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Management des
Systèmes d’Information
Les entreprises ont compris l’importance stratégique des SI : la moitié de leur CapEx passe
dans l’équipement des SI (matériel, logiciel, réseaux/télécom…) et une somme considérable
est également dépensée dans du consulting opérationnel et managérial visant principalement
à prendre en compte les nouvelles technologies de l’information.
Les exemples courants suivants montrent la diversité des domaines dans lesquels ces besoins
s’expriment :
Les SI sont donc un enjeu majeur dont l’importance ne va cesser de croître. Ils sont par
ailleurs un outil de base de la globalisation : les échanges entre zones économiques se
fluidifient et les frontières sont moins visibles.
A l’issue de ce cours, les étudiants devront savoir quelles sont les grandes étapes conduisant
à un SI bien organisé : des défis stratégiques de l’entreprise et de son plan de développement,
il faut prévoir une organisation humaine, imaginer l’information nécessaire, réunir les
données utiles et les transformer pour fournir cette information.
2. Plan du cours
Ce cours est décomposé en deux parties.
3. Cas
Le cas qui nous servira de fil rouge tout au long du cours est celui d’une société qui fabrique
des amortisseurs hauts de gamme : Pescau.
La société Pescau, domiciliée dans le sud-ouest de la France, est une PME de 150 personnes
spécialisée dans la fabrication et la vente d'amortisseurs hauts de gamme pour véhicules de
course (du roller à la F1).
Elle a des clients (institutionnels essentiellement mais pas uniquement) dans le monde entier,
et des centres de fabrication (organisés en filiales) en France (Pescau), au Japon (Rowazaki)
et aux USA (ProWheel).
4. Références
Ce cours doit beaucoup à l’ouvrage de Robert Reix : « Systèmes d’Information et
management des organisations » (5ème édition, 2005 - Vuibert), dont j’ai parfois recopié sans
vergogne des paragraphes entiers. Je ne peux que vous en conseiller la lecture si le sujet vous
intéresse : (Reix, 2005)
Il s’appuie également sur l’ouvrage moins fondamental mais étayé de nombreux exemples
pris dans l’industrie US de Kenneth C. & Jane P. Laudon: « Essentials of Management
Information Systems » (8th edition, 2008 - Pearson) : (Laudon, et al., 2008)
1. Excellence opérationnelle
Il s’agit de trouver des sources d’amélioration de la profitabilité. En produisant un bien qui
coûte 100 et qui est revendu 120, nous dégageons une marge opérationnelle de 20%. Si
maintenant le coût de revient du produit fini est de 90, alors, pour un même prix de vente, la
marge opérationnelle passe à 33%...
Renault Sport sous‐traite à Pescau des amortisseurs pour ses F1 et ses voitures de rallye.
Tout au long de la saison automobile Pescau et Renault Sport tentent d’améliorer les
amortisseurs. Aux débuts de ce partenariat, les impressions étaient données par les pilotes,
avec une certaine interprétation.
Pescau a placé des capteurs électroniques dans les amortisseurs. Ces capteurs lui
permettent d’avoir également des données non‐interprétée et d’améliorer sa productivité
(moins d’allers‐retours entre les centres de recherche).
2. Prospective
La société évoluant, les besoins aussi. Pour profiter de cette évolution il faut être à l’écoute
des besoins et savoir les anticiper. Ceci est vrai non seulement pour les biens et les services
offerts, mais également pour les modèles économiques sur lesquels sont proposés ces biens
et ces services.
3. Réactivité
Le management d’une entreprise est constamment en train de faire des choix. Dans la
mesure du possible, ces choix sont mûrement réfléchis, mais il peut arriver que la décision
doive se faire rapidement en réponse à un événement imprévu. Dans tous les cas il faut que
le manager ait accès à l’information nécessaire (qualitativement et quantitativement) à la
prise de décision, mais dans le second cas il faut que le SI soit près à fournir cette
information sans qu’il l’ait particulièrement anticipé.
Face à l’envolée des cours des matières premières, FiCa, le principal fournisseur de fibres
de carbones de Pescau veut renégocier les contrats. Le lendemain de l’annonce les
directeurs se joignent et Pescau arrive à négocier un statuquo sur les prix en s’engageant
sur une augmentation (chiffrée) des commandes.
L’efficacité du SI de Pescau lui a permis d’estimer assez précisément son besoin en fibres de
carbones pour les cinq prochaines années. La hausse est essentiellement due aux deux
facteurs suivants : (i) les futurs contrats avec de nouvelles écuries automobile (et leurs
retombées) et (ii) grâce à internet, une forte progression des ventes de son amortisseur
PAM‐VX32, très apprécié des amateurs de vélos.
4. Relations clients/fournisseurs
Bien connaître ses clients s’est se mettre en position de bien les servir et donc de les fidéliser.
De la même façon, bien se faire connaître de ses fournisseurs permet d’engager une relation
de confiance qui sera bénéfique.
5. Organisation
L’organisation est un facteur clef dans l’entreprise et est consécutive aux choix
organisationnels de haut niveau : division du travail (degré de spécialisation), répartition du
pouvoir (centralisation-décentralisation), standardisation, formalisation, coordination... De
cette organisation découlent les processus (indépendant du SI) et le dialogue entre ces
processus. Enfin, le SI implémente les processus.
Pescau est une PME avec deux structures principales : la production et la R&D. Sur la chaîne
de production les procédures sont très normalisées afin de réduire le risque d’erreur : il
s’agit de suivre à la lettre les instructions du bureau d’Etudes. La production ne se sent pas
partie prenant dans ces instructions.
En revanche, la R&D a beaucoup plus de libertés mais ne se sent pas responsable de la
production.
Production et R&D répondent au Directeur et n’ont pas de lien hiérarchique.
Partant de cette organisation, Pescau a constaté qu’il était probablement opportun que la
Production se sente concernée par le travail de la R&D et vice‐versa. Les processus ont donc
été repensés et le SI a été aligné sur cette nouvelle vision. Le gain a été un surcroît de
qualité.
6. Avantages concurrentiels
Les entreprises ayant exploré avec succès au moins l’un de ces axes dispose d’un avantage
concurrentiel sur celles qui ne l’ont pas fait. Cet avantage est d’autant plus fort que le
nombre d’axes explorés est important et que leur gestion a été efficiente.
7. Survivance
Il s’agit ici de faire les efforts nécessaires pour maintenir son activité. Le risque étant que
l’entreprise pourrait ne pas survivre si ces efforts ne sont pas consentis.
Le SI est une constituante de l’organisation et, bien qu’elle en soit partie prenante, la
technologie n’a en général pas un rôle prépondérant dans le choix d’une organisation.
D’autres variables ont un impact sur cette organisation, notamment l’histoire et la culture de
l’entreprise.
1. - Dimension informationnelle
Il existe une relation entre les Données, l’Information et la Connaissance.
Après 37 tours de piste, la mesure de la résistance de l’amortisseur dynamique de la
Renault R29 indique 3kN.
Après 37 tours de piste, la mesure de la résistance de l’amortisseur dynamique de la
Renault R29 indique une pression normale.
La connaissance est encore une notion différente : c’est le produit de trois ressources :
l'expérience, les informations dont on dispose et les savoirs acquis.
Après 37 tours de piste, la mesure de la résistance de l’amortisseur dynamique de la
Renault R29 indique une pression normale, ce qui n’est pas normal compte‐tenu de la
chaleur extérieure.
Cette dimension n’est pas forcément évidente à bien cerner et le processus d'interprétation
est soumis à des risques de biais car il dépend de l’utilisateur 1 . Or celui-ci a tendance à :
A ceci s’ajoute une autre difficulté : pour que l’Information soit utile, pour qu’elle crée de la
valeur pour l’entreprise, il faut que toute l’information dont on a besoin pour un problème
1
Cf. (Rowe, 2002)
D’autres capteurs indiquent à chaque tour différentes données. Pour des raisons qui lui
sont propres, un ingénieur a décidé d’envoyer une mesure de la pression atmosphérique en
même temps que la résistance de l’amortisseur dynamique.
