Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide
range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and
facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.
Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at
https://about.jstor.org/terms
Sciences Po University Press is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access
to Revue française de science politique
JEAN-FRANÇOIS BAYART
514
du système politique camerounais, Paris, mémoire FNSP, 1972. Indiquons d'autre part
que le christianisme est majoritaire dans le pays et que l'importante minorité musulmane
est localisée dans le Nord (à l'exception évidemment de quelques colonies dans la
plupart des centres urbains du Sud).
515
3. Pour ces problèmes, cf. Bayart (J.-F.), « Les rapports... », art. cit.
516
4. La corrélation n'est cependant pas parfaite. Mgrs Ndongmo et Zoa sont favorables
au laïcat (sous des formes différentes) mais divergent quant à l'attitude à adopter face
au pouvoir ; Mgrs Mongo et Tonye, dont le cléricalisme est plus accentué, ne partagent
pas pour autant les vues de MM. Fouda et Effa.
5. J. Binet remarquait cette désaffection de l'intelligentzia à l'encontre du chris-
tianisme dès 1959 (« Sociologie religieuse dans le Sud-Cameroun », Le monde non-chrétien
47-48, 1959, p. 31). Elle ne fait que s'accentuer depuis l'indépendance. Notons que les
hauts-fonctionnaires sont en majorité protestants.
6. Schématiquement, l'on pourrait dire que L'Effort déborde Mgr Zoa sur sa
gauche. Citons également le conflit entre les prêtres de l'API et Mgr Ndongmo, avant que
celui-ci ne soit arrêté.
517
7. Cf. la « Lettre ouverte à S.E. Mgr Paul Etoga, évêque auxiliaire de Yaoundé »,
La Presse du Cameroun, 3 mai 1960. Mgr Etoga était pourtant co-signataire de la lettre
des évêques du Cameroun à leurs fidèles, datée du 4 décembre 1959, qui demandait au
clergé d'« éviter la moindre propagande en faveur ou contre les différents candidats >>
lors de la campagne électorale. Selon certains, Mgr Graffin, de son côté, aurait été
favorable à M. Ahidjo.
518
boucher sur la religion unique. D'autre part, compte tenu des virtua-
lités totalitaires du régime, la défense de la liberté d'action de l'église
sous toutes ses formes (scolaire, sanitaire, etc.) se résume largement à
une défense de la liberté politique et à une lutte contre la dictature.
L'Association des prêtres indigènes, puissante en pays Bamiléké, re-
prend ce dernier thème ; son inspiration est toutefois plus nationaliste,
et elle continue probablement à voir en M. Ahidjo l'assassin d'Um Nyobe 8.
L'ensemble des jeunes prêtres insistent sur l'indépendance de l'Eglise
et sur sa mission prophétique ; de plus en plus sensibilisés aux pro-
blèmes de la justice sociale, ils voient en elle une force de contesta-
tion. Pareillement, les Eglises protestantes, en particulier l'Eglise évan-
gélique, posent la question du développement. Telle est également la
ligne de l'hebdomadaire catholique L'Effort camerounais et du bi-
mensuel protestant La Semaine camerounaise.
