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T R I M E S T R E 2 0 0 0
MODERNE
Sommaire – n° 103
PAGES
réalisations PARIS – Palais des Congrès 01
Architecte : Christian de Portzamparc
06
Grandeur et quintessence
d’un nouveau palais
PAGES
éditorial
PARIS – Logements 07 Ce numéro paraît dans une période riche
en événements :
Architecte : Michel Kagan
11 ● Jean-Carlos Angulo prend la succession
Une architecture d’Antoine Gendry à la présidence
dans l’esprit du lieu de Cimbéton et Frédéric Velter est nommé
au poste de directeur général où il succède à
PAGES
Michael Téménidès.
>>> En couverture : NANCY – Deux projets 12
le palais des Congrès à Paris.
● Les relais qui sont pris interviennent
Architecte : François Noël
16 dans un moment marqué par la parution
simultanée du livre Construire avec les bétons
Béton et patrimoine, et de l’annuel spécial Ouvrages d’art de
un accord parfait Construction moderne.
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Ces deux publications témoignent de la vitalité
Inertie thermique des activités de Cimbéton et prolongent
solutions béton
17 ses actions permanentes dans la continuité

Le confort d’été
21 de sa mission de centre d’information
sur le ciment et ses applications.
Bernard DARBOIS,
directeur de la rédaction

PAGES
réalisations PARIS – Siège SNCF 22
Architectes : Jean Mas et François Roux
27
SNCF :
le choix de la transparence MODERNE
PAGES
Revue d’information de l’industrie cimentière française
STRASBOURG – École de chimie 28 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Michael Téménidès
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Bernard Darbois
CONSEILLERSTECHNIQUES :
Architecte : Michel Spitz 31 Bernard David ; Jean Schumacher

Une école
en harmonie avec la nature
PAGES
CIM
CENTRE D’INFORMATION SUR
GRENOBLE – Sièges sociaux 32 LE CIMENT ET SES APPLICATIONS

Architecte : Michel Janik


35 7, place de la Défense • 92974 Paris-la-Défense Cedex
Té l . : 0 1 5 5 2 3 0 1 0 0 • F a x : 0 1 5 5 2 3 0 1 1 0

Le béton, • E-mail : centrinfo@cimbeton.asso.fr •


• internet : www.cimbeton.asso.fr •

pour construire une image de marque


CONCEPTION, RÉDACTION ET RÉALISATION :
ALTEDIA COMMUNICATION
5,rue de Milan – 75319 Paris Cedex 09
PAGE
RÉDACTEUR EN CHEF : Norbert Laurent
actualités • Manifestation 36 RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT : Pascale Weiler
Pour tout renseignement concernant la rédaction,
contactez Aurélie Creusat – Tél.:01 44 91 51 00
Fax :01 44 91 51 08 – E-mail :acreusat@altedia.fr
réalisation PARIS - Palais des Congrès

Grandeur et quintessence
d’un nouveau palais
●●● Transformer l’image du palais des Congrès de Paris et créer 45 000 m2 supplémentaires

de bureaux, de salles de réunion et de surfaces d’exposition, tels ont été les objectifs poursuivis

par Christian de Portzamparc dans son projet d’extension. Pour traduire cette volonté,

l’architecte parisien a dessiné une gigantesque façade inclinée, en béton architectonique bicolore,

qui s’ouvre sur la porte Maillot. Un geste franc et rectiligne qui jette les bases de

la requalification d’un des espaces majeurs de l’axe historique parisien.

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réalisation PARIS - Palais des Congrès

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>>> 1 La nouvelle façade, de 156 m de long et de 30 m de


haut, requalifie totalement l’image du bâtiment. Ces dimensions

P aris, porte Maillot. L’ex-


tension du palais des
place l’ancienne façade courbe. De 30 m
de haut, cette paroi est perforée par une
monumentales, en rapport avec l’échelle du lieu, participent à
la redéfinition du site. 2 3 Inclinée à 30°, la paroi en béton
Congrès n’a pas échappé aux fenêtre monumentale, légèrement incli-
automobilistes parisiens qui cir- née vers la Défense. Dans ce lieu essen- architectonique est recoupée à mi-hauteur par un immense balcon.
culent ici par dizaines de milliers tiellement pensé pour le trafic automo- 4 Si la façade principale occulte entièrement l’ancienne,
chaque jour. L’image du bâtiment bile, le geste franc et rectiligne de
les retournements sur les rues latérales traitent le lien avec
qui occupe en totalité l’un des côtés de Christian de Portzamparc jette les base
la place est totalement transformée de la requalification d’un espace urbain le bâtiment existant.
par son extension dont le plan en “U” majeur de l’axe historique parisien,
enserre l’ancienne construction sur entre la place de l’Étoile et l’Arche de la
trois de ses faces. Devant le rond-point, Défense. Jusqu’alors, le palais des avait permis à la capitale d’occuper pen- nouvelles surfaces d’exposition, d’autre
un plan incliné de 156 m de long rem- Congrès de Paris, construit en 1974, dant vingt-cinq ans le premier rang mon- part, un immense balcon, flottant à
dial des villes accueillant des congrès 12 m de hauteur, qui permet d’évacuer
internationaux. Cependant, devant une partie des occupants du bâtiment
l’émergence de nouvelles destinations existant en cas d’incendie.
concurrentes, il était devenu nécessaire
d’adapter et de requalifier cet édifice
● Une contrainte
d’intérêt général.
réglementaire camouflée
La Chambre de commerce et d’indus-
trie de Paris a ainsi investi 500 millions Le plan incliné de la façade principale
de francs pour augmenter les surfaces avance de 8 m en surplomb par rapport
d’exposition et celles de la galerie au sol. Sa configuration en dévers permet
commerciale, offrir trois nouvelles de libérer des espaces de plus en plus
salles de congrès (de 200, 400 et 650 vastes à mesure que l’on s’élève dans les
places) et, enfin, doter le parc de sta- étages. Il est percé d’une faille vitrée, de
tionnement de 280 places en plus. 54 m d’ouverture, dont l’inclinaison vers
L’image du bâtiment est issue d’un sys- la Défense donne un dynamisme à la
tème volumétrique simple qui résulte façade et marque l’ouverture de ce grand
du croisement de deux grands plans. lieu de rencontre. Ce porche abrite un
D’une part, la façade principale qui pro- cône inversé dans lequel sont aména-
tège le parvis d’entrée et optimise les gées les trois salles de conférences.

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ACOUSTIQUE
Le plan horizontal du premier niveau supérieurs, échappent ainsi au porte-
remplace les passerelles en “pinces de à-faux du balcon du premier étage.
crabe” autrefois destinées, en cas d’in- Cet ensemble d’événements anime
Un fonctionnement en continu du palais
cendie, à assurer l’évacuation des usa- la façade par leurs formes et leurs pendant le chantier
gers vers le terre-plein central du car- ombres portées. Une manière d’ex-
Durant toute la durée du chantier, le palais des Congrès a accueilli
refour. Du balcon, les issues de secours ploiter une contrainte réglementaire
normalement, spectacles, expositions et retransmissions télévisées.
sont aménagées par des escaliers pour en faire un apport architectural.
métalliques aboutissant sur le parvis. La gestion des issues de secours et les contraintes acoustiques ont
Ce nouveau dispositif est complété, été les principales difficultés à résoudre par les responsables du
● La recherche d’une surface
dans les niveaux supérieurs, par des chantier. La transmission des bruits aériens a été affaiblie grâce à
d’exploitation maximale
portes sur vérins dissimulées dans les l’installation de cloisons phoniques, tandis que la présence d’un joint
panneaux de béton préfabriqué de la L’extension se retourne le long des rues de dilatation entre le palais existant et son extension facilitait la ges-
façade. Chacun des accès pompiers latérales sur 54 m. Des façades vitrées
tion des bruits solidiens.
est desservi par un petit balcon en traitent le rapport avec le grand plan
incliné et font le lien avec les ailes laté- “Les nuisances acoustiques étaient une contrainte terrible, relate le
forme de plongeoir qui s’avance en
surplomb de la façade. Les grandes rales en béton préfabriqué noir. chef de projet de l’atelier de Christian de Portzamparc. Le chantier
échelles, lancées vers les niveaux La demande originelle de la CCI de était truffé de capteurs sonores et, au-delà de 55 dB (A), les entre-
prises devaient arrêter les travaux sous peine de pénalités.” Lorsque
des spectacles se déroulaient dans l’auditorium, ce niveau était
abaissé à 30 dB (A).
À ces contraintes de bruit s’ajoutaient celles concernant les accès et
la sécurité des personnes fréquentant le palais. Un circuit protégé a
dû être aménagé pour les accès depuis le métro, et certains péri-
mètres ont été sécurisés pour les issues de secours qui donnaient
directement dans le chantier.
La réalisation des travaux a ainsi dû être découpée en de nom-
breuses phases, de manière à prendre en compte la continuité de
l’exploitation du palais, permettre la réalisation de parkings en infra-
structure et respecter les exigences du règlement de sécurité.

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réalisation PARIS - Palais des Congrès

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Paris était formulée essentiellement en faces ont été construites sur une emprise ment. Les visiteurs débouchent directe- dales, pratiquement invisibles de l’exté-
termes de surfaces complémentaires. foncière très limitée. Le programme se ment dans une rue commerciale qui les rieur mais qui créent un jeu de moucha-
”Évidemment, explique Christian de déploie sur huit niveaux en mitoyenneté guide jusqu’aux escaliers permettant rabieh à l’intérieur. Les différents étages
Portzamparc, nous avons transformé du palais existant et selon sa logique. Les l’accès au rez-de-chaussée. sont identifiables par la couleur des
l’image du projet, mais l’essentiel du planchers se prolongent de l’ancien au Aux niveaux supérieurs, de vastes espa- tapis de marbre qui habillent les sols.
travail s’est porté sur une question techni- nouveau, afin de concilier les activités et ces d’exposition sont libérés entre la Perforant les trois niveaux d’exposition,
que de fonctionnement interne : com- d’améliorer les relations fonctionnelles. nouvelle façade et la structure de l’an- le cône s’impose aux visiteurs par la
ment libérer des plateaux au bon Le sous-sol regroupe les accès depuis le cien palais. Ils sont éclairés par un continuité de son revêtement de façade
endroit ?” En effet, l’ensemble des sur- métro, le RER et les parcs de stationne- réseau de petites ouvertures trapézoï- en béton blanc. L’édifice est couronné

Entretien avec Christian de Portzamparc

« Requalifier la place, la question du rond-point. Je considère


que le dessin de l’îlot central n’est pas
lisible et trop compliqué. Il faudrait

traiter le lien entre Paris et Neuilly » concevoir cette place comme un beau
disque, ponctué d’arbres disposés plus
librement, qui laissent voir l’ensemble
Construction moderne : Malgré une sur le périphérique, avec seulement l’axe principal croise un axe secondaire de l’espace.
situation exceptionnelle dans Paris, quelques avenues latérales qui sont (le pont conduisant en vis-à-vis à la
la porte Maillot apparaît comme un lieu soit perpendiculaires, soit légèrement rue Royale). Au contraire, on a ici une C. M. : Pourquoi avez-vous choisi
peu qualifié. Comment avez-vous de biais. La grande question est donc perception en tangente puisque les le béton architectonique et quelles ont
abordé un tel site dans votre projet ? l’entrée ou la sortie par l’axe. J’y ai voitures et même les piétons sont été vos attentes vis-à-vis du matériau ?
répondu en implantant un élément amenés à tourner. C’est la raison pour
Christian de Portzamparc : C’est un C. de P. : Au tout début, j’avais l’idée
parallèle. laquelle j’ai souhaité que l’entrée
grand site. Pourtant, la récente forme d’une grande façade plutôt ouverte.
principale et le cône qui abrite la grande
elliptique du rond-point de la porte De fait, le sujet devenait sensiblement En travaillant, cela est apparu cher et
salle soient désaxés.
Maillot ne m’a jamais paru justifiée. identique à celui de la Concorde : sophistiqué, et de plus, puisqu’il
Au contraire de l’Étoile, où la figure un très grand espace urbain tenu par Finalement, le bâtiment assume la s’agissait d’abriter des espaces d’ex-
du cercle découle de l’organisation un côté. À ceci près qu’il ne s’agit pas grande dimension de ce lieu et traite le position accueillant des stands, il était
concentrique de toutes les avenues, d’une organisation centrée, symétrique, lien entre Paris et Neuilly. C’est comme impensable de mettre des vitrages
la porte Maillot est un pont, une entrée comme c’est le cas à la Concorde où si l’on avait fait 50 % du boulot ! Il reste plein sud.

