Vous êtes sur la page 1sur 21

Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

PARTIE I
Notions préliminaires
I- Introduction

La cristallographie est la science qui s’intéresse particulièrement à l’état solide


ʺ cristallinʺ qui représente la majorité des solides. En effet, la grande majorité des
matériaux solides existe naturellement sous une forme cristallisée.
La cristallographie a pour rôle d’étudier des substances cristallines à l’échelle
atomique ; elle se consacre donc à l’étude des cristaux et c’est grâce à la
cristallographie qu’on peut observer la matière à l’échelle atomique.
La cristallographie (et plus exactement la radiocristallographie) est une discipline
relativement abstraite dont l'étude conduit souvent à des formulations
mathématiques un peu compliquées mais qui peuvent apporter des réponses aux
relations étroites qui relient les formes des cristaux et leurs propriétés physiques et la
façon dont les atomes s'arrangent dans l'intimité de leur architecture.
Grâce à la cristallographie, on a réussi aujourd’hui à regrouper (classer) les
minéraux en plusieurs familles isostructurales.
La cristallographie est une discipline qui s’adresse aux étudiants de divers
horizons comme la physique du solide, la géologie, la chimie des matériaux, la
métallurgie, la biologie, les sciences de la terre, …etc.

En résumé :
La cristallographie et ses applications, permet :
 d’observer la matière à l’échelle atomique (architecture spatiale, positions
atomiques, longueurs et types de liaisons, angles entre les liaisons, …etc.),
 d’identifier un composé analysé par diffraction des rayons X en comparant
son diffractogramme avec ceux répertoriés dans une banque de données appelée
«ASTM», (American Society for Testing Materials)
 Les 1ères lois furent énoncées à la fin du 18ème siècle et développées au 19ème en
même temps que les chimistes précisaient la notion d’atome et de molécule.

II- Les trois états de la matière

La matière existe à l'état solide, liquide ou gazeux. On parle aussi de phase


solide, liquide ou gazeuse. L'exemple le plus familier est celui de l'eau qui, à pression
ordinaire, est à l'état solide en dessous de 0°C, à l'état liquide entre 0°C et 100°C et à
l'état gazeux au-dessus de 100°C.
 Etat gazeux
Cet état est caractérisé par ses molécules sont très éloignées les unes des autres
avec une grande mobilité et compressibilité mais une faible viscosité. Tous les gaz
sont miscibles en toutes proportions.
 Etat liquide
Cet état est constitué de molécules proches les unes des autres de manière
désordonnée, sans forme naturelle. On peut appeler un liquide, un amorphe fluide.

-1-
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

 Etat solide
Il y’a lieu de noter que l’état solide se divise en solide ʺ cristallinʺ qui est
majoritaire (caractère anisotrope) et en solide amorphe (forme non cristalline et
caractère isotrope). L’état amorphe est un liquide figé qui a perdu sa fluidité.
C’est l’état cristallin qui est ordonné c'est-à-dire que ses atomes (ions ou
molécules) sont disposés de manière ordonnée comme par exemple dans le chlorure
de sodium ou les métaux…etc., au contraire de l’état amorphe qui n’a pas
d’arrangement régulier des ses atomes (ions ou molécules) comme le verre ou la
silice amorphe.
Le passage d’un état vers un autre s'appelle est une transformation (Tableau 1) :

Tableau 1. Les diverses transformations rencontrées dans un matériau

Type de transformation
Nom Etat initial Etat final
Vaporisation Liquide Gaz
Liquéfaction Gaz Liquide
Fusion Solide Liquide
Solidification Liquide Solide
Sublimation Solide Gaz
Condensation Gaz Solide
Transition Variété Variété
polymorphique allotropique 1 allotropique 2

III. Le cristal et l’état cristallin

On définit le cristal comme étant un assemblage d’atomes, d’ions, ou de


molécules qui s’arrangent suivant ʺ un ordre strictʺ , et qui se lient entre eux par les
différents types de liaisons qui peuvent être faibles ou très fortes.
C’est donc une répétition ʺ ʺ périodiqueʺ ʺ et ʺ ʺ régulièreʺ ʺ des atomes, des
ions ou des molécules suivant les trois (03) directions de l’espace.
Un cristal est une figure périodique infinie ; par exemple un cristal de petite
dimension (V1 cm3) peut contenir des dizaines de milliers d’atomes.

