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Principes de Base de l’Analyse Structurale

PRINCIPES DE BASE DE
L’ANALYSE STRUCTURALE

4.1 INTRODUCTION

L’analyse des structures quelle que soit leur nature, nécessite certains concepts de base
qui aident à simplifier les calculs, et à les automatiser, en vu d’une programmation sur
ordinateur. Cette automatisation passe par un calcul matriciel via deux méthodes : méthode
de flexibilité (des efforts, des forces) et méthode de rigidité (des déformations, des
déplacements). Quoique ces deux méthodes soient applicables pour n’importe quelle
structure, seules les structures en barres seront abordées. Après la maîtrise de l’analyse des
structures en barres ou cadres, il sera possible d’aborder l’étude de la méthode des éléments
finis.

4.2 DIFFERENTS TYPES DE STRUCTURES

Toutes les structures à analyser sont appelées structures en barres, ou cadres. Elles sont
composées d’une ou de plusieurs barres connectées entre elles par des nœuds rigides ou
articulés (Fig.4.1).
Elles sont divisées en six catégories : poutres (a), treillis plans (b), treillis spatiaux (c),
portiques plans (d), grilles (e) et portiques spatiaux (f).
Pour des raisons de comportement, les structures de type (a), (b), (c) et (d) doivent
avoir un seul axe de symétrie. Par contre les structures de type (e) et (f) doivent avoir deux
axes de symétrie.
Les principes d’analyse pour toutes ces structures sont les mêmes, mais leur analyse
détaillée varie d’un type à un autre.
Chaque structure comprend des barres ayant une longueur assez grande
comparativement aux dimensions transversales.
Les nœuds sont les points de rencontre des barres, comme ils représentent aussi les
appuis et les extrémités libres. Les points de rencontre de barres peuvent être articulés ou
rigides.

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(a) Poutre, (b) treillis plan, (c) treillis spatial,


(d) portique plan, (e) grillage, (f) portique spatial.

Toute structure repose sur un ou plusieurs appuis. Ces derniers peuvent être fixes, articulés ou
mobiles.
Le chargement d’une structure peut être une force concentrée, une force répartie, un moment,
ou leur combinaison.

4.3 DEFORMATIONS DANS LES STRUCTURES EN BARRES

Quand une structure est soumise à un chargement donné, chacune de ses barres se
déforme, en subissant un petit changement dans la forme. Ceci entraîne le déplacement vers
une nouvelle position de n’importe quel point de ces barres, sauf au niveau des appuis fixes.
Le calcul de ces déplacements est une étape essentielle dans l’analyse des structures.

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Considérons un segment d’une longueur arbitraire isolé d’une barre d’une structure.
Par simplification la section de la barre est supposée être de section circulaire. Dans toute
section, par exemple celle de droite du segment considéré, apparaissent les éléments de
réduction, généralement trois efforts et trois moments : un effort normal N x, deux efforts
tranchants Vy et Vz, deux moments fléchissants My et Mz, et un moment de torsion T. Les
moments sur la figure sont représentés par des doubles flèches. Chacun de ces éléments de
réduction donne sa propre déformation. Isolons un élément de la barre compris entre deux
sections très rapprochées (Fig.4.1).
L’effet de l’effort normal Nx est montré sur la Fig.4.2.b. Assumant que l’effort agit
axialement sur la section, l’élément subit un allongement uniforme, donc une déformation
uniforme le long de l’axe x. Dans le cas de l’effort tranchant, une section est littéralement
déplacée par rapport à l’autre (Fig.4.2.c) selon l’axe y ou l’axe z. Elle peut subir une
distorsion, mais celle-ci est insignifiante, et peut donc être négligée dans le calcul des
déformations.

