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Rome, de « Fonction et champ de la

parole et du langage ».
Je parle du dernier Lacan pour celui
Orientation lacanienne III, 9. qui prend son essor à partir de Encore.
Il y a donc au milieu le second Lacan,
celui qui commence avec les Quatre
concepts fondamentaux de la
psychanalyse, mais j'y ajoute ici une
Jacques-Alain Miller césure supplémentaire.
Dans le dernier Lacan, il faut
Quatrième séance du Cours distinguer le tout dernier Lacan, celui
qui nous ouvre un domaine où nous ne
(mercredi 6 décembre 2006) sommes pas vraiment entrés, en tout
cas dont l'usage ne nous est pas, pour
reprendre le mot, familier.
IV Et ce chapitre IX, à mes yeux, il
s'applique, comme je l'ai dit, à une
microscopie de ce texte, à mes yeux ce
chapitre IX marque un tournant, comme
j’avais pu le signaler jadis dans le
Séminaire Encore, le Séminaire XX, à
Je vois qu’il y en a un certain propos, si je me souviens bien, de la
nombre d'entre vous qui ne sont pas leçon numéro VII où Lacan faisait
confortables. Si ça peut leur alléger leur entendre que son écriture de l'objet
peine je leur dirai que moi non plus. petit a était, en définitive, insuffisante
Je déteste l’amphi T. pour capturer ce dont il s'agit avec le
Je vais tout de suite commencer, et réel.
d’ailleurs conclure, par le chapitre IX du J'avais scandé cette leçon et j'avais
Séminaire du Sinthome qui s'intitule montré comment on avait là le principe
« De l'inconscient au réel ». Je le d'une remise en cause qui conduisait
prends tout de suite parce que sinon Lacan jusqu'à l'usage du nœud
j'aurai différé ça. borroméen.
Je l'aurai différé parce que c’est un Eh bien nous avons, dans ce
texte d'abord sténographié et ensuite chapitre VII, une seconde inflexion qui
nettoyé par votre serviteur, qui ne m'a ouvre sur l’élucubration finale de Lacan.
pas encore livré tous ses secrets. De Ce qu'on peut y trouver de difficile,
ce fait, il a pour moi une place apparemment contradictoire, est en fait
particulière. à considérer, je crois, comme une
Je me fascine sur ces formules, en introduction à l’écrit, à l'autre écrit final
essayant de les ordonner. Il y faut, de Lacan, de « L’esp d’un laps », où je
comme dit Lacan, un certain forçage. l'ai dit, il tire la leçon de son Séminaire
On peut le récuser comme étant d'un du Sinthome et en même temps il
Lacan fléchissant. Ça n'est pas le parti l'ouvre sur une partie restée obscure de
que je prends. Au contraire, j'y vois, son enseignement parce que c'est une
avec ce que j'arrive à en comprendre, à des raisons, il n’a pas consacré ensuite
l’entendre comme dit Lacan, un d’écrit à cette ultime élucubration.
moment mémorable de l'enseignement Nous sommes donc là sur le bord,
de Lacan qui marque une inflexion à si je ne me trompe pas, de son dernier
partir de laquelle s’ouvrent les tous frayage, dont il ne pouvait donner à ses
derniers Séminaires de Lacan. auditeurs que des lueurs.
J'utilise familièrement dans ce cours Devant la difficulté de ce chapitre,
une périodisation triple. Je parle du qui ne fait que quelques pages, je
premier Lacan pour désigner les dix préfère prendre le parti, c'est un choix,
premières années de son de tout interpréter.
enseignement à partir du Rapport de Je ne me dirais satisfait que quand
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j'aurais rendu raison de la moindre des