Cette donnée est probablement utile, mais il n’est pas nécessaire :
‐ qu’elle soit mesurée par des capteurs dans la voiture
‐ qu’elle soit envoyée à une telle fréquence
‐ qu’elle soit envoyée dans le même lot de données que la mesure de la résistance
2. - Dimension technologique
Les technologies de l'information (TI) doivent assurer cinq fonctions (Saisie, Transmission,
Stockage, Traitement, Restitution) en minimisant les coûts et facilitant l'utilisation.
L’amortisseur dynamique de la Renault R29 indique une valeur de résistance à chaque tour
(saisie). Cette information est transmise du véhicule à l’ordinateur de l’écurie, puis y est
stockée. A la fin de la course, on traite l’ensemble de ces données à des fins statistiques
(par exemple) et on en sort des indicateurs clefs (restitution).
A partir de ses besoins, de ses contraintes… et des offres existantes sur le marché,
l’entreprise va mettre en place des solutions qui vont vivre et évoluer 2 .
3. - Dimension organisationnelle
On peut modéliser les différents métiers de l’entreprise ainsi que leurs interactions en
identifiant une cascade de processus allant des processus de haut niveau aux processus
opérationnels.
Pescau a identifié le processus Améliorer les amortisseurs dynamiques pour le marché de
la F1. Ce processus de haut niveau se décompose en plusieurs processus, eux‐mêmes se
décomposant… pour avoir à un moment dans la chaîne le processus suivant : Récupérer
lors de chaque tour la pression exercée sur l’amortisseur dynamique
2
Cf. (Orlikowski, 1992) (Orlikowski, 2000) sur la flexibilité interprétative caractérisant la capacité des acteurs
de modifier les conditions et les impacts de l'utilisation des outils techniques mis à leur disposition. Les acteurs
vont utiliser les marges de manœuvres à leur disposition pour construire un mode opératoire spécifique
correspondant mieux à leurs objectifs particuliers
Pescau fabrique des amortisseurs haut de gamme, c’est son cœur de métier.
Le département administratif et financier négocie les contrats avec les fournisseurs et
effectue le versement des salaires. Ce département exerce des fonctions support.
Pescau a décidé de modifier les interactions entre la Production et la R&D, maintenant ces
deux domaines sont moins dépendants qu’auparavant. C’est une décision managériale.
Les structures organisationnelles s’adaptent en permanence ; c’est une nécessité, car les
entreprises n’évoluent pas dans un cadre immuable. S’il est vrai que des technologies
émergentes peuvent faire évoluer ce cadre et donc avoir un impact sur les organisations
(internet en est un exemple particulièrement saillant), ce ne sont par les seuls variables à
prendre en compte : s’ils en ont les moyens, les utilisateurs des systèmes font eux-mêmes
évoluer leur poste de travail 3 …
3
Voir à ce sujet les théories de la dynamique du changement organisationnel : la vision du déterminisme
technologique (conférant à la technologie un rôle moteur) et celle, définie en terme d'interactions, qui adopte
une position de déterminisme aménagé en reconnaissant à la fois les capacités structurantes des technologies et
le rôle du contexte social dans un processus de coévolution. Cf. (Reix, 2005) p.60-64
L’outil a muri et on lui a trouvé d’autres champs d’applications (l’aide à la décision par
exemple). Depuis des dizaines d’années on a ainsi mis en place (et fait évoluer…) de très
nombreuses applications, en général peu communicantes entre elles. La gestion de
l’information est alors vite devenue peu efficace et source de contre-productivité (si je dois
saisir le nom d’un client dans deux applications différentes je perds du temps, mais si en plus
je ne mets pas la même information cela risque d’être plus embarrassant …).
Dans les années 80 on a passé une étape supplémentaire en tentant de faire dialoguer ces
applications entre elles et des outils et des méthodes de gestion de la donnée répartie se sont
répandus (SGBDR, normalisation…) puis, au début des années 90 les outils de gestion
intégrés ont fait leur apparition en proposant de prendre en charge plusieurs blocs
fonctionnels 4 de l’entreprise
Quels qu’ils soient, les systèmes d’information fonctionnels (prenant en charge un bloc
fonctionnel) servent deux besoins de nature différente : les besoins opérationnels (effectuer
la paye) et les besoins managériaux. Ces derniers se décomposant en besoins locaux et
besoin de pilotage (stratégique, tactique ou opérationnel selon le niveau du manager dans la
hiérarchie).
Pescau prévoit que la demande sur son PAM‐VX32 va être très forte et a renforcé ses
équipes de production en conséquence. Elle a satisfait un besoin local.
Le responsable de la chaîne de production de ces amortisseurs suit tous les jours le ratio
offre/demande et sa variation afin de prévoir un ajustement sur la chaîne si nécessaire
(pilotage opérationnel)
Le responsable des achats reçoit tous les mois de nouvelles projections sur la vente de ces
amortisseurs ainsi que le réalisé par rapport à l’estimé afin d’ajuster ses commandes en
fibres s’il constate d’importants écarts (pilotage tactique).
Le directoire suit cette expérience avec beaucoup d’intérêt et projette éventuellement de
mettre d’autres produits en vente via ce même canal. Il fait un point spécifique tous les
trois mois sur ce sujet (pilotage stratégique)
Plus concrètement, nous allons décrire maintenant les principaux systèmes d’information
fonctionnels 5 .
Ces grandes fonctions servent la stratégie globale de l’entreprise. Et pour rester compétitive,
innovante… l’entreprise doit définir une stratégie pour continuer à évoluer. Quand la
stratégie est arrêtée, elle se décline sur une ou plusieurs de ces fonctions où on met en place
4
Gestion commerciale, Gestion des Ressources Humaines…
5
(Reix, 2005) pp77-93 et (Laudon, et al., 2008) pp 48-58
En mode de fonctionnement, il est nécessaire de pouvoir avoir un regard critique sur ce qui a
été mis en place afin d’améliorer la chaîne de valeur : il faut donc une remontée des
informations.
Regard critique
• Recherche de la stratégie
Stratégie Recherche
d’améliorations sur les
paramètres stratégiques
• Plannification tactique
Tactique
Recherche
d’améliorations sur les
• Définition et mise en place des contrôles paramètres tactiques
Contrôle
Contrôle des
• Mise en place des opérations opérations
Production
Figure 1
•Plan marketing, prévision des ventes
•Plan de communication, promotion La marge est déjà faible et nos
•Gestion des canaux de distribution concurrents sont mieux
Tactique
•Fixation des prix... positionnés en tarif mais pas en
qualité. Nous décidons de
•Suivi budgétaire mieux communiquer pour
•Analyse des ventes réalisées repositionner clairement le
•Gestion produit et client produit
Contrôle
•Contrôle de la force de vente...
Seulement 20% des devis
•Gestion des commandes (devis, conseil...) réalisés aboutissent à une
•Préparation et livraison (gestion des tournées, expéditions...) commande
Production •Facturation et suivi client (facturation, S.A.V...)
Cela étant, de très nombreux paramètres interviennent dans la mise en place d’un tel système
d'information (taille de l’entreprise, nature des produits, type de clients, structure des
marchés…) et s’il n’est pas possible de déterminer un SI type, on peut a minima déterminer
ce que ce SI doit faire.
1) Du point de vue du client la relation doit être améliorée (suivi des livraisons, meilleure
gestion des délais, communication plus sûre…).
2) Pour l’entreprise, le traitement en masse de données lui donne un accès potentiel à une
grande quantité d’information. Cela lui est nécessaire pour mener des études complexes,
mais peut aussi, comme nous l’avons vu précédemment, être source de bruit et donc contre-
productif 6 . I
2. Gestion de la production
La mission de ce département est de fabriquer les biens que l’entreprise vend. Avant
d’arriver au produit fini, il faut acheter la matière, la transformer, vérifier le produit brut, le
packager, le stocker, le livrer… Et bien entendu, il faut produire ce dont on a besoin avec de
fortes contraintes de délais. S’ajoute à cette liste de tâches la conservation en état de
fonctionnement de l’outil de production.
Toutes ces fonctions peuvent faire l’objet d’une automatisation (y compris les machines qui
sont maintenant « intelligentes »).