My
y
Ty

x Nx Mx
Tz
z
Mz
dx

Nx Nx
Ty
Ty

γ
dx de dx

Mz Mz
Mx Mx
A
φ
A’

dx dx

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Le moment fléchissant cause une rotation relative entre les deux sections, de façon à
ce qu’elles ne soient plus parallèles entre elles (Fig.4.2.d). Les déformations engendrées
consistent en un raccourcissement de la partie comprimée et en allongement de la partie
tendue. Enfin le moment de torsion donne une rotation relative entre deux sections autour de
l’axe x (Fig.4.2.e). Par exemple le point A est déplacé vers A’. Dans le cas de barre à section
circulaire, seules les déformations de cisaillement apparaissent. Pour les autres sections, une
distorsion est également engendrée.
Les déformations engendrées sont appelées déformation axiale, de cisaillement, de
flexion et de torsion. Leur valeur dépend de la forme de la section de la barre et des propriétés
mécaniques du matériau. Nous n’aborderons que les matériaux à comportement élastique
linéaire, c’est dire les matériaux qui suivent la loi de Hooke.
Les déplacements dans une structure sont causés par les déformations cumulées de tous les
éléments.
Il y a plusieurs méthodes de calculer ces déplacements, selon la nature de la
déformation, ainsi que du type de structure. Par exemple, les déplacements dans les poutres
peuvent être trouvés directement en intégrant l’équation différentielle de flexion pour une
poutre. Une autre méthode calcul des déplacements pour toute sorte de structure est celle de
la force unitaire ou méthode de Castigliano. Pour ces deux méthodes ou toute autre méthode,
on assume que les déplacements sont petits.
Dans l’analyse d’une structure, toutes les déformations ne sont pas automatiquement
significatives dans le calcul des déplacements. Certaines peuvent être prépondérantes pour
une structure donnée, alors qu’elles peuvent avoir un effet infime pour une autre structure. Par
exemple, pour les poutres, les déformations de flexion sont les seules à être prises en
considération. Les déformations axiales sont généralement négligées vu leurs faibles valeurs,
à quelques exceptions près, par exemple dans le cas d’un chargement axial important.
Pour les treillis plans et spatiaux, l’analyse peut se faire en deux parties. Si les nœuds
de la structure sont considérés comme articulés, et si le chargement est concentré aux nœuds,
alors l’analyse considérera uniquement des efforts axiaux, donc des déformations axiales. Si
le chargement est appliqué sur les barres entre les nœuds, alors l’analyse se fera comme pour
les poutres simplement appuyées. Si les nœuds sont rigides, des déformations de flexion
apparaissent même si le chargement est appliqué aux nœuds. Si les déformations sont
importantes, l’analyse sera la même que pour les portiques plans ou spatiaux. Pour les
portiques plans, les déformations sont axiales et de flexion.

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4.4 ACTIONS ET DEPLACEMENTS

Les termes action et déplacement sont utilisés pour décrire certains concepts
fondamentaux de l’analyse structurale. Une action (quelquefois appelée force généralisée) est
usuellement une force ou un moment. Toutefois une action peut être aussi une combinaison de
forces et de moments, un chargement réparti, ou la combinaison des deux. Mais dans le cas
de la combinaison de ces actions, il est nécessaire qu’il y ait une relation entre les forces, les
moments et les charges réparties, de manière à ce que la combinaison entière soit notée par un
même symbole. Par exemple, si le chargement de la poutre simplement appuyée ci-dessous
est composé de deux forces égales P, il est possible de considérer la combinaison des deux
forces comme une seule action, et lui donner un seul symbole, tel que F. Il est possible aussi
de penser à la combinaison des deux forces et des deux réactions R A et RB comme à une seule
action, étant donné que les quatre forces ont une et une seule relation les liant une à une.
D’une façon générale, il est possible de considérer un chargement complexe appliqué sur une
structure comme étant une seule action si les composantes de ce chargement soient liées une à
une de manière définie.