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>>> 1 2 L’entrée du palais est exprimée par une


ouverture de 54 m, inclinée en direction de la Défense, au sein
par deux étages de bureaux dans les- coulée en place, à l’exception des plan- de laquelle est implanté un cône inversé. 3 Le motif des pan-
quels l’administration est installée. La chers, réalisés à partir de prédalles.
mise en œuvre du projet a débuté par Le système structurel, de type poteaux- neaux préfabriqués, en béton bicolore, évoque le ressac de la
un très lourd programme de démolition poutres, est aligné sur la structure du plage. 4 Le cône inversé, qui abrite 3 salles de conférences
(plus de 15 000 m3 de béton). Elle s’est bâtiment initial. Il est complété par cinq
superposées, est fondé sur un socle de 1 300 m3 de béton.
poursuivie par une fouille de plus de refends monumentaux qui reprennent la
1 ha de surface et de 20 m de profon- charge des planchers, les forces de ren-
deur au pied de l’ancienne façade. versement de la façade inclinée et le
Ensuite, l’ensemble de la structure a été grand balcon extérieur du premier niveau. Des efforts importants puisque rées aux attentes prévues dans les pan-
les deux bâtiments (le neuf et l’ancien) neaux préfabriqués avant que le béton
sont désolidarisés par un joint de dilata- ne soit coulé. Le cône inversé, qui abrite
tion dont l’ouverture, qui doit pouvoir les salles de réunion, est fondé sur un
s’ouvrir jusqu’à 4 cm en partie haute. socle de 1 300 m3 de béton.Sa volumétrie
Parallèlement à la structure, la réalisation résulte d’un plan elliptique dont les axes
de la façade principale et du cône était ne sont pas perpendiculaires au sol, mais
Dès lors, j’ai hésité pour des raisons mais je ne voulais pas de l’image de engagée. La complexité des façades a été reprennent les angles de la façade.
d’aspect et de poids entre le béton la “préfa”. J’ai donc écrit une trame résolue par le choix du matériau béton et
et le métal. Mais l’aspect satiné ou horizontale, assez fine, pour recou- par les options constructives.
brillant pouvait être gênant, car il y a per les grands panneaux. Puis j’ai ● Haute technicité
Le plan incliné présente deux systèmes
beaucoup de lumière dans ce lieu à surligné les parements de motifs et grande précision
certaines heures. Il fallait aussi avoir qui révèlent la plasticité du béton constructifs différents : en partie supé-
l’assurance d’obtenir une parfaite au hasard de sa prise. Le béton est rieure, au-dessus du balcon, les pan- Pour fabriquer la peau de béton archi-
planéité de l’ensemble. Enfin, dans coulé dans la forme, le long d’un neaux de parement sont boulonnés à tectonique, l’usine a directement utilisé
des projets urbains, quand cela est joint creux, et la ligne de ce mélange
une ossature métallique. En partie basse, les épures de modélisation de l’archi-
possible, j’aime accompagner une est comme une sorte d’écriture
cohérence qui est déjà là. J’aime qui passe du gris à l’orange. entre le sol et le balcon, ils servent de cof- tecte. La mise en œuvre du cône est pra-
utiliser des matériaux, des couleurs Finalement, nous avons pris la
frages perdus à la structure en béton tiquement identique à celle de la façade
en parfait dialogue avec le site. technologie – aujourd’hui cou- armé de l’équipement. Pour l’exécution, principale, à l’exception du coffrage inté-
C’est pourquoi, ici, à Paris, rante – du béton architectonique les éléments, de 18 cm d’épaisseur, ont rieur qui a été assuré par une gaze
j’ai choisi une façade minérale. que nous avons sophistiquée été positionnés sur un immense chevalet métallique, de manière à éviter l’exécu-
J’ai cherché un béton qui rappelle dans sa mise en œuvre, tout en
préservant un aspect très minéral,
métallique. Un polystyrène de 3 cm a été tion d’un ouvrage sur mesure tout en
à certains moments le gris de Paris.
L’ouvrage étant très complexe, il fal- presque brut. posé sur la face intérieure des panneaux, permettant le coulage du béton. L’en-
lait une technologie contemporaine Propos recueillis par Hervé Cividino puis les armatures de la structure ligatu- semble est stabilisé par les planchers et

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réalisation PARIS - Palais des Congrès

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>>> 1 Un réseau de petites ouvertures trapézoÏdales éclaire


les plateaux d’exposition et ponctue subtilement la façade
extérieure. 2 L’alliance d’une forme elliptique – imposée par
par l’ossature métallique de la toiture. supérieure du panneau, le béton est
La conception et la mise en œuvre des blanc ; dans le tiers inférieur, il est coloré. le cône – et d’un habillage de bois donne aux salles de conférences
façades constituent sans doute l’une L’armature est ensuite mise en place une ambiance particulièrement chaleureuse.
des gageures du projet. La réussite de avant le coulage du béton gris structurel.
ces ouvrages tient autant à la qualité L’ensemble, de 14 cm d’épaisseur, est
d’aspect des panneaux de béton préfa- vibré très brièvement, de façon à éviter le
briqué employés qu’à la planéité et au mélange des bétons de parement.
réglage de l’ensemble. Il s’agissait en Après leur décoffrage, les éléments
gris avec des granulats blancs). La
effet de répondre à un objectif de pla- subissent trois passes de polissage en
volonté de donner un peu plus de dyna-
néité tel que la surface ne présente pas usine puis, une fois posés sur chantier, ils
misme à la façade a conduit à la mise en
de défauts de plus de 1 cm, sur une aire reçoivent en finition un hydrofuge anti-
œuvre de panneaux blanc orangé réali-
de 4 680 m2, soumise à des différences graffitis, qui permet aussi de donner au
sés avec les granulats orangés.
de température notables (entre le haut, parement un léger effet mat. Réalisés sur
Ainsi, vingt-cinq ans après son inaugura-
au soleil, et le bas, dans l’ombre). une trame de 4,05 m x 2,88 m, les pan-
tion, le palais des Congrès de Paris a fait
neaux ont été coulés de deux en deux,
peau neuve et s’est largement étendu,
de manière à assurer la continuité du
● Réinterpréter malgré une emprise foncière très limitée. Maître d’ouvrage :
motif. Leur parement est redivisé par un société immobilière du
une méthode ancestrale L’équipement devient encore plus em-
calepinage de joints creux horizontaux palais des Congrès SIPAC
blématique de la porte Maillot grâce à sa
Produits en atelier, sur tables coffrantes, tous les 0,72 m. Maître d’œuvre :
nouvelle façade qui l’impose à l’espace
les panneaux ont été réalisés avec un Christian de Portzamparc
urbain. Une nouvelle façade qui, la nuit,
béton bicolore dont le motif, exécuté de
● Une façade emblématique s’éclaire par des spots disposés dans Aménageur :
façon artisanale, porte le geste ancestral Chambre de commerce
de la porte Maillot l’allège du balcon et prend l’allure abs-
et de l’industrie de Paris
du maçon. Un geste qui évoque les
traite d’un plan qui, au travers de varia-
ressacs de la plage et que Christian de Les teintes des panneaux résultent uni- BET :
tions de couleurs gérées par ordinateur,
Portzamparc est allé lui-même montrer quement de la couleur des ciments et SETEC Travaux publics
semble respirer comme un poumon. ❚ et industriels
en usine. des granulats utilisés. Bicolores, les élé-
Le processus de fabrication consiste à ments blanc-gris sont fabriqués avec un Entreprise de gros œuvre :
disposer un béton architectonique à la béton blanc, constitué de ciment blanc Groupement Bouygues - SNSH
TEXTE : HERVÉ CIVIDINO
truelle, en fond de table coffrante, sur et de sable blanc de Norvège, et avec un PHOTOS : HERVÉ ABBADIE, Bétons préfabriqués : EPI
environ 6 cm d’épaisseur. Dans la partie béton “grisé” de ciment mixte (blanc- NICOLAS BOREL, GITTY DARUGAR

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réalisation PARIS - Logements

Une architecture
dans l’esprit du lieu
●●● Ateliers d’artistes et villas urbaines font le charme du quartier Montsouris, mais dans

un passé peu lointain, des opérations immobilières ont créé quelques ruptures. L’ensemble

de 70 logements, conçu par Michel Kagan, retrouve l’esprit du lieu dans une architecture moderne

qui s’installe avec justesse dans sa parcelle. Le béton blanc, les parois vitrées, les briques

de verre servent parfaitement l’écriture architecturale.

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réalisation PARIS - Logements

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>>> 1 L’immeuble sur rue s’inscrit dans la continuité


des silhouettes. 2 3 La résille en béton blanc est ciselée

L esente
quartier Montsouris pré-
un paysage urbain
À proximité de la frange est du parc pour laisser glisser la lumière jusqu’au pied de l’immeuble.
Montsouris, l’immeuble de 70 loge-
assez particulier. Des opérations ments PLI conçu par Michel Kagan s’in- 4 Deux corps de bâtiments linéaires, encadrant une cour-jardin,
caractéristiques de l’urbanisme des sère entre 2 bâtiments résidentiels s’enfoncent à l’intérieur de la parcelle. 5 Le projet développe
années 60 et 70 côtoient le tissu clas- construits dans les années 60 et 70. L’un
dans un même ensemble des échelles très différentes.
sique de la ville traditionnelle et des et l’autre s’élèvent en retrait de l’aligne-
ensembles de maisons de ville, ou des ment d’ensemble de la rue de l’Amiral-
cités d’ateliers d’artiste qui font le Mouchez et présentent un gabarit relati-
charme spécifique de cette partie du vement haut (R+9 et R+7).Au droit de la urbaine du projet : il se compose d’un ● Côté ville
XIV arrondissement de Paris. Malgré les
e
rue de l’Amiral-Mouchez et face au pro- immeuble haut (R+7) sur la rue de l’Ami-
ruptures d’échelle existant entre les jet, la pente de la rue Charbonnel offre ral-Mouchez, prolongé à l’intérieur de la L’immeuble sur la rue de l’Amiral-Mou-
constructions qui se sont élevées au fil une vue perspective frontale sur le nou- parcelle par deux corps de bâtiment plus chez est dessiné pour s’inscrire dans la
des années, l‘esprit du lieu demeure. veau bâtiment. bas qui lui sont perpendiculaires. Instal- continuité du profil de la rue ainsi que
lés de part et d’autre d’une cour-jardin pour répondre à la perception frontale
intérieure, ils forment deux lignes de que l’on peut en avoir. Deux éléments se
G AZ A
N ● De l’immeuble urbain
maisons de ville, qui fabriquent et lisent sur la rue : un plot vertical traitant
R UE aux “villas d’artiste”
reconstituent une manière de rue privée. la continuité avec la construction mi-
L’ensemble, dessiné par Michel Kagan, Un porche commun à l’ensemble des toyenne et un corps principal, composé
s’attache à redonner une unité au carac- logements est aménagé dans l’espace dans la perspective de la rue Charbonnel
tère disparate du lieu. Sur rue, il s’agit de ouvert et laissé transparent au rez-de- et dominé par une résille en béton blanc.
restituer la continuité des silhouettes en chaussée de l’immeuble sur rue. Deux Celle-ci accueille des espaces extérieurs
affirmant en partie haute la ligne hori- surfaces commerciales l’encadrent et à habiter, qui prolongent les séjours. Elle
zontale des gabarits filant à 20 m ou, à soulignent l’ouverture de la cour-jardin continue aussi en façade de façon spa-
l’opposé, en assurant l’enchaînement sur la rue de l’Amiral-Mouchez. Sa pers- tiale et plastique la structure constructive
régulier du rez-de-chaussée avec ceux pective se prolonge à travers le porche par voiles porteurs réglés sur un pas de
des immeubles voisins. À cela s’ajoute la dans l’axe de la rue Charbonnel. Le pro- trame de 7,25 m. Les inserts de briques
volonté de conserver la mémoire du jet décline différentes typologies de loge- de verre, les découpes dans les plans
Z
quartier et de retranscrire dans le nouvel ments – traversants, intermédiaires, indi- horizontaux et verticaux en béton lais-
CHE
M OU
RAL
immeuble l’esprit “romantique” des viduels – et compose des morphologies sent passer les rayons du soleil entre
L’ AMI
DE maisons et des ateliers d’artiste. Ces variées dans l’esprit de la diversité l’enveloppe du bâtiment et la résille, lui
R UE
lignes directrices induisent la forme du quartier. donnant par le jeu de l’ombre et de la

8 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


4 5

lumière une dimension sculpturale et L’autre partie du projet, à l’intérieur de


plastique. “Ici, souligne Michel Kagan, le la parcelle, dégage une ambiance qui
travail compose dans une même unité la retrouve l’esprit des villas d’artiste
structure en termes constructif et spatial. construites dans le quartier au début du
Ainsi les nez de planchers et de voiles e
XX siècle. Les deux lignes qui la compo- TECHNIQUE
visibles en façade expriment la structure sent sont installées en fonction des
constructive et donnent à lire chaque mitoyens et des différences de hauteur
logement inscrit dans un module de la (de 1 à 3 niveaux) qu’ils présentent avec
Une architecture tout en béton
trame. Mais on voit aussi comment se le rez-de-chaussée du projet. Le décou- Sous différents aspects, le béton fabrique ce projet. La structure est
développent et se modifient les éléments page des volumes prend en compte ces constituée de voiles et de planchers en béton gris coulé en place. Du
de cette grille basique pour fabriquer la contraintes auxquelles s’ajoutent les per-
fait de la trame de 7,25 m, les planchers ont une épaisseur de 23 cm.
résille. Cette dernière abrite le prolonge- cées visuelles vers le parc Montsouris, ou
La résille de façade comme les éléments apparents laissés bruts sont
ment extérieur du logement et elle est la Cité universitaire, voire vers quelque
ciselée de façon à laisser la lumière natu- événement particulier : par exemple, la réalisés en béton de ciment blanc. Des panneaux et allèges, en béton
relle parvenir jusqu’au niveau le plus bas. petite barre nord se termine par un préfabriqués, sont utilisés en certaines parties du projet. En béton de
Ainsi, chaque espace extérieur n’est pas volume qui répond à une maison indivi- ciment blanc, bruts de décoffrage, ils sont mis en œuvre dans diffé-
un simple balcon, car il prend la dimen- duelle située au fond de la parcelle voi- rents modules pour réaliser les façades des bâtiments situés à l’inté-
sion d’une petite terrasse.” sine, surplombant de 3 niveaux le terrain. rieur de la parcelle et sur la façade côté jardin du corps de bâtiment
La trame de 7,25 m permet d’obtenir
principal. L’architecture dessinée présente des parois assez décou-
un large espace, libre de tout point por-
● Une échelle domestique pées avec des porte-à-faux, des creux, etc. Si sa construction ne
teur intermédiaire. L’architecte dispose
ainsi d’un véritable “plan libre” dans Chacune des deux lignes bâties compose nécessite pas de performances techniques exceptionnelles, elle
lequel sont agencés les appartements, un ensemble unitaire à l’intérieur duquel demande cependant la réalisation de coffrages ou d’étaiements qui
tous traversants dans cette partie du chaque “maison” ou appartement est sortent de l’ordinaire et des mesures de précaution pour la sécurité
projet. Comme les cloisons ne sont identifiable. Comme dans l’immeuble sur du personnel du fait, par exemple, de porte-à-faux. “En choisissant
pas porteuses, le principe retenu offre rue, le dessin règle, sur le rythme régulier
une trame de 7,25 m, j’ai le sentiment d’avoir mieux utilisé la
même la possibilité d’envisager dans de la structure, les éléments d’architec-
matière, souligne l’architecte. À cette économie de la matière
l’avenir la refonte totale de l’aménage- ture, panneaux de béton préfabriqués,
ment des logements, tout en conser- menuiseries, briques de verre, etc. Leur s’ajoute une source de confort. En effet, en augmentant l’épaisseur
vant la permanence de la structure et composition donne à lire chaque loge- des dalles de planchers, nous profitons des qualités du béton en
de l’écriture architecturale. ment et fabrique le volume général. Le matière d’isolement acoustique.”