La seconde tendance voit précisément dans la collaboration avec
les autorités un moyen d'œuvrer au développement du pays, et croit
pouvoir le faire sans sacrifier l'indépendance des Eglises et leur fonc-
tion prophétique. Là encore, les motivations et l'importance accordée
aux deux termes contradictoires de la proposition varient considéra-
blement. Dès 1958, l'abbé Zoa (qui sera sacré évêque en 1961) défi-
nissait à ses proches ses conceptions en matière de relations avec l'Etat :
l'Eglise, plus mûre, devait tolérer les erreurs du gouvernement - tout
en s'efforçant de les limiter - afin de ne pas faire naître en lui un
complexe d'infériorité ou un sentiment d'échec qui constitueraient des
terrains favorables au développement de réactions anticléricales de dé-
fense ; il soulignait d'autre part que, faute de solution de rechange, il
ne fallait pas jouer à l'apprenti-sorcier. Archevêque, il tentera d'ac-
tualiser cette ligne de conduite : lors de son intronisation, le 7 jan-
vier 1962, il déclara qu'il ne serait « l'homme d'aucun groupe, ni
d'aucun parti, fussent-ils de dénomination catholique ». Il semble
cependant qu'une partie de l'entourage de M. Ahidjo ait tout fait
pour le brouiller avec Mgr Zoa, en particulier en alimentant la rumeur
de sa candidature aux élections présidentielles de 1965. Des contacts
directs permirent aux deux hommes d'améliorer leurs relations, et la
confiance culmina en 1965-1966, rendant possible l'ouverture d'une pro-
8. L'API (l'APIC, disent les mauvaises langues) réunit les prêtres camerounais les
plus nationalistes de l'Ouest. Ils insistent sur la décolonisation de l'Eglise, adoptent à
l'égard du clergé expatrié une attitude hostile, voire raciste, s'opposant à ses activités,
à ses votes dans les conseils, etc. Les trois prêtres fondateurs de l'API étaient entrés
en conflit avec Mgr Ndongmo, mais l'Association a énergiquement protesté contre son
arrestation, ce qui lui vaut d'être actuellement étroitement surveillée par les autorités.
Elle aurait aujourd'hui tendance à devenir plus modérée.
519
520
composée de prêtres que Ton peut situer à gauche ; assez proches sur
ce point de Mgr Ndongmo, de TAPI et de L'Effort camerounais , ils
mettent l'accent sur la défense des libertés, ce qui les amène à sou-
tenir le pluralisme des associations et, paradoxalement, renseignement
confessionnel 13. Enfin, une troisième tendance se fait jour : quelques
membres du clergé coopérant, isolés, commencent à s'interroger sur
ce qu'a fait l'Eglise pour rendre le parti unique acceptable et fécond, et
à se demander si la priorité accordée au pluralisme ne pêche pas par
ethnocentrisme.
Les rapports entre les Eglises et l'Etat sont de nature politique et, à
bien des égards, institutionnelle. Mais il est impossible de les comprendre
si l'on ne tient pas compte de leurs composantes ethniques et familiales, si
l'on ne met pas en valeur leur personnalisation. Ce phénomène est d'au-
tant plus important que les contacts entre Eglises et Etat ont lieu à
tous les niveaux. La décentralisation est complète dans les Eglises ré-
formées, dont les efforts sont néanmoins coordonnés à l'échelon na-
tional par le secrétaire général de la Fédération des Eglises et missions
protestantes. Le poste fut confié de 1961 à 1971 au pasteur Mallo.
Celui-ci agit en étroite collaboration avec Mgr Zoa et lui délégua même
fréquemment, semble-t-il, le droit de parler au nom de l'ensemble du
christianisme auprès du pouvoir politique suprême. La situation n'est
guère différente au sein de l'Eglise catholique, tant les évêques sont
divisés. Il s'ensuivit d'ailleurs un malentendu, et le jugement que se
fit M. Ahidjo du pouvoir religieux s'en trouva faussé. Le président de
la République, dans une optique très africaine qui accorde toujours
la primauté au chef, considérait que Mgr Zoa était le dirigeant effectif
des catholiques. En fait, l'archevêque ne dispose d'aucune prérogative
particulière, sinon de préséance. Le droit coutumier post-conciliaire
autoriserait la conférence des évêques à lui déléguer certains pouvoirs,
mais cela est actuellement impensable. Ses options pastorales en
faveur du laïcat, ses choix en matière scolaire, son attitude lors de
l'Affaire Ndongmo ont en effet isolé Mgr Zoa 14. Au niveau diocésain,
l'autonomie des prêtres est également considérable, l'évêque se conten-
tant de donner des consignes très larges dans le domaine des relations
avec l'Etat 15.