inflexions du discours de Lacan, du dire
de Lacan dans ce chapitre. Je n’en suis
pas encore là, et ça m'aidera peut-être
que de le dévider devant vous jusqu'au
point où j'en suis. Ce qui a été posé, c'est non
Donc, là, je m’avance cahin-caha, seulement ce qu'il énonce ce jour-là
sans filet, mais enfin, quand on est mais il faut entendre ce qu'il a énoncé
professeur, on ne tombe jamais, depuis le début de l'année, les huit fois
j'espère. précédentes.
Alors j'ai dit mémorable ce texte, et il Je crois que je peux ici vous lire ce
est le texte de ce qui a été prononcé qui fait fonction de premier paragraphe.
par Lacan, il le souligne, à une date Ces paragraphes me sont dûs puisque
nécessairement mémorable, au moins j'ai travaillé sur la sténographie où j'ai
pour lui, puisque c'est celle de son ménagé en fonction, comment faire
anniversaire. Et il ne laisse pas au autrement, de ma compréhension, des
lecteur le soin de s'en apercevoir scansions, parfois celle des phrases,
puisqu’il présente son exposé, il moins souvent que dans les premiers
l’introduit par cette circonstance, cette Séminaires de Lacan, parce que la
occasion. scansion de phrases est donnée
Bien sûr il y a l'hypothèse qu’il fait du souvent dans la sténographie
remplissage, ou encore que tout lui est elle-même mais non pas celle des
bon pour justifier ne présenter qu'un paragraphes. Donc je lis le premier
exposé raccourci afin de laisser la paragraphe.
parole à l'assistance. Et, en effet, la « D'habitude, j’ai quelque chose à
moitié de ce chapitre est occupée par vous dire. Mais aujourd'hui, parce que
l'énoncé de onze questions, plus une j'ai une occasion - c'est le jour de mon
qu’il n’arrive pas à déchiffrer puisqu'elle anniversaire - je souhaiterais que je
est envoyée avec des caractères puisse vérifier si je sais ce que je dis. »
chinois, onze questions qui marquent Donc on nous signale d'emblée le
au moins un début de réponse. caractère exceptionnel de cette prise
Cette attente de la réponse se fait de parole. Il y a un régime d'habitude et
entendre dans ce chapitre jusqu'au il y a un aujourd'hui qui rompt le régime
point où lui-même qualifie son invention habituel, un aujourd'hui exceptionnel.
du réel de réponse, de réponse Prenons ça au sérieux. Que
symptomatique et il attend de même l'opération en cours est faite, même si
des réponses de son auditoire. ce chapitre va s'ajouter à la série,
Donc nous nous trouvons devant l'opération en cours est tout de même
deux parties. L'une, la première, où faite à partir d'une position
Lacan expose, la seconde où il d’énonciation, d'une place
improvise des réponses aux questions. exceptionnelle.
Nous nous trouvons devant un Je dis place puisque ce que j'ai
monologue et un dialogue, et il donne distingué comme la deuxième partie,
un sens à ce passage du monologue commence par « Changeons de
au dialogue. place », ce qui nous laisse à déterminer
Le but, tel qu’il l’expose, pour quelle était la place choisie pour
commencer, le but de l'entreprise de ce commencer.
jour anniversaire, c'est donc, tel qu’il le Alors le régime d'habitude, c’est :
formule, une vérification qui déjà « j'ai quelque chose à vous dire » et le
suppose simplement que quelque moment de l'exception c'est : « vérifier
chose ait été posé et que dans un si je sais ce que je dis. »
second temps, il s'agit d'obtenir la On va revenir sur la formule « si je
vérification de ce qui a été posé. sais ce que je dis » qui sonne familière
aux oreilles mais, ici, il n'en est rien. La
prétention de savoir ce qu'on dit est
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plutôt une prétention qui a été récusée être entendu n'implique pas la
par Lacan dans sa position complétion, l’exhaustion qu'il y a dans
d'enseignant. l'idée de compréhension.
Avant d’y venir, je souligne, puisque Autrement dit Lacan dit malgré tout :
mon ambition est de tout interpréter, je on parle pour l'Autre, on parle pour les
ne vais pas faire ça tout du long parce autres, ce qui s'oppose à ce qui est ici
que ça nous emmènerais trop loin mais en position de supposition, ce qui
pour le début, je souligne le « je s’oppose à parler pour soi. Et c'est bien
souhaiterais » qui est l'expression d'un ce qui est énoncé par Lacan dans la
Wunsch, d'un souhait, c'est aussi bien phrase suivante, donc qui est à lire en
dans l'expression le principe peut-être fonction du je sais ce que je dis : « Je
d'un rêve. voudrais vérifier, en somme, si je ne me
« Je souhaiterais que je puisse contente pas de parler pour moi -
vérifier », ça n'était pas un détour qui comme tout le monde le fait, bien sûr, si
était à supprimer du texte. Je l'ai l’inconscient a un sens. »
conservé pour la raison suivante, c'est Voilà qui demande à opposer deux
que précisément Lacan ne dit pas qu'il régimes de l'énonciation, le parler pour
souhaiterait vérifier, que je puisse soi que nous écrirons au plus simple
vérifier c'est l'intervalle qui signale que par une boucle sur un point, et le parler
ça dépend des autres, cette vérification. pour l'Autre.
Les autres dont il appelle les questions. Et notons que c’est du côté du parler
Le si je sais ce que je dis n'est pas pour les autres que Lacan inscrit le je
comme tel à sa disposition. C'est bien sais ce que je dis.
plutôt un risque ouvert selon la réponse
qui sera apporté ou non par ces autres.
Et il interprète ce souhait, ensuite, le
.
conditionnel de ce souhait. Il dit, c'est le
début du paragraphe suivant : - Malgré
tout, dire, ça vise à être entendu.
. "je sais ce que je dis"