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 9


réalisation PARIS - Logements

1 2

>>> 1 Le jeu des coursives et les volumes des duplex


répondent au mur mitoyen. 2 Dans les duplex, la lumière naturelle
pénètre au cœur du logement. 3 Les découpages de volume
cadrent des vues vers le paysage lointain. 4 Le hall d’entrée se
prolonge par un généreux espace vertical qui assure l’articulation
entre le plot de l’immeuble sur rue et le corps de bâtiment linéaire.

Organisés selon des lignes diagonales, d’entrée témoigne de ce souci. Sur la


les cadrages de vues et les arrivées de largeur du site (environ 50 m), ce hall
lumière agrémentent l’ambiance inté- extérieur est dessiné à l’échelle de tout
rieure de l’espace domestique. Ainsi est- l’édifice. Il fait l’articulation entre l’es-
il possible de bénéficier d’une échappée pace de la rue de l’Amiral-Mouchez, la
vers le ciel ou d’une vue lointaine qui perspective de la rue Charbonnel, la
transporte au-delà de l’environnement loge du gardien, les boîtes aux lettres
immédiat. et les différentes séquences d’accès
“Dans tous les duplex de ce projet, pré- aux logements. Il se prolonge au sud
cise Michel Kagan, il existe toujours une par un espace vertical pris entre le plot
prise de lumière qui échappe à la vue sur rue et le corps de bâtiment sud.
des voisins. Tout en bénéficiant d’une Pour l’architecte, “ce grand espace ver-
réelle intimité, le cœur de l’espace tical inattendu est magique. Il corres-
corps de bâtiment sud comprend en briques de verre répondent parfai- habité peut profiter de la présence de pond à une volonté d’insérer dans un
coupe un duplex au rez-de-chaussée, tement à l’architecture dessinée par lumière naturelle.” projet des lieux dont les dimensions
surmonté par un appartement traver- Michel Kagan. ont un rapport avec la quantité, avec
sant, lui-même dominé par un autre Ici aussi, la structure par voiles de refends l’échelle du bâtiment que l’on fait.
● Architecture et espace
duplex. Sur la cour-jardin, le jeu des pleins porteurs reprend la trame de 7,25 m. Dans cet espace, on trouve tout : l’ac-
et des vides, des opacités et des transpa- Comme la plupart des logements sont Michel Kagan développe toujours un cès piéton au parking, au local pous-
rences, le soulèvement des volumes sou- en duplex, la coupe est travaillée pour travail élaboré de qualification de l’es- settes, une sortie des poubelles vers la
ligné par les éléments architectoniques, développer un espace intérieur riche. pace et d’expression de l’architecture. rue, un escalier desservant des cour-
expriment cette organisation en coupe. Au classique espace double hauteur Véritable lieu de référence de l’édifice sives, l’escalier et l’ascenseur desser-
Le béton blanc, les menuiseries métal- s’ajoutent des vues transversales et la et d’identification de chaque habitant vant le plot, une rampe handicapés…
liques noires, les parois vitrées et les recherche de la plus grande profondeur. à la communauté résidente, le hall qui sont intégrés dans un lieu architec-

10 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


3 4

turé et baigné de lumière naturelle”. Ces ture et la vie de l’édifice. On peut facile- Depuis le hall d’entrée, différents par-
éléments fonctionnels ou de service, qui ment imaginer combien il est agréable cours sont aménagés. Ainsi, certains
sont malheureusement trop souvent reje- pour une jeune maman d’aller chercher habitants traversent la cour-jardin puis
tés dans des zones sombres, sont dans ce son landau ici plutôt qu’au fin fond d’un peuvent emprunter un escalier exté-
projet totalement inscrits dans l’architec- triste couloir peu accueillant. rieur ; d’autres accèdent à leur loge-
ment par une coursive ou bénéficient
TECHNIQUE
même d’accès individuel ; les paliers
des appartements desservis par ascen-
seur offrent des vues plongeantes sur
Le confort acoustique sans sacrifier l’esthétique la rue ou le grand vide vertical, etc. De
“Le texte réglementaire relatif à l’isolement acoustique des bâti- véritables promenades architecturales Maître d’ouvrage :
accompagnent le cheminement de SGIM (Société de gérance
ments d’habitation contre les bruits de l’espace extérieur impose un d’immeubles municipaux)
l’habitant vers son logement et met-
objectif d’isolement de 35 dB(A) route pour la façade exposée sur la tent en scène ce moment où l’on rentre Maître d’œuvre :
rue de l’Amiral-Mouchez et de 30 dB(A) pour les autres”, précise chez soi. Il s’en dégage un réel plaisir à Michel Kagan,
architecte,
M. Simoneau du bureau d’études Acoustique & conseils. Pour la parcourir le bâtiment.
Javier de Mateo,
façade sur rue, l’utilisation de panneaux-sandwichs métalliques Dans l’articulation des échelles, comme Valérie Lehmann,
avec les menuiseries impliquait qu’ils soient d’une épaisseur impor- dans l’enchaînement des niveaux de architectes assistants
lecture du détail à l’ensemble, dans la
tante pour répondre à ces exigences. Il leur a été préféré des élé- Bureau d’études structure :
perception du proche et du lointain, du Batiserf
ments en béton coulé en place qui, du fait de leur masse, ont une
tout et des parties, la réflexion de
Entreprise générale :
meilleure performance acoustique pour une épaisseur moindre, plus Michel Kagan sur la question de la EI-GCC
compatible avec l’esthétique générale du projet. Un audit portant sur mesure et des proportions transparaît
Préfabricant :
l’isolement entre appartements et avec les parties communes fait dans l’architecture et la modénature EPI
apparaître que les exigences de la NRA (nouvelle réglementation qu’il dessine. Ce projet crée un événe-
Surface SHON :
acoustique) sont respectées sans problème dans ce projet : par ment par son architecture mais aussi 6 100 m2
par la grande diversité des types de
exemple, les dalles de plancher en béton coulé en place sont très per-
logements proposés et l’ambiance de Coût HT :
formantes du fait de leur épaisseur. Recouvertes d’un revêtement de “villas” qu’il retrouve. ❚ 41 MF
sol adéquat, elles permettent de respecter sans chape flottante les TEXTE : NORBERT LAURENT
niveaux sonores imposés. PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 11


réalisation NANCY - Deux projets

Béton et patrimoine,
un accord parfait
●●● Les projets d’extension du lycée Jeanne-d’Arc et du club d’aviron du nouveau

centre nautique, conçus par François Noël, s’inscrivent dans un patrimoine urbain ou architectural

existant. Deux situations différentes : l’extension du lycée se dresse en plein cœur du secteur

sauvegardé de Nancy, tandis que le projet pour le centre nautique participe à la requalification

d’une friche industrielle tombée en désuétude. Un travail qui témoigne qu’entre architecture d’hier

et d’aujourd’hui, il n’existe pas d’antagonisme.

12 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


Entretien avec François Noël lycée s’inscrit dans le tissu du centre accompagnée par le jeu des matériaux.
historique, le club d’aviron du pôle nau- La pierre rappelle la matière dominante
tique s’appuie sur une halle industrielle des constructions du centre-ville et les
des anciens abattoirs. matériaux modernes, comme le béton
Construction moderne : Vos deux
Dans deux projets récents situés brut ou enduit et le verre, dessinent
projets nancéiens les plus récents C. M. : Quelles sont les caractéristiques
l’écriture contemporaine de l’édifice.
à Nancy où François Noël exerce, interviennent dans un rapport étroit principales de l’extension du lycée
avec l’existant. Pouvez-vous préciser dans son rapport à l’existant et en tant C. M. : Et pour le club d’aviron?
celui-ci a réalisé des extensions
les principes de votre démarche qu’architecture contemporaine?
François Noël : Pour le club d’aviron
en relation avec un patrimoine de projet dans ces deux réalisations ?
François Noël : L’extension du lycée du centre nautique, le projet propose
existant. L’architecte expose François Noël : Les deux projets est un exercice de dextérité qui vient une réhabilitation lourde de la “halle
présentent des points communs, il s’agit panser les plaies laissées dans l’es- aux porcs” des anciens abattoirs,
les lignes directrices de
d’édifices publics. Dans les deux cas, pace urbain par deux constructions complétée par la création de surfaces
son travail à travers ces deux j’ai eu le souci de qualifier les bâtiments des années 60-70. Le travail sur la volu- neuves. La démarche architecturale
neufs de façon à ce que, par leur métrie générale, la création de plans est d’instaurer un dialogue entre une
réalisations.
architecture, ils fassent repère. Ainsi, de façade de référence, accompagnés architecture industrielle ancienne,
ils signalent et marquent la présence par un jeu de retraits et d’avancées, en partie conservée, et une architec-
de l’équipement public. À cela s’ajoute d’opacités et de transparences, assu- ture neuve. Dans la partie conservée,
le développement d’une spatialité rent l’articulation avec les deux je me suis attaché à restituer ce qui
intérieure qui met en scène le rapport immeubles adjacents et viennent constitue la valeur d’origine du bâti-
intérieur - extérieur ou les parties entre retrouver l’alignement sur la rue, atté- ment en l’adaptant à sa nouvelle fonc-
elles. La promenade architecturale, nuant ainsi la rupture qui existait tion de garage pour les bateaux du club.
qui se développe dans le bâtiment, ins- précédemment. À partir d’une trame L’architecture de l’ensemble trans-
talle une convivialité propre à l’usage de structure simple, le béton prête forme en profondeur l’image initiale
de chaque projet. Voilà pour les caracté- toute sa souplesse d’utilisation et de de la halle et exprime son changement
ristiques communes. En revanche, mise en forme pour réaliser les porte- radical d’affectation. Avec la partie
ils se distinguent fortement par leur site à-faux, les retournements de parois, neuve et sa façade principale très
d’implantation et les conditions dans les décalages de plans nécessaires à composée, j’ai voulu créer un bâtiment
lesquelles chaque réalisation tisse des ce travail architectural. Nous avons “signal” qui participe au réaménage-
liens avec l’existant. L’extension du recherché une composition dynamique, ment ultérieur du site des abattoirs. ❚

1 2

>>> Page de gauche : la partie neuve du club d’aviron est traitée


comme un signal qui manifeste la présence de l’équipement et inaugu-
re la requalification du site. 1 Sculptée sur mesure, l’extension du
lycée Jeanne-d’Arc recompose l’espace de la rue tout en affirmant sa
modernité. 2 La transparence du porche ouvre le lycée sur la ville.

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 13


réalisation NANCY - Deux projets

1 2

>>> 1 Juxtaposée à l’ancienne halle, la partie neuve


du club d’aviron fonctionne comme la “tête” de la nouvelle entité.
➜ Club d’aviron
2 Le hall se développe au gré d’une promenade architecturale

Un projet initiateur qui offre un enchaînement de points de vue. 3 Sous le porche


d’entrée du lycée, l’entrée noble signale la section de BTS.

du renouveau d’un site 4 Les matériaux soulignent la géométrie et le jeu des plans
de la façade. 5 La façade sur cour présente une architecture

L edenouveau centre nautique


Nancy est réalisé sur
ture architecturale contemporaine très
géométrique. Un grand voile vertical de
“ludique” de volumes recouverts d’enduit coloré.

une partie des anciens abattoirs, béton réunit partie ancienne et neuve.
dans une vaste zone de friches indus- Cette dernière est traitée comme la tête du
trielles faisant l’objet d’un grand projet de nouvel édifice.
requalification urbaine. Cette partie de la
ville s’est développée à partir de 1870
● Une halle industrielle
lorsque des Alsaciens ,fuyant leur province ou de haut niveau découvrent les lieux
devenue équipement public
occupée,sont venus installer leurs activités spécifiques du club : le tank à ramer, la
à Nancy.Aujourd’hui, tout ce tissu indus- La façade principale,très dessinée,marque salle de musculation, le hangar à bateaux,
triel est obsolète et abandonné. Le pôle fortement l’entrée du club. Sa composition la cafétéria.
Maître d’ouvrage :
nautique est le premier témoin du réamé- décline les thèmes chers à François Noël. Le béton et le bois concourent à donner Communauté urbaine
nagement à venir. Il regroupe en un même Un plan suspendu en béton enduit et un unité d’échelle et d’image aux deux par- de Grand Nancy
lieu, au bord de la Meurthe, les installa- petit volume courbe en saillie,ancré au sol, ties qui constituent le nouvel édifice.Par sa
Maître d’œuvre :
tions de deux clubs nautiques (club d’avi- créent un appel vers la porte d’entrée. souplesse d’utilisation et ses qualités tech- François Noël,architecte
ron et club de canoë-kayak), jusqu’alors L’angle en béton brut coffré à la planchette niques, le béton a très largement participé
Bureau d’études :
séparés et installés dans des locaux et le portique soulevé accompagnent ce aux travaux de renforcement, de reprise, Cholley BET
vétustes. François Noël a été chargé de la mouvement. Derrière la large porte d’en- de modification, d’élargissement, qui ont
Entreprise gros-œuvre : GFE
maîtrise d’œuvre du club d’aviron. trée en bois, l’usager découvre un vaste permis de modeler l’ancienne halle indus-
Le projet du nouveau club d’aviron s’orga- hall qui se dilate sur trois niveaux. Clair et trielle à son nouvel usage.Jeunes scolaires, Surface SHOB :
2 150 m2
nise à partir d’une ancienne halle des lumineux, il est parcouru par une prome- sportifs amateurs ou de haut niveau béné-
abattoirs réaménagée en hangar à nade architecturale qui enchaîne escalier ficient d’un équipement convivial et Coût TTC :
bateaux et contre laquelle vient se placer et plan incliné. À travers de multiples adapté, qui participe à la qualité de la vie 13 MF
un bâtiment neuf, qui développe une écri- points de vue, scolaires, sportifs amateurs et à la requalification du site. ❚

