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Histoire

du Sabbat

Par J.N. ANDREWS


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Publié par CERA


decouvrirDieu4@gmail.com
© Version française – 2019
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
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PREFACE DE L'AUTEUR

L'HISTOIRE du Sabbat embrasse une période de 6000 ans. Le


septième jour est le Sabbat de l’Eternel. Les actes qui le constituèrent
tel furent : premièrement, l'exemple du Créateur ; secondement, la
bénédiction qu'il prononça sur ce jour ; et troisièmement, sa
sanctification, ou divine consécration à un saint usage. Le Sabbat date,
par conséquent, du commencement de l'histoire de notre monde. Le
premier qui se reposa, qui sabbatisa au septième jour, c'est Dieu, le
Créateur ; et le jour ainsi honoré par Lui, c'est le premier septième jour
du temps. Le plus haut de tous les honneurs possibles appartient donc
au septième jour. Mais cet honneur n'est point confiné au premier
septième jour du temps ; car aussitôt que Dieu s'y fut reposé, il
consacra le septième jour â un saint usage, afin que l'homme pût le
sanctifier en mémoire de son Créateur.
Cette consécration divine ressort de la nature et de la raison d'être
même des choses, et doit avoir été annoncée directement à Adam, vu
que lui et sa femme étaient les seuls êtres qui eussent à faire usage des
jours de la semaine. Comme elle fut adressée à Adam tandis qu'il était
encore dans son innocence, le Sabbat doit lui avoir été donné en sa
qualité de chef de la famille humaine. Le quatrième commandement
base toute son autorité sur ce mandat originel du Créateur, et doit, par
conséquent, être en substance ce que Dieu commanda à Adam et Eve
comme les représentants de l'humanité.
II est impossible que les patriarches aient ignoré les faits et
l'obligation dont le quatrième commandement fait remonter l'origine au
commencement, car Adam fut leur contemporain : pendant une
période égale à plus de la moitié de la dispensation chrétienne. Ceux
donc, d'entre eux, qui marchèrent avec Dieu dans l'observation de ses
commandements, sanctifièrent certainement son Sabbat.
Il faut donc mettre au nombre des observateurs du septième jour les
anciens patriarches craignant Dieu, et personne ne niera qu'il ne faille
également y comprendre les prophètes et les apôtres. A la vérité, tous
les membres de l’Eglise de Dieu qu'embrassent les annales inspirées,
étaient observateurs du Sabbat. Et à tous ceux qui précèdent, il faut
ajouter le Fils de Dieu.
Quelle histoire n'a donc point le Sabbat de l’Eternel ! Institué au
paradis, honoré chaque semaine, pendant la durée de quarante ans, par
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plusieurs miracles, proclamé du haut du Sinaï par le suprême
Législateur, il compte au nombre de ses observateurs le Créateur, les
patriarches, les prophètes, les apôtres et le Fils de Dieu ! Il constitue le
cœur même de la loi de Dieu, et aussi longtemps que cette loi durera,
tout aussi longtemps demeurera l'autorité de cette institution sacrée.
Telle étant l'histoire du septième jour, l'on comprendra qu'on se soit
posé cette question : Comment est-il arrivé que ce jour ait été traîné
dans la poussière et qu'un autre jour se soit élevé â ses honneurs
sacrés ? Les Ecritures n'attribuent nulle part cette œuvre au Fils de
Dieu. Par contre, elles prédisent la grande apostasie qui devait se
produire au sein de l’Eglise chrétienne, et annoncent que la petite
corne, ou l'homme de péché, l'homme sans loi, penserait à changer les
temps et la loi.
Le but du présent ouvrage est de montrer : premièrement, l'histoire
du Sabbat dans la Bible ; deuxièmement, la même dans l'histoire
profane ; troisièmement, l'histoire de la fête dominicale et les divers
degrés par lesquels elle a usurpé la place de l’ancien Sabbat.
L'auteur s'est efforcé de s'assurer en tous points de l'exacte vérité en
consultant, en tant qu'il lui a été possible d'y avoir accès, ses autorités
dans les originaux eux-mêmes. Les notes placées au bas des pages
indiqueront les auteurs auxquels il est le plus redevable des faits
présentés dans cet ouvrage, quoiqu'elles ne présentent qu'une
proportion fort minime des ouvrages consultés. Il a donné les paroles
exactes des historiens, et s'est consciencieusement efforcé de les
présenter de façon à rendre justice aux auteurs cités.
Ce n'est point la faute de l'auteur, si l'histoire de la fête dominicale
présente à son appui une liste si considérable de fraudes et d'iniquités.
Elles sont, dans la nature même des choses, essentielles à son existence,
vu que les droits d'un usurpateur sont toujours fondés sur la fraude. La
responsabilité en demeure sur ceux qui osent les commettre ou les
appuyer. L'ancien Sabbat de l’Eternel n'a jamais eu besoin de secours de
cette sorte, et jamais ses annales n'ont été souillées par la fraude ou par
la fausseté.

J. N. ANDREWS

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TABLE DES MATIERES

CHAPITRE I
La Création p. 13
CHAPITRE II
L'institution du Sabbat p. 17
CHAPITRE III
Le Sabbat remis aux Hébreux p. 35
CHAPITRE IV
Le quatrième commandement p. 45
CHAPITRE V
Le Sabbat écrit du doigt de Dieu p. 51
CHAPITRE VI
Le Sabbat durant le jour de la tentation p. 63
CHAPITRE VII
Les fêtes, nouvelles lunes et sabbats des Hébreux p. 79
CHAPITRE VIII
Le Sabbat de David à Néhémie p. 89
CHAPITRE IX
Le Sabbat de Néhémie à Christ p. 105
CHAPITRE X
Le Sabbat durant la dernière des septante semaines p. 111
CHAPITRE XI
Le Sabbat durant le ministère des apôtres p. 149
CHAPITRE XII (compilation-Laurent THAEDER)
Le Sabbat à travers les siècles p. 181
CHAPITRE XIII (compilation-Laurent THAEDER)
Changement effectué par l’Eglise catholique p. 227
CHAPITRE XIV (compilation-Laurent THAEDER)
Sabbat ou Dimanche ? p. 241

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« Ramener les chrétiens à la Parole écrite, au modèle apostolique,


c'est, vous le savez, l'unique ambition de la Réforme.
...Par malheur, ce que la Réforme a entrepris, la Réforme ne l'a pas
achevé. Lasse, incertaine, elle s'est arrêtée avant d'avoir retrouvé les
traces dès longtemps perdues de l'Eglise de Jésus-Christ. Il reste
donc quelque chose à compléter aujourd'hui.
...Il faut achever la Réformation. Et qu'est-ce que la Réformation ?
Une invention humaine ? Non. Un retour pur et simple au
christianisme primitif, au modèle apostolique.
La réformation du dogme a remonté jusqu'aux apôtres ; la
réformation de l'Eglise remontera jusqu’à eux.
...D'ouvriers en ouvriers, de Réforme en réforme, sans cesse
ramenés à l'Ecriture, chaque phalange de bâtisseurs serrant de plus
près la Parole de Dieu, nous parviendrons un jour à fonder la vérité
sur l'Eglise, seule base capable de porter la vérité. »
e
A. DE GASPARIN (Luther et la Réforme au XVI siècle)

« La Réforme fut incomplète. Elle rendit au monde la Bible, mais ne


lui rendit pas l'église primitive. Aussi, elle fit des hommes nouveaux,
mais ne sut pas faire de société nouvelle...
(Elle) a avorté sur ce point, de là tant de signes de caducité en son
sein...
Le protestantisme historique est donc du catholicisme. Le
protestantisme fut vicié dès son origine par le levain du papisme qu'il
conserve... "La religion de l'avenir ne sera ni le catholicisme, ni le
protestantisme, puisque, séparés sur tant de points, ces deux systèmes
religieux se ressemblent en ce qu'ils ont tous deux mutilé l'institution
divine par excellence, l'Eglise de Jésus-Christ". »
R. SAILLENS (d'après Emile Doumergue, dans Le Christianisme au
XIXe siècle, du 24 janvier 1896 ; et préface au Baptême scripturaire de
NORCOTT.)

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INTRODUCTION

L a semaine est aujourd'hui en usage chez presque toutes les


nations civilisées. [...] On a longtemps cru que son emploi
avait été universel chez les peuples anciens. Il est bien établi
maintenant qu'il n'en fut rien : les Egyptiens, les Chinois, les
Grecs comptèrent d'abord par décades. Ce sont les Hébreux qui
en firent usage les premiers. » Paul COUDERC (astron.), Le
calendrier, 1970, p. 43.

« Diminuez la semaine d'un seul jour, le travail est insuffisant


comparativement au repos ; augmentez-la de la même quantité, il
devient excessif. Etablissez tous les trois jours une demi-journée
de relâche, vous multipliez par le fractionnement la perte de
temps, et en scindant l'unité naturelle du jour, vous brisez
l'équilibre numérique des choses. Accordez, au contraire,
quarante-huit heures de repos après douze jours consécutifs de
peine, vous tuez l'homme par inertie après l'avoir épuisé par la
fatigue. [...] Comment donc Moïse rencontra-t-il si juste ? Il
n'inventa pas la semaine, mais il fut, je crois, le premier et le seul
qui s'en servit pour un si grand usage. Aurait-il adopté cette
proportion, s'il n'en eût calculé d'avance toute la portée ? Et si ce
ne fut pas en lui l'effet d'une théorie, comment expliquer une
intuition si prodigieuse ? Du reste, quant à supposer que le hasard
seul l'eût ainsi favorisé, je croirais plutôt à une révélation spéciale
qui lui en aurait été faite, où à la fable de la truie écrivant l'Illiade
avec son groin. » P.-J. PROUDHON (journ. fr. cath.), De la
célébration du dimanche, 1868, p. 175.

« Le Monde de la Bible fut créé en sept jours ou, plus


précisément en six suivi d’un septième, le sabbat, saint par
excellence, puisqu’il couronne l’achèvement de l’œuvre dans la
perfection. Le repos du septième jour est donc un pacte entre
Dieu et sa créature… Il a été prouvé que certaines espèces
animales ont des rythmes biologiques de sept jours. C’est le cas
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de la ponte d’une araignée. Voilà qui nous mène loin de l’humain.
D’où la question pertinente : avons-nous des rythmes
septénaires ? Cela ne fait aucun doute…
L’existence de rythmes septénaires nous a conduits à reconsidérer
la division du temps en semaines. L’idée nouvelle est que ces
rythmes pourraient être la cause (et non pas le résultat) de cette
périodicité sociale et religieuse. Dans cette hypothèse, la cyclicité
de sept jours, d’origine biologique, est probablement renforcée
par l’obligation du repos hebdomadaire. Cela permettrait de
comprendre, en partie au moins, pourquoi l’usage de la semaine
est une pratique à éclipse.
La semaine de dix jours, imposée aux Français par la Révolution
de 1789, n’a pas tenu longtemps. La semaine de six jours,
imposée aux Russes par la Révolution de 1917, s’est évanouie
encore plus vite. Tout se passe comme si le cycle de sept jours et
de ses multiples convient mieux à l’humain que toutes les autres
périodicités qu’on a cherché à lui imposer.
Quant au renforcement des rythmes septénaires par les jours de la
semaine et le dimanche, il se manifeste de façon particulièrement
nette chez l’enfant d’âge scolaire. De nombreux chercheurs
comme Hubert Montagner (Paris), François Testu (Tours), Claire
Lambert, Pierre Leconte et Alain Lancry (Lille), Nicole Guérin
(Unité de Chronobiologie) ont confirmé qu’il existe chez l’enfant,
comme chez l’adulte, des rythmes septénaires de processus
cognitifs…
Pour conclure, sept est peut-être un chiffre magique. Cela ne
m’empêche pas de penser que la division du temps en semaines
apparaît comme un besoin biologique humain. » Alain
REINBERG, Le temps humain et les rythmes biologiques, 1998, p. 141-
145.

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« Notre grande Révolution, qui a fait tant de changements


heureux sur lesquels nous vivons, a essayé des changements
impraticables. Lorsqu'on a voulu s'occuper du repos, qui est
indispensable, le repos fut d'abord fixé au décadi. Or, il s'est
trouvé que les hommes les plus énergiques, les plus laborieux, ne
pouvaient pas habituellement travailler neuf jours sans repos. On
a cru alors que la chose serait mieux arrangée en divisant en deux
le nombre de jours, et on a fixé le jour du repos au quintidi. Le
résultat n'était pas meilleur. Il s'est trouvé qu'en effet, au bout de
quatre jours, on n'avait pas suffisamment travaillé pour avoir
besoin de repos. De telle sorte que cinq jours ou dix jours sont
devenus également impossibles. Qu'est-il arrivé ? On est retombé
dans l'ancienne tradition, et on a repris le repos hebdomadaire.
[...] Pour quel motif le jour du sabbat, qui était le samedi, est-il
devenu dans l'Eglise chrétienne le dimanche ? J'ai cherché
vainement, dans les documents les plus autorisés, par exemple
dans le catéchisme du Concile de Trente, et j'ajouterai dans celui
de Montpellier, dans celui de Meaux, rédigé de la main du grand
Bossuet, les motifs qui avaient pu déterminer l'Eglise à faire ce
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changement : je ne les ai pas trouvés. Il est en effet fort
embarrassant d'expliquer une chose qui résulte d'une sorte de
tradition. Les chrétiens, probablement pour se distinguer des Juifs
qui faisaient le jour du repos le sabbat, c'est-à-dire le samedi, ont
pris un autre jour, le dimanche... Je dis que, bien que vous croyiez
obéir à un commandement divin déposé dans des livres sacrés à
vos yeux, et qui sont tout au moins respectables aux yeux de tous
les hommes intelligents et aux yeux de tous les philosophes, ce
n'est pas le commandement de Dieu que vous observez ou
prétendez observer. » B. DE SAINT-HILAIRE, Séance du 25
mai 1880, discours prononcé au Sénat français, Journal Officiel, 26
mai 1880, p. 5667.

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CHAPITRE PREMIER

LA CREATION
Le temps et l'éternité - Le Créateur et son œuvre - Evénements du premier
jour du temps - Du deuxième jour - Du troisième - Du quatrième - Du
cinquième - Du sixième.

L e temps, par opposition à l'éternité, peut âtre défini comme


étant cette partie de l'espace qui est mesurée par la Bible.
Celle-ci nous marque, depuis la date la plus reculée qui soit
dans le livre de la Genèse jusqu'à la résurrection des méchants,
soit à la fin du millénium, une période d'environ sept Mille ans.1
Avant le commencement de cette grande semaine du temps, des
âges sans commencement remplissent le passé ; et à l'expiration
de cette période, des âges sans fin s'ouvrent devant le peuple de
Dieu. Eternité est le mot qui embrasse une durée sans
commencement et sans fin. Et l’Etre dont l'existence remplit
l'éternité, est celui qui seul possède l'immortalité, le Roi éternel,
immortel, invisible, le Dieu seul sage.2
Lorsqu'il lui plut de le faire, cet Etre infini donna l'existence à
notre terre. De rien, Dieu créa toutes choses3; « en sorte que les

1
Sur les 7000 ans que doit durer l'histoire de l'humanité, voir, par exemple, l'ouvrage
intitulé : Quelques mots sur les nombres rythmiques de la prophétie et de l'histoire, par
Frédéric DE ROUGEMONT Neuchâtel, 1862.
2
Esa. 57.15; 1Sam. 15.29 (la force d'Israël, héb. éternité); Jér. 10.10 (le Roi éternel, héb. Roi
d'éternité); Mich. 5.2 (dès les jours éternels, héb. les jours de l'éternité); 1 Tim. 6.16; 1.17; Ps.
90.2.
3
M. F. GODET cite comme suit un savant juif (Der Pentateuch übersetzt und erklärt, von
RAPHAËL HIRSCH : « Au commencement Dieu créa... Toute chose, substance et forme, est
apparue par la volonté créatrice, libre et toute puissante. » - Etudes bibliques, Anc. Test., p. 89,
Le même auteur explique ainsi le premier verset de la Genèse :
« Moïse commence par une parole d'un caractère général et qui comprend tout ce qui suit :
« Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. » Ce verset cependant n'est pas un simple
titre de chapitre ; il renferme déjà l'indication d'un fait positif. Le sens propre du mot créer
(barah), c'est faire passer de l'intérieur à l'extérieur, réaliser au dehors ce qui était présent dans
l’esprit (Voyez RAPHAEL HIRSCH, Der Pentateuch, t. I, p. 44). Ce mot créa désigne donc en
tout cas l'acte fondamental, condition de tous les suivants : la production de la matière première
et universelle d'où ont été tirés, par voie d'organisation successive, et les cieux et la terre. » -
Etudes bibliques, par F. GODET, p. 122.
« Le verbe hébreu (bara),» dit ARMAND DE MESTRAL dans son Commentaire sur la
Genèse, « qui correspond à créer, signifie primitivement « tailler, former,» mais la forme sous
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choses qui se voient n'ont pas été faites de choses qui parussent. »
Cet acte de création est l'événement qui marque le
commencement de la première semaine du temps. Celui qui eût
pu accomplir toute cette oeuvre d'une seule parole, préféra y
employer six jours, et arriver à ce résultat par degrés. Suivons pas
à pas le Créateur depuis le moment où il posa les fondements de
notre terre jusqu’à la fin du sixième jour, alors que les cieux et la
terre étant achevés, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voilà, cela
était très bon. »4
Au premier jour du temps, Dieu créa les cieux et la terre. La
terre qui venait ainsi de sortir du néant était sans forme et vide ;
et des ténèbres complètes couvraient l'œuvre du Créateur. Puis
« Dieu dit : Que la lumière soit ; et la lumière fut. » « Et Dieu

laquelle nous le trouvons ici (la forme kal) ne s'emploie qu'en parlant de l'action de Dieu, qui
seul peut TIRER QUELQUE CHOSE DU NEANT, tandis que l'homme ne peut produire
qu'avec des matériaux déjà existants, Dieu seul CREE ; il suffit d'un acte de sa volonté
souveraine. (Comp. Ps. 33.9.) » Page 8.
M. GAUSSEN donne du mot créer la définition suivante dans son Premier chapitre de la
Genèse : « CREA, c'est-à-dire fit de rien. Ces choses n'étaient pas ; mais Dieu dit, et elles
furent. « C'est par la foi, nous a dit saint Paul, que nous savons que les choses qui se voient
n'ont pas été faites de choses qui parussent. » Il faut, en effet, bien distinguer l'idée de créer
d'avec celle de faire, et vous pouvez voir avec quel soin Moïse observe cette distinction,
lorsqu'il dit (au chap. 2.3) : « Et Dieu se reposa des oeuvres qu'il avait créées pour être faites. »
… L'homme peut faire, Dieu seul peut créer.» Page 23.
Sur ce que l'acte créateur a marqué le commencement du premier jour au lieu d'en être séparé
par des temps sans bornes, on lit ce qui suit dans 2 Esdras 6.38 : « Et je dis, 0 Seigneur, tu as
expressément parlé en la première création, au premier jour, en disant, Que le ciel & la terre
soit faite : & l’œuvre suivit ta parole. » Bible de Genève, 1622.
La traduction de Wicleff, la première des versions anglaises, rend ainsi Gen. 1.1: « En
commençant, Dieu fit de rien les cieux et la terre. »
CALMET (Dict. hist. et crit. de la Bible) dit ce qui suit sur la durée des jours de la création :
« La plupart des Pères et des interprètes soutiennent la création successive conformément au
récit de Moïse. Il n'y a nulle nécessité de quitter la lettre de l’Ecriture en cet endroit. Les actes
réitérés, et les diverses reprises que Moïse a marquées doivent à la vérité s'expliquer d'une
manière qui sauve l'infinie puissance, et la parfaite simplicité des actes du Créateur, et qui
exclue toute idée de faiblesse, de lassitude, d'imperfection. Mais on peut faire tout cela sans
donner atteinte à la création successive. Dieu par sa toute puissance, tira du néant toute la
matière, tout le chaos ; et par sa sagesse, il lui imprima le mouvement nécessaire, pour que ce
chaos se débrouillât, et que ses parties dégagées les unes des autres, et réunies chacune avec
celle qui étaient de même nature, formassent ce que nous appelons l’univers en l’état où nous
le voyons. Ce mouvement conduit par l’esprit et la sagesse du Créateur, dura six jours ; et après
cela, Dieu se reposa et cessa de rien produire au dehors. » Tom. IV, p. 5.
4
Héb. 11.3 ; Gen. 1.
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sépara la lumière d'avec les ténèbres » ; et il nomma la lumière
jour et les ténèbres nuit.5
Au second jour du temps, « Dieu dit : Qu'il y ait une étendue
entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux. » La terre
sèche n'avait point encore paru ; aussi, la terre était-elle couverte
d'eau. Comme il n'existait point d'atmosphère, d'épaisses vapeurs
demeuraient sur la surface des eaux ; mais l'atmosphère étant
alors appelée à l'existence par la parole du Créateur réunissant les
éléments qui composent l'air que nous respirons, les brouillards et
les vapeurs qui reposaient sur la surface de l'eau furent soulevés
par elle. Cette atmosphère ou étendue est appelée ciel.6
Au troisième jour du temps, Dieu rassembla les eaux et fit
paraître la terre sèche. Dieu appela l'amas des eaux mers, et le sec,
ainsi tiré des eaux, terre. « Puis Dieu dit : Que la terre pousse son
jet, savoir, de l'herbe portant semence, et des arbres fruitiers
portant du fruit selon leur espèce, qui aient leurs semences en
eux-mêmes sur la terre ; et ainsi fut. » « Et Dieu vit que cela était
bond. »7
Au quatrième jour du temps, « Dieu dit : Qu'il y ait des
luminaires dans l'étendue des cieux, pour séparer la nuit d'avec le
jour, et qui servent de signes et pour les saisons, et pour les jours,
et pour les années ; » « Dieu donc fit deux grands luminaires : le
plus grand luminaire pour illuminer sur le jour, et le moindre
pour dominer sur la nuit ; et il fit aussi les étoiles. » La lumière
avait été créée au premier jour de la semaine ; mais au quatrième
jour Dieu fit apparaître le soleil et la lune comme réceptacles de la
lumière dont il leur remit la charge et la dispensation. Et suivant
son commandement, ils ont continué de l'être jusqu'à ce jour, car
toutes choses le servent. Telle fut l'œuvre du quatrième jour. Et le
grand Architecte, contemplant ce qu'il venait de faire, le déclara
bon.8

5
Gen. 1.1-5 ; Héb. 1.
6
Gen. 1.6-8 ; Job 37.18.
7
Gen. 1.9-13 ; Ps. 136.6 ; 2 Pier. 3.5.
8
Gen. 1.14-19 ; Ps. 119.91 ; Jér. 33.25
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Au cinquième jour du temps, « Dieu créa les grands poissons,
et tous les animaux vivants et qui se meuvent, que les eaux
produisirent en toute abondance, selon leur espèce, et tout oiseau
ayant des ailes, selon son espèce ; et Dieu vit que cela était bon. »9
Au sixième jour du temps, « Dieu fit les bêtes de la terre selon
leur espèce, les animaux domestiques selon leur espèce, et les
reptiles de la terre selon leur espèce ; et Dieu vit que cela était
bon. » Ainsi la terre, ayant été préparée pour ce but, fut peuplée
de créatures vivantes de toute espèce, tandis que les airs et les
eaux foisonnèrent d'existences animales. Pour compléter cette
œuvre magnifique de la création, Dieu la pourvoit d'un
gouverneur, son représentant, et il place toutes choses sous sa
domination. « Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image,
selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la
mer, sur les oiseaux des cieux, sur les animaux domestiques, et sur
toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre. » « Or
l'Eternel Dieu avait formé l'homme de la poudre de la terre, et il
avait soufflé dans ses narines une respiration de vie ; et l'homme
fut fait en âme vivante. L'Eternel Dieu avait aussi planté un jardin
en Eden, du côté de l'orient, et il y avait mis l'homme qu'il avait
formé. Et l'Eternel Dieu avait fait germer de la terre tout arbre
désirable à la vue et bon à manger, et l'arbre de vie au milieu du
jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. » En tout
dernier lieu, Dieu créa Eve, la mère des vivants. L'œuvre du
Créateur était alors complète. « Les cieux donc et la terre furent
achevés, et toute leur armée. » « Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait,
et voilà, il était très bon. » Adam et Eve étaient dans le paradis ;
l’arbre de vie fleurissait sur la terre ; le péché n'était point entré
dans le monde et la mort n'y était point, car le péché n'existait
pas. « Les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse, et
tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie. » Ainsi finit le
sixième jour.10

9
Gen. 1.20-23.
10
Gen. 1.24-31 ; 2.7-9, 18-22 ; 3.20 ; Job 38.7 (Segond).
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CHAPITRE II

L'INSTITUTION DU SABBAT
L'événement du septième jour - Pourquoi le Créateur se reposa - Les actes de
l’institution du Sabbat - Le temps et l'ordre de ces actes - Définition du mot
sanctifié - Le quatrième commandement rapporte à la création l'origine du
Sabbat - Ce fait confirmé par la seconde mention du Sabbat - Le témoignage
du Sauveur - Quand Dieu sanctifia-t-i1 le septième jour ? - But de l’auteur du
Sabbat - Témoignage de Josèphe et de Philon - Examen de l’argument négatif
tiré du livre de la Genèse - La connaissance qu'Adam eut du Sabbat n'eut pas
de peine à passer aux patriarches.

L 'œuvre du Créateur était achevée, mais la première semaine


du temps n'était point encore complète. Chacun des six jours
avait été distingué par l'œuvre que le Créateur avait faite
pendant sa durée ; mais le septième fut rendu mémorable d'une
manière très différente : « Et Dieu eut achevé au septième11 jour
l'œuvre qu'il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute
l'œuvre qu'il avait faite. » Il est écrit avec plus d'énergie encore.
« Le septième jour, il s'est reposé et a RESPIRÉ », ou « a REPRIS
HALEINE. »12
« C'est ainsi que le septième13 jour de la semaine devint le jour du
repos de l'Eternel. Combien ce fait est remarquable ! Le Dieu

11
« Au sixième jour Dieu acheva l'œuvre qu'il avait faite ; et il se reposa au septième jour, »
etc., voilà comment se lisent la version des Septante, la Syriaque, et la Samaritaine.
12
Gen. 2.2 ; Ex. 31.17 (Lausanne et Perret-Gentil).
13
Gen. 2.3 ; Ex. 20.11. Dans un ouvrage anonyme intitulé : Morality of the Fourth
Commandment, publié à Londres en 1652, et que l'on ne doit pas confondre avec l'ouvrage du
Dr. TWISSE, portant le même titre, on trouve ce passage frappant :
« La racine hébraïque du mot sept a le sens de plénitude, perfection, et les Juifs renfermaient
plusieurs mystères dans le nombre sept : ainsi Jean emploie souvent ce nombre dans son
Apocalypse. Par exemple, nous y trouvons sept églises, sept étoiles, sept esprits, sept
chandeliers, sept sceaux, sept anges, sept trompettes. Pas plus tôt rencontrons-nous un septième
jour qu'il ne soit béni ; pas plus tôt un septième homme [Gen. 5.24 ; Jude 11], qu'il ne soit
transmué, » page 7.
BOSSUET, dans son Explication de l'Apocalypse, dit : « Les saints docteurs ont remarqué que
le nombre sept était consacré pour désigner une certaine universalité de perfection… soit à
cause des sept jours de la semaine, marqués dès la création, où la perfection est dans le
septième, soit pour quelque autre raison... C'est un nombre mystérieux pour signifier la
perfection. »
On lit dans le Catéchisme de CALVIN, publié à Genève en 1553 (p. 47) :
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18
d'éternité est l'Eternel, qui a créé les bornes de la terre ; il ne se
lasse point, et ne se travaille point. »14 Il n'avait pas besoin de
repos ; pourtant il est écrit : « le septième jour, il s'est reposé et a
respiré. » Pourquoi la narration sacrée ne constate-t-elle pas
simplement le fait que le Créateur a cessé son œuvre ? Pourquoi,
après qu'il eut achevé cette œuvre, passa-t-il un jour dans le
repos ? Le verset suivant nous donne la réponse. Il posait le
fondement d'une institution divine, le mémorial de son propre
grand œuvre.
« Et Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia15, parce qu'en
ce jour-là il s'était reposé de toute l'œuvre qu'il avait créée pour
être faite. » Le quatrième commandement donne la même raison :
« Il s'est reposé le septième jour ; c'est pourquoi l'Eternel a béni le
jour du repos et l'a sanctifié. »16
Dieu bénit et sanctifia le septième jour, parce qu'il s'y était
reposé. Son repos posait donc le fondement sur lequel
viendraient se placer la bénédiction et la sanctification de ce jour.
Le fait qu'en ce repos il respira, ou reprit haleine, implique qu'il
prit ses délices dans l'acte qui posait le fondement du mémorial
de son grand œuvre.
Le second acte du Créateur, lorsqu'il institua ce mémorial, fut
de placer sa bénédiction sur le jour de son repos. Désormais,
c'était le jour du repos béni de l’Eternel. Un troisième acte vient
compléter cette institution sacrée. Le jour, déjà béni de Dieu, est
finalement sanctifié ou consacré par Lui. Sanctifier, c'est séparer,
mettre à part, ou destiner à un usage saint, sacré ou religieux.
Consacrer signifie rendre saint, sacré ; mettre à part pour un
usage saint ou religieux.17

« LE MINISTRE. Pourquoy le septieme iour est-il ordonne plus tost qu’vn autre ?
L'ENFANT. Le nombre de sept signifie perfection en l’Escripture. Ainsi il est propre pour
denoter sa perpetuite. »
14
Esa. 40.28.
15
Sanctifia, vers. Perret-Gentil : consacra.
16
Sanctifié, vers. Perret-Gentil : consacré.
17
Voici, d'après LITTRÉ, la définition du mot sanctifié : « Rendre saint, sacré, consacré. Je
vous ai sanctifié avant que vous fussiez sorti de son sein. Sacy, Jér. 1.5. Les Juifs sanctifiaient
le Sabbat. Les lavemens et sacrifices par lesquels les Juifs se sanctifioyent les séparoyent
d'avec les gentils, CALV. Instit. 269. Et voici celle de consacrer : « Dédier, dévouer à la
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
19
Le temps où ces trois actes furent accomplis mérite d'attirer
tout spécialement l'attention. Le premier acte fut le repos. II eut
lieu au septième jour ; car ce jour fut employé au repos. Le
second et le troisième acte eurent lieu après que le septième jour
fut passé. « Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce
qu'en ce jour-là il s'était reposé de toute l'œuvre qu'il avait créée
pour être faite. » Ce fut donc au premier jour de la seconde
semaine du temps que Dieu bénit le septième jour et le mit à part
pour un saint usage. La bénédiction et la sanctification du
septième jour n'ont par conséquent point trait au premier
septième jour du temps, mais au septième jour de la semaine des
temps à venir, en mémoire du repos du Créateur en ce jour, où il
s'était reposé de l'œuvre de la création.
Dès le commencement du temps, Dieu se mit à compter les
jours en donnant à chacun un nom de nombre ordinal qui devait
constituer son nom. Sept jours différents reçoivent autant de
noms différents. En mémoire de ce qu'il fit au dernier de ces
jours, il le mit à part - le désignant par son nom - pour un saint
usage. Cet acte est l'origine des semaines ou périodes de sept
jours. Car avec le septième jour il cessa de compter, et, par une
consécration divine de ce jour à un saint usage, en mémoire de
son repos, il oblige l'homme, aussitôt que le septième jour fut
écoulé, à commencer de compter une nouvelle semaine. Or,
comme il a plu à Dieu de ne donner à l'homme en tout que sept
jours différents, et qu'il a donné à chacun de ces jours un nom qui
indique exactement sa place dans la semaine, l'acte de Dieu qui
mit à part un de ces jours en le désignant par un nom, acte qui
créa les semaines et donna le Sabbat à l'homme, ne pourra jamais
- sauf par des sophismes - être appliqué à un jour indéfini ou
incertain.

divinité, rendre sacré, destiner. Les dépouilles que le Seigneur s'étaient consacrées. On ne
consacre point le jour du vendredi saint. »
Le Dict. univ. de la lang. franç. de GATTEL, Paris, éd. 1854, porte : « Dédier à Dieu avec
certaines cérémonies. »
La Bible de Genève (1622) porte en note sur le mot sanctifia de Gen. 2.3 : « le separa pour se
le dedier d'vne façon speciale. »
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
20
Les jours de la semaine sont mesurés par la révolution de notre
terre sur son axe ; aussi bien, notre septième jour, comme tel, ne
peut-il arriver que pour les habitants de notre globe. C'est donc
pour l'usage d’Adam et d’Eve, en leur qualité d'habitants de cette
terre, et non aux habitants de quelque autre monde, que les jours
de la semaine ont été donnés. Il s'ensuit que lorsque Dieu
consacra un de ces jours à un saint usage, en mémoire de son
propre repos en ce jour de la semaine, cet acte consistait
essentiellement à dire au premier homme, Adam, que ce jour ne
devait être employé que dans un but sacré. Adam était alors dans
le jardin de Dieu où le Créateur l’avait placé, afin de le cultiver et
de le garder. Dieu l'avait également chargé de s'assujettir la terre.18
Par conséquent, lorsque le jour du repos de l’Eternel reviendrait
de semaine en semaine, toutes ces occupations, quelque bonnes
qu'elles fussent en elles-mêmes, devaient être mises de côté, et ce
jour devait être observé en mémoire du repos du Créateur.
Luther, commentant Gen. 2.3, dit :
« Il ressort de ce passage que si Adam était resté dans son état
d'innocence, il aurait sanctifié le septième jour, c'est-à-dire qu'en
ce jour il aurait enseigné à ses enfants et aux enfants de ses
enfants quelle était la volonté de Dieu, et en quoi consistait son
culte ; il aurait loué Dieu, il lui aurait rendu grâces, et il lui aurait
présenté des offrandes. Les autres jours, il aurait cultivé ses terres
et gardé ses troupeaux. Mais il est certain qu'après la chute, il
sanctifia le septième jour, et qu'il enseigna aux siens à faire de
même, ainsi que le prouve l’oblation de Caïn et d'Abel. Il s'ensuit
que depuis le commencement du monde, le Sabbat est consacré
au culte de Dieu. »19
« Le verbe hébreu kadasch, rendu ici et dans le quatrième
commandement par sanctifié, est défini par Gesenius : « Déclarer
saint, sanctifier ; instituer une chose sainte, convoquer le peuple,
annoncer. »20 Il est employé à réitérées fois dans l'Ancien

18
Gen. 2.15 ; 1.28.
19
Cité par ANTONIUS WALÆUS, Dr. En théologie, dans sa Dissertatio de Sabbatho. Liège,
1628.
20
GESENIUS, Hebräisches Wörterbuch, p. 727.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
21
Testament pour des convocations ou proclamations publiques.
C'est ainsi que, lorsque les villes de refuge furent mises à part en
Israël, il est écrit : « Ils consacrèrent [héb. sanctifièrent] Kédès en
Galilée, dans la montagne de Nephtali, Sichem, dans la montagne
d'Ephraïm, » etc. Cette sanctification ou consécration des villes de
refuge fut une déclaration publique faite à Israël que ces villes
étaient mises à part dans ce but. Ce verbe est aussi employé pour
annoncer un jeûne public et pour convoquer une assemblée
solennelle. Ainsi, il est écrit : « Sanctifiez [c.-à.-d. annoncez] le
jeûne, publiez l'assemblée solennelle, assemblez les vieillards et
tous les habitants du pays dans la maison de l'Eternel. » « Sonnez
de la trompette en Sion, sanctifiez [c.-à.-d. annoncez] le jeûne,
publiez l'assemblée solennelle. » « Jéhu dit : Sanctifiez [c.-à-d.
publiez une réunion solennelle à Baal. Et on la publia. Et Jéhu
envoya par tout Israël21… » Cette convocation au culte de Baal
fut si publique que tous les adorateurs de Baal qui étaient en
Israël s'assemblèrent. Ces jeûnes et ces assemblées solennelles
étaient sanctifiés ou mis à part par la convocation ou
proclamation publique qui en était faite. Ainsi donc, quand Dieu
mit à part le septième jour pour un saint usage, il dut
nécessairement annoncer la chose à ceux à l'usage desquels
étaient les jours de la semaine. Sans cette annonce, le jour n'aurait
pas pu être mis à part et séparé des autres jours.
Cependant, l'exemple le plus frappant du sens de ce mot se
trouve dans le récit de la sanctification du Mont Sinaï.22 Lorsque
Dieu voulut prononcer les dix commandements à l'ouïe de tout
Israël, il renvoya Moïse du sommet du Sinaï pour empêcher le
peuple de toucher la montagne. « Et Moïse dit à l'Eternel : Le
peuple ne pourra pas monter sur la montagne de Sinaï, parce que
tu nous as sommés, disant : Mets des bornes en la montagne, et la
sanctifie. » Revenant au verset où Dieu donna cet ordre à Moïse,
nous lisons : « Tu prescriras des bornes au peuple tout à l’entour,
et tu diras : Donnez-vous garde de monter sur la montagne, et d'en

21
Jos. 20.7; Joël 1.14; 2.15; 2 Rois 10.20, 21 [Lausanne]; Soph.1.7 (invité [ses conviés], héb.
sanctifié… Perret-Gentil traduit: « Il [l’Eternel] a sanctifié ses conviés). »
22
Ex. 19.12, 23.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
22
toucher aucune extrémité. » Sanctifier la montagne, c'était donc
commander au peuple de n'en pas même toucher les extrémités,
car Dieu allait y descendre dans toute sa majesté. En d'autres
termes, sanctifier ou mettre à part pour un saint usage le mont
Sinaï, c'était dire au peuple que Dieu voulait qu'ils regardassent la
montagne comme lui étant sacrée. Et de même aussi, sanctifier le
jour du repos de l’Eternel, c'était dire à Adam qu'il devait traiter
ce jour comme étant saint à l’Eternel.
La déclaration que « Dieu bénit le septième jour et le
sanctifia », n'est pas, sans doute, un commandement ordonnant
l’observance de ce jour ; mais c'est un récit du fait qu'un précepte
de ce genre fut donné à Adam23. En effet, comment le Créateur

23
Dans son traité posthume intitulé : Le Sabbat chrétien, M. E. Guers dit ce qui suit de
l'institution primitive du Sabbat : « Le Sabbat a été institué avant la chute ; il est ainsi d'une
obligation perpétuelle (Jac. 2.10). Dieu l'a sanctifié, c'est-à-dire l'a mis à part pour l'usage et le
bien de l'homme, afin que l’homme, à son tour, le sanctifie ou le consacre à Dieu. Adam l'a
reçu de la main de Dieu, pendant qu'il était encore dans l'état d'innocence et qu'il cultivait le
jardin d'Eden. Il l'a reçu comme représentant du genre humain. » p. 6. Et plus loin (p. 8) : « Nul
doute que les Anciens (Héb. 11.2) ne l'aient observé en mémoire et à l'imitation du repos de
Dieu, après l’œuvre de la création. (Genèse 7.10; 8.10,11.) »
On lit ce qui suit dans le savant Dictionnaire (déjà cité) de CALMET (tom. IV, art. Sabbat)
sur l'antiquité du précepte sabbatique : « Quelques Pères et quelques Docteurs juifs ont soutenu
que dès le commencement du monde, Dieu donna la loi du Sabbat : que ce jour fut toujours
observé, au moins parmi les plus justes des premiers hommes, et parmi les patriarches, même
avant la Loi ; et que c'est là le sens de ces paroles : Il bénit le septième jour et il le sanctifia. »
« Plusieurs commentateurs pensent que l'obligation d'observer le Sabbat ne fut pas imposée à
nos premiers parents, et qu'elle ne date que du temps de Moïse. Cependant le contraire paraît
probable si l'on considère, d'un côté, la grande importance de cette institution pour la vie
religieuse de l'homme, de l’autre, les traces de la division du temps en semaines - (à ces
considérations, on peut ajouter la valeur particulière que l'on attacha dès la plus haute antiquité
au nombre sept et à l'espace de sept jours : voyez Gen. 8.10, 12 ; Ex. 7.25 ;12.15,19 ;13.6) -
que nous trouvons soit dans l'Ecriture sainte (Gen. 29.27), soit dans les traditions des anciens. »
ARMAND DE MESTRAL, Commentaire sur la Genèse, p. 17.
Citons encore le docteur DWIGHT dans son discours sur la Perpétuité du Sabbat, publié en
français en 1834 à l'occasion de la fondation de la Société vaudoise pour la sanctification du
dimanche ; discours qui a provoqué quatre lettres de VINET (1837) et une brochure de
VICTOR MELLET (1843), et dont l'auteur est appelé dans l'Avertissement « le célèbre
professeur T. DWIGHT », « homme remarquable dont l'ouvrage [dont ce discours fait partie]
jouit d'une grande estime en Angleterre et aux Etats-Unis. » Voici ses paroles : « L'institution
du Sabbat est rapportée dans Gen. 2.1-3. Les preuves que ce passage présente en faveur de la
perpétuité du Sabbat, ont rapport au temps et au but de l'institution. - Le temps de l'institution
fut le septième jour après le commencement de la création, et le premier jour après qu'elle fut
finie. Alors il n'existait personne de la race humaine que nos premiers parents. C'est pour eux
que le Sabbat fut institué, et évidemment, par conséquent pour toute leur postérité aussi…
Autant que je puis le savoir, on est généralement d'accord, que si le Sabbat a été institué à cette
époque, il est obligatoire pour tous les hommes jusqu'à la fin du monde. » page 17.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
23
aurait-il pu « mettre à part pour un saint usage » le jour de son
repos, si ceux auxquels ce jour était destiné avaient entièrement
ignoré sa volonté à cet égard ? Qu'ils répondent, ceux qui en sont
capables.
On verra que cette manière de voir sur le récit de la Genèse est
appuyée par tous les passages de la Bible se rapportant au jour du
repos de l'Eternel. Les faits que nous avons examinés forment la
base du quatrième commandement. Voici comment le suprême
Législateur parla du haut de la montagne enflammée : « Souviens-
toi du jour du repos pour le sanctifier. » « Le septième jour est le
repos de l'Eternel, ton Dieu. » « Car l'Eternel a fait en six jours les
cieux, la terre, la mer et tout ce qui est en eux, et il s'est reposé le
septième jour ; c'est pourquoi l'Eternel a béni le jour du repos et
l’a sanctifié. »24
L'origine de ce jour du repos est contenue dans ces mots :
« Car l'Eternel a fait en six jours les cieux, la terre, la mer et tout
ce qui est en eux, et il s'est reposé le septième jour ; c'est
pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. » Ce que
le quatrième commandement enjoint, c’est de sanctifier le jour du
repos de l'Éternel. Et ce jour est indiqué comme étant celui
durant lequel il se reposa de l'œuvre de la création. Bien plus, le
quatrième commandement appelle le septième jour « le jour du
repos », au moment où Dieu bénit et sanctifia ce jour ; il en
résulte que le jour du repos est une institution qui date du
commencement du monde. Le quatrième commandement nous
renvoie à la création pour y trouver l'origine de son obligation ; et
lorsque nous y retournons, nous trouvons la substance du
quatrième commandement donnée à Adam dans ces paroles :
« Dieu bénit le septième jour et il le sanctifia ; » c'est-à-dire, le mit
à part pour un saint usage. Or le même fait est mentionné dans le
commandement lui-même : « L'Eternel a béni le jour du repos et
l'a sanctifié ; » c'est-à-dire, consacré à un saint usage. Une de ces
déclarations affirme que « Dieu bénit le septième jour et le
sanctifia » ; l'autre, que « l’Eternel a béni le jour du repos et l'a

24
Ex. 20.8-11.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
24
sanctifié. » Ces deux déclarations se rapportent aux mêmes actes.
Parce que le mot jour du repos ne se trouve point dans la
première déclaration, il est des gens qui ont prétendu que l’origine
du jour du repos ne datait pas de la création, que c’était plutôt le
septième jour qui avait été sanctifié. D'autres ont prétendu,
d'après la seconde déclaration, que Dieu ne bénit nullement le
septième jour, mais seulement l’institution du jour du repos. Mais
le fait est que les deux déclarations renferment toute la vérité.
Dieu bénit le septième jour et le sanctifia ; or ce jour ainsi béni et
sanctifié était son saint Sabbat25, ou jour du repos. Voilà
comment le quatrième commandement fixe à la création l’origine
du jour du repos.
La seconde mention du Sabbat dans la Bible fournit une
confirmation décisive aux témoignages déjà produits. Au sixième
jour de la semaine, dans le désert de Sin, Moïse dit à Israël :
« Demain est le repos, le Sabbat saint à l'Éternel.26 » Qu'avait-il
été fait au septième jour depuis le moment où Dieu l’avait béni et
sanctifié dans le paradis, comme son jour de repos ? Rien
absolument. Que fit Moïse au septième jour pour en faire le
repos, le Sabbat saint à l’Éternel ? Rien encore. Au sixième jour,
Moïse annonce simplement le fait que le lendemain est le repos,
le Sabbat saint à l'Éternel. Le septième jour n'avait cessé d'être tel
depuis que Dieu avait béni et sanctifié le jour de son repos.
Le témoignage de notre divin Maître relativement à l'origine et
à l’objet du Sabbat est d'une importance toute spéciale. Il peut en
témoigner avec compétence, car il était avec le Père au
commencement de la création27. « Le Sabbat a été fait pour
l'homme », dit-il, « et non pas l’homme pour le Sabbat28. » La
règle de grammaire suivante mérite notre attention : « Un nom

25
Il est bon d'observer ici que le mot qu'Ostervald (c'est la version employée généralement
dans cet ouvrage) traduit par l’expression « jour du repos », dans le quatrième commandement,
est précisément celui qui est rendu « Sabbat » partout ailleurs. Le mot hébreu (shabbat) signifie
en effet repos. Voyez les Lexiques de GESENIUS, MICHAELIS, BUXDORFF, et les
Dictionnaires de BUCK, CALMET, etc.
26
Exode 16.22, 23.
27
Jean 1.1-3 ; Gen.1.1,26 ; Col. 1.13-16.
28
Marc 2.27.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
25
employé absolument, sans adjectif, est invariablement pris dans
son sens le plus large, le plus étendu. Exemple : L'homme est
responsable. » Les passages suivants feront mieux comprendre
cette règle et le témoignage de notre Seigneur : « Ainsi l’homme
est couché par terre, et il ne se relève point ; ils ne se réveilleront
point, et ils ne seront point réveillés de leur sommeil, jusqu’à ce
qu'il n'y ait plus de cieux. » « Que donnerait l'homme en échange
de son âme ? » « L'homme est le chef de la femme29. » Dans ces
textes, le mot homme est employé sans restriction ; aussi
représente-t-il nécessairement toute l’humanité. Le Sabbat fut
donc fait pour toute la famille humaine, et commença par
conséquent avec l’humanité. Or, ces paroles de notre Sauveur « le
Sabbat fut fait pour L'HOMME et non L'HOMME pour le
Sabbat », attirent irrésistiblement l’attention sur l’homme, Adam,
qui fut tiré de la poudre de la terre, juste avant que, du septième
jour, Dieu lui eût institué le Sabbat.
C'est là une confirmation frappante du fait que nous avons
déjà signalé, que le Sabbat fut donné à Adam, le chef de la famille
humaine.
« Le septième jour est le repos [ou Sabbat] de l’Eternel, ton
Dieu » ; et pourtant Dieu fit le Sabbat « pour l’homme ». Dieu fit
du Sabbat sa possession par une solennelle appropriation, afin
qu'il pût nous le rendre sous la garantie d'une charte divine, de
telle sorte que nul ne pût nous le ravir avec impunité.
Mais n'est-il point possible que Dieu ait béni et sanctifié le
septième jour à quelque autre époque qu'à la fin de la première
semaine de la création ? Cet acte de Dieu ne serait-il point
mentionné alors parce que le dessein de Dieu était que le jour de
son repos fût observé dans la suite ? Ou plutôt, Moïse ayant écrit
le livre de la Genèse longtemps après la création, n'a-t-il pas pu
insérer ce récit de la sanctification du septième jour dans la
narration de la première semaine, quoique le jour lui-même eût
été sanctifié de son temps ?

29
Job 14.12 ; Marc 8.37 ; 1 Cor. 11.3.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
26
Il est bien certain qu'une telle interprétation du récit sacré est
inadmissible, à moins que les faits en question ne l'exigent. Car
c'est là, pour le moins, une explication forcée. Le récit de la
Genèse, à moins que ceci n'en soit une exception, est une simple
narration d'événements. Ainsi, ce que Dieu fit chaque jour est
raconté avec ordre jusqu'au septième. C'est évidemment faire
violence à la narration que d'affirmer que le récit relatif au
septième jour est d'un caractère différent de celui qui concerne les
six autres jours. Dieu se reposa le septième jour ; puis il le
sanctifia parce qu'il s'y était reposé. Dès que Dieu eut achevé son
repos, dès l'expiration du septième jour, la raison pour laquelle il
devait le sanctifier existait. Par conséquent, dire que Dieu ne
sanctifia point ce jour en ce moment-là, mais qu'il le fit au temps
de Moïse, ce n'est point seulement faire violence au récit, mais
c'est affirmer qu'il négligea durant deux mille cinq cents ans
l'accomplissement d'un acte dont la raison existait déjà à la
création.30
Mais nous demandons qu'on nous avance les faits prouvant
que le Sabbat fut sanctifié au désert de Sin, et non à la création.
Et quels sont les faits qui le démontrent ? On confesse que l'on
n'en connaît point. On en suppose l'existence, afin de soutenir la
théorie que le Sabbat doit son origine à la chute de la manne et
non au paradis.
Dieu sanctifia-t-il le Sabbat dans le désert de Sin ? Il n'est rien
qui puisse faire supposer un tel fait. Au contraire, il est mentionné
à cette époque comme étant quelque chose que Dieu avait déjà
mis à part. Au sixième jour, Moïse dit : « Demain est le repos, le
Sabbat saint à l’Eternel. »31 Cela n'est certainement point l'acte

30
Le Dr. TWISSE met en relief l'absurdité de l'opinion qui place la première observation du
Sabbat en mémoire de la création à 2500 ans après cet événement : « Nous lisons, dit-il, que
lorsque les habitants d'Ilion, un des noms de l'ancienne Troie, envoyèrent une ambassade à
Tibère pour lui faire des condoléances à propos de la mort de son père Auguste, l'empereur,
considérant l'inopportunité de leur démarche, - c'était longtemps après la mort d'Auguste, - leur
rendit la pareille en leur disant combien il prenait part à la douleur dans laquelle ils étayent de
la grande perte qu'ils avaient faite dans la personne du célèbre héros Hector (qui était mort
mille ans auparavant dans les guerres de Troie). » - Morality of the Fourth Commandment,
p.198.
31
Exode 16.23.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
27
d'instituer le Sabbat, mais bien la simple mention d'un fait
existant. Nous passons au Mont Sinaï. Dieu sanctifia-t-il le Sabbat
lorsqu'il prononça les dix commandements ? Personne ne le
prétend. Chacun admet que Moïse en parla familièrement un
mois auparavant.32 L'Éternel parle-t-il en Sinaï de la sanctification
du Sabbat ? II le fait ; mais, dans les paroles mêmes de la Genèse,
il rapporte la sanctification du Sabbat, non pas au désert de Sin,
mais à la création du monde.33 Nous ferons cette question à ceux
qui soutiennent la théorie que nous examinons : Si ce n'est point
à la création, mais dans le désert de Sin que le Sabbat a été
sanctifié, pourquoi la narration rapporte-t-elle dans chaque cas34
la sanctification du Sabbat au moment de la création, et omet-elle
toute mention d'un tel fait dans le désert de Sin ? Bien plus,
pourquoi le récit des événements qui se passèrent dans le désert
de Sin montre-t-il que le saint Sabbat était alors déjà en
existence ? En un mot, comment peut-on maintenir comme la
vérité de Dieu, une théorie qui est subversive de tous les faits du
récit biblique ?
Nous avons vu le Sabbat établi par Dieu à la fin de la semaine
de la création. Le but de son Auteur mérite une attention spéciale.
Pourquoi le Créateur institua-t-il ce mémorial au paradis ?
Pourquoi mit-il à part d'entre les autres jours de la semaine ce
jour qu'il avait passé dans le repos ? « Parce qu'en ce jour-là »,
nous dit le récit sacré, « il s'était reposé de toute œuvre qu'il avait
créée pour être faite. » Un repos implique nécessairement une
œuvre accomplie. Par conséquent, le Sabbat fut établi par Dieu
comme un mémorial de l'œuvre de la création. Et c'est pourquoi
le précepte de la loi morale, qui se rapporte à ce mémorial -
différent en ceci de tous les autres préceptes de cette loi-
commence par ces mots : « Souviens-toi. » On appréciera
l’importance de ce mémorial lorsqu'on lira dans les Ecritures que
c'est à l’œuvre de la création qu'en appelle l'Auteur de toutes
choses comme la preuve capitale de sa puissance éternelle et de sa

32
Exode 16.
33
Exode 20.8-11.
34
Comparez Genèse 2.1-3 ; Exode 20.8-11.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
28
divinité, et comme le fait essentiel qui le distingue de tous les faux
dieux. Voici ce qu'il est écrit :
« Celui qui a bâti toutes ces choses, c'est Dieu. » « Les dieux
qui n'ont point fait les cieux et la terre, périront de dessus la terre
et de dessous les cieux. » « Mais l'Eternel est le Dieu de vérité ;
c'est le Dieu vivant et le Roi éternel. » « C'est lui qui a fait la terre
par sa vertu, qui a établi le monde par sa sagesse, et qui a étendu
les cieux par son intelligence. » « Car les perfections invisibles de
Dieu, savoir, sa puissance éternelle, et sa divinité, se voient
comme à l’œil, depuis la création du monde. » « Car il a parlé, et
ce qu'il a dit a eu son être ; il a commandé, et la chose a comparu.
» Ainsi « le monde a été fait par la Parole de Dieu ; en sorte que
les choses qui se voient, n'ont pas été faites de choses qui
parussent. »35
Voilà ce que disent les Ecritures de l'œuvre de la création,
envisagée comme preuve éclatante de la puissance éternelle et de
la divinité du Créateur. Le Sabbat constitue le mémorial de cette
grande œuvre. Son observation est, de la part de ses créatures
intelligentes, un acte de reconnaissance par lequel elles
témoignent qu'il est leur Créateur, qu'elles lui doivent tout, et que
c'est pour son plaisir qu'elles subsistent et qu'elles ont été créées.
Quel hommage légitime et plein de convenance pour Adam, que
cette observation ! Et lorsque l'homme eut péché, combien
n'importait-il pas à son bien-être qu'il se « souvînt du jour du
repos pour le sanctifier » ! Il se fût ainsi préservé de l’athéisme et
de l’idolâtrie ; car il n'eût jamais pu oublier qu'il y a un Dieu
auquel toutes choses doivent l’existence, ni adorer comme Dieu
un autre être que le Créateur.
Le septième jour, sanctifié par Dieu en Eden, n'était pas juif,
mais divin ; ce n'était point le mémorial de la sortie d'Israël du
pays d'Egypte, mais celui du repos du Créateur. Il n'est point vrai
non plus que les écrivains juifs les plus distingués nient l’origine
primordiale du Sabbat, ou prétendent qu'il soit un mémorial juif.
Nous allons citer l’historien Josèphe et son savant contemporain,

35
Héb. 3.4 ; Jér. 10.10-12 ; Rom. 1.20 ; Ps. 33.9 ; Héb. 11.3.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
29
Philon Judæus, surnommé le Platon juif. Josèphe, dont les
Antiquités judaïques contiennent un récit parallèle à celui de la
Bible, depuis le commencement du monde, ne fait pas, lorsqu'il
parle du désert de Sin, la moindre allusion au Sabbat ; preuve
positive que l’historien n'avait aucune idée que ce mémorial tirât
son origine de ce désert. Mais lorsqu'il donne le récit de la
création, il en parle ainsi qu'il suit :
« Ainsi que Moïse le rapporte, Dieu en six jours créa le monde
et toutes les choses qu'il contient. Le septième jour, Dieu se
reposa et cessa de travailler au grand ouvrage de la création du
monde, et c'est POUR CETTE RAISON que nous ne travaillons
point en ce jour et que nous lui donnons le nom de Sabbat, qui
en notre langue signifie repos. »36
Philon rend un témoignage frappant au caractère du Sabbat
comme mémorial. Voici ses paroles :
« Mais après que la terre entière eut été achevée, suivant la
nature parfaite du nombre six, le Père sanctifia le jour suivant, le
septième, le louant et l'appelant saint. Car ce jour est la fête, non
d'une ville ou d'une contrée, mais de toute la terre ; jour qui est
seul digne d'être appelé le jour de fête pour tous les peuples, et le
jour anniversaire de la naissance du monde. »37
Le jour du repos de l'Eternel n'était point non plus une ombre
du repos de l'homme après qu'il aura été racheté de la chute. Dieu
voudra toujours être servi d'une manière compréhensible par ses
créatures intelligentes. Lors donc qu'il mit à part son jour de
36
Antiquités judaïques, liv. I, chap. I, sect.1.
37
Œuvres, vol. I, La Création du Monde, sect. 30.
Voici ce qu'on lit sur ce point dans le Dictionnaire de CALMET :
« Menassé Ben-Israël assure, suivant la tradition des Anciens, qu'Abraham et sa postérité
ayant conservé la mémoire de la création, honorèrent aussi le Sabbat par une suite de la Loi
naturelle qui les y obligeait. Il y en a même qui croient que la religion du septième jour s'est
conservée parmi les payens, et que cette observation est aussi ancienne que le monde.
« En effet, Philon dit que le Sabbat n'est pas une fête particulière à un peuple ou à un pays,
mais qu'elle est commune à tout le monde, et qu'on peut la nommer la Fête générale et
publique, et celle de la naissance du monde. Josèphe avance qu'il n'y a aucune ville ni des
barbares, ni des Grecs, ni aucune nation, où la religion du Sabbat ne soit parvenue. Aristobule,
dans Eusèbe, cite Homère et Eusiode, qui parlent du septième jour comme d'un jour sacré et
vénérable. Saint Clément d'Alexandrie parle du Sabbat dans les mêmes termes qu'Aristobule
que nous venons de citer, et il y ajoute quelques passages des anciens, qui font aussi l'éloge du
septième jour. »
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
30
repos pour un saint usage, si ce n'était point comme mémorial de
son œuvre, mais comme un emblème de la rédemption de
l'homme après la chute, le but réel de cette institution doit avoir
été indiqué, et, comme conséquence, l'homme n'a jamais pu dans
son état d'innocence observer le Sabbat avec délices, mais
toujours avec un profond sentiment d'angoisse, se rappelant
chaque fois qu'il allait bientôt se révolter contre Dieu. De plus, le
jour saint et honorable à l'Eternel n'était pas non plus une de ces
« cérémonies charnelles, qui n'avaient été imposées que jusqu'au
temps que tout cela devait être réformé »38 ; car il ne pouvait y
avoir de réforme pour des êtres qui n'étaient point déchus.
Mais l'homme ne garda point son innocence. Adam perdit le
paradis, et fut exclu de l'arbre de vie. La malédiction de Dieu
frappa la terre, et, par le péché, la mort entra dans le monde et
passa sur tous les hommes39. Après cette triste apostasie, il n'est
plus fait mention du Sabbat jusqu'au moment où Moïse, au
sixième jour, dit : « Demain est le repos, le Sabbat saint à
l'Eternel. »
On objecte qu'il n'existe dans la Genèse aucun précepte qui
ordonne de célébrer le Sabbat, et que, par conséquent, son
observation n'était nullement imposée aux patriarches. Il y a dans
cet argument un vice de raisonnement que ne remarquent pas
ceux qui l'emploient. Le livre de la Genèse ne fut point donné aux
patriarches comme règle ou loi à observer. Il fut au contraire écrit
par Moïse 2500 ans après la création, et longtemps après la mort
des patriarches. Conséquemment, le fait que certains préceptes ne
se trouvent point dans la Genèse n'est pas une preuve qu'ils
n'étaient point obligatoires pour les patriarches. Par exemple, ce
livre ne commande pas aux hommes d'aimer Dieu de tout leur
cœur et leur prochain comme eux-mêmes ; il ne défend point
l'idolâtrie, le blasphème, la désobéissance aux parents, l'adultère,
le vol, le faux témoignage et la convoitise. Qui est-ce qui
affirmera par cela que les patriarches n'avaient aucune obligation
à l'égard de ces choses ? Etant un simple récit d'événements, écrit
38
Esa. 58.13,14 ; Héb. 9.10.
39
Gen. 3 ; Rom. 5.12.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
31
longtemps après le temps où ils se passèrent, il n'était point
nécessaire que ce livre renfermât un code de moralité. Mais si ce
livre avait été donné aux patriarches comme une règle de
conduite, il eût été nécessaire qu'il contînt ce code. Or, un fait qui
mérite d'être bien remarqué c'est qu'aussitôt que Moïse atteint,
dans le livre de l'Exode, l’époque où il vivait, toute la loi morale
nous y est donnée. Le récit et le peuple étaient alors
contemporains, et dès lors la loi écrite se trouve entre les mains
du peuple de Dieu, constituant une règle de conduite et un code
complet de préceptes moraux.
L'argument que nous considérons est vicieux : 1° Parce qu'il
est basé sur la supposition que le livre de la Genèse était une règle
de conduite pour les patriarches. 2° Parce que, dans ce cas, il
faudrait conclure que les patriarches furent déchargés de tous les
préceptes de la loi morale sauf du sixième.40 3° Parce que l'acte de
Dieu, mettant à part, comme nous l'avons vu, son jour de repos
pour un saint usage, implique nécessairement le fait qu'il donna
un précepte relatif à Adam, qui avait été contemporain de cette
mise à part. De sorte que, quoique le livre de la Genèse ne
contienne aucun précepte concernant le Sabbat, il n'en contient
pas moins une preuve directe qu'un tel précepte fut donné au
chef et représentant de la famille humaine.
Après avoir rapporté l'institution du Sabbat, le livre de la
Genèse, dans son récit abrégé de 2370 ans, n'en fait plus mention.
Ce fait a été avancé comme prouvant suffisamment que les saints
hommes qui, durant cette période, furent sans reproche, et
marchèrent avec Dieu dans l'observance de ses commandements,
de ses statuts et de ses lois41, ont tous ouvertement profané ce
jour que Dieu avait béni et mis à part pour un saint usage. Mais le
livre de la Genèse ne parle non plus nulle part d'une manière
distincte de la doctrine de la punition des méchants, de la
résurrection des corps, de la révélation du Seigneur entouré de
flammes de feu et du jugement du grand jour. Ce silence prouve-

40
Gen. 9.5,7.
41
Gen. 5.24 ; 6.9 ; 26.5.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
32
t-il que les patriarches ne croyaient pas ces importantes vérités ?
Les rend-il moins sacrées ?
Le Sabbat n'est point mentionné de Moïse à David, pendant
une période de cinq cents ans durant laquelle il était obligatoire
sous peine de mort. Cela prouve-t-il qu'il ne fut pas observé
durant cette période42 ? Le jubilé avait une place des plus
proéminentes dans le système typique ; et pourtant on ne peut
trouver dans toute la Bible un seul exemple de son observation.
Ce qu'il y a de plus remarquable encore, c'est qu'on ne trouve pas,
dans le récit sacré, un seul exemple de l'observation du grand jour
des expiations, quoique ce qui s'accomplissait en ce jour dans le
lieu Très-Saint fût le service le plus important qui se rattachât au
sanctuaire terrestre. Et pourtant, l'observation des autres fêtes
moins importantes du septième mois, -qui se rattachent si
intimement au jour des expiations, l'une le précédant de dix jours,
l'autre le suivant de cinq,- est racontée à réitérées fois et avec la
plus grande minutie.43 Ce serait de la sophisterie que de conclure
de ce silence sur le jour si solennel des expiations, -lorsqu'il y
avait tant de cas qui exigeaient presque qu'il en fût fait mention,-
qu'il ne fut jamais observé ; et pourtant, ce serait réellement un
meilleur argument que celui, tout-à-fait pareil, que l'on tire du
silence de la Genèse contre l'observation du Sabbat.
Le calcul du temps par semaines n'est tiré d'aucun phénomène
de la nature ; il doit son existence à la divine consécration du
septième jour à un saint usage, en mémoire du repos de l'Eternel
après les six jours de la création.44 Cette période de temps n'est

42
Voyez le commencement du chap. VIII de cet ouvrage.
43
Esd. 3.1-6 ; Néh. 8.2, 9-12,14-18 ; 1 Rois 8.2,65 ; 2 Chr. 5.3 ; 7.8, 9 ; Jean 7.2-14,37.
44
« Il est très remarquable, dit A. Janvier, reproduisant d'autres auteurs, que la semaine, dont
l'origine se perd dans la nuit des temps, se retrouve dans les calendriers successifs de presque
tous les peuples. C'est peut-être le monument le plus ancien et le plus incontestable des
connaissances humaines : il paraît indiquer une source commune d'où elles se sont répandues. »
Le temps, ses divisions principales et sa mesure, p. 24.
« Semaine (hébr. Schebouah, sept, une septaine). Pour les Juifs comme pour les chrétiens, la
division de l'année et des mois en semaines est d'origine divine ; elle remonte à la création.
Dieu créa l'univers en six jours, et non seulement il se reposa le septième, mais encore il le
bénit pour qu'il fût célébré d'âge en âge. Les Hébreux comptèrent par semaines longtemps
avant Moïse ; et sans parler de plusieurs passages de la Genèse, 4.3 ; 8.10 ; 29.27, on pourrait
le déduire du décalogue, dans lequel Dieu ne prescrit pas l'observation du Sabbat comme une
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
33
marquée que par le retour régulier du jour du repos sanctifié par
le Créateur. Il est évident, par plusieurs passages, que les
patriarches comptaient le temps par semaines et par périodes de
sept jours.45 Et il n'est guère raisonnable de conclure qu'ils aient
conservé la semaine et oublié le Sabbat par lequel seul la semaine
est marquée. Or, du fait que dans le désert de Sin le peuple
recueillit de son propre mouvement, au sixième jour, une double
portion de manne, il ressort que le calcul de la semaine avait été
exactement conservé. Aussi Moïse leur dit-il : « Demain est le
repos, le Sabbat saint à l'Éternel. »46
La brièveté du récit de la Genèse nous fait passer sur bien des
faits du plus profond intérêt. Adam vécut 930 ans. Avec quel
intérêt absorbant et intense les membres de la famille humaine
n'ont-ils pas dû considérer le premier homme ! Avec quelle
ardeur ne doivent-ils point avoir cherché à parler avec celui qui
parla lui-même avec Dieu ! A ouïr de ses lèvres une description
de ce paradis dans lequel il avait vécu ! A apprendre de celui qui
avait été créé au sixième jour, les merveilleux événements de la
semaine de la création ! A lui entendre réciter les paroles mêmes
du Créateur lorsqu'il mit à part son jour de repos pour un saint
usage ! Et à apprendre, hélas ! la lugubre histoire de la perte du
paradis et de l'arbre de vie !47
Il n'y eut donc aucune difficulté à ce que les faits se rapportant
aux six jours de la création et à la sanctification du jour du repos,
se répandissent largement parmi les hommes dans l'âge patriarcal.
Je dis plus, il était impossible qu'il en fût autrement, spécialement
parmi les enfants de Dieu. D'Adam à Abraham, une succession

loi nouvelle mais comme une loi ancienne qu'il confirme. Cette ancienne loi fut d'abord
respectée dans tout l’Orient .... Mais lorsque les peuples de l’Orient eurent oublié l’origine du
monde, et qu'abandonnant le culte du vrai Dieu ils furent tombés dans idolâtrie, ils oublièrent la
cause de la division du temps en sept jours, et s'imaginèrent que ce nombre avait été indiqué à
leurs ancêtres par le cours de la lune. » J.-A. BOST, Dict. de la Bible, art. Semaine.
Voir aussi, Note 23 de M.A. DE MESTRAL.
45
Gen. 29.27,28 ; 8.10,12 ; 7.4,10 ; 50.10 ; Ex. 7.25 ; Job 2.13.
46
Ex. 16.22,23.
47
L'intérêt que l'on avait de voir le premier homme est ainsi exprimé dans le Livre de
l'Ecclésiastique (49.18) : « Sem et Seth ont été en grand honneur parmi les hommes, et Adam
l'a été au-dessus de tout autre être dans la création des choses. »
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
34
d'hommes - probablement inspirés de Dieu conservèrent la
connaissance de Dieu sur la terre. Ainsi Adam vécut jusqu'à ce
que Lémec, le père de Noé, eut atteint l'âge de 56 ans ; Lémec,
vécut jusqu'à l'année où Sem, le fils de Noé, eut 93 ans ; Sem
vécut jusqu'à l'année où Abraham atteignit l'âge de 150 ans. C'est
ainsi que nous arrivons à Abraham, le père des fidèles. Il est dit
de lui qu'il obéit à la voix de Dieu, et qu'il garda ce que l'Eternel
lui avait ordonné, ses commandements, ses statuts et ses lois. Et
le Très-Haut rend de lui le témoignage suivant : « Car je le
connais, et je sais qu'il commandera à ses enfants, et à sa maison
après lui, de garder la voie de l'Eternel, pour faire ce qui est juste
et droit. »48 La connaissance de Dieu se conserva dans la famille
d'Abraham ; et nous allons trouver le Sabbat familièrement
mentionné parmi sa postérité, comme une institution existante.

48
Gen. 26.5 ; 18.19.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


35
CHAPITRE III

LE SABBAT REMIS AUX HÉBREUX

Objet de ce chapitre - Complète apostasie de la famille humaine dans l'âge


antédiluvien - Destruction de l'humanité - La famille de Noé épargnée -
Seconde apostasie de l'humanité dans l'âge patriarcal - Les nations apostates
abandonnées à leurs voies - Choix de la famille d'Abraham Elle est séparée du
reste de l'humanité - Son histoire - Ses rapports avec Dieu - Existence du
Sabbat à la sortie d'Egypte- Analyse d'Exode 16 - Le Sabbat remis aux
Hébreux.