Ce qui est notable, ici, c’est ce


malgré tout, qui a un empan de
supposition assez étendu, d'une Enfin, il ne dit pas à proprement
supposition qui serait que dire ne vise parler : je sais ce que je dis. Il dit :
pas à être entendu. C’est l’indication du vérifier si je sais ce que je dis en tant
bord sur lequel Lacan se tient, parce que ça dépend de la réponse des
que tout son enseignement est parti de autres.
ce que parler, c'est pour être entendu, En revanche, du côté de la boucle,
parler c'est communiquer, parler on pourrait inscrire, sur le fond de
implique l'Autre. l'enseignement de Lacan, on pourrait
En radicalisant cette conception, inscrire je ne sais pas ce que je dis.
c'est même le dire est celui de l'Autre
puisqu’on s'exprime dans le langage de
l'Autre pour être entendu de lui, au .
point qu'on puisse dire que ce dire vient
de l'Autre lui-même.
Le malgré tout indique ici que nous
. "je sais ce que je dis"

"je ne sais pas ce


sommes dans une toute autre saisie de que je dis"
l'acte de parole.
Je reprends cette formule d’une Je ne sais pas ce que je dis est la
question qui sera posée à Lacan et que position que Lacan a déjà repérée
lui-même reprend dans sa réponse. comme celle de l'analysant, du sujet de
Être entendu, ça vise à être entendu, l'inconscient, et dont il a dit à l'occasion
a le sens, au moins le sens en est que c'était sa position comme
proche de être compris. Être entendu, enseignant.
c'est un pas en-deçà de être compris,
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Ici, nous avons la tentative pour fixer écrive quelque chose qui justifierait
cette position de l'enseignant au cette peine que je me donne depuis un
contraire de l'autre côté. peu plus de vingt-deux ans. La seule
Alors je sais pas ce que je dis, c'est façon de la justifier, ce serait que
la position d’énonciation qui est quelqu'un invente quelque chose qui
marquée de S barré, le je sais ce que je puisse, à moi, me servir. Je suis
dis, c'est celle qui répond, je crois, au persuadé que c'est possible. »
côté gauche du discours dit de Là, nous sommes dans un troisième
l’université, où le savoir est supporté régime distinct de ces deux, un régime
par un Je maître en S1. C'est, disons, la qui n'est pas celui d'un dire, mais où il
position de professeur qui est là, ce que s’agit d’inventer un écrit. Il ne s'agit pas
Lacan veut vérifier de son énonciation. d'un dire qui se comprenne, mais d'un
écrit qui puisse servir. Autrement dit, ça
n'est pas dans la compréhension que
. ce dont il s'agit ferait le savoir, c’est
dans l'ordre de l'usage, c'est dans
l'ordre déjà pragmatique que ça puisse
. "je sais ce que je dis"
servir. Il ne dit pas inventer un écrit qui
"je ne sais pas ce
soit plus vrai, enfin quant à découvrir un
que je dis"
écrit qui serait plus vrai mais un écrit
qui puisse servir.
S2
S Donc nous sommes, avec le dernier
S1
paragraphe de ce qui fait ici
introduction, déjà dans un troisième
Donc, d'un côté, le dire est supposé
registre où Lacan lui-même entre, cette
arrimé au savoir et permettre d'être
fois-ci, et où il n'est plus question
entendu, de l'autre côté, nous avons un
tellement de je sais ce que je dis, ou de
dire qui, en quelque sorte, se boucle
je ne sais pas, il est question d’écrit.
sur lui-même. Il n’est pas articulé à un
Donc ce qui n'est pas au niveau de ce
savoir mais à une satisfaction, et où
parler pour l'Autre, ou de parler pour
l'Autre n'a rien à entendre, au sens de
soi.
rien à comprendre.
Disons que c'est un écrit dans la
Voilà deux positions. Alors nous
mesure où on peut en parler, et donc
n'avons pas ici à durcir la contradiction,
que ça fait plutôt référence que position
précisément parce que Lacan choisit
d’énonciation.
cette occasion mémorable pour
Le critère de ce qui serait ce qui peut
s'interroger sur son je sais ce que je
servir, disons en l'occurrence dans la
dis, conditionnel. On comprend bien
circonstance de son Séminaire, ce qui
que le régime qu'il désigne comme
fait fonction, c’est les réponses qu'il
normal, en fonction de l'inconscient,
recevraient sous forme de questions. Il
c'est le je ne sais pas ce que je dis.
annonce qu'il prendra les questions
Et il s'agit d'essayer ou de trouée,
déjà comme des réponses de l'Autre.
que nous pouvons dire précaire, en
Alors, là-dessus, j’ai fixé la première
employant l'adjectif qui est dans ce
partie de ce texte, commençant par la
chapitre, une trouée précaire vers le
phrase : J’ai inventé ce qui s'écrit
discours universel, vers le savoir.
comme le réel. J'ai inventé l'écriture du
Une fois cette mise en place initiale
réel, pour le dire autrement.
dégagée, la complexité n’est
Cette écriture, que Lacan propose
qu'apparente, c'est en fait évidemment
comme l'écriture du réel, ce n'est pas
très simple, on constate que ça se
une écriture directe parce qu'elle
décale pour ce qui est de la suite du
dépend d'un ensemble qu'il appelle le
chapitre.
nœud borroméen, plus exactement la
Alors – « Je préférerais que
chaîne borroméenne puisque ça ne fait
quelqu'un me pose une question (etc.).
pas nœud à proprement parler, et
J'aurais aimé sans doute que quelqu'un
l'écriture du réel, ça consiste, par un
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acte, à appeler un des trois ronds pratique un certain nombre de