On peut utiliser la même approche pour les éléments de réduction (forces internes). Pour la
poutre console ci-dessous les éléments de réductions N, V et M peuvent être considéré comme
une seule action. En fonction de l’analyse particulière à faire, de telles actions peuvent
apparaître sous forme d’une force, d’un moment, deux forces ou deux moments. Si on
considère l’équilibre statique, ces actions apparaissent normalement comme forces et
moments uniques. Pour calculer N, T et M dans n’importe quelle section de la poutre, il est
nécessaire de considérer l’équilibre d’une portion de la poutre. En faisant cela, il est évident
que chacun des éléments de réduction apparaît en tant qu’un seul élément.
Il y a des situations où les éléments internes apparaissent par couple de force ou de moments.
Ce cas est rencontré dans l’analyse d’une structure quand une “libération“ est réalisée en un
point de la structure. Par libération on sous-entend la suppression d’une ou de plusieurs
liaisons relatives respectivement à un ou plusieurs éléments de réduction. Pour la poutre
continue ci-dessus, si le moment fléchissant du nœud B est libéré, le résultat est le même que

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si on avait introduit une articulation en ce nœud. Alors l’effet du moment fléchissant M B est
pris en considération en appliquant deux moments égaux et de sens opposé qui agissent à
gauche et à droite de cette l’articulation.

Les sens positifs sont ceux considéré sur la figure (à gauche : positif dans le sens contraire des
aiguilles d’une montre ; à droite : positif dans le sens des aiguilles d’une montre). Pour
l’analyse de cette poutre, les moments fléchissant en B peuvent être considérés comme une
action. On peut utiliser de façon similaire, cette approche pour les efforts normaux, les efforts
tranchants et moments de torsion.
Le déplacement représente la translation et la rotation d’un point de la structure. La
translation représente le déplacement linéaire d’un point de la structure, tandis que la rotation
est l’angle de rotation de la tangente à la courbe élastique en un point. D’une manière
générale, le déplacement peut être considéré comme la combinaison de translations et de
rotations.

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M B L M B L 2M B L
  1   2   
3EI 3EI 3EI
PL2 PL2 PL2
  1   2   
16EI 16EI 8EI

A1 L3 5A1 L3 A1 L2
D11  D 21  D 31 
24EI 48EI 8EI

D1  D11  D12  D13

D 2  D 21  D 22  D 23

D3  D31  D32  D33

4.5 EQUILIBRE

Un des objectifs de toute analyse structurale est de déterminer les différentes actions
sur une structure, telles que les réactions d’appui, les efforts internes. Une solution correcte
pour toutes ces quantités doit satisfaire toutes les conditions d’équilibre statique, non
seulement pour toute la structure, mais aussi pour n’importe quelle partie de la structure.
Soit un élément de barre soumis à un chargement. La résultante de toutes les actions est une
force, un moment, ou les deux à la fois. Si cet élément est en équilibre, alors la résultante
s’annule.

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Un vecteur dans l’espace peut être remplacé par ses composantes selon les trois axes. Si le
vecteur force ou moment est nul, alors ses composantes sont elles aussi nulles. Les équations
de l’équilibre statique sont obtenues :

F x
0 F y
0 F z
0

Dans ces équations, les expressions ΣFx, ΣFy et ΣFz sont les sommes algébriques des
composantes selon x, y et z de tous les vecteurs forces agissant sur l’élément. De même si le
vecteur moment résultant est égal à zéro, les équations des moments de l’équilibre statique
sont :

M x
0 M y
0 M z
0

où ΣMx, ΣMy et ΣMz sont les sommes algébriques des moments respectivement par rapport à
x, y et z de tous les moments et les forces agissant sur l’éléments.
Les six équations représentent les équations de l’équilibre statique en trois dimensions. Elles
peuvent être appliquées pour n’importe quel élément, comme pour la structure entière, pour
une partie de la structure, une barre, ou un nœud de la structure.
Si le chargement se trouve entièrement dans un plan, part exemple le plan x-y, le nombre de
ces équations est réduit à trois :

F x
0 F y
0 M z
0

Elles représentent les équations de l’équilibre statique dans le plan x-y.

