monta dans mon
cœur une tentation : " Où donc est ton Christ ? Tu vois qu'il ne te sert à rien ; il n'a pas
pu t'aider, il ne vient pas à ton secours... " Mais je me souviens aussi, pendant ces trois
journées passées au fond de ce puits dans la souffrance, avec mon bras brisé, dans la
puanteur dégagée par les cadavres, de la joie de mon cœur que rien ne pouvait me
ravir... Et j'ai fait la comparaison : " Dans la maison de mon père, je n'avais ni repos,
ni calme, et maintenant, dans cet enfer, j'ai la paix. Cet enfer devient le ciel ! " Voilà
réalisée la promesse de jésus d'être toujours avec nous. Jamais je n'aurais pu me
figurer d'avance que la paix du Seigneur pourrait inonder un cœur dans des conditions
si difficiles ; c'était la paix " qui surpasse toute intelligence... "
Je fis ensuite une autre expérience merveilleuse : Au moment où je pensais que j'allais
passer dans l'autre monde, j'entendis la porte s'ouvrir, une main me lança une corde,
mais lorsque j'arrivai à l'air libre, il n'y avait plus personne ! Alors je compris qu'Il est
toujours là pour nous tirer de la détresse.
Non, le temps des miracles n'est pas passé, mais le temps de la foi est en train de s'en
aller. Vous direz peut-être que c'était un rêve et que c'était un être humain qui a ouvert
la porte de la citerne et m'a délivré... Les hommes ne peuvent pas remettre un bras
cassé en le touchant simplement... et une main me toucha le bras et le guérit. Ce ne
sont pas les mains des hommes qui font cela, mais la main du Seigneur.
Je peux prêcher le Christ, non parce qu'il est écrit de lui dans la Bible, mais parce que
j'ai connu qu'il est le Christ vivant. S'il n'était pas le Christ vivant, je ne prêcherais pas
l'Evangile que je brûlais il y a quelques années seulement. je ne serais pas disposé à
souffrir pour Lui, quand même il a souffert pour moi...
La paix, du ciel commence ici-bas.
Il y a de malheureux chrétiens qui se réjouissent d'être dans le ciel après leur mort,
mais ils ne se rendent pas compte que le ciel doit commencer sur la terre. je ne crois
pas à cette religion qui promet un ciel pour plus tard. Si nous nous donnons à Christ,
nous reconnaîtrons que le ciel commence ici même.
Bien des gens sont fiers de leurs belles maisons, de leurs beaux ornements ou de leur
beau pays. Mais dans cette maison, ce pays, vous n'y serez pas toujours ; dans dix ans,
dans vingt ans, il faudra que vous les quittiez. Votre maison n'est pas ici, votre
véritable home est là-haut. Et avant d'être là-haut, il faut que vous commenciez à y
vivre dès ici-bas. Si ces chrétiens qui s'attendent à être admis dans le ciel après leur
mort, et qui n'en font pas l'expérience dès ici-bas, sont en effet reçus dans cette maison
céleste, ils s'y sentiront déplacés, mal à leur aise... ils souffriront d'être là où ils ne sont
pas accoutumés à vivre.
Cherchez ce Christ qui donne la paix et vous trouverez.
Je ne suis pas le seul qui ait fait l'expérience du Christ vivant. je me souviens avoir
rencontré un autre homme qui me raconta son histoire merveilleuse : Lui aussi avait
cherché dans le boudhisme et l'hindouisme la paix, sans la trouver. Un jour, il ferma sa
porte, prit un couteau bien aiguisé, résolu à se tuer. Il se disait " Il n'y a point de Dieu.
J'ai fait tout ce que j'ai pu pour le trouver, et il ne m'a pas répondu ". Au moment
même où il saisissait le couteau pour se couper la gorge, il vit un homme qui se tenait
près de la porte, un homme, d'apparence quelconque. Cet homme lui dit : " Je sais que
tu as fait tout ce que tu as pu pour trouver le repos de ton âme. Viens avec moi. ". Il le
mena à la frontière du Thibet ; il y avait là une rivière et il lui demanda de l'attendre
près de cette rivière. A dix kilomètres de là vivait un simple chrétien, que l'inconnu
alla chercher... Et le chrétien pensait : " Cet homme est sans doute un ami de ce
chercheur de vérité, auprès duquel il me conduit : ce dernier aura entendu parler de
moi, et aura désiré me voir... " Le boudhiste pensait de son côté : " L'homme qui m'a
conduit ici est un ami de ce chrétien... " Mais ni l'un, ni l'autre ne savait qui était cet
intermédiaire mystérieux. Alors le chrétien commença à parler de l'Evangile au
boudhiste. Soudain, une émotion saisit celui-ci, le Saint-Esprit était à l’œuvre en son
âme. Une paix toute nouvelle entra en lui, et il ne put s'empêcher de le confesser. Et
lorsqu'il fut un peu plus avancé dans la connaissance de l'Evangile, le chrétien lui dit "
Il faut maintenant que tu sois baptisé, descendons à la rivière ; mais auparavant allons
chercher celui qui m'a amené auprès de toi ". Ils retournèrent pour le chercher, mais
l'homme avait disparu... Alors ils reconnurent la merveilleuse réalité des promesses du
Seigneur : en effet, cet homme avait cherché la vérité, et le Seigneur l'y avait conduit.
Voyez comme ceux qui cherchent sont amenés à trouver !
Mais combien grande est la misère de tous ces hommes qui s'intitulent eux-mêmes "
chrétiens " et qui n'ont aucune expérience personnelle de leur Sauveur !
Misère des chrétiens qui n'ont pas la paix
et ne connaissent pas le Christ.
Jje pensais autrefois : " Que je suis malheureux d'être né dans un pays païen, et qu'ils
sont heureux ceux qui savent tout ce qui concerne jésus-Christ ! " Mais après avoir
visité d'autres pays, je dus changer ma manière de voir, et je bénis Dieu de m'avoir fait
naître dans une contrée païenne, parce qu'alors, je n'étais pas satisfait, tandis que les
habitants des pays chrétiens s'imaginent avoir trouvé, n'avoir rien à chercher.
Beaucoup préfèrent aller au théâtre plutôt qu'à l'église ; beaucoup s'adonnent à la
boisson au lieu de chercher autre chose. Beaucoup se contentent de savoir ce qui a été
dit au sujet de Jésus-Christ... mais, au dernier
jour, Jésus-Christ leur dira : " je ne vous connais pas ! Vous connaissiez ce qui me
concerne, vous saviez que je suis né en Palestine, que j'y suis mort, et moi, je sais où
vous êtes nés et avez vécu, mais je ne vous connais pas, parce que vous ne m'avez pas
connu ". Et alors ils resteront tristes et confus, et constateront que cela ne leur a servi à
rien du tout de savoir qui est Jésus-Christ, au lieu de le connaître Lui-même, et de
l'entendre leur dire : " Oui, je te connais, j'ai vécu avec toi, et nous allons vivre
ensemble dans le ciel ".
Jésus l'a dit : " Il en viendra beaucoup du Nord et du Sud, de l'Est et de l'Ouest... mais
les enfants du Royaume seront jetés dehors ". Qui sont ces " enfants du Royaume " ?
Ce sont les chrétiens de nom. Ils se croient sauvés, mais ils ne le sont pas. Et ceci est
une occasion pour nous d'y réfléchir : Sommes-nous des chrétiens de nom ou bien
connaissons-nous Christ personnellement ?
Lorsque nous le connaîtrons personnellement alors nous recevrons cette paix si
merveilleuse que je ne sais pas de mots pour la décrire...
En un sens, vous avez plus de bonheur que moi, parce que vous n'avez pas, comme
moi, déchiré et jeté au feu la Bible, et jamais haï Jésus-Christ comme je l'ai haï. Mais
si un grand pécheur comme moi peut être sauvé, comment tous les autres ne
pourraient-ils pas l'être ? D'autre part, il y a beaucoup d'hommes, dans les pays
chrétiens, qui seront punis, parce que, devant eux, se lèveront les représentants des
pays païens qui leur diront : " Vous avez perdu la vérité que vous connaissiez depuis
votre enfance ".
Pour nous, aux Indes, qui avons reçu Jésus-Christ, nous sommes reconnaissants aux
chrétiens d'Occident, parce qu'ils nous ont envoyé des missionnaires, leurs propres fils,
et dépensé pour nous leur propre argent. Autrefois donc, je pensais : " Qu'ils doivent
être de bons chrétiens et des gens merveilleux, ceux qui font ces sacrifices pour nous
envoyer l'Evangile ! " Mais lorsque j'ai visité certains pays chrétiens, j'ai été
profondément désappointé de ce que beaucoup ne sont pas de véritables chrétiens. Et
j'ai dû constater qu’il n'y a point de pays chrétien. Il y a des individus chrétiens.
Je ne suis pas venu ici pour prêcher, mais simplement pour rendre mon témoignage.
Ce que Jésus-Christ a fait pour moi, il peut le faire pour d'autres. Plus nous savons de
choses à son sujet, mieux nous sommes préparés à le connaître Lui-même. Pour le
connaître personnellement, il faut consacrer quelques minutes au moins chaque jour à
lire sa parole et à prier. C'est alors qu'il se révélera à nous comme le Sauveur vivant, et
alors nous pourrons, à notre tour, rendre notre témoignage et dire que nous avons
trouvé la paix auprès de Celui qui a dit : " Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et
chargés, et vous trouverez le repos de vos âmes ".
J'ai une grande joie à rencontrer des frères ici ! Nous nous rencontrons pour un instant,
mais le temps vient, et il sera bientôt là, où tous, ceux du Nord et du Sud, ceux de l'Est
et de l'Ouest, se rencontreront pour ne plus jamais se quitter. Alors nous ne dirons plus
: " Ma patrie, c'est la Suisse, l'Angleterre, l'Inde ", mais " Ma patrie, c'est le Ciel ".
Et que Dieu nous aide, d'ici là, à trouver véritablement la paix et la joie en Lui, pour
que nous puissions être prêts à passer avec Lui l'éternité.

La vie avec abondance.


TAVANNES, mercredi 1er mars 1922.
En plein air, place du Collège, à 3 h. de l'après-midi.

Différence entre " la vie " et " la vie avec abondance ".
Un malade impuissant à tuer un serpent.
Je suis très heureux de vous voir, mais je regrette infiniment que la langue nous sépare
; j'aimerais tant pouvoir vous parler dans la vôtre ! Après tout, cela n'a pas une très
grande importance, car la langue n'est rien ; c'est l'esprit, l'âme qui s'y reflète qui
importe. Une seule langue en Christ, c'est assez pour nous dans toutes nos difficultés.
Avant de commencer à parler, je lirai un verset dans l'Evangile de jean, ch. 10, v. 10 :
" Le voleur ne vient que pour voler, tuer et détruire, je suis venu afin que mes brebis
aient la vie et qu'elles l'aient avec abondance. "
Il y a quinze jours, j'étais à Jérusalem et mes pieds foulaient, près du Temple, l'endroit
même que ceux de notre Sauveur ont foulé bien des fois. Cela me produisit une
profonde impression, quoique notre Sauveur ne fût pas là avec son corps de chair et je
croyais l'entendre prononcer ces paroles : " Je suis venu afin qu'elles aient la vie, une
vie plus abondante. " Il a bien dit que non seulement nous pouvons recevoir la vie,
mais encore la vie avec abondance. J'illustrerai par un récit la différence qui existe
entre " la vie " et " la vie avec abondance ".
Il y a quelques années, il y avait aux Indes un homme resté très faible à la suite d’une
longue maladie ; il était si faible qu'il ne pouvait plus vivre bien longtemps. Un jour
qu'il était couché sur son lit, seul, il aperçut un serpent qui rampait de son côté ; il
aurait bien voulu se sauver, mais il n'en avait pas la force, il ne pouvait pas bouger. Il
avait encore la vie, mais une vie insuffisante même à saisir une pierre pour tuer le
serpent. Il eut bien peur en voyant la bête approcher ; pourtant, il fut mordu et une
demi-heure après il mourait. Plus tard, un de ses parents, homme fort et bien portant,
tua le serpent.
Il y a bien des chrétiens aussi qui ont reçu la vie et n'ont pourtant aucune force, aucune
puissance spirituelle qui leur permette de tuer le serpent ; ils ont la vie... une vie qui ne
leur sert à rien ; ces chrétiens là ne peuvent s'aider à eux-mêmes, ils ne peuvent pas
sauver leur propre vie ; comment pourraient-ils aider aux autres ? Si même ils en ont le
désir, la force leur manque. Le résultat sera que Satan, l'ennemi des âmes, viendra et
les mordra, si bien que le péché souillera leurs âmes. Pourtant, notre Sauveur a promis
de nous donner, non seulement la vie, mais la vie avec abondance. Si nous possédons
cette vie abondante, nous sommes assez forts pour tuer l'ennemi.
La vie diminuée est une maladie
qui enlève le goût pour la prière et pour la Bible.
Les chrétiens qui n'ont pas cette vie en abondance n’aiment pas la prière, n'aiment pas
lire la Parole de Dieu. Dans un de nos hôpitaux, aux Indes, un homme malade depuis
très longtemps avait si bien perdu le sens du goût qu'il ne jouissait plus d'aucune
nourriture. Il était tout surpris de ne plus rien trouver de bon. Beaucoup de ceux qui
ont reçu une certaine vie de l'Esprit, ont perdu néanmoins le goût spirituel à cause de
la maladie du péché et ne peuvent pas apprécier la Parole de Dieu. C'est leur faute à
eux et non pas celle de la Bible. Ceux qui ont la vie en abondance reçoivent la Parole
de Dieu et apprécient cette nourriture spirituelle ; ils connaissent la vraie vie, la vie qui
n'est qu'en Jésus-Christ. Tant de chrétiens n'ont aucune joie en jésus ; ils cherchent le
plaisir et ne trouvent pas Christ dans leur plaisir. La faute n'est pas au Sauveur, mais
en eux-mêmes.
Il y a quelques années, alors que je n'étais pas encore chrétien, je haïssais Christ et
j'étais son ennemi. J'essayais en vain de satisfaire les aspirations de mon âme avec les
choses de ce monde. Je possédais beaucoup des biens de ce monde et cependant rien
ne me satisfaisait, car le vide de notre âme ne peut pas être comblé par les choses
matérielles, mais seulement par Celui qui a créé notre cœur et qui sait comment le
satisfaire. En devenant chrétien, je dus quitter la maison paternelle et ma parenté ;
j'avais tout perdu, mais pour trouver tout en Christ. En Christ aussi, j'ai trouvé une
paix merveilleuse, que le monde ne peut pas donner et qu'il ne peut pas enlever. Cette
paix, je ne l'ai pas ressentie seulement quand j'étais à l'abri, près de mes amis, mais
encore au sein des plus grandes difficultés.
La vie nouvelle en Christ donne une paix merveilleuse.
Sundar Singh dans des ceps.
Je me rappelle le jour où j'allai annoncer l'Evangile au Népal. Ces gens n'aimaient pas
du tout que je parle contre leur religion et me disaient : " Tu es ici sans la permission
de notre roi ! " je leur répondais : " En effet, je n'ai pas obtenu la permission de votre
roi, mais j'ai celle du Roi des rois. " " Très bien ! si ton roi t'a envoyé, nous allons voir
comment il te sauvera. " Ils me mirent en prison, pieds et mains entravés dans des
ceps, de sorte que je ne pouvais pas remuer. Ils m'avaient pris tous mes vêtements,
j'étais absolument nu et l'on me mit en outre sur tout le corps des sangsues qui se
gorgèrent de mon sang. Au commencement, je souffrais ; pendant la première
demi-heure je trouvai que c'était une dure épreuve. Cela provenait de ma propre
faiblesse et mon Père Céleste ne vint pas immédiatement à mon secours. Bientôt,
cependant, une paix merveilleuse m'inonda et Sa présence changea ma prison en Ciel
sur la terre. Je ne sais pas chanter, mais à ce moment-là je ne pus pas rester silencieux
si bien que, au milieu de la persécution, je me mis à chanter de magnifiques hymnes de
louanges. On vint alors me dire : " Que ton roi te sauve, maintenant ! Te voilà en
prison et il ne peut pas te sauver ! " je répondis : " Par sa grâce je suis libre ; j'ai la paix
de l'âme, que vous ne possédez pas. "
Dans cette prison se trouvait un homme qui avait eu l'occasion de lire l'Evangile de
Marc et l'avait déchiré. Il me disait : " Tu as abandonné ta religion et tu voudrais nous
gâter tous comme toi ! " Il voyait bien qu'en Christ je trouvais une puissance de vie qui
transformait ma prison en Ciel. Là-dessus, on alla dire au gouverneur : " A quoi cela il
de le garder en prison ? Tant qu'il prêchait son Evangile, personne ne prenait garde à
lui, tandis que depuis qu'il est en prison, des masses de vont l'écouter. " Le gouverneur
dit : " Laissez-le aller ; il est fou ! " L'homme qui avait déchiré l’Evangile s'avança
alors et dit : " Un fou peut-il être si heureux ? Si c'est un fou qui possède une joie
pareille, je désire être fou moi aussi et je le désire non seulement pour moi, mais pour
le monde entier. " Il vint à moi et me dit : " Pardonne-moi ! " Je lui dis d'aller au
Sauveur pour trouver le pardon et quelque temps après cet homme demanda le
baptême, ayant trouvé la paix et la joie parfaites. Vraiment, il y a une immense
différence entre " la vie " et " la vie en abondance ". Par la grâce de Christ, nous
recevons une vie abondante et la preuve de cette vie c'est la joie qui remplit nos cœurs.
Beaucoup de chrétiens ont la vie et sont malades pourtant, car les malades ont bien la
vie mais point de joie, parce qu'ils n'ont pas la santé. La santé ne se trouve que dans la
vie en abondance. Beaucoup d'infortunés chrétiens s'attendent à être au Ciel après leur
mort, mais le Ciel commence sur la terre ! Quand notre âme entre en communion avec
Dieu et que nous réalisons sa présence, nous découvrons que, le Ciel, c'est posséder la
parfaite paix de l'âme. Quand nous possédons cette paix en Jésus-Christ, nous
n'aimons plus le péché. C'est là ce que Jean entend, lorsqu'il dit : " Nous qui sommes
nés de Dieu. " (Ev. de Jean, chap. I, v. 13.) Quand vous posséderez cette paix, cette
joie magnifique en Dieu, vous ne pécherez plus. Ceux qui ne sont pas nés de nouveau
ne peuvent pas recevoir cette paix ; ils essaient de la trouver en péchant, en agissant
contre la volonté de Dieu.
La vie en abondance est à la portée de quiconque
croît en Christ comme en un Sauveur puissant.
Le diamant. Le pont d'eau.
Souvent, je me dis que, si un grand pécheur comme moi a pu être sauvé et recevoir la
paix, vous pouvez bien plus encore la recevoir, vous qui croyez en Christ depuis votre
enfance.
Vous êtes comme cet homme qui possédait un diamant et n'en connaissait pas la
valeur. Il croyait que c'était tout juste une belle pierre, aussi, quand on lui en offrit
quelques francs, le vendit-il sans hésiter. Ensuite, il apprit que c'était un diamant qui
pouvait valoir cent mille francs et il se lamenta, disant : " C'était un diamant et je
croyais que ce n’était qu'une belle pierre. Quelle folie de l'avoir vendu ainsi ! " Il
chercha à retrouver l'homme qui lui avait acheté le diamant, mais c'était trop tard.
Dans les pays païens, on voit des hommes qui ne connaissent pas le Sauveur, mais
pourtant se rendent compte de sa valeur et le cherchent comme un diamant précieux.
Ceux-là trouvent le salut en Jésus-Christ. Le temps, vient où, parmi les chrétiens de
nom, quelques-uns écouteront le message de leurs frères venus des pays païens qui,
ayant cherché Christ avec ardeur, auront été sauvés tandis que d'autres, nés dans les
pays chrétiens, auront perdu la vie pour toujours.
Je suis parfois très triste d'avoir déchiré la Bible et d'autres fois je suis heureux, au
contraire, d'avoir été aveugle spirituellement, car cela m'a aidé à voir et à comprendre
la valeur du Christ vivant. J'ai vu son amour merveilleux. Ceux qui l'adorent, trouvent
le repos de leur âme et ceux qui l'ont haï, lorsqu'ils sont amenés à lui, font l'expérience
de son vivant amour. Il a de l'amour pour ceux qui le haïssent tout autant que pour
ceux qui l'aiment, car son amour ne va pas seulement à ses disciples, mais aussi à ses
ennemis. Après avoir vu tant de miracles merveilleux, je connais mieux encore la
personne du Christ vivant. De nos jours, dans les pays chrétiens, beaucoup de gens
déclarent que les miracles ne sont que des fables et n'y croient pas. Ils ne croient pas,
parce qu'ils ne comprennent pas et ils ne comprennent pas parce qu'ils n'ont pas fait
d'expérience.
Dans le sud de l'Inde, il ne fait jamais froid. En parlant aux habitants de cette contrée,
je leur racontai que j'avais vu un pont d'eau sur de l'eau. Ils disaient : " C'est
impossible ! Comment cela se pourrait-il ? " je leur expliquai que, la surface de l'eau
étant gelée, on pouvait traverser en passant sur l'eau qui coulait dessous et qu'il n'y
avait là rien de contraire aux lois de la nature. Les habitants des pays froids savent
bien que c'est tout naturel, mais comment ceux qui ont toujours vécu dans les pays
chauds comprendraient-ils qu'il peut y avoir un pont d'eau au-dessus de l'eau ? Ceux
qui vivent dans leur péché ressemblent précisément a des hommes qui ne sont jamais
montés sur les hauteurs où les ponts d'eau sur l'eau peuvent être vus ; mais ceux qui
vivent d'une vie de prière sont comme les habitants des pays froids, ils peuvent
comprendre. Lorsqu'on m'interroge sur le sujet des miracles, je réponds que j'en ai fait
l'expérience. je sais que Christ est une force.

Ces miracles se voient par la prière et non pas au théâtre.


Conversion de Sundar Singh en réponse à ses prières.