dessinés, à l'appeler le réel. substitutions réglées pour obtenir la
Tout pivote sur ce qui lui-même le dissimulation du message initial ; donc
retient dans cette année, tout pivote sur une cryptologie et, à certains égards, le
cet acte de nomination. Il en dégrade chiffrage par réel, symbolique et
en quelque sorte l’opération, en disant, imaginaire est une telle cryptologie.
je le cite : « Ce n'est rien de plus, bien C'est là-dessus que Lacan se laisse
sûr, que métaphore de la chaîne. » porter par la notion de nombre. « Il y a
Comment faut-il l’entendre ? Je un certain nombre de façons de tracer
l'entend de cette façon-là : nous avons les chiffres. La façon la plus simple est
les trois ronds de la chaîne celle que j'ai appelée du trait unaire. »
borroméenne, le premier, le deuxième, On peut se contenter du trait, on
le troisième, là nous utilisons des peut les multiplier, pour indiquer, ici, les
nombres ordinaux pour distinguer nombres cardinaux, ici c’est trois, parce
chacun des ronds, nous utilisons qu'on a fait trois traits, on peut aussi
l’ordinal 1, 2, 3 et par nomination nous bien, signale-t-il, faire des points pour
qualifions celui-ci par exemple de « le former des cardinaux.
réel. »
1,- 2,- 3 -
...
3
Et là, saut, de ce développement sur
le réel le nombre, vers un chapitre de l'œuvre
de Freud. « Ce qu'on appelle
Ça n'est pas non plus une écriture l'énergétique [alors l’énergétique, si
unique puisque c'est cohérent avec Lacan le fait venir ici c’est parce qu’il
appeler le deuxième et le troisième, pense à l'énergétique freudienne. Et il
comme on voudra, symbolique et trouve un peu plus tard dans ce
imaginaire. chapitre la référence à l’Enwurf, au
Autrement dit, pourquoi est-ce une projet d'une psychologie scientifique,
métaphore de la chaîne ? C’est une qui est vraiment aux origines de la
métaphore dans la mesure où c'est une réflexion de Freud.
substitution, aux nombres ordinaux Quand il dit ce qu'on appelle
nous substituons des substantifs. l’énergétique, c'est à celle-là qu'il pense
Et donc, il y a là la substitution qui et il pense en même temps à
est la définition, la substitution l’énergétique des physiciens, celle dont
signifiante, c’est la définition de la il a développé le concept lors de son
métaphore, donc on peut parler de Séminaire XII, si je me souviens bien,
métaphore de la chaîne pour ce qui est Problèmes cruciaux pour la
de la chaîne borroméenne dont chacun psychanalyse. Il fait référence
des ronds est appelé. précisément à ce qui est ici rappelé
Lacan s'interroge, interroge même dans une seule phrase : « Ce qu'on
ce mouvement qui a l'air le plus simple ; appelle l’énergétique n'est rien d'autre
on est là vraiment dans la microscopie. que la manipulation d’un certain
« Comment se peut-il qu'il y ait une nombre de nombres d’où l'on extrait un
métaphore de quelque chose qui n'est nombre constant. »
que nombre ? Cette métaphore, on Il l’accueillait à l’époque par la
l'appelle, à cause de ça, le chiffre. » référence aux physiciens
Ce qu'il faut entendre ici par chiffre, contemporains qui même dans ses
qui joue avec nombre, c'est la pratique leçons les plus scientifiques gardaient
de cette métaphore du nombre que le sens de l'exemple à faire
constitue un message chiffré, c'est-à- comprendre, en l’occurrence
dire un message dans lequel on l’énergétique était illustrée par
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l'éparpillement d’un certain nombre de dans des neurones ou des groupes de