4.6 COMPATIBILTE

En plus des conditions d’équilibre statique, il est important pour n’importe quelle
structure que toutes les conditions de compatibilité soient satisfaites. Ces conditions sont liées
à la continuité de déformation, et sont parfois appelées conditions de géométrie. Au niveau
des appuis les conditions de compatibilité doivent être satisfaites, c'est-à-dire que le
déplacement doit être consistent avec la nature de l’appui. Par exemple, à l’encastrement,
l’axe de la barre ne doit avoir ni déplacement ni rotation. Les conditions de compatibilité

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doivent être aussi satisfaites pour tout point intérieur de la structure. Ce sont ces conditions
qui représentent le plus grand intérêt. Si on considère un nœud rigide entre deux barres, les
déplacements (translation et rotations) pour les deux barres doivent être les mêmes.

4.7 INDETERMINATION STATIQUE ET CINEMATIQUE

Il y a deux types d’indétermination dans l’analyse des structures, selon le cas où on


s’intéresse aux actions ou aux déplacements. Quand se sont les actions qui sont les inconnues,
alors l’indétermination statique doit être considérée. Cette-ci se réfère aux actions inconnues
en excès, comparativement aux nombres d’équations de l’équilibre statique disponibles.
Quand ces équations sont appliquées pour toute la structure ou une de ses parties, les réactions
d’appui et les éléments de réduction peuvent être trouvés. Si ces équations sont suffisantes
pour trouver toutes les inconnues, tant intérieures qu’extérieures, alors la structure est dite
statiquement déterminée ou isostatique. Dans le cas contraire, elle sera statiquement
indéterminée ou hyperstatique. La poutre de la Fig. 4.3 et la poutre console de la Fig. 4.4 sont
des exemples de structures isostatiques, étant donné que toutes les réactions d’appuis et les
efforts internes peuvent être calculés à partir des seules équations d’équilibre. La poutre
continue de la Fig. 4.5 est quant à elle hyperstatique.
Les inconnues en excès dans les structures hyperstatiques sont connues sous le terme
de surabondantes statiques, et le nombre de ces derniers représente le degré d’indétermination
statique ou degré d’hyperstaticité. De ce fait la poutre de la Fig. 4.5 est hyperstatique au
premier degré vu qu’il y a une seule action surabondante, une réaction d’appui. Seulement si
la valeur de cette inconnue en excès est calculée par une méthode ou une autre, alors toutes
les autres réactions et tous les efforts internes seront calculés par la statique seulement.
D’autres exemples de structures hyperstatiques sont montrés sur la Fig. 4.8. La poutre
console est hyperstatique au premier degré, puisqu’il y a quatre réactions d’appui (H A, MA, RA
et RB), et seulement trois équations d’équilibre.

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La poutre encastrée à ses deux extrémités est généralement statiquement indéterminée


au troisième degré. Si le chargement est composé de forces concentrées ou réparties
perpendiculaires à l’axe de la poutre, alors il ne peut y avoir de réactions horizontales, et donc
la poutre sera hyperstatique au deuxième degré.
Le treillis plan est statiquement indéterminé au deuxième degré. En coupant deux
barres, X et Y par exemple, les forces internes dans ces barres sont ‘libérées’, et de ce fait la
structure devient isostatique. Donc le nombre d’actions ‘libérées’ pour rendre la structure
isostatique représente le degré d’hyperstaticité.

Des fois il y a des conditions spécifiques de construction qui affectent le degré