Nous avons tous l'occasion de faire ces expériences magnifiques, et c'est en vivant
avec le Sauveur. Ce n'est pas en allant au théâtre que vous verrez des miracles. Si
vraiment vous désirez voir les merveilles de la puissance de Dieu, consacrez du temps
à la prière. Christ ne fait rien dans le but de satisfaire la curiosité, mais il veut
satisfaire l'âme et cette âme trouvera tout ce dont elle a besoin si chaque jour nous
savons consacrer du temps à notre Sauveur ; si, nous asseyant à ses pieds, nous
méditons sa parole et le prions de tout notre cœur. C'est là ma propre expérience.
Je désire vous parler de ma conversion. Sans doute, ce sont les mêmes choses que j'ai
dites ailleurs aussi, mais c'est afin de rendre témoignage au salut que j'ai trouvé. Le 16
décembre 1904, je jetai la Bible au feu. Le 18 décembre, j'étais résolu à me suicider au
passage du train de 5 heures du matin, car je ne pouvais pas trouver la paix, mais
auparavant je voulais encore supplier Dieu de me montrer la voie du salut. J'avais dit à
mon père : " je viens te dire adieu. Demain matin tu me trouveras mort. " " Pourquoi
veux-tu te tuer ? " me demanda-t-il. " Parce que l'hindouisme ne peut pas satisfaire
mon âme, ni cet argent, ni ce confort, ni aucun des biens de ce monde. Ton argent peut
satisfaire les désirs de mon corps, mais pas mon âme. Aussi en ai-je assez de cette vie
misérable et incomplète ; je veux en finir. " Le matin donc du jour où j’avais décidé de
me suicider à 5 heures, si je n'avais pas trouvé la paix, je me levai avant 3 heures, je
pris un bain froid, puis je me mis à prier en demandant à Dieu de me montrer le
chemin du salut. je pensais : " Si rien ne m'est révélé, si je ne puis toujours rien
comprendre, je me suiciderai, afin de rencontrer Dieu dans l'autre monde. Je priai de 3
à 4 heures et demie et, tout à coup, je vis comme une grande clarté dans ma chambre.
Très surpris, croyant à un incendie, j'ouvris la porte et regardai, mais il n'y avait point
de feu. Je refermai la porte et me remis à prier. Alors, comme dans un nuage
lumineux, je vis la face glorieuse et resplendissante d'amour de Christ. je ne pouvais
pas savoir que c’était lui, puisque je ne le connaissais pas, mais il me dit : " Jusqu'à
quand me persécuteras-tu ? Je suis mort pour toi ; pour toi j'ai donné ma vie. " Alors,
je compris que j'étais en présence du Christ vivant. Trois jours auparavant je haïssais
Jésus-Christ, je brûlais la Bible et soudain je le voyais là, devant moi. En un instant,
ma vie fut transformée et sa puissance s'exerça sur mon cœur. Je me relevai. Christ
avait disparu, mais, plein de joie, je courus réveiller mon père pour lui dire " Je suis
chrétien ! " Il ne voulait pas le croire " Tu as perdu l'esprit ! Va-t'en dormir !
Avant-hier tu brûlais la Bible et maintenant tu serais chrétien ! Comment cela se
pourrait-il ? " " Parce que je l'ai vu ! jusqu'ici, je me disais toujours : c'est tout
simplement un homme qui a vécu il y a deux mille ans ! Aujourd'hui je l'ai vu
Lui-même, le Christ vivant et je veux Le servir. " Mon père reprit : " Mais tu allais te
suicider ! " " Je me suis déjà suicidé ; ce Sundar Singh-là est mort ; je suis un homme
nouveau. "
Il est très difficile, aux Indes, à un homme appartenant à une caste élevée, de devenir
chrétien. Il est aussitôt chassé de chez lui et dépouillé de tout ce qu'il possède. Mon
père considéra comme un grand déshonneur pour la famille que je sois devenu
chrétien. On m'enleva tous mes vêtements et, nu et chassé de la maison paternelle par
une nuit très froide, je restai sous un arbre jusqu'au matin. je n'avais aucune expérience
de la souffrance ; élevé dans le luxe et dans un grand confort matériel, c'était ma
première épreuve de ce genre. Je trouvais ma situation très pénible, aussi Satan vint
me tenter : " Hier, tu étais à la maison, bien tranquille, confortablement installé et
maintenant tu souffres. " Alors, je me mis à comparer : Au milieu du luxe et du confort
de la maison paternelle, je n'avais point de paix et maintenant, seul sous un arbre dans
la nuit froide, je possédais une paix merveilleuse. C'était ma première nuit dans le
Ciel. Le monde n'aurait jamais pu me donner une pareille paix. Christ, le Christ vivant,
m'inondait d'une joie magnifique. Le froid me pénétrait ; j'étais transi et affamé, mais
j'avais le sentiment d'être enveloppé par la puissance du Christ vivant. L'ennemi, le
persécuteur de Christ que j'avais été était transformé. Ce que le Seigneur a fait ainsi
pour moi dans un pays païen, il le fera bien plus encore pour vous qui vivez dans un
pays chrétien.
Appel à vivre en Christ dès ici-bas.
Je suis bien fâché d'être obligé de dire que, parmi vous, il y en a beaucoup qui
ressemblent à l'homme qui possédait un diamant et n'en connaissait pas la valeur.
Vous êtes bénis si vous connaissez Christ et agissez selon sa volonté. Notre Sauveur
nous enseigne par le moyen de sa Parole ; il est venu pour nous donner une vie
abondante, une vie de paix et de joie. La vie qui n'est pas en abondance est une vie
morte.
Que Dieu nous aide à réaliser notre état de péché en restant à ses pieds pour lui
demander une vie abondante. Qu'Il nous aide à réaliser cette vie là, afin que nous
puissions nous rencontrer de nouveau en sa présence dans le Ciel, notre demeure
éternelle où nous le verrons face à face. Votre pays est la " Suisse ", mais le " doux
pays " est ailleurs (1). Nous ne demeurons que quelques jours, quelques années, dans
notre patrie terrestre, puis nous devons la quitter pour une autre. Ceux-là seuls qui
auront reçu la vie en abondance pourront aller dans cette autre patrie, dans cette terre
bénie. Ainsi que je le disais hier : Ici bas nous disons : je suis Suisse, ou Anglais, ou
Hindou, mais Là-haut nous serons un seul peuple en Christ.
Que Dieu nous aide à recevoir cette vie en abondance, afin que nous vivions en Lui
déjà ici-bas, puis ensuite pour toujours Là-haut. Maintenant, nous avons des difficultés
de langue, mais il n'y en aura plus quand nous nous rencontrerons dans cette terre
bénie. Que Dieu nous aide à recevoir la vie et la vie en abondance, pour que nous
vivions en Lui ici déjà, puis pour toujours au Ciel.
1) Le Sâdhou a fait ici un jeu de mots :
Switzerland: la Suisse: Sweetland ; le doux pays.

Suis-moi.
Discours prononcé à BERNE, à l'Eglise française
le 25 mars 1922.
Mat. 19, 16-22: Voici, un hommes s’approcha et
dit à Jésus : "Bon Maître, que dois-je faire pour
avoir la vie éternelle ? " Il lui répondit : " Pour
quoi m'appelles-tu bon ? Il n'y a qu'un seul bon,
c'est Dieu. Si tu veux entrer dans la vie observe
les commandements... Le jeune homme lui dit :
" Tout cela, je l'ai observé, que me manque-t-il
encore ? " Jésus lui répondit : " Si tu veux être
parfait, va, vends tout ce que tu as et donnes-en
le prix aux pauvres. Tu auras un trésor dans le
Ciel. Viens ensuite et suis-moi. "

Pour connaître Christ, il faut vivre avec lui.


Viens et suis-moi ! Ce jeune homme paraissait très anxieux de recevoir la vie
éternelle. Il était aussi très respectueux, mais sa conception de la personnalité de Christ
était erronée. Il lui avait montré du respect en l'appelant " Bon Maître ", aussi fut-il
tout surpris en entendant le Seigneur lui dire : " Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il n'y a
qu'un seul bon, c'est Dieu. " Certains pensent qu'en parlant ainsi, Christ a reconnu qu'il
n'était pas bon lui-même, mais si nous sondons ce passage, nous comprendrons qu'au
contraire, Christ étant Dieu, pouvait lire jusqu'au fond du cœur de ce jeune homme et
voir qu'il ne le considérait que comme un bon professeur de morale, une sorte de
rabbin.
De nos jours, bien des gens pensent aussi que Christ fut un bon professeur, un grand
réformateur de la loi morale, mais ceux qui vivent en communion avec lui savent bien
qu'il a été plus qu'un grand homme. Christ n'aimait pas faire de longs discours; il disait
: " Venez, suivez-moi ; vous saurez ainsi qui je suis. " Tant de gens peuvent lire et
relire ce qui concerne Jésus sans arriver jamais à le comprendre.
Cet après-midi justement, j'ai parlé à quelques personnes de la manière dont Christ est
méconnu. Il y a quelques années on montra, devant moi, à un simple villageois, une
bouteille de verre rouge, remplie de lait, et on lui demanda : " Qu'y a-t-il dans cette
bouteille ? " " Du vin, du brandy ou du whisky ", fut la réponse, et le villageois ne
voulut croire que c'était du lait que lorsqu'il le vit sortir de la bouteille. Il ne croyait
pas possible qu'une bouteille rouge pût contenir du lait blanc.
Il en est ainsi de notre Sauveur : Il se fit homme et sa divinité fut cachée sous son
humanité. On le vit fatigué, souffrant de la faim, de la soif et l'on dit : " S'il est Dieu,
pourquoi ne s'adresse-t-il pas à Dieu ? Pourquoi est-il fatigué, pourquoi a-t-il faim et
soif ? " Ceux qui parlaient de la sorte ne voyaient que son humanité, sans aller plus
loin, mais ceux qui le suivaient et vivaient avec lui, savaient qu'il n'était pas seulement
un homme, mais aussi Dieu.
Revenons au jeune homme qui désirait recevoir la Vie éternelle. Deux choses sont très
claires dans l'histoire de sa vie : Lorsqu'il fut exhorté à garder les commandements, il
répondit qu'il avait observé ces choses dès sa jeunesse ; Christ alors ne lui dit pas qu'il
se trompait ; il ne le repoussa pas, car il avait fait de son mieux. Eh bien, malgré toutes
ces bonnes actions, il n'était pas satisfait. Certains docteurs de morale disent : " Faites
le bien, vous serez bons. " Ce jeune homme avait fait le bien et n'était pourtant pas
satisfait. Il sentait que quelque chose lui manquait encore. Le second point c'est que, ni
ses richesses - car il était un homme riche - ni les choses de ce monde n'avaient pu le
satisfaire. Voilà pourquoi il venait au Sauveur, espérant apprendre de lui ce qu'il avait
à faire.
Le Sauveur lui dit " Il te manque une chose Viens et suis-moi. " Mais il ne suivit pas
jésus, car il vivait dans une belle maison, un palais peut-être, et il savait qu'en suivant
jésus il n'aurait pas un lieu où reposer sa tête. Vraiment, c'était difficile pour ce jeune
homme de suivre Christ qui n'avait pas de demeure ici-bas... Christ désirait lui faire
comprendre que c'était son orgueil qui le retenait. Il connaissait les commandements, il
les avait observés de son mieux, mais cela ne suffisait pas, car la vérité ne se trouve ni
dans les livres, ni dans les bons enseignements, mais en Christ lui-même ; la vérité est
un fait vivant. Afin de satisfaire les aspirations de l'âme de ce jeune homme, Christ lui
dit : " Viens et suis-moi. " S'il avait suivi ce conseil, s'il avait vécu avec le Maître, son
âme aurait été satisfaite. J'en ai fait moi-même l'expérience. Ce jeune homme aspirait à
la perfection, mais il ne pouvait y arriver qu'à la condition de vivre avec l'homme
parfait, et si Christ lui offrait de vivre avec lui, c'était afin qu'il pût atteindre à cette
perfection. Si nous vivons en lui, avec lui, nous deviendrons semblables à lui.

Parabole de l'arbre couvert d'insectes.


En voyageant dans les montagnes de l’Himalaya, je vis une fois un arbre couvert
d'insectes. Tout d'abord, je ne m'aperçus pas que c'étaient des insectes : ils étaient
posés sur les feuilles et je les pris pour des feuilles jusqu'à ce que, ayant regardé de
plus près, je vis que ce n'étaient pas des feuilles, mais des insectes. Je fus très surpris
en constatant qu'il n'y avait pas la moindre différence entre les feuilles et les insectes.
Un homme du village m'expliqua que ces insectes naissent sur l'arbre, se nourrissent
de l'arbre et que l'arbre est tout pour eux. Je me dis alors que ceux qui vivent avec
Jésus-Christ deviennent aussi semblables à Lui. Quand nous vivons en sa présence,
nous sommes comme modelés à son image.
Comment il faut prier.
Vous savez que le climat a une influence sur les traits, sur la peau des hommes ; si
donc le climat d'un pays peut avoir un pareil effet, combien plus l'atmosphère
spirituelle ne peut-elle pas influencer notre âme ? Si nous vivons avec lui par la prière,
alors, jour après jour, nous deviendrons plus semblables à lui. La difficulté se trouve
dans le fait que nous ne savons pas comment nous devons le suivre, le prier, vivre avec
lui ; nous ne savons pas rester tranquilles à ses pieds. Même en priant, nous ne savons
pas comment prier. Nous croyons que prier c'est demander, mendier les bénédictions
de Dieu, mais en réalité ce n'est pas prier. Les vrais hommes de prière ne demandent
pas seulement des biens matériels, mais le Dispensateur des biens lui-même.
Je connais, aux Indes, un homme de Dieu, un homme très développé au point de vue
spirituel, qui m'a fait part de ses expériences. Un mendiant avait pris l'habitude de
venir chaque matin lui demander un morceau de pain et de s'en aller aussitôt après
l'avoir reçu. Il arriva qu'un matin l'homme de prière n'avait rien à donner au mendiant.
Il le pria de rester un peu à causer avec lui, pendant qu'on allait chercher du pain. Au
bout d'une heure, le mendiant avait compris le message qui lui était annoncé et se
mettait à prier ; il était transformé ! Il réalisait la présence de Dieu ; il était rempli de
joie. " Si souvent je suis venu vous demander du pain sans penser que vous aviez autre
chose à me donner ! " s'écria-t-il. " C'est votre faute, non la mienne. Vous reveniez que
pour du pain et vous vous en alliez dès que vous l'aviez reçu ; aujourd'hui où vous
avez eu le temps de rester avec moi, j'ai pu vous parler. "
Nous agissons souvent de même avec notre Sauveur. Beaucoup d'entre nous ne
s'adressent au Père Céleste que pour lui demander une chose ou une autre. Notre
Sauveur nous a appris à dire : " Que Ta volonté soit faite " et nous disons au contraire :
" Que ma volonté soit faite ", sinon par nos lèvres, du moins par nos actions. Dès que
nous avons reçu, nous nous enfuyons loin de la présence de Dieu, c'est pourquoi, très
souvent, Dieu ne nous donne pas tout ce que nous demandons. Cela ne signifie pas
qu'il ne nous aime pas, mais qu'il désire que nous sachions rester en sa présence.
Si nous savons, comme ce mendiant, rester aux pieds du Maître et lui parler, il se
révélera lui-même à nous et nous comprendrons alors le sens de la prière ; nous
saurons que Dieu ne veut pas nous donner ceci ou cela, mais se donner lui-même à
nous. Quand nous recevons Dieu lui-même, nous sentons sa présence dans nos cœurs
et nous sommes satisfaits. Nous n'avons plus, alors, à demander les choses dont nous
avons besoin. elles nous seront données sans que nous les demandions. Ce que notre
Sauveur demande de chaque chrétien, c'est qu'il Le suive, qu'il vive avec Lui, afin de
le connaître tel qu'il est. En le trouvant, nous recevons le saint Esprit et nous
commençons à vivre avec lui dans ce monde, pour continuer à vivre avec lui dans le
ciel.

Il ne suffit Pas de croire en Jésus,


il faut savoir en qui nous croyons.
C'est très bien de croire en Jésus, mais n'allons pas nous imaginer que cela suffit.
Satan lui-même est aussi un grand croyant. Certains bons chrétiens ont des doutes au
sujet du Ciel, du salut, de l'Enfer... Satan, lui, n'a aucun doute à cet égard ; c'est dans
ce sens qu’il est un vrai croyant. Pour devenir de vrais croyants, nous devons savoir en
qui nous croyons. Je parlais un jour, aux Indes, avec un homme d'une haute valeur
spirituelle et, dans la même maison, se trouvait un jeune homme qui venait d'arriver
pour passer une semaine avec le fils de mon ami. Nous remarquâmes que, dès que ce
jeune homme entendit notre conversation, il eut l’air troublé. Il était venu pour une
semaine et voilà qu'au bout de quelques minutes il demande à consulter un horaire ! "
Que se passe-t-il donc ? demanda mon ami. Vous veniez pour une semaine et votre
chambre est prête. " Ce jeune homme éprouva un peu de difficulté à expliquer qu'il lui
était impossible de supporter une conversation d’ordre spirituel, même durant
quelques minutes et que, s'il restait une semaine, ce serait un enfer pour lui. Au bout
d'une demi-heure, il se sauva.
Dieu désire que tous aillent au Ciel, mais les pécheurs ne s'y trouveraient pas à leur
aise le jeune homme dont je viens de parler ne serait pas capable de vivre au Ciel avec
les anges. Il n'a pas pu rester quinze minutes avec nous et peut-être qu’au Ciel il ne
tiendrait pas quinze secondes ! Le secret de notre vie spirituelle, c'est que nous
réalisions notre faiblesse ; à cette condition-là, nous serons sauvés. En vivant avec
Christ, nous nous formons peu à peu à son image. Comme il est parfait, en vivant avec
lui nous deviendrons parfaits et alors le Ciel ne sera plus pour nous une demeure
étrangère où nous ne nous sentirons pas à notre place ; nous y serons au contraire chez
nous, à la maison, car nous aurons vécu avec Christ dès ici-bas.
Il y a tant de gens qui ne peuvent pas passer cinq minutes en prière aux pieds du
Maître ! S'ils sont fatigués au bout de cinq minutes, ne seront-ils pas fatigués au bout
de cinq secondes au Ciel ? Dieu ne les empêchera pas de vivre au Ciel, mais leur genre
de vie les empêchera d'y être heureux. Le secret qui seul nous rend capables de vivre
dans le Ciel, c'est de vivre la vraie vie dès ici-bas, dans la communion du Sauveur.
Un homme, au Thibet, vit un jour un trésor dans un champ considéré jusque là comme
terrain improductif. Il alla trouver le propriétaire et lui offrit de lui acheter son champ
pour vingt fois sa valeur. Le propriétaire accepta, naturellement, et les gens de se
moquer de l'acheteur. Celui-ci ne disait rien ; il savait bien que le trésor, caché dans le
champ par un ancien roi, valait cent fois le prix qu'il avait payé. Il creusa et trouva son
trésor. Le champ, c'est le monde ; les gens renseignés sur les trésors cachés sont
disposés à les payer leur prix, même si ce prix c'est leur propre vie. Ils ne s'attendent
pas à avoir leur Ciel après leur mort ; ils le possèdent dès maintenant.

Il faut prier Pour posséder Christ.


Il y a deux ans environ, mon père me dit : " J'ai observé ta vie ces dernières années et
l'ai comparée avec ta vie d'autrefois, à la maison. Alors, je ne t'avais jamais vu
heureux. Maintenant, je t'ai vu souffrir souvent et rester toujours heureux. D'où cela
vient-il ? " Je lui répondis " Ce n'est pas qu'il Y ait en moi quelque chose de bon, mais
j'ai trouvé ce Christ que je haïssais tant. Maintenant je connais le Christ vivant et j'ai
trouvé la paix en Lui." Mon père fut très impressionné et se mit à réfléchir au
christianisme. Il me dit alors : " Comment puis-je arriver à connaître Christ ? " je lui
dis : " Si tu veux savoir qui est Christ, lis la Bible ; si tu veux le connaître, Lui,
personnellement, prie ! Car lire la Bible ne suffit pas pour apprendre à connaître
Christ. Beaucoup d'infidèles et de païens lisent la Bible sans arriver jamais à le
connaître. La prière est la clef, la seule, la vraie, qui ouvrira devant toi la porte de la
vérité. " Mon père fit ainsi et, au bout de quelque temps, j'eus la joie de l'entendre me
dire : " J'ai trouvé ton Sauveur. Il est devenu Mon Sauveur."
Mon témoignage c'est que depuis seize ans, j'ai vécu dans le Ciel et j'ai senti la
présence du Sauveur toujours plus intensément au sein de la souffrance. Le plus grand
des miracles de ce monde, c'est la paix du cœur, que nous ne trouvons qu'en Christ.
Comme il a mis en nous notre cœur il y a mis le désir de cette paix.
Que le Seigneur nous aide à discerner sa voix quand elle nous dit : " Viens et suis-moi.
" Qu'il nous aide à Le suivre. On me dit parfois : " Vous parlez toujours de paix et pas
d'amour. " C'est que notre cœur aspire à la paix. Nous prenons beaucoup de peine pour
gagner de l'argent, pour ajouter à notre confort matériel et vivre tranquilles, mais la
paix véritable ne se trouve qu'en ce Dieu qui est amour. Lorsque vous aurez trouvé
cette paix vous ne pourrez plus la séparer de l'amour de Dieu ; vous sentirez cet amour
qui vous poussera à aimer les autres. Cette paix parfaite vous forcera à parler à d'autres
de son amour. Tant que nous n'avons pas trouvé nous-même ce qui peut nous
satisfaire, comment pourrions-nous nous préoccuper du trouble des autres ? La
première condition, c'est que nous ayons trouvé la paix, et alors nous pourrons rendre
témoignage à l'amour merveilleux du Sauveur.
Que le Seigneur nous aide à faire de notre vie une vie de prière, afin que, par la prière,
nous trouvions le Ciel sur la terre, que nous vivions avec lui dès maintenant et qu'en
vivant avec lui nous devenions parfaits comme lui !

Qu'est-ce que le salut ?