cubes par un enfant et si on sait le neurones, en particulier pour le moi. Le
nombre de cubes, on pourra aller le moi est le nom donné à une masse de
chercher où il faut sous le lit, sous le neurones qui maintiennent le même
tapis, parce que ça reste constant ; ce investissement dans un état lié.
qui est exigé, c'est le maintien d'une Je ne rentre pas dans le détail de
constance. cette énergétique, qu'on trouve dans
Et il évoque Freud, donc, se référant l’Enwurf, qu’on retrouve dans La
à l'énergétique par le biais de la science des rêves au chapitre VII, et
signifiance de son temps. qu’on retrouve ensuite, sans plus de
Cette énergétique, l’énergétique références aux neurones, dans la suite
freudienne, même si elle se tient au de l'œuvre de Freud où, en effet, le
niveau du nombre, reste néanmoins point de vue économique dépend de
une métaphore. Et nous sommes là cette référence à une énergie
dans le tréfonds des origines de la psychique et au déplacement d'une
pensée de Freud ou, disons, des énergie psychique.
premiers instruments dont il s'est servi. Lacan ne l’évoque que pour dire que
Il a trouvé un certain nombre Freud, en fait, n'a jamais vraiment
d'écritures dans la physique de son fondé une énergétique, il en a eu l’idée
temps dont il a fait usage. En particulier mais il ne l’a pas fondé, et aussi que la
c'est en adaptant cette physique qui lui seule conception qui puisse se
était contemporaine qu'il a dégagé substituer à l'énergétique freudienne,
l'idée de deux sortes d’énergies c'est celle du réel.
psychiques, l’énergie libre et l'énergie Autrement dit, à la place où Freud
liée, il en fait hommage à plusieurs concevait, imaginait des neurones
reprises à Breuer, son premier passages d'énergie ou accumulateurs
collaborateur ou son mentor. En fait il le d'énergie comme étant le vrai du vrai
disculpe, ça n'est pas dans le même de l'inconscient, la matière, la
sens que chez Breuer qu’il reprend ces substance même de l'inconscient,
termes et c'est tout un travail que de Lacan traite ça d'imagination. À cette
retrouver l'usage premier de ces place-là, dit-il, il inscrit, lui, son idée du
termes, l'énergétique, ou bien chez réel tout en s'interrogeant sur le sens
Helmholtz, chez Brucques, et j’ai trouvé de ce qu'il accomplit ici.
aussi dans le Vocabulaire de Laplanche Là, Lacan ne donne pas une
et Pontalis les noms de Ranking et de figuration de ce substrat sur le mode
Thomson, que je ne suis pas allé voir. des neurones, il donne à la place la
Disons que l'emprunt est avant tout chaîne borroméenne, d'où trois
de la notion de deux sortes d’énergies questions qu'il pose et c'est ce qui rend
mécaniques dont la somme doit rester satisfaisante aussi cette lecture, c’est
constante dans un système isolé. Il ne qu’en sorte que chaque pas est
faut pas qu’on ajoute des cubes au petit susceptible d'être mis en question et
jeu, on suppose que dans la pièce où que les enchaînements logiques que
l’enfant joue, il n'y a pas apport nous pouvons faire sont en quelque
extérieur de cubes. Dans l’Enwurf, sorte chacun interrogé et soupçonné.
Freud pense toucher le substrat du Les trois questions que je trouve
psychisme par une référence aux dans ce chapitre - qu'est-ce que c'est
neurones comme substrat de ce qui a que inventer ? – qu’ai-je inventé ? et
lieu. Il restera fidèle à la conception est-ce une idée ?
selon laquelle dans le processus Donc, là, nous voyons les termes
primaire, l'énergie est libre et doit dont nous nous servons de la façon la
connaître une décharge immédiate et plus innocente, être mis en question.
complète, tandis que l’énergie liée Et donc Lacan tourne autour de la
apparaît avec le processus secondaire question est-ce une idée ? Ce n'est
et on suppose que l'énergie, celle-ci, pas, dit-il, l’idée qui se soutienne.
n’est pas libre, mais qu'elle s'accumule Il est question ici de l'opposer ou de
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la confondre avec l’idée qui vient quand Le rond, la droite, oui ils doivent
on est couché, dont il dit que c'est là quelque chose à l'imaginaire, à la
l’idée réduite à sa valeur analytique, perception, tandis que la forme
l'idée qui vient quand on est couché, borroméenne, la combinaison
pour le coup ça n'est pas une idée qui borroméenne, elle, ne se trouve pas
se soutienne, c’est une idée dans les affinités imaginaires du corps.
spécialement transitoire, fugitive, et qui Donc cette disjonction, elle est
appelle l'association et non pas la présente, par exemple, je l'ai déjà
fondation ni la démonstration. évoqué, par Lacan, précisément dans
Cette chaîne borroméenne, je lui un texte que vous trouvez dans les
trouve la qualité, phénoménologique si Écrits, qui est appendu à son écrit sur
l'on veut, de ne pas se penser la théorie du symbolisme d’Ernest
facilement, de ne pas s'imaginer Jones, c’est appendu sous la forme
facilement, et pas non plus de s'écrire d’une note qui a pour titre « D'un
facilement non plus. syllabaire après coup », et qui porte sur
Tous ces qualificatifs nous l’élucubration de Silberer.
permettent de proposer à la place du
terme idée celui de traumatisme. C’est Silberer
dire que là, nous avons une idée qui, si
c’est une idée, nous avons une idée qui Ne rentrons pas dans le détail sinon
fait trou dans la pensée, dans nous n'aurons jamais fini. Disons que
l'imagination et quasiment dans nos Silberer, lui, cherchait dans le
facultés scriptuaires, si je puis dire. symbolisme à retrouver précisément
« C'est un traumatisme, dit-il, c'est- ces affinités initiales et il les trouvait
à-dire le forçage d'une écriture, d'un toujours dans, disons rapidement, la
nouveau type d’idée [on y revient] qui forme du corps, qui a les idées
ne fleurit pas spontanément du seul fait hypnagogiques qui viennent avant de
de ce qui fait sens, c'est-à-dire de sombrer dans le sommeil et qui seront
l'imaginaire. » pour lui répercutées dans le rêve. Vous
Arrêtons-nous un instant là-dessus, trouvez là, dans cette jonction du
sur cette qualification. Donc, une idée, symbole et de l'imaginaire, le terreau
oui, non, un nouveau type d’idée et qui natal du symbole.
est qualifiée très précisément – une Lacan remet les choses à leur place,
idée qui ne fleurit pas spontanément de à leur place freudienne, en expliquant
l'imaginaire, qui ne fleurit pas précisément que cette insertion de
spontanément du seul fait de l'imaginaire, par exemple dans la
l'imaginaire. formation du rêve, pour Freud ne relève
Qu'est-ce que ça implique ici ? C'est que de l'élaboration secondaire, c'est-à-
ce qu'opérerait précisément l'écriture dire l'imaginaire vient là brouiller le
borroméenne, cette écriture chiffre du rêve. L'imaginaire est ici ce
difficilement saisissable par la pensée qui camoufle le fonctionnement des
comme par les mouvements de notre signifiants.
corps nécessaires pour écrire. Nous Ầ ce propos, donc, Lacan insiste sur
avons ici une idée, c'est comme ça que le fait qu'il faut disjoindre le symbolique
je proposerais de comprendre ce et l'imaginaire, que le symbole n'a pas
nouveau type d’idée, une idée qui sa naissance dans l’imaginaire, que
repose sur la disjonction du symbolique c'est au contraire toute résistance qui
et de l'imaginaire. est dans l'imaginaire, et, formule de
Lacan, c’est de l'imaginaire que
S/I procèdent les confusions dans le
symbolique.
Nous avons une idée qui ne doit, on Du coup, l'exigence de la coupure
le suppose, qui ne doit rien à épistémologique se reporte ici, pour
l'imaginaire. qu’il y ait coupure épistémologique,
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pour qu’il y ait science il faut que le