N ous avons maintenant à suivre, pendant bien des siècles,


l’histoire de la vérité divine en rapport presque exclusif
avec la famille d'Abraham. Afin de dégager la vérité du
reproche de n'appartenir qu'aux Hébreux, - reproche que l'on
avance souvent contre le Sabbat, - et de revendiquer la justice de
Dieu envers l'humanité lorsqu'il abandonna à leurs propres voies
les nations apostates, examinons soigneusement la Bible afin de
voir quelles sont les raisons pour lesquelles la Providence a fait
choix de la famille d'Abraham comme dépositaire de la vérité
divine.
Le monde antédiluvien avait été extraordinairement favorisé
de Dieu. La durée de vie accordée à chaque génération était
douze fois plus longue qu'elle ne l'est en cet âge de l'histoire de
l'homme. Adam, qui avait conversé avec Dieu dans le paradis, fut
presque un millier d'années avec cette génération. Avant la mort
d'Adam, Hénoc commença sa sainte marche de près de trois
cents ans, puis il fut enlevé afin de ne point voir la mort. Cette
piété d'Hénoc, dont la Bible nous rend témoignage, fut un
témoignage puissant rendu à la vérité et à la justice devant les
antédiluviens. En outre, l’Esprit de Dieu contestait avec
l’humanité. Mais la perversité de l'homme l’emporta sur toutes les
résistances miséricordieuses du Saint-Esprit. « Et l'Eternel vit que
la malice des hommes était très grande sur la terre, et que toute
l'imagination des pensées de leur cœur n'était que mal en tout
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
36
temps. » Même les fils de Dieu prirent part à l'apostasie générale.
Finalement, une seule famille fut tout ce qu'il restait des
adorateurs du Très-Haut.49
Puis vint le déluge, balayant le monde et ses coupables
habitants d'un balai de destruction.50 - Un aussi terrible exemple
de la justice divine peut bien paraître avoir été suffisant pour
arrêter l'impiété pendant de nombreux siècles. La famille de Noé
ne put sûrement pas oublier de sitôt cette effroyable leçon. Mais,
hélas ! la révolte et l'apostasie ne se firent pas attendre longtemps,
et les hommes se détournèrent de Dieu pour s'attacher au culte
des idoles. Dans la plaine de Sinhar, l'humanité s'unit dans un acte
de rébellion manifeste contre l'ordre divin qui divisait la famille
humaine en nations.51 « Et ils se dirent : Venez, bâtissons-nous
une ville et une tour, de laquelle le sommet soit jusqu'aux cieux, et
acquérons-nous de la réputation, de peur que nous ne soyons
dispersés sur toute la terre. » Alors Dieu les confondit dans leur
impiété, et les dispersa de là sur toute la surface de la terre.52 Les
hommes n'aimaient point à conserver la connaissance de Dieu ;
c'est pourquoi Dieu les livra aux convoitises de leurs cœurs, et
souffrit qu'ils changeassent la vérité de Dieu en des choses
fausses et qu'ils servissent la créature au lieu du Créateur. Telle fut
l'origine de l'idolâtrie et de l'apostasie des gentils.53
Au milieu de cette apostasie générale, il se trouva un homme
dont le cœur était fidèle à Dieu. Abraham fut choisi, et tiré d'une
famille idolâtre pour être le dépositaire de la vérité divine, le père
des fidèles, l'héritier du monde et l’ami de Dieu.54 Lorsqu'il n'y
avait plus eu d'adorateurs de Dieu que dans la famille de Noé,
Dieu avait fait périr le reste de l'humanité dans les eaux du déluge.
Maintenant que les adorateurs de Dieu sont de nouveau presque

49
Gen. 2-6 ; Héb.11.4-7 ; 1 Pier. 3.20 ; 2 Pier. 2.5.
50
Gen. 7 ; Mat. 24.37-39 ; Luc 17.26,27 ; 2 Pier. 3.5,6.
51
Deut. 32.7,8 ; Act. 17.26.
52
Gen. 11.1-9. Antiquités de JOSÈPHE, liv. I, chap. IV. Cela eut lieu aux jours de Péleg qui
naquit environ cent ans après le déluge. Gen. 10.25 comparé avec 11.10-16 ; Antiquités, liv. I,
chap. VI, sect. 4.
53
Rom. 1.18-32 ; Act. 14.16,17 ; 17.29,30.
54
Gen.12.1-3 ; Jos. 24.2,3,14 ; Néh. 9.7,8 ; Rom. 4.13-17 ; 2 Chr. 20.7 ; Esa. 41.8 ; Jac. 2.23.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
37
réduits à une seule famille, Dieu abandonne les nations idolâtres à
leurs propres voies, et prend la famille d'Abraham comme son
héritage particulier. « Car je le connais, » dit Dieu, « et je sais qu'il
commandera à ses enfants, et à sa maison après lui, de garder la
voie de l'Eternel, pour faire ce qui est juste et droit.55 » Pour qu'ils
pussent conserver sur la terre la connaissance de la vérité divine,
ainsi que la mémoire et le culte du Très-Haut, ils devaient être un
peuple séparé de tout le reste de l'humanité, et habiter un pays qui
leur appartînt en propre. Et afin qu'ils pussent être ainsi séparés
des païens qui les entouraient, Dieu donna à Abraham le rite de la
circoncision, et ensuite à sa postérité toute la loi cérémonielle.56
Mais ils ne pouvaient posséder le pays qui leur avait été destiné
jusqu'à ce que l'iniquité des Amorrhéens, ses habitants, fût arrivée
à son comble, et qu'ils fussent chassés de devant eux. Les
effrayantes ténèbres et le four fumant qu'Abraham vit en vision,
étaient une prédiction de la fournaise ardente de l'affliction et de
l'amère servitude que ses descendants rencontreraient en Egypte.
La famille d'Abraham doit descendre dans ce pays, où une courte
prospérité va être suivie pour elle d'une longue et terrible
oppression.57
A la fin, la puissance de l'oppresseur est brisée, et le peuple de
Dieu est délivré. L'expiration de quatre cent trente ans, à partir du
moment où la promesse fut faite à Abraham, marque pour sa
postérité l'heure de la délivrance.58 La nation d'Israël est tirée
d'Egypte comme le trésor particulier de Dieu, afin qu'il puisse
leur donner son Sabbat, et sa loi, et lui-même. Le psalmiste dit
que Dieu « fit sortir son peuple avec allégresse, et ses élus avec un
chant de joie. Et il leur donna les pays des nations, et ils
possédèrent le travail des peuples ; afin qu'ils gardassent ses
statuts, et qu'ils observassent ses lois. » Et le Très-Haut : « Je suis
l'Eternel qui vous sanctifie ; qui vous ai retirés du pays d'Egypte

55
Gen.18.19.
56
Gen. 17.9-14; 34.14; Act. 10.28 ; 11.2,3 ; Eph. 2.12-19 ; Nomb. 23.9 ; Deut. 33.27,28.
57
Gen. 15 ; Ex. 1-5 ; Deut. 4.20.
58
Ex. 12.29-42 ; Gal. 3.17.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
38
pour vous être Dieu. »59 Non point que les commandements de
Dieu, son Sabbat et lui-même n'eussent eu aucune existence
antérieure, ni que le peuple ignorât le vrai Dieu et sa loi ; car le
Sabbat fut consacré à un saint usage avant la chute de l'homme ;
les commandements de Dieu, ses statuts et ses lois furent gardés
par Abraham ; et les Israélites eux-mêmes, lorsque quelques-uns
d'entre eux eurent violé le Sabbat, furent censurés par cette
question : « Jusqu'à quand refuserez-vous de garder mes
commandements et mes lois ? »60 Et quant au Très-Haut, le
psalmiste s'écrie : « Avant que les montagnes fussent nées, et que
tu eusses formé la terre, la terre habitable, d'éternité jusqu'en
éternité, tu es et tu seras le Dieu fort. »61 Mais Dieu devait
épouser son peuple publiquement et en due forme, et le peuple
devait en faire autant de sa loi, du Sabbat et de Dieu lui-même.62
Mais ni le Sabbat, ni la loi, ni le puissant Législateur ne devinrent
juifs en s'alliant aux Hébreux. Le Législateur devint sans doute le
Dieu d'Israël63 - et quel gentil lui refuserait l'adoration pour cette
raison ? - mais le Sabbat demeura le Sabbat de l'Éternel64, et la loi
continua d'être la loi du Très-Haut.
Dans le courant du mois qui suivit leur passage de la mer
Rouge, les Hébreux arrivèrent au désert de Sin. C'est lorsque
Moïse en est arrivé là, dans son récit, qu'il fait pour la seconde
fois mention du jour du repos sanctifié par le Créateur. Le peuple
murmurait pour avoir du pain :
« Alors l'Éternel dit à Moïse : Voici, je vais vous faire pleuvoir
des cieux du pain, et le peuple sortira et en recueillera pour
chaque jour ce qui lui en faut, afin que je l'éprouve, s'il marchera,
ou non, dans ma loi. Mais le sixième jour, qu'ils apprêtent ce
qu'ils auront apporté, et qu'il y en ait le double de ce qu'ils
recueilleront chaque jour… J'ai entendu les murmures des enfants
d'Israël. Parle-leur, et leur dis : Entre les deux vêpres vous

59
Ps.105.43-45 ; Lév. 22.32,33 ; Nomb. 15.41.
60
Gen. 2.2,3 ; 26.5 ; Ex. 16.4,27,28 ; 18.16.
61
Ps. 90.2.
62
Ex. 19.3-8 ; 24.3-8 ; Jér. 3.14, comparés avec la dernière partie de Jér. 31.32.
63
Ex. 20.2 ; 24.10.
64
Ex. 20.10 ; Deut. 5.14 ; Néh, 9.14.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
39
mangerez de la chair, et au matin vous serez rassasiés de pain, et
vous saurez que je suis l'Éternel, votre Dieu. Le soir donc, il
monta des cailles qui couvrirent le camp, et au matin il y eut une
couche de rosée à l'entour du camp. Et cette couche de rosée
étant évanouie, voici sur le désert une petite chose ronde, menue,
comme de la blanche gelée sur la terre. Ce que les enfants d'Israël
ayant vu, ils se dirent l'un à l'autre : Qu'est-ce que cela ? car ils ne
savaient ce que c'était. Et Moïse leur dit : C'est ici le pain que
l'Éternel vous a donné à manger. C'est ici ce que l'Éternel a
commandé : Que chacun en recueille autant qu'il lui en faut pour
son manger, un homer par tête, selon le nombre de vos
personnes ; chacun en prendra pour ceux qui sont dans sa tente.
Les enfants d'Israël firent donc ainsi et les uns en recueillirent
plus, les autres moins. Et ils le mesuraient par homer, et celui qui
en avait recueilli beaucoup, n'en avait pas plus qu'il ne lui en
fallait, et celui qui en avait recueilli peu, n'en avait pas moins ;
mais chacun en recueillait selon ce qu'il en pouvait manger. Et
Moïse leur avait dit : Que personne n'en laisse de reste jusqu'au
matin. Mais il y en eut qui n'obéirent point à Moïse ; car quelques-
uns en réservèrent jusqu'au matin, et il s'y engendra des vers, et
elle puait ; et Moïse se mit en grande colère contre eux. Ainsi
chacun en recueillait tous les matins autant qu'il lui en faillait pour
manger ; car lorsque la chaleur du soleil était venue, elle se
fondait. Et au sixième jour, ils recueillirent du pain au double,
deux homers pour chacun. Alors les principaux de l'assemblée
vinrent pour le rapporter à Moïse. Et il leur répondit : C'est ce
que l'Éternel a dit : 65Demain est le repos, le Sabbat saint à

65
La version Segond traduit : « Demain est le jour du repos, le Sabbat consacré à l'Éternel. »
M.E. GUERS (brochure citée) dit à propos de ce passage : « A l'occasion de la manne que Dieu
envoie pour la première fois à Israël avant l'arrivée de ce peuple au Sinaï, et, plus tard, au pied
de ce mont, Moïse mentionne le jour du Sabbat comme une institution bien connue : Demain
est le repos, le Sabbat consacré à l'Éternel (Ex. 16.23). Dieu honore ce jour par un triple
miracle : il fait tomber, la veille, une quantité double de manne -on n'en trouve plus ce jour là-
les vers ne se mettent pas à celle qu'on a gardée la veille. »
M. L. BURNIER (Études de la Parole de Dieu, vol, I, sect. 722) commente ainsi ce
passage : « Quand arriva le sixième jour de la semaine, correspondant à notre vendredi, les
Israélites pensèrent qu'il y avait lieu de recueillir du pain pour ce jour et pour le suivant, parce
que c'était, dès la création du monde, le jour du repos. L'Éternel l'avait dit expressément à
Moïse, mais il ne paraît pas que le prophète l'eût rapporté au peuple, puisque les principaux de
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
40
l'Éternel ; faites cuire ce que vous avez à cuire, et faites bouillir ce
que vous avez à bouillir, et serrez tout ce qui sera de surplus, pour
le garder jusqu'au matin. Ils le serrèrent donc jusqu'au matin,
comme Moïse l'avait commandé, et il ne puait point, et il n'y eut
point de vers. Alors Moïse dit : Mangez-le aujourd'hui ; car c'est
aujourd'hui le repos de l'Éternel. Aujourd'hui vous n'en trouverez
point dans les champs. Pendant six jours vous le recueillerez,
mais le septième est le Sabbat ; il n'y en aura point ce jour-là. Et
au septième jour, quelques-uns du peuple sortirent pour en
recueillir ; mais ils n'en trouvèrent point. Alors l’Eternel dit à
Moïse : Jusqu'à quand refuserez-vous de garder mes
commandements et mes lois ? Considérez que l'Eternel a établi
parmi vous le Sabbat ; c'est pourquoi il vous donne au sixième
jour du pain pour deux jours ; que chacun demeure en son lieu ;
que nul ne sorte de son lieu au septième jour. Le peuple donc se
reposa au septième jour.66
« Ce récit montre : 1° Que Dieu avait une loi et des
commandements qui étaient antérieurs au don de la manne. 2°
Que Dieu, en donnant du ciel du pain à son peuple, voulait
l'éprouver à l'égard de sa loi. 3° Que le saint Sabbat faisait partie
de cette loi ; car lorsque Dieu dit qu'il l’éprouvait pour voir s'il
marcherait dans sa loi, il parlait directement du Sabbat ; et plus
loin, lorsque l’Eternel dit : « Jusqu'à quand refuserez-vous de
garder mes commandements et mes lois ? » il s'agissait aussi du
Sabbat qu'ils avaient violé. 4° Qu'en éprouvant le peuple à l'égard

l'assemblée vinrent lui dénoncer le fait en question. Or, le peuple avait très bien jugé. Le
lendemain était le repos, le saint repos de l'Éternel, leur dit Moïse, le jour consacré et béni dès
le commencement. »
Voici en quelles paroles M.A. DE MESTRAL, dans son Commentaire sur l'Exode,
indique, à propos de ce texte, l'origine du Sabbat : « Le verset 23 n'est pas favorable à l'opinion
de quelques commentateurs qui pensent que la loi du Sabbat n'avait pas été donnée à l'homme
dès le commencement du monde, et qu'elle était inconnue aux nombreuses générations qui se
sont succédé depuis Adam jusqu'à Moïse. En effet, Moïse parle ici du Sabbat comme d'une
institution déjà connue, respectée, et sur laquelle il n'était pas nécessaire de donner des
explications ; il dit simplement : « C'est demain le repas, le Sabbat saint à l'Éternel (consacré à
l'Éternel, appartenant à l'Éternel). A l’ouïe de ces paroles, les Israëlites ne montrent aucune
surprise, ils ne font aucune question, aucune objection, ce qui eût probablement eu lieu s'il se
fût agi d'un commandement nouveau pour eux. » page 76.
66
Ex. 16.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
41
de cette loi existante, Moïse ne donna aucun nouveau précepte
concernant le Sabbat ; au contraire, il ne parla de la préparation
pour le Sabbat que lorsque le peuple eut, de son propre
mouvement, recueilli une double portion au sixième jour. 5° Que
par cet acte, le peuple prouva non seulement qu'il n'ignorait point
le Sabbat, mais qu'il était disposé à l'observer.67 6° Que le calcul
de la semaine, dont on voit des traces dans l'âge patriarcal,68 avait
été correctement conservé, car les Israélites surent quand le
sixième jour arriva. 7° Que s'il avait existé quelque doute à cet
égard, la chute de la manne pendant les six jours, son interruption
le septième jour et la conservation de ce qu'il en fallait pour le
jour du Sabbat, auraient décidé la chose d'une manière
indiscutable.69 8° Qu'il ne se fit dans le désert de Sin aucun acte
instituant le Sabbat ; car Dieu n'en fit point alors son jour de
repos, qu'il ne bénit ni ne sanctifia à cette époque. Au contraire, le
récit biblique montre que le septième jour était déjà le jour du
repos sanctifié à l'Eternel.70 9° Que l'obligation d'observer le
Sabbat existait, et était connue avant la chute de la manne. En
effet, les paroles du texte en impliquent l’existence, mais elles n'en
contiennent une nouvelle ordonnance que lorsque quelques
personnes parmi le peuple eurent violé le Sabbat. Ainsi, Dieu dit à

67
On a, il est vrai, avancé que Dieu distribuait miraculeusement la portion de chacun avec
égalité pendant cinq jours, et la doublait le sixième jour, de sorte qu'on ne peut voir de la part
du peuple aucun acte spontané ayant rapport au Sabbat. Mais l'apôtre Paul ne connaissait pas
cette distribution exactement répartie à chacun pendant les cinq jours. « Que votre abondance,
dit-il, supplée donc présentement à leur indigence, afin que leur abondance supplée aussi à
votre indigence, et qu'ainsi il y ait de l'égalité ; selon qu'il est écrit : Celui qui avait recueilli
beaucoup de manne n'en profitait pas davantage, et celui qui en avait recueilli peu n'en
manquait pas. » 2 Cor. 8.14,15. Et Moïse affirme que la double portion de ce jour provenait de
l'action du peuple, car il dit : « Et au sixième jour, ils recueillirent au double. » Verset 22.
68
Gen. 7.4,10 ; 8.10,12 ; 29.27,28 ; 50.10 ; Ex. 7.25 ; Job 2.13.
69
Le grand Législateur distingua son saint jour par ce triple miracle qui se répéta chaque
semaine durant 40 ans. Le peuple était doué admirablement préparé à entendre le quatrième
commandement qui lui ordonnait d'observer le jour même auquel il s'était reposé. Ex, 16.35 ;
Jos. 5.12 ; Ex. 20.8-11.
70
Le douzième chapitre de l'Exode raconte l'origine de la Pâque. Il forme un contraste frappant
avec Exode 16 que des uns supposent donner l'origine du Sabbat. Si le lecteur veut comparer
ces deux chapitres, il verra la différence qui existe entre l'origine d'une institution telle qu'elle
est donnée dans Exode 12, et la simple allusion à une institution déjà existante telle qu'on la lit
dans Exode 16. S'il veut aussi comparer Genèse 2 avec Exode 12, il verra que l'un de ces
chapitres indique l'origine du Sabbat de la même manière que l'autre indique celle de la Pâque.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
42
Moïse : « Le sixième jour, qu'ils apprêtent ce qu'ils ont apporté »,
mais sans rien dire du septième. Et au sixième jour, Moïse dit
bien : « Demain est le repos, le Sabbat saint à l’Eternel », mais il
ne leur commande point de l’observer. Au septième jour, il leur
dit que c'est le Sabbat, et qu'ils ne trouveraient point de manne
dans les champs : « Pendant six jours vous le recueillerez ; mais le
septième est le Sabbat ; il n'y en aura point en ce jour-là. » Or
dans tout cela, aucun précepte n'est donné ; par contre, l’existence
d'un précepte est formellement impliquée. 10° Que lorsque
quelques-uns violèrent le Sabbat, ils furent réprimandés en des
paroles qui impliquent clairement une transgression antérieure de
ce précepte : « Jusqu'à quand refuserez-vous de garder mes
commandements et mes lois ? » 11° Et, finalement, que cette
censure du Législateur retint pour le moment le peuple de
transgresser sa loi.
« Considérez que l’Éternel a établi71 parmi vous le Sabbat ;
c'est pourquoi il vous donne au sixième jour du pain pour deux
jours72 ; que chacun demeure en son lieu ; que nul ne sorte de son
lieu au septième jour.73 » Dieu remit en ce moment-là le Sabbat
aux Hébreux comme un dépôt spécial. Il leur était donné, et non
point fait à leur intention. Il avait été fait pour l'homme à la fin de
la première semaine du temps ; mais, toutes les nations s'étant
détournées du Créateur pour se livrer au culte des idoles, il est
donné au peuple hébreu. Or cela ne prouve point que tous les
Hébreux eussent jusque-là négligé de l'observer. Car Christ parle
71
Au verset 29 remarquons l'expression : « Considérez que l'Éternel vous a DONNÉ (plus
littéral que « ordonné, établi », de nos versions) le Sabbat » ; on voit que le repos du septième
jour est pour l'homme non pas une charge, mais un bienfait, un privilège, un don de Dieu. - Au
verset 30, il faut traduire comme la plupart des versions : « le peuple se reposa, » non : « le
peuple se reposera » (Martin). En effet, ce verset ne fait pas partie de l'allocution de l'Éternel, il
énonce le fait que le peuple, en grande majorité, se montra obéissant. » - A DE MESTRAL,
ouvrage cité, p. 77.
72
Cela implique, premièrement, qu'il en tombait une plus grande quantité en ce jour, et,
secondement, qu'elle se conservait pour le jour du Sabbat.
73
Cela ne doit avoir rapport qu'à leur sortie pour ramasser de la manne, comme l'implique le
contexte ; car il leur était commandé d'avoir des assemblées au jour du Sabbat, et ils
observaient ce commandement. Lév. 23.3; Marc 1.21 ; Luc 4.16 ; Act. 1.12 ; 15.21. La Bible
de Genève (1622) porte en note sur ce verset : « pour faire quelque œuure seruile : car
autrement leur conuenoit bien sortir pour se trouver aux sainctes assembleés. Voyez Lev.
23.3. »
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
43
de la même manière concernant la circoncision. « Moïse », dit-il,
« vous a ordonné la circoncision (non pas qu'elle vienne de
Moïse, mais elle vient des pères). »74 Et pourtant, Dieu avait
commandé l'observation de cette ordonnance à Abraham et à sa
famille, quatre cents ans avant qu'elle ne fût donnée par Moïse ; et
les Israélites l'avaient conservée parmi eux.75
Ces paroles : « L'Éternel a établi parmi vous le Sabbat »,
indiquent l'acte solennel de leur avoir confié la garde d'un
précieux trésor. Comment cela eut-il lieu ? On ne voit là aucune
institution du Sabbat. Il ne fut donné aucun commandement qui
statuât de l'observer, avant que quelques-uns d'entre le peuple
l’eussent violé, et alors il fut donné sous forme de répréhension ;
ce qui trahit une obligation antérieure, et montre qu'ils
transgressaient une loi déjà existante. De plus, cette manière de
voir est encore appuyée par le fait qu'il ne fut donné au peuple
aucune explication de cette institution ; ce qui montre
évidemment que les Israélites avaient déjà quelque connaissance
du Sabbat.
Mais comment Dieu leur donna-t-il donc le Sabbat ? Il le fit,
premièrement, en les délivrant de l’abjecte servitude d'Égypte, où
ils étaient une nation d'esclaves. Et secondement, en les
pourvoyant de vivres de manière à leur imposer la plus stricte
obligation de garder le Sabbat. Durant quarante ans, il leur donna
du pain du ciel, le leur envoyant six jours et le retenant le
septième, et conservant la provision qu'ils faisaient pour le jour
du Sabbat. C'est ainsi que le Sabbat leur fut spécialement confié.
Comme don fait aux Hébreux, le grand mémorial du Créateur
devint un signe entre Dieu et son peuple. « Je leur donnai aussi
mes Sabbats pour leur être un signe entre moi et eux, afin qu'ils
connussent que je suis l’Éternel qui les sanctifie. » Comme signe,

74
Jean 7.22.
75
Gen. 17.34 ; Ex. 4. Il est dit que Moïse a donné la circoncision aux Hébreux ; c'est pourtant
un fait singulier que la première fois qu'il en fait mention, il en parle simplement par accident,
et donne clairement à entendre qu'elle leur était connue. Voici ce qu'on lit : « C'est ici
l'ordonnance de la Pâque : Nul étranger n'en mangera ; mais tout esclave qu'on aura acheté par
argent sera circoncis, et alors il en mangera. » Ex. 12.43, 44. Il en fut de même lorsque le
Sabbat fut donné à Israël : ce peuple n'ignorait point cette institution sacrée.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
44
son objet, est-il dit, était de faire connaître le vrai Dieu ; et il nous
est dit pourquoi c'était un tel signe. « C'est un signe entre moi et
les enfants d'Israël à perpétuité ; car l’Éternel a fait en six jours les
cieux et la terre, et il a cessé au septième, et il s'est reposé. »76
L'institution elle-même signifiait que Dieu avait créé les cieux et la
terre en six jours, et s'était reposé au septième. Son observation
par le peuple signifiait que le Créateur était leur Dieu. Quel sens
profond et magnifique n'avait donc point ce signe !
Le Sabbat était un signe entre Dieu et les enfants d'Israël,
parce qu'eux seuls adoraient le Créateur. Toutes les autres nations
s'étaient détournées de lui pour servir « des dieux qui n'ont point
fait les cieux et la terre. »77 C'est pour cette raison que le mémorial
du Créateur fut commis aux Hébreux, pour devenir un signe
entre le Très-Haut et le peuple d'Israël. Le Sabbat était ainsi
comme une chaîne d'or unissant le Créateur - et ses adorateurs.

76
Ezé. 20.12 ; Ex. 31.17.
77
Jér. 10.10-12.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
45
CHAPITRE IV

LE QUATRIÈME COMMANDEMENT

Le Dieu très saint sur le Mont Sinaï - Trois dons précieux conférés aux
Hébreux - Le Sabbat proclamé par la voix de Dieu - Place assignée au Sabbat
dans la loi morale - Origine du Sabbat - Caractère précis du commandement -
Révolution de la terre sur son axe - Nom de l'institution sabbatique - Le
septième jour du commandement est identique au septième jour de la semaine
du Nouveau Testament - Témoignage de Néhémie - Obligation morale du
quatrième commandement.

N ous arrivons maintenant au récit de cet événement sublime


: la descente personnelle de l'Eternel sur le Mont Sinaï.78
Comme nous l'avons vu, le seizième chapitre de l'Exode est
remarquable par son récit du fait que Dieu donna le Sabbat à
Israël ; le dix-neuvième, pour le fait que Dieu se donna lui-même
à ce peuple en l'épousant solennellement comme une sainte
nation ; tandis que le vingtième chapitre est du plus haut intérêt
par le don que le Très-Haut y fait de sa loi au peuple d'Israël.
On a coutume de parler contre le Sabbat et la loi comme étant
juifs, parce qu'ils ont été ainsi donnés à Israël. On pourrait tout
aussi bien parler contre le Créateur qui fit sortir d'Egypte les
Israélites pour être leur Dieu, et qui s'appelle lui-même le Dieu
d'Israël.79 Ce sont les Hébreux qui eurent l'honneur de recevoir en
dépôt le Sabbat et la loi, et non point le Sabbat, la loi et le
Créateur qui devinrent juifs en vertu de ces relations. Les
écrivains sacrés parlent de la haute distinction faite au peuple
d'Israël par le fait que la loi de Dieu lui fut ainsi confiée.
« Il annonce ses paroles à Jacob, ses statuts et ses ordonnances
à Israël. Il n'a pas fait ainsi à toutes les nations, et elles ne
connaissent point ses ordonnances. Louez l'Eternel. » « Quelle est

78
A part le récit des chapitres 19 ; 20 ; 32-34 de l'Exode, on voit aussi, dans les passages
suivants, que l'Eternel était là en personne avec ses anges : Deut. 33.2 ; Juges 5.5 ; Néh. 9.6-
13 ; Ps. 68.17.
79
Ex.24.10 ; Lév.22.32,33 ; Nomb. 15.41 ; Esa. 41.17.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
46
donc la prérogative du Juif, ou quelle est l'utilité de la
circoncision ? Elle est grande en toute manière, surtout en ce que
les oracles de Dieu leur ont été confiés. » « Qui sont Israélites, à
qui appartiennent l'adoption, la gloire, les alliances, l'établissement
de la loi, le service divin, et les promesses ; qui descendent des
pères, et de qui est sorti, selon la chair, Christ, qui est Dieu au-
dessus de toutes choses, béni éternellement. Amen ! »80
Après que le Très-Haut eut solennellement épousé le peuple
comme son trésor particulier sur la terre81, ils furent amenés hors
du camp pour se présenter devant Dieu. « Or, le mont de Sinaï
était tout en fumée, parce que l'Eternel y était descendu dans le
feu ; et sa fumée montait comme la fumée d'une fournaise, et
toute la montagne tremblait fort. » C'est du milieu de ce feu que
Dieu proclama les dix paroles de sa loi.82 Le quatrième de ces
préceptes est l'imposante loi du Sabbat. Ainsi parla le grand
Législateur :
« Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. Tu
travailleras six jours, et tu feras toute ton œuvre ; mais le septième
jour est le repos de l'Eternel, ton Dieu. Tu ne feras aucune œuvre
en ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta
servante, ni ton bétail, ni ton étranger qui est dans tes portes ; car
l'Eternel a fait en six jours les cieux, la terre, la mer et tout ce qui
est en eux, et il s'est reposé le septième jour ; c'est pourquoi
l'Eternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. »
On voit l'estime que le Législateur fait de son Sabbat en ce
qu'il le juge digne d'avoir une place dans son code des dix
commandements, le plaçant ainsi au milieu de neuf préceptes
moraux immuables. Aussi ne doit-on pas considérer comme un
léger honneur que le Très-Haut, nommant un à un tous les

80
Ps.147.19,20 ; Rom. 3.1,2 ; 9.4,5. Les lignes suivantes que nous tenons de la plume de M.
Wm Miller, présentent le sujet sous son vrai jour : « Je dis - et je crois être soutenu par la Bible
- que la loi morale ne fut jamais donnée au peuple juif exclusivement ; mais ils furent, pour un
temps, chargés de la garder. Et c'est par eux que la loi, les oracles et le témoignage nous ont été
transmis. Voyez avec quelle clarté St Paul parle de ce sujet dans Rom. chapitres 2, 3 et 4. »
Miller's Life and Views, p. 161.
81
Ex. 19 ; Deut. 7.6 ; 14.2 ; 2 Sam. 7.23 ; 1 Rois 8.53 ; Amos 3.1,2.
82
Ex. 20.1-17 ; 34.28 ; Deut. 5.4-22 ; 10.4.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
47
grands principes de moralité, jusqu'à ce qu'il n'en manquât point,
et n'y ajoutant rien83, mît au nombre de ces préceptes l'observance
du jour sanctifié de son repos. Ce précepte est expressément
donné pour imposer l'observation du grand mémorial du
Créateur ; et ce qui le distingue de tous les autres, c'est qu'il fait
remonter son obligation à la création, où ce mémorial fut institué.
L'on doit se souvenir du Sabbat et le sanctifier, parce que Dieu
l'a sanctifié, c'est-à-dire consacré à un saint usage à la fin de la
première semaine. Et cette sanctification ou consécration du jour
du repos, lorsque le premier septième jour du temps fut passé,
constitua la solennelle mise à part du septième jour pour le temps
à venir, en mémoire du repos du Créateur. Le quatrième
commandement a donc une portée rétrospective ; il embrasse
l'institution du Sabbat dans le paradis, tandis que la sanctification
du Sabbat dans le paradis embrasse tout le temps à venir. Le récit
de ce qui se passa dans le désert de Sin cimente admirablement
leur union. Ainsi, dans le désert de Sin, et avant la promulgation
du quatrième commandement, l'on voit le Sabbat saint à l’Eternel,
protégé d'une obligation existante qui en impose l'observation,
quoique aucun commandement dans le récit ne la crée. Cette
obligation dérive de la même source que le quatrième
commandement, à savoir de la sanctification du Sabbat dans le
paradis, et montre que c'était un devoir existant et non un
nouveau précepte. Car il ne faut jamais oublier que le quatrième
commandement ne fait pas remonter son obligation au désert de
Sin, mais à la création ; preuve décisive que le Sabbat ne doit pas
son origine au désert de Sin.
Le quatrième commandement est remarquablement précis. Il
comprend, premièrement, un précepte : « Souviens-toi du jour du
repos pour le sanctifier » ; deuxièmement, une explication de ce
précepte : « Tu travailleras six jours, et tu feras toute ton œuvre ;
mais le septième jour est le repos de l’Eternel, ton Dieu. Tu ne
feras aucune œuvre en ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni
ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni ton étranger qui est

83
Deut. 5.22.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
48
dans tes portes » ; troisièmement, les raisons sur lesquelles le
précepte se base, embrassant l'origine de l'institution et les actes
mêmes par lesquels elle fut établie, le tout étant rendu obligatoire
par l'exemple84 du Législateur lui-même : « car l’Eternel a fait en
six jours les cieux, la terre, la mer, et tout ce qui est en eux, et il
s'est reposé le septième jour ; c'est pourquoi l’Eternel a béni le
jour du repos, et l'a sanctifié.
Le jour du repos de l’Eternel occupe ainsi une position à part à
côté des six jours pendant lesquels il travailla. La bénédiction et la
sanctification appartiennent au jour du repos du Créateur. Il ne
peut donc rien y avoir d'indéfini dans ce précepte. Ce n'est point
simplement un jour sur sept, mais bien ce jour-là d'entre les sept
durant lequel le Créateur se reposa, et sur lequel il plaça sa
bénédiction : savoir le septième jour85. De plus, ce jour est
expressément distingué par le nom que Dieu y donne : « Le
septième jour est le repos [héb. Sabbat, mot qui signifie repos] de
l’Eternel, ton Dieu. »
Que le septième jour indiqué dans le quatrième
commandement corresponde au septième jour de la semaine du
Nouveau Testament, cela ressort clairement du récit que Luc fait
de l'ensevelissement de notre Seigneur. Voici ce qu'il écrit :
« C'était le jour de la préparation, et le Sabbat allait
commencer. Et les femmes qui étaient venues de Galilée avec
Jésus, ayant suivi Joseph, remarquèrent où était le sépulcre, et
comment le corps de Jésus y avait été mis. Et s'en étant
retournées, elles préparèrent des drogues aromatiques et des

84
Celui qui créa le monde au premier jour de la semaine et en compléta l'organisation en six
jours, se reposa au septième jour et respira. Gen.1 ; 2 ; Ex. 31.17.
85
On objecte pourtant à ceci qu'en conséquence de la rotation de la terre sur son axe, le jour
commence plus tôt à l'est que chez nous, et que par conséquent il n'y a point de septième jour
défini pour les habitants de notre terre. Au gré de ceux qui font ces objections, il faudrait que la
terre fût sans mouvement ; mais dans ce cas la difficulté, loin d'être résolue, s'aggraverait en ce
qu'il n'y aurait point de septième jour du tout ; car un des côtés de la terre aurait un jour
perpétuel et l'autre côté une nuit perpétuelle. La vérité est que tout dépend de la rotation de la
terre. Dieu fit le Sabbat pour l'homme (Marc 2.27) ; il a fait l'homme pour habiter sur toute
l'étendue de la terre (Act.17.26) ; il fait tourner la terre sur son axe afin qu'elle mesure les jours
de la semaine, faisant briller le soleil sur la terre à mesure qu'elle s'avance de l'ouest à l'est,
menant à sa suite le jour autour du monde, de l'est à l'ouest. Sept de ces révolutions constituent
une semaine ; la septième amène le Sabbat au monde entier.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
49
parfums, et elles se reposèrent le jour du Sabbat, selon le
commandement. Mais le premier jour de la semaine, ces femmes,
et quelques autres avec elles, vinrent de grand matin au sépulcre,
apportant les parfums qu'elles avaient préparés. »86
Luc assure que ces femmes observèrent « le jour du Sabbat,
selon le commandement ». Le commandement dit : « Le septième
jour est le repos Sabbat] de l'Eternel ton Dieu. » Ce jour ainsi
observé était le dernier ou septième jour de la semaine ; car le
jour suivante87 était le premier jour de la semaine. Le septième
jour du commandement est donc le septième jour de la semaine
du Nouveau Testament.
Le témoignage de Néhémie est profondément intéressant :
« Tu descendis aussi sur la montagne de Sinaï ; et tu leur parlas
des cieux, et tu leur donnas des ordonnances droites et des lois
véritables, et de bons statuts et commandements. Et tu leur
enseignas » ou, avec d'autres versions « fis connaître », « révélas
ton saint Sabbat, et tu leur donnas les commandements, les
statuts, et la loi, par Moïse, ton serviteur. »88 C'est une chose
remarquable qu'il soit dit que Dieu fit connaître son Sabbat quand
il descendit ainsi sur la montagne ; car les enfants d'Israël avaient
le Sabbat avant d'arriver au Sinaï. Cette parole doit donc se
rapporter an dévoilement complet de l'institution sabbatique
donné par le quatrième commandement. Et remarquez
l'expression : « Tu leur fis connaître89 ton saint Sabbat » ; non
point tu leur fis le Sabbat : terme qui en implique positivement
l'existence antérieure, et qui ramène la pensée au repos du
Créateur comme l'origine de cette institution.90

86
Luc 23.54-56 ; 24.1.
87
Voyez aussi Mat. 28.1 ; Marc 16.1, 2.
88
Néh. 9.13,1 (Lausanne, Segond, Perret-Gentil).
89
Cette parole est illustrée d'une manière frappante par Ezéchiel (20.5), qui dit que Dieu s'est
donné à connaître à Israël en Egypte. Ces paroles ne peuvent signifier que le peuple ignorait le
vrai Dieu, quelques impies que fussent quelques-uns d'entre eux ; car ils avaient été le peuple
particulier de Dieu depuis les jours d'Abraham. Ex. 2.23-25 ; 3.6, 7 ; 4.31. Cela implique la
préexistence et du Législateur et de son Sabbat, lorsqu'il est dit qu'il les « fit connaître » à son
peuple.
90
Il ne faut jamais oublier que l'expression jour du Sabbat signifie jour du repos ; que le Sabbat
de l'Eternel est le jour du repos de l'Eternel ; et que conséquemment l'expression « ton saint
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
50
L'obligation morale du quatrième commandement, si souvent
niée, peut être clairement démontrée en remontant à l'origine de
toutes choses. Dieu créa le monde et fit l'homme pour y habiter.
Il lui donna la vie, la respiration et toutes choses. L'homme doit
donc tout à Dieu. Chacune des facultés de son intelligence,
chaque puissance de son être, toute sa force et tout son temps
appartiennent de droit au Créateur. L'homme doit donc à la
bienveillance du Créateur d'avoir six jours à employer à son
propre usage. Et en mettant le septième jour à part pour un saint
usage en mémoire de son propre repos, le Très-Haut se réservait
pour lui-même un des sept jours, alors qu'il pouvait justement les
réclamer tous. Il est donc juste de dire que les six jours sont un
don que Dieu a fait à l’homme afin qu'il les employât
convenablement à ses affaires temporelles, mais non que le
septième jour soit un don que l'homme fait à Dieu. Le quatrième
commandement ne requiert donc point que l’homme donne à
Dieu quelque chose qui soit à lui ; ce qu'il requiert, c'est que
l’homme ne s'approprie point ce que Dieu a mis à part pour son
propre culte. Observer ce jour, c'est donc rendre à Dieu une des
choses qui lui appartiennent ; se l’approprier, c'est tout
simplement piller Dieu.

Sabbat » rappelle à l'esprit le jour du repos du Créateur et l'acte par lequel il le bénit et le
sanctifia.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
51
CHAPITRE V

LE SABBAT ÉCRIT DU DOIGT DE DIEU

Classification des préceptes donnés par Moïse - Le Sabbat renouvelé -


Ratification solennelle de l'alliance entre Dieu et Israël - Moïse appelé sur la
montagne pour recevoir la loi écrite sur la pierre par l'Eternel Les dix
commandements probablement proclamés au jour du Sabbat Evénements des
quarante jours - Le Sabbat devient un signe entre Dieu et Israël- La peine de
mort -- Les tables du témoignage données à Moïse - Il les brise à la vue de
l'idolâtrie du peuple - Les idolâtres punis Moïse reçoit de nouvelles tables - Le
Sabbat est de nouveau ordonné Les tables de la loi données une seconde fois -
Les dix commandements étaient le témoignage de Dieu - Qui les écrivit? - Le
Sabbat revêtu d'un triple honneur - Les dix commandements sont un code
complet - Relation entre le quatrième commandement et l'expiation Une raison
pour laquelle Dieu devait lui-même écrire la loi qui fut placée sous le
propitiatoire.

L orsque la voix du Très-Haut eut cessé de se faire entendre, «


le peuple se tint loin ; mais Moïse s approcha de l'obscurité
où Dieu était. » Une courte entrevue s'ensuit91, durant
laquelle Dieu donne à Moïse une série de préceptes qui, pour
donner un exemple des statuts donnés par l'homme de Dieu,
peuvent être classés ainsi - Lois cérémonielles préfigurant les
biens à venir ; lois judiciaires qui concernaient le gouvernement
civil de la nation ; préceptes moraux répétant sous d'autres
formes les dix commandements de la loi. Dans cette courte
entrevue, le Sabbat n'est point oublié :
« Six jours durant tu travailleras, mais au septième tu te
reposeras, afin que ton boeuf et ton âne se reposent, et que le fils
de ta servante et l'étranger reprennent leurs forces. »92
Ce passage fournit une preuve incidentelle du fait que le
Sabbat fut institué pour l’humanité et pour les créatures qui
partagent les travaux de l’homme. Le serviteur et l’étranger

91
Ex. 20.24.
92
Ex. 23.12. La version de Lausanne traduit : « Et que le fils de ton esclave et l’étranger
respirent. »
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
52
devaient le garder : car il était donné afin qu'ils reprissent des
forces et qu'ils respirassent.93 Mais ces mêmes personnes ne
pouvaient manger la Pâque avant d'être devenues membres de
l’Eglise hébraïque par la circoncision.94
Lorsque Moïse revint vers le peuple, il répéta toutes les paroles
de l’Eternel. Le peuple s'écria d'une voix unanime : « Nous ferons
toutes les choses que l'Eternel a dites. » Alors Moïse écrivit toutes
les paroles de l’Eternel. « Ensuite il prit le livre de l’alliance et il le
lut, le peuple l’écoutant, qui dit : Nous ferons tout ce que
l’Eternel a dit, et nous obéirons. » Alors Moïse « prit le sang », « et
il en fit aspersion sur le livre même et sur tout le peuple, disant :
Ceci est le sang du testament que Dieu a ordonné en votre
faveur. »95
La voie était ainsi préparée pour que l’Eternel honorât une
seconde fois sa loi d'une manière non moins signalée :
« Et l’Eternel dit à Moïse : Monte vers moi sur la montagne, et
demeure là, et je te donnerai des tables de pierre, et la loi et les
commandements que j'ai écrits, pour les enseigner .... Moïse donc
monta sur la montagne, et une nuée couvrit la montagne. Et la
gloire de l’Eternel demeura sur la montagne de Sinaï, et la nuée la
couvrit pendant six jours, et au septième jour il appela Moïse du
milieu de la nuée.96 Et ce qu'on voyait de la gloire de l’Eternel, au
sommet de la montagne, était comme un feu consumant, aux
yeux des enfants d'Israël. Et Moïse entra dans la nuée et monta

93
Voyez également Ex. 20.10 ; Deut. 5.14 ; Esa. 56.
94
Ex. 12.43-48.
95
Ex. 24.3-8 ; Héb. 9.8-20.
96
Le Dr Clarke écrit sur ce verset la note suivante : « Il est très probable que Moïse monta sur
la montagne au premier jour de la semaine, et qu'étant demeuré dans la région de la nuée
pendant six jours, Dieu lui parla au septième jour, qui était le Sabbat. » - Commentary on Ex.
24.16. La démarcation si remarquable qui est faite d'une semaine parmi les quarante jours,
appuie grandement la manière de voir du Dr Clarke. Et si cette opinion est correcte, elle
indiquerait fortement que les dix commandements ont été donnés au jour du Sabbat ; car il
paraît assez évident qu'ils furent donnés le jour avant que Moïse se rendît sur la montagne pour
recevoir les tables de pierre. En effet, l’entrevue pendant laquelle a été donné le contenu des
chapitres 21 à 23 ne demanda qu'un court espace de temps, et suivit sans nul doute
immédiatement la proclamation et le don des dix commandements. Ex. 20.18-21. A la fin de
l'entrevue, Moïse descendit vers le peuple, et écrivit toutes les paroles de l'Eternel. Le
lendemain, il se leva de bon matin, et, après avoir ratifié l'alliance, gravit la montagne pour
recevoir la loi que Dieu avait écrite. Ex. 24.3-13.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
53
sur la montagne : et il fut sur la montagne quarante jours et
quarante nuits. »97
Durant ces quarante jours, Dieu donna à Moïse un modèle de
l'arche dans laquelle il devait placer la loi qu'il avait écrite sur des
tables de pierre, du propitiatoire qui devait être placé sur cette loi,
et du sanctuaire dans lequel l'arche devait être déposée. Dieu
ordonna également la sacrificature et ses devoirs dans le
sanctuaire et devant l'arche.98 Ces choses étant ordonnées, et le
Législateur étant sur le point de remettre à Moïse sa loi telle qu'il
l'avait écrite lui-même, il ordonne de nouveau le Sabbat en
disant :
« L'Eternel parla encore à Moïse, disant : Tu diras encore aux
enfants d'Israël : Outre cela, vous garderez mes Sabbats, car c'est
un signe entre moi et vous dans vos âges, afin que vous sachiez
que je suis l'Eternel qui vous sanctifie. Gardez donc le Sabbat, car
il vous doit être saint. Quiconque le violera sera puni de mort ;
même, quiconque fera aucune œuvre en ce jour-là, sera retranché
du milieu de ses peuples. On travaillera pendant six jours, mais au
septième jour c'est le Sabbat du repos consacré à l'Eternel ;
quiconque fera aucune œuvre au jour du repos sera puni de mort.
Ainsi les enfants d'Israël garderont le Sabbat, pour célébrer le jour
du repos dans leurs âges, par une alliance perpétuelle. C'est un
signe entre moi et les enfants d'Israël à perpétuité ; car l'Eternel a
fait en six jours les cieux et la terre, et il a cessé au septième, et il
s'est reposé. Et après que Dieu eut achevé de parler avec Moïse
sur la montagne de Sinaï, il lui donna les deux tables du
témoignage, les tables de pierre, écrites du doigt de Dieu. »99
Il faut comparer ce qui précède avec le témoignage d'Ezéchiel,
parlant au nom de Dieu :
« Et je leur donnai mes statuts, et leur fis connaître mes
ordonnances, par lesquelles l'homme vivra, s'il les accomplit. Et
même je leur donnai aussi mes Sabbats, pour leur être un signe
entre moi et eux, afin qu'ils connussent que je suis l'Eternel qui

97
Ex. 24.12-18.
98
Ex. 25-31.
99
Ex. 31.12-18.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
54
les sanctifie… C'est moi qui suis l'Eternel, votre Dieu, marchez
dans mes statuts, et gardez mes ordonnances, et faites-les.
Sanctifiez mes Sabbats, et ils seront un signe entre moi et vous,
afin que vous connaissiez que je suis l'Eternel, votre Dieu. »100
On n’observera qu’aucun de ces passages n'enseigne que le
Sabbat fut fait pour Israël, ni même qu'il ait été fait après que les
Hébreux furent sortis d'Egypte. Car à ces deux égards, ils n'ont
pas même l'apparence de contredire ceux qui placent l'institution
du Sabbat à la création. Mais ce que nous y apprenons, c'est : 1°
Que ce fut de la part de Dieu l'acte de donner aux Hébreux son
Sabbat qui en fit un signe entre eux et l'Eternel. « Je leur donnai
aussi mes Sabbats POUR ÊTRE un signe entre moi et eux. »
Nous avons déjà passé en revue cet acte consistant à leur
commettre le Sabbat.101 2° Que ce devait être un signe entre Dieu
et les Hébreux, « afin qu'ils connussent que je suis l'Eternel qui les
sanctifie. » Dans les textes que nous considérons maintenant, le
mot Eternel est traduit du mot hébreu Jéhovah. Le Sabbat, donc,
étant donné comme signe, signifiait que c'était Jéhovah, c'est-à-
dire le Dieu infini, existant par soi-même, qui les avait sanctifiés.
Sanctifier signifie séparer, mettre à part ou désigner à un usage
saint, sacré ou religieux.102 Il était assez évident que la nation
hébraïque avait été mise à part du reste de l'humanité de la
manière la plus remarquable. Mais qu'est-ce qui les avait ainsi
séparés de tout le genre humain ? Comme réponse
miséricordieuse à cette importante question, Dieu donna aux
Hébreux son saint jour de repos. Mais comment le mémorial
sacré du Créateur pouvait-il déterminer une telle question ?
Ecoutez les paroles du Très-Haut : « Vous garderez mes
Sabbats, » c'est-à-dire mes jours de repos, « car c'est un signe
entre moi et vous … C'est un signe entre moi et les enfants

100
Ex. 20.11,12,19,20.
101
Voyez notre chapitre troisième.
102
Sanctifier, kadasch, signifie consacrer, séparer et mettre à part une chose ou une personne,
de tous les usages séculiers, pour quelque usage religieux. Commentaire de Clarke sur Ex.
13.2. Le même auteur dit, parlant d'Ex. 19.23 : « Ici, le mot kadasch est pris dans son sens
propre, littéral, signifiant la séparation d'une chose, d'une personne ou d'un lieu, de tout usage
profane ou commun, pour le destiner à des usages sacrés. »
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
55
d'Israël à perpétuité ; car l'Eternel a fait en six jours les cieux et la
terre, et il a cessé au septième, et il s'est reposé. » Le Sabbat,
comme signe entre Dieu et Israël, était un témoignage perpétuel
que celui qui les avait séparés d'entre tous les peuples comme son
trésor particulier sur la terre, était l'Etre qui a créé les cieux et la
terre en six jours et qui s'est reposé au septième jour. C'était par
conséquent la plus forte assurance possible que celui qui les
sanctifiait était vraiment Jéhovah.
Depuis les jours d'Abraham, Dieu avait mis à part les
Hébreux. Lui qui auparavant n'avait porté aucun nom de localité,
de nation ou de famille, prit dès ce moment et conserva jusqu'à la
fin de l'alliance qu'il avait contractée avec la race hébraïque, des
titres tels qu'ils semblaient le désigner comme étant uniquement
leur Dieu. A partir du moment où il choisit Abraham et sa
famille, il se désigne comme le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de
Jacob, le Dieu des Hébreux, le Dieu d'Israël103. Il fit sortir Israël
d'Egypte afin d'être leur Dieu104, et il s'unit à eux en Sinaï en les
épousant solennellement. Il mit ainsi à part ou sanctifia pour lui-
même les Hébreux, parce que toutes les autres nations s'étaient
adonnées à l'idolâtrie. C'est ainsi que le Dieu du ciel et de la terre
condescendit à se donner à une seule race d'hommes, et les sépara
du reste de l'humanité. Il faut bien observer que ce ne fut pas le
Sabbat qui sépara les Israélites de toutes les autres nations, mais
que ce fut l'idolâtrie de toutes les autres nations qui obligea Dieu
à mettre à part les Hébreux pour se les consacrer ; et que Dieu
donna à Israël le Sabbat qu'il avait sanctifié pour l'humanité à
l'époque de la création, comme le signe le plus expressif que celui
qui les sanctifiait ainsi était vraiment le Dieu vivant.
Ce fut l'acte par lequel Dieu donna son Sabbat aux Israélites
qui en fit un signe entre eux et Dieu. Mais le Sabbat ne tire point
son origine de l'acte par lequel il fut ainsi donné aux Hébreux ;
car lorsqu'il leur fut donné, c'était l'ancien Sabbat de l'Éternel ; et
nous avons vu105 qu'il ne fut point donné par un nouveau

103 Gen. 17.7,8 ; 26.24 ; 28.13 ; Ex. 3.6,13-16,18 ; 5.3 ; Esa. 45.3.
104 Lév. 11.45. Lausanne.
105 Voyez notre chapitre troisième.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


56
commandement. Au contraire, il était alors fondé sur une
obligation déjà existante. Mais ce fut la providence de Dieu en
faveur des Hébreux, - premièrement en les délivrant d'une abjecte
servitude, et secondement en leur envoyant le pain du ciel
pendant six jours, conservant la nourriture du jour du Sabbat, -
qui fit du Sabbat un don au peuple juif. Et remarquez comme la
manière significative en laquelle ce don leur fut accordé montre qui
était Celui qui les sanctifiait. Le Sabbat devint un don fait aux
Hébreux par la merveilleuse dispensation de la manne, miracle
qui ne cessa de proclamer ouvertement le Sabbat chaque semaine,
durant l'espace de quarante ans, montrant ainsi d'une manière
incontestable que Celui qui les conduisait était l'Auteur du Sabbat,
et conséquemment le Créateur des cieux et de la terre. II n'est
certainement pas plus remarquable que le Sabbat qui fut fait pour
l'homme ait été donné aux Hébreux qu'il ne l'est que le Dieu de
toute la terre ait donné ses oracles et qu'il se soit donné lui-même
à ce peuple. Le Très-Haut, sa loi et son Sabbat n'en devinrent pas
juifs ; mais les Hébreux devinrent les honorables dépositaires de
la vérité divine ; et la connaissance de Dieu et de ses
commandements fut conservée sur la terre.
La raison sur laquelle ce signe est basé se rapporte
incontestablement à la vraie origine du Sabbat. Il ne dut pas son
origine à la chute de la manne pendant six jours et à sa cessation
au septième jour, - car la manne ne fut ainsi donnée que parce
que le Sabbat existait, - mais parce qu' « en six jours l'Éternel a
fait les cieux et la terre, et le septième jour il s'est reposé, et a
respiré. » On voit ainsi que le Sabbat tire son origine du repos et
du délassement du Créateur, et non de la chute de la manne.
Comme INSTITUTION, le Sabbat déclarait que son Auteur était
le Créateur des cieux et de la terre ; comme signe106 entre Dieu et
106 Comme signe, il ne devint point par là une ombre et une cérémonie ; car le Seigneur du

Sabbat était lui-même un signe. « Me voici, et les enfants que l'Éternel m'a donnés, pour être un
signe et un présage en Israël, de la part de l'Éternel des armées, qui habite en la montagne de
Sion. » Esa. 8.18. Dans Héb, 2.13, ces paroles se rapportent à Christ. « Et Symon les bénit et dit à
Marie sa mère : Voici que celui-ci est mis pour la chute et pour le relèvement d'un grand nombre
en Israël, et pour un signe que l'on contredira. » (Lausanne.) Luc 2.34. Le fait que le Sabbat était un
signe entre Dieu et les Israélites dans leurs âges, c'est-à-dire pour le temps où ils furent son peuple
particulier, ne prouve pas davantage qu'il est maintenant aboli, que le fait que Jésus est maintenant
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
57
Israël, c'était une déclaration que Celui qui les avait mis à part était
réellement Jéhovah.
Le dernier acte du Législateur dans cette mémorable entrevue
fut de remettre à Moïse les « deux tables du témoignage, les tables
de pierre, écrites du doigt de Dieu. » Puis il révéla à Moïse la triste
apostasie des enfants d'Israël, et lui commanda de descendre
aussitôt auprès d'eux.
« Et Moïse retourna, et descendit de la montagne avec les deux
tables du témoignage en sa main, savoir, les tables écrites de leurs
deux côtés ; elles étaient écrites deçà et delà. Et les tables étaient
l'ouvrage de Dieu ; l'écriture aussi était l'écriture de Dieu, gravée
sur les tables. …Et lorsque Moïse fut approché du camp, il vit le
veau et les danses. Alors la colère de Moïse s'alluma, et il jeta de
ses mains les tables, et les rompit au pied de la montagne. »
Ensuite Moïse punit ceux qui s'étaient livrés à l'idolâtrie : « Il y
eut environ trois mille hommes du peuple qui périrent. » Et
Moïse retourna auprès de Dieu et intercéda pour son peuple.
Alors Dieu promit qu'il enverrait son ange avec eux, mais que
quant à lui il ne se trouverait point au milieu d'eux, de crainte de
les consumer.107 Ensuite Moïse supplia instamment l'Eternel pour
qu'il lui fît voir sa gloire. Cette prière fut exaucée, sauf qu'il ne
verrait point la face de Dieu.108

un signe que l'on contredit ne prouve qu'il cessera d'exister lorsqu'il ne sera plus un tel signe. Ces
paroles ne prouvent pas non plus que le Sabbat fut fait pour eux ou que son obligation cessa
lorsqu'ils cessèrent d'être le peuple de Dieu. Il y avait une loi perpétuelle dans leurs âges défendant
de manger du sang ; et pourtant elle fut donnée à Noé lorsque Dieu permit pour la première fois
l'usage de la nourriture animale, et elle fut encore obligatoire pour les gentils lorsque les apôtres se
tournèrent vers eux. Lév. 3.17 ; Gen. 9.1-4 ; Act. 15.
La peine de mort par le pouvoir civil est attachée à la violation du Sabbat. Cette même pénalité
est attachée à la plupart des préceptes de la loi morale. Lév. 20.9, 10 ; 24.15-17 ; Deut. 13.6-18 ;
17.2-7. Il faut se souvenir que la loi morale comprenant le Sabbat formait une partie du code
CIVIL de la nation chez les Hébreux. Comme telle, le souverain Législateur y ajouta des peines qui
devaient être infligées par le magistrat, préfigurant probablement ainsi la rétribution finale des
impies. Ces peines furent suspendues par la remarquable décision du Sauveur lorsqu'il dit que ceux
qui étaient sans péché jetassent la première pierre. Mais Il s'élèvera pour punir les hommes, lorsque
la grêle, instrument de sa colère, désolera la terre. Notre Seigneur ne mit pourtant point de côté la
pénalité réelle de la loi, les gages du péché, ni n'affaiblit ce précepte qui avait été violé. Jean 8.1-9 ;
Job 38.22, 23 ; Esa.28.17 ; Apoc.16.17-21 ; Rom. 6.23.
107 Ce fait fera mieux comprendre les textes qui représentent les anges comme ayant joué un rôle

dans le don de la loi. Act. 7.38, 53 ; Gal. 3.19 ; Héb. 2.2.


108 Ex. 32 ; 33.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


58
Mais avant que Moïse montât sur la montagne pour
contempler la majesté de l'incomparable Législateur, l'Eternel lui
dit :
« Taille-toi deux tables de pierre comme les premières, et
j'écrirai sur elles les paroles qui étaient sur les premières tables,
que tu as rompues. …Moïse donc tailla deux tables de pierre
comme les premières, et se leva de bon matin, et monta sur la
montagne de Sinaï, comme l'Eternel lui avait commandé, et prit
en sa main les deux tables de pierre. Et l'Eternel descendit dans la
nuée, et s'arrêta là avec Moïse, et cria le nom de l'Eternel. Et
l'Eternel passa devant lui. »
Alors Moïse contempla la gloire de l'Eternel, et « aussitôt il
baissa la tête contre terre et se prosterna. » Cette entrevue dura
quarante jours et quarante nuits, comme la première, et il semble
que Moïse ait employé ce temps à intercéder auprès de Dieu pour
qu'il ne détruisît point le peuple à cause de leurs iniquités.109 Le
récit de ces quarante jours est très court, mais pourtant le Sabbat
s'y trouve mentionné : « Tu travailleras six jours ; mais au
septième tu te reposeras : tu te reposeras même au temps du
labourage et dans celui de la moisson. »110 On voit ainsi qu'il leur
est recommandé de ne point oublier le Sabbat de l'Eternel même
dans la saison où ils étaient le plus occupés.
Cette seconde période de quarante jours se termine comme la
première : l'Eternel remet à Moïse les tables de pierre. « Et Moïse
demeura là avec l'Eternel quarante jours et quarante nuits, sans
manger du pain et sans boire de l'eau ; et l'Eternel 111 écrivit sur
109 Ex. 34 ; Deut. 9.
110 Ex. 34.21.
111 De ce que, dans ce verset, le mot Eternel ne se trouve pas dans l'original, quelques-uns ont

conclu que c'était Moïse et non pas Dieu qui écrivit les secondes tables. On avance à l'appui de
cette opinion le verset précédent : « Ecris ces paroles ; car c'est suivant la teneur de ces paroles que
j'ai traité alliance avec toi et avec Israël. » Mais il faut observer que les paroles qui devaient être
écrites sur les pierres étaient les dix commandements ; tandis que les paroles auxquelles il est ici
fait allusion sont celles que Dieu adressa à Moïse durant l'entrevue des quarante jours, et qui sont
consignées en raccourci entre les versets 10 et 27. On admet sans peine que si aucun témoignage
positif ne l'interdisait, le pronom il qui devrait remplacer Eternel au verset 28, pourrait assez
proprement s'appliquer à Moïse. La nécessité qu'il y a de consulter le contexte pour déterminer
l'antécédent des pronoms, ressort d'une manière frappante de 2 Sam. 24.1 : « La colère de l'Eternel
s'enflamma de nouveau contre Israël, et il excita David contre eux, en disant : Va, fais le
dénombrement d'Israël et de Juda. » (Segond.) Dans ce passage, le pronom il se rapporterait
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
59
les tables les paroles de l'alliance, savoir les dix paroles. » On voit
ainsi que les tables du témoignage étaient deux tables de pierre
sur lesquelles Dieu avait écrit de son doigt les dix
commandements. On voit ainsi, de plus, que le témoignage de
Dieu n'est autre que les dix commandements. Ce qui était écrit
sur les secondes tables était la copie exacte de ce qui avait été écrit
sur les premières. « Taille-toi », dit Dieu, « deux tables de pierre
comme les premières, et j'écrirai sur elles les paroles qui étaient
sur les premières tables, que tu as rompues.» Et Moïse dit des
premières tables : « Et il vous fit entendre son alliance, qu'il vous
commanda d'observer ; savoir, les dix paroles, lesquelles il écrivit
sur deux tables de pierre. »112
Voilà comment Dieu commit à son peuple les dix
commandements. Il les proclama lui-même, sans agent humain
ou céleste, et il les écrivit de son propre doigt, au lieu de remettre
ce soin à son serviteur Moïse qu'il avait si grandement honoré, ou
même à un ange de sa présence. « Souviens-toi du jour du repos
pour le sanctifier », est l'une des dix paroles ainsi honorées par le
Très-Haut. Mais ces deux grands honneurs ne sont point les seuls
dont il gratifia ce précepte. Tandis que ce précepte partage ces
honneurs en commun avec les neuf autres commandements, il les
devance tous en ce qu'il est établi par L'EXEMPLE du
Législateur lui-même. Le don de ces préceptes sur deux tables, se
rapporte évidemment à la double division de la loi de Dieu :
amour suprême pour Dieu, et amour du prochain comme de soi-
même. Le commandement du Sabbat, placé à la fin de la première
table, forme comme l'agrafe d'or qui joint ensemble les deux
divisions de la loi morale. Il garde et impose ce jour que Dieu
réclame comme sien ; il suit l'homme à travers les six jours que

naturellement à l'Eternel, attribuant ainsi à Dieu l'acte d'avoir poussé David à faire le
dénombrement d'Israël. Pourtant le contexte montre que tel n'était point le cas ; car c'est à cause
de cet acte de la part du roi que la colère de l'Eternel s'enflamma ; et 1 Chr. 21 :1 déclare
positivement que celui qui excita ainsi David, c'est Satan. En fait de témoignage positif prouvant
que ce fut Dieu et non Moïse qui écrivit sur les secondes tables, voyez Ex. 34 : 1 ; Dent. 10 :1-5.
Ces textes distinguent soigneusement entre l'oeuvre de Moïse et l'oeuvre de l'Eternel, assignant à
Moïse la préparation des tables et le soin de les porter sur la montagne comme celui de les en
redescendre, mais assignant expressément à Dieu lui-même l'inscription de l'écriture sur les tables.
112 Ex. 34.1, 28 ; Deut. 4.12,13 ; 5.22.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


60
Dieu lui a donnés afin qu'il les employât convenablement aux
diverses relations de la vie, s'étendant ainsi à travers toute la vie
humaine, et embrassant, dans ces six jours prêtés à l'homme, tous
les devoirs de la seconde table, tout en appartenant lui-même à la
première.
Les paroles que le Législateur adressa à Moïse, l'invitant à se
rendre sur la montagne, prouvent que les dix commandements
forment un code complet de lois morales : « Monte vers moi sur
la montagne, et demeure là, et je te donnerai des tables de pierre,
et la loi et les commandements que j'ai écrits. »113 Cette loi et ces
commandements étaient le témoignage de Dieu gravé sur la
pierre. Ce même grand fait se retrouve dans la bénédiction que
Moïse prononce sur Israël : « Il dit : L'Eternel est venu de Sinaï, il
s'est levé sur eux de Séhir, il a resplendi de la montagne de Paran,
et il est sorti du milieu de ses saintes myriades : il leur a de sa
droite envoyé le feu de sa loi. »114 On ne peut douter qu'il ne
ressorte de ces paroles que le Très-Haut était présent
personnellement avec des milliers de ses anges ou saints. Et
Moïse appelle ce que Dieu écrivit de sa propre main droite, « le
feu de sa loi ». L'homme de Dieu va maintenant achever son
auguste mission. Voici comment il repasse ce que Dieu fit
lorsqu'il lui confia sa loi, et la disposition finale qu'il en fit lui-
même : « Alors il écrivit sur ces tables, comme il avait écrit la
première fois, les dix paroles que l'Eternel vous avait prononcées
sur la montagne, du milieu du feu, au jour de l'assemblée ; puis
l'Eternel me les donna. Et je m'en retournai, et je descendis de la
montagne, et je mis les tables dans l'arche, que j'avais fait faire ; et
elles y sont demeurées comme l'Eternel me l'avait commandé. »
C'est ainsi que la loi de Dieu fut déposée dans l'arche, sous le
propitiatoire.115 Nous ne terminerons point ce chapitre sans
indiquer la relation importante qui existe entre le quatrième
commandement et le sacrifice de propitiation.
113 Ex. 24.12.
114 Deut. 33.2. (Segond.) D'autres versions lisent : « D'entre les dix milliers des saints. » On peut
voir que les anges sont quelquefois appelés saints, dans Dan. 8.13-16. On voit que des anges
étaient avec Dieu en Sinaï, dans Ps. 68.18.
115 Deut.10.4, 5 ; Ex. 25.10-22.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


61
Le dessus de l'arche était appelé le propitiatoire, parce que tous
ceux qui avaient transgressé la loi renfermée dans l'arche, sous le
propitiatoire, pouvaient obtenir le pardon par l'aspersion du sang
d'expiation faite sur le propitiatoire.
C'était la loi qui était dans l'arche qui exigeait une expiation ; la
loi cérémonielle qui ordonnait la sacrificature lévitique et les
sacrifices pour le péché, enseignait aux hommes comment
l'expiation pouvait être faite. La loi transgressée était sous le
propitiatoire ; il était fait aspersion du sang du sacrifice pour le
péché sur le propitiatoire, et le pardon était accordé au pécheur
repentant. Il y avait un péché réel, et, conséquemment, une loi
réelle qui avait été transgressée ; mais il n'y avait point Une
expiation réelle, et c'est pourquoi les sacrifices des lévites avaient
besoin d'un grand antitype. Lorsque l'expiation réelle sera faite,
elle devra se rapporter à la loi concernant laquelle il avait été fait
une expiation qui n'était qu'un type ou une figure. En d'autres
termes, l'expiation figurée se rapportait à la loi renfermée dans
l'arche, montrant que cette loi exigeait une expiation réelle. Or il
est nécessaire que la loi qui exige une expiation afin que le
transgresseur puisse être épargné, soit elle-même parfaite ;
autrement, la faute en serait au moins en partie au Législateur, et
non entièrement au pécheur. Par conséquent, lorsque l'expiation
sera faite, elle n'enlèvera point la loi qui a été transgressée, car elle
est parfaite ; mais elle aura pour but exprès d'enlever la culpabilité
du transgresseur.116 Qu'on se souvienne donc que le quatrième
commandement est l'un des dix préceptes de la loi de Dieu qui a
été transgressée ; l'un des saints et immuables principes qui
rendirent nécessaire la mort du Fils unique de Dieu avant que le
pardon pût être accordé à l'homme coupable. Si on conserve ces
faits à l'esprit, on ne trouvera point étrange que le Législateur se
soit réservé la proclamation d'une telle loi, et on ne s'étonnera
point qu'il ne confiât à aucune créature le soin d'écrire la loi qui
exigerait comme expiation la mort du Fils de Dieu.

116 1 Jean 3.4, 5.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
62

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


63
CHAPITRE VI

LE SABBAT
DURANT LE JOUR DE LA TENTATION

Histoire générale du Sabbat dans le désert - Sa violation, une cause de


(exclusion du pays de la promesse, de cette génération - Sa violation dans le
désert par leurs enfants, une des causes de leur dispersion finale hors de leur
propre pays - Le règlement concernant le feu au jour du Sabbat - Préceptes
variés relatifs au Sabbat - Le Sabbat n'est pas une fête juive -L'homme qui
ramassa du bois au jour du Sabbat - Appel de Moïse en faveur du décalogue -
Le Sabbat ne provient point de (alliance faite en Horeb - Dernières
exhortations de Moïse en faveur du Sabbat - Le quatrième commandement
originel - Le Sabbat n'est pas un mémorial de la sortie d'Egypte - Quelles sont
les paroles qui furent gravées sur la pierre - Sommaire général des livres de
Moïse.