13. Ces prêtres sont évidemment souvent opposés à toute forme de cléricalisme en
France, et en particulier à l'école libre.
14. Manguissa, l'archevêque de Yaoundé rencontra également de grandes diffi-
cultés dans son diocèse, peuplé d'une majorité d'Eton et d'Ewondo, et dont les prêtres
étaient dans l'ensemble passablement cléricaux.
15. A Douala, par exemple, Mgr Tonye, coadjuteur, s'est borné à recommander aux
prêtres de son diocèse d'éviter tout conflit social dans les établissements confessionnels.
521
Mais aucune politique cohérente n'a été définie à l'égard de l'Etat. Il est vrai que les
personnalités plus fortes de Mgr Zoa et, jadis, de Mgr Ndongmo font que les diocèses
de Yaoundé et de Nkongsamba sont plus homogènes. Il en est de même de celui de
Bafoussam, où l'influence de TAPI est considérable. Au moment de l'affaire Ndongmo,
en novembre 1970, la conférence des évêques, réunie à Bamenda, a cependant décidé de
fonder un Conseil permanent de l'épiscopat, qui devrait favoriser la concertation entre
les autorités catholiques.
522
16. Cf. Chaffard (G.), Les carnets secrets de la décolonisation, Paris, Calmann-Lévy,
tome II, p. 402.
17. Pour une analyse plus détaillée de la presse confessionnelle, voir : Bayart (J.-F.),
« Presse écrite et développement politique au Cameroun », Revue française d'études poli-
523
tiques africaines, 88, avril 1973, pp. 48-63. Soulignons que la presse confessionnelle est
l'organisation religieuse tribunitienne la plus importante : comme souvent en Afrique
noire, le syndicalisme défend les intérêts de catégories sociales relativement favorisées.
18. L'affaire Ndongmo a toutefois révélé un rapprochement entre l'UPC et les catho-
liques les plus progressistes (particulièrement l'API) (cf. L'UPC parle..., Paris, Maspero,
1971, pp. 50 et suiv.).
19. L'Effort camerounais 535, 10 avril 1966, p. 1.
20. L'Unité 272, semaine du 20 au 27 avril 1966, pp. 1 et 3.
524
21. Pour cet épisode, cf. Bay art (J.-F.), « Les rapports... » art. cit.
22. Sources : entretiens. L'USCC aurait compté 75 000 adhérents.
23. Chiffres cités par le Ministère du plan et de l'aménagement du territoire, « Rapport
national sur le groupe enfance -jeunesse -famille en République fédérale du Cameroun»,
décembre 1971, 198 p. polycop.
24. Elles sont cependant en proie à un malaise profond : par cléricalisme ou à la
recherche d'une plus grande « authenticité », le clergé africain a tendance à se désintéresser
de l'Action catholique depuis plusieurs années, au profit d'autres formules d'animation
(chorales, etc.).
25. Cf. Binet (J.), « Conditions des femmes dans la région cacaoyère du Cameroun »,
Cahiers internationaux de sociologie 20, 1956, pp. 109-23 ; The (M.P. de), « Evolution
féminine et évolution villageoise chez les Beti du Sud-Cameroun », Bulletin de l'Institut
fondamental d'Afrique noire 30 (4), octobre 1968 : 1533-65 et Dikoume (C.), Luetke-
Entrup (J.), Mouanko, étude socio-économique générale en vue du développement,
Douala, IPD, octobre 1971, p. 61.
525
26. Pour une brève étude du militantisme dans TUNC, cf. Bayart (J.-F.), « Came-
roun : l'illusion du parti unique », Revue française d'études politiques africaines, mai 1971,
pp. 40-49. Notons que la création imminente d'une école des cadres du parti répond direc-
tement au défi des organisations religieuses en matière de socialisation et de recrutement.
526
527
Quelle est l'attitude des cadres chrétiens face aux structures d'enca-
drement du régime et à l'absorption de leurs mouvements par celles-ci ?