symbolique soit disjoint de l'imaginaire.
S I (corps)
neurones
S I jouissance }
Évidemment ici les choses sont en Réel
quelque sorte inversées, puisqu’ici c'est
justement de ce que il n'y a pas d'appui Autrement dit, si on confond le
imaginaire préalable que la chaîne symbolique et l’imaginaire, si on ne
borroméenne est si difficile à dessiner. s'occupe que du symbole qui serait
C’est ici de la coupure avec l'imaginaire déjà pré-formé dans l'imaginaire, ou
que procèdent les confusions dans le qu'on établisse le rapport direct que fait
symbolique, si je peux déplacer la Freud entre les neurones investis et
phrase de Lacan. l'inconscient, pas question de réel. Ces
Dans le raisonnement de ce deux termes, au fond, ne sont pas
chapitre, c'est au contraire le fait de ne disjoints.
pas avoir appui sur l'imaginaire qui En revanche, dans la mesure même
introduit des confusions dans où on les disjoint, et qu'il faut rendre
l'architecture, l'architecture du nœud et compte néanmoins d'un certain nombre
la cause de lapsus divers que Lacan de phénomènes, on a besoin d’un tiers
signale avec complaisance dans sa terme et qui là est présenté dans ce
propre mise au tableau de ses chapitre comme une médiation entre le
schémas. symbolique et l’imaginaire, comme un
Ici, nous avons aussi en quelque tiers dans leur relation.
sorte l'exemple de ce que Lacan lui- C'est là-dessus que nous arrivons
même a pratiqué au départ, cette sur l'opposition de la réminiscence et
disjonction, parce que dans la mesure de la remémoration dont j’ai déjà
où le corps est à placer dans signalé l'intérêt.
l'imaginaire, si on disjoint le symbolique Pour ce qui est de la réminiscence,
de l'imaginaire, eh bien, en effet, la voilà ce que dit Lacan : – « Ce n’est
notion des neurones porteurs de pas non plus que ce soit quelque chose
l'énergétique est forclose, de la même de tout à fait étranger. Je dirai même
façon que tout ce qui concerne la plus, c’est cela qui rend sensible, fait
jouissance qui suppose un corps. toucher du doigt, mais de façon tout à
fait illusoire, ce que peut être ce que
l'on appelle la réminiscence, et qui
S I (corps) consiste à imaginer, à propos de
neurones quelque chose qui fait fonction d’idée
jouissance } mais qui n'en est pas une, qu’on se la
réminisce, si je puis m'expliquer ainsi. »
Ensuite, il distingue la réminiscence
Ce moment est important parce qu’il et la remémoration.
montre que Lacan raisonne dans ce Alors qu'est-ce qu'il faut entendre ici
chapitre sur la disjonction du symbole par réminiscence ? C'est la supposition
et de l'imaginaire. qu’il y a quelque chose déjà là, qu'il y a
Et dans la mesure où cette une idée déjà là qui n'est pas inventée,
disjonction s'impose, qu’on la pose, qui se soutient dans un sujet supposé
alors elle ouvre nécessairement la savoir et qui, lorsqu'elle apparaît,
question de qu'est-ce qui connecte le apparaît dans sa splendeur solitaire, si
symbolique et l’imaginaire ? et c'est là je puis dire, comme ayant été, pourquoi
qu'il introduit le réel. pas, apprise, acquise, dans une autre
existence, ou dans un statut éternel du
sujet.
Alors pourquoi est-ce que notre
J.-A. MILLER, - - Cours n°4 – 6/12/2006 - 9