L 'histoire du Sabbat durant le « jour de la tentation dans le


désert », alors que le peuple d'Israël tenta et irrita Dieu
pendant quarante ans, peut être racontée en quelques mots.
Même sous le regard de Moïse, ayant encore en mémoire et
devant leurs yeux les miracles les plus prodigieux, ils demeuraient
idolâtres117, ils négligeaient les sacrifices, négligeaient la
circoncision118, ils murmuraient contre Dieu, ils méprisaient sa
loi119, et violaient son Sabbat. Ezéchiel nous donne la vive
description suivante de la manière dont ils traitèrent le Sabbat
pendant qu'ils étaient dans le désert :
« Mais ceux de la maison d'Israël se rebellèrent contre moi
dans le désert ; ils ne marchèrent pas dans mes statuts, mais ils
rejetèrent mes ordonnances, par lesquelles l’homme vivra s'il les
accomplit, et ils profanèrent extrêmement mes Sabbats ; c'est
pourquoi je dis que je répandrais sur eux ma colère dans le désert
pour les consumer. Ce que je fis pour l'amour de mon nom, de

117 Ex. 32 ; Jos. 24.2,14 ; 23 ; Ezé. 20.7, 8,13,18, 24.


118 Amos 5.25-27 ; Act. 7.41-43 ; Jos. 5.2-8.
119 Nomb.11 ; Ps. 95 ; Ezé. 20.13.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


64
peur qu'il ne fût profané en présence des nations, aux yeux
desquelles je les avais tirés hors du pays d'Egypte. »120
Ces paroles montrent une violation générale du Sabbat et font
évidemment allusion à l'apostasie d'Israël durant les quarante
premiers jours que Moïse passa sur la montagne. Dieu résolut
alors de les détruire ; mais, à l'intercession de Moïse, il les épargna
pour la raison même indiquée par le prophète.121 Une seconde
épreuve leur étant accordée, ils tombèrent une seconde fois d'une
manière signalée, de sorte que Dieu jura qu'ils n'entreraient point
dans la terre promise. Le prophète continue :
Et même je leur levai ma main dans le désert, que je ne les
amènerais pas au pays que je leur avais donné, pays où coulent le
lait et le miel, et qui est le plus excellent de tous les pays ; PARCE
QU'ILS avaient rejeté mes ordonnances, et qu'ils n'avaient pas
marché dans mes statuts, et qu'ils avaient profané mes Sabbats ;
car leurs coeurs marchaient après leurs dieux infâmes. Toutefois,
mon œil les épargna pour ne pas les détruire, et je ne les
consumai pas entièrement dans le désert. »
Ces paroles se rapportent sans doute à ce que fit Dieu lorsqu'il
déclara que tous ceux qui étaient âgés de plus de vingt ans
n'entreraient pas dans la terre promise.122 Il faut remarquer que la
violation du Sabbat est distinctement énoncée comme l'une des
raisons pour lesquelles cette génération fut exclue du pays de la
promesse. Dieu épargna le peuple, de sorte que la nation ne fut
point entièrement retranchée ; car il prolongea la période
d'épreuve pour les plus jeunes. Le prophète continue comme
suit :
« Mais je dis à leurs enfants dans le désert : Ne marchez point
dans les statuts de vos pères, et ne gardez point leurs
ordonnances, et ne vous souillez point par leurs dieux infâmes.
C'est moi qui suis l'Éternel, votre Dieu ; marchez dans mes
statuts, et gardez mes ordonnances, et faites-les. Sanctifiez mes
Sabbats, et ils seront un signe entre moi et vous, afin que vous

120 Ezé. 20.13-24.


121 Ex. 32.
122 Nomb.14.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


65
connaissiez que je suis l'Éternel, votre Dieu. Mais leurs enfants se
rebellèrent aussi contre moi, et ne marchèrent point dans mes
statuts ; ils ne gardèrent et ne firent point mes ordonnances, par
lesquelles l'homme vivra s'il les accomplit, et ils profanèrent mes
Sabbats ; et je dis que je répandrais mon indignation sur eux, et
que j'accomplirais ma colère sur eux dans le désert. Toutefois, je
retins ma main, et je le fis pour l’amour de mon nom, de peur
qu'il ne fût profané en présence des nations, aux yeux desquelles
je les avais retirés. Et cependant je leur levai ma main dans le
désert, que je les répandrais parmi les nations, et que je les
disperserais dans les pays ; parce qu'ils n'avaient pas accompli mes
ordonnances, et qu'ils avaient rejeté mes statuts, et profané mes
Sabbats, et que leurs yeux étaient après les dieux infâmes de leurs
pères. »
Il paraît donc que la jeune génération, que Dieu avait épargnée
lorsqu'il exclut les pères du pays de la promesse, agit comme la
précédente : comme leurs pères, ils transgressèrent la loi de Dieu,
profanèrent son Sabbat et s'attachèrent à l’idolâtrie. Dieu ne jugea
point à propos de les exclure du pays de Canaan, mais il leva la
main contre eux dans le désert, qu'il les disperserait parmi les
nations ennemies après qu'ils seraient entrés dans le pays de la
promesse. On voit ainsi que c'est pendant qu'ils étaient dans le
désert, que les Hébreux provoquèrent les causes de leur
dispersion subséquente loin de leur pays ; et que l'un des actes qui
amena la ruine finale de la nation, fut la violation du Sabbat avant
qu'ils fussent entrés dans le pays de la promesse. Moïse put bien
leur dire dans le dernier mois de sa vie : « Vous avez été rebelles à
l'Éternel, depuis le jour que je vous ai connus. »123 Mais Caleb et
Josué étaient animés d'un autre esprit, car ils obéirent pleinement
à l’Éternel.124
Telle est l’histoire générale de l’observation sabbatique dans le
désert. Même le miracle de la manne qui, chaque semaine pendant
quarante ans, rendit publiquement témoignage au Sabbat125,

123 Deut. 9.21.


124 Nomb. 14 ; Héb. 3.16.
125 Ex. 16 ; Jos. 5.12.

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devint pour la plupart des Hébreux un événement tout ordinaire,
de sorte qu'ils osèrent murmurer contre le pain qui leur était ainsi
envoyé du ciel126 ; et nous pouvons bien croire que ceux qui
étaient ainsi endurcis par la séduction du péché n'eurent guère
égard au témoignage que la manne rendait au Sabbat :127
Nous lisons ensuite dans le récit de Moïse, ce qui suit,
relativement au Sabbat :
« Moïse donc assembla la congrégation des enfants d'Israël, et
leur dit : Ce sont ici les choses que l'Eternel a commandé de
faire ; On travaillera pendant six jours, mais le septième jour sera
saint, car c'est le Sabbat du repos consacré à l'Eternel. Quiconque
travaillera en ce jour-là sera puni de mort.128 Vous n'allumerez
point de feu dans aucune de vos demeures le jour du repos. »129
Le trait qui intéresse le plus particulièrement dans ce texte,
c'est la défense qu'il y est faite de faire du feu le jour du Sabbat.
Comme c'est là la seule défense de cette sorte dans la Bible, et
qu'on la présente souvent comme une excuse pour ne point
observer le Sabbat, il ne sera pas hors de propos d'examiner
brièvement la difficulté. Il faut observer : 1° Que ces paroles ne
font point partie du quatrième commandement, l'auguste loi du
Sabbat. 2° Que, comme il y avait des lois relatives au Sabbat qui
ne faisaient point partie de l'institution sabbatique, et qui
provenaient de ce que le Sabbat avait été confié aux Hébreux,
telle que la loi concernant la présentation des pains de
proposition chaque Sabbat, et celle qui se rapportait aux
offrandes par le feu qui se faisaient chaque jour de Sabbat130, il est
tout au moins possible que ce soit là un précepte n'appartenant
qu'à cette nation et non point une partie de l'institution primitive.
3° Que, de même qu'il y avait des lois particulières aux Hébreux,
il en existait également qui ne les concernaient que pendant qu'ils

126 Nomb. 11 ; 21.


127 Une comparaison faite entre Ex. 19 ; 20.18-21 ; 24.3-8, et le chapitre 32, montrera les
transitions étonnantes des Hébreux passant de la foi et de l’obéissance à la rébellion et à l’idolâtrie.
Lisez-en le récit général dans les Psaumes 78 et 106.
128 A propos de cette pénalité, veuillez voir notre chapitre cinquième.
129 Ex. 35.1-3.
130 Lév. 24.5-9 ; Nomb. 28.9, 10.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


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étaient dans le désert. Tels étaient tous les préceptes ayant trait à
la manne, à la construction du tabernacle, à la manière dont en
devait l'élever, se camper alentour, etc. 4° Que tous les statuts
donnés depuis que Moïse apporta les secondes tables de pierre de
la montagne jusqu'à la fin du livre de l'Exode sont de ce nombre,
à moins que les paroles que nous considérons ne forment une
exception. 5° Que la défense de faire du feu était une loi de ce
genre, c'est-à-dire une loi propre seulement au séjour dans le
désert, cela est prouvé par plusieurs faits décisifs :
1° Le pays de Canaan est si froid durant une partie de l'année,
que pour ne pas en souffrir, il est indispensable d'entretenir du
feu dans les habitations.131
2° Le Sabbat n'a point été destiné à être une source de gêne et
de souffrance, mais plutôt de joie, de délices et de bonheur.132

131 La Bible abonde en faits qui soutiennent cette proposition. Ainsi, le psalmiste, en s'adressant à
Jérusalem, se sert des paroles suivantes : « C'est lui qui donne la neige comme des flocons de laine,
et qui répand la bruine comme de la cendre. C'est lui qui jette sa glace comme par monceaux. Qui
pourra soutenir la rigueur de son froid ? Il envoie sa parole, et il les fait fondre ; il fait souffler son
vent, et les eaux s'écoulent. Il annonce ses paroles à Jacob, ses statuts et ses ordonnances à Israël. »
Ps. 147.16-19. Le Dr CLARKE fait sur ce texte la remarque suivante : « Dans certains moments, il
fait en Orient un froid si intense qu'il tue hommes et bêtes. » Jacobus de Vitriaco, un des écrivains de
la Gesta Dei per Francos, dit que dans une expédition qu'il faisait au Mont Tabor, le 24 décembre, le
froid était si intense que plusieurs pauvres gens et des bêtes de charge en moururent. Et Albertus
Aquensis, un autre de ces écrivains, parlant du froid qu'il faisait en Judée, dit que trente personnes
de ceux qui accompagnaient Baldwin Ier dans les districts montagneux de la mer Morte, moururent
de froid ; il ajoute que dans cette expédition, ils eurent à affronter une grêle et des glaces horribles,
avec des neiges et des pluies inouïes. On voit par là que souvent les hivers sont très rigoureux en
Judée ; et que, dans des cas pareils à celui qui est cité plus haut, on peut bien s'écrier : « Qui pourra
soutenir la rigueur de son froid ! » Voyez aussi Jér. 36.22 ; Jean 18.18 ; Mat. 24.20 ; Marc 13.18. 1
Maccabées 13.22, mentionne la présence en Palestine d'une tempête de neige si violente, que les
hommes à cheval ne pouvaient avancer.
132 Le témoignage de la Bible est très explicite à cet égard. Ainsi nous lisons : « Six jours durant tu

travailleras, mais au septième jour tu te reposeras, afin que ton bœuf et ton âne se reposent, et que
le fils de ta servante et l’étranger reprennent leurs forces. Ex. 23.12. Etre sans feu dans la rigueur
de l'hiver eût fait du Sabbat une malédiction, un jour de souffrance, et non un délassement, un
moyen de reprendre des forces. Cela eût ruiné la santé de ceux qui se fussent ainsi exposés au
froid, et eût fait du Sabbat tout autre chose qu'un sujet de récréation. Le prophète se sert des
paroles suivantes : « Si tu retires ton pied du Sabbat et que tu ne fasses pas ta volonté au jour qui
m'est consacré, et si tu appelles le Sabbat tes délices, et honorable ce qui est consacré à l’Eternel, »
etc. Dieu voulut donc faire du Sabbat une source de délices pour son peuple, et non une cause de
souffrance. Le caractère miséricordieux et bienfaisant du Sabbat apparaît dans les textes suivants :
Mat. 12.10-13 ; Marc 2.27, 28 ; Luc 14.3-6. Nous voyons par là que Dieu a égard aux souffrances
des animaux qu'il a créés, et qu'il voulait qu'ils en fussent soulagés le jour du Sabbat ; à plus forte
raison a-t-il égard aux peines et aux besoins de son peuple pour le repos et les délices duquel le
Sabbat a été fait.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
68
3° Dans le désert de Sinaï, où fut donné ce précepte défendant
de faire du feu le jour du Sabbat, ce n'était point une cause de
souffrance ; car le peuple était à deux cents milles plus au sud que
Jérusalem, dans le chaud climat d'Arabie.
4° Le caractère temporaire de ce précepte est en outre
implicitement compris dans le fait que, tandis qu'il est dit des
autres lois que ce sont des statuts et des préceptes perpétuels qui
devront être gardés après qu'ils seraient entrés dans le pays133, il
n'est fait ici aucune allusion de cette sorte. Au contraire, il paraît
avoir le même caractère que le précepte relatif à la manne134, avec
lequel il semble être coexistant, et auquel il paraît adapté.
5° Si la défense de faire du feu avait réellement appartenu au
pays de la promesse et non point simplement au désert, elle eût
été souvent, au retour d'un petit nombre d'années, en conflit
direct avec la loi de la Pâque. Car l'agneau de Pâque devrait être
grillé dans chaque famille des enfants d'Israël le soir qui suivait le
quatorzième jour du premier mois135, jour qui tombait parfois sur
le Sabbat. La défense de faire du feu au jour du Sabbat ne devait
point être en conflit avec la Pâque tandis que les Hébreux étaient
dans le désert ; car ils ne durent point observer la Pâque avant
d'avoir obtenu le pays de Canaan.136 Mais si cette défense avait dû
s'étendre jusqu'à l'époque où, dans la terre promise, la Pâque
devait être régulièrement célébrée, ces deux statuts se fussent
trouvés souvent en flagrant conflit. Cela est certainement une
forte confirmation de l'opinion qui voit dans la prohibition du feu

133 Ex. 29.9 ; 31.16 ; Lév. 3.17 ; 24.9 ; Nomb. 19.21 ; Deut. 5.31 ; 6.1 ; 7. Celui qui étudiera ce sujet
sera surpris du nombre et de la variété de ces allusions.
134 Ex. 16.23.
135 Ex. 12 ; Deut. 16.
136 La loi de la Pâque visait certainement l'arrivée des Hébreux dans la terre promise comme le

temps de son observance régulière. Ex. 12.25. Au fait, elle ne fut observée qu'une fois dans le
désert, savoir l'année qui suivit leur sortie d'Egypte, et elle fut ensuite omise jusqu'à ce qu'ils
entrent dans le pays de Canaan. Nomb. 9 ; Jos. 5. Cela est prouvé non seulement par le fait qu'il ne
nous en est point cité d'autres exemples, mais parce que la circoncision fut omise pendant toute la
période de leur séjour dans le désert ; et sans cette ordonnance, les enfants eussent été exclus de la
participation à la Pâque. Ex. 12 ; Jos. 5.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


69
au jour du Sabbat un précepte temporaire qui n'avait d'autorité
que dans le désert.137
Il résulte de ces faits que l'argument favori que l'on tire de la
défense de faire du feu, à savoir que le Sabbat était une institution
locale qui n'était adaptée qu'au pays de Canaan, doit être
abandonné ; car il est évident que cette prohibition n'était qu'une
règle temporaire qui ne s'adaptait pas même au pays de la
promesse, et qui n'était point destinée à ce pays. Voici ce que
nous lisons ensuite concernant le Sabbat :
« L'Eternel parla aussi à Moïse, disant : Parle à toute
(assemblée des enfants d'Israël, et dis-leur : Soyez saints, car je
suis saint, moi qui suis l'Eternel, votre Dieu. Que chacun révère
sa mère et son père ; et vous garderez mes Sabbats. Je suis
l’Eternel, votre Dieu… Vous garderez mes Sabbats, et vous aurez
du respect pour mon sanctuaire. Je suis l'Eternel. »138
Ces allusions constantes au Sabbat contrastent d'une manière
frappante avec la désobéissance générale du peuple. Voici
comment Dieu parle ensuite :
« On travaillera six jours ; mais au septième jour, qui est le
Sabbat du repos, il y aura une sainte convocation ; vous ne ferez
aucune œuvre, car c'est le Sabbat à l'Eternel dans toutes vos
demeures. »139
Dieu désigne ainsi solennellement son jour de repos comme
un temps consacré au culte divin et comme le jour des assemblées

137 Le Dr Bound nous donne la pensée de St Augustin sur ce précepte : « Il ne leur commande pas
cela sans raison ; car il en parle pendant la construction du tabernacle et des choses qui lui
appartenaient, et montre que, malgré cela, ils devaient se reposer le jour du Sabbat et ne point
prendre prétexte de cela (ainsi qu'il est dit dans le texte) même pour allumer du feu. » True Doctrine
of the Sabbath, p.140.
138 Lév. 19.1-3, 30.
139 Lév. 23.3. On a conclu du verset 2 que le Sabbat était une des fêtes consacrées à l'Eternel. Mais

en comparant les versets 2 et 4, on voit que le récit est interrompu dans le but d'introduire le
Sabbat comme sainte convocation, et que le verset 4 reprend la suite des paroles du verset 2 ; et
l'on doit observer que le reste de ce chapitre établit les fêtes réellement juives ; savoir, celles des
pains sans levain, de la Pentecôte et la fête des tabernacles. Ce qui débarrasse encore davantage ce
point de toute obscurité, c'est que les versets 37 et 38 établissent avec soin la distinction qu'il y
avait entre les fêtes et les Sabbats de l'Eternel. Mais Ex. 23.14 résout cette question hors de toute
controverse : « Tu me célébreras une fête solennelle trois fois l'année. » Et nous voyons ensuite
l'énumération de ces fêtes dans les versets 15-17, comme dans Lév. 23.4-44. Voyez aussi 2 Chr.
8.13.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
70
religieuses hebdomadaires. Le Législateur suprême rappelle plus
loin son Sabbat :
« Vous ne vous ferez point d'idoles, et ne vous dresserez point
d'image taillée, ni de statue, et vous ne mettrez point de pierre
figurée dans votre pays, pour vous prosterner devant elle, car je
suis l’Eternel, votre Dieu. Vous garderez mes Sabbats, et vous
révérerez mon sanctuaire. Je suis l’Eternel. »140
Combien le peuple de Dieu n'aurait-il pas été heureux s'il se
fût ainsi gardé de l’idolâtrie et s'il eût observé saintement le jour
du repos du Créateur ! Pourtant, l’idolâtrie et la violation du
Sabbat furent si générales dans le désert, que la génération qui
sortit d'Egypte fut exclue de la terre promise.141 Après que Dieu
eut ainsi privé de l'héritage du pays les hommes qui s'étaient
rebellés contre lui142, voici ce que nous lisons du Sabbat :
« Or, les enfants d'Israël, étant au désert, trouvèrent un
homme qui ramassait du bois le jour du Sabbat. Et ceux qui le
trouvèrent ramassant du bois, l'amenèrent à Moïse et à Aaron, et
à toute l'assemblée. Et ils le mirent en prison ; car on n'avait pas
encore déclaré ce qu'on lui devait faire. Alors l’Eternel dit à
Moïse : On punira de mort cet homme-là, et toute l'assemblée le
lapidera hors du camp. Toute l'assemblée donc le mena hors du
camp, et ils le lapidèrent, et il mourut, comme l'Eternel l'avait
commandé à Moïse. »143
Dans l'explication de ce texte, il faut considérer les faits
suivants : 1° C'était là un cas de culpabilité particulière ; car toute
la congrégation devant laquelle cet homme parut pour être jugé,
et par laquelle il fut mis à mort, était elle-même coupable d'avoir
violé le Sabbat, et venait d'être exclue de la terre promise pour ce
péché même et d'autres encore.144 2° Ce n'était point là un cas qui
ressortît de la loi pénale existante qui prononçait la mort pour
avoir travaillé au jour du Sabbat ; car cet homme fut enfermé afin
que l'Eternel pût être consulté concernant sa culpabilité. On peut
140 Lév. 26.1, 2.
141 Ezé. 20.15,16.
142 Nomb.13 ; 14.
143 Nomb. 15.32-36.
144 Ezé. 20.15, 16 comparé avec Nomb. 14.35.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


71
apprendre par le contexte ce que sa transgression avait de
particulier. Les versets qui précèdent immédiatement le récit en
question se lisent ainsi :
« Mais pour celui qui aura péché par fierté, soit qu'il soit né au
pays, soit qu'il soit étranger, et qui aura outragé l’Eternel, cette
personne-là sera retranchée du milieu de son peuple ; car il a
méprisé la parole de l’Eternel, et il a enfreint son
commandement ; cette personne donc sera certainement
retranchée ; son iniquité sera sur elle. »145
Le récit d'un cas aussi frappant, placé qu'il est immédiatement
après ces paroles, avait évidemment pour but d'en donner un
exemple. Il est donc manifeste que c'était là un exemple de péché
de fierté que le transgresseur commit au mépris de l'Esprit de
grâce et des statuts du Très-Haut. Ce cas ne peut donc être cité
comme preuve de la sévérité extraordinaire avec laquelle les
Hébreux avaient observé le Sabbat ; car nous avons des preuves
directes qu'ils le violèrent grandement pendant toute la durée des
quarante ans de leur séjour dans le désert.146 Ce cas nous est donc
un exemple d'une transgression par laquelle le pécheur avait
l’intention de témoigner son mépris pour le Législateur, et c'est en
cela que consistait spécialement sa culpabilité.147
Dans le dernier mois de sa vie si longue et si remplie, Moïse
rappelle tous les miracles de Dieu en faveur de son peuple ainsi
que les statuts et les préceptes qu'il leur avait donnés. Cette
répétition se trouve dans le livre du Deutéronome, nom qui

145 Nomb. 15.30, 31.


146 Ezé. 20.
147 Voici avec quelle impartialité HENGSTENBERG, fameux théologien (antisabbatarien)

allemand explique ce passage : « Sur le commandement de l’Eternel, un homme qui avait ramassé
du bois le Sabbat, est mené par toute l’assemblée hors du camp et lapidé. CALVIN dit avec
raison : « Le coupable n'avait point péché par erreur, mais par un odieux mépris de la loi ;
tellement qu’il ne comptait pour rien de renverser et fouler aux pieds tout ce qui est saint. » J.-H.
MICHAELIS fait également observer que c'est un exemple du péché par fierté mentionné aux
versets 30, 31. Du reste, il ressort bien des paroles qui commencent ce récit qu'il n'est point placé
là en raison de son ordre chronologique, parce que l’incident était arrivé alors : « Or, les enfants
d'Israël étant au désert, trouvèrent un homme qui ramassait du bois le jour du Sabbat. » C'est donc là
simplement un exemple de ce qu'il est dit aux versets 30 et 31 des péchés de fierté et de
présomption. C'était un homme qui méprisait la parole de l’Eternel et qui anéantissait ses
commandements, verset 31 ; un homme qui péchait à main levée et blasphémait l’Eternel, verset
30 » - Ueber den Tag des Herrn, p. 63. Berlin 1852.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
72
signifie seconde loi, et qui est appliqué à ce livre parce que c'est
un second écrit de la loi. Ce sont les adieux de Moïse à un peuple
rebelle et désobéissant ; aussi s'efforce-t-il de leur inspirer le
sentiment le plus puissant qu'il lui est possible, de l’obligation
personnelle d'obéir. C'est ainsi que, lorsqu'il va leur répéter les dix
commandements, il emploie des paroles par lesquelles il a
évidemment l’intention de faire comprendre avec force aux
Hébreux l'obligation individuelle qu'ils avaient de faire ce que
Dieu avait commandé. Voici ses paroles :
« Ecoute, Israël, les statuts et les ordonnances que je prononce
aujourd'hui, et que vous entendez, afin que vous les appreniez, et
que vous les gardiez pour les faire. L'Eternel, notre Dieu, traita
alliance avec nous en Horeb. Dieu n'a point traité cette alliance
avec nos pères ; mais il l’a traitée avec nous qui sommes ici
aujourd'hui, tous vivants. »148
Ce n'est point l'acte de vos pères qui a placé cette
responsabilité sur vous ; mais ce sont vos propres actes
individuels qui vous ont mis dans les liens de cette alliance. Vous
vous êtes personnellement engagés envers le Très-Haut à garder
ces préceptes.149 Tel est le sens évident de ces paroles ; pourtant
on les a gravement alléguées comme preuve que le Sabbat de
l’Eternel fut fait pour les Hébreux et n'était point obligatoire pour
les patriarches. La singularité de cette déduction paraît en ce
qu'elle n'est avancée que contre le quatrième commandement ;
tandis que si c'était un argument juste et logique, il démontrerait
que les anciens patriarches n'étaient sous aucune obligation
relativement à n'importe quel précepte de la loi morale. Mais il est
certain que l'alliance d'Horeb fut simplement une incorporation
des préceptes de la loi morale avec engagements mutuels,
relativement à ces préceptes, entre Dieu et le peuple, et que cette
alliance ne donna l’existence à aucun des dix commandements.
En tout cas, nous voyons le Sabbat ordonné de Dieu à la fin de la
création150 et obligatoire pour les Hébreux dans le désert avant

148 Deut. 5.1-3.


149 Voyez les engagements de ce peuple dans Exode 19 et 2-1.
150 Voyez le deuxième chapitre de cet ouvrage.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


73
que Dieu leur eût donné un nouveau précepte à ce sujet.151
Comme cela eut lieu avant l’alliance contractée en Horeb, c’est
une preuve concluante que le Sabbat ne tire pas plus son origine
de cette alliance, que la défense de l'idolâtrie, du vol ou du
meurtre.
L'homme de Dieu répète alors les dix commandements, et
voici comment il donne le quatrième :
« Garde le jour du repos pour le sanctifier, selon que l’Éternel,
ton Dieu, te l’a commandé ; tu travailleras six jours, et tu feras
toute ton œuvre ; mais le septième jour est le repos de l’Éternel,
ton Dieu ; tu ne feras aucune œuvre en ce jour-là, ni toi, ni ton
fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton
âne, ni aucune de tes bêtes, ni ton étranger qui est dans tes portes,
afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi, et que
tu te souviennes que tu as été esclave au pays d’Egypte, et que
l’Éternel, ton Dieu, t'en a tiré à main forte et à bras étendu ; c'est
pourquoi, l’Éternel, ton Dieu, t'a commandé de garder le jour du
repos. »152
Une chose singulière, c'est que ce passage est uniformément
cité par ceux qui écrivent contre le Sabbat, comme l'original du
quatrième commandement ; tandis que le précepte originel lui-
même est soigneusement omis. Pourtant, rien n'est mieux prouvé
que le fait que ce n'est point là le précepte originel ; en effet,
Moïse répète ces paroles à la fin du séjour des quarante ans dans
le désert, tandis que le commandement originel fut donné dans le
troisième mois qui suivit la sortie d'Égypte.153 Le commandement
lui-même, tel qu'il est donné ici, en contient une preuve directe.
Nous y lisons : « Garde le jour du repos pour le sanctifier,
SELON que l'Éternel, ton Dieu, TE L'A COMMANDÉ », nous
renvoyant ainsi quelque part au statut originel. Bien plus, le
précepte, tel qu'il est donné ici, est évidemment incomplet. Il ne
contient aucune indication de l’origine du Sabbat de l’Éternel, ni
ne contient les actes qui donnèrent l'existence au Sabbat. Voilà

151 Voyez notre chapitre troisième.


152 Deut. 5.12-15.
153 Comparez Ex. 19 ; 20 ; Deut. 1.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


74
pourquoi ceux qui représentent le Sabbat comme ayant été donné
dans le désert et non à l’époque de la création, citent ce passage
comme étant le quatrième commandement, et omettent le
précepte originel que Dieu lui-même proclama, et où tous ces
faits sont distinctement énoncés.154
Mais tandis que Moïse, dans cette répétition, omet une grande
partie du quatrième commandement, il s'en rapporte pour le tout
au précepte originel, et ajoute à cette remémoration une raison
puissante pour laquelle les Hébreux devaient garder le Sabbat. Il
faut se rappeler qu'un grand nombre de gens parmi le peuple
avaient continuellement persisté à violer le Sabbat, et que c'est ici
la dernière fois que Moïse leur parlera en faveur de ce
commandement. Voici ses paroles :
« Et que tu te souviennes que tu as été esclave au pays
d'Égypte, et que l’Éternel, ton Dieu, t'en a tiré à main forte et à
bras étendu ; c'est pourquoi, l’Éternel, ton Dieu, t'a commandé de
garder le jour du repos. »
Ces paroles sont souvent citées comme preuve que le Sabbat
tire son origine de la sortie d'Égypte, et qu'il fut institué à cette
époque comme mémorial de cette délivrance. Mais il faut
observer : 1° Que ce passage ne dit pas un mot de l’origine du
Sabbat ou jour du repos de l'Éternel. 2° Que tous les faits qui s'y
rapportent sont indiqués dans l’original du quatrième
commandement, et que ce commandement les rapporte à la
création. 3° Qu'il n'y a aucune raison de croire que Dieu se reposa
le septième jour à l'époque de la sortie d'Egypte ni qu'il bénit et
sanctifia alors ce jour. 4° Que le Sabbat n'a rien en soi qui pût
commémorer la délivrance d'Egypte ; car c'était une fuite, tandis
que le Sabbat est un repos ; et cette fuite eut lieu le quinzième
jour du premier mois, tandis que ce repos est le septième jour de
chaque semaine ; de sorte que l'un de ces événements est annuel,
et l'autre hebdomadaire. 5° Mais Dieu ordonna un mémorial
convenable de cette délivrance, mémorial que devaient observer
les Hébreux : la Pâque, au quatorzième jour du premier mois, en

154 Ex. 20.8-11.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
75
mémoire du passage de Dieu au milieu d'eux, lorsqu'il frappa les
Egyptiens ; et la fête des pains sans levain, en mémoire du pain
sans levain qu'ils avaient mangé, lorsqu'ils s'enfuirent d'Egypte.155
Mais que signifient donc ces paroles ? Peut-être remarquera-t-
on plus aisément leur signification en les comparant avec un
parallèle exact qui se trouve dans le même livre, et dû à la plume
du même écrivain :
« Tu ne pervertiras point le droit d'un étranger, ni d'un
orphelin, et tu ne prendras point pour gage l'habit d'une veuve. Et
tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte, et que l'Eternel,
ton Dieu, t'a racheté de là. C'est pourquoi je te commande de
faire ces choses. »156
On verra bien vite que ce précepte ne fut point donné pour
commémorer la délivrance d'Israël de la servitude d'Egypte ; et
que cette délivrance ne pouvait pas non plus donner naissance à
l'obligation morale qui y est exprimée. S'il ressort de là, dans un
cas, que les hommes n'étaient point sous l'obligation de garder le
Sabbat avant la délivrance d'Israël du pays d'Egypte, il en ressort
d'une manière tout aussi concluante, dans l'autre, qu'avant leur
délivrance, ils n'étaient point sous l'obligation d'être justes et
humains envers les étrangers, les orphelins et les veuves. Et si l'on
montre que, dans l'un de ces cas, le Sabbat est juif, dans l'autre, la
loi que le suprême Législateur donna en faveur des nécessiteux et
des délaissés, doit partager le même sort. Il est manifeste que ces
paroles sont dans chaque cas un appel à leurs sentiments de
gratitude. Vous étiez esclaves en Egypte, et Dieu vous a délivrés ;
par conséquent, souvenez-vous de ceux qui sont malheureux et
ne les opprimez point. Vous étiez en Egypte les objets d'une
cruelle et dure tyrannie, et Dieu vous a rachetés ; c'est pourquoi
sanctifiez à l’Eternel le jour qu'il s'est réservé. Appel des plus
puissants pour ceux qui, jusque-là, avaient persisté à le profaner.
Leur délivrance d'une servitude abjecte était sans doute nécessaire
dans chaque cas, afin qu'ils pussent entièrement observer les
choses qui leur étaient commandées ; mais cette délivrance ne
155 Ex. 12 ; 13.
156 Deut. 24.17,18.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
76
donna naissance à aucun de ces devoirs. Ce fut sans doute un des
actes par lesquels le Sabbat de l’Eternel fut donné à cette nation ;
mais ce ne fut pas un des actes par lesquels Dieu fit le Sabbat, pas
plus qu'il ne fit du jour du repos de l’Eternel une institution
judaïque.
Il est évident que les paroles gravées sur la pierre étaient
simplement les dix commandements :
1° Il est dit des premières tables :
« Et que l'Eternel vous parla du milieu du feu, vous entendîtes
bien une voix qui parlait, mais vous ne vîtes aucune ressemblance,
et vous n'entendîtes que la voix. Et il vous fit entendre son
alliance, qu'il vous commanda d'observer ; savoir, les dix paroles,
lesquelles il écrivit sur deux tables de pierres. »157
2° Ainsi, les premières tables de pierre ne contenaient que les
dix commandements. Et il est positivement dit que les secondes
tables étaient une copie exacte de ce qui était écrit sur les
premières :
« Et l’Eternel dit à Moïse : Taille-toi deux tables de pierre
comme les premières, et j'écrirai sur elles les paroles qui étaient
sur les premières tables, que tu as rompues. » « Et j'écrirai sur ces
tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as
rompues, et tu les mettras dans l’arche. »158
3° Cela est confirmé par le témoignage décisif suivant :
« Et l'Eternel écrivit sur les tables les paroles de l'alliance,
savoir, les Dix PAROLES. » « Alors il écrivit sur ces tables,
comme il avait écrit la première fois, les DIX PAROLES que
l'Eternel vous avait prononcées sur la montagne, du milieu du
feu, au jour de l'assemblée ; puis l'Eternel me les donna. »159
Ces textes expliqueront les paroles suivantes : « Alors l’Eternel
me donna deux tables de pierre, écrites du doigt de Dieu, et sur
lesquelles toutes les paroles que l'Eternel avait prononcées
lorsqu'il parlait avec vous sur la montagne, du milieu du feu, au

157 Deut. 4.12, 13.


158 Ex. 34.1 ; Deut. 10.2.
159 Ex. 34.28 ; Deut. 10.4.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


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jour de l'assemblée, étaient écrites. »160 Ainsi il est dit que Dieu
écrivit sur les tables toutes les paroles qu'il avait prononcées au
jour de l'assemblée ; et ces paroles écrites par lui sont dites être
les DIX PAROLES. Mais la préface du décalogue ne fit point
partie de ces dix paroles et n'a, par conséquent, pas été écrite du
doigt de Dieu sur la pierre. On verra, en examinant le texte
suivant et son contexte, que cette distinction doit être établie.
« L'Eternel prononça ces PAROLES à toute votre assemblée,
sur la montagne, du milieu du feu, de la nuée et de l'obscurité,
avec une voix forte, et il n'y ajouta rien ; puis il les écrivit sur deux
tables de pierre qu'il me donna. »161
CES PAROLES, dont il est dit ici qu'elles furent écrites par le
doigt de Dieu après qu'il les eut prononcées à l'ouïe de tout le
peuple, doivent être comprises comme étant de deux choses
l'une. 1° Elles sont simplement les dix paroles de la loi de Dieu ;
ou 2° Ce sont toutes les paroles employées par Moïse dans cette
répétition du décalogue. Mais elles ne peuvent se rapporter aux
paroles employées dans cette répétition ; car (1) Moïse omet une
partie importante du quatrième précepte, tel qu'il fut donné par
Dieu dans sa proclamation du haut de la montagne. (2) Dans sa
répétition de ce précepte, il renvoie, pour ce qui est omis, à
l'original du commandement.162 (3) Il joint à ce précepte un appel
à leur gratitude, ce que Dieu ne fit point en le donnant. (4) Ces
paroles n'ont d'autre prétention que d'être une récapitulation et
non l'original lui-même ; et cela ressort en outre de maintes
déviations verbales du décalogue originel.163 Ces faits montrent
d'une manière décisive ce qui fut placé sur les deux tables de
pierre. Ce ne fut point une copie incomplète, renvoyant à
l'original, mais le code originel lui-même. C'est pourquoi, lorsque
Moïse parle de CES PAROLES comme étant gravées sur des
tables, il ne fait point allusion aux paroles qu'il emploie lui-même

160 Deut. 9.10.


161 Deut. 5.22.
162 Deut. 5.12-15, comparé avec Ex. 20.8-11.
163 Deut. 5, comparé avec Ex. 20.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


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dans sa répétition, mais aux DIX PAROLES de la loi de Dieu, à
l'exclusion de toute autre parole.
Nous avons donc suivi le Sabbat à travers les livres de Moïse.
Nous en avons trouvé l'origine dans le Paradis, alors que
l’homme était innocent ; nous avons vu les Hébreux mis à part du
reste de l'humanité comme dépositaires de la vérité divine ; nous
avons vu le Sabbat et toute la loi morale leur être remis comme
un dépôt sacré ; nous avons vu le Sabbat proclamé de Dieu
comme l'un des dix commandements ; nous l'avons vu écrit par le
doigt de Dieu sur une pierre, au sein même de la loi morale ; nous
avons vu cette loi, qui ne possédait en elle aucun trait judaïque,
mais des traits simplement moraux et divins, placée sous le
propitiatoire dans l'arche du testament de Dieu ; nous avons vu
que divers préceptes se rattachant au Sabbat furent donnés aux
Hébreux et n'étaient destinés que pour eux ; nous avons vu que
les Hébreux profanèrent grandement le Sabbat durant leur séjour
dans le désert ; et nous avons entendu l'appel final que Moïse
adresse en sa faveur à ce peuple rebelle.
Nous plaçons le fondement de l'institution sabbatique sur sa
sanctification avant la chute de l'homme ; le quatrième
commandement est sa grande citadelle défensive ; sa place au
milieu de la loi morale en dessous du propitiatoire montre ses
rapports avec la grande expiation des siècles et son immuable
obligation.

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CHAPITRE VII

LES FÊTES, NOUVELLES LUNES


ET SABBATS DES HÉBREUX
Enumération des solennités juives - La Pâque - La Pentecôte - La fête des
tabernacles - Les nouvelles lunes - Les premier et deuxième sabbats annuels -
Le troisième - Le quatrième - Le cinquième - Le sixième et le septième - Le
sabbat du pays - Le jubilé - Aucune de ces fêtes n'entra en vigueur avant
l'entrée des Hébreux dans leur pays - Contraste entre le Sabbat de l'Éternel et
les sabbats des Hébreux - Témoignage d'Esaïe - D'Osée - De Jérémie -
Cessation finale de ces fêtes.

N ous avons parcouru l'histoire du Sabbat de l'Éternel à


travers les livres de Moïse. Un court aperçu des solennités
juives nous est nécessaire pour avoir une idée complète du
sujet qui nous occupe. Parmi ces solennités, il y avait trois fêtes :
la Pâque, la Pentecôte et la fête des tabernacles ; puis venait
chaque nouvelle lune, c'est-à-dire le premier jour de chaque mois
de l'année ; il y avait ensuite sept sabbats annuels, savoir :
1° - Le premier jour des pains sans levain. 2° Le septième jour de
cette fête. 3° Le jour de la Pentecôte. 4° Le premier jour du
septième mois. 5° Le dixième jour de ce même mois. 6° Le
quinzième jour de ce mois. 7° Le vingt-deuxième jour du même
mois. Il faut ajouter à cela que chaque septième année devait être
le sabbat du pays et chaque cinquantième année, l'année du jubilé.
La Pâque était ainsi nommée du fait que l'ange de l’Eternel
avait passé par-dessus les maisons des Hébreux, en cette nuit
mémorable où le premier-né mourut dans chaque famille
égyptienne. Cette fête fut ordonnée en commémoration de la
délivrance de ce peuple de la servitude d'Égypte. On la
commençait en égorgeant l'agneau pascal, le quatorzième jour du
premier mois, et elle durait sept jours, pendant lesquels on ne
devait manger que du pain sans levain. Son antitype fut atteint
lorsque Christ, notre Pâque, fut sacrifié pour nous.164

164 Ex. 12 ; 1 Cor. 5.7, 8.


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La Pentecôte était la seconde fête juive et ne durait qu'un seul
jour. Elle se célébrait le cinquantième jour après que les premiers
fruits de la moisson des orges avaient été présentés devant
l'Éternel. C'est au moment de cette fête que les premiers fruits de
la moisson des blés étaient offerts à Dieu. L'antitype de cette fête
fut atteint le cinquantième jour après la résurrection de Christ,
lors de la grande effusion du Saint-Esprit.165
La fête des tabernacles était la dernière des fêtes juives. Elle se
célébrait au septième mois, alors qu'on avait rentré tous les fruits
du pays, et durait du quinzième au vingt-unième jour de ce mois.
Elle fut ordonnée comme une fête de réjouissance devant
l’Éternel ; et durant cette fête les enfants d'Israël demeuraient
dans des pavillons construits de rameaux et de feuillage, en
commémoration du séjour qu'ils avaient fait dans le désert sous
des tabernacles mobiles. C'est probablement un type de la grande
réjouissance qui aura lieu après la réunion finale du peuple de
Dieu dans son royaume.166
En rapport avec ces fêtes, il fut ordonné que chaque nouvelle
lune, c'est-à-dire le premier jour de chaque mois, fût observé par
des offrandes spécifiées et des signes de réjouissance.167 Nous
avons déjà énuméré les sabbats annuels des Hébreux. Les deux
premiers de ces sabbats étaient le premier et le septième jour de la
fête des pains sans levain, c'est-à-dire les quinzième et vingt-
unième jours du premier mois. Ils furent ainsi ordonnés de Dieu :
« Vous mangerez pendant sept jours des pains sans levain ;
mais vous ôterez dès le premier jour le levain de vos maisons…
Au premier jour, il y aura une sainte convocation ; il y en aura
aussi une au septième jour ; il ne se fera aucune œuvre en ce jour-
là ; seulement on vous apprêtera ce que chaque personne doit
manger. »168

165 Lév. 23.10-21 ; Nom. 28.26-31 ; Deut. 16.9-12 ; Act. 2.1-18.


166 Lév, 23.34-43 ; Deut 16.13-15 ; Néh. 8 ; Apoc. 7.9-14.
167 Nom. 10.10 ; 28.11-15 ; 1 Sam. 20.5, 24, 27 ; Ps. 81.3.
168 Ex. 12.15,16 ; Lév. 23.7, 8 ; Nomb. 28.17,18, 25.

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Le troisième des sabbats annuels dans l’ordre est le jour de la
Pentecôte. Voici comment cette fête fut ordonnée comme jour de
repos :
« Vous publierez donc en ce même jour-là une sainte
convocation vous n'y ferez aucune œuvre servile : c'est une
ordonnance perpétuelle clans toutes vos demeures, d'âge en
âge. »169
Le premier jour du septième mois était le quatrième sabbat
annuel des Hébreux. Il fut ordonné comme suit :
« Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur : Au septième mois, au
premier jour du mois, ce sera un jour de repos pour vous, un
mémorial par le son des trompettes et une sainte convocation ;
vous ne ferez aucune œuvre servile ; mais vous offrirez des
offrandes faites par le feu à l'Eternel. »170
Le grand jour des expiations était le cinquième de ces sabbats.
Voici comment l'Eternel parle à Moïse :
« Dans ce même mois qui est le septième, le dixième jour sera
le jour des propitiations ; vous aurez une sainte convocation…
Vous ne ferez donc aucune œuvre ; c'est une ordonnance
perpétuelle en vos âges, clans vos demeures. Ce vous sera un
repos de sabbat, et vous jeûnerez. Au neuvième jour du mois, au
soir, depuis un soir jusqu'à l'autre soir, vous célébrerez votre jour
de repos. »171
Le sixième et le septième de ces sabbats annuels étaient le
quinzième et le vingt-deuxième jour du septième mois, c'est-à-
dire le premier jour de la fête des tabernacles et le jour après la
fête. Voici comment ils furent ordonnés par l'Eternel :
« Et même au quinzième jour du septième mois, quand vous
aurez recueilli le rapport de la terre, vous célébrerez la fête
solennelle de l'Eternel pendant sept jours. Le premier jour sera un
jour de repos, le huitième aussi sera un jour de repos. »172

169 Lév. 23.21 ; Nomb. 28.26.


170 Lév. 23.24, 25 ; Nomb. 29.1-6.
171 Lév. 23.27-32 ; 16.29-31 ; Nomb. 29.7.
172 Lév. 23.39.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


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A part ces fêtes, chaque septième année était le sabbat du pays.
Le peuple pouvait travailler comme d'habitude à d'autres travaux,
mais il leur était défendu de labourer la terre afin que le pays lui-
même pût se reposer.173 L'année qui suivait sept de ces sabbats,
ou la cinquantième année, devait être l'année du jubilé, pendant
laquelle chacun devait être rétabli dans son héritage.174 On n'a
aucune preuve que le jubilé n’ait jamais été observé, et il est
certain que l'année sabbatique fut presque entièrement négligée.175
Tels furent les fêtes, les nouvelles lunes et les sabbats des
Hébreux. Quelques mots suffiront pour indiquer la vaste
différence qui existait entre eux et le Sabbat de l’Eternel. La
première des trois grandes fêtes fut ordonnée en mémoire de la
délivrance de leur servitude d'Egypte, et devait être observée
lorsqu'ils entreraient dans leur propre pays.176 La seconde fête,
comme nous l'avons vu, ne put être observée que lorsque les
Hébreux se furent établis en Canaan ; car elle devait être célébrée
lorsque les premiers fruits de la moisson étaient présentés devant
l’Eternel. La troisième fête fut ordonnée en mémoire de leur
séjour dans le désert, et devait se célébrer chaque année après que
toute la moisson avait été achevée. Naturellement, cette fête,
comme les autres, ne pouvait être observée avant que le peuple
ne fût établi dans son propre pays. Les nouvelles lunes, comme
on fa déjà vu, ne furent ordonnées que lorsque ces fêtes eurent
été instituées. Les sabbats annuels faisaient intimement partie de
ces fêtes, et ils ne purent avoir lieu que lorsque les fêtes
auxquelles ils appartenaient eurent été instituées. Ainsi, le premier
et le second de ces sabbats étaient le premier et le septième jour
de la fête de Pâque. Le troisième sabbat annuel était identique à la
fête de la Pentecôte. Le quatrième de ces sabbats était le même
que la nouvelle lune au septième mois. Le cinquième était le
grand jour des propitiations. Le sixième et le septième de ces
sabbats annuels étaient le quinzième et le vingt-deuxième jour du

173 Ex. 23.10, 11 ; Lév. 25.2-7.


174 Lév. 25.8-54.
175 Lév. 26.34, 35, 43 ; 2 Chr. 36.21.
176 Ex.12.25.

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septième mois, c'est-à-dire le premier jour de la fête des
tabernacles et le jour qui venait après la fin de cette fête. Comme
ces fêtes ne devaient être observées que lorsque les Hébreux
posséderaient leur pays à eux, les sabbats annuels ne purent avoir
lieu qu'à cette époque. Il en fut de même des sabbats du pays. Ils
ne purent exister avant que les Hébreux aient possédé et cultivé
leur propre pays ; après six ans de culture, le pays devait se
reposer la septième année, et demeurer sans labour. Après sept de
ces sabbats du pays, venait l'année du jubilé.
Le contraste existant entre le Sabbat de l’Eternel et les sabbats
des Hébreux177 est fortement marqué. 1° Le Sabbat de l’Eternel
fut institué à la fin de la première semaine du temps ; tandis que
ceux-ci furent ordonnés corrélativement des fêtes juives. 2° Dieu
bénit et sanctifia l'un, parce qu'il s'était reposé en ce jour de la
création ; tandis que les autres n'ont aucun droit de ce genre à
notre vénération. 3° Lorsque les enfants d'Israël arrivèrent dans le
désert, le Sabbat de l'Eternel était une institution existante,
obligatoire ; mais les sabbats annuels n’existèrent que depuis cette
époque. Il est facile de signaler exactement quand, durant les
traites d'Israël à travers le désert, Dieu leur donna ces sabbats,
tandis que toutes les allusions au Sabbat de l'Eternel montrent
qu'il avait été ordonné avant que Dieu choisît ce peuple. 4° Les
Hébreux furent exclus du pays promis pour avoir violé le Sabbat
de l'Eternel dans le désert ; les sabbats annuels, au contraire, ne
devaient être observés que lorsqu'ils seraient entrés dans ce pays.
Ce contraste serait certainement étrange s'il était vrai que le
Sabbat de l'Eternel ne fut institué que lorsque les enfants d'Israël
arrivèrent au désert de Sin ; car il est certain que deux des sabbats
annuels furent institués avant qu'ils quittassent le pays d'Egypte.178
5° Le Sabbat de l'Eternel fut fait pour l'homme ; mais les sabbats
177 Voici comment M. Miller s'exprime sur ce point : « Il n'a été donné à Adam qu'un seul genre de
Sabbat, et il ne nous en reste qu'un. Voyez Osée 2.11. « Je ferai cesser toute sa joie, ses fêtes, ses
nouvelles lunes, ses Sabbats, et toutes ses fêtes solennelles. » Tous les sabbats juifs cessèrent quand
Christ les cloua à sa croix. Col. 2.14-17. Ces derniers étaient proprement appelés sabbats juifs.
Osée dit « ses sabbats -. Tandis que le Sabbat dont nous parlons, Dieu l'appelle « mon Sabbat ». Il
y a ici une distinction claire entre le Sabbat de la création et le sabbat cérémoniel. L'un est
perpétuel ; les autres n'étaient que des ombres des biens à venir. » - Life and Views, pp. 161,162.
178 Ex. 12.16.

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annuels ne furent destinés qu'aux habitants de la Palestine. 6°
L'un était hebdomadaire : c'était un mémorial du repos du
Créateur ; les autres étaient annuels et se rattachaient aux fêtes
commémoratives de la délivrance des Hébreux du pays d'Egypte.
7° L'un est appelé « le Sabbat de l'Eternel », « mes Sabbats »,
« mon saint jour (jour qui m'est consacré) », et autres expressions
semblables ; tandis que les autres sont désignés par « vos
sabbats », « ses sabbats », et autres termes de ce genre.179 8° L'un
fut proclamé par la voix de Dieu comme l'un des dix
commandements, fut écrit de son doigt au milieu de la loi morale,
sur des tables de pierre, et fut déposé dans l'arche en dessous du
propitiatoire ; les autres n'appartinrent pas à la loi morale, mais
firent partie des ordonnances écrites par Moïse et qui furent des
ombres des biens à venir. 9° Dieu indiqua soigneusement la
distinction entre ces fêtes et les Sabbats de l'Eternel, lorsqu'il
ordonna les fêtes et les sabbats qui s'y rattachaient. Voici ce qu'il
dit : « Ce sont là les fêtes solennelles de l'Eternel, que vous
publierez pour être des convocations saintes, …OUTRE les
Sabbats de l'Eternel. »180
Les sabbats annuels sont présentés par Esaïe sous un tout
autre jour que celui sous lequel il nous montre le Sabbat de
l'Eternel. Il dit des premiers :
« Ne continuez plus de m'apporter des oblations de néant ; le
parfum m'est en abomination : et pour ce qui est des nouvelles
lunes et des sabbats, et de la publication de vos convocations, je
n'en puis plus porter l'ennui, ni de vos assemblées solennelles.
Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes solennelles ; elles
me sont fâcheuses, je suis las de les souffrir. »181
Par un contraste frappant, le même prophète parle ainsi du
Sabbat de l'Eternel :
« Ainsi a dit l'Eternel : Gardez ce qui est droit, et faites ce qui
est juste ; car mon salut est près de venir, et ma justice est prête à
être révélée. Heureux est l'homme qui fera cela, et le fils de

179 Ex. 20.10 ; 31.13 ; Esa. 58.13 ; comparé avec Lév. 23.24, 32, 39 ; Lam. 1.7 ; Osée 2.11.
180 Lév. 23.37, 38.
181 Esa.1.13,14.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


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l'homme qui s'y attachera, observant le Sabbat, de peur de le
profaner, et gardant ses mains de faire aucun mal ! Et que le fils
de l'étranger, qui se sera attaché à l'Eternel, ne dise point :
L'Eternel me sépare de son peuple ; et que l'eunuque ne dise
point : Voici, je suis un arbre sec. Car voici ce que l'Eternel a dit
touchant les eunuques : Ceux qui garderont mes Sabbats, et
choisiront ce qui m'est agréable, et qui seront fermes dans mon
alliance ; je leur donnerai dans ma maison et dans mes murailles
une place, et un meilleur nom que celui de fils et de filles ; je leur
donnerai à chacun un renom perpétuel, qui ne sera point
retranché. Et pour ce qui est des enfants de l'étranger qui se
seront joints à l'Eternel, pour le servir et pour aimer le nom de
l'Eternel, afin d'être ses serviteurs, savoir, tous ceux qui observent
le Sabbat, de peur de le profaner, et qui seront fermes dans mon
alliance ; je les amènerai à la montagne de ma sainteté, et les
réjouirai dans la maison où l'on m'invoque ; leurs holocaustes et
leurs sacrifices seront agréables sur mon autel ; car ma maison
sera appelée une maison de prières pour tous les peuples. »182
Osée désigne soigneusement les sabbats annuels dans la
prédiction suivante :
« Je ferai cesser toute sa joie, ses fêtes, ses nouvelles lunes, SES
sabbats, et toutes ses fêtes solennelles. »183
Cette prédiction fut prononcée vers l'an 785 avant Jésus-
Christ. Elle fut en partie accomplie environ 200 ans après, lorsque
Jérusalem fut détruite par Nébucadnétzar. En fan 588 avant
Jésus-Christ, le prophète Jérémie parle ainsi de cet événement :
« Son peuple est tombé par la main de l'ennemi, sans que
personne la secourût ; ses adversaires font vue, et se sont moqués
de SES sabbats… Le Seigneur a été comme un ennemi ; il a
abîmé Israël ; il a abîmé tous ses palais ; il a dissipé toutes ses
forteresses et il a multiplié dans la fille de Juda le deuil et la
lamentation. Il a renversé violemment sa demeure, comme un
jardin ; il a détruit le lieu de son assemblée ; l’Eternel a fait oublier

182 Esa. 56.1-7 ; 58.13,14.


183 Osée 2.11.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
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dans Sion les fêtes solennelles et le sabbat184, et il a rejeté, clans
(indignation de sa colère, le roi et le sacrificateur. Le Seigneur a
rejeté son autel, il a détruit son sanctuaire ; il a livré dans la main
de (ennemi les murailles de ses palais ; ils ont jeté leurs cris dans
la maison de l’Eternel comme aux jours des fêtes solennelles. »185
Les fêtes de l’Eternel devaient être célébrées au lieu que Dieu
choisirait ; savoir à Jérusalem.186 Et lorsque cette ville, lieu de
leurs assemblées solennelles, fut détruite, et que le peuple lui-
même fut emmené en captivité, la cessation complète de leurs
fêtes, et, partant, de leurs sabbats annuels, qui étaient des jours
spécifiés dans ces fêtes, devint inévitable. Ses adversaires se
moquèrent de ses sabbats en jetant « leurs cris dans la maison de
l’Eternel comme aux jours des fêtes solennelles. » Mais
l’observance du Sabbat de l’Eternel ne cessa point avec la
dispersion des Hébreux loin de leur propre pays ; car ce n'était
point une institution locale, semblable aux sabbats annuels. Sa
violation fut une des principales causes de la captivité de
Babylone187 ; et leur restauration finale dans leur propre pays, leur
fut promise à la condition qu'ils l’observassent dans leur
dispersion.188 Les fêtes, les nouvelles lunes et les sabbats annuels
furent rétablis lorsque les Hébreux retournèrent de la captivité, et,
sauf quelques interruptions, ils furent observés jusqu'à la
destruction finale de leur ville par les Romains. Mais avant que la
providence de Dieu n'eût ainsi aboli ces fêtes juives, tout le
système typique était aboli, ayant rencontré le commencement de
son antitype lorsque notre Seigneur Jésus-Christ expira sur la
croix. L'obligation, laquelle consistait dans les ordonnances, étant
ainsi abolie, personne ne doit être condamné sur le manger ou sur
le boire, ou sur la distinction de ses jours de fête, de ses nouvelles
lunes ou de ses sabbats : « Car ces choses n'étaient que l’ombre de
celles qui devaient venir, mais le corps en est en Christ. » Mais le

184 Ici, comme d'autres versions, celle de Lausanne porte « L'Eternel a fait oublier dans Sion
assignations et sabbats ».
185 Lam. 1.7 2 :5-7.
186 Deut. 16.16 ; 2 Chr. 7.12 ; Ps. 122.
187 Jér, 17.19-27 Néh.13.15-18.
188 Esa. 56 Voyez notre chapitre huitième.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


87
Sabbat de l’Eternel ne faisait point partie de ces ordonnances ; car
il fut institué avant que le péché entrât dans le monde et,
conséquemment, avant qu'il y eût aucune ombre de la
rédemption ; il fut écrit par le doigt de Dieu, non parmi des types
et des ombres, mais au sein de la loi morale ; en outre, le jour qui
suivit celui où les sabbats typiques furent cloués à la croix, le
commandement de la loi morale qui prescrit le Sabbat est
expressément reconnu. Bien plus, lorsque les fêtes juives furent
entièrement abolies par la destruction finale de Jérusalem, même
alors, le Sabbat du Seigneur fut rappelé à la mémoire des
disciples.189 Nous avons donc suivi les sabbats annuels jusqu'à
leur complète cessation prédite par Osée. Il nous reste à suivre le
Sabbat de l’Eternel jusqu'à ce que nous ayons atteint les âges
infinis de la nouvelle terre, alors que nous trouverons toute la
multitude des rachetés se rassemblant devant Dieu, pour l’adorer,
chaque jour de Sabbat.

189 Voyez le chapitre dixième.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


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Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


89
CHAPITRE VIII

LE SABBAT
DE DAVID A NEHEMIE
Silence relativement au Sabbat de six livres successifs de la Bible - Ce silence
comparé à celui du livre de la Genèse - Le siège de Jéricho - Le soleil arrêté
clans sa marche - David mange des pains de proposition Le Sabbat de
l'Eternel, comment il se rattache aux sabbats annuels et comment il s'en
distingue - Première allusion au Sabbat après les jours de Moïse - Allusions
incidentelles au Sabbat - Témoignage d'Amos Celui d'Esaïe - Le Sabbat, un
bienfait à L'HUMANITÉ - Il constitue la condition de l'entrée dans la terre
sainte-Il n'est pas une institution locale - Commentaire sur le quatrième
commandement - Témoignage de Jérémie - Jérusalem peut être sauvée si elle
veut garder le Sabbat Cette offre gracieuse méprisée - Le Sabbat distingué des
autres jours de la semaine - Le Sabbat après la captivité de Babylone - L'heure
où le Sabbat commence - La violation du Sabbat, cause de la destruction de
Jérusalem.

L orsque nous quittons les livres de Moïse, nous trouvons une


longue interruption dans l'histoire du Sabbat. On ne trouve
aucune mention de ce jour dans le livre de Josué, ni dans
celui des Juges, ni dans le livre de Ruth, ni dans le premier livre de
Samuel, ni dans le second livre de Samuel, ni dans le premier livre
des Rois. Ce n'est que jusqu'à ce que l'on arrive au second livre
des Rois190, que l'on rencontre tant qu'une simple mention du
Sabbat. Dans le premier livre des Chroniques, pourtant, qui est
une narration parallèle aux deux livres de Samuel, le Sabbat se
trouve mentionné191 en rapport avec les événements de la vie de
David. Cependant, cela laisse une période de cinq cents ans,
pendant laquelle la Bible passe le Sabbat sous silence.
Durant cette période, nous avons une histoire circonstanciée
du peuple hébreu depuis son entrée dans la terre promise jusqu'à
l'élévation de David au trône d'Israël, histoire renfermant bien

2 Rois 4.23.
190

1 Chr. 9.32. Il est vrai que ce passage a trait à l'ordre des choses après le retour de Babylone ;
191

nous apprenons cependant au verset 22 que cet ordre fut originellement établi par David et
Samuel. Voyez versets 1-32.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
90
des détails sur la vie de Josué, sur celle des anciens et des juges
d'Israël, de Gédéon, de Barac, de Jephté, de Samson, d'Héli, de
Naomi et de Ruth, d'Anne et de Samuel, de Saül, de Jonathan et
de David. Or, dans tout ce récit détaillé, aucune mention directe
du Sabbat n'apparaît.
Un argument favori des anti-sabbatariens, comme preuve de la
négligence totale du Sabbat dans l'âge patriarcal, c'est que le livre
de la Genèse, qui indique distinctement l'origine du Sabbat dans
le paradis à la fin de la première semaine du temps, ne dit rien
relativement à son observance dans le récit de la vie des
patriarches. Et pourtant, dans ce seul livre se trouvent consignés
les événements de deux mille trois cent et soixante-dix années.
Que devraient-ils donc dire du fait que six livres successifs de la,
Bible, qui relatent avec minutie les événements de cinq cents ans,
comprenant bien des circonstances qui eussent pu provoquer une
mention du Sabbat, ne le mentionnent point du tout ? Le silence
d'un livre qui donne pourtant l'institution du Sabbat dès ses
premières pages, et qui embrasse dans son récit presque vingt-
quatre siècles prouve-t-il qu'il n'y eut aucun observateur du
Sabbat avant Moïse ? que prouve donc le fait que six livres
successifs de la Bible, ne s'occupant que des événements de cinq
cents ans, - en moyenne moins d'un siècle pour chacun, - la
période entière qu'ils embrassent étant environ un cinquième de
celle que renferme le livre de la Genèse, gardent malgré cela un
silence total à l'égard du Sabbat ?
Personne ne prendra ce silence comme preuve de la
négligence totale du Sabbat pendant cette période ; et pourtant
pourquoi ne le ferait-on pas ? Serait-ce parce que, lorsqu'après ce
long silence le récit sacré fait de nouveau mention du Sabbat il le
mentionne d'une manière incidentelle et non point comme une
nouvelle institution ? Or tel est précisément le cas de la seconde
mention du Sabbat dans le récit de Moïse, c'est-à-dire de celle qui
suit le silence de la Genèse.192

192 Comparez ces deux cas : Ex. 16.23 ; 1 Chr. 9.32.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
91
Est-ce parce que le quatrième commandement a été donné aux
Hébreux, tandis qu'aucun précepte semblable n'aurait
précédemment été donné à l'humanité ? Cette réponse ne peut
être admise, car nous avons vu que la substance du quatrième
commandement fut donnée au chef de la famille humaine ; et il
est certain que lorsque les Hébreux sortirent de l'Egypte, ils
étaient sous l'obligation d'observer le Sabbat en vertu d'une loi
déjà existante.193 Le raisonnement tendant à prouver qu'il n'y eut
point d'observateurs du Sabbat de Moïse à David serait donc
certainement plus conclusif que celui qui prétend qu'il n'y en eut
point d'Adam à Moïse ; pourtant, personne ne tentera de soutenir
la première opinion, quelque considérable que soit le nombre de
ceux qui affirmeront la seconde.
Il est plusieurs faits racontés dans l'histoire de cette période de
cinq siècles qui ont droit à notre attention. Le premier de ces faits
se trouve dans le récit du siège de Jéricho.194 Sur le
commandement de Dieu, les Hébreux firent, pendant sept jours
consécutifs, chaque jour le tour de la ville ; au dernier des sept
jours, ils en firent sept fois le tour, et, sous l'action divine, les
murailles s'écroulèrent sous les yeux des Israélites, qui prirent la
ville d'assaut. L'un de ces sept jours dut être le Sabbat de
l'Eternel. Le peuple de Dieu n'a-t-il donc point, par là, violé le
Sabbat ? Les faits suivants répondront : 1° Ce qu'ils firent à cette
occasion, ils le firent par l'ordre immédiat de Dieu. 2° Ce que le
quatrième commandement défend, c'est NOTRE ŒUVRE A
NOUS : « Tu travailleras six jours et tu feras TOUTE TON
ŒUVRE, mais le septième jour est le repos de l'Eternel, ton
Dieu. » Celui qui se réserva le septième jour, avait le droit d'exiger
qu'il fût employé à son service selon qu'il le jugeait bon. 3° Cette
circuition de la ville était strictement une procession religieuse.
L'arche de l'alliance de l'Eternel était portée devant le peuple, et
sept sacrificateurs la précédaient portant des cors de béliers pour
sonner du cor. 4° La ville ne pouvait point être très étendue ; car
il leur aurait été impossible d'en faire le tour sept fois et de la
193 Voyez les chapitres deuxième et troisième de cet ouvrage.
194 Josué 6.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
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détruire entièrement dans la même journée. 5° On ne peut croire
non plus que les Hébreux, portant devant eux, sur l'ordre exprès
de Dieu, l'arche qui ne contenait que les dix Paroles du Très-
Haut, en violassent la quatrième : « Souviens-toi du jour du repos
pour le sanctifier. » Il est certain que l'un de ces sept jours
pendant lesquels ils firent le tour de Jéricho fut le Sabbat ; mais il
n'est pas nécessaire de supposer que ce fut celui où la ville fut
prise. Il y a plus : tous les faits se rapportant à ce récit, considérés,
cette supposition n'est même point raisonnable. Le
commentateur Clarke fait sur cet incident les remarques suivantes
dans son commentaire sur Josué 6.15 :
« Il ne semble pas qu'il y eût de la part du peuple quelque
violation du Sabbat à faire simplement le tour de la ville, en
compagnie de l’arche et des sacrificateurs sonnant les trompettes
sacrées. C'était là une simple procession religieuse, faite par
l’ordre de Dieu, et dans laquelle aucune œuvre servile n'était
accomplie. »
A la parole de Josué, il plut à Dieu d'arrêter la terre dans sa
rotation, et de rendre le soleil immobile quelque temps, afin que
les Cananéens pussent être mis en déroute devant Israël.195 Ce
grand miracle ne déplaça-t-il pas le Sabbat ? Point du tout ; car la
prolongation, par l’intervention divine, de l'un des six jours, ne
pouvait prévenir l'arrivée naturelle du septième jour, quoiqu'elle le
retardât, ni ne pouvait en détruire l’identité. Ceci renferme une
difficulté pour les partisans de la croyance que Dieu sanctifia la
septième partie du temps et non le septième jour ; car dans ce cas
la septième partie du temps ne fut pas accordée au Sabbat ; mais il
n'y a ici aucune difficulté pour ceux qui croient que Dieu a mis à
part le septième jour pour être observé, lorsqu'il arrive, en
mémoire de son propre repos. Il fut donné à l'un des six jours
une plus grande durée qu'il n'eut jamais auparavant ni depuis ;
mais cela ne nuisit pas le moins du monde au septième jour, qui
arriva quand même. Bien plus, tout cela eut lieu du vivant
d'hommes inspirés ; d'ailleurs, cela arriva par faction directe de la

195 Jos. 10.12-14.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
93
providence de Dieu ; et ce dont il faut particulièrement se
rappeler, c'était à une époque où personne ne niera que le
quatrième commandement ne fût dans toute sa force.
Le cas de David mangeant les pains de proposition est digne
d'être remarqué, parce qu'il eut probablement lieu le jour du
Sabbat, et parce que notre Seigneur le cite dans une conversation
mémorable qu'il eut avec les Pharisiens.196 La loi concernant les
pains de proposition ordonnait que l'on exposât dans le
sanctuaire sur la table pure qui était devant l'Eternel, douze pains
CHAQUE Sabbat.197 Lorsque du pain nouveau était ainsi placé
devant l'Eternel chaque Sabbat, l'ancien était enlevé et mangé par
les sacrificateurs.198 Il paraît que le pain de proposition qui fut
donné à David avait été enlevé le même jour de devant l'Eternel
pour y mettre le pain frais qui devait le remplacer ; et par
conséquent ce jour était le Sabbat. Ainsi, lorsque David demanda
du pain, le sacrificateur lui dit : « Je n'ai point en main de pain
commun, mais du pain sacré. » David reprit : « Ce pain est tenu
pour commun, vu QU'AUJOURD'HUI on en consacre de
nouveau pour le mettre dans les vaisseaux. » Aussi l'auteur sacré
ajoute : « Le sacrificateur lui donna le pain sacré ; car il n'y avait
point là d'autres pains que les pains de proposition, qui avaient
été ôtés de devant l'Eternel, pour y remettre du pain chaud, au
jour qu'on avait ôté l'autre. » Toutes les circonstances de ce récit
appuient la pensée que c'était le jour du Sabbat. 1° Le
sacrificateur N'AVAIT POINT de pain COMMUN. Cela n'a rien
d'étrange si l'on se rappelle que chaque Sabbat les pains de
proposition devaient être ôtés de devant l'Eternel et mangés par
les sacrificateurs. 2° Il n'est point étonnant que le sacrificateur
n'offrît point de préparer d'autre pain, s'il est entendu que c'était
le jour du Sabbat. 3° La surprise du sacrificateur en voyant David
peut aussi être en partie attribuée au fait que c'était le Sabbat. 4°
Cela peut aussi faire comprendre pourquoi Dieu était retenu

196 1 Sam. 21.1-6 ; Mat. 12.3, 4 ; Marc 2.25, 26 ; Luc 6.3, 4.