Fragment du discours prononcé à THOUNE
le 26 mars 1922.
Le salut ne consiste pas uniquement dans le pardon des péchés, mais bien dans
l'affranchissement du péché. Il peut parfaitement arriver que même après avoir obtenu
le pardon de nos péchés, nous mourions dans notre péché. Christ nous sauve Il ne se
borne pas à nous pardonner nos fautes.
Un homme, dans l'Hymalaya, avait été malade si longtemps qu'il avait fini par perdre
la tête. Un jour, un de ses parents vint le voir et s'assit à côté de lui pour lui parler.
Tout à coup, le malade s'empara d'un couteau tranchant et coupa la gorge de son
visiteur. Il fut arrêté et condamné à être pendu. Ses parents firent appel de cette
sentence et demandèrent sa grâce en alléguant le fait que sa longue maladie l’avait
rendu fou. Le Raja, un homme de cœur, trouva cette requête raisonnable cet homme
avait tué son parent le 20 du mois et avait été condamné à être pendu le 22 ; il fut
gracié le 21, mais il mourut néanmoins le 22, de sa maladie. Son péché lui avait été
pardonné, mais à quoi cela lui servit-il puisqu'il mourut quand même ? Son salut aurait
été la guérison de sa maladie, car il avait commis cet affreux crime sous l'empire de
cette maladie, dont il ne fut pas guéri et dont il mourut.
C’est ainsi que beaucoup de gens, après avoir reçu le pardon de leurs péchés, meurent
néanmoins dans leur péché, car la chose essentielle, la chose qui importe avant tout,
c'est d'être sauvé du péché. Christ est venu pour nous sauver de nos péchés. Si nous
sommes guéris du péché, nous sommes vraiment sauvés, mais si nous continuons à
pécher, nous mourrons dans le péché. Bien des hommes se trompent en croyant qu'il
suffit que leurs péchés soient pardonnés pour qu'ils soient sauvés. Tant que leur nature
pécheresse n'a pas été transformée, ils ne sont pas sauvés ! Dieu est amour ; Il
témoigne de son amour envers nous en nous donnant l'occasion de nous repentir, mais
au lieu de la saisir et d’être ainsi sauvés de nos fautes, nous continuons à pécher. Cette
occasion que l'amour divin place devant nous, nous la laissons passer ! L'amour de
Dieu est infini ; voilà pourquoi Il nous offre le pardon.
Je vous parlerai d'un autre Raja, un homme très bon et très sage. J'ai été impressionné
en entendant parler de son amour, surtout lorsqu'on m'a raconté ceci ! Un jour qu'il
passait en voiture dans les rues de sa ville, il rencontra un attroupement et on lui
amena un homme surpris en flagrant délit de vol, pour qu'il le punisse. Le Raja dit
simplement " Je ne suis pas en Cour de justice et je pardonne à cet homme. " Puis il
exhorta le voleur à changer de conduite. Celui-ci était bien content de se voir remis en
liberté ; il avait là une belle occasion de devenir un homme honnête. Au lieu de cela, il
continua à voler et finit par commettre un meurtre. Arrêté et conduit devant le Raja, en
Cour de justice cette fois-ci, il fut condamné à être pendu. Il avait cru que, sûrement, le
Raja lui pardonnerait comme la première fois.
Aujourd'hui aussi, tant de gens pèchent jour après jour sans que Dieu les punisse. Il
nous semble parfois que les bons souffrent davantage que les méchants, mais c'est que
Dieu, dans son amour, donne aux pécheurs l'occasion de se repentir. Combien peu en
profitent ! Le temps vient où nous comparaîtrons devant le trône du jugement et alors,
peut-être qu'il se trouvera des pécheurs qui se réjouiront en voyant Jésus-Christ et qui
diront " Nous sommes affranchis Il nous a sauvés Il a donné sa vie pour nous " Mais
ce sera trop tard ! Dieu nous donne chaque jour une occasion de nous repentir ; si nous
la négligeons, nous n'en aurons pas d'autre après la mort. Christ ne serait, pas descendu
sur cette terre s'il y avait eu pour nous encore une occasion d'être sauvés plus tard. Il
serait resté au Ciel !

AVANT-PROPOS

Je considère comme un très grand privilège d'accéder à la demande de mon ami le


Sâdhou Sundar Singh d'écrire un bref avant-propos à son livre des « Visions », parce
que j'espère et je crois que ce petit volume aidera beaucoup d'âmes dans leur lutte pour
arriver à la Réalité de Dieu. J'aimerais que tous ceux qui liront ce livre puissent jouir
du privilège que nous avons dans cet évêché, ainsi que de nombreuses personnes, de
connaître le Sâdhou personnellement. Le message qu'apporte ce livre est d'autant plus
puissant qu'il laisse l'impression d'une saine simplicité qu'on ressent après un entretien
avec le Sâdhou.
Il est inévitable, je crois, que quelques-uns de ceux qui liront ce message se sentent
poussés à poser cette question : « Quelle est la nature exacte de ces expériences
spirituelles ? Quelle est par exemple le rôle joué dans ces visions par le subconscient ?
Est-ce que les choses vues dans ces visions ont une réalité objective ? »
Je ne possède pas la connaissance philosophique nécessaire pour répondre à ces
questions. Et même si je l'avais, je ne suis nullement certain de trouver profitable
l'usage que j'en ferais, dans ce cas. Saint Paul s'est contenté de laisser ses expériences
spirituelles les plus profondes sans les expliquer. « Si c'est dans mon corps ou hors de
mon corps, je ne sais, Dieu le sait. » À mon avis, l'explication la plus simple est la
meilleure. J'ai lu ce petit volume à Simla, cet été, un dimanche après-midi et plus tard
quand j'ai voulu analyser mes impressions, il m'a semblé que le voile qui,
normalement, entoure le monde réel, avait été momentanément levé, et que, grâce au
fidèle serviteur de Dieu, il m'a été permis de voir les choses comme elles sont
réellement. Je ne sais si je me trompe, mais je crois que mon ami, le Sâdhou
préférerait, lui-même, que ses visions soient expliquées très simplement.
En réfléchissant à ce que j'avais lu, il me vint à l'esprit un passage de la Bible qui parle
d'une expérience semblable.
Parmi les diverses opinions humaines sur la venue du Royaume de Dieu, nous avons
l'autorité de notre Seigneur lui-même quand Il dit :
« Il y en a qui ne goûteront point la mort avant d'avoir vu le Royaume de Dieu venir
avec puissance ». Dans les Évangiles de Marc et de Matthieu, cette déclaration est si
étroitement liée au récit de la transfiguration que je ne puis douter que ce mémorable
événement n'ai été interprété par les trois disciples choisis, comme la venue du
Royaume de Dieu en puissance. Ce fut comme une levée du voile qui entoure le
monde invisible de telle sorte que les citoyens de ce monde-là devinrent visibles et
sensibles aux yeux et aux oreilles des humains, dans la gloire de l'être réel de Jésus,
transparaissant à travers le voile de notre chair.
Ne se pourrait-il pas que ce genre d'expérience soit encore accordé parfois aux
serviteurs de Dieu ? Personnellement, je crois que les expériences du Sâdhou
racontées dans ces « Visions » étaient quelque chose d'analogue : que pour lui, comme
pour d'autres serviteurs de Dieu, le voile qui enveloppe le monde réel fut levé, de sorte
qu'il vit le Seigneur tel qu'il est, ainsi que l'autre monde. Il faut respecter les messages
qui résultent de ces expériences, mais il faut cependant les éprouver à la lumière de la
révélation de Dieu en Jésus-Christ. J'ai fait tout mon possible pour « éprouver » ces
messages et je les ai trouvés d'accord avec la suprême révélation du caractère divin
que nous voyons dans la Vie et dans l'enseignement du Seigneur. J'accepte donc ces
visions avec reconnaissance comme une nouvelle preuve que Dieu continue à parler à
son peuple et je Lui demande que ce petit livre puisse ouvrir les yeux de beaucoup
d'âmes quant à la réalité du monde qui nous entoure et que nous ne voyons pas,
quoiqu'il soit plus proche de nous, en Christ, que le monde visible.
Simla, juin 1926.
H.-B. DURANT, Évêque anglican de Lahore.

PRÉFACE
PAR L'ARCHEVÊQUE SÖDERBLOM,
À L'ÉDITION SUÉDOISE

Je réponds volontiers à l'appel qui m'est adressé d'écrire en quelques mots une préface
au dernier ouvrage du Sâdhou Sundar Singh. Ces visions sont caractéristiques de la
mentalité du Sâdhou. Il a toujours été très prudent à ce sujet. Ce n'est que sur la
demande expresse de ses amis qu'il s'est décidé d'en parler en dehors d'un cercle étroit
de ses intimes qui le lie avec les nombreux hommes et femmes de Dieu, qui ont eu des
visions et des révélations. Dans mon livre sur le « message de Sundar Singh » j'ai
consacré un paragraphe à ce sujet. Pour le Sâdhou, les visions en elles-mêmes ne sont
rien d'extraordinaire. Pour sa mentalité les visions sont quelque chose de tout naturel.
Il lui est donc facile d'accepter les visions qu'ont eues d'autres hommes de Dieu. Il ne
doutera pas de la réalité ou de la probabilité de tel ou tel incident, parce qu'il est
accompagné de visions. Dans l'univers du Sâdhou se passent des choses étranges. Il
n'est pas superstitieux et possède un jugement sûr. Mais pour lui les visions sont une
forme naturelle pour la connaissance des choses célestes. Il s'entretient avec les esprits
sans faire de « spiritisme ». Et pour juger le Sâdhou, il ne faut pas oublier que la réalité
et les visions forment un tout indissoluble. Grâce à son humilité toute évangélique et à
sa fidélité à l'Écriture il ne se laisse pas dérouter dans sa confiance à la lumière
intérieure et son tempérament de visionnaire. Il est naturel d'appeler extase les
absences d'esprit de Sundar Singh et ses rapports avec le monde des esprits ; c'est ce
que j'ai fait moi-même. Mais gardez-vous d'appeler ses « extases » une espèce de
délire religieux !
Ce petit volume fait mieux comprendre que les précédents écrits du Sâdhou que ses
visions ont à peine le caractère visionnaire, mais plutôt celui de connaissances précises
sous forme de visions.
Ces visions ne veulent pas agir sur le sentiment mais faire réfléchir. Elles offrent des
méditations et des enseignements. L'imagination y est au service d'une manière de voir
spéciale qui rappelle Ézéchiel, ou Swedenborg. Les visions du Sâdhou ont un caractère
étonnamment sobre, mais où respire la pure communion d'esprit du Sâdhou avec Dieu.
NATHAN SÖDERBLOM
Archevêque d'Upsala.

QUELQUES MOTS
POUR L'ÉDITION FRANÇAISE

On n'attend pas que j'ajoute rien aux préfaces de l'Évêque anglican de Simla et de
l'Archevêque Söderblom. L'un et l'autre ont vu le Sâdhou Sundar Singh et ont observé
sa belle nature d'assez près pour pouvoir parler en connaissance de cause des « Visions
du monde spirituel ». Je ne fais que répondre à l'aimable invitation de Mlle D. Fröhlich
en écrivant ces quelques lignes d'introduction. Comme elle a édité la traduction
allemande de ce livre, et comme elle fait partie de l'Assemblée générale de la Mission
Suisse au Sud de l'Afrique, il est naturel qu'elle lance la traduction française.
Quand Les Visions parurent en anglais, en 1926, le Comité suisse de secours pour la
Mission aux Indes, qui avait publié d'autres ouvrages du Sâdhou, renonça à faire
traduire celui-ci parce que l'enthousiasme pour son auteur eût fait accepter au pied de
la lettre certaines de ses affirmations. Aujourd'hui, on le lira avec une profonde
édification. Les méditations sur le ciel, la nature du monde spirituel, sur l'avenir de
l'âme, son bonheur, ses rapports avec Dieu sont une force et une joie. Nous renonçons
trop souvent à y penser, parce que nous craignons de nous aventurer dans l'inconnu
sous la direction de l'imagination seule ; notre christianisme, orienté avec raison vers
les réalisations pratiques, s'interdit ce que l'on considère comme des rêveries
téméraires. N'est-ce pas lui enlever beaucoup de son essor ? Dans les périodes
tragiques de l'Église persécutée, il en était autrement ; les visions de l'Apocalypse,
celles de certains martyrs, de sainte Perpétue, par exemple, au IIIe siècle, ou des
Camisards, dans les Cévennes, au XVIIIe, tant d'autres encore, montrent que Dieu
vient au secours des siens en soulevant le voile de l'invisible quand ils sont pressés au
delà de leurs forces. Sans entrer dans une étude sur la nature des visions du Sâdhou,
nous souvenant d'ailleurs qu'il a hésité à les livrer au public, et eût voulu les garder
pour lui, nous pensons que les disciples du Christ sont maintenant dans une période
douloureuse où des méditations de ce genre sont devenues une vraie bénédiction.
Notre Seigneur lui-même n'a-t-il pas fortifié les douze en leur annonçant qu'ils
verraient le ciel ouvert ? (Jean I : 51). Dans le feu des tentations, du doute, de la
souffrance, n'avons-nous pas besoin de voir les anges de Dieu monter et descendre sur
les fidèles ?
Ce petit livre renouvellera les richesses spirituelles reçues en Suisse en mars 1922 par
la tournée d'évangélisation inoubliable du cher frère venu des Indes qui s'appelait le
Sâdhou Sundar Singh. Après avoir délivré son message comme un prophète, il a pris
place maintenant dans la grande nuée de témoins où la foi est changée en vue,
l'espérance en réalité.
Le Sâdhou a disparu du milieu de nous dans l'été de 1929, à l'âge de 39 ans, lors de
son dernier voyage d'évangélisation au Tibet. Parti de Sabathu, le 18 avril, il n'est pas
revenu.
De nombreuses recherches ont été faites dans ces régions neigeuses ; deux
missionnaires anglais ont suivi sa route jusqu'à un col de plus de cinq mille mètres,
mais en vain. Nous nous rappelons son sourire radieux lorsque, dans la chapelle de
Marterey, à Lausanne., il disait : « Si vous apprenez ma mort au Tibet, ne vous affligez
pas, mais dites : Il est arrivé ! »
Notre Seigneur n'a-t-il pas donné l'assurance à ses brebis que personne ne les ravirait
de sa main ? (Jean 10 : 28.)
Lausanne, 1er octobre 1936.
G. SECRETAN,pasteur.

PRÉFACE DE L'AUTEUR

J'ai essayé d'écrire dans ce petit livre quelques-unes des visions que Dieu m'a
accordées. Si j'avais écouté mes propres désirs, ces récits de mes visions n'auraient été
publiés qu'après ma mort, mais de nombreux amis dont le jugement m'inspire une
grande confiance, ont insisté pour que cette publication sur l'enseignement de ces
visions ne soit pas remise à plus tard. C'est donc pour céder au désir de ces amis que
ce petit volume est aujourd'hui offert au public.
À Kotgarh, il y a quatorze ans, pendant que j'étais en prière, mes yeux s'ouvrirent à la
« Vision céleste ». Tout ce que je contemplai était si visible que je pensai être déjà
mort et que mon âme avait atteint la gloire du ciel. Mais à travers toutes ces années,
ces visions ont continue à enrichir ma vie. Je ne puis les appeler à volonté, mais en
général c'est quand je suis en prière ou en méditation, parfois huit à dix fois par mois,
que mes yeux s'ouvrent pour voir le ciel pendant une heure ou deux, et pour marcher
avec Christ dans la gloire de la sphère céleste, conversant avec les anges et les esprits.
Leurs réponses à mes questions ont fourni la matière de plusieurs de mes écrits, et
l'indescriptible extase de cette communion spirituelle me fait soupirer après le temps
où j'entrerai pour toujours dans le bonheur et la communion des rachetés.
Quelques-uns penseront que ces visions ne sont qu'une forme de spiritisme, mais
laissez-moi affirmer qu'il y a une différence essentielle entre ces expériences et le
spiritisme. Celui-ci prétend apporter des messages et produire des signes venant
d'esprits des ténèbres, messages qui sont en général si fragmentaires et si
inintelligibles, même souvent trompeurs, qu'ils détournent leurs adeptes de la Vérité au
lieu de les y conduire ! Dans mes visions, je vois, au contraire, clairement tous les
détails glorieux du monde spirituel, de sorte que j'expérimente une communion réelle
et bienfaisante avec les saints, au milieu des splendeurs du monde spirituel rendu
visible !
C'est par ces saints et ces anges que j'ai reçu non pas des messages vagues et
trompeurs, concernant le monde invisible, mais l'explication claire et lucide de
plusieurs problèmes qui me troublaient.
Cette « communion des saints » était un fait si réel dans l'expérience de l'Église
primitive, qu'elle fait partie intégrante des articles de foi connus sous le nom de : «
Confession de foi apostolique ». Je demandai une fois, dans une de mes visions une
preuve biblique de cette communion des saints et il me fut répondu qu'elle était
clairement donnée dans Zacharie 3 : 7-8, que ceux qui y sont appelés « assistants »
n'étaient ni des anges ni des hommes de chair et de sang, mais des saints glorifiés. Et
Dieu promet à Joshua, à condition qu'il fasse Sa Volonté, de le laisser marcher avec les
saints qui sont présents, c'est-à-dire les esprits de ceux qui sont devenus parfaits et
avec qui il pourra communier en esprit.
Il est souvent fait mention d'esprits, de saints et d'anges dans ce livre. Je désire faire
une distinction entre les esprits, bons et mauvais qui après la mort existent dans un état
intermédiaire entre le ciel et l'enfer. Les saints sont ceux qui ont pénétré au travers de
cet état, dans la sphère plus élevée du monde spirituel, et auxquels un service spécial
est confié. Les anges, enfin, sont ces êtres glorieux auxquels ont été remis toute espèce
de services supérieurs, parmi eux se trouvent des saints venant d'autres mondes, aussi
bien que du nôtre, et tous vivent ensemble comme une grande famille. Ils s'entraident
mutuellement par amour et sont éternellement heureux dans la plénitude de la gloire
divine.
Le monde des esprits est celui où entrent les esprits en quittant le corps (état
intermédiaire). Le monde spirituel est celui où tous les êtres spirituels traversent les
divers stages entre les ténèbres de l'enfer et le trône du Seigneur dans la lumière.
Je désire exprimer ma vive reconnaissance au Révérend Riddle de la Mission
Presbytérienne de la Nouvelle Zélande, à Kharar, Pemjale, qui est venu jusqu'à
Subathu, exprès pour traduire ce livre de l'urdu en anglais. Je remercie aussi Miss E.
Sanders de Coventry qui a corrigé les épreuves de ce volume.
Subathu, juillet 1926.
SUNDAR SINGH

CHAPITRE PREMIER
***

LA VIE ET LA MORT

La vie.
Il n'existe qu'une seule source de vie - une vie infinie et toute-puissante, dont la
force créatrice a donné la vie à toute chose vivante. Toutes les créatures ont la vie
en Dieu et demeureront en Dieu éternellement. De plus, cette vie unique a créé
d'innombrables autres vies qui diffèrent de nature et par les divers stages de leurs
progrès ; l'homme est l'une de ces créations et fut créé à l'image de Dieu Lui-même
afin de vivre heureux dans Sa sainte présence.
La mort.
Cette vie peut changer de forme mais ne pourra jamais être détruite et quoiqu'on
appelle mort cette nouvelle forme de l'existence cela ne veut nullement dire que la
mort mette fin à la vie ni qu'elle ajoute ou enlève quoi que ce soit à la vie. La mort
ne fait que transformer une forme de vie en une autre forme d'existence. Parce
qu'une chose n'est plus visible pour nous, elle n'a pas pour cela cessé d'exister. Elle
réapparaît sous une autre forme et un autre état.
L'homme ne pourra jamais être détruit.
Rien dans l'univers entier n'a jamais été détruit, ni ne le sera jamais, parce que le
Créateur n'a jamais rien créé qui doive être détruit. S'Il avait voulu le détruire, Il ne
l'aurait pas créé.
Et si rien dans toute la création ne peut être détruit, comment l'homme pourrait-il
l'être, lui qui est le couronnement de la création et l'image du Créateur ? Dieu
peut-il détruire sa propre image ou l'une de ses créatures quelconque le pourrait-elle
? Non ! Jamais !
Si donc l'homme n'est pas détruit à sa mort, où existera-t-il après sa mort et sous
quelle forme ? Dans quel état ?
J'essayerai de démontrer les expériences acquises durant mes visions, quoiqu'il ne
me soit pas possible de décrire tout ce que j'ai vu dans ces visions du monde
spirituel, parce que le langage et les illustrations de ce monde-ci sont absolument
insuffisantes à reproduire ces réalités spirituelles ; et l'effort même d'exprimer en
langage ordinaire la gloire de ces choses aboutirait à des malentendus et de fausses
interprétations. C'est pourquoi j'ai dû éliminer du récit tous ces faits spirituels si
subtils, qui réclament un langage spirituel adéquat et ne décrire que quelques-uns
de ces incidents instructifs que tout le monde pourra comprendre. Et puisqu'à un
moment donné tous devront entrer dans ce monde spirituel et invisible, il ne sera
pas inutile de nous familiariser d'avance avec l'au-delà.

CHAPITRE II
***

QUE SE PASSE-T-IL A LA MORT ?