6
Cf. §- Dimension informationnelle
Ce sont parmi les premiers systèmes à avoir été informatisés (avec la Gestion de la
Production Assistée par Ordinateur, GPAO) et ont donc pâti des errements de jeunesse liés à
la discipline. Ce facteur est aggravé par la complexité inhérente à ces systèmes (données
complexes, librairie logicielle peu abondante et peu adaptée, matériels spécifiques…) qui fait
que ces SI sont bien souvent très coûteux à mettre en place et requièrent le développement de
solutions dédiées. Face à ces coûts, les entreprises sont contraintes d’adapter leurs processus
de fabrication pour pouvoir utiliser des logiciels commerciaux.
Il n’en reste pas moins que les SI de production ne peuvent pas se permettre d’être trop
complet. Par nature (pour se conformer à un changement de législation, pour rester
compétitif…) une chaîne de production évolue, il coûterait donc trop cher d’avoir un SI
offrant une bonne couverture des besoins pour un temps peut-être réduit.
Toujours dans le même objectif, leur mode de production évolue : on passe d’un plan de
fabrication strict, établi à partir de prévision à des modes en flux tendus où la prévision n’a
pas le même caractère prépondérant. Pour que ce mode soit efficient, il faut particulièrement
soigner la gestion de l’information : elle doit être précise et rapidement acheminée (sinon les
délais s’accroissent et le risque de perdre les clients augmente).
Il n’est pas nécessaire de présenter la figure 1 pour l’activité de gestion comptable car c’est
une activité « passive », qui rend compte, dont la gestion n’apportera pas d’avantage
concurrentiel. Mais comme les écritures sont normalisées (elles doivent suivre le plan
comptable général), les outils de gestion comptables sont légions, ce qui permet à toutes les
entreprises d’automatiser ces tâches répétitives et de produire automatiquement les rapports
légaux. Ce qui permet évidemment de disposer d’une base unique des transactions
financières…
En revanche la gestion financière peut être décrite sous le formalisme présenté figure 1 :
Regard critique :
un exemple
•Politique financière long terme
•Structure du capital Je décide de vendre plus
Stratégie
•Stratégie de fusion/acquisitions... régulièrement via ce canal et
de diminuer mon gearing de
•Plan de financement façon significative et durable
•Plan de trésorerie
Tactique •Gestion de la dette
•Gestion des placements... Je diminue mes frais financiers
en diminuant le montant de la
•Suivi de trésorerie ligne de crédit que j’ai avec ma
•Contrôles budgétaires ‐ Analyse d'écarts banque préférée...
Contrôle
•Suivi des transactions financières
Les particuliers auxquels mes
•Achats (règlements fournisseurs) amortisseurs PAM-VX32 sont
•Ventes (règlements clients) vendus sur internet me sont
•Paie réglés avant livraison (et non
Production à J+90 comme pour
•Impôts
•Calcul de coûts... l’industrie)
Le premier concerne la mise en place de la gestion comptable. Comme nous l’avons vu,
toutes les transactions financières doivent être saisies et centralisées, ce qui nécessite soit
d’équiper tous les points concernés (vente, achats, paie…) —ce qui n’est pas toujours
faisable raisonnablement—, soit de trouver un compromis entre les actions manuelles et
automatisées en ayant recours à des solutions d’échange de données. Dans ce cas, on peut
imaginer qu’un point de vente très éloigné scanne ses factures et les envoie par un logiciel
spécialisé à un centre de traitement.
Toutes ces fonctions peuvent faire l’objet d’une automatisation (y compris les machines qui
sont maintenant « intelligentes »).
Regard critique :
un exemple
•Politique et plans d'emploi
•Politique de rémunération
Stratégie
•Politique de valorisation (promotion, formation...) Mise en place d’un plan de
progression pour confier plus
•Prévision d'embauche, programmes de recrutements de responsabilités à certaine
•Budget de personnels personnes en prévoyant de
•Programme de formation recruter quelques profils
Tactique
•Plans de promotion juniors dont la rémunération
•Incitations personnalisées (participations, actionnariat...) fera baisser cette masse
•Contrôle de recrutement et suivi des embauches salariale.
Contrôle
•Contrôles du personnel et des formations
La masse salariale de
•Suivi du personnel (charges, budget, absentéisme...) production semble très
•Prospections, recrutements, embauches importante
•Calcul des salaires, des primes... Un cabinet spécialisé
•Relations sociales (légales ou non) confirme cette impression.
Production
•Licenciements, départs
•Contacts avec les anciens salariés...
Les systèmes d'information des GRH sont basés autour d’une base de données la plus
complète possible sur les salariés (tout en ne contenant que les informations strictement
nécessaires à l’entreprise). Elle peut en outre contenir des donnés qualitative concernant les
souhaits exprimés des salariés, les compétences et les possibilités de chacun, son insertion
dans le modèle de l’entreprise…
7
Qui peut être exorbitant, cf. les engagements de l’industrie historique du secteur automobile aux Etats-Unis…
Dans tous les cas, si peut mettre à disposition des employés une partie de ce SI, il est
essentiel de conserver un dialogue direct avec les salariés et de ne pas s’abriter derrière le
système pour justifier des décisions. En effet, il y toujours de la subjectivité dans les rapports
humains, il faut l’assumer…
Enfin, la confidentialité des données personnelles doit être assurée dans le respect de la loi
informatique et libertés 8 .
8
Article 1 : L'informatique doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit s'opérer dans le
cadre de la coopération internationale. Elle ne doit porter atteinte ni à l'identité humaine, ni aux droits de
l'homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques
On peut même aller plus loin : le chef d’atelier a besoin de savoir qui sera sur la chaine de
production sur les jours à venir. Afin d’éviter que la chaîne ne puisse pas fonctionner, s’il est
d’accord avec une demande, il saisi une demande dans un logiciel. La GRH regarde s’il reste
des vacances au salarié et peut valider ou non la demande. Dans tous les cas le chef d’atelier
a une vision synthétique des présents à une date donnée à l’aide de ce même logiciel. Enfin,
la gestion comptable tire l’essentiel des données dont elle besoin pour établir la paie (était-ce
un congé sans solde ? combien de jours de vacances/RTT reste-t’il ?...)
Il est donc clair que les différents systèmes d'information dont nous avons parlé ne sont pas
indépendants, les schémas que nous avons évoqués se situaient dans une perspective
fonctionnelle.
En réalité, les fonctions sont décrites avec leurs interactions et, dans la perspective
d’amélioration de la gestion de la donnée au sein d’un système d'information, on ne décrit
pas un processus verticalement mais également horizontalement.
Comme nous l’avons évoqué lors de chapitre précédents (cf. §I.II.5-Organisation et §I.III.3-
Dimension organisationnelle), il est nécessaire d’avoir une vue des fonctions d’une
entreprise et des interactions entre ces fonctions. A partir de là on peut aboutir à un SI
efficient. Ces processus peuvent être modélisés de façon plus ou moins complexe, le schéma
ci-dessous vous propose une version simplifiée adaptée à la création d’un nouveau modèle
d’amortisseur nécessitant des investissements conséquents.
Analyse
Qualité
Achat de
matières Production
premières
Facturation
Tenue des
Ventes
stocks
Prévision Analyse
de ventes des écarts
- A l’image d’une ville ou le changement est rarement brutal mais diffus, les SI
évoluent progressivement sans remise en cause de l’ensemble et en acceptant la
cohabitation de systèmes hétérogènes.
- Comme dans une ville où la rénovation d’un quartier n’empêche pas l’électricité
d’être distribuée dans les quartiers adjacents, il faut que la modification d’une partie
du système d'information soit sans impact sur le reste du SI.
- Comme dans une ville où le sous-sol peut-être différent d’un quartier à l’autre,
conduisant à des différences dans les règles de construction, certaines parties du SI
peuvent être soumises à des règles plus strictes que d’autres
- Il existe des villes agréables à vivre, bien conçues car l’urbaniste a créé des règles
précises qui ont été respectée. De même pour le SI, il est nécessaire de définir des
règles suivies et respectées pendant des années (et donc indépendantes des
technologies) afin de pouvoir évoluer durablement dans un cadre souple et adapté.