197 Lév. 24.5-9 ; 1 Chr. 9.32.
198 1 Sam. 21.5, 6 ; Mat. 12.4.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


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devant l'Eternel ce jour-là. 5° Lorsque notre Seigneur fut mis en
demeure de se prononcer sur la conduite de ses disciples qui
avaient cueilli et froissé des épis un jour de Sabbat pour apaiser
leur faim, il cita, comme justifiant les disciples, l'exemple de
David et celui des sacrificateurs offrant des sacrifices dans le
temple le jour du Sabbat. Il y a dans la citation de cet exemple un
à propos et une convenance remarquables, s'il est entendu que
David agit ainsi au jour du Sabbat. On verra plus tard qu'elle
présente la chose sous un jour bien différent de celui sous lequel
les anti-sabbatariens la présentent.199
Il y a ici une distinction à faire que l'on ne devrait jamais
perdre de vue. La présentation des pains de proposition et
l'offrande des sacrifices faits par le feu au jour du Sabbat, telles
qu'elles étaient ordonnées dans la loi cérémonielle, ne faisaient
point partie de l'institution sabbatique originelle. Car le Sabbat fut
établi avant la chute de l'homme, tandis que les sacrifices et les
rites cérémoniels dans le sanctuaire furent introduits en
conséquence de la chute. Tandis que ces rites avaient force de loi,
ils rattachaient nécessairement et à un certain degré le Sabbat aux
fêtes des Juifs, pendant lesquelles on faisait ces sacrifices. On ne
remarque cela que dans les textes où il est parlé de la manière de
pourvoir à ces sacrifices.200 Lorsque la loi cérémonielle fut clouée
à la croix, toutes les fêtes juives cessèrent d'exister ; car elles
étaient ordonnées par cette loi201 ; mais l'abrogation de cette loi ne
pouvait entraîner la perte que des rites qu'elle avait attachés au
Sabbat, laissant l'institution originelle telle qu'elle était procédée
de son auteur au commencement.
L'allusion au Sabbat la plus reculée après les jours de Moïse se
trouve dans ce que David et Samuel ordonnèrent concernant les
offices des sacrificateurs et des Lévites dans la maison de Dieu.
On lit ce qui suit :

199 Voyez le dixième chapitre de cet ouvrage.


200 1 Chr. 23.31 ; 2 Chr. 2.4 ; 8.13 ; 31.3 ; Néh.10.31, 33 ; Ezé. 45.17.
201 Voyez le chapitre VII de cet ouvrage.

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« Et il y en avait d'entre les enfants des Kéhathites, qui étaient
leurs frères, qui avaient la charge du pain de proposition, pour le
préparer chaque Sabbat. »202
On remarquera que ceci n'est qu'une mention incidentelle du
Sabbat. Une telle allusion, faite après un si long silence, est une
preuve décisive que le Sabbat n'avait été ni oublié ni perdu durant
les cinq siècles pendant lesquels il n'avait point été mentionné par
les historiens sacrés. Après cela, on ne trouve aucune mention
directe du Sabbat, depuis les jours de David jusqu'à l'époque
d'Elisée le prophète, soit durant une période d'environ cent
cinquante ans. Il est possible que le psaume quatre-vingt-
douzième fasse une exception à cette assertion, son titre, dons
l'hébreu comme dans plusieurs traductions, indiquant que c'est un
cantique pour le jour du Sabbat203 ; et il n'est point improbable
qu'il ait été composé par David, le doux chantre en Israël.
Le fils de la Sunamite étant mort, cette dernière se disposait à
se rendre auprès du prophète Elisée. Son mari, ignorant que son
enfant fût mort, lui dit :
« Pourquoi vas-tu vers lui aujourd'hui ? Ce n'est point la
nouvelle lune, ni le Sabbat. Elle répondit : Tout va bien. »204
II est probable que c'est du Sabbat de l'Eternel qu'il est ici
question, ce jour étant mentionné trois fois d'une manière
semblable.205 S'il en est ainsi, cela nous prouve que les Hébreux
avaient l'habitude, ce jour-là, d'aller voir les prophètes de Dieu
pour chercher auprès d'eux des instructions divines. C'est là un
excellent commentaire des paroles employées relativement au
202 1 Chr. 9.32.
203 A. DE MESTRAL dit : « Le titre de ce Psaume : pour le jour du Sabbat s'accorde très bien avec
son contenu, puisque c'est à la contemplation des grandes œuvres de Dieu que le jour du repos
doit être (selon l'esprit de son institution, Ex. 20.9-11) particulièrement employé, et cela sous la
nouvelle alliance aussi bien que sous l'ancienne. C'est des œuvres de Dieu dans le gouvernement
du monde que l'auteur sacré s'occupe essentiellement . . . . . . « Louer Dieu est à la fois un devoir et
un plaisir. Les Sabbats ainsi employés sont un avant-goût de l'éternité bienheureuse » (Stier). -
Commentaire sur les Psaumes, tome II, p. 134. Et Hengstenberg : « Ce psaume est, d'accord avec le
titre, un Cantique pour le jour du Sabbat. » L'emploi positivement convenable du Sabbat lui paraît
être une contemplation reconnaissante des œuvres de Dieu, une pieuse absorption en elles, ce qui
n'est possible que lorsque toute occupation ordinaire a été mise de côté. » - Der Tag des Herrn, p.
74.
204 2 Rois 4.23.
205 Esa. 66.23 ; Ezé. 46.1 ; Amos 8.5.

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96
cueillage de la manne : « Que nul ne sorte de son lieu au septième
jour. »206
II est fait une allusion incidentelle au Sabbat lors de l'avènement
de Joas au trône de Juda207, vers fan 778 av. J.-C. Pendant le règne
d'Hosias, petit-fils de Joas, le prophète Amos employait, l'an 787
av. J.-C., le langage suivant :
« Ecoutez ceci, vous qui désirez d'engloutir le pauvre et
d'anéantir les affligés de la terre ; vous qui dites : Quand passera
cette fête de nouvelle lune, pour que nous mettions en vente du
blé, et ce Sabbat, pour que nous ouvrions les greniers, en
amoindrissant l'épha et en augmentant le sicle, et en faussant la
balance pour la fraude ; en achetant à prix d'argent les misérables,
et le pauvre en échange d'une paire de souliers ? même le rebus
du grain, nous le vendrons. »208
Ces paroles, adressées plus directement aux dix tribus,
indiquent le déplorable état d'apostasie dans lequel elles étaient
tombées, et dont les résultats devaient bientôt être la chute de
leur nation. Environ cinquante ans plus tard, sur la fin du règne
d'Achaz, l'on trouve une autre allusion au Sabbat.209 Aux jours
d'Ezéchias, vers fan 712 av. J.-C., le prophète Esaïe, en parlant
pour le Sabbat, dit ce qui suit :
« Ainsi a dit l’Eternel : Gardez ce qui est droit, et faites ce qui
est juste ; car mon salut est prêt à venir, et ma justice est prête à
être révélée. Heureux est l’homme qui fera cela, et le fils de
l’homme qui s'y attachera, observant le Sabbat, de peur de le
profaner, et gardant ses mains de faire aucun mal ! Et que le fils
de l’étranger, qui se sera attaché à l'Eternel, ne dise point :
L'Eternel me sépare de son peuple ; et que l'eunuque ne, dise
point : Voici, je suis un arbre sec. Car voici ce que l’Eternel a dit
touchant les eunuques : Ceux qui garderont mes Sabbats, et
choisiront ce qui m'est agréable, et qui seront fermes dans mon
alliance ; je leur donnerai dans ma maison et dans mes murailles

206 Ex. 16.29.


207 2 Rois 11.5-9 ; 2 Chr. 23.4-8.
208 Amos 8.4-6 (Lausanne).
209 2 Rois 16.18.

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97
une place, et un meilleur nom que celui de fils et de filles ; je leur
donnerai à chacun un renom perpétuel, qui ne sera point
retranché. Et pour ce qui est des enfants de l’étranger qui se
seront joints à l’Eternel, pour le servir et pour aimer le nom de
l’Eternel, afin d'être ses serviteurs, savoir, tous ceux qui observent
le Sabbat, de peur de le profaner, et qui seront fermes dans mon
alliance ; je les amènerai à la montagne de ma sainteté et les
réjouirai dans la maison où l'on m'invoque ; leurs holocaustes et
leurs sacrifices seront agréables sur mon autel ; car ma maison
sera appelée une maison de prières pour tous les peuples. J'y en
assemblerai encore d'autres, outre ceux qui y sont assemblés, dit
le Seigneur, l’Eternel, qui rassemble ceux d'Israël qui ont été
chassés. »210
Cette prophétie présente plusieurs traits du plus haut intérêt.
1° Elle appartient à une époque où le salut de Dieu sera près de
venir.211 2° Elle démontre avec la plus grande clarté que le Sabbat
n'est pas une institution juive ; car elle prononce, sans égard
aucun à sa nationalité, une bénédiction sur l'homme qui gardera le
Sabbat ; et ensuite elle nomme séparément le fils de l’étranger,
savoir le gentil212, et lui fait une promesse toute spéciale s'il veut
observer le Sabbat. 3° Cette prophétie s'applique de plus à Israël
alors qu'il est chassé, c'est-à-dire dans un état de dispersion, leur
promettant de les rassembler, avec d'autres, les gentils, avec eux.
Il va sans dire que la condition du rassemblement à la sainte
montagne de Dieu doit être remplie, à savoir, aimer le nom de
l'Eternel, être ses serviteurs et observer le Sabbat de peur de le
profaner. 4° Il s'ensuit, par conséquent, que le Sabbat n'est pas
une institution locale qui ne puisse être observée que dans la terre
promise, ainsi que l'étaient les sabbats annuels213, mais une
institution pour l'humanité, et susceptible d'être observée par les
rejetés d'Israël, alors qu'ils seraient disséminés dans tous les pays
qui sont sous le ciel.214
210 Esa. 56.1-8.
211 Pour la révélation de ce salut, voyez Hébreux 9.28. 1 Pierre1.9.
212 Ex.12.48, 49 ; Es. 14.1 ; Eph. 2.12.
213 Voyez chapitre VII.
214 Deut. 28.64 ; Luc 21.24.

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Plus loin, le Sabbat reparaît sous la plume d'Esaïe ; et c'est
pour le distinguer en termes on ne peut plus énergiques de toutes
les institutions cérémonielles. Voici ses paroles :
« Si tu retires ton pied du Sabbat, et que tu ne fasses pas ta
volonté au jour qui m'est consacré, et si tu appelles le Sabbat tes
délices, et honorable ce qui est consacré à l'Eternel, et que tu
l'honores en ne suivant point tes voies, et en ne trouvant pas ta
volonté et en ne disant pas des paroles vaines, alors tu jouiras des
délices en l'Eternel, et je te ferai passer à cheval par-dessus les
lieux haut élevés de la terre, et te donnerai pour te nourrir
l'héritage de Jacob, ton père, car la bouche de l'Eternel a parlé. »215
Ces paroles sont un commentaire évangélique du quatrième
commandement. Elles accompagnent ce dernier d'une promesse
d'un prix et d'une excellence infinis, qui s'élance jusque sur la
terre promise à Jacob, même jusque sur la nouvelle terre.216
En l'année 601 avant J.-C., treize ans avant la destruction de
Jérusalem par Nébucadnetsar, Dieu fit au peuple Juif, par
l'intermédiaire de Jérémie, l'offre pleine de grâce que s'ils
voulaient observer son Sabbat, leur ville demeurerait à toujours.
En même temps, il leur signifiait qu'au cas contraire leur ville
serait complètement détruite. Voici les paroles du prophète :
« Ecoutez la Parole de l'Eternel, rois de Juda, et vous, tous les
hommes de Juda, et vous, tous les habitants de Jérusalem, qui
entrez par ces portes. Ainsi a dit l'Eternel : Prenez garde à vos
âmes, et ne portez aucuns fardeaux au jour du Sabbat, et ne les
faites point passer par les portes de Jérusalem217 ; et ne tirez hors
de vos maisons aucun fardeau218 au jour du Sabbat, et ne faites
aucune œuvre ; mais sanctifiez le jour du Sabbat, comme j'ai
commandé à vos pères. Mais ils n'ont pas écouté, et n'ont point
incliné l'oreille ; mais ils ont roidi leur cou, pour ne point écouter,
215 Esa. 58.13,14.
216 Mat. 8.11 ; Héb.11.8-16 ; Apoc. 21.
217 Le commentateur CLARKE dit ce qui suit sur ce texte : « Par ce verset et ceux qui suivent, l'on

trouve la ruine des Juifs attribuée à la profanation du Sabbat : or, comme cela conduit à la
négligence des sacrifices, des pratiques de la religion et de tout le service public, il en devait
résulter, en fin de compte, toute sorte d'immoralité. La profanation du Sabbat fut ce qui fit
déverser sur eux les torrents de la colère de Dieu. »
218 Pour un commentaire inspiré sur ces paroles, voyez Néh.13.15-18.

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99
et pour ne point recevoir d'instruction.219 Il arrivera donc, si vous
m'écoutez attentivement, dit l’Eternel, pour ne faire passer aucun
fardeau par les portes de cette ville au jour du Sabbat, si vous
sanctifiez le jour du Sabbat, tellement que vous ne fassiez aucune
œuvre en ce jour-là, que les rois et les principaux, ceux qui sont
assis sur le trône de David, entreront dans cette ville, montés sur
des chariots et sur des chevaux, eux et les principaux d'entre eux,
les hommes de Judo et les habitants de Jérusalem ; et cette ville
sera habitée A TOUJOURS On viendra aussi des villes de Juda et
des environs de Jérusalem, du pays de Benjamin, de la campagne
et des montagnes, et de levers le Midi ; on apportera des
holocaustes, des sacrifices, des oblations et de l’encens ; on
apportera aussi des sacrifices d'actions de grâces dans la maison
de l’Eternel. Mais si vous ne m'écoutez pas pour sanctifier le jour
du Sabbat, et pour ne porter plus aucun fardeau, et n'en faire
entrer aucun par les portes de Jérusalem au jour du Sabbat, je
mettrai le feu à ses portes, et il consumera les palais de Jérusalem,
et ne sera point éteint. »220
Cette offre miséricordieuse du Très-Haut à son peuple rebelle
ne fut pas agréée par ce dernier ; voici, en effet, ce qu'écrivait
Ezéchiel, huit ans plus tard :
« On a méprisé père et mère au milieu de toi ; on a usé de
violence à l’égard de l’étranger chez toi ; on a opprimé l’orphelin
et la veuve chez toi. Tu as méprisé mes choses saintes, et tu as
profané mes Sabbats… Ses sacrificateurs ont fait violence à ma
loi, et ont profané mes choses saintes ; ils n'ont point mis de
différence entre la chose sainte et la chose profane ; et ils n'ont
point donné à connaître la différence qu'il y a entre la chose
immonde et la chose nette, et ils ont détourné leurs yeux de mes
Sabbats, et j'ai été profané au milieu d'eux… Et voici encore ce
qu'elles m'ont fait : elles ont souillé mon saint lieu dans ce même
jour-là, et elles ont profané mes Sabbats. Car après avoir égorgé
leurs enfants à leurs dieux infâmes, elles sont entrées ce même

219 Ces paroles impliquent fortement que la violation du Sabbat avait toujours été générale chez les
Hébreux. Voyez Jér. 7.23-28.
220 Jér. 17.20-27.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


100
jour-là dans mon saint lieu pour le profaner ; et voilà comment
elles ont fait au milieu de ma maison. »221
L'idolâtrie et la violation du Sabbat, qui étaient des péchés
communs parmi les Hébreux au déserta et qui préludèrent là à
leur dispersion loin de leur pays222, les avaient toujours
caractérisés. Et maintenant que leur destruction, par les forces
écrasantes du roi de Babylone, était imminente, ils se trouvaient
tellement adonnés à ces péchés et à d'autres de même nature,
qu'ils n'eurent point égard à la voix qui les avertissait. Avant de
pénétrer dans le sanctuaire de Dieu, le jour de son Sabbat, ils
égorgeaient d'abord leurs enfants en sacrifices à leurs idoles223 !
L'iniquité parvint ainsi à son comble, et le courroux du Seigneur
se déchaîna sur eux dans toute sa rigueur.
« Mais ils se moquaient des envoyés de Dieu, et ils méprisaient
ses paroles et se raillaient de ses prophètes, jusqu'à ce que la
colère de l'Eternel s’embrase contre son peuple, de sorte qu'il n'y
eut plus de remède. C'est pourquoi il fit venir contre eux le roi
des Chaldéens, qui tua leurs jeunes gens avec l'épée, dans la
maison de leur sanctuaire ; et il ne fut point touché de pitié des
jeunes hommes, ni des filles, ni des vieillards et décrépits ; il les
livra tous entre ses mains. Et Nébucadnetsar fit emmener à
Babylone tous les vases de la maison de Dieu, grands et petits, et
les trésors de la maison de l'Eternel, et les trésors du roi et de ses
principaux officiers. On brûla aussi la maison de Dieu, et on
démolit les murailles de Jérusalem ; on mit aussi le feu à tous ses
palais, et on détruisit tout ce qu'il y avait de précieux. Et le roi de
Babylone transporta à Babylone tous ceux qui étaient échappés
de l'épée, et ils furent esclaves de lui et de ses fils, jusqu'à la
monarchie du royaume des Perses. »224
Pendant la captivité des Hébreux à Babylone, Dieu leur fit
l'offre de les réintégrer dans leur pays, et de les doter de nouveau
d'une ville et d'un temple, au milieu de circonstances pleines de

221 Ezé. 22.7, 8, 26 ; 23.38, 39.


222 Ezé. 20.23, 24 ; Deut. 32.16-35.
223 Ezé. 23.38, 39.
224 2 Chron. 36.16-20.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


101
merveilles et de gloire.225 La condition de cette offre n'ayant pas
été remplie226, ils ne virent jamais la gloire qui leur avait été
proposée. Cette offre contenait plusieurs allusions au Sabbat de
l'Eternel ainsi qu'aux fêtes des Hébreux.227 L'une de ces allusions
vaut la peine d'être notée soigneusement pour la clarté avec
laquelle elle distingue entre le Sabbat et les autres jours de la
semaine :
« Ainsi a dit le Seigneur, l'Eternel : La porte du parvis intérieur,
laquelle regarde l'orient, sera fermée LES SIX JOURS
OUVRIERS ; mais elle sera ouverte le jour du Sabbat, et elle sera
aussi ouverte le jour de la nouvelle lune. »228
Six des jours de la semaine sont appelés, par l'Inspiration
divine, « les six jours ouvriers » ; le septième est appelé le Sabbat
de l'Eternel. Qui osera confondre cette distinction tranchée ?
Après leur retour de la captivité babylonienne, et la restauration
de leur temple et de leur ville, les Juifs racontent, dans une
adresse au Très-Haut faite à une assemblée solennelle de tout le
peuple, tous les grands événements de la providence de Dieu
dans leur histoire passée. Voici le témoignage qu'ils donnent
touchant le Sabbat
« Tu descendis aussi sur la montagne de Sinaï ; et tu leur parlas
des cieux, et tu leur donnas des ordonnances droites et des lois
véritables, et de bons statuts et commandements. Et tu leur
enseignas ton saint Sabbat, et tu leur donnas les commandements,
les statuts, et la loi, par Moïse, ton serviteur. »229
Tout le peuple fut ainsi se remémore des grands événements
du Sinaï : le don des dix paroles de la loi de Dieu, et la
communication de son saint Sabbat. Si profonde était
l'impression que produisit sur toute l'assemblée l'effet de leur
désobéissance passée, qu'ils firent une alliance solennelle dans

225 Ezé. chapitres 40-48.


226 Ezé. 43.7-11.
227 Ezé. 44.24 ; 45.17 ; 46.1, 3, 4, 12.
228 Ezé. 46.1.
229 Néh. 9.13, 14.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


102
laquelle ils promirent d'obéir à Dieu.230 Ils se firent vœu l'un à
l'autre comme suit :
« De ne prendre rien au jour du Sabbat, ni dans aucun autre
jour consacré, des peuples du pays qui apportent des
marchandises et toutes sortes de denrées le jour du Sabbat, pour
les vendre, et de laisser là la septième année, et tout le droit
d'exiger ce qui est dû. »231
Pendant l'absence de Néhémie, qui siégeait à la cour de Perse,
cette alliance fut au moins en partie oubliée. Onze ans s'étant
écoulés, Néhémie dit ce qui suit touchant l'état des Choses à son
retour, vers l'an 434 av. J.-C. :
« En ces jours-là, je vis quelques personnes en Juda qui
foulaient aux pressoirs le jour du Sabbat ; et d’autres qui
apportaient des gerbes, et qui en chargeaient des ânes, qui les
chargeaient de vin, de raisins, de figues et de toutes sortes de
charges, et qui les apportaient à Jérusalem le jour du Sabbat. Et je
les sommai, le jour qu'ils vendaient les provisions, de ne plus le
faire. Et même ceux de Tyr, qui habitaient à Jérusalem,
apportaient du poisson et toutes sortes d'autres marchandises, et
ils les vendaient aux Juifs à Jérusalem, le jour du Sabbat. Je
censurai donc les principaux de Juda, et je leur dis : Quel mal
faites-vous de violer ainsi le jour du Sabbat ? Vos pères n'en ont-
ils pas ainsi usé, et n'est-ce pas pour cela que notre Dieu fit venir
tout ce mal sur nous et sur cette ville ? Et vous augmentez
l'ardeur de la colère de l'Eternel contre Israël, en violant le
Sabbat. C'est pourquoi, dès que le soleil s'était retiré des portes de
Jérusalem, avant le Sabbat232, par mon commandement, on

230 Néh. 9 .38 ; 10.1-31.


231 Néh. 10.31.
232 Quelques mots d'explication sur le moment du commencement du Sabbat sont ici

nécessaires. 1° Le calcul de la première semaine du temps détermine nécessairement celui de toutes


les semaines successives. La première partie du premier jour était la nuit ; et tous les jours de la
première semaine commencèrent par le soir ; le soir et le matin, expression équivalente au jour et à
la nuit, constituaient le jour de vingt-quatre heures. Gen. 1. Par conséquent, le premier Sabbat
commença et se termina par le soir. 2° Que la nuit soit, dans les Ecritures, comptée comme une
partie du jour de vingt-quatre heures, c'est là un fait prouvé par bien des textes. Ex. 12.41, 42 ; 1
Sam. 26.7, 8 ; Luc 2.8-11 ; Marc 14.30 ; Luc 22.34, et nombre d'autres témoignages. 3° Les 2300
jours, symbolisant 2300 années, sont tous constitués de la même manière que les jours de la
première semaine du temps. Dan. 8 :14. L'hébreu, traduit littéralement, appelle chacun de ces jours
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
103
fermait les portes. Je commandai aussi qu'on ne les ouvrît point
jusqu'àprès le Sabbat ; et je fis tenir quelques-uns de mes gens sur
les portes, afin qu'aucune charge n'entrât au jour du Sabbat. Et les
revendeurs, et ceux qui vendaient toutes sortes de marchandises,
passèrent la nuit une fois ou deux hors de Jérusalem. Et je les
sommai de ne plus faire cela, et je leur dis : Pourquoi passez-vous
la nuit devant la muraille ? Si vous y retournez, je mettrai la main
sur vous. Ainsi, depuis ce temps-là, ils ne vinrent plus le jour du
Sabbat. Je dis aussi aux Lévites qu'ils se purifiassent, et qu'ils
vinssent garder les portes, pour sanctifier le jour du Sabbat. 0
mon Dieu ! souviens-toi aussi de moi à cet égard, et me pardonne
selon la grandeur de ta miséricorde. »233
Ce passage est un témoignage parfaitement explicite du fait
que la destruction de Jérusalem et la captivité des Juifs à Babylone
furent la conséquence de leur profanation du Sabbat. C'est une
confirmation frappante des paroles de Jérémie, déjà citées, où il
annonce aux Juifs que s'ils sanctifiaient le Sabbat leur ville
demeurerait à toujours ; mais qu'elle serait renversée de fond en
comble s'ils persistaient dans sa profanation. Néhémie porte
témoignage à l'accomplissement de la prédiction de Jérémie

un « soir matin ». 4° Le statut ordonnant le grand jour des expiations établit d'une façon
absolument décisive que le jour commence par le soir et que la nuit constitue une partie du jour.
Lév. 23.32. « Ce sera pour vous un repos de Sabbat, et vous jeûnerez. Au neuvième jour du mois,
au soir, depuis un soir jusqu'à l'autre soir, vous célébrerez votre jour de repos. » 5° Que le soir soit
au coucher du soleil, est abondamment prouvé par les passages suivants : Deut. 16.6 ; Lév. 22.6, 7 ;
Deut. 23.2 ; 24.13, 15 ; Jos. 8.29 : 10.26, 27 ; Juges 14.18 ; 2 Sam. 3.35 ; 2 Chr. 18.34 ; Mat. 8.16 ;
Marc. 1.18 ; Luc. 4.40. Mais le passage de Néh. 13.19 ne s'oppose-t-il pas à ces témoignages, et
n'indique-t-il point que le Sabbat ne commençait qu'après qu'il fit sombre ? Je ne le pense pas. Il
est vrai que certaines versions rendraient l'objection plausible. Ainsi la version de Lausanne porte :
« Et quand les portes de Jérusalem furent dans l'ombre, avant le Sabbat ; la version Perret-Gentil
lève la difficulté en rendant ce passage : « Et lorsqu'il fit sombre dans les portes de Jérusalem avant
le Sabbat. » Il faut remarquer qu'il n'est pas dit : « Lorsque Jérusalem fut dans l'ombre avant le
Sabbat, mais bien lorsqu'il fit sombre dans les portes. » Si l'on se rappelle que les portes de
Jérusalem étaient placées entre de larges et hautes murailles, il ne sera pas difficile de rétablir
l'harmonie entre ce texte et tous ceux que nous avons cités, qui prouvent que le jour commence au
coucher du soleil.
CALMET, dans son Dictionnaire de la Bible, article Sabbat, indique comme suit l'ancienne
méthode juive de commencer le Sabbat : « Environ demi-heure avant le coucher du soleil, tout
ouvrage cesse, et on suppose que le Sabbat est commencé. » Il dit ce qui suit de la fin du Sabbat :
« Quand la nuit vient, et qu'on peut découvrir dans le ciel trois étoiles moyennes, alors le Sabbat
est fini, et on peut retourner au travail. »
233 Néh. 13.15-22.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


104
touchant la violation du Sabbat ; et c'est par son solennel appel en
sa faveur que se termine l'histoire du Sabbat dans l'Ancien
Testament.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


105
CHAPITRE IX

LE SABBAT
DE NEHEMIE A CHRIST
Un grand changement se produit chez les Juifs après leur retour de Babylone
relativement à l'idolâtrie et à la violation du Sabbat - Décret d'Antiochus
Epiphane contre le Sabbat - Massacre dans le désert de mille observateurs du
Sabbat - Massacre analogue à Jérusalem - Décret des anciens des Juifs touchant
la résistance à des attaques le jour du Sabbat - Autres martyres - Victoires de
Juda Macchabée - Comment Pompée prit Jérusalem - Enseignement des
docteurs juifs touchant le Sabbat - Etat de l'institution sabbatique à la première
venue du Sauveur.

I l s'étend entre les jours de Néhémie et le commencement du


ministère du Rédempteur du monde, une période de cinq
siècles. Pendant ce temps, il se produit chez les Juifs un
changement extraordinaire. Précédemment, ils avaient été
idolâtres à un degré alarmant et d'effrontés violateurs du Sabbat.
Mais après leur retour de Babylone ils ne furent plus jamais, à
n'importe quel degré, coupables d'idolâtrie, cette captivité ayant
opéré une complète guérison de ce mal.234 Ils changèrent
également leur conduite à l'égard du Sabbat, à tel point que
pendant cette période ils chargèrent l'institution sabbatique des
ordonnances les plus fastidieuses et les plus rigides. Il suffira de
faire un court aperçu de cette période. Sous le règne d'Antiochus
Epiphane, roi de Syrie, 170 av. J.-C., les Juifs furent très
opprimés.
« Et le roi Antiochus écrivit à tout son royaume que tout le
peuple fût uni, et que chacun abandonnât sa loi. Et toutes les
nations l'acceptèrent, selon la parole du roi. Aussi plusieurs de
ceux d'Israël consentirent à sa religion, et sacrifièrent aux idoles,
et profanèrent le Sabbat. »235

234 Parlant de la captivité babylonienne, dans sa note sur Ezé. 23.48, le Dr CLARKE dit : « Depuis
cette époque jusqu'à aujourd'hui, les Juifs ne sont jamais retombés dans l'idolâtrie. »
235 1 Mac. 1.43-45.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


106
La majorité des Hébreux demeura fidèle à Dieu, et, en
conséquence, ils furent obligés de fuir pour sauver leur vie. Voici
en quels termes l'historien continue :
« Alors plusieurs, qui cherchaient le jugement et la justice,
descendirent au désert pour y demeurer, eux, leurs enfants, leurs
femmes, et leurs bêtes, parce que les maux étaient multipliés sur
eux. Et il fut rapporté aux gens du roi, et à la garnison qui était à
Jérusalem, dans la cité de David, que quelques hommes qui
avaient transgressé le commandement du roi, s'étaient retirés dans
des cachettes au désert, et que plusieurs avaient couru après eux.
Et incontinent ils s'en allèrent à eux, et les ayant atteints, ils
campèrent autour d'eux, et ordonnèrent la bataille contre eux au
jour du Sabbat, et leur dirent : C'est assez jusqu'ici ; sortez et
faites selon la parole du roi, et vous vivrez. Ils répondirent : Nous
ne sortirons pas, et nous ne ferons point selon la parole du roi,
pour profaner le jour du Sabbat. Alors ils se mirent promptement
en bataille contre eux. Mais les autres ne leur répondirent rien et
ne leur jetèrent pas une seule pierre, et ne bouchèrent point
l'entrée de leur caverne, disant : Mourons tous dans notre
simplicité, et le ciel et la terre seront témoins sur nous, que vous
nous faites périr injustement. Ils leur livrèrent donc bataille au
jour du Sabbat, et ils moururent eux, leurs femmes, leurs enfants
et leurs bêtes, savoir jusqu'à mille âmes humaines. »236
Un massacre analogue eut lieu à Jérusalem même. Le roi
Antiochus y envoya Appollonius avec une armée de vingt-deux
mille hommes.
« Quand il fut arrivé à Jérusalem, feignant la paix, il se retint
jusqu'au saint jour du Sabbat ; et alors comme les Juifs faisaient la
fête, il commanda à ses gens de se mettre en armes, et tua tous
ceux qui étaient venus ensemble au Sabbat, et en courant par la
ville avec ses gens armés, il mit à mort une grande multitude de
peuple. »237

236 1 Mac. 2.29-38 ; JOSÈPHE, Antiquités, liv. XII, chap. VIII.


237 2 Mac. 5.25, 26.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
107
Ces affreux massacres poussèrent Mattathias, « le principal, le
plus honorable et le plus grand dans cette ville » [Jérusalem], et
père de Juda Macchabée, à faire avec ses amis le décret suivant :
« Tout homme, quel qu'il soit, qui viendra contre nous à la
guerre au jour du Sabbat, combattons contre lui afin que nous ne
mourrions pas tous, comme sont morts nos frères dans les
cavernes. »238
Pourtant, il y en eut encore, après cela, qui subirent le martyre
pour avoir observé le Sabbat. Nous lisons ce qui suit :
« Et les autres s'en allaient ensemble aux cavernes voisines,
célébrer secrètement le jour du Sabbat : mais ayant été découverts
à Philippe, ils furent brûlés ensemble, parce qu'ils craignaient de
se défendre, pour l'honneur de ce jour tant vénérable. »239
Après cela, Juda Macchabée fit de grands exploits en
défendant les Hébreux et en résistant à l'oppression terrible du
gouvernement syrien. Voici ce que nous lisons de l'une de ces
batailles :
« Après qu'Eléazar leur eut lu le saint livre, et qu'il leur eut
donné le signe de l'aide de Dieu, Juda lui-même se mit à la tête de
l'armée, et chargea Nicanor. Et parce que le Tout-puissant
combattait avec eux ils tuèrent plus de neuf mille hommes des
ennemis, et rendirent la plus grande partie de l'armée de Nicanor
blessée et estropiée, et les contraignirent tous de fuir. Et ayant
pris l'argent de ceux qui étaient venus pour les acheter, ils les
poursuivirent assez loin. Mais après ils s'en retournèrent, étant
pressés par le temps, parce que c'était la veille du Sabbat, ce qui
fut cause qu'ils ne continuèrent pas longtemps à les poursuivre.
Mais ayant ramassé les armes et les dépouilles de l'ennemi, ils se
mirent à solenniser le Sabbat, en bénissant le Seigneur avec
véhémence, et lui rendant louange de ce qu'il les avait délivrés en
cette journée-là, et commencé de répandre sur eux sa miséricorde.
Mais après le Sabbat, ils distribuèrent une partie des dépouilles

238 1 Mac. 2.41.


239 2 Mac. 6.11.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
108
aux infirmes, aux orphelins et aux veuves, et le reste fut partagé
entre eux et leurs enfants. »240
Plus tard, étant attaqués par leurs ennemis le jour du Sabbat,
les Hébreux les battirent et en firent un grand carnage.241
Vers l'an 63 av. J.-C., Jérusalem fut assiégée et prise par
Pompée, le général romain. Il avait été nécessaire, à cet effet, de
combler d'immenses fossés et d'élever contre la ville des plates-
formes afin d'y placer les machines et les batteries pour l'assaut.
Voici comment Josèphe décrit l'événement :
« Mais ils n'eussent pu venir à bout de ces plates-formes si
l'observation des lois de nos pères qui défendent de travailler le
jour du Sabbat n'eût empêché les assiégés de s'opposer ce jour-là
à cet ouvrage. Car les Romains l’ayant remarqué, ne lançaient
point alors de dards et ne faisaient aucune attaque, mais
continuaient seulement d'élever leurs plates-formes et d'avancer
leurs machines pour s'en servir le lendemain. »242
L'on voit par ce qui précède que Pompée s'abstenait avec soin
de toute attaque contre les Juifs le jour du Sabbat, tant que dura le
siège, et qu'il profita dé ce jour pour combler les fossés et élever
les terrasses afin de pouvoir pousser l’attaque le jour qui suivait
chaque Sabbat, c'est-à-dire le dimanche. Josèphe rapporte de plus
que les sacrificateurs qui étaient occupés à faire le service dans le
temple continuèrent intrépidement la célébration des sacrifices,
malgré les pierres que jetaient au milieu d'eux les engins de
Pompée, « sans que le péril, quelque grand qu'il fût, les leur pût
faire interrompre ; » et que lorsque la ville fut prise, et que les
ennemis fondirent sur eux, égorgeant sous leurs yeux ceux qui se
trouvaient dans le temple, loin de songer à fuir ou à abandonner
240 2 Mac. 8.23-28.
241 1 Mac. 9.443-49 ; JOSÈPHE, Antiquités, liv. XIII, chap. I ; 2 Mac. 15.
242 Antiquités judaïques, liv. XIV, chap. VIII. Nous appelons ici l'attention sur l'une de ces fraudes

historiques par lesquelles on représente le dimanche comme étant le Sabbat. Voici comment le Dr
Justin Edwards expose le fait : « Pompée, le général romain, connaissant cela, ne fit point, lorsqu'il
assiégea Jérusalem, d'attaques le Sabbat, mais employait tout le jour à poursuivre ses travaux et à se
préparer à leur donner l'assaut le lundi, et cela d'une manière telle qu'ils n'y pussent pas résister ;
c'est ainsi qu'il prit la ville. » - Sabbath Manual, p. 216. Cela veut dire que le jour qui suivait le Sabbat
était le lundi et, évidemment, c'était le dimanche qui était le Sabbat ! Et pourtant le Dr E. savait
fort bien qu'aux jours de Pompée, 63 ans av. J.-C., le seul Sabbat hebdomadaire était le samedi, et
que l’assaut se donnait le dimanche et non pas le lundi.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
109
le service de leur Dieu, ils continuèrent avec un sang-froid
surprenant à vaquer aux offrandes et aux sacrifices.
Les citations de l’histoire des Juifs qui précèdent suffisent pour
indiquer le changement remarquable qui se fit chez les Juifs à
l’égard du Sabbat, après la captivité de Babylone. Un court aperçu
des enseignements des docteurs juifs relativement au Sabbat à
l’époque où notre Sauveur commença son ministère, terminera ce
chapitre :
« Les rabbins comptaient trente-neuf occupations primitives
défendues aux jours de Sabbat, qui ont chacune leurs subdivisions
et dépendances. Les voici : labourer, semer, moissonner, botteler,
lier des gerbes, battre le grain, cribler, moudre, bluter, pétrir,
cuire, tondre, blanchir, peigner, ou carder, filer, retordre, ourdir,
taquer, teindre, lier, délier, coudre, déchirer ou mettre en
morceaux, bâtir, détruire, frapper avec le marteau, chasser ou
pêcher, écorcher, préparer, racler la peau, tanner, couper le cuir
pour en travailler, écrire, raturer, régler pour écrire, allumer,
éteindre, porter quelque chose d'un lieu à un autre, exposer
quelque chose en vente. Voici quelques exemples des actions
secondaires défendues : limer, ou diviser un objet, était compris
sous la défense de moudre ; cailler du lait sous celle de bâtir ; et
ainsi des autres. Une autre de leurs traditions était que comme il
était défendu de battre en grange le jour du Sabbat, il l'était aussi
de marcher sur le gazon, ce qui eut été battre de l'herbe. Leurs
scrupules allaient jusqu'à défendre de peler ou de cuire une
pomme, de tuer une puce, une mouche ou un autre insecte s'il
était assez gros pour qu'on pût en discerner le sexe ; de chanter
ou de jouer d'un instrument en sorte qu'on pût éveiller un enfant.
Ils prescrivaient que l'on pouvait soigner un malade dans le but
d'adoucir ses souffrances, mais non point de guérir sa maladie ;
l'on pouvait bander un œil malade pour en soulager la douleur,
mais non point afin d'en obtenir la guérison ; les secours
médicaux ne devaient être administrés que là où il y avait péril

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


110
pour la vie à renvoyer au jour suivant ; pour une jambe cassée, il
faillait remettre au lendemain, on pouvait attendre, etc.243
Telle fut la transformation étonnante qui eut lieu dans la manière
d'agir du peuple juif touchant le Sabbat ; et tel était
l'enseignement de leurs docteurs à cet égard. L'institution la plus
bienfaisante que Dieu eût donnée à l'humanité était devenue une
occasion de souffrances ; celle que Dieu avait ordonnée comme
une source de délices et de délassement était devenue un joug de
servitude ; le Sabbat, fait pour l'homme au sein du Paradis, était
maintenant devenu une institution oppressive et accablante. Il
était temps que Dieu intervînt. C'est le Seigneur du Sabbat qui
apparaît maintenant sur la scène.

243 Voir les Diction. de la. Bible de CALMET et BOST, art. Sabbat ; LÉON DE MODÈNE, Des
cérém. des Juifs.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


111
CHAPITRE X

LE SABBAT
DURANT LA DERNIERE DES SEPTANTE
Mission du Sauveur - Ses titres comme juge de l'observation sabbatique Etat
de cette institution à son avènement - Le Sauveur à Nazareth - A Capernaüm -
Son discours dans le champ de blé - L'homme à la main sèche - Le Sauveur
parmi sa parenté - L'impotent - L'aveugle-né - La femme liée par Satan -
L'homme hydropique - Le but de l'enseignement et des miracles de notre
Seigneur relatifs au Sabbat - Déloyauté de plusieurs anti-Sabbatariens -
Examen de Mat. 24 :20 - Le Sabbat ne fut pas aboli à la crucifixion - Le
quatrième commandement après cet événement - Le Sabbat n'a pas été changé
à la résurrection de Christ - Examen de Jean 20 : 26 - Actes 2 :1, 2 - La
Rédemption ne fournit pas d'argument pour le changement du Sabbat -
Examen de Ps. 118 : 22-24 - Le Sabbat ni aboli ni changé jusqu'à la fin des
soixante-dix semaines.

D ans l'accomplissement des temps, Dieu envoya son Fils


pour être le Sauveur du monde. Celui qui accomplit cette
mission d'une miséricorde infinie, était tout à la fois Fils de
Dieu et Fils de l'homme. Il était avec le Père avant que le monde
fût, et par lui Dieu créa toutes choses244. Le Sabbat ayant été
consacré à la fin de cette grande oeuvre comme un mémorial qui
la rappelât à toujours, le Fils de Dieu par qui toutes choses furent
créées ne pouvait qu'être un juge parfait du dessein de Dieu en
sanctifiant ce jour, comme aussi de la manière dont l'homme
devait l'observer. Les soixante-neuf semaines de la prophétie de
Daniel étant accomplies245, le Rédempteur commença à prêcher,
disant : « Le temps est accompli. »246 Lorsque le Sauveur vint
exercer son ministère sur la terre, le Sabbat de l'Eternel avait été
complètement détourné de son dessein miséricordieux par
l'enseignement des docteurs juifs. Comme nous l'avons vu dans le
chapitre précédent, il n'était plus pour le peuple une source de

244 Gal. 44.4, 5 ; Jean 1.1-10 ; 17.5, 24 ; Héb. 1.


245 La soixante-dixième semaine de Daniel embrasse la période de sept années qui s'étend du
baptême de Jésus-Christ à la conversion de Paul, le grand apôtre des gentils.
246 Dan. 9.25 ; Marc 1.14,15.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


112
délassement et de joie, mais une cause de souffrance et de
détresse. Il avait été surchargé à tel point par les traditions des
docteurs de la loi, que son but miséricordieux et bienfaisant avait
entièrement disparu sous les encombrements des inventions
humaines. Après la captivité de Babylone, Satan trouvant
impraticable de pousser les Juifs, même par des édits sanguinaires,
à abandonner le Sabbat et à le profaner comme ils l'avaient fait
avant cette époque, poussa alors leurs docteurs à le pervertir au
point d'en changer entièrement le caractère, et de faire que son
observance eût des résultats absolument opposés aux desseins de
Dieu. Nous verrons que jamais le Sauveur ne négligea l'occasion
de corriger les fausses notions qu'ils entretenaient relativement au
Sabbat, et qu'il choisit évidemment à dessein le jour du Sabbat
pour accomplir un grand nombre d'oeuvres miséricordieuses. On
trouvera qu'une partie considérable de ses enseignements,
pendant toute la durée de son ministère, furent consacrés à
déterminer ce qui était permis au jour du Sabbat ; fait singulier
qu'auront peine à expliquer ceux qui pensent que son intention
était de l'abroger. Au commencement du ministère de notre
Seigneur, nous lisons ce qui suit :
« Et Jésus s'en retourna en Galilée par le mouvement de
l'Esprit ; et sa réputation courut par tout le pays d'alentour. Car il
enseignait dans leurs synagogues, et il était honoré de tout le
monde. Et Jésus vint à Nazareth, où il avait été élevé ; et il entra,
selon sa coutume, le jour du Sabbat, dans la synagogue, et il se
leva pour lire. »247
Voilà comment le Sauveur agissait à l'égard du Sabbat. Il est
évident qu'il voulait montrer par là son respect pour ce jour ; en
effet, il ne lui était pas nécessaire d'entrer dans la synagogue pour
obtenir un auditoire, puisque de grandes multitudes étaient
toujours prêtes à le suivre partout où il se trouvait. Son
témoignage ayant été rejeté, notre Seigneur quitta Nazareth pour
aller à Capernaüm. Voici ce qu'écrit le narrateur sacré :

247 Luc 4.14-16.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
113
« Mais il passa par le milieu d'eux, et s'en alla. Et il descendit à
Capernaüm, qui était une ville de Galilée, où il les enseignait les
jours de Sabbat. Et ils étaient étonnés de sa doctrine ; car il parlait
avec autorité. Or, il y avait dans la synagogue un homme possédé
d'un esprit immonde, qui s'écria à haute voix : Ah ! qu'y a-t-il
entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous
perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. Et Jésus, le
menaçant, lui dit : Tais-toi, et sors de cet homme. Et le démon,
après l'avoir jeté au milieu de l'assemblée, sortit de lui sans lui
faire aucun mal. Et ils en furent tous épouvantés, et ils disaient
entre eux : Qu'est-ce que ceci ? Il commande avec autorité et avec
puissance aux esprits immondes, et ils sortent ! Et sa réputation
se répandit dans tous les quartiers du pays d'alentour. Jésus étant
sorti de la synagogue, entra dans la maison de Simon ; la belle-
mère de Simon avait une fièvre violente, et ils le prièrent de la
guérir. S'étant donc approché d'elle, il commanda à la fièvre, et la
fièvre la quitta et incontinent elle se leva, et les servit. »248
Ces miracles sont les premiers qui nous soient mentionnés
comme ayant été accomplis par le Sauveur au jour du Sabbat. La
stricte exactitude des Juifs relativement au Sabbat se remarque
dans le fait qu'ils attendirent jusqu'au coucher du soleil, c'est-à-
dire jusqu'à ce que le Sabbat fût passé249, avant d'apporter les
malades pour que Jésus les guérît. Le récit ajoute :
« Et le soir étant venu, après le coucher du soleil, ils lui
amenèrent tous ceux qui étaient malades, et les démoniaques ; et
toute la ville était assemblée à la porte de la maison. Et il guérit
plusieurs malades de diverses maladies, et chassa plusieurs
démons, ne permettant pas aux démons de dire qu'ils le
connaissaient. »250
La mention du Sabbat qui suit immédiatement celle qui
précède présente un intérêt tout particulier :
« En ce temps-là, Jésus passait par des blés un jour de Sabbat ;
et ses disciples, ayant faim, se mirent à arracher des épis et à en

248 Luc 41.30-39 ; Marc 1.21-31 ; Mat. 8.5-15.


249 Voyez, sur ce point, la conclusion de notre chapitre huitième.
250 Marc 1.32-34 ; Luc 4.40.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


114
manger. Les Pharisiens, voyant cela, lui dirent : Voilà tes disciples
qui font ce qu'il n'est pas permis de faire le jour du Sabbat. Mais il
leur dit : N'avez-vous pas lu ce que fit David ayant faim, tant lui
que ceux qui étaient avec lui ; comment il entra dans la maison de
Dieu, et mangea les pains de proposition, dont il n'était pas
permis de manger, ni à lui, ni à ceux qui étaient avec lui, mais aux
seuls sacrificateurs ? Ou n'avez-vous pas lu clans la loi, que les
sacrificateurs, au jour du Sabbat, violent le Sabbat dans le temple,
sans être coupables pour cela ? Or, je vous dis, qu'il y a ici
quelqu'un qui est plus grand que le temple. Que si vous saviez ce
que signifie ceci : Je veux la miséricorde, et non pas le sacrifice,
vous n'auriez pas condamné ceux qui ne sont point coupables.
Car le Fils de l'homme est Seigneur251 même du Sabbat.252
Le texte parallèle, dans Marc, contient une addition importante
à la conclusion donnée par Matthieu :
« Puis il leur dit : Le Sabbat a été fait pour l'homme, et non pas
l'homme pour le Sabbat. Ainsi le Fils de l'homme est Seigneur
même du Sabbat. »253
Dans l'examen de ce texte, il faut noter les points suivants :
1° La question en litige ne se rapportait point à l'action de
passer par le champ de blé un jour de Sabbat ; car les pharisiens
eux-mêmes étaient de la compagnie ; d'où l'on peut conclure que
le Sauveur et ceux qui étaient avec lui se rendaient à la synagogue
ou en revenaient.
2° La question soulevée par les pharisiens était celle-ci :
Les disciples, en arrachant, afin d'apaiser leur faim, des épis de blé
dans les champs à travers lesquels ils passaient, ne violaient-ils
point la loi du Sabbat ?
3° Celui auquel cette question était proposée était on ne peut
plus compétent pour y répondre : car il était avec le Père lorsque
le Sabbat fut institué.254

251 Quelques versions françaises ont traduit ici l'original Kύριος par « Maître ». Ce terme, qui est
précisément celui dont est dérivé l'adjectif « seigneurial », χυριαχός, dans Apoc. 1.10, paraît 803
fois dans le Nouveau Testament grec. Il est toujours traduit par « Seigneur » dans la version
d'Ostervald, sauf 10 fois où il l'est par « Maître ».
252 Mat. 12 .1-8 ; Marc 2.23-28 ; Luc 6.1-5.
253 Marc 2.27, 28.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


115
4° Le Sauveur préféra, pour décider cette question, en appeler
à des précédents scripturaires plutôt que de formuler son
jugement indépendant.
5° Le premier cas cité par le Sauveur était tout
particulièrement approprié à la question. David, fuyant pour
sauver sa vie, était entré dans la maison de Dieu au jour du
Sabbat255, et y avait mangé du pain de proposition pour apaiser sa
faim. Les disciples, pour apaiser la leur, avaient simplement
mangé du blé dans les champs à travers lesquels ils passaient au
jour du Sabbat. Si David fit bien quoiqu'il mangeât dans sa
nécessité de ce qui appartenait aux sacrificateurs seuls, combien
moins dignes dé blâme les disciples n'étaient-ils point, eux qui
n'avaient pas même violé un précepte de la loi cérémonielle ?
Voilà pour ce qui regarde le cas des disciples apaisant leur faim au
jour du Sabbat, comme ils l'avaient fait. L'exemple que donne
ensuite notre Seigneur est destiné à montrer quel est le travail qui,
accompli le jour du Sabbat, n'est pas une violation de sa sainteté.
6° Et c'est pourquoi il cite le cas des sacrificateurs. Le même
Dieu qui avait dit, dans le quatrième commandement : « Tu
travailleras six jours et tu feras toute TON œuvre », avait
commandé que les sacrificateurs offrissent au jour du Sabbat
certains sacrifices dans son temple.256
Il n'y avait là aucune contradiction ; car le travail accompli par
les sacrificateurs au jour du Sabbat avait simplement pour but de
maintenir dans le temple le culte ordonné de Dieu, et n'était point
ce que le commandement appelle « TON OEUVRE » Un travail
de cette sorte, d'après le verdict du Sauveur, n'était donc point et
n'a jamais été une violation du Sabbat.
7° Mais il est fort probable que dans cette allusion aux
sacrificateurs le Sauveur pensait moins aux sacrifices qu'ils
offraient au jour du Sabbat, qu'au fait qu'ils devaient préparer
chaque Sabbat de nouveaux pains de proposition, alors qu'ils
devaient enlever les vieux pains de la table du Seigneur et les

254 Confrontez Jean 1.1-3 ; Gen. 1.1, 26 ; 2.1-3.


255 Voyez le chapitre huitième de cet ouvrage.
256 Nomb. 28.9,10.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


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manger.257 Cette manière de voir rattacherait le cas des
sacrificateurs à celui de David, et tous deux auraient une portée
d'une clarté merveilleuse sur l'action des disciples. C'est alors que
l'argument du Sauveur pouvait être apprécié lorsqu'il ajouta :
« Or, je vous dis qu'il y a ici quelqu'un qui est plus grand que le
temple. » Si les pains de proposition devaient être préparés
chaque Sabbat pour l'usage de ceux qui officiaient dans le temple,
et si ceux qui faisaient cela étaient innocents, combien aussi les
disciples devaient-ils être exempts de culpabilité, eux qui, en
suivant CELUI qui était plus grand que le temple mais qui n'avait
pas un lieu où reposer sa tête, avaient mangé au jour du Sabbat du
blé en épis, pour apaiser leur faim ?
8° Mais notre Sauveur pose ensuite un principe qui est digne
de la plus sérieuse attention. Voici ce qu'il ajoute : « Que si vous
saviez ce que signifie ceci : Je veux la miséricorde, et non pas le
sacrifice, vous n'auriez pas condamné ceux qui ne sont pas
coupables. » Le Très-Haut avait ordonné certain travail au jour du
Sabbat, afin qu'on pût lui offrir des sacrifices. Mais Christ affirme,
sur l'autorité des Ecritures258, qu'il y a quelque chose qui est bien
plus agréable à Dieu que les sacrifices, à savoir les actes de
miséricorde. Si Dieu tenait pour innocents ceux qui offraient des
sacrifices au jour du Sabbat, combien moins devait-il condamner
ceux qui, en ce même jour, exerceraient la miséricorde, et iraient
au secours de ceux qui sont dans la souffrance et la détresse !
9° Mais le Sauveur n'en reste pas là sur ce sujet ; car il ajoute :
« Le Sabbat a été fait pour l'homme et non pas l'homme pour le
Sabbat. Ainsi le Fils de l'homme est Seigneur même du Sabbat. »
Si le Sabbat a été fait, son appel à l'existence a exigé certains actes,
certaines opérations. Quels furent ces actes ? (1) Dieu se reposa
au septième jour. Cela fit du septième jour le jour du repos, ou le
Sabbat de l'Eternel. (2) Il bénit ce jour ; il devint ainsi son saint
jour. (3) Il le sanctifia ou le mit à part pour un saint usage ; son
observation devint ainsi une partie des, devoirs de l'homme
envers Dieu. Il doit y avoir eu un moment où ces actes furent
257 Lév. 24.5-9. 1 Chr. 9.32.
258 Osée 6.6.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
117
accomplis. Sur ce point, il n'y a réellement pas moyen de
controverser. Ils n'ont point été accomplis au Sinaï, ni dans le
désert de Sin, mais dans le paradis. Et les paroles de notre
Sauveur le confirment d'une manière frappante : « Le Sabbat a été
fait pour L'HOMME [ADAM] ; et non pas L'HOMME [ADAM]
pour le Sabbat »259 ; il rappelle ainsi à notre esprit Adam qui fut
fait de la poudre de la terre, et affirme que le Sabbat fut fait pour
lui ; témoignage conclusif que le Sabbat tire son origine du
paradis. Ce fait est heureusement illustré par une déclaration de
l'apôtre Paul : « L'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la
femme a été créée pour l'homme. »260 On ne niera pas que ces
paroles ne soient une allusion directe à la création d'Adam et
d'Eve. Si alors nous retournons au commencement, nous
trouverons Adam fait de la poudre de la terre, Eve prise d'une de
ses côtes, et le Sabbat fait du septième jour.261 Ainsi, le Sauveur,
pour résoudre complètement la question soulevée par les
pharisiens, rapporte l'origine du Sabbat au commencement, de
même qu'il y rapporte l'institution du mariage, lorsque ces mêmes
hommes lui proposent de décider de la légalité du divorce.262
L'exposé rigoureux, précis, que Jésus fait de l'objet du Sabbat et
du mariage, - faisant remonter l'un et l'autre au commencement,
et réduisant à néant dans un cas leur perversion du Sabbat, dans
l'autre celle du mariage, - est le témoignage le plus puissant qui
puisse être rendu au caractère sacré de l'une et de l'autre de ces
institutions. Dans l'un de ces cas, l'argument peut s'exprimer
ainsi : Au commencement, Dieu créa un homme et une femme,
dans le dessein que les DEUX fussent une seule chair. Le lien du
mariage avait donc pour but d'unir simplement deux personnes,
et cette union devrait être sacrée et indissoluble. Tel est le sens de
son argument sur la question du divorce. Voici quel est son
argument à l'égard du Sabbat : Dieu fit le Sabbat pour l'homme,
qu'il avait tiré de la poudre de la terre ; étant ainsi fait pour une
259 Le grec appuie d'une manière toute particulière et avec une force qu'il a été impossible de
rendre en notre langue sur l'article qui précède le mot « homme ».
260 1 Cor. 11.9.
261 Gen. 2.1-3, 7, 21-23.
262 Mat. 19.3-9.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


118
race qui n'était point déchue, ce ne peut être qu'une institution
miséricordieuse et bienfaisante. Celui qui fit le Sabbat pour
l'homme avant la chute, savait ce dont l'homme avait besoin, et
connaissait la manière de répondre à ce besoin. Le Sabbat lui fut
donné comme repos, délassement et délices, caractère qu'il
conserva après la chute263, mais que les Juifs avaient
complètement perdu de vue.264 Notre Seigneur nous ouvre ainsi
tout son coeur à l'égard du Sabbat. Il détermine soigneusement
quelles sont les oeuvres qui ne sont point une violation du
Sabbat, et il fait cela par des exemples tirés de l'Ancien
Testament, afin qu'il soit évident qu'il n'introduit aucun
changement dans cette institution. Il repousse les traditions
rigoristes et accablantes dont les docteurs juifs ont surchargé le
Sabbat, en rappelant son origine miséricordieuse dans le paradis ;
puis ayant ainsi libéré le Sabbat des rigueurs pharisaïques, il le
laisse sur son fondement paradisiaque, renforcé par toute
l'autorité et la sainteté de la loi qu'il était venu non pour détruire,
mais pour magnifier et la rendre honorable.265
10° Ayant ainsi débarrassé le Sabbat de toutes les additions
pharisaïques, notre Seigneur conclut par cette remarquable
déclaration : « Ainsi le Fils de l'homme est Seigneur même du
Sabbat. » (1) C'était non une dépréciation du Sabbat mais un
honneur que le Fils unique de Dieu s'en proclamât le Seigneur. (2)
Ce n'était point non plus une dérogation au caractère du
Rédempteur que d'être le Seigneur du Sabbat ; avec tous les
honneurs augustes appartenant à son titre de Messie, il est
« Seigneur MÊME du Sabbat » ; cela implique que posséder un tel
titre n'est pas un léger honneur. (3) Ce titre implique que le
Messie doit être le protecteur et non le destructeur du Sabbat ; et,
conséquemment, qu'il avait mieux que qui que ce fût qualité pour
décider de la vraie nature de l'observance sabbatique C'est par ces
paroles mémorables que se termine le premier discours de notre
Seigneur sur le. Sabbat.

263 Ex. 16.23 ; 23.12 ; Esa. 58.13,14.


264 Voyez la conclusion de notre chapitre IX.
265 Mat. 5.17-19 ; Esa. 42.21.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


119
Dès lors, les pharisiens surveillèrent de près le Sauveur pour
trouver lieu de l'accuser de violation du Sabbat. L'incident qui va
suivre montrera la malignité de leurs coeurs, la complète
perversion qu'ils avaient faite du Sabbat, le besoin urgent d'une
correction autorisée de leurs faux enseignements touchant ce
jour, et l'irrésistible revendication qu'en fit le Sauveur :
« Etant parti de là, il vint dans leur synagogue. Et il y trouva un
homme qui avait une main sèche ; et ils lui demandèrent, pour
avoir lieu de l'accuser : Est-il permis de guérir dans les jours de
Sabbat ? Et il leur dit : Qui sera celui d'entre vous, qui, ayant une
brebis, si elle tombe au jour du Sabbat dans une fosse, ne la
prenne et ne l'en retire ? Et combien un homme ne vaut-il pas
mieux qu'une brebis ! Il est donc permis de faire du bien dans les
jours de Sabbat. Alors il dit à cet homme : Etends ta main. Et il
l'étendit, et elle devint saine comme l'autre. Là-dessus, les
pharisiens, étant sortis, délibérèrent entre eux, comment ils le
feraient périr. »266
Qu'est-ce qui pouvait avoir jeté les pharisiens dans cette
aveugle fureur ? De la part du Sauveur, c'était une parole ; de la
part de l'homme, un acte : celui d'étendre son bras. La loi du
Sabbat défendait-elle l'une ou l'autre de ces choses ? Personne
n'oserait l’affirmer. Non ; mais le Sauveur avait publiquement
transgressé la tradition des pharisiens qui interdisait tout ce qui
pouvait contribuer à la guérison des malades le jour du Sabbat.
Aussi l'on conçoit combien il était nécessaire, si le Sabbat devait
être conservé à l’homme, que cette indigne tradition fût terrassée.
Mais l’acte du Sauveur remplit les pharisiens d'une telle rage,
qu'ils sortirent de la synagogue et se consultèrent sur la manière
dont ils pourraient le faire périr. Et pourtant, Jésus n'avait fait
qu'agir en faveur du Sabbat, en annulant les traditions par
lesquelles ils l’avaient perverti.
Après cela, notre Seigneur revint en sa patrie, et voici ce que
nous lisons de lui :

266 Mat. 12.9-14 ; Marc 3.1-6 ; Luc 6.6-11.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


120
« Et quand le Sabbat fut venu, il commença à enseigner dans la
synagogue ; et plusieurs de ceux qui l’entendaient, s'étonnaient, et
disaient : D'où viennent toutes ces choses à cet homme ? Quelle
est cette sagesse qui lui a été donnée, et d'où vient que de si
grands miracles se font par ses mains ? »267
Peu après, nous trouvons le Sauveur à Jérusalem,
accomplissant au jour du Sabbat le miracle suivant :
« Or, il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit
ans. Jésus, le voyant couché, et sachant qu'il était malade depuis
longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ? Le malade lui répondit :
Seigneur ! je n'ai personne pour me jeter dans le réservoir quand
l'eau est troublée ; car pendant que j'y viens, un autre y descend
avant moi. Jésus lui dit : Lève-toi, emporte ton lit, et marche. Et
incontinent l’homme fut guéri ; et il prit son lit, et se mit à
marcher. Or, ce jour-là était un jour de Sabbat. Alors les Juifs
dirent à celui qui avait été guéri : C'est aujourd'hui le Sabbat ; il ne
t'est pas permis d'emporter ton lit. Il leur répondit : Celui qui m'a
guéri, m'a dit : Emporte ton lit, et marche… Et ils lui
demandèrent : Qui est cet homme qui t'a dit : Emporte ton lit, et
marche ? Cet homme s'en alla, et rapporta aux Juifs que c'était
Jésus qui l'avait guéri. A cause de cela, les Juifs poursuivaient
Jésus, et cherchaient à le faire mourir, parce qu'il avait fait cela le
jour du Sabbat. Mais Jésus leur dit : Mon père agit jusqu'à présent,
et j'agis aussi. A cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à
le faire mourir, non seulement parce qu'il avait violé le Sabbat,
mais encore parce qu'il disait que Dieu était son propre Père, se
faisant égal à Dieu. »268
Notre Seigneur est ici accusé de deux crimes : 1° II avait violé
le Sabbat. 2° Il s'était rendu égal à Dieu. La première accusation
est fondée sur les faits suivants : (1) Il avait guéri l'homme
impotent par sa parole. Or cela ne constituait la violation
d'aucune loi de Dieu ; cela ne faisait qu'anéantir la tradition qui
interdisait tout acte qui contribuât à guérir des infirmités au jour
du Sabbat. (2) Il avait ordonné à l'homme de porter son lit. Or,
267 Marc 6.1-6.
268 Jean 5.1-18.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
121
comme poids, ce n'était là qu'une bagatelle269, soit un simple
caban ou une natte, et était destiné à montrer la réalité de sa
guérison, et à honorer ainsi le Seigneur du Sabbat qui lui avait
rendu l'usage de ses membres. De plus, ce n'était point un fardeau
du genre de ceux que l'Ecriture défend de porter le Sabbat.270 (3)
Jésus avait justifié ce qu'il avait fait en comparant la guérison qu'il
venait d'opérer à l'oeuvre que son Père avait faite JUSQU'À
PRÉSENT, c'est-à-dire depuis le commencement de la création.
Depuis que le Sabbat avait été sanctifié au Paradis ; le Père, par sa
providence, avait continué envers l'humanité, même au jour du
Sabbat, tous les actes miséricordieux qui faisaient que la race
humaine avait été conservée. Cette œuvre du Père était
précisément de la même nature que celle que Jésus venait de faire.
Ces actes ne prouvaient pas que le Père eût jusqu'à présent traité
légèrement le Sabbat, dont il avait ordonné l'observance de la
façon la plus solennelle dans la loi et les prophètes271 ; et comme
notre Seigneur avait expressément reconnu leur autorité272, il n'y
avait pas lieu de l'accuser de mépriser le Sabbat, alors qu'il n'avait
fait que suivre l'exemple que le Père lui avait donné dès le
commencement. La réponse du Sauveur à ces deux accusations
enlèvera toute difficulté :
« Jésus, prenant la parole, leur dit : En vérité, en vérité, je vous
dis, que le Fils ne peut rien faire de lui même, à moins qu'il ne le
voie faire au Père ; car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait
pareillement. »273
Cette réponse renferme deux points ; 1° Qu'il suivait l’exemple
parfait de son Père qui lui avait toujours ouvert tout le conseil de
ses œuvres ; et partant, comme il se bornait à faire ce qui avait
toujours été le bon plaisir du Père d'accomplir, il n'était nullement

269 Notre système de lits n'est pas connu en Orient, ni en général dans les pays méridionaux ; les
pauvres couchent sur des nattes, ou revêtus de manteaux. Ex. 22.27 ; Deut. 24.13 ; une pierre leur
sert de chevet, cf. Gen. 9.21, 23, 28 ; 11 ; ARVIEUX, III, 216, GOBAT, Séjour en Abyssinie. » -
BOST, Dict. de la Bible, art. lits. Voyez également ZELLER, Bibl. Wörterbuch, Art. Lit ; NEVINS,
Biblical Antiquities, pp. 62, 63.
270 Confrontez Jér.17.21-27 avec Néh. 93.15-20.
271 Gen. 2.1-3 ; Ex. 20.8-11 ; Esa. 56 ; 58.13,14 ; Ezé. 20.
272 Gal. 4.4 ; Mat, 5.17-19 ; 7.12 ; 19.17 ; Luc 16.17.
273 Jean 5.19.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


122
en voie de renverser le Sabbat. 2° Et par la douce humilité de
cette réponse : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins
qu'il ne le voie faire au Père », il montrait l’inanité de leur
accusation de présomption. Il ne leur laissait ainsi en rien
l’occasion de lui répliquer.
Plusieurs mois plus tard, le même cas de guérison était remis
sur le tapis :
« Jésus répondit, et leur dit : J'ai fait une oeuvre, et vous en
êtes tous étonnés. Moïse vous a ordonné la circoncision (non pas
qu'elle vienne de Moïse, mais elle vient des pères), et vous
circoncisez un homme au jour du Sabbat. Si donc un homme
reçoit la circoncision au jour du Sabbat, afin que la loi de Moïse
ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre moi parce
que j'ai guéri un homme dans tout son corps le jour du
Sabbat ? »274
Ce passage contient la seconde réponse de notre Seigneur
relativement à la guérison de l'impotent au jour du Sabbat, Dans
sa première réponse, sa défense s'était appuyée sur le fait que ce
qu'il avait accompli n'était absolument pas autre chose que ce que
le Père avait lui-même fait jusqu'à présent, c'est-à-dire depuis le
commencement du monde ; ce qui implique que le Sabbat avait
existé depuis lors ; car autrement l’exemple du Père durant cette
époque n'eût pas été applicable. Dans sa seconde réponse, que
nous avons sous les yeux, l'on trouve un point analogue touchant
l’origine du Sabbat. Sa défense repose cette fois sur le fait que la
cure opérée par lui n'était pas plus une violation du Sabbat que
l'acte de la circoncision fait en ce même jour. Or si la
circoncision, qui fut établie au temps d'Abraham, était plus
ancienne que le Sabbat, - ce qui est très certain s'il est vrai que le
Sabbat tire son origine du désert de Sin, - l'allusion serait sans
objet aucun ; car la circoncision aurait ici le droit de priorité
comme étant la plus ancienne institution. Il serait strictement
convenable de dire d'une institution plus récente qu'elle ne
comporte aucune violation d'une plus ancienne ; mais il n'en

274 Jean 7.21-23.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
123
serait pas ainsi de parler d'une ancienne institution comme
n'entraînant à aucune violation d'une plus récente. Il ressort donc
de là que le Sabbat était plus ancien que la circoncision ; en
d'autres termes, antérieur aux jours d'Abraham. Ces deux
réponses du Sauveur sont certainement en pleine harmonie avec
le témoignage unanime des narrateurs inspirés, à savoir que le
Sabbat tire son origine de la sanctification du jour du repos de
l'Eternel en Eden.
Qu'avait fait le Sauveur pour justifier la haine que les Juifs
nourrissaient contre lui ? Il avait, d'une parole, guéri au jour du
Sabbat un homme privé de l'usage de ses membres depuis trente-
huit années. Or cette action ne s'accordait-elle pas strictement
avec l'institution sabbatique ? Notre Seigneur a tranché cette
question par l'affirmative, au moyen d'arguments solides,
irréfutables275, et cela non seulement dans ce seul cas, mais dans
d'autres déjà signalés, comme aussi dans ceux qu'il nous reste à
mentionner. Si, alors qu'une parole pouvait le rétablir, il avait
laissé l'impotent dans sa pitoyable condition parce que c'était le
Sabbat, il n'eût rien moins que déshonoré le Sabbat, et l'opprobre
en eût rejailli sur son Auteur. Nous trouverons encore plus loin,
le Seigneur du Sabbat à l'œuvre en sa faveur, travaillant à
l'arracher des mains -de ceux qui avaient si complètement perverti
son but ; travail bien inutile, à la vérité, si son dessein avait été de
clouer cette institution à sa croix.
Nous en arrivons maintenant à l'incident provoqué par le cas
de l'aveugle-né. Le voyant, Jésus dit :
« Pendant qu'il est jour, il me faut faire les œuvres de celui qui
m'a envoyé ; la nuit vient, dans laquelle personne ne peut
travailler. Pendant que je suis au monde, je suis la lumière du
monde. Ayant dit cela, il cracha à terre, et de sa salive il fit de la
boue, et il oignit de cette boue les yeux de l'aveugle ; et il lui dit :
Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (ce qui signifie Envoyé). Il y
alla donc, et se lava, et il en revint voyant clair… Or, c'était le jour

275GROTIUS dit bien. « Quand il en guérissait au jour du Sabbat, il faisait voir non seulement par
la loi mais aussi par leurs opinions reçues que ces œuvres n'étaient pas défendues le jour du
Sabbat. » - De Veritate Religionis Christianæ, lib. v, 5.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
124
du Sabbat que Jésus avait fait de la boue, et qu'il lui avait ouvert
les yeux. »276
Nous avons ici le récit d'une autre des œuvres de miséricorde
accomplie par notre Seigneur le jour du Sabbat. Il voyait devant
lui un homme aveugle dès sa naissance ; ému de compassion
envers lui, il fit un peu de boue, en oignit ses yeux, et l'envoya se
laver au réservoir. L'aveugle s'étant lavé, recouvra la vue. L'action
était également digne et du Sabbat et de son Seigneur : aussi n'est-
ce aujourd'hui qu'aux adversaires du Sabbat, comme ce n'était alors
qu'aux ennemis de son Seigneur, qu'il appartient d'y découvrir la
plus infime violation du Sabbat. Après cela, nous lisons ce qui
suit :
« Comme Jésus enseignait dans une synagogue un jour de
Sabbat, il se trouva là une femme possédée d'un esprit qui la
rendait malade depuis dix-huit ans, et qui était courbée, en sorte
qu'elle ne pouvait du tout point se redresser. Jésus la voyant,
l'appela, et lui dit : Femme, tu es délivrée de ta maladie. Et il lui
imposa les mains ; et à l'instant elle fut redressée, et elle en donna
gloire à Dieu. Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que
Jésus avait fait cette guérison un jour de Sabbat, prit la parole, et
dit au peuple : Il y a six jours pour travailler ; venez donc ces
jours-là pour être guéris, et non pas le jour du Sabbat. Mais le
Seigneur lui répondit : Hypocrite ! chacun de vous ne détache-t-il
pas son bœuf ou son âne de la crèche, le jour du Sabbat, et ne le
mène-t-il pas abreuver ? Et ne fallait-il point, quoique en un jour
de Sabbat, délier de ce lien cette fille d'Abraham, que Satan tenait
liée depuis dix-huit ans ? Comme il parlait ainsi, tous ses
adversaires étaient confus ; et tout le peuple se réjouissait de
toutes les choses glorieuses qu'il faisait. »277
Cette fois, c'est une fille d'Abraham, c'est-à-dire une pieuse
femme278 qui avait été liée par Satan pendant dix-huit ans, qui est
déliée de sa chaîne en plein jour de Sabbat. Jésus impose le silence
aux clameurs de ses ennemis en faisant appel à leur propre