14 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


3 4 5

➜ Lycée Jeanne-d’Arc URBANISME

Rétablir la continuité, Reflets d’une époque


Le patrimoine architectural nancéien s’enrichit régulièrement
affirmer sa modernité d’œuvres contemporaines. En témoignent la nouvelle école d’archi-
tecture de Livio Vacchini ou l’extension du musée des Beaux-Arts de
Laurent Beaudouin. À ces exemples renommés s’en ajoutent
L edresse
lycée Jeanne-d’Arc se
en plein cœur de
de vie, destinées aux élèves et aux pro-
nombre d’autres dont la qualité illustre la créativité de l’architecture
fesseurs de la section de BTS profession
la ville de Nancy à quelques immobilière, qui accueille 48 étudiants. de notre époque et sa capacité à exister dans le tissu historique.
centaines de mètres de la place L’architecte devait intégrer à son projet M. Barbillon, directeur de l’urbanisme et du développement écono-
Stanislas, de la place d’Alliance et de l'entrée de service du lycée située sur la mique de la ville de Nancy, expose en quelques mots la politique de
la cathédrale. L’extension dessinée par rue Bailly, qui est utilisée quotidienne-
la ville face à la présence d’architecture contemporaine dans le
François Noël occupe sur la rue Bailly une ment par les camions de livraison et les
parcelle libre de construction entre une véhicules du personnel logé dans le site. centre historique. “La ville de Nancy ne souhaite pas que le secteur
aile du lycée et un bâtiment de bureaux. Contraintes urbaines, contexte bâti et sauvegardé du centre devienne un morceau de ‘ville-musée’, figé à
Les deux immeubles adjacents ne res- contraintes fonctionnelles nécessitent jamais. Car chaque époque doit apporter sa contribution, la nôtre
pectent pas l’alignement sur rue : celui donc une réponse sur mesure. comme les précédentes. Ainsi, si l’on se reporte au début du XXe
appartenant au lycée est en retrait d’une siècle, les réalisations de l’école de Nancy semblaient par rapport à
épaisseur de balcon, tandis que l’autre,
● Un volume ciselé et soulevé leur temps très en rupture. Elles appartiennent pourtant aujourd’hui
mitoyen, présente un recul d’environ 6 m.
totalement au patrimoine de la ville. Si elle s’inscrit dans un certain
La rue présentait donc à cet endroit une François Noël dessine un bâtiment sur
béance, marquant une rupture dans un pilotis. Dans l’espace libéré au rez-de- respect des échelles et du tissu, l’architecture contemporaine a sa
gabarit par ailleurs homogène et dans chaussée, il aménage une entrée noble place dans le centre-ville.”
l’alignement des façades. pour l’extension et l’entrée de service du
lycée. L’ensemble compose une séquence
d’entrée cohérente où est mise en scène
● Contraintes et programmes
une transparence entre l’espace de la rue
Le programme de l’extension comprend et l’intérieur du lycée.
le CDI, commun à l’ensemble du lycée, et Le CDI occupe l’ensemble du premier
l’ensemble des salles de cours de TP et étage. Les deux niveaux supérieurs sont

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 15


réalisation NANCY - Deux projets

1 2 3

>>> 1 Le décalage des volumes de la façade sur cour


aménage des espaces extérieurs – balcon, loggia – qui permettent
entièrement réservés à la section de BTS, offrent aux élèves et aux professeurs la
dont les étudiants bénéficient ainsi d’une possibilité de prendre l’air entre deux aux élèves de prendre l’air entre deux cours. 2 3 L’escalier
certaine autonomie par rapport au reste cours sans devoir sortir du bâtiment. principal offre à la fois des vues sur l’intérieur du bâtiment et sur
du lycée. Les classes sont installées côté
cour et la salle principale du CDI s’ouvre, le paysage de la rue.
● Côté rue, côté cour
elle aussi, par de généreuses baies vitrées
sur cette dernière.Tous ces lieux bénéfi- Sur la rue Bailly, la façade est “habillée,
cient d’un bon ensoleillement, apprécié tirée à quatre épingles”, se plaît à souli- spectacle aux lycéens. Elle présente un
dans une région au climat rigoureux. Et ils gner François Noël.Son dessin s’articule sur jeu de volumes, de reliefs, de profondeurs
offrent d’agréables perspectives sur la deux grands plans qui marquent l’aligne- qui accroche ombre et lumière. Les
cathédrale. Aux deuxième et troisième ment. L’un, percé de fines lignes vitrées, est enduits de couleur, rose, orange, jaune vif,
étages, les couloirs longent la façade sur habillé de pierre de Bourgogne, l’autre est gris, soulignent les formes qu’elle décline
rue. Cette disposition isole les classes du en béton brut.Son aspect velouté lui donne et leur plastique. Dans ce projet, François
spectacle de la rue et préserve l’intimité l’apparence d’une pierre grise qui s’intègre Noël a sculpté sur mesure un bâtiment
des immeubles de logements en vis-à-vis. parfaitement à l’environnement général et qui vient panser une plaie existante dans
L’ensemble de l’édifice est ciselé de façon a été accepté sans problème par les archi- l’espace urbain. Il a choisi le béton qui, à
à créer tout un jeu de creux, de pleins, de tectes des Bâtiments de France. “Je parle de Maître d’ouvrage :
partir d’une structure simple poteaux-
Région lorraine de Metz
vides. La composition générale du volume béton ‘lissé’ pour ce parement. Il est obtenu poutres, lui a permis par sa souplesse de
s’appuie sur le décalage des plans ou leur par ponçage manuel au papier de verre du développer son travail sur le volume de Maître d’œuvre :
François NoëL,
retournement, les décrochements et les matériau brut de décoffrage, précise l’archi- l’édifice et l’articulation des formes : architecte
enchaînements qui lancent des continui- tecte. Les deux lignes qui apparaîssent celles-ci viennent retisser les liens avec les
Bureau d’études :
tés avec l’existant. Le travail plastique sur comme des joints sont réalisées avec un constructions existantes et rétablir la
Cholley BET
la forme se décline à l’intérieur dans la outil de type boucharde.” Un bandeau bas continuité urbaine. L’architecte démontre
qualité des ambiances lumineuses et le et un autre en attique cadrent la composi- Entreprise gros-œuvre :
ainsi, sans concession et avec dextérité,
GFE
découpage des ouvertures dans les parois. tion et soulignent l’alignement. que l’on peut donner sa place à l’archi-
Ainsi,les dosages de l’intensité lumineuse, Même si les façades avant et arrière tecture moderne dans le cœur historique Surface SHOB :
780 m2
les appels de lumière, les cadrages des répondent l’une et l’autre à la même des villes sans créer de rupture. ❚
vues sur la ville, la cathédrale ou le ciel logique de conception, elles jouent éga- Coût TTC :
donnent à chaque espace son caractère et lement sur le contraste. Dans cet esprit, TEXTE : NORBERT LAURENT 6 3 MF
ponctuent les déplacements dans le bâti- celle sur la cour de récréation est plus PHOTOS : GUILLAUME MAUCUIT-LECOMTE,
ment. Par endroits, balcons et loggias découpée, plus “ludique” et s’offre en OLIVIER DANCY

16 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


solutions
B É T O N

Inertie thermique
et confort d’été ➜ Logements
●●● UNE TROP FORTE CHALEUR À L’INTÉRIEUR D’UNE HABITATION EST UN Paris

FACTEUR D’INCONFORT IMPORTANT. SI CELA EST SOUVENT VÉCU COMME

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et archives municipales
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CONSTRUCTION MODERNE /N°103 17


solutions béton

➜ Le béton, un matériau “rafraîchissant”


L’ÉTUDE EFFECTUÉE PAR LE CSTB À tante dans un bâtiment et calculée tout au long d’un ● Les facteurs influants
LA DEMANDE DE CIMBÉTON ÉVALUE jour de référence. Ce dernier est lui-même défini en
Les paramètres qui ont une influence sur le confort ther-
fonction de la situation géographique de l’édifice
L’IMPACT DE L’INERTIE THERMIQUE DES mique d’été dans l’habitat sont la protection contre le
étudié. La température opérative (Top) correspond à
BÂTIMENTS RÉSIDENTIELS SUR LE CONFORT soleil, l’aptitude à la ventilation nocturne et l’inertie ther-
la moyenne de la température de l’air (Tair) et de la
mique de la construction. Les maîtres d’œuvre doivent
D’ÉTÉ. IL EN RESSORT UN ENSEMBLE température moyenne des parois (température
avoir présent à l’esprit le rôle joué par chacun d’eux.
D’INFORMATIONS PERMETTANT DE moyenne radiante Trm) :
● L’existence de protections solaires disposées sur la
CONCEVOIR DES ÉDIFICES PRÉSENTANT Top = 1/2 x (Tair + Trm) face extérieure des vitrages contribue à minimiser forte-
UNE INERTIE ÉVITANT LES SURCHAUFFES ment les apports solaires dont la plus grande partie pro-
La température opérative ainsi définie donne une vient de la transmission par les vitrages. Ces apports
ET FAVORISANT LE CONFORT D’ÉTÉ.
meilleure indication que la température de l’air sur solaires constituent souvent une gêne et un inconfort
le confort ressenti par l’usager. La variation de la
N ous vivons tous ces chaudes jour- température entre le jour et la nuit à l’intérieur du
important en été dans un logement.
nées d’été pendant lesquelles nous ● La possibilité d’assurer une bonne ventilation noc-
avons le sentiment d’être écrasé par la logement est un autre paramètre qui intervient dans turne dans une habitation permet de rafraîchir la struc-
chaleur, particulièrement à l’intérieur des habita- l’évaluation de ce confort. En effet, un écart trop ture de la construction et d’éviter ainsi des surchauffes
tions. Un inconfort pris en compte dans l’élaboration important est défavorable au confort car l’usager en journée. L’exposition multiple des façades favorise
de la nouvelle réglementation thermique : la peut être obligé de modifier sa vêture en soirée et de bons débits de renouvellement d’air et, par consé-
recherche du confort thermique d’été et la nécessité ressentir une fraîcheur trop importante en fin de nuit. quent, un rafraîchissement plus important du bâtiment.
d’éviter les surchauffes vont devenir une préoccupa- En été, période qui fait l’objet de ce dossier, l’éva- Les appartements traversants répondent à ces condi-
tion croissante des maîtres d’œuvre. luation du confort thermique obtenu dans un loge- tions. Cependant, l’aptitude à la ventilation nocturne
ment prend donc en compte la température opéra- est aussi liée à l‘environnement urbain. Si l’habitation
tive des trois heures les plus chaudes du jour de se situe en zone bruyante ou si un risque d’effraction
● Évaluation du confort d’été
référence et la différence de température obtenue existe, il n’est pas possible d’ouvrir les fenêtres sans
Le niveau de confort ou d’inconfort thermique est entre le jour et la nuit. La température de 27 °C est pénaliser le confort acoustique ou la sécurité.
apprécié au moyen de la température opérative exis- reconnue comme limite du seuil d’inconfort. ● L’inertie thermique d’un bâtiment dépend des maté-
riaux de construction utilisés. En effet, l’inertie ther-
mique d’un matériau correspond à sa capacité à accu-
muler puis à restituer un flux thermique chaud ou froid.
Il faut savoir que plus un matériau est dense, plus sa
capacité d’accumulation est importante et la restitution
au fil du temps du flux thermique est d’autant plus
régulière. Ainsi, l’inertie thermique d’un bâtiment peut
s’évaluer en première approximation par la masse de
matériau mis en œuvre. Le calcul de cette masse ne
prend en compte que la masse des matériaux de
construction comptés depuis l’intérieur du bâtiment jus-
qu’à la présence d’une couche isolante (lame d’air ou
isolant). Il en résulte que plus la masse de matériau est
importante, plus l’inertie est forte. Les parois constitu-
tives de l’espace intérieur d’une habitation (murs, plan-
chers, cloisons) participent toutes à l’inertie thermique
d’un bâtiment. Pour les façades, l’isolation par l’inté-

>>> Depuis longtemps, les constructeurs


savent qu’un mur épais garde la fraîcheur.