élucubration sur la chaîne borroméenne l'inconscient puisse être interprété.


rend cela sensible ? Ça rend sensible Et ici en quelque sorte l'inconscient-
parce que, précisément, il n’y a pas du savoir est la nouvelle forme que prend
coup, il n'y a pas de réminiscence de la ce que j'appelais la semaine dernière
chaîne borroméenne. l’inconscient-histoire. C'est, à la base,
Lorsqu'on fait une démonstration de rien d'autre que une connexion, entre
géométrie euclidienne, on peut essayer un signifiant 1 et un signifiant 2.
de montrer que le petit esclave en avait
depuis toujours déjà l’idée et on
retrouve là, sur la piste du mnémon,
( S1 S2 )
lorsqu'il s’agit des grandes formes
imaginaires géométriques, symbolico- Voilà le minimum, la définition
imaginaires, on peut toujours rêver minimale de l'inconscient qui est à
qu'elles dépendent d'une réminiscence, mettre en rapport avec ce que Lacan
qu'elles étaient déjà là. appelle un peu plus tard, dans ce
En revanche, s'agissant des chaînes même cours, la figuration maximale, la
borroméenne, qu’on arrive très figuration maximale du réel sous forme
difficilement à penser, à écrire, elle, au d'un élément.
fond, elle fait objection à la notion de Lacan, disons que c'est ce qu'il
réminiscence. appelle à proprement parler un
En revanche, la remémoration, elle, fonctionnement. C'est le minimum du
est franchement du côté du fonctionnement, c'est l'embrayage d’un
symbolique. La réminiscence est signifiant sur un autre, et c'est ce qui,
distincte de la remémoration, dit-il, la pour Freud, désigne la réalité, selon le
remémoration est quelque chose que … de ce chapitre - fonctionnement
Freud a tout à fait forcé grâce au terme équivalent à réalité.
impressions.
Là, la référence aux impressions, au
sens de ce qui s'imprime, la possibilité ( S1 S2 ) fonctionnement
de nommer et de compter ces réalité
impressions, voire de leur inscrire des
lettres, c'est un renvoi que je ne … pas,
sans doute à la fameuse Lettre 52 de la Alors, si on veut, ce que Lacan
correspondance de Freud avec Fliess appelle réalité ici, ça me paraît être ce
où Freud, en effet, propose cette que nous avons dégagé plus tôt, à
traduction de la mémoire en termes savoir le symbolique dans l’imaginaire,
d'impressions psychiques, et comme et l’imaginaire dans le symbolique.
dans son Enwurf, déjà dessine des C'est ça qui fait réalité et qu'on peut
tresses, des réseaux en tresses, qui aborder selon ces deux versants.
sont supposés montrer l'architecture de
la mémoire.
<>

Lacan présente sa propre chaîne S I


borroméenne comme une autre forme
de réseau. Ceux de Freud sont en
tresses, les siens sont sous forme de ( S1 S2 ) fonctionnement
chaînes. réalité
C'est de là que Lacan produit ce
qu’on peut appeler une définition
minimale de l'inconscient. Freud, en ce À quoi Lacan oppose, donc,
sens, supporte l’inconscient d'un savoir. maintenant - mon réel, le réel tel qu’il le
Ici, ce que Lacan appelle savoir, définit, en tant qu'il conditionne la
c'est précisément le réseau, le réseau réalité.
de neurones, mais métaphore si on Alors, comment comprendre ce
veut du signifiant ; c'est le minimum, conditionnement ? C’est que, au fond,
dit-il, que suppose le fait que l'énergétique freudienne suppose le
J.-A. MILLER, - - Cours n°4 – 6/12/2006 - 10

symbolique dans l’imaginaire


l’imaginaire dans le symbolique, c'est
S I (corps)
ça qui fonctionne et qui fait réalité, alors neurones
que, pour Lacan, ce rapport du jouissance }
symbolique et de l'imaginaire est
conditionné par un terme
supplémentaire qui est le réel, faute de Réel
quoi on n’a ni fonctionnement ni réalité
et c'est en ce sens là, me semble-t-il,
qu'il peut dire mon réel conditionne la La chose se termine avec le réel, on
réalité. peut dire qu'il est une réponse à être
symptomatique, je laisse de côté, et je
prends le Changeons de place. C'est-à-
<>