276 Jean 9.1-16.


277 Luc 13.10-17.
278 1 Pier. 3.6.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


125
conduite lorsqu'ils détachaient un bœuf et le menaient, le Sabbat,
à l'abreuvoir. Par cette réponse, le Seigneur plongea ses ennemis
dans la confusion, tandis que tout le peuple se réjouissait des
choses glorieuses qui se faisaient par lui. Voici comment nous est
rapporté le dernier des glorieux actes par lesquels Jésus voulut
honorer le Sabbat :
« Un jour de Sabbat, Jésus étant entré dans la maison d'un des
principaux pharisiens pour y manger, ceux qui étaient là,
l'observaient. Et un homme hydropique se trouva devant lui. Et
Jésus, prenant la parole, dit aux docteurs de la loi et aux
pharisiens : Est-il permis de guérir au jour du Sabbat ? Et ils
demeurèrent dans le silence. Alors, prenant le malade, il le guérit,
et le renvoya. Puis il leur dit : Qui est celui d'entre vous qui,
voyant son âne ou son boeuf tombé dans un puits, ne l'en retire
aussitôt le jour du Sabbat ? Et ils ne pouvaient rien répondre à
cela. »279
Il est évident que les pharisiens et les docteurs de la loi
n'osaient répondre à cette question : Est-il permis de guérir au
jour du Sabbat ? S'ils disaient « Oui », ils condamnaient leur
propre tradition. S'ils disaient « Non », il leur était impossible
d'appuyer leur réponse sur des arguments recevables. Partant, ils
gardèrent le silence. Lorsque Jésus eut guéri l’homme, il leur posa
une autre question également embarrassante : Qui est celui
d'entre vous qui, voyant son bœuf tomber dans un puits, ne l'en
retire aussitôt le jour du Sabbat ? Ici encore, une réponse ne leur
était pas possible. Il est clair que les controverses que notre
Seigneur avait eues de temps à autre avec les pharisiens
relativement au Sabbat, les avaient pour le moins persuadés que,
touchant leurs traditions, le silence était pour eux plus sage que la
parole.
Dans ses discours publics, le Sauveur déclarait que les choses
les plus importantes de la loi étaient la justice, LA
MISÉRICORDE et la foi280 ; aussi l’effort prolongé et puissant
qu'il fit en faveur du Sabbat avait pour but de le revendiquer
279 Luc 14.1-6.
280 Mat. 23.23.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
126
comme une institution MISÉRICORDIEUSE, et de le
débarrasser des traditions pharisaïques qui l'avaient perverti de
son dessein originel. Ceux qui s'opposent au Sabbat sont ici
coupables de manque d'équité à deux égards : 1° Ils représentent
ces rigueurs pharisaïques comme faisant réellement partie de
l’institution sabbatique. Ils aliènent par là au Sabbat la sympathie
de tous les esprits. 2° Arrivés là, ils représentent les efforts faits
par le Sauveur pour anéantir ces traditions, comme destinés à
renverser le Sabbat lui-même.
Nous en venons maintenant au discours mémorable que le
Sauveur prononça sur le mont des Oliviers, à la veille même de sa
crucifixion, et dans lequel il fit pour la dernière fois mention du
Sabbat :
Quand donc vous verrez dans le lieu saint l’abomination qui
cause la désolation, et dont le prophète Daniel a parlé (que celui
qui le lit y fasse attention) ; alors, que ceux qui seront dans la
Judée s'enfuient aux montagnes ; que celui qui sera au haut de la
maison ne descende point pour s'arrêter à emporter quoi que ce
soit de sa maison ; et que celui qui est aux champs ne retourne
point en arrière pour emporter ses habits. Malheur aux femmes
qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là!
Priez que votre fuite n'arrive pas en hiver, ni en un jour de
Sabbat ; car il y aura une grande affliction telle que depuis le
commencement du monde jusqu'à présent il n'y en a point eu, et
qu'il n'y en aura jamais de semblable. »281
Dans ces paroles, notre Seigneur annonce les effrayantes
calamités qui devaient fondre sur le peuple juif, ainsi que la
destruction de leur ville et de leur temple, telle que l’avait prédite
le prophète Daniel282 ; aussi, la vigilante sollicitude qu'il a pour
son peuple, comme son Seigneur, le porte-t-elle à leur indiquer les
moyens d'y échapper.
1° Il leur donne un signe qui leur indiquerait quand cette
terrible ruine serait absolument imminente. C'était lorsqu'on
verrait « dans le lieu saint l’abomination qui cause la désolation » ;
281 Mat. 24.15-21.
282 Dan. 9.26, 27.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
127
ou, comme l’exprime saint Luc, ce signe devait être « Jérusalem
environnée par les armées. »283 L'historien Josèphe nous rapporte
l’accomplissement de ce signe. Après avoir raconté que tout au
commencement du démêlé entre les Juifs et les Romains, Cestius,
le général romain, investit la ville de Jérusalem d'une armée, il
ajoute :
« Ainsi, si ce général eût continué le siège, il aurait bientôt
emporté la place ; mais Dieu, irrité contre ces méchants, ne
permit pas que la guerre finît sitôt. Cestius fut si mal informé du
désespoir des factieux et de l’affection du peuple pour lui, qu'il
leva le siège lorsqu'il avait le plus de sujet d'espérer de réussir
dans son entreprise. »284
2° A la vue de ce signe, les disciples devaient savoir que la
désolation de Jérusalem était proche. « Alors, dit Christ, que ceux
qui sont dans la Judée s'enfuient aux montagnes. » b Josèphe
rapporte comme suit l’accomplissement de cet ordre :
« Après un si malheureux succès arrivé à Cestius, plusieurs des
principaux des Juifs sortirent de Jérusalem comme ils seraient
sortis d'un vaisseau qu'ils jugeraient être près de faire
naufrage. »285
Eusèbe aussi raconte cet accomplissement en ces termes :
« Cependant, tout le corps de l'église de Jérusalem, en ayant
reçu l'ordre par une révélation divine donnée avant la guerre à des
hommes d'une grande piété, se retira de la ville et s'arrêta dans
une certaine ville, au-delà du Jourdain, nommée Pella. C'est ici
que se réfugièrent ceux qui crurent en Christ et qui se retirèrent
de Jérusalem, comme si les saints hommes avaient entièrement
abandonné la ville royale elle-même et tout le pays de la Judée. La
colère divine que les Juifs avaient méritée par les crimes dont ils
s'étaient rendus coupables envers Christ et ses apôtres, fondit
finalement sur eux, exterminant de dessus la terre toute cette
méchante génération. »286

283 Luc 21.20.


284 JOSÈPHE, Guerre des Juifs, traduit par ARNAULT d'ANDILLY, liv. II, chap. XXXIX, XL.
285 Id. liv. II, chap. XLI.
286 Hist. Eccl., liv. III, chap. V.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


128
3° Le danger devait être si imminent quand ce signe paraîtrait,
qu'il ne fallait pas perdre un instant. Celui qui serait sur le haut de
la maison ne pouvait pas même descendre pour en emporter le
moindre objet ; à celui qui était aux champs, il était interdit de
revenir à sa maison pour chercher ses habits. Il n'y avait pas un
moment à perdre ; il fallait s'enfuir tel qu'on était, s'enfuir pour
avoir la vie sauve. Aussi, bien digne de pitié, en vérité, serait le
sort de ceux qui ne pourraient fuir.
4° En vue du fait que les disciples devaient s'enfuir au moment
où le signe promis apparaîtrait, notre Seigneur leur dit de prier
pour deux choses : 1) Que leur fuite n'arrivât pas en hiver ; 2)
Qu'elle n'eût pas lieu en un jour de Sabbat. La malheureuse
situation dans laquelle ils se trouveraient s'il leur arrivait d'être
obligés, au coeur de l'hiver, de s'enfuir aux montagnes sans avoir
même le temps de prendre leurs habits, atteste suffisamment
l'importance de la première de ces requêtes et le tendre soin que
Jésus, comme Seigneur, a de son peuple. La seconde requête
indique avec une égale force ses soins comme Seigneur du
Sabbat.
5° Mais on répond que cette dernière prière a uniquement trait au
fait que les Juifs observeraient alors strictement le Sabbat, et
qu'en conséquence les portes de la ville seraient fermées ce jour-
là, et celui qui chercherait à s'enfuir, mis à mort ; qu'ainsi cette
prière ne contient aucune preuve des soins de Christ pour le
Sabbat. Une assertion produite, si souvent et avec tant de
hardiesse, devrait, ce semble, être bien fondée ; un court examen,
pourtant, fera voir que tel n'est pas le cas. 1) Les paroles du
Seigneur se rapportent à tout le pays de la Judée et non à
Jérusalem seulement : « Que ceux qui seront dans la Judée
s'enfuient aux montagnes. » La fermeture des portes de la ville ne
pouvait par conséquent affecter la fuite que d'une partie des
disciples. 2) Josèphe rapporte le fait remarquable que lorsque
Cestius, accomplissant le signe du Sauveur, marchait sur
Jérusalem et qu'il fut arrivé à Lydde, qui est à quelques lieues de
Jérusalem, « il n'y trouva que cinquante habitants, parce que le
reste était allé à Jérusalem pour y célébrer la fête des
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
129
tabernacles. »287 La loi de Moïse exigeait à cette fête la présence de
tout mâle à Jérusalem288 ; et ainsi, dans la providence de Dieu, les
disciples n'avaient plus dans le pays d'ennemis juifs qui eussent pu
arrêter leur fuite. 3) La nation juive, ainsi assemblée à Jérusalem,
se rendit, quelques jours avant la fuite des disciples, coupable
d'une flagrante violation du Sabbat ; singulier commentaire de
leur prétendue rigueur à observer ce jour. Voici, en effet, ce que
Josèphe dit de la marche de Cestius sur Jérusalem :
« Cestius s'avança ensuite par Béthoron jusqu'à Gabaon, où il
se campa, et qui n'est éloignée de Jérusalem que de cinquante
stades. Les Juifs voyant que la guerre s'approchait si fort de leur
capitale, abandonnèrent les cérémonies de cette grande fête, et,
sans observer même le jour du Sabbat qu'ils gardaient auparavant
si religieusement, coururent aux armes. Comme ils se confiaient
en leur grand nombre, ils allèrent sans aucun ordre attaquer les
Romains, et cette fureur qui leur avait fait oublier tant de devoirs
de piété, les anima de telle sorte qu'ils rompirent leurs premiers
rangs, s'ouvrirent un passage dans leurs bataillons, et poussèrent
leur victoire avec tant d'ardeur que si la cavalerie ne fût venue au
secours de cette infanterie si ébranlée, toute l’armée romaine
courait fortune d'être entièrement défaite. »289
On voit ainsi qu'à la veille de la fuite des disciples, la rage des
Juifs contre leurs ennemis les porta à oublier tout égard pour le
Sabbat. 4) Mais après que Cestius eut entouré la ville de son
armée, donnant ainsi le signal du Sauveur, il la retira soudain,
comme Josèphe le dit, « lorsqu'il avait le plus de sujet d'espérer de
réussir dans son entreprise. » Le moment était venu où les
disciples devaient fuir ; aussi, remarquez comment la providence
de Dieu ouvrit le chemin à ceux qui habitaient Jérusalem :
« Les assiégés, considérant une retraite si surprenante comme
une fuite, reprirent courage, donnèrent sur son arrière-garde, et
tuèrent quelques cavaliers et quelques fantassins. Cestius se logea
ce même jour dans le camp qu'il avait fortifié auprès de Sepphor,

287 Guerre des Juifs, liv. II, chap. XXXVII.


288 Deut. 16.16.
289 Guerre des Juifs, liv. II, chap. XXXVII.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


130
et continua à marcher le lendemain. Cette précipitation augmenta
encore la hardiesse des Juifs. Ils continuèrent à attaquer ses
dernières troupes et en tuèrent plusieurs. »
Cette sortie de la multitude excitée à la poursuite des Romains
eut lieu au moment même où il avait été ordonné aux disciples de
s'enfuir, et ne pouvait que leur offrir la plus grande facilité de
s'échapper. Si la fuite de Cestius était arrivée sur le Sabbat, il est
certain que les Juifs l'eussent poursuivi ce même jour, de même
que quelques jours auparavant, et dans des circonstances moins
extraordinaires, ils avaient fait plusieurs lieues pour aller l'attaquer
le jour du Sabbat. On voit donc que, soit à la ville, soit à la
campagne, il n'y aurait eu aucun danger pour les disciples d'être
attaqués par leurs ennemis, alors même que leur fuite se fût
produite le jour du Sabbat.
6° Il n'y a donc, relativement à la signification de ces paroles de
notre Sauveur, qu'une position à prendre et c'est celle-ci : c'est
qu'il les prononça animé d'un respect sacré pour le Sabbat. Car,
dans le tendre soin qu'il prenait de son peuple, il leur avait donné
un ordre qui les obligerait à violer le Sabbat s'il arrivait que le
moment de la fuite eût lieu en ce jour. Car, en effet, à l'instant où
le signal promis serait visible, l'ordre de s'enfuir deviendrait
impérieux, et Pella, où ils devaient trouver un refuge, était à vingt
lieues de distance. Cette prière que le Sauveur laissa aux disciples
devait les porter à se souvenir du Sabbat toutes les fois qu'ils
s'approcheraient de Dieu ; il était donc impossible que l'Eglise
apostolique oubliât le saint jour du repos. Une prière qui
consistait à demander qu'en un temps futur ils ne fussent pas
obligés de violer le Sabbat était un moyen efficace et certain d'en
perpétuer l'observation sacrée pendant les quarante années à
venir, jusqu'à la destruction finale de Jérusalem ; aussi cette
observation, l'Eglise primitive ne l'oublia-t-elle jamais, ainsi que
nous aurons l’occasion de le voir. Ainsi donc, le Sauveur qui,
pendant tout son ministère, avait déployé un zèle infatigable à
démontrer que le Sabbat est une institution miséricordieuse, et à
faire table rase des traditions par lesquelles il avait été perverti de
son vrai dessein, recommanda avec la plus grande tendresse, dans
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
131
son dernier discours, le Sabbat à son peuple, en réunissant dans
une même prière leur propre sûreté et la sainteté du jour du repos
de l’Eternel.290
Quelques jours après avoir prononcé ce discours, le Seigneur
du Sabbat, s'offrant comme grand sacrifice pour les péchés de
l’humanité, était cloué sur la croix de Golgotha.291 C'est ainsi que
le Christ fut retranché au milieu de la soixante-dixième semaine,
et que par sa mort il fit cesser le sacrifice et l’oblation.292
Paul décrit dans les termes qui suivent l’abrogation du système
typique à la crucifixion du Seigneur Jésus :
Il a effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait
dans es ordonnances, et nous était contraire : et il l’a entièrement
annulée, en l’attachant [grec la CLOUANT293] à la croix… Que
personne donc ne vous condamne au sujet du manger ou du
boire, ou pour la distinction d'un jour de fête, ou de nouvelle
lune, ou de sabbat ; car ces choses n'étaient que l’ombre de celles
qui devaient venir, mais le corps en est en Christ.294
L'objet de cet effacement nous est déclaré être les
ordonnances. La manière de cette abrogation est indiquée comme
suit : 1° Effacé ; 2° Cloué à la croix ; 3° Entièrement annulé.
La nature de ces ordonnances apparaît dans ces mots :
« contre nous » et « nous était contraire ». Les choses qui y étaient
contenues se rapportaient au manger, au boire, aux jours de fête,
aux nouvelles lunes et aux sabbats.295 Le tout est déclaré être une

290 M. JUSTIN EDWARDS, Dr en théol. et auteur de divers ouvrages sur le jour du repos, dit de
ce texte : « Nous avons dans Mat. 24.20 un autre argument pour la perpétuité du Sabbat : « Priez
que votre fuite n'arrive pas en hiver, ni en un jour de Sabbat. » Christ parle ici de la fuite des
apôtres et d'autres chrétiens loin de Jérusalem et de la Judée, droit avant la destruction finale de la
vine ; ce qui est évident par le contexte tout entier et surtout par le verset 16 : « Alors que ceux qui
seront dans la Judée s'enfuient aux montagnes. » Or cette destruction finale de Jérusalem eut lieu
après la dissolution de la constitution judaïque et le complet établissement de la dispensation
chrétienne. Et pourtant, ces paroles de notre Sauveur impliquent clairement que même alors les
chrétiens étaient tenus d'observer strictement le Sabbat. » - Works of President Edwards, vol. IV, pp.
621, 622, New York, 1849.
291 Mat. 27 ; Esaïe 53.
292 Dan. 9.24-27.
293 Le mot grec, correctement rendu par la plupart des versions, et qu'Ostervald traduit par

« attacher », est CLOUER.


294 Col. 2.14-17.
295 On trouvera un exposé détaillé et approfondi de ces fêtes juives dans notre chapitre septième.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


132
ombre des bonnes choses à venir ; or le corps qui projette cette
ombre est en Christ. La loi proclamée par la voix de Dieu et
écrite de son propre doigt sur des tables de pierre, puis déposée
sous le propitiatoire, était de tous points dissemblables à ce
système d'ordonnances charnelles écrites par Moïse dans un livre
qui fut placé à côté de l'arche.296 II serait absurde de dire des
tables de PIERRE qu'elles furent CLOUÉES ; ou de parler
D'EFFACER ce qui a été GRAVÉ dans la PIERRE. Ce serait un
blasphème de l'aire passer le Fils de Dieu pour avoir versé son
sang afin d'effacer ce que le doigt de Dieu a écrit. Ce serait
confondre tous les principes immuables de la moralité que de
représenter les dix commandements comme « contraires » à la
nature morale de l'homme. Ce serait faire de Christ le ministre du
péché que d'attribuer sa mort au but de détruire complètement,
d'anéantir la loi morale. Il n'est pas non plus dans la vérité celui
qui met les dix commandements au rang des choses comprises
dans l'énumération que fait Paul de ce qui fut aboli. Et il n'existe
en outre aucune excuse pour ceux qui chercheraient à détruire les
dix commandements par ces paroles de saint Paul ; car il montre
en tout dernier lieu que ce qui fut ainsi aboli était une ombre des
bonnes choses à venir : terme qu'il serait absurde d'appliquer à la
loi morale. Les fêtes, les nouvelles lunes et les sabbats de la loi
cérémonielle que Paul déclare être abolis en suite de l'abrogation
de ce code, ont déjà été passés en revue avec soin.297 Que le
Sabbat de l'Eternel ne fait point partie de leur nombre, cela est
abondamment prouvé par les faits suivants :
1° Le Sabbat de l’Eternel fut fait avant que le péché entrât
dans notre monde. Il n'est donc point l'une des choses qui
préfigurent que l’homme sera racheté du péché.298

296 Il faut en effet observer (Deut. 10.4, 5, confronté avec 31.24-26) le contraste frappant qui existe
entre les mots « dans l'arche », employés à propos des deux tables et l'expression « à côté de
l'arche », appliquée au livre de la loi. D'après le Targum de JONATHAN (cité déjà dans MORER'S
Dialogues on the Lords Day, p. 211, London 1701), il était déposé dans un coffret à part, placé à la
droite de l'arche.
297 Voir au chapitre VII.
298 Voir chapitre II.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


133
2° Ayant été fait POUR l'homme, avant la chute, il ne
constitue point l'une de ces choses qui sont CONTRE lui et qui
lui sont CONTRAIRES.299
3° Lorsque les sabbats cérémoniels furent institués, ils furent
soigneusement distingués du Sabbat de l'Eternel.300
4° Le Sabbat de l’Eternel ne doit pas son existence aux
« ordonnances », mais il est inscrit au sein même de la loi que
Jésus n'est point venu détruire : L'abrogation de la loi
cérémonielle ne put point par conséquent abolir le Sabbat du
quatrième commandement.301
5° L'effort fait par notre Seigneur pendant tout son ministère
pour racheter le Sabbat de l'esclavage où l'avaient réduit les
docteurs juifs, et pour le revendiquer comme une institution de
miséricorde, est absolument inconciliable avec l’idée qu'il le clouât
à la croix comme l'une des choses qui étaient contre l'homme et
qui lui étaient contraires.
6° La prière de notre Seigneur relativement à la fuite des
disciples loin de la Judée reconnaît le caractère sacré du Sabbat
plusieurs années après la crucifixion du Sauveur.
7° La perpétuité du Sabbat sur la nouvelle terre ne se
réconcilie pas facilement avec (idée qu'il fut effacé et cloué à la
croix de notre Sauveur comme l'une des choses qui étaient
contraires à l’homme.302
8° Il n'en fait point partie parce que l'autorité du quatrième
commandement est expressément reconnue après la crucifixion
du Sauveur.303
9° Et finalement, parce que la loi royale qui est demeurée non
abolie comprend les dix commandements, et embrasse par
conséquent, et impose le Sabbat de l’Eternel.304
Lorsque le Sauveur mourut sur la croix, le système typique
tout entier qui avait servi à diriger les regards vers cet événement

299 Marc 2.27.


300 Lév. 23.37, 38.
301 Gen. 2.1-3 ; Ex. 20 ; Mat. 5.17,19.
302 Esaïe 66.22, 23.
303 Luc 23.54-56.
304 Jac. 2.8-12 ; Mat. 5.17-19 ; Rom. 3.19, 31.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


134
comme étant le commencement de son antitype, expira avec lui.
Le Sauveur étant mort, Joseph d'Arimathée s'en alla vers Pilate,
lui demanda le corps de Jésus, et, aidé de Nicodème, il l'ensevelit
dans son sépulcre neuf.305
« C'était le jour de la préparation, et le Sabbat allait
commencer. Et les femmes qui étaient venues de Galilée avec
Jésus, ayant suivi Joseph, remarquèrent où était le sépulcre, et
comment le corps de Jésus y avait été mis. Et s'en étant
retournées, elles préparèrent des drogues aromatiques et des
parfums, et elles se reposèrent le jour du Sabbat, selon le
commandement.306 Mais le premier jour de la semaine, ces
femmes, et quelques autres avec elles, vinrent de grand matin au
sépulcre, apportant les parfums qu'elles avaient préparés. »307
Ce texte mérite une attention spéciale. 1) Parce qu'il contient
une reconnaissance expresse du quatrième commandement après
la crucifixion du Seigneur Jésus. 2) Parce qu'il nous présente le
plus remarquable cas d'observation sabbatique qui soit dans toute
la Bible. Le Seigneur du Sabbat était mort ; on faisait les
préparatifs de son embaumement ; le Sabbat s'approche : ces
préparatifs sont suspendus, et elles se reposèrent, dit l'historien
sacré, selon le commandement. 3) Parce qu'il montre que le jour
du Sabbat, selon le commandement, est celui qui précède le
premier jour de la semaine, identifiant ainsi le septième jour du
commandement avec le septième jour de la semaine du Nouveau
Testament. 4) Parce qu'il constitue un témoignage direct que la
connaissance du vrai septième jour fut conservée jusqu'à la
crucifixion. En effet, elles observèrent le jour ordonné dans le
quatrième commandement, et c'était là le jour auquel le Très-
Haut s'était reposé de son œuvre créatrice.

305 Héb. 9 ; 10 ; Luc 23.46-53 ; Jean 19.38-42.


306 Ostervald a traduit ici le mot έντολπ par loi, contrairement à la plupart des versions qui l'ont
rendu par commandement. Ce mot apparaît soixante-cinq fois dans l'original du Nouveau Testament ;
il est traduit dans Ostervald cinquante-quatre fois par « commandement », et onze fois par d'autres
termes. Dans les cinquante-quatre premiers cas, il s'agit presque invariablement des
commandements de Dieu ; dans les onze derniers, au contraire, il est question de tout autre chose,
si l'on en excepte toutefois le passage dont nous nous occupons.
307 Luc 23.54-56 ; 24.1.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


135
Dans le courant de la journée qui suivit ce Sabbat, à savoir au
premier jour de la semaine, il fut constaté que Jésus était
ressuscité des morts. Il paraît que cet événement doit avoir eu lieu
ce jour là, quoique le fait n'en soit pas établi en termes formels.
C'est en ce moment que beaucoup supposent que le Sabbat fut
changé du septième au premier jour de la semaine, et que la
sainteté du septième jour se porta sur le premier jour, qui,
désormais, devenait le Sabbat chrétien, imposé par toute (autorité
du quatrième commandement. Pour juger de la véracité de ces
positions, lisons avec soin tous les passages où, dans les quatre
évangélistes, il est fait mention du premier jour. Voici ce qu'écrit
Matthieu :
« Après que le Sabbat fut passé, comme le premier jour de la
semaine commençait à luire, Marie-Madeleine et l’autre Marie
vinrent pour voir le sépulcre. »
Voici ce que dit Marc :
« Après que le Sabbat fut passé, Marie-Madeleine, Marie, mère
de Jacques, et Salomé, achetèrent des drogues aromatiques, pour
venir embaumer le corps de Jésus. Et elles vinrent au sépulcre de
grand matin, le premier jour de la semaine, comme le soleil venait
de se lever… Or, Jésus étant ressuscité le matin, le premier jour
de la semaine, apparut premièrement à Marie-Madeleine. »
Luc écrit ce qui suit :
« Et s'en étant retournées, elles préparèrent des drogues
aromatiques et des parfums, et elles se reposèrent le jour du
Sabbat, selon la loi. Mais le premier jour de la semaine, ces
femmes, et quelques autres avec elles, vinrent de grand matin au
sépulcre, apportant les parfums qu'elles avaient préparés. »
Jean porte le témoignage suivant :
« Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine vint le matin
au sépulcre, comme il faisait encore obscur ; et elle vit que la
pierre était ôtée de l’entrée du sépulcre. Le soir de ce même jour,
qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où les
disciples étaient assemblés étant fermées, parce qu'ils craignaient

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


136
les Juifs, Jésus vint, et il fut là au milieu d'eux, et leur dit : La paix
soit avec vous ! »308
C'est dans ces passages qu'il faut chercher le fondement du
« Sabbat chrétien », si, à la vérité, une institution semblable existe
réellement ; car il n'y a point d'autres mentions du premier jour
ayant trait au temps où l'on suppose qu'il est devenu saint. On
prétend que les textes qui précèdent prouvent qu'à la résurrection
du Sauveur, le premier jour absorba la sainteté du septième,
s'élevant du rang de jour ouvrable à celui de jour consacré, et
abaissant le Sabbat de l'Eternel au rang des « six jours
ouvriers. »309 Pourtant, si ce changement supposé du Sabbat eut
lieu alors, voici des faits qui doivent paraître pour le moins fort
extraordinaires :
1) Que ces textes ne fassent aucune mention de ce
changement du Sabbat. 2) Qu'ils distinguent soigneusement entre
le Sabbat du quatrième commandement et le premier jour de la
semaine. 3) Qu'ils ne donnent aucun titre sacré à ce jour ; et
surtout qu'ils omettent celui de Sabbat chrétien. 4) Qu'ils ne
mentionnent pas le fait que Christ se soit reposé en ce jour, acte
essentiel pour qu'il devienne son Sabbat.310 5) Qu'ils ne rapportent
point l'acte par lequel la bénédiction de Dieu fut enlevée au
septième jour et placée sur le premier ; et qu'au fait, ils ne disent
rien absolument d'une bénédiction ou d'une mise à part de ce
jour. 6) Qu'ils omettent de mentionner quoi que ce soit que
Christ ait fait qui CONCERNE le premier jour ; et qu'ils aillent
jusqu'à négliger de nous apprendre que Christ ait pour le moins
porté le premier jour de la semaine sur ses lèvres ! 7) Qu'ils ne
donnent aucun précepte qui soutienne l'observance du premier
jour, ni ne contiennent la moindre instruction relative à la
manière dont le premier jour de la semaine peut être imposé par
l'autorité du quatrième commandement.
Si pourtant on alléguait, s'appuyant sur les paroles de Jean, que
les disciples étaient à cette occasion réunis pour célébrer le jour

308 Mat. 28.1 ; Marc 16.1, 2, 9 ; Luc 23.56 ; 24.1 ; Jean 20.1,19.
309 Ezé. 46.1.
310 Voyez l'origine de l'ancien Sabbat dans Gen. 2.1-3.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


137
de la résurrection et que Jésus, en se joignant à eux, sanctionna,
cet acte, accomplissant ainsi le changement du Sabbat, il suffirait
en réponse de citer les paroles de Marc, où la même entrevue est
rapportée :
« Enfin il se montra aux onze apôtres, comme ils étaient à
table, et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur coeur,
parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité. »311
Ce témoignage de Marc montre que la déduction si
souvent tirée des paroles de Jean est absolument sans fondement.
1) Les disciples étaient assemblés pour prendre leur souper. 2)
Jésus parut au milieu d'eux et leur reprocha leur incrédulité
touchant sa résurrection.
Les Ecritures déclarent que « toutes choses sont possibles à ;
Dieu » ; pourtant, cette affirmation est limitée par la déclaration
que Dieu ne peut mentir.312 Le changement du Sabbat rentre-t-il
dans les choses qui sont possibles à Dieu, ou est-il exclu par
l'importante limitation : Dieu ne peut mentir ? Le grand Législateur
est le Dieu de vérité, et sa loi est la vérité.313 Or la question de
savoir si cette loi, lorsqu'on en aurait changé la teneur,
continuerait à être la vérité, et si le grand Législateur serait encore
le Dieu de vérité après l'avoir ainsi altérée, est une chose qu'il
nous reste à voir. Le quatrième commandement, que l'on affirme
avoir été changé, est conçu en ces termes :
« Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier… Le
septième jour est le repos de l'Eternel, ton Dieu… Car l'Eternel a
fait en six jours les cieux, la terre, la mer et tout ce qui est en eux,
et il s'est reposé le septième jour ; c'est pourquoi l'Eternel a béni
le jour du repos et l'a sanctifié. »
Si maintenant nous insérons « premier jour » en lieu et place
du septième, nous aurons mis la chose à l'épreuve :

311 Marc 16.14. Le fait que cette entrevue est incontestablement la même que celle rapportée dans
Jean 20.19, ressort d'un examen attentif de Luc 24. En commentant Jean 20.19-23, dans son
Commentaire sur l'Evangile de St Jean, M. F. GODET dit : « L'apparition dont nous allons étudier
le récit doit être identique à celles que racontent Luc (XXXIV, 36 et suiv.) et Marc (XVI, 14), qui
ont eu lieu le soir de la Résurrection, comme celle dont parle Jean. »
312 Marc 10.27 ; Tite 1.2.
313 Esa. 65.16 ; Ps. 119.142, 151.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


138
« Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier… Le
premier jour est le repos de l'Eternel, ton Dieu… Car l'Eternel a
fait en six jours les cieux, la terre, la mer, et tout ce qui est en eux,
et il s'est reposé le premier jour ; c'est pourquoi l'Eternel a béni le
jour du repos et l'a sanctifié. »
Cela change la vérité de Dieu en un mensonge314 ; car il est
faux que Dieu se soit reposé le premier jour de la semaine, qu'il
l'ait béni et qu'il l'ait sanctifié. Il n'est aussi pas possible de
changer le jour du repos du Créateur du jour auquel il s'est reposé
à l'un des six jours auxquels il ne s'est point reposé.315 Ainsi donc,
changer une partie du commandement et laisser le reste intact ne
suffit pas ; car la vérité qui reste expose elle-même assez la
fausseté qui y est introduite. Il faut un changement plus radical,
du genre de celui-ci :
« Souviens-toi du Sabbat chrétien pour le sanctifier. Le
premier jour est le repos de notre Seigneur Jésus-Christ. Car en ce
jour il est ressuscité des morts ; c'est pourquoi il a béni le premier
jour de la semaine et l'a sanctifié. »
Après un changement semblable, il ne reste aucune parcelle de
l'institution sabbatique originelle. Ce n'est point seulement le jour
du repos de l’Eternel qui est rejeté ; ce sont les raisons mêmes sur
lesquelles le quatrième commandement est basé qui sont
nécessairement omises. Or, existe-t-il une pareille édition du
quatrième commandement ? A coup sûr, pas dans la Bible. Est-il
vrai que des titres semblables soient conférés au premier jour ?
Jamais, dans les saintes Ecritures. Le grand Législateur bénit-il et
sanctifia-t-il ce jour ? A cette question, de nouveau, il ne peut être
répondu que par le non le plus catégorique. Il n'en porta pas
même le nom sur ses lèvres. De la part du Dieu de vérité, une
telle altération du quatrième commandement est impossible ; car
non seulement elle affirme ce qui est faux et nie ce qui est vrai,
mais elle transforme en un mensonge la vérité de Dieu elle-même.
314Rom. 1.25.
315Il est tout aussi facile de transporter le jour de la crucifixion du jour de la semaine auquel Christ
a été crucifié sur l'un des six jours où il ne le fut pas, que de changer le jour du repos du Créateur,
du jour de la semaine auquel il se reposa, à l'un des six jours où il s'occupa de l'œuvre de la
création.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
139
Cette altération ne consiste à rien moins qu'à susciter un rival au
Sabbat de l'Eternel, rival qui, n'ayant ni sainteté ni autorité à lui,
s'imagine absorber celles du Sabbat de la Bible. Tel est le
FONDEMENT du Sabbat du premier jour. Les passages dont on
se sert pour asseoir cette institution sur ce fondement seront
examinés dans leur ordre et en temps convenable. Plusieurs de
ces textes appartiennent proprement à ce chapitre :
« Huit jours après, comme ses disciples étaient encore dans la
maison, et que Thomas était avec eux, Jésus vint, les portes étant
fermées, et il fut là au milieu d'eux et leur dit : La paix soit avec
vous. »316
L'on ne prétend pas qu'en cette occasion notre Seigneur
sanctifia le premier jour de la semaine ; car on affirme que cet
acte part de la résurrection elle-même, et cela sur l'autorité des
passages cités précédemment. Mais la sainteté du premier jour
étant supposée comme le fondement, ce texte fournit la première
pierre de l'édifice, la première colonne du temple du premier jour.
Voici comment on peut poser l'argument qui en est tiré : Jésus
choisit ce jour pour se manifester à ses disciples, et attesta
fortement par cet acte le respect qu'il lui inspire. Mais, ce qui ne
constitue pas un léger défaut dans cet argument, c'est qu'à
l'entrevue suivante qu'il eut avec ses disciples, il les trouva
occupés à pêcher317, et que sa dernière et plus importante
manifestation, lorsqu'il monta au ciel, eut lieu le jeudi.318 Les
entrevues du Sauveur avec ses disciples doivent donc être
abandonnées comme insuffisantes pour prouver, par elles-
mêmes, qu'un jour soit sacré ; car autrement elles prouveraient la
sainteté de plusieurs jours ouvriers. Mais ce qui découvre une
lacune plus sérieuse encore dans cet argument, c'est le fait que
cette entrevue de Jésus et de ses disciples ne paraît pas avoir eu
lieu le premier jour de la semaine. Elle se fit « huit jours après » à
partir de l'entrevue précédente de Jésus et des disciples, et qui,
tombant à l’expiration même du jour de la résurrection, ne peut

316 Jean 20.26.


317 Jean 21.
318 Actes 1.3. Quarante jours à partir du jour de la résurrection expirent un jeudi.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


140
pas ne pas s'être prolongée sur le second jour de la semaine.319
« Huit jours après » cette entrevue, à supposer que cette
expression signifiât une semaine seulement, nous amènent
inévitablement au second jour de la semaine. Mais, lorsqu'il
n'entend qu'une semaine, l'Esprit de l'inspiration emploie une
autre expression. « Sept jours », tel est le terme choisi par le Saint-
Esprit lorsqu'il s'agit de désigner exactement une semaine.320
« Huit jours après » désigne de la façon la plus naturelle le
neuvième ou le dixième jour321 ; mais en admettant que cette
expression signifie le huitième jour, elle est loin de prouver que
cette apparition du Sauveur eut lieu le premier, jour de la semaine.
Résumons l'argument : La première entrevue de Jésus avec ses
disciples, au soir, à la fin du premier jour de la semaine, se trouva
être en majeure partie, sinon complètement, sur le second jour de
la semaine322 ; la seconde entrevue ne put avoir lieu à une date
plus avancée de la semaine que le deuxième ou le troisième jour,
et ce jour paraît avoir été choisi uniquement parce que Thomas
était présent ; la troisième entrevue eut lieu un moment où les
disciples étaient à pêcher ; et la quatrième, lorsqu'il monta au ciel,
eut lieu un jeudi. L'argument pour la sainteté du premier jour tiré
de ce passage s'accorde excellemment avec lé fondement, déjà
examiné, de cette sainteté ; aussi bien, l'institution du Sabbat du
premier jour elle-même, à moins qu'elle ne soit formée d'une

319 Le jour de la résurrection étant « sur son déclin », le Sauveur et deux de ses disciples
s'approchaient d'Emmaüs, village situé à douze kilomètres et demi environ de Jérusalem. Ils le
contraignirent d'entrer avec eux pour passer la nuit. Tandis qu'ils prenaient le repas du soir, ils
découvrirent que c'était Jésus, qui disparut du milieu d'eux. Ils se levèrent alors et retournèrent à
Jérusalem ; et c'est après leur arrivée qu'eut lieu la première entrevue de Jésus avec les onze. Il ne
doit donc pas s'en être fallu de beaucoup que le soleil ne fût couché, ce qui marquait la fin du jour,
si ce n'était pas déjà réellement sur le second jour, lorsque Jésus vint au milieu d'eux. Luc 24. Dans
ce dernier cas, l'expression « le soir de ce même jour, qui était le premier de la semaine » ou bien,
avec la version de Lausanne, plus conforme à l'original : « le soir étant donc venu, en ce premier
jour de la semaine » trouverait en fait de signification un parallèle exact dans l'expression « au
neuvième jour du mois, au soir », ce qui signifie en réalité le soir par lequel le dixième jour du
septième mois commence. Lév. 23.32.
320 Ceux qui devaient venir devant Dieu d'un Sabbat à l'autre pour servir dans son temple,

venaient, est-il dit, « de sept jours en sept jours. » 1 Chr. 9.25 ; 2 Rois 11.5.
321 L'expression « six jours après », au lieu de viser le sixième jour, désignait environ le huitième.

Mat. 17.1 ; Marc 9.2 ; Luc 9.28.


322 Sur ce que le coucher du soleil marque la fin du jour, voyez la fin du chapitre huitième. Act. 2.1,

2.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
141
structure plus solide que les matériaux qui entrent dans ses
fondements, n'est-elle tout au mieux qu'un château de cartes.
Le passage qui entre ensuite dans la structure de la sainteté du
premier jour est le suivant :
« Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils étaient tous d'un
accord dans un même lieu. Alors il se fit tout à coup un bruit qui
venait du ciel, comme le bruit d'un vent qui souffle avec
impétuosité ; et il remplit toute la maison où ils étaient assis. »323
L'on prétend que ce texte fournit une importante colonne au
temple du premier jour. Voici comment on la pose : les disciples
étaient assemblés à cette occasion pour célébrer le Sabbat du
premier jour, et le Saint-Esprit descendit à ce moment en
l'honneur de ce jour. Les objections les plus sérieuses s'opposent
cependant à cette déduction. 1) Il n'y a aucune preuve qu'il existât
alors un Sabbat du premier jour. 2) Rien dans le texte sacré ne
donne à entendre que les disciples se soient assemblés à cette
occasion pour sa célébration. 3) Ni que l'effusion du Saint-Esprit
ait eu lieu alors en l'honneur du premier jour de la semaine. 4e
Depuis l'ascension de Jésus jusqu'au jour de l’effusion du Saint-
Esprit, les disciples avaient persévéré dans la prière et les
supplications, de sorte que le fait qu'ils étaient assemblés en ce
jour n'avait rien en soi qui différât de ce qui avait été le cas
pendant les dix jours ou plus qui avaient précédé324. 5) Si le
narrateur inspiré avait eu (intention de montrer qu'un certain jour
de la semaine était honoré par les événements qu'il rapportait, il
eût sans doute signalé ce fait et nommé ce jour. 6) Luc a été si
loin de nommer ce jour de la semaine qu'il constitue actuellement
encore un point disputé ; des auteurs dominicaux éminents325
323 Actes 2.1, 2.
324 Luc 24.49-53 ; Act. 1.
325 HORACE - B. HACKET, Dr théol., professeur de littérature biblique à l’Institution

théologique de Newton, fait la remarque suivante : « L'on suppose généralement que cette
Pentecôte, signalée par l’effusion du Saint-Esprit, tomba sur le Sabbat juif, notre samedi. » -
Commentary on the Original Text of the Acts, pp, 50, 51.
DÆCHSEL, théologien allemand, parlant du texte Act. 2.1, dans un commentaire estimé, dit ce
qui suit : « Pour ce qui concerne le premier point [la date de (événement], nous avons déjà établi à
l’occasion d'Ex. 19.15 et de Lév. 23.11, que la manière juive de fixer la Pentecôte dépendait du 16
Nisan, en sorte que quel que fût le jour de la semaine sur lequel il était tombé en une année
quelconque, ce même jour était aussi celui auquel la Pentecôte aurait lieu ; or, comme Christ,
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
142
prétendent même que cette année-là le jour de la Pentecôte
tomba sur le septième jour. 7) L'unique et grand événement que
le Saint-Esprit eût à dessein de marquer était l'antitype de la fête
de la Pentecôte, le jour de la semaine sur lequel il tombait étant
absolument indifférent. Quelle n'est donc point l'erreur profonde
de ceux qui renversent cet ordre, faisant du jour de la semaine,
que le Saint Esprit n'a pas même nommé, mais qu'ils prétendent
être le premier jour, le point le plus important, et passant sous
silence le fait que le Saint-Esprit a noté avec tant de soin, à savoir
que l'événement eut lieu le jour de la Pentecôte. La conclusion à
laquelle ces faits conduisent est inévitable ; c'est que la colonne
tirée de ce texte pour le temple du premier jour est semblable au
fondement de cet édifice : tout simplement un produit de
l'imagination, et fort digne d'être placée à côté de la colonne tirée
du récit de la seconde apparition de notre Seigneur à ses disciples.
Une troisième colonne de l'édifice du premier jour est la
suivante : La rédemption est plus grande que la création ; donc le
jour de la résurrection de Christ devrait être observé au lieu du
jour du repos du Créateur. Mais cette proposition prête le flanc à

d'après le récit des évangélistes, mourut le 15 Nisan, soit un vendredi, le 16 Nisan tombait sur un
samedi, et conséquemment aussi, cinquante jours plus tard, le jour de la Pentecôte. L'on a, de
différentes manières, cherché à éluder ce résultat positif de la critique sacrée… Mais ces
suppositions forcées ne nous aident en rien ; nous n'en avons pas moins simplement à reconnaître
que le jour de la première Pentecôte chrétienne fut un samedi, et que la coutume postérieure de
l’Eglise de célébrer son jour de naissance non point en ce jour de la semaine, mais de préférence
un dimanche, le jour commémoratif de la résurrection, doit son origine à une déviation de la date, en
ce que l'on n'a pas calculé le cinquantième jour à partir du 16 Nisan, mais de la Pâque chrétienne.
Nous devons donc considérer l’opinion si souvent exprimée dans les éclaircissements du
catéchisme et des chants d'église, à savoir que le dimanche n'est point seulement devenu le jour
férié de la chrétienté au lieu du samedi parce que Jésus-Christ est ressuscité des morts un
dimanche, mais aussi parce que c'est un dimanche que le Saint-Esprit est descendu sur les apôtres
et que l’Eglise chrétienne a pris naissance, - nous devons, disons-nous, considérer cette opinion
comme erronée dans ce second point ; il n'en est nullement ainsi. Ce n'est point d'abord d'une
assemblée de païens convertis, mais d'une assemblée de judéo-chrétiens évangéliques, que le
Seigneur a fondé son Eglise ; car il était, comme nous dit St Paul (Rom. 15.8 et suiv.), ministre de
la circoncision, pour montrer la fidélité de Dieu et pour accomplir les promesses faites aux pères ; il
devait donc la fonder en ce même jour de la semaine, auquel autrefois l’ancienne alliance a été
établie par le don de la Loi du haut de Sinaï (conf. Jér. 31.31 et suiv.) ; et si donc tant l’ancienne
que la nouvelle économie furent introduites par le ciel un samedi, au milieu de circonstances
merveilleuses, cela répond magnifiquement au but pour lequel Dieu avait déjà, à la création du
monde, sanctifié le septième jour comme jour férié.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


143
l'objection fatale que la Bible ne dit rien de la sorte.326 Qui donc
sait qu'elle soit vraie ? Lorsque le Créateur donna l'existence à
notre monde, ne prévit-il pas la chute de l'homme ? Et, prévoyant
cette chute, ne nourrit-il point le dessein de racheter sa créature ?
Et ne s'ensuit-il pas que le dessein de la rédemption était compris
dans celui de la création ? Qui peut donc affirmer que la
rédemption soit plus grande que la création ?
Mais comme les Ecritures ne décident pas ce point, admettons
la supposition que la rédemption soit la plus grande oeuvre. Qui
peut assurer qu'un jour doive être mis à part pour la
commémorer ? La Bible n'en dit rien. Mais, accordant qu'un jour
doive être mis à part dans ce but, quel est le jour qui doit avoir la
préférence ? On dira, Le jour auquel la rédemption a été achevée.
Il n'est pas vrai que la rédemption soit achevée ; la résurrection
des saints et la rédemption de notre terre de la malédiction sont
comprises dans cette œuvre.327 Mais, accordant que la rédemption
doive être commémorée, avant qu'elle soit achevée, par la mise à
part d'un jour en son honneur, de nouveau, cette question se
pose : Quel jour sera-ce ? La Bible demeure silencieuse. Si c'est le
jour le plus mémorable de l'histoire de la rédemption qui doive
être choisi, c'est incontestablement le jour de la crucifixion, jour
auquel le prix de la rédemption humaine fut payé, qui doit avoir la
préférence. Lequel des deux est le plus mémorable : le jour auquel
l'éternel Législateur abandonna son Fils unique et bien-aimé à une
mort ignominieuse en faveur d'une race de rebelles qui avaient
transgressé sa loi, ou le jour où il rendit à la vie ce Fils bien-aimé ?

326 En 1633, WILLIAM PRYNNE, prisonnier dans la Tour de Londres, composa un ouvrage pour
défendre la sanctification du premier jour, intitulé : Dissertation on the Lord’s Day Sabbath. Il
reconnaît comme suit la futilité de l'argument sous considération : « Aucun passage de
l'Ecriture… ne donne à l'œuvre de la rédemption… la préférence ou la prééminence sur l'œuvre de
la création ; ces deux œuvres étant toutes deux très grandes et glorieuses en elles-mêmes, je ne puis
croire que l'œuvre de la rédemption, ou la résurrection de Christ seule, soit plus excellente ou plus
glorieuse que l'œuvre de la création, sans des textes et des raisons scripturaires suffisants pour le
prouver ; mais jusqu'à ce que cela soit prouvé d'une manière satisfaisante, je puis le nier comme
une fantaisie présomptueuse ou une assertion vicieuse, aussi bien que comme une affirmation
péremptoire sans preuve. » Page 59. Tel est le jugement que porte un défenseur impartial du
premier jour comme fête chrétienne. Le même auteur aura l'occasion de témoigner encore sur
Actes 20.7.
327 Luc 21.28 ; Rom. 8.23 ; Eph. 1.13, 14 ; 4.30.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


144
Ce dernier événement, quoique d'un intérêt palpitant, est la chose
au monde la plus naturelle ; la crucifixion du Fils de Dieu pour
des hommes pécheurs, peut, sans crainte, être prononcée
l'événement le plus merveilleux des annales de l'éternité. Le jour
de la crucifixion est donc, au-delà de toute comparaison, le jour le
plus mémorable. Or, que la rédemption elle-même soit affirmée
de la crucifixion plutôt que de la résurrection, cela est un fait
indubitable. Voici ce qui est écrit :
« C'est en lui que nous avons la rédemption par son sang » ;
« Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, ayant été fait
malédiction pour nous (car il est écrit : Maudit est quiconque est
pendu au bois) » ; « Tu as été immolé, et tu nous as rachetés à
Dieu par ton sang. »328
S'il est donc vrai qu'un jour quelconque doive être observé en
mémoire de la rédemption, c'est sans contredit le jour de la
crucifixion qui doit avoir la préférence. Mais il est inutile de
poursuivre ce point davantage. Que ce soit le jour de la
crucifixion ou le jour de la résurrection qui doive être préféré, il
importe fort peu. Le Saint-Esprit n'a rien dit, ni de l'un ni de
l'autre de ces jours ; mais il a eu soin que, dans chaque cas,
l’événement ait son mémorial approprié et lui appartenant en
propre. Désirez-vous commémorer la crucifixion du Sauveur ?
Nul n'est besoin que vous transportiez le Sabbat au jour de la
crucifixion. Le faire, serait de votre part un péché d'orgueil et
d'audace. Voici le mémorial de la crucifixion divinement établi :
« Le Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut livré, prit du pain ; et ayant
rendu grâces, il le rompit, et dit : Prenez, mangez ; ceci est mon
corps qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.
De même aussi, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette
coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en
mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les
fois que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez de cette
coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il
vienne. »329
328 Eph. 1.7 ; Gal. 3.13 ; Apoc. 5.9.
329 1 Cor. 11.23-26.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
145
C'est donc la mort du Rédempteur et non point le jour de sa
mort que le Saint-Esprit a estimé digne de commémoration.
Désirez-vous aussi commémorer la résurrection du Rédempteur ?
Vous n'avez pas besoin pour cela de changer le Sabbat de la
Bible. Le grand Législateur n'a jamais autorisé un acte semblable.
Mais il a été ordonné un mémorial approprié de cet événement :
« Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en
Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort ? Nous sommes
donc ensevelis avec lui en sa mort par le baptême afin que
comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous
aussi marchions dans une vie nouvelle. Car si nous avons été faits
une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le
serons aussi par la conformité à sa résurrection. »330
Etre enseveli dans la tombe liquide comme notre Seigneur le
fut dans le sépulcre, et sortir de l'eau pour marcher en nouveauté
de vie, comme notre Seigneur fut ressuscité d'entre les morts par
la gloire du Père, tel est le mémorial divinement autorisé de la
résurrection du Seigneur Jésus. Et que l'on veuille bien l'observer,
ce n'est point le jour de la résurrection, mais la résurrection elle-
même qui fut jugée digne d'une commémoration. Les événements
qui gisent à la base de la rédemption sont la mort,
l’ensevelissement et la résurrection du Rédempteur. Chacun des
trois a son mémorial spécial ; tandis qu'il n'est attaché aucune
importance aux divers jours sur lesquels il leur arriva de tomber.
C'était la mort du Rédempteur, et non point le jour de sa mort
qui était digne d'être commémorée. Et partant, la sainte cène fut
instituée dans ce but. C'était la résurrection du Sauveur et non
point le jour de la résurrection, qui était digne d'être
commémorée ; et partant, l’ensevelissement dans le baptême fut
institué comme son mémorial. C'est le changement de ce
mémorial en baptême par aspersion qui a fourni une excuse si
plausible pour l’observation du premier jour, en mémoire de la
résurrection.

330 Rom. 6.3-5 ; Col. 20.12.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
146
Pour pouvoir célébrer l'œuvre de la rédemption en se reposant
de son travail le premier jour de la semaine après six jours de
labeur, il faudrait qu'il fût vrai que notre Seigneur accomplit
l'œuvre de la rédemption humaine durant les six jours qui
précédèrent celui de sa résurrection, et qu'il se reposa ce jour-là
de son œuvre, qu'il le bénit, et qu'il le mit à part pour cette raison.
Or, aucun de ces traits n'est vrai. C'est sa vie tout entière que
notre Seigneur consacra à cette œuvre. Il est vrai qu'il s'en reposa
momentanément durant le Sabbat qui suivit sa crucifixion ; mais
il la reprit au matin du premier jour de la semaine, et il ne l'a
jamais quittée depuis, ni ne la quittera jusqu'à son parfait
accomplissement en la résurrection des saints et la rédemption de
l'héritage acquis. La rédemption ne fournit donc aucune raison
pour le changement du Sabbat ; ses mémoriaux, à elle, étant
pleinement suffisants pour qu'il ne soit pas nécessaire de détruire
celui du grand Créateur. Il se trouve donc que la troisième
colonne du temple de la sainteté du premier jour, semblable aux
autres parties déjà examinées de cette structure, n'est autre chose
qu'un produit de l’imagination.
Une quatrième colonne de ce temple est tirée d'une ancienne
prophétie dans laquelle on prétend que le Sabbat fut prédit. La
voici :
« La pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée, est devenue
la principale de l’angle. Ceci a été fait par l’Eternel, et a été une
chose merveilleuse devant nos yeux. C'est ici la journée que
l'Eternel a faite ; égayons-nous, et nous réjouissons en elle. »331
Ce texte est considéré comme l'un des plus forts témoignages
à l'appui du Sabbat chrétien. Pourtant, on se trouve réduit à.
supposer les points mêmes que l'on prétend y être prouvés. 1) On
suppose que le Sauveur est devenu la principale de l'angle par sa
résurrection. 2) Que le jour de sa résurrection est devenu le
Sabbat chrétien en commémoration de cet événement. 3) Et que
ce jour, ainsi ordonné, devrait être célébré par l'abstention du
travail et par la fréquentation du service divin.

331 Ps.118.22-24.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
147
A ces suppositions extraordinaires, il convient de répondre : 1)
Il n'existe point de preuve que Jésus soit devenu la principale de
l'angle au jour de sa résurrection. Les Ecritures ne marquent pas
le jour auquel cet événement eut lieu. Ce qu'il est dit qu'il devint
la principale de l'angle a trait au fait qu'il est devenu la principale
pierre de l'angle du temple spirituel qui est son peuple ; en
d'autres termes, cela a trait au fait qu'il est devenu la tête du corps
vivant que constituent les saints du Souverain. Il ne paraît pas
qu'il ait occupé cette position avant son ascension au ciel, où il
devint la principale pierre de l'angle de la Sion céleste, choisie et
précieuse.332 Et par conséquent, il n'existe point de preuve qu'il
soit même fait allusion, dans ce texte, au premier jour de la
semaine. 2) Il n'y a pas là la moindre preuve que ce jour ou
n'importe quel autre jour ait été mis à part comme Sabbat
chrétien en mémoire de la résurrection de Christ. 3) On
trouverait difficilement une supposition plus extraordinaire que
celle d'après laquelle ce passage enjoindrait l'observance
sabbatique du premier jour de la semaine !333
Il est évident que ce texte se rapporte à l'acte par lequel notre
Sauveur est devenu la tête de l'Eglise du Nouveau Testament ; et
conséquemment il appartient au commencement de l'économie
évangélique. La journée dans laquelle le peuple de Dieu se réjouit,
en vue de cette position du Rédempteur, ne peut par conséquent
point s'entendre d'un jour quelconque de la semaine ; car il lui est
dit d’être « TOUJOURS joyeux »334 ; mais bien de toute la période
de la dispensation évangélique.335 Notre Seigneur emploie le mot
jour d'une façon analogue lorsqu'il dit :

332 Eph.1.20-23 ; 2.20, 21 ; 1 Pier. 2.4-7.


333 Voici l'opinion de VINET sur l'emploi de ce passage pour prouver le changement du Sabbat :
« Il m'est impossible d'entrevoir la force de l'argument que M. Dwight tire du Psaume CXVIII en
faveur de sa thèse. Cette exégèse est tout à fait arbitraire ; et je demande si, dans une sphère
quelconque, en science, en affaire de droit, en affaire d'opinion, personne, et M. Dwight lui-même,
jugerait un fait suffisamment constaté par une argumentation de ce genre. » Le Sabbat ,juif et le
Dimanche chrétien, p. 22.
334 1 Thes. 5.16.
335 Tout en admettant qu'il soit possible d'inférer de ce texte qu'il s'agisse du premier jour, l'auteur

du Commentaire sur le livre des Psaumes, d'après MATH. HENRY et TH. SCOTT, trad. de
l’angl., 1839, en donne l'explication suivante : « Ceci a été fait par l’Eternel. » L'humiliation et
l'élévation de Christ ont l'une et l'autre été son ouvrage. Le nom de Christ est l'ADMIRABLE ; et
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
148
« Abraham, votre Père, s'est réjoui de voir mon jour ; il fa vu,
et il en a eu de la joie.336 Alléguer l'existence de ce que l'on appelle
le Sabbat chrétien sur la raison que ce texte est la prédiction d'une
semblable institution, c'est fournir au temple du premier jour une
quatrième colonne tout aussi solide que celles que nous avons
déjà soumises à l'épreuve.
La soixante-dixième semaine de la prophétie de Daniel s'étend
de trois années et demie au-delà de la mort du Rédempteur,
jusqu'au commencement de la grande oeuvre en faveur des
gentils. Cette période de sept ans à travers laquelle nous avons
passé est la plus féconde en événements dans l'histoire du Sabbat.
Elle embrasse toute l'histoire du Seigneur du Sabbat dans ses
relations avec cette institution : ses miracles et son enseignement,
par lesquels on assure qu'il en affaiblit l'autorité ; sa mort, à
laquelle plusieurs affirment qu'il l'abrogea ; et sa résurrection, à
laquelle un plus grand nombre encore déclarent qu'il la changea
au premier jour de la semaine. Nous avons eu cependant les
preuves les plus amples que chacune de ces positions est fausse,
et que le commencement de la grande œuvre parmi les gentils ne
vit le Sabbat du quatrième commandement ni affaibli, ni abrogé,
ni changé.

la rédemption que Dieu a accordée par lui, est la plus merveilleuse de toutes ses œuvres… Le
temps de la dispensation évangélique, ce temps favorable, ce jour du salut, est une fête continuelle,
qui doit être célébrée avec joie. » Vol. II, p. 337.
336 Jean 8.56.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


149
CHAPITRE XI

LE SABBAT
DURANT LE MINISTERE DES APOTRES
La connaissance de Dieu conservée dans la famille d'Abraham - L'appel des
gentils - La nouvelle alliance place la loi de Dieu dans le coeur de chaque
chrétien - La nouvelle alliance a un temple dans le ciel ; dans ce temple une
arche contenant le grand original de la loi placée dans l'arche du tabernacle
terrestre - Et devant cette arche un sacrificateur dont l'offrande peut enlever le
péché - L'ancienne et la nouvelle alliance comparées - La famille humaine
justiciable de la loi de Dieu dans tous les âges - L'olivier franc montre l'intime
relation qui existe entre l'Eglise de la nouvelle alliance et l'Eglise hébraïque -
L'Eglise apostolique observait le Sabbat - Examen d'Actes 13 - L'assemblée
des apôtres à Jérusalem - Origine sabbatarienne de l'église de Philippes - De
l'église des Thessaloniciens - De l'église de Corinthe - Les églises fondées en
Judée et un grand nombre de celles des gentils commencèrent avec des
observateurs du Sabbat - Examen de 1 Cor. 16.1, 2 - Comment le docteur
Edwards se contredit - Paul à Troas - Examen de Rom. 14.1-6 - Fuite des
disciples loin de la Judée - Le Sabbat de la Bible à la fin du premier siècle.

N ous avons maintenant retracé le Sabbat à travers la période


durant laquelle il fut intimement lié à la famille d'Abraham.
La fin des soixante-dix semaines prononcées par le
prophète Daniel sur le peuple de Dieu nous amène à l'appel des
gentils et à leur admission à participer sur un pied d'égalité aux
privilèges de la race hébraïque. Nous avons vu qu'il n'y avait de la
part de Dieu aucune injustice à conférer aux Hébreux des
bénédictions spéciales, tandis qu'il abandonnait les gentils à leurs
propres voies.337 Par deux fois, il avait donné à la famille humaine
tout entière les moyens de grâce les plus amples qui pussent lui
être accordés à l’âge du monde où elle vivait, et chaque fois il en
était résulté l’apostasie presque totale de l’humanité. Puis Dieu
choisit pour son héritage la famille d'Abraham, son ami ; et, par le
moyen de cette famille, il conserva sur la terre la connaissance de
sa loi, de son Sabbat et de lui-même, jusqu'à la venue du grand
Messie. Pendant son ministère, le Messie affirma solennellement
337 Voyez notre troisième chapitre.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
150
la perpétuité de la loi de son Père, déclarant qu'elle exigeait
l’obéissance jusque dans ses plus petits commandements338 ; à sa
mort, il abattit le mur de séparation339 par lequel le peuple hébreu
était si longtemps demeuré un peuple à part sur la terre ; et au
moment de monter au ciel, il commanda à ses disciples d'aller par
tout le monde et de prêcher l’Evangile à toute créature humaine,
leur apprenant à garder tout ce qu'il leur avait commandé340. A
l'expiration de la soixante-dixième semaine, les apôtres
commencent l’exécution de cette grande mission auprès des
gentils341. Il faut noter ici plusieurs points d'un profond intérêt :
I. La nouvelle alliance, ou le nouveau testament, date de la
mort du Rédempteur. Conformément à la prédiction de Jérémie,
elle commença avec les Hébreux seuls et leur fut exclusivement
confinée jusqu'à l’expiration de la soixante-dixième semaine.
Alors les gentils furent admis à une pleine participation avec les
Hébreux à ses bénédictions, n'étant plus étrangers ni gens du
dehors, mais concitoyens des saints342. Dieu traitait cette fois
alliance avec son peuple en tant qu'individus et non point en tant
que nation. Les promesses de cette alliance embrassent deux
points d'un grand intérêt : Premièrement, Dieu mettra sa loi dans
le coeur de ses enfants. Secondement, il pardonnera leurs péchés.
Ces promesses ayant été faites six cents ans avant la naissance de
Christ, il ne peut exister aucun doute relativement à ce qui était
entendu par la loi de Dieu. C'était la loi de Dieu alors existante
qui devait être mise dans le cœur de chaque fidèle de la nouvelle
alliance. La nouvelle alliance est donc basée sur la perpétuité de la
loi de Dieu ; elle n'abroge point cette loi, mais elle ôte du coeur le
péché (la transgression de la loi), et met la loi de Dieu à sa
place343. La perpétuité de chaque précepte de la loi morale gît, par
conséquent, au fondement même de la nouvelle alliance.

338 Mat 5.17-19.


339 Eph. 2.13-16 ; Col. 2.14-17.
340 Mat. 28.19, 20 ; Marc 16.15.
341 Dan. 9.24-27 ; Act. 9 ; 10 ; 11 ; 26.12-17 ; Rom. 11.13.
342 1 Cor. 11.25 ; Jér. 31.31-34 ; Héb. 8.8-12 ; Dan. 9.27 ; Eph. 2.11-22.
343 Mat. 5.17-19 ; 1 Jean 3.4, 5 ; Rom. 4.15.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


151
II. Comme la première alliance avait un sanctuaire, et au sein
de ce sanctuaire une arche contenant la loi de Dieu en dix
commandements344, et qu'elle avait aussi une sacrificature pour
officier devant cette arche, pour faire propitiation pour les,
péchés des hommes345, il en est de même de la nouvelle alliance.
Au lieu du tabernacle érigé par Moïse, comme l'image du
véritable, la nouvelle alliance a le tabernacle plus grand et plus
parfait que le Seigneur a dressé et non point un homme : le
temple de Dieu dans le ciel346. Comme le grand point central du
sanctuaire terrestre était l'arche contenant la loi que l’homme
avait transgressée, il en est de même du sanctuaire céleste. « Alors
le temple de Dieu s'ouvrit dans le ciel, et l'arche de son alliance
fut vue dans son temple. »347 En qualité de grand Souverain
Sacrificateur, notre Seigneur Jésus-Christ présente son propre
sang devant l'arche de l'alliance de Dieu dans le temple du ciel.
Relativement à l'objet devant lequel il officie, notons les points
suivants
1° L'arche du temple céleste n'est point vide ; elle contient le
testament de Dieu ; et partant, elle constitue le grand centre du
sanctuaire du ciel, de même que l'arche du testament de Dieu était
le centre du sanctuaire terrestre. 348
2° La mort du Rédempteur pour les péchés des hommes et
son oeuvre comme Souverain Sacrificateur devant l'arche du ciel,
ont directement trait au fait que cette arche contient la loi que
l'humanité a transgressée.
3° Comme l'expiation et la sacrificature de Christ ont trait à la
loi qui se trouve dans l'arche devant laquelle il officie, il s'ensuit
que cette loi existait et avait été transgressée avant que le Sauveur
vînt sur la terre pour y mourir à la place des hommes.
4° Et conséquemment, la loi contenue dans l'arche du ciel
n'est point une loi qui a son origine dans le Nouveau Testament ;
car elle lui est nécessairement de longtemps antérieure.
344 Héb. 9.1-7 ; Ex. 25.1-21 ; Deut. 10.4, 5 ; 1 Rois 8.7.
345 Héb. chap. 7-10 ; Lév. 16.
346 Héb. 8.1-5 ; 9.23, 24.
347 Apoc. 11.19
348 Ex. 35.21, 22.

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152
5° Si donc Dieu a révélé cette loi à l'humanité, il faut chercher
cette révélation dans l'Ancien Testament. Car quoique le
Nouveau Testament fasse de nombreuses allusions à la loi qui fit
que le Sauveur dut donner sa vie pour les hommes pécheurs, et
que même il la cite, il n'en publie jamais une seconde édition,
mais nous renvoie, pour trouver le code original, à (Ancien
Testament. 349
6° Il s'ensuit, par conséquent, que cette loi est révélée et que
cette révélation doit se trouver dans l’Ancien Testament.
7° On trouve dans ce volume : (1) La descente du Très-Haut
sur le mont Sinaï ; (2) La proclamation de sa loi en dix
commandements ; (3) Les dix commandements écrits par le doigt
de Dieu sur deux tables de pierre ; (4) Ces tables placées sous le
propitiatoire dans l’arche du sanctuaire terrestre. 350
8° Le fait que cette remarquable loi de (Ancien Testament qui
fut enfermée dans l’arche du sanctuaire terrestre est identique à
celle qui est dans l’arche du ciel peut être montré comme suit : (1)
Le propitiatoire qui fut placé sur les dix commandements était le
lieu d'où l'on attendait le pardon, le grand point central de l’œuvre
de l'expiation351 ; (2) La loi qui se trouvait sous le propitiatoire
était ce qui rendait nécessaire l’œuvre de l'expiation ; (3) Il n'y
avait point là de propitiation qui pût enlever les péchés, ce n'était
qu'une propitiation figurative ou typique ; (4) Mais le péché
existait en réalité, et par conséquent, il existait une loi réelle que
l’homme avait transgressée ; (5) Il doit donc y avoir une
propitiation qui puisse enlever les péchés ; et cette propitiation
réelle doit avoir trait à la loi qui a été transgressée et relativement
à laquelle une propitiation préfigurative avait été instituée352 ; (6)
Les dix commandements nous sont donc présentés, dans
l’Ancien Testament, comme étant la loi qui demandait une
expiation ; tandis que ce fait est toujours tenu bien en vue, que les
sacrifices qui avaient été institués alors étaient impuissants à ôter

349 Rom. 3.19-31 ; 5.8-21 ; 8.3, 4 ; 1328-10 ; Gal. 3.13, 14 ; Eph. 6.2, 3 ; Jac. 2.8-12 ; 1 Jean 3.4, 5.
350 Ex. 19 ; 20 ; 24.12 ; 31.18 ; Deut.10.
351 Lév.16.
352 Rom. 3.19-31 ; 1 Jean 3.4, 5.

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153
les péchés353 ; (7) Mais la mort de Christ, comme antitype de ces
sacrifices, était destinée à accomplir précisément ce qu'ils
préfiguraient mais qu'ils ne pouvaient effectuer, savoir la
propitiation pour la transgression de la loi placée dans (arche,
sous le propitiatoire. 354
Nous sommes ainsi amenés à la conclusion que la loi de Dieu
déposée dans l'arche qui est au ciel est identique à la loi que
contenait l'arche sur la terre ; et que toutes deux sont identiques à
la loi que la nouvelle alliance met dans le coeur de tout croyant.355
L'Ancien Testament, donc, nous donne la loi de Dieu et la
prononce parfaite ; il pourvoit également à une propitiation
typique, mais il la prononce impropre à enlever les péchés.356 Il
s'ensuit que ce qu'il fallait, ce n'était pas une nouvelle édition de la
loi de Dieu ; car celle qui avait déjà été donnée était parfaite ; mais
bien une propitiation réelle qui pût enlever la culpabilité du
transgresseur. Ainsi le Nouveau Testament répond précisément à
ce besoin, en pourvoyant une propitiation réelle dans la mort et
l’intercession du Rédempteur, mais sans donner une nouvelle
édition de la loi de Dieu357, quoiqu'il ne laisse pas de nous
renvoyer au code parfait donné longtemps auparavant. Mais si le
Nouveau Testament ne donne pas une nouvelle édition de la loi
de Dieu, il nous apprend, par contre, que la dispensation
chrétienne possède le grand original de cette loi dans le sanctuaire
du ciel.
9° Nous avons vu que la nouvelle alliance place la loi de Dieu
dans le coeur de chaque croyant, et que l'original de cette loi est
conservé dans le temple du ciel. Le fait que toute l'humanité est
justiciable de la loi de Dieu et qu'elle l'a toujours été, est
clairement montré par l'épître de Paul aux Romains. Dans le
premier chapitre, il fait remonter l'origine de l'idolâtrie à
l'apostasie volontaire des gentils qui eut lieu peu après le déluge.
Au second chapitre, il montre que quoique Dieu les, eût
353 Ps. 10.6-8 ; Héb.10.
354 Héb. 9.10.
355 Jér. 31.33 ; Rom. 8.3, 4; 2 Cor. 3.3.
356 Ps. 19.7 ; Jac. 1.25 ; Ps. 40.
357 Rom. 5.

