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CANDIDE - Voltaire

L'Utopie de L'Eldorado - Chapitre 17


De "Ils approchèrent enfin de la première maison..." à "...tout allait assez mal en Westphalie"."

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Plan de la fiche sur le chapitre 17 de Candide de Voltaire :
Introduction
Texte du chapitre 17 (extrait étudié)
Annonce des axes
Commentaire littéraire
Conclusion

Introduction
    Ce texte est un extrait de Candide, de Voltaire : c'est un conte philosophique ; Candide, héros éponyme du conte, a été
chassé du château dans lequel il a passé son enfance et parcourt le monde pour retrouver Cunégonde, dont il a été séparé.
    Il vient de fuir les jésuites au Paraguay, et est accompagné de Cacambo qu'il a rencontré là-bas. Poursuivis, ils ne savent
plus où se rendre : ils n'en peuvent plus et, épuisés, se laissent porter par le courant d'un fleuve à bord d'un canot.
    Ils arrivent par hasard à L'Eldorado : ils ont failli mourir dans les remous du fleuve. Voltaire force ici l'aspect merveilleux de
ce pays : il annonce l'utopie. 

Voltaire

Texte du chapitre 17 (extrait étudié)

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Télécharger cet extrait du chapitre XVII de Candide - Voltaire  en version audio (clic droit - "enregistrer sous...")
Lu par Laetitia - source :  litteratureaudio.com

CHAPITRE 17
[...]

    Ils approchèrent enfin de la première maison du village ; elle était bâtie comme un palais d'Europe. Une foule de monde
s'empressait à la porte, et encore plus dans le logis. Une musique très agréable se faisait entendre, et une odeur délicieuse de
cuisine se faisait sentir. Cacambo s'approcha de la porte, et entendit qu'on parlait péruvien ; c'était sa langue maternelle : car
tout le monde sait que Cacambo était né au Tucuman, dans un village où l'on ne connaissait que cette langue. « Je vous
servirai d'interprète, dit-il à Candide ; entrons, c'est ici un cabaret. » Aussitôt deux garçons et deux filles de l'hôtellerie, vêtus
de drap d'or, et les cheveux renoués avec des rubans, les invitent à se mettre à la table de l'hôte. On servit quatre potages
garnis chacun de deux perroquets, un contour bouilli qui pesait deux cents livres, deux singes rôtis d'un goût excellent, trois
cents colibris dans un plat, et six cents oiseaux-mouches dans un autre ; des ragoûts exquis, des pâtisseries délicieuses ; le
tout dans des plats d'une espèce de cristal de roche. Les garçons et les filles de l'hôtellerie versaient plusieurs liqueurs faites de
canne de sucre. 

    Les convives étaient pour la plupart des marchands et des voituriers, tous d'une politesse extrême, qui firent quelques
questions à Cacambo avec la discrétion la plus circonspecte, et qui répondirent aux siennes d'une manière à le satisfaire.  

    Quand le repas fut fini, Cacambo crut, ainsi que Candide, bien payer son écot en jetant sur la table de l'hôte deux de ces
larges pièces d'or qu'il avait ramassées ; l'hôte et l'hôtesse éclatèrent de rire, et se tinrent longtemps les côtés. Enfin ils se
remirent : « Messieurs, dit l'hôte, nous voyons bien que vous êtes des étrangers ; nous ne sommes pas accoutumés à en voir.
Pardonnez-nous si nous nous sommes mis à rire quand vous nous avez offert en payement les cailloux de nos grands chemins.
Vous n'avez pas sans doute de la monnaie du pays, mais il n'est pas nécessaire d'en avoir pour dîner ici. Toutes les hôtelleries
établies pour la commodité du commerce sont payées par le gouvernement. Vous avez fait mauvaise chère ici, parce que c'est
un pauvre village ; mais partout ailleurs vous serez reçus comme vous méritez de l'être. » Cacambo expliquait à Candide tous
les discours de l'hôte, et Candide les écoutait avec la même admiration et le même égarement que son ami Cacambo les
rendait. « Quel est donc ce pays, disaient-ils l'un et l'autre, inconnu à tout le reste de la terre, et où toute la nature est d'une
espèce si différente de la nôtre ? C'est probablement le pays où tout va bien ; car il faut absolument qu'il y en ait de cette
espèce. Et, quoi qu'en dît maître Pangloss, je me suis souvent aperçu que tout allait assez mal en Westphalie.  » 

Extrait du chapitre 17 de Candide ou l'optimiste - de Voltaire

Annonce des axes


I. Les caractéristiques de l'utopie
1. Le luxe et la richesse
2. Un monde de plaisir et de bonheur
3. Politesse et savoir-vivre