Remarques
 Un cristal parfait (sans défauts dans la régularité) n’existe pas en réalité car
divers phénomènes, comme l’agitation thermique, perturbe cet ordre parfait et
notamment à longue distance.
 Un cristal peut avoir différentes formes géométriques. On le décrit par ses
arrangements structuraux périodiques compatibles avec les propriétés
macroscopiques. Par exemple, la structure cristalline du graphite (feuillets
hexagonaux) permet d’expliquer que ses propriétés (exemple sa conductivité) est très
o
différente suivant la direction Oz [suivant le paramètre c( A) ] par rapport aux deux
autres directions Ox et Oy). C’est ce qu’on appelle le caractère anisotrope du cristal.

-2-
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

 Lorsque le solide cristallisé est constitué d’un agrégat de cristaux serrés les uns
contre les autres, on peut alors observer des cristaux de grande taille (exemple du cas
des blocs de quartz) ou des cristaux microscopiques (exemple des métaux et certains
minéraux).

IV. Le réseau cristallin

On appelle réseau cristallin, la répétition ʺ régulièreʺ et ʺ périodiqueʺ de ce qu’on


appelle un motif cristallin. Le motif peut être un atome, un ion ou une molécule.

V. Nœud

On appelle nœuds en cristallographie, des points équidistants ʺ homologuesʺ


c'est-à-dire des points de ʺ même natureʺ qui se répètent et dont l’environnement est
ʺ identiqueʺ . Chaque point est entouré de façon identique en ʺ positionʺ et en
ʺ orientationʺ . (Figure 1). 02
12 12 22 32

11 01 11 21 31
b 
10 00 a 10 20 30

01 11 21 31
Figure 1. Exemple de nœuds dans un réseau à 2 dimensions

Remarque.
Après avoir défini la notion de nœud, on peut dire que :
Un réseau unidimensionnel est un ensemble de points équidistants, appelés
nœuds du réseau, de même nature et appartenant à une droite. L'ensemble est infini,
il y a donc une infinité de nœuds.
Un réseau bidimensionnel peut être utilisé pour décrire la surface d'un matériau
cristallin. Un réseau bidimensionnel est l'association de deux familles de rangées
parallèles et équidistantes.

En conclusion
A 3 dimensions, on définit le réseau comme une répétition de ces nœuds (points)
dans les trois directions de l’espace de façon régulière.

Comment différencie-t-on un réseau d’une structure cristalline ?


Schématiquement, par exemple si on veut avoir un papier peint à partir d’une
étoile, on doit la reproduire sur tout le réseau (Figure 2) pour donner ce qui suit :

Réseau Motif Structure cristalline

Figure 2. Réseau et structure cristalline

-3-
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

Donc en final on aura notre papier peint (structure cristalline) par la combinaison
du réseau et du motif :
Réseau + Motif = le cristal (l’ensemble de papier peint)

Remarque : Réseau ponctuel

On parle de réseau ʺ ponctuelʺ


lorsqu’on remplace le ʺ motifʺ par le
ʺ nœudʺ (le nœud étant un point) et on
dira que le réseau ponctuel est toujours 
ʺ centrosymétriqueʺ . (Figure 3). b 
a
Figure 3. Réseau ponctuel à 2 dimensions

VI- Maille (unité structurale)

Le réseau étant théoriquement infini, pour le décrire on choisit une unité structurale
(une maille) qui permet de le reproduire par translation suivant les trois directions de
 
l’espace (Figure 4). C’est un parallélépipède construit sur trois vecteurs de base ( a ; b

et c qu’on appelle maille élémentaire qui peut être de forme oblique ou droite.

C’est cette maille (un volume de l’espace) qui permet de reconstituer, par
translation, l’ensemble du réseau.
Donc et pour résumer, on dira que tout parallélépipède bâti sur trois vecteurs du
réseau non coplanaires est appelé maille qui se définie par :
  
- 3 paramètres linéaires qui sont : a  a ; b  b et c  c
     
- 3 paramètres angulaires :   angle ( b ; c ) ,   angle ( a ; c ) et   angle ( a ;b )
 
c c

 
 b   b

   
a a
(a) orthogonale (orthorhombique) (b) quelconque (triclinique)

Figure 4. Exemples de mailles élémentaires

On distingue :

a- Une maille élémentaire (simple) ou (primitive)


Elle est occupée uniquement à ses sommets par 8 nœuds au total. Il n’y a pas de
nœuds dans le volume, sur ses faces ou sur ses arêtes.