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154
abandonnés à leurs propres voies, et que conséquemment il les
eût laissés sans sa loi écrite, ils ne furent pas plongés dans de
complètes ténèbres ; cas ils avaient par nature l'oeuvre de la loi
écrite dans leurs cœurs ; et quelque faible que fût cette lumière,
leur salut devait être assuré en vivant d'après elle, et leur ruine en
péchant contre elle. Au troisième chapitre, il montre quel est
l'avantage qu'eut la famille d'Abraham d'être choisie pour
l'héritage de Dieu, tandis que toutes les autres nations étaient
abandonnées à leurs propres voies. C'était qu'outre l'oeuvre de la
loi écrite dans le coeur, œuvre qu'ils possédaient par nature en
commun avec les gentils, les oracles de Dieu, la loi écrite leur
avaient été donnés. Il montre ensuite qu'ils n'étaient point
meilleurs que les gentils parce que tant les uns que les autres
étaient transgresseurs de la loi. Cette assertion, il la prouve par
des citations de l’Ancien Testament. Puis il montre que la loi de
Dieu étendait sa juridiction sur toute l’humanité :
« Or, nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux
qui sont sous la loi, afin que tous aient la bouche fermée, et que
tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu. » 358
Il montre ensuite que la loi ne peut sauver les coupables, mais
doit les condamner et cela avec justice. Puis il révèle le grand fait
que la rédemption par la mort de Jésus est le seul moyen par
lequel Dieu puisse justifier ceux qui cherchent le pardon, et en
même temps demeurer juste lui-même. Et finalement il s'écrie :
« Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Dieu nous en garde !
Au contraire, nous établissons la loi. » 359
Il s'ensuit donc que la loi de Dieu demeure non abolie ; que la
sentence de condamnation qu'elle prononce sur les coupables est
toute aussi étendue que ne l'est l’offre du pardon par l’Evangile ;
que son oeuvre existe dans les coeurs des hommes par nature ;
d'où nous pouvons conclure que l’homme dans son innocence la
possédait dans sa perfection, ce qui est de plus prouvé par le fait
que la nouvelle alliance, après avoir délivré les hommes de la
condamnation de la loi de Dieu, inscrit parfaitement cette loi dans
358 Rom. 3.19.
359 Rom. 3.31.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
155
leurs coeurs. Il ressort de tout cela que la loi de Dieu est le grand
miroir par lequel le péché est découvert360, et partant, la règle de
vie d'après laquelle toute l’humanité, tant Juifs que gentils, devrait
marcher.
Le fait que l’Eglise, dans la présente dispensation, est réellement
une continuation de l’ancienne Eglise hébraïque, est montré par
l’image de l’olivier franc. Cette ancienne Eglise était l’olivier de
Dieu, et cet olivier n'a jamais été détruit361. A cause de leur
incrédulité, quelques-unes de ses branches ont été retranchées ;
mais la proclamation de l’Evangile aux gentils ne crée point un
nouvel olivier ; elle ne fait qu'enter sur l’olivier franc ceux d'entre
les gentils qui croient, en leur donnant une place parmi les
branches originelles, afin qu'avec elles ils puissent participer de sa
racine et de son suc. Cet olivier doit dater de la vocation
d'Abraham après l'apostasie des gentils ; son tronc représentant
les patriarches, à partir du père des fidèles362 ; ses branches, le
peuple hébreu. La greffe de l'olivier sauvage à la place des
branches qui ont été retranchées, représente l'admission des
gentils à une égale participation, après l'expiration des soixante-
dix semaines, aux privilèges accordés aux Hébreux. L'Eglise de
l'Ancien Testament, l'olivier originel était un royaume de
sacrificateurs, une nation sainte ; l'Eglise du Nouveau Testament,
l'olivier après la greffe des gentils, est décrite dans les mêmes
termes. 363
Lorsque Dieu abandonna les gentils à l'apostasie avant la
vocation d'Abraham, il confondit leur langage afin qu'ils ne se
comprissent point l'un l'autre, et il les dispersa ainsi au large sur
l'étendue de la terre. En face de cet événement se dresse celui du
don des langues au jour de la Pentecôte, événement préparatoire
à la vocation des gentils et à leur greffe sur l'olivier francs. 364
Nous avons suivi le Sabbat jusqu'à l'appel des gentils et aux
événements qui ouvrent la dispensation évangélique. Nous
360 Rom. 3.20 ; 1 Jean 3.4, 5 ; 2.1, 2.
361 Jér. 11.16 ; Rom.11.17-24.
362 Rom. 4.16-18 ; Gal. 3.7-9.
363 Ex. 19.5, 6 ; 1 Pierre 2.9, 10.
364 Gen. 11.1-9 ; Act. 2.1-11.

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156
trouvons que c'est la loi de Dieu, dont le Sabbat est une partie,
qui rendit nécessaire la mort de notre Seigneur comme sacrifice
expiatoire ; et que le grand original de cette loi est dans l'arche qui
est au ciel, devant laquelle notre Seigneur officie comme
Souverain Sacrificateur ; tandis qu'un exemplaire de cette loi est
inscrit par la nouvelle alliance dans le coeur de chaque croyant.
L'on voit donc que la loi de Dieu est plus intimement liée au
peuple de Dieu après la mort du Rédempteur qu'avant cet
événement.
II n'est pas permis de douter que l'Eglise apostolique n'entourât
le Sabbat, aussi bien que tous les autres préceptes de la loi morale,
d'un saint respect. Ce fait est prouvé non seulement parce que les
premiers chrétiens ne furent pas accusés de sa violation par leurs
ennemis les plus acharnés, ni entièrement par le fait qu'ils
considéraient le péché comme la transgression de la loi, et la loi
elle-même comme le grand miroir qui signale le péché et par
lequel ce dernier « prend de nouvelles forces. »365 Ces points
constituent, à n'en pas douter, une preuve très décisive du fait que
l'Eglise apostolique gardait lé quatrième commandement. Le
témoignage que rend l'apôtre Jacques aux dix commandements
lorsqu'il dit que si quelqu'un en transgresse un il devient coupable
de tous, prouve aussi puissamment que l'Eglise primitive avait un
souverain respect pour toute la loi de Dieu.366 Mais outre ce qui
précède, nous avons une garantie toute spéciale du fait que le
Sabbat de l'Eternel ne fut pas oublié par l'Eglise apostolique. La
prière que notre Seigneur enseigna à ses disciples, et dans laquelle
il demandait que leur fuite de la Judée n'arrivât pas en h jour de
Sabbat, était, comme nous l'avons vu, destinée à imprimer
profondément sa sainteté sur leurs esprits, et ne peut qu'avoir
atteint ce résultat.367 L'histoire de l'Eglise primitive contient
plusieurs allusions importantes au Sabbat. La première est la
suivante :

365 Rom. 7.12, 13.


366 Jac. 2 : 8-12.
367 Voyez notre chapitre dixième.

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157
« Pour eux, étant partis de Perge, ils vinrent à Antioche de
Pisidie ; et étant entrés dans la synagogue au jour du Sabbat, ils
s'assirent. » 368
Sur l'invitation des principaux de la synagogue, Paul prononça
un long discours prouvant que Jésus était le Christ. Dans le cours
de ses remarques, il se servit des paroles suivantes :
« Car les habitants de Jérusalem et leurs magistrats, n'ayant point
reconnu Jésus, ont accompli, en le condamnant, les paroles des
prophètes, qui se lisent chaque jour de Sabbat. » 369
Quand le discours de Paul fut terminé, nous lisons :
« Après qu'ils furent sortis de la synagogue des Juifs, les gentils
les prièrent de leur annoncer les mêmes choses le Sabbat suivant.
370
Et quand l'assemblée fut séparée, plusieurs Juifs et prosélytes
craignant Dieu, suivirent Paul et Barnabas, qui les exhortèrent par
leurs paroles à persévérer dans la grâce de Dieu. Le Sabbat
suivant, presque toute la ville s'assembla pour entendre la Parole
de Dieu. » 371
Ces textes montrent : 1° Que dans le livre des Actes le terme
Sabbat signifie le jour auquel les Juifs s'assemblaient dans la
synagogue pour entendre la voix des prophètes. 2° Que comme
ce discours fut prononcé quatorze années après la résurrection de
Christ, et que le récit qu'en fait Luc fut écrit une trentaine
d'années après cet événement, il s'ensuit que le prétendu
changement du Sabbat lors de la résurrection de Christ n'était pas
même, bien des années après, arrivé à la connaissance soit de Luc
soit de Paul. 3° Qu'il y avait ici une occasion remarquable de
mentionner le changement du Sabbat s'il eût été vrai que le
Sabbat avait été changé en l'honneur de la résurrection de Christ.
Car lorsqu'on pria Paul de prêcher les mêmes paroles le Sabbat

368 Act. 13 :14.


369 Verset 27.
370 Le Dr BLOOMFIELD a la note suivante sur ce texte : « Plusieurs commentateurs supposent

que les mots εις το μεταξυ σαββ., signifient « en quelque jour intermédiaire de la semaine. » Mais
cela est réfuté par le verset 44, et le sens exprimé dans notre version ordinaire est sans nul doute
celui de l'original. Il est adopté par les meilleurs commentateurs de notre temps, et confirmé par les
autres versions. » - Greek Testament with english Notes, vol. i. p. 521. Le professeur HACKET a
une note analogue (Commentary on, Acts, p. 233).
371 Versets 42-44.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


158
suivant, il eût pu répondre que c'était le jour suivant qui était
maintenant propre au service divin. Et Luc, en transmettant cet
incident à la postérité, n'eut guère pu éviter de mentionner ce
nouveau jour s'il eût été vrai qu'un autre jour était devenu le
Sabbat de l'Eternel. 4° Que comme cette seconde assemblée
appartenait presque exclusivement aux gentils, on ne peut pas
dire ici que Paul prêcha le jour du Sabbat par égard pour les Juifs.
Au contraire, la narration indique avec force la considération
qu'avait Paul pour le Sabbat comme le jour propre au service
divin. 5° On ne peut nier que le Sabbat ne fût bien compris par
les gentils de cette ville, et qu'ils n'eussent un certain degré de
respect pour ce jour, fait qui sera corroboré par d'autres passages.
Plusieurs années après ces choses, les disciples s'assemblèrent à
Jérusalem pour considérer la question de la circoncision.372
« Quelques-uns qui étaient venus de Judée », trouvant les gentils
incirconcis, « enseignaient les frères et leur disaient : Si vous n'êtes
circoncis selon l'usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. »
S'ils avaient trouvé les gentils négligeant le Sabbat,
incontestablement, c'est là-dessus qu'eût porté leur première
censure. Or, fait vraiment digne de remarque, il n'existait alors
dans le sein de l’Eglise aucune dispute relative à l'observation du
Sabbat ; en effet, il n'en parut aucune devant cette assemblée
apostolique. Pourtant, s'il avait été vrai que le changement du
Sabbat avait alors de nombreux partisans et défenseurs, ou que
Paul avait enseigné aux gentils de négliger le Sabbat, on ne peut
faire de doute que ceux qui soulevèrent la question de la
circoncision n'eussent poussé celle du Sabbat avec plus de
véhémence encore. Que la loi de Moïse, dont l’observation faisait
l'objet de la discussion de cette assemblée, n'est pas les dix
commandements, cela paraît de plusieurs faits décisifs. 1° Parce
que Pierre appelle le code sous considération un joug que ni leurs
pères ni eux-mêmes n'avaient pu porter. Tandis que Jacques
appelle expressément la loi royale, qui, d'après ses propres
paroles, comprend les dix commandements, une loi de liberté. 2°

372 Act. 15.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
159
Parce que cette assemblée décida contre l'autorité de la loi de
Moïse ; et pourtant, Jacques, qui en avait été membre, enjoignait
plus tard (obéissance aux commandements, affirmant que celui
qui en violait un était coupable de tous.373 3° Parce que le trait
principal de la loi de Moïse, tel qu'il est ici présenté, était la
circoncision.374 Or la circoncision ne faisait point partie des dix
commandements ; et fût-il vrai que la loi de Moïse comprît ces
commandements, la circoncision ne constituerait pas dans ce cas
un trait principal de cette loi. 4° Enfin, parce que les préceptes
déclarés par l’assemblée être encore obligatoires ne sont
proprement aucun des dix commandements. C'étaient la
prohibition, premièrement des viandes offertes aux idoles ;
deuxièmement, du sang ; troisièmement, des choses étouffées ; et
quatrièmement, de la fornication.375 Chacun de ces préceptes peut
être trouvé souvent dans les livres de Moïse376, et le premier et le
dernier d'entre eux viennent se ranger respectivement sous le
second et le septième commandement, mais ni l'un ni l'autre
n'embrasse davantage qu'une partie de ce que ces
commandements défendent. Il est donc évident que ce n'était pas
l’autorité des dix commandements qui était sous considération à
cette assemblée, et que sa décision n'avait rien à voir à ces
préceptes. Car autrement les apôtres déliaient les gentils de toute
obligation envers huit des dix commandements, et des plus
grandes prohibitions contenues dans les deux autres.
Il est évident qu'ils errent profondément ceux qui représentent
qu'à cette assemblée les gentils furent déliés de l'obligation du
Sabbat. Cette question ne se présenta à cette occasion en aucune
façon devant les apôtres. Preuve bien forte que les gentils
n'avaient pas été enseignés à négliger le Sabbat, comme ils
l'avaient été à omettre la circoncision, ce qui avait fourni
l'occasion de porter ce différent devant les apôtres à Jérusalem.
Cependant, dans cette même assemblée, il fut fait allusion au

373 Act. 15.10, 28, 29 ; Jac. 2.8-12.


374 Versets 1-5.
375 Verset 29 ; 21 ; 25.
376 Ex. 34.15,16 ; Nomb. 25.2 ; Lév. 17.13, 14 ; Gen. 9.4 ; Lév. 3.17 ; Gen. 34 ; Lév. 19.29.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


160
Sabbat comme à une institution existante et cela en rapport avec
les chrétiens gentils. Ainsi, lorsque Jacques prononça son avis sur
la question en litige, il dit ce qui suit :
« C'est pourquoi j'estime qu'il ne faut point inquiéter ceux
d'entre les gentils qui se convertissent à Dieu ; mais qu'il faut leur
écrire de s'abstenir des souillures des idoles, de la fornication, des
choses étouffées, et du sang. Car pour ce qui est de Moïse, il y a
depuis plusieurs siècles, dans chaque ville, des gens qui le
prêchent dans les synagogues, où on le lit tous les jours de
Sabbat. » 377
Ce dernier fait est donné par l'apôtre Jacques comme motivant
l'action proposée à l'égard des frères d'entre les gentils. « Car pour
ce qui est de Moïse, il y a depuis plusieurs siècles, dans chaque
ville, des gens qui le prêchent dans les synagogues, où on le lit
tous les jours de Sabbat. » De ce qui précède, il est manifeste que
l'ancienne coutume du culte célébré le Sabbat avait non seulement
été conservée par les Juifs, et portée par eux dans toutes les villes
des gentils, mais que les chrétiens gentils prenaient part à ces
assemblées. Autrement, la raison assignée par Jacques perdrait
toute sa force, n'ayant plus aucune application au cas qui est
devant nous. Or le fait qu'ils y assistaient atteste, puissamment,
que le Sabbat était, dans les églises des gentils, le jour où l'on
adorait Dieu.
Le fait que le Sabbat de l'Éternel n'avait été ni changé ni abrogé,
antérieurement à cette réunion des apôtres, est fortement attesté
par la nature de la dispute qui y fut tranchée. Et la fin de leur
assemblée contempla ainsi le Sabbat de la Bible occupant encore
sa place sacrée dans la citadelle du quatrième commandement.
Après cela, Paul, dans une vision de la nuit, fut appelé à visiter la
Macédoine. Obéissant à cet appel, il vint à Philippes, qui est le
chef-lieu de cette partie de la Macédoine. Voici comment Luc
rapporte sa visite :
« Et nous y séjournâmes quelques jours. Le jour du Sabbat,
nous sortîmes de la ville, et nous allâmes près de la rivière, où l'on

377 Act. 15.19-21.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
161
avait accoutumé de faire la prière ; et nous étant assis, nous
parlions aux femmes qui s'y étaient assemblées. Et une certaine
femme, nommée Lydie de la ville de Thyatire, marchande de
pourpre, qui craignait Dieu, nous écouta ; et le Seigneur lui ouvrit
le coeur, pour faire attention aux choses que Paul disait. » 378
Cette assemblée ne paraît pas avoir été composée de Juifs, mais
de gentils, qui, comme Corneille, étaient adorateurs du vrai Dieu.
L'on voit ainsi que l'Eglise des Philippiens tire son origine d'une
pieuse assemblée de gentils observateurs du Sabbat. Et il est
probable que Lydie et ceux qu'elle employait dans son commerce,
qui étaient évidemment observateurs du Sabbat, servirent de
moyen à introduire l'Évangile dans leur ville de Thyatire.
« Paul et Silas, ayant passé par Amphipolis et par Appolonie,
vinrent à Thessalonique, où il y avait une synagogue de Juifs. Et
Paul, selon sa coutume379, entra vers eux, et il les entretint des
Écritures, pendant trois jours de Sabbat … Et quelques-uns
d'entre eux crurent, et se joignirent à Paul et à Silas, comme aussi
une grande multitude de Grecs craignant Dieu, et plusieurs
femmes de qualité. » 380
Telle fut l'origine de l'église thessalonicienne. Qu'elle fût dés son
commencement une assemblée d'observateurs du Sabbat, cela ne
souffre aucun doute. Car, à part les quelques Juifs qui reçurent
l'Évangile par les travaux de Paul, il y avait une grande multitude
de Grecs pieux : c'est-à-dire de gentils qui s'étaient unis aux Juifs
dans le culte de Dieu au jour du Sabbat. Nous avons dans les
paroles suivantes, que Paul leur adressa comme église de Christ,
une forte preuve du fait qu'ils continuèrent à observer le Sabbat
après leur réception de l'Évangile :
« En effet, mes frères, vous êtes devenus les imitateurs des
églises de Dieu qui sont dans la Judée, et qui croient en Jésus-
Christ. » 381

378 Act.16.12-14.
379 La coutume de Paul se voit dans les passages suivants, où il parait dans chaque cas que les
assemblées en question eurent lieu le Sabbat. Act. 13.5 ; 1.1 ; 17.10,17 ; 18.19 ; 19.8.
380 Act. 17.1-4.
381 1 Thess. 2.14.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


162
Les églises de Judée, comme nous l'avons vu, étaient
observatrices du Sabbat de l'Eternel. Les premiers convertis
thessaloniciens, avant qu'ils reçussent l'Evangile, étaient
observateurs du Sabbat, et lorsqu'ils devinrent une église
chrétienne, ils prirent les églises de Judée comme un propre
exemple à suivre. Et cette église fut elle-même adoptée comme
exemple par les : églises de Macédoine et de l'Achaïe. Dans ce
nombre étaient comprises les églises de Philippes et de Corinthe.
Voici ce que Paul écrit :
« Aussi avez-vous été nos imitateurs et ceux du Seigneur, ayant
reçu la parole avec la joie du Saint-Esprit, au milieu de beaucoup
d'afflictions ; de sorte que vous avez servi de modèle à tous ceux
qui ont cru, dans la Macédoine et dans l'Achaïe. Car non
seulement la parole du Seigneur a retenti de chez vous dans la
Macédoine et dans l'Achaïe, mais la foi que vous avez en Dieu
s'est répandue en tous lieux. » 382
Après ces choses, Paul vint à Corinthe. C'est ici que, pour la
première fois, il trouva Aquilas et Priscille.
« Et comme il était du même métier qu'eux, il demeura chez
eux, et y travaillait ; et leur métier était de faire des tentes. Il
discourait dans la synagogue tous les jours de Sabbat, et il
persuadait les Juifs et les Grecs. 383
En ce lieu aussi, Paul trouva des gentils aussi bien que des Juifs
assistant au service divin le jour du Sabbat. Les premiers
membres de l'église de Corinthe étaient donc observateurs du
Sabbat au moment où ils reçurent l'Evangile ; et, comme nous
l'avons vu, ils prirent pour exemple l'église sabbatarienne de
Thessalonique, qui, à son tour, imitait les églises de Judée.
Les premières églises furent fondées dans le pays de la Judée.
Tous leurs membres avaient été, dès leur enfance, familiers avec
la loi de Dieu, et connaissaient bien le précepte :
« Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. » Outre ce
précepte, toutes les églises avaient un memento du Sabbat tout
particulier. Elles savaient de notre Seigneur lui-même que le
382 1 Thess. 1.6-8.
383 Act. 18.3-4.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
163
temps s'approchait où ils devraient tous s'enfuir soudainement de
cette contrée. Et en vue de ce fait, ils devaient prier que leur fuite
précipitée n'arrivât pas au jour du Sabbat ; prière qui était
destinée, comme nous l'avons vu, à conserver le caractère sacré
du Sabbat. Que les églises de Judée fussent composées de
membres observateurs du Sabbat, cela ne peut par conséquent
être révoqué en doute.
Des églises fondées en dehors du pays de la Judée, dont l'origine
est rapportée dans le livre des Actes, presque toutes
commencèrent par des convertis juifs.384 Ces derniers étaient
observateurs du Sabbat lorsqu'ils reçurent l'Evangile. C'est parmi
eux que los convertis d'entre les gentils furent entés. Et il est
digne de remarque que dans un grand nombre de cas, ces gentils
sont appelés « Grecs craignant Dieu », « prosélytes craignant
Dieu », personnes qui « craignaient Dieu », et qui « priaient Dieu
continuellement. »385 Ces gentils, au temps de leur conversion à
l'Evangile, étaient, ainsi que nous l'avons vu, adorateurs de Dieu
le jour du Sabbat avec les, Juifs. Lorsque Jacques proposa le genre
de lettre qui devait être adressé par les apôtres aux convertis
gentils, il assigna pour son adoption une raison dont on peut
maintenant apprécier la force : « Car pour ce qui est de
Moïse », dit-il, « il y a depuis plusieurs siècles, dans CHAQUE
VILLE, des gens qui le prêchent dans les synagogues, où on le lit
tous les jours de Sabbat. » On voit ainsi avec clarté le caractère
sabbatarien des églises apostoliques.
On suppose que Paul, dans une lettre qu'il adressa aux
Corinthiens, environ cinq ans après qu'ils eurent reçu l'Evangile,

384 A ce propos, M. GAUSSEN dit ce qui suit dans son Canon des Saintes Ecritures, tome I, p.
171,172 : « C'est un fait historique que l'Eglise primitive se modela sur la synagogue alors qu'elle y
prit naissance. Toutes les églises chrétiennes pendant bien des années furent des congrégations
entièrement juives ; l'Eglise ne se composa d'abord que d'Israélites amenés en peu de temps par
myriades à la connaissance de Jésus-Christ, soit à Jérusalem et -en Judée, soit en Samarie, soit dans
les villes des Gentils. En conservant l'Evangile, tous ces nouveaux chrétiens conservaient les
formes et les habitudes de leur culte telles qu'ils les avaient pratiquées dans la synagogue ; …le
chazan (ministre), chaque jour de Sabbat, désignait sept corëim ou anagnostes (lecteurs) pour vaquer à
la lecture de la Parole sainte… »
385 Act. 10.2, 44, 7, 22, 30-35 ; 13.43 ; 14.1 ; 16.13-15 ; 17.4,10-12.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


164
fournit une cinquième colonne au temple du premier jour. Voici
ce qu'il leur écrivait
« A l'égard de la collecte qui se fait pour les saints, usez-en de la
même manière que je l'ai ordonné dans les églises de Galatie :
C'est que, chaque premier jour de la semaine, chacun de vous
mette à part chez soi, et rassemble ce qu'il pourra, selon sa
prospérité, afin qu'on n'attende pas que je sois arrivé pour faire
les collectes. » 386
On arguë de ce texte en faveur du Sabbat du premier jour : 1°
Qu'il s'agissait d'une collecte publique. 2° Que, par conséquent, le
premier jour de la semaine était le jour du culte public dans les
églises de Corinthe et de Galatie. 3° Et que, partant, le Sabbat
avait été changé contre ce jour. Voilà comment on infère le
changement du Sabbat, des assemblées de culte public qui se
tenaient le premier jour à Corinthe et en Galatie ; l'existence elle-
même de ces assemblées en ce jour est inférée de ces paroles de
Paul : « Que chaque premier jour de la semaine, chacun de vous
mette à part chez soi.
Or qu'est-ce que ces paroles prescrivent ? Il n'y a qu'une
réponse possible : Elles prescrivent précisément l'opposite d'une
collecte publique. Chacun devait mettre de côté, en son
particulier, chaque premier jour de la semaine, suivant sa
prospérité, afin, que lorsque Paul arriverait, la collecte fût prête.
M. J.-W. Morton, de son vivant missionnaire presbytérien à Haïti,
porte le témoignage suivant :
« Toute la question repose sur la signification de l'expression «
chez soi » ; et je m'étonne grandement de savoir comment vous
pouvez imaginer qu'elle signifie « dans le tronc de la
congrégation ». Greenfield, dans son lexique, traduit le terme
grec : En son particulier, c'est-à-dire, en sa maison. Deux versions
latines, la Vulgate et celle de Castellio, le rendent : „apud se”, par
devers soi, chez soi. Trois traductions françaises, celles de Martin,
d'Osterwald et de Sacy : chez soi. La version allemande de Luther :
bei sich selbst, par devers soi, à la maison. Le hollandais : by

386 1 Cor. 16.1, 2.


Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
165
hemselven, qui a la même signification que l'allemand. L'italien de
Diotati : appresso di se, en sa propre présence, chez lui. L'espagnol
de Fellippe Scio : en su casa, dans sa propre maison. Le portugais
de Ferreira : para isso, par devers lui. Le suédois : noer sig self, près
de soi. » 387
Les versions françaises de Lausanne, Arnaud, Segond, Vevey,
portent : « chez lui », celle d'Oltramare, comme les trois nommées
ci-dessus : « chez soi ». La version latine de Théodore de Bèze
rend cette leçon : „Apud se”,, chez soi. La version syriaque lit
comme suit : « Que chacun de vous mette à part et conserve chez
soi. »
Il est vrai qu'un éminent écrivain dominical, Justin Edwards, Dr
théol., dans un effort laborieux à prouver le changement du
Sabbat, avance ce texte pour montrer que le dimanche était, dans
l'église primitive, le jour du service divin. Voici en quels termes il
commente ce passage :
« Cet acte de mettre à part NE SE FAISAIT PAS CHEZ SOI ;
car cela n'aurait pas prévenu les collectes lorsque l'apôtre serait
venu. » 388
Telles sont ses paroles en sa qualité de théologien auquel est
échue la tâche ardue de prouver le changement du Sabbat par
l'autorité des Ecritures. Mais dans ses Notes sur le Nouveau
Testament, dans lesquelles il se sent à l'aise de parler en vérité,
voici la contradiction flagrante qu'il oppose à ses propres paroles
précitées. Nous citons son commentaire sur ce texte :
« Mettre à part chez soi ; EN SA MAISON : Afin qu'il n'y eût
point de collectes ; afin que leurs dons fussent prêts lorsque
l'apôtre viendrait. » 389
Ainsi, le Dr Edwards lui-même confesse que l'idée d'une
collecte publique ne se trouve point dans ce texte. Au contraire, il
en ressort qu'obéissant à ce précepte, chaque individu, au
commencement de chaque nouvelle semaine, se mettrait en

387 Vindication of the True Sabbath, pp. 51, 52.


388 Sabbath. Manual of the American Tract Society, p.116.
389 Family Testament of the American Tract Society, p. 286.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


166
devoir EN SA MAISON390 de mettre de côté quelque chose pour
la cause de Dieu, suivant que ses affaires temporelles le lui
permettraient. Le changement du Sabbat, en tant que prouvé par
ce texte, repose absolument sur une idée que le Dr Edwards
confesse ne s'y point trouver. Nous avons vu que l'église de
Corinthe était une église sabbatarienne. Il est bien évident que le
changement du Sabbat n'eût jamais pu leur être suggéré par ce
texte.
C'est ici le seul passage dans lequel Paul ne fasse jamais tant que
mentionner le premier jour de la semaine. Il fut écrit près de 30
ans après la date que l'on assigne au changement allégué du
Sabbat. Pourtant, Paul omet tout titre de sainteté, et le désigne
simplement comme premier jour de la semaine ; nom auquel il
avait droit comme l'un des « six jours ouvriers. »391 Il vaut aussi la
peine de remarquer que c'est ici le seul précepte de la Bible où le
premier jour apparaisse ; et que ce précepte ne dit rien touchant le
caractère sacré du jour dont il s'occupe ; le devoir même qu'il
enjoint, étant mieux approprié à un jour séculier qu'à un jour
sacré.
Peu après avoir écrit sa première Epître aux Corinthiens, Paul
visita Troas. C'est dans le récit de cette visite qu'apparait le
dernier cas où le premier jour de la semaine soit mentionné dans
le Nouveau Testament.
« Mais pour nous, après les jours des pains sans levain, nous
nous embarquâmes à Philippes, et dans cinq jours nous les
joignîmes à Troas392, où nous demeurâmes sept jours. Et le
390 NEANDER (Hist. de l'établ. de l'Égl. chrét. par les apôtres, trad. FONTANÈS) parlant de ce
passage, dit : « Paul dit seulement, si l'on s'en tient à ses paroles, que, au premier jour de la
semaine, chacun, dans sa demeure, doit mettre à part ce qu'il peut épargner …On peut très bien
entendre ainsi ce passage : Au premier jour de la semaine, on devait mettre à part ce qu'on pouvait
épargner, afin qu'à l'arrivée de Paul chacun eût préparé sa contribution par des réserves faites au
premier jour de la semaine, et qu'en réunissant les dons individuels, on pût réaliser aussitôt la
collecte tout entière. De cette manière, on pouvait la considérer comme déjà faite. i nous adoptons
ce sens, il ne paraît pas que le jour du dimanche fût consacré à des assemblées publiques et qu'on y
fit des collectes. » Page 119.
391 Ezé. 461..
392 A propos de la longueur de ce voyage, le professeur HACKET fait observer que « lors du

premier voyage de l'apôtre en Europe, le passage ne dura que deux jours : Voyez chap. 16.11. Des
vents contraires ou des calmes peuvent occasionner des variations, semblables à toute saison de
l'année. » - Commentary on Acts, p. 329. Cela montre combien l'on est peu fondé à prétendre que
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
167
premier jour de la semaine, les disciples étant assemblés pour
rompre le pain, Paul, devant partir le lendemain, leur fit un
discours qu'il étendit jusqu'à minuit. Or, il y avait beaucoup de
lampes dans la chambre haute où ils étaient assemblés. Et un
jeune homme, nommé Eutiche, qui était assis sur urge fenêtre, fut
accablé d'un profond sommeil pendant le long discours de Paul,
et s'étant endormi, il tomba du troisième étage en bas, et fut levé
mort. Mais Paul, étant descendu, se pencha sur lui, et l'ayant
embrassé, il leur dit : Ne vous troublez point, car son âme est en
lui. Et étant remonté, et ayant rompu le pain et mangé, il parla
longtemps jusqu'au point du jour ; après quoi il partit. Or, on
ramena le jeune homme vivant ; de quoi ils furent extrêmement
consolés. Pour nous, étant montés sur un vaisseau, nous fîmes
voile vers Asson, où nous devions reprendre Paul ; car il l'avait
ainsi ordonné, parce qu'il voulait faire le chemin à pied. » 393
Ce passage est supposé fournir au temple du premier jour une
sixième colonne. Voici en quels termes concis on peut formuler
l'argument : Ce témoignage montre que le premier jour de la
semaine était affecté par l’Eglise apostolique aux assemblées où
l'on rompait le pain en (honneur de la résurrection de Christ en ce
jour ; d'où il est raisonnable de conclure que le premier jour était
devenu le Sabbat chrétien.
Si cette proposition pouvait être établie comme une vérité
indiscutable, le changement du Sabbat n'en découlerait pas
comme conclusion nécessaire ; ce ne serait même alors guère
qu'une conjecture plausible. Les faits suivants nous aideront à
juger de la validité de cet argument pour le changement du
Sabbat :
1° C'est ici le seul cas rapporté dans le Nouveau Testament
d'une assemblée tenue le premier jour de la semaine. 2°
L'ordonnance de rompre le pain n'a pas été instituée pour
commémorer la résurrection de Christ, mais pour conserver à la

Paul transgressa le Sabbat sur ce voyage. Lorsqu'il partit de Philippes, il avait amplement le temps
d'atteindre Troas avant le Sabbat, s'il n'avait été retardé par des causes providentielles.
393 Act. 20 : 6-13.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


168
mémoire sa mort sur la croix du Calvaire.394 L'acte, par
conséquent, de rompre le pain au premier jour de la semaine,
n'est point une commémoration de la résurrection de Christ. 3°
Comme l'ordonnance de rompre le pain commémore la
crucifixion de notre Seigneur, et a été instituée le soir auquel
commenta le jour de la crucifixion, occasion à laquelle Jésus lui-
même et tous ses apôtres étaient présents395, il est évident que le
jour de la crucifixion a des droits à la célébration de cette
ordonnance qui priment ceux du jour de la résurrection. 4° Mais
comme notre Seigneur n'a désigné aucun jour pour la célébration
de cette ordonnance, et qu'il est dit que l’église apostolique de
Jérusalem la célébrait tous les jours396, il est évidemment
présomptueux d'arguer, d'un seul cas de célébration de la sainte
cène, le changement du Sabbat au premier jour de la semaine. 5°
Ce cas de célébration de la cène au premier jour avait
évidemment trait au départ immédiat et final de l'apôtre Paul. 6°
Car, fait remarquable, ce seul cas d'assemblée religieuse tenue le
premier jour de la semaine que contienne le Nouveau Testament,
était une assemblée nocturne. Cela est prouvé par le fait qu'il y
avait là beaucoup de lampes allumées, et que Paul prolongea son
discours jusqu'à minuit. 7° Et il découle de ce fait l'importante
conséquence que cette première assemblée du premier jour eut
lieu le samedi soir397. Car les jours de la semaine étant comptés du

394 1 Cor. 11.23-26


395 Mat. 26.
396 Act. 2.42-46.
397 Ce fait a été reconnu par un grand nombre de commentateurs dominicaux. Voici comment le

professeur HACKET commente ce texte : « Les Juifs comptaient le jour du soir au matin ; et
d'après ce principe, le soir du premier jour de la semaine serait notre samedi soir. Si Luc compta
ainsi eu cet endroit, comme nombre de commentateurs le supposent, l'apôtre attendit donc
l’expiration du Sabbat juif, et tint son dernier service religieux avec les frères à Troas au
commencement du Sabbat chrétien, c'est-à-dire le samedi soir ; et il continua conséquemment son
voyage le dimanche matin. » Commentary on Acts, pp. 329, 330. Mais il s'efforce de parer le coup que
donne au Sabbat du premier jour cet aveu fatal, en suggérant que Luc calcula probablement le
temps d'après la méthode païenne plutôt que par celle qui est ordonnée dans les Ecritures !
HENRI LUTTERROTH, parlant de ce passage, dit que « CALVIN…, est d'avis qu'il s'agit plutôt
d'un jour de Sabbat. » Ce dernier, dit-il, me pourrait sembler plus vray-semblable, pour ce que, selon
la coustume, ce jour estoit plus propre pour faire assemblee... Il est vray-semblable que Paul a bien
voulu attendre le sabbath, afin qu'au jour de devant son partement il assemblast plus facilement
tous ses disciples en un même lieu. » Il résulte de l’interprétation de Calvin que Paul, après s'être
arrêté à Philippes durant les jours des pains sans levain, se rendit en cinq jours à Troas, y passa une
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
169
soir au soir, et le soir étant au coucher du soleil 398, on voit que le
premier jour de la semaine commence le samedi soir au coucher
du soleil et se termine le dimanche soir à la même heure. Une
assemblée nocturne tenue le premier jour ne pouvait par
conséquent avoir lieu que pendant la nuit du samedi. 8° Paul
prêcha donc pendant la nuit du samedi jusqu'à minuit ; car les
disciples tinrent une assemblée de nuit, à la fin du Sabbat, parce
qu'il devait partir le matin ; alors, interrompu par la chute du
jeune homme, il descendit et le guérit ; puis il remonta et rompit
le pain avec eux ; et au point du jour, le dimanche matin, il partit.
9° Nous avons ainsi une preuve concluante que Paul et ses
compagnons reprirent leur voyage vers Jérusalem au matin du
premier jour de la semaine ; eux, prenant le vaisseau à Asson, lui,
préférant aller à pied. Ce fait prouve incidemment le respect que
Paul avait pour le Sabbat, en ce qu'il attendit jusqu'à ce que le
Sabbat fût passé avant de reprendre son voyage ; mais il prouve
d'une façon positive qu'il ne savait rien de ce que, dans les temps
modernes, on appelle le Sabbat chrétien. 10° Cette narration fut
écrite par Luc au moins trente ans après le prétendu changement

semaine, et en repartit le lendemain du premier Sabbat après son arrivée. » Essai d'Interpr, de l'Evang.
de St Matthieu, tome I, p. 139.
CONYBEARE et HOWSON, auteurs de l'ouvrage : La vie et les épîtres de Paul, disent à propos du
temps de cette assemblée : « C'était au soir qui suit le Sabbat juif. Le vaisseau devait partir le
dimanche matin. » Page 650. Et PRYNNE, dont nous avons dejà cité le témoignage relativement à
la rédemption comme argument pour le changement du Sabbat, établit ce point comme suit : « Ce
que le texte dit qu'il y avait beaucoup de lampes dans la chambre où ils étaient assemblés, et que
Paul prêcha depuis le moment où ils se réunirent jusqu'à minuit…, prouve que cette assemblée des
disciples à Troas, comme la prédication que leur fit l'apôtre, commencèrent le soir. Le seul doute
qui puisse exister sera sur le soir où cela eut lieu… Pour mon propre compte, je conçois clairement
que c'était le samedi soir, connue nous l’appelons faussement, et non pas le dimanche soir qui
suivit immédiatement. …Considérant que St Luc rapporte que c'est le premier jour de la semaine
que cette assemblée eut lieu, …il doit conséquemment s'ensuivre que c'était sur le samedi soir, et
non sur notre dimanche soir, puisque le dimanche soir, dans le calcul de St Luc et dans celui de
l’Écriture, ne faisait aucunement partie du premier jour mais du second, le jour commençant et se
terminant invariablement au soir. »
PRYNNE passe en revue l'objection tirée de cette phrase : « devant partir le lendemain », et qui est
que le départ de Paul n'eut pas lieu le même jour de la semaine que son assemblée nocturne. Voici
la substance de sa réponse : Si l’on conserve à l'esprit le fait que le premier jour de la semaine est
calculé d'un soir à un autre soir, les textes suivants, où, pendant la nuit, on parle du matin comme
du lendemain, montreront immédiatement que la phrase en question ne vise pas nécessairement à
un autre jour de la semaine. 1 Sam. 19.11 ; Ester 2.14 ; Soph. 3.3 ; Act. 20.1, 32. - Diss. on Lords Day
Sab., pp. 36-41,1633.
398 Voyez la conclusion du chapitre VIII.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


170
du Sabbat. Il est digne de remarque qu'il omet tous titres de
sainteté, désignant tout simplement le jour en question comme le
premier jour de la semaine. Cela s'accorde admirablement avec le
fait que dans son Évangile, lorsqu'il rapporte l'événement même
auquel on attribue le changement du Sabbat, il omet non
seulement la moindre allusion à ce prétendu changement, mais il
désigne ce jour même par son titre séculier de premier jour de la
semaine, tandis qu'il parle du jour précédent comme étant le
Sabbat, selon le commandement.399
L'année même où Paul visita Troas, il écrivait ce qui suit à
l'église de Rome :
« Quant à celui qui est faible dans la foi, recevez-le avec bonté,
sans contestations et sans disputes. L'un croit qu'on peut manger
de tout ; et celui qui est faible dans la foi, ne mange que des
herbes. Que celui qui mange de tout, ne méprise pas celui qui ne
mange que des herbes ; et que celui qui ne mange que des herbes,
ne condamne pas celui qui mange de tout ; car Dieu l'a pris à lui.
Qui es-tu, toi qui condamnes le serviteur d'autrui ? S'il se tient
ferme, ou s'il tombe, c'est à son maître de le juger ; mais il sera
affermi, car Dieu est puissant pour l'affermir. L'un met de la
différence entre un jour et un autre ; l'autre juge que tous les jours
sont égaux : que chacun agisse selon qu'il est pleinement persuadé
dans son esprit. Celui qui observe les jours, les observe, ayant
égard au Seigneur ; et celui qui ne les observe pas, ne les observe
pas, ayant aussi égard au Seigneur. Celui qui mange de tout,
mange, ayant égard au Seigneur, car il en rend grâces à Dieu ; et
celui qui ne mange pas de tout, ne mange pas, ayant aussi égard
au Seigneur, et il en rend aussi grâces à Dieu. »400
Ces paroles ont souvent été citées pour montrer que
l’observation du quatrième commandement est maintenant une
chose indifférente, chacun étant libre d'agir à cet égard selon qu'il
l'entend bien. Avant d'adopter une doctrine si extraordinaire, il
serait au moins prudent de la mettre sérieusement à l'épreuve. Car
comme il a plu à Dieu d'instituer le Sabbat avant la chute de
399 Luc 23.56 ; 24.1.
400 Rom. 14.1-6.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
171
l'homme, d'y donner une place dans son code des dix
commandements, et d'en faire ainsi une partie de la loi même à
laquelle la grande expiation a rapport ; et vu que notre Seigneur
Jésus, pendant son ministère, consacra beaucoup de temps à
l’explication de ses desseins miséricordieux, et prit la peine de
prévenir sa profanation lors de la fuite de son peuple hors de la
Judée, fuite qui eut lieu dix ans après que les paroles citées plus
haut eurent été écrites par Paul ; considérant, de plus, que le
quatrième commandement lui-même est expressément reconnu
après la crucifixion de Christ ; si, malgré ces faits, nous pouvions
admettre qu'il fût en harmonie avec la vérité que le Très-Haut
abrogeât le Sabbat, nous devrions à coup sûr nous attendre à ce
que cette abrogation fût articulée en paroles explicites. Pourtant,
ni le Sabbat ni le quatrième commandement ne sont ici nommés.
Les raisons qui suivent feront voir qu'il n'en est pas question dans
les paroles de Paul :
1° Une manière de voir semblable rendrait l’observation de l'un
des dix commandements facultative ; alors que Jacques montre
que d'en violer un, c'est les violer tous.401 2° Elle contredit
directement ce que Paul avait écrit précédemment dans cette
épître ; car en traitant de la loi des dix commandements, il la
nomme sainte, spirituelle, juste et bonne ; il affirme que le péché -
la transgression de la loi – devient par le commandement «
EXCESSIVEMENT PÉCHEUR. »402 3° Parce que Paul, dans la
même épître, affirme la perpétuité de la loi qui fit que notre
Seigneur dut donner sa vie pour des hommes pécheurs403 ; loi que
nous avons déjà vu être les dix commandements. 4° Parce que,
dans le cas qui nous occupe, Paul, non seulement ne nomma pas
le Sabbat ni le quatrième commandement, mais il est certain qu'il
ne traitait pas de la loi morale. 5° Parce que la question sous
considération qui fa-mène à parler comme il le fait des jours en
question, était celle de manger toutes sortes d'aliments, ou de
s'abstenir de certaines choses. 6° Parce que le quatrième

401 Jac. 2.8-12.


402 Rom. 7.12,13 (Segond) ; 1 Jean 3.4, 5.
403 Rom. 3.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


172
commandement n'est nullement, mêlé à des préceptes de cette
sorte, mais exclusivement à des lois morales.404 7° Parce qu'il se
trouvait, dans la loi cérémonielle, mélangées avec les préceptes
relatifs aux viandes, un grand nombre de fêtes, entièrement
distinctes du Sabbat de l’Eternel.405 8° Parce que (église. de Rome,
qui commença probablement par les Juifs, venus de Rome, qui
furent présents le jour de la Pentecôte, avait dans son sein bien
des Juifs, comme on peut le voir par l'épître elle-même406, et doit
avoir été, par conséquent, intéressée dans la décision de cette
question relative à la loi cérémonielle : les membres juifs tenant à
observer consciencieusement ses distinctions, les membres,
gentils n'ayant point de scrupules de ce genre ; de là l’admirable
conseil de l'apôtre Paul répondant exactement au cas des deux
catégories. 9° On ne peut prétendre que l'expression « tous les
jours » soit une preuve décisive que le Sabbat de l’Eternel y soit
compris. Au temps même où le Sabbat était publiquement remis
aux Hébreux, on employait des expressions absolument
semblables, alors que, pourtant, il ne s'agissait que des six jours
ouvriers. Voici ce que nous lisons : « Le peuple sortira et en
recueillera pour chaque jour ce qu'il lui en faut » ; et le récit
ajoute : « Chacun en recueillait toits les matins. » Néanmoins,
lorsque quelques-uns d'entre eux sortent pour en ramasser le
Sabbat, Dieu leur dit : « Jusqu'à quand refuserez-vous de garder
mes commandements et mes lois ? »407 Le Sabbat étant une
grande vérité ; clairement proclamée, et répétée à réitérées fois, il
est manifeste que Paul, dans l'expression « tous les jours », parle
des six jours ouvriers, parmi lesquels il avait existé une distinction
précisément parallèle à celle relative aux aliments ; il l'est aussi
qu'il fait, sans contredit, exception du jour que dès le
commencement Dieu s'était réservé à lui-même. Cela tout aussi
bien que lorsque Paul cite et applique à Jésus les paroles de
David : « Car Dieu a mis toutes choses sous ses pieds », il ajoute :
404 Ex. 20.
405 Lév. 23. Ces fêtes sont spécialement énumérées dans Col. 2, ainsi que nous l'avons déjà
remarqué dans notre chapitre vii, et vers la fin du chapitre x.
406 Act. 2.1-11 ; Rom. 2.17 ; 4.1 ; 7.1.
407 Ex. 16.4, 21, 27, 28.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


173
« Il est évident que Celui qui lui a assujetti toutes choses est
excepté. »408 Et enfin dans les paroles de l'apôtre Jean. « Je fus ravi
en esprit le jour du Seigneur »409, écrites plusieurs années après
cette épître de Paul, nous avons une preuve décisive que dans la
dispensation évangélique, le Très-Haut réclame encore un jour
comme lui appartenant.410
Dix ans environ après que cette épître eut été écrite, la fuite
mémorable de tout le peuple de Dieu qui était dans le pays de la
Judée arriva. Ce n'était pas en hiver, car elle eut lieu
immédiatement après la fête des tabernacles, c'est-à-dire dans le
courant d'octobre. Et ce n'était point le Sabbat ; car Josèphe, qui
parle de la retraite soudaine de l'armée romaine après qu'elle eut,
en entourant la ville, donné le signal même de la fuite que notre
Seigneur avait promis à son peuple, nous dit que les Juifs sortirent
en tumulte de la ville à la poursuite des Romains en retraite, ce
qui était au moment même où le commandement de notre
Seigneur, enjoignant aux disciples une fuite immédiate, devenait
impérieux. L'historien ne laisse pas supposer que les Juifs
poursuivirent ainsi les Romains au jour du Sabbat, quoiqu'il
enregistre soigneusement le fait que quelques jours avant cet
événement, dans leur rage, ils oublièrent complétement le Sabbat
et sortirent précipitamment de la ville pour combattre les
Romains en ce jour. Ces circonstances providentielles de la fuite
des disciples devant dépendre de leur requête que Dieu voulût
bien s'interposer ainsi directement en leur faveur, il est évident
que les disciples n'oublièrent point la prière que le Sauveur leur
enseigna relativement à cet événement, et que, conséquemment,

408 1 Cor. 15.27 ; Ps. 8.


409 Apoc. 1.10.
410 Pour montrer que Paul regardait l’observance sabbatique comme dangereuse, on cite souvent Gal.

4.10 ; et pourtant les mêmes personnes prétendent que Rom. 14 prouve que c’est une question
parfaitement indifférente ; elles ne voient pas qu’elles mettent Paul en contradiction avec lui-même.
Mais si l’ont veut bien lire le contexte, des versets 8 à 11, on verra que les Galates, avant leur
conversion, n’étaient point des Juifs mais des païens ; et que ces jours, ces mois, ces temps et ces
années n’étaient point ceux de la loi lévitique, mais ceux que, païens, ils entouraient d’égards
superstitieux. Observez la signification que Paul donne au verset 9, au mot « de nouveau ». Et
combien n’y en a-t-il pas aujourd’hui qui professent la religion de Christ, et qui considèrent
superstitieusement certains jours comme « jours propices » ou « jours néfastes », quoique de
pareilles notions ne dérivent que de distinctions païennes ?
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
174
ils n'oublièrent pas le Sabbat de l'Eternel. C'est ainsi que dans son
tendre soin pour son peuple et dans sa profonde sollicitude pour
le Sabbat, le Seigneur Jésus montra qu'il était également le
Seigneur de son peuple et le Seigneur du Sabbat.411
Vingt-six ans après la destruction de Jérusalem, le livre de
l'Apocalypse était remis au disciple bien-aimé. Voici l'indication
profondément intéressante qu'il contient relativement au temps et
au lieu auxquels cela arriva :
« Moi, Jean, qui suis votre frère, et qui ai part avec vous à
l'affliction, et au règne et à la patience de Jésus-Christ, j'étais dans
L'ILE appelée PATMOS, pour la parole de Dieu, et pour le
témoignage de Jésus-Christ ; et je fus ravi en esprit, LE JOUR
DU SEIGNEUR, et j'entendis derrière moi une voix éclatante,
comme le son d'une trompette, qui disait : Je suis l'Alpha et
l'Oméga, le premier et le dernier ; écris dans un livre ce que tu
vois. » 412
Ce livre a été écrit dans l'île de Patmos, et porte la date du jour
du Seigneur. Le lieu, le jour, et l'individu ont chacun une
existence réelle, et non point symbolique ou mystique. Ainsi,
Jean, presque à la fin du premier siècle, et longtemps après
qu'eurent été écrits les textes que l'on allègue pour prouver qu'il
n'existe aucune distinction de jours, montre que le jour du
Seigneur a une existence tout aussi réelle que l'île de Patmos, ou le
disciple bien-aimé lui-même.
Quel est donc le jour que vise cette désignation ? Plusieurs
réponses ont été faites à cette question. 1° C'est la dispensation
évangélique. 2° C'est le jour du jugement. 3° C'est le premier jour
de la semaine. 4° C'est le Sabbat de l'Eternel.
La première réponse ne peut être la vraie ; car non seulement
elle rend mystique le terme jour, mais elle renferme l'absurdité
qu'il y a de représenter l'apôtre Jean écrivant aux chrétiens,
soixante-cinq ans après la mort de Christ, que la vision qu'il
venait d'avoir il l'avait eue dans la dispensation évangélique ;
comme s'il leur était possible d'ignorer que s'il était vrai qu'il avait
411 Voyez notre chapitre x.
412 Apoc. 1.9-11.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
175
eu une vision, cela devait avoir eu lieu dans la dispensation
existante.
La seconde réponse ne peut pas non plus être admise comme la
vraie. Car quoiqu'il soit vrai que Jean pût avoir une vision
CONCERNANT le jour du jugement, il est impossible qu'il ait
eu une vision EN ce jour-là, alors qu'il était encore futur. Si ce
n'est rien moins qu'une absurdité de lui faire dater sa vision de
l'île de Patmos, dans la dispensation évangélique, il devient une
fausseté positive de lui faire dire qu'il fut ravi en esprit en Patmos,
au jour du jugement.
La troisième réponse, que le jour du Seigneur est le premier jour
de la semaine, est aujourd'hui presque universellement reçue
comme la vérité ; tellement que, - fait unique en son genre, - alors
que l'original grec du Nouveau Testament porte en toutes lettres
xvecaxrj r1,uépa, littéralement, jour du Seigneur ou jour
seigneurial, trois versions françaises, celle de Martin, celle
d'Ostervald et celle de De Sacy, ont textuellement : « Et je fus ravi
en esprit UN JOUR DE DIMANCHE » !
On produit d'un air de triomphe le texte sous considération
comme complétant le temple de la sainteté du premier jour, et
prouvant au-delà de tout doute que ce jour est en réalité le Sabbat
chrétien. Pourtant, en examinant ce temple avec un soin tout
particulier, nous avons découvert que le fondement sur lequel il
repose n'est qu'un produit de l'imagination ; et que les colonnes
qui le soutiennent n'existent que dans l'esprit de ceux qui adorent
à ses autels. Il reste à voir si le dôme de ce temple, que l'on
prétend être fourni par ce texte, est plus réel que les colonnes sur
lesquelles il s'appuie.
Les faits suivants montreront que le premier jour de la semaine
n'a aucun droit au titre de jour du Seigneur
1° Comme ce texte ne définit point le terme jour du Seigneur, il
nous faut chercher ailleurs, dans la Bible, des preuves montrant
que le premier jour a droit à une désignation semblable.
2° Matthieu, Marc, Luc et Paul, les autres écrivains qui
mentionnent ce jour, n'emploient pour le nommer aucune
désignation autre que : le premier jour de la semaine, nom auquel
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
176
il avait droit comme l'un des six jours ouvriers. Cependant, trois
de ces écrivains le mentionnent au temps même où l'on dit qu'il
devint le jour du Seigneur ; et deux d'entre eux le mentionnent
aussi quelque trente ans après cet événement.
3° Tandis que l'on prétend que l'Esprit d'inspiration, en portant
simplement Jean à employer le terme jour du Seigneur, -quoiqu'il
ne mît en aucune façon le premier jour de la semaine en rapport
avec ce terme, - eût réellement l'intention d'en faire le titre propre
du premier jour de la semaine, fait remarquable, après que Jean
s'en fut retourné de l'île de Patmos, il écrivit son évangile413 ; et
dans cet évangile, il mentionna deux fois le premier jour de la
semaine ; pourtant, dans chacun de ces cas où il est certain que
c'était du premier jour qu'il était question, il n'est point employé
d'autre désignation que celle toute simple de premier jour de la
semaine. C'est là une preuve on ne peut plus convaincante que
Jean ne considérait point le premier jour de la semaine comme
ayant droit â ce nom, ou à tout autre comportant un caractère de
sainteté. 4° Ce qui décide encore davantage la question contre le
premier jour de la semaine, c'est que ni le Père ni le Fils n'ont

413 Dans son Commentaire sur l'Evang. de St Jean, M. F. GODET dit Ce qui suit sur la date de ce
livre : « Les Pères ne sont pas moins d'accord sur l'époque de sa composition. Irénée (Adv. Haer,
III, 1), Clément d'Alexandrie (Eus. VI, 14), Origène (Eus. VI, 25), Jérome (De Vir. ill. c. 9),
admettent que notre Evangile a été composé le dernier de tous. Il résulte de là sans doute, aussi
bien que de l'assertion qu'il a été composé en Asie, qu'ils lui assignent une date assez tardive dans
le cours du premier siècle, le séjour de Jean dans ces contrées ayant terminé la carrière de l'apôtre. »
Tome I, p. 85.
MORER dit que Jean « écrivit son Evangile deux ans après l'Apocalypse, et après son retour de
Patmos, ainsi que l'affirment St Augustin, St Jérome et Eusèbe. » Dialogues on the Lord’s Day, pp. 53,
54. A l'appui de cette opinion, l'on cite OLSHAUSEN, EWALD, DE WETTE, MEYER, REUSS,
THIERSCH, BUNSEN. « L'Apocalypse, dit M. GAUSSEN (Le Canon des Écritures, tom. I, p. 402),
n'a paru qu'après l'an 96 où mourut Domitien (le 18 septembre) et où Jean put enfin, comme tant
d'autres, sortir de sa captivité.
Domitien ayant été tué l'an 96 au mois de septembre, Nerva son successeur rappela tous les exilés
qui avaient été bannis par Domitien ; et St Jean revint à Ephèse l'an 97 de J.-C.... Les évêques et les
fidèles d'Asie lui ayant demandé avec empressement qu'il leur écrivît l'Évangile de ce qu'il avait vu
et ouï de notre Sauveur (Euseb. 1.6, c. 14, Hist. Eccles. Hieronym. in Matth. etc.), il se rendit à leurs
désirs… Il mourut à Ephèse (Aug. serm. 253, c. 4) d'une mort paisible, la troisième année de Trajan,
centième de Jésus-Christ. » - CALMET, Dict., tom. II, art. St Jean l'Évangéliste.
Dans son introduction à l'Évangile de St Jean, le Dr JOSEPH ANGUS (Manuel de la Bible, p.
558), dit : « D'après le témoignage général de l'antiquité, Jean écrivit son Evangile à Ephèse, vers
l'an 97, longtemps après la ruine de Jérusalem. » A l'appui de cette même opinion, voyez aussi
Religious Encyclopedia, BARNES' Notes (gospels), Bible Dictionary, Comprehensive Bible, Dr HALES,
HORNE, NEVINS.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
177
jamais placé le premier jour sur un plus haut pied qu'aucun des
six jours donnés à l'homme pour accomplir son travail.
5° Et ce qui complète l'évidence contre les prétentions du
premier jour à ce titre, c'est le fait que le témoignage allégué par
les défenseurs du premier jour pour prouver qu'il a été adopté par
le Très-Haut à la place du jour qu'il réclama une fois comme sien,
après avoir été examiné, paraît n'avoir aucune signification,
aucune portée semblable. En écartant la troisième réponse,
également, comme n'étant point en harmonie avec la vérité, l'on
peut proprement congédier avec elle le premier jour de la semaine
comme n'ayant aucun droit à notre considération comme
institution scripturaire.414
Que le jour du Seigneur soit le Sabbat de l'Eternel, c'est un fait
qu'établissent des preuves claires et certaines. L'argument est le
suivant : Lorsque Dieu donna à l'homme six jours de la semaine
pour travailler, il se réserva expressément le septième, sur lequel il
plaça sa bénédiction en mémoire du repos auquel il s'est lui-même
livré en ce jour, et dès lors, à travers toute la Bible, il l'a toujours
réclamé comme son saint jour. Comme il n'a jamais mis de côté
ce jour sacré et qu'il n'en a jamais choisi un autre, le Sabbat de
l'Eternel demeure son saint jour. Ces faits peuvent être retracés

414 L'Encyclopedia Britannica, dans son article sur le Sabbat, entreprend de prouver que
« l'observation religieuse du premier jour de la semaine est d'ordonnance apostolique. » Après
avoir cité et commenté tous les passages que l'on produit comme preuves sur ce point, elle fait
l'aveu ingénu que voici : « Il faut néanmoins reconnaître que ces passages ne sont pas suffisants
pour prouver l'institution apostolique du jour du Seigneur, ni même son observation apostolique. »
BUCK (Handwörterbuch) fait une déclaration tout analogue : « Ces preuves sont cependant pour
beaucoup absolument insuffisantes, et il faut avouer que l'on ne peut trouver dans lé Nouveau
Testament aucune loi relative au premier jour. »
L'absence de tout témoignage scripturaire relatif au changement du Sabbat est expliquée par
certains défenseurs de cette théorie, non point par le franc aveu qu'il n'a jamais été changé par le
Seigneur, mais en citant Jean 21.25, affirmant le changement du Sabbat comme une vérité
incontestable, mais qui fut laissée en dehors de la Bible, de crainte qu'elle ne rendît ce livre trop
volumineux ! Ils pensent en conséquence qu'il nous faut aller demander à l'histoire ecclésiastique
de nous apprendre cette partie de notre devoir ; ils ne voient point que tant que le quatrième
commandement demeure dans la Bible, non révoqué et non modifié, reconnaître que ce
changement doit être soutenu absolument en dehors de la Bible, c'est reconnaître que la
sanctification du premier jour est une tradition qui anéantit le commandement de Dieu. Dans des
chapitres ultérieurs, nous examinerons, cependant, patiemment, l'argument en faveur de
l'observance du premier jour, tiré de l'histoire ecclésiastique.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
178
par les passages suivants. Sur la fin du repos du Créateur, il est
dit :
« Et Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce
jour-là il s'était reposé de toute l'oeuvre qu'il avait créée pour être
faite. » 415
Après que les enfants d'Israël eurent atteint le désert de Sin,
Moïse leur dit au sixième jour :
« Demain est le repos, le Sabbat saint à l'Eternel. » 416
En donnant les dix commandements, le Législateur indique
comme suit ses droits sur ce jour :
« Le septième jour est le repos de l'Eternel, ton Dieu ; …car
l'Eternel a fait en six jours, les cieux, la terre, la mer et tout ce qui
est en eux, et il s'est reposé le septième jour ; c'est pourquoi
l'Eternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. » 417
Il donne à l'homme les six jours auxquels il avait lui-même
travaillé ; il se réserve comme sien le jour auquel il s'était reposé
de toute son oeuvre. Près de huit cents ans plus tard, Dieu parlait
comme suit par Esaïe le prophète :
« Si tu retires ton pied du SABBAT, et que tu ne fasses pas ta
volonté au JOUR QUI M'EST CONSACRÉ [dans MON SAINT
JOUR, Perret, Segond] ...alors tu jouiras des délices en l'Eternel,
et je te ferai passer à cheval par-dessus les lieux haut élevés de la
terre. » 418
Ce témoignage est parfaitement explicite ; le jour du Seigneur
est l'ancien Sabbat de la Bible. Le Seigneur Jésus affirme le droit
suivant :
« Le Fils de l'homme est Seigneur même du Sabbat. » 419
Ainsi, que ce soit le Père ou le Fils dont le titre soit ici employé,
le seul jour qui puisse être appelé « le jour du Seigneur », est le
Sabbat du grand Créateur. 420 Nous trouvons donc, à la fin de

415 Ge. 2.3.


416 Ex. 16.23.
417 Ex. 20.8-11.
418 Esa.58.13, 14.
419 Marc 2.27-28.
420 Un savant adversaire de l'observance sabbatique parle comme suit du terme jour du Seigneur

d'Apoc.1.10 : « S'il s'agit d'un des jours de la semaine, le seul jour qui justifie cette définition, soit
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
179
l'histoire biblique du Sabbat, deux faits d'un profond intérêt : 1°
Jean reconnaît expressément l'existence du jour du Seigneur à la
fin du premier siècle. 2° Il a plu au Seigneur du Sabbat de faire au
jour qui lui appartient l'honneur signalé de le choisir pour donner
à Jean la révélation qu'il avait lui-même été seul trouvé digne de
recevoir du Père.

dans l'Ancien soit dans le Nouveau Testament, c'est le samedi, le septième jour de la semaine. » -V.
B. TAYLOR (The Obligation of the Sabbath, p. 296).
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
180

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


181
CHAPITRE XII

LE SABBAT
A TRAVERS LES SIECLES
1er siècle :
« La substitution définitive du dimanche au sabbat n'arriva pas
d'un coup ; elle fut le résultat d'une lente évolution historique. »
Giovanni LUZZI, Fatti degli Apost., 1899, p.220.

« La transformation du sabbat en dimanche semble s'être


accomplie dans l'Eglise peu à peu d'une manière encore plus
inconsciente que consciente. » Louis THOMAS (Dr. Théol.
protest.), Le Jour du Seigneur, II, 1893, p. 22O.

« La résurrection et la passion de N.-S. étant les points


fondamentaux de la foi chrétienne, les chrétiens nés Juifs
ajoutaient à la sanctification du sabbat celle du dimanche, et
bientôt ils substituèrent l'une à l'autre. » Johann ALZOG, Histoire
universelle de l'Eglise, I, 1845, p. 172.

« Jésus et l'Eglise apostolique, loin d'abolir le sabbat, continuent


à l'observer... » Yves-Bernard TREMEL (O.P.), « Du sabbat au Jour
du Seigneur », in Lumière et vie, juillet 1962, t. XI, n°58, p. 30.

« La plupart des fidèles, à l'exemple de leurs frères d'Israël, se


contentèrent habituellement de célébrer le sabbat. - Beaucoup,
par respect pour la Synagogue, observaient avec elle le repos
sabbatique. - Ce changement s'opéra de lui-même et
insensiblement, à mesure que diminua le nombre des chrétiens
judaïsants fidèles à l'observance sabbatique. Le jour du Seigneur,
le dimanche, demeura seul voué au culte et au repos sacré. » H.-C.
FOUARD, Saint Paul, ses missions, 1898, p. 260-262.

« Les premiers chrétiens n'ont nullement eu l'idée de transporter


au dimanche ce qui était dit du sabbat dans le décalogue. » H.-C.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
182
FROGER, Histoire du Dimanche, Cahiers de la Vie Spirituelle, n.°11,
1er avril 1947, p. 519.

« ...l'Eglise primitive de Jérusalem et en général les judéo-


chrétiens observaient scrupuleusement le sabbat. Cela n'est pas
dit expressément, mais ressort indirectement de toute part, et du
reste ce n'est pas contesté. » Louis THOMAS (Dr. Théol.
protest.), Le Jour du Seigneur, II, 1893, pp. 108-109.

« On sait que les premiers chrétiens, en empruntant aux Juifs le


système de la semaine, leur avaient emprunté aussi l'habitude de
la sanctifier. A l'origine, ils célébraient le sabbat, puis
s'assemblèrent entre eux le lendemain. Quand ils se furent
nettement séparés des Juifs, ils renoncèrent au sabbat ; et leur
grand jour fut le dimanche, qu'on nomma le jour du Seigneur. »
Paul MONCEAUX, Hist. littéraire de l'Afrique, I, 1901, p. 23.

« Les disciples de Palestine célébraient scrupuleusement le


sabbat et les fêtes juives. » Edmond de PRESSENSE (théol. réf.
fr.), Le siècle apostolique, II, 1889, p. 244.

« Tandis que les judéo-chrétiens de Palestine retenaient toute la


loi mosaïque, et par conséquent les fêtes juives, les chrétiens
d'origine païenne observaient aussi le sabbat et la Pâque [...] Le
dimanche et le sabbat étaient célébrés ; ce dernier toutefois sans la
superstition juive. » J.-K.-L. GIESELER, A Compendium of eccles.
hist., I, 1846, 1ère section, chap. 2, § 30, p. 92-93 ; sect. 2, chap. 3, §
53, pp. 177-178.

« Les chrétiens primitifs avaient une grande vénération pour le


Sabbat, et ils passaient ce jour dans des exercices de piété et en
écoutant des sermons. Sans aucun doute, ils reçurent cette
habitude des apôtres eux-mêmes, ce que plusieurs passages des
Saintes Ecritures font ressortir. » T.H. MORER (théol. anglic.),
Six Dialogues on the Lord's Day, 1701, p. 189.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


183
« Les premiers chrétiens, au
temps où ils étaient encore
presque tous groupés dans la
capitale juive, prenaient part
au culte du temple, mais sans
préjudice de leurs réunions
spéciales, celles de la
synagogue nouvelle qu'ils
avaient constituée dès les
premiers jours. En dehors de
Jérusalem, la plus haute expression de leur vie religieuse collective
était, comme pour les Juifs, la réunion hebdomadaire de la
synagogue.
Ces réunions avaient lieu le samedi. De très bonne heure les
chrétiens adoptèrent le dimanche. Il est possible que, tout à fait à
l'origine, le choix de ce jour n'ait été dicté par aucune hostilité à
l'égard des habitudes juives et que l'on ait tenu seulement à avoir,
à côté de l'antique sabbat, que l'on célébrait avec ses frères en
Israël, un jour consacré à des réunions exclusivement chrétiennes.
L'idée de transporter au dimanche la solennité du sabbat, avec
toutes ses exigences, est une idée étrangère au christianisme
primitif. Cela est surtout vrai en ce qui regarde la prohibition du
travail, mais pour le culte proprement dit cela est vrai encore. Le
dimanche a été d'abord juxtaposé au sabbat ; à mesure que
s'élargit le fossé entre l'Eglise et la Synagogue, le sabbat devint de
moins en moins important ; il finit même par être complètement
négligé. » L. DUCHESNE (Mgr.), Origines du culte chrétien, 1909,
pp. 46-47.

« Les premiers chrétiens, qui étaient des juifs, continuèrent de


consacrer à Dieu le sabbat ou samedi. Mais, de très bonne heure,
ils s'émancipèrent, sur ce point de la coutume juive et fixèrent
leurs réunions de prières au dimanche (qu'observaient les
mithriastes). » A. HOUTIN, Courte histoire du Christianisme, 1924,
pp. 28-29.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


184
« De plus, le peuple de l’Eglise de Jérusalem reçut, grâce à une
prophétie transmise par révélation aux notables de l’endroit,
l’ordre de quitter la ville avant la guerre et d’habiter une ville de
Pérée, nommée Pella. Ce furent là que se transportèrent les
fidèles du Christ, après être sortis de Jérusalem de telle sorte que
les hommes saints abandonnèrent complètement la métropole
royale des Juifs et toute la terre de Judée. » Eusèbe de Césarée,
Histoire Ecclésiastique, 1952, Livre III, V, 1-3, pp. 102-103.