Un jour que j'étais en prière, seul, je me trouvai subitement environné d'un grand
nombre d'êtres spirituels ou, pour parler autrement, aussitôt que mes yeux spirituels
furent ouverts, je constatais que j'étais à genoux parmi un grand nombre d'anges et
de saints. Je fus d'abord ébloui de leur aspect glorieux en comparant mon état
inférieur au leur. Mais je fus vite mis à l'aise par leur sympathie si réelle et leur
amicale bienveillance. J'avais déjà éprouvé la paix que donnait la présence de Dieu
dans ma vie, mais la communion avec ces saints m'inonda d'une joie nouvelle et
merveilleuse. Dans nos entretiens je reçus diverses réponses à mes questions
relativement aux nombreux problèmes et aux difficultés que je rencontrais.
Je commençai par les questionner sur ce qui se passe au moment de la mort et sur
l'état de l'âme après la mort. Je leur dis que nous savions ce qui se passe entre
l'enfance et la vieillesse, mais que nous ignorions complètement ce qui arrive au
moment de la mort et ce qui est derrière la porte de la mort.
Seuls ceux qui ont passé par la mort et sont entrés dans le monde des esprits
pourraient nous fournir des informations correctes et précises à ce sujet.
« Pouvez-vous, leur dis-je, nous éclairer là-dessus ? »
Un de ces saints me répondit : « La mort est semblable au sommeil, et on ne souffre
pas en passant par la mort, sauf dans le cas de certaines maladies corporelles ou de
conditions mentales. De même qu'un homme rendu de fatigue s'endort
profondément, ainsi l'homme est vaincu par le sommeil de la mort. La mort est si
souvent subite, qu'il a peine à réaliser qu'il a quitté le monde matériel pour entrer
dans le monde des esprits. Éblouis par les choses nouvelles et magnifiques qu'il
voit autour de lui, il s'imagine visiter quelque nouveau pays ou ville du monde
physique qu'il n'a encore jamais vus.
« Ce n'est que lorsqu'après avoir été instruit plus complètement qu'il réalise que son
nouveau corps spirituel est différent de l'ancien corps matériel. Il se rend compte
alors qu'il a passé de ce monde matériel à celui des esprits ».
Un autre de ces saints ajouta encore la réponse suivante à ma question : « En
général, dit-il, au moment de la mort le corps perd la faculté de sentir ; il ne souffre
pas mais se sent comme accablé par un lourd sommeil. Parfois dans les cas
d'extrême faiblesse, ou après un accident, l'esprit quitte le corps sans que celui-ci en
soit conscient.
« Quant à l'esprit de ceux qui ont vécu sans aucune préparation à la mort ou à entrer
dans le monde des esprits, ils sont extrêmement déroutés et effrayés quant à leur
sort, et doivent rester assez longtemps dans les régions inférieures de l'état
intermédiaire. Les esprits de ces sphères inférieures préoccupent et troublent
souvent les gens de ce monde. Mais les seuls êtres auxquels ils puissent nuire sont
ceux qui pensent comme eux et qui leur ouvrent librement leur cœur. Ces mauvais
esprits en s'alliant à d'autres qui leur ressemblent feraient un mal immense dans le
monde si Dieu n'avait confié la protection de Son peuple et de Sa création à une
multitude d'anges, de sorte qu'ils sont toujours en sécurité et bien gardés. Les
esprits malins ne peuvent nuire aux humains que s'ils sont de même nature qu'eux,
et seulement d'une manière limitée.
« Ils peuvent, il est vrai, troubler les rachetés mais pas sans la permission divine.
« Parfois Dieu permet à Satan et à ses anges de tenter et de persécuter Son peuple,
pour l'éprouver et le faire sortir de l'épreuve Plus fort et meilleur, comme ce fut le
cas pour son serviteur Job. Mais cette épreuve est un gain plutôt qu'une perte pour
le croyant. »
Un autre de ces saints répondit à ma question en ces termes : « Beaucoup de ceux
qui nont pas consacré leur vie à Dieu, lorsqu'ils voient la mort s'approcher
paraissent devenir inconscients, mais lorsqu'ils aperçoivent les faces hideuses de
ces esprits diaboliques qui les entourent, ils sont comme paralysés par la peur.
« Tandis que la mort d'un croyant est en général tout l'opposé, car il est
extrêmement heureux,
Voyant des anges et des esprits sanctifiés venir à sa rencontre.
« De plus, ses bien-aimés disparus viennent souvent entourer son lit de mort et
conduire son âme au monde spirituel. Dès qu'il y arrive il se sent « at home », non
seulement parce que lorsqu'il était encore dans ce monde, il s'est préparé à entrer
dans ce « Home » en se confiant en Dieu et par Sa communion avec Lui, mais aussi
parce qu'il retrouve ses amis qui l'ont devancé »
Puis un quatrième saint ajouta : « L'œuvre des anges est de conduire les âmes de ce
monde à l'autre. En général Christ lui-même se révèle dans sa gloire à chaque âme,
dans le monde des esprits, mais en réglant la puissance au degré de développement
spirituel de ces âmes. Dans certains cas Il vient Lui-même au lit de mort pour
accueillir son serviteur, Sécher ses larmes avec amour et l'introduire au Paradis. De
même qu'un enfant à sa naissance trouve tout ce dont il a besoin, ainsi l'âme en
entrant dans le monde spirituel voit tous ses besoins satisfaits.

CHAPITRE III

LE MONDE DES ESPRITS

Au cours d'une conversation avec les saints ils me donnèrent le renseignement


suivant :
« Après la mort, l'âme de chaque être humain entre dans le monde des esprits, et
chacune, d'après sa croissance spirituelle, habitera avec des esprits de même nature
et de même mentalité, soit dans les ténèbres soit dans une lumière glorieuse. Nous
sommes certains que personne n'est jamais entré, avec son corps matériel, dans le
monde spirituel, sauf Christ, et un petit nombre de saints, dont les corps ont été
transformés en corps glorieux ; cependant il a été accordé à quelques-unes de voir
le monde des esprits durant leur séjour ici-bas, et même de contempler le ciel
comme nous lisons de saint Paul dans II Cor. 12 : 2, quoiqu'ils ne se soient pas
rendus compte s'ils entraient au Paradis avec ou sans leur corps ».
Après cet entretien, ces saints me conduisirent ici et là, me montrant beaucoup de
choses et d'endroits merveilleux. Je vis que de tous côtés des milliers et des milliers
d'âmes arrivaient continuellement dans le monde des esprits, toutes accompagnées
d'anges. L'âme des bons n'avait avec elle que des anges ou de bons esprits qui les
avaient conduits de leur lit de mort jusqu'au ciel. Les esprits malins n'avaient pas la
permission de les approcher, mais se tenaient à distance et les regardaient. Je vis
aussi qu'il n'y avait pas de bons esprits auprès des âmes vraiment mauvaises, mais
qu'elles étaient entourées d'esprits malins qui les avaient suivies depuis leur lit de
mort, tandis que des anges se tenaient là pour empêcher les esprits malins de
donner libre cours à la malice de leur nature en tourmentant ces âmes. Ces esprits
malins conduisirent presque immédiatement ces âmes dans les ténèbres, car dans
les jours de leur chair elles avaient permis à ces malins esprits d'exercer sur elles
leur mauvaise influence et de les entraîner à toutes espèces d'actions mauvaises.
Les anges ne forcent jamais le libre arbitre des âmes. Je vis là aussi beaucoup
d'âmes qui venaient d'arriver dans le monde des esprits, et qui étaient
accompagnées de bons comme de mauvais esprits, ainsi que par des anges aussi.
Mais bientôt la différence radicale de ce qu'avait été leur vie commença à s'affirmer
de sorte qu'elles se séparèrent les unes des autres, les bonnes pour s'allier aux
bonnes et les mauvaises pour s'allier aux mauvaises.
Fils de la lumière.
Quand les âmes des hommes arrivent dans le monde des esprits, les bons se
séparent immédiatement des méchants. Dans ce monde-ci tous sont mélangés, mais
il n'en est pas ainsi, dans le monde spirituel. J'ai souvent remarqué que l'esprit des
bons, des fils de la lumière, quand ils entrent dans le monde des esprits,
commencent par se baigner dans les eaux cristallines et impalpables d'un océan qui
leur procurent un rafraîchissement intense et vivifiant. Ils se meuvent dans ces eaux
merveilleuses comme dans une atmosphère qui ne les mouille pas, ne les noie pas,
mais les purifie complètement et les prépare à entrer dans ce monde lumineux et
glorieux où ils passeront l'éternité dans la présence de leur Sauveur et dans la
communion d'innombrables saints et d'anges.
Fils des ténèbres.
Quelle différence entre ces âmes et celles qui ont mené une vie de péché ici-bas.
Elles sont mal à l'aise dans la compagnie des enfants de lumière et sont tourmentées
par la lumière révélatrice de la gloire ambiante, de sorte qu'elles cherchent à se
cacher là où leur nature impure et souillée ne pourra se voir. Une fumée noire et
puante monte de la partie la plus basse et la plus sombre du monde des esprits
malins, et dans leur effort pour se cacher et échapper à la lumière, ces fils des
ténèbres se précipitent tête baissée dans cette région d'où l'on entend leurs
gémissements et leurs cris de remords. Mais le ciel est ainsi fait que cette fumée y
est invisible et qu'on n'y entend pas ces gémissements à moins que, pour une raison
spéciale, il y ait un esprit qui désire voir l'affreux état de ces âmes perdues.
Mort d'un enfant.
Un petit enfant mourut d'une pneumonie et un groupe d'anges vint pour conduire
son âme dans le monde des esprits. J'aurais voulu que sa mère pût assister à cette
merveilleuse cérémonie, car au lieu de pleurer elle aurait chanté de joie, tant les
anges prennent soin des enfants avec un amour et une sollicitude, comme aucune
mère ne peut les montrer. J'entendis un de ces anges dire : « Voyez comme la mère
de l'enfant pleure sur cette courte séparation ! Dans peu d'années elle retrouvera le
bonheur d'être avec lui ! » Alors les anges conduisirent l'âme de l'enfant dans cette
magnifique et lumineuse partie du ciel réservée aux enfants, et où ils les soignent et
les instruisent dans toute la sagesse céleste, de sorte que graduellement les enfants
deviennent semblables aux anges.
Plus tard la mère mourut aussi, et son enfant, devenu comme un ange, vint avec
eux, accueillir l'âme de sa mère. Lorsqu'il lui dit : « Mère, me reconnais-tu ? Je suis
ton fils Théodore », le cœur de la mère fut inondé de joie, et ils s'embrassèrent dans
des transports de bonheur. Ce fut un spectacle touchant ! Puis, tout en marchant
ensemble, il montrait à sa mère en le lui expliquant tout ce qu'ils voyaient en
passant. Pendant tout le temps qu'elle dut rester dans l'état intermédiaire, il resta
avec elle, et lorsqu'elle eut terminé l'instruction nécessaire, son fils l'emmena dans
la sphère plus élevée où il habitait lui-même.
Là ils virent de tous côtés des paysages magnifiques où se trouvaient
d'innombrables âmes qui jadis sur la terre avaient souffert pour Christ et avaient
ensuite atteint la glorieuse place d'honneur qui les attendait. Tout alentour se
trouvaient de belles montagnes, de fraîches sources et de merveilleux paysages, et
les jardins étaient remplis de toutes sortes de belles fleurs et de fruits délicieux. Il
s'y trouvait tout ce que le cœur peut désirer. Son fils lui dit : « Dans le monde
physique qui n'est qu'un pâle reflet de celui-ci, nos bien-aimés pleurent sur nous,
mais dis-moi, si ceci est la mort ou la vraie vie que toute âme désire ? » La mère
répondit : « Mon fils, ceci est la vraie vie, et si j'avais su, dans le monde, la vérité
concernant le ciel, jamais je n'aurais pleuré ta mort. Quel dommage que les
habitants de la terre soient si aveuglés ! Malgré le fait que Christ a expliqué
clairement la gloire du ciel et que les Évangiles parlent si souvent de cette gloire
éternelle du Père, non seulement les ignorants n'en savent rien, mais de nombreux
croyants en sont au même point. Dieu veuille que tous puissent un jour arriver dans
ce bienheureux séjour de gloire ! »
Mort d'un philosophe.
L'âme d'un philosophe allemand entra dans le monde des esprits et aperçut de loin
la gloire incomparable du monde spirituel et le bonheur sans borne de ses habitants.
Il en fut charmé mais, ancré dans son intellectualisme, il ne put y pénétrer et jouir
de ce bonheur. Au lieu d'admettre la réalité de ce qu'il voyait, il raisonnait ainsi : «
Il n'y a pas de doute que je ne voie toutes ces choses, mais quelle preuve puis-je en
avoir de leur existence objective, et que ce n'est pas une illusion née dans mon
esprit ? Je veux appliquer à toutes ces scènes les principes de la logique, de la
philosophie et de la science, et seulement alors pourrai-je me convaincre de leur
réalité et être certain qu'ils ne sont pas de l'imagination.
Les anges lui répondirent : « Il est évident, d'après tes paroles, que ton
intellectualisme a faussé ta nature entière, car de même qu'il faut des yeux spirituels
et non pas corporels pour discerner le monde spirituel, il faut aussi une
compréhension spirituelle pour en saisir la réalité et non pas l'exercice de
l'intelligence avec les éléments de la logique et de la philosophie.
« Ta science traitant de faits matériels est restée avec ton cerveau et ton crâne
matériel sur la terre. Ici la seule science spirituelle est celle qui résulte de la crainte
et de l'amour de Dieu ».
Puis un des anges s'adressant à un autre lui dit : « Quel dommage que tant de gens
oublient cette déclaration de l'Écriture, cette précieuse parole du Seigneur : Si vous
ne naissez de nouveau et ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez pas
dans le Royaume des cieux (Mat. 18 : 3) ». Je demandai à l'ange ce que serait le
sort de cet homme et il me répondit : « que s'il avait mené une vie coupable, du
commencement à la fin, il aurait en mourant rejoint les esprits de ténèbres mais
comme il n'est pas privé de sens moral, il errera en aveugle dans la semi obscurité
des états intermédiaires, heurtant partout sa tête de philosophe jusqu'à ce que,
reconnaissant sa folie, il se repente. Il sera enfin apte à accepter les enseignements
nécessaires que les anges préposés à ce service sont prêts à lui donner. Il sera alors
admis à entrer en pleine lumière dans la sphère supérieure ».
Dans un sens, l'espace infini dans son entier - pour autant qu'il est rempli de la
Présence de Dieu qui est Esprit - est un monde spirituel. Dans un autre sens, le
monde visible est aussi un monde spirituel puisque ses habitants sont des esprits
revêtus de corps humains. Mais il existe encore un autre monde d'esprits qui est
l'asile temporaire des esprits qui, à la mort, ont quitté leur corps. C'est là un état
intermédiaire pour un lieu intermédiaire entre la gloire lumineuse des plus hauts
cieux, et l'espèce d'obscurité et de ténèbres des enfers. Il s'y trouve d'innombrables
degrés d'existence et l'âme est conduite à celui auquel ses progrès d'ici-bas l'ont
préparée. C'est là que des anges préposés à ce service instruisent l'âme pendant un
temps plus ou moins long jusqu'à ce qu'elle aille rejoindre les bons esprits dans une
plus grande lumière, ou les malins esprits dans une profonde obscurité et qui ont la
même nature et la même mentalité.

CHAPITRE IV
***
L'AIDE ET L'ENSEIGNEMENT DE L'HOMME
AVANT ET APRÈS LA MORT

Aide invisible.
Nos parents et nos bien-aimés, parfois aussi des saints glorifiés, viennent du monde
invisible Pour nous aider et nous protéger, mais les anges le font toujours.
Cependant il ne leur a jamais été permis de se rendre visibles à nos yeux, sauf dans
des cas très rares et très urgents. Par des moyens à nous inconnus ils influencent
nos pensées en les sanctifiant, en les dirigeant vers Dieu et en inspirant notre
conduite. L'Esprit de Dieu qui habite en nos cœurs complète cette œuvre en vue du
perfectionnement de notre vie spirituelle qu'ils n'ont pu achever.
Quel est le plus grand ?
La grandeur d'un homme ne dépend ni de sa science ni de sa position, car ces
choses seules ne donnent pas la vraie grandeur. Un homme n'est grand qu'en tant
qu'il peut être utile à d'autres, et cette utilité aux autres ne dépend que des services
qu'il peut leur rendre. Donc sa grandeur sera en tant qu'un homme peut servir son
prochain avec amour. Le Seigneur a déclaré que « quiconque voudra être grand
parmi vous, qu'il soit votre serviteur ». Mat. 20 : 26. La joie de tous les habitants du
ciel est de s'entraider mutuellement dans l'amour, et, réalisant ainsi le but de leur
existence, ils habiteront pour toujours en la présence de Dieu.
La correction de l'erreur.
Quand un homme désire sérieusement vivre d'une vie agréable à Dieu, c'est ici-bas
qu'il doit changer de vie. L'Esprit de Dieu l'instruit directement, mais la communion
avec les saints vient l'aider dans le secret de son cœur, et quoiqu'il ne s'en doute
pas, il est ainsi poussé vers le bien. Mais comme de nombreux chrétiens aussi bien
que de non-chrétiens qui cherchent la vérité meurent ayant encore une vue partielle
et fausse de la vérité, leurs vues doivent être corrigées dans le monde des esprits,
pourvu qu'ils ne s'obstinent pas à garder leurs opinions, mais qu'ils soient disposés à
apprendre, parce que ni dans ce monde ni dans l'autre, Dieu et ses serviteurs ne
forcent une âme à croire.
La manifestation de Christ.
Dans une vision je vis l'esprit d'un idolâtre à son arrivée dans le monde des esprits,
se mettre immédiatement à la recherche de son dieu. Les saints lui dirent : « Il n'y a
ici qu'un seul Dieu, et Christ qui en est la manifestation ». Cet homme en fut
grandement étonné, mais comme il était sincère dans la recherche de la vérité, il
admit franchement qu'il avait été dans l'erreur. Il chercha avec ardeur à se former
une vue correcte de la vérité, et dans ce but demanda à voir le Christ. Peu de temps
après Christ se manifesta à lui dans une demi-lumière, ainsi qu'à d'autres qui
venaient d'arriver dans le monde des esprits, car à ce degré ils n'auraient pu
supporter la vue de sa gloire, que les anges eux-mêmes ont peine à supporter,
puisqu'il nous est dit dans Ésaïe 6 : 2, « qu'ils se couvrent la face de leurs ailes ».
Quand Christ se révèle à une âme, Il tient compte du degré de connaissance que
cette âme a atteint, de sorte que, suivant le cas, Il lui apparaît dans une lumière
indécise ou bien en pleine lumière. Ainsi lorsque ces esprits virent Christ dans cette
lumière indécise mais attractive, ils furent remplis d'une paix et d'une joie
impossible à décrire. Baignés dans les rayons de sa lumière vivifiante et dans les
vagues de son amour qui s'échappent de Lui constamment, toutes leurs erreurs
disparurent. Ils purent alors Le reconnaître comme étant la vérité et Celui qui a le
pouvoir de guérir. Ils se prosternèrent devant Lui, le louant et le bénissant. Les
saints préposés à leur instruction se réjouirent aussi à leur sujet.
Un ouvrier et un sceptique.
Je vis une fois, en vision, un ouvrier arriver dans le monde des esprits. Il était bien
en peine car pendant toute sa vie il n'avait jamais pensé qu'à gagner son pain
quotidien. Il avait été trop occupé pour penser à Dieu ou à des sujets spirituels. En
même temps que lui était mort un homme qui doutait de tout et était ancré dans ses
opinions. On leur ordonna à tous deux de rester longtemps dans les bas-fonds du
monde des esprits, dans les ténèbres. Dans leur détresse ils appelèrent au secours, et
des anges et des saints, pleins d'amour et de sympathie, descendirent pour les
instruire et en faire des membres du glorieux Royaume de la lumière ; mais malgré
leur détresse, ils préférèrent rester dans leur sombre demeure, comme bien d'autres
esprits ! Le péché ayant perverti à fond leur caractère et leur nature, de sorte qu'ils
doutaient de tout. Ils se défiaient même des anges venus à leur secours ! En les
regardant, je me demandais quelle serait leur fin, mais quand j'en fis la demande la
seule réponse que je pus obtenir de l'un des saints fut celle-ci :
« Dieu peut encore avoir pitié d'eux ».
Nous pouvons nous faire une idée de la perversité de la nature humaine par le fait
que, si quelqu'un a fait courir un faux bruit, l'homme dont la vue est faussée par le
péché acceptera et croira ce bruit sans hésiter ! Si, au contraire, quelqu'un déclare
que tel ou tel est un homme pieux qui a travaillé pour la gloire de Dieu et le bien de
ses frères, un autre dira sans hésiter « que c'est faux », et que le dit chrétien doit
avoir eu un mauvais mobile.
Si nous demandions à un tel homme comment il sait que le premier cas est vrai et le
dernier faux et quelle preuve il peut en fournir, il n'aurait pas la moindre preuve à
son appui ! Tout ce que cette attitude peut nous apprendre c'est que, grâce à ses
mauvaises pensées, il accueille ces faux bruits parce qu'ils concordent avec sa
mauvaise nature, tandis qu'il prend pour des mensonges le bien qu'il a entendu dire,
parce que ces rapports favorables ne concordent pas avec sa mauvaise nature !
L'attitude naturelle d'un homme droit est tout l'opposé de celle-ci. Il doutera de la
réalité d'un mauvais bruit, et croira facilement un rapport favorable, parce que cette
attitude lui est naturelle !
Ceux qui passent leur vie à opposer leur volonté à celle de Dieu ne trouveront de
repos ni dans ce monde ni dans l'autre ! En entrant dans le monde des esprits, ils
seront déroutés et malheureux, tandis que ceux qui auront conformé leur vie à la
volonté de Dieu ici-bas trouveront la paix en arrivant dans l'autre monde, et seront
inondés d'une joie indescriptible ayant atteint leur Patrie éternelle dans le Royaume
de leur Père.