18 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


solutions béton

rieur ne permet pas de profiter de la masse des maté-


°C a °C b
riaux, contrairement à l’isolation par l’extérieur. Ainsi, 32 32
pour un même type de parois, il est possible d’obtenir 30 30
deux inerties différentes selon la position de l’isolant. 28 28
26 26
24 24

● Impact de l’inertie thermique 22 22


20 20
Il s’avère que l’inertie thermique joue un rôle essentiel 18 18
16 16
dans le confort thermique d’une habitation comme 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
peuvent le laisser supposer l’intuition du constructeur heures heures
T_ extérieure Top_ Inertie très faible Top_ Inertie faible Top_ Inertie forte Top_ Inertie très forte
expérimenté et le bon sens. Pour faire, en toute
connaissance de cause, des choix constructifs qui
améliorent les performances de leurs projets en la ❙❙❙ Figure 1 La limite des 27 °C est visualisée comme seuil d’inconfort
matière, les maîtres d’œuvre doivent connaitre avec Exemples d’évolution de la température opérative 31 °C

pour un logement collectif (a) et pour une maison indi- 29 °C


précision l’impact de l’inertie thermique sur le confort
viduelle (b). 27 °C
d’été. Le CSTB a récemment réalisé à la demande de 25 °C
Cimbéton une étude consacrée à ce sujet. Elle porte dures homologuées au niveau européen. Il ressort de 23 °C

sur des types de bâtiments et un éventail de situations cette étude un ensemble d’informations qui méritent 21 °C
très faible faible moyenne forte très forte
d’être présentées, commentées et retenues. inertie
en France métropolitaine, validés l’un et l’autre au
niveau de la future réglementation thermique. La
méthode employée répond quant à elle aux procé-
❙❙❙ Figure 2
● Influence de l’inertie du bâtiment Moyenne des températures opératives maximales
atteintes et moyenne des variations de température
À travers deux scénarios différents de l’étude, la figure 1
opérative pour l’ensemble de l’étude paramétrique
TECHNIQUE montre l’impact de l’inertie d’un bâtiment considéré sur et par type d’inertie.
l’évolution journalière de la température opérative,
Précisions sur l’étude du CSTB comparée à la température extérieure. La lecture des males atteintes ou des variations de température
courbes met en évidence que plus l’inertie du bâtiment jour/nuit. L’étude montre aussi que la fréquence de
L’étude effectuée a été réalisée à l’aide du logi-
est importante, plus la température opérative maximale dépassement du seuil de 27 °C pour la température opé-
ciel de calcul de thermique d’été pour les bâti- et la variation de température sont faibles. Ceci montre rative est d’autant plus importante que l’inertie ther-
ments résidentiels du CSTB : COMET. La mé- bien que l’augmentation de l’inertie du bâtiment ap- mique est faible.
thode associée au logiciel suit la procédure porte un réél bénéfice à l’utilisateur. La figure 2 montre L’observation des variations de températures opéra-
de validation du projet de norme européen du la moyenne des températures opératives maximales tives jour/nuit est elle aussi très instructive en ce qui
TC89 WG6 sur les performances thermiques des atteintes sur l’ensemble de l’étude ainsi que la concerne l’impact de l’inertie thermique du bâtiment.
moyenne des variations de température opérative. En effet, sur la figure 3, de fortes variations de tempéra-
bâtiments en été sans système de ventilation.
Considérée comme seuil d’inconfort, la température de ture jour/nuit apparaissent pour les inerties très faibles
L’étude traite un éventail de situations pour la 27 °C est visualisée. Le schéma met en évidence qu’une et faibles, ce qui a pour conséquence de pénaliser le
France métropolitaine et porte sur des catégo- inertie forte ou très forte des habitations est favorable confort à l’intérieur du logement. Par contre, les inerties
ries de bâtiments résidentiels qui sont validés au confort d’été, qu’il s’agisse des températures maxi- fortes et très fortes sont favorables à de faibles varia-
au niveau de la future réglementation ther-
mique. Elle prend en compte : % supérieure à 6°C % inférieure à 3°C
100 100
● quatre types d’habitations – deux logements
80 80
collectifs et deux maisons individuelles – dont
60 60
on fait varier l’orientation, la protection solaire
40 40
et l’exposition au bruit ;
20 20
● cinq types de structures de construction 0 0
très faible faible moyenne forte très forte très faible faible moyenne forte très forte
conduisant à tester ces bâtiments pour cinq
inertie inertie
inerties thermiques – très faible, faible, moyen-
ne, forte et très forte ; ❙❙❙ Figure 3
● deux zones climatiques, nord et sud de la Variations de température jour/nuit pour un jour chaud de référence : pourcentage des cas de dépassement observés
France. par rapport à des valeurs seuil.

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 19


solutions béton

❙❙❙ Maisons individuelles ❙❙❙ Logements collectifs


Plancher bas : plancher bois, isolant, lame Inertie très faible Plancher : moquette, béton, isolant, plâtre.
d’air, plâtre. Plafond : plâtre, isolant, béton, moquette.
Plafond : plâtre, isolant. Mur extérieur : plâtre, isolant + ossature,
Mur extérieur : plâtre, isolant + ossature bois. parement extérieur.
Refend : plâtre, ossature bois, plâtre. Mur mitoyen : plâtre, isolant + ossature, plâtre.
Cloison intérieure : plâtre, lame d’air, plâtre. Refend : plâtre, ossature, plâtre.
Cloison intérieure : plâtre, lame d’air, plâtre.

Plancher bas : carrelage, mortier, béton, Inertie moyenne Plancher : carrelage, mortier, béton, plâtre.
isolant. Plafond : plâtre, isolant, béton, moquette.
Plafond : plâtre, isolant. Mur extérieur : plâtre, isolant, béton, enduit.
Mur extérieur : plâtre, isolant, bloc creux, Mur mitoyen : plâtre, isolant, béton, isolant,
enduit. plâtre.
Refend : plâtre, bloc creux, plâtre. Refend : plâtre, béton, plâtre.
Cloison intérieure : plâtre, bloc creux, plâtre. Cloison intérieure : plâtre, bloc creux, plâtre.

Inertie très forte


Plancher bas : carrelage, mortier, béton, Plancher : carrelage, mortier, béton, plâtre.
isolant. Plafond : plâtre, béton, mortier, carrelage.
Plafond : plâtre, béton, isolant. Mur extérieur : plâtre, béton, isolant, enduit.
Mur extérieur : plâtre, bloc creux, isolant, Mur mitoyen : plâtre, béton, plâtre.
enduit. Refend : plâtre, béton, plâtre.
Refend : plâtre, bloc creux, plâtre. Cloison intérieure : plâtre, lame d’air, plâtre.
Cloison intérieure : plâtre, lame d’air, plâtre.

❙❙❙ Variation de l’inertie thermique en fonction des parois


Tant en maison individuelle qu’en logement collectif, la composition des parois participe à la plus ou moins forte inertie des bâtiments. Les schémas ci-dessus présentent
différents degrés d’inertie thermique obtenus en fonction de la nature des parois verticales et horizontales dans deux types d’habitation. Il s’agit d’une maison individuelle
isolée à rez-de-chaussée sur vide sanitaire et d’un logement dans un immeuble collectif.

tions de température opérative jour/nuit. L’étude a LOGEMENTS SOCIAUX – MARNE et au confort. Par exemple, le fait de diminuer
permis de quantifier l’effet de l’inertie thermique sur le les consommations d’énergie permet de réduire
confort d’été. Il en ressort les conclusions suivantes :
➜ Inertie thermique, les charges des locataires. Pour le projet de Reims,
confort et économie le maître d’ouvrage ‘l’Effort rémois’ avait pour
● Plus l’inertie thermique de l’habitation augmente,
Les architectes Lucie Jeanneau et Jean-Claude objectif de baisser le loyer et les charges de 15 %,
plus la température maximale atteinte et les variations
Laisné ont récemment terminé deux opérations de tout en offrant 15 % de surface supplémentaire ;
de température jour/nuit sont faibles. Ces deux résultats
logements sociaux dans le département à Fère-Champenoise, l’Opac de la Marne voulait
sont particulièrement favorables au confort thermique
de la Marne. A Reims, pour le projet de aussi diminuer les charges. Pour atteindre
en été. L’inertie thermique permet donc de lisser les flux
48 appartements répartis en trois plots, comme les objectifs d’économie fixés, nous avons choisi
thermiques et les températures extrêmes.
à Fère-Champenoise pour un ensemble de des solutions constructives mettant en œuvre le
● Associée aux autres facteurs influants et notamment
50 pavillons, les architectes ont porté une grande béton et le béton cellulaire pour les parois et les
à la ventilation nocturne de l’habitation, une bonne attention aux questions d’économie d’énergie, planchers. Nous avons pu constater, en particulier
inertie permet d’obtenir le confort thermique d’été dans d’isolation et de confort thermique. ” Dans notre dans les maisons, que ce choix, accompagné d’une
la plupart des situations, en stockant la fraîcheur noc- agence, nous travaillons fréquemment sur des bonne orientation, d’une implantation judicieuse
turne qui est restituée dans la journée. programmes de logements sociaux, pour lesquels des ouvertures et d’une bonne ventilation
● L’utilisation de matériaux lourds contribue à donner les maîtres d’ouvrage ont des budgets très serrés, nocturne, est très favorable au confort thermique
au bâtiment une inertie forte. Elle évite les surchauffes rappelle Jean-Claude Laisné. Cela nécessite une d’été.” Utilisé pour les planchers, le béton est
et favorise une plus grande stabilité des températures. discipline et un investissement de matière grise un matériau lourd qui présente une forte inertie
Le béton – matériau lourd – présente une très forte iner- pour choisir les matériaux et les solutions favorable au confort d’été. Bien que possédant
tie thermique apportant satisfaction à ces trois critères. Il constructives qui vont permettre, en particulier, une inertie inférieure à celle du béton, le béton
offre aux maîtres d’œuvre une réponse constructive de réduire les consommations d’énergie afin de cellulaire possède des qualités d’isolation
pour réaliser des habitations bien conçues en matière de dépenser justement les budgets de construction thermique répondant aux exigences requises.
confort thermique d’été. ❚ et d’entretien. En effet, de ces choix dépendent Simplement peint dans les maisons, il est en
TEXTE : NORBERT LAURENT les économies qui pourront être faites sur contact direct avec l’intérieur et participe aussi
PHOTO : COLOMB/CAMPAGNE, CAMPAGNE les loyers et les charges, sans nuire à la qualité au confort d’été.

20 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


❙❙❙ Exemples de parois
à forte inertie thermique

de la maison en inertie. Cela implique de construire les Maisons individuelles


planchers et les murs avec des matériaux lourds
comme le béton. Dans l’architecture que nous dessi- Plancher bas (en cm) :
nons, nous nous plaçons en rupture avec la tendance carrelage (1), mortier (2),
béton (18), isolant (8).
qui vise à alléger le plus possible les parois. Nous utili-
sons très peu les éléments légers et les façades légères,
nous travaillons sur la matérialité, la masse. La prise en
Plancher intermédiaire
compte d’exigences telles que le confort d’été dès la (en cm) : carrelage (1),
conception n’est pas du tout une contrainte au niveau mortier (2), béton (18),
de l’architecture. Cela s’inscrit dans une démarche glo- plâtre (1).
bale de conception parfaitement conforme avec nos
soucis de gérer l’économie de mise en œuvre du projet Plafond (en cm) : plâtre (1),
ÉCOLE DE CHIMIE – STRASBOURG et de développer une architecture aux formes simples béton (16), isolant (16).
et esthétiques.
➜ Penser le confort, Pour le projet de l’École de chimie et des polymères de
dès la conception Strasbourg, nous avons pris en compte tous les critères
“Dans nos projets, nous intégrons toujours la dimen- de la démarche HQE (haute qualité environnementale)
sion du confort thermique en associant la réflexion sur dont l’objectif est de préserver les ressources naturelles Mur extérieur (en cm) :
la protection solaire et le dimensionnement des ouver- et de satisfaire aux exigences de confort, de santé et de plâtre (1), bloc creux (20),
intérieur extérieur
isolant (8), enduit (1,5).
tures à la recherche d’inertie pour les matériaux qualité de vie des occupants. La structure et les parois
employés, précise Michel Spitz, architecte à Colmar. en béton confèrent au bâtiment une bonne inertie qui
Pendant l’été, l’Alsace connaît des journées très chaudes. favorise hiver comme été le confort thermique. Sur
Pour assurer un bon confort thermique diurne, il est toute la partie des laboratoires, nous avons mis en
nécessaire d’avoir un bon rafraîchissement nocturne œuvre des panneaux préfabriqués présentant une
Refend (en cm) : plâtre (1),
de l’ouvrage. Il faut mettre en place les solutions tech- double peau de béton enserrant 15 cm d’isolant. Le bloc creux (20), plâtre (1).
niques permettant de bien ventiler la maison avec l’air parement intérieur est simplement peint.”
frais de la nuit et ainsi faire fonctionner toute la masse PHOTO : JEAN-MARIE MONTHIERS

niveaux les salles de lecture. Entre les deux se déve- Logements collectifs
loppe une rue intérieure animée par les circulations.
Plancher/plafond (en cm) :
Dès les premières phases de conception du bâtiment , la
carrelage (1), mortier (2),
performance thermique de l’édifice a été prise en béton (18), plâtre (1).
compte par les architectes. Le cahier des charges du
concours d’architecture demandait de répondre au souci
du maître d’ouvrage de minimiser les coûts d’exploita-
tion, dont en premier lieu les consommations d’énergie. Mur extérieur (en cm) :
Cet aspect a pesé dans le choix du projet lauréat. plâtre (1), béton (20), intérieur extérieur
À partir de l’esquisse, la performance thermique du isolant (8), enduit (1).
bâtiment a été évaluée par un bureau d’étude, grâce à
une simulation informatique du comportement hygro-
thermique sur une durée d’un an. Le bureau d’études
est aussi intervenu comme conseil auprès des archi-
Mur mitoyen (en cm) :
tectes, en particulier pour la définition de toute la peau plâtre (1), béton (20),
du bâtiment, afin de limiter les transferts thermiques plâtre (1).
BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES MUNICIPALES – MONTPELLIER avec l’extérieur, notamment par rapport à la surchauffe
solaire.Ainsi, la façade opaque sud en béton protège le
➜ Défense passive, confort actif bâtiment du rayonnement direct, tandis que les salles
Le nouveau bâtiment de la bibliothèque et des archi- de lecture sont éclairées par un mur-rideau orienté au
Refend (en cm) :
ves municipales de Montpellier, conçu par les archi- nord. Grâce aux dispositions constructives et au choix
plâtre (1), béton (16),
tectes Paul Chemetov et Borja Huidobro, présente au de matériaux comme le béton effectués pour optimiser plâtre (1).
sud un parallélépipède de béton brut abritant sur huit la performance thermique, les besoins de climatisation
niveaux les magasins de livres et les bureaux. Un sont réduits de 60 % dans ce bâtiment. Échelle 5 cm/m
volume vitré lui répond au nord et accueille sur quatre PHOTO : E. HANNOTEAUX

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 21


réalisation PARIS - Siège SNCF

SNCF :
le choix de la transparence
●●● Au cœur de la capitale, la SNCF a installé son siège social. À deux pas d’une gare.