-4-
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

b- Une maille multiple.


En plus de ses sommets, ce type de maille peut contenir des nœuds dans son
volume ou sur ses faces.

Remarque 1.
Pour un réseau à 2 dimensions, on peut penser à des mailles planes (Figures 5, 6)
qui décrivent le réseau par un déplacement de cette maille suivant les 2 directions du
plan.

Figure 5. Mailles simple et multiple dans un réseau à 2 dimensions

Remarque 2.
Autres types de réseau bidimensionnel et mailles élémentaires

Figure 6. Exemples de rangées d ans un réseau à 2 dimensions

Remarque 3. Multiplicité d’une maille (le nombre de nœuds dans une maille)

On parlera de multiplicité d’une maille qui est définie comme étant le ʺ nombre
de nœudsʺ contenus dans cette maille.
Ce nombre peut être déterminé de plusieurs manières.

 Exemple. Maille orthogonale


  90 ;   90 et   90 : 
On notera que chacun des huit
c
sommets étant commun à huit mailles ; un 
nœud (Figure 6) au sommet compte donc
a 
pour 1/8. b
Donc, la multiplicité n se calcule par :  
n = 8 x 1 8 = 1 nœud. a a
Une maille qui comporte en son sein 
Figure 7. Calcul de la multiplicité
un seul nœud est appelée maille a
élémentaire ou primitive (Figure 7).

-5-
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

 Nous verrons dans la suite du cours comment calculer d’autres multiplicités.


 La multiplicité s’obtient aussi par la comparaison des volumes de la maille
multiple et la maille simple.
 Le choix d’une maille ʺ multipleʺ est parfois dicté par le besoin de faire
apparaître des ʺ symétriesʺ que la maille primitive (simple) ne met pas en évidence.

VII- Rangée réticulaire

Définition : toute droite passant par deux nœuds ou plus est appelée ʺ rangée
réticulaireʺ ou encore ʺ droite cristallographiqueʺ . (Figures 8, 9, 10, 11).
- La période (paramètre) de la rangée est la distance séparant 2 nœuds successifs.
- La rangée est repérée par les coordonnées entre crochets [u v w] du 1er nœud.
- u, v et w sont appelés les indices de la rangée entre crochets.
   
On note une rangée passant par l’origine sous forme vectorielle: r  u .a  v.b  w.c
- Toute rangée possède une autre rangée qui lui est parallèle et passant par
n'importe quel nœud du réseau.
[11]

[21]

Figure 8. Exemples de rangées à deux dimensions

a a a

b b b

Figure 9. Autres exemples de rangées réticulaires

A 3 dimensions, on a les rangées particulières :  [001]


c
En effet, les vecteurs de bases de la 
maille (a, b, et c) sont constitués par les b [010]
rangées respectives :
[100] suivant le paramètre a ;

a
[010] suivant le paramètre b ; [100]
Figure 10. Rangées réticulaires
[001] suivant le paramètre c.
(Axes de la maille)

-6-
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

[321]
Ou encore :
[021]
[110]
[021]

[100]

Figure 11. Rangées réticulaires d’un réseau tridimensionnel

VIII- Plans réticulaires


( h3 k 3l3 ) ( h4 k 4l4 ) ( h5 k 5l5 ) ( h6 k 6 l6 )
Deux rangéesʺ réticulaires ou
plus définissent ʺ un planʺ
réticulaire.
Un plan réticulaire contient une ( h2 k 2l2 )
infinité de rangées réticulaires
analogues (Figure 12).
Du fait de la périodicité du réseau ( h1k1l1 )
cristallin, il existe un grand

nombre de plans qui sont : b
 Identiques,
 Parallèles, 
 Régulièrement espacés. a
Ils constituent une famille de Figure 12. Famille de plans réticulaires
plans réticulaires.  
Vue en projection sur le plan ( a ,b ) .
.
Remarque
 Du fait qu’un réseau est théoriquement infini, dans une même famille de plans
réticulaires, il y’a toujours un plan de cette famille qui passera par l’origine O
du réseau choisi.
 Les plans ne coupent pas nécessairement les vecteurs de bases (c'est-à-dire les
  
paramètres a ; b ; c de la maille) à des valeurs entières.