II. La satyre : l'ironie de Voltaire


1. Il force les traits de l'utopie et l'aspect merveilleux
2. La morale de Voltaire

Commentaire littéraire

I. Les caractéristiques de l'utopie

1. Le luxe et la richesse

- Les maisons sont excessivement luxueuses : elles sont "bâties comme des palais d'Europe".
- Les vêtements indiquent la richesse du peuple, même ceux des enfants : ils sont "vêtus de draps d'or".
- L'abondance : le repas est pantagruélique : les plats sont nombreux, et tous exotiques : pour Candide, l'exotisme représente
une luxe. Les récipients même indiquent la richesse du village : ils sont faits dans "un espèce de cristal de roche".
- Les larges pièces d'or que Candide et Cacambo ont ramassés sont "des cailloux de grands chemins" aux yeux des habitants  :
les conquistadors cherchaient de l'or, mais cet or n'a dans cet endroit aucune valeur.
- Cette impression de grande richesse est encore accentuée par la gratuité : le gouvernement offre la nourriture aux habitants
et aux étrangers, et il leur offre le luxe aussi : le gouvernement lui aussi est riche (par opposition à la France : misère est
grande, et le gouvernement est pauvre lui aussi).

2. Un monde de plaisir et de bonheur

- Plaisir des sens : "musique très agréable" => plaisir de l'ouïe, écoute est agréable.
"odeur délicieuse" => plaisir de l'odorat également.
"ragoûts exquis, pâtisseries délicieuses" => plaisir du goût.
Les enfants qui les servent sont beaux et bien vêtus => plaisir de la vue.
Les sens sont ravis, pleinement satisfaits, accentuant le bonheur et le plaisir des habitants et des voyageurs.
- Les habitants sont heureux et montrent leur bonheur : ils rient ("éclatèrent de rire"). Il y a un équilibre : on compte autant de
filles que de garçons ("deux garçons et deux filles") : la population est stable, équilibrée.
- Les habitants sont généreux : après avoir servi un repas pantagruélique, ils s'excusent de la mauvaise chère qu'ils ont
présentés aux voyageurs.

3. Politesse et savoir-vivre

- Extrême politesse et discrétion de la part des commerçants et des voituriers présents dans l'auberge (dans le monde de
Candide, les voituriers sont les moins polis de tous).
- Les habitants sont honnêtes : aubergistes auraient pu profiter de l'ignorance de Candide et Cacambo et leur réclamer un dû
pour le repas, mais ils les informent.

Conclusion partielle : Voltaire fournit absolument tout ce qui constitue un monde idéal : les gens sont heureux, riches et tout
le monde s'entend bien. Ce monde idéal émerveille Candide et Cacambo qui ne croient pas ce qu'ils voient. Mais cette
incrédulité est aussi celle du lecteur, car Voltaire force les traits de l'utopie à dessein.

II. La satyre : l'ironie de Voltaire

1. Il force les traits de l'utopie et l'aspect merveilleux

- C'est un monde plein de sensations agréables : le ravissement de tous les sens montre que les deux voyageurs évoluent dans
un rêve.
- L'abondance du repas montre elle aussi que ce n'est qu'un rêve : tout y est trop abondant pour être réel : le morceau de
viande qu'ils mangent "pesait deux cent livres" ; jamais, dans un monde réel, l'abondance est aussi extrême.
- La gratuité du repas provoque l'incrédulité de Candide, mais, en même temps que Candide, les lecteurs n'y croient pas non
plus.
      Voltaire, en exagérant, se moque de ce monde idéal, il le caricature. 

2. La morale de Voltaire

- Dans la dernière réplique de Candide, c'est Voltaire qui s'exprime : quand il parle de ce monde idéal, il dit qu'il "faut
absolument qu'il y en ait de cette espèce". Par cette phrase, il explique que l'on veut absolument qu'un monde parfait existe,
mais que ce n'est qu'un rêve.
- Voltaire insiste sur le fait qu'un monde parfait tel que l'Eldorado ne peut exister, ce n'est qu'un rêve. 
Conclusion
    Ce monde idéal nous est présenté avec ironie par Voltaire: ce pays est absolument merveilleux, tout le monde y est heureux,
mais il n'existe pas. Voltaire nous rappelle en quoi consistent nos rêves. Il dénonce l'utopie, et avec l'utopie, il dénonce le rêve :
il faut être réaliste, arrêter de rêver.
    Mais cet extrait pose aussi une question : après avoir vu ce monde idéal, que faut-il faire? Le texte qui
termine Candide répond à cette question : Candide et ses amis achètent une ferme et cultivent leur jardin. C'est la morale
de Candide : Voltaire nous rappelle que le bonheur est le fruit du travail et non du rêve.
    => rapprochement : Lettres Persanes, de Montesquieu : dans la lettre 12, il parle des troglodytes, et dénonce lui aussi
l'utopie d'un monde idéal. 

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Merci à celui ou celle qui m'a envoyé cette analyse sur le Chapitre 17 de Candide de Voltaire

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