d’indétermination d’une structure. L’arc à trois articulations de la Fig.1.9, possède une
articulation centrale au nœud B qui permet de calculer toutes les réactions, à savoir H A, VA,
HC et VC. Connaissant ces réactions, les efforts dans toutes les barres de la structure peuvent à
leur tour être calculés. De ce fait la structure est isostatique.
Si dans la méthode flexibilité les inconnues sont des forces, extérieures ou intérieures,
dans la méthode de rigidité ce sont des déplacements qui sont les inconnues.
L’indétermination n’est plus statique mais cinématique, et le nombre d’inconnues
surabondantes représente le degré de liberté.
Il est à rappeler que dans une structure en barres, un nœud représente le point ou se
rencontre une ou plusieurs barres, un point d’appui ou une extrémité libre. Si la structure est
soumise à un chargement, alors chaque nœud subira des translations et des rotations en
fonction de la configuration de la structure. Dans certains cas les valeurs de ces déplacements
sont facilement déterminées à cause des restrictions de mouvements imposées, au niveau des
appuis. Par exemple à un encastrement, aucun déplacement de quelque nature qu’il soit n’est
permis. Par contre il y a d’autres déplacements de nœuds qui ne peuvent pas être connus
d’avance, et qui ne peuvent être obtenus qu’après une analyse complète de la structure. Ces
déplacements inconnus sont les quantités d’indétermination cinématique, ou les

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surabondantes cinématiques. Leur nombre représente le degré d’indétermination cinématique


de la structure, ou le degré de liberté des déplacements des nœuds.
La poutre de la Fig.4.8, a deux nœuds, l’un est l’encastrement et l’autre est l’appui
simple. De ce fait son degré de liberté est égal à deux, car le nœud de l’appui simple peut
avoir une rotation et un déplacement horizontal. Pratiquement pour ce genre de poutre, l’effet
de l’effort normal est souvent négligé. Alors le nœud B n’aura qu’un seul degré de liberté
(rotation).
La deuxième poutre est encastrée à ses deux extrémités. De ce fait les déplacements de
ses nœuds sont tous connus (nuls), et donc elle est cinématiquement déterminée. En
comparaison, cette même poutre est hyperstatique au troisième degré.
Le treillis plan a été trouvé hyperstatique au deuxième degré. Les nœuds A, B, D et E
peuvent avoir deux translations indépendantes (selon deux directions perpendiculaires, par
exemple). La rotation d’un nœud dans un treillis n’a pas de signification physique, puisque le
nœud est supposé être une articulation, et donc cette dernière n’a pas d’effet sur les barres.
Ainsi le degré de liberté d’un treillis est toujours déterminé avec un chargement supposé être
seulement appliqué aux nœuds. Cette philosophie est la même que pour l’indétermination
statique, où seuls les efforts axiaux dans les barres sont considérés comme inconnues. Les
appuis C et F ont respectivement zéro et un degré de liberté. On peut conclure donc que le
degré de liberté pour le treillis est égal à neuf.
Le portique plan de la Fig.4.6, présente un autre exemple de structure
cinématiquement indéterminée. Alors que les appuis D, E et F ne présentent aucune
possibilité de déplacement, les nœuds A, B et C ont chacun trois possibilités de déplacement :
deux translations et une rotation. Alors on est en présence d’un portique cinématiquement
indéterminé au neuvième degré. Par contre si les déformations axiales sont négligées, alors le
degré de liberté est réduit. En effet il ne pourrait y avoir de déplacement vertical, vu que les
poteaux ne peuvent changer de longueur. Alors les déplacements de A et de B seraient égaux,
alors que celui du nœud C aurait une relation connue avec le déplacement de B. En d’autres
termes, si les déformations axiales sont négligées, les seuls déplacements indépendants
nodaux sont la rotation des nœuds A, B et C, et un déplacement horizontal (par exemple celui
du nœud B). Donc le portique est cinématiquement indéterminé au quatrième degré.
En conclusion, deux règles assez simples peuvent toujours être utilisées pour connaître
l’indétermination statique et cinématique :
- pour déterminer le degré d’hyperstaticité d’une structure, il suffit de compter le
nombre de suppressions de liaisons surabondantes pour rendre cette structure
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isostatique. Ceci peut être réalisé en déterminant le nombre d’actions inconnues en


excès par rapport à celles qui peuvent être trouvées à l’aide des équations de
l’équilibre statique.
- pour déterminer le nombre de liberté nodale il faut compter le nombre de blocages
qui doivent être introduits dans la structure pour la rendre cinématiquement
déterminée (pas de déplacement des nœuds).