Seule une enquête systématique autoriserait à répondre valablement à
cette question fondamentale. Les entretiens que j'ai eus, particulière-
ment avec des responsables jocistes et syndicaux, m'ont néanmoins
permis de discerner deux orientations, peut-être contradictoires mais
souvent intimement mêlées :
- une attitude anomique prononcée (sentiments d'impuissance de-
vant les décisions des pouvoirs publics, déception de ne pas pouvoir
véritablement militer dans les structures socio-politiques officielles et,
parfois, répugnance devant les compromissions et l'auto-censure aux-
quelles ils doivent se soumettre) ;
- une attitude « missionnaire » et une volonté résolue d'engage-
ment et d'action : qu'ils aient attendu d'y être contraints ou qu'ils
aient devancé l'adhésion obligatoire, les responsables chrétiens ne se
découragent généralement pas complètement et acceptent de militer au
sein des structures du régime, estimant faire un travail plus utile parmi
les non-croyants, et poursuivant une politique « d'entrisme » ou de
« débauchage » au profit de leurs idées politico-religieuses et de leurs
organisations. Tel dirigeant de la JOC, par exemple, adhérera en même
temps à la JUNC, ou tel ancien jociste aura d'emblée milité dans le
cadre de la FSC.
Nous avons jusqu'ici posé les Eglises comme rivales et concurrentes
des organisations socio-politiques du régime. A certains égards, la
substitution fonctionnelle s'est cependant opérée en termes de soutien
et de complémentarité. Les Eglises ont aidé à l'intégration du système
politique camerounais en adoptant et en proposant aux population
chrétiennes réticentes à l'encontre de M. Ahidjo un modèle d'opposi
tion partielle et ponctuelle (et non de remise en cause globale e
qualitative) : cela est particulièrement vrai pour les Bassa et le group
Ewondo-Eton 29. Plus directement, elles mettent fréquemment au ser-
vice des autorités leur excellent réseau de communication : ainsi, par
exemple, depuis 1965, l'Eglise catholique s'associe-t-elle à l'administra
29. La secte des Témoins de Jéhovah, forte de 50 000 fidèles, offrait un modèle dif-
férent de substitution fonctionnelle. Refusant toute autorité politique, elle prônait l'absten
tion aux élections ; ses membres allaient jusqu'à se livrer à des voies de fait sur ceux
qui se rendaient aux urnes. Cette attitude extrémiste n'était d'ailleurs qu'un aspect d
leur refus global de la société moderne. Les Témoins de Jéhovah fournissaient un moyen
d'expression à la contestation de la civilisation occidentale importée et, peut-être, du
régime politique de M. Ahidjo. Leur implantation dans l'Ouest du pays et dans le Litto
ral, principalement chez les Bamiléké, une ethnie particulièrement affectée par le chan-
gement social et réputée réticente à l'encontre du régime, semblait confirmer cette fonction
d'opposition radicale. La secte fut interdite en 1970. Actuellement, les autorités pour
chassent ses fidèles et ceux de sa résurgence récente, l'Eglise itinérante.
528
30. Elle ne donne cependant aucune consigne de vote. Pour plus de détails sur le
rôle de soutien des Eglises, cf. Bayart (J.-F.), Naissance..., op. cit.
31. Quelques chiffres, approximatifs: les missions possèdent 17 hôpitaux (sur 24),
69 infirmeries (sur 395), 10 hôpitaux et villages pour lépreux (sur 39), un peu moins de
3 800 lits (sur 10 000) et scolarisent environ 40 % des jeunes camerounais. Leur rôle
économique (fermes-écoles, coopératives, formations professionnelles...) enfin, n'est pas
négligeable, notamment dans le Nord, auprès des populations païennes.
32. Mgr Ndongmo créa également dans son diocèse des entreprises lucratives afin de
financer les écoles.