9
Cf. (Morley C., 2005) pour approfondir la notion de processus, leurs modélisations…
10
Cf. J. Sasson in (Urba-SI, 2003)
On définit ainsi des boîtes gigognes dans lesquelles on décrit l’architecture existante :
Puis, en ayant en tête le SI cible, on défini un plan d’occupation des sols (POS) avec le
découpage suivant :
- Domaines fonctionnels
- Blocs fonctionnels
- Activités
On passe donc d’une vue gigogne pilotée par les applications à une vue gigogne pilotée par
les processus.
Ce POS comporte également le corpus des règles d’urbanisation et les architectes techniques
et fonctionnels s’assureront que toute demande, toute nouvelle application trouvera sa place
dans le POS.
L’urbanisation peut donc être vue comme le schéma directeur du Système d'Information 11 .
2. Intégration vs Fédération
L’urbanisation propose un moyen rigoureux de passer d’un système hétérogène à un système
véritablement souple et communiquant mais n’aborde pas (dans sa méthode tout du moins)
la question de l’intégration.
Il existe deux moyens très différenciés de faire communiquer des domaines entre eux :
- soit en mettant en place des solutions déjà intégrées au sein d’un même ensemble
(intégration a priori). Comme nous l’avons vu lorsque nous avons décrit les
principaux systèmes d'information fonctionnels, ceux-ci sont naturellement imbriqués
les uns dans les autres. Ainsi, l’idée d’un système intégré de gestion unique,
implémentant toutes les fonctions de gestion, s’est rapidement imposée. L’intérêt
d’une telle solution est de ne pas avoir d’effort à faire pour que ces grandes fonctions
dialoguent entre elles : la communication est « native ». Le principal défaut de cette
approche en est sa rigidité. Comme le souligne R. Reix (op. cit.), « en terme
d’urbanisation cela reviendrait à la construction en un temps très court d’une ville
entière définie complètement dès le départ ». Nous avons tous en tête des exemples de
problèmes qui se sont posés lors de la construction d’une maison alors à l’échelle
d’une ville…
Une approche plus modulaire a ensuite vu le jour vers le début des années 90 avec
l’émergence des progiciels de gestion intégrés (PGI ou ERP pour Enterprise Resource
Planning). Par leur modularité, ces systèmes peuvent être mis en place plus
11
Cf. (Bonne J.-C., 2004) et (Longépé, 2006) pour faire un parcours approfondi de l’urbanisation des SI
Bien que la force d’un PGI soit de pouvoir implémenter tous les systèmes
d'information de gestion, ils sont malgré tout spécialisés : PeopleSoft est reconnu dans
la gestion des ressources humaines et de la relation clients auprès des grands comptes
alors que SAP, incontestable leader du marché a une offre perfectible pour les PME et
souffre de la concurrence d’Oracle sur ce segment (depuis le rachat de Siebel).
- soit en fédérant les systèmes en mettant à leur disposition toutes les informations dont
elles ont besoin (intégration a posteriori). Le constat fait dans ce type d’approche est
qu’au fil des années nous avons eu une multiplication des interfaces entre les
logiciels. Elles sont de génération différente (au fil des années…), souvent mal
maîtrisées, parfois obsolètes et toujours trop nombreuses…
On a alors mis en place des solutions centralisant toutes les informations transitant
entre les applications en normalisant les échanges par le biais d’un format pivot. Ces
middlewares (car ils sont au milieu des applications) sont aussi appelés Enterprise
Application Integration (EAI).
Cette solution comporte l’avantage de ne pas remettre en cause des applications qui
peuvent par ailleurs offrir toute satisfaction en se concentrant uniquement sur leurs
échanges.
Les principales activités sont : (1) les achats avec des interactions avec les fournisseurs, (2)
la production et (3) la vente avec des interactions avec les clients. Ces trois fonctions
peuvent être rendues par un logiciel intégré ou par l’implémentation de systèmes spécialisés,
mais ces modes correspondent à des logiques locales, c’est-à-dire sans interactions avec les
organisations, soit en dehors d’une logique d’entreprise étendue.
Enfin, il existe un dernier système d'information logistique, via internet, dans lequel
l’entreprise émet des appels d’offres sur une plate-forme d’achat sur laquelle sont présents
plusieurs fournisseurs et vend ses produits sur une place de marché.
La difficulté d’un tel système (dans le cadre de l’entreprise étendue) tient justement à sa
spécificité : les partenaires doivent être dotés de système communiquant et ne peuvent pas
toujours être dotés du même système (les entreprises ont plusieurs fournisseurs et les
fournisseurs ont plusieurs clients…).
Par ailleurs, pour que ce soit efficace, il faut que la chaîne soit rapide et fiable : si la chaîne
n’est pas rapide il y a une dégradation du service au client et si elle n’est pas fiable, en plus
d’une moindre qualité de service s’ajoute un surcoût lié à la gestion de l’erreur.
Fournisseurs
Achat
Production
Vente
Clients
Fournisseurs
Progiciel de
gestion intégré
Clients
Fournisseurs
Systèmes ou
PGI
Clients
Plate‐forme
d’achat
Systèmes ou Clients Clients Clients
Fournisseurs PGI
Fournisseurs Place de
Fournisseurs
marché
1. Aide à la décision
Nous savons que la qualité de la production des amortisseurs PAM‐VX32 n’est pas aussi
bonne qu’auparavant : 5% de la production ne passe pas les tests qualité.
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à cette baisse de qualité :
‐ nous avons réduit les coûts en prenant des fibres de carbones de moindre qualité
‐ notre nouvelle machine‐outil perfectionnée est‐elle bien configurée ?
‐ le personnel est‐il bien formé ?
Le risque est que ma marge soit moins importante que ce qu’elle était avant ces
investissements et que mon ROI soit négatif. Sachant que nous sommes en période de test
avec la machine, dois‐je revenir en arrière ou ais‐je une visibilité suffisante qui m’assurerai
de la profitabilité de l’opération ?
La prise de décision peut se faire selon trois des quatre niveaux hiérarchiques de la figure 1,
à savoir Stratégique, Tactique et Contrôle. Plus la décision se fait à un niveau élevé plus elle
se fait sur des paramètres subjectifs. On parle de degré de structuration de la décision (de très
fortement structurée à complètement non-structurée). A titre d’exemple, la figure suivante
montre des niveaux de management et les degrés type de structuration qui correspondent :
12
De la bureaucratie mécanique aux organisations apprenantes avec un rôle important du management
participatif et du partage des responsabilités
Les décisions non-structurées sont issues d’une évaluation et d’un jugement en partie
subjectif de la part du décideur. Ces décisions sont en général uniques et les décideurs
peuvent difficilement capitaliser sur une expérience en la matière. Ce sont des décisions qui
posent essentiellement un problème d’intelligence : le problème est à définir, il n’existe pas
de solution il faut l’inventer.
Les dirigeants ont par exemple besoin de quantité de données macro et micro-économiques
et financières qui vont lui donner une visibilité (subjective encore) qui lui permettront une
décision.
Pescau est positionné sur un segment très haut de gamme et a donc une clientèle de
spécialistes. Si cela comporte de nombreux avantages (marges importantes, peu d’impayés,
clientèle stable, peu de cyclicité…) cela a le grand inconvénient de restreindre
drastiquement le potentiel de clients.
Pescau se pose alors la question de créer des amortisseurs milieux de gamme pour étendre
considérablement sa clientèle.
Le top management se pose alors les questions suivantes :
‐ Ma marque va‐t‐elle souffrir de ce nouveau positionnement ? Dans quelle mesure ?
‐ Quel est le potentiel de nouveaux clients que je peux toucher ?
‐ Je vais accroître ma vulnérabilité aux cycles économiques, est‐ce le bon moment ?
‐ …
Les décisions structurées sont en revanche répétitives et issues d’un processus bien établi et
ayant fait ses preuves. Les décideurs peuvent donc exercer leur prérogative avec un
minimum de subjectivité (voire aucune si cela était possible). Ces décisions posent
essentiellement un problème de choix : le problème est bien défini, il me reste à choisir la
solution.