Exemple 1 :
Pour le treillis spatial ci-dessous, il est demandé de calculer les degrés d’hyperstaticité et de
liberté.

Chaque nœud a trois équations d’équilibre. Ainsi on a un total de 18 équations


disponibles. Le nombre d’inconnues est égal à 21, vu que l’on a 12 forces dans les barres et 9
réactions. Le treillis est donc hyperstatique au troisième degré. Plus précisément, le treillis est
hyperstatique extérieurement au troisième degré, et isostatique intérieurement.
Etant donné que chaque nœud possède trois possibilités de translations orthogonales,
alors le treillis est cinématiquement indéterminé au neuvième degré.

Exemple 2 :

- d°H = 24
- d°L = 24
- d°L = 16 si l’effet des déformations axiales est négligé
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Si les encastrements sont remplacés par des appuis doubles.


- d°H = 12
- d°L = 36
- d°L = 24 si l’effet des déformations axiales est négligé

Exemple 3 :

- d°H = 4
- d°L = 20

4.8 MOBILITE STRUCTURALE

Avant toute analyse d’une structure il faut s’assurer qu’elle est entièrement stable. La
poutre de la Fig.1.13.a repose sur trois appuis simples. Tant que la force P est strictement
verticale, la poutre pourra être considérée comme stable. Par contre dès que la force P prend
une déviation, la poutre ne pourra plus être stable : elle se déplacera vers la gauche.

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Sur la Fig.1.13.b, on a trois appuis simples mais qui ne sont pas sur une même ligne.
Par contre leurs perpendiculaires se rencontrent en un seul point O. Alors la structure peut
tourner autour de ce point, et de ce fait elle n’est pas stable.
Sur la Fig.1.13.c, deux barres colinéaires sont liées par l’articulation A, sans qu’il y ait
une troisième barre les rejoignant en A.
A partir des exemples de structures mobiles ci-dessous, il est apparent que les supports
et les membres de toute structure doivent adéquats en nombre et en arrangement géométrique
pour assurer sa stabilité. Seules les structures vérifiant ces conditions seront considérées.

4.9 PRINCIPE DE SUPPERPOSITION

Le principe de superposition est l’un des plus importants concepts dans l’analyse des
structures. Il peut être utilisé à chaque fois que la relation linéaire existe entre les actions et les
déplacements.
Principe de superposition : l’effet de plusieurs causes peut être obtenu en additionnant les
effets dus à chaque cause. Par cause on sous-entend une action ou un déplacement.

R A  R 'A  R 'A' R B  R 'B  R 'B'

M B  M 'B  M 'B' D  D'  D''

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Ce principe peut être utilisé aussi quand la cause des effets est une combinaison d’action et de
déplacement.
Les règles d’application du principe de superposition :
- le matériau suit la loi de Hooke (élasticité du matériau)
- les déplacements de la structure sont petits (les calculs peuvent être menés sur les
dimensions initiales de la structure)
- il n’y a pas d’interaction entre l’effet axial et l’effet fléchissant dans les barres.

4.10 EQUATIONS DES ACTIONS ET DES DEPLACEMENTS

La relation existant entre actions et déplacements joue un rôle très important dans
l’analyse structurale, et est utilisée dans les deux méthodes de flexibilité et de rigidité. Le
moyen de montrer cette relation est d’utiliser les équations d’action et de déplacement. Pour
illustrer ceci, considérons le ressort linéairement élastique ci-dessous.

L’action A entraîne la compression du ressort, donc le déplacement de son extrémité


libre. La relation entre A et D peut être exprimée by une équation de déplacement :
D = FA
où F représente la flexibilité du ressort, ou le déplacement produit par une valeur unitaire de
l’action A.
La relation entre A et D peut être aussi exprimée par une équation d’action :
A = SD
où S représente la rigidité du ressort, ou l’action exigée pour produire un déplacement
unitaire.
On peut constater à partir des deux équations que la flexibilité et la rigidité sont l’inverse l’un
de l’autre. :
1 1
F  S 1 S  F1
S F
F a pour unité longueur divisée force, alors que D a pour unité force divisée par longueur.