IX- Indices de plans réticulaires (Indices de Miller)

Un plan est défini par ses indices h ; k ; l entre parenthèse. La notation d’un
plan s’écrit alors : (h k l).
Les trois indices h, k et l sont définis comme étant des nombres :
 Entiers ʺ positifsʺ , ʺ négatifsʺ ou ʺ nulsʺ (avec au moins un indice qui doit
être différent de zéro !).

-7-
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

 Premiers entre eux.

X- Détermination des indices h, k, l.

Il suffit d’inverser les longueurs numériques déterminées de l’intersection du


  
plan avec les axes de référence a ; b ; c de la maille. On ramène ensuite (quand c’est
nécessaire) le résultat par multiplication à 3 entiers.

Exemple 1 : détermination des indices d’un plan de la figure suivante


Procédure. Le plan sous forme triangulaire c
formé par les petites billes coupe les axes 
( 2 1 1) b
suivants (Figure 13).
  1  1 
 a en  puis b en  et enfin c en 1 . i 
 2 3 a
on inverse les 3 valeurs numériques, on obtient
les nombres entiers suivants : ( 2 1 1 ) . Ces Figure 13. Indices d’un plan
indices mis entre parenthèses définissent le
plan cité. 
c
Remarque 
c
Dans une même famille de plans R ( hkl )
l
réticulaires, il y’a toujours un plan qui passe 
par l’origine arbitraire choisie pour la Q b
description du réseau. 
b
D’une manière générale, l’intersection  k
P
d’un plan avec les axes (Figure 14) permet de a a
déterminer les indices ( hkl ) tels que : h
OP=a/h ; OQ=b/k et OR=c/l Figure 14. Indices d’un plan ( hkl )

-8-
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

Exemple 2. Détermination des indices des plans suivants (Figure 15).

(110 ) ( 220 ) (0 0 2)

(220) ( 221) ( 020 )


FigureFigure 14. Représentations
15. Représentation de des plans :
plans
(110 ) ; (220) ; ( 0 0 2 ) ; (220) ; ( 321 ) ; ( 0 2 0 )

Remarque 1.
Un plan réticulaire est considéré comme un réseau à 2 dimensions et lorsque :
 Les indices sont tous différents de zéro alors le plan est dit pyramidal.
 Si un indice est nul alors le plan est parallèle à l’axe correspondant à l’indice
nul et le plan est dit prismatique.
 Lorsque deux indices du plan sont nuls, alors le plan est parallèle aux deux
axes dont les indices sont nuls.
 Les plans (h k l ) et les plans (h k l ) sont équivalents par centrosymétrie.

Remarque 2. Notation d’un plan.


L’équation d’un plan qui coupe les axes ( Ox , Oy et Oz ) aux points A ; B et C
respectivement s’écrit de la manière suivante :
x y z
  1
A B C
C'est-à-dire : B.C .x  A.C .y  A.B.z  A.B.C
On peut l’écrire : hx  ky  lz  A.B.C  t
Avec : h  B.C ; k  A.C et l  A.B

Il y a donc t  A.B.C plans régulièrement espacés entre l’origine et le plan


interceptant les axes ( Ox , Oy , Oz ) en A ; B et C respectivement.
L’équation du premier plan (le plus proche de l’origine) s’écrit :
x y z
hx  hy  lz  1 , la même chose que : hx  hy  lz     1 :
1 1 1
h k l
C’est l’équation du plan dont les intersections en ( x , y , z ) sont respectivement :

-9-
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

1 1 1
suivant x ; suivant y ; suivant z
h k l
XI- Les Réseaux de Bravais et les systèmes cristallins

Ce qui caractérise un réseau c’est sa symétrie. Ainsi le nombre de réseau


possibles est limité. Par exemple à 2 dimensions, on peut avoir 5 types de réseau
bidimensionnels (Figure 16).

Rectangle Rectangle centré Carré

Losange (Rhombique) Oblique


(quelconque Carré
Figure 16. Types de réseau à deux dimensions

A 3 dimensions, il y’a 14 réseaux possibles définis par Bravais avec :



- 3 paramètres linéaires qui sont : ( a , b , c ) .
- 3 paramètres angulaires qui sont : (  ,  ,  ) .

- Sa multiplicité qui peut être : P, I, F, A, B, ou C.

Chaque réseau est défini dans un système cristallin et sa multiplicité. Il existe 7


systèmes cristallins qui correspondent aux 7 réseaux primitifs (P) ; des considérations
de symétrie conduisent à ajouter 7 autres réseaux supplémentaires (Tableau 2).