529
530
37. Celui-ci souligna que le diocèse de Yaoundé n'était pas isolé : un transfert dans
le Centre-Sud menacerait l'ensemble des écoles libres au Cameroun, et notamment dans
le Nord (où jamais l'Etat n'organiserait l'enseignement religieux dans les établissements
publics). Il se référa d'autre part aux expériences de pays africains étrangers, arguant
que la nationalisation entraînerait une dégradation du niveau scolaire et nuirait à long
terme à la nation.
38. Selon certains, M. Ahidjo aurait demandé (en vain) au gouvernement français
une aide financière afin de mener à bien l'étatisation de l'école libre.
39. La question scolaire se pose différemment au Cameroun occidental. Dans la
tradition anglo-saxonne, les écoles privées prédominent (90 % de l'enseignement primaire)
et sont puissamment soutenues par l'Etat. Cependant, les missions du Cameroun occi-
dental craignent la suppression de l'instruction religieuse des programmes officiels (ré-
clamée par les fonctionnaires de Yaoundé) et l'intensification du contrôle public des
établissements confessionnels. Elles suivent avec appréhension la situation au Cameroun
oriental. Non sans raisons : les salaires des maîtres ayant augmenté et la taxe scolaire
n'étant que partiellement perçue, l'Etat fédéré ne put rapidement plus subvenir à un
budget scolaire sans cesse croissant et fit indirectement appel aux fonds fédéraux. La
disparition du fédéralisme implique une diminution des subventions publiques.
531
532
533
41. «Quelle jeunesse pour quelle société?», L'Unité 115, semaine du 26 au 5 mars
1969, p. 1.
42. «Editorial: religion et vie», L Effort camerounais 679, 9 mars 1969, p. 1.
534
qu'elle ne doit pas être limitée à ce qu'on appelle les " affaires reli-
gieuses". En effet, le pouvoir de Dieu est la source de tous les pouvoirs
humains, et la justice divine mesure toute justice humaine et en révèle
les injustices » 43. Tel est le fond du débat. Dans le domaine socio-
économique, un équilibre pourra sans doute être trouvé autour de
solutions de collaboration et/ou de complémentarité. Cela est plus
problématique pour les fonctions de socialisation, d'encadrement et,
principalement, de protestation. Il est important de remarquer qu'à ce
dernier niveau la fonction de substitution peut s'accompagner d'une
« dé-radicalisation », selon l'expression d'E. de Kadt44. Sur ce point,
l'exemple de la presse confessionnelle est très clair. Nous avons décrit
la situation difficile dans laquelle elle se trouve actuellement. Dans
ce genre de circonstances dramatiques, les Eglises donnent habituelle-
ment la priorité à leur propre survie, au détriment de leurs préoccupa-
tions sociales et politiques. La « dé-radicalisation » des grands pério-
diques confessionnels me semble devoir être le prix nécessaire (et
peut-être insuffisant) de leur subsistance. Ils acceptent aujourd'hui
ce qu'ils refusaient hier et accepteront sans doute demain ce qu'ils
refusent aujourd'hui. L'altération ou la disparition de leur infrastruc-
ture idéologique et organisationnelle (syndicats, mouvements de jeunes)
sont d'ailleurs de nature à favoriser cette issue. D'une manière plus
générale, si l'on se réfère à l'évolution idéologique des mouvements
confessionnels sud-américains 45, le christianisme « progressiste » came-
rounais en est au stade de « l'analyse modernisante » : il s'agit à ses
yeux « d'humaniser le milieu ». Mais rien ne permet d'affirmer qu'une
vision dialectique, conflictuelle et révolutionnaire de la société pré-
vaudra dans l'avenir, à l'exemple de ce qui s'est passé outre -atlantique ;
que la perspective du « changement » l'emportera sur celle du « déve-
loppement », que le thème de la « conscientisation » supplantera celui
de 1'« humanisation » : le contexte politique, social, culturel et religieux
535
46. « The politics of subsaharan Africa », p. 314 sqq., in : Almond (G.A.) ; Cole-
man (J.S.) eds., The politics of developing areas , Princeton, Princeton University Press,
1960.