Généralités :
Le modèle structurale est représenté en France par les travaux de Jean BERGERET durant les
années 70. Il présente une distinction des différentes organisations du psychisme en se basant sur
trois critères essentiels :
Le type d’angoisse
Le type de relation d’objet
La nature des défenses
Dans un sens commun= notion qui implique une disposition complexe mais stable et
précise des parties qui la composent. C’est la manière même dont un tout est composé et
dont les parties de ce tout sont arrangées entre elles. On parle par ex d’une structure
familiale
- Une bonne connaissance des signes cliniques tels qu’ils sont étudiés en sémiologie et
- une bonne connaissance du mécanisme de défense ,
- bonne connaissance de la métapsychologie dans sa triple dimension (topique,
économique et dynamique)
- Connaître la relation de l’objet, les différents modes de défense (archaïques…)
One ne peut pas faire l’hypothèse de structure du sujet sur la simple observation de
la symptomatologie. Il faut examiner trois autres facteurs essentiels : notion d’angoisse,
relation à l’objet et les défenses.
Les sujets névrotiques peuvent avoir recours à des défenses psychotiques si les défenses
névrotiques échouent donc si l’angoisse est trop massive ou si le retour du refoulé est trop
inquiétant ; donc avec des moments de désorganisation bruyant voire théâtralisés mais qui ne
signe pas la psychose.
Devant l’épisode morbide ou pathologique il faut toujours se demander s’il n’est pas seulement
fonctionnel ou alors structurel.
Le sujet décompensé en état de mal-être traduit une désadaptation majeure et visible par rapport à
la structure de base, on dit aussi qu’il s’agit d’une rupture de l’équilibre antérieur. Ce déséquilibre
plus ou moins durable est du à un débordement des défenses habituelles du fait de circonstances
nouvelles tant intérieures qu’extérieures. C’est cet état qui fait le pathologique. Mais telle maladie
peut éclore sur telle structure et peut se réadapter en fonction de cette même structure. En
principe, il n’ya pas de changement possible de structure quoique certains moments du
développement psychoaffectif soit propice à une réorganisation structurelle comme l’adolescence.
Freud introduit en 1932 la notion de structure comme bloc de cristal. Il existe à l’état d’équilibre
normal, dans un corps cristalisé, des microcristalisations invisibles réunies entre elles pour former
le corps total selon des lignes de clivage dont les limites, les directions, les ambulations se
trouvent préétablies de façon précise, fixe et constante pour chaque corps particulier. Càd qu’il
n’existe pour chaque corps qu’une seule façon de se cristalliser. Ces lignes de clivage demeurent
invisibles à l’œil nu tant que le corps n’est pas brisé ou bien placé sous un appareil optique
particulier (comme le microscope). Tout au plus, la forme générale de l’échantillon examiné à
l’œil nu montrera quelques figures géométriques sur son pourtour, sa périphérie, cad ses limites
extérieures au monde. Si on le laisse tomber par terre, il ne pourra se briser que sur ses propres
lignes de clivages préétablis lorsqu’il était à l’état d’équilibre. De telles lignes de clivages sont
immuables… et définissent la structure interne du minéral.
Selon Freud, il en est de même pour la structure mentale càd que l’organisation d’un individu se
trouverait constitué de façon durable, spécifique et invisible dans la situation normale. Peu à peu, à
partir de la naissance (même un peu avant), en fonction de plusieurs facteurs comme l’hérédité
mais aussi le mode de relations précoces aux premiers objets(intéractions précoces…), des
traumatismes, des frustrations, des conflits rencontrés et des défenses organisées par le moi que
peu à peu le psychisme individuel s’organise, se cristallise tout comme un corps chimique
complexe, avec des lignes de clivage interne originales donc propres au sujet et qui ne pourront
plus varier par la suite.
C’est ainsi qu’on aboutit à une véritable structure stable dont les deux modèles psychiques sont
représentés par les structures névrotiques et psychotiques. Ces lignes de clivage sont autant des
lignes de force que des lignes de rupture. Il suffirait d’un accident de parcours (traumatisme
désorganisateur important) ou d’un examen minutieux (étude d’état clinique) pour que l’on
retrouve des lignes de charges fondamentales de cet individu. Tant que le sujet n’est pas soumis à
des conflits trop intenses, il ne sera pas malade (le cristal tiendra bon). Mais si à la suite d’un
évènement quelconque, le cristal venait à se briser, cela ne pourrait se faire que selon des lignes de
force, des lignes de rupture établies depuis le plus jeune âge.