Tableau 2. Les 7 systèmes cristallins et les 14 réseaux de Bravais

Système cristallin Paramètres de la maille Réseau


Triclinique a, b, c ; , ,  quelconques P
Monoclinique a, b, c et  quelconques P;C
==90
Orthorhombique a, b, c quelconques P;C;I;F
===90
Quadratique a=bǂc P;I
===90
Cubique a=b=c P;I;F
===90
Hexagonal a=bǂc P
==90 ; =120
Rhomboédrique a=b=c R ou (P)
==

- 10 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

C’est Bravais qui a montré l’existence de 7 autres réseaux compatibles avec la


symétrie des 7 systèmes primitifs (P) lesquels contiennent plus d’un nœud.
L’ensemble de ces réseaux constituent les 14 réseaux de Bravais (Tableau 2).
Remarques

I)- On peut, par exemple, monter 



qu’un réseau tétragonal dont la maille est c C
quadratique type (C) (a=bǂc ; ===90) se
transforme en maille primitive (P), d’où
uniquement les deux réseaux (P) et (I)
dans le quadratique. (Figure 17).
Avec : 
       
A  12 a  12 b , B  12 b  12 a , C  c  b
La matrice de passage M  B 
(Voir détails en page 27) a A
Du réseau (C) vers (P) est :
 1 1 0 Figure 17. Maille tétragonale ʺ Pʺ
1 
M   1 1 0 
2 
 0 0 2
II)- Par exemple un réseau non primitif avec deux nœuds aux centres de deux
   
faces opposées est désigné par (A), (B) ou (C) suivant que les faces : ( b ; c ) ( a ; c ) ou
 
( a ; b ) soient centrées (Figure 18). Si toutes les faces sont centrées, le réseau est
désigné par (F). Un réseau avec un nœud au centre de la maille est appelé (I).
  
c c c
  
 b  b b
a 
a a

Réseau P Réseau I Réseau F


  
c c c
  
 b b b
a  
a a
Réseau C Réseau B Réseau A
Figure 18. Représentation schématique des divers types de réseaux

- 11 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

XII- Représentations des 7 systèmes cristallins (Figure 19).

Figure 19. Les 7 types de maille (les 7 systèmes cristallins)

XIII- Distance interréticulaire

Définition. On appelle distance interréticulaire (dhkl), la distance minimale qui sépare


deux plans successifs d’une même famille de plans réticulaires (hkl). (Figure 20).

dhkl

dhkl

dhkl

dhkl

dhkl

Figure 20. Représentation d’une distance réticulaire : dhkl


d’une même famille de plans (hkl)

XIV- Réseau réciproque


L’usage du réseau réciproque simplifie les calculs en cristallographie et
notamment l’étude de la diffraction des rayons X par les structures périodiques car il
facilite fortement l’interprétation des spectres de diffraction des rayons X.
  
Définition. Etant donné un réseau direct de base : a , b et c , on lui associe un réseau
  
réciproque de bases a* ; b * ; c * tels que :

- 12 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar


a .a*  1 b .a*  0 c .a*  0

  * 
  * 
  *
a .b  0 b .b  1 c .b  0
  *   *   *
 a .c  0 b .c  0 c .c  1
  
Avec
*  
a    
 
b c *   
a  c
; b    
*
 
a b
; c    
 
 
a  b .c a  b .c  
a  b .c 
Démonstration

Soit un réseau à 2 dimensions (0,1)


(1,1) (2,1)
avec différents plans réticulaires (3,1)
passant par une même origine O. On
considère les normales à ces plans et
O
sur chaque normale on porte un
1
point à une distance égale à d hkl .
Les points marqués par * sont
situés sur une droite laquelle [01]
constitue une rangée (Figure 21).
[21] [11]
[31]
Figure 21. Réseau réciproque

On peut montrer que si, sur toutes les perpendiculaires aux plans réticulaires, on
1
porte une distance proportionnelle à d hkl du plan considéré, l’ensemble de ces points
forment un réseau appelé réseau réciproque du réseau direct.
Pour construire le réseau réciproque il suffit de définir les 3 vecteurs de
translations et les angles entre ces vecteurs. On désire que les trois vecteurs
  
a* , b * et c * soient proportionnels à l’inverse des distances inter-réticulaires des trois
familles de plans (100), (010) et (001) respectivement.
Cette condition s’écrit :
     
 * 
A 1  a, A2  b , A3  c
Ai . A j  k ij avec  *  *
    *
 A1  a , A2  b , A3  c
* * *

où  ij est le symbole de Kronecker :
 ij  1 si i  j et  ij  0 si i  j
k est la constante du réseau réciproque; en général elle est égale 1. (k=1).