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Les relations établies pour le ressort restent applicables pour n’importe quelle structure
linéairement élastique.
Soit la poutre simplement appuyée ci-dessous, sur laquelle est appliquée une force A en son
milieu.
Le déplacement D correspond à A et est causé par A.
L3 48EI
F S
48EI L3

Les expressions de F et de S sont valables uniquement pour le cas considéré.


Considérons maintenant un cas plus général.

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D1  D11  D12  D13

D11 : déplacement correspondant à A1 et causé par A1


D12 : déplacement correspondant à A1 et causé par A2
D13 : déplacement correspondant à A1 et causé par A3
De la même manière deux autres équations peuvent être écrites pour D2 et D3. Le déplacement
Dij a une relation linéaire avec la force Ai, c'est-à-dire que chaque déplacement est
directement proportionnel à une des forces. Par exemple, D 12 est un déplacement causé par A2
seul, et est égal à A2 multiplié par un certain coefficient. En notant ce coefficient par le
symbole F, il est possible d’écrire les équations pour les déplacements D 1, D2 et D3
explicitement en terme de forces comme suit :

D1  D11  D12  D13  F11A1  F12A 2  F13A 3

D 2  D 21  D 22  D 23  F21A1  F22A 2  F23A 3

D3  D31  D32  D33  F31A1  F32A 2  F33A 3

F11A1 représente le déplacement D11, F12A2 représente le déplacement D12, etc. Chaque terme
FijAi est un déplacement écrit sous la forme d’un coefficient fois l’action qui produit le
déplacement. Ces coefficients sont appelés coefficients de flexibilité.

Au lieu d’exprimer les déplacements en fonction d’actions, il est aussi possible d’écrire les
actions en terme de déplacements.

A1  A11  A12  A13

A11 : action correspondant à D1 et causé par D1


A12 : action correspondant à D1 et causé par D2
A13 : action correspondant à D1 et causé par D3
De la même manière que précédemment, on obtient :

A1  A11  A12  A13  S11D1  S12D 2  S13D3

A 2  A 21  A 22  A 23  S21D1  S22D 2  S23D3

A 3  A 31  A 32  A 33  S31D1  S32D 2  S33D3


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S11D1 représente l’action A11, S12D2 représente l’action A12, etc. Chaque terme SijDi est une
action écrite sous la forme d’un coefficient fois le déplacement qui produit l’action. Ces
coefficients sont appelés coefficients de rigidité.

Exemple 1 : Représenter schématiquement les coefficients de flexibilité et de rigidité pour la


poutre ci-dessous.

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Exemple 2 : Représenter schématiquement les coefficients de flexibilité et de rigidité pour le


treillis ci-dessous.

4.11 MATRICES DE FLEXIBILITE ET DE RIGIDITE

Précédemment des exemples particuliers ont été utilisés pour introduire les équations d’action
et de déplacement. Il est assez facile de généraliser les équations à partir de ces exemples, et
les écrire pour une structure soumise à n’importe quel nombre d’actions et de déplacements.
Ainsi si le nombre d’actions appliquées à une structure donnée est n, les équations qui
donnent n déplacement correspondants sont :

D1  F11A1  F12A 2  .....  F1n A n


D 2  F21A1  F22A 2  .....  F2 n A n
…. …. …. .… ….
D3  F31A1  F32A 2  .....  F3 n A n
Chaque déplacement D correspond aux actions A et causé par toutes les actions agissant
simultanément sur la structure.
Sous forme matricielle, ces équations deviennent :

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 D1   F11 F12 ... F1n   A 1 


D  F F22 ... F2 n  A 2 
 2    21 ou D = FA
 ...   ... ... ... ...   ... 
    