Selon cette conception, le sujet de structure névrotique ne pourra développer qu’une névrose et le
psychotique qu’une psychotique. Dans le même sens, le même sujet pris en charge, soigné
correctement, qu’en tant que structure névrotique bien compensée ou en tant que structure
névrotique bien compensée. En principe, une fois qu’un moi est bien organisé dans une structure
ou dans autre il ne pourra passer d’un mode de structuration à un autre.
Hypothèse d’une forte étanchéité post adolescence. Elle est critiquée dans le sens d’un
emprisonnement du sujet qui peut sembler réducteur. Or ceci a des conséquences sur le
plan thérapeutique puisque prendre en charge un sujet dit de structure psychotique ne
supposerait un réel aménagement de sa structure mais pas de réorganisation nouvelle.
Selon ces auteurs contemporains, ce qui est resté en suspens dans la psyché, peut
potentiellement se réorganiser si une rencontre peut se produire avec un objet
transformateur (souvent il s’agit du thérapeute)
Critiques :
Ce point de vue = étanchéité entre les structures= emprisonnement du sujet qui
n’aurait pu fonctionner autrement que la structure qu’on lui proposerait.
Prendre en compte un sujet psychotique= pas de possibilité de réaménagement de
cette structure, sans réorganisation de celle-ci. La critique faite à ce modèle,
Bergeret ne s’appuie que sur des traumatismes désorganisateurs or il existe
également des traumatismes structurants, donc réorganisateurs.
3ème critique : question de l’objet, Bergeret ne prends pas suffisament en compte la
question de l’objet comme source de réorganisation et de transformation.
Ce qui est resté en suspend dans la psyché peut se réorganiser grâce à une rencontre
avec un objet particulier (le thérapeute). Cette éventualité rare n’est pas à exclure
ce que fait le modèle de Bergeret
La structure du sujet est dite cristallisé lorsque le moi a atteint un niveau suffisant d’organisation
selon freud.
Ca n’empêche pas de définir les deux grandes lignées structurelles de base (névroses et psychoses)
Ce qui caractérise la lignée structurelle psychotique va se trouver dans des frustrations très
précoces, essentiellement maternelles qui sont associés à des inductions pulsionnelles
particulièrement toxiques= excitations importantes qui débordent et paradoxales par la même.
L’enfant va se constituer peu à peu à par excitation (se protéger contre les excitations externes et
contre les excitations internes).= fonction alpha. Cette fixation à cette phase précoce se rattache à
la position schizo-paranoïde de Melanie KLEIN.
Un auteur comme Karl ABRAHAM (a divisé le stade annal en deux sous-stades : actif et passif)
décrit entre les deux sous stades, une ligne de marquage, une charnière qui va etre frontière entre
les fixations psychotiques et les fixations névrotiques. C’est de là que va naître le concept de
borderline. Selon lui tous les modes de fixations et de régression de cette ligne correspondent au
mode de fixation psychotique et en aval au mode de structuration névrotique. On va retrouver
donc de part et d’autre de cette ligne de partage :
Dans la psychose :
- La structure schizophrénique
- La structure mélancolique
- Et près de la ligne frontière, la structure paranoïaque
Parmi les caractéristiques des structures psychotiques, Bergeret postule une défaillance des
structures su narcissismes primaires au début de la vie en termes d’impossibilité pour l’enfant
d’être considéré comme un objet distinct de sa mère, celle-ci ne pouvant non plus se séparer de
cette partie indissociable de son moi qu’est son enfant – prolongement narcissique de la mère.
On va donc retrouver comme dénominateur commun aux psychotiques cette relation fusionnelle à
la mère. Ce type de relation à l’objet primaire va conditionner ensuite toutes les relations d’objet
du sujet pour lesquelles une relation objectale vraie ne sera pas envisageable ni de relation
anaclitique ne de relation génitale. O n va parler alors de fixation ou de dépassement psychotique
préobjectale et de non dépassement du registre préobjectale. En ce qui concerne les instances, le
surmoi n’est pas parvenu à un rôle organisateur ou conflictuel de base, le moi n’est pas comblé au
sens où il est morcellé. C’est le ça qui domine… L’angoisse va etre une angoisse de morcellement,
de destruction, de mort par éclatement. Le conflit sous-jacent est causé par la réalité qui s’oppose
aux besoins pulsionnels élémentaires puisque le ça est prévalent. La conséquence directe va être
un déni de partie de cette réalité gênante voire même un délire si la reconstruction d’une néo-
réalité qui s’avère nécessaire ce qui sera le cas si le déni est trop important et court un trop grand
nombre de fragment de réalité.