« La destruction du temple de Jérusalem eut sur les destinées de


l’Eglise chrétienne une influence considérable. Désormais
l’observance des rites mosaïques devenait impossible dans ses
éléments les plus essentiels. Le sacerdoce d’Aaron, le sacrifice
perpétuel, et les rites secondaires qui en dépendaient, tombaient à
la fois, non plus seulement en droit, mais en fait. Les chrétiens
n’avaient pas été les témoins de chute suprême de la Ville sainte.
En voyant les enseignes romaines arborées autour de la cité, ils
s’étaient souvenus des conseils du Maître : « Quand vous verrez
l’abomination de la désolation prédite par le prophète Daniel, que
ceux qui habitent la Judée s’enfuient vers les montagnes. » Ils
s’étaient retirés dans la ville de Pella, en Pérée, près de la rive
gauche du Jourdain. Ils y vécurent pauvrement de leurs épargnes,
pleins de confiance dans l’immortelle vitalité de leur Eglise… »
Fernand MOURRET (Prof. d’Histoire au Séminaire St-Sulpice,
Histoire générale de l’Eglise, les Origines chrétiennes, I, 1924, p. 124.

L’historien catholique Paul Allard nous rapporte les faits


suivants au sujet de cette communauté chrétienne de Pella :
« … les chrétiens de Jérusalem étaient restés attachés aux mœurs
de leurs pères et à tout ce qui, dans les rites mosaïques, pouvait se
concilier avec le christianisme. Revenue, après 70, de sa retraite de
Pella, l’Eglise de la ville sainte avait repris, à Jérusalem ou dans les
pays environnants, son ancien genre de vie, observant le sabbat,
les jeûnes légaux, la circoncision. » Histoire des persécutions, I, p. 275.

2ème siècle :
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
185
« Il s'en faut de beaucoup que la célébration sabbatique par les
chrétiens ait partout cessé au début du IIe siècle. Longtemps
encore, il exista des communautés dans lesquelles sabbat et
dimanche coexistèrent. » Abbé G. JACQUEMET, Catholicisme,
1957, III, col. 815.

« Le sabbat semble se fêter encore, puisqu'on le prépare le


vendredi [...] On prépare semble-t-il encore le sabbat [...] il n'est
pas dit que le sabbat fût abandonné comme jour de prière. »
Maxime GORCE, Les Bases du Christianisme, 1953, pp. 319, 322.

3ème siècle :
« En matière de génuflexion,
une différence de pratique
trouble la prière, à cause d'une
poignée de gens qui ne
s'agenouillent pas le jour du
sabbat. » TERTULLIEN, De
oratione, chap. 23.

« Ainsi au temps de Tertullien,


1 Il y avait, dans l'Eglise, des
chrétiens qui ne voulaient
s'agenouiller pas plus le samedi
que le dimanche ; 2 d'autres
prolongeaient au samedi le
jeûne du vendredi; 3 par contre, les montanistes eux-mêmes, si
rigides qu'ils fussent, exceptaient de leurs semaines de jeûne le
samedi et le dimanche. - On voit donc se dessiner déjà deux
courants distincts pour la célébration chrétienne du samedi : d'un
côté, on s'agenouille et on jeûne ; de l'autre, on ne s'agenouille pas
et, même dans les périodes extraordinaires de jeûne, le jour fait
exception, comme le dimanche. Ces deux courants se
caractériseront plus tard le premier comme surtout occidental et
romain ; le second, comme surtout oriental. Telles sont les
premières données sur une célébration postérieure du samedi
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
186
dans l'ensemble de l'Eglise. Nous ne parlons pas en effet des
sectes judaïsantes, car il est évident qu'elles observaient le sabbat.
Les unes, plus strictes et plus renfermées en elles-mêmes, s'en
tenaient à la célébration de ce jour ; les autres, plus libres et plus
désireuses d'exercer de l'influence, observaient aussi le dimanche ;
mais leur influence fut obstinément repoussée par les grandes
Eglises de l'Orient et de l'Occident. » Louis THOMAS (Dr.
Théol. protest.), Le Jour du Seigneur, II, 1893, p. 182.

« Nous savons par Grégoire de Nazianze que les hypsistariens


célébraient le sabbat ..., de même qu'ils observaient la distinction
des viandes. Enfin les Hypsistariens repoussaient le culte des
idoles pour honorer le Dieu unique. » Fernand BOULENGER,
Grégoire de Nazianze, Discours funèbres, 1908, p. LVIII.

« L'Eglise chrétienne tendit de bonne heure à proscrire la


pratique du sabbat, quoiqu'il fût encore très répandu au IIIè
siècle. » Henri LECLERCQ, Sabbat, Dict. d'Archéologie chr. et de
Liturgie, XV, I, 1950, col. 217.

« Le sabbat a été observé religieusement dans l'Eglise orientale


plus de trois cents ans après la passion de notre Sauveur. »
Edward BREREWOOD (protest.), A Learned Treatise on the
Sabbath, 1630, p. 77.

4ème siècle :
« Depuis le temps des apôtres jusqu'au concile de Laodicée, qui
eut lieu vers l'an 364, la sainte observation du Sabbat des Juifs a
été maintenue, comme on peut le prouver par plusieurs auteurs. »
John LEY, Sunday a Sabbath, pp. 163-164.

L'observation du dimanche n'a pas remplacé immédiatement


celle du sabbat. Il faut attendre environ 3 à 4 siècles pour que le
dimanche soit observé de façon générale.
Vers l'an 400, CHRYSOSTOME observait : « Il en est
beaucoup parmi nous qui jeûnent les mêmes jours que les juifs,
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
187
qui même observent comme eux le sabbat. » Commentaire sur
Galates, 1. Et dans Comm. sur Galates, II, 6 : « Aujourd'hui même,
bien qu'on ne reçoive pas la circoncision, on jeûne, on observe le
sabbat avec les juifs, on se livre aux mêmes pratiques, se
dépouillant ainsi de la grâce. »

« En Orient... on célébrait dans les premiers siècles, outre le


dimanche, le sabbat, et s. Grégoire de Nysse (mort en 394)
nomme encore ces deux jours frères. » J. KOESSING,
Dictionnaire encyclopédique de la Théologie Catholique, VI, 1869, art.
dimanche, p. 319.

« Il est un fait historique : le sabbat n'est pas disparu en tant que


jour de culte chrétien jusque tard dans le IVe siècle ou au Ve
siècle. » C.W. DUGMORE, « Lord's Day and Easter »,
Neotestamentica et patristica, 1962, p. 279.

« Aux IVe et Ve siècles, la plupart des chrétiens ont continué


d'observer à la fois le sabbat et le dimanche. » Robert-A. KRAFT
(advent.), Some notes on Sabbath Observance in early Christianity, III,
1965, p. 53.

« Dans la plupart des églises d'Orient, et à leur imitation celle de


Milan, on continua de fêter le samedi comme le dimanche, par
des assemblées religieuses où l'on prêchait et où l'on célébrait la
communion, en évitant surtout de jeûner ce jour-là. » Etienne
CHASTEL, Histoire du Christianisme, II, 1885,
p. 207.

« On sait que les chrétiens ont longtemps


célébré le jour du sabbat concurremment avec
le premier jour de la semaine. » Georges
FAYOT, Etude sur les Thérapeutes, 1889, p. 82.

5ème siècle :
Voici ce qu'écrit SOCRATE vers 440 :
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
188
« Bien que toutes les sociétés chrétiennes du monde célèbrent
les saints Mystères tous les Samedis de chaque semaine, les fidèles
d'Alexandrie et de Rome ne les célèbrent point ce jour-là, selon
une ancienne tradition. Les Egyptiens qui sont voisins
d'Alexandrie, et ceux qui habitent la Thébaïde s’assemblent le
samedi... Le Jeudi et le Vendredi que l’on appelle la préparation ;
c’est-à-dire la veille du jour du Sabbat, on lit la sainte Ecriture
dans l’Eglise d’Alexandrie... » Histoire de l’Eglise, 1686, Livre V,
chap. 22, p. 342, Migne, Patrologie grecque, 1864, LXVII, col. 635.

Vers la même époque, SOZOMENE écrit : « A Constantinople


et dans d'autres villes, contrairement à l'usage de Rome et
d'Alexandrie, on se réunit le sabbat, ainsi que le jour suivant. »
Histoire ecclésiastique, VII, 19, 8, MIGNE, P. G., LXVII, col. 1477-
1478.

« Les Eglises judéo-chrétiennes, tout en adoptant le dimanche,


ne cessèrent pas d'observer le sabbat. C'est à elles qu'il faut faire
remonter la coutume, devenue bientôt générale en Orient, de ne
jamais jeûner le samedi et de se tenir debout ce jour-là pendant
les prières faites à l'église. Au contraire, en Occident et surtout à
Rome, où une opposition énergique était faite alors aux idées
judéo-chrétiennes, la coutume de consacrer le samedi au jeûne
prévalut peu à peu. » E. BACKHOUSE et C. TYLOR, L'Eglise
primitive jusqu'à la mort de Constantin, 1886, pp. 135-136.

« Même jusqu'au cinquième siècle, l'observation du Sabbat juif a


été continuée dans l'église chrétienne... Pendant les premiers
siècles de l'église, le dimanche ne fut jamais appelé "le Sabbat" ;
ce titre fut réservé exclusivement au septième jour de la
semaine. » L. COLEMAN (protest.), Ancient Christianity
Exemplified, 1852, ch. 26, 2ème section, p. 527.

6ème siècle :
« Nous voyons Grégoire le Grand s'emporter contre ceux qui se
permettaient de chômer le samedi, les appelant sectateurs de
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
189
l'antichrist. » E. CHASTEL, Hist. du Christianisme, II, 1885, pp.
207-208.

« Grégoire, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses très chers fils


les citoyens romains. Il est venu à mes oreilles que certains
hommes à l'esprit perverti ont semé parmi vous des choses
fausses et contraires à la sainte foi, prohibant toute œuvre
quelconque le jour du sabbat. » GREGOIRE LE GRAND, in
MIGNE, Patrologie grecque, LXXVII, 1862, col. 1253.

L'observation du sabbat
en Ecosse et en Irlande est
attestée par de nombreux
historiens.
Colomban (525-616), le
pieux moine de l’abbaye
de Bangor, en Irlande, et
d’Iona, en Ecosse, qui osa
censurer les débordements
de Brunehaut, et qui, suivi
de douze compagnons (dont S. Gall), évangélisa les Vosges, la
Gaule, l’Helvétie, la Lombardie, baptisait le roi Agitulf, et tenait
tête au pape Boniface IV, - considérait le samedi comme le jour
du sabbat. Sur son lit de mort, il fit cette déclaration : « Ayant
continué son labeur en Ecosse 34 ans durant, il annonça
clairement et ouvertement sa mort, et le samedi 5 juin dit à son
disciple Diermit : « Ce jour dans les Saintes Ecritures est appelé le
Sabbat, ce qui signifie repos. Et ce jour est aussi un sabbat pour
moi, car il est le dernier jour de ma vie laborieuse » Rev. Alban
BUTLER, The Lives of the Fathers, Martyrs, and the Principal
Saints, 1902, IV, p. 534. Cité également par ADAMNAN, Life of
Saint Colomban, 1874, p. 96.
« Il semble qu'il a été d'usage dans les églises celtiques des temps
anciens, en Irlande aussi bien qu'en Ecosse, d'observer le samedi,
le sabbat juif, comme jour de repos... On se conformait

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


190
littéralement au commandement relatif au septième jour de la
semaine. » J.-C. MOFFAT, Church in Scotland, 1883, p. 140.
« On travaillait le dimanche, mais l'on observait le samedi d'une
manière sabbatique. » Andrew LANG, A Hist. of Scotland, 1900, I,
p. 96.
« Dans cette affaire les Ecossais ont sans doute conservé l'usage
traditionnel de l'ancienne Eglise d'Irlande qui observait le samedi,
plutôt que le dimanche, comme jour du repos. » A.
BELLESHEIM, Hist. of the cath. Church of Scotland, 1887, I, p. 250.
L'observation du sabbat s'est maintenue dans ces pays jusqu'au
XIe siècle.

7ème siècle :
Le sabbatisme apostolique nous est encore confirmé par
l’implantation du christianisme en Chine au septième siècle. Ce
fait a été mis à jour par la découverte de la fameuse stèle de Si-
ngan-fou en 1625 par des ouvriers chinois.
« En 1625 des ouvriers chinois creusaient les fondements d'une
maison en dehors des murs de la ville de Si-ngan-Fou, capitale de
la province du Chen-si. Ils trouvèrent enfoncée dans la terre une
grande monumentale, semblable à celles que les Chinois ont
l’habitude d’élever pour conserver à la postérité le souvenir des
événements remarquables et des hommes illustres. La table de
marbre était de couleur foncée ; elle avait dix pieds de haut et
cinq de large. Sur une de ses faces étaient gravées une croix et une
inscription en ancien chinois. On remarquait aussi d’autres
caractères tout à fait étrangers à la Chine. Cette découverte excita
l’attention des mandarins et de la population de la contrée. La
pierre fut exposée en public et visitée par une foule de curieux.
Plusieurs missionnaires jésuites, répandus à cette époque dans les
missions de la Chine, allèrent l’examiner. Le P. Alavès Sémédo en
prit connaissance le premier, puis vinrent les PP. Martin Martini,
auteur de l’Atlas chinois, et Michel Boym, Polonais, qui en
entreprit l’interprétation avec l’aide d’un lettré chinois.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


191
A la nouvelle de cette curieuse
découverte, le gouvernement de
Péking fit demander une copie de
l’inscription, et l’empereur donna
ordre que l’original fût placé de lieue
de Si-ngan-Fou, où sans doute on
pourrait la retrouver. Plusieurs copies
calquées exactement sur la pierre,
furent envoyées en Europe par des
jésuites qui se disaient témoins
oculaires de toutes ces choses. La
bibliothèque de leur maison, à Rome,
posséda de bonne heure une de ces
copies, qui attira de nombreux
visiteurs, et plus tard une autre copie
authentique, dans les dimensions du
monument, fut envoyée à Paris et
déposée à la bibliothèque de la rue
Richelieu, où on peut la voir encore
aujourd’hui dans la galerie des
manuscrits.
Ce monument, retrouvé par hasard
parmi des décombres, aux environs
d’une ancienne capitale de l’empire
chinois, excita un grand émoi dans le monde. Car en examinant
cette pierre, en cherchant à expliquer l’inscription on apprit, avec
surprise, que la religion chrétienne avait eu de nombreux apôtres
en Chine au commencement du septième siècle et qu’elle y avait
été longtemps florissante. Les caractères étrangers se trouvèrent
être des caractères estranghélos dont se servaient les anciens
syriens...
Il est dit sur la pierre monumentale retrouvée à Si-ngan-Fou
qu’un religieux nommé Olopen, homme d’une éminente vertu,
vint en 635 du Ta-Thsin ou empire romain à Si-ngan-Fou.
L’empereur envoya ses officiers au-devant de lui jusqu’au
faubourg occidental, le fit introduire dans son palais et ordonna
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
192
qu’on traduisît les saints livres qu’il avait apportés. Ces livres
ayant été examinés, l’empereur jugea que la doctrine en était
bonne et qu’on pouvait les publier. Le décret qu’il donna en cette
circonstance est cité dans l’inscription. On y dit, à la louange de la
doctrine enseignée par Olopen, que la loi de vérité, éclipsée à la
Chine au temps de la dynastie des Tcheou, et portée dans
l’occident par Lao-Tze, semble revenir à sa source primitive, pour
augmenter l’éclat de la dynastie régnante. Cette doctrine proclame
qu’Aloho, c’est-à-dire Dieu en langue syrienne, créa le ciel et la
terre, et que, Satan ayant séduit le premier homme, Dieu envoya
le Messie pour délivrer l’humanité du péché originel ; qu’il naquit
d’une Vierge dans le pays de Ta-Thsin et que des Persans vinrent
l’adorer, afin que la loi et la prédiction fussent accomplies...... Les
caractères syriaques formant quatre-vingt-dix lignes contiennent
les noms des prêtres syriens qui étaient venus en Chine, à la suite
d'Olopen...
Le préambule de l’inscription est surmonté de la figure d’une
croix gravée dans la pierre, semblable à la croix des chevaliers de
Malte et à celle retrouvée dans le tombeau de saint Thomas aux
Indes. » Abbé HUC, Le christianisme en Chine, en Tartarie et au
Thibet, 1857, I, p. 48-52.
L’inscription donne des détails curieux sur l’extension du
christianisme en Chine, et contient ce qui suit au sujet du jour du
repos observé par ces chrétiens chinois :
« Le septième jour nous offrons le sacrifice, après avoir purifié
nos cœurs et reçu l’absolution de nos péchés. Cette religion si
parfaite et si excellente est difficile à nommer. Elle éclaire les
ténèbres par son brillant précepte ; on la nomme religion
lumineuse. » idem, p. 56-57.

1-12ème siècle :
Dans des pays au-delà de la juridiction de Rome, il existait
pendant bien des siècles des ordres de chrétiens qui restèrent
presque entièrement en dehors de la corruption papale. Ils étaient
entourés de païens, et furent affectés, plus ou moins, par leurs
erreurs ; cependant ils continuèrent à considérer la Bible comme
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
193
leur seule règle de foi, et s’attachèrent à plusieurs de ses vérités.
De telles églises existèrent en Europe, en Afrique centrale, et
parmi les Arméniens de l’Asie.
Les Vaudois furent parmi les
premiers et les plus avancés de
ceux qui résistèrent aux
usurpations du pouvoir papal.
Leur Antiquité : parmi les
dissidents de l’Eglise de Rome,
dans la période obscure du
Moyen-Age, on doit donner la
première place aux Vaudois, tant à
cause de leur antiquité, qu’à cause
de la grande étendue de leur
influence et de leur doctrine.
Quant à l’antiquité de leur origine,
David Benedict cite les paroles de
leurs ennemis, comme suit :
« Nous avons déjà observé avec Claude Seyssel, l’archevêque
papiste, qu’un Léo fut accusé d’avoir fait naître l’hérésie vaudoise
dans les vallées, aux jours de Constantin le Grand. Quand ces
mesures sévères émanèrent de l’empereur Honorius contre ceux
qui rebaptisaient, les baptistes quittèrent le siège de l’opulence et
du pouvoir, et cherchèrent des retraites dans le pays et dans les
vallées du Piémont. » David BENEDICT, A General History of the
Baptist Denomination in America, 1848, p. 32-33.
Claude de Seyssel, archevêque de Turin, écrit à propos des
Vaudois : « Ils supposent que leur secte, au temps de Constantin-
le-Grand, prit naissance d’un certain Léon, homme très religieux,
qui, détestant l’avarice de Sylvestre, alors pontife de la ville de
Rome, et les largesses immodérées de Constantin, préféra suivre
la voie de la pauvreté, en simplicité de foi, que de se souiller avec
Sylvestre d’un gras et riche bénéfice; et tous ceux qui avaient des
sentiments droits pour la religion chrétienne s’étant unis à lui, ils
suivirent l’exemple des apôtres et transmirent de main en main à
leur postérité le code du vrai christianisme. » Claude de
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
194
SEYSSEL, Archiepiscopi Taurinensis, adversus Valdenses disputationes,
Taurini, 1518, p. 517, cité par A. MUSTON, Origine et nom des
vaudois, 1834., p. 267-268.
Reinerius Saccho, un écrivain papiste ancien bardes ayant vécu
dans les vallées, écrivit en 1250 un traité contre les vaudois :
« Il n’y a point de secte aussi dangereuse que les Léonistes, pour
trois raisons : premièrement, c’est la plus ancienne secte –
quelques-uns disent qu’elle est aussi vieille que Sylvestre, d’autres,
que les apôtres eux-mêmes ; secondement, elle est très
généralement disséminée : il n’y a pas de pays où elle n’est pas
pris pied ; troisièmement, tandis que les autres sectes sont
profanes et blasphématoires, celle-ci retient la plus grande
apparence de piété ; ils vivent justement devant les hommes et ne
croient rien, à l’égard de Dieu, qui ne soit pas bon. » Maxima
Bibliotheca Veterum Patrum et Antiquarium scriptorum Ecclesiasticorum,
édité par Marguerin de la BIGNE, Lugduni, 1677, Tome 25, p.
264.
William Jones donne l’exacte opinion de Saccho comme suit :
« Leurs ennemis confirment leur grande antiquité. Reinerius
Saccho, un inquisiteur et un de leurs plus cruels persécuteurs, qui
vivait seulement quatre-vingts ans après Valdo [A.D. 1160],
admet que les Vaudois prospérèrent cinq cent ans avant ce
prédicateur. Gretser, le Jésuite, qui écrivit aussi contre les
Vaudois, et qui avait examiné le sujet pleinement, admet non
seulement leur antiquité, mais il déclare être fermement persuadé
que les Toulousains et les Albigeois, qui furent condamnés en
1177 et 1178 ne
pouvaient être
d’autres que les
Vaudois. » William
JONES, The History of
the Christian Church,
from the Birth of Christ
to the Eighteenth
Century, 1818, II, p. 5-
6.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
195
Le président Edwards déclare :
« Un des écrivains papistes, parlant des vaudois, dit : L’hérésie
des vaudois est la plus ancienne hérésie du monde. On suppose
qu’ils se retirèrent d’abord en cet endroit parmi les montagnes
dans le but d’échapper aux rigoureuses persécutions païennes qui
eurent lieu avant Constantin le Grand. Et ainsi la femme s’enfuit
dans le désert de devant le serpent. Apoc. 12.6, 14. » EDWARDS,
History of Redemption, période III, part. IV, sec. 2.
David Benedict fait d’autres citations concernant leur origine :
« Théodore Belvèdre, moine papiste, dit que cette hérésie a
toujours existé dans les vallées. Dans la préface de la Bible
française les traducteurs disent qu’ils [les Vaudois] ont toujours eu
une pleine jouissance de la vérité céleste contenue dans les saintes
Ecritures depuis qu’ils en furent enrichis par les Apôtres ; ayant
préservé en beaux Manuscrits la Bible entière dans leur propre
langue de génération en génération. » BENEDICT, p. 33.
« Ce que nous voudrions savoir, mais que nous ignorons, c'est
l'époque précise à laquelle le nom de Vaudois leur fut donné.
Dès l’origine, disent quelques-uns, ce nom ne fut sans doute
employé que pour les distinguer d’avec leurs voisins et plus tard
pour montrer que leurs opinions religieuses différaient de celles
des autres habitants du pays.
D’après Chaix, Théodore de Bèze et tant d’autres, le nom de
Vaudois dérive de vaux ou vallées et non de Valdo qui a au
contraire tiré le sien de ces vallées. Ce qui nous porte à croire que
ces auteurs ont raison, c’est ce que dit des Vaudois l’inquisiteur
Reinerus. « Les pauvres de Lyon, dit-il, ou les Vaudois qu’il prend
pour les mêmes, sont depuis le temps du pontificat de Sylvestre
ou même des temps apostoliques (Léger, p.170). »
Eberard de Béthune, en 1160, dit en parlant des hérétiques que
certains d’entre eux s’appellent vallenses, parce qu’ils habitent
dans une vallée de douleurs ou de larmes. (Maxima Bibliothec.
P.P., T.24.)
Bernard, abbé de Fontcald, s’exprime ainsi : « Pendant que le
pape Lucius était chef de l’Eglise romaine, de nouveaux
hérétiques levèrent subitement la tête. Ils reçurent un nom qui
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
196
était le présage de leur avenir. Ils furent appelés Valdenses, d’une
vallée sombre et touffue. »
Il est de toute évidence que P. Valdo n’a pas été l’auteur de cette
révolution religieuse qui éclata en France avant le douzième
siècle, et la vérité, c’est qu’il ne commença à prêcher l’Evangile
que vers l’an 1181. Les écrivains catholiques eux-mêmes ne nous
ont-ils pas fourni la preuve que le nom de Vaudois vient de leurs
vallées ? » Louis BRUNEL, Les Vaudois des Alpes Françaises et de
Freissinières en Particulier, 1890, p. 10-11.
« Un autre docteur mais allemand, de la Communion de Rome,
aussi nommé Reinerius, que la plupart des historiens ont, par
inadvertance, confondu avec le sus-dit inquisiteur… voici
comment il parle … quoi qu’il y ait eu dans le monde un grand
nombre de sectes différentes d’hérétiques, il ne s’en est jamais
élevé de plus pernicieuse à l’Eglise que celle des pauvres de Lyon,
ou autrement Vaudois : parce qu’elle est la plus ancienne, car elle
est déjà sur pied depuis le temps de Sylvestre, ou même des
apôtres…
Ajoutons à ces grandes et illustres dépositions, celle d’un grand
pontife, je veux dire d’Æneas Sylvius, pape de Rome sous le nom
de Pie II, grand ennemi des Vaudois, telle que nous la lisons en
son Histoire de Bohème au chap. 35, comme aussi dans les
Commentaires de Jacob Picolomineus, au livre 6, chez Antoine
Bouzin, en son Œuvre des affaires de Hongrie ; et aux décades de
Luxembourg au Catalogue des Hérétiques au titre Valdenses ; il
parle de ceux de Bohème qui s’étaient retirés de l’obéissance de
l’Eglise romaine, et les faisant descendre des anciens Vaudois. Ils
ont (dit-il) commencé à aboyer contre tous les prêtres, et se
séparant de l’Eglise Catholique, ont embrassé la secte impie des
Vaudois, de cette faction pestilente, et dès longtemps condamnée.
Joignons au témoignage de ce pape, celui d’un concile : Petrus
Cœnobii Vallis Sernensis, cap. 66. Inst. Albigensium, insère les Lettres
du Synode de la Vaux, au insère les Lettres du Synode de la Vaux,
au Pape Innocent, pour exciter ce Pape à achever d’exterminer les
pauvres Vaudois des Provinces du Languedoc, de Provence, et du
Dauphiné, dans lesquelles ce beau Synode boute-feu, ne trouve
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
197
point de plus fort argument pour porter sa Sainteté à l’exécution
de ce malheureux dessein, que de lui remontrer, qu’il s’agit de…
cette peste d’hérésie, est d’ancienneté, il y a longtemps, et dès les
temps anciens : certainement un tel Synode écrivant à un si grand
Pape, n’eût jamais tenu ce langage, si cette doctrine eût été
nouvelle, dans le XIIIe siècle, auquel il écrivait, ni même s’il en eût
su donner l’origine, et en trouver les premiers auteurs.
Enfin écoutons encore deux autres témoins contre lesquels
Rome ne puisse avoir aucune exception.
Samuel Cassini, fameux religieux italien de l’ordre de S.
François, écrivant expressément contre les Vaudois des Vallées de
Piémont, déclare hautement au commencement de son Livre,
intitulé Vittoria triumfale, imprimé à Coni en Piémont l’an 1510.
Que les erreurs des Vaudois consistaient en ce qu’ils niaient que l’Eglise
Romaine fut la Sainte Mère Eglise, et n’avaient jamais voulu obéir aux
traditions : que pour le reste ils reconnaissaient l’Eglise chrétienne, et que
quant à lui il ne pouvait pas nier qu’ils eussent toujours été, et ne fussent
membres de l’Eglise chrétienne. » Jean LEGER, Histoire générale des
Eglises Evangéliques des Vallées de Piémont ou Vaudoises, 1649, p. 170,
172.
« Un éclatant témoignage de l’ancienneté de l’Eglise vaudoise se
trouve dans les écrits originaux (manuscrits) que possède cette
Eglise, dès l’an 1100, 1120, 1126 et 1230, dates antérieures (pour
les originaux) de 50 ans au moins à la manifestation religieuse
dirigée par Pierre Valdo. Ces ouvrages en vers et en prose, en
langage roman ou vaudois, forment le souche d’un grand nombre
de productions semblables, dues au même esprit, écrites dans le
même dialecte ou en latin, à des époques différentes, mais
presque toutes antérieures à la réformation du XVIe siècle.
C’est à l’historien et pasteur vaudois, Léger, que l’on doit la
conservation de ces précieux documents de la piété et de l’antique
origine de l’Eglise vaudoise. Prévoyant peut-être l’orage qui se
formait contre elle, et qui, après avoir grondé avec fracas de son
vivant, se termina par le désastre lamentable de 1686, Léger
recueillit les écrits des Vaudois et les remit, en 1658, à lord
Morland, ambassadeur anglais à la cour de Turin. Ce dernier les
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
198
emporta en Angleterre, où ils furent déposés dans la bibliothèque
de Cambridge. » Antoine MONASTIER, Histoire de l’Eglise
Vaudoise depuis son origine et des Vaudois du Piémont jusqu’à nos jours,
1847, I, p. 100-101.
Robert Olivétan, ce grand personnage, qui a fait la traduction et
l’impression à Neufchâtel en Suisse en 1537 de la première Bible
française, déclare en préface :
« Ce pauvre peuple a toujours eu l’entière jouissance et fruition
du trésor céleste de la vérité conservée des Saintes Ecritures,
depuis que jadis il en fut doué et enrichi par les SS. Apôtres de
Jésus-Christ notre Seigneur… C’est le petit canton inexpugnable,
la petite bande invincible, la petite armée victorieuse de Jésus-
Christ, à laquelle comme un vrai
Chef de Guerre il a donné courage
et hardiesse par sa sapience, et en a
chassé toute frayeur et crainte par
sa vive et vigoureuse parole. »
LEGER, p. 165.
« Les frères du Piémont eurent
toujours conscience de leur origine
et de leur histoire se rattachant tout
entière à ces vallées. Dès le
quatorzième siècle, lorsque le pays
fut envahi et qu’ils eurent à
négocier avec les autorités des pays
voisins, ils affirmèrent
constamment cela. Aux princes de Savoie qui eurent le plus
longtemps affaire avec eux, ils déclarèrent, sans redouter la
contradiction, l’uniformité de leur foi de père en fils, et de cela de
temps immémorial, soit dès l’âge apostolique. En 1544, ils dirent
au roi de France, François Ier : Cette confession est celle qui nous
a été transmise par nos ancêtres, de la main à la main, comme cela
avait été enseigné et pratiqué en tout temps par nos
prédécesseurs ». Quelques années plus tard, ils dirent encore au
prince de Savoie : « Que votre Altesse veuille bien considérer que
la religion que nous pratiquons ne date ni d’aujourd’hui, ni de
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
199
quelques années en arrière, comme le prétendent nos ennemis.
C’est la religion de nos pères et de nos grands-pères, voire de nos
ancêtres les plus reculés. Elle remonte aux saints et eux martyrs,
aux confesseurs et aux apôtres. » Lorsque les Vaudois prirent
contact avec les réformateurs du seizième siècle, ils dirent : « Nos
ancêtres nous ont souvent raconté que nous existions depuis le
temps des apôtres. Cependant en toutes choses nous sommes
d’accord avec vous et pensons comme vous. Depuis les jours
apostoliques nous sommes restés fermes quant à la foi ». E.H.
BROADBENT, L’Eglise ignorée, s.d., p. 97.
Lors de leur retour dans leurs vallées, en 1689, leur chef, Henri
Arnaud déclarait : « La religion des Vaudois est aussi ancienne
que leur nom est vénérable ; c’est ce que leurs adversaires ont été
obligés, par le témoignage de la vérité, d’avouer eux-mêmes… En
effet, on peut dire sans exagération, et sans aucunement imposer
au public, que ces Vaudois sont de ces réchappés d’Italie,
lesquels, du temps que l’apôtre saint Paul y prêchait Christ
crucifié, abandonnèrent ce beau pays, pour se retirer, à l’exemple
de la femme du 12 de l’Apocalypse, dans les montagnes de leurs
vallées, où ils ont depuis demeuré de père en fils jusqu’à présent,
dans la pureté et simplicité de leur religion, c’est-à-dire de
l’Evangile que prêchait alors S. Paul. » Henri ARNAUD, Histoire
de la Glorieuse Rentrée des Vaudois dans leurs vallées du Piémont, 1710,
p. 25, 26-27.
Leur vaste extension : les Vaudois se répandirent grandement
dans les pays de
l’Europe. A ce sujet,
David Benedict parle
ainsi :
« Au treizième siècle,
d’après les récits
d’historiens catholiques
qui tous parlent des
Vaudois en termes de
plainte et de reproche,
ils avaient fondé des églises particulières, ou bien s’étaient
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
200
répandus en colonies, en Italie, Espagne, Allemagne, dans les
Pays-Bas, en Bohème, Pologne, Lithuanie, Albanie, Lombardie, à
Milan en Romagne, à Vicence, Florence, Veleponetine,
Constantinople, Philadelphie, en Esclavonie, Bulgarie, Diognitie,
Livonie, Sarmatie, Croatie, Dalmatie, Briton et Piémont. »
BENEDICT, p. 31.
Le Révérend Samuel Edgar cite les paroles d’un ancien
historien, comme suit :
« Les Vaudois, dit Popliner, se répandirent, non seulement en
France, mais aussi sur les côtes de presque toute l’Europe, et se
montrèrent en Gaule, Espagne, Angleterre, Ecosse, Italie,
Allemagne, Bohème, Saxe, Pologne et Lithuanie. » Révérend
Samuel EDGAR, The Variations of Popery, 1850, p. 52.

Leurs particularités : quant à leurs vues religieuses, ils étaient


en quelques sorte divisés entre eux. Le Dr. Allix cite les paroles
d’un vieil écrivain catholique romain, lequel, au sujet d’une partie
d’entre eux qui étaient appelés Cathari, parle comme suit :
Ils sont aussi divisés entre eux ; de sorte que ce qui est affirmé
par quelques-uns d’eux, est encore renié par d’autres. » Peter
ALLIX, Some remarks upon the Ecclesiastical History of the Ancient
Churches of Piedmont, 1821, p. 167.
M. Crosby fait une exposition semblable :
« Il y avait plusieurs sectes de Vaudois, ou d’Albigeois, comme il
en est des dissidents en Angleterre. Quelques-uns de ces derniers
renient tout baptême, d’autres seulement le baptême des enfants.
Plusieurs de ces premiers s’attachaient à cette dernière opinion ;
cela est affirmé dans plusieurs histoires de ce peuple, tant
anciennes que modernes. » CROSBY, History of the English Baptists,
I, p. 35.
Quelques-uns de leurs ennemis affirment qu’ils rejetaient
l’Ancien Testament ; mais d’autres, avec une véracité bien plus
grande, portent un témoignage bien différent. Le Dr. Allix cite le
témoignage d’un inquisiteur romain en ces termes :
« Ils peuvent réciter par cœur une grande partie de l’Ancien et
du Nouveau Testament. Ils méprisent les Décrétales, les dictons
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
201
et les expositions des saints hommes, et ne s’attachent qu’au texte
de l’Ecriture… Que la doctrine du Christ et des Apôtres est
suffisante au salut, sans aucun des statuts et aucune des
ordonnances de l’Eglise. Que les traditions de l’Eglise ne sont pas
meilleures que les traditions des Pharisiens ; et que l’on s’appuie
plus sur l’observation des traditions humaines que sur
l’observation de la loi de Dieu. Pourquoi transgressez-vous la loi de
Dieu par vos traditions ?… ils dédaignent toutes les coutumes
ecclésiastiques que l’on approuve, mais qui ne se trouvent pas
dans l’Evangile… » ALLIX, p. 236, 237. .
En 1525, les Vaudois n’avaient que le Nouveau Testament, puis
des fragments de l’Ancien, imprimés dans la langue vaudoise ;
mais ils résolurent d’avoir les Ecritures sacrées complètes dans
leur propre langue. A ce sujet, John Fox fait le commentaire
suivant :
« Ils employèrent donc un imprimeur suisse pour leur fournir
une édition complète de l’Ancien Testament, imprimés dans la
langue vaudoise, ce qu’il fit pour la somme de quinze cents écus
d’or, qui fut payée par ce peuple pieux. » John FOX, Fox's Book of
Martyrs, p. 562.
Alexis Muston dit que :
« Cette entreprise, conçue sous l’influence de Farel, qui était
Français, fut aussi poursuivie spécialement en vue de l’Eglise
réformée de France.
Les Vaudois, qui s’adressent à elle comme à une sœur, lui disent,
dans la préface, en rappelant l’asile que les disciples de Valdo
vinrent chercher auprès d’eux : « Le pauvre peuple qui te fait ce
présent, fut deschassé et banni de ta compagnie il y a plus de trois
siècles ; c’est le vrai peuple de patience, lequel, en foi, espoir et
charité, a silencieusement vaincu tous les assauts et efforts que
l’on a pu faire à l’encontre de lui. » Alexis MUSTON, Histoire des
vaudois, I, p. 190-191.
Peter Allix, en parlant d’un document Vaudois intitulé La Noble
Leçon, de l’an 1100, fait remarquer :

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


202
« L’auteur, sur la supposition que le monde tendait à sa fin,
exhorte ses frères à la prière, à la vigilance, et au renoncement à
tous les biens de ce monde…
Il considère tous les jugements de Dieu dans l’Ancien
Testament comme étant les exécutions d’un Dieu juste et bon ; et
le décalogue en particulier, comme étant une loi donnée par le
Seigneur du monde entier.
Il répète les divers articles de la loi, n’oubliant pas ce qui a
rapport aux idoles. » ALLIX, p. 175, 176-177.
Il continue encore en ces termes :
« Ils déclarent qu’ils sont les
successeurs des apôtres, qu’ils ont
l’autorité apostolique, et les clefs pour
lier et délier. Ils maintiennent que
l’Eglise de Rome est la grand Babylone,
et que ceux qui lui obéissent seront
damnés, spécialement le clergé qui lui a
été assujetti depuis le temps du Pape
Sylvestre… Ils ne maintiennent
qu’aucune des ordonnances de l’Eglise
qui ont été introduites depuis
l’ascension de Christ ne doit être
observée, puisqu’elles sont non-méritoires ; et ils rejettent
entièrement les fêtes, les jeûnes, les règlements, les bénédictions,
les charges de l’Eglise et autres choses semblables. » Idem, p. 209.

Leur règle de foi : les Vaudois primitifs avaient un caractère de


fidélité biblique très marqué. Antoine Monastier dit d’eux :
« La source de la vérité était pour eux tout entière et
uniquement dans la Parole de Dieu, et ils reconnaissaient comme
telle, les livres canoniques de l’Ancien Testament que les Juifs
avaient déjà admis comme inspirés, et les livres du Nouveau
Testament tels qu’on les possède généralement…
Quant à la règle de leur foi, ils rejetaient tout point de doctrine
qui ne leur paraissait pas conforme aux enseignements et à l’esprit
de la Parole de Dieu, en même temps qu’ils professaient de croire
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
203
et d’observer tout ce qu’elle révèle et ordonne. Cette règle sage et
fidèle leur servait de rempart contre l’erreur, et de réponse aux
attaques des adversaires. » MONASTIER, I, p. 116, 117.
Un des agents de Rome dans les persécutions contre les
Vaudois, l'inquisiteur Rainier Sacco, leur a rendu justice en disant,
dans son livre contre les Vaudois : « On peut reconnaître les
hérétiques à leurs mœurs et à leurs discours ; car ils sont réglés
dans leurs mœurs et modestes ; ils évitent l’orgueil dans leurs
vêtements qui ne sont d’étoffe ni précieuse ni vile. Ils ne
s’adonnent pas au négoce pour n’être pas exposés au mensonge,
aux jurements et aux fraudes… » Maxima Bibliotheca Veterum
Patrum et Antiquarium scriptorum Ecclesiasticorum, édité par
Marguerin de la BIGNE, Lugduni, 1677, Tome 25, p. 263.
L’archevêque de Turin, Claude de Seyssel, qui, vers l’an 1517,
chercha à entraîner les Vaudois des vallées piémontaises dans le
giron de l’Eglise romaine, leur rend ce témoignage que, « pour
leur vie et leurs mœurs, ils ont été sans reproche parmi les
hommes ; s’adonnant de tout leur pouvoir à l’observation des
commandements de Dieu. » LEGER, p.184.
Nous lisons de plus, concernant les Vaudois dans quel état ils se
trouvaient en l’an 1560 :
« Le respectable historien français, De Thou, dit que les Vaudois
gardent les commandements du décalogue, et ne donnent lieu
parmi eux à aucune méchanceté, détestant les parjures, les
imprécations, les querelles, les séditions, … » BREZ, Histoire des
Vaudois, 1796, p.126. DE THOU, Histoire universelle, 1742, I, p.
369-370.
Leur caractère
sabbatique : d’après ce
que nous venons de voir,
ils s’attachaient à
l’observation des
commandements du
décalogue. Et encore, nous
voyons que la plupart des
vaudois observaient le
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
204
sabbat du septième jour. Une partie considérable de ce peuple
était appelé Sabbati, ou Sabbatati ou Insabatati. Il n’est pas
raisonnable de croire l’explication indiquant que ces vaudois
furent ainsi appelés de sabot ou zabot, un soulier qu’ils portaient.
Contre cette explication à l’égard des sabots, nous pourrions faire
remarquer ici que la plupart des peuples de l’Europe en faisaient
usage. Pourquoi donc, ne furent-ils pas tous appelés de ces
noms ? D’ailleurs, le soulier des paysans dans leur pays « était
appelé abarca. » Nous avons des témoignages décisifs que ces
Vaudois « furent ainsi nommés d’après le mot hébreu Sabbat,
parce qu’ils observaient le samedi comme jour du Seigneur », et
parce qu’ils ne voulaient pas observer les jours des saints. », ou
rejetaient toutes les fêtes, ou les sabbats, dans le sens du bas latin
du mot, que l’Eglise catholique observait religieusement. »
Concernant les Vaudois en France, justement avant la
Réformation, en Provence, dans toutes les communautés où ils
demeuraient, les autorités qui examinèrent leurs lieux de culte
rapportèrent « qu’on n’y avait pas trouvé d’images, ni de signes
appartenant à la messe, ni aucune des cérémonies de l’Eglise
romaine… Au contraire, ils gardaient le jour du Sabbat,
observaient l’ordonnance du baptême selon l’Eglise primitive,
instruisaient leurs enfants dans les articles de la foi chrétienne et
les commandements de Dieu. »
« Louis XII, roi de France, ayant été informé par les ennemis
des Vaudois, habitant dans la Province de Provence, que
plusieurs crimes atroces leur étaient reprochés, envoya le Maître
des requêtes, et un certain docteur de la Sorbonne, qui était
confesseur de sa majesté, pour faire une enquête à ce sujet. A leur
retour, ils rapportèrent qu’ils visitèrent toutes les paroisses de ces
derniers, inspectèrent leurs lieux d’adoration, mais qu’ils n’avaient
trouvé là aucune image, ni vestige d’ornements de messes, et des
cérémonies de l’Eglise Romaine ; ils trouvèrent qu’il n’en était
rien des crimes dont on les accusait. Au contraire, ils observaient
le jour du Sabbat, observait l’ordination du baptême selon la
primitive Eglise, instruisait leurs enfants selon les articles de la foi
chrétienne, et les commandements de Dieu. Le roi ayant entendu
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
205
le rapport de ses commissaires, dit avec serment qu’ils étaient plus
gens de bien que lui et que son peuple. » William JONES, The
History of the Christian Church, from the Birth of Christ to the Eighteenth
Century, 1818, II, p. 71-72.
« Il y a une présentation du symbole des apôtres par les Vaudois
et les Albigeois, dans lequel ils citent I Jean v. 7 pour défendre la
Trinité… Parmi les documents que nous avons des mêmes
personnes, une explication des Dix Commandements, datée par
Boyer de 1120. Il contient une défense de la morale chrétienne.
L’amour suprême de Dieu est soutenu, et le recours à l’influence
des planètes et des sorciers est condamné. Le danger de
l’adoration de Dieu par les images et les idoles y est relevé…
L’observation du Sabbat, en cessant les œuvres serviles et en
promouvant l’édification de l’âme à travers la prière et l’écoute de
la parole, y est enjointe. » Adam BLAIR, History of the Waldenses,
1832, I, p. 220.
Quant à ceux qui, parmi les anciens Vaudois, étaient appelés les
Cathari, les Passagii, et les Arnoldistae, leurs adversaires romains
certifient qu’ils « retenaient et observaient l’ancien Sabbat », qu’ils
gardaient le Sabbat », et qu’ils « célébraient le Sabbat juif. »
Nous lisons que « Grégoire le septième de ce nom (A.D. 1074),
condamnait ceux qui enseignaient qu’il n’était pas juste de
travailler le jour du Sabbat. »
Jortin date leur retrait dans la région sauvage des Alpes comme
suit :
« 601 après JC. Au septième siècle, le christianisme s’est
propagé en Chine par les Nestoriens ; et les Vaudois, qui
détestaient l’usurpation papale, sont censés s'être établis dans les
vallées du Piémont. » Jortin's Eccl. Hist. vol. ii. sect. 38.

12ème siècle : (suite)


« La secte des passaginiens apparaît vers l'an 1133 dans la haute
Italie. Ses membres admettaient la nécessité de l'observation
littérale de la loi judaïque, en particulier du sabbat et de la
circoncision ; ils n'exceptaient que les sacrifices. » E. CHASTEL,
Histoire du Christianisme, III, 1885, p. 159.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
206
« En premier lieu, les Passagiens disent que la loi de Moïse doit
être observée à la lettre, que le Sabbat, la circoncision, et les
autres observances légales doivent rester encore en vigueur,
notamment celles qui sont relatives à la nourriture seuls, les
sacrifices doivent être supprimés. » P. ALPHANDERY, Les idées
morales chez les hétérodoxes latins au début du XIIIe siècle, 1903, p. 172.
« Qui sont ces passagiens ? Le renseignement le plus clair, et
vraisemblablement le plus ancien, sur leur compte est fourni par
Buonaccorso (Bonacursus) de Milan, évêque cathare converti... Il
distingue les deux sectes, qu’il est absolument impossible de
confondre. Véritables néo-manichéens, les cathares rejettent
l’ancienne Loi. Les passagiens font au contraire figure de
judaïsants : la loi de Moïse, selon eux, doit encore être observée
littéralement, y compris les prescriptions relatives au sabbat, à la
circoncision, aux aliments. » Dictionnaire de Théologie
Catholique, art. Passagiens, 1932, T. 11, 2.

« On doit reconnaître que jusqu'à présent il n'a pas été possible


de prouver que le sabbat a été observé par les Vaudois, si l'on
prend ce nom dans le sens le plus étroit. Il convient de rappeler,
toutefois, que si l'on donne à ce terme le sens plus large qui a été
généralement accepté parmi les protestants jusqu'à la seconde
moitié du XIXe siècle, on trouve des observateurs du sabbat du
septième jour. » W. E. HILBERT, Religious Practices of the
Waldensians, 1946, p. 59.
HILBERT cite (p.52) un passage de Melchior GOLDAST,
mentionnant une secte de circoncis, appelés ainsi « non parce
qu'ils étaient circoncis, mais parce qu'ils judaïsaient sur le sabbat,
ce qui les faisait appeler insabbatati, et qui constituaient une
branche des Vaudois. » Rationale Constitutionum Imperialum, p. 78.

15ème siècle :
Un cas très intéressant de l’observation du sabbat par les
vaudois est mentionné dans la thèse de doctorat de P.
BEUZART. Voici en quels termes l’auteur introduit cet épisode
dramatique :
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
207
« Dès le commencement du moyen âge, la Flandre et l’Artois
apparaissent comme des pays particulièrement favorables à
l’éclosion de l’hérésie.
Le christianisme n’avait pas fini de se propager en Europe que
de son sein s’élevaient des protestations contre des abus qui
corrompaient la simplicité de l’Evangile. De bonne heure, des
âmes se trouvent qui ne rencontrent point dans les rites
ecclésiastiques la satisfaction de leurs besoins religieux ; elles
oublient l’autorité de l’Eglise, ignorent sa hiérarchie, délaissent ses
enseignements, cherchent à leurs risques et périls une nourriture
spirituelle qui leur convienne. De bonne heure, de tout temps, des
esprits indépendants et des cœurs pieux se sont écartés de
l’établissement ecclésiastique pour aller, de leur propre initiative
et sous leur responsabilité, à la découverte de la vérité religieuse...
Un coup d’œil jeté sur l’histoire religieuse du quinzième siècle à
son début, nous fait assister à un renouveau spirituel ; des âmes
courageuses et sincères cherchent plus de vérité, des
congrégations se forment qui échappent à la surveillance des
autorités ecclésiastiques pendant un temps quelquefois prolongé,
des conventicules se tiennent qui rassemblent des fidèles venus de
distances considérables. Les esprits sont en fermentation ; dans
les sphères élevées, on prépare le concile de Constance, qui se
réunira sur un programme grandiose « réformer l’Eglise dans son
chef et dans ses membres » pour aboutir au bûcher de Jean Huss ;
dans le peuple, on accueille les messagers d’une religion plus
intime et plus pure.
Pour la première fois, nous allons rencontrer une congrégation
nettement organisée, pourvue d’un prédicateur régulier, et dans la
vie intérieure de laquelle nous pourrons entrer. On la découvre à
Douai en 1420. Son histoire se résume dans cette note d’un
chroniqueur, sauf en un point exacte dans son extrême
laconisme : « L’hérésie de Prague se propage, plusieurs de ses
sectaires tiennent leur conciliabule à Sin-lez-Douai ; quelques-uns
se repentirent, les autres furent brûlés à Arras, Douai,
Valenciennes »...

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


208
Nous sommes au commencement de l’année 1420. Un
bourgeois de Douai, Jean de Fiérin, possédait aux portes de la
ville, entre la route de Lille et la rivière (la Sarpe), une ferme
appelée Grain-Nourry qu’il avait louée à bail. Ce propriétaire
remarqua chez son fermier, son censier comme on dit dans le
pays, des allures mystérieuses, des gens de Douai et des environs
venaient à Grain-Nourry et tenaient des conciliabules suspects.
Désireux d’en savoir plus long, Jean de Fiérin chercha à pénétrer
le secret de ces réunions. Quand il comprit de quoi il s’agissait, il
feignit un grand zèle pour la nouvelle doctrine ; pour mieux
gagner la confiance des membres de la secte, il se mit à critiquer
vivement l’Eglise, son clergé et ses sacrements. Il s’adjoignit un
clerc du nom de Gamot ou Gaviot qu’il présenta comme une
nouvelle recrue. Ces deux personnages, tandis qu’ils suivaient les
réunions de Grain-Nourry, cessaient de fréquenter la messe pour
faire mieux croire à la sincérité de leur conversion, jusqu’à ce que
le moment leur parût venu de dénoncer à l’autorité ces réunions
hérétiques. Il fallait, autant que possible, faire un beau coup de
filet et prendre toute la compagnie.
Pour atteindre leur but, nos deux faux prosélytes montrèrent un
extrême désir d’être instruits en détail dans la nouvelle religion,
mais le fermier de Grain-Nourry et ses adhérents n’avaient plus
rien à leur enseigner. Ils proposèrent de faire venir de
Valenciennes leur prédicateur, Ghuillebert Tulin ou Bertoul
Thurin...
Il est probable que ces dix-huit personnes ne représentent
qu’une partie de celles qui s’étaient rendues à Grain-Nourry pour
entendre Ghuillebert Thulin, il serait bien étonnant que le
lieutenant du gouverneur eût arrêté tous les auditeurs de ce
prêche... L’arrestation avait eu lieu le lundi 25 mars 1420 (1419
suivant le vieux style), le jugement fut rendu six semaines plus
tard... Deux des accusés avaient été relâchés avant la cérémonie,
soit qu’ils eussent abjuré, soit qu’on n’eût pas relevé contre eux de
charges suffisantes... Restaient seize prisonniers. On les avait mis
à la torture à plusieurs reprises. Neuf d’entre eux, effrayés à la
perspective du dernier supplice, s’étaient rétractés en demandant
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
209
grâce. On leur accorda la vie, sauf à souffrir des peines diverses
suivant la gravité de leur crime ; la sévérité de la punition fut en
raison des charges relevées contre eux. Deux furent condamnés à
la prison perpétuelle, les autres à sept, douze et quinze ans de
réclusion...
Les sept derniers résistèrent opiniâtrement à toutes les tentatives
de conversion. Catherine Maynard, celle qui depuis longtemps
détenait les livres défendus et dont le zèle à répandre les doctrines
réprouvées est signalé dans le procès, les exhorta à tenir bon :
« Nous n’avons que deux heures à souffrir, disait-elle, puis nous
mourrons en vrais martyrs ». Ils furent condamnés à être brûlés
vifs...
De ce procès et des détails qu’il fournit, il résulte qu’une œuvre
religieuse, indépendante de Rome et de sa doctrine, se poursuivait
depuis des années à Douai et dans le voisinage. Elle avait jeté
d’assez profondes racines dans les environs, puisque les gens de
Waziers, et même de Pont-à-Marcq, assistent aux réunions qui se
tiennent dans la ferme de Grain-Nourry ; les fidèles étaient
pourvus de livres, ils avaient, en outre, le secours d’un prédicateur
plus ou moins régulier. Nous ne sommes pas en présence de cas
d’hérésie isolés, sans lien entre eux, il s’agit d’une communauté en
voie de croissance et poussée par son esprit de prosélytisme à
recevoir un traître qui cause sa ruine. Elle devait être assez
nombreuse, puisque dix-huit personnes sont arrêtées en une seule
fois.
Sa doctrine nous est exposée d’une façon détaillée et incomplète
tout ensemble. Le document d’Arras, de beaucoup le plus
explicite, nous apprend que ces gens rejetaient la Trinité, le culte
de la Vierge et des saints ; qu’ils déniaient toute valeur à la
confession, à l’eucharistie, à l’eau bénite, au signe de la croix et
aux messes pour les morts. Ils voulaient célébrer le samedi au lieu
du dimanche et méprisaient l’Eglise. » Paul BEUZART, Hérésies
pendant le Moyen Age et la Réforme, 1912, p. 1, 38, 39, 41, 42-43, 46-
47.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


210
« La Picardie dans
le Nord, le Dauphiné
dans le Midi étaient
les deux provinces de
France les mieux
préparées à recevoir
l’Evangile. Pendant le
quinzième siècle,
beaucoup de Picards
allaient, raconte-t-on
en Vauderie. De simples catholiques se répétaient les uns les
autres, au coin du feu, pendant les longues veillées, que ces
Vaudois avaient des assemblées horribles, en des lieux solitaires,
où se trouvaient dressées des tables chargées de viandes délicates
et nombreuses. Ces pauvres chrétiens en effet aimaient à se
réunir, de cantons souvent fort éloignés. Ils allaient au rendez-
vous de nuit, par des chemins détournés ; l’un d’eux, le plus
savant, récitait quelques passages des Ecritures ; puis ils
s’entretenaient ensemble et priaient. Mais ces modestes
conventicules étaient ridiculement travestis. « Savez-vous, disait-
on, comment ils font pour s’y rendre, sans que la justice puisse les
arrêter ? Le diable leur a donné un certain onguent, et quand ils
veulent aller en Vauderie, ils en frottent une petite verge ; et à
peine se sont-ils mis dessus à cheval, qu’aussitôt elle les emporte,
ils volent dans les airs et arrivent, sans rencontrer personne, à leur
sabbat. Au milieu est un bouc, avec une queue de singe ; c’est
Satan qui reçoit leurs hommages !… » Ces stupides propos
n’étaient pas seulement ceux du peuple ; c’étaient avant tout ceux
des prêtres. Ainsi parlait en 1460, sur la grande place d’Arras, du
haut d’une chaire qu’on y avait élevée, l’inquisiteur Jean de
Broussart. » J.H. MERLE D’AUBIGNE, Histoire de la Réformation
en Europe au temps de Calvin, 1863, I, p. 508.

16ème siècle :
« J'apprends qu'un nouveau genre de Juifs surgit en Bohème.
On les appelle sabbatariens parce qu'ils observent le sabbat d'une
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
211
manière très superstitieuse. » Didier ERASME (GERRITZ),
Amabili ecclesiae concordia, Opera omnia, V, 1704, col. 505-506.

Le sabbat ayant été remis en l'honneur par certains anabaptistes,


LUTHER écrivit Wider die Sabbather, 1538. Une lettre de
Christophe FABRI, datée de Thonon, du 31-7-1537 et adressée
aux pasteurs de Genève, montre que Jean JANIN dit le Colognier
se trouvait en prison à cause de ses opinions sur le baptême et le
sabbat, opinions apportées à Genève par des anabaptistes des
Pays-Bas. Au temps de CALVIN à Genève, il fut question de
rétablir le sabbat en place du dimanche. F. W. KAMPSCHULTE,
John Calvin, I, 1869, p. 465. - Eugène CHOISY, La Théocratie à
Genève au temps de Calvin, 1897, p. 239.
Rudolph HOSPINIAN, De origine, progressu, ceremoniis et ritibus
festorum dierum Judaeorum, Graecorum, Romanum et Turcarum, 1592, p.
10, a indiqué les raisons sur lesquelles les sabbatariens de son
temps fondaient l'observation du sabbat.

En 1534 on apprit à la cour de


Lisbonne par l'ambassadeur
d’Ethiopie, que ce peuple observait
le septième jour, comme jour de
repos. L'ambassadeur fit la
déclaration suivante :
« C'est pour obéir à Dieu qui a
béni ce jour-là au commencement
du monde, qui nous a demandé de
le sanctifier avec honneur et
dévotion, et dont la loi ne passera
pas tant que le ciel et la terre
dureront. Ce n'est donc pas pour imiter les Juifs, mais pour obéir
au Christ et à ses saints apôtres." Michael GEDDES, Church
History of Ethiopa, pp. 87-88.
L'histoire de la Mission catholique en Ethiopie fait mention de
l'observation du sabbat, concurremment avec celle du dimanche,
de la part des populations et du clergé aux 16 et 17e siècles :
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
212
« Ils [les Ethiopiens] considèrent les samedis comme des jours
de fêtes. » Abbé Antonio FERNANDES (sup. de la Mission cath.
en Ethiop.), Enchiridion des principales "erreurs" théologiques des
Ethiopiens, n 10.
« Les Ethiopiens gardent généralement le Sabbat ainsi que
beaucoup de moines, avec tant de zèle et de rigueur qu'ils se
laisseraient plutôt tuer que de le transgresser, dit-on. Ils
commencent à l'observer le vendredi soir. » Abbé Pero PAIS
(S.J.), Historia de Ethiopa, vol. II, p. 68.
« Malgré tous ses efforts, entrepris au péril de sa propre vie,
pour que son peuple accepte notre sainte foi, ce qu'il [l'empereur
Susenyos] désira le plus fut de détruire l'observation du Sabbat, à
cause de la manière dont les ecclésiastiques et les laïques
(éthiopiens) y étaient attachés. Après avoir sans résultat ordonné
plusieurs fois de ne pas garder le Sabbat, il décida d'être sévère et
promulgua un décret (en juin 1620) selon lequel les seigneurs qui
n'obligeraient pas leurs serviteurs à labourer le Sabbat seraient
dépossédés de leurs domaines et les serviteurs durement punis. »
Abbé Pero PAIS (S.J.), Historia de Ethiopa, vol. III, p. 146.
Lors d'une conférence faite aux Etats-Unis dans le cours de
l'année 1922, l'évêque de l'Eglise d'Ethiopie (Abyssinie) parla
comme suit :
« Lorsque dans le récit des Actes (chapitre 8) Philippe parle au
gouverneur de notre reine Candace sur l'avènement, la crucifixion
et la résurrection de Jésus, il ne lui dit rien du changement du
e
Sabbat, l'ancien 7 jour, transféré au jour du soleil (le premier
jour), ainsi que nous catholiques-romains, nous plaisons à
l'affirmer avec d'autres chrétiens de l'occident. Ayant accepté le
christianisme en Ethiopie, nous avons continué à observer le
Sabbat, ainsi que l'avaient fait nos aïeux pendant plus de vingt
siècles, avant l'ère chrétienne, soit depuis les jours d'un petit-fils
de Noé qui vint s'établir au pays d'Ethiopie. Nous avons reçu la
loi du vrai Sabbat avant Abraham, oui, environ vers l'an 2140
avant Jésus-Christ, aux origines de notre maison royale
(Challoughleziczise).

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


213
Notre troisième livre d'Enoc, 5e chapitre, explique que c'est le
devoir de toute créature humaine d'observer le saint jour du
Sabbat, septième de la semaine. Nous, les Ethiopiens, nous
l'observons ainsi depuis quarante-et-un siècles, et au jour de "la
préparation" [le vendredi], au soir, à une heure indiquée, tous les
trains s'arrêtent, et le trafic ne recommence qu'à la fin du Sabbat.
» in Revue adventiste, 1er janvier 1924, p. 5.

17ème siècle :
Un mystique saxon, Johann TENNHARDT, a pris la défense
du sabbat dans Schriften aus Gott, 1710, trad. fr. Deux traités à tous
les hommes en général, 1712. On y lit : « Le diable a institué le
premier jour de la semaine en la place du dernier. [...] Au lieu que
Dieu a sanctifié le septième jour, et l'a institué pour le repos du
sabbat, tant pour lui-même que pour les hommes, l'antichrist lui a
substitué le premier jour de la semaine. » II, pp. 158, 194.

Onze églises au moins ont été organisées en Grande-Bretagne


par les baptistes du septième jour, dans la seconde moitié du
XVIIe siècle. C.-A. RAMSEYER, Hist. des Baptistes, 1897, p. 491,
523, 552, 554, 565, 609, 612. - LEWIS, A crit. Hist. of the Sabbath
and the Sunday, 1903, pp. 317-318.
« Un petit nombre de baptistes croyaient au maintien du sabbat
juif, du septième jour de la semaine, et furent, pour cette raison,
appelés sabbataires ; mais la majorité des églises fêtait au contraire,
le « jour du Seigneur », c’est-à-dire le premier jour de la
semaine…
Francis Bampfiefd, maître-èe-arts, reçut une bonne éducation au
collège Wadham, à Bristol, où il étudia plus de sept ans. Entrant,
vers l’an 1634, au service de l’église anglicane, il reçut l’ordination
des mains du célèbre évêque Hall, et, bientôt après il obtint une
prébende dans le Dorsetshire et la promesse d’une place salariée à
la cathédrale d’Exeter… En mars [1676], il devint pasteur d’une
église baptiste sabbataire à Pinnershall (Londres) dont il avait été
le fondateur. En se constituant en église, ses membres firent la
déclaration suivante : « Nous confessons que le Seigneur Jésus-
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
214
Christ est le seul et unique maître er législateur ne nos âmes et de
nos consciences ; que l’Ecriture sainte est la seule et unique règle
de foi, de culte et de vie, d’après laquelle nous ayons à nous
diriger en toutes choses. »
… le Dr Joseph Stennett naquit en 1663, à Abington (comté de
Berks) et se convertit de bonne heure. Il fut consacré le 4 mars
1690, comme pasteur de l’église baptiste sabbataire de
Devonshire-square, à Londres, et, tout en officiant dans cette
église, le samedi, il était toujours prêt à prêcher le dimanche dans
quelque église sans pasteur… » C.-A. RAMSEYER, idem, p. 491,
523, 552.

« La même main divine qui a protégé la sabbat durant les siècles


ténébreux qui se sont écoulés entre la première grande apostasie
et la réformation, l'a transféré d'Angleterre en Amérique, ce
dernier champ de bataille où s'opèrent les grandes réformes des
derniers temps... Guidé par cette Divinité qui préside à nos
destinées, Stephen MUMFORD émigra d'Angleterre à Newport,
Rhode Island. Il apporta avec lui l'idée selon laquelle les dix
commandements proclamés au Sinaï ont un caractère moral et
immuable, le premier jour de la semaine ayant été substitué au
sabbat par un pouvoir antichrétien. Il s'unit à l'église baptiste de
Newport et ne tarda pas à gagner plusieurs de ses membres à
l'observation du sabbat. Après beaucoup de discussions une
séparation eut lieu et la première église des baptistes du septième
jour d'Amérique fut organisée en déc. 1671. » LEWIS, idem, p.
364.

18ème siècle :
A propos d'un voyage aux Etats-Unis du comte
ZINZENDORF (1700-1760), Félix BOVET nous dit : « Le
comte donna à cette colonie une organisation régulière pareille à
celle des communautés moraves d'Allemagne. Cette communauté
américaine avait cependant quelques institutions qui lui étaient
particulières; par exemple la célébration du septième jour de la
semaine comme jour de repos. ZINZENDORF avait toujours
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
215
célébré autant que possible le sabbat, en s'abstenant ce jour-là de
travaux pénibles et en le consacrant à la prière. C'est ce jour aussi
qu'il choisissait de préférence pour les agapes. Ce qui donnait, à
ses yeux, au samedi une valeur particulière n'était point le
commandement mosaïque (car dans ce cas il aurait pu se croire
tenu de se conformer également aux autres prescriptions de
l'A.T.); c'était la bénédiction prononcée sur ce jour par l'Eternel,
après l'achèvement de la création; c'était
aussi et principalement la pensée que ce
jour était celui pendant lequel le Seigneur
Jésus avait reposé dans le tombeau. Au
reste, à la différence des sabbatistes
d'Angleterre et d'Amérique, il n'en
célébrait pas moins avec toute l’église
chrétienne le premier jour de la semaine,
comme étant celui de la résurrection de
Jésus-Christ. » Le comte de Zinzendorf,
1860, p. 57.

« …outre les baptistes réguliers qui correspondent aux baptistes


particuliers de communion stricte en Angleterre, on trouve
encore aus Etats-Unis : 1° des mennonites en rapport plus ou
moins intimes avec leurs coreligionnaires du continent européen ;
2° des baptistes du septième jour ou sabbataires comme il y en a
en Angleterre… » C.-A. RAMSEYER, Histoire des Baptistes, 1897,
p. 612.

19ème siècle :
« En Russie et en Pologne il existe un groupe de chrétiens russes
qui observent le sabbat juif, outre quelques autres cérémonies
empruntées aux juifs. » Miss. Journal of the Rev. Joseph WOLFF, III,
1829, p. 226.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


216
En 1813, dans un petit
village des environs de
Canton, en Chine, naquit
Hong Xiuquan. Il était de
sang royal et à l’âge de 16 ans,
il possédait toutes les matières
de l’enseignement chinois
usuel. A 18 ans, il fut nommé
maître d’école de son village
et cinq ans plus tard, reçut
toute une série d’ouvrages qui
sur le moment ne suscitèrent
chez lui que peu d’intérêt.
Un an plus tard, en 1837,
Hong manqua un avancement
dans sa carrière, car ses
supérieurs hiérarchiques
jalousaient ses compétences et
craignaient son ascendance royale. Cet échec le perturba tellement
qu’il en tomba malade.
Durant sa convalescence, il eut une vision extraordinaire. Ce
récit figure dans la brochure The Visions of Hung-Siu Tshuen de
Theodore Hamberg, qui fut missionnaire de la Société
évangélique de Bâle pour la Chine.
Dans sa vision, Hong se sentit comme transporté en présence
d'un grand souverain régnant. Là, il fut confronté à une vieille
femme — en ce temps-là, les femmes étaient considérées comme
inférieures aux animaux — qui lui dit: « Toi, mauvais homme,
pourquoi t'es-tu compromis avec ces gens-là, et t'es-tu souillé de
la sorte? Je dois maintenant te purifier. »
Ensuite de quoi, Hong, toujours dans sa vision, fut emmené à
une rivière et lavé dans ses eaux. Puis, il se vit conduire dans un
grand bâtiment, où on lui retira le cœur et d'autres organes pour
les remplacer par des organes neufs! II reçut alors une épée, un
sceau, et un fruit à manger qui lui parut doux au palais.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


217
A son réveil, il se sentit ébranlé par cette vision, mais il n'en
percevait pas le sens. Après que Hong eut complètement
recouvré la santé, il entreprit de réformer sa conduite du mieux
possible.
Hong Xiuquan continua quelques années encore à faire office
de maître d'école de son village, et ne pensa plus à sa vision.
Puis, un jour, le cousin de Hong, appelé Le, en consultant la
bibliothèque de ce dernier, nota l'étrange contenu des volumes de
« Good Words for Exhorting the Age ». S'y trouvaient des
chapitres entiers de la Bible (selon la traduction de Robert
Morrison), de nombreux essais de sermons sur différents textes
bibliques et d'autres exposés inspirés de l'Écriture.
Le cousin de Hong lui raconta sa découverte. Ce dernier
parcourut ces livres qui étaient restés clos sur les étagères pendant
sept années. Il fut stupéfait de découvrir, dans les chapitres de la
Bible, qui y figuraient, une explication partielle de la vision qu'il
avait eue six ans auparavant.

La découverte de la Bible
Dans les extraits de la Bible qu'il avait en sa possession, Hong
trouva la description du Père céleste, du grand Souverain régnant
révélé dans sa vision. Puis sa lecture lui apprit que Jésus avait été
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
218
envoyé comme Sauveur et Messager. Il lut que chacun devait se
repentir et être baptisé pour recevoir l'Esprit-Saint (Actes 2:38). À
la lecture de ces versets, il comprit le sens de la vision, où il s'était
vu laver dans l'eau et recevoir un nouveau cœur et de nouveaux
organes.
Hong et son cousin se baptisèrent l'un l'autre. Ils prièrent Dieu,
Lui promettant de ne plus vénérer l'esprit du mal, et jetèrent leurs
idoles.
Après avoir détruit les idoles dans la petite école où il enseignait,
Hong et ses quelques amis furent obligés de fuir vers l'intérieur
du pays. Hong prêcha le peu qu'il savait durant ses voyages dans
les provinces du centre-sud de la Chine. Il devint à nouveau
enseignant dans une école (entre 1845 et 1846).

Visite au missionnaire
A la fin de l'année 1846, Hong se rendit à Canton, ayant appris
qu'un missionnaire chrétien occidental y résidait. Sous la direction
de ce missionnaire, Issachar Roberts, il lut et étudia de nouveaux
passages de la Bible, pendant près d'un mois.
De jeunes missionnaires étrangers, qui étudiaient également
sous la férule de M. Roberts, furent jaloux du talent et de la
ferveur de Hong. Ils intriguèrent pour obtenir son renvoi ! Hong
quitta la ville quelque peu attristée.
De retour dans le centre-sud de la Chine, Hong découvrit que le
nombre de villageois qui l'avaient écouté et s'étaient fait baptiser
avoisinait les deux mille. Ils allaient former des congrégations, et
se faire connaître sous le nom de « Congrégations des adorateurs
de Dieu », qui fut bientôt abrégé en « Adorateurs de Dieu ».
Son étude constante de la Bible en vint à convaincre Hong que
son peuple ne devait plus fumer ni le tabac ni l'opium — que les
Britanniques vendaient aux Chinois — qu'ils devaient renoncer
aux boissons alcoolisées, sauf dans des circonstances particulières,
et observer le sabbat le septième jour.
Hong nota en outre que Jésus n'était pas ressuscité le dimanche
matin, mais « trois jours après sa mort » !