Exemple pour c * on obtient :
  
a.c *  0, b .c *  0 et c .c *  k

 Les deux premières équations montrent que c * est perpendiculaire au plan
 
formé par a et b .

 La dernière relation permet de fixer la longueur de c * qui est situé du même

côté que le paramètre c .

On peut alors écrire :

- 13 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar


  *
 
c *  K a  b
 c
  
.K a 
b  k 
K
  
a 
 b .c  Kv  k   
 c .c  k
  
 
Avec : a  b .c : le volume v de la maille du réseau direct.
Soit :
k  Kv et
  
 
   
 
 
c *  K .v  a  b ; a *  K .v  b  c et b *  K .v a  c 
D’après leurs définitions, les vecteurs de base des deux réseaux direct et
réciproque jouent des rôles symétriques ou réciproques. En conséquence si on
désigne par v* le volume de la maille du réseau réciproque.
On peut écrire :
  
  
   
a  K v* b *  c * ; b  K v* a*  c * ; c  K v* a*  b *   
Il nous reste à déterminer la relation entre v et v*, pour ce faire calculons de deux

façons différentes le produit a.a * :
  
  
  
   
a .a*  k  K / v* b *  c * K v b  c  K 2 v* v b *  c * b  c   
Or on a l’égalité vectorielle suivante :
i  j n  m   i.n j .m   i.m j .n 
qui, appliquée à la relation précédente, donne :
vv*  k 3
La relation précédente nous montre que le volume des mailles du réseau direct et
du réseau réciproque sont inversement proportionnels.
Lorsqu’on prend k =1 ils sont directement inverses l’un de l’autre.

XV- Caractéristiques du réseau réciproque

1) Le réseau réciproque est une représentation des plans du réseau direct.


2) Le choix de l’origine est arbitraire
3) Le réseau réciproque possède des rangées et des plans de nœuds, définis
    
comme pour le réseau direct par le vecteur r h k l  h.a  k .b  l.c ; où r * est
* * * *

la période de la rangée h k l * du réseau réciproque


4) Tout plan (hkl ) du réseau direct est perpendiculaire à la rangée h k l  qui
*

porte les mêmes indices du réseau réciproque .



5) Le module rh k l , période de la rangée h k l  du réseau réciproque et la
* *

distance interréticulaire d h k l du réseau direct, satisfont la relation :


 *
rh k l .d h k l  1
Démonstration de la propriété (4)
Soit la figure suivante représentant un repère quelconque (O x y z). (Figure 23).

Plans ( hkl ) z
R

*
H rhkl
O Q y

- 14 -
P x
Figure 23. Plan réticulaire (hkl ) et vecteur réciproque

r *( h k l )
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

On prendra l’origine O celle du réseau direct et réciproque


  
 a  b  c
OP  ; , OQ  , OR 
h k l
  
On note aussi que : OH  dhk l et ( OP ,OH )  

Si r * h k l est perpendiculaire plan (hkl ) , il suffit qu’il soit perpendiculaire à deux
côtes qui définissent ce plan.
*  
Par exemple si : r h k l  (hkl ) alors r * h k l . PQ  0 ,
Cela se vérifie assez facilement puisque
 
*  * * * b a
r h k l . PQ  (h.a  k .b  l.c ).(  )  0
k h
   
Le même raisonnement se fera avec r * h k l . QR  0 ou bien r * h k l . PR  0

Démonstration de la propriété (5)


 
Nous pouvons voir sur la figure 23 que : OH  OP . cos( )  d hk l

    
On aura : OP . r * hkl  OP . r * hkl . cos( )  d hkl . r * hkl

Avec :
 
    a
r * h k l . OP  ( h.a*  k .b *  l .c * ).( )  1
h
On en déduit :
 * 1
rh k l .d h k l  1  d h k l   *
rh k l

Remarques

 Chaque nœud du réseau réciproque correspond à une famille des plans ( hkl )
du réseau direct et chaque nœud du réseau direct correspond une famille de plan
( hkl )* du réseau réciproque.
 Les nœuds du réseau réciproque (ou les plans du réseau direct) dont les
indices ne sont pas premiers entre eux ( nh nk nl ) correspondent à des plans
parallèles au plan ( h k l ) et d’espacement ( n. fois ) plus petits.
 Le réseau réciproque du réseau réciproque est le réseau direct