CHAPITRE V
***

LE JUGEMENT DES PÊCHEURS

Beaucoup croient que les péchés commis en secret ne seront dévoilés à personne,
mais il est impossible qu'aucun péché reste caché à jamais. Il sera certainement
dévoilé un moment ou l'autre et le pécheur recevra le châtiment qu'il mérite. De
plus, la bonté et la vérité ne pourront non plus rester cachées. Elles finiront par
triompher, quoique, pour un temps, elles soient restées ignorées.
Les incidents suivants jetteront de la lumière sur l'état des pécheurs.
Un honnête homme et un voleur.
Un jour un des saints me raconta l'histoire suivante dans une de mes visions :
Un soir, très tard, un homme pieux devait se rendre à une certaine distance pour
faire un travail nécessaire. Il arriva, chemin faisant, à un endroit où un voleur était
en train de cambrioler une maison. Il lui dit : « Vous n'avez pas le droit de prendre
ce qui ne vous appartient pas et de causer ainsi un dommage à quelqu'un ! C'est un
grand péché ! » Mais le voleur lui répondit : « Si vous voulez ne pas avoir d'ennuis,
je vous conseille de vous éloigner, sans quoi vous vous en repentirez ». L'honnête
homme persista dans ses avertissements, et comme le voleur ne voulait rien
écouter, l'autre commença à crier et à réveiller les voisins. Ceux-ci s'élancèrent
pour attaquer le cambrioleur et le saisir, mais, dès que le brave homme commença à
accuser celui-ci, le voleur déclara que c'était l'autre qui était le voleur. « Ah ! Vous
prenez ce type pour un chrétien, mais je l'ai pris sur le fait et c'est lui qui est le
voleur. » Comme il n'y avait pas de témoins tous deux furent arrêtés et enfermés
ensemble pendant qu'un gendarme et quelques-uns de ses hommes se tinrent cachés
pour écouter leur conversation. Le voleur se mit à se moquer de son compagnon de
prison, en lui disant : « Vous êtes bien attrapé à présent ! Je vous avais bien
conseillé de ne pas vous mêler de mes affaires, sans quoi vous vous en repentiriez.
Nous allons voir maintenant comment votre religion pourra vous sauver ! »
Dès que le gendarme entendit ces mots, il ouvrit la porte de la prison et relâcha
l'honnête homme avec une récompense, tandis qu'il administra au voleur une bonne
correction et l'enferma dans une cellule. Ainsi, déjà sur cette terre, il y a un
jugement partiel pour les bons et les mauvais, mais ce n'est que dans l'autre monde
que les châtiments et les récompenses seront distribuées.
Péchés secrets.
C'est aussi dans une vision que l'histoire suivante me fut racontée. Un homme qui
dans le secret de sa chambre avait commis une mauvaise action, pensait que ce
péché resterait caché. Un des saints me dit alors : « Combien j'aurais voulu que les
yeux spirituels de cet homme fussent ouverts à ce moment, ce qui l'aurait empêché
de commettre cette faute ! Car dans cette chambre se trouvaient un grand nombre
d'anges et de saints, ainsi que l'esprit de quelques amis venus à son secours ! »
Tous furent peinés de sa conduite et l'un d'eux me dit : « Nous étions venus à son
secours, mais maintenant nous devrons témoigner contre lui au jour du jugement !
Il ne pouvait nous voir, mais nous avons tous pu le voir commettre ce péché ! Si
seulement il pouvait et voulait se repentir et éviter ainsi le châtiment à venir ! »
Occasions perdues.
Un jour je vis dans le monde des esprits une âme qui, avec des gémissements de
remords, se précipitait de tous côtés comme si elle était folle. Un ange dit alors : «
Cet homme quand il était sur terre eut bien des occasions de se repentir et de
revenir à Dieu, mais chaque fois que sa conscience le tourmentait, il noyait ces
avertissements dans la boisson ! C'est ainsi qu'il dilapida ses biens et ruina sa
famille pour finir par s'ôter la vie, et maintenant, dans le monde des esprits, il court
partout comme un chien enragé, en pensant à toutes ses occasions perdues ! Nous
sommes prêts à l'aider, mais sa nature pervertie l'empêche de se repentir car le
péché endurcit le cœur, quoique le souvenir de ses fautes soit toujours présent.
Ici-bas il buvait pour faire taire sa conscience mais ici, il n'est pas possible de rien
cacher. Maintenant son âme est si nue, que tous les habitants du monde spirituel
peuvent voir les péchés de sa vie coupable ! Pour lui, endurci comme il l'est, il est
obligé de se cacher dans les ténèbres avec d'autres esprits malins, échappant en
quelque mesure à la torture que la lumière lui impose ».
Admission d'un méchant dans le ciel.
En ma présence, un jour, un débauché entra à sa mort dans le monde des esprits.
Quand les anges et les saints voulurent l'y aider, il commença immédiatement à
jurer et à dire que Dieu était absolument injuste. « Car Il avait préparé, dit-il, le ciel
pour des flatteurs comme vous, et voulait jeter le reste des hommes en enfer ! Et
vous osez dire que Dieu est amour ? » Les anges répondirent que Dieu est en effet
amour, et qu'Il avait créé les hommes pour une vie de bonheur avec Lui, tandis
qu'ils avaient par leur obstination, et l'abus de leur libre arbitre abandonné Dieu et
créé eux-mêmes leur enfer ! Dieu n'a jamais jeté personne en enfer et ne le fera
jamais, mais l'homme, esclave de son péché, se crée à lui-même un enfer, ce qui
n'est pas l'œuvre de Dieu.
À cet instant on entendit une douce voix venant du haut des cieux, celle d'un ange,
« dire que Dieu permettait l'admission de cet homme au ciel ». Celui-ci s'empressa
d'avancer, escorté par deux anges, mais arrivés à la porte du ciel, et voyant ce lieu
lumineux et glorieux, ainsi que ses bienheureux habitants, notre homme fut tout
effrayé. Les anges lui disaient : « Vois comme ce monde est magnifique ! Va un
peu plus loin et tu apercevras le Seigneur sur son trône ». Il regarda par la porte,
mais lorsque la lumière du soleil de justice lui révéla l'impureté de sa vie de péché,
il se rejeta en arrière dans une agonie d'horreur et de dégoût de lui-même, puis il
s'enfuit avec tant de précipitation qu'il ne s'arrêta pas un instant au lieu
intermédiaire du monde des esprits, mais le traversa comme une pierre et tomba
tête baissée au fond de l'abîme infernal.
On entendit alors la douce voix du Seigneur, disant : « Voyez, mes chers enfants,
Personne n'a la défense d'entrer ici, et personne ne l'a défendu à cet homme ; c'est
sa vie impure qui l'a forcé à fuir ce lieu saint, car « si un homme n'est né de
nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jean 3 : 3)
L'esprit d'un meurtrier.
Un homme qui avait jadis tué un prédicateur, fut mordu par un serpent de la jungle
et mourut. En entrant dans le monde des esprits il se vit entouré de bons et de
méchants esprits, mais l'aspect de son âme le désignant comme un fils des ténèbres,
les esprits malins l'eurent bientôt pris et entraîné avec eux vers les ténèbres. Un des
saints s'écria : « Il a tué un serviteur de Dieu par le poison de sa colère et
maintenant il est tué lui-même par le poison d'un serpent ! Le serpent ancien, le
diable a tué par le moyen de cet homme un innocent. Et par le moyen d'un autre
serpent qui lui ressemble, il a tué cet homme « car il est meurtrier dès le
commencement » (Jean 8 : 44).
Et l'esprit de l'homme assassiné.
Comme on l'emmenait, un des bons esprits venu à son secours, lui dit : « je t'ai
pardonné de tout mon cœur ! Puis-je faire quelque chose pour toi ? »
Le meurtrier le reconnut de suite pour l'homme qu'il avait assassiné quelques
années auparavant. Honteux et tremblant de peur il tomba à ses pieds, et les esprits
malins l'entouraient en criant, mais les anges qui se tenaient non loin de là les firent
taire. Alors l'assassin dit à sa victime : Combien je voudrais avoir discerné, sur la
terre, votre vie d'amour et de dévouement, comme je le fais en ce moment ; je
regrette que par mon aveuglement et parce que votre vie spirituelle était voilée par
votre corps, je n'aie pas vu la beauté de votre vie. De plus, en vous tuant, j'ai privé
beaucoup d'âmes des bienfaits et des bénédictions qu'elles auraient reçus de vous !
Je suis donc à toujours un grand pécheur aux yeux de Dieu et je mérite mon
châtiment ! Je n'ai qu'une chose à faire, c'est de me cacher dans une cave où je
n'aurai pas à supporter cette lumière qui non seulement me rend misérable mais
révèle tous les détails de ma vie coupable ! »
Sa victime répliqua : « Tu devrais te repentir sincèrement, et revenir à Dieu, car,
dans ce cas, il y a encore de l'espoir pour toi, le sang de l'agneau de Dieu pouvant te
laver et te donner une vie nouvelle qui te fera échapper aux tourments de l'enfer ».
L'assassin répliqua : « Il n'est pas nécessaire que je confesse mes péchés, puisqu'ils
sont connus de tous. Sur la terre je pouvais les cacher, mais non pas ici ! Je
voudrais vivre avec des saints comme vous dans le ciel, mais comme je ne peux
supporter qu'avec peine la lumière indécise de ce monde spirituel, que ferai-je dans
ce glorieux séjour de lumière révélatrice ? Ma plus grande difficulté c'est que, grâce
à mes péchés, ma conscience s'est endurcie et ma nature ne me porte pas à la
repentance et à Dieu ! Il me semble ne plus pouvoir me repentir ! Et il ne me reste
qu'à quitter ces lieux pour toujours ! Ah ! Malheur à moi ! »
À ces mots, il tomba tout effrayé par terre et fut entraîné par les esprits malins vers
l'abîme ! Un des anges dit alors : « Vous voyez qu'il n'est pas nécessaire qu'ici on
prononce une condamnation quelconque ! La vie d'un pécheur le condamne
d'elle-même. Le châtiment, dans un certain sens, commence dans le cœur du
pécheur déjà sur la terre, mais ce n'est qu'ici qu'il en éprouve toute la force. Et Dieu
a tout arrangé ici pour que les boucs se séparent des brebis, C'est-à-dire les
pécheurs des justes et cela de leur propre mouvement. Il n'est pas nécessaire
d'appeler des témoins.
« Dieu a créé l'homme pour vivre dans la lumière où sa santé spirituelle et sa joie
devaient être permanentes. C'est pourquoi personne ne peut être heureux dans les
ténèbres de l'enfer à cause de sa vie coupable, ni dans la lumière à cause de son
péché. De sorte que le pécheur se trouvera comme en enfer où qu'il aille ! Quelle
différence avec l'état du juste qui se trouve au ciel, partout, délivré du péché ».
L'esprit d'un menteur.
Il y avait, dans ce monde, un homme si adonné au mensonge que c'était pour lui
comme une seconde nature ! Lorsqu'il mourut et entra dans le monde des esprits, il
voulut continuer à mentir, mais fut tout honteux de constater que même avant
d'avoir ouvert la bouche, tout le monde lisait ses pensées ! Personne ne peut faire
l'hypocrite là-haut parce qu'aucune pensée ne peut rester cachée. Au moment où
l'âme quitte le corps, elle porte l'empreinte de ses péchés, et quand elle se trouve
toute nue dans la lumière du ciel, tous peuvent voir ses péchés, et ses propres
membres témoignent contre elle. Rien ne peut effacer la tache du péché sauf le sang
de Christ.
Quand cet homme vivait ici-bas, il s'efforçait toujours de tordre la vérité, mais
après sa mort il constata qu'il est impossible de changer la vérité en mensonge dans
l'autre monde. Le menteur ne peut y tromper personne que lui-même, et cet
homme, par ses mensonges avait détruit le sens inné de la vérité qu'il avait jadis
possédé. Je le voyais détourner son visage de la vérité, enlacé dans ses tromperies
passées. Il se hâta de descendre dans les ténèbres où personne ne verrait son amour
du mensonge, excepté les esprits de même nature. Car la vérité reste toujours la
vérité et c'est par elle qu'il fut jugé et condamné comme menteur.
L'esprit d'un adultère.
Je vis aussi l'esprit d'un adultère qui venait d'entrer dans le monde des esprits. Sa
langue pendait hors de sa bouche comme s'il mourait de soif, ses narines étaient
ouvertes et ses bras étendus comme brûlés par un feu intérieur. Son aspect était si
laid que mon âme se révolta à sa vue. Il avait dû laisser en quittant ce monde tout
ce qui accompagne la luxure et la sensualité, et maintenant il courait furieux
comme un chien enragé en criant :
« Maudite soit cette vie ! Car je ne puis plus mourir pour échapper à cette torture !
En effet l'esprit ne meurt plus, autrement je me tuerais de nouveau, comme je le fis
jadis avec un revolver, pour échapper aux tortures de ce lieu qui sont bien pires que
celles de la terre ! Que faire ? »
Sur ces mots, il s'enfuit vers les ténèbres rejoindre d'autres esprits malins où il
disparut.
Un des saints dit alors : « Pêcher n'est pas seulement commettre un acte coupable,
mais une mauvaise pensée ou même un regard de convoitise est un péché. Ce péché
ne concerne pas seulement le commerce illicite avec des courtisanes ; mais les
excès d'animalisme avec une femme légitime. Un homme et sa femme sont unis
non pour satisfaire leur sensualité, mais pour se soutenir et s'aider mutuellement,
afin de passer leur vie avec leurs enfants au service de Dieu et pour sa gloire. Celui
qui perd de vue ce but est coupable d'adultère lui aussi ».
L'âme d'un voleur.
Un voleur à sa mort entra dans le monde des esprits. En commençant il ne prit
aucun intérêt à son nouvel état ni aux esprits qui l'entouraient, mais, selon son
habitude, il se mit à dérober les objets de prix qu'il vit. À son grand étonnement il
s'aperçut que les choses semblaient parler et l'accuser de ses mauvaises actions. Sa
nature était si pervertie qu'il ne comprenait même pas l'utilité ou l'usage de ces
objets, il ne savait pas même s'en servir. Quand il était dans le monde, ne pouvant
se dominer et pour la moindre cause, il avait dans sa colère blessé et même tué ceux
qui l'avaient offense. Dans ce monde des esprits il voulut agir de même, et se mit en
colère contre ceux qui voulaient l'instruire, tout comme un chien enragé, il voulait
les attaquer même en présence de son maître. Un des anges dit alors : « Si des
esprits pareils n'étaient pas emprisonnés dans les ténèbres de l'abîme, ils feraient un
mal terrible partout sur leur passage. La conscience de cet homme est si faussée que
même après avoir atteint le monde des esprits, il ne peut comprendre qu'en volant et
en tuant les gens sur la terre il a dilapidé sa richesse spirituelle et détruit le
discernement de sa vie spirituelle ! En tuant et détruisant les autres, il s'est détruit
lui-même. Dieu seul sait si cet homme et ceux qui lui ressemblent ne devront pas
rester à toujours dans les tourments de l'abîme… » Puis les anges préposés à ce
service l'emmenèrent dans les ténèbres dont il ne devra plus sortir ! La condition
des malfaiteurs dans ce lieu est si terrible et leurs tourments si inexprimables que
leur vue fait trembler ceux qui les voient !
Les limitations de notre langue humaine nous empêchent d'expliquer comment, et
partout où se trouve un de ces pécheurs, la souffrance et la douleur ne cessent pas
un instant ! Une espèce de feu sombre et sans lumière y brûle à toujours, mais sans
les consumer ni s'éteindre ! Un des témoins de ces tourments s'écria : « Qui sait si
ce feu ne finira pas la purification de ces malheureux ? » Dans la partie sombre du
monde des esprits, nommée enfer, il y a plusieurs degrés et plusieurs phases.
L'endroit où vivent les esprits et où ils souffrent, dépend de la quantité et du
caractère de leurs péchés. Il est certain que tous ont été créés à l'image de Dieu, ou
plutôt à celle de son Fils, qui est l'image visible du Dieu invisible (Gen. I : 26, 27 ;
Col. I : 15.).Mais par leur contact avec le péché, ils ont défiguré cette image et l'ont
gâtée ! Ils ont maintenant une espèce de corps spirituel, mais qui est affreux et
effrayant, et si la repentance et la grâce de Dieu ne les transforment, ils devront
rester dans ces tourments à toujours !

CHAPITRE VI
***

L'ÉTAT DES JUSTES ET LEUR FIN


GLORIEUSE

Le ciel dans le Royaume de Dieu commence, dans la vie de tous les vrais croyants,
déjà dans ce monde. Leur cœur est toujours rempli de joie et de paix, malgré les
épreuves et les persécutions qu'ils peuvent avoir à subir, car Dieu qui est la source
de la vie et de toute paix, habite en eux. La mort pour eux n'est pas la mort mais la
porte par laquelle ils entrent pour toujours dans leur patrie éternelle. On peut dire
que quoi qu'ils soient déjà nés de nouveau, quand ils quittent ce corps mortel ce
n'est pas le jour de leur mort mais celui de leur naissance dans le monde spirituel, et
que c'est un moment de grande joie, ainsi que les incidents suivants le prouveront.
Mort d'un homme juste et droit.
Un ange m'a raconté la mort d'un vrai chrétien qui avait servi son maître pendant
trente ans de tout son cœur. Peu d'instants avant sa mort, Dieu ouvrit ses yeux
spirituels avant que la vie eût quitté son corps, afin de lui faire voir le monde
spirituel et qu'il pût décrire ce qu'il voyait à ceux qui l'entouraient. Il vit que le ciel
s'ouvrait pour lui et qu'un groupe d'anges et de saints venaient l'accueillir à la porte,
avec le Sauveur qui lui tendait la main. En se rendant compte de tout cela, il poussa
un tel cri de joie qu'il fit tressaillir ceux qui entouraient son lit : « Quel beau jour
pour moi, s'écria-t-il. Il y a longtemps que j'attends et que je me réjouis de voir mon
Sauveur et d'aller vers Lui ! Oh ! Mes amis ! Regardez son visage tout illuminé
d'amour, et voyez tous ces anges qui sont venus à ma rencontre ! Quel endroit
délicieux ! Mes amis ! Je pars pour mon véritable home ; ne vous affligez pas, mais
réjouissez-vous ». Un de ceux qui entouraient son lit dit alors : « Son esprit s'égare
». Mais lui, entendant cette remarque répliqua : « Non, pas du tout, je suis tout à
fait conscient, et je voudrais seulement que vous puissiez voir l'aspect grandiose
que je vois ! Je regrette que cela vous soit caché. Adieu, nous nous retrouverons
là-haut ». Puis fermant les yeux, il ajouta : « Seigneur, je remets mon esprit entre
tes mains », et s'endormit.
Il console ses bien-aimés.
Dès que son âme eut quitté son corps les anges le prirent dans leurs bras et allaient
le conduire au ciel quand il les pria d'attendre encore un instant. Regardant son
corps inanimé, puis ses amis, il dit aux anges : « je ne savais pas qu'en quittant le
corps l'esprit pût encore voir celui-ci ainsi que ses amis. Si seulement mes amis
pouvaient me voir aussi bien que moi je les vois, ils ne me croiraient pas mort et ne
se désoleraient pas comme ils le font ».
Alors il examina son corps spirituel et le trouva léger et délicat, totalement différent
de son corps matériel. Puis il arrêta sa femme et ses enfants qui pleuraient en
baisant son corps glacé. Il étendit ses mains spirituelles, si délicates, et commença à
leur expliquer avec amour qu'il ne fallait plus s'occuper de ce corps mort ; mais ils
ne pouvaient ni le voir ni l'entendre, et il semblait que ses mains passaient à travers
leurs corps comme si c'était de l'air, ne sentant rien du tout. Un des anges dit alors :
« Viens, et laisse-nous te conduire à ton home éternel. Ne les plains pas, car le
Seigneur Lui-même et nous aussi les consolerons. Cette séparation ne durera que
quelques jours ».
Alors, accompagné par les anges, il partit pour le ciel. Ils n'étaient pas encore bien
loin quand un autre groupe d'anges les rencontra en criant : « Bienvenue ».
Beaucoup d'amis et de bien-aimés morts avant lui, vinrent l'accueillir, ce qui
augmenta encore sa joie. À leur arrivée à la porte du ciel, les anges et les saints se
rangèrent silencieusement de chaque côté. Puis il entra et rencontra Christ sur le
seuil. Il tomba à ses pieds pour l'adorer, mais le Seigneur le releva et lui dit en
l'embrassant : « Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur ». À ces
paroles la joie de l'enfant de Dieu fut indescriptible ; des larmes se mirent à couler
de ses yeux, mais le Seigneur les essuya avec amour, disant aux anges : «
Conduisez-le à la glorieuse demeure qui lui a été préparée dès le commencement ».
L'esprit de cet homme de Dieu avait l'idée toute terrestre que ce serait manquer de
respect au Seigneur que de Lui tourner le dos pour rejoindre les anges, mais tout en
hésitant, il fut bien surpris de voir qu'en se tournant vers sa demeure céleste il
pouvait voir le Seigneur où qu'il tournât ses regards ! Christ étant présent partout,
peut être vu par tous les saints et tous les anges ! Outre la présence du Seigneur il
fut ravi d'apercevoir de tous côtés des choses qui le remplirent de joie, ainsi
lorsqu'il vit comme les saints moins avancés se rencontraient sans la moindre envie
avec les plus avancés qui, de leur côté, s'estimaient heureux de pouvoir servir leurs
frères plus humbles, parce que le royaume de Dieu est celui de l'amour.
Dans toutes les parties du ciel il y a de superbes jardins produisant toutes les
variétés de fruits délicieux, et de fleurs parfumées qui ne se fanent jamais. Il s'y
trouve toute espèce de créatures qui louent Dieu continuellement. Des oiseaux au
plumage ravissant font retentir leurs chants, et les cantiques de louange des anges et
des saints ravissent le cœur de tous.
Où que l'œil regarde il n'aperçoit que des scènes de félicité sans bornes. Tel est le
Paradis que Dieu a préparé pour ceux qui L'aiment et où il n'y a plus ni mort, ni
péché, ni douleur, mais une paix et une joie éternelles
Les demeures du ciel.
Je vis alors cet homme de Dieu examiner sa belle demeure de très loin, car au ciel,
tout étant spirituel, l'œil spirituel peut voir à travers toutes choses et à une distance
illimitée. À travers l'infini des cieux se manifeste l'amour divin et partout on y peut
voir l'ensemble de ses créatures qui bénissent Dieu et le louent dans des transports
de joie sans fin. Quand cet homme de Dieu accompagné par les anges arriva aux
portes de sa demeure il vit écrit en lettres étincelantes le mot « Bienvenue », et les
lettres elles-mêmes répétèrent ce mot de bienvenue, répété encore par les échos. À
sa grande surprise, en entrant chez lui il y trouva le Seigneur arrivé avant lui, ce qui
lui causa une joie indescriptible, et il s'écria : « J'ai quitté la présence du Seigneur et
suis venu ici sur son ordre, et voici que je Le trouve ici pour partager ma demeure !
» Il s'y trouvait tout ce que l'imagination pouvait désirer et tous étaient prêts à le
servir. Dans les demeures voisines, d'autres saints, qui lui ressemblaient, vivaient
dans une heureuse fraternité. Cette demeure céleste n'est autre que le royaume
préparé aux saints dès la fondation du monde (Mat. 25 : 34) et tel est le glorieux
avenir qui attend les vrais disciples du Christ.
Un prêtre fier et un humble ouvrier.
Un prêtre qui se vantait d'être extrêmement instruit et très religieux finit par mourir
à un âge très avancé, il n'y a aucun doute qu'il ne fût vraiment un bon chrétien.
Quand les anges vinrent pour l'emmener à l'endroit désigné pour lui par le Seigneur
dans le monde des esprits, ils le conduisirent dans la sphère intermédiaire où ils le
laissèrent en compagnie de beaucoup d'autres esprits, qui venaient d'arriver avec les
anges préposés au service d'instruction de ces âmes, tandis qu'ils retournèrent
eux-mêmes chercher une autre de ces âmes.
Dans ce ciel intermédiaire se trouvent un grand nombre de degrés différents, et les
âmes y sont admises d'après leur bonté et leur vie dans ce monde-ci. Quand les
anges revinrent pour conduire le nouveau venu à un degré supérieur à celui du
prêtre : « Quel droit avez-vous, leur dit celui-ci en colère, de me laisser à
mi-chemin de ce glorieux pays pour y conduire celui-ci ? Je ne lui suis pas inférieur
ni en sainteté ni en quoi que ce soit d'autre, ni même à vous ».
Les anges lui répondirent : « Il n'est question ici d'être plus ou moins grand, mais
un homme est placé selon ce qu'il a mérité par sa foi et sa vie en ce monde. Tu n'es
pas encore prêt pour un grade supérieur et dois rester ici quelque temps pour
apprendre ce que nos anges instructeurs doivent t'enseigner. Alors, sur l'ordre du
Maître, nous te conduirons avec plaisir dans la sphère supérieure ».
Il répliqua : « J'ai passé ma vie à enseigner aux autres le chemin du ciel ! Qu'ai-je
encore à apprendre ? Je sais tout cela ». L'ange lui répondit « Ils montent
maintenant, ne les retardons pas mais pour répondre à ta question, ne t'offense pas
si nous parlons franchement ; c'est pour ton bien : Tu crois être seul ici, mais le
Seigneur y est aussi quoique tu ne Le voies pas. L'orgueil qui t'a fait dire : je sais
tout cela, t'empêche de Le voir et de monter plus haut. L'humilité est le remède
contre l'orgueil ; mets-la en pratique et tu obtiendras la réalisation de tes désirs ».
L'homme qui vient d'être promu à un grade supérieur n'était ni savant ni célèbre. Tu
ne l'as pas bien regardé, sans cela tu l'aurais reconnu pour un membre de ta
congrégation. Il était peu connu, n'étant qu'un simple ouvrier qui gagnait très peu.
Mais dans son atelier on savait qu'il était honnête et industrieux et tous ceux qui
étaient en contact avec lui le connaissaient pour un vrai chrétien. Pendant la guerre
il fut appelé au service militaire en France, et c'est là qu'il fut tué par un boulet un
jour qu'il aidait un de ses camarades blessé. Quoique sa mort fût instantanée il était
prêt à partir et voilà pourquoi il ne restera pas si longtemps que toi dans le stage
intermédiaire. Sa promotion ne dépend d'aucun favoritisme, mais uniquement de sa
valeur spirituelle. Sa vie de prière et d'humilité, ici-bas, l'avait bien préparé pour le
monde spirituel. Il est heureux maintenant d'avoir atteint la place qui lui a été
préparée, et il loue et bénit le Seigneur qui, dans sa miséricorde, l'a sauvé et lui a
donné la vie éternelle.
La vie céleste.
Dans le ciel il est impossible d'être hypocrite car tous peuvent voir la vie des autres
telle qu'elle est. La lumière révélatrice qui émane du Christ glorieux pousse les
mauvais esprits à se cacher, tandis qu'elle remplit d'une joie débordante les justes
qui habitent le royaume de la lumière avec le Père céleste. Leur sainteté est
évidente à tous les yeux et même elle augmente de plus en plus; rien ne peut plus
arrêter sa croissance, tout, au contraire, est là pour la fortifier et la développer.
On peut reconnaître le degré de sainteté atteint par l'âme d'un juste au rayonnement
qui émane de toute sa personne, car son caractère et sa nature se montrent sous
forme de couleurs de l'arc-en-ciel dont le rayonnement et la clarté diffèrent. La
jalousie n'existe pas dans le ciel, car tous voient avec joie la gloire spirituelle et
l'élévation des autres et, sans aucun motif égoïste, s'efforcent de s'entraider les uns
les autres. Tous les innombrables dons et les bénédictions du ciel sont le partage de
tous, et personne ne cherche, par égoïsme, à garder quoi que ce soit pour soi-même,
il y a assez de tout pour tous.
Dieu qui est amour est visible dans la personne de Jésus, assis sur un trône dans les
plus hauts cieux. De Lui qui est le « soleil de Justice » et la « lumière du monde »,
émanent des rayons sains et vivifiants et des vagues de lumière et d'amour
parcourent tout l'univers et traversent tous les anges et les saints, communiquant à
tout ce qu'ils touchent la vie et la puissance.
L'est et l'ouest n'existent pas au ciel, ni le nord et le midi, mais pour chaque ange et
chaque âme, le trône de Christ semble être le centre de toutes choses.
On y trouve toute espèce de délicieux fruits et de ravissantes fleurs, ainsi que
diverses nourritures spirituelles. On leur trouve un goût et un parfum exquis, qui,
dès qu'ils ont été assimilés, parfument l'air en s'échappant des pores du corps
spirituellement. En un mot, la volonté et les désirs de tous les habitants du ciel sont
accomplis en Dieu, parce que la volonté de Dieu s'accomplit parfaitement dans
chaque vie, dans toutes les conditions et dans tous les stages célestes où chaque
âme expérimente une joie débordante. Ainsi donc, la fin du juste est la joie et la
félicité éternelles.

