Vous êtes sur la page 1sur 48

République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université Hassiba Benbouali de Chlef

Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie

Département Eau, Environnement et Développement Durable

 Module : Écotoxicologie.
 Niveau : 1ère Année Master.
 Spécialité : Biodiversité et Environnement.
 Promotion : 2019/2020
 Chargé de module: Dr. KOUADRI SAMEUT. M
Objectifs de l’enseignement

L’objectif de ce cours est de permettre aux étudiants


d’acquérir des connaissances fondamentales et appliquées
nécessaires à l’étude et à l’évaluation des risques et de leurs
effets sur l’environnement, et étudier la nature, la source et les
types de contamination écotoxicologique.
Contenu de la matière :

 Introduction.
 La pollution de la biosphère.
 Notion de toxicité et ses implications écologiques.
 Influence des facteurs écologiques sur les manifestations de la
toxicité.
 Méthodes analytiques de la détection des polluants.
 Ecotoxicologie et réglementation.
Plan du cours

 Introduction
 Chapitre I : la pollution de la biosphère.
Définition
Causes et importance de la pollution de la biosphère.
Classification des pollutions.
Mécanisme de dispersion et de circulation des polluants
Impacts de la pollution sur l’environnement.
Introduction
1. Ecotoxicologie
1.1. / Premières définitions

Premières
définitions

basées sur la
basées sur
toxicologie
l’écologie
médicale
a. Définitions basées sur la toxicologie
médicale
 Invention du terme par Truhaut en 1969.
 Cette science est le prolongement de la toxicologie orienté vers
l’étude des effets écologiques et des risques associés à la présence
dans l’environnement de contaminants susceptibles d’avoir un
effet néfaste sur la santé humaine.

 Évaluer les effets des contaminants sur les populations


humaines: tests en laboratoire à des concentrations
irréalistes. Approche réductionniste
b. Définitions basées sur l’écologie

 Science des interactions entre les êtres vivants et les écosystèmes.


 Ramade (1979): “science dont l’objet est l’étude des
modalités de contamination de l’environnement par les agents
polluants naturels ou artificiels produits par l’activité humaine
ainsi que de leurs mécanismes d’action et de leurs effets sur
l’ensemble des êtres vivants qui peuplent la biosphère”.
 Évaluer le cheminement des contaminants dans les
écosystèmes et leurs effets sur l’ensemble des êtres vivants
incluant l’homme Approche holistique
1.2/Définitions récentes
 Démarche récente (depuis 1990): intégration des aspects
écologiques et toxicologiques, ainsi que l’évaluation du risque
toxicologique.
 “Science devant faire l’intégration de la toxicologie et de
l’écologie, dont les objectifs sont de comprendre et prédire les
effets des contaminants sur les communautés naturelles, pour des
régimes d’exposition réalistes d’un point de vue environnemental”
(Chapman; 2002).
 Approches en laboratoire avec de forts niveaux de contamination
souvent irréalistes versus évaluation sur le terrain en milieu
contaminé à des niveaux ambiants en utilisant des bioindicateurs
et des biomarqueurs.
ÉCOLOGIE:
Interactions entre
organismes, Simples Observations
Fonctionnement des observations planifiées sur Manipulations
populations, sur le terrain le terrain expérimentales
Processus influençant ces
paramètres

ÉCOTOXICOLOGIE:
Evolution dans le temps Écologie en présence de
polluants toxiques

TOXICOLOGIE Expositions Recherches Expériences


ENVIRONNEMENTALE: simples en en conditions complexes in
Effets des polluants toxiques laboratoire quasi- situ
sur les organismes individuels naturelles
Sources: Chapman, 1995; Baird et al., 1996
Comparaison entre l’Ecotoxicologie et la toxicologie environnementale

Problématiques Problématiques
de laboratoire liées à
principalement l’écologie

Tests menés
Ecologistes, Tests menés
Toxicologues sur des
toxicologues et sur plusieurs
seulement organismes
autres espèces à la fois
individuels
Toxicologie
environnementale Ecotoxicologie

La Une des
préoccupation préoccupations
principale est Tests simples sont les Test complexe
les composés composés
chimiques chimiques
Relation entre les activités humaines et les sources du Pollution
Chapitre I : La pollution de la biosphère.
I. Définitions:
1 / Pollution:

 Dégradation du milieu naturel (cours d’eau,


nappes aquifères, mer, air, haute atmosphère,
végétation, faune…) due aux sous-produits des
activités humaines ( industrielles, de transport,
éventuellement agricoles), et entraînant pour
l’homme une altération de son environnement,
des gènes et des nuisances.
Autre définition…
 « Constitue une pollution toute modification
anthropogénique d’un écosystème se traduisant par un
changement de concentration des constituants chimiques
naturels, ou résultant de l’introduction de substances
chimiques artificielles; toute perturbation du flux de
l’énergie, de l’intensité des rayonnements, de la circulation
de la matière, ou encore toute altération d’une biocœnose
naturelle provoquée par l’introduction d’espèces exotiques
invasives ».(Ramade;2007)
2/ Polluant:

 Le terme polluant a été définit comme un altéragène


(élément) biologique, physique ou chimique, qui au-delà d'un
certain seuil ou norme, développe des impacts négatifs sur
tout ou partie d'un écosystème ou de l'environnement en
général.
….***…..
 Le terme polluant se rapporte aux substances présentes dans
l’environnement, en partie à cause des activités humaines et
qui ont des effets délétères sur les organismes vivants.
(Moriarty;1983).
On peut considérer comme polluant:
 Toute modification d’un processus physique qui conduit à
accroître les flux d’énergie ou les niveaux de radiation
dans l’environnement.
 Espèce allochtone introduite dans un écosystème éloigné de
son aire d’origine.
 Déchets solides généralement inertes.
 Déchets stables comme les métaux lourds et les halogénés
 Déchets dégradables, essentiellement du matériel organique
sujet aux attaques bactériennes et à certains processus
oxydatifs
 Fertilisants: nitrates et phosphates
 Produits phytosanitaires.
3/ nuisance:
 Le terme nuisance désigne l’ensemble de facteurs d'origine
technique (bruits: circulation; déchets solides : matières
plastiques….) ou sociale (encombrement, voisinage...) qui
nuisent à la qualité de la vie. A la différence des pollutions,
les nuisances ne provoquent pas nécessairement d’effets
néfastes sur la santé humaine et sont dépourvues de
conséquences écologiques. On parle de nuisances auditives,
visuelles ou olfactives
II. Causes et importance de la pollution
de la biosphère

Trois principales
sources de
pollution:
II.1. La production d’énergie
La pollution d’origine de la production d’énergie regroupe
principalement la pollution par:
• les combustibles fossiles comme : la pollution générée par l’usage
de charbon, pollution par l’usage de pétrole.
• L’énergie nucléaire: il s’agit des usages pacifiques de l’énergie
nucléaire et leur danger sur l’environnement, qui sont toujours en
progression, à titre d’exemple, le désastre de Tchernobyl, survenu
le 26 avril 1986 et ses conséquences catastrophiques qui
résulteraient de la contamination radioactive produite par un
accident majeur affectant une installation nucléaire civile. Par
ailleurs, on a pu estimer que si les USA produisent tous leurs
besoins en électricité avec les centrales électronucléaires, ils
devraient gérer chaque année une quantité de déchets équivalente à
celle produit par 8 millions de bombes de type Hiroshima!
(Ramade;2007).
• Pollution et nuisance associées à toute production
d’énergie: En effet, toute production d’énergie, quelle que
soit sa source, est accompagnée de pollution et/ou
nuisances. EX: les sources d’énergie renouvelables, à partir
d’une certaine nuisance installée, génèrent obligatoirement
une nuisance esthétique, et dans les éoliennes une nuisance
sonore.
Principales causes de pollution associées à l’usage
de pétrole: (Ramade,2007)
Activité Cause de Milieu pollué Nature des
pollution polluants
Extraction Fuites de puits Off Océan Pétrole brut
Shore
Transport Accidents de tankers: Océan Pétrole brut
« marées noires » Eaux continentales (carburants raffinés)
(Rupture de
pipeline)
Raffinage Rejet d’effluents Atmosphère, eaux Hydrocarbures dont
gazeux et liquides continentales et HAP, thiols,
marines SO2,NOx, divers
composés
organiques.
Utilisation des Combustions Atmosphère Hydrocarbures
combustibles incomplètes (Eau continentales) imbrulés, SO2,NOx,
(fuites de stockage et aldéhydes, huiles
de remplissage) lubrifiantes
Les pollutions relativement moins fréquentes sont figurées entre parenthèses.
Exemple d’une étude qui montre l’évolution de la consommation
mondiale en énergie à partir de l’année 1971 jusqu’à 2012 (IEA; 2014)
Etude comparative entre des différentes sources
d’énergie dans la consommation mondiale en
énergie en 1973 et 2012. (IEA; 2014).
 On constate que la consommation d’énergie mondiale représente
13371Millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep, Mtoe en
anglais) en 2012 dont une part importante des combustibles
fossiles (Pétrole et gaz naturel). Le pétrole reste toujours comme
source majoritaire d’approvisionnement énergétique à l’échelle
mondiale.
II.2/ les activités industrielles