XVI- Expression de la distance dhkl en fonction des paramètres réciproques

Le calcul de dhkl :
1 1 1
d 2h k l   
 2 r *  * ( h.a*  k .b *  l .c * ).( h.a*  k .b*  l .c* )
  
rh k l * h k l . rh k l

- 15 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

Donne
1
dh k l 
h2a* 2  k 2b* 2  l 2c* 2 2.hk .a*b* cos(  * )  2.hl .a* c* cos( * )  2.kl.b* c* cos(* )
A partir de cette expression et en appliquant les notions de réseau réciproque, on
obtient les expressions des distances dhkl en fonction des paramètres directs des
différents systèmes. Le tableau 3 suivant donne quelques exemples.

Tableau 3. Expressions de distances interrréticulaires dhkl

Système cristallin Paramètres de la maille dhkl


abc a
Cubique dhk l 
      90 h k2 l2
2

abc 1
Quadratique dh k l 
      90 h2  k 2 l2
2

a c2
a ; b c quelconques 1
Orthorhombique dh k l 
      90 h 2
k2 l2
2
 2

a b c2
abc 1
Hexagonal dh k l 
    90 ;   120 2
4 h  k  hk l22
( 2
) 2
3 a c

- 16 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

XVII- Quelques Applications géométriques.


Il s’agit de quelques rappels de géométrie

XVII-1. Exemple de calcul d’une surface d’un parallélogramme :


C D


A B
H124. Exemple de calcul Hd’une
Figure 2 surface
d’un parallélogramme

Le calcul de la surface du parallélogramme ABCD équivaut un calcul de la surface


du rectangle CDH1H2
On peut remarquer que : AB= H1H2 (Figure 24).
Soit :
S=AB.CH1=AB.AC.sin()
 
Donc pour une surface de côtés ( a , b ) , le calcul de la surface se calcule est :
 
Surface  a . b . sin(  )

XVII-2. Conséquence : exemple de calcul d’un volume


On peut en déduire ainsi le calcul du volume d’une maille quelconque (Figure 25)
avec la même idée utilisée dans le calcul de surface: paramètres linéaires
  
a , b et c et angulaires :  ;  ;  .
C

c
dhkl  ( d001)


b
 H


a
Figure 25. Calcul d’un volume

A l’examen des calculs de surfaces, on aboutit aisément au calcul du volume V.


On transforme la maille quelconque en une maille orthogonale et le calcul du
volume V fait intervenir la distance CH (c’est la hauteur : CH ) représentant la
distance d hkl ou d 001
Le volume sera le produit de la surface de base S(a,b)=absin() par la hauteur qui
n’est rien d’autre que d001.
 
Le volume sera donné par : V  a . b sin(  ).d 001

- 17 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

XVII-3. Calcul de volume (Autre manière de calcul)


  
Soit une maille quelconque de paramètres ( a , b , c ) le volume de la maille est le
  
module du produit mixte de ( a , b , c ) . Pour cela, on choisit un repère orthogonal sur
  
lequel on projette les paramètres ( a , b , c ) sur les axes Ox, Oy et Oz de ce repère.
  
a se projète en ( a x ; a y ; a z ) ; b se projète en ( bx ; b y ; bz ) et c en ( c x ; c y ; c z )

ax ay az ax bx cx ax ay az ax bx cx

V= bx by bz = ay by cz ou encore V2= bx by bz x
ay by cz
cx cy cz az bz cz =
cx cy cz az bz cz
Soit
a2x+a2y+a2z axbx+ayby+azbz axcx+aycy+azcz

V2= axbx+ayby+azbz b2x+b2y+b2z bxcx+bycy+bzcz


= axcx+aycy+azcz bxcx+bycy+bzcz c2x+c2y+c2z

On obtient alors a2 ab.cos ac.cos

V2= ab.cos b2 bc.cos


=
ac.cos bc.cos c2

Soit : V  a.b.c. 1  cos 2   cos 2   cos 2   2. cos  cos  cos 


Cette expression est valable pour le calcul du volume de toute maille quelconque

Exemples d’expressions de volumes en fonction des paramètres de maille.