<>

R S I dire la deuxième partie qui est en


quelque sorte juxtaposée avec la
première et qui commence par la
( S1 S2 ) fonctionnement
question de savoir ce que c'est que une
réalité mémoire.
A-t-on une mémoire ? demande
Lacan, et le terme de mémoire est, bien
Je vous le dit en trois phrases, elles
sûr, impliqué dans la partie précédente
ne vous sont pas forcément un guide,
puisqu'il y est question de
et tout ce que je peux dire, c'est que je
remémoration.
me suis cassé la tête pour arriver à
Et donc Lacan se pose la question :
saisir, enfin, un des aspects au moins
- Est-ce qu’on a une mémoire ? - Est-ce
possible de cette phrase mon réel
que c'est la sienne ? - Est-ce que la
conditionne la réalité.
mémoire est déjà là ? - Est-ce qu'on
Il leur donne comme exemple, par
dispose d’une mémoire déjà là ?
exemple celui de votre audition. Il est
À quoi il oppose des termes comme
en cours, il est en Séminaire. Il faut ceux de fabrication et de choix. Et il va
comprendre, il me semble, dans cette
jusqu'à y impliquer la langue. Au fond
audition, qu'il y a à la fois, en effet, ce
on n’a pas à proprement parler la
qui mobilise le corps comme émission
mémoire de la langue, on crée une
phonatoire, imaginaire pour cela, et
langue dès que on parle ou dès qu'on
symbolique puisque vous êtes sensés, fait acte de parole. Dès qu'on parle, on
en effet, dire, c’est tout de même fait
donne un sens aux mots et par-là
pour être entendu. Donc dans l'audition
même on les dévie, ne serait-ce que de
d'un auditoire, il y a bien cette fusion,
façon minimale. Du coup l'inconscient
cette liaison du symbolique et de
n'est pas collectif, ce n'est pas
l'imaginaire, qui, pour Lacan, n’est
l'inconscient d'une langue, c'est
pensable en toute rigueur que par le l'inconscient toujours particulier, de
biais du réel.
chacun.
Alors supposition précaire comme il
Et nous voyons ici Lacan évacuer
nomme, en fait il y a un abîme, dit-il, le
tout ce qu'il avait pu construire au début
mot abîme est ici - il y a là un abîme,
de son enseignement sur le caractère
mon réel conditionne la réalité, il y a là transindividuel de l'inconscient et au
un abîme dont on est loin de pouvoir
contraire le ramener à la particularité.
assurer qu'il se franchit.
« Il n’y a que des inconscients
Cet abîme, d'où sort-il ? Pour moi,
particuliers, pour autant que chacun, à
cet abîme entre le symbolique et
chaque instant, donne un petit coup de
l'imaginaire et pour sortir de ce clivage,
pouce à la langue qu'il parle. »
de cet abîme, il n'y a que la supposition
Dès lors, c'est là qu'il s'agit pour lui,
précaire qui a un terme supplémentaire
dans ce retour à la solitude du sujet,
qui est le réel.
c’est là que se pose la question pour lui
de savoir si je sais ce que je dis.
J.-A. MILLER, - - Cours n°4 – 6/12/2006 - 11

En évoquant la mémoire, il est là,


chacun a sa langue ou chacun déforme
la langue selon ce qu'il en dit - est-ce
que je peux savoir ce que je dis ?

Voilà, donc, je crois que ce que


Lacan appelle réalité, ce qu'il appelle
réalité, c'est la jonction du symbolique
et de l'imaginaire, ce qu'il appelle le
réel, ici, c'est en fait le terme tiers ou
nécessaire à ce que la jonction se
fasse, une connexion se fasse entre le
symbolique et l'imaginaire.
<> <>

- Réalité : S I
<>

- Réel : R S I

De ce fait, il peut dire : le réel est


hors sens dans la mesure où le sens se
fabrique de la jonction du symbolique et
de l'imaginaire.
Et c'est pourquoi ce réel est en tiers
et extérieur, extérieur au sens comme il
l’évoque.
<> <>

- Réalité : S I
<>

- Réel : R S I

Bon, je m'arrête là et je terminerai


rapidement la fois prochaine, cette
difficile lecture.

Fin du Cours IV de Jacques-Alain Miller


du 6 décembre 2006

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