 Les activités industrielles sont aussi parmi les principales


causes de pollution. En effet, l’industrie chimique moderne
et aussi la métallurgie, voire l'électronique participent
énormément à la pollution de la biosphère par un nombre
important de composés minéraux ou organiques de toxicité
souvent élevée ou encore peu dégradables, parfois même
indestructibles: mercure, cadmium, niobium, antimoine,
vanadium¨…etc.
II.3/ l’agriculture intensive

 En visant une augmentation spectaculaire dans le rendement


des cultures, les agriculteurs optent pour l’emploi des
produits chimiques tels que les engrais chimiques, les
pesticides de synthèse (insecticide, fongicide, herbicide), la
fumure minérale par apport de fertilisants azotés (nitrates,
urée, ammoniaque..), le phosphate et les sels de potassium,
dont l’usage n’est pas sans méfaits ou effets indésirables et
nocifs liés à la contamination croissante de la biosphère par
ces substances.
III. Classification des pollutions

 Il n’existe pas une seule classification des pollutions mais plusieurs


classifications sont faites à partir de nombreux critères tels que la
nature de l’agent polluant, le milieu ou le compartiment de la
biosphère afférent, les voies de contamination, etc.
- Le tableau ci-dessous présente une classification des principaux types
de pollutions et de nuisances en fonction des agents perturbateurs et/ou
des polluants afférents.
Classification des principaux types de pollutions et
de nuisance en fonction des agents perturbateurs
et/ou des polluants afférents. (Ramade; 2012)

Nature de la pollution
Milieu affecté par la pollution ou la nuisance
ou de la nuisance
Atmosphère Hydrosphère sols

1.Pollution physique
Radiations ionisantes + + +
Pollution thermique + + +
Bruits et vibrations
(nuisance sonore + +
et auditive)
Pollution lumineuse + + +
Nature de la pollution ou
Milieu affecté par la pollution ou la nuisance
de la nuisance
Atmosphère Hydrosphère sols

2.Pollution chimique
Dérivés gazeux du carbone + +
Hydrocarbures + + +
Dérivés du soufre + + +
Dérivés de l’azote + + +
Métaux et Métalloïdes toxiques + +
Fluorures + +
Aérosols et particules solides +
détergents +
Pesticides et autres composés
+ +
de synthèse non volatils
Substances chimiques
+
nauséabondes
Nature de la pollution ou
Milieu affecté par la pollution ou la nuisance
de la nuisance
Atmosphère Hydrosphère sols

3.Pollution biologique
Contamination
microbiologique (bactéries et + +
virus)
OGM +
Espèces invasives introduites + +

4. Nuisance esthétique
Dégradation d’un milieu rural
ou urbain ou d’un paysage par
l’urbanisation sauvage et des + +
aménagements de toutes sortes
mal-conçus
…. mais

 En réalité aucune de ces méthodes de


classification n’est vraiment satisfaisante car
une même substance peut présenter
diverses modalités d’action.
Chapitre II: notion de toxicité et ses
implications écologiques.

 1- toxiques et toxicologie
 2- problèmes pathologiques particuliers à
l’écotoxicologie.
 3- relation dose-réponse en écotoxicologie
1- toxiques et toxicologie
1.1. Toxique