CHAPITRE VII
***

LE BUT DE LA CRÉATION
Il y a quelques mois j'étais couché seul dans ma chambre, je souffrais cruellement
d'un ulcère dans l'œil. La douleur était si forte que je ne pouvais rien faire et je
passai le temps à prier et à intercéder. Un jour, je n'avais prié que quelques minutes,
quand le monde spirituel s'ouvrit à mes yeux et je me vis entouré de nombreux
anges. J'oubliai immédiatement ma douleur ; mon attention étant entièrement
concentrée sur l'autre monde. Je vais vous raconter quelques-uns des sujets de notre
conversation.
Les noms dans le ciel.
Je demandais aux habitants du ciel : « Pouvez-vous me dire par quel nom vous êtes
connus au ciel ? » L'un d'eux me répondit : « Nous avons tous reçu un nom
nouveau que le Seigneur seul connaît, et celui qui l'a reçu (Apoc. 2 : 17). Nous
avons tous servi le Seigneur en différents pays et à différentes époques, mais il n'est
pas nécessaire que personne sache nos noms actuels, ni nos anciens noms sur la
terre. Ce pourrait être intéressant de les connaître, mais à quoi bon. ? De plus nous
ne tenons pas à ce que nos noms soient connus, de peur qu'on ne nous croie plus
importants que nous ne sommes et qu'on ne nous rende l'honneur qui n'appartient
qu'à Dieu qui nous a tant aimés. Nous relever de notre état de chute pour nous
amener à notre home éternel où nous chanterons à jamais les louanges de son
amour, voilà le but pour lequel Il nous a créés ».
Voir Dieu.
Je leur demandai encore si les anges et les saints qui habitent les plus hautes
sphères du ciel contemplent toujours la face de Dieu ? Et s'ils le voient, sous quelle
forme leur apparaît-il ? Un des saints répondit : « De même que la mer est pleine
d'eau, de même l'univers entier est rempli de la présence de Dieu, et tous les
habitants du ciel sentent cette présence autour d'eux de tous côtés. Quand un
plongeur plonge dans l'eau il n'y a autour de lui que de l'eau, de même on sent la
présence de Dieu au ciel. Et comme dans la mer vivent d'innombrables créatures,
ainsi dans l'être infini de Dieu existent ses créatures. Parce que Dieu est infini, ses
enfants qui sont finis ne peuvent le voir que sous la forme du Christ. Le Seigneur l'a
déclaré Lui-même : « Celui qui m'a vu a vu le Père » (Jean 14. : 9).
« Dans ce monde des esprits le degré des progrès spirituels de chacun décide du
degré où il pourra connaître et sentir la présence de Dieu. Aussi Christ révèle à
chacun sa forme glorieuse d'après ses lumières et ses capacités. S'Il apparaissait
dans la même glorieuse lumière aux habitants des sphères inférieures du monde
spirituel, comme à ceux des sphères supérieures, ils ne pourraient le supporter !
C'est pourquoi Il tempère la gloire de Sa manifestation à l'état personnel de chaque
âme individuelle ».
Un autre saint ajouta : « On peut sentir la présence de Dieu et en jouir, mais on ne
peut la décrire en paroles. Comme on ne goûte ce qui est bon qu'en le mangeant, et
non par la meilleure description, ainsi chacun jouit de la présence de Dieu dans le
monde spirituel sans avoir besoin qu'on lui en fasse une description verbale ».
La distance au ciel.
Je demandai aussi à quelle distance sont les diverses sphères d'existence les unes
des autres. Et s'il n'est pas permis d'y rester, peut-on au moins les visiter ?
À quoi l'un des saints répondit : « La résidence de chaque âme est fixée d'après son
développement mais il lui est permis de faire de courtes visites à d'autres sphères.
Quand les habitants des sphères supérieures viennent visiter une sphère inférieure,
on lui donne une espèce de voile spirituel pour que ces habitants des régions
inférieures ne soient pas déconcertés par leur glorieuse apparition, et de même
quand un habitant des régions inférieures va visiter une sphère supérieure, on le
revêt d'une espèce de vêtement spirituel pour qu'il soit assez fort pour supporter la
gloire de l'autre lieu.
Au ciel personne ne s'aperçoit des distances car, dès qu'on désire aller ici ou là, on
s'y trouve transporté. Ce n'est que dans le monde matériel qu'on s'aperçoit des
distances. Quand on désire voir tel saint dans une autre sphère, ou bien celui-ci est
transporté vers vous en un instant, ou c'est vous qui êtes transporté vers lui au
moment même de la pensée.
Le figuier stérile.
Je demandais à l'un des anges : « Tout est créé dans un but spécial, mais il semble
parfois que ce but ne soit pas atteint, par exemple le figuier avait été créé dans le
but de porter du fruit, mais quand le Seigneur n'y trouva pas de fruit l'arbre sécha.
Pouvez-vous me dire si la création du figuier avait manqué son but ou non ? »
Un des saints répliqua : « Sans aucun doute le but fut atteint et même plus
complètement. Le Maître de la vie la donne à toutes ses créatures dans un certain
but, mais si celui-ci n'est pas atteint, Il a la puissance de retirer cette vie pour
accomplir un dessein supérieur. Des milliers de serviteurs du Seigneur ont sacrifié
leur vie pour en instruire ou en soutenir d'autres. En perdant leur vie pour d'autres,
ils les ont aidés et ont accompli ainsi les desseins plus élevés de Dieu. Et s'il est
juste et noble pour un enfant de Dieu d'agir ainsi, combien plus l'homme qui est
au-dessus de toutes les autres créatures et de tous les figuiers, ne pourra-t-il pas
donner sa vie pour instruire ou avertir une nation qui se perd ? C'est ainsi que
Christ a donné cette grande leçon aux juifs de cette époque et au monde entier à
savoir que ceux dont la vie est stérile finiront par sécher et périr ». Les faits
historiques nous montrent clairement que la vie nationale des juifs, étroite et bigote
à cette époque fut détruite et desséchée comme celle du figuier. De même les vies
stériles, quoique peut-être ayant une apparence de vie extérieurement, sont une
cause de déception pour d'autres et finiront par être maudites et détruites. Si
quelqu'un me répond que lorsque le Seigneur maudit le figuier ce n'était pas la
saison des fruits et qu'il ne fallait pas s'attendre à en trouver, il devrait se souvenir
qu'il n'y a pas de saison fixe pour faire le bien, parce que tous les moments sont
également bons et que pour répondre au but pour lequel nous avons été créés, il
faut que nos vies soient fertiles.
L'homme possède-t-il le libre arbitre ?
Je posai encore une autre question à un ange : « N'aurait-il pas mieux valu que Dieu
eût créé l'homme parfait ainsi que toute la création, car ainsi il n'aurait pas péché et
tant de maux et de souffrances auraient été évités ; tandis que, dans une création
sujette à la vanité, nous avons toutes sortes de maux à souffrir ? »
Un ange, venu du plus haut des cieux et occupant une position élevée me répondit
en ces mots : « Dieu n'a pas créé l'homme comme une machine travaillant
automatiquement. Il n'a pas fixé sa destinée comme celle des étoiles et des planètes,
qui ne peuvent s'écarter de leur cours régulier, mais Il a fait l'homme à son image et
à sa ressemblance, libre d'agir, indépendant et possédant l'intelligence et la
détermination qui le rendent supérieur à toutes les autres créatures. S'il n'avait pas
été créé libre, comment aurait-il pu jouir de la présence de Dieu et de la joie du ciel,
n'étant qu'une simple machine se mouvant sans le vouloir ni le savoir, ou comme
les étoiles qui parcourent l'infini ! Tandis que l'homme, créé libre, par la nature de
sa constitution est tout l'opposé de cette perfection inanimée et sans âme, qui en
réalité n'eut pas été la perfection mais l'imperfection, faisant de l'homme un esclave
forcé d'agir de telle ou telle manière, sans choix et sans joie ! Pour un tel homme il
n'y aurait pas eu de différence entre un Dieu et une pierre. L'homme, et toute la
création avec lui, a été assujetti à la vanité, mais pas pour toujours. Par sa
désobéissance l'homme s'est attiré toutes les souffrances et tous les maux de cette
vie ainsi qu'à toute la création ! Ce n'est que par la lutte constante qu'il doit
soutenir, lutte spirituelle, que ses dons spirituels peuvent se développer et qu'il peut
apprendre les leçons nécessaires à son perfectionnement. C'est pourquoi quand
enfin il atteindra la perfection au ciel, il bénira Dieu pour la lutte et les souffrances
de ce monde, comprenant alors que « toutes choses concourent ensemble au bien de
ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8 : 28).
Manifestation de l'amour de Dieu.
Un autre de ces saints dit alors : « Tous les habitants du ciel savent que Dieu est
amour, mais il nous a été caché de toute éternité que cet amour est si merveilleux
qu'Il a voulu se faire homme pour sauver les pécheurs, et que pour leur rédemption,
Il mourrait sur la croix ! Il a souffert ainsi pour sauver l'homme et toute la création
qui est assujettie à la vanité ».
Ainsi, en devenant homme, Dieu a montré son cœur à ses enfants, et son amour
infini serait resté éternellement caché s'Il avait usé d'autres moyens.
Et maintenant la création entière attend avec ardeur la manifestation des fils de
Dieu, lorsqu'ils seront délivrés et glorifiés. Mais, pour le moment, avec toute la
création, ils gémissent et sont en travail jusqu'à la manifestation de cette nouvelle
création. Ceux qui ont passé par la nouvelle naissance gémissent aussi en attendant
la rédemption de leur corps. Mais le temps approche où la création entière,
obéissant à Dieu en toutes choses, sera délivrée de sa corruption et de ses chaînes.
Elle sera enfin éternellement bienheureuse, ayant atteint le but de sa création qui est
: Que Dieu soit tout en tous (Rom. 8 : 18-23)
...................................................
Les anges me parlèrent encore de beaucoup d'autres sujets que je ne puis rapporter
ici, d'abord parce qu'il n'existe pas dans ce monde de langage ou d'images propres à
décrire ou exprimer ces profondes vérités, mais aussi parce qu'ils craignent que
ceux qui n'ont pas fait d'expériences spirituelles ne les comprendrait pas et qu'alors,
au lieu de leur être utiles, ces mystères risqueraient d'être mal compris et mal
interprétés. C'est pour cela que je n'ai écrit que sur quelques-uns des sujets les plus
simples dont nous nous sommes entretenus dans l'espoir que plusieurs de mes
lecteurs y trouveront des directions, des avertissements, des instructions et des
consolations. Du reste, le temps approche où ces lecteurs passeront dans ce monde
spirituel où ils verront ces choses de leurs propres yeux. Mais avant de quitter ce
monde pour aller à notre Patrie éternelle, nous devons avec l'aide de Dieu et par sa
grâce et dans un esprit de prière faire fidèlement l'œuvre que Dieu nous a confiée.
C'est ainsi que nous réaliserons le but de notre existence et que nous entrerons sans
une ombre de regret dans la joie éternelle du Royaume de notre Père céleste.