Contre toute attente (en particulier nos prévisions…) nous constatons que la croissance des
ventes du PAM‐VX32 par les canaux traditionnels (hors internet) décline fortement. Nous
demandons alors des rapports quantitatifs à nos différents centres de ventes, mais ceux‐ci
ne nous exonèrerons pas d’aller sur place pour mener des interviews afin de mieux
comprendre le problème…
Modélisation Evaluation
•Découverte et •Choix d'une
formalisation du •Mise en évidence solution •Implémentation
problème de solutions et teste de la
solution choisie
Intelligence Choix
C’est un modèle essentiellement cognitif (le décideur pense avant d’agir) avec tous les biais
que cela engendre et que nous avons brièvement décrits (cf. § I.III.1- Dimension
informationnelle).
Sur l’exemple précédent, nous avons :
1‐ un problème avec la moindre croissance des ventes de PAM‐VX32,
2‐ le fait que Pescau pense pouvoir agir sur le problème,
3‐ le fait que Pescau ait décidé d’agir
4‐ le fait que Pescau ne sait pas vraiment quelles sont les causes du problème.
Il n’est pas encore structuré et nécessite d’être approfondi.
Comme le précise M. Landry (op. cit.) : « Avec les problèmes non structurés, il devient
évident que l’aide à la décision s’appuie sur la formulation d’un problème qui n’est jamais
définitivement fixée et qui peut toujours être remis en cause. L’activité d’aide à la décision
ne peut plus être envisagée comme ce cheminement assuré qui partirait du "vrai" problème
découvert grâce à des analyses empiriques objectives conduites à l’aide de méthodes
rigoureuses et qui déboucherait par voie déductive sur la "bonne" décision. L’aide à la
décision prend alors davantage l’allure d’une démarche heuristique où un sens s’impose peu
à peu par élimination successive d’autres sens possibles ».
Pour prendre une décision il est donc nécessaire d’avoir pu évaluer et interpréter les
différentes informations afin de leur donner un sens qui conduirait à une correcte
formulation du problème.
c) Outils
Nous venons de voir assez clairement que la principale difficulté dans la prise de décision en
environnement complexe était la formalisation du problème. Si les outils d’aide à la décision
13
(Landry, 1997)
14
Cf. une approche de la carte cognitive appliquée aux domaines complexes (Pearson J., 1998)
1. Un système de gestion de base de données (avec une base de données) capable de stocker
et restituer les données nécessaires à la résolution du problème.
Mais un tel système n’est pas forcément très compliqué : Excel avec son solveur et les
tableaux croisés dynamique permet d’élaborer simplement un outil d’aire à la décision…
Par ailleurs, compte-tenu de la très grande diversité des questions que peut se poser le top-
management, ces systèmes ne doivent pas suivre des modèles trop fermés.
Provenant en droite ligne des outils dédiés aux dirigeants, il existe aujourd’hui de tableaux
de bord présentant de manière synthétique toutes les informations courantes utiles à
l’examen d’une situation. Ces feuilles regroupent en général des graphiques très explicites et
peu de données, permettant une analyse rapide et efficace de la situation. Compte-tenu de
l’évolution de la gestion et de la présentation de l’information, ces synthèses sont maintenant
disponibles pour tous les niveaux hiérarchiques et non seulement pour les dirigeants.
15
Il existe plusieurs types de modèles : Iconique (représentations réduites), Analogique (représentations
symboliques), Symbolique (mise sous équations)…
- Les systèmes experts : un moteur d’inférence fait le lien entre une base de faits et une
base de règles pour interpréter les règles et les appliquer aux données afin de produire un
raisonnement.
- Les agents intelligents : petits programmes dédiés à un ensemble restreint de tâche mais
qui dispose d’une certaine autonomie pour les réaliser. Ces agents sont très présents sur
internet.
- Les réseaux de neurones. Appelés ainsi car ils se fondent sur des éléments atomiques
ayant une entrée (ou synapse), un noyau cellulaire et une sortie (ou axone). Ces éléments
atomiques (les neurones) sont reliés entre eux pour former un réseau et le principe de
fonctionnement est que ces réseaux sont capables d’enrichir une base de connaissance de
départ. Un peu comme un enfant qui grandit…
- La logique floue est une technologie basée sur un corpus de règles qui comportent
imprécision et subjectivité. Cela tente également de modéliser le comportement humain :
l’âge a des valeurs différentes selon qu’il s’agit de celui d’un homme ou d’une planète.
Dans ce cas, jeune peut valoir 10 ans ou 10 millions d’années Et encore dans ce cas, 10
ans peut être très jeune ou très vieux (pour sucer son pouce par exemple)…
- Les systèmes virtuels. Dans son acceptation la plus aboutie, ces systèmes sont de
véritables environnements numériques dans lesquels on peut évoluer, un monde virtuel
composés de différents stimuli qui en font des représentations de plus en plus
convaincantes du monde réel.
a) Définition
Pour certains 16 la communication doit être comprise comme un processus social permanent
intégrant de multiples modes de comportements (parole, geste, regard, espace…) où les
signaux sont de deux natures (digitale ou analogique) tandis que pour d’autres 17 elle peut
être comprise comme une construction de sens (émergent d'un contexte : spatial, culturel,
temporel, identité des acteurs...).
Dans tous les cas nous nous trouvons loin de l’idée simple dans laquelle la communication
consiste à transmettre et recevoir un signal…
Toute réflexion sur la "bonne" façon de communiquer doit commencer par les questions
« Avec qui » et « Pourquoi ». Le schéma suivant, emprunté à (Keen, 1991) montre les
principales utilisations potentielles des technologies de la communication.
N’importe qui
N’importe où
Clients et fournisseurs
potentiels
Clients et fournisseurs
actuels
Dans l’organisation,
sur d’autres sites
Dans l’organisation,
sur place
Accès à des Transactions
Messages Transactions
données coordonnées
courants séparées
stockées coopératives
POUR QUOI FAIRE
Le choix sera fait en fonction —notamment— de leurs capacités à : (Reix, R., op. cit p. 196)
16
Cf. (Winkin, 1996)
17
(Mucchielli, et al., 1998)
Le choix sera donc issu d’un compromis et plusieurs théories viennent à notre secours pour
nous guider dans notre choix dont deux sont présentées ici.
Ces auteurs proposent alors la théorie de la richesse des médias, centrée sur le fait que
l’organisation doit faire face non seulement à l’incertitude, mais également à
l’ambigüité et qu’elle dispose de médias plus ou moins riches.
Cette théorie a été adaptée pour mieux prendre en compte les acteurs et les contextes
(théorie de l’expansion du canal). La richesse est étendue à la perception de
l’utilisateur, son expérience et sa connaissance du sujet…
2) La théorie du genre. Les auteurs réfutent le média en tant que vecteur principal d’aide
à la communication. Yates et Orlikowski préfèrent considérer l’association entre
l’objectif de la communication et sa forme (ce qu’ils appellent le genre de
communication).
Un genre peut être caractérisé par son objectif social et ses caractéristiques formelles
(lettre d’embauche, réunion tactique hebdomadaire…). C’est donc un cadre à
l’intérieur duquel a lieu une action de communication.
b) Applications
Le développement de certaines technologies a ouvert des champs d’application
particulièrement importants avec notamment le travail de groupe et le développement des
systèmes inter-organisationnels.
1) Le travail de groupe permet à un ensemble de participants, situés en des lieux pouvant être
différents, d’agir collectivement sur une tâche en un temps déterminé. Les outils d’aide au
travail de groupe fournissent donc une assistance à la gestion de la communication entre les
intervenants (outils collaboratif par exemple) et à la résolution de la tâche en question (outils
d’aide à la décision)
18
Cf. (Daft, et al., 1986)
2) Les SII permettent la communication entre entreprises ayant des liens commerciaux. La
valeur ajoutée de ces systèmes est de mettre en place une communication bidirectionnelle
permettant aux deux entités d’accroitre leur efficience. Le Supply Chain Management en est
un exemple typique :
Ces échanges se font par voie électronique sécurisée et les messages sont normalisés, on
parle alors d’EDI (Electronic Data Interchange)
a) Définition
Les systèmes d’aide à la gestion des connaissances améliorent au fil du temps la qualité de
l’information et permettent une meilleure efficacité du processus d’aide à la décision. Leur
particularité est de faire en sorte que l’entreprise apprenne constamment de son
environnement et qu’elle capitalise sur cet apprentissage.