L’opération immobilière n’aurait pu être que commerciale. Elle fut l’occasion d’une vraie pratique

architecturale qui, a osé sculpter une matière existante, creuser à même le béton, déjouer les

mystères d’une première structure précontrainte, sonder la réalité constructive d’un bâtiment

plus que massif, pour y apporter lumière et transparence, et en faire un lieu de travail ouvert

à la ville. Une aventure intelligente.

22 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


P ratiquer une autopsie, dis-
séquer pour mieux com-
années 60 présentait quelques particulari- contraints à béquille extérieure consti-
tés savoureuses, telles que la superposi- tuent un étage de transition .
prendre l’équilibre d’un sque- tion de deux parties structurellement diffé- Pour réhabiliter cet immeuble, il fallait
lette, radiographier les zones de rentes et franchement audacieuses. avoir le goût du risque face aux multiples
trouble : l’équipe de maîtrise d’œuvre surprises qu’il réservait, dont son irrégu-
doit-elle être composée de médecins, ● Une démarche complexe larité vouée à épouser avec délicatesse
d’explorateurs ou d’inventeurs ? Certaines la courbe des voies ferrées. Situées au
restructurations l’imposent… lorsque les La première structure répondait à la fonc- rez-de-chaussée, elles servaient à ache-
plans d’origine manquent à l’appel, que tionnalité du tri postal, soit cinq galettes miner les trains postaux alimentant le
l’immeuble cache, derrière une façade pratiquement aveugles et comprenant le centre de tri. De ces courbes obligées
stricte et rigoureusement géométrique, moins possible de points porteurs : deux dépendait l’implantation des poteaux
quelques caprices structurels empreints de trames de 20 m de portée divisant cha- qui suivent le tracé des voies. Autres
mystère. L’ancien tri postal, construit en cun de ces étages. Ce premier bloc de sources de trouble : les différents points
1963 par Louis Arretche, fait partie des type industriel était surmonté d’une porteurs et leurs sections de formes et de
monuments du doute. Réhabilité, il abrite “superstructure” abritant plusieurs dimensions variables, les béquilles et
depuis avril dernier le siège social de la niveaux de bureaux, décomposés en leur inclinaison variable…
SNCF. Situé dans le XIVe arrondissement trois parties éclairées par deux patios Sans plans d’origine, la démarche deve-
parisien, il fut l’un des premiers bâtiments intérieurs, chaque aile étant desservie nait complexe, d’autant que le challenge
intégrant une ossature mixte, combinant par un couloir central. Servant d’axe por- était ambitieux. Il fallait offrir à la SNCF un
béton armé et béton précontraint. Outre teur, il supportait en console les plan- siège social qui corresponde à la nouvelle
l’absence de documents de référence chers qui ne font que 10 cm d’épaisseur. image que souhaitait véhiculer la direc-
permettant une analyse sûre et fine de la À la jonction de ces deux structures tion de cette entreprise nationale, et qui
construction existante, ce vestige des hétéroclites, une série de portiques pré- réponde à une organisation interne modi-

1 2

>>> 1 Les nuages se posent avec délicatesse sur


une partition en verre striée de lignes subtiles. 2 Les coursives
extérieures sont conservées et utilisées pour relier le parking
des employés au lobby central.

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 23


❙❙❙ Coupe transversale existante
réalisation PARIS - Siège SNCF

1 2

>>> 1 Un contraste permanent existe entre la structure


imposante d’un “premier” béton précontraint et les moteurs de trans-
fiée pour l’occasion. Ouverture et transpa- au niveau de l’atrium. Passage obligé, nef, parence que sont l’acier et le verre. 2 3 L’analyse des
rence devaient en être les moteurs…, salle des pas perdus, lieu de convivialité,
sachant que le bâtiment choisi pour ses fonctions peuvent varier au gré des deux coupes transversales montre bien comment, autour de la struc-
atteindre cet objectif n’était autre qu’un interprétations et des besoins. ture initiale, le travail des architectes a permis de recomposer des
parallélépipède de 39 m de profondeur. Outre les soucis d’ordre structurel,les archi-
espaces très différenciés. La coupe longitudinale met en évidence
Pour percer à jour cette épaisseur, il fallait tectes se sont trouvés confrontés à la régle-
oser évider… et s’attaquer à un béton mentation IGH à laquelle le bâtiment avait le grand hall et son système d’éclairage naturel.
très mystérieux sur sa composition. échappé jusque-là, puisque construit avant
1964. Or, le nouveau siège social de la
SNCF n’a pas investi les deux premiers De recherches sur le fil, sûrement.Toutes penser que l’architecture n’est pas une
● Se plier aux règles
niveaux du tri postal qui seront réhabilités les personnes impliquées dans ce projet somme de plans-séquences, mais un lieu
Les premières volontés architecturales de plus tard, a priori en centre commercial. ont fait preuve d’un niveau d’investisse- de vie offert au déplacement des corps.
l’agence Mas & Roux n’ont pu être satis- Au bénéfice du doute, les consignes de ment qui n’est pas forcément évident, si
faites, face à la réalité du chantier et face sécurité à respecter prévoient le pire et l’on juge uniquement le bâtiment après ● Que la lumière soit
aux calculs des ingénieurs projetés dans imposent une dalle qui soit coupe-feu travaux, comme on pourrait le faire d’une
une situation inhabituelle. De grandes 4 heures entre les deuxième et troisième construction “neuve”. Les transforma- Le travail d’évidement, réalisé pour faire
poutres traversent nonchalamment les niveaux. Heureusement, cette dernière tions fondamentales qui ont été opérées naître les boîtes à lumière, pour créer un
trois boîtes à lumière, poumons creusés étant en béton, les travaux à réaliser pour ne laissent en rien apparaître l’audace lobby qui soit à l’échelle de l’entreprise,
au cœur de l’immeuble. Celles-ci inon- satisfaire cette exigence n’ont pas été réelle dont a fait preuve la maîtrise peut sembler aussi rapide qu’un coup de
dent de rayons chaleureux la zone cen- trop importants. d’œuvre. Il semble parfaitement naturel cutter sur le papier. Il a pourtant fallu
trale du siège : un atrium, fonctionnant Dernière contrainte et non des moindres : que l’atrium soit baigné de lumière natu- supprimer le plancher posé sur les por-
comme un lobby américain qui surplombe l’obligation de proposer une restructura- relle, que les espaces respirent, que l’œil tiques (niveau R + 5), détruire le bâti-
la ville. L’entrée du siège, située rue du tion qui comptabilise le même nombre de puisse s’échapper, que la promenade ment central de bureaux, tailler dans une
Commandant-Mouchotte, ne représente mètres carrés utilisables que la surface architecturale soit rythmée de séquences poutre précontrainte sur la façade rue du
qu’une légère entaille dans les premiers originelle. Pour rendre le projet viable, intéressantes… Commandant-Mouchotte, etc., et cela
niveaux du bâtiment d’origine. Elle ne architecturalement et fonctionnellement, Ces “minimums” n’en sont pas. Ils relè- sans avoir de données très précises sur
pouvait admettre que la présence d’une les architectes prévoyaient 6 500 m2 de vent de la prouesse, même s’ils n’attei- la composition de la structure en place.
banque d’accueil. La dimension du siège planchers démolis pour faire circuler la gnent pas la perfection. La réflexion sur Jugée audacieuse par les ingénieurs
social ne se perçoit qu’après avoir lumière, surface qu’il fallait obligatoire- la lumière, qui fut l’un des moteurs de actuels,compte tenu des moyens de calcul
emprunté les ascenseurs qui drainent ment recréer,rentabilité oblige. composition du projet, témoigne de cette disponibles dans les années 60 – rappe-
employés et visiteurs du rez-de-chaussée Peut-on parler de casse-tête “constructif”? ténacité à manier les volumes et à oser lons qu’elle fut la première à combiner,

24 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


❙❙❙ Coupe transversale du projet ❙❙❙ Coupe longitudinale du projet
5

C 1 1
1 1 C C

C
5 5
1 7 1 6 6
7 7 7 7 7
B
B B

2 2 2 2

3 3 3

3 3 3

A A
3
4 4 4
4 5 5
4
4 4 5 5

dans ses éléments principaux et secon- ville dès qu’il sort de l’ascenseur, lors- les parois vitrées, voire d’apprécier plei-
A – Hall d’accès sur rue daires, techniques de précontraintes et qu’il emprunte les coursives le menant nement la sensation d’ouverture per-
B – Atrium et déambulatoire béton armé. au parking, au moment où il arpente les mise au sortir de l’ascenseur. Le pas-
C – Circulations protégées Grâce à ces coupes sévères, le bâtiment couloirs. Dans le traitement des façades : sage par l’atrium est obligé, créé à la
1 – Bureaux voit plus que jamais le jour. Cet apport totalement vitrées, elles sont pleine- manière d’une pause volontaire met-
2 – Salles de réunion non négligeable de lumière a permis de ment exploitées grâce à la mise en tant en suspension les arrivants pour
3 – Équipement futur mener à bien un autre combat, celui de place de bureaux paysagers, une révo- quelques instants.
4 – Parkings la transparence désirée conceptuel- lution dans le mode de travail des diffé- Cette fraction visuelle et temporelle se lit
5 – Locaux techniques lement par la direction de la SNCF. rents occupants, particulièrement habi- également dans le travail des façades. Là
6 – Patios extérieur
Concrètement, elle apparaît à plusieurs tués au cloisonnement. Ce nouveau encore,le parti n’était pas évident.Fallait-il
7 – Boîtes à lumière
niveaux. Dans le parcours de l’utilisa- bâtiment leur offre la double orienta- respecter la composition initiale de Louis
teur : son regard est en contact avec la tion. À eux d’en profiter ou d’occulter Arretche ou imposer une nouvelle image ?

>>> 1 2 Le patio central


est rythmé par les parties supé-
rieures des boîtes à lumière, abritées
sous une résille inhabituelle et
massive : les poutres existantes,
conservées par nécessité construc-
tive. 3 Les béquilles inclinées
du portique qu’il a fallu renforcer.

1 2 3

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 25


réalisation PARIS - Siège SNCF

1 2

Le centre de tri n’étant pas une des pièces


les plus importantes de sa production, il
les architectes auraient pu économiser leur
force de proposition, celle-là même qui
Un chantier
fut relativement facile de proposer un
dessin qui prenne surtout en compte
un environnement plutôt chahuté. Ses
leur a apporté ce projet lorsqu’ils furent
consultés pour une mission exploratoire,
puis choisis pour leur propension à exploi-
hors du commun
façades réussissent à exprimer la compo- ter pleinement l’espace du centre de tri.
L a restructuration du centre s’agissait de radiographier les éléments
sition du nouveau siège social, tout en de tri concernait principa- porteurs en plaçant une plaque sensible
respectant les lignes de l’immeuble voisin
● Pari tenu
lement la structure en béton pré- au droit de la poutre et d’envoyer des
dessiné par Jean Dubuisson. La prédomi- contraint. De nombreux points ont rayons gamma. L’image obtenue n’était
nance des horizontales calme un contexte Au lieu de coller étroitement à la demande nécessité des interventions très lourdes. pas totalement fiable, les câbles n’étant
urbain très chargé et d’échelle inhabi- induite par le programme, la réponse faite La création des puits de lumière, réalisés pas forcément perpendiculaires à la
tuelle, à tel point que le bâtiment réhabi- par Mas & Roux va bien plus loin, peut- au travers des portiques des étages inter- plaque. Leur ombre portée donnait l’indi-
lité semble avoir toujours existé. La être même trop au goût des occupants médiaires, impliquait la coupure de cer- cation nécessaire à la conversion de leur
mémoire oublie instantanément l’image actuels qui inondent le lobby central de taines poutres précontraintes et la créa- position par la règle de 3.
antérieure du centre de tri pour adopter rayons artificiels, alors que la lumière natu- tion d’un chevêtre s’appuyant sur les
celle écrite par Mas & Roux – une page relle suffirait la plupart du temps. Les poutres voisines, renforcées par des ● Une imagination débordante
sur laquelle l’atrium crée une lame bureaux vitrés sont occultés, sans doute câbles extérieurs en forme de “bateau”.
creuse qui sépare les deux entités occu- par souci d’intimité. Une habitude qui nuit Il fallait en outre percer de façon consé- Les défaillances constatées (fissures,
pant désormais le centre de tri. La partie au principe de transparence, à la volonté quente les planchers, perturber leur rôle défauts d’adhérence des câbles…) ont
basse joue le rôle d’un très large sou- de montrer la ville, d’offrir des panoramas de diaphragme et gêner la reprise des modifié la méthode prévue pour creuser
bassement plus opaque alors que la par- sur l’environnement, de mettre en évi- efforts horizontaux très importants et l’espace nécessaire à la naissance des
tie supérieure affiche sa transparence, dence la possibilité de travailler autre- dissymétriques, créés par l’inclinaison boîtes à lumière et ont mis en évidence la
couronnée par un attique en retrait. ment, de préserver des espaces plus libres variable des béquilles. Pour évaluer les nécessité de renforcer certains portiques.
Constamment, verre et béton se répon- dans une société finalement toujours aussi mesures à prendre, les ingénieurs se sont Les béquilles présentaient un déficit
dent et se mettent en valeur. Quelques cloisonnée. L’architecture n’a rien de vir- basés sur un modèle tridimensionnel d’acier assez notoire qui fut compensé
autres matériaux enrichissent à l’inté- tuel. Le nouveau siège social de la SNCF général – donnant un ordre de grandeur par leur chemisage (béton armé coulé
rieur cet ensemble assez unitaire dans impose une structure en béton précontraint, des efforts horizontaux –, doublé d’un contre les béquilles) et le placement de
l’expression, en particulier la pierre renforcée, modifiée grâce à la ténacité, aux modèle spécifique à chaque portique. connecteurs reliant ancien et nouveau
du Hainaut layée qui recouvre de belles investigations, à la modélisation mais aussi Parallèlement, une gammagraphie a per- béton. Même si les poutres traversant les
parois et vibre au contact de la lumière- au bon sens d’une équipe d’hommes plus mis de situer avec précision la position puits de lumière n’ont pas été coupées,
naturelle . Face à ce panel de contraintes, constructeurs que jamais. ❚ des câbles dans les poutres du plancher. Il elles présentaient néanmoins des fai-