FIN

Paraboles et aperçus - Sundar Singh

"Notre seigneur nous a appelés pour être des pêcheurs. Quand un pêcheur est au
travail il ne fait aucun bruit; il s'assied tranquillement jusqu'à ce que son filet soit
plein; parce que s'il devait faire le plus léger bruit les poissons s'échapperaient.
C'est pourquoi nous travaillons dans le calme; quand le filet sera plein le monde
entier verra ce que nous avons fait."
Une fois, quand le Sâdhu passait par la chaîne de Kailas en Himalaya, il arriva à la
caverne d'un ascète âgé, au milieu d'un paysage merveilleux, pas loin du lac de
Manessarowar. Il était habitué à trouver des indiens Sannyasis et moines tibétains
dans ces régions de la montagne, mais, à sa surprise, il y trouva un ermite chrétien
qui lui offrit de se mettre à genoux et de prier avec lui, prière qui se termina par le
nom de Jésus, et qui alors lui lu à haute voix quelques versets du sermon sur la
Montagne d'un manuscrit antique. Alors l'ermite lui raconta une histoire
merveilleuse. Il lui dit qu'il était né il y a trois cents ans avant à Alexandrie, de
parents musulmans. À l'âge de trente ans il entra dans l'ordre des derviches, mais
ni la prière ni l'étude du Coran ne lui apportèrent quelle que paix que ce soit. Dans
sa détresse intérieure, il alla chez un saint chrétien qui était venu de l'Inde à
Alexandrie afin de prêcher l'évangile. Ce saint était Yernaus (la forme arabe de
Hieronymus) le neveu de Saint François Xavier. Cet homme lui lu à haute voix les
mots d'un petit livre : "venez à moi, tout ceux qui travaillent et êtes chargés
lourdement, et je vous régénérerai." "Dieu a tant aimé le monde, qu'il lui a donné
son seul fils unique." Ces mots de la bible le conduirent au Christ. Il quitta son
monastère et fut baptise, alors il alla dans le monde comme prédicateur, d'abord
avec son professeur, et ensuite seul. Après de longues années passées dans des
voyages de missionnaire il se retira dans la montagne sainte de Kailas pour
s'adonner à la méditation, la prière, et l'intercession. Dans cette vie solitaire de
prière, de merveilleuses visions apocalyptiques et des révélations lui ont été
accordé.
Une fois, il y eut un homme qui avait un beau jardin. Les plantes et les arbres
étaient bien entretenus, et tous ce qui y vinrent, furent enchantés par son aspect.
Cependant l'homme dû partir pendant un certain temps. Mais, il pensa en lui
même, "mon fils est ici, et il maintiendra tout en ordre jusqu'à ce que je revienne."
Mais le fils ne se tracassa pas à ce sujet, et personne ne s'occupa du jardin. La
porte fut laissée ouverte, et les vaches des voisins entrèrent et mangèrent les
plantes si soigneusement entretenues. Personne n'arrosa les plantes qui avaient
soif; et bientôt elles commencèrent à flétrir. Les gens avaient l'habitude de
s'arrêter et de se questionner sur cette déchéance qui suivait son cours. Cependant
le fils se prélassait paresseusement à la fenêtre. Alors les passants demandèrent
pourquoi il négligeait d'une telle manière le jardin. "Oh" dit il, "mon père est parti
sans me dire quoi faire." Vous les chrétiens indiens êtes justes comme celui-ci;
vos missionnaires sont partis, et peuvent ne pas être de retour pendant longtemps,
et vous vous contentez de regarder et vous ne vous activez pas. Mais si vous
souhaitez être de vrais fils, alors faites votre devoir sans un commandement
spéciale de votre père."
"Hier j'ai atteint Wittenberg, le berceau de la réforme. J'ai vu la maison dans
laquelle Martin Luther a vécu et l'église dans laquelle il avait l'habitude de
prêcher. C'était sur la porte de cette église qu'il a cloué les quatre-vingt-quinze
thèses de la réforme, et il a été enterré dans cette église. Ce soir je dois parler dans
cette église."
"Un jour quand j'étais en Himalaya, je m'asseyais sur la berge d'un fleuve; J'ai
sorti de l'eau une belle pierre, dure, ronde et la cassa. L'intérieur était tout à fait
sec. La pierre était restée longtemps dans l'eau, mais l'eau n'avait pas pénétré la
pierre. C'est la même chose pour les peuples de l'Europe; pendant des siècles ils
ont été entourés par le christianisme, ils sont entièrement trempés dans ses
bénédictions; ils vivent dans le christianisme; pourtant le christianisme ne les a
pas pénétrés, et il ne vit pas en eux. Le christianisme n'est pas fautif; la raison se
situe plutôt dans la dureté de leurs coeurs. Matérialisme et intellectualisme ont
rendu leurs coeurs durs. Aussi je ne suis pas étonné que beaucoup de gens ici ne
comprennent pas ce qu'est vraiment le christianisme."
"Quand Jésus est entré á Jérusalem les gens ont étalé leurs vêtements sur le
chemin et ont répandus des branches devant Lui afin de Lui faire honneur. Jésus
montait un âne, selon les mots du prophète. Ses pieds n'ont pas touché la route qui
était décorée en son honneur. C'était l'âne qui marchait sur les vêtements et les
branches. Mais l'âne aurait été très idiot de s'enorgueillir de cette situation; car la
route n'était pas ornée en son honneur! Il serait tout aussi idiot si ceux qui
soutiennent le Christ aux hommes devaient penser n'importe quoi d'eux-mêmes en
raison de ce que les hommes leur font pour Jésus."
'La vérité est que nous ne pouvons pas vivre un seul jour, ni même une seule
heure, sans Dieu. En Lui nous vivons et nous mouvons et avons notre être. "Mais
la plupart d'entre nous sont comme des personnes qui sont endormies, qui
respirent sans en être consciente. S'il n'y avait pas d'air autour d'elles, et qu'elles
cessaient de respirer, elles ne seraient ni endormies ni réveillées, elles mourraient
de suffocation. En règle générale, cependant, les hommes ne pensent jamais au
cadeau absolument indispensable qui est l'air que nous respirons. Mais si nous y
réfléchissons nous sommes remplis de reconnaissance et de joie. Notre
dépendance spirituelle envers Dieu est quelque chose comme cela. Il nous soutient
; nous vivons en Lui, pourtant combien d'entre nous ne pensent jamais á cela?
Combien d'âmes y a t il qui se réveillent de se silence et commencent à respirer
dans le ciel divin, sans lequel l'âme mourrait de suffocation! Quel genre de
respiration, alors, est ceci ? La respiration de l'âme est la prière, par laquelle les
courants d'air frais ravivent notre être, apportant avec elle les approvisionnements
frais en forces essentielles de l'amour de Dieu, duquel notre vie entière dépend."
"Toute vie vient de Dieu, mais la plupart des personnes ne pensent jamais à tout
ceci; elles sont tout à fait sans connaissance de leur vie spirituelle. C'est seulement
quand un homme commence à prier qu'il devient conscient de ce rapport. Alors il
commence à penser, et se rend compte à quel point il est merveilleux de vivre
dans Dieu."
"Une fois, je m'asseyais sur le rivage d'un lac. Pendant que je m'asseyais là j'ai
noté que quelques poissons remontaient à la surface et ouvreraient leurs bouches.
D'abord j'ai pensé qu'ils avaient faim et donc qu'ils recherchaient des insectes,
mais un pêcheur m'a dit que bien qu'ils puissent respirer sous l'eau ils devaient
remonter à la surface de temps en temps pour inhaler de grandes bouffées d'air
frais, ou sinon ils mourraient. C'est pareil pour nous. Le monde est comme un
océan; nous pouvons vivre en lui, continuant notre travail et nos divers métiers,
mais de temps en temps nous devons recevoir la vie fraîche par la prière. Ces
chrétiens qui ne s'aménagent pas des périodes silencieuses pour la prière n'ont pas
encore trouvé leur vie vraie en Christ. . . "
"Dieu a créé le lait de la mère et le désir de l'enfant de le boire. Mais le lait ne
s'écoule pas de lui-même dans la bouche de l'enfant. Non, l'enfant doit se trouver
sur la poitrine de sa mère et sucer le lait diligemment. Dieu a créé la nourriture
spirituelle dont nous avons besoin. Il a rempli l'âme de l'homme du désir de cette
nourriture, avec une impulsion de crier son désir pour elle et de s'en nourrir. Le
lait spirituel, l'alimentation de nos âmes, nous le recevons par la prière. Par le
moyen de la prière ardente nous pouvons le recevoir dans notre âme. Pendant que
nous faisons ceci, nous devenons chaque jour plus fort et plus juste comme
l'enfant en bas âge en période d'allaitement."
"La prière est aussi bien l'air que nous respirons et le lait de la mère de l'âme. Sans
prière il est impossible de recevoir les cadeaux surnaturel de Dieu."
"La prière est la préparation nécessaire pour recevoir les cadeaux spirituels de
Dieu." "Uniquement la ferveur et la prière font de la place pour Dieu en nos
coeurs." "Dieu ne peut pas nous donner de cadeaux spirituels excepté par la
prière." "C'est uniquement lorsque que nous sommes immergés dans le monde
spirituel que nous pouvons comprendre les choses spirituelles."
"Il y a de beaux oiseaux dans le ciel, et des étoiles scintillantes dans les cieux,
mais si vous désirez des perles vous devez plonger dans les profondeurs de l'océan
pour les trouver. Il y a beaucoup de belles choses dans le monde autour de nous,
mais les perles peuvent seulement être découvertes dans les profondeurs de la
mer; si nous souhaitons posséder des perles spirituelles nous devons plonger dans
les profondeurs, c.-à-d. que nous devons prier, nous devons descendre dans les
profondeurs secrètes de la contemplation et de la prière. Alors nous distinguerons
des perles précieuses."
"Quand nous sommes dans l'obscurité nous savons par notre sens du toucher quel
genre d'objet nous tenons dans nos mains, si c'est un bâton ou un serpent. Tous les
deux peuvent être sentis dans l'obscurité, mais nous pouvons les voir seulement
dans la lumière. Tant que nous ne sommes pas dans la lumière nous cherchons et
trébuchons, et nous ne pouvons pas voir la vraie réalité. L'homme qui ne croit pas
en la lumière divine est toujours dans l'obscurité. Alors que devons-nous faire
pour venir à la lumière? Nous devons faire un pas hors de l'obscurité et approcher
la lumière; c'est-à-dire, nous devons nous mettre à genoux devant notre sauveur et
le prier ardemment. Alors nous serons baignés dans sa lumière, nous verrons tout
clairement. La prière est la clef qui ouvre la porte de la réalité divine. La prière
nous mène hors de cette obscurité dans laquelle, malgré toutes notre intelligence
et puissance de la vision, nous ne pouvons pas percevoir la lumière de la vérité. La
prière nous mène au monde de la lumière spirituelle."
"Par la prière, par la simple méthode de prière, nous nous rendons compte de la
présence du Christ et apprenons à le connaître." "Vous devez entrer, dans le calme
et prier le Christ dans la solitude, là vous entendrez Sa voix qui peut seul vous
aider." "Si vous lisez Ses mots et Le priez seulement pendant une demi-heure
chaque jour, vous aurez la même expérience. Il se montrera à vos âmes." "Je suis
sûr qu'il se montrera à vous dans la prière; alors vous le connaîtrez tel qu'Il Est. Et
non seulement Il se montrera à vous, mais Il viendra vous donner la force et la joie
et la paix."
"L'essence de la prière ne consiste pas á demander quelque chose á Dieu mais à en
ouvrir nos coeurs à Dieu, en parlant avec lui, et en vivant avec lui dans une
communion perpétuel. La prière est un abandon continuel à Dieu." "La prière ne
consiste pas á demander à Dieu toutes sortes de choses que nous voulons, elle est
plutôt le désir pour Dieu lui-même, le seul donateur de la vie." " La prière n'est
pas une demande, mais une union avec Dieu." "La prière n'est pas un effort
douloureux pour gagner l'aide de Dieu dans les besoins variables de nos vies. La
prière est le désir de posséder Dieu lui-même, la source de toute vie." "L'esprit de
la vrai prière ne consiste pas á demander des bénédictions, mais á le recevoir Lui
qui est le donateur de toute les bénédictions, et en vivant une vie de camaraderie
avec Lui." "La prière n'est pas une supplication pour des faveurs; elle est plutôt
une respiration et une vie en Dieu." "Un petit enfant court souvent vers sa mère et
hurle: 'Maman! Maman!' Très souvent l'enfant ne veut rien en particulier, il veut
seulement être près de sa mère, être assis sur ses genoux, ou la suivre partout dans
la maison, pour le simple plaisir d'être près d'elle, de lui parler, d'entendre sa
douce voix. Alors l'enfant est heureux. Son bonheur ne consiste pas á demander et
á recevoir toutes sortes de choses de sa mère. Si c'est cela qu'il voudrait, il serait
impatient et obstiné et donc malheureux. Non, son bonheur réside á sentir l'amour
et le soin que lui porte sa mère, et en sachant la joie de sa tendre mère." "Il en est
de même avec les vrais enfants de Dieu; ils ne se préoccupent pas tellement au
sujet des bénédictions spirituelles. Ils veulent seulement s'asseoir aux pieds du
seigneur, pour être dans un vivant contact avec lui, et quand ils font cela ils sont
extrêmement contents."
Dans un autre parabole Sundar Singh essaye de montrer combien il est
irrecevable et méprisable que de prier pour toutes sortes de choses
journalières quand on est en présence de la grandeur et de la merveille de
Dieu; " N'avez-vous jamais vu un héron se tenir immobile sur le rivage d'un lac?
De son attitude vous pourriez penser qu'il se tient là contemplant la puissance et la
gloire de Dieu ; en regardant cette grande étendue d'eau ; et à sa puissance de
purifier et satisfaire la soif des créatures vivantes. Mais le héron n'a pas de telles
pensée dans sa tête, pas du tout; il se tient là, heure après heure, afin de voir
simplement s'il peut pêcher une grenouille ou un petit poisson. Beaucoup d'êtres
humains se comportent comme celui ci dans la prière et la méditation. Ils
s'asseyent sur le rivage de l'océan de Dieu; mais ils n'accordent aucune pensées á
sa Puissance et son Amour, ils ne prêtent aucune attention à son Esprit, qui peut
les nettoyer de leurs péchés, ils ne considèrent même pas son Etre qui peut
satisfaire la soif de leur âme; ils se livrent entièrement à la pensée de savoir de
quelle façon peuvent ils gagner quelque chose qui les satisfera, quelque chose qui
les aideront à apprécier les plaisirs transitoires de ce monde, et ainsi ils détournent
leurs visages de l'eau claire de la paix spirituelle. Ils se donnent aux choses de ce
monde qui passent, et ils périssent avec elles."
"Parfois les gens me posent cette question: 'Si Dieu ne souhaite pas que nous
demandions des choses matérielles, mais Lui, le donateur de toutes bonnes choses,
pourquoi n'est ce jamais dit dans la bible: Ne prie pas pour ceci ou pour cela, prie
simplement pour l'esprit saint? Pourquoi est-ce que ceci n'a jamais été clairement
exprimé? "Je réponds, parce qu'Il savait que les gens ne commenceraient jamais à
prier s'ils ne pouvaient pas demander des choses terrestres comme des richesses et
la santé ou des honneurs; Il s'est dit en Lui même: S'ils demandent de telles
choses, le désir de quelque chose de meilleur se réveillera en eux, et finalement ils
s'inquiéteront seulement des choses plus élevées."
"La chaleur et les rayons du soleil, tombant sur l'eau salée, causent l'évaporation,
qui graduellement condensée en devient nuages, qui redescendent sous forme
d'une eau fraîche et douce. Le sel, et toutes les autres choses dans l'eau, sont
abandonnés. De la même manière les pensées et les désirs de l'âme en prière
montent au ciel comme des nuages; alors le soleil des Vertus les nettoie des traces
du péché par ses rayons purifiants. La prière devient alors un grand nuage qui
pleut en douches de bénédiction, de vie, et de force sur cette terre ici bas."
"Par la prière nous éprouvons le plus grand de tous les miracles, le Ciel sur la
terre."
De tels miracles sont également produit par la puissance d'une persistante
intercession: " il y a des périodes où l'on peut mieux faire par la prière que par la
prédication. Un homme qui prie incessamment dans une caverne solitaire peut en
aider beaucoup d'autres. Une influence sort de lui et infiltre réellement
l'atmosphère spirituelle, quoique cette influence soit exercée dans un grand calme,
inaperçue par les hommes, tout comme les messages sans fil sont envoyés par des
ondes invisibles, et tout comme les mots que nous prononçons pénètrent la
conscience d'autres personnes par les canaux mystérieux de la communication."
"Celui qui recherche la divine réalité avec tout son cœur, toute son âme et la
trouve, il se rend compte que, avant qu'il ait commencé à chercher Dieu, Dieu le
cherchait, afin de le conduire dans sa joie et son amitié, dans la paix de Sa
présence; de même qu'un enfant qui s'est perdue, quand il est de nouveau en
sécurité dans les bras de sa mère, se rend compte qu'elle l'avait recherché, d'un
profond amour maternel, avant qu'il ait commencé à penser à elle."
"Seigneur Dieu qui êtes tout en tout pour moi, la vie de ma vie et l'esprit de mon
esprit, ayez pitié de moi et remplissez moi d'Esprit Saint et d'amour qu'il n'y ait
plus de place pour toute autre chose dans mon coeur. Je ne demande pas
n'importe quelle bénédiction, mais Celle-ci, vous qui est le donateur de toutes
bénédictions et de toute vie. Je ne demande pas le monde et sa splendeur et sa
gloire, ni le ciel, mais j'ai besoin de Vous même, où Vous êtes, là est le ciel. En
Vous est la satisfaction et l'abondance pour mon coeur; Vous-même, Oh créateur,
qui avez créé ce coeur pour Vous-même, et non pas pour tout autre chose crée.
Par conséquent ce coeur ne peut pas trouver le repos ailleurs qu'en Vous:
seulement en Vous, Oh père, qui avez créé cette envie de paix. Maintenant retirez
de ce coeur tout se qui s'oppose à Vous et demeurez et régnez en lui Vous-même,
Amen."
L'expérience la plus merveilleuse que le Sadhu ait jamais eu de cette paix fut
lorsqu'il fut jeté dans un puits qui était plein des corps en putréfactions. "La
douleur physique était grande, mais en esprit j'étais heureux. J'ai commencé à
prier Dieu, et sa joie a coulé dans mon coeur à tel point que j'ai oublié l'endroit
horrible ou j'étais. Une paix merveilleuse a rempli mon coeur, si belle que je ne
peux pas le décrire." "Jamais je n'ai expérimenté une plus grande bénédiction de la
paix de Jésus, reçue par la prière, pendant ces jours là. La paix du Christ a changé
ce trou en porte du ciel." "Comment était-il possible d'avoir la paix de Dieu dans
ce troue obscure, au milieu des cadavres et des os? Une joie pareille, une paix
comme celle-ci, ne vient en rien en ce monde. Seul Dieu peut la donner. Tandis
que j'étais assis là dans ce puits je me suis mis á penser que jamais je n'avais senti
ce genre de bonheur quand je vivais dans la maison de mes parents dans le confort
et le luxe. D'où, alors est venu ce débordement de joie dans ce repaire terrible? J'ai
alors vu plus clairement que jamais, que Jésus est vivant, et c'était lui qui
remplissait mon coeur de paix et de joie."
"Je parlais un fois avec un homme très instruit, un psychologue, qui m'a assuré
que la paix merveilleuse que j'ai éprouvé était simplement l'effet de ma propre
imagination. Avant que je lui répondre, je lui aie raconté l'histoire d'une personne
qui était aveugle de naissance, et qui ne croyais pas en l'existence du soleil. Un
jour d'hiver il s'assis dehors au soleil, et alors ses amis lui demandèrent :
"Comment vous sentez-vous maintenant ? "
Il répondit : "Je me sens très chaud."
"C'est le soleil qui vous rend chaud, bien que vous ne puissiez pas le voir, vous
sentez son effet ".
"Non!" répondit il, "C'est impossible; cette chaleur vient de mon propre corps; elle
est due à la circulation du sang. Vous ne m'inciterez jamais à croire qu'une boule
du feu est suspendue au milieu des cieux sans un pilier pour la soutenir." Puis, je
dis au psychologue, "Qu'est ce que vous pensez de cet homme aveugle? "C'est un
imbécile!" répondit il. "Et vous, " lui répondis je, "Vous êtes un imbécile instruit!
Vous dites que ma paix est l'effet de ma propre imagination, mais je l'ai vécu."
"La croix est comme le fruit de l'arbre á noix. L'écorce externe est amère, mais la
noix est régénérant et renforçante. De l'extérieur la croix n'a ni beauté ni qualité;
son essence est seulement indiquée à ceux qui la soutiennent. Ils y trouvent un
grain de douceur spirituelle et de paix intérieure."
"Pendant un tremblement de terre il arrive parfois que des sources fraîches
apparaissent dans des endroits secs et qu'elles arrosent et fertilisent la terre de
sorte que des plantes puissent s'y développer. De la même manière des
expériences d'une douleur bouleversante peuvent faire jaillir L'Eau Vivante dans
un coeur humain."
"Un nouveau-né doit pleurer pour pousser son premier cri, parce que c'est
seulement de cette façon que ses poumons peuvent s'ouvrir et augmenter. Un
docteur m'a par le passé parlé d'un enfant qui ne pouvait pas respirer car il était
soutenu. Afin de le faire respirer le docteur lui donna une tape légère. La mère a
du trouver le docteur bien cruel. Mais il faisait vraiment la chose la plus aimable
possible. Comme avec les nouveau-nés leurs poumons sont bloqués et contractés,
ainsi sont nos poumons spirituels. Mais Dieu par la souffrance nous frappe
d'amour. Alors nos poumons se débloquent, augmentent et nous pouvons respirer
et prier."
"Une fois il y avait un homme qui avait remarqué un ver à soie dans son cocon; il
vit combien ce vers ce tordait et luttait; il était dans une grande détresse. L'homme
l'aida à sortir de son cocon afin de le rendre libre. Le ver à soie fit quelques
efforts, mais après un moment il mourut. L'homme ne l'avait pas aidé; il avait
seulement dérangé sa croissance. Un autre homme vit un ver à soie souffrir de la
même manière, mais il ne fit rien pour l'aider. Il savait que ces conflits et ces
luttes étaient une bonne chose, en cela que le ver à soie se développerait et
deviendrait plus fort á travers ce processus, et ainsi serait mieux disposé pour sa
nouvelle étape dans sa vie. De la même manière la souffrance et la détresse en ce
monde nous aident à être prêts pour la vie suivante."
"Beaucoup de gens dédaignent ceux qui donnent de leur santé, de leur force, de
leurs moyens, pour les autres, et ils les appellent des imbéciles ; mais elles sont
ceux qui peuvent sauver beaucoup." "Jusqu'à ce que nous prodiguons de nos
forces, les hommes commenceront à voir que nous ne sommes pas égoïstes, mais
que nous sommes vraiment rachetés. Notre sauveur dit que nous sommes le sel de
la terre. Le sel ne donne pas sa saveur à d'autres choses jusqu'à ce qu'il soit
dissous. Supposez que nous ayons mis du sel dans une casserole avec du riz en
ébullition.... Puisqu'il se dissout il donne sa saveur aux milliers de grains de riz.
De la même manière nous pouvons seulement en racheter d'autres en se donnant
pour eux."
Le fait de donner devient une bénédiction pour d'autres. C'est ma propre
expérience. Quand je suis allé jusqu'au Tibet, si je ne donnais pas une certaine
bénédiction ou force que je possédais, je perdais ma paix; et quand je donnais de
n'importe quelle force, alors la paix revenait." "Le canal qui achemine l'eau d'un
endroit à l'autre est toujours propre, parce qu'il est toujours nettoyé par l'eau
débordante pure et fraîche. Il en est de mêmes avec ceux qui sont employés par
l'esprit saint afin de servir des canaux d'eau vivante pour les autres. Ils se
maintiennent purs et saints et deviennent des héritiers du royaume de Dieu."
Tandis que la vie intérieure avec Dieu se développe par le service des autres, aussi
elle se rétracte si elle ne se centre que sur soi-même, ne s'inquiétant en rien du
monde extérieur. Un mystique qui se confine à la "contemplation pure" engendre
la mort de cette vraie camaraderie avec Dieu. Par une série de paraboles et
d'histoires marquantes le Sâdhu élucide cet aspect de son expérience.