La notion même de connaissance est un concept qui peut recouvrir différentes acceptation :
connaissances conscientes et non-conscientes (inconscientes, subconscientes…) et qui
peuvent s’appliquer à différents domaines. Pour être encore plus complet, (Polanyi, 1967)
nous dit que « nous savons plus que ce que nous pouvons exprimer » et propose de
différencier la connaissance tacite de la connaissance explicite.
De manière plus générale, retenons la définition donnée par (Alavi M., 2001) : « la
connaissance est de l’information détenue dans le cerveau des individus : c’est de
l’information personnalisée (qui peut être nouvelle ou non, unique, utile ou précise) liée à
des faits, des procédures, des concepts, des interprétations, des idées, des observations des
jugements… La connaissance est le résultat d’un processus cognitif : l’information est
convertie en connaissance quand elle est traitée dans le cerveau des individus et la
L’information est utile pour transférer des connaissances et les connaissances nous
permettent d’interpréter l’information.
1. l'expérience,
2. les informations dont nous disposons,
3. les savoirs acquis.
(i) Création.
Cette phase est mise en œuvre au sein de l’entreprise lorsque cette dernière acquiert de
nouvelles connaissances ou met à jour les anciennes. Il s’agit d’un apprentissage
organisationnel. C’est-à-dire que l’entreprise améliore les réponses qu’elle peut apporter
vis-à-vis d’une situation.
19
Cf. (Nonaka, 1994)
Organisations
Groupe
Individu
Temps
(ii) Conservation
Pour pouvoir être utiles, les connaissances acquises par l’organisation doivent être
conservées afin de se prémunir contre une perte de connaissance. Il s’agit de mémoire
organisationnelle. Cette mémoire est alimentée par trois vecteurs :
1. L’individu. Il stocke (en général dans des fichiers) ce qu’il a fait afin de pouvoir le
réutiliser.
2. La structure. L’entreprise a mis en place des missions, des règles, des procédures et
conserve un grand nombre de données qui peuvent être exploitées.
1‐ Le PAM‐VX32 est produit par une machine pilotée par un opérateur qui la manipule depuis
des années. Il a constaté que le produit fini avait des qualités différentes selon les
conditions hygrométriques. La machine peut permettre de stocker certains paramètres afin
qu’ils soient réutilisables et l’opérateur en a créé 3 : humide, normal et sec.
2‐ Un chef d’atelier part à la retraite. Il était en place depuis des années mais le risque
opérationnel lié à son départ est faible car Pescau, régulièrement à ce cas, a formalisé une
procédure de passage de témoin
3‐ L’entreprise n’accorde pas de crédit aux particuliers, cela ne s’est jamais fait et même si ce
n’est pas formalisé, cela ne se fait toujours pas.
(iii) Communication
(iv) Application
Pour que cette gestion porte ses fruits il faut que la connaissance, maintenant extraite,
stockée et partagée soit utilisée. Ceci ne se fait pas naturellement, aussi faut-il mettre en
place des véhicules adaptés :
- Des directives
- Des routines organisationnelles
- Des équipes spécialisées dédiées à la résolution de problèmes complexes
c) Outils
Si on peut considérer que tout système d'information contribuant à l’amélioration de la
gestion de la connaissance est un système d'information d’aide à la gestion des
connaissances, il existe des systèmes complexes permettant de supporter cette fonction (les
KMS pour Knowledge Management Systems) et intervenant sur chacune des quatre étapes
définies auparavant.
La conservation est une partie cruciale pour les KMS : la forme de la structure de donnée
doit être choisie avec soin pour avoir la meilleure efficacité (données, images, sons…) et
chacune de ces données doit pouvoir être rattachée à des attributs lui donnant un sens (afin
de pouvoir être récupérée en cas d’interrogation).
Certains systèmes, en particulier ceux qui implémentent des modèles basés sur la
connaissance comme systèmes experts, vont tirer pleinement profit de ces systèmes
d'information. En général, l’application se fait par le biais de création ou mises à jour des
routines, procédures…
Ces entreprises ont un avantage compétitif sur les autres, ne serait-ce que parce-que nous
venons de les citer… Elles ont en général de meilleurs résultats financiers que leurs
consœurs et sont dans un cercle vertueux qui fait qu’elles ont une tendance naturelle à
accroître cette avance.
L’évolution des technologies de l'information et des méthodes qui les servent permet
d’utiliser les systèmes d'information à des fins stratégiques. Compte-tenu de la force et de la
diversité de la concurrence, la stratégie des entreprises doit pouvoir être remise en cause
dynamiquement afin de se réorienter avec la meilleure efficacité et à moindre coûts 20 .
- Concurrence traditionnelle. Les entreprises avec lesquelles nous partageons notre part
de marché, qui sont établies depuis un certain temps et qui ont les mêmes préoccupations
que les nôtres (au sens des forces de Porter).
20
Cf. (Sambamurthy, 2000)
21
Cf. (Porter, 1985), (Porter, 1998)
- Fournisseurs. Le prix demandé par un manufacturier pour un produit est issu d’un
équilibre délicat entre les forces vues ci-dessus. Ce prix tient en particulier compte du
coût d’achat de la matière à transformer. Plus l’entreprise peut répercuter rapidement les
hausses du coût de ces matières sur le consommateur, moins elle est sensible à cette
variable. Par ailleurs, plus une entreprise diversifie ses fournisseurs, plus elle diminue sa
sensibilité aux fournisseurs et peut faire jouer une émulation concurrentielle, mais elle
peut perdre sur les prix obtenus car la multiplication des fournisseurs diminue l’effet
volume et donc les remises consenties.
Technologies de l’information
Nouveaux Produits de
entrants substitution
T. T.
I. Entreprise Concurrence I.
Fournisseurs Clients
Technologies de l’information
Bien que ce modèle nous donne une vision de notre environnement et peut donc aider à
formuler une stratégie, il ne rentre pas dans les détails des actions et des méthodes qui
permettraient d’obtenir un avantage compétitif.
Porter et Millar (Porter, et al., 1985) fournissent une réponse avec le modèle de la chaîne de
valeur. Ce modèle met l’accent sur les activités où les stratégies de compétition peuvent être
les plus efficaces. Ce modèle montre l’entreprise comme une série d’activités connexes qui
ajoutent de la valeur à la production des biens ou des services de l’entreprise. Ces activités
sont classées en activités primaires qui permettent la production et la distribution des biens
et des services ou en activités de soutien venant à l’appui des activités principales en en
assurant le fonctionnement.
Gestion des ressources humaines :
Activités
Système de gestion des plannings, BD de compétences
de soutien M
Développement technologique :
a
Conception Assistée par Ordinateur
r
Gestion des réapprovisionnements : g
Systèmes d’achat électronique, EDI e
Logistique Production Logistique Marketing S.A.V.
d’appro de vente et vente
Activités
primaires JiT Fabrication Ventes Vente Maintenance
AO AO électronique à distance
Fournisseurs
des Fournisseurs Entreprises Distributeurs Clients
fournisseurs
Systèmes logistiques Systèmes de gestion
d’approvisionnement de la relation client
2. Agilité compétitive
On peut se demander comment on peut acquérir un avantage compétitif si tout le monde
raisonne et agit de la même manière… Pour conserver cet avantage, il faut avoir de l’avance
sur la concurrence, c’est-à-dire pouvoir faire rapidement ce que la concurrence fait
normalement. Une composante de la stratégie est alors l’agilité compétitive. 22
L’externalisation a certains désavantages : il y aura des coûts de gestion externes ainsi que
des coûts supplémentaires spécifiques liés : recherche du prestataire, négociation des
conditions… (ce sont les coûts de transaction selon O. E. Williamson). Elle a en revanche
des aspects positifs : en contrepartie de ces coûts de gestion externes il y a une baisse des
coûts internes et une réduction considérable de l’activité de production (et des coûts
associés). Comme l’externalisation modifie la chaîne de valeur, les gains dépendent donc de
sa structure, en revanche elle améliore incontestablement l’agilité stratégique de
l’entreprise : elle peut aisément changer de prestataire en modifiant ses interfaces et ceci sera
d’autant plus facile que ces dernières auront été implémentées à l’aide des technologies de
l'information et que l’interfaçage sera souple et aisément modifiable.