26 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


3

>>> 1 Toute personne se rendant au siège social doit


passer par le lobby central et peut y apprécier la qualité de l’éclairage
apportée par les boîtes à lumière. 2 Creusée à même le béton, l’une
rendu l’opération possible. La liste des
des boîtes à lumière traversée par les poutres du portique existant.
interventions est bien plus longue. Elle
3 La vue, comme la lumière, traverse les bâtiments, et supprime montre surtout la nécessité d’une modéli-
toute sensation de confinement. 4 En cours de chantier, la mise sation en 3D, absente dans les études
faites 35 ans plus tôt – ce qui explique le
à nu du bâtiment d’origine : la “superstructure” et ses planchers manque d’armatures constaté. L’absence
de 10 cm d’épaisseur. de désordres s’explique par la non-utili-
sation des charges d’exploitation prévues
qui étaient de 900 kg/m2. Maître d’ouvrage :
Stim Batir
blesses nécessitant réparation : place- hall d’entrée du siège social. Le challenge
ment d’étriers actifs lorsque les efforts consistait à maintenir la précontrainte ● Un souvenir inoubliable Architectes de l’opération :
Jean Mas et François Roux
tranchants étaient trop élevés, et renfor- dans les parties conservées après décou-
Heureusement, l’ancien centre de tri
cement à la flexion par collage de tissus pe des éléments à supprimer. Pour y arri- Architectes assistants
n’est plus. Son squelette a changé de conception et mission
de fibres de carbone (TFC), là où les ver, la technologie employée est celle du
visage et surtout d’équilibre. Réparé et chantier :
aciers passifs filants étaient insuffisants. réancrage des câbles, d’une utilisation Face architectes
modifié en fonction de la nouvelle
Certaines travées d’une poutre de façade délicate lorsque la position des câbles est
répartition des efforts, le bâtiment a été Ingénierie structure :
ont été supprimées, afin de dégager un aussi floue… Plus que des calculs, c’est SGTE
l’objet d’investigations inhabituelles, de
volume suffisant permettant d’accueillir le l’imagination d’un mode opératoire qui a
techniques de calcul sophistiquées et de B et génie civil bâtiment :
renforcement de structures (placement Geciba

d’étriers précontraints, tissus de fibres B et fluides :


de carbone collés, reprise de précon- Jacobs Serete
traintes…) qui font de ce chantier un Entreprise générale :
moment très particulier, un souvenir Bouygues
physique indélébile dans la mémoire de Surface utile :
ses protagonistes, qu’ils soient archi- 34 000 m2
tectes ou ingénieurs. ❚
Coût :

TEXTE : BÉATRICE HOUZELLE


245 MF
4 PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS, ÉRIC AVENEL

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 27


réalisation STRASBOURG - École de chimie

Une école
en harmonie avec la nature
●●● Les préoccupations HQE (haute qualité environnementale) ont été prises en compte dans

l’élaboration du vaste programme de l’École de chimie, polymères et matériaux de Strasbourg

par les architectes Jemming et Spitz. Le choix des matériaux, peu ou non polluants, la gestion

de l’énergie, alliant isolation et inertie thermique par des panneaux de béton, et la relation des

bâtiments avec leur environnement ont été la base d’une conception architecturale harmonieuse.

Chaque élément a été conçu comme une entité, le béton formant le trait d’union entre eux.

28 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


L’ ECPM (École de chimie,
polymères et matériaux)
autour d’une cour carrée,située en contre-
bas. Celle-ci a été dessinée un peu comme
de Strasbourg est la réunion sur une cour de cloître en bois et plantée
un même site de deux écoles et d’arbres. Une série de locaux de service et
N ER
GE
N
d’un centre de recherche. Les quelques salles de classe sont pris dans
SB
HA
U architectes, Jemming et Spitz, ont répon- la pente du terrain et forment ainsi une
DE
E
du au programme avec un projet où le transition entre le niveau de la route et
UT
RO D E béton apparent marque le trait d’union l’atrium, principal pôle de circulation dans
C B entre les quatre entités : le bâtiment l’enceinte de l’école.
d’enseignement, le tutorat, le bâtiment
des travaux pratiques et les modules de ● Un ensemble
A recherche. Implanté sur une parcelle tri- à l’echelle humaine
angulaire, l’ensemble est dominé, au
nord, par la route venant du centre-ville. Les arbres existants ont été conservés :
Il est accolé, côté sud, au campus du ils confèrent une échelle domestique à
CNRS, et conçu dans une volonté de l’ensemble et cassent l’impression de
continuité visuelle et circulatoire avec le masse minérale du vaste programme
centre de recherche : dans la trame architectural. Le soin apporté à l’aména-
orthogonale projetée, la préservation gement paysager, et aux modes de circu-
RUE BECQUEREL

A – Bâtiment d’enseignement
des éléments naturels, notamment la lation, a permis de reléguer les voitures –
B – Bibliothèque
C – Tutorat
zone boisée, et le dénivellement du parkings et voies automobiles – en péri-
D – Bâtiment des travaux pratiques terrain. Cette topographie a permis une phérie du terrain, pour privilégier la cir-
E – Modules de recherche disposition particulière des bâtiments culation piétonne autour des bâtiments.

1 2

>>> 1 Le bâtiment d'enseignement s’ouvre sur la cour


carrée, plantée d’arbres et habillée de bois. En façade, un portique
se retourne le long des locaux de service semi-enterrés.
2 Le volume incliné de la bibliothèque marque la transition
entre les différences de niveau des deux édifices : la bibliothèque
de plain-pied et le bâtiment de travaux pratiques à R + 2.

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 29


réalisation STRASBOURG - École de chimie

1 2

Tout a été conçu pour assurer une bonne bibliothèque de bois et de verre, en rez- TECHNIQUE
communication entre les différentes de-jardin, forme un volume intermé-
unités – enseignement, laboratoires, diaire avec la barre abritant les travaux Le béton au service de la démarche HQE
administration – et un repérage facile de pratiques. La façade d’entrée du bâti-
Tous les bâtiments ont été conçus sur une structure poteaux-poutres en
toutes les parties de l’opération par des ment d’enseignement présente une alter-
traitements différenciés. Des galeries nance de pierres de grès scellées et de béton coulé in situ. Les façades sont en béton préfabriqué, désactivé,
couvertes extérieures (métalliques, en béton lisse coulé en place, imprimant un bouchardé, ou brut lasuré. Dans ce projet, le choix du matériau béton a
béton), ou intérieures (vitrées), des passe- rythme horizontal. Le socle massif, percé participé en grande partie à la réflexion et à la démarche HQE (haute qua-
relles permettent de passer d’un bâti- de fenêtres hautes, est couronné d’un lité environnementale) des architectes Jemming et Spitz. Une quinzaine
ment à l’autre sans rupture visuelle. parallélépipède assez plat en béton de critères entrent dans les préoccupations HQE, applicables à chaque
lasuré blanc, reposant sur des piliers. Un
étape de la vie du bâtiment, de sa conception à sa réalisation, en passant
● Une architecture bandeau de baies sépare les deux blocs,
par son exploitation et son entretien, ou l’exécution du chantier. Les
harmonieuse et casse l’effet de masse de l’ensemble.
Du côté nord, un bandeau aveugle en maîtres d’œuvre se sont penchés plus particulièrement sur cinq points :
Le plan d’ensemble présente trois édi- béton, reposant sur des poteaux, sur- • le confort thermique est obtenu par le choix du béton en structure et en
fices principaux et une partie semi-enter- plombe une paroi vitrée, ouverte sur la surface, favorisant l’inertie thermique. L’ajout de stores et de pare-soleil
rée, orientés autour des 1 500 m2 de cour carrée. Le bâtiment abrite un hall en lames de béton le long des façades exposées permet de maîtriser le
cour. Une série de cinq éléments, dispo- d’accueil, trois amphithéâtres (dont un de réchauffement des espaces intérieurs ;
sés en peigne, occupent la partie la plus 400 places), de grandes salles de cours,
• une chaufferie au gaz et la pose de panneaux à peau intérieure en
large du triangle, à l’arrière du bâtiment une salle d’examen et l’ensemble des
des travaux pratiques. bureaux de l’administration. En face, le béton emmagasinant l’énergie servent le principe de gestion de l’éner-
Malgré sa vaste superficie (plus de tutorat repose sur une structure poteaux- gie,point important de la démarche HQE ;
20 000 m2), le programme revêt une poutres à faible portée, pris dans la trame • les architectes se sont également penchés sur l’utilisation de matériaux
harmonie architecturale dans son trai- des bureaux. La tour de sept niveaux non polluants tels que le béton,le verre,le bois,les peintures minérales.
tement extérieur, mais également dans regroupe le foyer des étudiants, trois • la gestion de l’eau est prise en compte : la récupération et la distribu-
son échelle. La hauteur des différents duplex de vingt bureaux disposés autour
tion d’eau de pluie permet, par exemple, de réaliser une économie consi-
modules est sensiblement la même (de d’une vaste salle centrale, dont le volume
dérable de consommation ;
12 à 15 m), excepté celle du tutorat (25 s’ouvre sur deux étages. Le dernier
m). Situé aux abords de la route, il se lit niveau abrite des espaces consacrés à • enfin, le confort visuel est rendu par une qualité architecturale et une
comme un signal, visible de l’intérieur de l’informatique. Les façades reflètent les harmonie de l’ensemble du projet, marquée par l’emploi massif du béton
l’enceinte, comme de l’extérieur. La dispositions intérieures. Les niveaux de apparent sous des formes diverses.

30 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


3 4 5

>>> 1 La circulation piétonne est privilégiée autour


des bâtiments. 2 Une galerie ouverte relie les cinq modules de
bureaux sont traités en panneaux de travaux pratiques. Ces cinq bâtisses, recherche disposés en peigne. 3 Le béton favorise la juxtaposition
béton brut lasuré naturel, alors que les conçues exactement sur le même modèle
espaces de circulation formant des dans leur expression architecturale, sont des différentes peaux du bâtiment. 4 Le bâtiment d’enseignement
décrochements verticaux sont marqués adaptées aux exigences de chaque oppose la masse blanche du béton lasuré à la légèreté de la surface
par un traitement en lasure blanche. groupe de recherche. L’organisation de
vitrée, traitée comme une faille. 5 Le vaste hall d’accueil en
l’espace en plan et coupe est parfaite-
ment fonctionnelle. Le cheminement hori- mezzanine permet la fluidité de la circulation dans tout le bâtiment.
● Répondre aux exigences
de l’enseignement zontal des fluides reste apparent en
plafond. Chacune des fonctions de distri- de façon distincte – et donc reconnais-
Le bâtiment des travaux pratiques répartit butions (extractions d’air,éclairage,fluides sable – dans l’expression des masses, et
ses six modules (comprenant une salle de spéciaux, alimentation des paillasses) dans la répartition des pleins et des
classe, un laboratoire et un bureau) autour chemine à une altitude déterminée et vides, en façades comme dans l’espace
d’un hall, relié aux modules de recherche constante. À l’extérieur, les façades, systé- extérieur. Par exemple, le bâtiment d’en-
situés derrière. La façade ouest, qui refer- matiquement tramées, présentent une seignement et le tutorat, construits sur
me en partie la cour, est constituée d’une série de bandes horizontales,en panneaux plusieurs niveaux, s’opposent à la biblio-
alternance de panneaux préfabriqués de préfabriqués de béton bouchardé, et de thèque, conçue de plain-pied, tandis que
béton bouchardé, laissant apparaître des fenêtres en bandeaux, et sont ponctuées les locaux de service semi-enterrés,
graviers de galets du Rhin gris clair, et de d’escaliers de secours en béton brut, for- presque invisibles, font face à une Maître d’ouvrage :
Région Alsace
bandeaux vitrés, accentuant l’horizonta- mant une masse verticale en avancée. “barre” abritant les travaux pratiques.
lité de l’édifice. Il est l’élément de liaison Côté sud, des lames de béton poli blanc, Mais la complexité du projet est équili- Maître d’œuvre :
avec les modules de recherche. À l’est, avec adjonction de poudre de Carrare,for- brée par l’impression d’homogénéité de Jemming et Spitz, architectes
une paroi plate, et plutôt fermée, en béton ment des pare-soleil et rythment réguliè- l’ensemble, avec l’emploi du béton sous Paysagiste :
brut banché, répond à la galerie de circu- rement la paroi d’éléments verticaux. des formes, des teintes et des mises en Alfred Peter
lation, pensée comme une faille, entière- œuvre différentes. Le béton brut lasuré Bureau d’études :
ment ouverte au rez-de-chaussée, et ● Toutes les formes du béton naturel répond à la douceur du béton Oth Est
vitrée en étages. Elle distribue les cinq poli ou incrusté de marbre, alors que les Entreprise de gros œuvre :
modules de recherche. Le volume long et Le programme comportait l’intégration panneaux bouchardés s’opposent aux Entreprise Kesser
étroit de la galerie est posé sur une série de de trois entités distinctes sur un même surfaces planes et lisses du béton peint Surface SHON :
poteaux ronds, qui forment un portique, site ; deux écoles (chimie et polymères) en blanc. ❚ 20 374 m2
ménageant des points de vue, des élé- et un centre de recherche (chimie). TEXTE : CLOTILDE FOUSSARD
ments du “peigne” vers le bâtiment des Chaque élément de l’opération est traité PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 31


réalisation GRENOBLE - Sièges sociaux

Le béton, pour construire


une image de marque
●●● Les deux sièges de bureaux des sociétés Périoche et Robobat, implantées dans

la périphérie grenobloise, ont été conçus comme les “vitrines” des entreprises. Pour le premier

bâtiment, le béton a été coulé IN SITU, presque sculpté au jour le jour. Pour le second,

la technique de préfabrication a été largement employée. Dans les deux cas, le béton

est un moyen d’affirmer une certaine pérennité et de donner une image forte des entreprises,

dans un environnement industriel dominé par les constructions métalliques.