D n  Fn1 Fn 2 ... Fnn  A n 

Ou D est la matrice déplacement d’ordre nx1 ; F est la matrice de flexibilité carrée d’ordre
nxn ; et A est matrice d’action ou force d’ordre nx1. Les coefficients Fij apparaissant dans la
diagonale de la matrice sont appelés les coefficients directs de flexibilité et représentent le
déplacement causé par une force unitaire des actions correspondantes. Les autres coefficients
de flexibilité représentent les déplacements causés une action unitaire qui ne correspond pas
au déplacement. Il est évident que pour les coefficients directs de flexibilité i =j, et Fij ≥0 alors
que pour les coefficients restants i ≠ j, et Fij 0.
Les équations des actions pour une structure avec n actions peuvent être obtenues en
résolvant simultanément les équations précédentes pour les actions en terme de déplacement.
Ceci donne :
A1  S11D1  S12D 2  .....  S1n D n

A 2  S21D1  S22D 2  .....  S2 n D n


…. …. …. .… ….
A 3  S31D1  S32D 2  .....  S3n D n
Sous forme matricielle, ces équations deviennent :

 A 1  S11 S12 ... S1n   D1 


A  S S ... S2 n  D 2 
 2    21 22
ou A = SD
 ...   ... ... ... ...   ... 
    
A n  Sn1 Sn 2 ... Snn  D n 

A = SD = F-1D

S = F-1 et F = S-1

Exemple : La poutre en console suivante est soumise aux actions A1 et A2 au niveau de son
extrémité libre. Les déplacements correspondants sont notés par D 1 et D2.

A. Bourouz
20
Principes de Base de l’Analyse Structurale

Les coefficients de flexibilité sont


L3 L2 L
F11  , F12  F21  , F22  .
3EI 2EI EI

Alors les équations de déplacements sont :


L3 L2
D1  A1  A2
3EI 2EI
L2 L
D2  A1  A 2
2EI EI
La matrice de flexibilité est :
 L L2 
3

 2EI 
F   3EI
L2 L 
 
 2EI EI 

Les coefficients de rigidité représentent les actions d’appui. Pour cet exemple, ce sont les
réactions d’appui pour la poutre doublement encastrée (Fig.1.22d et 1.22e).
12EI 6EI 4EI
S11  , S12  S21  , S22 
L3 L2 L
Alors les équations des actions sont :

A. Bourouz
21
Principes de Base de l’Analyse Structurale

12EI 6EI
A1  3
D1  2 D 2
L L
6EI 4EI
A2  2
D1  D2
L L
Et la matrice de rigidité est :
 12EI 6EI 
 3 
S L L2 
6EI 4EI 
 2 
 L L 
Si les matrices de flexibilité et de rigidité sont multipliées entre elles, on obtient la matrice
1 0
identité I : FS  SF   I
0 1

4.12 FORCES NODALES EQUIVALENTES

L’analyse des structures par les méthodes de flexibilité et de rigidité exige que le
chargement soit appliqué uniquement aux nœuds. Mais généralement ceci n’est toujours pas
le cas. Pour cela on doit remplacer le chargement qui n’est pas appliqué aux nœuds par un
chargement équivalent appliqué aux nœuds, qui sera appelé chargement équivalent aux
nœuds.

Soit la structure suivante Fig.1.23. Son chargement est constitué d’un premier
chargement M1 et P2 appliqué aux nœuds B et C, et un deuxième chargement w et P1 non
appliqué aux noeuds

A. Bourouz
22
Principes de Base de l’Analyse Structurale

Etape 1 : considérer la structure séparément sous l’action des charges nodales, puis sous
l’action des charges non nodales
Etape 2 : les déplacements nodaux sont restreints par l’introduction d’appuis appropriés
Etape 3 : les actions dues au chargement non nodal sont calculées
Etape 4 : les valeurs négatives des actions calculées : ces dernières représentent les charges
nodales équivalentes. Elles sont ajoutées aux actions nodales initiales.

A. Bourouz
23

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