22
R. Reix, op. cit. pp. 287-291
Ressources Autres
en T.I. ressources
Apprentissage
Capacités organisationnelles
Situé
Ensemble coordonné de ressources
Compétences spécifiques
Formalisées dans des processus
Performance de l’organisation
Ces capacités sont intégrées dans les processus de l’entreprise au sein desquels se font des
apprentissages situés conduisant à de nouvelles connaissances sur lesquelles la firme peut
capitaliser.
Dans la communication avec l’écurie Renault pour la mise au point de l’amortisseur
dynamique, Pescau s’est rendu compte que les données transmises par l’écurie donnaient
encore lieu à trop d’interprétations techniques.
Afin de cerner plus efficacement le problème, pendant la campagne de mise au point,
Pescau détache un spécialiste équipé d’un banc de test. Ce dernier reçoit les données, place
l’amortisseur sur le banc et l’adapte avec l’aide des pilotes.
Ceci a conduit à une division par deux du nombre de modifications des amortisseurs sur la
chaîne de montage et permet par ailleurs à l’entreprise d’acquérir une connaissance très
fine des besoins de l’écurie dans cette période (y compris sur des sujets autres que les
amortisseurs…)
23
Resources based view. (Ciborra, et al., 1991), (Bharadwaj, 2000), (Mendelsohn, 2000)
- une entreprise est d’autant plus profitable que son SI est aligné sur sa stratégie ;
- la moitié des profits de l’entreprise peut être expliqué par cet alignement.
Une bonne façon d’acquérir un avantage compétitif est donc de réaliser cet alignement.
La construction d’un système d'information est guidée par les besoins qui seront satisfaits à
l’aide de ressources. Une des bases de la construction est de s’assurer que les ressources
soient bien en adéquation avec les besoins (modèle de cohérence) et que les choix des
technologies de l'information soient bien en ligne avec la stratégie (modèle de l’alignement
stratégique).
1. Modèle de cohérence
Cette cohérence est assurée si l’entreprise arrive à obtenir cet équilibre délicat : elle gaspille
des ressources si elle a trop de capacité et perd en efficience s’il lui en manque ou si elle ne
prend pas en compte tous les projets.
Dans la prise en compte de cette équation il faut en outre rajouter le coût de la ressource :
faut-il mettre en place une ressource donnée compte-tenu de son coût et du gain attendu ?
L’entreprise a besoin d’informations pour son fonctionnement et ce besoin est d’autant plus
important que :
En face de ce besoin il faut mettre une capacité d’absorption adaptée. Ceci peut se faire en :
En tout état de cause, les besoins sont dictés par la stratégie de l’entreprise. Ce qui conduit
en général à adapter les ressources, mais peut également la conduire à revoir sa stratégie…
24
Cf. (Luftman, 2003)
Incertitude de
Structure
l’environnement
Performance
Incertitude de la Technologies de
tâche
de la relation l’information
Cette mise en cohérence repose sur le fait que plus le développement des SI respecte la
stratégie générale, meilleure est la performance de l’entreprise.
Le modèle repose sur deux axes : celui de l’intégration stratégique représentant les relations
avec les partenaires, et celui de l’intégration fonctionnelle représentant les relations entre les
domaines de l’entreprise et les technologies de l'information. L’alignement stratégique vise à
appliquer la cohérence sur quatre domaines :
- la stratégie générale,
- la stratégie des technologies de l'information,
- la structure de l’entreprise et son organisation,
- le système d'information.
Soit :
A P
1
Externe Stratégie de l’entreprise Stratégie de développement technologique
Objectifs de Domaine
l’entreprise technologique
Infrastructure I
Infrastructure
des
administrative
applications
Interne
Infrastructure et processus Infrastructure et processus des SI.
de l’entreprise Développement des SI
Domaine de Intégration Domaine
l’entreprise fonctionnelle des T.I.
3. Schéma directeur
Avant de mettre en œuvre cet alignement, il est nécessaire de le prévoir, de le planifier. Il
existe plusieurs chemins possibles, chacun contenant des projets ordonnancés sur une échelle
de temps, permettant de réaliser cette tâche. La planification permet :
Comme tout travail de fonds pouvant avoir des impacts organisationnels transversaux
importants, la mise en œuvre de ce schéma directeur nécessite l’engagement explicite de la
direction générale avec un pilotage qui lui revient.
Une analyse stratégique –selon les axes du modèle de Porter- permet d’identifier ces facteurs
qui aboutissent eux-mêmes au schéma directeur. Soit, selon (Chokron, et al., 1987) :
• Analyse de l’environnement
Phase 1 : prise en
• Opportunités, menaces, contraintes
compte
des orientations
stratégiques • Ressources et compétences de l’entreprise
• Facteurs clefs de succès
• Critères et objectifs associés aux FCS
• Tâches et activités nécessaires à la réalisation des FCS
Phase 2 : • Informations associées à la réalisation des tâches
Etablissement du
schéma directeur • Identification des processus autour desquels se regroupent les informations
• Identification et hiérarchisation des SI correspondants
• Schéma Directeur
Se focalisant sur un sous-ensemble des projets de l’entreprise (ceux identifiés par les FCS),
cette méthode n’offre pas toutes les garanties de cohérence (même si elle en considère
b) Renversement de la logique
Comme nous l’avons évoqué, les technologies de l'information sont mises au cœur de cette
démarche, elles sont considérées à l’origine de la réflexion stratégique.
La démarche consiste à se demander en quoi les technologies de l'information pourraient
aider l’entreprise à acquérir un avantage compétitif –toujours selon les axes du modèle de
Porter.
•Analyse de l’environnement
Phase 1 : prise en •Apport des technologies de l’information
compte
des orientations •Opportunités, menaces, contraintes
stratégiques et de
l’apport des •Apport des technologies de l’information
technologies de
l’information •Ressources et compétences de l’entreprise
•Apport des technologies de l’information
•Facteurs clefs de succès
•Critères et objectifs associés aux FCS
Phase 2 : •Tâches et activités nécessaires à la réalisation des FCS
Etablissement du
schéma directeur •Informations associées à la réalisation des tâches
•Identification des processus autour desquels se regroupent les informations
•Identification et hiérarchisation des SI correspondants
•Schéma Directeur
Le portefeuille de projets étant défini, il convient de mettre des moyens en face de cette
ambition.
a) Infrastructure technologique
Cette ressource représente l’ensemble de la technologie mobilisée pour l’entreprise. C’est
une acceptation au sens large, dans laquelle sont pris en compte non seulement les
équipements matériels (ordinateurs, antennes GSM…) et logiciels (systèmes d’exploitation,
messagerie électronique…) mais également la connaissance utile pour faire fonctionner cet
ensemble (méthodes, connaissances techniques, organisationnelles…). Cette infrastructure
Infrastructure
TI Capacité TI
Applications
• Connaissances TI • Services
• Matériels
Figure 19 : Infrastructure TI
Pour le système d'information, cette infrastructure apparaît donc comme un élément de base
du SI. En tant que tel, il doit pouvoir être :
- efficient : la capacité utile et seulement celle-là doit être visée dans un souci de bonne
gestion des finances ;
- sécurisé : pour assurer les services (ou un sous-ensemble de services jugés critiques)
quelles que soient les circonstances.
Pour cadrer la réflexion concernant les choix en termes d’infrastructure TI, Weill et
Broadband (op. cit.) nous proposent le modèle Reach and Range qui permet d’identifier nos
besoins selon deux critères : (i) avec qui voulons- nous communiquer (Reach) ? (ii) de quelle
façon (Range) ?