Les mots sont considérés comme étranges, vides, creux = langage désincarné dans la psychose càd
des mots signifiants qui sont détachés de leur signifié. C’est aussi ce qui explique l’abstraction
extrême du langage psychotique. Les mots ne comblent pas le vide que le psychotique ressent
dans son rapport à l’autre et ne comblent pas non plus le vide qu’il ressent à l’intérieur de lui-
même. Ainsi les mots= choses càd qui sont soumis au processus primaire qui régit leur inconscient
avec donc ses lois (condensation, déplacement et particulièrement déplacement par assonance, par
contiguité…) => passion pour le langage mais pas en tant que vecteur de communication.
(Livre : le schizo et les langues (années 70 de chez Gallimard)= témoignage de la folie des mots)
1) La structure schizophrénique
Dialectique entre le non moi et le moi= notion imprtante. Ce moi et ce non moi sont
relativement indifférenciés.
L’organisation pulsionnelle est fixée à la phase orale.
L’angoisse de morcellement ici, se caractérise par l’impossibilité de se ressentir comme
un tout unifié càd autonome et indépendant.
La défense primordiale= constitué par le déni primaire du parti de la réalité. Si on parle
de déni primaire cela veut dire qu’une partie de la réalité n’a jamais été objectivement
perçue, reconnue.
Les fantasmes et surtout le déni, vont être la seule façon de réinvestir les objets
Freud parlait de névrose narcissique pour insister sur l’importance de la régression narcissique
massive dans cet aspect clinique, difficulté identitaire.
Le fonctionnement mental régi par les lois du processus primaire (c’est ceux qui régissent
l’inconscient). Ce qui va entraîner une distorsion de la réalité même partielle mais aussi un
relâchement des associations avec une logique qui va être en apparence autistique, on parle
de symbolisme hermétique ou de logique arbitraire par apposition au symbolisme
transparent.
En ce qui concerne la réalité : conflit, le schizo espère que c’est la réalité qui va changer
et non pas ses besoins à lui afin de satisfaire de façon totale et instantanée la pulsion
prégénitale à dominante orale. On peut donc dire que le principe de réalité ne vient pas
tempérer le principe de plaisir qui demeure prévalent.
Le rôle des frustrations précoces : va être important dans la genèse de la structuration
schizo
Pour Harold Searl (approche systémique) : schizo= tble de la communication précoce
spécifique au sein du groupe familial. La comm s’établit de manière paradoxale (la logique
du paradoxe) sur le mode de la 2ble impasse et le fait de fonctionner avec l’enf par
injonction paradoxale met celui-ci dans l’impossibilité d’y répondre dans l’obligation de se
cliver de se dissocier (c’est le clivage du moi en deux parties, ou alors clivage au moi =>
clivage fait au moi car le sujet se retrouve amputé d’une partie de son moi). Les 2bles liens
rendent fous. Exemple d’injonction paradoxale : « Désobéis-moi ! » ou « alors tu es un
monstre, seul maman peut t’aimer » ou « assis, debout ! » . Donc dans la double impasse
=> notion de dépendance, présence de deux affirmations contradictoires.
C’est donc un double discours qui contient un message paradoxal càd l’envoi en réalité de deux
messages contradictoires en même temps et dans les deux contenus antagonistes annulent toute
possibilité de prise de sens. La signification se trouve écartelée entre des messages qui s’excluent
les uns les autres= retrouvé donc dans le mode de communication du schizo.
Si on ne peut affirmer que cette seule configuration soit source de schizo, en revanche toute
clinique de schizo permet de rencontrer ce type de figuration paradoxale.
Autre notion dans la prévalence des processus primaire : difficulté de concevoir le monde avec
dimension métaphorique. Sur le plan familial on retrouve ce jeu (confusion avec métaphore et
réalité du monde) qui va plonger l’enfant dans une grande confusion. Tout un tas d’expressions
métaphorique sont vécus corporellement pour le schizo
2) La structure paranoïaque
Le moi est distingué du non-moi. Mais le moi ne peut s’autonomiser que dans une
indépendance agressive à l’égard de l’objet. La paranoïa se caractérise par une fixation
prégénitale a dominante annale (premier sous stade actif). Ici le moi apparaît bloqué dans
l’impossibilité d’intégrer les enjeux du deuxième sous-stade passif.
L’angoisse de morcellement est ici à entendre comme la menace d’éclatement par
pénétration sadique de l’objet. La relation objetale va être faite de craintes de persécutions
et de besoin de maîtrise. Etymologiquement paranoïa= celui qui a l’esprit tourné contre.