 Un produit est dit toxique lorsqu'il provoque des atteintes


d'une ou plusieurs fonctions physiologiques. Dans les cas
extrêmes, le processus peut aboutir à la mort: on parle alors
de toxicité létale. La pénétration du toxique peut s'effectuer
par diverses voies: les plus courantes étant les voies orale,
respiratoire ou cutanée.
ou
 Un produit toxique est un produit qui pénètre dans
l'organisme avec des effets néfastes. Il se distingue de la
toxine qui est une substance toxique synthétisée par un
organisme vivant (bactérie, champignon vénéneux, insecte
ou serpent venimeux), auquel elle confère un pouvoir
pathogène ou dangereux
1.2. Toxicologie
 Selon Truhaut (1974) la toxicologie est « discipline qui étudie
les substances toxiques ou poisons, c.-à-d. les substances qui
provoquent des altérations ou des perturbations des fonctions
de l’organisme conduisant à des effets nocifs dont le plus
grave, de toute évidence, est la mort de l’organisme en
question ».
 D’après Ramade 2007, la toxicologie est « l’étude des
mécanismes de contamination, de biotransformation et
l’action des toxiques aux échelles moléculaire, cellulaire à
celle des organes en fin à celle des êtres vivants pris dans leur
intégrité, ainsi que des conséquences physiopathologiques qui
en découlent ».
2- problèmes pathologiques particuliers à
l’écotoxicologie.
 Le domaine le plus spécifique de l’écotoxicologie se rapporte à
l’étude des conséquences biologiques et les risques pour les
populations, les peuplements et les communautés qui subissent
une exposition simultanée à des micro-doses de plusieurs voire
d’un grande nombre de polluants toxiques qui contaminent en
permanence l’environnement.
 L’ exposition simultanée à deux ou plusieurs substances
toxiques peut modifier l’expression de leur toxicité par suite de
l’existence de deux phénomène opposés: l’antagonisme et la
potentiation.
2.1. antagonisme
 On constate que la prise simultanée de deux substances
toxiques peut conduire à une atténuation, voire une quasi-
disparition de leur toxicité. Ce phénomène est connu de
longue date de toxicologue. Ainsi, il fut observé par Hart et
al (1963) que l’absorption simultanée par des rats d’un
insecticides organochloré, le chlordane, et d’un barbiturique,
l’hexobarbital, provoquait la disparition de l’effet somnifère
de ce dernier, une dose causant normalement huit heures de
sommeil continu chez les rats n’ayant plus aucune action chez
ces dernier…
Potentiation
 À l’opposé de l’antagonisme, la potentiation correspond à un
phénomène d’exaltation de la toxicité par deux toxiques
administrés simultanément à des êtres vivants. Ici, la
manifestation de la toxicité est amplifiée par l’exposition
simultanée à deux substances nocives.
 Remarque: la potentiation est très souvent dénommée
improprement synergisme.
 Le synergisme, à sa différence, est le phénomène de simple
addition des toxicités lorsqu’un être vivant est
simultanément exposé à des quantités déterminées de deux
substances.
 Malheureusement, les phénomènes de potentiation se
manifestent aussi par interaction d’une substance naturelle,
ou d’un micro-polluant présent dans l’air, l’eau ou les
aliments d’un composé toxique.
3. relation dose-réponse en écotoxicologie
 Un principe important en toxicologie veut que toutes les
substances chimiques soient toxiques, car il existe toujours une
dose pouvant causer un effet nocif. Mais le fait d’inhaler, de
toucher et même d’ingérer des substances chimiques n’entraîne
pas nécessairement l’apparition d’un tel effet.
 La dose est la quantité d’une substance à laquelle un organisme
est exposé. Des doses croissantes résultent généralement en une
augmentation de l’intensité et de la diversité des effets toxiques.
C’est ce qu’on appelle la relation dose-effet ou exposition-effet
(relation entre l’exposition et l’intensité d’un effet).
 L’exemple suivant illustre bien cette relation : si une
personne inhale accidentellement une substance très volatile,
la manifestation des effets toxiques dépend de la quantité de
vapeurs inhalées et du seuil d’apparition de ces effets (figure
1). Ainsi, au-delà de la dose seuil, les effets seront d’autant
plus toxiques que la personne aura inhalé davantage de
vapeurs.
Figure 1 : Relation entre la dose et l’effet
 La notion de seuil toxique est importante, car elle peut servir
à fixer des normes. La valeur seuil représente la quantité
minimale sous laquelle il ne se produit pas d’effet. Au-dessus
de ce seuil, l’effet observé dépend de la dose, et ce, bien qu’il
y ait théoriquement des exceptions : par exemple, les
cancérogènes génotoxiques. Ce seuil s’explique par le fait
que le corps humain est constitué d’un grand nombre de
cellules, de tissus et d’organes ayant une sensibilité variable
et qu’il possède des mécanismes de défense ou d’adaptation.
 Le même principe s’applique à une population d’individus,
car l’effet ou les nombreux effets possibles peuvent se
manifester différemment chez plusieurs personnes exposées à
une même dose d’un toxique. C’est ce qu’on appelle la
relation dose-réponse ou exposition-réponse, soit la relation
entre l’exposition et le nombre d’individus qui présentent un
effet donné. La figure 2 illustre bien qu’à certaines doses
toutes les personnes ne sont pas atteintes.
Figure 2 : Relation entre la dose et la réponse
Ainsi,
 Une augmentation de la dose peut entraîner une
augmentation des effets chez un individu ; et
 La proportion des individus affectés par une dose donnée
devrait augmenter avec l’accroissement de la dose.

Vous aimerez peut-être aussi