Tous les clients
Tous les fournisseurs
Clients et fournisseurs
de même technologie
Entre unités dans
différents pays
Entre unités dans
Le pays
Entre
établissements
Au sein de l’
établissement
Selon ces auteurs, on rencontre trois façon d’appréhender l’infrastructure TI. Comme :
Les ressources peuvent être considérées de façon très différentes selon le mode
d’appréhension (respectivement comme des dépenses administratives, des charges
productives ou des investissements productifs 25 ) cela montre bien que la gestion de
l’infrastructure TI est un problème complexe qui dépasse les directions informatiques et se
situe au niveau de la définition de la stratégie de l’entreprise.
b) Organisation des SI
Une autre façon d’aborder la volonté de l’entreprise de mettre les technologies de
l'information au cœur de la stratégie est de considérer son organisation.
Il existe trois types de directions informatiques 26 , chacune ayant un impact très différencié
sur la contribution à la stratégie de l’entreprise :
25
Cf. Venkatraman N. in (Scott-Morton, 1991)
26
Cf. (Akoka, 2002)
- les directions informatiques stratégiques dont une mission principale est d’avoir une
attitude volontaire dans l’utilisation des technologies de l'information pour mieux servir la
stratégie générale.
Selon (Akoka, 2002), l’organisation des systèmes d'information peut-être de trois types :
Une autre caractéristique majeure de l’organisation est la gestion des compétences dans un
domaine où les évolutions technologiques rendent rapidement caduques des compétences
nouvellement acquises.
Par ailleurs, les besoins sont rarement en phase avec le marché du travail : les compétences
nécessaires sur une technologie nouvelle sont rares et se trouvent en grande majorité chez les
jeunes diplômés, ce qui pose quelques problèmes : (i) la mise en place de nouvelles
technologies peut coûter plus cher qu’anticipé (financièrement ou temporellement), (ii)
l’expérience, élément précieux dans les projets, (iii) les éléments détenant ce savoir
recherché sont fortement sollicités pour intégrer d’autres structures…
Tous ces éléments, rémanents, sont des arguments forts militant pour la mise en place d’une
gestion des connaissances (cf. §I.VI.4-Aide à la gestion de la connaissance).
- la mise en place d’un projet peut avoir des impacts diffus, et sa contribution à la
performance n’est pas toujours aisément identifiable (mise en place d’une gestion des
connaissances…)
- un nouveau système peut avoir des conséquences significatives sur les postes de travail
(organisation, évolutions…) avec un effet positif ou négatif sur la satisfaction des salariés
et les conséquences que cela peut avoir…
- …
Ces méthodes se heurtent cependant toutes à un problème de fonds : il n’a pas été montré
formellement que le recours aux technologies de l'information avait un lien direct sur la
performance de l’entreprise et donc qu’il n’était pas forcément justifié de raisonner selon le
schéma ressources->transformation->résultats. Si on écarte l’idée d’un lien direct, on
considère un ensemble de ressources, complémentaires, qui concourent en étant utilisées les
unes avec les autres à améliorer la performance de l’entreprise.
Cette démarche part du principe que la direction générale de l’entreprise fixe des objectifs à
ses différentes directions dans le respect de la stratégie globale définie. Les différentes
directions ont donc un même objectif (servir la stratégie) et les moyens sont
complémentaires… Les actions des ces directions doivent donc être cohérentes entre elles et
Objectifs Valeur de marché
finaux Profitabilité
Régulation Compétition
Facteurs clefs de succès
Mesures Design
intermédiaires Qualité
de performance Innovation
Gestion des stocks
Variables Stratégie
Utilisation Process et Contrôles
d’action des TI structure animation
- Adéquation (fit). Cette approche vise à caractériser dans quelles mesures les ressources
sont complémentaires et cohérentes (c’est le fit) et à rapprocher ce fit de l’évolution de la
performance. La grande difficulté de cette démarche est d’avoir un regard critique a
priori sur la cohérence des démarches entreprises (qui peut dire maintenant que
l’organisation mise en place respecte bien cette cohérence ?).
27
Cf. (Barua, et al., 2000)
Les assurances ont une classification dédiée pour les sinistres informatiques. Elle distingue
quatre classes (les accidents, les erreurs, les malveillances, les risques divers) ; près des
deux-tiers des sinistres déclarés ont pour cause les malveillances et cette proportion est en
forte croissance.
Cette préoccupation étant très largement partagée, les entreprises françaises se sont
regroupées pour former un groupe de travail (le CLUSIF pour club de sécurité informatique
France) et ont élaboré avec l’aide des assurances une méthode de prévention des risques : la
Méthode d’Analyse des Risques Informatiques et d’Optimisation par Niveaux (MARION).
p Analyse des q Evaluation des
moyens de la sécurité contraintes
r Choix des moyens
n Analyse des risques
Protection
Prévention
o Expression du
risque maximum s Plan d’orientation
admissible
2. Il faut quantifier la perte (financière, d’image…) pour chacun des risques identifiés en
tenant compte du temps pendant lequel le SI sera sinistré ;
4. la sécurité est contingentée par des questions techniques, humaines, financières… dont il
faut tenir compte (on résoudrait beaucoup de problèmes si on interdisait les échanges
avec l’extérieur, mais cette position n’est pas tenable…) ;
6. ce qui produit un plan d’orientation qui ordonnance et met en œuvre les projets
nécessaires en fonction des moyens retenus.
- les obligations concernant le droit à l’information : qui peut vérifier que les données
personnelles demandées sont nécessaires et suffisantes au bon déroulement du processus ?
Qui peut y avoir accès ? Ceci était déjà une préoccupation avant la généralisation
d’internet mais devient crucial depuis.
Par construction, internet pose des problèmes particuliers : les informations transitant par
plusieurs ordinateurs, localisés dans différentes régions du globe, elles sont susceptibles
d’être conservées (et utilisées) de manière illégale. Et comme internet est un média de
plus en plus largement utilisé (personnellement et professionnellement), les informations
qui y transitent sont de plus en plus importantes à protéger.
Les sites eux-mêmes tentent de tirer partie des habitudes de leurs consommateurs en
installant de programmes légers permettant de conserver les actions faites par les
utilisateurs (ce sont en particulier les cookies les spywares…).
- les responsabilités : qui sera tenu pour responsable d’un dommage causé, et comment le
caractériser ?
- …
Ces questions sont d’autant plus délicates qu’internet n’a pas de frontière et que ce qui est
valable dans un pays peut ne pas l’être dans un autre…
- Identifier la raison qui a amené cette situation. Il s’agit souvent d’un arbitrage entre
l’implémentation d’une solution de facilité (contrevenant aux principes éthiques) et le
développement d’une solution plus complexe ou moins utile.
La difficulté majeure est d’arriver à déterminer ce qu’est une action socialement responsable.
S’agissant de valeurs morales ce sujet est hautement subjectif. Cela étant, nous disposons
d’un ensemble de règles qui peuvent être appliquée afin d’arriver à se déterminer le moins
subjectivement possible :
1. La règle d’or. « Ne pas faire à autrui ce que nous n’aimerions pas qu’il nous soit fait ».
2. L’impératif Catégorique selon Emmanuel Kant. « Si l’action n’est pas bonne pour tout le
monde, alors elle n’est bonne pour personne ».
6. Principe de précaution. Partir du principe que tout ce qui n’est pas explicitement de soi
n’est pas à soi.
Il existe des réponses légales et les Etats tentent de réagir : sous l’impulsion de certains pays
de la communauté européenne, en particulier la France avec la CNIL (www.cnil.fr), le
parlement européen s’est saisi de la question de la protection de la vie privée et émet des
directives. Elles imposent notamment aux entreprises basées en Europe de ne pas utiliser les
informations personnelles sans accord préalable de leur client. Les clients ont par ailleurs la
possibilité d’avoir accès aux informations recueillies, de les modifier et de les supprimer. La
directive va plus loin en interdisant que ces données soient transmises à des sociétés basées
dans des pays qui n’ont pas la même protection (les Etats-Unis en particulier)…
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