32 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


L asièges
taille réduite des deux
des sociétés, Pério-
dominées par l’architecture métallique,
les deux immeubles s’imposent, par
che et Robobat, situés en périphérie opposition à leur environnement.
grenobloise, a poussé l’architecte Michel Le béton se prêtant particulièrement aux
Janik à suivre une démarche commune juxtapositions de volume, et donc aux
dans la conception de ces bâtiments. jeux d’opposition des pleins et des vides,
L’idée première étant de donner le reflet d’ombre et de lumière, un travail impor-
de la solidité et d’une certaine pérennité, tant sur toutes les façades principales et
l’emploi du béton s’est imposé tout secondaires marque une tendance à
naturellement. concevoir les bâtiments comme des sculp-
tures “habitables”. L’emprise des deux
édifices se trouve ainsi amplifiée par l’ex-
● Le béton s’impose
tension extérieure d’éléments de concep-
L’utilisation de deux techniques diffé- tion intérieure, comme le volume polygo-
rentes – le béton coulé en place pour le nal de la salle de réunion de Périoche ou
siège de Périoche et la préfabrication le plan en croix du siège de Robobat. La
pour celui de Robobat – a permis au présence d’éléments architecturaux
maître d’œuvre de donner, à travers propres à l’architecture de béton – les
l’emploi d’un même matériau, une image brise-soleil, les bandeaux, les débords de
forte aux deux entreprises. De plus, toiture, les écrans – accentuent un peu
implantés dans des zones industrielles plus ce développement extérieur. ❚

1 2

>>> Page de gauche : la façade d’entrée du siège de la société


Périoche présente des éléments en relief, lui donnant une densité
qui compense la taille réduite du bâtiment. 1 La peau extérieure
du bâtiment abritant les bureaux de Robobat est constituée
de panneaux de béton préfabriqués, pour une parfaite régularité
de surface. 2 La préfabrication a permis la mise en œuvre
de détails soignés.

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 33


réalisation GRENOBLE - Sièges sociaux

1 2

>>> 1 Des bandeaux de béton sculptent la façade arrière,


et servent de brise-soleil. 2 Des éléments de décor en béton coulé
➜ Périoche in situ sculptent les parois, jouant avec les effets d'ombre et de lumière.

Une sculpture d’entreprise 3 4 Les façades avant et arrière du bâtiment sont symétriques.
Les avancées de toiture, percées de pavés de verre, soutenues par
de fins poteaux métalliques, donnent une ampleur et une légèreté
L a société Périoche est une dessous : il a été un prétexte pour l’archi-
au bâtiment.
entreprise de récupération tecte à ajouter un demi-niveau, et créer
de déchets industriels, employant ainsi un volume distinct. Le jeu sur la taille
une dizaine de personnes, installée en et la forme des ouvertures,et sur la réparti- À droite, le petit volume vertical d’un pla- le style d’architecture de loisirs des
zone artisanale dans la proche banlieue de tion des pleins et des vides, dispense une card intérieur, et les brise-soleil consti- années 50. La géométrisation des façades
Grenoble. Situé à l’entrée de la parcelle perception nette des différents espaces. tués de lames de béton horizontales, et le travail sur l’extension du volume de
servant d’entrepôt à des monceaux de fer- Le choix du béton banché dans la cons- forment une seconde peau à la paroi l’édifice avec l’apport d’éléments comme
raille, le bâtiment abrite l’activité adminis- truction de ce petit bâtiment très compact, vitrée du bureau du directeur. Traitée en les bandeaux, les murets, les lames brise-
trative de l’établissement, sur une surface posé sur une dalle et un vide sanitaire exis- verre collé sans menuiserie apparente, soleil, marquent une conception propre
d’environ 80 m2. Il est conçu en deux blocs tants, a permis à Michel Janik de le “sculp- celle-ci se prolonge, puis se retourne, à l’architecture de béton. ❚
distincts, séparés par un hall d’accueil. ter”véritablement. créant un contraste entre la partie en
D’un côté, deux bureaux largement saillie, riche en effets d’ombre et de
ouverts sur la montagne par des baies ● Un travail au quotidien lumière, et la légèreté de la façade ouest,
vitrées, un sanitaire et une kitchenette traitée en creux.
forment un parallélépipède. En face, le Les dimensions limitées du projet ont été À gauche, la dalle de la toiture en débord
bureau du directeur,présentant deux faça- un tremplin à sa réflexion sur les solu- se prolonge en un portique qui rehausse
des vitrées, jouxte une salle de réunion tions architecturales permettant de faire cette partie du bâtiment, lui donnant de
polygonale, légèrement surélevée. émerger le bâtiment. Il a été réalisé par l’ampleur en hauteur comme en largeur.
une entreprise locale, et chaque élément Du côté est, un second portique dévelop-
● Le béton banché, de l’extérieur a été travaillé quasiment pe et anime une façade plate, où le verre PÉRIOCHE
un choix judicieux au jour le jour, sur les directives du maître et le béton s’équilibrent en un jeu de
Maître d’œuvre :
d’œuvre, très présent sur le chantier. pleins et de vides. Sur l’arrière, le demi- Michel Janik
Cette salle présente une série d’ouvertures La façade principale fonctionne comme cylindre de la salle de réunion, avec son
Entreprise de gros-œuvre :
verticales formant chaque pan du poly- un signal, par un traitement morcelé, double bandeau arrondi (le débord de DRC Construction
gone. Le local technique contenant la diversifié, marquant à l’extérieur la dis- toiture et une lame parallèle en béton
machinerie à air pulsé se trouve au- position du plan en deux parties. reposant sur des consoles), rappelle

34 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


3 4

➜ Robobat

Un édifice accompli fins, de couleur ocre, provenant de car-


rières de la région. Ce choix constructif
poteaux métalliques allègent les façades
nord et sud. Le sas d’entrée, couronné
était, pour l’architecte, la garantie d’une d’un panneau décoratif également pré-
L ebat,
siège de la société Robo-
spécialisée dans la
sanitaires et les gaines techniques. Des
cloisons amovibles, disposées dans l’ali-
qualité parfaitement homogène de la
peau. Le traitement des détails décoratifs
fabriqué, est en béton désactivé gris
sombre. Ses cloisons se prolongent vers
conception de logiciels informa- gnement des trames des baies vitrées, comme les rives creusées dans le béton l’intérieur du bâtiment, exprimant le lien
tiques, se situe également au milieu permettent d’envisager un éventuel soulignant les bandeaux horizontaux entre l’extérieur et l’intérieur. ❚
d’une zone industrielle, à Montbonnot, à réaménagement du plan libre (caractéris- autour des fenêtres, les encoches mar- TEXTE : CLOTILDE FOUSSARD
quelques kilomètres de Grenoble. Les tique d’une architecture béton), en cas quant les angles des murs, la découpe des PHOTOS : GUILLAUME MAUCUIT-LECOMTE
bâtiments qui l’entourent étant d’une d’évolution de l’entreprise. panneaux parfaitement agencée, ou les
envergure importante, le principe était La structure du bâtiment est constituée pare-soleil en débord de toiture, percés
de donner de l’élan, de la hauteur et de de deux blocs superposés, disposés en de pavés de verre ronds, ont été réalisés
l’ampleur à l’édifice, et à travers lui, une croix autour du fût central. Les façades avec la précision que seule rend possible
image forte de l’entreprise. porteuses du niveau bas reposent sur les la technique de préfabrication.
Les 900 m2 de bureaux se répartissent sur murs du sous-sol. Le volume de l’étage
trois niveaux et s’agencent autour d’un s’appuie, au nord, sur le sas d’entrée et, ● Harmonie des masses,
bloc central en béton coulé en place. au sud, sur deux poteaux de béton. Il subtilité des coloris
résulte de cette disposition en croix une
● Une précision chirurgicale extension des volumes, du nord au sud La présence d’un beau béton met en
et d’est en ouest, et une symétrie abso- valeur l’attention portée par le maître ROBOBAT
Le sous-sol, percé sur une seule face, du lue des façades du bâtiment (entre les d’œuvre au traitement des volumes, au Maître d’œuvre :
côté sud, de baies prises dans la dénivel- façades principale et arrière et entre les jeu sur les masses pleines et les masses Michel Janik
lation du terrain, abrite une rangée de façades latérales).Ainsi, il n’existe pas de vitrées, et à l’harmonie colorée, déclinée Entreprise de gros œuvre :
bureaux et, du côté nord, des caves et des hiérarchie des espaces intérieurs ou en un camaïeu de gris et de beige. Les GSB (Groupement savoyard
locaux de stockage. extérieurs. baies vitrées en bandeau, sur les côtés du bâtiment)

Au rez-de-chaussée et à l’étage, les espa- Toutes les façades du bâtiment sont por- est et ouest, accentuent l’horizontalité Entreprise de préfabrication :
ces d’accueil, les bureaux et les salles teuses. Elles sont réalisées en panneaux du bâtiment, alors que les larges ouver- ID BAT (Industrielle dromoise
du bâtiment production)
de réunion ou de formation s’agencent préfabriqués de béton légèrement désac- tures soulignées par les porte-à-faux de
autour du plot en béton enfermant les tivé, laissant apparaître des granulats très l’avancée du niveau supérieur et les

CONSTRUCTION MODERNE /N°103 35


actualités

événement nominations

COLLECTION TECHNIQUES DE CONCEPTION

sous la direction de CIM

construire avec les bétons Construire


avec les bétons
Coédité par Cimbéton et Le Moniteur
Jean-Carlos Angulo a été
Conçu, rédigé et illustré sous la direction élu président du Syndicat français
de Cimbéton, cet ouvrage de référence de l’industrie cimentière, de l’ATHIL
présente les différentes techniques de mise et, simultanément, président de
conception des lieux de vie

structures et matières en œuvre du béton, leurs potentialités et Cimbéton le 9 mai 2000.


réalisations exemplaires

performances et dimensionnement
des bétons contemporains
leurs contraintes. Il aborde aussi les mul- Cet ingénieur civil des Mines,
aspects réglementaires

tiples aspects de la pensée architecturale âgé de 51 ans, est vice-président-


du béton, sur le plan technique comme sur directeur général de Lafarge Ciments
e en France et directeur de zone
le plan formel. Né au XIX siècle, le béton est un des matériaux majeurs de l’archi-
e
France-Espagne-Italie-Turquie-
tecture du XX siècle, le matériau de la liberté. La première partie du livre, intitu-
Maroc du groupe Lafarge pour les
lée “Penser béton”, traite de la conception de l’architecture en béton. Elle présente
activités ciment, béton prêt-à-
également les structures et les éléments constructifs en béton sous l’angle tech-
l’emploi et granulats.
nique et architectural, ainsi que le vaste éventail des formes et des matières offert
par ce matériau. Une vingtaine d’opérations exemplaires, étudiées en détail, com-
plètent et illustrent les propos. La seconde partie du livre, “Connaître le béton”,
conduit le lecteur à découvrir en profondeur, la gamme des bétons contemporains,
leur production et leurs performances. À cela s’ajoutent un glossaire, un guide
de prescription, une présentation des aspects réglementaires et des outils de
dimensionnement. Une riche iconographie (600 photographies en couleurs ainsi
que 350 schémas et dessins) complète, agrémente les propos de cet ouvrage de Frédéric Velter est nommé
576 pages. Il faut aussi noter qu’une édition spéciale et économique est prévue directeur général de Cimbéton et
pour les étudiants. ❚ succède à Michael Téménidès. ❚

manifestation

➜ Lancement de “Construire avec les bétons”


La manifestation de lancement L’architecte Claude Parent et Raphaël
du livre “Construire avec les bétons” Hacquin, adjoint au sous-directeur
s’est déroulée le mardi 6 juin 2000 des formations et des métiers de
dans les nouveaux espaces du palais la recherche architecturale et urbaine,
des Congrès de la porte Maillot. Sur ont parlé de l’importance du béton
la scène de l’amphithéâtre Bordeaux, dans l’architecture contemporaine.
Jean-Carlos Angulo, président de Jean Frebault, président de la
Cimbéton, et Jacques Guy, directeur cinquième section du Conseil Général
général du Groupe Moniteur ont des Ponts & Chaussées au Ministère
accueilli différents intervenants avec de l’Équipement, des Transports et
lesquels ils ont débattu. Jean-Carlos du Logement, et Yves Malier,
Angulo a rappelé l’importance président de l’École Française du
qu’attache l’industrie cimentière à ce Béton ont souligné la pluralité
livre, conçu à la fois comme ouvrage des bétons, qui nécessite une parfaite
de référence et outil pratique. connaissance de ce matériau. ❚

36 CONSTRUCTION MODERNE /N°103


portfolio

E vidée, remodelée, la structure béton


découpe la lumière naturelle qui baigne
l’atrium du siège social de la SNCF et en
souligne la stricte géométrie. Adoucis d’à-plats
colorés, poteaux et poutres opposent leur
massivité au jeu des transparences et des
échappées visuelles latérales ou zénithales.

4e de couverture : hall du lycée Jeanne-d’Arc à Nancy.

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