- Le déni
- La projection aidée par l’annulation et la dénégation
a) L’annulation
Porte sur la réalité elle –même. Se situe au niveau de la toute puissance magique de la pensée
(annal). Consiste à défaire ce que l’on a fait. De cette manière, des représentations des actes
gênant, vont être considérées comme n’ayant pas existé. Pour cela, le sujet va mettre en jeu
d’autres actes, pensées ou comportement destinés à effacement magiquement (donc annuler) tout
ce qui était lié aux représentations gênantes. Par ex : les actes expiatoires
b) La dénégation
Elle va se situer sur le plan verbal. C’est un mécanisme qui est plus archaïque que le refoulement
car le représentant pulsionnel gênant n’est pas refoulé, il apparaît dans le conscient mais le sujet
s’en défend en refusant d’admettre que ça puisse lui appartenir ou le toucher. Une représentation
peut devenir consciente à condition que origine soit niée.
La formulation la plus courante est : « Je n’ai pas pensé cela » = il y a la fois la représentation et la
défense contre celle-ci.
c) Déni
La logique paranoïaque : Tel que Freud la décrite : elle suit trois étapes successives qui
aboutissent au sentiment de persécution :
- 1ère étape : Transformation par une négation de l’affect et retournement de la pulsion
de la proposition : « cest lui que j’aime » avec une dimension homosexuelle qui est
insupportable pour le paranoïaque qui se transfrme de « non je ne l’aime pas, je le
hais »
- 2ème étape : Projection et retournement de l’objet qui transforme alors le « je le hais »
en « c’est lui qui me hait, il me persécute »
- 3ème étape : C’est ce sentiment la qui peut devenir conscient et qui va être traité
comme une perception externe, soit la conviction d’être haï, persécuté, interprétation
d’indices...tous congruents dans ce sens. Le caractère externe de cette perception
comme étant la réalité permet alors que se mettent alors des défenses conscientes de
type : « puisqu’il me hait je le hais » visant à rationnaliser par la logique des affects de
haine refoulés dans l’inconscient »
3) Structure mélancolique
Elle occupe une place intermédiaire entre la structure schizophrénique et la structure paranoïaque.
On y retrouve les organisations dépressives ou maniaques. Mais on l’appelle structure
mélancolique car dans les mouvements alternatifs observés dans la psychose maniaco-dépressives,
sont des avatars actifs ou passifs qui dépendent de la structure mélancolique. S’en distinguent les
dépressions névrotiques et leurs défenses hypo-maniaques.
Pour Mélanie KLEIN, le maniaco-dépressif échoue dans le travail de deuil car il n’a pas
pu intérioriser des objets internes suffisamment sécures. La dépression infantile en
fondamentale n’a donc jamais été dépassée. La position dépressive donc n’ajamais trouvé
d’élaboration, le sujet n’a pas pu établir à l’intérieur de lui des objets suffisamment
sécures. Or Le travail de deuil normal dans sa double valeur : reconnaissance de la perte et
de l’auto-transformation, implique que l’appui sur l’env précoce a été satisfaisant. On peut
dire que ce travail est impossible dans la mélancolie est court-circuité dans la manie.
En rentrant en profondeur :
Dans le travail de deuil courant, le sujet se détache de l’objet perdu qui continu a être
investi mais une grande partie de la libido est de nouveau libre et notamment pour être
réinvestit sur d’autres objets. Alors que dans le deuil la perte est consciente, dans la
mélancolie, la perte est soustraite à la conscience ; et même si le mélancolique sait qui il a
perdu, le sujet ne sait pas ce qu’il a perdu en cette personne.
Dans la manie, c’est un triomphe sur l’objet qui n’apparaît plus comme risquant d’être
perdu. Le moi triomphe de la perte plus par déni. Donc la manie serait comme le meurtre
psychique de l’objet (pas besoin de lui, fantasme d’auto-suffisance, besoin de personne…).
Dans la structure mélancolique on assiste à cette oscillation répétitive entre l’objet impossible à
perdre au dehors et l’objet impossible à ériger au-dedans (en tant qu’objet suffisamment
contenant, sécure..).
Du point de vue du moi, il y aura un effet pathogène selon que le moi pris dans ce
conflit soit reste fidèle à son obéissance vis-à- vis du monde extérieur et cherche à
faire taire le ça (névrose) ou alors il se laisse dominer par le ça et du même coup,
arraché à la réalité (psychose)
Alors que dans la névrose, l’obéissance initiale est suivie après coup d’une tentative
de fuite.
Ainsi , la névrose ne dénie pas la réalité, elle veut seulement ne rien savoir
d’elle. La psychose, la dénie et cherche à la remplacer