 Maille cubique (a=b=c ; ===90)


V=abc.[ 1-cos2()- cos2()- cos2()+2cos().cos()cos()]1/2=a3

 Maille quadratique (a=bǂ c ; ===90)


V=abc.[ 1-cos2()- cos2()- cos2()+2cos().cos()cos()]1/2=a2.c

 Maille orthorhombique (aǂ bǂ c ; ===90)


V=abc.[ 1-cos2()- cos2()- cos2()+2cos().cos()cos()]1/2=a.b.c

 Maille hexagonale (a=bǂ c ; ==90 et =120)


3
V  a.b.c 1 - cos 2 (  ) - cos 2 (  ) - cos 2 (  ) + 2cos(  ).cos(  )cos(  )  a 2 .c.
2

- 18 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

XVII-4. Equivalences des plans dans une maille cubique

Dans une maille cubique, les plans


d’indices (100) ; (010) et (001) sur la figure
de droite sont équivalents par
permutation circulaire. (Figure 26).

Figure 26. Plans équivalents dans


une maille cubique
XVII-5. Indices de Miller (hkil) dans une maille hexagonale
Dans une maille hexagonale, l’équivalence des plans (Figure 27) ne se remarque
pas en examinant les indices (hkl) : (100 ) ; ( 010 ) ; ( 1 10 ) ; ( 1 00 ) ; ( 0 1 0 ) ; ( 1 1 0 ) et
pourtant ils sont bien équivalents.
Il suffit d’introduire un 4ème indice i tel que : i=-(h+k) pour bien voir cette
équivalence par permutation circulaire :
(-100)

c
(0-10) (-110)
(1-10)
(100) (010)


a

a
Figure 27. Plans équivalents dans
une maille hexagonale
Preuve que : i=-(h+k). Observons la maille hexagonale par la face du haut (Figure 28)
d=a

Plan (h k l ) projeté le long de Oz

O B b=a

60 D
A

a
Figure 28. Maille hexagonale et plan (hkl) vus en projection sur le plan (a, b)

- 19 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

  
a   b  d 
On a : OA 
; OB  ; OD   avec   120 et    60 o
h k i 2
La relation entre les surfaces des triangles est : S   S   S 
( OAB ) ( OAD ) ( ODB )
 b
    a a2  
S( OAB )  OA . OB  OA . OB . sin( )  . . sin(120 )  . sin(120 ) car : a  b
h k hk
 d 
    a a2 
S( OAD )  OA . OD  OA . OD . sin( 60 )   . . sin( 60 )   . sin( 60 ) car : a  d
h i hi
 
    d b a2  
S( ODB )  OD . OB  OD . OB . sin( 60 )   . sin( 60 )   . sin( 60 ) car : a  d
i k ki
Donc :
a2  a2   a2 
S  S 
S 
 . sin(120 )   . sin( 60 )   . sin( 60 )
( OAB ) ( OAD ) ( ODB ) hk  hi   ki 
L’expression se simplifie car sin (60) =sin (120).
1 1 1
On obtient : .  
hk hi ki
Par réduction au dénominateur commun hki et par simplification on obtient :
i  ( h  k )

Les plans : (100 ) ; ( 010 ) ; ( 1 10 ) ; ( 1 00 ) ; ( 0 1 0 ) ; ( 1 1 0 ) ,

deviennent : ( 10 1 0 ) ; ( 01 1 0 ) ; ( 1 100 ) ; ( 1 010 ) ; ( 0 1 10 ) ; ( 1 1 00 )

On voit bien la permutation circulaire de leurs 4 indices ( hkil ) .

XVII-6. Calcul matriciel (matrice de passage)


On peut passer des indices de Miller ( hkl ) d’une maille initiale de paramètres
     
(a ; b ; c ) vers de nouveaux indices ( HKL ) dans une nouvelle maille ( A ; B ; C )
(Figure 29).

Figure 29. Changement de repère

- 20 -
Cours et applications de cristallographie Pr Nourredine Bettahar

    
A  1.a  1.b  A  1 1  a 
      
    B  1 3  b 
B  1.a  3.b soit    

Cette matrice se généralise à 3 dimensions :


 
 A u v w  a 
   A A A   
 B   u v B wB  b 
   B 
 C   uC vC wC  c 
   
  
Ainsi une famille de plan ( hkl ) dans le repère de maille ( a , b , c ) donne une
  
famille ( HKL ) dans le nouveau repère : ( A, B , C ) (Figure 29).

- 21 -

Vous aimerez peut-être aussi