"Les poisons qui vivent toujours dans les profondeurs de l'océan perdent certaines
de leurs facultés, tout comme les ermites tibétains qui vivent toujours dans
l'obscurité. L'autruche perd sa faculté de voler parce qu'elle n'utilise pas ses ailes.
Par conséquent n'enterrez pas les trésors et les talents qui vous ont été donnés,
mais employez-les, afin que vous puissez entrer dans la joie de votre Seigneur."
Pendant que j'étais au Tibet j'ai vu un bouddhiste, un moine, qui avait vécu
pendant cinq ou six années dans une caverne. Quand il est entré dans la caverne il
avait une bonne vue. Mais étant longtemps resté ainsi dans l'obscurité ses yeux
sont devenus de plus en plus faibles, et il finit par devenir aveugle. Il en est
exactement de mêmes avec nous. Si nous n'employons pas les bénédictions que
nous avons reçues de Dieu pour sa gloire, nous sommes en danger de les perdre à
jamais."
"Quand j'étais en Palestine que je me suis tenu près du Jourdain, je me suis dit : "
cette eau douce coule toujours dans la mer morte, mais la mer reste morte, parce
qu'elle n'a aucune sortie ".... De même qu'il y a différents chrétiens, communautés
et églises chrétiennes qui sont morts parce que les eaux vivantes de la Vérité
coulent toujours en elles, mais elles ne ressortent pas pour rendre la terre
fructueuse. Elles reçoivent des cadeaux tel que la connaissance et l'expérience,
mais elles ne les partagent pas avec les autres. Les cadeaux du Verbe et de l'Esprit
viennent à elles, mais ils ne les donnent pas encore à ceux qui les ont pas."
'Si nous avons vraiment reçu le message de rédemption de Dieu, cela devient une
puissance en nous, ce qui nous pousse à parler du seigneur. Ceux qui ont éprouvé
ceci ne peuvent pas rester assis et garder le silence sur ce que Dieu a fait pour eux;
non, ils doivent parler." "Nous n'avons aucun droit d'être silencieux; même
lorsque le confession du Christ mène à la persécution et à la souffrance, nous
devons témoigner."
C'est une joie pour moi d'être témoin." "Je veux témoigner de mon sauveur, parce
que j'ai tellement reçu de lui." "Quel privilège il est d'être son témoin, un témoin
du Christ vivant! C'est un privilège qui n'est pas même donné aux anges, parce
qu'ils ne peuvent pas témoigner de sa puissance comme Rédempteur. Ils n'ont
aucune expérience du salut parce qu'ils n'ont jamais pêché. Seulement ceux qui
ont été sauvés par sa grâce peuvent témoigner." "Oh quel amour Dieu a montré
envers nous, en refusant cet honneur aux anges, et en l'accordant aux hommes.
"Il n'est pas nécessaire que chacun soit un prédicateur." "Il est tout à fait possible
d'être un grand prédicateur sans être un témoin du Christ. Il est également possible
d'être un témoin vivant, en effet un grand témoin, pour le Christ sans être un
prédicateur ou un orateur." "Chaque chrétien, homme ou femme, garçon ou fille,
riche ou pauvre, ouvrier ou paysan, auteur ou prêtre, juge ou fonctionnaire,
médecin ou avocat, professeur ou élève, fonctionnaire de gouvernement ou
missionnaire, est seulement un chrétien à condition qu'il soit un témoin pour son
seigneur. Afin de témoigner de Lui, il n'est pas nécessaire que nous prêchions
dans le bazar ou du pupitre, ou que nous dirigions des classes de théologie, des
écoles du dimanche, et des syndicats chrétiens, non, ceux-ci sont seulement des
manières par lesquelles nous pouvons être témoin ; mais tous les chrétiens, partout
où ils sont, ont l'occasion de témoigner pour leur maître. Ils peuvent faire ceci par
leur vie droite, leur caractère irréprochable, par l'intégrité de leur comportement et
leur sincérité dans leur parole, par leur enthousiasme pour leur religion et leur
amour pour leur Maître, en utilisant chaque occasion possible pour parler aux
autres de Jésus Christ."
"Chacun d'entre eux peut être un témoin du Christ, non seulement du bout des
lèvres mais par sa vie entière." "Chaque chrétien doit être un martyr vivant, qui vit
pour son Maître."
"Les poissons de mer vivent en eau salée, pourtant quand nous mangeons ces
poissons bouillis il n'y a aucun goût de sel dans l'eau dans laquelle ils ont été
bouillis. Ils ont vécu dans une atmosphère imbibée du sel, pourtant ils ont gardé
toute leur saveur. Ainsi les vrais chrétiens vivent dans le monde, sans le porter
dans leurs coeurs." "L'homme de prière reste libre des traces du péché bien qu'il
vive dans un monde souillé par le péché, parce que sa vie intérieure est préservée
par la prière."
"Le monde est comme un océan. Nous ne pouvons pas vivre sans eau, cela est
vrai, mais il est également vrai que nous ne puissions pas vivre si nous permettons
à l'eau de nous engloutir, donc dans l'eau il y a la vie et également la mort. Si nous
nous servons de l'eau nous constatons qu'il y a la vie en elle, mais si nous nous
noyons nous trouvons la mort." "En ce monde nous sommes comme de petits
bateaux." "Un bateau est seulement utile sur l'eau ; il transporte des hommes d'un
rivage à l'autre. Mais si nous le traînons sur la terre ferme, à travers champs, ou
dans une ville, nous constatons que comme véhicule il est tout à fait inutile.
L'endroit pour un bateau est sur un fleuve ou sur la mer. Mais ceci ne signifie pas
que l'eau doit être dans le bateau. Parce que si elle est dans le bateau, le bateau
deviendra inutile ; personne ne pourrait alors l'orienter sur l'eau. Il se remplirait
d'eau, croulerait sous les vagues, et celui qui serait à bord serait noyé. Le bateau
doit être dans l'eau, mais l'eau ne doit pas être dans le bateau."
"En Christ j'ai trouvé ce que l'hindouisme et le bouddhisme ne pouvaient pas me
donner, paix et joie en ce monde. Les gens ne croient pas, parce qu'ils sont
étrangers à cette expérience. Une fois, j'errais dans les environ de l'Himalaya, dans
la région des neiges et glace éternelles, je découvris des sources d'eau chaude, et
j'en parlais à un de mes amis. Il ne voulait pas me croire. 'Comment peut il y avoir
des sources chaudes au milieu de la glace et de la neige?' Je lui dis : 'Viens, plonge
tes mains dans l'eau, et tu verra que j'ai raison. Il vient et plongea ses mains dans
l'eau, sentit la chaleur et cru. Alors il me dit : 'il doit y a un feu dans la montagne.
Ainsi, après qu'il eut été convaincu par son expérience, son cerveau a commencé à
l'aider à comprendre la situation. La foi et l'expérience doivent d'abord venir, et la
compréhension suivra. Nous ne pouvons pas comprendre jusqu'à ce que nous
ayons une certaine expérience spirituelle, et cela vient par la prière. C'est en priant
que nous finirons par savoir qui est le Père et qui est le Fils, nous deviendrons
certains que le Christ est tout à nous et que rien ne peut nous séparer de lui et de
son Amour. Les tentations et la persécution peuvent venir, mais rien ne peut nous
séparer du Christ. La prière est la seule manière d'avoir cette glorieuse
expérience."
"Notre connaissance de réalité divine dépend de notre vie intérieure, et non des
arguments philosophiques." "Bien que la philosophie essaye de saisir la réalité
divine, elle ne réussit pas. Personne ne peut saisir la réalité divine avec l'intellect."
"Jésus a commencé son travail, pas parmi des philosophes, mais avec des gens
simples, des pêcheur. Le monde a vu beaucoup d'hommes instruits, et bon nombre
d'entre eux ont déjà été oubliés; mais ces hommes simples qui ont aidé Jésus, le
Christ dans son travail ne seront jamais oubliés."
Ce n'est pas Dieu qui envoie les pécheurs aux enfers, se sont leurs propres
péchés. Dieu permet à chacun de venir au ciel; en effet, il invite chacun le plus
sincèrement pour y entrer. Mais les pécheurs eux-mêmes estiment que c'est une
torture que de rester là; c'est pourquoi ils ne le désirent pas. Dieu ne rend pas leur
entrée au ciel difficile ou impossible, non, c'est leur propre attitude intérieure qui
leur rend impossible toute joie dans la vie éternelle."
Les indous chérissent des Dieu perdu dans la nature; le mystique chrétien, d'autre
part, trouve Dieu à travers la nature. Le mystique indou croit que Dieu et la nature
sont une seule et même chose; le mystique chrétien sait qu'il doit y avoir un
créateur pour expliquer l'univers."
"Quand je suis entré au ciel pour la première fois, j'ai regardé tout autour de moi
et alors j'ai demandé: 'Où est Dieu?' Et ont me répondis et ont me dit: 'Dieu est vu
ici aussi peu qu'il l'est sur terre car Dieu est infini. Mais le Christ est ici, il est
l'image de Dieu invisible, et seulement en Lui n'importe qui peut voir Dieu, ici ou
sur la terre."
Il y a "quelques années j'ai vu un simple compatriote a qui fut montré une
bouteille en verre rouge remplie du lait. On lui demanda ce qui était dans la
bouteille. Il répondit: 'vin, eau-de-vie, whisky.' Il ne pouvait pas croire qu'elle était
rempli de lait jusqu'à ce qu'il ait vu le lait, qui fut versé devant lui, parce qu'il ne
pouvait pas voir la couleur blanche du lait dû à la rougeur du verre. Ainsi il en est
de même avec la personne du Sauveur. Il est devenu homme et sa divinité a été
cachée dans son humanité. Les gens l'ont vu fatigué affamé et assoiffé, et ils ont
dit: 's'il est Dieu, pourquoi est il fatigué, affamé et assoiffé, et pourquoi il prie
Dieu?' Ils ont seulement vu son côté humain, et ne pouvaient pas croire qu'il était
vraiment divin. Mais ceux qui l'ont suivi et ont vécu avec lui ont su qu'il était
davantage qu'humain et qu'il était Dieu.' "
"Il y a quelques années au Tibet j'ai entendu une histoire au sujet d'un roi qui
souhaitait envoyer un message à son peuple. Il voulu confié la course à ses
domestiques, mais ils ne la feraient pas comme il l'eut souhaité. Le roi, qui aimait
ses sujets, se résolu de leur porter le message lui-même afin d'être convaincu de
leurs difficultés. Il ne pouvait pas y aller en tant que roi, parce qu'il voulait que ses
sujets lui parlassent de toutes leurs douleurs et de tout se qui les affligeaient. Ainsi
il changea ses vêtements, au lieu de mettre ses habits royaux, il s'habilla comme
un pauvre homme. Alors il s'en alla parmi ses personnes et leur dit: "J'ai été
envoyé par le roi afin de me renseigner sur toutes vos difficultés. "Les pauvres et
les affligés eurent confiance en lui et lui dirent toutes leurs inquiétudes, et il vit
comment il pourrait les aider. Mais il y avait également quelques personnes fières
qui ne pouvaient pas croire qu'un si pauvre homme était vraiment le messager du
roi, ainsi ils étaient grossiers avec lui et le chassèrent. Plus tard, le roi vint à ses
sujets à la tête de son armée et en grande pompe royal, et le peuple pouvait à peine
le reconnaître et croire que c'était la même personne. Ils dirent : "Alors il était un
pauvre homme et maintenant il est roi." Les fiers qui l'avaient dédaigné furent
puni et jeté en prison, mais ceux qui avaient été bon avec lui furent honorés et
soulagé. Néanmoins, en est il de même avec le Verbe de la Vie qui est allé vers les
hommes ; Ses personnes n'ont pas vu sa gloire, et elles l'ont crucifié. Mais les
jours viendront ou nous le verrons dans sa gloire, et nous saurons qu'il est le
même Jésus Christ qui a vécu comme un pauvre homme durant trente trois années
sur cette terre."
"Par le passé quand je voyageais dans les environ de l'Himalaya j'ai vu quelque
chose qui a rendu l'amour de Dieu très réel pour moi. Dans un village tibétain j'ai
remarqué une foule des personnes se tenant sous un arbre en feu et regardant vers
les branches du haut de l'arbre. Je viens un peu plus près et découvrit dans les
branches un oiseau qui volait impatiemment autour d'un nid remplis d'oisillons. La
mère voulait sauver ses petits, mais elle ne le pouvait pas. Quand le feu atteignit le
nid les personnes observaient à en perdre haleine pour voir ce qu'elle ferait.
Personne ne pouvait grimper à l'arbre, personne ne pouvait l'aider. Elle pouvait
facilement sauver sa propre vie en s'envolant, mais au lieu de se sauver elle s'assit
sur le nid, couvrant soigneusement le nid de ses ailes. Le feu l'a saisie et l'a brûla
jusqu'aux cendres. Elle avait montré son amour pour les siens en donnant sa vie
pour eux. Si cette petite créature insignifiante avait tant d'amour, combien plus
notre merveilleux Père aime Ses enfants. Le Créateur aime Ses créatures!"
Le Christ parle : "si vous parlez avec un homme qui est un aveugle né au sujet de
différentes couleurs : rouge, bleu, jaune, et leurs variations, il n'a aucune
conception de leur gloire et beauté, et il ne peut pas correctement les évaluer par
ce qu'il sait d'elles ; il sait que leurs noms sont différents, c'est vrai, mais il pourra
jamais avoir une véritable idée des diverses couleurs jusqu'à ce que ses yeux
soient ouverts. En fait, les couleurs sont tout à fait éloignées de son expérience.
Néanmoins, il en est de même avec les yeux de l'esprit. Un homme peut être aussi
instruit que possible ; mais jusqu'à ce qu'il ait reçu sa vue spirituelle il ne peut pas
me connaître, ni voir ma gloire, ni comprendre que je suis l'incarné, Dieu. "
"Il est impossible pour nous de réaliser notre propre salut.... Une bonne éthique
peut paraître correcte, mais elle n'accomplit rien. Un poisson qui a été attrapé dans
un filet peut voir jusqu'à une certaine distance devant lui ; il peut même se
déplacer, mais c'est toujours un prisonnier.... S'il essaye de trouver sa sortie, il se
rend toujours péniblement compte que c'est un prisonnier. Mes études ont élargi
mon esprit, mais malgré tout j'ai découvert que j'ai été attrapé dans le filet du
péché. Je ne suis pas le seul à sentir ceci ; J'ai rencontré beaucoup d'Indiens qui
avaient abandonné le monde, qui vivaient dans des cavernes dans la jungle où ils
tâchaient de toute leur force de trouver la manière d'obtenir la liberté spirituelle ;
mais tous leurs efforts étaient stériles. Ils se sont seulement plus profondément
empêtrés dans le filet.... Bon nombre d'entre eux, cependant, ont continué à
chercher jusqu'à ce qu'ils aient trouvé le Christ.... Le Christ a cassé les chaînes du
péché, et ils étaient libres."
"Si le petit poulet dans l'oeuf devait déclarer que rien n'existe en dehors de l'oeuf,
sa mère répondrait: "Non, dans le monde extérieur il y a des montagnes, des
fleurs, et le ciel bleu, " et si le petit poulet rétorquait: "tu dis des bêtises, je ne
peux voir aucune de ces choses la, " et si la coquille se cassait soudainement, alors
le petit poulet verrait que sa mère a raison. C'est justement la même chose avec
nous, nous sommes toujours dans la coquille, et nous ne voyons ni le ciel ni
l'enfer. Mais cependant un jour la coquille se cassera, et alors nous verrons. En
même temps il y a une conscience de notre futur état : le petit poulet dans sa
coquille a des yeux et des ailes, qui sont eux-mêmes une preuve suffisante qu'ils
seront nécessaires dans une vie future. L'oeil est créé pour voir, pourtant que
peut-il voir tandis qu'il est dans la coquille? Les ailes sont créés pour voler, mais
comment peut-il voler tandis qu'il est dans la coquille? Il est bien évident que ni
les yeux ni les ailes ne soient prévus pendant une vie à l'étroit dans une coquille.
De la même manière, nous avons beaucoup de désirs et d'envies qui ne pourront
jamais être ici satisfaits. Il doit bien y avoir une manière de les satisfaire, et
cependant, cette manière c'est L'Eternité. Mais tout comme le petit poulet qui doit
être maintenu au chaud tant qu'il il est dans la coquille, ainsi pendant que nous
vivons en ce monde nous devons être aimés et chauffés par la Présence et le Feu
de l'Esprit Saint."
"Certains professeurs qui savent qu'ils devront laisser ce monde sont anxieux de
savoir que leurs enseignements continuera à vivre sous une forme écrite quand
l'instruction orale n'est plus possible. Mais le Christ est tout à fait différent. Il n'a
jamais rêvé de nous laisser seuls, et il sera avec nous à l'extrémité du monde ;
donc il n'a pas eu besoin de ne laisser ses écrits derrière lui. Ou alors il y a une
autre raison pour laquelle il n'a rien écrit. S'il avait écrit quelque chose dans un
livre, les hommes les auraient adoré, au lieu d'adorer le Seigneur Lui même. Les
mots de Dieu sont seulement une main pointant une direction pour indiquer le
chemin vers le Seigneur qui est la Vérité et la Vie." "La Vie et l'Esprit du Seigneur
peuvent seulement être écrits dans le coeur des hommes, et pas dans des livres."
"Dans les montagnes les cascades font leur propre lit tout le long d'où elles
coulent; mais dans les plaines les hommes doivent travailler dur pour faire des
canaux, pour que l'eau puisse s'y écouler. Il est de même avec ceux qui vivent sur
les hauteurs avec Dieu. L'Esprit Saint coule en eux librement, alors que ceux qui
consacrent peu d'heure à la prière et à la communion avec Dieu doivent trouver
leur chemin avec beaucoup de travail et d'effort."
"Nous en Inde," dit le Sâdhu, "nous savons déjà que Dieu est bon. Mais nous ne
savions pas qu'il était si bon au point que le Christ était disposé à mourir pour
nous." "Il y a beaucoup de choses qui sont belles dans Hindouisme, mais la
lumière la plus élevée vient du Christ." "Dans une certaine mesure Dieu satisfait
tout nos désirs, mais l'entière satisfaction est seulement trouvée en Christ"; "Celui
qui Le trouve, trouve le ciel sur la terre."
"Les hommes sages ont suivi l'étoile jusqu'à Bethleem. Mais quand ils ont atteint
Bethleem ils n'ont plus eu besoin de l'étoile, parce qu'ils avaient trouvé le Christ,
le soleil de Vertu. Quand le soleil se lève les étoiles perdent leur clarté." "En Inde
nous avons beaucoup d'authentiques chercheurs de vérité, qui suivent loyalement
leur étoile; mais c'est seulement la lumières des étoiles qui les guident. Mais vous
les chrétiens avez la gloire du soleil." "Hindouisme et Bouddhisme ont creusé des
canaux, mais ils n'ont aucune eau vivante pour les remplir." "Dans ce sens j'ai été
disposé à recevoir l'eau vivante du Christ." le "Christianisme est
l'accomplissement de l'Hindouisme."
"Il y a en Himalaya une espèce de fleur qui par son parfum plonge les hommes
dans un état d'inconscience.... dans sa forme et sa couleur cette fleurs est belle;
tous ceux qui la voit se sentent attirés à elles, mais personne ne passe ou s'assied
près d'elle sans être envahi par un mystérieux et mortel sommeil. D'abord j'ai
pensé que les fleurs étaient toxiques, mais les gens m'ont assuré que ce n'était pas
le cas, car ceux qui furent enivrés par le parfum ne mourraient pas jusqu'au
douzième jour, et alors la mort s'ensuivait de la faim et de la soif, et non pas de
l'effet immédiat de la drogue. De manière semblable, les choses de ce monde ne
sont pas d'elles-mêmes le mal, mais elles étourdissent les âmes négligentes, et les
gênent d'être conscientes de la faim et de la soif spirituelles, et elles dérivent dans
un sommeil qui peut facilement mener à la mort spirituelle."
"Je dis aux Sâdhus indou : "vous devenez Sâdhus parce que vous voulez vous
torturer. Je suis devenu un Sâdhu afin de servir; Je ne me torture pas, bien que j'ai
été souvent torturé par d'autres. Les Indiens abandonnent le monde et se nient
eux-mêmes avant qu'ils aient découvert la plénitude de Dieu. Ils pratiquent
l'abnégation dans leur propre intérêt, non pas parce qu'ils ont trouvé la paix, mais
parce qu'ils veulent gagner la paix."
Quand un homme a soif, qu'il soit instruit ou ignorant, jeune ou vieux, afin
d'apaiser sa soif ce dont il a besoin ce n'est pas la connaissance, mais l'eau. Avant
qu'il boive l'eau il n'a pas besoin de savoir qu'elle contient de l'oxygène et de
l'hydrogène. S'il refusait de la boire jusqu'à ce qu'il puisse comprendre ce que
nous voulons dire par oxygène et hydrogène il mourrait de soif. Depuis les temps
immémoriaux les hommes ont apaisé leur soif avec de l'eau sans savoir quoique
ce soit au sujet de ses constituants chimiques. De manière semblable nous n'avons
pas besoin d'être instruits de tous les mystères de la doctrine, mais nous devons
recevoir l'eau vivante que Jésus le Christ nous donnera et qui peut seul satisfaire
nos âmes."
"Il doit être admit que la philosophie n'a accompli aucun progrès au cours des
siècles. Les mêmes vieux problèmes se répètent, cependant sous de nouvelles
formes et sous un nouveau langage. En Inde un boeuf avec un bandeau sur les
yeux marche autour de la presse à huile tout le long du jour. Quand ses yeux ne
sont plus cachés, dans la soirée, il constate qu'il a tourné en rond et que bien qu'il
ait réussi à produire de l'huile il n'est pas allé plus loin. Bien que les philosophes
se soient mis à la tâche pendant des centaines d'années, ils n'ont pas atteint leur
but. Dés lors, après tant de travail ils n'ont pu produire qu'un peu d'huile, qu'ils ont
laissé derrière eux, mais il n'est pas suffisant de satisfaire les besoins endoloris de
l'humanité."
Le Sâdhu différencie la connaissance vraie de Dieu du panthéisme :
1. "Dieu est notre créateur et nous sommes ses créatures ; Il est notre père, et nous
sommes ses enfants."
2. "si nous-mêmes étions divins, nous ne sentirions plus n'importe quel désir
d'adorer."
3. "si nous voulons nous réjouir dans Dieu nous devons être différents de lui ; la
langue ne pourrait goûter aucune douceur s'il n'y avait aucune différence
entre elle et celle qui elle a goûté."
4. "être racheté ne signifie pas pour être perdus ou absorbés en Dieu. Nous ne
perdons pas notre personnalité en Dieu ; au contraire nous la trouvons."
5. "Le panthéisme n'admet pas le fait du péché, donc nous trouvons souvent une
conduite immorale parmi ses détracteurs."
" Personne ne doit penser que la présence du Christ ou le sens de " Le paradis sur
terre " est ce qu'un croyant dans le panthéisme veut dire quand il dit : "maintenant
je suis Dieu." Non, nous sommes en Dieu et Dieu est en nous. Mais cela ne
signifie pas que nous sommes Dieu ou qu'il est homme." "Il y a le feu dans le
charbon, et le charbon est dans le feu, mais le charbon n'est pas le feu, et le feu
n'est pas le charbon. Nous sommes seulement unis à Dieu tant que nous lui
donnons nos coeurs et que nous lui permettons de nous baptiser avec l'Esprit
Saint."
"Regardez l'éponge quant elle est immergée dans l'eau. L'éponge est dans l'eau, et
l'eau est dans l'éponge. Mais l'éponge n'est pas l'eau, ni l'eau l'éponge, mais toutes
les deux sont des choses différentes. Quand nous donnons du temps à la prière
nous sommes en Dieu, Dieu est en nous ; mais cela ne signifie pas que Dieu est
notre âme ou que nous sommes Dieu." "Exactement comme l'eau est dans
l'éponge, ainsi Dieu est partout et dans toutes les choses, mais il ne peut pas être
identifié avec des choses créées."
"N'êtes-vous jamais allé dans une forge ? Avez-vous noté comment le forgeron
tient le fer dans le feu ? Il devient de plus en plus rouge tandis qu'il est dans la
forge, jusqu'à ce qu'enfin il semble être comme le feu. Le fer est dans le feu, et le
feu est dans le fer, mais le fer n'est pas le feu, ni le feu le fer, quand le fer
commence à rougeoyer, le forgeron pourrait le plier dans n'importe quelle forme
qu'il désire, mais cela resterait toujours du fer. De même nous gardons toujours
notre personnalité quand nous permettons d'être pénétrés par le Christ."
Le Pardon a réalisé une union qui n'était pas là avant. Il est en nous, et nous
sommes en Lui ; par ceci je ne veux pas parler de ce genre d'union que les
Indiens appellent "se perdre en Dieu." Ils parlent du courant qui est englouti ou
perdu dans l'océan. Nous ne nous perdons pas, mais nous atteignons la vie dans
notre union avec Lui."
"Krishna a dit : "dans chaque âge je nais pour sauver le bon et pour détruire le
mauvais. "Jésus, au contraire, est venu pour sauver le pêcheur."

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