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


219
Pensez un instant à la ferveur de ce peuple de Gentils, à qui il
manquait d'importantes parties des révélations divines. Nous
devrions nous féliciter de pouvoir disposer de la parole de Dieu,
dans sa totalité, au moment où nous en avons besoin !
Sans oublier que la plupart de ceux que Hong baptisa ne
savaient même pas lire le chinois ! C'est par oral qu'on les
instruisait lors du sabbat,
surtout sur la base de
l'Ancien Testament.

La cérémonie du
mariage
Le nombre de
nouveaux convertis
augmentait régulièrement.
Il fallut célébrer des
mariages. Hong consulta
la Bible et y trouva la
réponse. Voici une
description de la
cérémonie telle qu'elle se
déroulait :
« Lorsque toute la noce
s'est rassemblée, on se
rend à l'église [...] et après
bon nombre de prières et
un examen sévère des
connaissances
théologiques des fiancés, le prêtre unit leurs mains droites et,
lorsqu'ils ont chacun accepté l'autre, prononce une bénédiction
finale... Non seulement le divorce est interdit, mais il est
virtuellement inconnu, ou en tout cas jamais envisagé » (extrait du
livre de Lin Le, Ti-Ping Tien-Kwoh, p. 317). (C'est nous qui
traduisons tout au long de l'article.)
Comme cette cérémonie ressemble à celle qu'ordonne Dieu,
dans Son Eglise actuelle !
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
220
Parallèlement à ces changements, les Chinois convertis de Hong
abandonnèrent la coutume de lier les pieds des femmes, la
polygamie et le commerce des esclaves, et se mirent à observer les
lois divines, révélées à Israël par Moïse.
Pour être converti, voici ce qu'ils prescrivaient :
« Ils » — les convertis — « doivent s'agenouiller devant Dieu et
demander le pardon de leurs péchés ». Après leur baptême, dont
Hong ne comprenait pas parfaitement la forme, « ils doivent
continuer à invoquer quotidiennement la faveur divine et l'aide de
l'Esprit-Saint, pour renouveler leur cœur, rendre grâces à chaque
repas, sanctifier le jour du sabbat et obéir à tous les
commandements de Dieu, surtout celui qui dit d'éviter l'idolâtrie.
C'est alors qu'ils pourront être comptés parmi les enfants de
Dieu » (extrait du livre de Lin Le, p. 315).

Eglise Tai-Ping

La grande étape suivante


Disons, tout d'abord, que Hong et ses convertis ne
connaissaient pas complètement les enseignements du Nouveau
Testament. Ils se référaient surtout aux instructions de Moïse,
figurant dans la loi. Mais notez ce qu'ils firent.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


221
Lorsque la prospérité et le savoir des adorateurs de Dieu furent
connus dans le pays, beaucoup de gens en détresse cherchèrent la
protection de ces gardiens du sabbat. Des familles entières,
affligées ou en disgrâce, vinrent à eux, ainsi que des hors-la-loi
fuyant le pouvoir et l'oppression de la dynastie mandchoue.
A nouveau, Hong consulta la Bible. Il y trouva l'exemple de
David: « Tous ceux qui se trouvaient dans la détresse, qui avaient
des créanciers, ou qui étaient mécontents, se rassemblèrent auprès
de lui, et il devint leur chef » (I Sam. 22).
Dès lors, Hong devint le chef de ses compagnons. Il les
instruisit conformément à la loi de Moïse, et punit les fautifs
selon cette même loi. Les mécontents, tout comme ceux du
temps de David, n'étaient pas des convertis, mais préféraient agir
comme Hong l'enseignait, parce qu'ils détestaient les suzerains
mandchous.
Ensuite, Hong se souvint de l'épée qu'il avait vue dans sa vision.
Il lut dans la Bible la mention de l’« Épée pour l'Éternel et pour
Gédéon! » (Juges 70). Il se sentit responsable de son peuple,
comme ce fut le cas des juges de l'ancien Israël.
« Leur gouvernement est une théocratie, le développement
apparent de ce qu'ils estiment être une nouvelle loi. Comme les
Israélites du temps de Moïse, ils se considèrent comme dirigés par
celui qui a été désigné par le Tout-Puissant pour exécuter Sa loi
sur terre » (page 211 de l'ouvrage de Lin Le).
En 1851, les rangs des mécontents s'étaient grossis de dizaines
de milliers de personnes. Hong Xiuquan fut proclamé souverain
d'une nouvelle dynastie régnant sur un royaume céleste.
La nouvelle dynastie reçut le nom de « Taiping », signifiant le
royaume de « notre Souverain », Celui qui créa le ciel et la terre.
Les mécontents, qui voulaient protéger leur territoire, furent
initialement enrôlés dans les unités de défense. Alors que les
ennemis des Taiping les persécutaient pour des raisons religieuses
et politiques, Hong lut dans la loi ce que disait Moïse : « Lorsque
tu iras à la guerre contre tes ennemis [...] Les officiers parleront
ensuite au peuple et diront : Qui est-ce qui a bâti une maison
neuve, et ne s'y est point encore établi? Qu'il s'en aille et retourne
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
222
chez lui [...] Qui est-ce qui a peur et manque de courage ? Qu'il
s'en aille et retourne chez lui » (Deut. 20, 5, 8). C'est pourquoi
Hong fit du service militaire un volontariat !

La main des étrangers


De larges zones furent libérées de l'oppresseur mandchou. En
1860, le mouvement obtint une reconnaissance internationale.
C'est par milliers que les gens y adhéraient, et plus de 50 millions
de Chinois vécurent dans la paix, selon les lois de Dieu sous
l'administration Taiping.
En abolissant les idoles, les Taiping détruisirent aussi bien les
images de Marie et des saints que celles des bouddhistes. Cela
suscita la colère des Jésuites. Ces derniers persuadèrent les forces
françaises en Chine d'apporter leur soutien à la dynastie
mandchoue, avec laquelle elles s'étaient brouillées.
Ensuite, ce furent les missionnaires britanniques et américains
— qui n'avaient obtenu que 1500 conversions en plusieurs années
d'efforts — qui jalousèrent le fait que tant de gens se tournaient
vers la Bible sans que leur mission y fût pour quoi que ce soit.
Les missionnaires entamèrent une campagne pour nuire
délibérément aux Taiping. Ils les accusèrent de rejeter la Bible, de
renier Jésus-Christ, du massacre gratuit de victimes innocentes.
Les rapports véridiques des missionnaires honnêtes furent, par
contre, étouffés !
Les agents commerciaux
britanniques, intéressés par
la vente d'opium aux
Chinois, s'inquiétèrent de
la baisse de leurs revenus.
Rappelez-vous que c'était
l'époque des Guerres de
l'Opium, lorsque les
étrangers, surtout les
Britanniques, cherchaient à
dominer la Chine en l'obligeant à acheter de l'opium.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


223
Les Britanniques et les autres étrangers contraignirent les
Mandchous à signer des traités légalisant le commerce de l'opium.
Ce qui plaça les armées Taiping en fâcheuse posture.
Les Britanniques assurèrent aux révolutionnaires chinois qu'ils
resteraient neutres, se contentant d'assurer la protection des
intérêts britanniques. Mais, en réalité, ils livrèrent des armes aux
Mandchous, lesquels importaient en outre des armes sur des
navires battant pavillon américain ! (Quelques mois plus tard, la
guerre civile — 1861-1865 — éclatait en Amérique.)
Durant tout ce temps, les fidèles de Hong diffusaient la Bible du
mieux qu'ils le pouvaient. A diverses reprises, ils implorèrent leurs
frères chrétiens d'outre-mer de leur envoyer des missionnaires
pour parfaire leurs connaissances. Mais la plupart des
missionnaires refusèrent d'y aller.

Un plaidoyer refusé
Les Taiping cherchèrent aussi à susciter des échanges
commerciaux avec les Britanniques. Ils dépêchèrent une armée à
Shanghai pour ouvrir des négociations. Aux Britanniques,
Américains, Portugais et autres étrangers de Shanghai, le chef des
régiments Taiping dit :
« Je suis venu à Shanghai pour y conclure un traité qui nous
unirait dans le cadre d'échanges commerciaux ; je ne suis pas
venu pour me battre. Si j'avais commencé par attaquer la ville et
tuer ses habitants, c'eût été comme si les membres d'une même
famille se fussent battus entre eux » (page 283 du livre de Lin Le).
Rappelez-vous que ces Chinois ne connaissaient rien du
christianisme pratiqué par l’Occident !
La déclaration citée plus haut est extraite d'une plus longue
lettre, envoyée aux autorités étrangères de Shanghai pour la raison
suivante : lorsque les Taiping, persuadés que les Britanniques
étaient neutres, s'étaient présentés à Shanghai, les Britanniques
avaient ouvert le feu sur eux.
Selon un correspondant du North China Herald, « Ils [les Taiping]
agitèrent la main, suppliant nos officiers de ne pas tirer, et

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


224
restèrent immobiles, car ils étaient venus pour ouvrir le dialogue
et exposer l'objectif de leur visite » !
Battant en retraite, les Taiping rencontrèrent un missionnaire,
M. Milne. Afin d'empêcher qu'il ne fût blessé dans quelque
bataille, ils dépêchèrent une escorte pour l'accompagner à
Shanghai. Après qu'ils eurent ramené M. Milne sain et sauf dans
la ville, les gardes de l'escorte furent abattus 'par des soldats
britanniques, postés sur les murs d’enceinte !

Une grave erreur


Hong ne pouvait comprendre la façon d'agir des nations
chrétiennes d'outre-mer. Affligé, il rompit tout contact avec les
étrangers, mais continua d'étudier la Bible avec les fidèles.
Il autorisa les chefs militaires à disperser l'armée dans les villes
fortifiées de son territoire. Les Mandchous avaient été sévèrement
défaits, et l'on n'attendait aucune attaque de ce côté. Cette
décision — jointe à la méconnaissance des intentions
britanniques et françaises — allait se révéler désastreuse.
Bien que les déclarations officielles des gouvernements
étrangers laissassent entendre que l'Angleterre resterait neutre, les
faits réellement perpétrés contre les Chinois démontrèrent le
contraire. Les Britanniques encouragèrent les Mandchous à
combattre les Taiping dont ils provoquèrent graduellement la
retraite et la chute.
Le présent article ne peut reproduire toutes les informations que
les historiens compétents ont amassées. Les intrigues étrangères,
l'armée mandchoue et les persécutions religieuses entraînèrent la
mort de la plupart des Chinois gardiens du sabbat, y compris
Hong Xiuquan.
Longtemps après la mort de ces Chinois à qui Dieu avait révélé
une partie de Sa vérité, les mécontents (leurs anciens alliés), se
soulevèrent à nouveau contre les Mandchous. Ils se faisaient
appeler « milice de justice et de concorde » — ou « Boxers ». Leur
rébellion, la « révolte des Boxers », eut pour cible les étrangers, les
missionnaires surtout. Cependant, ils avaient tout oublié du
sabbat et des lois de Dieu.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
225

Pourquoi la Chine actuelle subit un régime communiste


Dès ce moment-là, la propagation de la parole de Dieu, parmi
les Chinois, ne rencontra plus guère d'écho. En 1949, le
communisme submergea le pays.
Lorsque je pense au sort des Chinois gardiens du sabbat, et des
compagnons ignorants qui cherchaient leur protection, il me
revient l'exhortation de Paul, dans l’Épître aux Hébreux : « Et que
dirai-je encore ? Car le temps me manquerait pour parler de
Gédéon, de Barak, de Samson, de Jephthé, de David, de Samuel,
et des prophètes, qui, par la foi, vainquirent des royaumes,
exercèrent la justice [...] furent vaillants à la guerre, mirent en fuite
des armées étrangères [...] d'autres subirent les moqueries et le
fouet, les chaînes et la prison ; ils furent lapidés, sciés, torturés, ils
moururent tués par l'épée [...] eux dont le monde n'était pas
digne » (Héb. 112-38).
Le résumé le plus important de ce drame de l'expérience
humaine — le livre qui a servi de référence pour ce récit d'un
événement peu connu — est l'œuvre d'un auteur blanc signant
d'un nom chinois, Lin Le. Son ouvrage s'intitule “Ti-ping Tien-
Kwohy the History of the Ti-Ping Révolution”. Il a été publié en 1866, à
Londres.

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226

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


227
CHAPITRE XIII

CHANGEMENT EFFECTUE PAR L’EGLISE


CATHOLIQUE ROMAINE

P endant des siècles, les chrétiens observèrent à la fois le


sabbat et le dimanche, mais vers l'an 325, EUSEBE de
Césarée, l'historien de l'Eglise, déclare :
« Toutes les choses qu'il fallait faire au jour du sabbat, nous les
avons transférées au jour du Seigneur, comme étant mieux
approprié, vu qu'il a la priorité et le premier rang, et qu'il est plus
honorable que le sabbat des Juifs. » Commentaire des Psaumes : Sur
le Psaume 91 (92).

« Parmi les deux fêtes célébrées primitivement : le sabbat juif,


commémoratif du repos de la création, et le lendemain du sabbat,
commémoratif de la résurrection du Sauveur, celle-ci devait
rapidement prendre la première place parmi les chrétiens. Le
sabbat restait bien un jour chômé, et il le demeurait encore
longtemps en certains lieux ; mais le jour du Seigneur devenait peu à
peu le jour sacré, le jour religieux par excellence et c'est pour le
mieux célébrer qu'il deviendra naturellement lui aussi un jour
chômé. Dès lors le sabbat précédent est détrôné ; il est le petit
sabbat, mais le nouveau sabbat des chrétiens, le jour du Seigneur,
est le grand sabbat. Et comme Dieu n'exige, pour son service,
qu'un jour par semaine, l'ancien sabbat devient jour ouvrier. Le
rythme hebdomadaire travail-repos est décalé d'un jour. » A.-M.
HENRY, Le huitième jour, Cahiers de la Vie Spirituelle, n. 11, 1er avril
1947, p. 497.

« L'histoire des origines du Jour du Seigneur [dimanche]


demeure à bien des égards obscure. » Richard J. BAUCKHAM
(prof. de théol. à l'Université de Manchester), From Sabbath to
Lord's Day, 1982, p. 240.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


228
« La détermination du dimanche, surlendemain de la mort,
comme jour de la résurrection, ne paraît pas avoir son origine
dans un souvenir traditionnel ni dans l'influence d'un texte
biblique, mais dans l'usage, qui, de très bonne heure, fit du
premier jour de la semaine le jour de la réunion chrétienne et le
jour du Christ. L'usage lui-même ne résulte peut-être pas
seulement de ce que les premiers fidèles de l'Evangile ont été
amenés à prendre pour leurs assemblées le premier jour libre
après le Sabbat, mais de ce que le jour du soleil devint comme
naturellement le jour du Sauveur chez les chrétiens arrivés du
paganisme. » Alfred LOISY, Les Evangiles Synoptiques, I, 1907, p.
177.

« Ce qu'il s'agit de savoir est pourquoi le premier jour de la


semaine a été pris comme jour du Seigneur, fête du Christ
glorieux. Le lien des nouvelles communautés devait être le repas
de fraternité, comme à Jérusalem ; mais on ne pouvait songer à
organiser la vie commune des croyants, et l'on ne songea pas
davantage à rendre ce repas quotidien ; d'autre part, il avait besoin
d'être assez fréquent pour correspondre à son objet. Le cadre de
la semaine, recommandé par la coutume juive et une pratique qui
tendait à se généraliser sous l'influence des cultes orientaux, dut
être adopté sans qu'on eût seulement besoin d'y réfléchir. Et le
jour indiqué pour l'assemblée chrétienne, pour la réunion sous le
patronage du Christ glorifié, pour le repas tenu en son honneur,
par manière de prélude au banquet du royaume céleste et au
festin des élus, était le premier jour de la semaine, non point
parce qu'il venait après le sabbat juif, et que l'on aurait eu
l'intention de le rattacher en quelque manière à celui-ci, mais tout
simplement parce qu'il était le premier, parce qu'il était pour les
païens le jour principal, le jour du soleil et qu'une analogie fut
perçue dès l'abord, spontanément admise et consentie, entre le
Christ ressuscité, le Christ dans sa gloire, et le soleil, les dieux
solaires dont l'Orient alors était rempli. » Alfred LOISY, Les
Mystères païens et le Mystère chrétien, 1930, p. 219.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


229
« Quand les païens entrèrent dans l'Eglise, le jour du Seigneur
c'est-à-dire notre dimanche fut substitué au sabbat. Cette
substitution, qui semble avoir été dictée par la haine de la loi
mosaïque, a probablement été accomplie sous l'influence de
Marcion [...] » Louis COULANGE (prêtre fr.), La Messe, 1927, p.
26.

« Il est à croire que les premiers chrétiens changèrent le jour du


repos hebdomadaire, en bonne partie pour le faire coïncider avec
le jour du soleil des païens, qui sans avoir été jusque-là, pour ces
derniers, un jour de repos, n'en était pas moins consacré à
quelques solennités religieuses. » Lucien JOTTRAND, Du Repos
hebdomadaire, 1870, p. 38.

« Assurés que le Christianisme était assez puissant pour


repousser la contagion du mal, et pour adapter au culte de
l'Evangile les instruments et les accessoires du culte du démon;
sentant aussi qu'il y avait à l'origine même de ces coutumes des
révélations primitives et un instinct naturel, bien qu'ils aient été
corrompus... les chefs de l'Eglise se montrèrent prêts dès
l'origine, si l'occasion s'en présentait, à adopter, à imiter, à
sanctionner les rites et les coutumes populaires de leur temps,
aussi bien que la philosophie des classes cultivées. » J.H.
NEWMAN (card. cath.), Essai sur le développement de la doctrine
chrétienne, IV, 1964, p. 367.

« Les Gentils étaient idolâtres, adorateurs du soleil ; le dimanche


était leur jour le plus sacré. Or, pour atteindre les gens dans ce
nouveau champ, il paraissait à la fois naturel et nécessaire
d'adopter le dimanche comme jour de repos pour l'Eglise. A ce
moment-là, il fallait que l'Eglise adopte le jour des Gentils, ou
bien amener ceux-ci à changer de jour. Changer le jour des
Gentils eût constitué une injure et une pierre d'achoppement.
L'Eglise pouvait les atteindre le mieux en observant leur jour. »
William FREDERICK , Three proph. Days : or Sunday the Christian's
Sabbath, 1900, pp. 169-170.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
230

« Bientôt les chrétiens craignirent d'être confondus avec les Juifs


en fêtant le sabbat, et, contrairement aux prescriptions bibliques,
ils prirent définitivement pour leur jour de repos le premier jour
de la semaine, l'ancien jour du soleil, solis dies, qui devint le
dimanche, dies dominica, le jour du Seigneur. Le samedi resta
longtemps un jour férié. Certaines corporations ne travaillaient
pas le samedi : "Et sachiez que la vielle loi gardoit le septisme jo
que Dieu se reposa, quand il ot fait le monde, ce est le samedi.
(Brunetto Latini.). » E. de MENORVAL, Paris depuis ses origines à
nos jours, 1889, t. I, p. 13.

« Le jour du soleil devint comme naturellement le jour du


Sauveur chez les chrétiens arrivés du paganisme. » A. LOISY,
Jésus et tradition évangélique, 1910, p. 203.

« Le premier jour de chaque semaine, le dimanche, était depuis


longtemps consacré au soleil : c'est ce qu'affirment plusieurs
auteurs. Le soleil étant dieu, le Seigneur par excellence, le
dimanche en vînt à être appelé le jour du Seigneur, comme cela
arriva plus tard dans le christianisme. » A. de ALMEIDA-PAIVA,
O Mitraismo, 1916, p. 3.

« [...] l'Eglise sanctifia le dimanche, en partie parce que c'était le


jour de la résurrection, mais surtout parce que c'était la fête
hebdomadaire du soleil. La politique chrétienne aimait à adopter
les fêtes païennes chères à la tradition populaire pour leur donner
une nouvelle signification. Le dimanche, jour du soleil, était aussi
le jour de Mithra. Il est intéressant de noter que Mithra étant
appelé Dominus ou Seigneur, le dimanche dut être appelé le jour
du Seigneur bien avant l'époque chrétienne. [...] Or, le dimanche,
dédié au soleil, était sacré depuis longtemps pour beaucoup de
religions païennes. C'était en particulier le jour sanctifié par des
adorateurs de Mithra, qui le désignait sans doute aussi sous le
nom de "jour du seigneur". Le fait que Jésus soit ressuscité un
dimanche ne semble pas avoir été la raison véritable pour laquelle
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
231
les chrétiens révéraient particulièrement ce jour-là. Ils auraient eu
tout autant de raisons de choisir le vendredi, anniversaire de la
mort du Seigneur. Il semble qu'ils furent influencés - dans ce
domaine comme dans d'autres - par la coutume païenne, et que le
dimanche fut adopté parce que les adorateurs de Mithra et
d'autres divinités solaires considéraient que ce jour était sacré, et
qu'il était impossible de supprimer cette habitude ancestrale. »
Arthur WEIGALL (prof. à l'Université de Genève), Survivances
païennes dans le monde chrétien, 1934, pp. 126, 196-197.

C'est à la suite du contact du christianisme transplanté hors de


Palestine, avec la vieille mythologie aryo-sémitique qui envahissait
l'empire romain, « qu'est née l'institution du dimanche qui, dans le
monde chrétien, a fini par remplacer le sabbat juif. A vrai dire, ce
n'est pas d'un simple remplacement qu'il s'agit, d'une simple
substitution d'un jour à l'autre, car le sabbat et le dimanche ne
répondent pas au même but, n'ont pas la même destination, ne se
justifient pas par les mêmes mobiles, par les mêmes raisons. [...]
S'il y a un point sur lequel la plupart des historiens soient
d'accord, c'est celui du lien étroit qui existe entre le dimanche
chrétien et les conceptions astrologiques et la mythologie du
mazdéisme. » Dr. S. JANKELEVITCH, préface du livre Le
Sabbat, d'OESTERLEY, pp. 43, 45-46.

« Chaque jour de la semaine, la planète à laquelle il était


consacré était invoquée à une place déterminée de la crypte, et le
dimanche, auquel présidait le soleil, était particulièrement sanctifié
[...] Les sectateurs du dieu perse, comme les chrétiens [...]
sanctifiaient le dimanche, et fêtaient la naissance du soleil le 25
décembre. » Franz CUMONT, Les Mystères de Mithra, 1913, pp.
173, 202.

« D'un côté comme de l'autre on observe le dimanche, jour du


soleil. Le 25 déc., natale Solis invicti, était jour de fête pour les
mithriastes; il le devint pour les chrétiens. » L. DUCHESNE
(Mgr), Histoire de l'Eglise, I, 1911, p. 545.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
232

« Le dieu du soleil des derniers césars païens -Sol invictus- céda


sa place dans le calendrier au Sauveur des chrétiens, son
successeur reconnu. Le jour du soleil, Solis dies, de la semaine
astrologique devint le dimanche chrétien, la fête hebdomadaire de
la résurrection. Et l'anniversaire de la naissance du soleil, Natalis
Solis Invicti, l'aube du 25 décembre, fut adopté comme jour de la
naissance du Sauveur. » T. ZIELINSKI, La Sibylle, 1924, p. 95.

« Le polythéisme se vengea en un certain sens de la religion


victorieuse en lui communiquant une partie de ce qu'il avait été
lui-même... Le christianisme a pris sans doute quelque chose au
judaïsme, mais je ne sais s'il n'est pas plus redevable au paganisme
en ce qui touche au culte et aux pratiques... Quant aux fêtes
chrétiennes, elles se sont fixées tout naturellement aux jours déjà
choisis pour les fêtes païennes, afin que les chrétiens ne se
distinguassent pas trop des païens, d'une part, et que le peuple vît
moins de différence entre deux religions qui fêtaient les mêmes
jours. » Thomas de CAUZONS, Histoire de l'Inquisition en France, I,
1909, pp. 114-115.

« L'Eglise prit la philosophie païenne et en fit le bouclier de la


foi contre les païens. Elle prit le Panthéon de la Rome païenne, ce
temple de tous les dieux, et le consacra à tous les martyrs, de
sorte qu'il en est ainsi jusqu'à ce jour. Elle prit le dimanche païen,
et en fit le dimanche chrétien. Elle prit la pâque païenne et en fit
la fête que nous célébrons en cette même saison... » The Catholic
World, Vol. 58, N 348, mars 1894, p. 809.

« Dans aucun cas nous ne pouvons attribuer aux communautés


des chrétiens juifs l'institution du dimanche ; c'est des chrétiens
païens qu'elle est venue, et voici comment on peut concevoir que
la chose arriva. Là où les rapports des communautés ne
permettaient pas d'avoir, chaque jour, des assemblées de prière et
des agapes, on dut s'entendre pour destiner un jour à la
communion ecclésiastique [...] On ne choisit point le sabbat que
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
233
célébraient les chrétiens juifs, pour qu'on ne confondît pas les
chrétiens avec les Juifs, ce qui aurait pu facilement arriver. » J.-A.-
W. NEANDER (hist. évang. all.), Histoire de l'établissement et de la
direction de l'Eglise chrétienne par les apôtres, 2e éd., p. 120.

« Par une pente insensible, les chrétiens du second et du


troisième siècle furent amenés à ouvrir leurs églises le premier
jour de la semaine. Un de leurs motifs était d'attirer les foules à
leur culte où l'on cherchait à imiter autant que possible les rites
païens... Il est indéniable que nous devons le nom de ce jour
[Sunday] aux Grecs et aux Romains ; nous reconnaissons en outre
que les anciens Egyptiens adoraient le soleil, et qu'ils lui avaient
consacré ce jour comme mémorial permanent de leur vénération.
Et nous découvrons que, par l'influence de leur exemple, d'autres
peuples, et parmi eux les Juifs eux-mêmes, lui rendaient des
hommages. Ces abus n'empêchèrent pas les Pères de l'Eglise
chrétienne - qui auraient dû repousser ou abolir et ce jour et le
nom qui le désignait - d'utiliser et de sanctifier l'un et l'autre. C'est
d'ailleurs ce qu'ils firent pour des temples païens souillés par un
culte idolâtre... Ainsi pour le dimanche [Sunday], jour où les
Gentils adoraient solennellement cette planète, et qu'ils appelaient
"jour du soleil"; ...les chrétiens jugèrent à propos d'observer le
même jour, et d'en conserver le nom, afin de ne point paraître
étroits sans nécessité, de ne pas soulever de plus grandes
préventions contre l'Evangile. » T.H. MORER (théol. anglic.), Six
Dialogues on the Lord's Day, 1701, pp. 22-23.

« L'observation du dimanche a succédé sous la loi nouvelle à


l'observation du sabbat, non pas en vertu d'un commandement
divin, d'après l'institution de l'Eglise et la coutume du peuple
chrétien. » Thomas d'AQUIN, Somme théologique, 1852, quest. 122,
art. V, 4.

« Ni dans l'Ecriture, ni dans la Tradition, il n'y a trace d'une


intervention directe, explicite de Dieu, déclarant la substitution du
dimanche au sabbat ; on ne peut donc pas dire de celle-ci qu'elle
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
234
est de "droit divin immédiat". » Abbé G. JACQUEMET,
Catholicisme, III, 1952, col. 819.

« Le dimanche n'a été ni institué ni commandé par Christ; et


bien qu'on le trouve étroitement associé à l'histoire du
christianisme, il n'est pas aussi ancien que celui-ci. » T. ZAHN
(protest.), "Histoire du dimanche", in Esquisse de la vie de l'ancienne
église, 1908, p. 163.

« Nous ne condamnons pas la fête chrétienne en soi; bien au


contraire, nous admettons pleinement sa légitimité et son utilité.
Nous voulons seulement établir qu'elle n'est pas directement
d'institution divine. » Edmond de PRESSENSE (théol. réf. fr.),
Le siècle apostolique, II, 1889, p. 258.
« Oui, l'autorité de l'Eglise est mise en lumière au plus haut
degré par les Ecritures puisqu'elle les recommande, les déclare
divines et les livre à notre lecture, en explique fidèlement les
passages embarrassants, et condamne les choses qui leur sont
contraires. D'autre part, les préceptes légaux des Ecritures ont
annulés par cette même autorité du Seigneur. Le jour du Sabbat
de la loi que nous célébrons se transporte au [jour] du Seigneur.
...Ce précepte, ainsi que d'autres semblables, n'ont pas pris fin par
l'enseignement du Christ (il dit en effet être venu pour accomplir
la loi et non pour l'abolir), mais ont été changés par l'autorité de
l'Eglise. » Gasparo del FOSSO (archevêq. de Reggio) déclaration
faite lors la 17e session du Concile de Trente, le 18 janvier 1562,
cité par Jean-Dominique Mansi, in Sacrorum Conciliorum nova et
amplissima Collectio, 1902, t. 33, col. 529-530.

« L'Eglise a jugé à propos de transférer la solennité et le culte du


sabbat au jour du dimanche, non seulement parce que ce fut en
ce jour que la lumière commença à éclairer la terre, ç'a aussi été ce
même jour que nous avons passé des ténèbres du péché à la
lumière de la grâce de notre Rédempteur, qui nous a donné la vie
éternelle par sa résurrection qui est arrivée au jour du dimanche,
ce qui a fait que les apôtres ont voulu qu'il fût appelé le jour du
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
235
Seigneur; mais de plus, parce que ça été en ce jour comme nous
l'apprenons de l'Ecriture sainte, que le monde a été créé, et que le
Saint-Esprit a été donné aux apôtres. » Catéchisme du Concile de
Trente, 1686, p. 452.

« La puissance de l'Eglise sur les Ecritures ressort du fait que


l'Eglise, en vertu de la pleine puissance qui lui a été donnée, a
changé certains préceptes des Ecritures. En effet, en dépit du
commandement du sabbat, le dimanche a pris la place du sabbat.
» JOHANN ECK (théol. cath.), Loci, I, p. 15.

« En résumé, donc, voici ce que l'histoire enseigne au sujet de


l'origine du dimanche et du développement du dogme établissant
son observation : ce ne furent pas les apôtres, ni les premiers
chrétiens, ni les conciles de l'ancienne église, qui ont placé sur le
dimanche le nom et le sceau du Sabbat ; cette œuvre fut celle de
l'église du Moyen Age et de ses chefs scolastiques. » Evêque
GRIMELUNG de Norvège, Sondagens Historie, p. 37.

« Quant au moment où l'observation du dimanche est devenue


une habitude, le Nouveau Testament n'en fournit aucun
renseignement. Il ne dit pas davantage comment cette habitude
s'est installée dans l'église...
La première loi à ce sujet fut promulguée par Constantin le
Grand, qui en 321, ordonnait la cessation de toute œuvre civile et
artisanale dans les villes. Les travaux agricoles de la campagne
furent permis... Mais personne ne songeait à trouver une base
pour cet ordre dans le troisième [quatrième] commandement
avant la dernière moitié du sixième siècle. A partir de ce moment-
là, et peu à peu, on accepta comme doctrine établie - une doctrine
qui resta en vigueur pendant le Moyen Age, c'est-à-dire pendant
l'ère sombre de l'Eglise - que la "Sainte Eglise et ses docteurs", ou
les évêques avec le pape de Rome à leur tête, agissant en qualité
de vicaires sur terre du Christ et de ses apôtres, ont transféré le
Sabbat de l'Ancien testament, avec toute sa gloire et sa sainteté,
au premier jour de la semaine. » Evêque Skat RORDAM du
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
236
Danemark, tiré du rapport de la 2e assemblée ecclésiastique, tenue
à Copenhague du 13 au 15 septembre 1887, par P. TAANING,
Copenhague, 1887, pp. 40-41.

« C'est l'Eglise catholique qui a transféré le jour du repos du


samedi au dimanche, du septième au premier jour de la semaine.
...Non seulement elle a rendu obligatoire l'observation du
dimanche, mais, au concile de Laodicée, en 364, elle a prononcé
l'anathème contre ceux qui observent le Sabbat, et contraint tout
le monde à travailler le samedi sous peine d'anathème. » R.P.
ENRIGHT dans une conférence faite le 15 décembre 1889, à
HARLAN, Iowa, et reproduite dans le Harlan American.

« D. - Quel est le jour du sabbat ou du repos de Dieu ?


« R. - C'est le septième jour de la semaine, le samedi. Car Dieu
employa six jours à la création du monde, et il se reposa le
septième.
« D. - Ce serait donc le samedi que nous devrions sanctifier
pour obéir à l'ordre de Dieu ?
« R. - Dans l'ancienne loi on sanctifiait le samedi. Mais l'Eglise,
instruite par Jésus-Christ et conduite par le Saint-Esprit, a changé
ce jour en celui du dimanche (...)
« Nous ne savons positivement ce changement que par la
tradition et par l'usage perpétuel de toutes les églises du monde. »
F.-A. POUGET (prêtre cath. fr.), Instruction générale en forme de
Catéchisme, 1733, pp. 137-138.

« Question : Avez-vous quelque autre raison prouvant que


l'Eglise a le pouvoir d'instituer un jour de fête ?
Réponse : Si elle n'avait pas un tel pouvoir, elle n'aurait pas pu
remplacer l'observance du sabbat du septième jour par celle du
dimanche, le premier jour de la semaine, un changement pour
lequel il n'y a aucune autorité scripturaire. » STEPHEN
KEENAN, A Doctrinal Catechism, 3ème édition américaine, p. 174.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


237
« Question : Comment prouvez-vous que l'Eglise catholique a le
pouvoir d'instituer des jours de fêtes ou de saints jours ?
Réponse : Par cet acte même de changer le sabbat au dimanche,
admis par les protestants, et donc en se contredisant eux-mêmes
par leur observation stricte du dimanche, sans tenir compte des
nombreuses autres fêtes recommandées par la même Eglise. »
DANIEL FERRIS, Manual of Christian Doctrine ; ou, Catholic Belief
and Practice, p. 67.

« Certains théologiens ont affirmé que Dieu avait désigné le


dimanche comme jour de culte dans la Nouvelle Loi, et que
c'était lui-même qui l'avait substitué au sabbat. Mais cette théorie
est aujourd'hui complètement abandonnée. On croit
généralement maintenant que Dieu donna simplement à son
Eglise le pouvoir de mettre à part le jour ou les jours qui
semblaient convenables comme jours saints. L'Eglise a choisi le
dimanche, le premier jour de la semaine, et au cours des siècles
elle en a ajouté d'autres comme jours de fête. » Vincent J.
KELLY, Forbidden Sunday and Feast-Day Occupations, p. 2.

« Elle [l'Eglise] a détaché le décalogue du reste des lois juives,


comme s'adressant à toute l'humanité, mais encore a-t-elle dû le
modifier dans quelques termes, culte des images, Sabbat, pour lui
donner un caractère aussi universel que celui de l'Evangile. » M. J.
LAGRANGE, Epître aux Galates, 1918, p. LXXI.

« L'Eglise catholique, plus d'un millier d'années avant l'existence


des protestants, en vertu de sa mission divine, a changé le jour du
sabbat au dimanche...
Mais les protestants disent : Comment pourrions-nous accepter
les enseignements d'une Eglise apostate ? Alors comment, dites-
moi, avez-vous pu toute votre vie, en opposition directe avec la
Bible, la suivre sur la question du sabbat ?
Le sabbat chrétien est donc jusqu'à ce jour reconnu comme un
enfant de l'Eglise catholique, qui est l'épouse du Saint-Esprit, sans
un mot de protestation de la part du monde protestant. » The
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
238
Christian Sabbath, pp. 29-31, paru dans The Catholic Mirror, sept.
1893, journal officiel de l'archidiocèse de Baltimore.

« Question : Quel jour est le jour du sabbat ?


Réponse : Le samedi.
Question : Pourquoi observons-nous le dimanche au lieu du
samedi ?
Réponse : Nous observons le dimanche au lieu du samedi car
l'Eglise catholique a transféré la solennité du samedi au dimanche.
» Peter GEIERMANN, The Convert's Catechism of Catholic Doctrine,
1957, p. 50.

« Le dimanche n'est désigné nulle part dans la Bible comme jour


du Seigneur ; le jour mentionné est le samedi, le dernier jour de la
semaine. L'Eglise [catholique] primitive le changea délibérément.
» John O'BRIEN (cath.), Finding Christ's Church.

« On ne voit pas [...] que notre Seigneur ait donné aux apôtres
l'ordre d'instituer le dimanche. [...] D'après l'opinion commune de
la théologie, le dimanche serait simplement une institution
ecclésiastique. L'Eglise, dit-on, a non seulement déterminé les
modalités de l'observation du dimanche ; mais encore c'est elle,
elle seule, qui, avec l'assistance de l'Esprit Saint, a choisi ce jour
pour le culte public et social de Dieu. C'est bien en raison de cette
tradition, et non en vertu d'un texte quelconque de l'Ecriture, que
nous observons le dimanche. » Dom Henri DUMAINE (bénéd.),
Le dimanche chrétien, ses origines, ses principaux caractères, 1922, pp. IV,
VI.

« [Les catholiques et les protestants en général] n'observent pas


le samedi, mais le dimanche. Si l'on prend l'Ecriture sainte
comme règle de foi, on voit que ceci est contre la loi divine ; car
d'un côté on conclut clairement de l'Ancien Testament que le
samedi doit être sanctifié ; de l'autre, on constate dans le
Nouveau Testament que les apôtres ont, de la même façon,
fidèlement observé le samedi; et on ne lit pas ailleurs dans les
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
239
saintes Ecritures que ce divin précepte a été abrogé. Les
protestants sont donc contraints ou bien de revenir au samedi
judaïque, ou bien de se soumettre à l'autorité de l'Eglise
[catholique] qui, par le pouvoir reçu de Dieu, a substitué le jour
du dimanche au jour du samedi. [...] De fait, il ne s'agit pas là du
simple domaine de la discipline, mais d'un changement de
précepte divin... » Abbé Aldolphe TANQUEREY (P.S.S. prof. de
théol. dogmat.), Synopsis Theologicae Dogmaticae, I, 1922, p. 368.

« Naturellement l'Eglise catholique affirme que ce changement


lui est permis. Cet acte est une marque de son pouvoir
ecclésiastique et de son autorité en matière religieuse. » Thomas
Hf CHANCELLOR of Cardinal Gibbons, Réponse à une lettre
concernant le changement du Sabbat, p. 97.

La presse catholique de Sydney a écrit le 25.08.1900: « Le


Dimanche est une institution catholique et l'exigence de son
observation ne peut être défendue que par des principes
catholiques. D'un bout à l'autre de la Bible, il n'y a pas un seul
passage qui autorise le transfert du culte public hebdomadaire du
dernier jour de la semaine au premier. »

« La Bible dit : Souviens-toi de garder et de sanctifier le jour du


Sabbat. L'Eglise catholique dit : Non ! Par mon pouvoir divin
j'abolis le jour du Sabbat et je vous commande de garder le
premier jour de la semaine. Le monde civilisé tout entier s'incline
dans l'obéissance respectueuse au commandement de la "sainte"
église catholique ». Père ENRIGHT CSSR du Collège de la
Rédemption de Kansas City.

« Le jour transporté, l'objet changé, le nom même remplacé,


peut-on dire que le dimanche est le sabbat continué ? Il reste, de
tous les éléments d'identité, la sanctification d'un jour sur sept,
c'est-à-dire le mode de solennisation ; mais qui a autorisé le
changement de l'époque, du motif et du nom ?

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


240
...Il est vrai que Moïse, au chap. V du Deutéronome, verset 15, a
introduit une variante dans le Décalogue et a donné un autre
motif à l'observation du sabbat ; mais c'était Moïse ; il avait ses
instructions ; et d'ailleurs il n'effaçait rien, il ajoutait seulement.
Quel autre, armé de la même autorité, est venu après lui modifier
formellement l'ordonnance de Dieu relative au sabbat ? Personne.
Tout ce qu'on peut dire, c'est que le christianisme lui-même (non
Jésus-Christ ni aucun de ses apôtres) s'est choisi son jour, et a
remplacé un souvenir par un autre souvenir. Mais ce fait est tout
autre chose qu'une continuation du sabbat ; autre chose, puisque
cette nouveauté n'a été ni commandée comme nouveauté, ni
rattachée expressément à l'institution précédente, mais qu'elle est
née, pour ainsi dire, insensiblement du consentement spontané de
l'église... » Alexandre VINET (théol. évang. suisse), Le sabbat juif et
le dimanche chrétien, 1877, pp. 18-19.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


241
CHAPITRE XIV

SABBAT OU DIMANCHE ?
« C'est ici un commandement qu'il faut examiner avec beaucoup
de soin, parce qu'il est des chrétiens qui le rejettent, sous prétexte
qu'il ne concernait que les Juifs, et parce que bien des gens, sans
le croire aboli, le regardent comme beaucoup moins important
que les autres commandements de la loi, et se font beaucoup
moins de scrupule de violer le jour du repos que de mentir, de
jurer ou de commettre quelque autre péché... Il faut que
l'observation du jour du repos soit bien étroitement liée avec la
vraie piété, puisque, dès qu'un homme devient pieux, il sent le
besoin de le sanctifier, et puisque, dès qu'un homme l'observe, on
dit qu'il devient pieux. » A.-L.-P. ROCHAT, Une voix chrétienne
pour tous les Jours de l'Année, 1879, pp. 442-443.

« Il y a deux positions tranchées dans l'Eglise chrétienne : ou on


rejette complètement le sabbat, ou bien on le garde et on
continue à l’observer ; ces deux attitudes particulières sont
déterminées par deux attitudes générales vis-à-vis de l'Ancien
Testament.
Mais dans leur grande majorité, les chrétiens ont pris une voie
moyenne qui, il faut bien le dire, témoigne d'un certain embarras.
En effet, le chrétien n'est plus soumis aux lois rituelles et
cérémonielles de l'Ancien Testament ; en revanche, il reste
soumis à ce qu'on appelle, pour simplifier, ses lois morales, lois
exprimées notamment dans le décalogue, où se trouve l'obligation
d'observer le sabbat. Dans de nombreux passages de l'Ancien
Testament, il est facile de faire la distinction entre une loi
cérémonielle (concernant les rites) et une loi morale (concernant
l'attitude envers le prochain). C'est beaucoup plus difficile en ce
qui concerne le sabbat : comment distinguer ce qui est cérémoniel
de ce qui est moral ? [...] » Alain-Georges MARTIN (past. réf.),
Repos, "Les Cahiers de réveil", 1970, pp. 25-26.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


242
« Si l'on pouvait établir que le sabbat ne doit pas être observé le
premier jour de la semaine, il s'ensuivrait non pas que nous
serions affranchis de l'obligation du sabbat, mais bien que nous
devons le sanctifier au jour primitivement fixé. Ce devoir serait
imposé à toute la postérité d'Adam jusqu'à la fin du monde. »
Robert HALDANE (évang. presb. écoss.), De l'obligation
permanente d'observer le jour du Seigneur, 1843, p. 4.

« Quelles convictions théologiques suffisamment fortes


auraient pu être invoquées [dans l'Eglise primitive] pour
qu'il soit jugé nécessaire de procéder à un transfert du
sabbat du septième jour au premier jour, malgré les
difficultés pratiques considérables que cela supposait ? Pour
cette seule raison, dit-on que Jésus est ressuscité un dimanche
plutôt qu'un sabbat, il "convenait" de faire ce changement ! Ce
n'était certainement pas là une raison suffisante. Il n'est pas
d'emblée évident que le jour où eut lieu la résurrection doive
s'approprier le culte que le quatrième commandement prescrit
d'observer le septième jour. » Max B. TURNER (prof. de N.T. au
collège bibl. de Londres), in From Sabbath To Lord's Day : A
Biblical, Historical, and Theological Investigation, 1982, pp. 134-135.

Position catholique :
« Nous célébrons le jour du Seigneur comme un jour de joie à
cause de Celui qui est ressuscité ce jour-là. » PIERRE (évêq.
d'Alexandrie, vers 300), in M.-J. Routh, Reliquiae Sacrae, III, 1846,
p. 46.

« La coutume et la raison exigent également que nous honorions


et sanctifions le jour du Seigneur, parce que c'est le jour où notre
Seigneur Jésus ressuscita d'entre les morts. C'est pourquoi les
Saintes Ecritures l'appellent tantôt le premier, parce qu'il marque
le commencement de notre vie, et tantôt le 8e, parce qu'il vaut
mieux que l'observance du sabbat par les Juifs. » THEOPHILE
(évêq. d'Alexandrie, décret de 398), in T. Balsamon, Canones
sanctorum conciliorum, 1620, p. 1067.
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
243

« C'est pour reporter notre pensée vers la vie future, que


l'Ecriture désigne par le mot un ce jour qui est l'image de
l'éternité, le premier des jours, le contemporain de la lumière, le
saint jour du dimanche, honoré de la résurrection du Seigneur. »
BASILE LE GRAND (évêq. de Césarée), Hexameron, II, VIII.

« Toutes les choses qu'il fallait faire au jour de sabbat, nous les
avons transférées au jour du dimanche comme en un jour
dominical, principal et plus précieux que le sabbat juif. »
EUSEBE de Césarée, Commentaire sur les Psaumes, Ps. 92.

« Nous croyons que la résurrection du Seigneur eut lieu le


premier et non le 7e jour, comme beaucoup de gens le pensent ;
et c'est le jour de la résurrection de N.-S. Jésus-Christ que nous
nommons proprement, et à cause de cette sainte résurrection,
dimanche ou jour du Seigneur (dominicam). Ce jour dans l'origine
vit la lumière le premier, et le premier il mérita de voir le Seigneur
ressuscitant de son tombeau. » GREGOIRE de Tours (fin du VIe
siècle), Histoire des Francs, I, chap. XXII.

« Si vous insistez pour qu'on vous donne des ordres positifs


tirés de l'Ecriture pour ces diverses règles et d'autres encore [il
venait de mentionner les prières pour les morts, le signe de la
croix et le jour du Seigneur], vous n'en trouverez point. On vous
donnera la Tradition comme leur père, la coutume comme leur
soutien, et la foi comme leur observance. » TERTULLIEN, De
Corona, sections 3 et 4.

Position protestante :
Ecoutons quelle était la position de LUTHER : « Ce
commandement, quant à la forme extérieure, ne concernait que
les Israélites, et, de même que les autres institutions de l'ancienne
alliance qui sont liées à des usages, des personnes, des temps et
des lieux particuliers, il a été aboli par Christ. Mais, quant à
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
244
l'essence de ce commandement, au sens réel, le Seigneur le
maintient et le sanctionne. - Nous ne sommes pas, comme les
Israélites, liés à certains jours ; pour nous, aucun jour n'est en lui-
même meilleur qu'un autre, et nous devrions les sanctifier tous;
mais, comme plusieurs ne le pourraient pas, il faut au moins avoir
dans la semaine un jour fixé pour que le peuple sache quand il
doit s'assembler, et le dimanche ayant été destiné de tous temps à
cet usage, il faut nous y tenir, afin que personne ne cause de
désordre dans l'Eglise par son innovation inutile. - C'est ainsi que
nous envisageons le jour du repos, et c'est là véritablement le
sabbat chrétien. » LUTHER, Le Grand Catéchisme, 1854, pp. 38-40.
« On ne célèbre pas le sabbat ou le dimanche comme une chose
nécessaire ou à cause de la loi de Moïse, mais parce que la nature
elle-même enseigne qu'il faut, de temps en temps, un jour d'arrêt
pour que les hommes et les animaux puissent se reposer. C'est
pour cette raison naturelle que Moïse a introduit le sabbat ; il l'a
subordonné à l'homme comme a fait le Christ lui-même ; et
puisqu'il ne doit être observé qu'à cause du repos, il est clair que
celui qui n'a pas besoin de repos peut rompre le sabbat et se
reposer un autre jour, suivant les indications de la nature. Il faut
aussi observer le jour du repos pour qu'on puisse prêcher la
parole de Dieu et l'entendre. » cité par M. GOGUEL, Luther,
1925, p. 118.
« Si l'on veut faire du sabbat un commandement obligatoire,
comme une œuvre que Dieu réclame, on devrait aussi observer le
samedi et non le dimanche. Mais puisque les chrétiens observent
le dimanche à cause de la résurrection de Christ, cela est un signe
que le sabbat ne nous ne concerne pas. » Saemmtl. Werke, 36,
1844, p. 92.

Dans une brochure intitulée Du sabbat et des Fêtes obligatoires,


Carlstadt, collaborateur de Luther à la première heure, reconnaît
qu'« en ce qui concerne le dimanche, on est mal à l'aise, vu que ce
sont les hommes qui l'on établit. » CARLSTADT, 1524.
Luther répondant à Carlstadt écrivit : « Si Carlstadt devait écrire
davantage sur la question du sabbat, le dimanche devrait céder, et
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
245
il nous faudrait revenir au sabbat, c'est-à-dire au samedi. Il ferait
de nous de véritables Juifs. » Et d'ajouter : « si quelqu'un
reconnaît le sabbat comme un commandement ordonné de Dieu,
et obligatoire, il doit observer le samedi, et non pas le dimanche,
car c'est le samedi et non le dimanche qui fut ordonné aux Juifs. »
LUTHER, Oeuvres, vol. XXXVI, p. 92.

« Il est vraisemblable que les apôtres ayant retenu pour le


commandement le jour qui était déjà usité, et que quelque temps
après étant contraints par la superstition des Juifs, ils ont aboli ce
jour-là et substitué un autre en ce lieu. On a élu le jour du
dimanche plutôt qu'un autre, parce que c'est le jour que le
Seigneur ressuscita ; et nous savons que la résurrection a imposé
fin aux ombres de la loi. » CALVIN, Comm. sur le N.T., III, 1855,
p. 510.
« Il est bien vrai que la cérémonie du sabbat était une partie des
ombres de la loi, et que Christ y a mis fin par son avènement. »
CALVIN, II, 1854, p. 99.
« L'observation du repos... a été abolie à la venue de Jésus-
Christ. - Pour ce qui est de la cérémonie, elle est abolie, parce que
nous en avons l'accomplissement en Jésus-Christ. - Qu'est-ce
donc qui nous en reste ? C'est que nous observions l'ordre établi
dans l'Eglise, pour écouter la parole du Seigneur. » Catéchisme,
sect. 26 et 27, 1934, pp. 64, 66-67.

« Le jour du repos a été transporté du samedi au dimanche,


contrairement au décalogue. On fait beaucoup valoir cet exemple
du changement du jour du sabbat, pour prouver que le pouvoir
de l'Eglise est si entendu, qu'elle peut changer les dix
commandements, et même dispenser de les observer... Ceux qui
s'imaginent que la transposition du sabbat au dimanche est une
institution nécessaire, se trompent fort ; c'est l'Ecriture sainte qui
a aboli le sabbat, et elle nous enseigne qu'après la révélation de
l'Evangile, toutes les cérémonies de l'ancienne loi pouvaient être
abandonnées. Cependant, comme il a été nécessaire qu'on
instituât un certain jour, auquel le peuple sût qu'il devait
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
246
s'assembler, l'Eglise chrétienne a choisi pour cela le dimanche, et
elle l'a fait d'autant plus volontiers, qu'elle donnait ainsi au peuple
un exemple de liberté chrétienne, et lui apprenait ainsi que ni
l'observation du sabbat ni celle d'un autre jour n'est nécessaire. »
Confession de foi d'Augsburg, 1530 (luthér.), in Cox's Sabbath
Manual, p. 287.

« Comme il est de la loi naturelle qu'une certaine portion du


temps soit mise à part pour le culte de Dieu, Dieu dans sa parole,
par un précepte moral positif et perpétuel, qui oblige les hommes
de tous les siècles, a désigné spécialement un jour sur sept pour
être observé et sanctifié comme sabbat. Depuis le
commencement du monde jusqu'à la résurrection de Christ, ce
jour était le dernier de la semaine ; mais depuis cette résurrection,
il a été transféré au premier jour, lequel est appelé dans l'Ecriture
le jour du Seigneur et doit être célébré perpétuellement comme
sabbat chrétien jusqu'à la fin du monde. » Confession de foi de
Westminster (1647), ch. XXI, 7.

Qu'en est-il réellement ?

Dans sa dispute avec Luther, à Leipzig, en 1519, le théologien


catholique Johann ECK (1486-1543) lançait ce défi au
réformateur : « L'Eglise, sans un seul passage de l'Ecriture, et sans
nul doute guidée par le Saint-Esprit, a, de sa propre puissance,
transféré le jour du repos du samedi au dimanche... Si vous
quittez l'Eglise pour l'Ecriture seule, vous êtes forcé d'observer
avec les Juifs le sabbat solennisé depuis le commencement du
monde. » Enchiridion locorum communionum adversus Lutherum, 1533,
pp. 78-79.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


247

« Il est curieux de rappeler... que cette observation du dimanche,


qui est le seul culte du protestantisme, non seulement ne repose
point sur la Bible, mais est en contradiction flagrante avec la lettre
de la Bible qui prescrit le repos du Sabbat ou samedi. C'est
l'Eglise catholique qui, par l'autorité de Jésus-Christ, a transporté
ce repos au dimanche en souvenir de la résurrection de notre
Seigneur ; de sorte que l'observation du dimanche par les
protestants est un hommage rendu, malgré eux, à l'autorité de
l'Eglise. » Mgr de SEGUR (cath.), Causerie sur le Protestantisme
d'aujourd'hui, 1884, p. 207.

« Vous [Réformés] rejetez les traditions de l'Eglise, et


cependant, vous les recevez bien pour le repos du Dimanche, qui
ne peut se prouver par la parole de Dieu. » Bibliotheca sacra
Ravanelli, 1650, cité par Victor Mellet, Le dimanche n'est pas un
sabbat, 1843, p. 9.

« Les protestants croient et pratiquent eux-mêmes plusieurs


choses qu'on ne sait que par le canal de la tradition (...) Ils
observent le dimanche au lieu du samedi. » François-Aimé

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


248
POUGET (prêtre cath. fr.), Instruction générale en forme de Catéchisme,
1733, p. 53.

« Qu'ils nous montrent (les protestants) donc dans la Bible tant


de choses qu'ils croient encore avec nous et qui n'y sont pas : le
baptême des petits enfants par exemple, et l'observation du
dimanche. » Victor DECHAMPS (card. belge), La divinité de Jésus-
Christ ou le Christ et les Antéchrists dans les Ecritures, l'Histoire et la
conscience, II, 1861, p. 215.

« Le dimanche chrétien est une institution catholique, et ses


droits à l'observation ne peuvent être justifiés que par des
principes catholiques... Depuis le commencement jusqu'à la fin
des Ecritures, il n'y a pas un seul passage qui justifie le transfert
du culte public hebdomadaire du dernier jour de la semaine au
premier. » Catholic Press, de Sydney, Australie, du 25 août 1900.

« Les protestants estiment qu'il est de leur devoir d'observer le


dimanche. Pourquoi ? Parce que l'Eglise catholique leur dit de le
faire. Ils n'ont pas d'autre raison. » Père Walter DRUM (S.J.), The
Ecclesiastical Review, février 1914, vol. 50, N 2, p. 236.

« Il est vrai qu'il n'y a pas de commandement précis en faveur


du baptême des petits enfants. ...Il n'y en a pas non plus pour
l'observation du premier jour de la semaine. » Amos BINNEY
(méth.), Theological Compend, 1902, pp. 180-181.

« La Bible parle-t-elle du dimanche ? Non, la Bible ne parle pas


du dimanche... La sanctification du dimanche, comme la vie
liturgique de l'Eglise, est du domaine de la tradition. » Ami-Paul
PRINCE, La Bible suffit-elle ?, 1947, p. 20.
C'est aussi ce que reconnaissait le pasteur protestant Charles
BYSE, De l'autorité en matière de foi, 1870, p. 26.

« Il y eut et il existe toujours un commandement pour


l'observation du jour du repos, mais le jour de repos n'était pas le
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
249
dimanche. On dit... que le jour de repos a été changé du septième
au premier jour de la semaine, avec tous ses devoirs, privilèges et
sanctions. Pour en apprendre davantage sur le sujet, un sujet que
j'ai étudié pendant de nombreuses années, je me suis demandé où
je pourrais trouver la preuve que ce changement eut lieu. Je suis
convaincu qu'elle ne se trouve pas dans le Nouveau Testament. Il
n'y a aucune preuve dans les Ecritures sur la substitution du jour
du repos du septième jour au premier jour de la semaine. »
Edward T. HISCOX (auteur du manuel bapt.), dans sa
monographie lue lors de la Conférence pastorale de New York, le
13 novembre 1893.

« Le protestantisme, tout en n'acceptant comme autorité que la


Bible, a reconnu sans discussion certaines traditions des anciens
conciles, ainsi la valeur des symboles, le baptême des enfants, le
dimanche, etc. » J.-A. BOST (past. évang. suisse), Dictionnaire
d'Histoire ecclésiastique, 1884, p. 906.

« Ces questions d'autorité ne se posent-elles pas avec acuité dans


notre protestantisme lui-même, qui conserve des traditions, dont
toutes ne sauraient prétendre à une justification scripturaire ?
Nous pensons ici au dimanche, substitué au sabbat, du reste bien
avant la Réformation, au baptême des petits enfants, [...] - Le
texte biblique ne les sanctionne pas plus que tant de traditions
catholiques. Et pourtant ces traditions protestantes ont pris force
de loi. D'où leur vient, se demandera-t-on par conséquent, leur
autorité, sinon des Eglises et de l'Eglise ? Mais alors, chose grave,
l'Eglise détient donc le dernier mot, et, si l'on n'y prend garde, on
rentre dans le système catholique par une porte détournée. »
Louis-Frédéric GOUMAZ (past. évang. suisse), Le Semeur
Vaudois, 3 juil. 1943, p. 1.

« [...] Vous pouvez lire la Bible de la Genèse à l'Apocalypse, et


vous ne trouverez pas une seule ligne autorisant, établissant la
sanctification du dimanche. Les Ecritures ordonnent la religieuse
observance du Sabbat, jour que nous ne sanctifions jamais. »
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
250
Cardinal James GIBBONS (cath. amér.), La foi de nos pères, 1886,
p.107.

Voici ce qu'écrivait naguère un israélite gagné au catholicisme :


« Ainsi les promoteurs de la Réforme ou du libre examen, qui
prétendent s'en tenir exclusivement au texte sacré, sont brouillés à
la fois avec l'un et l'autre Testament. Leur règle est si fausse qu'ils
s'en écartent eux-mêmes sur des points d'une importance
majeure. Ils exigent, par exemple, l'observation du dimanche,
quoique l'Ecriture n'ordonne que celle du sabbat. Où ont-ils puisé
cette innovation ? Dans la tradition catholique. [...] C'est par cette
raison qu'on reconnaît les apôtres comme les instituteurs du
baptême des petits-enfants et de la célébration du dimanche, deux
points non prescrits par les rédacteurs du Nouveau Testament. »
Julien JAVAL (écriv. cath. fr.), Les raisons de croire et les prétextes de
ne pas croire, 3è éd., 1868, pp. 343-344.

Le méthodiste Clovis G. CHAPPELL écrit dans Ten Rules for


Living, 1938, p. 61 : « La raison de l'observation du premier jour
au lieu du septième n'est pas un commandement positif. On
sondera les Ecritures en vain pour trouver le droit de changer
l'observation du septième jour en observation du premier jour. »

Le baptiste Harold LINDSELL a écrit dans Christianity Today


du 05.11.1976 : « Il n'y a rien dans la Bible qui exige que nous
observions le Dimanche plutôt que le Samedi comme jour
sanctifié. »

L'épiscopalien P. CARRINGTON écrit dans le Toronto Daily


Star du 26.10.1949: « Le commandement biblique dit : Tu te
reposeras le septième jour, soit le Samedi ; nul part dans la Bible il
n'est établi que le culte doit avoir lieu le Dimanche. »

« Si nous qui sommes soumis à l'Evangile devons régler le


temps de notre culte public d'après les prescriptions du
décalogue, il vaudrait mieux observer le septième jour
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
251
conformément au commandement explicite de Dieu, que
d'adopter le premier [jour] en s'appuyant sur une autorité
humaine douteuse. » John MILTON (protest.), A Treatise on
Christian Doctrine, 1825, p. 611.

« Ceux qui exigent une fidélité à la lettre des Ecritures doivent


se souvenir que, d'après la Bible, le sabbat juif est manifestement
obligatoire et qu'il n'y est nulle part aboli. Vous avez opéré la
substitution du premier au septième jour sans aucune autorisation
formelle des Ecritures.
Deux ou trois passages nous disent qu'après la résurrection, les
apôtres se sont trouvés réunis le premier jour de la semaine. [...]
On en conclut que par conséquent le changement fut probablement
apostolique. Or, cela ne repose que sur une probabilité, selon
laquelle un seul iota du quatrième commandement juif aurait été
abrogé, est extrêmement fragile, si ce n'est avec l'aide de la
tradition. » Rév. Frederick W. ROBERTSON (protest.), Sermons
preached at the Trinity Chapel, I, 1861, pp. 92-93.

« On comprend fort bien que Dieu s'étant reposé après six


jours de travail il ait ordonné la sanctification du septième jour.
On comprend moins bien que l'on demande aux chrétiens de se
reposer chaque premier jour de la semaine parce qu'en ce jour,
après que Jésus, mort et enseveli le vendredi, s'était reposé dans le
sépulcre le septième jour, Dieu a déployé la suréminente grandeur
de sa puissance, attestée par l'efficacité de sa force victorieuse [...],
en ressuscitant son Fils d'entre les morts. » A.-F. VAUCHER
(past. adv. suisse), Le jour du Repos, 1963, p. 41.

« Plus de mille ans avant l'existence du Protestantisme, l'Eglise


catholique, en vertu de sa mission divine, a changé le jour du
repos du samedi au dimanche. La Bible et le sabbat constituent le
mot d'ordre du Protestantisme ; mais nous avons démontré que
c'est la Bible contre leur Sabbat... Ils n'ont jamais - pas même une fois en
leur vie - observé le vrai Sabbat que leur divin Maître a observé jusqu'à
sa mort, et que les apôtres, suivant son exemple, ont observé
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
252
pendant trente ans après sa mort. Il n'y a dans l'histoire du monde
entier, un exemple plus ignominieux de la violation d'un principe
posé que celui-ci. De la Genèse à l'Apocalypse, la Bible ordonne
aux Protestants de sanctifier le commandement de Dieu qui
enjoint d'observer le samedi de chaque semaine. Et cependant, ces
gens, qui proclament la Bible comme leur "seul guide infaillible",
n'ont jamais observé ce précepte depuis
300 ans ! ...Nous sommes donc en
présence de l'exemple le plus patent, le
plus accablant et le plus fatal qu'il soit
possible de rencontrer, de la violation,
par une secte religieuse, des principes qui
sont à la base de sa croyance. » Catholic
Mirror (organe du Cardinal Gibbons), The
Christian Sabbath, septembre 1893.
Et la même brochure de constater, que dans tout le monde
chrétien, il n'y a qu'une seule secte, encore en petit nombre (les
Adventistes du Septième Jour) qui observe le samedi en
conformité au quatrième commandement du Décalogue ; et elle
conseille à Messieurs les protestants, s'ils veulent être conséquents
avec eux-mêmes, de retourner au samedi, ou sinon de rentrer
dans le giron de l'Eglise catholique.

« Les réformés comme les autres sont plus soumis à la tradition


qu'ils ne veulent le dire. Sur la question de la célébration du
dimanche, ...l'apport de la tradition a été très net. Lorsqu'une
confession chrétienne, comme l'adventisme, entame sur ces
difficiles sujets, au nom de l'Ecriture, une controverse avec les
réformés, elle est d'avance victorieuse, et les textes par lesquels
notre Eglise défend sa position, en dehors du rôle de la tradition,
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
253
ou sans invoquer l'esprit de la Révélation, sont rares et
n'emportent pas l'adhésion. Nous aimons mieux le dire très
carrément et affirmer qu'il y a une tradition protestante. » Jean
CADIER (théol. réf. fr.), Le Christianisme Social, sept.-déc. 1937, p.
318.

« Cher Monsieur,
Est-elle fondée l'accusation des protestants contre vous ? Ils
disent que vous avez changé le Sabbat du septième jour en ce que
l'on appelle le dimanche des chrétiens qui s'identifie au premier
jour de la semaine. S'il en est ainsi, quand avez-vous fait ce
changement et par quelle autorité ?
J.L. DAY, le 22 mai 1954, Lettre adressée au Pape Pie XII.
« Cher Monsieur,
En ce qui concerne le changement de l'observation du Sabbat
juif au dimanche chrétien, j'aimerais attirer votre attention sur les
faits suivants :
1) Les protestants qui acceptent la Bible comme étant la seule
règle de foi et religion sont obligés de revenir à l'observation du
Sabbat. Le fait qu'ils ne le font pas et observent plutôt le
dimanche démontre à tort qu'ils ne sont pas conséquents avec
eux-mêmes.
2) Nous, les catholiques n'acceptons pas la Bible comme étant la
seule règle de foi. A part la Bible, nous avons l'Eglise vivante,
l'autorité de l'Eglise pour nous guider. Nous disons que cette
Eglise instituée par Christ a pour but de renseigner et de guider
les hommes dans la vie ; elle a aussi le droit de changer les lois
cérémonielles de l'Ancien Testament. Partant de là, nous
acceptons le changement du Sabbat au dimanche qu'elle a fait.
Nous confirmons en toute franchise que : "Oui, l'Eglise a fait ce
changement, a institué cette loi à l'instar de beaucoup d'autres
lois, par exemple : l'abstinence le vendredi, le célibat des prêtres,
les lois concernant les mariages mixtes, les règlements des
mariages catholiques et des milliers d'autres lois".
3) Nous disons aussi que de tous les protestants, les Adventistes
du Septième jour constituent le seul groupement (religieux) qui
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
254
raisonnent correctement et qui sont conséquents avec eux-mêmes
dans leurs enseignements. Il est même quelque peu ridicule de
voir les Eglises protestantes aussi bien en chair que dans leur
législation demander l'observation du dimanche dont l'origine n'a
rien à voir avec la Bible. » PETER R. TRAMER, Editeur de The
Catholic Extension Magazine, avec la bénédiction du Pape Pie XII.

« Si la Bible est prise comme le seul et unique guide du chrétien,


alors c'est l'Adventiste du Septième Jour qui a raison en observant
le Sabbat. » The Question Box (organe cath.), 1903, pp. 254-255.

« Ils [les adventistes] ont le mérite de cette logique unique parmi


les protestants, d'après laquelle, puisqu'ils refusent de reconnaître
l'autorité de l'Eglise, ils se refusent également à la suivre en ce qui
concerne le transfert du jour du Seigneur du samedi au dimanche.
» Extension Magazine, « The National Catholic Monthly », vol. 33,
n 10, mars 1939, p. 24.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882


255
« Y a-t-il des textes bibliques qui parlent d'un transfert du jour du repos
du samedi au dimanche ? Les adventistes ont raison sur ce point.
Aucun texte ne parle d'un tel transfert. S'il y a eu transfert de fait,
c'est seulement le résultat de lois et de conventions humaines. [...]
Le dimanche est en fait devenu le jour du repos, dès l'Eglise
antique. Mais ce sont des lois ecclésiastiques, puis des lois civiles,
qui en ont décidé ainsi. Le seul jour de repos mentionné dans
l'Ecriture Sainte est et reste le sabbat. » André CONTAMIN
(past.), ICHTUS (revue évangél.), n 121 (mars 1984), p. 28.

« Les adventistes du septième jour. Ce qui leur a fait donner ce nom,


c'est qu'ils observent le sabbat, le septième jour de la semaine, ou
samedi ; car ils prétendent qu'on ne peut justifier par l'Ecriture le
transfert du sabbat au dimanche ; et il faut avouer que, si l'on
n'admet d'autre règle de foi que la Bible, il est difficile de leur
prouver le contraire. » Dictionnaire de Théologie Catholique,
VACANT et MANGENOT, I, 1930, art. "Adventistes", col. 513-
514.

« Afin de trouver quelque chose à dire sur l'adventisme,


beaucoup se sont contentés d'affirmer n'importe quoi.
Cependant, quoi qu'on puisse dire concernant l'adventisme du
septième jour, lorsqu'on s'appuie sur sa littérature officielle et ses
positions historiques, on ne peut nier qu'il ait toujours en majorité
adhéré aux doctrines cardinales et fondamentales de la foi
chrétienne indispensables au salut et à la croissance en grâce qui
caractérisent tous les vrais croyants chrétiens. » Revue
ETERNITY, Rév. W.R. MARTIN, novembre 1956.

« Le commandement relatif au jour du repos vise à amener


l'homme à laisser vraiment le premier et le dernier mot à la grâce
de Dieu, à le faire complètement capituler devant elle, en sorte
qu'il se mette inconditionnellement à sa disposition avec tout son
savoir, son vouloir et son faire. Pour cela, il prescrit de mettre à
part un jour, le septième jour, c'est-à-dire la septième partie du
temps de la vie humaine, et tout en interdisant à l'homme d'en
Histoire du Sabbat – Andrews – 1882
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faire un jour ouvrable, il lui demande de l'utiliser pour affronter
en quelque sorte directement la grâce de Dieu et se soumettre
sans réserve à ce qu'elle exige. » Karl BARTH (théol. évang.
suisse), Dogmatique, III, Tome 4, 1960, première partie, p. 55.

« Le sabbat est un jour de joie parce qu'il donne l'occasion d'être


pleinement soi-même. ...Le sabbat est le jour où la propriété et
l'argent, de même que le deuil et la tristesse, sont tabous ; le jour
où le temps vaincu et où la règle unique est d'être. ...Le dimanche
moderne est un jour d'amusements, de consommation et de fuite
de soi-même. On peut se demander si le moment ne serait pas
venu de rétablir le sabbat comme jour universel de paix et
d'harmonie... » Erich FROMM (philos.), Avoir ou être, 1978, p. 71.

Histoire du Sabbat – Andrews – 1882

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